N°201
SEPTEMBRE
2017
poly.fr
Magazine
2017-18
BRÈVES
© Compagnie des Bestioles
SUR PIED
Depuis 2013, le festival jeune public franco-allemand Loostik (11-21/10) dans l’Eurodistrict SaarMoselle contribue à réduire la barrière de la langue en proposant une programmation autour des arts de la scène. Cette année, ne manquez pas Le Pêcheur et sa femme (17 & 18/10), célèbre conte populaire d’outre-Rhin, pour la première fois en version franco-allemande, ainsi que le spectacle sans paroles Sous la neige (13/10) de la compagnie des Bestioles. loostik.eu
© Brice Toul
PIANO PARFAIT
Salade russe : le titre choisi par Les Dominicains de Guebwiller pour ce concert (30/09) est un clin d’œil au programme rassemblant la Symphonie n°5 de Chostakovitch et le Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski. Entre tsarisme et stalinisme, l’Orchestre philharmonique de Freiburg et Fabrice Bollon proposent une belle randonnée en compagnie de François-René Duchâble, pianiste rare, brillantissime et inspiré qui ne raconte jamais de salades avec son clavier.
© Barbara Klemm 2017
DRÔLE D’OISEAU
Jusqu’au 29/10, l’exposition Standhaft (L’Homme debout) du Musée Haus Löwenberg de Gengenbach met en avant la capacité de l’être humain à se tenir bien droit pour avoir une vue d’ensemble… et les mains libres pour le travail. On découvre des sculptures de Georg Baselitz ou Lothar Fischer, des images de Gerhard Richter ou Barbara Klemm et la photographie Standing Man de Vassil Donev, icône de la résistance pacifique. museum-haus-loewenberg.de
les-dominicains.com
© Mahon
FANTASTIQUE !
Pour célébrer ses dix ans, le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg (15-24/09) propose un florilège de films de genre venus des quatre coins de la planète. Le très attendu Ça, adaptation du best-seller de Stephen King signée Andy Muschietti, ouvrira le bal (des vampires). Du coté de la compétition, on retrouve notamment La Lune de Jupiter et Mise à mort du cerf sacré découverts au dernier festival de Cannes. À ne pas manquer non plus, les Midnight Movies et la rétrospective Humans 2.0. strasbourgfestival.com Poly 201
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BRÈVES
Helictopleurus splendidicollis , Madagascar © Levon Biss
POINTS DE VUE À la Filature (Mulhouse), Stephen Gill (14/09-12/11) expose différentes séries photographiques portant un regard sur les endroits souvent négligés. Il investigue ainsi les dessous des ponts et autre lieux peu explorés de la ville pour portraiturer des Pigeons dans leur environnement ou apposer des fleurs récoltées lors de ses promenades sur ses images dans Hackney Flowers. Grâce au regard attentif de l’artiste, se découvre un nouveau visage Londres.
PETITS
GÉANTS
nmbs.ch
Untitled, from the series Talking to Ants © Stephen Gill / Courtesy Christophe Guye Galerie
ALPINISME AU MUSÉE
© Judit Fruzsina Jesse
Avec Microsculpture (01/0929/10, vernissage 31/08, 19h30), le Naturhistorisches Museum Basel plonge dans l’univers des insectes photographié par Levon Biss. La série, que le Britannique a développée en collaboration avec le Oxford University Museum of Natural History, révèle, avec ses clichés énormes (jusqu’à trois mètres de largeur), la beauté inattendue de ces animaux. Confronté à des exemplaires d’insectes à échelle réelle de la collection du musée bâlois, l’exposition livre un regard inédit sur la diversité biologique.
lafilature.org
Avec sa DISTANT tantamount MOUNTAIN (jusqu’au 15/10) en bois, Liang Shuo a transformé la Kunsthalle Baden-Baden de fond en comble. Tel un labyrinthe, l’installation – entièrement construite à partir de matériaux récupérés dans la région – se fraye un chemin d’une pièce à l’autre et oblige le public à escalader pour progresser dans l’espace. À ne pas manquer ! kunsthalle-baden-baden.de
Linda Hayford, Shapeshifting © Patrick Lombaert
LANGAGES DU CORPS L’Aerowaves Dancefestival (31/0803/09), collaboration entre le Centre Culturel de Rencontre Neimënster et le Centre de Création Chorégraphique luxembourgeois TROIS C-L, revient pour une seconde édition avec neuf chorégraphes européens. Nos favoris ? Jesús Rubio Gamo avec Bolero – une réflexion sur le temps – et la jeune Linda Hayford. Dans Shapeshifting elle mélange éléments contemporains et “popping”, style dérivé du funk, où le danseur est comme traversé par le rythme de la musique. aerowaves.org Poly 201
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Photographie ou dessin ? Peinture ou gravure ? Présentée à la strasbourgeoise Galerie Christophe Tailleur, Réversible (07-30/09) est une exposition de Valérie Graftieaux en forme de cabinet de curiosités. Elle est composée de trois séries, les Pianographies, les Cartons-martyrs et Timeline invitant le visiteur à s’interroger sans nostalgie sur le passé et son empreinte. Partons sur ces traces… galeriechristophetailleur.fr valeriegraftieaux.net
© Maxim Dondyuk
© Rudolf Belling - Moderne Galerie
Carotte geologique
REWIND
RETROUVÉS FREAK C’EST CHIC Le Carreau fait suivre sa présentation de saison (23/09 à 15h et 18h) d’un spectacle qui arrache avec le Freak Cabaret des Dakh Daughters (20h), sept jeunes ukrainiennes déjantées passant joyeusement des musiques traditionnelles au rap, via rock & hip-hop et les textes de Bukowski et Shakespeare qui rencontrent les récits immémoriaux que la compagnie a collectés dans les villages reculés des Carpates. carreau-forbach.com
La découverte en 2010 fut spectaculaire ! Lors de fouilles archéologiques à Berlin 16 sculptures d’art moderne furent trouvé intactes. Le Museum für Vor-und Frühgeschichte à Sarrebruck dédie l’exposition La découverte des sculptures de Berlin. “Art dégénéré” dans les décombres (vernissage 08/09, jusqu’au 04/02/18) à ces œuvres d’Otto Freundlich (voir page 64), Ernst Barlach ou encore Rudolf Belling, qu’on a longtemps cru perdues. kulturbesitz.de
SENTEUR DES SOUS-BOIS Grande nouvelle pour les Frac du Grand Est : ils ont (enfin) un trio de directrices : Felizitas Diering en Alsace, Fanny Gonella en Lorraine et Marie Griffay en Champagne-Ardenne. Pour marquer le coup, celles-ci peuvent s’asperger d’Orée du Jour, parfum de la grande région créé par Julie C. Fortier, plasticienne qui a du nez. Dans des flacons made in Meisenthal, elle a enfermé une fragrance aux effluves boisées, résineuses et terreuses, à tester dans les trois Frac. grandest.fr Julie C. Fortier, Orée du jour, 2016 Projet Grand Est. Collection 49 Nord 6 Est - Frac Lorraine. © J. C. Fortier
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sommaire
16 Entretien avec Barbara Engelhardt, nouvelle directrice du Maillon
18 La 19e édition du Festival mondial des Théâtres de
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marionnettes
20 La Comédie de l’Est fête les 70 ans des CDN 24 Avec Tarkovski, le corps du poète, Simon Delétang s’attaque au maître du 7e art
26 Entretien avec Jean Boillot, directeur du NEST à l’occasion du festival Court Toujours
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28 Le festival Détonation organisé par La Rodia : une prog’ du tonnerre !
33 - 52 SAISONS 17/18 : LA SÉLECTION DE POLY 58 Le compositeur Philippe Manoury, auteur de Kein Licht, confie ses réflexions sur la catastrophe de Fukushima
62 Michael Beutler a transformé le Frac Alsace en
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Pipeline Field
66 La Fondation Fernet-Branca rassemble les femmes sélectionnées par le Prix Marcel Duchamp
68 La Fondation Beyeler expose quelque 200 images de la star Wolfgang Tillmans
72 Avec Ils vont tuer Robert Kennedy, Marc Dugain marque la rentrée littéraire
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74 L’Home idéal de la designeuse Sonia Verguet 76 Jeanne Gang, star des Journées de l’Architecture 80 Partie de chasse en compagnie du cuisinier Olivier Nasti
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COUVERTURE Cette photographie de Charles Fréger a été réalisée pour Nouvelles pièces courtes, création de la Compagnie DCA – Philippe Decouflé, un véritable retour aux sources de la danse, que l’on pourra découvrir à La Filature (Mulhouse, 20-22/12) puis au Théâtre national de Chaillot (Paris, 29/1212/01 & 20/04-10/05). Elle symbolise bien pour nous l’esprit onirique et élégant de la saison à venir. charlesfreger.com cie-dca.com
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OURS / ILS FONT POLY
Ours Emmanuel Dosda
Liste des collaborateurs d’un journal, d’une revue (Petit Robert)
Il forge les mots, mixe les notes. Chic et choc, jamais toc. À Poly depuis une quinzaine d’années, son domaine de prédilection est au croisement du krautrock et des rayures de Buren.
Thomas Flagel
Théâtre des balkans, danse expérimentale, graffeurs sauvages, auteurs africains… Sa curiosité ne connaît pas de limites. Il nous fait partager ses découvertes depuis sept ans dans Poly.
Sarah Maria Krein
Cette française de cœur qui vient d’outre-Rhin a plus d’un tour dans son sac : traduction, rédaction, corrections… Ajoutons “coaching des troupes en cas de coup de mou” pour compléter la liste des compétences de SMK.
Ours lumineux, chez Sonia Verguet © Emmanuel Dosda poly.fr RÉDACTION / GRAPHISME redaction@poly.fr – 03 90 22 93 49
Anaïs Guillon
Entre clics frénétiques et plaisanteries de baraque à frites, elle illumine le studio graphique de son rire atomique et maquette à la vitesse d’une Renault Captur lancée entre Strasbourg et Bietlenheim. Véridique !
Julien Schick
Il papote archi avec son copain Rudy, cherche des cèpes dans les forêts alsaciennes, se perd dans les sables de Namibie… Mais comment fait-il pour, en plus, diriger la publication de Poly ?
Directeur de la publication : Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Responsable de la rédaction : Hervé Lévy / herve.levy@poly.fr Rédacteurs Emmanuel Dosda / emmanuel.dosda@poly.fr Thomas Flagel / thomas.flagel@poly.fr Ont participé à ce numéro Sarah Dinckel, Stéphane Louis, Christian Pion, Raphaël Schmeller, Florent Servia, Irina Schrag et Raphaël Zimmermann Graphistes Anaïs Guillon / anais.guillon@bkn.fr Luna Lazzarini / luna.lazzarini@bkn.fr Développement web Vianney Gross / vianney.gross@bkn.fr Maquette Blãs Alonso-Garcia en partenariat avec l'équipe de Poly
Éric Meyer
Ronchon et bon vivant. À son univers poétique d’objets en tôle amoureusement façonnés (chaussures, avions…) s’ajoute un autre, description acerbe et enlevée de notre monde contemporain, mis en lumière par la gravure. ericaerodyne.blogspot.com
Dimitri Langolf
Notre attaché commercial smashe avec les inserts publicitaires, lobe la concurrence et fonce, le soir venu, pour assister à un concert de rap old school avec ses potes ou faire un apéro / pétanque. Tu tires ou tu trinques ?
Luna Lazzarini
D’origine romaine, elle injecte son “sourire soleil” dans le sombre studio graphique qu’elle illumine… Luna rêve en vert / blanc / rouge et songe souvent à la dolce vita italienne qu’elle voit résumée en un seul film : La Meglio gioventù.
Administration, gestion, abonnements : 03 90 22 93 30 Mélissa Hufschmitt / melissa.hufschmitt@bkn.fr Diffusion : 03 90 22 93 32 Vincent Bourgin / vincent.bourgin@bkn.fr Contacts pub : 03 90 22 93 36 Julien Schick / julien.schick@bkn.fr Sarah Krein / sarah.krein@bkn.fr Dimitri Langolf / dimitri.langolf@bkn.fr Rudy Chowrimootoo / rudy@bkn.fr Magazine mensuel édité par BKN / 03 90 22 93 30 S.à.R.L. au capital de 100 000 e 16 rue Édouard Teutsch – 67000 STRASBOURG Dépôt légal : Août 2017 SIRET : 402 074 678 000 44 – ISSN 1956-9130 Impression : CE © Poly 2017. Les manuscrits et documents publiés ne sont pas renvoyés. Tous droits de reproduction réservés. Le contenu des articles n’engage que leurs auteurs. COMMUNICATION BKN Éditeur / BKN Studio – bkn.fr
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Édito
un pass qui ne passe pas C Par Hervé Lévy Illustration d’Éric Meyer
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andidat, Emmanuel Macron promettait : « Nous créerons un Pass Culture. Il permettra à chaque Français de 18 ans d’effectuer 500 euros de dépenses culturelles (cinéma, théâtre, livres…). » Inspiré du dispositif italien de 2016, cet engagement sera tenu dès 2018. Le jour de sa majorité, chacun recevra cette somme, sans que les modalités de financement d’une mesure qui coûtera théoriquement quelque 432 millions d’euros l’an prochain (puisque l’INSEE recense 864 195 Français nés en 2 000) soient déterminées avec précision, même si l’on parle d’un cofinancement par certains acteurs, au premier plan desquels figurent les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Un bon coup de pub ! La liste des activités éligibles n’est pas encore dressée. Il sera en tout cas intéressant de voir comment le champ culturel est défini par La République en Marche et quelle sera la ligne de démarcation avec l’animation et le divertissement : les jeux vidéo seront-ils concernés ? L’entrée dans un parc de loisirs type Puy du Fou ? L’achat d’un iPad ?
Au-delà de ces incertitudes légitimes, il importe de s’interroger sur l’essence du dispositif. Devant les députés, la Ministre Françoise Nyssen réaffirmait sa priorité : permettre « à toutes et à tous d’accéder à la culture ». Cette tarte à la crème de la part de l’éditrice de Kamel Daoud, Svetlana Alexievitch ou Mathias Énard prouve que le pouvoir corsète l’imagination. Dans cette optique, l’efficacité du Pass Culture est éminemment douteuse. S’il suffisait de donner de l’argent pour inciter le public – et plus particulièrement les jeunes, futurs votants et cible number one du politique – à aller vers la culture, ça se saurait. Apparaissant comme une simple décision glossy aux accents démagogiques invitant à considérer la culture sous un aspect purement mercantile, cette initiative occulte des enjeux majeurs. Que le Pass existe est une chose (qui ne serait pas bien grave dans une économie florissante), mais qu’il soit présenté comme LA mesure culturelle du début de mandat ressemble à un tour de passe-passe qui en dit long sur la considération portée au secteur.
chroniques
amour
amor
Le drone : le robot volant est un objet de fascination et de répulsion, capable du meilleur – livrer un disque d’Amor Blitz dans un désert culturel – comme du pire – épier l’être aimé à distance. Pour le groupe strasbourgeois, c’est un outil de surveillance téléguidé contre lequel il faut se battre à coup de couplets dans la langue d’Aline ou de La Femme et de riffs punky. Ne pas se fier à la typo Buzzcoks de la pochette : les “vampires platoniques” d’Amor Blitz ne foncent pas tête baissée, donnant à la fois le poison et l’Antidote. Gloria à October Tone et La Souterraine pour cette sortie krautpop pleine de foudre et de lumière ! (E.D.) Ta Jalousie est un drone (10 €), édité par October Tone Records et La Souterraine octobertone.com – souterraine.biz En concert à La Laiterie (Strasbourg), dans le cadre de Scènes d’ici, vendredi 29 septembre artefact.org
LE TOMBEAU DES CHASSEURS Dans un style graphique élégant et réaliste, cette bande dessinée restitue les combats de 14-18 dans les Vosges, au Linge, qui furent particulièrement violents en 1915 (entre le 20 juillet et le 15 octobre, plus de 17 000 soldats tombèrent), avant de se figer dans une bataille de positions. Sous-titrée L’Enfer du Lingekopf, cette Guerre des loups plonge le lecteur dans une année terrible pour les Chasseurs alpins français. Écrit et dessiné par le Marnais Victor Lepointe, dont c’est la première BD, cet album est une belle réussite. Entre grande Histoire et destinées individuelles s’esquissent les contours d’un impitoyable conflit de montagne, sous la neige et dans la boue, fait de raids meurtriers. (H.L.) Paru aux éditions Pierre de Taillac (14,90 €) editionspierredetaillac.com
QUAND LA VILLE DORT Le métier principal de Simon Woolf n’est pas la photographie. Du reste, ce n’est même pas son vrai nom. Pour lui, elle est une passion depuis l’âge de 9 ans. Aujourd’hui, il publie un étonnant ouvrage réalisé grâce à un financement participatif. Argentoratum retraçe de manière poétique et onirique ses Itinéraires photographiques de l’aube à l’aube. Pris au Smartphone, ses clichés révèlent un Strasbourg onirique, cité interlope peuplée d’ombres errantes, parfois angoissantes, que l’on (re) découvre entre chien et loup ou dans l’aube naissante, on ne sait, puisque les ténèbres jamais ne semblent se dissiper. À travers ses clichés, il livre une belle réflexion sur l’espace urbain et la perception que l’on peut en avoir rendant une vision insolite de rues, de places et de monuments qui nous sont pourtant si familiers. (H.L.). Édité à compte d’auteur (27 €) therapeutik.wixsite.com/therapeutik
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chroniques
WHO’S PETE ? « This is my generation, baby. » Christophe Sainzelle, auteur vivant à Épernay (dans la Marne), ne nous parle pas vraiment de La Double vie de Pete Townshend. Il ne s’agit nullement de la bio du guitariste des Who, mais d’un (premier) roman, un récit forcément initiatique car contant la traversée de l’adolescence d’un gamin qui s’imagine être le fils du musicien star anglais. S’inventer un paternel guitar hero, c’est s’octroyer le droit de toucher les étoiles. Échapper à son quotidien moyen et plonger « dans un coma délicieux » avec une seule idée en tête : « Écouter un disque des Who avec un fille blonde et nue dans un lit. » Comme tous les êtres « ultra sophistiqués », ajoute l’ado. (E.D.) Paru aux éditions Territoires Témoins (18 €) territoirestemoins.net
LA FORCE TRANQUILLE Avec son projet This Immortal Coil, Ici d’Ailleurs créait l’impossible rencontre entre Yaël Naim, Yann Tiersen, Bonnie Prince Billy ou Christine Ott le temps d’un vibrant album hommage à Coil. Un super-groupe éphémère était né. Pour le projet Orchard, le label nancéien a rassemblé quatre artistes explorant des terres certes différentes, mais toutes lointaines : le multi-instrumentiste Aidan Baker, le talentueux violoncelliste Gaspar Claus, Franck Laurino, batteur de Zëro, et Maxime Tisserand, clarinettiste de Chapelier Fou. Enfermé dans les studios de L’Autre Canal, le quatuor a improvisé et composé la bande-son d’une flânerie bucolique en cinq chapitres réunis sur Serendipity. Une symphonie pastorale et sereine, un Mind Travel contemplatif à travers les paysages lorrains. (E.D.) Édité par Ici d’Ailleurs (sortie le 22/09) icidailleurs.com
À LIRE SANS MODÉRATION Hosannah, une nouvelle revue littéraire strasbourgeoise vient de naître. Elle se nomme SCHNAPS ! et compte 88 pages. Tout a débuté avec une bande de potes qui a l’habitude de lire des textes de Céline ou de Buk – il y a pire – en fin de soirée pour que les mots claquent avec les lampées de gnole. D’une Schnapsidee est donc née un objet littéraire distillé avec soin où voisinent nouvelles de Nicolas Mathieu (dont on avait adoré Aux animaux la guerre paru chez Actes noirs, voir Poly n°168), Spinalien déjanté qui livre une Fille aux seins nus imbibée au Jägermeister et un feuilleton signé Pierre Abram Sanner. Dans cette première livraison de L’Étrange voyage de l’icône miraculeuse de Sofia de Maverdrave, le lecteur fait connaissance avec un Indiana Jones alcoolo. Bref, cette revue on en admire la robe délicate avant de la picoler jusqu’au fond du verre, lampant goulument les mots. Cul sec. (H.L.) Disponible en ligne et dans toutes les bonnes librairies du Grand Est (8 €) revueschnaps.com
En concert à L’Autre Canal (Nancy), jeudi 19 octobre, à l’occasion de la fête d’anniversaire des 20 ans du label (avec Chapelier Fou, The Third Eye Foudation, Virginie Despentes ou Béatrice Dalle) lautrecanalnancy En concert au MaMA festival (Paris), vendredi 20 octobre (avec notamment Winter Family et Chapelier Fou) mamafestival.com
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THÉÂTRE
le chaînon manquant Elle a dirigé un magazine théâtral, une maison d’édition et un festival1, assuré la programmation de Premières et la dramaturgie d’artistes tels David Marton ou Fabrice Murgia 2. L’allemande Barbara Engelhardt prend les rênes du Maillon avec l’ambition d’en renforcer le rayonnement international.
Par Thomas Flagel Photo d’Alexandre Schlub
Présentations de saison du Maillon au Gobelet d’or (Strasbourg), lundi 4, vendredi 8 & mardi 12 septembre et à la Cité de la Musique et de la Danse (Strasbourg), mardi 5 septembre maillon.eu
Fast Forward à Braunschweig qu’elle avait créé en 2010 staatstheater-braunschweig.de
1
Elle vient de signer la dramaturgie de Menuet de Louis Paul Boon mis en scène par David Murgia sur une musique composée par Daan Janssens, à voir au Maillon (Strasbourg), mercredi 14 & jeudi 15 mars 2018, ainsi qu’au Grand Théâtre de Luxembourg, mardi 20 & mercredi 21 mars 2018 – maillon.eu & theatres.lu 2
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D’où vient cette envie de gérer un lieu, une équipe et la vie d’une maison ? Ce n’est pas la fonction qui m’intéresse mais plutôt, par rapport à la programmation d’un festival, de poser mes valises et développer quelque chose sur du long terme avec une équipe. Et aussi fidéliser des artistes d’une autre manière. Le Maillon ne sera pas un lieu de passage mais un espace où leur faire vivre ce qu’est Strasbourg avec ses caractéristiques régionales et transfrontalières. Quand pensez-vous rentrer dans le futur théâtre dont le commencement des travaux tarde. Votre prédécesseur Frédéric Simon jugeait inenvisageable une entrée en 2018… Probablement pas en 2018, c’est vrai. Je ne sais pas encore comment nous ferons, mais j’aimerais que la saison 2019-2020 soit celle du nouveau théâtre. Prendre en main cet outil en 2019, en amont de son ouverture publique est nécessaire pour toute l’équipe, notamment du côté technique pour s’y installer, apprendre comment l’utiliser et en tirer profit. Cet outil ouvre de nombreuses possibilités : deux salles, d’autres espaces… Le Maillon aura une ouverture sans précédent sur la ville. Le charme du bâtiment actuel va me manquer comme à de nombreux habitués, mais rien ne dit que nous ne saurons pas recréer une ambiance similaire, une vie constante et permanente dans ce théâtre, pour les artistes comme pour les publics. Pour faire intervenir des artistes plus longtemps sur la Ville, en résidence, il faut des moyens. Or, Le Maillon n’est pas riche en dotations. La Ville et les tutelles ont-elles pris des engagements en ce sens ? Les discussions ont eu lieu mais n’ont pas
porté que sur le financement. Mon projet global sera aussi bien ancré dans le local qu’en pointe au niveau européen : mon ambition est d’être un des théâtres qui fait référence par rapport à une programmation internationale. Dans les deux cas, il y a des dispositifs à créer et des partenaires à trouver, proches de nous comme dans les réseaux européens. Mon expérience va me permettre d’enclencher cela très rapidement : pas qu’au niveau des financements mais aussi pour lancer des projets qui font sens. Des discussions sont déjà en cours avec de nombreuses maisons nationales et européennes qui partagent cette envie d’embrasser la responsabilité et le risque de s’engager dans la création. Nous ne sommes pas que des réceptacles pour des spectacles mais avons envie de faire profiter de l’inventivité et de la créativité des artistes. Nous devons les accompagner dans la réalisation de leur processus de travail, et pas seulement par le montant du chèque qu’on peut y consacrer, même si j’aurais toujours le souci de répartir un budget en consacrant d’avantage à la création. Cela veut dire plus de co-productions ? De tournées communes ? Voire de créations partagées ? Je ne me limite pas à la mutualisation de frais en organisant des tournées communes, il faut fédérer des gens pour monter des projets auxquels on croit : y mettre toute notre énergie et pas simplement se reposer sur des projets existants. Inventer une diversification du rapport au théâtre pour toucher des publics différents à Strasbourg. Un projet lisible et fort est nécessaire car il fédèrera… L’action artistique et culturelle n’est pas tout, il existe aussi des voies différentes en termes de production artistique, comme des formats à développer avec les artistes : forme participative
commençant avec un groupe avant de prendre l’envergure d’un spectacle… Vous avez vanté l’ouverture du public strasbourgeois lors de votre nomination. Ce sera un appui de poids pour la nouvelle direction que vous entendez insuffler ? Nos publics ont une ouverture et une curiosité frappantes. Je les ai partagées souvent en temps que spectatrice du Maillon ou pendant le festival Premières. Ils ont cette curiosité de rencontrer des formes et des artistes qu’ils ne connaissent pas. Ils sont aussi assez critiques pour exprimer et se positionner sur ce qu’ils ont vu, trouver leur place. C’est dans cette combinaison que le contact avec le public sera toujours primordial. Pouvoir miser sur une ouverture et compter sur un dialogue avec lui. Le côté purement formel ne m’a jamais intéressé, l’art pour l’art est assez ennuyeux. Un artiste sait partager sa perception du monde de manière poétique, sociale voire philosophique avec le public. Il livre son expérience quotidienne et contemporaine. Vous avez un tropisme pour l’Europe que vous avez longuement arpentée.
Y a-t-il des régions du monde, peu invitées ici, dont vous avez envie ? C’est vrai que ma préoccupation a été jusqu’à maintenant le théâtre européen. Mais je sais que dans l’espace transfrontalier, il y a de nouvelles directions partout, à Bâle et à Zurich notamment. Des collègues sont spécialisés dans certaines aires culturelles comme Sandro Lunin à la Kaserne de Bâle qui est l’expert parfait en théâtre africain et asiatique. J’ai envie d’aller là pour explorer des traditions artistiques contemporaines différentes des nôtres : que ce soit dans les formes performatives comme dans les installations visuelles. Mais si je le fais ce sera de manière approfondie, l’occasion de créer des temps forts, festivaliers ou autres, autour d’une thématique qui peut être un pays. Quelle sera la première chose que vous installerez dans votre bureau ? (Rire). Une table ronde, pour casser le rapport d’autorité frontal du bureau. Et une chaise ou un fauteuil confortable pour la lecture parce que je me permettrais de me réserver mes 30 minutes de lecture quotidienne.
Mon ambition pour Le Maillon est d’en faire un des théâtres référence par rapport à une programmation internationale
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OSCYL © Laurent Philippe
emportés par la foule La 19e édition du Festival mondial des Théâtres de marionnettes réunit créations – Héla Fattoumi et Éric Lamoureux s’inspirant d’une sculpture de Hans Jean Arp pour OSCYL – et artistes fil rouge dont Renaud Herbin avec son nouveau projet, Open the Howl. Par Thomas Flagel
Le Festival mondial des Théâtres de Marionnettes (Charleville-Mézières) se déroule du 16 au 24 septembre festival-marionnette.com OSCYL, création à Charleville-Mézières, 16-17/09 puis en tournée à L’Arsenal (Metz) dans le cadre de la Biennale de la Danse Grand Est (Exp-Édition 2017), le 12/10, à La Commanderie (Dole), le 16/01, à La Maison du Peuple (Belfort dans le cadre du festival Frimats avec Ma Scène nationale), 25-26/01, à L’Espace (Besançon), 3031/01, au Théâtre national de Chaillot (Paris), 22-24/02, à La Filature (Mulhouse), 19/04 viadanse.com
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C
hoisi par Anne-Françoise Cabanis, directrice artistique du festival, en compagnie d’Agnès Limbos, Renaud Herbin revient en terres connues à Charleville-Mézières, lui qui fit partie de la promotion 4 de l’Esnam1. « Un honneur », reconnaît volontiers le directeur du TJP, « que de participer à cet “Avignon de la marionnette” en mieux, car ce rendez-vous mondial des Théâtres de marionnettes demeure inégalé et inégalable dans l’art de fédérer artistes et public, grâce à un subtil dosage entre formes traditionnelles et historiques – notamment avec des marionnettes du monde (Côted’Ivoire, Chili, Japon ou encore Inde cette année) – et contemporaines. » Pour sa carte blanche en temps qu’artiste fil rouge, il a choisi de montrer trois spectacles manifestes, des formes variées créées la saison dernière : un jeune public autour d’une matière fondante se solidifiant (Wax2), une histoire crépusculaire
dans un décor lunaire de graphite noir grâce à une structure cylindrique évidée en haut de laquelle il se niche (Milieu qui sera, ici, joué dans une église) et La Vie des formes, issue de sa rencontre avec la romancière Célia Houdart pour les Sujets à vifs d’Avignon 2016. Une marionnette à taille humaine, manipulée sans dispositif de contrôle autre que sa peau, si ce n’est des systèmes de blocage des articulations, proche du poids humain et de son inertie. Hibou Mais son grand rendez-vous sera la création mondiale d’Open the Howl avec l’ensemble du Théâtre de Ljubljana l’ayant spécialement sollicité. Pour les 70 ans de cette institution, il s’intéresse à son histoire, partant de l’un des premiers spectacles montés là-bas. Visitant les sous-sol de leurs entrepôts de stockage, « une incroyable caverne d’Ali Baba », il
FESTIVAL
Entités ailées Avec OSCYL, pièce pour sept danseurs et autant d’entités mouvantes de taille humaine, la création d’Héla Fattoumi et Éric Lamoureux promet d’être une des belles découvertes du festival. Les co-directeurs de VIADANSE à Belfort avaient flashé sur « les volumes et le flux vital émanant des formes et rondeurs des sculptures de Arp, notamment Entités ailées de la collection du MAMCS à Strasbourg ». L’intuition de la mettre en mouvement en la “désoclant” pour arrondir sa base à la manière d’un culbuto faisait son chemin. Après six mois de travail sur des prototypes avec le plasticien et scénographe Stéphane Pauvret, peaufinant le rapport de poids et d’échelle, les voilà « littéralement fascinés par ces compagnons de jeu ayant dépassé nos espérances » confie Éric Lamoureux. « Nous pensions qu’elles oscilleraient simplement, mais pas que nous pourrions les faire tournoyer, virevolter, voire traverser l’espace grâce à une simple impulsion ! » Plus important encore pour le duo s’échappant de la danse pour investir le champ des objets marionnet-
tiques, « la palette de toucher et de contact est immense. Nos sept Oscyls, tous différents dans leurs équilibres et volumes créent un autre rapport au temps, impulsent le mouvement et la danse. Aux interprètes d’écouter le mouvement de cet autre imaginaire révélé à la danse ». Mais leur prise en main par les danseurs n’a pas été qu’une partie de plaisir. Il a fallu apprivoiser ces présences d’au moins 1,70 mètre pour 30 kg, constituées en mousse de planche à voile avec une âme au centre et un socle en demi cercle, le tout recouvert de résine rigide… mais fragile aussi, nécessitant un réel degré d’attention pour altérités étonnantes, médiatrices des relations entre les hommes et femmes interagissant avec. L’ensemble conserve une part d’aléatoire dont les chorégraphes s’emparent avec l’ivresse d’un jeu d’enfant dont ils inventent des règles peu décryptables par le public mais que les danseurs ont loisir de transgresser, « comme le font tout seul les Oscyls, bousculant les contours du collectif et de la communauté réunie » s’amuse Éric Lamoureux qui se plait à constater « qu’on n’échappe pas à Arp, sa dimension poétique comme ses postures philosophiques ». La légende veut qu’il y a deux ans, il ait malencontreusement fait tomber une sculpture monolithique dans un musée Bordelais, l’ébréchant par un – heureux, puisque déclencheur de l’envie de ce spectacle – accident. C’est avec la délicatesse qui le caractérise que le créateur approche aujourd’hui l’objet, « conscient que se mettre à disposition d’autrui génère un pouvoir de révélation unique ».
Open the Howl, création à Charleville-Mézières, 18-19/09 puis en tournée au TJP (Strasbourg) durant le Festival Les Giboulées, 16-24/03 tjp-strasbourg.com À retrouver aussi durant le Festival trois pièces de Renaud Herbin : La Vie des formes, à Charleville-Mézières, 16-17/09 puis à la CDE (Colmar), 27-28/09 Milieu, à Charleville-Mézières 15-21/09 puis au CDN NanterreAmandiers, 6-11/03 Wax, à Charleville-Mézières, 20-21/09 puis en décentralisation, 22/09-02/10 puis à La Minoterie (Dijon), 14-16/12 et aux 2 scènes (Besançon), 24-28/04 avril renaudherbin.com
École nationale supérieure des arts de la marionnette – marionnette.com
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Voir Poly n°191 ou sur poly.fr
L’histoire d’un chevalier transformé en hibou par un mauvais sort. Un homme lui arrache des plumes qui lui permettent à chaque fois d’exaucer un vœu, conquérant ainsi le pouvoir jusqu’à ce que l’oiseau soit totalement déplumé et qu’il perde tout.
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Renaud Herbin © Benoit Schupp
fait son casting, choisit des petites marionnettes charmantes de 20 à 30 cm, « finement sculptées avec beaucoup de détails, les plus anciennes », dont la conservatrice lui affirme qu’ils peuvent réaliser des copies. Pas la quinzaine correspondant aux personnages du conte qu’il adapte, mais 60 ! « J’avais envie d’une foule de marionnettes comme dans mon projet 2018 (At the still point of the turning world) qui devrait en réunir 600 avec une manipulation par un seul point, en hauteur. » Il commande ensuite une retraduction du conte originel Sovi grad (Le Château du hibou) 3 et confie à Célia Houdart le soin de s’en inspirer. Elle s’intéresse moins à l’homme qu’au hibou et « sa transformation dans un rapport plus sensible au monde, moins bavard ». Du tout petit castelet de la pièce originelle, entouré de grands rideaux, il casse le point de vue, modifie le rapport frontal au public en revenant à son travail sur la vidéo, interrompu depuis 2006. Grâce à de petites caméras, il scanne le cadre de scène depuis divers endroits, comme si nous étions en coulisses, créant une succession de plans projetés autour, dans deux fenêtres « démultipliant les points de vue sur l’espace tout en déréglant la perception du temps grâce à des travellings fins, autant de moyens de montrer les bouleversements des relations sociales entre les hommes, comme les rapports de classe. »
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FESTIVAL
le temps des pionniers La Comédie de l’Est réunit sept théâtres publics du Grand Est le temps d’un festival célébrant les 70 premières années des Centres dramatiques nationaux (CDN). Entretien avec son directeur, Guy Pierre Couleau.
Par Thomas Flagel Photo d'André Muller
À la Comédie de l’Est (Colmar), du 28 au 30 septembre comédie-est.com
* Rapport confié à René Bonnell sur l’Association pour le soutien du théâtre privé, une réflexion prospective tant professionnelle qu’économique sur le fonctionnement de ce fonds constitué il y a plus de 50 ans autour des théâtres privés parisiens et des tourneurs privés
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A-t-il été facile de réunir cinq CDN (Comédie de Reims, La Manufacture, NEST, TJP, CDE), le TNS et le Théâtre du Peuple pour fêter cet anniversaire ? Très facile ! De manière spontanée et immédiate, l’ensemble des directeurs m’a dit oui et pris en charge financièrement une partie de l’événement. Ce festival célébrant la décentralisation théâtrale arrive au moment où Régine Hatchondo, directrice générale de la création artistique au Ministère de la Culture – qui a annoncé une baisse de budget de 50 millions –, a remis en cause à Avignon le modèle économique « à bout de souffle » des CDN et lancé l’idée d’un fonds de soutien au théâtre privé alimenté par le prélèvement d’un euro par siège dans vos théâtres. Une attaque sans précédent… Clairement ! Je prépare cet anniversaire depuis longtemps sachant pertinemment que 2017, année d’élections, serait celle de la refonte des politiques culturelles. Cet événement ne s’inscrit pas dans le passé mais se tourne vers les 70 prochaines années de la décentralisation qu’il convient de renforcer en étant inventifs, notamment quant au modèle économique nous permettant d’être des théâtres de création. La position de la DGCA à cette réunion de tous les directeurs et directrices de CDN a été stérile puisque même la Ministre a affirmé à l’Assemblée ne pas avoir connaissance du contenu du rapport Bonnell*. La polémique avignonnaise était donc aussi inutile qu’affolante d’amateurisme. Elle associe des contre-vérités loin de la réalité. Il est absurde aujourd’hui de rejouer l’opposition à l’origine même de la création des CDN face aux théâtres privés parisiens.
La Comédie de l’Est, devenue CDN en 2013, est le plus jeune des cinq invités alors même que le Centre dramatique de l’Est (son ancêtre, devenu Théâtre national en 1968 après son déménagement à Strasbourg) était le tout premier en 1947. Une jolie boucle… Nous sommes les héritiers d’un projet issu des pionniers de 1947 : Jean Dasté (Comédie de Saint-Étienne), Hubert Gignoux (Comédie de l’Ouest) et André Clavé à Colmar. Il faut s’en souvenir pour comprendre où nous souhaitons aller. Il s’agissait à l’époque de reconstruire la France, au sortir de la guerre, par la culture, notamment en Alsace pour réaffirmer son caractère français. Aujourd’hui, notre position est celle de combattre les fractures sociales, les populismes et fanatismes en recréant du lien, du vivre ensemble et de la pensée. Nous sommes en héritage et en responsabilité vis-à-vis de nos prédécesseurs et il convient de les défendre lorsqu’ils sont mis à mal. Cela passe par le renforcement des liens dans ce réseau de CDN ? La France dispose d’un maillage unique de théâtres publics sur le territoire. À l’heure des grandes régions, il est possible dans le Grand Est, regroupant 5,5 millions d’habitants, de faire un événement commun initiant une synergie sur des valeurs communes, poétiques et artistiques. Napoléon disait bien de Corneille que « tout théâtre est politique ». D’une citation l’autre, Vitez prônait « un art élitaire pour tous ». C’est ce que vous défendez encore aujourd’hui ? Absolument, il faut viser la qualité : être élitaire, à ne pas confondre avec élitiste ! La qualité pour le plus grand nombre, même
lorsqu’on joue dans des villages ou des zones rurales, hors des salles équipées. Se battre contre les fractures d’un pays, c’est proposer le meilleur à un prix moyen de 7 euros dans les CDN. Voilà à quoi servent nos subventions, on est loin des sommes exorbitantes du théâtre privé. C’est aussi l’occasion de rappeler que vos théâtres ne sont pas des tours dorées, mais que vous travaillez en lien avec des écoles, hôpitaux, prisons, associations, quartiers… Nous éditons un livre intitulé En route vers les publics fin septembre, collectant justement nos actions vers et avec les publics car il nous semble important de montrer la qualité du travail des CDN envers les personnes
éloignées : socialement, géographiquement, par le handicap… La décentralisation est aussi un contrepoids au règne du divertissement et du récréatif… Il est nécessaire de le réaffirmer : le théâtre d’art est accessible et pas forcément chiant ! Sans bataille de chapelles, il y a du bon théâtre privé comme La Cage aux folles, mais ça ne vaudra jamais le rire profond d’un Labiche qui porte en lui une finesse de regard sur la société… Il ne faut pas avoir peur de l’intellectualisme. Le festival se déroule en trois temps : œil du passé, du présent et de la pensée. Que nous réservez-vous ? L’œil du passé est une rétrospective
en forme d’exposition sur les premiers pas des CDN et de projection d’un documentaire sur leurs 30 premières années d’existence. L’œil du présent consiste en une carte blanche aux sept directeurs des théâtres participant : des formes courtes et contemporaines, notamment Laurent Poitrenaux, dirigé par Ludovic Lagarde sur Histoire de la littérature récente d’Olivier Cadiot, la recherche du mouvement de Renaud Herbin (La Vie des formes) entre les mots de Célia Houdart et les idées, ou encore Tamara, un texte que je signe autour d’Otto Dix. Le troisième temps du festival, l’œil de la pensée, est le plus difficile à mettre en place car réunir les intervenants sur l’avenir des CDN n’est pas mince affaire. La nouvelle Ministre de la Culture devrait d'ailleurs être parmi nous. Poly 201
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nouveau cirque
atollique circus Atoll ? Des compagnes internationales et un festival de nouveau cirque allemand très francophile. Une manifestation atollique ! Par Emmanuel Dosda Photo de Christophe Raynaud Delage pour la Cie XY
Au Tollhaus et sous chapiteau (Karlsruhe), du 20 au 24 septembre tollhaus.de
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Voir Poly n°198 ou sur poly.fr
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u’est-ce que c’est que ce cirque ! Rien ne va plus. Il n’est pas encore minuit… que la vingtaine d’artistes de la compagnie XY s’envoie en l’air*. On ne saurait dire s’il s’agit de danse, de théâtre ou de cirque, mais qu’importe, tous se lancent dans une vaste chorégraphie où les corps s’effondrent au sol d’un seul bloc avant de s’envoler vers les cieux pour parvenir à ce moment de grâce, précieux et rare : lorsque le temps ne compte plus et n’a aucune d’emprise, même s’il ne s’agit que d’une seconde. C’est alors que la magie opère, dans un bel esprit collectif et un grand « bouillonnement de désirs et d’envies individuels », selon la XY. Le spectacle acrobatique Il n’est pas encore minuit… ouvre en beauté la seconde édition d’une manifestation dédiée au nouveau cirque, domaine ayant aboli les frontières entre les genres comme le prouve le drolatique Main Basse de Sacékripa. Les artistes jonglent, voltigent dans les airs et réalisent des acrobaties. Ils font quelques clowneries également : les pantalonnades et autres instants de franche rigolade sont très présents dans les shows de la joyeuse troupe, aussi visuellement décon-
certants de dextérité qu’amusants et plein de gaîté. Dans Marée Basse, deux gars paumés, des types du genre losers, assis derrière une vieille table en bois abîmée, boivent du rouge qui tache et se lancent dans des jeux (parfois dangereux) d’équilibre avec leur bouteilles, gobelets ou… couteaux. Un cadre vieillot façon Deschiens, des vêtements usés et des personnages alcoolisés qui se rappellent leurs illustres années. Le duo d’artistes oubliés et délaissés, loin des spotlights, se vautre dans la gnôle et la nostalgie, provoquant des rires (jaunes), pour le bonheur des 8 à 88 ans. Les autres moments forts? Un focus sur la Finlande, le show barcelonais de Los Galindos, UduL, coproduction maison, ou encore celui de la compagnie franco-suisse Quotidienne qui souhaite un joyeux anniversaire à la bicyclette fêtant ses 200 ans avec Vol d’usage. Ce spectacle rend hommage au deux-roues, invention en 1817 du baron Karl Drais von Sauerbronn, ingénieux créateur originaire de Karlsruhe. Ils nous convient à souffler les bougies grâce à un duo circassien pour sangles aériennes et monture, certes deux fois centenaire, mais acrobatique !
THÉÂTRE
et la mort n’aura pas d’empire Avec Tarkovski, le corps du poète, le nouveau directeur du Théâtre du peuple de Bussang, Simon Delétang, s’attaque à l’œuvre et à la vie d’un des monstres sacrés du cinéma du XXe siècle.
Par Thomas Flagel
Au Théâtre national de Strasbourg, du 19 au 29 septembre tns.fr À La Manufacture Théâtre des Quartiers d’Ivry, du 2 au 6 mai 2018 theatre-quartiers-ivry.com À la Comédie de Reims, vendredi 11 mai 2018 lacomediedereims.fr
Tarkovski vous tiraillait depuis longtemps… Cela me démangeait déjà à Lyon où j’avais une envie folle de faire un spectacle, seul à une table au Théâtre de L’Élysée sur ses écrits. Mais cette idée n’était pas suffisante pour une telle matière. Les détonateurs de la création de cette année sont variés : ma rencontre en 2012 avec l’auteur Julien Gaillard et surtout la certitude d’engager Stanislas Nordey à la même époque. Il m’avait donné son accord, mais c’était avant que son planning ne devienne encore plus fou qu’avant son arrivée au TNS ! Vous aviez déjà tourné autour des pensées et de l’œuvre d’un grand créateur avec une pièce à partir d’entretiens d’Heiner Müller1. C’est la même envie ici ? Je voulais alors me confronter à une époque, un pan de la création théâtrale allemande. Mais Tarkovski n’a pas le même humour et surtout pas la même théâtralité, même s’il a monté un Hamlet. Les deux sont morts d’un cancer, ce sont donc des récits de fin de vie, seul face à la maladie et la mort à venir. Mon Tarkovski sera une mise au tombeau symbolique.
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For ever Müller, créée en 2009
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Le Corps du poète
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À quel endroit théâtral le cinéma du maître soviétique vous questionne-t-il ? C’est le poète de l’image qui m’intéresse, celui qui excède son art, au niveau de maîtres comme Bach ou de Vinci. Un moyen pour moi de faire entendre sa parole, sa défense de la beauté dans le monde, sa recherche d’absolu. Je trouve qu’il y a de moins en moins de pensée sur les plateaux au profit d’une recherche d’efficacité, d’ironie médiatique perpétuelle. Le rapport au temps du cinéma sera réinventé
au théâtre dans le pari de pouvoir toucher au-delà… Vous allez privilégier les mots aux images, l’imaginaire au réel ? En effet, il n’y aura pas d’image. C’est un acte fondateur pour moi. La seule fois où j’ai utilisé la vidéo, elle n’a pas fonctionné à la première (rire) ! Ce n’est pas mon truc, au théâtre les images me distraient de l’essentiel. Nous faisons une pièce sur un cinéaste qu’on ne voit jamais faire un film comme Tarkovski revenait sur la vie d’Andreï Roublev qui peint sans qu’on voit une toile. Le challenge avec le texte final de Julien Gaillard2 est de reconstituer des plans racontés par des mots. Nous avons joués à décrire le dernier de Stalker, comme pour des aveugles. Cela s’est concrétisé au plateau en bandant les yeux des comédiens. Une partie de l’enjeu de la pièce est là : comment faire naître des images à ceux parmi le public qui n’auraient pas vu ses films ? Le cinéma de Tarkovski est très sensitif. Une matière intéressante pour cet art vivant qu’est le théâtre ? C’est très particulier. Il convient de ne pas l’imiter mais plutôt de le citer, de toucher par la solitude, la quête du bonheur auquel il invite. Nous inventons pour cela des moments simples, les personnages se trouvant dans des bulles qui se croisent. Un travail du côté de la tendresse, du besoin d’aimer et de l’être, le cinéma étant pour Tarkovski comme une médecine de l’âme. Dans ses films, il pointait souvent la responsabilité de l’Homme, charriant avec lui ses troubles sur Solaris comme dans la zone de Stalker…
Stanislas Nordey en répétition dans le rôle de Tarkovski © Jean-Louis Fernandez
J’en fais une transposition entre la position du stalker qui a inventé ce chemin pour arriver dans une zone qui n’existe pas. Tarkovski est ce personnage ayant créé un cinéma pour nous faire croire en nos choix, nos positionnements… Sans être grandiloquent, je crois qu’il voulait panser les âmes. N’oublions pas qu’il était totalement paranoïaque, persuadé qu’une catastrophe nucléaire allait survenir. Quelques semaines avant sa mort, Tchernobyl lui donnait raison.
Tout à fait. Le décor est celui de son exil en Italie et nous mélangeons des extraits de la non-reconnaissance de son travail aux empêchements relatifs aux autorités de son pays. Nous découvrons son chemin de souffrance par rapport à la création, son âme de martyr avec en arrière plan la situation économique de son pays. La chronologie de ses films sert de fil rouge, comme l’avait fait Chris Marker dans son documentaire hommage, Une journée d’Andreï Arsenevitch.
Comment attaquez-vous les relations croisées du triptyque individu, temps et monde physique jalonnant ses films ? Transposer la question du cinéma de Tarkovski au théâtre est impossible à moins d’en faire une pièce d’une semaine pour suspendre le temps. Par mon montage, je crée un rapport au temps différent. Le temps au présent dans un espace unique au théâtre rend cela complexe. Mais ce n’est pas grave car c’est l’homme qui m’intéresse plus que sa dimension mystique.
Vous dites que vous n’auriez pas fait cette pièce sans Stanislas Nordey dans le rôle titre. Pourquoi ? Il me fallait Stan car je recherchais une analogie d’exigence et d’intransigeance artistique sans laquelle le projet n’aurait pas eu de sens. Il a marqué mon parcours : lorsqu’il prit la direction du TGP à Saint-Denis, j’étudiais à Paris III. Outre sa grande radicalité et sa passion pour le théâtre public, il est de ces rares comédiens qui subliment ce qu’ils ont en main. Il a aussi une certaine ressemblance physique, ce regard acéré et cette tension du corps.
Le cinéaste (1932-1986) n’a réalisé “que” sept films, connu le succès international comme la censure en URSS, a rompu avec le réalisme socialiste et vécu l’exil à cause de sa remarquable intransigeance artistique. C’est le centre de votre pièce ?
Mon Tarkovski sera une mise au tombeau symbolique
Il va donc se laisser pousser la moustache… Absolument, ça fait partie du contrat. Elle est indispensable, même si nous ne faisons pas de l’Actor Studio. Poly 201
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le temps suspendu
Théâtre, danse, cirque, concert, performance, lecture… Thionville Court Toujours avec la 8e édition du festival de la forme brève. Entretien avec Jean Boillot, directeur du NEST et créateur de l’événement. Par Raphaël Schmeller Photo d'Arthur Péquin
Au Théâtre en Bois (Thionville), du 22 au 24 septembre nest-theatre.fr
Pourquoi avoir créé Court Toujours ? Avec l’équipe de la scène nationale de Poitiers où je travaillais, nous voulions créer un festival rassemblant différentes formes qui n’étaient jusque-là pas véritablement représentées, pas nommées. J’ai proposé la notion de “format court” : pour débuter il fallait recenser tout ce qui existait dans le spectacle vivant (numéro de cirque, cabaret, danse…). Nous nous sommes aperçus de la richesse du genre d’un coté et de sa faible diffusion de l’autre et avons lancé Court Toujours, premier festival de la forme brève. Quels sont ses caractéristiques ? La seule chose vraiment importante est la durée, de 1 à 45 minutes. Cela permet d’avoir une incroyable énergie : l’économie en terme de temps oblige les artistes à travailler sur la compression, le montage, le collage, les raccourcis… Les créations deviennent très expérimentales et pluridisciplinaires. Qu’apporte cette forme ? Elle permet d’aller plus facilement à l’essentiel. On ne peut pas être bavard, il faut faire
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des choix – souvent cruels pour les artistes – car aussitôt commencée, la création touche à sa fin. La singularité est que la durée ressentie est très différente de la durée réelle. Cette année vous avez prévu 16 spectacles en trois jours, ce n’est pas trop ? Non, parce que le festival est comme un jeu, il faut que le public soit dans le dynamisme du “toujours courir” comme l’indique le nom. Cette année, nous avons décidé de vendre des billets à l’unité. Le fil rouge sera la notion de “combat” et l’événement se concentrera sur le site du Théâtre en Bois avec une librairie, de la restauration, une buvette et des espaces de repos. Votre création Ma Langue pèle traite des espérances du Ministère de la culture, de quoi s’agit-il ? Il s’agit du combat de la décentralisation qui fête ses 70 ans en 2017. Un DJ remixera différents discours de Ministres de la culture sur ce sujet et une comédienne, équipée d’un casque, réagira aux sons envoyés lors d’une performance d’une vingtaine de minutes.
FESTIVAL
détonant, non ? La Rodia de Besançon commence fort la saison avec la sixième édition de Détonation : déflagration de beats electro, déferlante de guitares, explosion de rythmes ensoleillés et fracas interactifs. Une prog’ du tonnerre !
Par Emmanuel Dosda Photo de Polo & Pan (D.R.) À La Friche artistique, près de La Rodia (Besançon), du 28 au 30 septembre larodia.com legrand9.fr
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Voir Poly n°189 ou sur poly.fr
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Voir Poly n°200 ou sur poly.fr
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C’
est à la Friche artistique – l’ensemble d’un ancien site industriel et son hangar de stockage – près de La Rodia, qu’a lieu le festival. Un simple détail géographique ? Non, Détonation est un work in progress constant, une manifestation qui se réinvente édition après édition, en jouant le rôle de tête chercheuse et en misant sur les nouvelles technologies, notamment le mapping permettant de redessiner le contexte de ces trois jours pop. L’équipe des “détonateurs” insiste : il ne s’agit pas de « décorer les murs » avec un voile de modernité digitale, de les tapisser numériquement, mais d’interpeller le public, mieux, de le faire participer. C’est lui qui prendra part aux quatre installations interactives, jouant sur le mapping « non touristique ». Une des propositions artistiques invite les “spectacteurs” du festival à prendre un selfie et envoyer sa photo à une matrice se chargeant de découper tous les visages au scalpel virtuel pour en composer d’autres. S’emparer d’une pratique narcissique chère à nos contemporains et la métamorphoser en projet collectif, tel est l’enjeu de Selfie Glitch, produisant un mur de portraits hybrides et en mouvement permanent. Le public est pris à partie par les différentes interventions – toutes réalisées par Guillaume Bertrand, « le Géo Trouvetou local » –, mais aussi par les artistes musicaux qui lui feront souvent du pied afin qu’il bouge ses guibolles. Comment ne pas se mettre à danser frénétiquement et se sentir en Lévitation sur les beats du dijonnais Vitalic, auteur du récent Voyager ? Comment résister à l’appel de Polo & Pan, duo nous plongeant dans les abysses nostalgiques où résonnent des mélopées électroniques façon Jean-Michel Jarre période Calypso, nous téléportant dans un Pays imaginaire habité par des poissons volants et nous conduisant sur une Plage isolée, les orteils dans le sable fin et les oreilles dans les coquillages. Jean-Jacques (Perrey) et Jacques-Yves (Cousteau) ne sont jamais très loin…
On débarque dans le club Durant ce « dernier festival de l’été… ou premier événement de la saison », il y aura du mainstream (Bigflo & Oli) et du pointu (DBFC). Du sérieux (la techno rusée de Renart) et du graveleux (Ktykeen Connasse). De la world grand public (Amadou & Mariam) et du rock à guitares (les mulhousiens de Last Train1, Supersuckers, Fai Baba). Détonation donne surtout la part belle aux sonorités électroniques, voire de club. Le hangar de La Friche se transforme en piste de danse géante gérée chaque nuit (19h30-3h) par des artistes locaux auxquels La Rodia a offert carte blanche. Ainsi, l’espace fait de béton et de poutres métalliques devient-il un dancefloor trance avec A Mad et ses invités, electrohip-hop en compagnie de Dudy et ses amis et pop électronique avec Komorebi, récemment artiste associée à La Rodia. Les trois scènes extérieures – deux sous d’immenses tentes berbères et une dans une… caravane – offrent une belle affiche. Citons Agar Agar, groupe electronoïdo-mélodique qui connaît une véritable Symbiose en son sein ou DBFC, quelque part entre Metronomy, Django Django et Stone Roses. Un de nos gros coups de cœur : The Blaze, duo electro surdoué qui sent le bitume, le goudron et le haschich2 que l’équipe de La Rodia projette de faire venir depuis l’an passé, soit avant l’énorme buzz entourant les cousins aujourd’hui surbookés. Enfin, un petit mot sur Her, duo français de pop aux accents soul qui a vécu un terrible été : le 13 août, Simon Carpentier fut emporté par un cancer, laissant son ami d’enfance Victor Solf seul aux commandes d’un vaisseau s’apprêtant à s’envoler à travers l’Europe. Le groupe va perdurer (grâce à Desmond Myers qui remplace Simon) et ses concerts ne sont pas annulés : sur le Facebook de Her, Victor évoque la « promesse de continuer coûte que coûte cette magnifique aventure »…
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JAZZ
in & off Dans la balance de ses programmations in et off, le Festival de jazz de Colmar devrait conquérir les fous du genre et les néophytes qui le découvrent.
Par Florent Servia
À La Salle Europe (Colmar), du 11 au 16 septembre colmar.fr Le Festival Off se déroule principalement au Grillen, mais également au Bar L’Entract’e, à la Confrérie Saint-Étienne (Kientzheim) et au Domaine Geschickt (Ammerschwihr)
* Voir Poly n°194 ou sur poly.fr
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Rhoda Scott
l caresse les touches de son vibraphone depuis plus de 70 ans. Le festival de jazz de Colmar rend hommage à Michel Hausser en ouverture de sa vingt-deuxième édition, quelque mois après son quatre-vingtdixième anniversaire ! Le musicien colmarien a migré à Paris où il fit les belles heures du club de jazz historique Le Chat qui Pêche, avec les légendes américaines de passage dans la capitale. Rentré au bercail à la fin des années 1960, Michel Hausser a fondé une Académie de Musique et un festival à Munster. L’honneur va aux anciens, puisque l’Alsacien recevra le pianiste René Urtreger, 83 ans au compteur, dont le fait d’armes le plus marquant est, excusez du peu, d’avoir accompagné Miles Davis sur la BO d’Ascenseur pour l’échafaud. À cette ouverture bop en grandes pompes succède une série de souliers plus classiques. Dans l’habituelle fidélité colmarienne au patrimoine et aux antipodes de bien d’événements dits “jazz” – mais où le genre en deviendrait presque minoritaire – le Festival a su en respecter la lettre sans en dédire l’ouverture et la modernité. En atteste la contemporanéité du son du quartet de David Enhco, où l’horizontalité des rôles a remplacé les impressionnantes successions de solos virtuoses. L’espace sonore est appréhendé minutieusement dans une compréhension globale,
Daniel Humair
faite d’unions et de simultanéité, par ce quartet qui est sans doute l’un des plus intéressants de France. Les quatre musiciens, dont Florent Nisse, contrebassiste originaire de Colmar, seront accueillis avec Michel Portal, autre figure incontournable et saxophoniste émérite du paysage français. Son ami Daniel Humair – lui aussi presque octogénaire – a été invité par le pianiste Antonio Farao pour un trio de très belle facture qui précèdera le groupe du sax ténor Seamus Blake. Off de luxe En laissant la place à des groupes plus amateurs, les off de festivals sont trop souvent décevants. Ce n’est pas le cas à Colmar qui choisit d’y élargir son horizon au Grillen avec des groupes au vaste spectre. Tête d’affiche de cette seconde programmation, le trio anglais The Comet is coming sait jouer son rôle de secoueur de têtes. Emmené par Shabaka Hutchings, le trio anglais mêle effets électroniques psychédéliques et saxophone incandescent. Ils seront introduits par Freez, un quartet hip-hop, de groove et d’électronique, dont les compositions ne cessent de gagner en subtilité. À noter également, l’inclassable groupe espagnol Seward qui ouvrira la soirée pour les alsaciens de Polaroid3*.
site de rencontres Jouant à saute frontière entre France et Allemagne et entre les styles musicaux, la 28e édition du Festival Euroclassic est placée sous le signe de “Réformes, temps, époques”. Par Hervé Lévy Photo de Bernard Benant (Quatuor Debussy)
À Blieskastel, dans le Pays de Bitche, à Pirmasens, à Zweibrücken (et aux alentours), du 2 septembre au 28 octobre festival-euroclassic.eu
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l y a 500 ans, Martin Luther changea la face du monde en affichant, à Wittenberg, ses 95 Thèses condamnant le commerce des indulgences par l’Église catholique. C’est cet anniversaire que célèbre le Festival Euroclassic avec une programmation diversifiée marquée par des rencontres musicales en tout genre, comme le passionnant Bach to Jazz ! (13/10, Église Saint-Rémi de Schorbach), emblématique de l’esprit de croisements tous azimuts qui souffle sur l’événement. Rassemblant le très exigeant Quatuor Debussy (à qui l’on doit notamment une géniale intégrale Chostakovitch publiée par le label Arion) et le duo jazzy formé par le contrebassiste JeanLouis Rassinfosse et le pianiste Jean-Philippe Collard-Neven, ce concert magnifie avec éclat les noces du classique et du jazz. Le sextuor en fusion propose ainsi une relecture bouillonnante de partitions célèbres, passant Ravel ou Debussy à la jubilatoire moulinette de Chet Baker et consorts ou revisitant le Concerto en fa mineur de Bach pour y jeter un regard nouveau où se révèle, grâce à l’improvisation, une nouvelle facette du musicien par excellence du protestantisme. De franchissements des frontières stylistiques, il sera aussi question
dans Amour et Révolution (01/10, Festhalle Zweibrücken) avec la Neue Philharmonie Frankfurt, phalange pionnière pour le crossover qui va faire se coudoyer Beethoven, Berlioz, Pink Floyd et Led Zeppelin. Autres atmosphères avec deux de nos spectacles préférés du festival. En premier lieu, citons un programme intitulé Au Cœur de la vie en 1517 (28/10, Festhalle Pirmasens) où deux formations, le Calmus Ensemble et la Lautten Compagney, font revivre le XVIe siècle, métissant les sonorités originelles d’arrangements modernes. En second lieu, mentionnons la confrontation improbable entre la musique et le foot avec Allemagne-Brésil (29/09, Espace René Cassin, Bitche). Sur une scène métamorphosée en stade, les styles musicaux des deux pays s’affrontent dans la joie : Bach dribble Villa-Lobos, tandis que le roi de la bossa nova Antônio Carlos Jobim tacle Franz Schubert. Enfin, impossible de ne pas parler d’Al Di Meola (27/10, Festhalle Zweibrücken), authentique guitar hero – qui a vendu des millions de disques de Friday Night in San Francisco gravé avec John McLaughlin et Paco de Lucia – fusionnant jazz et rock et n’hésitant jamais à faire quelques incursions latino.
LES CHOIX DE 2017-18
ALSACE LES RÉGIONALES
Souvenirs d’enfance. Avec Simon la gadouille (dès 8 ans), La Strada réfléchit sur ce qui reste de l’enfance, une fois devenus adultes. Dreams. Sous la neige (dès 6 mois) de la Compagnie Les Bestioles est un superbe voyage poétique et sensoriel entre voiles et papiers blancs. Père / Fils. Les Méridiens proposent L’Apprenti de Daniel Keene, l’histoire d’un jeune garçon se cherchant un père de substitution. Acrobaties. Les circassiens d’eia donnent inTarsi : quatre acrobates, mêlant grâce et folie pour un univers peuplé de fragments de vie. Féérique. Romance (dès 3 ans) de La Soupe compagnie ? Un fascinant spectacle mêlant marionnettes, machineries, images projetées et découpées. Toutes les dates et les lieux de la tournée sont sur ☛☛ culture-alsace.org
AUDINCOURT LE MOLOCO
Last night a DJ saved my life. Soirée electro avec l’association Eye of the Dead qui présente la dixième édition de la Noizegate. Aux manettes : Molécule ou You Man (16/09). Journées Européennes du Patrimoine. Visite guidée du Moloco par David Demange, directeur (16/09). Drôle d’Loizeau. L’artiste franco-britannique Emily Loizeau pousse les cloisons de la chanson française au Moloco (05/10).
Groove. Avec Maceo Parker, un artiste que l’on connaît Parker mais dont on ne se lassera jamais (25/11). Swing. Le Molo’ fête Noël avec Scratchophone Orchestra, DJ Frogg ou les alsaciens de Lyre le Temps (16/12). ☛☛ lemoloco.com
BADEN-BADEN FESTSPIELHAUS
Nos coups de cœur. Deux ballets de John Neumeier, Das Lied von der Erde (07 & 08/10) et Nijinsky (13-15/10), La Bohème montée par Philipp Himmelmann (10 & 12/11), le Gewandhausorchester et Andris Nelsons (28/04). Gergievissimo. Le chef russe dans Der Fliegende Holländer (18/05) ? Une certaine idée de la perfection. Culte. Les Wesendonck-Lieder par Anja Harteros (28/01). Berlin. Pour leur résidence pascale à Baden-Baden, les Berliner Philharmoniker et Sir Simon Rattle donnent Parsifal (24/03-02/04) et un bouquet de concerts. ☛☛ festspielhaus.de
THEATER
Magique. La Fête du Théâtre (23/09) promet 1 001 événements : coup d’œil en coulisses, spectacles insolites, etc. Musical. Une immense histoire qui a charmé NYC fait escale à BadenBaden : Fast normal (en VO Next to normal, 21/10-01/12). Marivaudage. Avec la séduisante Finta giardiniera, Mozart explore le désir amoureux sous toutes ses coutures (25/03-01/04). ☛☛ theater.baden-baden.de
BÂLE KASERNE BASEL
Nos coups de cœur. Les Distinguished Hits 1991-2000 (29/09), haïkus performatifs de La Ribot regroupant tout ce qui anime cette immense dame. Un focus grec avec The Great Tamer, beauté visuelle, troublante et poétique signée Dimitris Papaioannou (05-08/10) et l’excellent blitz théâtre group (Institute of Global Loneliness, 24 & 25/11 et au festival Reims Scène d’Europe en février 2018) ou encore l’ovni engagé sur la question du genre Pink for Girls & Blue for Boys de Tabea Martin (04-06/11 & au Théâtre de Hautepierre à Strasbourg 11-13/01) et celui sur la propriété signé She She Pop (ORATORIUM, 25 & 26/05). Danse. La Ville et la Kaserne fêtent les 60 ans de la performance suisse avec l’ennivrant Myousic de Dimitri de Perrot (26/09) ou encore Foofwa d’Immobilité (Condanced Histories, 27/09 et Basel. Dancewalk (Stadt-Landschaft), 26/09) et le show clinquant de MarieCaroline Hominal (Silver, 26/09). Musique. La voix envoutante de l’incroyable Ysamine Hamdan, remarquée dans Only Lovers left Alive de Jarmusch (12/10). ☛☛ kaserne-basel.ch
THEATER BASEL
SPQR. Hans Neuenfels s’attaque à Lucio Silla de Mozart (14/09-27/11). Jeune public. Sont présentés Les Trois brigands d’après le best seller éponyme de Tomi Ungerer (à partir du 01/12, dès 4 ans) et Le Scarabée d’or, de Dai Fujikura d’après Poe (à partir du 09/03, dès 6 ans).
2017-18 Hors les murs. Trouble in Tahiti envahit la cité au mois de mai : l’opéra de Bernstein est présenté dans les rues ! ☛☛ theater-basel.ch
BELFORT
artistique de la salle et souhaite, selon ses responsables, « marquer le coup lors de l’annonce de la programmation ». La structure dévoilera les noms à l’affiche de septembre à décembre le 14/09 lors d’une grande soirée de lancement de saison. Suspens… ☛☛ poudriere.com
VIADANSE - CCN DE FRANCHE-COMTÉ
Création. Héla Fattoumi & Éric Lamoureux ouvrent le Festival mondial des Théâtres de Marionnettes à Charleville-Mézières avec OSCYL, nouvelle création avec des culbutos inspirés de Hans Arp (16 & 17/09, en tournée le 12/10 au Festival Exp-Édition à l’Arsenal de Metz, aux Scènes du Jura (Dôle) le 16/01, à La Maison du Peuple de Belfort (dans le cadre du Festival Frimats avec Le Granit et MA Scène nationale) les 25 & 26/01, aux 2 Scènes (Besançon) les 30 & 31/01, à Chaillot (Paris) 22-24/02 et à La Filature (Mulhouse) 19/04). Homme-Machine. ÜBM de Michaël Cros (premières au TJP (Strasbourg), 12 & 13/10) autour d’être hybrides, électriques et végétaux (26/10). Chatha. Les excellents Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou créent Ces Gens là !, leur nouveau projet, en résidence à VIADANSE (22/03). ☛☛ viadanse.com
LE GRANIT
Création. Solène Froissart monte Miss Electricity, poème dramatique de Fabrice Melquiot (dès 14 ans), 03 & 04/10 (à la Coopérative). Immanquable. Molière passé à la moulinette de l’excellent Omar Porras (Amour et Psyché, 14 & 15/11 à La Maison du Peuple), la communauté disséquée par Le Raoul Collectif (Rumeur et petits jours, 19 & 20/12) ou Hikikomori — Le Refuge, belle pièce à histoires de Joris Mathieu (13/03, dès 8 ans). Festivals. Frimats, dédié à la danse (22/01-02/02), et Europe en scènes (27/03-07/04). ☛☛ legranit.org
LA POUDRIÈRE
La prog ? Impossible de vous annoncer des noms… En effet, La Poudrière va cette année « redynamiser » la ligne 34
Poly 201 Septembre 17
BELFORT LE GRANIT
LES 2 SCÈNES
Danse. 30 ans après sa création, Rosas Danst Rosas revient, spectacle culte de Keersmaeker (14-17/11). Espace public. Équipé de casques audio, vous déambulez en groupe dans la ville, sous les indications de Rimini Protokoll. Remote Besançon (16/0606/07) bouscule les perceptions. Artiste associé. Nouvelle création de Boris Gibé (L’Absolu, au Silo - Cour de la médiathèque Pierre Bayle, 0328/10), réinventant l’acrobatie aérienne avec poésie. Théâtre. Rêve étrange d’Augustin Rebetez (L’Âge des ronces, 20 & 21/12) et le théâtre coup de poing de Milo Rau sur les migrants, le génocide rwandais et les postures occidentales (Compassion. L’histoire de la mitraillette, 02 & 03/05, voir Poly n°193). ☛☛ les2scenes.fr
BISCHHEIM LA SALLE DU CERCLE Amour et Psyché © Mario Del Curto
BESANÇON CDN DE BESANÇON
Création. Célie Pauthe s’attaque au Bérénice de Racine (24/01-02/02), un classique ! Rare. Le grand Matthias Langhoff présente La Mission, souvenir d’une révolution d’Heiner Müller avec de jeunes comédiens de l’École nationale de Théâtre de Bolivie (22 & 23/11). À suivre. La Vase, dernière création de Pierre Meunier autour de cette matière pauvre (06-09/03 et aussi au TJP (Strasbourg) 31/01-02/02 et à La Filature mulhousienne, 21 & 22/02) ou encore le Saïgon de Caroline Guiela Nguyen, nostalgie de l’exode et de ce(ux) que l’on laisse derrière soi (2526/04, également à la Comédie de Reims 06 & 07/12, à l’Odéon (Paris) 12/01-10/02 et au Théâtre Dijon Bourgogne 06-09/03). ☛☛ cdn-besancon.fr
In vino veritas. L’affrontement entre la Ligue du régime sec et les Amis du vin vu par le prisme de la caméra ayant filmé Le Vignoble français de 1930. Trois musiciens de l’ARFI (Association à la recherche d’un Folklore imaginaire) offrent un ciné-concert nommé Les Raisins de la Déraison (22/11, avec Jazzdor). Tapis volant. Un trip au Maroc, à bord d’un tapis virevoltant dans le ciel ? Rendez-vous (08/12) avec Oum el Ghaït Benessahraoui errant entre jazz et musique orientale. Dans le cadre du festival Strasbourg-Méditerrannée. Ciné-concert. Very bad trip en compagnie du groupe grenoblois Holy Bones qui fera rocker Badlands, premier film de Terrence Malick (26/01). Jeune public. Au Fil de l’eau de l’ensemble ATRIUM (18/10). ☛☛ salleducercle.fr
BISCHWILLER MAC ROBERT LIEB
Présentation de saison. Avec le concert barré de Léopoldine HH (22/11).
2017-18
DIJON OPÉRA
ESPACE LÉZARD
Saga africaine. Le griot originaire du Burkina Faso, Moussa Coulibaly (02/09) raconte l’Afrique en musique. 30 ans ! Rentrée en fanfare pour L’Espace colmarien qui fête ses 30 printemps (08 & 09/09) avec du ciné qui donne des ailes (du désir), de la chanson balkanique (ZorZal), du spectacle burlesque motorisé (Emilio & Crapulino), etc. Chanson Made in Alsace. Avec Léopoldine HH (23/09). Violons longs. Le violon jazzy de Scott Tixier en quartet (27/10). ☛☛ lezard.org
SALLE EUROPE Pinocchio de Philippe Boesmans © Patrick Berger
C’est un fameux trois mats. Hugues Aufray (08/12) est Le Visiteur d’un soir à la MAC pour chanter 50 ans de carrière musicale. Hissez haut ! Humour, toujours. Avec Roland Magdane qui nous fera le plaisir de revisiter ses plus grands sketches (25/11), Anthony Kavanagh (21/02) ou Guillaume Meurice (07/04). Notre coup de cœur. Arthur H. (17/05).
COLMAR COMÉDIE DE L’EST
Mozart fucker ! La compagnie Swing’Hommes envoie Mozart en enfer pour finaliser son Requiem (22/09). Café-concert voyageur. Gadjo Michto nous mène en Slobanie, pays qui reste en mouvement grâce à sa musique slave à la sauce andalouse. Ambiance balkanique (29/09) ! Résiste ! À la découverte d’héroïnes des temps modernes : ces femmes Résistantes (10/11). Cirque. « Pourquoi est-ce que je ne peux pas me souvenir de mon futur ? » Avec Les Idées grises, on répond à des questions qu’on ne s’est jamais posées (09/11, dans le cadre de Momix).
Créations. Lune jaune, la ballade de Leila et Lee, deux jeunes en fuite dans les Highlands par Laurent Crovella (2330/01, 01/02 aux Tanzmatten de Sélestat, 03-08/04 au Taps de Strasbourg) et Maman et moi et les hommes d’Arne Lygre par Serge Lipszyc (15-25/05), le destin de trois générations. Littérature. Deux nouvelles de Conrad et O’Neill (One day more et The Rope) réunies par Jean-Yves Ruf pour Les Fils prodiges (17-19/04, créé au Maillon de Strasbourg 17-19/01). Scènes d’automne. Du 07/11 au 02/12 découvrez les dernières pièces de Mathias Moritz (Du Sang aux lèvres, Espace 110, 25/11), le Fkrzictions de Pauline Ringeade d’après Marc-Antoine Mathieu (15-18/11) ou la création Eldorado Terezin de Claire Audhuy sur la supercherie des nazis (07-10/11 à la CDE puis 01 & 02/12 à l’Espace 110, 23-27/01 à l’Espace K de Strasbourg, 22 & 23/03 au PréO d’Oberhausbergen et 23-26/08 au Struthof). Kids. Le Roi des rats (18/10, dès 8 ans) ou la légende du joueur de flûte revisitée par Annabelle Sergent et le slameur Kwal pour les kids d’aujourd’hui…
☛☛ espace-grun.net
☛☛ comedie-est.com
☛☛ mac-bischwiller.fr
C E R N AY ESPACE GRÜN
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Poly 201 Septembre 17
Quel cirque ! Jongleur, funambule, danseur et bien des choses encore, Pascal Rousseau invite à découvrir sa trilogie : Ivre d’équilibre (12/12), Le Mur de l’équilibre (14/12) et Le Cercle de l’équilibre (16/12). UK et cætera. Britannique, Kerry veut devenir française : Laurent Crovella questionne l’identité dans I kiss you ou l’hétéroglossie du bilinguisme (20/04). Boite de jazz. Michel Jonasz (26/05) dans un récital intimiste où la voix rencontre le piano. ☛☛ salle-europe.colmar.fr
THÉÂTRE MUNICIPAL
Humour toujours. Le Festival d’Humour de Colmar souffle sa 5e bougie (24-28/10). Boulevard. Ça reste entre nous (02/02) avec Valérie Mairesse et Pierre Douglas. One woman show. Dans Moi jeu (18/05), Antonia de Rendinger est au sommet ! ☛☛ theatre.colmar.fr
DIJON OPÉRA
Sans mentir. Sensation du Festival d’Aix, Pinocchio de Philippe Boesmans (06-10/10) dans la mise en scène de Joël Pommerat. Top Danse. La première en France de Kreatur (11 & 12/01), nouvelle création
2017-18 de Sasha Waltz et Vader (03/02), visite des Peeping Tom dans… une maison de retraite. Immense. Philipp Himmelmann monte Simon Boccanegra de Verdi (14-22/03). Marathon. L’œuvre pour piano intégral de Debussy par Philippe Cassard en quatre concerts, le même jour (07/04). Présentation de saison. À l’occasion des Journées du Patrimoine par Laurent Joyeux (16/09, 16h30). ☛☛ opera-dijon.fr
ORCHESTRE DIJON BOURGOGNE
Percussif. Adélaïde Ferrière, star du marimba (07/02). Lointain. Un voyage en Amérique du Sud avec des œuvres de Moncayo, Piazzolla, Ginastera (05/04). ☛☛ orchestredijonbourgogne.fr
THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE À ne pas manquer. La relève théâtrale française avec le dramaturge Kevin Keiss et la metteuse en scène Maëlle Poésy (Ceux qui errent ne se trompent pas, 07-11/11) et le Saïgon contemplatif de Caroline Guiela Nguyen (06-09/03). Benoît Lambert. Les rapports de domination disséqués par Marivaux dans Le Jeu de l’amour et du hasard (03-20/10 et 09-13/01). Temps fort. Pour fêter avec la jeunesse les 70 ans de la Décentralisation : Jouer Partout (04-08/12) avec des propositions de Pierre Maillet, Maëlle Poésy et Benoît Lambert. Et la 29e édition de l’excellentissime festival Théâtre en mai (23/05-03/06).
bien, tout compte fait. Un grand Ouï ! Juste avant les vacances, Camille sortait un album très bien reçu par la critique. Le public, à son tour, pourra lui crier Ilo Veyou, lors de son passage à La Vapeur (21/03). ☛☛ lavapeur.com
ERSTEIN SAISON CULTURELLE
Don’t forget the Night… Cette année, la nuit sera le fil rouge de la saison. On la retrouvera notamment, immense et mystérieuse, pour un concert-conférence en compagnie d’Hubert Reeves et de l’Ensemble Calliopée (19/01), un Karaoké Night Fever (06/04) ou le spectacle Une Nuit, la mer d’Isabelle Autissier (13/04). Lancement de saison ! Avec Sorcières de la compagnie alsacienne Mémoires Vives (16/09, Salle de gym). Le cerveau. Singing in the Brain (06 & 08/10) ? Une conférence musicale et humoristique pour cervelle et son orchestre, au Musée Würth. ☛☛ ville-erstein.fr
FORBACH LE CARREAU
Festivals. Loostik, dédié au jeune public franco-allemand entre Forbach et Sarrebruck (11-21/10), Primeurs pour
l’écriture dramatique contemporaine (en français et en allemand, 22-25/11). Lettres. L’adaptation de Mon Traître de Sorj Chalandon par Emmanuel Meirieu (14/11) et Les Misérables en théâtre d’objet par la Cie Karyatides (30/01-01/02). Duo. De choc avec le rappeur ex-Hardcore Kery James et le metteur en scène Jean-Pierre Baro (À Vif, 08/02 puis à La Filature mulhousienne 09/02). Masques. Entrez dans Amour et Psyché, nouveau spectacle d’Omar Porras du Theatro Malandro (21 & 22/02). Présentation de saison. Le 23/09 à partir de 15h30, suivi du spectacle Freak Cabaret à 20h des sept punks ukrainiennes Dakh Daughters (également au Maillon (Strasbourg), 20 & 21/02) ! ☛☛ carreau-forbach.com
FRANCFORT-SUR-LE-MAIN OPER
Événement. Création mondiale de Der Mieter (12/11-07/12), opéra d’Arnulf Herrmann adapté du Locataire chimérique de Topor. Opéra dans l’opéra. Brigitte Fassbaender monte Capriccio de Strauss (14/01-18/02). Duo gagnant. Une soirée avec la création mondiale d’A Wintery Spring de Saed Haddad et la première mise en scène d’Il serpente di bronzo de Zelenka (22/02-05/03).
DIJON THÉÂTRE DIJON BOURGOGNE
☛☛ tdb-cdn.com
LA VAPEUR
Le bon plan. Souscrire à la Carte Vapeur pour obtenir des réducs et autres surprises. Malin ! Présentation de saison (01/09). Cette année, la prog’ est plus qu’alléchante avec Catherine Ringer, Vitalic, Petit Biscuit ou Fishbach. Le regard fixe, cette dernière est prête pour la rixe, des armes de séduction massive plein les poches : mélodies hyper accrocheuses, synthés combatifs, compos qui font mal. Mais qui font tellement de
Saïgon © Jean-Louis Fernandez Poly 201 Septembre 17
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2017-18 Reprise. Die Passagierin de Weinberg (03-30/03) : indispensable !!!
Présentations de saison. Avec Les Fouteurs de joie (07 & 08/09).
☛☛ oper-frankfurt.de
☛☛ relais-culturel-haguenau.com
F R IBOUR G - E N - BR ISG A U THEATER FREIBURG
Relecture. Avec Lulu, eine Mörderballade (à partir du 26/10), The Tiger Lillies décapent Wedekind. Danse, musique, performance… L’E-Werk, le Theater im Marienbad et le Theater s’associent pour le Freiburg Festival (07-17/06). Les enfants d’abord. Avec le festival Klong (juillet), c’est musique pour le jeune public ! ☛☛ theater.freiburg.de
GUEBWILLER
HEIDELBERG THEATER HEIDELBERG
Limbes. Chorégraphie de Nanine Linning, Dusk (11/11-05/05) qui nous entraîne au pays des damnés sur une musique de Mahler. Baroque. Mitridate de Nicola Antonio Porpora (29/11-09/02), une rareté ! Pictural. Writing to Vermeer, un opéra de Louis Andriessen sur un livret de Peter Greenaway avec une musique électronique de Michel van der Aa (11/05-09/07). ☛☛ theaterheidelberg.de
HEIDELBERG THEATER HEIDELBERG
LES DOMINICAINS DE HAUTE-ALSACE
HAGUENAU
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LA VILL’A
Ouverture de saison. Spectacles, démonstrations, visites du bâtiment, rencontres… (17/09, à partir de 14h30). Grands corps tchatcheurs. SlamTisch #1 : tournoi de slam de poésie (16/02). Accordéon ! Avec Le Printemps des Bretelles toute la ville résonne au son de l’accordéon (16-25/03). Master Class. Avec Vincent de Murcia (07/04). ☛☛ lavill-a.com
ESPACE 110
☛☛ les-dominicains.com
Nos coups de cœur. L’excellent sextet de musique irlandaise Doolin’ (14/11), le théâtre de boulevard de Labiche revisité par le Théâtre régional des Pays de la Loire avec une Affaire de la rue de Lourcine d’anthologie (28/11), la poésie de Dick Annegarn (05/12), Echoes, création chorégraphique hiphop de la Compagnie Alexandra N’Possee (30/01) et le concert de Juliette (10/04). Rires & chansons. L’Humour des notes, festival incontournable qui titille les zygomatiques en musique (0513/05).
☛☛ illiade.com
ILLZACH
Minimal. Le pianiste Víkingur Ólafsson interprète des œuvres de Philipp Glass (10/11) : une révélation ! Planant. Prêtresse de l’electro orientale, la chanteuse iranienne Azam Ali mêle instruments traditionnels et images numériques (18/01). Mystique. Passio d’Arvo Pärt par l’ensemble Vox Clamantis (29/03). Béatitude. Lily Jung plonge dans Les Vibrations du Monde (01/06).
RELAIS CULTUREL
Presque seul sur les planches (25/11). Les années swing. The Glenn Miller Memorial Orchestra (14/01) rend hommage à l’immense Franck Sinatra. Sur le divan. Mon psy, c’est quelqu’un de Christophe Feltz (15-17/02). Accordéon ! Avec Le Printemps des Bretelles toute la ville résonne au son de l’accordéon (16-25/03).
Ein Sommernachtstraum, Marie-Therese Futterknecht (Titania) © Annemone Taake
ILLKIRCHG R A F F E N S TA D E N L’ILLIADE
Grain de Foly. Concert piano / voix pour Liane Foly (14 & 15/10). Retro. Back to fifties avec la seconde édition du Boogie Spirit Festival (2022/10, Vill’A et Illiade). SAV. Fred Testot d’Omar et Fred, sera
Histoire. Wannsee Kabaré (30/09) questionne un des épisodes les plus dramatiques du XXe siècle. Hybride. Debout sur le zinc (14/10), entre chanson française et rock. Père. Les Méridiens montent L’Apprenti de Daniel Keene (21/04). Danse ! Durant la Quinzaine de la danse (14-24/03), les chorégraphies s’enchaînent avec notamment Loretta Strong (20/03, voir Poly n°184), une variation S-F seventies. ☛☛ espace110.org
K ARLSRUHE BADISCHES STAATSTHEATER KARLSRUHE
Ring. Une nouvelle Tétralogie par quatre metteurs en scène différents, sinon rien avec L’Or du Rhin (03/0205/05), La Walkyrie (29/03-31/05), Siegfried (03/12-10/05) et, nouveauté de la saison, Le Crépuscule des Dieux (15/10-12/05).
2017-18 Haendel Power. Riche programmation pour la 41e édition des Händel-Festspiele (16/02-02/03) avec notamment une nouvelle mise en scène d’Alcina (16-27/02). Ballet. Carmina Burana, une nouvelle chorégraphie de Germinal Casado sur la musique de Car Orff (13/04-22/07). ☛☛ staatstheater.karlsruhe.de
KINGERSHEIM CRÉA
Bib Band. Un orchestre bien funky qui aime autant Aretha Franklin que les Roots : c’est Bax Band. Chaleur et bonne humeur (21/10). Ouvrez ! Opération portes ouvertes au Créa (09/09). Festival. Une quarantaine de compagnies de renommée internationale nous donnent rendez-vous (01/02-11/02). Programme complet sur momix.org. ☛☛ crea-kingersheim.com
LINGOLSHEIM LA MAISON DES ARTS
Ouverture de saison. Lancement de saison avec Andrée Kupp, dresseuse et montreuse de légumes (01/10), spectacle de marionnettes de la compagnie
Les Zanimos conviant un poivron poivrot ou des taupes rappeuses ! Ensuite, place à Tartine Reverdy qui nous mène Une heure au ciel. Jazz en or. Ciné-concert sur film muet The Half Breed d’Allan Dwan (16/11). Dans le cadre de Jazzdor. Jeune public. Filles & Soie (14/02), théâtre d’ombres et de marionnettes de Séverine Coulon, d’après Les Trois contes de Louise Duneton. ☛☛ lingolsheim.fr
LUNÉVILLE LA MÉRIDIENNE
L’Unijambiste. [INUK] ou l’imaginaire se transformant en questionnements sur le réchauffement climatique, le chômage, l’alcoolisme… (15 & 16/01) Vesaas. La Cie L’oiseau Mouche adapte Les Oiseaux, chef d’œuvre de Tarjei Vesaas sur la différence (20/10 et au TGP (Frouard) les 12 & 13/10) ainsi qu’au Théâtre de Haguenau 07/11). T & S. Les Journées Théâtre et Sciences #3 (25-27/01) regroupent spectacles ateliers, ciné-débat et rencontres avec artistes et chercheurs autour des maths. FACTO. 7e édition du festival qui explore la notion de spectacle documentaire (31/03-15/04). ☛☛ lameridienne-luneville.fr
LUXEMBOURG PHILHARMONIE DE LUXEMBOURG
LUXEMBOURG LES THÉÂTRES DE LA VILLE DE LUXEMBOURG Opéra. Le superbe Ivo van Hove met en scène Le Journal d’un disparu de Janáček (04 & 05/01) et Fabrice Murgia, star du théâtre belge, le Menuet de Louis Paul Boon sur une création musicale de Daan Janssens (20 & 21/03). Danse. Création mondiale de Dystopian Dream (29 & 30/09) de l’un des duos de chorégraphes les plus flamboyants : Honji Wang et Sébastien Ramirez sur une musique de Nitin Sawhney. On en salive d’avance ! La Fiesta d’Israel Galvàn qui se réinvente une nouvelle fois, cassant tous les codes (11 & 12/01 et à MA scène nationale (Montbéliard, 21/12) et la coréenne Eun-Me Ahn et ses joyeuses Dancing Grandmothers (30 & 31/01, voir Poly n°185). Théâtre. Emmanuel Demarcy-Mota s’attaque à Camus (L’État de siège, 08 & 09/02), toute correspondance avec notre époque étant voulue ! Après la terreur, la violence pour Myriam Muller présentant Anéantis de Sarah Kane (24/02-03/03). Trois Luk Perceval de suite pour un Zola Marathon (Liebe, Geld, Hunger, 11/03), 7h45 de théâtre auquels s’ajoutent les entractes ! Et pour ceux qui l’auraient raté, Les Particules élémentaires, chef-d’œuvre de Houellebecq décortiquant notre époque oisive et bourgeoise par Julien Gosselin (24 & 25/11). ☛☛ theatres.lu
PHILHARMONIE DE LUXEMBOURG
Martha Argerich © Sebastien Grebille
Orchestres. The Cleveland Orchestra et Franz Welser-Möst (27/10) puis le LSO et Sir Simon Rattle (24/04). Voix. Jonas Kaufmann et Diana Damrau chantent Wolf (20/02), la soprano Anna Prohaska est en résidence (22/03, 26/04 et 07/06). Clavier. Yuya Wang se produit avec le violoniste Leonidas Kavakos (11/12) et Martha Argerich (14/09). Collaboratif. Le Red Bridge Project rassemble La Philharmonie, le Grand Théâtre et le Mudam autour de la choPoly 201 Septembre 17
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2017-18
METZ L’ARSENAL
ORCHESTRE NATIONAL DE LORRAINE So french. Un programme Fauré / Ravel / Franck avec le pianiste Philippe Cassard (13/10, mais aussi 18/10 à l’Opéra de Reims et 19/10 à L’ACB de Bar-le-Duc). Mort à Venise. La Symphonie n°5 de Mahler sera dirigée par la brillante coréenne Shiyeon Sung (19/01, puis 20/01 à l’Opéra de Reims). Génie du piano. Adam Laloum interprète le Concerto n°2 de Brahms (16/02). ☛☛ orchestrenational-lorraine.fr
LES TRINITAIRES & LA BAM La Fresque © Jean-Claude Carbonne
régraphe Anne Teresa De Keersmaeker (plusieurs dates au cours de la saison). Festivals. Atlântico, un voyage sonore au Portugual (07-14/10) et Rainy Days avec pour thème “How does it feel ?” (06-19/11). ☛☛ philharmonie.lu
METZ L’ARSENAL
Bach. Le Caravansérail donne les Concertos brandebourgeois (28/09) tandis que Sabine Devieilhe et l’ensemble Pygmalion proposent un florilège de cantates (23/01). Danse intense. Pièce chorégraphique pour six danseurs et un musicien live, Fury (09/11) est la nouvelle création de Sarah Baltzinger. Guitar heroes. Il pleut des cordes, festival dédié à la guitare (16/11-08/12, également à la BAM). Pyrotechnique. Le contre ténor Franco Fagioli chante Haendel (13/01). Excursion. Un nouveau Voyage musical au siècle romantique (23-25/03). Danse & Peinture. Angelin Preljocaj s’est inspiré d’un conte chinois pour créer La Fresque (14/04), une chorégraphie en forme de réflexion sur la place de l’art à notre époque. Hip-Hop. East Block Party #9 (30/0503/06, également à la BAM et aux Trinitaires). ☛☛ arsenal-metz.fr 40
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THÉÂTRE DU SAULCY (Université de Lorraine)
Falk Richter. Avec Play Loud, JeanThomas Bouillaguet signe le hit d’une génération dite Y (04/10). Dennis Kelly. Autre grand auteur d’aujourd’hui avec L’Abattage rituel de Gorge Mastromas (25 & 26/10), biopic d’un salaud monté par Illia Delaigle. Oswald de nuit. Théâtre visuel et musical avec le recours de Chapelier fou pour Nadège Coste (24-26/01). ☛☛ univ-lorraine.fr
OPÉRA-THÉÂTRE
Tragédie classique. Andromaque de Racine (19 & 20/10) par le Jeune Théâtre National. Vaudeville. On purge bébé de Feydeau (08 & 09/12). Festif. Paul-Émile Fourny monte L’Auberge du Cheval blanc (21/12-01/01), une des opérettes les plus populaires du répertoire ! L’Âme russe. Eugène Onéguine de Tchaïkovski (02-06/02). Gluck2. Les Amours d’Alexandre et de Roxane suivi de Don Juan : deux ballets exquis (16-18/03). French touch. Dans une mise en scène de Paul-Émile Fourny et avec une très belle distribution, ce Samson et Dalila (01-05/06) fait l'événement. ☛☛ opera.metzmetropole.fr
Les habitants font les spectacles. Troisième édition de l’événement Flânerie à Borny : une balade parsemée de performances, concerts et spectacles… En fin de journée : concert à la BAM de Kader Fahem (10/09, à partir de 14h). Quand vient la fin de l’été. End of Summer Session avec Fensch Groove Consortium, dans le cloître des Trinitaires, à partir de 15h (16/09) ! Sympa pour les étudiants ! Les étudiants (et les autres) se donnent RDV à la BAM (30/09) pour une farandole de concerts : Naive New Beaters, Sleepy Monster ou Baguette, collectif messin bon comme du bon pain ! Grrrr. Ours (29/09, Trinitaires). ☛☛ trinitaires-bam.fr
MONTBÉLIARD MA SCÈNE NATIONALE
María & Israel. Deux stars du flamenco avec la belle María Pagés (Óyeme con los ojos, 10/10) et La Fiesta d’Israel Galvàn qui se réinvente une nouvelle fois, cassant tous les codes (21/12 puis au Grand Théâtre (Luxembourg), 11 & 12/01). Charlotte. Pour vivre heureux, vivons cachés, telle pourrait être la maxime de Charlotte Lagrange qui crée La Tentative de disparition, 18-20/01, puis à La Castine (Reichshoffen), 14/03 et à La Saline (Soultz-sous-Forêt) 06/04). Kaori. L’incroyable Kaori Ito (Robot, l’amour éternel) s’intéresse à ce qui nous différencie des androïdes. Tou-
2017-18 chant (16 & 17/01) ! Emma. Dans l’enfer de Dante avec l’Italienne présentant Bestie di scena (03/04). Josse. Le plus grand comédien belge, Josse de Pauw se lance dans une polyphonie sur le mythe des Héros (06/04). Mathieu. Avec DJ Set (sur) écoute (12/12), Mathieu Bauer donne une leçon de musicologie sur un rythme effréné. Brillant ! ☛☛ mascenenationale.com
MULHOUSE LA FILATURE
Danse. SUNNY, éclats et fulgurances dansées du chorégraphe Emanuel Gat (28/11), les Nouvelles pièces courtes (et costumées) de Découflé (20-22/12), la dernière créa de Gisèle Vienne en forme de concert déjanté (CROWD, 22/05 et au Maillon avec Pôle Sud (Strasbourg) 08-10/11 puis au CDN Nanterre-Amandiers 07-16/12) et El Baile de Mathilde Monnier (20 & 21/02). Théâtre. Réflexion sur la jeunesse russe ayant grandit à la fin de l’URSS par Tatiana Frolova (Je n’ai pas encore commencé à vivre, 07-09/11), le géorgien Rezo Gabriadze avec Stalingrad (28/11) et Ramona (30/11-01/12), théâtre de marionnettes saisissant. Ne manquez pas l’attendue dernière création de Vincent Macaigne (Je suis un pays, 16/02).
Festivals. Scènes d’automne (07/1102/12), Les Vagamondes (arts et sciences humaines autour des cultures du sud, 10-27/01). Monstres sacrés. Guy Cassiers s’empare des Suppliants de Jelinek avec la chorégraphe Maud Le Pladec (Grensgeval (borderline), 18 & 19/10), ou encore Neige d’Orhan Pamuk par Blandine Savetier (19 & 20/01, voir Poly n° 195) et Tocqueville revu par Romeo Castellucci (De la démocratie en Amérique, 25 & 26/01 et à la Comédie de Reims 07 & 08/02) sans oublier le Werther (11-13/04) de Nicolas Stemann en 1h ! ☛☛ lafilature.org
NOUMATROUFF
Anniv’. Cette année, le Nouma fête son quart de siècle en programmant de nombreux artistes qu’on aime. Ouverture des hostilités avec une affiche mêlant Aufgang, Albinoïd Sound System ou Leopard Da Vinci (30/09). Techno. Soirée techno avec Source and Roots qui convie Current Value, Jack de Marseille, DJ Bouto ou DJ Dash (14/10). Classe. Frànçois and The Atlas Mountains : une fusion entre Satie, la pop anglaise actuelle, la chanson française et la musique africaine. (27/10). GOOD. Magnifique nouvel album et fantastique tournée pour l’ami Rodolphe Burger (28/10). ☛☛ noumatrouff.fr
MULHOUSE LA FILATURE
ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MULHOUSE
Violoncelle ! Henri Demarquette, fantastique virtuose et deux monuments, la Symphonie concertante de Prokofiev et Don Quichotte de Strauss (15 & 16/12). Réflexions sur la nation. Trois visages d’écoles nationales puissants : Borodine, Janáček et Sibelius sous la baguette du lauréat 2017 du Concours de Besançon (23 & 24/03). Création mondiale. Lettre soufie de Jean-Luc Fafchamps (27 & 28/04). Festival. Avec Les Méridiennes, les musiciens de l’OSM proposent une escapade chambriste (02-04/05). Anniv’. Le Théâtre de la Sinne fête ses 150 ans avec un voyage musical de 1868 à 2018 (27/05). ☛☛ orchestre-mulhouse.fr
NANCY L’AUTRE CANAL
Pas de désillusion. Un de nos grands coups de cœur electro pop : Isaac Delusion (21/09). Avec H Burns, c’est encore mieux. Pas de la dope. Soirée electro hiphop barrée en perspective avec Dope D.O.D., groupe qui ne dort jamais, Tha Trickaz et sa musique faite à base de lourdes basses et RJ Henry (28/09). Même pas peur. Marillion (06/10) : de retour avec l’album FEAR et une tournée heayy. ☛☛ lautrecanalnancy.fr
CCN – BALLET DE LORRAINE
CROWD © Estelle Hanania
Happy Happy. Double anniversaire avec les 50 ans du CCN et les 40 ans de son installation à Nancy avec 19682018 (15-19/11), soirées performatives composées de créations de Petter Jacobsson & Thomas Caley mais aussi Cunningham & Warhol (RainForest) et le nouveau projet de Miguel Gutierrez. Nowhere. KAYAK (21-25/02) se déroule en Suède, donc nulle part ! une création signée La BaZooKa sous la direction d’Étienne Cuppens et Sarah Crépin (dès 6 ans). Fallin. Le CCN2 de Grenoble est invité Poly 201 Septembre 17
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2017-18 avec Celui qui tombe (24 & 25/05 avec le Théâtre de la Manufacture) dirigé par son co-directeur Yoann Bourgeois poussant la virtuosité à ses limites, entre cirque, danse et théâtre de rue. ☛☛ ballet-de-lorraine.com
OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE Événement. Le Don Giovanni de Jean-François Sivadier (29/09-10/10) . Récital. Ludovic Tézier, un des plus grands barytons actuels (23/11). Tchèque. Le très cinématographique Philipp Himmelmann monte Katia Kabanova de Janáček (28/01-06/02). French romantic. Werther de Massenet avec Stéphanie d’Oustrac en Charlotte (06-15/05). ☛☛ opera-national-lorraine.fr
ORCHESTRE SYMPHONIQUE ET LYRIQUE DE NANCY
NIEDERBRONN & R eichshoffen MOULIN 9 & LA CASTINE
Ouverture de saison. Présentation de saison à La Castine de Reichshoffen (15/09). Frivole. La Framboise Frivole ? Notes et humour (07/10, La Castine). Hommage. Didier Gustin (13/01, Moulin 9 de Niederbronn) – oui, l’humoriste – rend hommage en chansons à Nougaro ! Ah, tu verras, tu verras… C’est n’imp’ ! Les Weepers Circus présentent N’importe Nawak aux petits (24 & 25/05, Moulin 9). Comme à la maison. Baroque, folk, blues, pop ou rock : c’est Saori Jo (16/06, Moulin 9) ☛☛ niederbronn-les-bains.fr ☛☛ lacastine.com
Tchèque. La baguette de Christian Arming pour des œuvres de Dvořák, Janáček et Martinů (30/11 et 01/12). Sommet du clavier. Jean-Efflam Bavouzetet le Concerto pour piano en ré majeur de Haydn (11 & 12/01). Minimalisme. Le Concerto pour violon de Philip Glass par le jeune prodige Chad Hoopes (08 & 09/03).
OBERHAUSBERGEN LE PRÉ’O
Festivals. Neue Stücke explore la dramaturgie allemande (13-23/11), La Mousson d’hiver (19-21/03), théâtre ultra contemporain et RING #6, rencontres internationales nouvelles générations (12-20/04). Copi. Marcial Di Fonzo Bo double Copi (07-09/11) avec Eva Peron & L’Homosexuel (ou la difficulté de s’exprimer) en une même soirée. Corneille. Julia Vidit crée un pont entre XVIIe et XXIe siècle avec Le Menteur (03-08/10). Duras. Michel Didym s’offre une comédie cinglante de Marguerite Duras, Les Eaux et forêts (15-20/01). Euripide. Sara Llorca fait d’Anne Alvaro son Dionysos dans Les Bacchantes (1821/12, puis à La Filature, 30/01-01/02). ☛☛ theatre-manufacture.fr 42
Poly 201 Septembre 17
ESPACE ATHIC
Nouveautés. Révolution à Obernai ! Finis les simples spectacles, place à des séquences thématiques associant courts-métrages, avant-scènes avec la compagnie associée Quai N°7 et débats post-représentation. Rock’n’Roll. Un Othello pimpé de jalousie et d’énergie brute signé Anthony Magnier (29/09) et la dernière création de Solène Froissart (Miss Electricity, dès 14 ans, 07/11 et aussi au Granit (Belfort), 03 & 04/10), poème dramatique de Fabrice Melquiot sur l’amour à venir et l’incapacité de s’arrêter pour l’attendre. Quai n°7. Andréa Baglione met en scène Antigone #Ismène d’après une idée originale de sa comparse rencontrée à la HEAR Juliette Steiner (23/01). L’illusionniste. Philippe Beau, sa Magie d’ombre et autres tours (09/02) et Thierry Collet, magicien moderne des écrans et smartphones avec Je Clique donc je suis (13 & 14/03). Festival. La 23e édition de Pisteurs d’Étoiles propose le meilleur du nouveau cirque (26/04-05/05). ☛☛ espace-athic.com
☛☛ opera-national-lorraine.fr
THÉÂTRE DE LA MANUFACTURE
OBERNAI
O S T WA L D Sandra Nkaké © Benjamin Collombel
LE POINT D’EAU
Welcome ! Une nouvelle directrice pour le PréO, mais pas une nouvelle tête (elle était directrice adjointe) : bienvenue, Marion Hofmann ! Infernal. Mémoires vives présente Un Récital aux Enfers (05/10). La Battle. Cinquième édition du battle de danse hip-hop : The Circle Of Dancers (08/10), organisé par la compagnie Mira. Coup de cœur. Concert de Sandra Nkaké pour son nouvel album, Tangerine Moon Wishes (17/11).
Ouverture de saison. Avec Outside Duo composé d’Antoine Solmiac et de Julien Grignon (20/09). Contemporain. Faust’s Box, a transdisciplinary Journey (26/09, dans le cadre de Musica). Notre gros coup de cœur. No Land d’Olivier Mellano avec notamment l’immense Brendan Perry du groupe mythique Dead Can Dance (18/11) ! Notre second gros coup de cœur. Anthony Joseph et sa soul inspirée (09/02). Vite, réservons nos places, d’autant plus que la première partie est assurée par les excellents strasbourgeois d’Albinoïd Sound System. Entrez dans la transe.
☛☛ le-preo.fr
☛☛ lepointdeau.com
OBERHAUSBERGEN LE PRÉ’O
2017-18
REIMS LA CARTONNERIE
Chanson. Quel Charabia ! Le festival éponyme (05-08/10) convie quelques sommités de la chanson française : Tété, Haskehoug, Olivia Ruiz… Sensible. Belle affiche que celle du 15/11 avec le folk fragile de This Is The Kit et le blues vintage de Bror Gunnar Jansson. Pigalle pour les kids. Pigalle, pour les enfants ? Et oui, avec François Hadji-Lazaro (15/12). ☛☛ cartonnerie.fr
LA COMÉDIE DE REIMS
Créations. Suzanne Aubert s’inspire de Maeterlinck pour un conte cruel (Baleines, 23/11-02/12), Adèle Chaniolleau et Camille Pelicier se perdent en 5 épisodes dans Guerre et paix avec Pour l’amour de Léon (09/01-27/03) ou encore un film noir sur les planches avec Rémy Barché (Le Traitement, 26/0102/02). Ludovic Lagarde s’empare des Suppliants d'Elfriede Jelinek (29/03). Jeunesse. Acte 2 du triptyque du jeune auteur-metteur en scène Baptiste Amann Des Territoires avec (…d’une prison l’autre…). Une traversée des fractures actuelles (11-20/10). Reims scènes d’Europe. Douze jours de festival (07-18/02) avec notamment le dernier Castellucci Democracy in America (07 & 08/02, éga-
lement à La Filature de Mulhouse 25 & 26/01) ou l’incroyable Suite n°3 de l’encyclopédie de la parole de Joris Lacoste (15/02). Méliès. Pas de maudit dans M comme Méliès (31/05-01/06), dernière pièce du duo des Lucioles Élise Vigier & Marcial Di Fonzo Bo.
à Reims (12 & 13/01). Love. Première création d’Angelin Preljocaj pour grand ballet, Roméo et Juliette est devenu une pièce emblématique (26 & 27/01). Événement. Une nouvelle production des Pêcheurs de perles de Berlioz (13 & 15/05).
☛☛ lacomediedereims.fr
☛☛ operadereims.com
LE MANÈGE DE REIMS
Maguy Marin. La Création 2017 de cette grande dame de la danse contemporaine avec ses danseurs de toujours (12 & 13/10, dans le cadre d’EXP.ÉDITION 2017 après sa création mondiale au CCAM (Vandœuvre-lès-Nancy 05-07/10 et au Théâtre de Charleville-Mézière, 24/02). Africa. Kinshasa Electric (09 & 10/11) ou la performance entre DJ set et show dansé par des interprètes kinois mis en scène par la canadienne Ula Sickle, mais aussi les Sud-Africains de la compagnie Via Katlehong Dance avec leur pièce chorale (Via Kanana, 12 & 13/01). Cirque. Dad is Dead ! (15/11), duo sur les mystères de l’identité sexuelle et le bien-fondé du militantisme. Reims Scènes d’Europe. Le meilleur des scènes du continent (07-18/02).
S A I N T- D I ÉD es- V osges ESPACE GEORGES-SADOUL – LA NEF
Festival. Le traditionnel Festival international de Géographie (29-01/10) ayant cette année pour thème Territoires humains, mondes animaux et pour pays invité l’Afrique du Sud. Dès 6 ans ! Du burlesque et des marionnettes (18/10, La Nef) avec Post-scriptum, relecture du Petit Chaperon Rouge. To be or not. L’être ou pas (03/11, Espace Georges Sadoul), comédie avec Pierre Arditi et Daniel Russo. Danse. Index (24/11, Espace Georges Sadoul) de la compagnie Pyramid. ☛☛ saint-die.eu
☛☛ manegedereims.com
S A I N T- L O U I S
OPÉRA
Mozart. Le Cosi fan tutte mis en scène par Frédéric Roels est une « mascarade sans duperie » (13 & 15/10). Nous sommes deux sœurs jumelles. Les Parapluies de Cherbourg débarquent
REIMS LA COMÉDIE DE REIMS
LA COUPOLE
Festivals. Première édition de Bulb ! dédié au jeune public (04-08/10) et des Rencontres sous la Coupole, nouvel évènement mettant chaque année le laboratoire d’une discipline artistique à l’honneur. Pour cette première, focus sur la danse (14-18/01). Coup de cœur. Avec Amour et Psyché, Omar Porras crée une féérie grandiose (22 & 23/11) Star. Laetitia Casta joue Ingmar Bergman dans Scènes de la vie conjugale (20/01) ☛☛ lacoupole.fr
SARREBRUCK SAARLÄNDISCHES STAATSTHEATER Baleines © Romuald Ducros 44
Poly 201 Septembre 17
Suisse. Début de saison en fanfare avec
2017-18 une nouvelle production de Guillaume Tell de Rossini (10/09-02/12). Danse ! Verlangen (Demander) : trois chorégraphies de Jiri Kylián, Stijn Celis et Andonis Foniadakis (10/02-22/06). Rareté absolue. La Tempête, opéra fifties du compositeur helvète Frank Martin (27/01-25/03). Festivals. Primeurs, dédié au théâtre francophone contemporain réalisé avec Le Carreau de Forbach (22-25/11), Tanzfestival Saar (03-06/05) ou Perspectives (17-26/05).
STRASBOURG LE MAILLON
☛☛ theater-saarbruecken.de
SAUSHEIM ED&N
Love and Revenge © Célia Bonnin
Culte. Le guitariste Pat Metheny a joué aux côtés de Joni Mitchell, Charlie Haden ou encore Chick Corea (15/10). Idole. Sheila sur scène (06/12) ! Love. Michèle Laroque et Muriel Robin s’aiment et le disent tout haut sur scène (14/01). Et j’ai crié. 50 ans après avoir crié Aline, Christophe (17/01) livre Les Vestiges du chaos. ☛☛ eden-sausheim.com
S AV E R N E ESPACE ROHAN
Présentation de la saison. Troppe Arie du Trio Trioche : Mozart, Rossini, Bizet ou Bellini (13 & 14/09). Festival. 19e édition de Mon Mouton est un lion (16/05-05/06) dédié au jeune public. Pas cruche. La Cruche, pièce burlesque interprétée par l’Envolée Lyrique (15 & 16/09). Conf’. Singing in the brain : conférence humoristique et musicale (24/05). ☛☛ espace-rohan.org
S C H I LT I G H E I M CHEVAL BLANC / SALLE DES FÊTES / BRASSIN
Lancement de saison. Présentation
de la nouvelle saison avec Antonia de Rendinger (12/09, Salle des Fêtes). Chanson. Kent (07/10, Cheval Blanc) chante La Grande Illusion… Therapy de groupe. Entre chanson et jazz, Matskat attaque (20/10, Brassin). Rions ensemble. Avec Antonia de Rendinger (17/11, Salle des Fêtes) dans Moi jeux ! Very Ott. La compositrice et ondiste Christine Ott de retour pour After the breaking of earth (18/11, Cheval Blanc). Impitoyable. Le contrebassiste Kyle Eastwood (01/12, Salle des Fêtes), fils de l’immense Clint, qui livrera un set… impitoyable. Blues du désert. Les touaregs de Tinariwen (09/12, Salle des Fêtes). ☛☛ ville-schiltigheim.fr
S É L E S TAT TANZMATTEN
Lancement de saison. Journée portes ouvertes festive (17/09). Vosgien. L’inoxydable humoriste Claude Vanony est de retour (12/11). Mix. Théâtre et arts numériques se rejoignent pour honorer Diderot dans cette étonnante Religieuse (25/11). Santiano. Hugues Aufray est en tournée (25/05). ☛☛ tanzmatten.fr
STRASBOURG
S C H W E I G H O U S E-S U R - ESPACE CULTUREL DJANGO REINHARDT MODER Présentation de saison. À la brasseClassique. L’OPS pour un concert gratuit (23/09, Centre Culturel et Sportif). Alphabetical. La compagnie Sémaphore, en résidence, présente Le Fil des mots (22/10), beau voyage au pays de l’alphabet. Au commencement il y avait… Il fit surgir cinq palmiers bleus, de la compagnie Le Mythe de la Taverne, sur des paroles des indiens Guarani (09/02).
rie WOW (01/09, à partir de 19h). Ouverture de saison. En fanfare avec Haïdouti Orkestar (23/09). Vintage. Django revisite l’émission télé Soul Train (12/10) avec Fat Badgers en live, sur scène. Africa. Kinshasa s’invite à Strasbourg avec Jupiter & Okwess, Kokoko! et Eddy Ekete (27/10). Everyday People. Concert mythique : Arrested Development est à Strasbourg (31/10).
☛☛ mairie-schweighouse.fr
☛☛ espacedjango.eu
LA K’ARTONNERIE
Poly 201 Septembre 17
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2017-18
JAZZDOR
Ouverture de saison. Présentation de saison et du festival Jazzdor, ainsi que concert du trio du pianiste cubain Aruan Ortiz au Centre socio-culturel du Fossé-des-Treize (06/10). No Borders. Avec Mock the Borders, Jeremy Lirola se moque les frontières (13/10, Espace culturel de Vendenheim). Rockafrocolombien. Deux soirées (18 & 19/10) entre jazz actuel, rock et musiques colombiennes avec Kaixu by Pixvae, au Maillon. Festival. Jazzdor (10-24/11), avec plein de belles choses à aller découvrir ! ☛☛ jazzdor.com
fête ses 20 ans avec Bien sûr, les choses tournent mal (10 & 11/10 dans le cadre d’Exp.Édition 2017). Lisbeth2. La géniale Lisbeth Gruwez dances Bob Dylan (24 & 25/11, dans le cadre d’Exp.Édition 2017) avant de se jouer de la peur en duo avec Nicolas Vladyslav dans We’re pretty fuckin’ far from okay (29 & 30/11, dans le cadre d’Exp.Édition 2017). Ouverture de saison. Le 14/09 à 19h30 avec Amala Dianor (Pas seulement) et Pierre Bolo & Annabelle Loiseau pour IN BLOOM - Un sacre du printemps et le 15/09 à 19h30 avec Amala Dianor (Pas seulement) et Emanuel Gat (Sacre). Le tout en entrée libre, Wouahou ! ☛☛ pole-sud.fr
LE MAILLON
Créations. Crowd (avec Pôle Sud), fête déjantée de Gisèle Vienne sur une bande son de KTL (08-10/11 puis au CDN Nanterre-Amandiers 07-16/12 et à La Filature 22/05) et Les Fils prodiges, deux nouvelles de Conrad et O’Neill (One day more et The Rope) réunies par Jean-Yves Ruf (17-19/01 puis à La CDE (Colmar), 17-19/04). Immanquable. La nouvelle performance immersive du sud-africain Brett Bailey autour des migrants et du rôle de l’Europe (Sanctuary, 18-26/05) et la révolution revue par Pommerat (Ça ira (1) fin de Louis, 15-17/02). Puissant. Forced Beauty de T.I.T.S. sur les mécanismes de la domination et de la violence (29-31/05). Hard. La vérité crue du racisme ordinaire dans Imitation of life du hongrois Kornél Mundruczó (18-21/04). Musik. La pop électro venue du monde arabe sur du VJing de films cultes par Rayess Bek dans Love and Revenge (01 & 02/02). Présentations de saison. Au Gobelet d’or (04, 08 & 12/09) et à la Cité de la Musique et de la Danse (05/09). ☛☛ maillon.eu
PÔLE SUD
Festivals. Extradanse (05-18/04) avec un focus Afrique (Salia Sanou, Dorothée Munyaneza et Serge Aimé Coulibaly) ou l’incroyable Robyn Orlin et EXTRAPÔLE (mai & juin). 20 ans. Kubilai Khan Investigations 46
Poly 201 Septembre 17
STRASBOURG PÔLE SUD
chés capitaux et Mahagonny Songspiel de Kurt Weill (20-28/05 à Strasbourg, 05/06 à Colmar et 13 & 15/06 à Mulhouse). ☛☛ operanationaldurhin.eu
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE STRASBOURG
Intégrale. Les 9 symphonies de Beethoven par Marko Letonja en 6 concerts (05 & 06/10, 12 & 13/10, 16 & 17/11, 06/04, 17 & 18/05, 31/05 & 01/06). Nouvel an festif. Igudesmann et Joo décapent le classique (31/12 & 01/01). Plein Nord. Leif Segerstam et un programme 100% finlandais (25/01). Ciné-concert. The Matrix (26/05, Zénith) En résidence. Le hautboïste François Leleux donnera plusieurs programmes dont un rendez-vous chambriste avec le pianiste Emmanuel Strosser (03/06). ☛☛ philharmonique-strasbourg.eu
ESPACE K
To Da Bone, (LA)HORDE
OPÉRA NATIONAL DU RHIN
Événement. Ludovic Lagarde monte Le Nozze di Figaro de Mozart (2031/10 à Strasbourg, 10 & 12/11 à Mulhouse). Israël. Des chorégraphies signées Gil Carlos Harush, Ohad Naharin et Idan Sharabi (14-16/03 à Mulhouse, 1923/04 à Strasbourg et 28 & 29/04 à Colmar). Made in Japan. Le Pavillon d’or de Toshiro Mayuzumi (21/03-03/04 à Strasbourg, 13 & 15/04 à Mulhouse). La Diva des townships. Un récital de Pumeza Matshikiza (22/03). Trio gagnant. Sont rassemblés Pierrot lunaire de Schönberg, Les Sept Pé-
Ouverture de saison. Présentation de saison et humour (14 & 15/09). Losers ! Avec Les Glandeurs nature (2630/09), de et par Migeon et Bounouara. Performance humoristique. Patrick Cottet Moine fait comme Chez lui (17-21/10). Tu n’es pas de notre galaxie. Humour intergalactique avec le Capitaine Sprütz (08-16/03) qui se met dans la peau d’un VRP de la terre. ☛☛ espace-k.com
LA LAITERIE
Rencontre au sommet. Entre Arielle Dombasle et Nicolas Ker (27/09). Nous sommes deux sœurs jumelles. Gospel ancestral et electro avant-gardiste. Entretien avec les jumelles Ibeyi (05/10), beautés divines qui font le crossover. Ne nuit pas à la santé. Avec la musique de Cigarettes after sex, nous sommes prêts à attendre l’apocalypse : une bande son si sweet, véritable éloge de la lenteur en dix chapitres (22/11). ☛☛ artefact.org
2017-18
LES TAPS
Actuelles XX. Cinq textes contemporains mis en espace par des équipes mêlant étudiants de la Hear, comédiens, metteurs en scène et chef avant un temps d’échange en présence de l’auteur (20-24/03). Créations. Mathias Moritz signe Du Sang aux lèvres, relecture du héros après Coriolan sur un texte de Riad Gahmi (03-08/10, puis au Théâtre Ici et Là (Mancieulles) 10 & 11/10, au Théâtre de Charleville-Mézières, 17 & 18/10 et à l’Espace 110 (Illzach), 25/11). Hippolyte anti-héros questionnant l’absence de révolte actuelle (14-19/11 puis à la Salle Europe (Colmar) 20/02 et au Musée Würth (Erstein) 25/02). Carver. Trois nouvelles de Raymond Carver mises en scène par Philippe Lardaud (Adieu ma bien-aimée, 05-08/12, au Théâtre Ici et Là (Mancieulles), 2426/11, et au Festival Décalages (Wissembourg) 26/01). Kiss Kiss. Catriona Morrison joue sa biculturalité, avec humour et autodérision dans une mise en scène de Laurent Crovella (I Kiss You, 10-14/04) qui présente lui Lune Jaune (03-08/04 et aussi à la CDE (Colmar) 23-30/01 et le 01/02 aux Tanzmatten de Sélestat), la fuite de deux jeunes dans les Highlands. ☛☛ taps.strasbourg.eu
TJP
Star. L’inclassable Christian Rizzo présente D’À côté (23-25/05, aussi à Chaillot (Paris), 02-08/02) rempli d’apparitions et disparitions en associations libres d’images. Engagé. La compagnie Barbarie s’empare de la question des réfugiés avec Wa Wilder Man (dès 4 ans, 25/1101/12). Créations. Après sa balade surprise en forêt, Michaël Cros revient avec Über Beast Machine (12 & 13/10 puis à VIADANSE (Belfort) le 26/10) autour d’êtres hybrides, électriques et végétaux. Une recherche de matière par Pierre Meunier et Marguerite Bordat (La Vase, 31/01-02/02 puis à La Filature mulhousienne, 21 & 22/02 et au CDN de Besançon, 06-09/03). Mais aussi Open the Howl, création de Renaud Herbin et Célia Houdart avec les premières marionnettes du Théâtre de Ljubljana (au Festival mondial des 48
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Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières, 18 & 19/09, puis aux Giboulées à Strasbourg, 16-24/03). ☛☛ tjp-strasbourg.com
STRASBOURG LES TAPS
d’Amnéville (08/12) et au Zénith de Nancy (09/12). Régional de l’étape. M. Pokora is back (20/10). Également au Galaxie d’Amnéville (01/12). Monumental. Le Ballet, l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra national de Russie présentent Carmina Burana (04/11). Également au Zénith de Dijon (03/11) et aux Arènes de Metz (05/11). Culte. IAM (09/11), what else? Également au Galaxie d’Amnéville (08/11) et au Zénith de Dijon (05/12). Inoxydable. Indochine est de retour (25/02). Également au Zénith de Dijon (10 & 11/04), au Galaxie d’Amnéville (25/05). ☛☛ zenith-strasbourg.fr
STUTTGART STAATSTHEATER STUTTGART Angelo, Tyran de Padoue © Arthur Pequin
THÉÂTRE NATIONAL DE STRASBOURG
Young blood. Trois auteurs à suivre : Simon Diard de Théâtre Ouvert (invité d’honneur de la saison) avec La Fusillade sur une plage d’Allemagne (1423/02), Alexandra Badea dont Anne Théron crée À la trace (25/01-10/02) et l’interrogation générationnelle de 1993 d’Aurélien Bellanger par Julien Gosselin (26/03-10/04) avec les élèves de la dernière promo de l’École ! Come-back. Le coup de poing de Je suis Fassbinder (18-22/12) co-mis en scène par Falk Richter et Stanislas Nordey. Nobel. Nicolas Stemann présente son Nathan !? (08-17/11) d’après Nathan le sage de Lessing et un texte d’Elfriede Jelinek. Must. Le Soubresaut (09-19/01) de l’historique Théâtre du Radeau emmené à bon port par François Tanguy. ☛☛ tns.fr
LE ZÉNITH
Tournée d’adieu. Michel Sardou : indispensable (13/10). Également à L’Axone de Montbéliard (06/10), au Zénith de Dijon (14/10), au Galaxie
Essentiel 1. Medea de Cherubini par Peter Konwitschny (03/12-03/02). Essentiel 2. Reprise de la mise en scène décapante de Calixto Bieito du Parsifal de Wagner (25/02-02/04). Essentiel 3. La rencontre de Luigi Dallapiccola et de Wolfgang Rihm avec deux opéras, ll prigioniero et Das Gehege (26/04-25/06). ☛☛ staatstheater-stuttgart.de
THANN RELAIS CULTUREL PIERRE SCHIELÉ
Présentation de saison. À la carte, au Relais Culturel (08-29/09), en petit comité, autour d’un petit plat que vous pouvez ramener. Du théâtre. Avec Le Mariage de la compagnie Demain il fera jour (11/10). Du cirque. Avec InTarsi (04/02). De la danse contemporaine. Avec Rien à aborder de la compagnie Myriam Soulanges (16/03). ☛☛ relais-culturel-thann.net
THIONVILLE NEST – NORD-EST THÉÂTRE
Festivals. Textes sans frontières (12/11) avec un focus sur l’Afrique fran-
2017-18 cophone & La Semaine Extra pour et par les ados (13-18/04). X2. Christine Angot fois 2 avec Richard Brunel créant Dîner en ville (09/02) et Célie Pauthe qui a adapté le très autobiographique Un Amour impossible (21 & 22/03). X3. Le belge Jean-Marie Piemme est à l’honneur cette saison avec La Vie trépidante de Laura Wilson (11-18/10) créée par le directeur du NEST Jean Boillot puis dans La Semaine Extra avec Jours Radieux (16 & 17/04) de Fabrice Schillaci et dans Eddy Merckx a marché sur la lune (16-18/05) . Créations. Le Marchand de Venise vu par Jacques Vincey (15 & 16/11). ☛☛ nest-theatre.fr
VANDŒUVRE-LÈS-NANCY
(25-31/05) avec la création du Voyageur Optimiste de Muammer Yilmaz (29/05). ☛☛ vendenheim.fr
VESOUL THÉÂTRE EDWIGE FEUILLÈRE
Musique symphonique. L’Orchestre Français des Jeunes (09/09). Bazar magnifique. Les Épis noirs (28/09), groupe de comédiens-clownschanteurs qui présente Flon Flon. Coup de cœur. Albin de la Simone, chanteur, compositeur, arrangeur, etc. (04/10, Auditorium de Lure). ☛☛ theatre-edwige-feuillere.fr
CCAM
Théâtre. La Cie du Jarnisy s’attaque au huis-clos féminin de Marie N’Diaye Les Serpents (21-23/02 et aussi au Théâtre du Saulcy (avec NEST) 21-23/11 puis au Taps (Strasbourg) 14-16/02). Danse. L’excellent Vidal Bini présente son Morituri ou les Oies sauvages (12 & 13/10) et les présences inquiétantes des Ombres blanches de Nathalie Pernette (16-18/11). Expo. Les Requins Marteaux sont Lost on the lot (26/09-21/10) et on les retrouve avec Edmond Baudouin, un voyage (20/03-20/04). Festival. La 4e édition du festival du film d’architecture (19-21/12) et le 34e festival Musique Action (14-21/05). ☛☛ centremalraux.com
VENDENHEIM ESPACE CULTUREL
Ouverture de saison. Pour son 15e anniversaire ouverture en fanfare avec Grégoy Ott, la compagnie Mira, Fanny Georges, etc. (13 & 14/09). Création. Mock the Borders : du jazz avec le Jérémy Lirola Quartet qui abolit les frontières (13/10). La Môme ! Dans Piaf, l’être intime, Lionel Suarez et Clotilde Courau restituent les tourments de l’idole (12/01). Événement. Festival Les Éphémères #6 50
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LA WANTZENAU LE FIL D’EAU
l’exil forcé (Théâtre municipal d’Épinal, 12/09, spectacle redonné à la MJC Savouret d’Épinal, 09/02). Pop eighties. Avec Fishbach (La Souris verte, Épinal, 01/02). Culte. La Dernière saison du Cirque plume, magique et onirique, (sous chapiteau, rue de Lorraine, Capavenir Vosges, 18/05-02/06). ☛☛ scenes-vosges.com
L A WA N T Z E N A U LE FIL D’EAU
Ouverture de saison. Présentation de saison en musique avec un concert de Matskat (23/09) et une surprise partie en compagnie de DJ Chris Philip. C’est la fête ! Attention mesdames et messieurs, Michel Fugain débarque à La Wantzenau (11/02) avec ses musiciens. Jeune public. Où se cache la lune lorsque le jour s’allume ? (25/04) est un voyage à travers le monde et les continents : Stéphane Oerthel, Julien et Olivier Lindecker sont prêts à décrocher la lune ! ☛☛ la-wantzenau.fr
WISSEMBOURG & S O U LT Z-S O U S- F O R Ê T S V I L L A G E- N E U F RIVERHIN
Ouverture de saison. Présentation de saison en humour avec Sébastien Bizzotto (12/09), grand Monsieur Loyal ! Humour. La légende Marlyse Riegenstiehl et sa Coopé préférée (16/09). Zik. Les Weepers Circus chantent N’importe nawak (31/01). ☛☛ mairie-village-neuf.fr
VOSGES SCÈNES VOSGES
Présentation de saison. Avec Ma nostalgie, réflexion sur les douleurs de
LA NEF & LA SALINE
Présentation de saison. Les 15 (La Nef) & 16/09 (La Saline) avec les circassien de la Cie Singulière. Young Goods. La nouvelle pièce de Charlotte Lagrange, jeune metteuse en scène oh combien talentueuse : Tentative de disparition (06/04, La Saline) et aussi à MA (Montbéliard), 18-20/01 et à La Castine (Reichshoffen), 14/03). Danse & humour. Attention chefd’œuvre avec Un Pojo Royo (08/12, La Nef), duo de théâtre physique et d’attirance aussi drôle qu’impressionnant ! Décalages. Le festival des Scènes du Nord (18-27/01) avec notamment Bovary, les films sont plus harmonieux que la vie (18/01, La Nef). ☛☛ ville-wissembourg.eu ☛☛ la-saline.com
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PA R I S , U N E S É L E C T I O N LA COLLINE
Mythe. Avec Ombre (Eurydice parle) d’Elfriede Jelinek (19-28/01), Katie Mitchell présente l’héroïne comme une femme d’aujourd’hui, subissant le joug d’Orphée, caricature du mâle machiste. Création. Wajdi Mouawad (texte et mise en scène) s’intéresse à une femme d’une vingtaine d’années, portée par l’intuition du siècle qui l’a vue naître et refusant celui qui s’ouvre à elle. Elle se tue en se jetant de la fenêtre. Pourtant, elle s’appelait Victoire (14/03-11/04). ☛☛ colline.fr
LA COMÉDIE FRANÇAISE
Molière. Denis Podalydès revient en tant que metteur en scène dans la Salle Richelieu avec Les Fourberies de Scapin (20/09-11/02). Culte. Avec Les Damnés, Ivo van Hove plonge dans les turpitudes morbides viscontiennes du IIIe Reich. Indispensable si vous l’avez manqué l’année dernière (29/09-10/12). Événement. Avec Poussière (10/0224/06), Lars Norén entre au répertoire de la Comédie Française, s’inscrivant dans la tradition des auteurs écrivant pour la Troupe. ☛☛ comedie-francaise.fr
LA MAROQUINERIE
This is Radio Clash ! La Maroquinerie fête les 40 ans du punk rock avec une expo, des rencontres et bien sûr des concerts, notamment celui de The Last Band in Town reprenant les hits des Clash (09/09). Bonzaï ! Avertissement : ne s’approcher de La Maroquinerie qu’équipé des casques de chantier. Éboulements et autres écroulements sont à prévoir à l’occasion du show dronique de Stephen O’Malley, big boss de Sunn O))). À découvrir lors de la Gonzaï Night (23/09). Menteurs menteurs. Dance-punk, rock-expérimental, post-quelquechose : Liars, trio un peu fou-fou créé à Los Angeles est inclassable, il se re52
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nouvelle à chaque album… et à chaque concert (13/11). ☛☛ lamaroquinerie.fr
ODÉON-THÉÂTRE DE L’EUROPE
Six Sœurs. Timofeï Kouliabine met en scène Les Trois sœurs (05-15/10), tandis que l’artiste associé Simon Stone crée un spectacle à partir du texte de Tchekhov (10/11-22/12). Mythe. Dans Macbeth de Shakespeare, Stéphane Braunschweig voit une œuvre de notre temps (26/01-10/03). ☛☛ theatre-odeon.eu
OLYMPIA
Jazz diva. Diana Krall (07-09/10) prouve qu’on peut être blonde, sexy et chanter comme une déesse des morceaux prégnants et profonds. Hervééééé. Capri, ce n’est pas fini puisqu’Hervé Vilar est toujours sur scène. Culte (05 & 06/05). Duo gagnant. Les Brigitte (2426/05) : paillettes, glamour et disco. ☛☛ olympiahall.com
OPÉRA NATIONAL DE PARIS
Culte. La mise en scène de cette Bohème (01-31/12, Bastille) est confiée à Claus Guth qui situe le drame dans un futur sans espoir où l’amour et l’art deviennent la dernière transcendance. Contemporain. Only the sound remains de Kaija Saariaho est mis en scène par Peter Sellars (23/01-07/02, Palais Garnier). Chaud. Habitué des grandes fresques politiques, Ivo Van Hove signe sa première mise en scène pour l’Opéra de Paris avec Boris Godounov (07-0612/07, Bastille). ☛☛ operadeparis.fr
PHILHARMONIE DE PARIS
Barbara. Deux jours de concerts élaborés avec le pianiste Alexandre Tharaud pour rendre hommage à la grande dame de la chanson (14 & 15/10), parallèlement à l’expo qui lui est consacrée
(13/10-28/01). Chambriste. La biennale de quatuors à cordes (11-21/01) réunit les meilleures formations avec Vienne comme thème. Wagner Power. Valery Gergiev et l’Orchestre du Mariinsky entament un Ring sur deux saisons (24 & 25/03). BD & Musique. Les dessins de Sfar, Spiegelman et Vivès résonnent avec le meilleur du rock, du jazz ou de la pop (15-17/06). ☛☛ philharmoniedeparis.fr
THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
The Voice. Renée Fleming est de retour pour un récital mêlant Lieder et airs d’opéra (10/10). Rossini ! La fougue de Jérémie Rhorer, la poésie de Laurent Pelly et une distribution d’interprètes hors pair annoncent un Barbiere di Siviglia d’anthologie (05-16/12). ☛☛ French touch. Le duo Roberto Alagna / Marie-Nicole Lemieux devrait faire jaillir des étincelles aussi spirituelles que sensuelles dans Samson et Dalila de Saint-Saëns (12 & 15/06). ☛☛ theatrechampselysees.fr
THÉÂTRE DU ROND-POINT
Absurde. Sortis de la pièce Musée Haut, Musée Bas, Sulki et Sulku (08/11-10/12) ont ressenti le besoin de continuer à discuter. Dantesque. Avec Bestie si Scena (0625/02), Emma Dante propose une nudité maximale. ☛☛ theatredurondpoint.fr
THÉÂTRE NATIONAL DE CHAILLOT
Plein Nord. Le Festival nordique (1627/01) rassemble petites formes chorégraphiques et larges ensembles de danseurs, créateurs repérés et jeunes pousses norvégiens, islandais, suédois… Trilogie. Ivo van Hove rassemble les trois Tragédies romaines de Shakespeare (29/06-05/07) Coriolan, Jules César, Antoine et Cléopâtre. ☛☛ theatre-chaillot.fr
FESTIVAL
douce france Pour son 70e anniversaire, le Festival de Musique de Besançon Franche-Comté affiche un menu gargantuesque : 55e Concours de jeunes chefs, stars lyriques et vedettes de la baguette. Par Hervé Lévy Photo de Jean-Baptiste Millot
À Besançon, dans différents lieux (Théâtre Ledoux, La Rodia, Kursaal, etc.), mais aussi dans toute la région (Maison du Peuple de Belfort, Collégiale de Dôle, etc.), du 8 au 23 septembre festival-besancon.com legrand9.fr Dans le cadre du Festival se déroule le 55e Concours international de jeunes chefs d’orchestre (11-16/09) concours-besancon.com
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n certain tropisme pour la musique française : voilà comment pourrait se résumer le programme du cru 2017 du festival, même si l’on y trouve bien d’autres choses comme d’attendus Concertos brandebourgeois de Bach par l’ensemble Le Caravansérail (22/09, Kursaal). Au fil des concerts se découvrent des classiques du XIXe siècle comme la Symphonie en ré mineur de Franck au chromatisme exacerbé interprétée par l’Orchestre national de Lyon (14/09, Théâtre Ledoux). Sous la direction inspirée de Leonard Slatkin, ce tube rencontre Celephaïs où Guillaume Connesson explore l’univers de… Lovecraft. Autres instants so french, les enchantements féériques de Ma Mère l’Oye de Ravel par l’immense Charles Dutoit et le Royal Philharmonic Orchestra (09/09, Théâtre Ledoux) ou une Symphonie fantastique de Berlioz irriguée par la fraîcheur de l’Orchestre français des Jeunes et Fabien Gabel (10/09, Théâtre Ledoux). Huit programmes mettront en pleine lumière les
œuvres de Philippe Hersant qui achève sa résidence cette saison. Seront aussi donnés Le Tombeau de Virgile (19/09, Kursaal), concerto pour harpe rêveur et élégiaque, ou Le Jardin étoilé, en création mondiale (16/09, Théâtre Ledoux). Dans ce voyage en France, comment ne pas craquer pour Deux Mezzos sinon rien (20/09, Kursaal) ? Karine Deshayes et Delphine Haidan unissent leur voix pour un récital bondissant, comique parfois, romantique souvent, exigeant toujours avec des pages de Mozart, Massenet, Rossini, Fauré… Organisé dans le cadre du festival, le Concours international de Jeunes Chefs d’Orchestre naissait en 1951, révélant au fil des ans, des baguettes aussi inspirées que Seiji Ozawa (1959) ou Lionel Bringuier (2005). La 55e édition de ce rendez-vous biennal livrera son verdict le 16 septembre. Lequel des vingt candidats (sur plus de 250) retenus à Besançon pour les huitièmes de finales succèdera au vainqueur de l’édition 2015, Jonathon Heyward ? Poly 201
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la voie du nord Immense chef finlandais, Esa-Pekka Salonen est en tournée continentale avec son Philharmonia Orchestra, présentant des pages de ses compatriotes Kaija Saariaho et Jean Sibelius à Luxembourg et Francfort. Par Hervé Lévy Photo de Minna Hatinen
À La Philharmonie (Luxembourg), mardi 26 septembre philharmonie.lu À la Alte Oper (Francfort-sur-leMain), dimanche 24 septembre alteoper.de philharmonia.co.uk esapekkasalonen.com
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ne des meilleures baguettes de la planète, celle d’Esa-Pekka Salonen, en osmose totale avec le londonien Philharmonia Orchestra que le virtuose dirige depuis 2008 : voilà ce qui nous est proposé pour un programme aux allures septentrionales débutant par Lumière et Pesanteur de Kaija Saariaho. La compositrice a offert cette page mystique au chef en 2009, un cadeau qui lui avait été inspiré par « son interprétation de La Passion de Simone à Los Angeles ». Il s’agit de la huitième station d’un oratorio qui en compte quinze, fondé sur un livret d’Amin Maalouf, explorant l’existence et l’œuvre de Simone Weil, la philosophe à qui l’on doit La Pesanteur et la grâce (à ne pas confondre avec la femme politique !). Autre Finlandais sur scène, le violoniste Pekka Kuusisto interprétera un tube, le Concerto n°1 de Prokofiev (à Luxembourg), et une page contemporaine étincelante, le Concerto du compositeur islandais Daníel Bjarnason (à Francfort-sur-leMain). Mais le gros morceau de la soirée, véritable shoot d’adrénaline sonore 100% finlandaise, consiste en deux pages de Jean Sibelius, le « plus grand symphoniste depuis Beethoven »
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pour le musicologue britannique Cecil Gray. Avec sa Symphonie n°6, il nous invite à une errance méditative dont il résume l’essence de manière lapidaire et poétique : « Quand les ombres s’allongent. » Autre tentative de définition, également éclairante : « Tandis que d’autres compositeurs vous livrent toutes sortes de cocktails, je vous sers quant à moi une eau froide et pure. » Le programme s’achèvera avec la Symphonie n°7, son ultime. Dans cette Fantasia sinfonica en un unique mouvement qualifiée de « Parsifal finlandais » par le chef Serge Koussevitzky, son inlassable propagateur, se retrouve le principe de croissance organique, si cher au compositeur, qui acquiert là son plein épanouissement. Il s’agit en effet d’un bloc unique dans lequel toutes les composantes sont apparemment fondues, mais, comme l’écrit François-René Tranchefort dans sa contribution au Guide de la musique symphonique, « l’art des transitions comme des polyrythmies s’y fait si souverain qu’il semble légitime, également, de parler de “métamorphoses symphoniques” » puisque les motifs, toujours reconnaissables, sont en mutation permanente.
fruits de la passion Pour sa 35e édition, le festival Musica présente 93 œuvres de 64 compositeurs, dont 22 créations mondiales. Cette intense diversité est parcourue par le fil rouge de la Passion. Par Hervé Lévy Photo de Sandy Korzekwa (La Passion selon Sade)
Dans différents lieux (Strasbourg), du 21 septembre au 7 octobre festivalmusica.org Cette saison, L’Arsenal est partenaire de Musica coproduisant trois spectacles aussi présentés à Metz du 5 au 7 octobre, dont l’Orchestre d’hommes-orchestres rendant hommage à Tom Waits (06/10) arsenal-metz.fr La Passion selon Sade est également donnée à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet (Paris), du 23 au 26 novembre athenee-theatre.com
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iroir d’une création contemporaine protéiforme, réflexion sur ses liens avec le passé avec, par exemple, une rencontre au sommet autour d’un duo violon / violoncelle entre Philippe Hurel et Maurice Ravel (01/10, Salle de la Bourse) et créativité débridée (comme pour Moi Singe, lire ci-contre) : Musica surprend toujours et permet de retrouver des compositeurs aimés comme la toujours très sauvage Olga Neuwirth (30/09, Le Point d’Eau, Ostwald). L’Autrichienne propose de méditatifs paysages sonores perdus quelque part entre la lagune de Venise et les Galápagos. Si le festival n’a pas de thématique à proprement parler, il est cette année irrigué par la Passion avec l’événement que constitue l’oratorio de Michaël Levinas La Passion selon Marc, Une passion après Auschwitz (21/09, PMC) qui interroge les contours possible d’une forme musicale après la Shoah : les langues se mêlent (araméen, hébreu, français médiéval, allemand) pour une vertigineuse interrogation. Un concert à relier avec la projection de la mise en espace intensément doloriste réalisée par Romeo Castellucci de La Passion selon Saint-Matthieu de Bach (01/10, UGC Ciné Cité). Autre évidente correspondance,
La Passion selon Marie de Zad Moultaka (29/09, Temple Neuf) invite à observer les derniers instants du Christ à travers les yeux de sa mère. S’entrecroisent textes traduits en syriaque – une langue dont le compositeur aime les « accents tantôt rauques, tantôt chantants » –, extraits des Évangiles (apocryphes ou non), haïkus et emprunts à Rilke ou Céline. L’Évangile selon Musica se poursuit par un mystère de chambre avec tableaux vivants qui avait fait scandale dans les années 1960, La Passion selon Sade de Sylvano Bussotti (23/09, Cité de la Musique et de la Danse) revivifié par la mise en scène d’Antoine Gindt. Le public est invité à se glisser dans un huis clos où le divin marquis, incarné par le comédien Éric Houzelot, se retrouve face à une femme, la géniale soprano Raquel Camarinha – découverte ici même en 2015 dans Giordano Bruno de Francesco Filidei – interprétant le rôle de Juliette / Justine. Dans un espace situé entre le boudoir et le cabinet du psychanalyste, nous sommes conviés au cœur d’un excitant tourbillon, entre vives douleurs et puissantes extases.
FESTIVAL
la planète du singe
© Anil Eraslan
Avec Moi singe, le compositeur Januibe Tejera porte à la scène Rapport pour une académie de Kafka. Créée à Musica, cette pièce de théâtre musical rassemble les talents de deux ensembles strasbourgeois, Accroche Note et HANATSU miroir.
Par Hervé Lévy
À la Salle de la Bourse (Strasbourg), jeudi 28 septembre festivalmusica.org HANATSU miroir présente aussi La Vallée des merveilles de Maurilio Cacciatore au Point d’Eau (Ostwald), dimanche 1er octobre et Sound Around #2 à l’Espace K (Strasbourg), vendredi 17 et samedi 18 novembre lepointdeau.com espace-k.com hanatsumiroir.fr Accroche Note participe au festival Voix étouffées (01/1014/11) avec un concert Weill / Eisler / Schreker en l’Église Saint-Guillaume (Strasbourg), jeudi 12 octobre voixetouffees.org accrochenote.com
M
oi singe est né de la rencontre de deux ensembles emblématiques de la scène contemporaine : Accroche Note, venu au monde en même temps que Musica (ou presque), devenu au fil des ans un des fidèles compagnons de route de l’événement, et le jeune HANATSU miroir dont c’est (enfin) la première participation au festival. Les duos Françoise Kubler (soprano) / Armand Angster (clarinette) et Ayako Okubo (flûte) / Olivier Maurel (percussions) composent ainsi le socle d’un théâtre musical étrange et fascinant. Vidéo formant un univers évoquant « les zoologistes du XIXe siècle faisant des recherches sur l’animal avec des planches anatomiques » pour Olivier Maurel, lumières et sons électroniques complètent un espace scénique dont les musiciens sont partie intégrante permettant de donner voix au primate qui ne l’est pas tant que cela, héros de Rapport pour une académie. Ce texte fulgurant de Kafka a fasciné le compositeur brésilien trentenaire Januibe Tejera en raison de « son contenu politique et son caractère grinçant ». Écrit à la première personne, ce monologue ironique est celui
d’un singe faisant une conférence à une assemblée de savants : nommé Pierre le Rouge en raison d’une balafre, il narre sa capture et sa métamorphose progressive d’animal en être humain, générant une réflexion sur la notion de civilisation et les liens entre nature et culture. Une des questions essentielles est cependant de « savoir qui parle. Est-ce vraiment un singe ? Est-ce un fou, un humain qui pense être un singe ? Mi singe, mi homme ou ni singe, ni homme ? Beaucoup de lectures sont possibles. » C’est pour cela que la voix « est doublée afin qu’on ne sache jamais qui s’exprime », une ambivalence assurée par la soprano Françoise Kubler et le baryton Thill Mantero. La parabole se déploie dans un monde sonore sombre qui n’est jamais dénué d’humour et d’absurde, servi par un instrumentarium bizarroïde – « J’aime les instruments rejetés », s’amuse Januibe – où se trouvent notamment une monumentale flûte contrebasse aux sonorités rappelant parfois la sirène d’un paquebot et une rare clarinette contrebasse pour une pâte sonore qui peut se résumer comme « l’ombre de la musique de cirque ». Poly 201
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fiat lux Adapté de l’ouvrage du Nobel de Littérature Elfriede Jelinek, Kein Licht est une réflexion théâtrale et musicale sur la catastrophe de Fukushima. Rencontre avec le compositeur Philippe Manoury autour d’un ouvrage éclairant notre époque, nonobstant son titre. 58
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MAISONS D’OPÉRA
Par Hervé Lévy Photo de Philippe Stirnweiss
À l’Opéra (Strasbourg), en coproduction avec le festival Musica, du 22 au 25 septembre operanationaldurhin.eu festivalmusica.org Au cours de Musica, on pourra entendre Ring première pièce de la trilogie Köln (23/09) et Last de Philippe Manoury Rencontre avec Philippe Manoury et Nicolas Stemann au Club de la presse (21/09, 18h) club-presse-strasbourg.com
À l’Opéra Comique (Paris), du 18 au 22 octobre opera-comique.com Au Grand Théâtre (Luxembourg), mercredi 22 et jeudi 23 novembre theatres.lu philippemanoury.com
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Voir Poly n°142 ou sur poly.fr
L’entretien a été réalisé un mois avant la création de Kein Licht à la Ruhrtriennale (25/08) ruhrtriennale.de 2
Pour qualifier Kein Licht (“pas de lumière”), vous utilisez le néologisme de Thinkspiel pour acteurs, chanteurs, musiciens et musique électronique en temps réel : que recouvre cette appellation ? C’est évidemment un clin d’œil au Singpsiel, puisque voix chantée et voix parlée – qui n’est à mon sens qu’une voix chantée chaotique – alterneront, mais nous avions surtout envie, avec le metteur en scène Nicolas Stemann, de créer une forme de représentation donnant à réfléchir. Le texte de Jelinek est un dialogue entre deux protagonistes, A et B. Il n’y a pas d’histoire à proprement parler, simplement deux personnes développant leur pensée dans une situation donnée. Pour résumer, c’est un théâtre d’idées, mais auquel nous devons donner une forme dramatique. Après La Nuit de Gutenberg 1, vous poursuivez votre réflexion sur les codes de l’opéra et allez plus loin dans leur dynamitage… Nous n’avons pas travaillé de manière traditionnelle : le compositeur écrit une musique sur un livret, puis le metteur en scène s’empare de l’ensemble. Je ne suis pas arrivé avec une partition achevée, mais l’ai conçue comme une structure malléable prenant la forme de modules séparés que nous sommes en train d’ordonner dans une trame dramaturgique pour laisser le théâtre entrer dans la musique. Il s’agit d’une invention en commun avec Nicolas Stemann : aujourd’hui2, c’est encore un work in progress. Vous parliez de la situation où se trouvent les deux protagonistes : estce une catastrophe nucléaire, comme
sur la musique Dans la collection regroupant les leçons inaugurales données au Collège de France, Philippe Manoury – qui y occupa la chaire de Création artistique au cours de la saison 2016 / 2017 – vient de faire paraître L’Invention de la musique. En une soixantaine de passionnantes pages, le compositeur livre une réflexion sur la matière sonore et la forme musicale qui donne un éclairage essentiel sur son œuvre. Paru chez Fayard (12 €) fayard.fr
dans le livre de Jelinek, écrit après Fukushima ? Même si c’est la notion plus générale de catastrophe qui nous a intéressés, le contexte est nucléaire, effectivement. Nous plongeons dans l’avant et dans l’après, interrogeant le public : sommes-nous prêts à consommer moins d’énergie ? Quelles réactions sont possibles face à la catastrophe ? Comment évaluer les dangers du nucléaire ? À ce sujet, nous avons rencontré le physicien Sébastien Balibar pendant les répétitions, un défenseur de la filière nucléaire qui considère qu’elle est le meilleur rempart contre le réchauffement climatique et pense que les énergies fossiles font plus de dégâts. Nous allons aussi voir un scientifique qui pense le contraire. Sans parti-pris, Kein Licht montre les contradictions du monde actuel et les débats d’idées qui le traversent. À vous écouter, on a le sentiment que l’électricité est le troisième protagoniste de l’ouvrage… Clairement, oui. Peut-on faire l’économie de l’électricité et de la technologie qu’elle fait naître ? C’est une question que je pose au public, mais aussi à moi-même et à ma musique qui en est tributaire. Aux deux tiers du spectacle, nous installons un blackout complet : plus de lumières, plus de sons électroniques… La musique redevient acoustique, puis, peu à peu, l’électricité revient. Comment vous êtes-vous emparés du texte d’Elfriede Jelinek ? C’est un “texte palimpseste” rempli de références et de citations de Luther, de Goethe ou de Mörike. J’ai dégagé des thématiques récurrentes : le vent, l’énergie, l’eau polluée, les animaux… Puis décidé de consacrer des modules musicaux séparés à ces leitmotivs. Ils possèdent chacun leur propre identité sonore : le module n°5, par exemple, est une Kerzenmusik (musique de chandelles) évoquant l’absence de courant après la catastrophe. Cet opéra non linéaire est en phase avec l’époque… Il reflète une réalité en tout cas : aujourd’hui, chacun prend connaissance du monde de manière non linéaire. On ne lit plus un article du début à la fin, par exemple : Internet, radio, télévision, presse écrite… Il s’agit de reconstituer soi-même la linéarité à partir d’une information fragmentée. Kein Licht est un reflet de cela. Poly 201
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MAISONS D’OPÉRA
moulin rouge En montant La Bohème de Puccini, Paul-Émile Fourny s’est inspiré de l’exubérance du Moulin rouge de Baz Luhrmann. Entretien avec le directeur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole. Par Hervé Lévy Maquette de Valentina Bressan
À l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, du 29 septembre au 3 octobre opera.metzmetropole.fr Répétition publique samedi 23 septembre à 14h
Avez-vous une relation privilégiée avec les opéras de Puccini ? C’est un compositeur pour lequel j’ai une grande affection, surtout pour ses ouvrages “cinématographiques” : j’ai déjà monté Turandot (alors qu’il dirigeait l’Opéra de Nice, en 2005, NDLR) et Manon Lescaut au Festival Puccini de Torre del Lago, en 2009. Ce sera ma première Bohème, même si j’ai beaucoup travaillé sur la partition avec de jeunes chanteurs. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous y attaquer ? C’est une thématique éternelle, celle de l’insouciance – la fausse insouciance, plutôt – de la jeunesse avant d’entrer dans l’âge adulte : les héros de Puccini sont à l’heure des choix, dans cet âge des possibles à la fois merveilleux et terriblement douloureux. Lorsque j’étais directeur de l’Opéra de Nice, j’avais commandé une Bohème à Daniel Benoin qui avait transposé l’action en mai 1968, jouant du parallèle qui sonne comme une évidence avec la Révolution de 1830, période où se déroule l’opéra.
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Quelles sont vos options de mise en scène ? J’ai choisi d’entraîner le spectateur dans le domaine du rêve : le film Moulin rouge de Baz Luhrmann mettant en scène Ewan McGregor et Nicole Kidman a été une influence forte pour l’univers qui se déploie sur scène. Nous sommes dans un espace flottant entre hier et aujourd’hui, avec des personnages vêtus de costumes qui évoquent tantôt ToulouseLautrec, tantôt les gothiques, avec pour toile de fond un Paris très XIXe siècle. C’est une Bohème onirique ! Comment se manifeste cette atmosphère ? Je ne veux pas tout dévoiler. Un seul exemple : au début de l’opéra, Benoît vient chercher le loyer de la mansarde qu’il loue à quatre jeunes artistes aspirant à la gloire, Rodolfo, Marcello, Schaunard et Colline… qui n’ont pas un sou vaillant pour le payer. Ils sont en train de boire de l’absinthe, tous déguisés en ToulouseLautrec. Ils vont l’embobiner dans une sarabande délirante à l’image de la première partie de l’opéra, festive et explosive.
ART CONTEMPORAIN
l’usine à tubes L’artiste allemand Michael Beutler a transformé le Frac Alsace en Pipeline Field. Visite de l’installation d’un plasticien qui a des tuyaux pour totalement métamorphoser un espace avec du matériau “pauvre”.
Par Emmanuel Dosda Photos de Vincent Muller
Au Frac Alsace (Sélestat), jusqu’au 5 novembre culture-alsace.org
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ous pénétrons dans une usine à tubes. Au sens propre : rien à voir avec la Motown dans les sixties, débitant des hits à la minute et faisant de l’ombre aux constructeurs automobiles de Detroit avec des galettes manufacturées par les Temptations ou autres Supremes. Non, il s’agit là d’une vraie chaîne de montage sur laquelle a trimé une quinzaine d’ouvriers (des étudiants recrutés par le Frac). Sous la tutelle du contremaître Beutler, ils ont confectionné des
tuyaux sur des machines de fortune, à partir de rouleaux de Tetra Pak®, matière servant à fabriquer des briques de lait ou de jus de fruit. Déambulant prudemment dans une forêt de hautes formes tubulaires, colonnade soutenant fébrilement un temple de l’Art contemporain converti en véritable atelier, le visiteur observe des vestiges des temps présents : les travailleurs ont quitté leur poste, mais les machines sont toujours là, comme abandon-
nées en cours d’utilisation. Elles sont faites de bric, de broc, de bouts de bois ou de fil de fer. Certaines réparations DIY au scotch ou pièces agrafées sont visibles, ainsi que des traces de savon, lubrifiant cheap qui a permis de faire tourner poulies et engrenages. On songe à Panaramenko, Vinci contemporain et ses engins artistiques, à Tinguely et ses géniales sculptures animées ou à tous ces Géo Trouvetou de l’art actuel, mais Michael Beutler ne se reconnaît pas forcément en cette famille, mi inventeurs farfelus, mi plasticiens exigeants. Quel chantier ! Qu’il construise de fragiles murs de papier ou de solides charpentes en bois*, Beutler s’intéresse à créer des sculptures-architectures de manière collective. L’aspect collaboratif prend une place toujours plus grande dans ses projets. À Sélestat, ses “petites mains” ont activé l’outillage de l’artiste une nouvelle fois (après Stockholm ou Bâle) afin de changer un matériau prévu pour d’autres destinées en matière
constructible et structurante. Il utilise un vocabulaire auquel il tord le cou : l’industrie supra-mécanisée prend des allures de jeu de mécano bricolo et les pipelines en Tetra Pak® sont certes confectionnés avec soin, mais laissent place aux inévitables accidents. Les chutes et autres reliquats ne sont pas jetés, ils participent de cette installation avec ses lianes aux allures de forêt amazonienne. Ni plan préétabli, ni dessins préparatoires : le hasard tient une trop grande place dans ce type d’intervention volontairement artisanale. Comme si le sujet du plasticien avait une vie autonome. L’équipe du Frac s’en amuse : « Convier Michael Beutler et ses machines archaïques, c’est prendre le risque de la surprise. Le curateur Udo Kittelmann a une expression pour décrire sa démarche, évoquant un Freien Fluss (courant libre) » à propos d’un artiste interrogeant la place de l’homme dans la jungle, terrible jungle du monde moderne et standardisé.
* Voir son intervention à l’Arsenal (Venise), dans le cadre de l’exposition collective Viva Arte Viva (jusqu’au 26 novembre) à l’invitation de la commissaire Christine Macel labiennale.org
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art régénérant Au Kunstmuseum Basel, une cinquantaine d’œuvres d’Otto Freundlich (1878-1943) permettent de découvrir le Communisme cosmique d’un artiste qui fut victime de la barbarie nazie. Par Hervé Lévy Photo de Julian Salinas / Kunstmuseum Basel
Au Kunstmuseum Basel, jusqu’au 10 septembre kunstmuseumbasel.ch
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ne sculpture de 1912 est l’œuvre la plus célèbre d’Otto Freundlich, une tête où se mêlent l’expressionnisme de Kirchner et les Tikis des îles Marquises. Aujourd’hui disparue, elle figure en couverture de l’opuscule servant de guide à l’exposition Entartete Kunst de Munich en 1937 qui tourna ensuite dans tout le Reich. Pour les nazis, elle est le repoussoir absolu, le symbole d’une création judéo-bolchévique et le contraire des héros hiératiques de Breker ou Thorak. Mais derrière cette icône paradoxale, l’œuvre de l’artiste qui disparut dans l’enfer de Sobibór – dénoncé par des voisins du village pyrénéen où il se cachait – demeure méconnue. Cette exposition jette un salutaire coup de projecteur sur un franc-tireur proche de nombre de ses pairs (Picasso, Braque, Dix, Brancusi, etc.) qui fut aux confluences des grands “-ismes” esthétiques du XX e siècle sans jamais s’y engager : expressionisme, fauvisme, cubisme, orphisme, dadaïsme… Tenant d’un communisme cosmique, Otto Freundlich réalise des compositions abstraites et méditatives comme Mon Ciel est
rouge (1933), où éclate un champ vermillon, drapeau soviétique flottant au vent, dans un ordonnancement de cellules chromatiques bleues, grises, noires ou blanches évoquant un vitrail, une discipline où excella celui qui avait travaillé sur le chantier de la Cathédrale de Chartes en 1914. Face à elle, le visiteur se sent à la fois happé par un irrésistible mouvement d’essence politique et plongé dans un bain métaphysique apaisant. Souhaitant transcrire la conscience de l’univers dans ses œuvres, cet utopiste laisse des toiles irriguées par une tension entre rigueur de la construction et volonté de déconstruction pleines de couleurs vives rappelant Robert Delaunay dans leur orgie géométrique. Ses sculptures, comme la monumentale Ascension (1929), sont des agrégats de formes épaisses faisant penser à la complexion d’un corps humain irrémédiablement lié aux puissances chtoniennes. Installées au milieu des peintures, des vitraux ou des mosaïques aux teintes vives, elles sont leur pendant sombre, comme si la terre et le cosmos se rejoignaient dans une création baignée par une intense spiritualité.
marcelle duchamp
Carole Benzaken
La Fondation Fernet-Branca rassemble les travaux d’artistes femmes sélectionnées par le prestigieux Prix Marcel Duchamp (lire encadré). Elles nous convient à un voyage dans un paysage intérieur, un nouveau territoire. Par Emmanuel Dosda
À la Fondation Fernet-Branca (Saint-Louis), jusqu’au 8 octobre fondationfernet-branca.org
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Voir Poly n°197 ou sur poly.fr Voir Poly n°190 ou sur poly.fr Voir Poly n°184 ou sur poly.fr
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ans un temps pas si lointain, il était mal vu, voire inconcevable, d’être femme et artiste : demandez à Amantine Aurore Lucile Dupin pourquoi elle écrivait sous le pseudo George Sand ou aux Guerrilla Girls ce qu’elles pensent de la représentativité féminine dans le monde de l’art… Pierre-Jean Sugier refuse d’en « faire un élément de communication », mais il s’intéresse depuis fort longtemps, en tant que directeur du Centre d’Art contemporain de Rueil-Malmaison puis aujourd’hui de la Fondation Fernet-Branca, au « regard des femmes ». À Saint-Louis, il a ainsi récemment accueilli le très beau travail pictural de Rachel Lumsden1 ou les photographies – autant de fenêtres ouvertes sur le monde – de Marie Bovo2, exposée cette année en l’Église des Trinitaires à l’occasion des Rencontres d’Arles.
Le Prix Marcel Duchamp, ce sont 70 artistes travaillant en France, « et donc pas forcément français. C’est un prix qui n’est pas cocardier », insiste Pierre-Jean Sugier. Une partie a été sélectionnée par la commissaire Alicia Knock pour l’exposition La Terre la plus contraire. Le titre, poétique et énigmatique, vient d’un recueil de poèmes de l’argentine Alejandra Pizarnik, évoquant un territoire où « chaque image est unie à une autre par une petite corde ». Un fil rouge soyeux que nous déroulons avec délicatesse. Un univers Alicia Knock a conçu l’exposition comme un « lieu déterritorialisé », un projet qui « interroge les frontières intimes et collectives », convoquant beaucoup de Valérie (Belin, Favre 3 et Jouve), mais aussi Farah Atassi, Ca-
EXPOSITION
role Benzaken, Anne-Marie Schneider ou Ulla von Brandenburg. Cette dernière présente Blue Curtain, Yellow Curtain, Pink Curtain, installation jouant sur l’espace en le découpant grâce à du textile (bleu, jaunes et rose) suspendu et tombant avec grâce. L’œuvre de la plasticienne allemande évoque le théâtre et ses lourds rideaux s’ouvrant sur une scène, la peinture maniériste et ses drapés sensuels ou une architecture avec ses couloirs de circulation. Le visiteur “s’introduit” dans l’installation par une fente entre deux plis de tissu, comme un clin d’œil à Hon de Niki de Saint Phalle, conviant le public, en 1966, à pénétrer dans une sculpture monumentale anthropomorphique par son sexe. « Les gens semblent passer sous des jupes », s’amuse Pierre-Jean Sugier. Durant l’exposition, nous errons de l’intime à l’universel, comme c’est le cas avec le travail politique de Maja Bajevic qui utilise le même médium qu’Ulla von Brandenburg pour interroger l’industrie de la filature (nous sommes dans la région mulhousienne). Le directeur de Fernet-Branca : « Au XIXe siècle, les entreprises européennes imprimaient des motifs traditionnels venus d’Indonésie ou d’Afrique et vendaient leurs étoffes à l’autre bout du monde afin de concurrencer la production locale. Il s’agissait d’une pratique économique très en vogue alors qu’aujourd’hui, c’est l’inverse », avec le made in China excessif et les contrefaçons de sacs
aux monogrammes Vuitton bâclés ou autres imitations cheap de grandes griffes françaises. Pour l’installation Import / Export, Maja Bajevic interroge ce process en “mettant en concurrence” deux sociétés chinoises, leur soumettant des motifs géométriques qu’elles ont reproduit sur des toiles. Exposées, ces deux séries abstraites questionnent autant la mondialisation que la notion de reproduction. Des tranches de vie Carole Benzaken recentre le propos sur sa propre expérience, réalisant depuis des années un travail autobiographique en work in progress, un Rouleau à peinture entamé en 1989 qu’elle alimente régulièrement. Cette œuvre en partie déroulée sur une table de la fondation est l’une des plus intrigantes de l’exposition nous confie Pierre-Jean Sugier ayant observé un public curieux (et un zeste indiscret), contemplant longuement le fil des images de l’artiste, comme s’ils lisaient son journal intime, ici ouvert à tous. On y voit des images peintes, floues ou aux contours précis, des détails (un œil, un personnage de babyfoot…), des petits riens qui comblent une existence. Ce travail intimiste est présenté au public comme la bobine du film de la vie de Carole Benzaken qui semble s’apprêter à projeter son univers intérieur sur un écran géant. On se faufile discrètement pour assister à la séance. Rideau !
turner prize français Xavier Veilhan, Wang Du, Thomas Hirschhorn, Philippe Ramette, Claude Lévêque ou Saâdane Afif : des artistes célébrés ici et dans le monde, des plasticiens qui ont tous été distingués par le jury du Prix Marcel Duchamp. Initié en 2000 par l’Association pour la Diffusion Internationale de l’Art français (ADIAF), ce prix, remis à l’occasion de la FIAC, a permis de remettre en avant la scène française trop peu visible à l’époque. (voir Poly n°136 ou sur poly.fr) adiaf.com
Maja Bajevic Poly 201
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free party Pour sa première exposition intégralement consacrée à la photographie, la Fondation Beyeler a rassemblé quelque 200 images de la star de l’Art contemporain, Wolfgang Tillmans.
Par Hervé Lévy
À la Fondation Beyeler (Riehen / Bâle), jusqu’au 1er octobre fondationbeyeler.ch tillmans.co.uk Rencontre avec Wolfgang Tillmans pour un Artist talk, jeudi 7 septembre à 18h30 Jusqu’au 12 novembre, Tino Sehgal envahit la Fondation Beyeler à travers une exposition rassemblant six “situations construites”, performances présentées dans les salles du musée et dans le parc
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n 2014, le monumental diptyque Ostgut Freischwimmer, left & right était exposé dans une salle du sous-sol de la Fondation Beyeler, entrant en résonance avec des œuvres de Picasso, Ernst ou Monet. Longtemps accrochés dans le Panorama Bar du Berghain, mythique club berlinois, ces luminogrammes abstraits et oniriques de Wolfgang Tillmans (né en 1968) – réalisés sans appareil photo, mais dans le mystère d’une chambre noire – illustrent le glissement qui s’est opéré pour le photographe allemand passé en quelques années de l’underground de la scène acid house des nineties aux espaces immaculés des plus importantes institutions muséales. Cette exposition le manifeste avec
éclat, comme celle qui s’est achevée le 11 juin à la Tate Modern ou une autre qui s’ouvrira le 23 septembre à la Kunstverein de Hambourg. Éparpillement Dans les salles de la Fondation Beyeler, les œuvres sont dispersées sur les murs, sans ordre apparent, à des hauteurs différentes : les petites photographies voisinent avec d’immenses tirages, certaines sont encadrées avec soin, d’autres simplement punaisées au mur. Des compositions fabriquées et artificielles comme window shaped tree (des arbres pris par une fenêtre pour une image 100% verte obtenue grâce à un filtre rouge utilisé pour un négatif noir et blanc) côtoient des natures
mortes ultra réalistes, contemporaines et bluesy, ou des abstractions. Sur les cimaises se joue une chorégraphie visuelle soigneusement mise en scène par l’artiste, manifestant la caractéristique essentielle d’une position plastique que le commissaire de l’exposition Theodora Vischer évoque, parlant de la « dualité de proximité et de distance qui constitue la marque spécifique du regard de Tillmans. Jamais voyeur, jamais complaisant : attentif, ouvert, plein d’amour et de curiosité. » Dans ces constellations visuelles non hiérarchisées, l’œil erre et se perd pour mieux se fixer et découvrir, à la fois, le sens per se de chaque pièce et les interactions souterraines qu’elle entretient avec les autres : ainsi Faltenwurf, shiny, drapé complexe fait d’un entrelacs vert de deux pièces de tissu évoquant une silhouette humaine fantomatique est-il de la même essence que paper drop (green II), autre réflexion sur la représentation des volumes et des pliures. On y voit une feuille de papier photo repliée sur elle-même formant une goutte parfaite, lisse et blanche sur fond blanc, dont l’intérieur vert, seul, manifeste la troisième dimension. Éclectisme L’univers visuel de Wolfgang Tillmans est multifocal : qu’il utilise un appareil photo ou non, ses créations sont autant de pièces d’un puzzle dont l’objectif pourrait simplement être une tentative d’appréhension globale du monde. Au fil des salles, se découvrent ses premiers travaux, la série Xerox (agrandissement à 400% d’une photographie grâce au photocopieur) permettant de créer une nouvelle réalité pleine d’imperfections, inaccessible au premier regard et des pièces iconiques, représentant une jeunesse libre. On y voit des enfants du siècle plongés dans la transe de la danse, éminemment vivants, nimbés de joie et de mélancolie mêlées, qui peuplaient les pages du magazine I-D au cours des années 1990. Dans cette galerie de portraits se côtoient clubbers anonymes – comme sans la série Chemistry Squares de 1992 – et stars telles Kate Moss ou Tilda Swinton. Ces images révèlent la dimension implicitement politique de toutes les œuvres
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du plasticien auteur d’une Anti-Brexit Campaign. Chez lui, les corps sont éperdument libres : nackt, version XXIe siècle de L’Origine du Monde de Courbet en est un beau témoignage. À côté de ses œuvres figuratives comme l’extraordinaire man pissing on chair transgression ludique et punk où Tillmans fait un joyeux bras d’honneur à l’entreprise – son décor, ses codes – s’alignent des pièces abstraites comme Weak signal, écran de télévision immense plein de parasites où se dessine un faible signal. Mais entre abstraction et figuration, entre prise de vue photographique et bidouillage de laboratoire, la frontière se révèle poreuse : l’exposition s’achève avec des clips réalisés et rassemblés par l’artiste qui forment une salutaire réflexion sur le sujet.
Légendes 1. Faltenwurf, shiny, 2001 2. Gedser, 2004 3. Palmtrees Caprisun, 2014 L'ensemble des visuels, courtesy Galerie Buchholz, Berlin/Cologne, Maureen Paley, London, David Zwirner, New York
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je pense donc je suis Au sein de l’Université de Karlsruhe, le ZAK (Zentrum für Angewandte Kulturwissenschaft) est une invitation lancée au plus grand nombre à penser le monde qui l’entoure dans toute sa diversité.
Par Raphaël Zimmermann Photo de Felix Grünschloss / ZAK
zak.kit.edu kulturinkarlsruhe.de
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armi les structures participant à Kultur in Karlsruhe, initiative fédérant une trentaine d’institutions permettant de positionner la ville comme une destination culturelle d’importance sur le continent européen, se trouvent des établissements bien connus du public francophone. Pensons au Badisches Landesmuseum, à la Staatliche Kunsthalle, au Badisches Staatstheater ou encore au ZKM… D’autres le sont moins, mais méritent pourtant d’être découverts comme un département du KIT (Karlsruher Institut für Technologie). Cet acronyme qui fait penser – et c’est voulu – au prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology) désigne une université majeure en Allemagne qui regroupe 11 facultés, plus de 150 instituts et propose quelque 40 filières à plus de 25 000 étudiants. Au sein de l’institution, le ZAK (Zentrum für Angewandte Kulturwissenschaft), ou Centre pour les sciences de la culture appliquées, a été fondé il y a quinze ans tout juste. Sa devise pourrait être : « Découvrir de nouveaux horizons pour penser autrement ! » Sa fondatrice, la professeure Caroline Y. Robertson-von Trotha en résume l’essence : « Au centre de notre travail se trouve le dialogue
entre les cultures et les disciplines. » Elle nous invite ainsi à dépasser notre horizon et à penser à contre-courant ! Le programme ? Il est varié et riche et regroupe des enseignements transversaux, des rencontres et une kyrielle d’événements permettant d’élargir son univers mental et d’installer un dialogue fécond entre scientifiques et chercheurs, mais également entre eux et les citoyens. Ce processus de vulgarisation – un terme à prendre dans son acception la plus noble – nous intéresse d’autant qu’y sont impliquées des personnalités d’aussi haut niveau que le Prix Nobel de Littérature 2000, Gao Xingjian, le politologue spécialiste de l’islam et du terrorisme Gilles Kepel ou encore la philosophe autrichienne Helga Nowotny. Dès le mois d’octobre seront mis en place de nombreux rendez-vous (offre d’enseignements, etc.) dans les domaines les plus variés : culture, politique, économie, sciences, technique… Sont également proposés de nombreux regards croisés entre France et Allemagne comme un séminaire qui examine le développement de l’industrie 4.0 mettant en exergue les points de convergence, les liens et les différences entre les deux pays dans ce secteur d’avenir.
la vérité est ailleurs Avec Ils vont tuer Robert Kennedy, Marc Dugain marque la rentrée littéraire de son empreinte dans une fiction entraînant le lecteur aux frontières du réel. En septembre, il sera à Strasbourg, Nancy et Besançon. Par Hervé Lévy Photo de F. Mantovani / Gallimard
Au Grand Salon de l’Hôtel de Ville (Nancy), dimanche 10 septembre pour Le Livre sur la place (du 8 au 10 septembre) lelivresurlaplace.fr À L’Aubette (Strasbourg), mardi 12 septembre dans le cadre des Bibliothèques idéales (du 7 au 17 septembre) où l’on retrouvera Kamel Daoud, Sylvain Tesson, Yannick Haenel, etc. bibliotheques-ideales.strasbourg.eu Marc Dugain est le président de Livres dans la Boucle (Besançon) du 15 au 17 septembre livresdanslaboucle.fr
Paru chez Gallimard (22,50 €) gallimard.fr 72
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près La Malédiction d’Edgar ou Avenue des géants, Marc Dugain revient à un univers qui le fascine, l’Amérique des sixties marquée par la dynastie Kennedy. Mêlant avec habileté fiction et événements réels, il nous entraîne sur les traces d’un professeur d’Histoire contemporaine de l’université de Colombie-Britannique nommé, comme par une ironique distanciation, O’Dugain. Il est convaincu que la disparition de ses parents en 1967 et 1968 est liée à l’assassinat de Bob Kennedy. Quels sont les liens de son père, psychiatre spécialiste de l’hypnose, avec un mystérieux programme piloté par la CIA destiné à prendre le contrôle de l’esprit humain ? Pourquoi ce résistant a priori modèle a-t-il fui la France pour la Canada ? De quelle nature ont été ses activités réelles pendant la Seconde Guerre mondiale ? Voilà quelques questions obsessionnelles qui taraudent notre héros. Il va tenter de démêler les fils d’une histoire familiale apparemment profondément imbriquée dans celle des Kennedy, John Fitzgerald tout d’abord flingué à Dallas en 1963, puis Robert abattu en 1968 à LA. Le
romancier questionne la vérité officielle, mêlant les pistes alternatives (la présence de la femme en robe à pois au moment de l’assassinat de Bob, le nombre de tireurs au Texas, etc.) à son histoire qui forme ainsi une interrogation sur le réel, sa perception et la théorie du complot s’insinuant chez un personnage sur le fil du rasoir, entre raison et déraison, quête de la vérité et délire paranoïaque. À travers son enquête et sa personnalité se dessine un tableau des États-Unis de l’époque, société ultra-violente, inégalitaire et dégueulasse où les espoirs d’un monde meilleur sont factices. Le portrait est habile, et même si l’on découvre en filigrane les hypothèses de Marc Dugain – pour qui JFK a clairement été supprimé par la CIA et la mafia –, on demeure sous le charme vénéneux d’une grand fresque, souvent désabusée : « La contre-culture a compris très vite que ce mouvement, miné par la drogue et les bonnes intentions, qui vendait de l’amour à crédit, allait se fracasser sur la réalité, celle d’un monde poussé par la force irrésistible de l’appropriation. » On ne saurait mieux dire…
L’HOME IDÉAL
fenêtres sur cour Le logement de la designeuse Sonia Verguet* est posé, tel un ovni cubique, dans une cour intérieure de Koenigshoffen, un faubourg de Strasbourg. Face à cette ancienne buanderie customisée, le voisinage n’en revient toujours pas.
Par Emmanuel Dosda Photos de Sarah Dinckel / Studio Vingt Septembre pour Poly
centrepompidou.fr parc-vosges-nord.fr soniaverguet.com
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Voir Poly n°147 ou sur www.poly.fr
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our se rendre chez la créatrice, il faut traverser un couloir menant au cœur d’un îlot d’habitations, « au milieu d’une enceinte urbaine », précise Guillaume Christmann de CNB architectes, agence ayant transformé une vulgaire buanderie à l’abandon en logement quatre étoiles. Celle-ci a été surélevée par l’ajout d’une “boîte” en bois et agrandie grâce à une extension en lieu et place d’un vieux garage attenant. Une habitation simple comme la juxtaposition de trois cubes distincts par leur traitement (en briques, bois et chaux) et leur fonction : chambres à l’étage,
vaste espace de vie dans « un esprit loft » en rez-de-jardin. Sentiment étrange que celui de se trouver dans ce joli coin de nature, écrin bucolique protégé des tumultes de la cité grâce à d’imposants bâtiments faisant office de fortifications. Sonia Verguet nous reçoit en sa demeure de 90 m2, un plateau de pâtisseries orientales à la main. Nous aurions plutôt parié pour une de ses maisons à colombages en Mikado ou ses maisonnettes à croquer, conçues dans un moule en silicone imaginé par la designeuse culinaire… Nous retrouvons cependant les formes archétypales de la maison – qu’elle aime à décliner en créations pâtissières ou en motifs pour torchons de cuisine – dans les volumes de sa demeure. Le « concept contextualisé » de cette maison construite au beau milieu d’une cour intérieure, fut un véritable défi pour CNB et les différents entrepreneurs ayant fait face à une double contrainte : budgétaire (une petite enveloppe globale à respecter) et technique (un chantier sur une parcelle réduite, sans accès possible pour véhicules ou machines). Pari gagné : on se sent tout de suite bien chez Sonia et son compagnon archéologue, rocker et bricoleur qui a participé à l’ensemble des travaux. Pas de siège signé Eames ou autres pièces iconiques chez cette ex-prof de design (hormis un robinet Fantini), mais du mobilier homemade et pas mal de récup’. Pas de couleurs acidulées comme ses mojitos en gelée, mais du blanc. Pas de matériaux high tech, mais une esthétique proche de l’Arte povera. Ni cloisons, ni recoins cachés, mais un plan simple, lisible du premier coup d’œil. Sonia s’en amuse : « Je suis un cordonnier mal chaussé, ayant volontairement choisi de ne pas “faire du design” chez moi. La maison a été pensée de manière empirique. » De l’emplacement des éléments de cuisine, ouverte sur la pièce à vivre, aux puits lumineux percés au plafond pour compenser l’impossibilité de creuser des fenêtres sur un des murs, l’aménagement s’est fait naturellement. « Dans mon travail, j’essaie d’aller à l’essentiel et ça été le cas avec notre maison où rien n’a été planifié. Tant mieux, car je ne voudrais pas vivre dans une page de magazine ! »
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« J’ai grandi à Manille, aux Philippines, où nous vivions dehors 364 jours sur 365 ! J’avais envie de retrouver la joie d’habiter en rez-de-jardin, dans un logement largement ouvert sur l’extérieur », confie Sonia, assise sur une chaise de son salon littéralement baigné d’une lumière qui sculpte l’espace.
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Le matériau roi est le bois, à nu ou recouvert d’un enduit. Dans les pièces, au sol ou au plafond, aux murs ou même sur la paroi des meubles, Sonia a fait installer des panneaux de copeaux de bois agglomérés qui donnent un aspect brut au lieu. Le chantier a nécessité l’intervention de deux équipes de charpentiers : Cheher Wood (Phalsbourg) et Natur’Elément Bois (Saint-Louis).
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Le couple Sonia / Yohann a largement mis la main à la pâte, en aidant les ouvriers sur le chantier ou en dégotant sur Leboncoin.fr un accueillant carrelage “mamy” installé dans le hall d’entrée ou une belle verrière old school créant un mur transparent entre la chambre et l’escalier menant à l’étage.
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La designeuse culinaire (mais pas que, voir son torchon “colombages”) profite de sa cuisine pour mettre au point des recettes arty et ludiques, notamment pour le Centre-Pompidou de Paris qui lui a commandé, pour une série d’ateliers destinés aux enfants (durant quatre mois à partir de septembre), des projets de “menus du futur” à réa-
liser avec les petits. Son intérieur ayant la semblance d’une agréable véranda est inspirant pour la créatrice qui préfère tout de même rejoindre son atelier de la Rotonde (à Cronenbourg) lorsqu’elle planche sur des dossiers comme celui du Parc des Vosges du Nord pour lequel elle a sélectionné cinq designers (V8, Claude Saos, Ferréol Babin, Studio Monsieur et elle-même), pour revisiter les collections de cinq musées (du Pétrole, du Verre, du Fer, de l’Image populaire, de la Bataille du 6 août 1870) et créer des goodies (deux par structures) qui seront en vente, sur place, à partir de décembre. Poly 201
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Aqua Tower de Jeanne Gang © Steve Hall& Henrich Blessing
utopia La 17 e édition des Journées de l’Architecture (JA), entre Allemagne, France et Suisse, invite Jeanne Gang – architecte américaine se définissant comme « créatrice de lien social » – autour d’une thématique à la hauteur des défis de notre époque : Changer la ville, changer la vie.
Par Thomas Flagel
Dans le Bade-Wurtemberg, en Alsace et dans les cantons de Bâle, du 29 septembre au 27 octobre europa-archi.eu Soirée d’ouverture avec Jeanne Gang pour conférencière (en anglais traduit en simultané en français), vendredi 6 octobre à 18h au Zénith de Strasbourg Entrée gratuite sur réservation à inscription@ja-at.eu Conférence de clôture de Gion Carminada (en allemand traduit en simultané en français), vendredi 27 octobre au Bürgerhaus Denzlingen – Freiburg Entrée gratuite sur réservation à inscription@ja-at.eu
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epuis plusieurs années, les JA avaient pris la bonne habitude de frapper fort en invitant des prix Pritzker – distinction comparée au Nobel de la discipline – pour des conférences inaugurales attendues du festival. Après le chinois Wang Shu (2013), l’australien Glenn Murcutt (2014), le britannique Sir Richard Rogers (2015) et le portugais Eduardo Souto de Moura (remplacé au pied levé par Manuel Aires Mateus en 2016), voilà que la Maison européenne de l’Architecture - Rhin supérieur sacrifie un peu à sa tradition pour (enfin) rendre hommage à l’une des plus grandes architectes actuelles, Jeanne Gang. Pas encore “pritzkerisée” comme Zaha Hadid disparue l’an passée ou Kazuyo Sejima (fondatrice avec Ryue Nishizawa de l’agence SANAA), la Chicagoanne n’en est pas moins un sacré personnage, cheffe de file d’un bâti “conscient” au profit de changements bénéficiant aux communautés, aux individus comme à l’environnement naturel
environnant. L’architecture façon Gang se focalise sur le renforcement du lien social, le développement durable et l’usage induit par ses bâtiments dont elle soigne notamment la variété de configuration… des balcons ! Que ce soit dans le City Hide Park (tour mixte à Chicago, de 2016, aux balcons de surplomb favorisant les rencontres) ou dans sa célèbre Aqua Tower (gratte-ciel de 267 mètres réalisé à Chicago, en 2010) à la façade ondulant en vagues grâce aux débords sinueux des dalles de planchers des balcons invitant à l’échange avec les voisins, elle prend en compte le milieu (environnement immédiat, connexions avec le quartier) ainsi que des caractéristiques précises de vent, ensoleillement, pluviométrie en accordant une place particulière à la vue offerte aux futurs usagers et habitants de ses constructions. Outre la beauté des lignes et des matériaux, l’acuité de sa responsabilisation dans la création et le renforcement d’un mieux vivre ensemble brillent de tout
Arcus Center for Social Justice Leadership de Jeanne Gang © Steve Hall& Henrich Blessing
Jeanne Gang © Sally Ryan
leur éclat dans l’Arcus Center for Social Justice Leadership (Kalamazo, 2014). Premier bâtiment au monde spécialement conçu pour l’enseignement supérieur autour de la justice sociale, il est composé en étoile à trois branches ouvertes vers l’extérieur autour d’une cheminée centrale et d’une cuisine, invitation à la rencontre née de recherches autour des lieux ancestraux de discussion et de réunion à travers le globe. Une manière de casser les codes habituels de la frontalité et des relations verticales pour inviter à l’échange, au débat et au partage entre étudiants, enseignant et militants. Temps forts Parmi les autres invités de renom amenés à s’interroger sur la thématique aux accents aussi utopiques que mitterrandiens « Changer la ville, changer la vie », ne manquez pas Volker Staab (Conférence au Conseil de l’Europe, lundi 23 octobre), célèbre architecte allemand adepte de constructions simples et accessibles au grand public, d’une finesse ciselée et d’une élégance rare avec un art savant de l’agencement des matières comme du mélange des formes1. La soirée de clôture est confiée aux soins de Gion Antonio Caminada2 (vendredi 27 octobre au Bürgerhaus Denzlingen), un architecte suisse ayant totalement refondé Vrin, son village de toujours dans les Grisons, peuplé de 250 âmes. Tour d’observation et salle polyvalente en bois, maison funéraire, granges… cette figure de
proue d’une architecture rurale et locale lutte farouchement contre la muséification des villages, l’uniformisation et la standardisation du bâti, pour l’harmonie avec l’environnement dans une continuité paisible et respectueuse des constructions vernaculaires alentour. Autant de considérations proches des préceptes défendus par Roland Schweitzer (Conférence mardi 17 octobre à l’IUT de Haguenau), célèbre architecte et urbaniste originaire de Haguenau qui, du haut de ses 92 ans, n’en finit pas de défendre l’utilisation du bois qu’il a largement contribué à remettre
Tankturm de l’agence AAG © Thomas Ott
Lire sa grande interview dans l’ouvrage Architecture en Perspective - Perspektive Architektur, collection Regards sur l’architecture, co-édition MEA / BKN, 2016 (10 €) europa-archi.eu
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ARCHITECTURE
au goût du jour, en France, après-guerre. Celui pour qui « le passé est un présent pour l’avenir » et qui exècre par-dessus tout « les dérives d’abominations post-modernes, à des prix scandaleux, comme la Fondation Louis Vuitton de Frank O. Ghery » vénère « la grande rigueur de Mies van der Rohe, l’architecte le plus proche du zen japonais, mais aussi le mariage le plus parfait entre constructions vernaculaires et contemporaines réalisées par Alvar Aalto ». Cet ancien élève de Jean Prouvé partage d’ailleurs avec le grand Frank Lloyd Wright, l’un des pères du modernisme, une fascination sans bornes pour l’architecture traditionnelle japonaise : sa constante observation de la nature, de ses rythmes et du souci d’y insérer la construction comme un espace vivant. Il milite aussi pour une « reconnexion de ses pairs avec le peuple dont ils se sont coupés depuis la révolution industrielle ». Changer la ville, comme la vie, passe sûrement par là aussi.
Avec Roland Schweitzer, Manuel Aires Mateus ou encore l’Agence LRO, l’architecte fait partie des grands entretiens réalisés pour le 4e ouvrage de la collection Regards sur l’architecture, Changer la ville, changer la vie, co-édition MEA / BKN à paraître fin septembre europa-archi.eu 2
Visites, danse et expos La grande exposition trinationale itinérante regroupant, chaque année depuis quatre ans, une trentaine de réalisations de professionnels du Rhin supérieur ira de ville en ville (de Wissembourg à Rastatt, de Freiburg à Heidelberg en passant par Karlsruhe, Mulhouse, Colmar, Haguenau ou Strasbourg). Le nouveau lauréat du concours Archifoto
Writers Theatre de Jeanne Gang © Steve Hall 78
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sera dévoilé lors du vernissage de l’exposition qui investit entièrement le 3e sous-sol du parking Centre historique - Petite France de Strasbourg (13 octobre au 21 novembre). Mais rien de mieux pour découvrir la manière dont la ville bouge, évolue et se transforme qu’à vélo (les friches de Strasbourg, les zones de conversion de Rastatt), l’un des grands succès des JA avec les midi-visites confiées à des personnalités variées. Ceux qui préfèrent la liberté se rabattront sur les balades urbaines et sonores disponibles gratuitement en téléchargement sur le site europa-archi. eu (Le Chant des immeubles à Strasbourg), future-history.eu (Écouter la ville à Freiburg) et moviefication.de (La ville (se) raconte à Karlsruhe). Outre de nombreux ateliers-participatifs pour les enfants, des performances dansées et festives seront proposées dans des lieux aussi incroyables que Tankturm, ancien château d’eau reconverti par l’agence AAG en espace culturel à Heidelberg (samedi 14 octobre) ou encore au Centre chorégraphique de Strasbourg installé dans le somptueux Palais des fêtes de Strasbourg (Empreinte, samedi 14 octobre). Enfin, les audacieux découvrirons l’archi à la manière de mal-voyants et non-voyants grâce à une visite sensorielle de l’église Ludwig-Thomas de Freiburg (dimanche 22 octobre). Puisqu’on vous dit qu’il y en a pour tout le monde…
Salle polyvalente, centre de vacances, Cieux © Roland Schweitzer
GASTRONOMIE
le chasseur français Cuisinier majeur, Olivier Nasti est également un chasseur passionné : nous avons accompagné le Meilleur Ouvrier de France dans les forêts autour d’Orbey, dès potron-minet.
Par Hervé Lévy Portrait de Stéphane Louis pour Poly
64° Le Restaurant est situé 9/13 rue du Général de Gaulle à Kaysersberg (au sein de l’hôtel Le Chambard). Fermé lundi toute la journée ainsi que mardi et mercredi midi. Menus de 55 € (à midi) à 178 € lechambard.fr oliviernasti.com
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livier Nasti est un virtuose qui vit la tête dans les étoiles. Cinq pour Le Chambard, chaleureux et charmant hôtel où les trophées – chevreuils, cerfs, etc. – voisinent avec les bestioles griffues de Waydelich et deux aux Guide Michelin pour 64° Le Restaurant1, escale gastronomique de pointe située à Kaysersberg, élu Village préféré des français 2017 par les téléspectateurs de France 2. Une juste récompense pour sa cuisine de haute volée que nous suivons avec attention depuis des années2, dont le résumé tient en quelques mots : chasse, pêche, nature et tradition (revisitée). Chasses subtiles À la carte de son restaurant se découvre le tropisme pour le gibier d’un passionné chas-
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sant à l’approche, qui est à l’art cynégétique ce que la pêche à la mouche – qu’il adore également – est à la pratique halieutique : un modus operandi solitaire et aristocratique. Il est quatre heures trente du matin. La nuit est encore d’encre lorsque nous retrouvons Olivier Nasti. Le 4x4 démarre en souplesse en direction d’Orbey. « C’est une chasse raisonnée et raisonnable. J’observe l’animal à la jumelle et décide s’il est bon à prélever ou pas. Il est essentiel de gérer l’espace et l’espèce », explique-t-il en roulant. Nous marchons silencieusement. Les contours des arbres se précisent peu à peu. Le chef lit dans la forêt comme dans un livre ouvert, analysant les traces des animaux et les indices de leur passage : « Ces noisettes encore vertes ne sont pas tombées toutes seules. Et vu la
© Lukam, Le Chambard
hauteur de l’arbre, c’est sans doute un grand cerf qui s’y est attaqué », estime-t-il. Alors que les ténèbres luttent encore consciencieusement avec le jour, nous apercevons un faon au loin, puis un broquart, à quelques dizaines de mètres. Pas un coup de feu. Le Meilleur Ouvrier de France nous vante en chuchotant les mérites du gibier tué à la belle saison : « La viande d’un cerf chassé en été est merveilleuse. Il se nourrit d’herbes grasses qui rendent sa chair tendre et juteuse. C’est magique », affirme celui qui approvisionne sa table avec le produit de ses chasses, travaillant également avec des professionnels soigneusement sélectionnés dans une volonté de « traçabilité maximale. J’évite les bêtes tuées à la traque, car elles ont beaucoup d’acide lactique dans les chairs en raison du stress et de la course. » La marche se poursuit dans la lumière incertaine de l’heure bleue. Sur les pentes du Lac noir, on aperçoit des chamois au loin, une viande que le maestro cuisine à la demande. Tout est bon dans le chevreuil « Dans un chevreuil nous nous servons de toutes les parties de l’animal : joue, langue ou cervelle ne sont pas oubliées. Avec le foie, le cœur et les poumons, on fait, par exemple, une sanguette servant de liant pour une tourte » magnifiant l’animal. À la carte, on retrouve également un rare tartare de chevreuil
ou une plus classique noisette à la puissante sauce rouennaise accompagnée d’une boule de céleri. Tout cela reflète une tradition française 100% maîtrisée, twistée avec bonheur par « une cuisson, un croustillant ou encore un assaisonnement ». Olivier Nasti a ainsi cuisiné la bête avec une huile de bourgeon de sapin, une idée qui lui est venu… en marchant. La nature est décidément indissociable de son art : on le découvre également au retour, bredouilles, mais heureux, en arpentant avec lui son jardin d’herbes aromatiques (où poussent cerfeuil, reine des prés, pimprenelle, etc.) et en s’attablant devant son plat signature, l’œuf parfait – cuit à 64°, une invention du physico-chimiste Hervé This considéré comme le père de la gastronomie moléculaire – dont le chef fut un des précurseurs. Aujourd’hui, on l’expérimente accompagné de craquants petits pois Lincoln, de champignons, d’oxalis en salade et de jus de cosses. Il est l’emblème d’une adresse où les bases classiques se mêlent à un esprit avant-gardiste. Illustration avec une éblouissante neige de foie gras, tourbillon extatique et terrien que rencontre la chair aquatique d’une araignée de mer accompagnée d’huile de sureau pour une composition graphique et gustative approchant la perfection. Avec un tel plat, Olivier Nasti serait-il en chasse – à l’affût cette fois – d’une potentielle troisième Étoile ?
Une Cuisine d’expressions, nouveau livre d’Olivier Nasti vient de paraître chez Menu Fretin (35 €) menufretin.fr
Il faut rajouter à ce palmarès l’Étoile décernée au 1741 (Strasbourg) dont Olivier Nasti chapeaute la carte, les plats étant réalisés par la jeune rising star Fabien Raux – 1741.fr 2 Voir notamment Poly n°144 et sur poly.fr 1
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UN DERNIER POUR LA ROUTE
grisant
Par Christian Pion
Bourguignon, héritier spirituel d’une famille qui consacre sa vie au vin depuis trois générations, alsacien d’adoption, fan de cuisine, convivial par nature, Christian Pion partage avec nous ses découvertes, son enthousiasme et ses coups de gueule.
Domaine Lelièvre (Lucey) vins-lelievre.com
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ébutons par un peu d’histoire : c’est mal connu, mais les Côtes de Toul constituent la partie la plus méridionale d’une vaste aire de production se déployant le long de la Moselle, partant de Coblence (Allemagne) puis traversant le Luxembourg et le pays messin – aux crus également trop peu célèbres – pour s’achever dans la cité meurthe-et-mosellane. En 1860, le vignoble mosellan français couvrait 60 000 hectares, dépassant en surface ceux de l’Alsace et de la Champagne réunis, fournissant même amplement des raisins aux maisons champenoises. Mais autour de 1870 le phylloxera en détruisit une grande partie. Se répandant comme une traînée de poudre par contamination souterraine, cet insecte suceur de sève fit de gigantesques dégâts. La Moselle n'a pas été épargnée. Ce fut le début du déclin, car dès 1910 les Champenois obtinrent que les raisins ne provenant pas de l’aire d’appellation Champagne ne soient plus utilisés. Vous ajoutez la Guerre et ses pluies d’obus et comprenez qu’au cours des années 1920, beaucoup de vignerons mosellans se convertirent à la production de fruits de bouche.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération
À l’évocation du Vin gris de Toul, les visages s’éclairent en général d’un sourire narquois, comme si la morosité de la couleur déteignait sur les bouteilles. Allons voir de plus près ce qui se cache derrière cette réticence trop souvent affichée.
La remontée sera lente : en 1998, la Côte de Toul obtient son AOP (Appellation d’Origine Protégée) qui regroupe aujourd’hui 25 producteurs sur 120 hectares de vignes sur des sols argilo-calcaires. Le Gris de Toul est un vin rosé, issu de gamay et de pinot noir, un vin de fruit désaltérant, peu alcoolisé, guilleret et salivant, une bénédiction pour les amateurs de vins d’été, “désoiffants” et digestes. Sa fraîcheur naturelle et la qualité de son fruit sont les compagnons idéaux des périodes de canicule, des agapes entre amis au cours des chaudes soirées estivales… N’oublions pas cependant que les Côtes de Toul produisent aussi un vin blanc à base d’auxerrois, dont le caractère vif et appétant, aux parfums de tisane et de fleur blanche, convient tout à fait à l’apéritif et au mariage avec les poissons. Parmi les producteurs, nous recommandons le Domaine Lelièvre où deux frères, Vincent et David, se battent avec talent pour la notoriété de cette petite appellation charmeuse !