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Le gène BAZ1B contrôle l’expression de 448 gènes. Plus il est lui-même exprimé et plus celle-ci est élevée. Le syndrome de Williams-Beuren est une maladie rare due à la perte d’une région chromosomique de 28 gènes qui conduit à une anomalie du développement. Elle touche environ 1 naissance sur 20 000 dans le monde.

Front fuyant, menton absent, face prognathe, nez saillant… Cette représentation d’une femme néandertalienne arbore des traits typiques de son espèce. Les humains actuels ont une face plus plate.

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l’organisme. Il y a donc eu ce que les généticiens appellent un « effet d’autostop » : agir par la sélection sur un caractère entraîne obligatoirement une action non prévue sur d’autres. Comment l’expliquer ?

Les expériences pionnières de Dmitri Belyaev et de Lyudmila Trut, à l’institut de cytologie et de génétique de Novossibirsk, en Sibérie, ont été décisives. Dès 1959, les deux biologistes ont lancé une expérience de domestication de renards argentés, initialement élevés pour leur fourrure. Le seul critère était la docilité vis-à-vis des expérimentateurs, c’est-à-dire l’établissement d’une relation non agressive. Au fil de cette sélection, ils ont vu apparaître les caractères classiques du syndrome de domestication

Sur 20 000

La cohorte suivie pour établir l’impact d’un de ces gènes, le gène BAZ1B, comptait 11 individus : 4 avec le syndrome de Williams-Beuren, 3 avec un syndrome de microduplication (la région de 28 gènes est dupliquée) et 4 contrôles.

des chiens. Comme il était question d’une baisse de l’agressivité, ils eurent l’idée de mesurer la concentration sanguine du cortisol. Cette hormone régule le métabolisme énergétique et joue un rôle important lors d’un stress : elle élève le métabolisme général, ce qui augmente la vigilance, et donc l’agressivité. Résultat : les animaux dociles avaient un taux de cortisol bien plus bas que ceux qui étaient restés sauvages.

L’HYPOTHÈSE DE LA CRÊTE NEURALE

Dans ce contexte, en 2014, la réflexion théorique d’Adam Wilkins, à l’université Humboldt, à Berlin, apparaît comme une fulgurance. Le cortisol est sécrété par les glandes surrénales. Or celles-ci proviennent d’une même structure embryonnaire, la crête neurale, dont les cellules sont aussi impliquées dans la formation, entre autres, des os du crâne et des cartilages de la face, des mâchoires, des oreilles et de la queue (voir l’encadré page 94). Son hypothèse est la suivante : sélectionner sur un comportement de non-agressivité revient à sélectionner un taux sanguin de cortisol bas ; cela se fait par la sélection d’une taille réduite des glandes surrénales, qui pourrait être le résultat d’un déficit de migration des cellules de la crête neurale. En d’autres termes, un tel déficit de migration entraînerait une baisse du taux sanguin de cortisol, favorisant ainsi la docilité. Mais il aurait aussi des répercussions sur la

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