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Homo sapiens Européen précoce?
La documentation sur Néandertal est-elle riche?
La quantité de vestiges sur cette population se chiffre en millions d’objets qui découlent de leurs artisanats. Elle s’étale sur de très vastes territoires dans toute l’Eurasie et sur des centaines de millénaires. On ne travaille donc pas du tout dans une situation de pénurie d’informations. Au contraire, le facteur limitant serait plutôt de savoir comment traiter de si grandes quantités de données matérielles soit en grottes (il existe de nombreux sites, très riches), soit cataloguées en musées au terme de décennies de fouilles. La matière est bien là.
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Si, sur la plage, un couple de Néandertaliens venait s’asseoir à côté de moi, que verrais-je?
Vous allez observer des morphologies osseuses très particulières mais qui, en soi, ne veulent rien dire. Ce n’est pas parce qu’un homme ou une femme de Néandertal en maillot a un front fuyant, une espèce de visière osseuse au-dessus des yeux, une absence de menton, un «chignon» à l’arrière de la boîte crânienne, qu’il est particulièrement robuste et que ses fémurs sont complètement courbes, que ça vous dit ce qui se passe dans sa tête. J’ai quand même entendu un jour un grand professeur de l’université Stanford, aux États-Unis, dire en commentant l’image d’un crâne néandertalien: «Je ne sais pas vous, mais moi, si je monte dans un avion et que le pilote a cette tête-là, je ressors!» On sait vers quelles déviations ce genre de discours a conduit la science au XXe siècle.
Comment nos ancêtres sapiens, il y a 100000 ou 200000 ans, ont-ils pu réagir à ce contact?
Difficile à dire, car cela dépend de ce qu’ils considéraient comme humain ou pas. Cette distinction apparaît évidente dans notre culture actuelle d’Occidentaux, mais au XIXe siècle encore, dans les Pyrénées, circulaient des mythes sur les «gens de l’ours», dans lesquels un ours enlevait une bergère et avait une descendance sous forme d’humains velus. Ces conceptions-là, où l’homme peut se reproduire avec l’animal, sont communes à de très nombreuses sociétés dans le monde. Si on se projette dans le passé parmi les Aurignaciens, nos ancêtres, on constate beaucoup de représentations d’hommes-lions dans l’art, ou encore d’hommes-bisons. Conclure de ces traces que les populations sapiens du Paléolithique distinguaient bien ce qui était eux et pas eux est un présupposé que je trouve fragile. Tous les faits ethnographiques ou sociologiques laissent supposer que, longtemps, les hommes se sont regardés comme profondément intriqués dans le milieu naturel.
D’ailleurs, Néandertal et sapiens se sont-ils rencontrés?
Deux disciplines permettent d’esquisser une réponse. La première est la paléogénétique, qui extrait et étudie l’ADN ancien. En évaluant que 2 % environ de notre génome vient de Néandertal, elle démontre qu’il y a eu rencontre physique dans le champ sexuel, mais avec un