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Région

DIMANCHE 24 NOVEMBRE 2013 40

Assurance-maladie Les frontaliers suisses se mobilisent pour le maintien du droit d’option notamment une question préalable à la Commission européenne de Bruxelles sur les taux de cotisation. Pour financer les recours en justice, le président du CDTF a lancé un appel aux dons.

En annonçant des recours en justice, une manifestation de masse, des opérations politiques et médiatiques, le CDTF (Comité de défense des travailleurs frontaliers) du Haut-Rhin a fait monter la pression sur le gouvernement pour qu’il maintienne le droit d’option de l’assurance-maladie.

10 000 inscriptions pour une longue marche sur l’autoroute Pour appuyer la bataille juridique va, Jean-Luc Johaneck a fait approuver le principe d’une manifestation de masse et demandé aux 19 000 adhérents du CDTF de s’inscrire sur le site internet de l’association pour cette grande manif. Il a fixé la barre très haut : « Quand nous aurons atteint 10 000 inscriptions, nous prépare-

L’atmosphère était tendue vendredi soir dans la grande salle du Parc-Expo de Mulhouse, remplie par 4 000 travailleurs frontaliers travaillant en Suisse, venus de la région des Trois Frontières, du Sundgau et de toute l’agglomération mulhousienne pour défendre leur droit d’option, appelé communément libre choix, de l’assurance-maladie. C’était le thème majeur de l’assemblée générale du CDTF.

Adrien Dentz

Le SMS salvateur de Schillinger

« Ce n’est pas le seul régime d’exception » Ce régime spécial, dont l’expiration est programmée depuis 2001, bénéficie d’un – ultime ? – prolongement jusqu’au 1er juin 2015. À cette échéance les 169 000 frontaliers vivant dans les six départements limitrophes de la Suisse (dont près de 30 000 dans le Haut-Rhin), devraient adhérer à la sécurité sociale française et être soumis à un taux de cotisation de 8 % nettement supérieur à celui appliqué aux salariés français (0,75 %). C’est la principale raison de leur colère. Ils sont assurés actuellement à 95 % dans des caisses privées en France. « Nous avons une seule revendica-

rons une marche non violente, sans tambours ni trompettes ni bonnets rouges, sur l’autoroute A35 entre l’EuroAirport et la frontière suisse. » La suppression du droit d’option a été sortie de la loi de financement 2014 de la sécurité sociale et devrait faire l’objet d’un décret d’application dont la rédaction est en cours. Le président du CDTF, qui revendique 19 000 adhérents, a sonné la mobilisation générale, mais ce n’est pas encore l’heure de la révolte. Il espère toujours pouvoir convaincre le gouvernement de suspendre ce projet controversé, comme cela a été le cas de l’écotaxe en Bretagne.

Les frontaliers font monter la pression : Jean-Luc Johaneck, le président du Comité de défense des frontaliers du Haut-Rhin, a annoncé, vendredi soir, son plan d’action. Photos Thierry Gachon

tion, le maintien du droit d’option tel qu’il existe depuis 50 ans et qui fonctionne à la satisfaction générale », a martelé Jean-Luc Johaneck, le président du CDTF, particulièrement en verve vendredi soir. « Nous n’avons rien à gagner avec cette réforme, mais la France à beaucoup à perdre en supprimant le droit d’option à travers des mesures aberrantes sans fondement juridique », a-t-il lancé en évoquant un reflux massif possible vers l’assurance-maladie suisse. Cette réforme engagée par les gouvernements successifs « au

nom de l’équité » est présentée comme « inévitable », car le Conseil constitutionnel n’accepterait plus de régime d’exception. « Ce n’est pas le seul régime d’exception », a souligné le président du CDTF. « Marisol Touraine |NDLR : la ministre de la Santé] vient d’abroger par décret la suppression du régime minier de Lorraine. C’est aussi un régime d’exception », a-t-il souligné.

Une bataille juridique Jean-Luc Johaneck réclame que

les frontaliers, qui sont par définition des salariés travaillant à l’étranger, puissent adhérer la caisse des Français de l’étranger (CFE). C’est un régime spécial d’assurance-maladie particulièrement avantageux dont bénéficient 2,7 millions d’expatriés, mais dont les frontaliers sont exclus. « Nous allons déposer un recours devant la Cour européenne de justice, a-t-il annoncé. La voie juridique est le meilleur moyen de combattre une discrimination. » D’autres procédures sont programmées,

« Ne la sifflez pas ! », a demandé le président du CDTF en relevant le précieux appui de la sénatrice Patricia Schillinger (PS), la seule parlementaire haut-rhinoise de gauche, tiraillée entre la solidarité gouvernementale et le soutien aux frontaliers en tant qu’ancienne frontalière et femme de frontalier – tout comme la sénatrice Catherine Troendlé, également présente et très active défenseuse de cette cause. « Elle nous ouvre les portes à Paris », a indiqué Jean-Luc Johaneck en confiant que Patricia Schillinger avait « évité un big bang ». En septembre 2012, quand le gouvernement a voulu anticiper la fin du libre choix au 1er janvier 2013, elle a envoyé un SMS au président François Hollande pour l’avertir du chaos qu’entraînerait l’affiliation, du jour au lendemain, à la sécurité sociale de 169 000 frontaliers. Suite à ce SMS-SOS, le président a fait stopper ce projet

« La dimension sociale n’a pas été prise en compte », a déploré Jean Rottner, le maire UMP de Mulhouse qui, en tant que médecin urgentiste, a évoqué le « traumatisme » dans le milieu médical et hospitalier si les frontaliers devaient aller se soigner en Suisse. Charles Buttner, le président du conseil général du HautRhin, a soufflé un « vent de révolte » en parlant de « blessure », « d’insulte » et de « nouvelle attaque du pouvoir central contre notre territoire ». Plus mesuré, le député UDI Francis Hillmeyer a appelé les maires à signer des motions en faveur du régime des frontaliers. Le mot de la fin, sous forme d’avertissement au gouvernement, est revenu au député Jean-Luc Reitzer (UMP). « Vous avez la Bretagne [sous-entendu, sur le dos…], vous aurez bientôt aussi l’Alsace ! », a-t-il clamé en s’assurant ainsi une ovation de la foule des frontaliers.

Université Strasbourg mise sur ses « Alumni » pour rayonner L’Université de Strasbourg lance son réseau, les Alumni, pour faire rayonner son prestige à travers une communauté d’anciens et nouveaux étudiants. 2 400 Alumni ont déjà répondu à l’appel de ce système d’entraide et d’influence. Trois prix Nobel, le président de Tunisie et un secrétaire général du Quai d’Orsay ont un point commun. Lequel ? Ils sont passés par l’Université de Strasbourg (Unistra). Des parcours plus ou moins prestigieux comme ceuxlà, cette dernière en compte des centaines au fil de ses générations d’étudiants. La direction de l’Unistra veut désormais les mettre en avant à travers le réseau des Alumni – le nom latin désignant les anciens élèves d’un établisse-

ment. « Nous avons une base passive de 200 000 anciens dont 2 400 font déjà partie du réseau des Alumni », a indiqué le président Alain Beretz, qui est intervenu lors d’un débat vendredi soir, dans le cadre de des 1res Journées des Alumni. L’événement proposant conférences, débats et rendezvous festifs s’achève aujourd’hui. L’ambition d’une communauté internationale qui fonctionnerait à l’image des universités américaines comme Harvard est clairement affichée. L’inscription au réseau se fait en ligne via un site officiellement ouvert en janvier. Les diplômés, doctorants et personnels de l’université en activité, retraités ou de passage durant une partie de leur carrière au sein

des anciennes universités LouisPasteur, Marc-Bloch et RobertSchuman, sont tous de potentiels Alumni. Le nombre vertigineux de profils qui pourrait donner corps à ce réseau laisse rêveur. Avec des spécificités notables pour l’Unistra comme l’adhésion gratuite ou encore un système de parrainage très simple.

Choisir son parrain « C’est l’étudiant, le filleul, qui choisit son parrain en fonction de son profil professionnel et de son domaine d’expertise, précise Jean-Marc Jeltsch, vice-président de l’Unistra chargé du projet. Le parrain s’engage pendant quatre ou six mois à lui faire partager son réseau, ses conseils, avec des rendez-vous régu-

liers tous les deux mois. » Pour encourager les anciennes générations d’étudiants à s’inscrire au réseau de l’Unistra, condition essentielle pour son succès, des avantages sont proposés aux parrains. « Nous allons leur offrir des tarifs privilégiés pour les formations que nous proposons à l’Unistra, mais aussi des invitations à des événements particuliers », annonce Jean-Marc Jeltsch. Parmi les anciens qui étaient présents vendredi aux Journées des Alumni, l’utilité d’un tel réseau encore peu développé dans les universités françaises, contrairement aux grandes écoles, ne fait pas de doute. « La recommandation et le réseau sont importants, résume Morgane Hicard, ancien-

Les Journées des Alumni se sont ouvertes vendredi soir. J.-Marc Loos

ne étudiante de l’Unistra et consultante chargée du recrutement Grand Est pour Bull, spécialiste de l’informatique professionnelle. Ils instaurent un rapport de confiance, un partage de valeurs. »

L’Unistra s’est fixé un objectif de 47 000 Alumni à l’horizon 2017. Sailesh Gya FY ALLER Journées des Alumni aujourd’hui à l’Université de Strasbourg. Site : http://alumni.unistra.fr


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