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Il était plus d’une fois en Amérique
En 2019, une nouvelle branche est venue s’ajouter sur l’arbre généalogique humain. Davantage qu’une branche, en vérité, ce serait plutôt un discret rameau. L’équipe de Florent Détroit, du Muséum national d’histoire naturelle, à Paris, a mis au jour les restes d’une espèce inconnue dans une grotte aux Philippines. Ce nouveau membre de la famille humaine a été nommé Homo luzonensis.
LE COUSIN DU HOBBIT
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L’âge de ces restes, supérieur à 50000 ans, suggère que plusieurs espèces humaines différentes coexistaient autrefois en Asie du Sud-Est. En effet, H. luzonensis est la deuxième nouvelle espèce humaine à être découverte en Asie du Sud-Est ces dernières années. En 2004, une autre équipe avait annoncé la découverte d’H. floresiensis, ou homme de Florès, une espèce qui mesurait un peu plus de 1 mètre, sur l’île indonésienne éponyme. Sa petite taille lui avait valu le surnom de Hobbit, en référence aux personnages de Tolkien.
Les premières traces de cette nouvelle espèce sont apparues il y a plus d’une décennie, lorsque des chercheurs ont découvert un os de pied datant d’au moins 67000 ans dans la grotte de Callao, sur l’île de Luzon, aux Philippines. Ils ne savaient pas de quelle espèce provenait cet os, mais ils ont rapporté qu’il ressemblait à celui d’un petit Homo sapiens.
Les fouilles plus récentes de la grotte de Callao ont mis au jour sept dents, deux os du pied et deux de la main. Selon Florent Détroit et ses collègues, ces os ont des caractéristiques différentes de celles d’autres parents humains. Les restes proviennent d’au moins deux adultes et un enfant.
Pour Florent Détroit et ses collègues, les restes de la grotte de Callao sont bien distincts de ceux d’H. floresiensis et d’autres cousins proches – y compris Homo erectus, le premier parent humain ayant quitté l’Afrique, il y a environ 2 millions d’années.
Les molaires découvertes sont extrêmement petites, comparées à celles d’autres espèces humaines. Comme chez H. sapiens, les cuspides (les petites pointes sur la face supérieure de la dent) ne sont pas aussi prononcées que chez les Homo plus anciens. La forme de l’émail sur la face intérieure des molaires ressemble à celle des spécimens d’H. sapiens et d’H. erectus découverts
⟵La courbure de la phalange proximale de pied de H. luzonensis (sans doute un pied droit) pourrait traduire une aptitude à grimper dans les arbres.
80 Les piliers de notre civilisation
La « deuxième naissance de l’Homme » : c’est ainsi qu’on baptise parfois le Néolithique. De cette époque charnière, nous sommes les héritiers. En tirant pitance de ses champs et ses troupeaux, Homo sapiens cesse de dépendre du bon vouloir exclusif de la nature. Désormais il s’en sent comme maître et possesseur. En Europe, chasseurs-cueilleurs indigènes sont lentement remplacés ou absorbés par des colons agriculteurs venus du Levant. Peu à peu, ses dieux et ses cités — attachante Çatalhöyük, surprenantes mégapoles d’Ukraine… — conduisent sapiens vers la sortie de la préhistoire. Pour le meilleur ? Le pire ? Et si c’était à refaire ?
Juste avant le Néolithique, le réchauffement climatique va favoriser l’émergence de nouvelles techniques de chasse et de cueillette et un changement de dynamique sociale qui va peu à peu mener sapiens à l’orée des grandes civilisations de l’Antiquité.