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Paranthropus boisei Si proche et si di ff érent

Pendant 1 million d’années, nos ancêtres africains ont côtoyé un être à la forme s’approchant de celle de l’humain, mais si particulière que les paléoanthropologues peinent encore à l’appréhender.

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Aucune famille n’est à l’abri de se découvrir un parent inconnu. Peut- être était- il pirate ou chercheur d’or ? Si , en tant qu’Homo sapiens, nous nous interrogeons à ce propos, force est de constater que nous possédons bien un parent inconnu, et un vrai original : Paranthropus boisei ! Ce « para-humain » fait partie de notre lignée, la lignée humaine, dont les membres – les ardipithèques , australopithèques et humains divers désignés ensemble par le terme « hominines » – comprennent toutes les formes qui ont coexisté et se sont succédé jusqu’à nous depuis la séparation d’avec le chimpanzé, il y a quelque 8 millions d’années Assez petit , P. boisei se tenait droit, avait un petit cerveau, d’énormes prémolaires et molaires Les traces qu’il nous a laissées dans les archives fossiles remontent jusque vers 2,3 millions d’années et disparaissent vers 1,3 million d’années, peu avant qu’apparaissent de premiers indices de l’utilisation contrôlée du feu.

En Afrique, nombre de sites à vestiges de P. boisei ont aussi livré des signes de la présence d’autres hominines, notamment de premiers membres du genre Homo, ce qui implique que nos ancêtres ont probablement partagé leurs milieux de vie avec des paranthropes pendant plus de 1 million d’années Cette longue

L’ESSENTIEL LES AUTEURS

> Paranthropus boisei, un étrange australopithèque robuste doté d’énormes dents masticatrices, a vécu dans les mêmes écosystèmes que les premiers humains.

> Découvert d’abord dans les gorges d’Olduvai, comme son contemporain H. habilis, il semble avoir été, comme ce dernier, intégralement bipède et omnivore, mais bien plus herbivore que carnivore.

> P. boisei nous renseigne sur les conditions de l’hominisation. Pendant 1 million d’années, sans que des changements notables le marquent, il a côtoyé des humains, dont la cognition, le comportement et le régime alimentaire évoluaient, au contraire, rapidement.

BERNARD A. WOOD paléoanthropologue, professeur à l’université George-Washington, directeur du Centre pour l’étude avancée de la paléobiologie humaine

ALEXIS WILLIAMS paléoanthropologue, doctorante au Centre pour l’étude avancée de la paléobiologie humaine de l’université George-Washington coexistence constitue une chance scientifique de taille, puisque tout ce que l’on apprend sur le mode de vie paranthrope nous renseigne aussi sur les conditions de vie et les pressions sélectives qu’affrontaient nos ancêtres

LES GORGES D’OLDUVAI, UN VRAI CASSE-TÊTE

Dans la plaine du Serengeti – 60000 kilomètres carrés de savanes partagées entre Tanzanie et Kenya –, des rivières et des ruisseaux ont creusé un ravin abrupt long de 48 kilomètres : les gorges d’Olduvai C’est ce segment de la branche orientale de la vallée du Grand Rift africain qui nous a livré les premiers fossiles de P boisei Là, des strates géologiques mises au jour par le ravinement contiennent un riche trésor de fossiles et d’outils en pierre datant des deux derniers millions d’années. Dans les années 1930, Louis et Mary Leakey commencèrent à ramasser des centaines de ces outils lithiques dans les niveaux inférieurs des gorges Mais au bout de vingt ans de récolte, le fameux couple de paléoanthropologues n’était toujours pas parvenu à identifier l’auteur des outils. En 1955, enfin, ils finirent par tomber sur une molaire et sur une canine supérieure hominines. Cependant, elles ne pouvaient guère avoir appartenu à un humain, car la couronne de la molaire était énorme par rapport à celle de la canine

L’espèce Paranthropus boisei frappe par son dimorphisme sexuel : tandis que les mâles ont une énorme articulation temporomandibulaire et une crête sur le sommet du crâne (dite « crête sagittale »), les femelles apparaissent beaucoup plus graciles et sont dénuées de cette crête (la différence de couleurs entre les photos des crânes n’est pas liée à ce dimorphisme).

Deux étoiles à neutrons s’effondrent l’une sur l’autre. Des observations récentes étayent la théorie selon laquelle de nombreux éléments lourds du tableau périodique se forment lors de tels événements cosmiques.

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