Anne merlo "Je t'aimerai quand même"

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Je!t’aimerai! quand!même!!! ! ! Anne!Merlo!



Table!des!matières! ! ! Introduction .............................................................................................9! Première Partie Je voulais tant t’aimer ............................................13! Introduction Un bilan désastreux....................................................................... 13! Chapitre 1 Faits pour aimer mais incapables d’Amour ..................................... 17! Chapitre 2 Pourquoi tant de haine ? Comment faire cesser les hostilités ? ....... 29! Chapitre 3 Qu’est-ce qui ne va pas chez les hommes ? ..................................... 55! Chapitre 4 Qu’est ce qui ne va pas chez les femmes ? ...................................... 67!

Deuxième partie L’apprentissage nécessaire.....................................85! Introduction......................................................................................................... 85! Chapitre 1 Apprendre à gérer ses émotions quand on est jeune ........................ 87! Chapitre 2 Tant que l’on est célibataire : apprendre à gérer la solitude et l’attente ............................................................................................................................ 93! Chapitre 3 Le temps des fiançailles : gérer la honte, la pudeur et le désir par la tendresse............................................................................................................ 101! Chapitre 4 La préparation du mariage : temps prophétique annonciateur des promesses à venir.............................................................................................. 109! Chapitre 5 L’alliance : pour conquérir l’amour promis mais qu’on ne possède pas encore ......................................................................................................... 123!

Troisième partie Ils deviendront une seule chair ............................143! Introduction....................................................................................................... 143! Chapitre 1 La névrose chrétienne dénoncée .................................................... 147! Chapitre 2 Une révolution sexuelle ................................................................. 155!

Conclusion L’Esprit et l’Epouse disent : Viens !.............................185!


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Chapitre!1! ! Faits!pour!aimer!mais! incapables!d’Amour! ! ! Le!mariage!idéalisé!:!je!voulais!tant!t’aimer! ! a) Le romantisme et ses dangers « Lorsque j’étais jeune, j’avais complètement idéalisé le mariage. Victime d’une incapacité à gérer ma solitude, je me laissais persuader que lorsque j’aurai rencontré l’homme de ma vie, je connaîtrai enfin la douceur du véritable amour. Je n’étais pas en mesure de réaliser que les évènements de ma vie depuis le début, avaient justement fait de moi quelqu’un d’absolument incapable de se laisser aimer et d’aimer en retour. Je connaissais pourtant bien mes défauts : ma tendance à me replier sur moi-même, mon incapacité à m’aimer moi-même, mon extrême timidité et mes doutes sur l’amour et donc mon incapacité à trouver un vrai sens à ma vie. C’était comme si j’attendais de l’homme qui m’épouserait


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qu’il lui soit possible de me supporter et de m’aimer inconditionnellement. Ce serait donc un être exceptionnel ! En réalité, j’avais le culot de penser que le mariage avait en lui-même le pouvoir de me transformer complètement, de faire de moi, comme par enchantement, une vraie femme, comme je rêvais de l’être : douce, aimable, belle, aimante, attentionnée, enfin, l’aide excellente dont mon époux aurait besoin. Et de toutes les façons, l’époux que le Seigneur me donnerait serait parfait lui aussi. N’estce pas Dieu qui a créé l’homme et la femme et qui appelle les époux à s’aimer et à vivre dans l’unité à l’image du Christ et de l’Eglise ? J’attendais naïvement, comme beaucoup je crois, une sorte de miracle ! »4 Parmi les personnes que nous accompagnons, que ce soient les célibataires ou les gens mariés, nous rencontrons presque constamment cette attente. Les célibataires souffrent et attendent le mariage pour être enfin heureux et beaucoup de gens mariés souffrent parce que le mariage n’a pas vraiment, pour l’instant, répondu à leurs attentes. Ce manque, cette impression de frustration permanente, est comme un puits sans fond qui appelle inlassablement à être rempli. Une réelle libération se produit quand on peut décider de renoncer à l’attente de « ce qui n’est pas venu » et de « ce qui ne viendra jamais », sinon la souffrance nous sert d’excuse pour rester dépendants d’un amour encore attendu et rêvé et dont l’autre posséderait la clé. La vision romantique du mariage nous entretient dans l’illusion qu’il est le lieu, ou la situation, qui va enfin nous apporter le bonheur tant attendu. On s’imagine sortant de la solitude pour trouver la compréhension, l’accueil inconditionnel de nos faiblesses, la tendresse, enfin tout ce qu’une âme sœur est sensée nous procurer. Mais est-ce bien là le but du mariage ? Oui ! nous dit la bible, c’est pour que l’homme ne soit plus seul que Dieu lui a donné une femme et pour qu’ils ne fassent plus qu’un dans la communion. Mais le péché a perverti cette juste vision pour la transformer et faire du mariage un but en soi alors que c’est un moyen. Tous ceux qui se sont mariés avec cette vision romantique savent combien le désenchantement est grand ! On doit alors sortir d’une sorte d’aveuglement ou d’un ensorcellement, de quelque chose de vraiment mensonger et trompeur. Cela ressemble à s’y méprendre à l’œuvre du démon qui sait 4

Témoignage d’une femme comme tant d’autres. 18


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depuis le commencement que l’entente dans le couple est son pire ennemi. Il fait donc miroiter à nos yeux éblouis, toutes sortes de faux espoirs auxquels il sera d’autant plus douloureux de renoncer qu’ils auront été idéalisés. « Quand les filles jeunes et les femmes plus avancées en âge prennent le visage de l’amour romantique, elles commencent à installer en elles la croyance qui consiste à penser qu’un homme existe pour les rendre heureuses. Elles ont toutes les chances pour que cet homme, l’homme de leur vie, un jour les trahisse et les fassent sortir de leur enchantement illusoire. Personne n’a la faculté de rendre heureux qui que ce soit. Cela ne peut dépendre de l’autre mais appartient avant tout à nous-mêmes. Si souvent les femmes souhaitent être reconnues et aimées ! Si souvent elles continuent d’alimenter une attente comme si quelqu’un possédait à leur place la clé de leur propre estime, de leur propre bonheur, de leur propre réussite. »5 On arrive souvent au mariage, en manquant totalement de maturité sur le plan affectif et en ne sachant pas grand chose sur le fonctionnement normal de la vie de couple. Le couple de nos parents était peut-être totalement dysfonctionnel. Cela se produit par exemple quand la mère prend les commandes et que le père se tait. Et on a beau avoir terriblement souffert des comportements de nos parents, on ne peut guère s’empêcher de les reproduire, surtout si on n’a pas d’autre modèle sain pour se structurer intérieurement. Avant le mariage, dans notre recherche éperdue de celui ou de celle qui tarde à venir, on peut multiplier les expériences malheureuses. Les rapports sexuels vécus sans véritable amour ne faisant qu’aggraver notre insatisfaction affective et intensifier l’attente illusoire du « prince charmant ». Mais quand on se marie, il arrive parfois que nos graves névroses, se manifestant par de grandes difficultés sur le plan relationnel, fassent que le mariage se révèle être l’occasion d’épreuves, de souffrances et de désillusions. On peut s’aimer vraiment mais on est tellement blessé 5

Monique Grande : Femmes qui se réinventent, aux éditions : le souffle d’Or, page 119 19


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l’un et l’autre, on est aussi tellement différent et inexpérimenté, qu’au lieu de s’entraider, on a tendance à se rajouter des blessures supplémentaires. En partie à cause de notre manque de préparation, et faute d’un accompagnement solide de couple, nous risquons donc dans un premier temps de nous aggraver l’un l’autre avant d’arriver à nous entraider à guérir. b) De l’irruption du réel dans notre vie idéalisée La majorité des jeunes femmes que nous rencontrons, se plaignent de ne pas arriver à être heureuses. C’est presque toujours la même constatation : « J’ai tout pour me sentir bien, j’ai un mari très gentil, des enfants magnifiques, on s’en sort assez bien financièrement, notre église ou notre groupe de prière fonctionne bien et nous apporte beaucoup mais alors pourquoi est-ce que je me sens si mal ? Pourquoi est-ce que tout me semble une corvée ? Je n’ai plus aucune patience, je deviens violente. Pourquoi aije sans cesse envie de m’enfuir de chez moi, voire envie de mourir ? Qu’est-ce qui m’est arrivé ? Je ne croyais pas que c’était comme cela le mariage… » La plupart du temps ces jeunes femmes ont attendu impatiemment le mariage mais quand elles se retrouvent mariées, leur insatisfaction semble encore plus grande qu’avant. C’est comme si elles étaient devenues incapables d’aimer et de recevoir de l’amour. Elles ont l’impression d’avoir menti à leur époux et de s’être menti à elles-mêmes en acceptant de se marier. Cela se concrétise d’ailleurs par d’énormes difficultés relationnelles avec leur conjoint et avec leurs enfants. C’est cet état de fait qui les pousse en général à demander de l’aide. Lorsqu’on les interroge, on se rend compte qu’elles avaient rêvé une vie toute différente. Elles ne se doutaient pas que dans le mariage, la promiscuité dans laquelle on est appelé à vivre, et qu’on désirait tant avant les épousailles, s’avère être source de bien des difficultés. Beaucoup de choses qu’on croyait résolues dans la gestion de nos émotions, reviennent à la surface, nos systèmes de défenses tombent et nous nous retrouvons livrés à des forces en nous dont nous ignorions la présence. Le mariage favorise la mise en lumière de nos faiblesses, de nos défauts, de nos péchés à tous les deux. C’est très difficile à vivre et à accepter. Ces faiblesses apparaissent à l’occasion de l’irruption de la réalité 20


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de la vie. Un homme ça ronfle, ça sent des pieds, ça laisse traîner ses chaussettes sales, ça va au cabinet, ça réclame de l’attention, c’est égoïste, ça ne comprend pas les états d’âme de sa femme, ça ne supporte pas les larmes et les signes de faiblesses. Une femme ça râle, ça se plaint, c’est tout le temps frustré, ça prend du temps dans la salle de bain, ça va aussi au cabinet, ça parle trop, ça pleure pour un rien, ça ne sait pas si bien faire la cuisine que ça et ça veut tout décider et contrôler…Il se peut aussi que l’entente sexuelle s’avère difficile, décevante voire impossible. Ce sont autant de défis pour l’amour qui va s’usant rapidement. Le puissant sentiment amoureux du départ s’effiloche vite au contact de la réalité. Si la mise en place de la détermination à « s’aimer quand même » avec l’aide de Dieu n’a pas été faite, on va vers la déconvenue et l’incapacité à gérer ses émotions de déception et donc de tristesse. Chacun est confronté à cette évidence : je n’ai pas épousé l’homme idéal, je n’ai pas épousé la femme idéale. Je ne reconnais d’ailleurs pas la personne merveilleuse que j’avais épousée et je suis incapable d’accueillir cela. L’arrivée souvent un peu trop rapide des enfants nous met encore davantage face à notre incapacité à gérer le réel. Là encore nous idéalisons les enfants et notre rôle de parents auprès d’eux. Je reçois je ne sais combien de témoignages de jeunes mères, face à l’arrivée de leur premier enfant, qui s’aperçoivent avec horreur, quelles sont incapables de gérer le manque de sommeil, le manque de temps pour tenir comme il faut leur maison, les cris incessants, les problèmes d’allaitement, la présence maladroite du père. Elles sont débordées et stressées et au lieu du bonheur idyllique qu’elles avaient espéré vivre, elles ont l’impression de vivre un véritable cauchemar. Et c’est d’autant plus difficile à gérer qu’elles sont dans la phase de dépression que connaît toute mère après son accouchement. Les parents désirent aimer leurs enfants, mais quand leur confort personnel est mis à mal, l’enfant devient vraiment gênant même si on a du mal à se l’avouer. Tous les parents se trouvent confrontés, à un moment ou un autre, à l’ambivalence de leur amour paternel et maternel. Si on n’arrive pas à reconnaître cette évidence, c’est qu’on se le cache et cela se manifeste par une attitude de surprotection des enfants et des soucis exagérés tout en ayant une grande envie que quelqu’un d’autre les prenne en main de temps en temps. Quantité de mères encore très jeunes, se retrouvent avec plusieurs enfants en bas âge. Elles sont surchargées de travail, n’ont plus du tout de temps pour elles-mêmes et ne voient plus le 21


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sens de leur existence. Elles arrivent avec des pieds de plomb aux sessions pour mères de famille organisées pour elles et expriment bien leur détresse, tout en ayant très honte d’être dans un tel état de souffrance intérieure alors qu’elles sont censées être en train de vivre la vie dont elles avaient rêvé tant qu’elles étaient célibataires. Comment arriver à « positiver » tout ça alors que vient l’heure des premiers bilans ? c) Bonjour les dégâts de l’idolâtrie ! Ce que ces premiers bilans viennent nous révéler, si nous voulons bien le voir, c’est que nous servons depuis trop longtemps des idoles très exigeantes qui nous maintiennent courbés dans l’esclavage et le malheur. Mais comment sait-on qu’on est soumis à une ou plusieurs idoles ? Et qu’est-ce qu’une idole ? Une idole, c’est un faux Dieu. Nous ne connaissons pas bien notre Dieu, celui que la Bible appelle Le Seul Vrai Dieu, par opposition aux fausses images que nous avons de lui. Depuis qu’il s’est révélé à Moïse et au peuple d’Israël, il ne cesse d’interdire qu’on se fasse de fausses images de lui, sachant combien cela nous met en danger d’adorer d’autres dieux que lui et de devenir ainsi leurs esclaves. L’adoration du Seul Vrai Dieu nous permet d’être nous mêmes, de correspondre à ce qu’il a voulu pour nous. En lui nous trouvons donc notre véritable identité, notre sécurité, notre valeur propre, notre besoin d’amour, notre paix, en un mot : le bonheur. Mais le péché dans nos vies, les souffrances endurées, la réalité douloureuse de nos existences, nous empêchent de jouir de la présence de notre Dieu, seul digne de louange et d’adoration. Nous avons donc tous tendance à rechercher ailleurs qu’en lui ce dont nous avons besoin pour vivre heureux. Nous allons rechercher auprès des idoles notre identité, notre place, notre sécurité, l’assurance d’être aimés et compris. Mais ces faux dieux, dont la Bible dit qu’ils n’ont ni yeux ni oreilles pour nous entendre, ne peuvent absolument pas répondre à ces attentes, et nous sommes d’éternels insatisfaits, reportant sur l’image que nous nous sommes faite de Dieu, toute notre déception et notre colère. Les idoles, images mensongères de Dieu, nous renvoient sans cesse à une image mensongère de nous-mêmes et nous nous enfermons dans de fausses identités dont nous aurons beaucoup de mal à nous défaire. Les conséquences de l’idolâtrie sont désastreuses et c’est pourquoi nous nous sentons si malheureux quand nous persistons à nous laisser asservir par 22


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elles. Nous pouvons reconnaître cet asservissement inconscient, sans risquer de nous tromper, lorsque nous commençons à ressentir toute une série d’émotions qui nous sont familières : la déception, le regret, la tristesse, l’amertume, le désespoir, la dépréciation, la culpabilité, l’envie de mourir, et cela nous conduit à l’irritation, la colère, le désir de détruire. Commençons donc à nous poser des questions dès que quelqu’un ou quelque chose nous déçoit profondément au point que cela nous plonge dans la tristesse, l’amertume et les regrets. Par moments la déception peut être telle qu’elle nous conduit presque naturellement au désespoir et réveille parfois en nous d’impérieux désirs de mort à cause de la forte dépréciation de nous-mêmes à laquelle elle nous renvoie. Ensuite, pour survivre au désespoir, viennent l’irritation et la colère suivies du désir de détruire ce qu’on avait tant aimé et idéalisé. De plus ces comportements idolâtres nous renvoient toujours à des images très négatives de nousmêmes. Voici quelques exemples concrets : Si ce sont nos parents ou nos éducateurs qui ont remplacé Dieu dans notre vie, nous avons commencé par les admirer, les considérer comme parfaits, et à dépendre d’eux pour notre sécurité, pour nous sentir aimés et compris tels que nous sommes. Nous avons une grande exigence envers eux et quand nous constatons qu’ils ne correspondent pas à l’image idéale de parents parfaits, nous commençons à ressentir toute la liste des émotions que j’ai énumérée plus haut : déception, tristesse, désespoir, colère, mauvaise image de nous-mêmes. La dépendance qui est la nôtre à l’égard de nos parents peut être une terrible addiction. Nous dépendons de leurs pensées, de leurs attentes et de leurs paroles prononcées sur nous. Notre asservissement est tel que nous nous sentons très culpabilisés si nous faisons quelque chose qui, nous le savons, leur déplaît. C’est à eux que nous demandons notre identité de fils et de fille et s’ils ne peuvent pas nous la donner, nous sommes enfermés dans toutes sortes de fausses identités : nous nous sentons nuls, pas aimables, victimes, mal à l’aise dans notre genre masculin ou féminin, responsables des malheurs de la famille, et nous devenons des orphelins. Cela fait de nous des geignards, des mendiants d’amour et de tendresse, angoissés par la solitude et pour peu que nous ayons vécu des expériences graves d’abandon, nous nourrissons un terrible désespoir et une grande colère intérieure. Cette colère est notre 23


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seul moyen de survie mais elle a un terrible revers, nous allons avoir tendance à la reporter sur les autres, surtout sur ceux qui cherchent à nous aimer vraiment. Ainsi elle sera dans nos vies une puissance de mort cherchant à détruire le bonheur quand il se présente. Nous devenons ainsi des personnes « néfastes » pour nous-mêmes et pour notre entourage. On peut donc comprendre ici l’importance du premier commandement donné par Dieu dès le commencement : « L’homme quittera son père et sa mère ! »6 Oui, nos mauvaises relations avec nos parents représentent la première idole à mettre à bas dans nos vies. Nous le pourrons en nous appuyant sur l’action salvatrice de la mort de Jésus sur la croix. Il est souvent nécessaire aussi de demander la libération dans la puissance du sang versé du Christ par la prière des frères car ce sont des liens négatifs très forts et dont nous ne pouvons pas nous débarrasser tous seuls même si cela ne se fait pas magiquement sans notre consentement et notre collaboration active. Attachons-y une grande importance ! Recevons alors notre véritable identité et notre vraie place de la part de Dieu notre Père luimême en nous positionnant souvent sous son regard bienveillant et fier, posé sur nous en permanence. Cet exercice de notre libre volonté demande beaucoup de persévérance, d’abandon et de confiance mais c’est une rééducation indispensable pour vivre dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu. L’idole parentale nous renvoie donc à une fausse identité de mauvais fils, et fait souvent de nous des orphelins alors que nous avons encore nos parents. Si c’est le mariage qui est notre idole, elle va nous demander comme toutes les idoles, des sacrifices. Sur l’autel de cette idole, dans notre recherche éperdue d’un compagnon, nous pouvons sacrifier notre honneur, notre vertu et parfois la vie de petits innocents par le biais de l’avortement. En cherchant une identité d’épousée nous ne recevons que l’image de délaissée, d’abandonnée et une aggravation de notre état de victime et d’orphelin. Dieu a des projets de bonheur pour nous mais nous ne pouvons pas nous empêcher d’espérer et d’attendre le bonheur dans un changement des circonstances de notre vie, ce qui nous rend très malheureux et aggrave notre sentiment que Dieu nous a abandonnés puisqu’il semble ne pas répondre à nos attentes. 6

voir Genèse 2 : 24 24


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Quand on lit dans la Bible que le peuple, que Dieu s’était choisi et qu’il éduquait, ne cessait de rompre les alliances avec lui, pour retourner vers le culte des idoles, on a du mal à comprendre pourquoi. Dieu donnait sans cesse des signes de sa présence, par des manifestations de puissance, par des signes et des prodiges, et pourtant, le peuple raidissait sa nuque pour se détourner encore du seul vrai Dieu. Que cela nous serve d’exemple ! Nous faisons cela tout le temps ! Dieu, dans sa grande patience, nous pardonne, nous éclaire, nous éduque et refait sans cesse alliance avec nous pour nous ramener à la véritable adoration du Dieu unique. Mais sans cesse nous recommençons ! Souvent c’est à notre conjoint que nous demandons de jouer ce rôle de faux dieu. Nous l’idéalisons et lui demandons donc la perfection ou tout au moins de correspondre à ce que nous attendions de lui. Il peut alors très vite descendre de son piédestal, et nous commençons alors à expérimenter toutes les émotions négatives générées par la déception. Nous pouvons avoir l’impression d’avoir été abusés, bernés et si nous n’y prêtons pas garde, nous serons tentés de rompre l’alliance passée entre nous et aussi avec Dieu et devenir véritablement des ennemis l’un pour l’autre. Si notre idole a été notre conjoint, elle nous renvoie donc à cette fausse identité de mauvais époux ou mauvaise épouse et nous plonge plus profondément que jamais dans la solitude. Mais comme si cela ne suffisait pas, nous continuons nos ruptures d’alliance. L’une d’entre elles fort tenace et difficile à dénoncer : les enfants ! Il est très courant, particulièrement quand les rapports dans le couple sont difficiles, que nous nous tournions vers nos enfants pour leur demander, ce qui n’est pas en leur pouvoir de nous donner : la sécurité qui vient de l’assurance d’être aimés par eux. Nous les idéalisons, nous attendons beaucoup d’eux, nous voulons être fiers d’eux, nous voulons qu’ils nous renvoient une parfaite image de bons parents. Mais, comme pour toute idole, nous sommes en permanence renvoyés dans ce cas là, à une identité que nous redoutons entre toutes : celle d’être de mauvaises mères et de mauvais pères. Et voilà que la ribambelle d’émotions se manifeste : nous sommes déçus, tristes, désespérés, et pour réagir, nous voilà irritables et coléreux, voire violents et destructeurs. Comme nous osons rarement reporter sur eux notre agressivité, c’est sur le conjoint ou sur nous même que nous avons tendance à l’exercer. Nous risquons en permanence de réclamer leur amour par une pression affective sous forme de chantage. Cette identité de victime nous pousse à nous faire beaucoup de souci pour eux et à nous sacrifier dans un don de nous-mêmes excessif à leur service, nous rendant 25


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indispensables à leur bien-être, leur imposant ainsi une dépendance envers nous dont ils auront énormément de mal à se défaire. Demandons au Seigneur la force de dénoncer ces comportements néfastes et qu’il nous en guérisse pour le plus grand bonheur de toute la famille. C’est une dépendance dont il est impossible de se défaire sans une puissante intervention de Dieu, de ce Dieu dont nous nous sommes détournés pour servir ce faux dieu très exigeant. Il faut donc tout d’abord revenir à lui dans la louange et l’adoration due à lui seul, il pourra alors desserrer progressivement ces liens terribles dans lesquels nous avons enfermé nos enfants. Ce ne sont pas par nos propres efforts que nous pourrons y arriver. Tout notre effort consiste à nous repositionner sans cesse en Dieu, pour ne dépendre que de lui pour notre sécurité et notre bonheur. Bien heureux temps où nos enfants nous repoussent et nous rejettent ! Il faut leur donner la preuve que nous sommes heureux sans eux. Et que notre plus grande joie de parents chrétiens est qu’ils n’aient absolument plus besoin de nous et que nous n’ayons plus besoin d’eux. Ne plus avoir peur pour eux, ne plus porter leurs fardeaux et leurs souffrances au point qu’ils nous écrasent, ne plus leur faire porter le fardeau de nos propres peines, quelle glorieuse victoire et quel merveilleux objectif ! Une idole très importante, exigeante et destructrice : c’est nous-mêmes. Nous nous mettons en permanence des objectifs à atteindre, nous plaçant sous une loi implacable de recherche de perfection pour tout. Nous voulons être de bonnes ménagères, de bonnes cuisinières, de bons époux, de bons chrétiens, de bons ouvriers, de bons gestionnaires de nos vies. Ce ne sont pas des choses mauvaises, c’est là qu’est tout le piège. Mais, sous couvert de vertu, nous faisons de nous-mêmes la seule vraie référence, nous appuyant sur nos propres capacités pour réussir notre vie. La preuve que nous nous sommes pris pour Dieu ? Ne sommes-nous pas sans cesse déçus de nous-mêmes, honteux, dans la dépréciation et la culpabilité ? Ne sommes-nous pas, souvent, complètement découragés et même en colère contre nous-mêmes. Les envies de suicide sont nombreuses au sein du couple, pas seulement parce qu’on est déçu de l’autre mais parce que nous ne nous supportons plus nous-mêmes, cela étant aggravé, il est vrai, par les accusations et le manque d’accueil et de miséricorde de l’autre devant nos faiblesses. Avec l’aide de Dieu et un bon accompagnement, toutes les pratiques idolâtres qui sont les nôtres peuvent ainsi être progressivement mises en lumière. Ce peut être une grande dépendance du regard des autres 26


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ou de notre propre opinion sur nous-mêmes. Ce peut être notre travail, notre ménage, une recherche de sécurité matérielle, de bonne santé, de se préserver de la pollution ambiante sous toutes ses formes physiques ou spirituelles c’est à dire dans une recherche idolâtre de la perfection, de la pureté, d’une certaine sainteté. Une autre conduite idolâtre courante est la dépendance à notre groupe, communauté ou assemblée de prière. En un mot : à l’église à laquelle nous tentons d’appartenir. Si nous reconnaissons en nous ces sentiments de déception et de critique, méfions-nous et cherchons à guérir de cette servilité qui nous pousse à demander notre sécurité, notre place, notre identité de bons chrétiens auprès de ces institutions. Sinon nous serons ces éternels insatisfaits, critiqueurs et « zizanistes » qui font que l’église se meurt. Comme nous l’avons vu plus haut, nous pouvons idolâtrer le clan familial, qui exerce sur nous une pression pour nous empêcher de rompre avec les pratiques, us et coutumes de nos familles et surtout la crainte de l’éclatement de la famille et de la rupture des liens familiaux. C’est, je crois, une des idoles les plus exigeantes et dont nous devons le plus nous méfier car c’est sous des dehors de vertu, d’héroïsme, de fidélité qu’elle nous réduit en esclavage. Je ne développe pas ici, les grandes causes d’idolâtries connues de tous que sont : l’argent, le sexe, la magie et autres pratiques occultes… que tout le monde connaît. Force nous est désormais de reconnaître que beaucoup de choses font obstacle à l’harmonie dans nos couples, et sont même source d’hostilité.

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