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UNE BIODIVERSITÉ
Cr Dit
Confier aux marchés le financement de la biodiversité ? Un pari risqué si les subventions qui lui sont néfastes ne sont pas supprimées.
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Gabon, qui annonce la mise sur le marché de 90 millions de tels crédits pour la somme de 2 milliards de dollars.
Oublions, pour voir le bon côté des choses, les soupçons qui pèsent sur l’efficacité des marchés carbone et le défi de définir une unité de biodiversité Considérer que les forêts ne sont pas seulement des puits de carbone, mais des écosystèmes aux fonctions complexes, et que la défense du climat et celle de la biodiversité sont indissociables relève aujourd’hui de l’évidence Pour preuve, le marché volontaire du carbone a dépassé les 2 milliards de dollars, boosté par la notion de « solutions fondées sur la nature » qui favorise les actions de préservation et d’enrichissement de la biodiversité.
La récente COP15 de MontréalKunming a chiffré à 200 milliards de dollars annuels les besoins de financement de son Cadre mondial pour la biodiversité pour l’après 2020, adopté pour répondre à l’« urgence de la nature ». Pour atteindre cette somme, le secteur privé est sollicité. Mais comment l’attirer alors que les retours sur investissement, généralement non monétaires, profitent à tous et se font sur le long terme ?
Soumettre la nature à la logique économique n’est pas une idée neuve. Le « développement durable » visait déjà à concilier intérêts économiques, environnementaux et sociaux Les conventions signées à Rio en 1992 proposaient aussi des solutions marchandes pour résoudre les problèmes d’environnement .
L’initiative TEEB (l’Économie des écosystèmes et de la biodiversité) lancée à la COP9, en 2008, expliquait quant à elle comment évaluer les biens et services de la biodiversité afin que les décideurs s’engagent dans une « économie verte »
Un marché de « crédits biodiversité » est-il appelé à se développer ?
À la COP15, au pavillon de la finance, il n’était question que de nature-positive economy On peut se réjouir de l’invention d’une économie qui abandonnerait la recherche du profit pour contribuer à l’habitabilité de la planète Mais s’agit-il de cela lorsque le concept est associé au développement d’un marché de « crédits biodiversité » apparu sans crier gare dans
Or les entreprises sont demandeuses de crédits, pas forcément dans une optique de greenwashing, mais aussi pour répondre aux exigences des diverses législations, comme, en France, l’obligation de compensation écologique de la loi biodiversité de 2016, la « responsabilité sociale des entreprises » (RSE) rénovée par la loi sur le devoir de vigilance de 2017, qui impose les grandes entreprises françaises à élaborer, à publier et à mettre en œuvre des mesures adaptées d’identification des risques et de prévention des atteintes entre autres à l’environnement, ou encore le développement des comptabilités extrafinancières… le texte final ? Faut-il craindre que ce marché soit calqué sur celui du carbone et donne des droits à détruire la biodiversité par un jeu de compensations ?
On peut le craindre quand les premiers pays à défendre ces « crédits biodiversité » sont ceux qui proposent déjà des crédits carbone forestiers , comme le récent consortium Brésil-Congo-Indonésie, ou le
Mais, pour les inciter à adopter des pratiques vertueuses , a - t- on vraiment besoin de créer un marché de crédits qui aiderait à compenser des destructions ? Le rapport de la mission sur le financement de la stratégie nationale biodiversité (SNB) propose une autre solution : « Une réduction de 4,6 % des subventions [de l’État et de l’UE] dommageables [à la biodiversité] d’ici à 2027 financerait l’intégralité des besoins nouveaux liés à la SNB tout en diminuant les pressions sur la biodiversité Dès lors, la mission fait de la réduction et/ou de la réorientation de certaines dépenses [ ] la priorité en matière de politiques de biodiversité »
Plutôt que de créer des marchés, arrêtons d’encourager les dettes ! n
PRENONS UNE LONGUEUR D’AVANCE SUR LE CANCER
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QUI RESTE LA 1ÈRE CAUSE DE MORTALITE PREMATUREE EN FRANCE
Luc Ferry, Philosophe, écrivain, ancien Ministre de la Jeunesse, de l’Education Nationale et de la Recherche
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Chaque année, 400.000 nouveaux cas de cancer, tout type confondu, sont dépistés.
Statistiquement, il y a un peu plus de 1000 nouveaux malades par jour, parmi lesquels 600 vont guérir et 400 vont mourir.
AIDEZ NOS CHERCHEURS À SAUVER VOS VIES
VAINCRE LE CANCER - NRB
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Hôpital Paul Brousse
12/14, avenue Paul Vaillant-Couturier 94800 VILLEJUIF www.vaincrelecancer-nrb.org contact@vaincrelecancer-nrb.org
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La chronique de YVES GINGRAS professeur d’histoire et sociologie des sciences à l’université du Québec à Montréal, directeur scientifique de l’Observatoire des sciences et des technologies, au Canada