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Comment le cerveau fait son marché

Si l’on cherche en même temps des tomates rouges et des concombres verts, sans savoir ce qui se présentera en premier, comment éviter d’être distrait par tous les fruits et légumes rouges ou verts ?

L’ESSENTIEL

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> Une multitude de stimuli nous assaillent sans cesse. Pourtant, la plupart de temps, nous parvenons bien à ne pas perdre de vue nos objectifs, sans trop nous laisser distraire.

> Depuis longtemps, on suppose que le cerveau ne traite simplement pas tout ce qui est inutile, lui interdisant ainsi l’accès à notre conscience.

> Mais il n’en est rien : pour ignorer quelque chose, le cerveau doit d’abord s’en occuper, très rapidement, afin de le supprimer de notre perception consciente.

L’AUTRICE

VIKTORIA BARTSCH docteure en neurosciences à l’institut Leibniz de neurobiologie, en Allemagne.

Pour trouver un objet parmi une multitude d’autres, notre cerveau doit ignorer le flot d’informations et de sensations sans importance qui nous submerge. Or il s’y prend d’une façon totalement différente de ce qu’on imaginait !

Je tiens absolument à manger une salade grecque ce soir. Me voilà donc au rayon fruits et légumes du supermarché, à me demander où dénicher des tomates et des concombres frais. Autour de moi, une multitude de produits plus ou moins exotiques, des légumes de la région, des fruits bio, des préparations sous vide… Et, bien entendu, je fais mes courses juste après mon travail, comme la plupart des gens, visiblement… Une foule se presse dans les allées. De sorte que de nombreuses sensations m’envahissent. À côté de moi, on discute politique, les caisses enregistreuses émettent des bips en bruit de fond et quelqu’un me bouscule avec son chariot. Malgré tout, après un rapide coup d’œil sur les étalages, je parviens facilement à repérer mes tomates, puis mes concombres, et les range dans mon sac. Comment ai-je réussi à les trouver si rapidement alors que j’étais submergée d’informations contradictoires ?

Notre cerveau est passé maître dans l’art de la recherche visuelle. Même avec de multiples distractions, nous sommes souvent capables, sans effort, de localiser des objets dans notre environnement – du moins si nous en connaissons certaines caractéristiques. En effet, le psychologue de la perception, Jeremy Wolfe, de l’école de médecine de Harvard, à Boston, a étudié en 2004, avec son collègue Todd Horowitz, les facteurs qui favorisent l’attention et ceux qui la perturbent. Dans leur étude, les participants devaient trouver des objets dans une image sachant qu’ils n’en connaissaient qu’une seule caractéristique. Les chercheurs ont montré que les sujets y parvenaient particulièrement vite si on leur indiquait au préalable soit la taille de l’objet à chercher, soit son orientation dans l’espace, soit sa couleur. Et les volontaires étaient encore plus efficaces quand il s’agissait d’identifier un objet en mouvement.

Mais les fruits ne bougent pas sur leur étalage… Leur orientation n’est pas non plus très significative dans les rayons et les tomates et concombres ont des tailles semblables à de nombreux autres fruits et légumes. En revanche, la couleur de ces produits m’a permis de les identifier rapidement. Si j’avais dû chercher une

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