Pierre de la chapelle "Ta foi t'a sauvé"

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Ta foi t’a sauvé !

Pierre de la Chapelle


Chapitre 1 La Gorda Blanca «
Heureux
les
affligés
car
ils
seront
consolés
»
(Mt
5,5)
 
 
 «
La
Gorda
Blanca
».
C’est
le
surnom
de
Blanche,
l’ancienne
 prostituée
du
quartier
«
chaud
»
–
par
la
violence,
la
drogue
 et
la
prostitution
–
de
Bogota.
Elle
était
corpulente,
d’où
ce
 surnom
 de
 «
la
 Gorda
»,
 c’est‐à‐dire
 «
la
 Grosse
»,
 et
 manifestait
 un
 caractère
 assez
 fort.
 D’une
 vie
 émaillée
 de
 violences
 et
 de
 larmes,
 elle
 a
 été
 délivrée
 progressivement
 grâce
 à
 l’amour,
 la
 patience
 et
 l’action
 efficace
 de
 Nohora
 Cruz,
 une
 femme
 étonnante
 et
 admirable,
 donnée
 à
 Dieu.
 Cette
 dernière
 a
 créé
 une
 fondation
 –
 la
 «
Fundación
 Vida
 Nueva
»
 –
 qui
 accueille
 depuis
 vingt
 ans
 de
 nombreuses
 femmes
 prostituées
 (et
 leurs
 enfants
 en
 bas
 âge),
 et
 leur
 offre
 une
 véritable
 réhabilitation
 physique,
 morale
 et
 spirituelle,
 en
 plus
 de
 l’apprentissage
 d’une
 activité
 rémunératrice
(coiffure,
artisanat,
mode…).


En
 2001,
 j’ai
 rencontré
 Blanche
 pour
 la
 première
 fois
 à
 Bogota.
 Après
 avoir
 visité
 les
 installations
 de
 la
 Fondation,
 j’ai
 participé
 avec
 mon
 épouse
 à
 un
 temps
 de
 prière
 avec
 quelques
 femmes
 accueillies
 là.
 Au
 fil
 des
 années,
 Blanche
 était
 devenue
 le
 bras
 droit
 de
 Nohora.
 Cette
 prière
 «
communautaire
»
 m’a
 bouleversé
 car
 je
 n’avais
 jamais
 entendu
 quelqu’un
 parler
 à
 Jésus
 avec
 une
 telle
 humilité,
 une
telle
tendresse,
un
tel
amour.

 
 J’ai
revu
Blanche
et
Nohora
lors
de
rencontres
organisées
au
 Chili,
chaque
année
depuis
mars
2006,
avec
des
patrons,
des
 pauvres,
 des
 riches,
 des
 prostituées
 en
 réhabilitation,
 des
 prêtres,
 religieux
 et
 religieuses,
 des
 jeunes…
 Rencontres
 organisées
 pendant
 trois
 jours,
 autour
 d’un
 thème
 évangélique
développé
par
un
intervenant
extérieur.
À
cette
 occasion,
Blanche
et
deux
autres
femmes
colombiennes
ont
 raconté
 au
 micro
 comment
 elles
 étaient
 entrées
 dans
 la
 prostitution
 et
 les
 souffrances
 qu’elles
 y
 avaient
 endurées,
 puis
comment
elles
en
étaient
sorties
après
des
années.
J’ai
 été,
 là
 encore,
 bouleversé.
 D’ailleurs,
 beaucoup
 de
 personnes
 présentes
 (surtout
 des
 hommes)
 avaient
 des
 larmes
 dans
 les
 yeux
 en
 les
 écoutant
 et
 sont
 venues
 spontanément
 leur
 demander
 pardon
 au
 nom
 de
 tous
 les
 hommes
qui
les
avaient
avilies
et
violentées.

 
 Sans
doute,
en
France,
beaucoup
de
prostituées
pourraient
 témoigner
 comme
 elles.
 Comment
 nos
 sociétés,
 qui
 se
 disent
 modernes,
 peuvent‐elles
 tolérer
 de
 telles
 humiliations,
un
tel
mépris
et
une
telle
violence
?

 
 Après
 avoir
 donné
 leur
 témoignage,
 ces
 femmes
 m’ont
 demandé
 de
 prier
 pour
 elles,
 l’une
 après
 l’autre.
 Avec
 une
 30

Ta foi t’a sauvé !


amie
 qui
 a
 un
 charisme
 similaire
 au
 mien,
 nous
 avons
 commencé
à
prier
devant
la
Croix
de
Jésus
et
nous
les
avons
 invitées
 à
 nommer
 puis
 bénir
 toutes
 les
 personnes
 qui
 leur
 ont
fait
du
mal.
La
liste
était
impressionnante
!

 
 Nous
avons
prié
ensuite
afin
que
notre
Père
céleste,
dans
la
 présence
aimante
de
Son
Fils
et
la
puissance
de
Son
Esprit,
 leur
apporte
Sa
paix
et
Sa
miséricorde.
Ce
temps
a
été
long
 et
douloureux,
il
leur
a
permis
de
retrouver
une
grande
paix
 intérieure,
 signe
 de
 guérison
 dans
 leur
 chemin
 de
 réhabilitation.

 
 Pendant
 le
 carême
 2011,
 souffrant
 de
 sa
 corpulence,
 Blanche
 a
 voulu
 se
 faire
 opérer
 de
 l’intestin
 afin
 de
 perdre
 du
poids,
mais
l’opération
s’est
révélée
d’autant
plus
risquée
 que
 l’on
 a
 retrouvé
 une
 balle,
 restée
 en
 elle,
 souvenir
 des
 bagarres
passées.
Et
elle
est
décédée.

 
 Dans
son
hommage
posthume,
Nohora
a
alors
écrit
au
nom
 de
 la
 Fondation
 Vida
 Nueva
:
 «
Nous
 sommes
 sûres
 que
 la
 Gorda
 est
 entrée
 triomphalement
 dans
 le
 Royaume
 des
 Cieux,
 sa
 conversion
 fut
 réelle
 et
 son
 témoignage
 motif
 de
 transformation
 pour
 tous
 ceux
 et
 celles
 qui
 ont
 eu
 l’opportunité
de
la
connaître.
Sa
mission
allait
beaucoup
plus
 loin
 que
 la
 simple
 récupération
 des
 femmes
 qui
 tristement
 ont
 dû
 exercer
 la
 prostitution,
 elle
 leur
 apportait
 le
 Salut
 dans
 le
 bonheur
 d’une
 vie
 éternelle,
 d’une
 vie
 nouvelle
 […]
 Par
 Sa
 Parole,
 Jésus
 nous
 permet,
 dans
 notre
 actualité
 quotidienne,
 […]
 de
 comprendre
 ce
 qu’Il
 veut
 dire
 lorsqu’Il
 nous
 annonce
 que
 les
 prostituées
 et
 les
 publicains
 nous
 précéderont
 dans
 le
 Royaume
 des
 Cieux,
 à
 condition
 qu’ils
 acceptent
 de
 se
 convertir.
 Ce
 passage
 est
 la
 vie
 dans
 notre
 La Gorda Blanca

31


communauté
 et
 l’espérance
 avec
 laquelle
 les
 femmes
 accueillies
 avancent
 vers
 une
 Vie
 Nouvelle.
 Elles
 se
 reconnaissent
 aimées
 par
 Lui
 qui
 peut
 tout
 et
 retrouvent
 ainsi
leur
dignité
de
Filles
de
Dieu
et
Sœurs
de
Celui
qui
nous
 donne
la
vie.
Ainsi
nous
avons
célébré
la
Pâque
de
la
Gorda
 Blanca.
»
 
 La
Gorda
Blanca
a
été
délivrée
par
Jésus
de
plusieurs
 «
démons
»
 –
 drogue,
 violences
 de
 toutes
 sortes,
 prostitution…
–
à
l’exemple
de
Marie
de
Magdala.
Elle
 a
 rencontré
 puis
 expérimenté
 l’amour
 infini
 de
 Jésus,
 cet
amour
qui
accueille
et
écoute
d’abord,
sans
juger
 ni
 condamner,
 puis
 qui
 pardonne.
 Alors
 Blanche
 a
 découvert,
 par
 Jésus,
 sa
 dignité
 et
 sa
 beauté,
 et
 s’est
 vue
 capable
 d’aimer,
 puis
 d’aider
 d’autres
 femmes
 à
 sortir
 de
 leurs
 propres
 «
démons
».
 Jésus
 l’a
 guérie,
 sauvée
 puis
 mise
 en
 route
 afin
 de
 sauver
 d’autres
 femmes
!
Quel
chemin
d’espérance
pour
les
hommes
et
 les
 femmes
 d’aujourd’hui,
 souffrant
 d’addictions
 de
 toutes
 sortes
 et
 qui
 se
 voient
 enfermés
 dans
 les
 ténèbres
 jusqu’à
 la
 fin
 de
 leur
 existence
!
 Mais
 Jésus
 est
 là,
 présent
 en
 eux,
 et
 se
 montre
 par
 de
 petits
 signes,
 des
 rencontres
 par
 exemple.
 Il
 leur
 suffit
 de
 lever
 les
 yeux
 vers
 «
la
 Lumière
»
 pour
 connaître
 le
 chemin
du
Salut.

 
 Marie
de
Magdala
est
cette
femme
dont
l’Évangile
de
 Luc
dit
que
d’elle
«
sont
sortis
sept
démons
»
(Lc
8,
2).
 Elle
vient
de
Magdala,
lieu
d’un
campement
de
soldats
 romains.
Elle
y
est
connue
comme
Marie,
la
prostituée
 du
 camp
 romain.
 Dès
 qu’elle
 rencontre
 Jésus,
 elle
 est
 bouleversée,
Le
suit
et
Le
sert
avec
humilité
et
amour
 au
point
de
Lui
oindre
les
pieds
de
ses
larmes
et
d’un
 32

Ta foi t’a sauvé !


parfum
 de
 grand
 prix,
 puis
 de
 les
 essuyer
 avec
 ses
 cheveux
 (Jn
 12).
 La
 maison
 s’emplit
 alors
 de
 l’odeur
 forte
 du
 nard.
 Ce
 geste
 peut
 paraître
 excessif
 et
 déraisonnable,
 mais
 c’est
 un
 geste
 de
 pur
 amour.
 Il
 provoque
la
critique
de
Judas
et
des
disciples
(Mt
25),
 puis
 l’éloge
 de
 Jésus
 (Lc
 7,
 36­50)
 qui
 termine
 Son
 apostrophe
publique
en
disant
à
Marie
:
«
Tes
péchés
 te
sont
remis
»,
puis
«
Ta
foi
t’a
sauvée
;
va
en
paix
».
 Dans
ce
passage,
Jésus
parle
de
«
Salut
».
Un
mot
qui
 revient
souvent
au
fil
de
ce
livre.
Il
annonce
même
(Mt
 26,
 13)
 que
 la
 démarche
 de
 Marie
 «
sera
 proclamée
 dans
 le
 monde
 entier
»,
 la
 confirmant
 et
 la
 bénissant
 ainsi
 dans
 sa
 beauté,
 son
 amour
 et
 sa
 dignité
 de
 femme.

 
 On
 retrouve
 Marie
 de
 Magdala
 au
 Golgotha.
 Elle
 est
 au
 pied
 de
 la
 Croix
 avec
 la
 Mère
 de
 Jésus.
 Dans
 les
 premières
 lueurs
 de
 la
 Résurrection,
 elle
 vient,
 seule,
 devant
 le
 tombeau.
 Désespérée,
 elle
 cherche
 le
 corps
 de
 Jésus.
 Marie
 cherche
 Jésus
 mais
 c’est
 Lui
 qui
 la
 trouve
;
Il
se
révèle
à
elle
en
l’appelant
par
son
nom
:
 «
Marie
»,
la
pardonnée
et
l’aimée.
Elle
s’écrie
alors
de
 tout
 l’amour
 de
 son
 être
:
 «
Rabbouni
»,
 c’est­à­dire
 Maître.

 
 Comme
 elle,
 ne
 cherchons‐nous
 pas
 Jésus
 sans
 cesse
 où
 Il
 n’est
 pas,
 idéalement
 dans
 notre
 immédiateté
 ou
 dans
 une
 représentation
d’il
y
a
deux
mille
ans
?
Alors
qu’Il
est
là,
en
 nous
 et
 à
 côté
 de
 nous,
 dans
 la
 banalité
 de
 notre
 vie
 quotidienne.
 Il
 nous
 aime
 et
 nous
 pardonne,
 comme
 Il
 a
 aimé
et
pardonné
à
la
«
Gorda
Blanca
».
Souvent
je
me
suis
 demandé
 pourquoi
 Jésus
 m’a
 appelé
 à
 ce
 ministère,
 alors
 La Gorda Blanca

33


que
j’approchais
la
soixantaine
et
après
un
passé
qui
est
loin
 d’être
 exemplaire
!
 Alors
 j’ai
 pu
 goûter
 l’extrême
 compassion
 de
 Dieu
 qui
 ne
 choisit
 pas
 en
 fonction
 des
 mérites
mais
en
fonction
de
notre
docilité
à
son
amour.

Chaque
 année,
 durant
 mon
 séjour
 au
 Chili,
 je
 vais
 à
 Valparaiso
visiter
des
prostituées,
accueillies
dans
un
Centre
 de
réhabilitation
assez
discret
afin
d’éviter
le
chantage
et
les
 représailles
possibles
de
proxénètes.
Ce
Centre
est
dirigé
par
 une
 religieuse,
 sœur
 Patricia
 Beltran,
 dite
 «
Patty
».
 Détruit
 lors
 du
 tremblement
 de
 terre
 de
 février
 2010,
 il
 a
 été
 reconstruit.
 Elle
 a
 alors
 tenu
 à
 ce
 que,
 dans
 la
 nouvelle
 chapelle,
 Jésus
 ne
 soit
 pas
 montré
 crucifié,
 mais
 ressuscité,
 c’est‐à‐dire
 sans
 la
 Croix.
 Patty
 m’en
 a
 donné
 la
 raison
:
 «
Ces
 femmes
 souffrent
 déjà
 assez,
 alors
 montrons‐leur
 un
 Christ
ressuscité
».

 
 Quelques‐unes
 d’entre
 elles
 ont
 été
 invitées
 aux
 rassemblements
 cités
 plus
 haut
 et
 je
 les
 ai
 vues
 participer
 activement
à
toutes
les
activités
proposées.
Certaines
m’ont
 demandé
de
prier
pour
elles,
ce
que
j’ai
fait
avec
l’aide
de
la
 sœur
 Patty,
 et
 puis,
 j’ai
 continué
 de
 façon
 plus
 large
 en
 allant
dans
leur
Centre.
Je
suis
arrivé
dans
une
salle
où
nous
 attendaient
 une
 vingtaine
 de
 femmes.
 Chacune
 s’est
 présentée
 brièvement
 puis
 nous
 avons
 prié.
 J’avoue
 que
 je
 me
 suis
 senti
 bien
 pauvre
 et
 démuni
 en
 écoutant
 ces
 femmes
 et
 j’ai
 beaucoup
 demandé
 à
 l’Esprit
 Saint
 de
 me
 conduire.

 34

Ta foi t’a sauvé !


Je
 me
 souviens
 en
 particulier
 de
 trois
 d’entre
 elles
:
 la
 première,
Clara,
désirait
sortir
de
son
addiction
à
la
drogue
;
 nous
 avons
 longuement
 prié
 ensemble
 devant
 la
 Croix
 de
 Jésus.
Elle
a
abandonné
la
drogue
pendant
six
mois
avant
de
 rechuter
;
 je
 ne
 l’ai
 jamais
 revue.
 La
 seconde,
 Josefina,
 m’a
 demandé
 de
 prier
 afin
 d’être
 libérée
 de
 ses
 doutes
 et
 surtout
 du
 dégoût
 d’elle‐même
 qui
 imprégnait
 sa
 peau.
 La
 troisième,
 Maria,
 était
 encore
 prostituée
 et
 souffrait
 de
 honte
et
de
mépris
d’elle‐même
au
point
de
se
haïr
et
de
se
 voir
irrécupérable.
Que
sont‐elles
devenues
?
Je
ne
sais.

 
 Lors
du
temps
de
prière
vécu
ensemble
dans
la
chapelle
du
 Centre,
 devant
 le
 Christ
 ressuscité,
 j’ai
 évoqué
 le
 fait
 de
 nommer
devant
Jésus
les
personnes
qui
leur
ont
fait
ou
qui
 leur
 font
 encore
 du
 mal.
 Je
 savais
 que
 j’abordais
 là
 un
 domaine
très
douloureux
de
leur
vie,
je
leur
ai
parlé
alors
de
 la
prière
du
«
Notre
Père
»
(Lc
11,
3)
dans
laquelle
Jésus
nous
 invite
 à
 demander
 le
 pardon
 de
 notre
 Père
 «
comme
 nous
 pardonnons
 à
 ceux
 qui
 nous
 ont
 fait
 du
 mal
».
 Elles
 ne
 pouvaient
 pas
 les
 nommer
 à
 haute
 voix,
 alors
 nous
 avons
 pris
 un
 temps
 de
 silence,
 elles
 les
 ont
 nommés
 dans
 leur
 cœur
 et,
 avec
 la
 sœur
 Patty,
 j’ai
 dit
 une
 prière
 pour
 ces
 personnes.
Quand
je
les
ai
quittées,
elles
m’ont
demandé
de
 continuer
à
prier
pour
elles,
ce
que
je
fais
au
même
titre
que
 toutes
les
personnes
citées
dans
ce
livre.

 
 Ce
 témoignage
 nous
 fait
 toucher
 de
 nouveau
 à
 l’amour
infini
de
Jésus.
Il
ne
pose
aucune
condition
ni
 préalable
pour
aimer.
Il
aime
d’abord…
et
d’abord
les
 pauvres
 de
 notre
 société
 actuelle,
 les
 méprisés
 de
 notre
regard,
les
rejetés
de
notre
morale
et
les
exclus
 du
progrès.

 La Gorda Blanca

35


En
 regardant
 et
 en
 écoutant
 ces
 femmes,
 j’avais
 l’impression
d’assister
à
la
rencontre
entre
Jésus
et
la
 femme
adultère
(Jn
8).
On
ne
sait
même
pas
son
nom,
 simplement
 que,
 méprisée
 par
 les
 scribes
 et
 les
 Pharisiens,
 elle
 est
 «
jetée
»
 aux
 pieds
 de
 Jésus.
 Quel
 contraste
 étonnant
 entre
 elle,
 transie
 de
 honte
 et
 de
 peur,
 et
 Jésus
 qui,
 calmement
 et
 silencieusement,
 se
 met
à
écrire
avec
un
doigt
sur
le
sol
!
Après
les
avoir
 écoutés,
 Il
 lève
 la
 tête
 et
 dit
 aux
 accusateurs
:
 «
Que
 celui
 d’entre
 vous
 qui
 est
 sans
 péché
 lui
 jette
 la
 première
 pierre
».
 Alors
 ceux­ci
 partent
 discrètement
 l’un
 après
 l’autre,
 en
 commençant
 par
 les
 plus
 âgés
!
 La
Tradition
voulait
en
effet
que
ce
soit
le
plus
âgé
qui
 jette
 la
 première
 pierre.
 Et
 Jésus
 dit
:
 «
Femme,
 où
 sont­ils
?
 Personne
 ne
 t’a
 condamnée
?
 Moi
 non
 plus,
 Je
ne
te
condamne
pas.
Va,
désormais
ne
pèche
plus
».
 Jésus
 ne
 juge
 pas
 la
 Gorda
 Blanca,
 Clara,
 Josefina,
 Maria,
et
tant
d’autres
!
Comme
à
la
femme
adultère,
 Il
pardonne
d’abord,
Il
est
proche
d’elles,
Il
leur
révèle
 leur
 beauté
 intérieure
!
 Il
 vient
 les
 libérer,
 les
 sauver
 et
leur
apprendre
à
aimer
du
seul
véritable
amour.

36

De
 la
 même
 façon,
 dans
 la
 parabole
 du
 fils
 prodigue
 (Lc
 15,
 20),
 le
 Père
 attend
 son
 fils,
 parti
 dilapider
 sa
 part
 d’héritage
 dans
 une
 vie
 dissolue.
 Et,
 dit
 le
 récit,
 «
en
 le
 voyant
 revenir
 de
 loin,
 son
 Père
 se
 précipite,
 court
 se
 jeter
 à
 son
 cou
 et
 l’embrasse
 tendrement
».
 Comme
 vis­à­vis
 des
 femmes
 évoquées
 dans
 ce
 chapitre,
 il
 ne
 le
 juge
 pas
 et
 prépare
 une
 fête
 en
 disant
:
«
Mon
fils
que
voilà
était
mort
et
il
est
revenu
 à
la
vie
;
il
était
perdu
et
il
est
retrouvé
!
».
Ces
textes
 sont
 des
 hymnes
 magnifiques
 à
 la
 tendresse
 et
 à
 la
 compassion
de
Dieu.
Comment
nous
comportons­nous
 Ta foi t’a sauvé !


vis­à­vis
 de
 nos
 propres
 enfants,
 lorsqu’ils
 ne
 correspondent
 pas
 à
 ce
 que
 nous
 voudrions
 qu’ils
 soient
?

 
 
 
 
 En
 évoquant
 Nohora
 (dans
 le
 premier
 témoignage)
 et
 la
 sœur
Patty
(dans
le
second),
ces
femmes
qui
ont
donné
leur
 vie
pour
soulager
les
souffrances
des
méprisées
de
la
terre,
 je
 suis
 très
 touché
 par
 leur
 compassion,
 leur
 amour
 total,
 leur
 désintéressement,
 même
 si
 les
 deux
 restent
 assez
 exigeantes
avec
les
femmes
qu’elles
accueillent.

 
 Elles
me
renvoient
vers
le
témoignage
suivant2
:
incarcéré
à
 la
prison
de
Fresnes,
un
SDF,
âgé
d’environ
80
ans,
avait
été
 condamné
 à
 une
 lourde
 peine
 de
 prison
 pour
 le
 meurtre
 d’un
ami,
un
autre
SDF,
commis
en
pleine
ébriété.
Effondré
 par
cet
acte,
il
s’isolait,
se
murait
dans
un
silence
profond
–
 augmenté
 par
 une
 certaine
 surdité
 –
 et
 se
 négligeait
 totalement,
 au
 point
 d’être
 d’une
 saleté
 repoussante.
 Pour
 l’aider
à
se
remettre
debout,
l’administration
le
plaça
dans
la
 cellule
d’un
autre
détenu
(un
de
mes
amis)
dont
le
charisme
 de
compassion
était
connu.
Celui‐ci
l’accueillit
avec
douceur,
 lui
parla,
l’aida
à
se
déshabiller,
rangea
ses
vêtements
(plus
 tard,
 il
 les
 lava)
 puis,
 tout
 naturellement,
 il
 lui
 enleva
 ses
 chaussures
 et
 ses
 chaussettes.
 Découvrant
 de
 nombreuses
 plaies,
 il
 lui
 lava
 les
 pieds
 et
 lui
 coupa
 les
 ongles.
 Alors
 cet
 























































 2 
Cité
dans
mon
livre
«
Le
bonheur
est
avec
Dieu
»
 La Gorda Blanca

37


homme
 fondit
 en
 larmes
 et
 raconta
 toute
 son
 histoire,
 commençant
ainsi
une
lente
remontée…
 
 De
même,
dans
la
parabole
du
bon
Samaritain
(Lc
10,
 29­37),
 Jésus
 nous
 enseigne
 la
 compassion.
 Si
 j’actualisais
 ce
 texte
 aujourd’hui,
 je
 le
 raconterais
 ainsi
:
 un
 homme
 revient
 chez
 lui
 depuis
 la
 gare
 voisine
du
RER
;
il
est
agressé,
tombe
et
reste
couché
 par
 terre,
 sanguinolent.
 Des
 personnes
 passent,
 regardent
 sans
 s’arrêter,
 d’autres
 détournent
 la
 tête
 en
 passant.
 Seul
 s’arrête
 un
 étranger,
 qui
 parle
 au
 blessé,
le
relève
et
l’accompagne
dans
une
pharmacie,
 puis
 le
 ramène
 chez
 lui
 en
 prenant
 bien
 soin
 que
 quelqu’un
lui
donne
une
boisson
chaude
et
l’aide
à
se
 coucher.
 Le
 lendemain,
 il
 revient
 même
 prendre
 des
 nouvelles…
 Voilà
 comment
 se
 manifeste
 la
 compassion
de
Dieu.

 
 Ce
 témoignage
 de
 compassion
 gratuite
 nous
 renvoie
 vers
 notre
 vie
 quotidienne
:
 lorsque
 nous
 sommes
 témoins
d’agressions,
que
faisons­nous
?
Passons­nous
 notre
 chemin,
 détournons­nous
 le
 regard
 ou,
 au
 moins,
prions­nous
pour
la
victime
et
ses
agresseurs
?
 Sujet
 difficile
 mais
 concret
 de
 méditation.
 Plus
 simplement,
croisons­nous
le
regard
de
ceux
que
nous
 rencontrons,
 ceux
 qui
 quémandent
 dans
 la
 rue
?
 Récemment,
 dans
 un
 couvent
 dominicain
 de
 New­ York,
 le
 responsable
 des
 novices
 a
 envoyé
 vingt
 d’entre
 eux
 traverser
 un
 quartier
 de
 la
 ville
 pour
 rejoindre
 un
 autre
 lieu.
 Sur
 le
 chemin,
 un
 acteur
 jouait
 le
 rôle
 d’un
 homme
 blessé,
 couché
 et
 demandant
 de
 l’aide.
 Un
 seul
 des
 novices
 s’est
 arrêté
 pour
proposer
de
l’aide
à
cet
homme
!

 38

Ta foi t’a sauvé !


Remarque
:
 chaque
 année
 depuis
 2007,
 je
 suis
 invité
 pendant
deux
semaines
au
Chili
et
j’y
prie
pour
des
malades
 (plusieurs
guérisons
relatées
dans
ce
livre
ont
eu
lieu
là‐bas).
 J’ai
vécu
en
Amérique
latine,
il
y
a
près
de
trente
ans,
mais
 j’ai
 bien
 oublié
 mon
 espagnol.
 De
 ce
 fait,
 lors
 de
 mon
 premier
 séjour,
 je
 comprenais
 difficilement
 les
 paroles
 des
 personnes
 pour
 qui
 je
 priais,
 d’autant
 que
 leur
 émotion
 rendait
parfois
la
conversation
peu
audible,
en
particulier
les
 femmes
 que
 je
 viens
 d’évoquer.
 De
 plus,
 je
 ressentais
 moi‐ même
beaucoup
de
difficulté
à
leur
traduire
de
façon
exacte
 les
paroles
que
je
recevais
(en
français
!)
pendant
ma
prière,
 et
il
s’est
avéré
très
difficile
de
demander
à
la
personne
qui
 priait
avec
moi
de
faire
une
traduction
simultanée.
Alors,
les
 années
 suivantes,
 avant
 et
 pendant
 mon
 séjour,
 j’ai
 demandé
 à
 l’Esprit
 Saint
 de
 me
 donner
 un
 charisme
 de
 traduction
 simultanée.
 Et
 bien,
 je
 peux
 attester
 qu’à
 ma
 grande
surprise,
je
l’ai
reçu
!

 
 N’est­ce
pas
une
illustration
de
la
Pentecôte
(Actes
2,
 1­13)
durant
laquelle
la
foule
présente
s’interroge
en
 écoutant
les
apôtres
?
«
La
multitude
se
rassembla
et
 fut
 confondue
:
 chacun
 les
 entendait
 parler
 en
 son
 propre
 idiome…
 “Nous
 les
 entendons
 publier
 dans
 notre
langue
les
merveilles
de
Dieu
!
”
»

La Gorda Blanca

39



Sommaire Préface....................................................................................................................................13
 Introduction........................................................................................................................17
 Chapitre 1 La Gorda Blanca...............................................................................29
 Chapitre 2 Béatrice................................................................................................... 41
 Chapitre 3 Isabella...................................................................................................... 51
 Chapitre 4 Rosine ......................................................................................................63
 Chapitre 5 Guillaume................................................................................................71
 Chapitre 6 Véronique............................................................................................ 79
 Chapitre 7 Marguerite............................................................................................85
 Chapitre 8 Marie-Agnès......................................................................................95
 Chapitre 9 Le peuple de Dieu en marche vers son Salut…99
 Chapitre 10 « Ta foi t’a sauvé(e) … »......................................................113
 Annexe – « L’effet placebo ».........................................................................119
 Du même auteur .........................................................................................................123



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