NEON22

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VOIR

RESSENTIR

CONNAÎTRE

Opinion r Rencontres

Société r Politique r Ouverture

Amour r Sexe r Psychologie

Job r Etudes r Quotidien

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Juste une question

Photo

Dossier

Travail

QUEL EST LE PROVERBE QUI TE DÉFINIT LE MIEUX ? Pour Fanny, c’est : « J’ai la motivation d’un poulpe. »

REGARD

CLIQUER ET S’AIMER

Oriane Bault, élève à ICART Photo, signe ce joli reflet.

Comment les nouvelles technologies changent nos relations amoureuses.

20 8 Interview

NEON BY THOMAS NGIJOL L’humoriste est persuadé que s’il devait arrêter de parler, il trouverait les gens cons.

Reportage

L’AUTRE COUPE DU MONDE Des Abkhazes, des Araméens, des Lapons… et au milieu, un ballon.

Mots fléchés

L’ARBRE À PALABRES Dois-tu faire la sieste ?

QUEL SUPPORTEUR ÊTES-VOUS ? Si tu es fan de Waka-Waka et des cuisses de Cristiano : tu es le « people ».

12 Rencontres

PETITES ANNONCES SINCÈRES NEON joue les entremetteurs pour Morgane, Paul-Emmanuel et Sébastien.

Pourquoi un pastis sous 35 °C vous rend fin schlass.

62 Psychologie

ACCIDENT GRAVE DE VOYAGEUR La routine d’un conducteur de train : freinage, annonces… et suicides.

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DANS QUEL PAYS VIVONS-NOUS ?

6 JOURS SANS PARLER

Quand Julien cuisine chez toi, c’est la carotte à l’air.

Héloïse l’a enfin bouclée. Tout le monde était content, sauf elle.

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34

Klaire fait grr

En bref

LA BICYCLETTE BLURP

DANS QUEL CORPS VIVONS-NOUS ?

32 En bref

Le Tour de France, côté cracra.

DANS QUEL MONDE VIVONS-NOUS ?

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Les Iraniennes lèvent le poing et tombent le voile.

Photocopier son boule au taf : drôle. Se faire griller par son chef : moins drôle.

60 En bref

28 Sport

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SE MARRER AU BOULOT (SANS SE FAIRE VIRER)

Expérience

78 Expérience

QUI VEUT DEVINER MON AVENIR ? Hmm, je vois, je vois… que vous vivrez dans un château avec des poneys. Et que vous allez perdre 200 euros. Merci.

82 Témoignage

LES HARKIS D’OBAMA A la chute de Saddam, ces Irakiens ont choisi de travailler pour les Américains. Traqués, ils ont trouvé refuge chez l’Oncle Sam.

Culture

LES SAVOIRS INUTILES En URSS, Julio Iglesias était considéré comme un chanteur néofasciste.

8 Pour la photo, Thomas Ngijol se tient à carreau. 4 _ NEON

36 Société

TOXICOS DES CHAMPS Une aiguille dans une botte de foin.

20 Ils sont forts en foot mais nuls en pyramide humaine.

66 « Hm hm, hmmm. hmmm. Hummm !!! » Hein ?

78 On joue à caf-caf ?


RESPIRER

LE RESTE

NEON

Tendances r Voyages r Sons

Tout r Etc.

sur les internets

88 Jeux

3 ÉDITO

LA PHOTO DE LECTEUR : AUDREY ET YOAN

A : chez Decathlon. B : dans NEON. C : avec Charlie.

4 SOMMAIRE

MAIS OÙ EST RIHANNA ?

94 Shopping

VOUS POUVEZ SURVEILLER NOS AFFAIRES ? Pour être à la page à la plage.

96 Culture

INSPIRATIONS Bouquin, musique, ciné… Quatre pages de coups de cœur à découvrir selon vos humeurs.

100 Voyage

BELGRADE MA VILLE

Vous êtes ici.

104 RADIO RÉDAC Qu’est-ce qu’on écoutait en bouclant ce numéro ?

106 WTF Hey poupée ! Tu me montres ton tatouage ?

102 ABONNEMENT VOTRE NEON CHEZ VOUS TOUS LES MOIS

Rakija, rakija, rakija. UNE DÉCLARATION

Envoyez une déclaration d’amour à qui vous voulez sur contact@neonmag.fr Home sweet home à Alex, notre aventurière des temps modernes. Ne sois pas trop triste d’être déjà de retour, on t’attend avec des câlins plein les bras. Et puis au moins, ici, plus besoin de galérer pour mettre la main sur ton NEON ! Tabernak !

SOYONS SÉRIEUX, RESTONS ALLUMÉS !

88 Lâchez les requins !

Marion et Pierrick devant l’objectif de Joanna Tarlet-Gauteur.

PHOTOS : JOHN WAXXX / EUROPACORP ; JULIEN PEBREL / MYOP ; YANN RABANIER ; SAMUEL ECKERT ; MAZACCIO & DROWILAL

A

Ta famille de sorciers A 1 461 jours à tes côtés, toujours plus enrichissants les uns que les autres. Toujours plus… Merci de m’avoir laissée entrer dans ta bulle.

A Voilà six ans que l’on se connaît. Nos chemins se sont croisés à Madrid, on s’est rendu compte qu’on était cousines et nées le même jour. Depuis, on a vécu de sacrées belles aventures ensemble et aujourd’hui je ne peux tout simplement plus me passer de toi ! Happy Birthday mon Clochon ! TQM.

Djoulie

ENVOYEZ VOS IMAGES À photos@neonmag.fr Rejoignez-nous sur : neonmag.fr

Babychette A

Chachou à panda roux, love you.

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Juste une question

« Quel est le proverbe

Maeva, 22 ans, Paris

« “Patience est mère de sûreté.” Parce que je suis impatiente, je veux tout, tout de suite. Il y a aussi : “Qui va lentement, va sûrement.” Exactement ce que je devrais suivre à la lettre, et que je ne fais pas. »

Juliette, 26 ans, Lille

« “Chassez le naturel, il revient au galop.” On me dit que j’ai une allure et des attitudes de mec, alors parfois je fais l’effort de mettre du vernis, ou une robe. Mais ça ne dure pas longtemps. » Lucile, 25 ans, et Romain, 27 ans, Angers

« On pense à un en particulier, qui décrit le contraire de ce que nous sommes, à savoir : “Ne jamais remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui.” On est les champions de la procrastination. Un jour, peut-être, on essaiera de suivre cette maxime. »

Charles, 25 ans, Les Lilas Pierre, 24 ans, Caen

« “S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème”, voilà un proverbe shadokéen pour aborder la vie de manière plus sereine. Pourquoi se prendre la tête ? »

« Le meilleur proverbe pour l’amateur de pêche que je suis, c’est évidemment : “Tout vient à point à qui sait attendre.” » Stéphane, 29 ans, Paris

« “Qui sème l’amour, récolte plus d’amour.” Oui oui, je sais bien que ce n’est pas un vrai proverbe, mais on a le droit d’inventer, non ? »

Julien, 35 ans, Périgueux

« J’aime inventer de faux proverbes. Par exemple, lors d’une soirée barbecue avec des amis – le genre de moment propice aux adages de circonstance –, je vais dire : “Première merguez pour le roi de la braise.” » 6 _ NEON

Caty, 69 ans, Estepona (Espagne)

Photos et propos recueillis par Simon Lambert/Kaïros

« “Chose promise, chose due.” Je le répète souvent à mes petits-enfants. C’est important qu’ils apprennent à tenir parole, et sachent se faire respecter. »


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qui te définit le mieux ? » Kao, 25 ans, Lens

Sarah, 27 ans, Grenoble

« Je vais m’arracher les cheveux et me ruiner en perruques, mais j’y arriverai. »

« Le gras, c’est la vie. »

Noémie, 21 ans, Paris

« Elle n’a pas inventé la machine à courber la banane. » Joanne, 43 ans, Livry-Gargan

« Le pessimiste voit un problème derrière chaque opportunité, l’optimiste voit une opportunité derrière chaque problème. » Claire, 26 ans, Rennes Aya, 24 ans, Casablanca

Emma, 33 ans, Casteljaloux

« Je suis une fille gentille et plutôt douce, mais il ne faut pas trop me titiller. Alors, à celles et ceux qui me cherchent, je leur dirais : “Il faut se méfier de l’eau qui dort.” »

« Comme j’ai suivi des études de littérature du Moyen Age, j’en choisirais un qui date de cette époque : “A chaque oiseau, son nid est beau.” J’aimerais que mon nid soit le plus douillet possible. »

« “C’est le camembert qui se fout du munster”, parce que j’aime le fromage et les rimes. » Céline, 29 ans, Paris

« “Etant donné que la Terre est ronde, on n’ira pas chier dans les coins.” Et c’est ma mamie qui le dit. »

Marie, 20 ans, Brioude. Thomas, 23 ans, et Robin, 22 ans, Aurillac Robin : « Tant qu’on n’est pas en retard, on est en avance. » Thomas : « C’est pas vraiment un

proverbe, on est d’accord, c’est plus une philosophie de vie. » Et Robin d’ajouter : « On n’est pas des gens pressés, nous, c’est même tout le contraire ! » Marie : « Je suis d’accord. »

Valou, 24 ans, Montpellier

« On s’en tamponne l’oreille avec une patte d’ours. » Bertrand, 28 ans, Toulouse

« Tu me prends pour un lapin de trois semaines. » Meije, 31 ans, Lyon

« “Attache ta tuque avec d’la broche.” C’est une expression québécoise qui veut dire “attache bien ton bonnet, les difficultés arrivent, et ça va décoiffer”. » Romain, 24 ans, Bayonne

« Le ridicule ne tue pas, il donne juste l’air con. » Fanny, 29 ans, Aix-en-Provence

« J’ai la motivation d’un poulpe. » David, 25 ans, Montréal

« On n’est pas venu là déguisé en feuille de chou pour se faire bouffer le cul par des lapins. » Stéphane, 35 ans, Monaco

« Il y a ceux qui connaissent la loi et ceux qui connaissent le juge. » Maé, 26 ans, Reilhac

« Tu es complètement à côté de tes couilles. » Marina, 42 ans, Marrakech

« J’ai une araignée au plafond ou un petit vélo dans la tête. » Claire, 26 ans, Ivry-sur-Seine

« Petit à petit, on devient moins petit. » Karine, 35 ans, Miramas

« Faut pas pousser mémé dans les orties, surtout quand elle n’a pas de culotte. » Bria, 24 ans, Paris

« “Il y a un temps pour tout” : proverbe qu’un SDF m’a soufflé dans l’oreille un jour où je me suis retrouvée seule assise dans une église en train de pleurer. »

EN PARTENARIAT AVEC

LA QUESTION DU PROCHAIN NUMÉRO

« QU’EST-CE QUI TE RÉVOLTE ? » Envoyez vos réponses à contact@neonmag.fr, sur neonmag ou @neon_mag NEON _ 7


RESPIRER

SP

IR AT ION

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IN

Thomas Cailley (réalisateur), Adèle Haenel (actrice) et Pierre Guyard (producteur), une partie de l’équipe des Combattants.

LES NOUVEAUX

COMBATTANTS DU CINÉMA FRANÇAIS

THOMAS, LE RÉALISATEUR ; ADÈLE, L’ACTRICE ; PIERRE, LE PRODUCTEUR. C’EST LE TRIO GAGNANT DU FILM « LES COMBATTANTS », COUP DE CŒUR CINÉ DE NEON CET ÉTÉ. UNE HISTOIRE QUI FAIT GRANDIR DE CHAQUE CÔTÉ DE L’ÉCRAN. 94 _ NEON


RESPIRER

Texte Mathias Chaillot. Photo Frédéric Stucin

DÉBUT 2011

T

ÉTÉ 2011 - ÉTÉ 2013 Salarié pendant des années dans une société de production, Pierre Guyard, 31 ans à l’époque, n’a jamais porté un film seul. Il cherche un projet. LE projet. Alors, quand au festival de Clermont-Ferrand il découvre un court métrage de Thomas, il se dit qu’il tient peut-être son homme. « J’ai été percuté par son ambition cinématographique. Il cumule un vrai ton décalé tout en étant très proche de ses personnages. Ça se fait très peu en France. » Il le contacte, une amitié naît. Six mois plus tard, Thomas dépose un scénario sur son bureau : l’histoire de Madeleine et Arnaud, devenue Les Combattants. « Ça a été une évidence. C’était plein de promesses et de champs à explorer », s’enthousiasme Pierre. Ils signent et se lancent « avec autant d’inexpérience que d’énergie ». Au moment de s’attaquer au casting, Thomas propose un nom : Adèle Haenel (meilleure actrice dans un second rôle aux derniers césars). Pierre a le même en tête. « J’avais l’impression de déjà la connaître, car il y a un

3. Le tournage

3 AOÛT – 17 SEPTEMBRE 2013 « J’ai grandi dans la région de Bordeaux, je connais bien les Landes, explique Thomas. C’est très plat, calme, et on ne voit jamais de ligne d’horizon. C’est ce que l’époque contemporaine nous répète, cette absence d’avenir, et c’est la situation de départ d’Arnaud. » Ce sera donc l’Aquitaine. Adèle et Kévin se retrouvent après plusieurs mois sans s’être croisés. Thomas voulait que la première, actrice professionnelle, ait un ascendant sur le second, plus jeune dans le métier. « Je voulais m’appuyer sur ce rapport naturellement déséquilibré. Et c’est ce qu’il s’est passé. » Pour les acteurs, les épreuves s’enchaînent. On fait nager Adèle avec des tuiles dans un sac à dos. « Au début, j’ai refusé, mais mon grand principe, c’est de

4. Cannes

17 MAI 2014 Le tapis rouge, les strass, le stress. « Trois jours sans sommeil », raconte Pierre. Le film est présenté à la Quinzaine des réalisateurs, personne n’a entendu parler d’eux. « Je suis resté dans la salle avec Thomas. Il m’a serré la main jusqu’au sang. On calculait toutes les respirations : “Il s’emmerde le mec à droite, non ? Ah, ça va, il se marre.” » La « douche émotionnelle », comme le décrit Thomas, passe en un éclair. « C’était tellement fort, j’ai vécu certaines émotions quinze jours après. » Pierre se souvient : « J’ai vu que ça prenait dès les premières scènes. » Générique de fin. Ouf de soulagement. Le lendemain, la Croisette s’emballe. Les images du film font la une de Libé. Ils raflent tous les prix de la Quinzaine. « C’est une mèche qui s’embrase. Tout d’un coup, tout le monde en parle. » Quand il regarde derrière lui, Pierre mesure le chemin parcouru en trois ans. « C’est un peu cette fameuse phrase : “Je ne pensais pas que c’était possible, donc on l’a fait.” Je me faisais croire à moi-même qu’on allait y arriver, alors qu’on ne savait absolument pas comment. On n’a pas appliqué de recette, simplement parce qu’on n’en avait pas. »

5. La sortie ÉTÉ 2014

« Ce film est un voyage, un récit d’apprentissage, conclut Thomas. Ça l’a été pour moi et une grosse partie de l’équipe, qui faisait son premier long. On a tous grandi en même temps que nos personnages. » Le 20 août dans les salles, vous pourrez suivre les aventures de ces nouveaux combattants du cinéma français. Nous, on y sera. Même s’il fait beau, même si tatie Lucette nous invite à la campagne, même si c’est la fin du monde. Parce que si on ne devait voir qu’un film cet été, ce serait celui-là. ◆ NEON _ 95

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2. La production

râler pour après, finalement, dire que ça va [rires]. » Ils font du feu dans la forêt, mangent des renards, pêchent au harpon, affrontent les éléments. Le tournage, « fou et fougueux », se remémore Adèle, se termine. « Tous ceux qui ont participé s’en souviendront longtemps », prédit-elle.

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ranquillement installé dans le canapé de son appartement de Montreuil, Thomas Cailley, 31 ans, regarde Man vs. Wild, l’émission où Bear Grylls met des coups de lattes à des pythons en mode survivaliste. L’étudiant en cinéma cherche justement une histoire pour son premier long métrage. Il a trouvé. « Ces émissions sont à la fois fascinantes et un peu dérisoires. Je voulais faire un film sur le sens qu’on donne à nos vies. Si on aborde ce sujet de manière frontale, c’est tout de suite lourd. Là, on voit un type se faire parachuter dans le désert et manger des couilles de yak. On se demande s’il a vraiment envie de mourir ou s’il cherche à vivre sa vie plus intensément. C’est ce qui est au centre du personnage de Madeleine. » Madeleine, ce sera son héroïne, une étudiante toute en nerfs, persuadée que la fin du monde est pour bientôt et décidée à s’y préparer. Sa trajectoire vient percuter celle d’Arnaud, garçon aussi tendre que paumé. Reste à trouver un producteur, de l’argent, un casting…

peu de sa nature dans le personnage, reconnaît Thomas. Elle a ce regard très puissant, très masculin et très féminin à la fois, insaisissable, et un corps qu’elle utilise de manière assez burlesque, gracieux et brut. » Ils la rencontrent, elle n’a pas encore lu le scénario mais leur parle de sa préparation au marathon de Berlin et finit de les convaincre. « Le projet était fort, assure Adèle, et c’était la promesse de s’amuser un peu : jouer à la baston, avec des lances, ça me plaisait. » Pour le rôle d’Arnaud, qui doit tomber éperdument amoureux d’elle, l’équipe entame trois mois de castings sauvages à la sortie des lycées. A chaque fois, c’est Kévin Azaïs, 22 ans, qui donne la réplique aux candidats. Un an et demi plus tôt, il était plombier chauffagiste et, pour l’instant, Thomas ne lui destine qu’un second rôle. Mais pendant ces essais, c’est la révélation. « On a vu des centaines de gamins, explique le réalisateur. Kévin les mettait à l’aise, et je me suis dit “en fait, c’est lui”. Il a la bonté, la candeur, la tendresse nécessaires, mais je ne l’avais pas perçu tout de suite. » Pour tester son duo, Thomas étale un matelas dans le jardin de la boîte de prod et regarde Adèle mettre une dérouillée à Kévin. Casting validé. Pendant ce temps, Pierre cherche les fonds et un distributeur. 2,5 millions d’euros et cinq versions du scénario plus tard, tout le monde est prêt.

IN

1. L’idée

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Thomas Ngijol est à l’affiche de Fastlife, son premier film en tant que réalisateur, qui sort le 16 juillet. Son retour sur scène est annoncé pour octobre au théâtre Déjazet à Paris avec un nouveau one-man-show.

8 _ NEON


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Interview sommaire

THOMAS NGIJOL « Si on fait un ratio, je pense qu’on dit 80 à 90 % de conneries » L’HUMORISTE DE 35 ANS FLIPPERAIT DE RENCONTRER QUELQU’UN VIA INTERNET ET EMMÈNERAIT UNIQUEMENT SA CARTE BLEUE S’IL ÉTAIT OBLIGÉ DE QUITTER LA FRANCE. IL DÉCORTIQUE AVEC NOUS LE SOMMAIRE DE NEON.

Propos recueillis par Armelle Camelin. Photo John Waxxx/EuropaCorp

NEON, magazine : Tu n’aurais pas besoin d’une petite sieste, toi ? (p. 10) Thomas Ngijol, acteur : Avant, ça ne m’arrivait jamais. Mais j’ai eu une petite fille il y a quelques jours, donc oui. Je ne dors pas assez la nuit. Félicitations ! Tu envoies beaucoup de messages à ta femme ? (p. 46) Attends, ça me fait penser à regarder mon portable. [Il répond à un SMS.] Elle vient d’avoir un petit bébé, tu comprends… On s’envoie beaucoup de textos, on s’appelle peu. La sonnerie, c’est relou. Je ne suis pas accro, mais je pense que je suis dépendant. Par contre, je n’ai jamais rencontré quelqu’un via internet. Ça me fait peur. Tu ne sais pas à qui tu parles. Faire venir la personne chez moi, plutôt crever. Mais bon, tant mieux si Meetic et Adopte Un Mec, ça marche bien. C’est comme L’amour est dans le pré, si ça aide des gens à être heureux, je m’incline. Tu es quel genre de supporteur de foot ? (p. 28) Je suis abonné à beIN Sports. Depuis tout jeune, je supporte l’équipe de France, celle du Cameroun et le PSG. Ce n’est pas l’arrivée des Qataris qui a fait de moi un Parisien. Avant, je regardais les matchs avec trop de passion. En 1998, je m’étais acheté une télé pour moi tout seul que j’avais mise dans ma chambre. Depuis, j’ai appris à me sociabiliser. Je suis passionné, je m’énerve, je me lève du canapé. En période de Coupe du monde, je suis très vite à fleur de peau, et je dis des mots qui dépassent ma pensée…

Du genre ? Je ne vais pas te les dire. Mais va regarder un match dans des cafés des quartiers populaires, tu comprendras que, si tu amènes un avocat défenseur de la Ligue des droits de l’homme là-bas, il aura cent procès à faire à la seconde. Tu serais capable de ne pas parler pendant six jours ? (p. 66) Oh là non ! Mais c’est un très bon challenge, ça pourrait me faire énormément de bien. Passé la panique du début, j’irais chercher d’autres ressources pour m’en sortir. Au bout de quatre jours, je serais peut-être zen. On parle tellement pour ne rien dire. Si on faisait un ratio, je dirais qu’on sort 80, voire 90 % de conneries. Ne plus parler, ça doit te plonger dans un truc où tu trouves les gens vachement cons. Ce qui me manquerait, ce sont les moments de connivence avec mes proches. Les conversations du genre : « Il m’est arrivé ça. — Noooon, il t’est arrivé ça ? Mais pourquoi ? — Et lui, il a fait ça. — Ooooh le con. » Les échanges les plus basiques en fait. Ce serait quoi tes premiers mots ? « Putain, ça m’a cassé les couilles ce truc ! » Une de nos journalistes est partie à la rencontre de toxicomanes dans les campagnes… (p. 36) Dans certaines provinces, la vie ne doit pas être facile. Je dis n’importe quoi mais, à choisir, j’aimerais mieux être toxico à Paris qu’au milieu de rien. L’éloignement, l’isolement, la

solitude… Là-bas, on est parfois si seul que ça donne l’impression que l’appel à l’aide est vain. Plus facile de tomber dedans, moins facile de s’en sortir. Qu’est-ce que tu emmènerais avec toi si demain tu étais obligé de quitter la France ? (p. 82) BeIN Sports et mon portable. Non, je déconne. Forcément, j’emmène ma famille, la question ne se pose même pas. Si je suis avec eux, je n’ai besoin de rien d’autre. A part mes souvenirs. Bon, j’emporterais une Carte Bleue pour les premières nuits, histoire de ne pas dormir dehors. Tu crois à la voyance ? (p. 78) Non. On ne m’a jamais prédit l’avenir et je ne ferai jamais en sorte que ça arrive. Je suis d’origine camerounaise. Beaucoup de choses sont liées à des croyances assez mystiques là-bas. J’ai du respect pour l’histoire de mes parents, de mes ancêtres, même si je suis très réaliste. En fait, depuis que j’ai vu, gamin, la diseuse de bonne aventure de James Bond dans Vivre et laisser mourir, ça me met assez mal à l’aise. Je ne donnerai jamais ma vie à des cartes. On dit qu’il faut faire de chaque jour le plus beau de sa vie. Je m’y efforce. Si quelqu’un m’avait annoncé que j’allais avoir une fille, j’aurais fait des yeux ronds et j’aurais répondu : « Oh non, un garçon s’il te plaît, qu’on puisse jouer au foot ! » Et si on m’avait prédit ce que j’allais ressentir, ça aurait tout cassé. Je préfère découvrir ce qui m’arrive en cours de route. ◆ NEON _ 9


J’aime bien ton profil

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RESSENTIR

CLIQUER ET S’AIMER TEXTOS, FACEBOOK, TINDER… LES NOUVELLES TECHNOLOGIES ONT RÉVOLUTIONNÉ NOS RELATIONS. ON S’AIME, ON SE RENCONTRE ET ON SE QUITTE PAR ÉCRANS INTERPOSÉS. POUR LE MEILLEUR ?

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[zhertva]

Victime Nelly, 28 ans, agent d’artistes « Désormais, la rue Institutskaya, ce sont les 100 mètres les plus horribles de toute l’Ukraine. De nombreuses personnes ont été tuées ici par des snipers. Pendant les attaques, on ne pouvait pas y rester. La voie a été rebaptisée “rue des cent bienheureux”. Les amis avec qui je me trouvais là en février étaient tous des gens lambda, pas armés pour se défendre. » 34 _ NEON


VOIR

UKRAINE/RUSSIE

LES MOTS DE LA PAIX CERTAINS TERMES SE DISENT DE LA MÊME MANIÈRE EN RUSSE ET EN UKRAINIEN, PARTAGÉS ENTRE DEUX PEUPLES COUSINS ET POURTANT ENNEMIS. NOUS LES AVONS RECUEILLIS AUPRÈS DES MANIFESTANTS DE MAÏDAN, EN MARS DERNIER.

Texte Aurélie Darbouret. Photos et propos recueillis par Jana Romanova

K

iev, capitale de l’Ukraine. Des manifestants pro-Union européenne, en colère contre la dérive du pouvoir et le revirement prorusse de leur président, investissent la place de l’Indépendance, au centre de la ville. A Maïdan (« la place » en ukrainien), les tentes se déploient. En quelques semaines, la tension monte. Début janvier 2014, les premières scènes de guerre civile éclatent, les flammes embrasent la cité. Les affrontements font plus de 80 morts et des centaines de blessés. Le 22 février, Viktor Ianoukovitch est destitué, mais les heurts, qui se déplacent à l’est du pays, sont loin d’être finis. Début mars, Jana Romanova, photographe russe de 29 ans basée à Saint-Pétersbourg, pose les pieds en Ukraine pour la première fois. « Je voulais comprendre ce qui se passait autrement qu’à travers le prisme déformant des médias, explique-t-elle. A Maïdan, j’ai beaucoup échangé avec les militants. Je les questionnais sur leur engagement. Ils me demandaient si je n’avais pas peur d’être seule ici et s’il était vrai que les Russes détestent les Ukrainiens, comme le prétend la télévision. Ils parlaient les deux langues et [yevro] passaient de l’une à l’autre sans s’en Euro rendre compte. J’ai réalisé qu’il y avait des mots ukrainiens que je comprenais Vitaly, 37 ans, alors que je ne connais pas cette lanmaçon « “Euro” est un mot qui gue. » La photographe décide alors de fonctionne très bien : ça créer un alphabet des mots partagés, s’écrit et se prononce comme un trait d’union entre deux de la même manière dans les deux langues. peuples voisins, rassemblés au sein de L’idée d’intégration l’Union soviétique jusqu’en 1991. européenne est à « Quand nous parlons de comprél’origine de Maïdan, c’était le point de hension, celle-ci démarre avec le landépart. Maintenant, gage, et le langage avec l’alphabet », exnous avons une idée plique Jana Romanova, qui a vu son différente. Laquelle ? C’est écrit à l’extérieur projet d’abécédaire commun enthoude la tente [sur des siasmer les occupants de Maïdan. posters et des stickers, La Russe propose aux activistes de ndlr], mais seulement en ukrainien… » choisir une lettre et de l’illustrer par

un mot identique dans les deux langues, « comme si nous étions en train de réaliser un livre pour enfants ». Derrière les bâches kaki qui ont été dressées sur la place, les militants de différents horizons se prêtent au jeu, ravis de troubler les longues journées de sit-in qui ont commencé, pour certains, au mois de novembre. « Pour eux, c’était important de participer, raconte Jana. C’était une manière de montrer que l’entente est possible. »

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CONNAÎTRE

LES SOIRÉES DE À 3 OU 300, POUR UN ANNIVERSAIRE, UN MARIAGE OU POUR UN CDI, TOUT EST PRÉTEXTE À FAIRE LA FÊTE. ENCORE FAUT-IL ÊTRE ATTENTIF À DEUX OU TROIS TRUCS. VOICI NOS CONSEILS. Textes Héloïse de Montety, Elodie Barakat, Armelle Camelin et Vincent Thobel.

JACOB KHRIST

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ssayez de vous rappeler de la dernière nuit passée avec vos amis les plus chers à vous raconter les histoires les plus invraisemblables et à enchaîner les défis les plus incongrus. C’était il y a trop longtemps ? On est d’accord. Nous ne faisons pas assez la fête, c’est indéniable. C’est vrai, le quotidien est stressant et harassant. Le travail, les transports, la cuisine, le ménage… Tous ces éléments ont trop souvent tendance à passer avant la fête. Et c’est mal. Chaque occasion, qu’il s’agisse d’une rupture, d’une prime, d’un anniversaire ou même d’un enterrement, devrait être une opportunité à saisir pour s’amuser. « Les rites de passage des sociétés traditionnelles ont aujourd’hui largement disparu. Et pourtant, ils sont toujours aussi nécessaires, détaille Pierre-Henri Tavoillot, philosophe. Ils ont été remplacés par la fête. Dans notre vie, nous avançons étape par étape. En nous amusant, nous les marquons, et nous avons plus de facilité à les passer quand nous sommes entourés des gens qu’on aime et qui nous aiment. » Une soirée en groupe, c’est un moment de pause. On reconfigure le disque dur. Certes, ça donne des cernes, nous fait perdre des matinées et nous expose à la gueule de bois. Mais ça nous rend surtout heureux. Il y a dans toute soirée réussie une part de hasard et de chance. Mais on peut mettre quelques trucs en place pour rendre une fête inoubliable. En commençant par y ajouter quelque chose d’inhabituel : par exemple, louer un ventriglisse, se retrouver sur une plage, confectionner un costume improbable, fabriquer sa bière soi-même. Sans oublier de se munir d’une super playlist. On y va ! La nuit est à nous. A vous. 60 _ NEON


NOS VIES

Pas de bonne teuf sans du bon son. DĂŠcouvrez nos playlists sur bit.ly/playlistneon

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CONNAÎTRE

LE DOCTEUR EST DANS LE PRÉ POUR PALLIER LE MANQUE DE GÉNÉRALISTES, COLINE, BASTIEN ET LAURENT ONT ACCEPTÉ D’EXERCER DANS DES DÉSERTS MÉDICAUX. À LA CAMPAGNE, ILS PRATIQUENT UNE MÉDECINE DE PROXIMITÉ. Texte Anaïs Coignac. Photos Théophile Trossat/Haytham Pictures

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Le docteur Coline Bataille, 30 ans, sort d’une consultation à Saint-Pompon, petit village de Dordogne. NEON _ 77


AT S

VI ST E EN

M A

NOTRE EXISTENCE DE FRANÇAIS MOYEN EST CALIBRÉE. À VOUS DE VOIR SI VOUS VOUS SITUEZ DANS LA MOYENNE.

I.

EN UNE JOURNÉE

Vous transpirez

50 centilitres

138

d’eau (soit l’équivalent d’une pinte)

VOUS MANGEZ

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Sources : Ministère de la Santé et des Sports/Observatoire du pain/Hadopi 2013/UNPS médiamétrie/Facebook/Ifop,Métro/Sacem/Insee/Arsep/Pernofy/Credoc/CHU Toulouse. 66 _ NEON


Vos reins filtrent

CONNAÎTRE

1500

Pendant que vous avez fait tout ça, votre chat a dormi les trois quarts de la journée

litres de sang. Suffisamment pour remplir une cabine téléphonique

DEVANT LA TÉLÉ

TOTAL T FAIT UN BÉNÉFICE NET DE 23 MILLIONS D’EUROS

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VOUS PASSEZ

27

FRANÇAIS SE SUICIDENT

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24 HEURES EN QUANTIFIED-SELF Calculer tous les paramètres du quotidien, c’est la nouvelle tendance chez les fanas de high-tech. 7 h. Le réveil sonne, mon cœur bat à 63 pulsations par minute (Cardiio). Je suis chonchon : moral 3 sur 10 sur MoodPanda. En me levant, je glisse l’iPhone dans mon slip jusqu’au frigo pour compter mes pas, même si ça manque cruellement d’élégance. Sur OptimizeMe, j’entre mon emploi du temps alors que Limitless de Chrome calcule le temps passé sur chaque site. 10 h. « Il est temps de calculer votre rythme cardiaque », me tanne mon iPhone. C’est moi qui décide, d’abord. Je viens de passer 9 % de ma matinée à sortir mon chien, 18 % à faire de l’administratif, 18 % à glandouiller, et 55 % devant internet. Je culpabilise. 10 h 40. Après avoir essayé de faire fonctionner ma 3G pendant 20 minutes, j’arrive à lancer Runtastic. Je cours 6,56 kilomètres en 36’19’’ à la vitesse moyenne de 10,8 km/h, un tee-shirt trempé, deux jolis yeux bleus croisés, 118 pulsations par minute. Je publie mes statistiques sur Facebook, je crois que mes potes s’en fichent. Ou ne me croient pas. Deuxième douche de la journée (je le note sur Daytum), puis direction le travail.

13 h. Une grosse patate rose me dit que je mange trop vite. C’est l’appli 80Bites (oui) qui comptabilise mes bouchées. Mon déjeuner (sandwich/Coca/yaourt) fait 292 calories. Je l’ai mangé en 20 minutes, mais je n’ai atteint que 50 % de mes besoins en fibres et 70 % pour les laitages. Je plonge dans le boulot, qui représentera 38,2 % de ma journée. 21 h. A l’heure du dîner, j’avale deux crêpes salées avant de foncer au cinéma. Bim, 440 calories dans la vue en 18 bouchées (REP A ÇA LA PATATE !). Je regarde mon film en 1 h 25 et rentre me coucher. Avant de me glisser dans mon lit, je check : j’ai fait 7 732 pas, soit 346 calories perdues en 1 h 23. Avec le jogging, j’ai brûlé au total 757 calories, contre 732 avalées. Yeah. Je vous épargne Condom Size pour mesurer la taille de mon sexe avec mon iPad et Spreadsheets, qui m’a permis de savoir si je m’en sers bien. Minuit. Je m’endors, mon iPhone posé à côté de ma tête pour calculer mon cycle de sommeil (Sleep Cycle). C’est pas jojo : je dors 6 h 26 avec seulement trois pics de sommeil profond. Sûrement parce que j’étais hanté par une question : combien de temps ai-je perdu à tout calculer ? M.C . NEON _ 67


RESPIRER

HAÏTI

ON ICE Arnaque sous les tropiques COMMENT UN SPECTACLE SUR GLACE, CENSÉ REDORER L’IMAGE D’UN PAYS RAVAGÉ PAR LE SÉISME DU 12 JANVIER 2010, S’EST TRANSFORMÉ EN GOUFFRE FINANCIER ET EN INCIDENT POLITIQUE.

84 _ NEON

27 avril. Le patineur Maxime-Billy, 26 ans, pose sur les vestiges d’un bâtiment détruit par le séisme. Le lendemain, il quittera le pays, fuyant un autre désastre : celui d’un spectacle de patinage auquel il devait participer.


NEON _ 85


12

Savana

4

Rives du Danube

DAN UBE

3 17

Quartier de Zemun

13

Lukas

ArkaBarka

9 6 Brankov Most

5

Quartier de Savamala Rue Kralja Milana 10

16

11

Quartier de Skadarlija

2 1 Place de la République Ljutic

Hostel Bridge

´ Krsmanovic´ Rue Brace

SAV E

15

Parc de Kalemegdan

7 Place Slavija

14

Cathédrale Saint-Sava

8

Bigz

UNE EXPRESSION

« Bre », vous l’entendrez partout, tout le temps. Mais ne cherchez pas : c’est un tic verbal qui veut à la fois tout et rien dire. UN CHIFFRE

(1) Stevana Sremca 5. (2) Place de la République. (3) Kalemegdan bb. (4) Rives du Danube. (5) Rue Brankova d’un côté, boulevard Mihajla Pupina de l’autre. (6) Rue Kralja Milana. (7) Place Slavija. (8) Krušedolska 2a. (9) Quartier de Skadarlija. (10) Quartier de Savamala. (11) Rue Bra e Krsmanovi . (12) Kej Oslobodjenja 2. (13) Uš e bb. (14) Bulevar vojvode Miši a 17. (15) Bulevar Nikole Tesle. (16) Svetozara Radi a 7. (17) Zemun. 100 _ NEON

Le 3, comme le nombre de bises pour se dire bonjour. UN SON

« Beograd je najlepsi grad » (Belgrade est la plus belle des villes), de Ðorde Marjanovi .


RESPIRER

ma ville AU CONFLUENT DE LA SAVE A ET DU DANUBE, LA CAPITA PIT LE DE LA SERBIE EST DEVENUE EN QUELQUES ANNÉES LA DESTINATION ATION À NE PAS LOUPER.

Y filer Par un vol direct depuis Paris avec Air France et Air Serbia et la compagnie low cost Wizz Air. A l’arrivée, évitez les taxis. Prenez la navette jusqu’à la gare des bus ou la place Slavija, d’où il sera facile de rejoindre l’hyper centre. Poser sa valise Si vous voulez faire dans l’original, passez la nuit sur le Danube au ArkaBarka (15), auberge en bois non loin du centre (15 € la nuit en dortoir, chambre double à partir de 36 €). Un peu moins cher (à partir de 25 € en chambre individuelle), l’Hostel Bridge (16), à quelques minutes de Savamala, le quartier où faire la fête. Surtout Visiter le quartier de Zemun (17), flâner dans ses ruelles, arpenter ses escaliers, et monter sur la colline pour admirer la vue. Manger La salade serbe (srprska salata) et un copieux plat de viande – n’essayez même pas de le finir seul. Si vous êtes amateur de poisson, rendez-vous à Zemun, le long du Danube, dans l’un des nombreux restaurants spécialisés.

quartier de Skadarlija (9). Sur la table, une bière serbe, Lav ou Jelen, accompagnée d’une rakija, l’eaude-vie locale. Il y a la traditionnelle, à la prune, et tout un tas d’autres parfums. Tant pis pour le cliché, mes préférences vont vers celles à la cerise (visnjevaca), à la noix (orahovaca) et au miel (medovaca), soit les rakijas sucrées : « celles des filles » plaisantent les Serbes. Pas question de s’attarder, direction Savamala (10), le nouveau quartier branché. Kafanas, bars ultra fancy et d’autres plus décontractés… la rue Bra e Krsmanovi (11) incarne un concentré de ce que la vie nocturne belgradoise a à offrir. Incapable de choisir, j’enchaîne les établissements depuis le bas de la rue, pour finir au plus près du pont. Je traverse ensuite la Save et rejoins l’un ou l’autre des nombreux splavovi, ces bateaux clubs installés sur la Save et le Danube, pour y danser jusqu’aux petites heures. Personnellement, je fuis le turbo folk local en me réfugiant au Savana (12), mais puisque danser sur cette musique fait aussi partie de l’expérience, je vous suggère de faire un détour par le Lukas (13). Autre incontournable, un peu plus loin du centre – on y va généralement en bus pour revenir en taxi – le Bigz (14). Un bloc massif de béton abritant une ancienne imprimerie yougoslave, c’est LE bâtiment underground de Belgrade. Mon conseil ? Perdez-vous dans ses longs couloirs recouverts de graffs, faites-vous peur dans ses ascenseurs et finissez par le dernier étage. On y trouve l’un des meilleurs clubs de jazz live, le ekaonica (ça veut dire salle d’attente). L’endroit idéal pour admirer l’une des plus belles vues sur la ville, avant de rejoindre le prochain bar. ◆

SOPHIE GUESNÉ 28 ans Spécialiste des routes balkaniques. S’amuse à jongler entre six cartes SIM et cinq devises.

DR

ILLUSTRATION MARGUERITE LECOINTRE

D

ès les premiers rayons de soleil, Belgrade se métamorphose. Le gris laisse place au vert des feuillages, et les terrasses reprennent leurs droits, partout. Sur les trottoirs, dans les impasses, au fond des cours. Mon rituel ? Lunettes teintées sur le nez, je fais le plein de vitamines C et D en sirotant une limonade (de l’eau et du citron) au plus adorable des cafés jardins, chez Ljutic (1), assise sur l’une de ses confortables balançoires pastel à un petit quart d’heure de la place de la République (2). Puis je rejoins les rails du tramway, que je longe jusqu’à la forteresse du parc de Kalemegdan (3), avant de rattraper les quais du Danube (4). Généralement, je marque un stop au niveau du Brankov Most (5), le plus vieux pont de Belgrade. De là, je bifurque vers le centre-ville et remonte la rue Kralja Milana (6) jusqu’à la place Slavija (7), où je m’arrête quelques minutes pour regarder le chaos fonctionnel où s’entremêlent voitures, bus, trolleybus et tramways. Puis je poursuis jusqu’à la cathédrale Saint-Sava (8) – « la plus grande d’Europe » selon les Serbes. Je rentre ensuite doucement chez moi, jamais par le même chemin, en arpentant les innombrables ruelles en sommeil derrière les artères imposantes. J’adore me perdre dans ce quartier. L’après-midi se termine ? Parfait ! J’ai le temps de faire une sieste, histoire de prendre des forces pour la longue nuit de fête qui m’attend. Car, sachez-le, les Serbes sortent tard, et longtemps. Je l’ai appris à mes dépens lors de ma première vraie nuit belgradoise, il y a deux ans. Après avoir attendu des heures, en trépignant, la confirmation de mon rendez-vous, j’avais renoncé à sortir et, dépitée, enfilé mon pyjama peu avant minuit. C’est à ce moment précis que mon téléphone a fini par sonner. Cette nuit-là, je ne suis rentrée chez moi qu’après le lever du soleil. Depuis, toutes mes soirées commencent de la même façon : dans l’une des kafanas, ou tavernes du

NEON _ 101


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