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MESURES ÉNERGÉTIQUES
Imaginons qu’un radar de police, mesurant la vitesse d’une voiture au franchissement d’un carrefour, fasse monter le régime moteur du véhicule. Incongru ? Dans le monde classique, assurément. Mais pas dans celui de la physique quantique.
Bien sûr, cette possibilité est théorique, et ses réalisations expérimentales se tiennent à de si petites échelles qu’on ne craindra pas les accélérations intempestives. Il n’empêche qu’il est désormais envisageable de miser sur la seule mesure pour fournir de l’énergie à un nouveau genre de moteurs quantiques, que la physicienne Alexia Auffèves n’hésite pas à qualifier de « moteurs à mesures ».
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La physique quantique ne se contente pas d’intriquer des particules, de concevoir des algorithmes promettant de fantastiques progrès en puissance de calculs pour la future génération des ordinateurs issus de ses principes… Les physiciens quantiques se font désormais thermodynamiciens et ingénieurs.
Imprimé en France Maury Imprimeur SA Malesherbes N° d’imprimeur : 267 517
Nul formalisme quantique n’est nécessaire pour saisir l’incroyable efficacité du travail des ingénieurs minuscules qui peuplent le sol, quand il s’agit de stocker du carbone. Organismes microscopiques et animaux décomposeurs fragmentent la matière organique, qui, adsorbée dans des feuillets d’argile, pourra demeurer des siècles à l’abri de l’atmosphère. Ce qui se joue sous nos pieds fait actuellement l’objet, là aussi, d’un changement d’échelle et de regard. C’est moins à hauteur de satellite que dans les premiers décimètres des sols que le cycle du carbone révèle sa complexité, où il est largement conditionné par ce qui se joue entre végétal, animal et minéral. Comme le rappellent les écologues Sylvain Coq et François-Xavier Joly, « les pratiques humaines, et notamment les changements de l’utilisation des terres, ont engendré une fuite massive de matière organique du sol, retournée dans l’atmosphère sous forme de CO2. Ces pertes s’ajoutent aux émissions issues de la combustion des énergies fossiles et contribuent à l’intensité du changement climatique ». Il est temps d’en prendre la mesure et, mieux, de faire des sols nos alliés dans l’atténuation du réchauffement de la planète. n