Pensées&qui&
1.# dans#la#maison#de#Dieu1 Comme tout respire le calme et la paix dans la maison de Dieu. Quand on y entre, il semble que l’on arrive d’un seul pas d’un lieu des vociférations, des effrois de l’existence, des tempêtes de la vie, du spectacle des événements cruels ou de leur attente angoissante. Ici, de quelque côté que tu tournes ton regard, tout t’inspire un sentiment de paisible sécurité. Les hautes murailles de l’imposant sous les puissantes voûtes duquel tu te sens dégagé de toute pres-
1. Écclésiaste 4, 17
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toutes choses aimables et engageantes ; on dirait que cette splendeur veut intérioriser en toi ce sanctuaire en te rappelant, comme il faut aussi le supposer, les époques de sereine prospérité qui ont favorisé ces paisibles travaux. Regarde : le sculpteur qui a taillé ces statues dans la pierre y a consacré beaucoup de temps pendant lequel sa vie a dû être protégée et garantie contre tout importun et tout incident capables de rendre incertaine sa main ou
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sa pensée ; artiste il a eu besoin du calme le plus profond et de la paix dont témoigne aussi son œuvre. Regarde : l’artisan qui a tissé le velours de la chaise a eu besoin de calme pour ce travail des Et l’ouvrière qui a brodé l’or des ornements a dû s’appliquer à sa tâche sans en être distraite par rien, toute à la pensée et au soin d’apporter la même attention à chaque point de son aiguille. Quel apaisement berceur, mais quel danger aussi dans cette sécurité ! Et c’est aussi pourquoi il est vrai que seul Dieu au ciel est vraiment capable de prêcher aux hommes dans la réalité de la vie ; car il a en sa puissance les circonstances, les destins, les éléments. Et les circonstances ont une éloquence incisive et stimulante quand tu y es toi-même engagé et en es environné. Et tu l’as aussi éprouvé. Si tu as été le malade en proie à l’insomnie à minuit sur ta couche, ou si tu as simplement été au chevet de pareil infortuné à pareille heure sur son lit de douleurs en comptant avec une angoissante précision les battements et les soupirs du malheureux, sans trouver d’apaisement dans cette monotonie ou dans ces plaintes que tu comptes, si alors tu as entendu que tous les prédicateurs ensemble pourraient produire un pareil effet ! Et pourquoi en seraient-ils incapables ? Parce que le lit de 22
souffrances et l’heure de la nuit ont une éloquence plus puissante que celle de tous les orateurs ; ces circonstances savent te faire comprendre que leur éloquence ne s’adresse pas à l’ami à ton chevet, aux gens du dehors, mais bien à toi qui te sens seul et seul au monde entier, seul à minuit sur ton lit de douleurs. Ou veut lui taire, ce qu’il lui importe le plus de savoir, qu’il touche à l’esprit le plus borné a un effet tout autre que n’en produiraient les plus fameux prédicateurs sur l’homme qui, plein de santé et religieusement en règle à ses propres yeux, écoute dans le temple
Il en est ainsi dans la réalité quand c’est Dieu qui, par le moyen des circonstances, prêche le réveil. Mais dans son temple somptueux où c’est le prêtre qui prêche, pour apaiser ! Et surtout s’il veut satisfaire aux exigences de l’homme ou du temps, comme on -
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toute simple a-t-elle un effet tout différent ? Parce que la mort sait faire entendre qui elle concerne, elle sait te faire comprendre que c’est toi qui dois mourir et es l’intéressé, toi et nul autre, voisin ou compatriote.
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réalité, à la merci des circonstances, par contre, ils se montrent on fait semblant d’en parler, à peu près comme en temps de paix on exige que l’art déploie toutes ses ressources pour embellir le sanctuaire et, de même le prédicateur dans son sermon, mais l’on entend être soi-même en toute tranquillité dans la maison de Dieu avec un esprit mondain et impie car on sait bien que nul prédicateur n’a la puissance, réservée à la seule Providence, de saisir un homme, de le livrer à la merci des circonstances, la puissance de permettre aux coups du destin, aux épreuves et aux doutes religieux de lui parler sérieusement pour son réveil spirituel. Dans le cours habituel de la vie, bien des choses veulent endormir être tirés de notre sommeil et délivrés de notre triste enchantement. Mais tant de choses aussi veulent nous endormir en ce lieu ! Même celles qui sont de nature à stimuler, pensées, symboles, métude et de la monotonie, comme un ressort peut perdre sa tension. 24
c’est le devoir strict, d’inviter sans cesse les hommes à venir dans la maison de Dieu et de les y appeler. Mais on peut s’habituer à entendre cette invitation au point qu’elle en perd sa solennité, que
mots de l’Écclésiaste : Prends garde à ton pied, lorsque tu entres dans la maison de Dieu.
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vide. On peut encore s’habituer à l’entendre au point qu’elle fait naître des idées fausses chez ceux qui y répondent ; elle nous remplit d’importance à nos propres yeux et nous fait croire que nous ne sommes pas comme ceux qui ne sont pas venus ; elle nous rend satisfaits de nous-mêmes et nous donne une fausse assurance en nous mettant dans une illusion : il semble en effet, devant ces invitations instantes, que c’est Dieu qui a besoin de nous, quand nous devrions au contraire nous demander dans la crainte et le tremblement ce qu’il peut exiger de nous ; comme si ce n’était pas à nous de rendre à Dieu de sincères actions de grâces de ce qu’il veut bien se commettre avec nous, nous permettre de nous approcher de lui, souffrir notre audace de croire qu’il se soucie de nous et souffrir, sans en rougir, que nous l’appelions notre Dieu et notre Père.
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Car c’est une grande responsabilité que d’y entrer. Rappelle-toi que celui qui est là est celui qui est aux cieux et toi, tu es sur la terre. Mais ne crois pas que, dans son élévation, il soit bien loin ; est tout proche de toi, plus proche que les hommes de ton entourage quotidien, que ton ami le plus intime à qui tu crois pouvoir te montrer tel que tu es. L’élévation et l’éloignement semblent se correspondre : l’homme haut placé est aussi éloigné de toi ; l’égalité et la proximité semblent de même aller de pair : ton proche est aussi ton égal ; mais quand l’élévation est toute proche de toi sans de toi dans son élévation ; car il n’en est pas de lui comme d’un homme qui, au fond, perd de son élévation quand il s’approche de toi, l’humble et se commet avec toi. Non, Dieu peut venir tout pas, quand simplement un étranger se trouve près de toi, tu n’es plus tout à fait le même et quand le plus puissant et le plus haut personnage du royaume est là, tu es tout autre : il est si haut placé et tu le vois si rarement. Mais Dieu au ciel est dans une bien autre élévation ; pourtant quand tu vas à la maison de Dieu, il 26
toi-même, puisqu’il découvre et comprend même ta pensée que tu ne comprends pas. Quelle lourde responsabilité : le Dieu très haut devant qui surtout tu voudrais te montrer sous ton meilleur proche, malgré son élévation, qu’il te voit comme ne saurait te voir même un familier. Même si, sachant que tu te présentes deau même - trop proche aussi de toi. Si un homme peut perdre contenance et oublier en présence du roi ce qu’il voulait dire, il est terrible d’être mis en présence de Dieu ; car le roi n’est pas dans l’élévation de Dieu et il ne peut pas venir aussi près de toi. Prends donc garde, quand tu entres dans la maison de Dieu. Pourquoi y viens-tu ? Tu veux invoquer le Seigneur, ton Dieu, le Prends'garde'à'ton'pied
Quand on exige la franchise, tu le sais, nous ne savons adresser à un homme une parole plus solennelle que celle-ci : est-ce, devant Dieu, ta pensée, ta conviction ? Et, dans la maison de Dieu, tu es devant Dieu. L’invoques-tu donc sincèrement ? Qu’est-ce qu’être sincère devant Dieu ? C’est traduire tes paroles dans ta vie. Pour nous, hommes, nous devons nous contenter de moins, de l’assurance solennelle donnée de l’un à l’autre que sa pensée
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élévation, Dieu, qui connaît les cœurs et est tout proche de toi ne veut comprendre qu’une sincérité : celle où l’homme met en pratique dans sa vie ses paroles. Toute autre sincérité, toute autre solennité, toute autre simple assurance que l’on pense ce que l’on dit est devant Dieu une tromperie, une fausseté ; pareille invocation de Dieu est envers lui témérité. Prends donc garde que ton invocation, loin d’être agréable à Dieu, ne soit au contraire une témérité envers lui. Prends garde que, dupe de toi-même, faute de te comprendre, tu n’aies la témérité de tromper Dieu, comme si tu avais en ton cœur des sentiments de piété capables de changer ta vie et d’en faire leur expression alors qu’ils n’ont pas ce pouvoir. Nous nous plaignons souvent de manquer de mots pour exprimer nos sentiments, de les chercher vainement, d’être trahis par le langage : tout cela ne doit pas te troubler devant Dieu ; si seulement ta vie exprime que tu as ces sentiments alors, en vérité, tu es sincère devant Dieu et la sincérité de bavardage est complètement Peut-être viens-tu à la maison de Dieu pour lui demander secours et appui. Prends garde à ce que tu fais : as-tu vraiment compris devant Dieu à qui tu t’adresses, ce qu’est l’invocation de son secours, à quoi cela t’oblige ? Peut-être l’invoques-tu pour 28
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des choses de ce monde, des soucis puérils, des bagatelles et non pour qu’il t’aide à les oublier, mais pour t’en occuper ; donc pour des futilités que tu auras peut-être oubliées demain avec, ce qui est moins négligeable, ton invocation du Très-Haut dont tu as demandé le secours : alors, tu t’es moqué de Dieu et il n’oublie pas que tu as réclamé son assistance. Si un médecin s’impatiente à bon droit quand des parents le font appeler sans raison pour le moindre bobo disparu à son arrivée et si, bien qu’on ait presque oublié pourquoi on l’a fait venir, le Dieu tout puissant se laisserait-il traiter de la sorte ? Ou aurais-tu le front de penser que Dieu doit te servir, que le Très-Haut doive à l’instant être prêt à écouter tes prières et à exaucer tes désirs : si tu te commets avec lui, tu t’obliges alors inconditionnellement à lui obéir et à le servir. Et si tu ne comprends pas cela, tu es téméraire de te commettre avec lui et d’invoquer son secours. Il est le Tout-Puissant, certes et il peut tout ce qu’il veut. Cette pensée est presque tentante et il semble que tu n’aies qu’à désirer. Mais prends garde : aucune parole inconsidérée ne se venge comme une prière faite inconsidérément à Dieu et aucune parole n’oblige comme une prière où l’on demande à Dieu son secours ; car elle t’oblige à te laisser inconditionnellement secourir comme il le veut. Tu peux
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mais si tu as invoqué le secours de Dieu, tu es lié et tenu d’accepter celui qu’il veut t’accorder. Bien souvent on entend crier au secours et clamer qu’il n’y a pas de secours : en vérité, il y en a peu enclin à tenir parole ; quand le secours se montre comme la la lui as demandée, tu es alors obligé de d’accepter et de l’appeler un secours en croyant et en rendant grâces. Ou peut-être viens-tu à la maison de Dieu pour t’obliger, en promesse faite à Dieu ; as-tu reconnu si ce que tu lui promets est chose qu’un homme peut et doit lui promettre et non l’une de celles que nous pouvons nous promettre entre nous en nous leurrant, as-tu reconnu si Dieu te permet de lui faire cette promesse ou s’il s’agit d’une témérité ; as-tu compris comment une et une promesse à Dieu, si elle est ce qu’elle doit être et est tenue, est si loin d’être un piège qu’elle est au contraire un soutien salutaire : mais dans le cas contraire, si tu ne l’as pas compris dans ta promesse à Dieu, si tu n’as pas l’idée vraie de ce que tu peux et 30
dois lui promettre, tu perds alors Dieu, tu accoutumes ton âme à traiter Dieu et le nom de Dieu à la légère et en vain. Et si tu ne tiens pas ta promesse faite à Dieu, tu te perds toi-même. Et il en encore : Dieu au ciel ! Prends donc garde quand tu entres dans la maison de Dieu ; mébouche et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu ; car Dieu est au ciel et toi sur la terre. Quand tu fais un vœu à Dieu, ne tarde pas à l’accomplir, car il n’aime pas les insensés : accomplis le vœu que tu as fait. Mieux vaut pour toi ne 2 .
Sans cesse on entend dire et le monde le tient pour assuré, que les hommes voudraient bien s’instruire de la vérité, à condition d’en avoir le temps, les moyens et une claire explication. Quel 2. Écclésiaste 5, 1-4
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Prends garde à ton pied, lorsque tu entres dans la maison de Dieu. Peut-être y apprendras-tu beaucoup plus que tu ne désires ; peut-être y recevras-tu une impression dont tu chercheras ensuite vainement à te défaire. Prends donc garde au feu, il brûle.
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inutile souci, quel rusé subterfuge ! En vérité, tout homme a assez d’intelligence pour connaître la vérité : Dieu aurait-il désavantagé quelqu’un avec autant d’inhumanité ! Et tout homme, même le plus occupé, a vraiment aussi assez de temps pour s’en instruire ; rien de plus certain, puisqu’il doit en avoir le temps ; et si l’affairé, comme le désœuvré, n’en a pas assez pour cela, il n’y faut certes ment de capacités et de temps, il va de soi qu’il ne saurait non plus veut curité de la vérité ; par contre, il est si avantageux et si commode de dire que l’on aimerait tant s’instruire de la vérité. Mais il n’en est pas ainsi. Pour peu qu’on se connaisse, on sait par expérience qu’en fait, l’homme recèle au fond de lui-même une angoisse et une peur secrète de la vérité, une crainte d’en apprendre trop : ou croit-il réellement que tout homme a le désir ciation à soi, d’en avoir une idée si claire que toute excuse, tout besoin d’attendre ta réponse ; car si tel était le cas, tout homme 32
première forme. Mais même l’homme de bien qui a pourtant surmonté le premier effroi qu’inspire la vérité et qui ne répugne pas entièrement avec un esprit mondain à s’en instruire, même lui, avouant sincèrement et, par expérience, la mauvaise volonté à s’en informer, même lui et lui surtout reconnaîtra, à coup sûr, que maintes fois et assez souvent non sans motif, il se surprend à se dissimuler à la vérité comme Adam parmi les arbres, à se dérober à une chose pour se glisser vers une autre, à nourrir parfois l’envie la vérité répandre une trop forte lumière autour de lui. Prends donc garde, quand tu entres dans la maison de Dieu, car
peux facilement aussi te soustraire, en un certain sens, mais de Dieu même ou devant Dieu. Le sérieux de la vérité, la vérité,
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vain mot ; aucun ne lie pareillement. Et dans la maison de Dieu,
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l’ignorance, c’est-à-dire sans t’en rendre coupable et tu n’échapperas pas non plus à la conscience de cette faute. Prends donc garde de ne pas trop apprendre ; par exemple, que cette assurance qui, dans ta vie passée dans les plaisirs, t’a rendu agréable à tes propres yeux et aimable à ceux des autres, cette assurance que tu serais tout disposé à t’instruire de la vérité est une illusion et qui plus est, une fausseté. Prends garde que dans la maison de Dieu, tu n’apprennes pas - mais, tu le sais, ton grand savoir t’élève peut-être au-dessus des pauvres prédicateurs qui veulent parler de choses aussi surannées connues du moindre enfant prends garde pourtant que là, dans la maison de Dieu tu n’apde renoncer à toi et d’abandonner toutes les choses où l’homme demandé ce qu’est le dégoût de la vie ? As-tu songé qu’il paraît pourtant qu’il conserve la vie, de sorte que tout devient désert, vide et insupportable autour de lui et le temps si terriblement long qu’il lui semble être mort : eh bien ! c’est ce que la renonciation appelle à mourir à soi et la vérité apprend que l’homme doit mou34
à ses distractions), qu’il doit passer par cette mort à la vie, qu’il doit goûter (au sens du mot : goûter la mort) et comprendre tout de ce qui fait le plaisir des yeux et la convoitise du cœur charnel ; et l’homme naturel, hélas ! comprend l’inverse : pour lui, l’éternel, c’est le vide. Nul instinct humain n’a la force de l’instinct de conservation ; quand vient la mort, nous demandons la grâce de vivre : mais la mort à soi-même de la renonciation est aussi amère que la mort. Et dans la maison de Dieu, tu apprends cette vérité que tu dois mourir au monde ; et si Dieu a su que tu l’as appris (et c’est inévitable), aucun subterfuge ne t’excusera dans toute l’éternité. Prends donc garde quand tu entres dans la maison de Dieu.
après et, en comparaison duquel, la chose la plus effroyable qui puisse survenir au plus malheureux de tous les hommes est une
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Prends garde à ton pied, quand tu entres dans la maison de Dieu. Car si tu y venais, rempli d’effroi, pour y fuir les choses les plus terribles qui peuvent arriver ici-bas à un homme, tu viendrais pourtant à ce qui est plus terrible encore. Ici, dans la maison de Dieu, il est essentiellement question d’un péril ignoré du monde et auprès duquel tout ce que le monde appelle danger est un enfantillage : le danger du péché. Et ici, dans la maison de Dieu, il est essen-
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Que veux-tu donc dans la maison de Dieu ? Y viens-tu poussé par la pauvreté, la maladie, toute autre adversité, n’importe quelle détresse et misère d’ici-bas ? Il n’en est pas question dans la maison de Dieu, du moins dès l’abord. On y parle et l’on doit y parler premièrement du péché, de toi comme pécheur et pécheur devant Dieu et qui, dans la crainte et le tremblement que t’inspire de consoler, n’est-ce pas ! Es-tu venu ici pour qu’on s’informe avec sympathie de ta santé, pour recevoir, conseils et suggestions ? Tu t’es trompé, tu es venu vers des choses plus terribles. Car, au lieu de te montrer de la sympathie pour ta misère terrestre et de s’empresser d’y remédier, un fardeau plus lourd encore t’est imposé : tu deviens un pécheur. Et il y est dit alors et, en vérité consolation pour ceux qui se repentent. Mais peut-être tout cela ne te concerne-t-il pas, toi qui es venu ici uniquement occupé de ta souffrance terrestre. Et pourtant, cela te concerne ; en vain dirais-tu le contraire ; en vain voudrais-tu t’en aller, cela t’a été dit ; Dieu le sait avec toi et sait que tu l’as entendu ! Que veux-tu donc dans la maison de Dieu ? Peut-être as-tu subi 36
tant, peut-être les hommes t’ont-ils trompé indignement ; il se peut que tu sois un noble cœur, un homme de bien, que l’on te en récompense, il se peut que les hommes t’aient exclu de leur société, maltraité, raillé, insulté, qu’ils en aient voulu à ta vie ; et tu viens chercher consolation dans la maison de Dieu : qui que tu sois, tu te trompes, car tu viens ici vers des choses plus terribles ! Ici, dans la maison de Dieu, il n’est pas question, du moins tout té. Non, ici, dans la maison de Dieu, on parle d’abord d’un effroi -
des effrois du dehors, se réfugie ici pour y trouver un effroi plus terrible encore ! Mais c’est ce dont on doit parler tout d’abord.
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soulèvement plus terrible que le plus furieux déchaînement des sante comme d’ordinaire, mais où en quelque sorte victorieuse,
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ter, non en la détachant des circonstances effroyables pour l’isoler montré au moment du danger et de l’effroi où le paisible contemplateur préfère assurément rester chez lui, où l’on aurait été coupable de regarder Christ en adorant ou simplement avec charité, où il n’était pas même loisible de le voir, parce que l’effroi en emprésentée comme passée : garde ta compassion ! Non, cet effroi présent et en qualité de complice ! Mais alors, tu t’es trompé en venant à la maison de Dieu. Au lieu d’entendre parler d’une consolation capable de te consoler les hommes qui te font tort, c’est toi qui es mis dans ton tort, complice de la souffrance et de la mort de Christ innocent. Oh ! quelle dure parole de consolation, qui peut l’entendre ! Quelle
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Prends garde à ton pied, quand tu entres dans la maison de Dieu et pourquoi ? Justement, parce que dans cette maison t’est offert le seul moyen de salut : la consolation la plus remplie de félicité, le bien suprême, l’amitié de Dieu, sa grâce en Jésus-Christ. C’est pourquoi nous devons sans cesse inviter les hommes à venir pourà prier pour les autres comme pour nous, à demander que notre nous ne devons pas hésiter à crier aux hommes : pour l’amour de Dieu, prends garde surtout à employer dignement ce qui t’est offert : parce qu’il y a tout à gagner, il y a aussi tout à perdre. Faisen usage dans la foi ! Nulle assurance n’a la profondeur, la force et la félicité qu’offre la certitude de la foi. Mais l’assurance de la
de la félicité ; mais quand on la regarde sous son aspect purement aussi, elle est fausse, cette exhortation à venir à la maison de Dieu santes, captivantes ; car à un autre point de vue, il est terrible d’y
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moins chose que l’on acquiert sans plus. Elle est la bienheureuse assurance qui réside dans la crainte et le tremblement. Quand on
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bien se diriger, c’est pourquoi l’on n’y réussit que bien rarement les hommes ; facile encore de les faire reculer d’effroi ; mais, s’il est possible avec une irrésistible force de conviction, d’inviter les hommes à venir et, en même temps, avec une puissance d’effroi capable de faire trembler même le plus courageux et de crier : pliquent exactement les préceptes qu’il enseigne. Il lui est dit : concession dans la renonciation : utilise ce talent à gagner les hommes ; mais malheur à toi si tu les gagnes en omettant de parler de l’effroi ; mets donc en œuvre tout le talent qui t’est accordé, effrayer les hommes ; mais malheur à toi si tu ne l’utilises pas en profondeur pour les gagner à la vérité.
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1. Prends garde à ton pied, lorsque tu entres dans la maison de Dieu 21
41 3. Toutes choses concourent à notre bien quand nous aimons Dieu 61
5. Nous sommes maintenant plus près du salut que lorsque nous avons cru 101 6.
Heureux celui qui souffre l’insulte pour une bonne cause 113
7.
Il a été cru dans le monde
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