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Région

MERCREDI 27 NOVEMBRE 2013 34

Biodiversité Alsace Nature pour le schéma régional de cohérence écologique Le schéma régional de cohérence écologique est indispensable, selon Alsace Nature, inquiète de voir de nombreux élus émettre un avis défavorable à cet outil de préservation de la biodiversité. « C’est un mauvais signal donné sur la nécessité de préserver la nature : les deux conseils généraux alsaciens ont émis un avis défavorable au SRCE, le schéma régional de cohérence écologique, alors qu’ils devraient prendre de la hauteur », estime Maurice Wintz, président régional d’Alsace Nature. « Ces élus estiment que c’est une contrainte et ne veulent pas d’outils pour préserver la biodiversité. Nous considérons que c’est un atout. » Ce schéma régional, qui consiste à relier les réservoirs de biodiver-

Le conseil général 68 préconise un schéma basé sur les Gerplans

L’Alsace a beaucoup perdu en biodiversité en raison des pratiques agricoles, de l’urbanisation et des infrastructures. Le schéma de cohérence écologique doit permettre de relier les réservoirs de biodiversité par des corridors faits de haies, bosquets, vergers, rivières… Photo Vanessa Meyer Wirckel

sité par des corridors de passage de la faune et de la flore, appelés aussi trame verte et bleue (L’Alsace du samedi 2 novembre) est né

FBalgau : défricher 50 ha de forêt pour du photovoltaïque Une société allemande envisage d’installer un grand parc photovoltaïque à Balgau, dans la zone industrielle et portuaire du grand canal d’Alsace de BNHG (Balgau-Nambsheim-HeiterenGeisswasser). Un projet qui nécessite de défricher 50 ha de forêt sur des terrains qui ont été classés « zone industrielle » il y a 30 ans. « Aujourd’hui, c’est encore une forêt. On ne peut plus continuer à aménager comme il y a 30 ans », estime Maurice Wintz, président d’Alsace Nature. Les élus locaux aimeraient exclure ces forêts des corridors écologiques du SRCE afin de « favoriser l’accueil de nouvelles entreprises ». Arracher des forêts pour installer du solaire n’est pas de la plus grande cohérence écologique tant que les toits et friches industrielles bien orientés ne sont pas équipés en photovoltaïque…

d’un consensus national lors du Grenelle de l’environnement.

« Il faut tenir bon » « Mais localement, des élus cherchent à tout détricoter », constate Maurice Wintz, qui demande à l’État et à la Région Alsace de « tenir bon et de mener la procédure jusqu’au bout ». Alsace Nature a aussi relevé des incohérences et des faiblesses dans ce schéma, « mais un corridor pourra prendre plusieurs formes. L’enquête publique permettra de faire des modifications et le plan d’action stratégique devra être affiné. Nous comptons sur la prochaine réunion du comité alsacien de la biodiversité pour en débattre franchement. » Cette fédération ainsi

que la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), le Gepma (Groupe d’étude et de protection des mammifères d’Alsace) et la fédération des chasseurs du BasRhin soulignent que ce schéma est le résultat d’innombrables réunions de travail entre tous les acteurs, dont les représentants des conseils généraux et de l’association des maires. « Nous aurions voulu un plan plus ambitieux, nous avons accepté des compromis. Ce schéma a une vision européenne, nationale et régionale. » Pour Maurice Wintz, préserver 215 000 ha de noyaux de biodiversité, soit 25 % de la surface de l’Alsace, « est un minimum » pour sortir du « modèle actuel prédateur de ressources naturelles. » Elisabeth Schulthess

Le conseil général du HautRhin a donné un avis défavorable au schéma régional de cohérence écologique. Explications du directeur de la communication du Département. Pourquoi le projet de SRCE, présenté par l’État et la Région Alsace, a-t-il été rejeté par le Département du HautRhin, qui s’honore d’être « un fervent défenseur des espaces naturels et des corridors biologiques » grâce à la mise en œuvre volontaire, depuis treize ans, des Plans de gestion de l’espace rural et périurbain (Gerplan) ? Pour des raisons politiques, des règlements de compte post-référendum, estiment certains observateurs (L’Alsace du 2 novembre). « Il n’en est absolument rien », répond Martial Reheisser, directeur de la communication du Département qui dément aussi que le président du conseil général ait appelé les communes à rejeter ce SRCE. « Dans son courrier adressé aux communes, le conseil général informait de son avis défavorable. Chaque conseil municipal est libre de son vote. » Soit. Mais dans ce courrier aux maires, Charles Buttner écrivait aussi : « Ce schéma obérera à coup sûr lourdement notre développement futur et particulièrement nos réserves de zones d’activités capables d’accueillir de grands industriels. » Et il ajoutait cette mention manuscrite : « Je compte sur vous pour qu’ensemble nous puissions éviter d’immobiliser encore davantage nos territoires, et irrémédiablement ! »

Concilier agriculture, nature et urbanisation est le but des Gerplans du Haut-Rhin. T. G.

Pour Charles Buttner, ce schéma doit être remis sur le métier. Il souhaite que sa première version « ne retienne que les espaces et corridors environnementaux reconnus et admis par tous et que l’on se donne le laps de temps de six ans avant la prochaine révision du schéma pour étudier dans le cadre des Gerplans les compléments qui pourraient être intégrés lors de cette future révision. » Il reproche « le manque de concertation locale » dans l’élaboration de ce schéma : « Nos propositions ont été écoutées mais pas entendues. » Il estime que sa réalisation coûtera 100 millions d’euros à la charge exclusive du Département : « Une somme considérable dans un contexte économique qui nécessite un recentrage de la collectivité sur la solidarité notamment. » Dans son avis d’octobre dernier, la Chambre régionale des comptes recommandait pourtant au Département « de développer la cohérence des Gerplans avec le SRCE ». E. S.

Énergie Un observatoire pour le bâtiment durable en Alsace

Environnement Le gaspillage d’eau chassé par VNF

Un centre de ressources va recenser les bonnes pratiques et collecter les besoins en formation des professionnels du bâtiment.

Chargée de garantir la navigation en Alsace, la direction territoriale de Strasbourg de Voies navigables de France (VNF) a aussi pour mission de protéger la ressource en eau. « Sans eau, pas de canaux. Sans canaux, pas de navigation », a rappelé hier Guy Rouas, directeur territorial de VNF Strasbourg à ses collaborateurs réunis à Rixheim pour la cérémonie de remise du renouvellement de la certification ISO 14 001. Établissement public de l’État depuis janvier dernier, VNF est chargé en Alsace, dans une partie de Franche-Comté et de Lorraine, de veiller au bon état de 490 km de voies navigables, dont 200 km de voies à grand gabarit. 450 personnes travaillent chaque jour à l’entretien des ouvrages et à la

L’Insa (Institut national des sciences appliquées) de Strasbourg, la seule école en France à former à la fois des ingénieurs et des architectes, a été choisi par le conseil régional d’Alsace et par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) pour « piloter, animer et gérer le centre de ressources energievie.info du bâtiment durable en Alsace », indique son directeur, Marc Renner. Il précisait, hier matin à Strasbourg, lors de la présentation de cet outil, que son établissement formait chaque année 210 étudiants dans le domaine du génie électrique et climatique et 200 en architecture.

Bâtiment : 43 % de l’énergie consommée Ce centre de ressources sera au service des industriels qui fabriquent les produits et des artisans qui les déploient. Objectifs : « Identifier les nouveaux besoins en matière de formation et diffuser les bonnes pratiques, pour servir d’observatoire de la rénovation BBC (bâtiment basse consommation) », détaille Monique Jung, vice-présidente du conseil régional. Elle souligne que le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur d’énergie : 43 % de la consommation totale en France.

Des pavillons BBC à Saint-Louis.

Le directeur de l’Ademe, Claude Livernaux, a rappelé que « pour que le client puisse bénéficier des aides publiques lors de la rénovation de son habitat, le professionnel qui intervient doit être Reconnu Garant de l’Environnement (RGE). 9 000 ont obtenu cette mention RGE au niveau national, dont 650 en Alsace », soit environ 10 % des entreprises du secteur du bâtiment de la région, qui figure donc dans le peloton de tête en France.

10 000 logements à rénover d’urgence On estime à 900 millions d’euros par an le marché de la rénovation, mais seulement 10 à 12 % de cette somme est dépensée dans l’amélioration de l’efficacité énergétique. En Alsace, pour un parc total de 750 000 logements, 10 000 sont à rénover d’urgence alors que le rythme actuel est de 1 000 rénovations par an. « 150 maisons individuelles ont été rénovées BBC en Alsace, ce qui en fait une région en pointe en la matière.

Archives Nicole Grentzinger

Les bailleurs sociaux font également partie du peloton de tête. Le parc privé est en train de démarrer car ce sont les propriétaires qui les financent mais les locataires qui en profitent, d’où la difficulté d’avoir une unanimité dans les syndicats de copropriété », expliquent les intervenants. Un regroupement d’architectes s’est mis en place en Alsace afin de proposer « une approche et une vision globales » de la problématique : « En plus des économies d’énergie, nous voudrions aussi améliorer l’usage et le cadre de vie qui apporteront le bien-être et valoriseront le patrimoine immobilier. » Claude Livernaux a détaillé une enquête réalisée auprès de 600 entreprises du bâtiment en Alsace sur leur niveau de connaissance des exigences des rénovations BBC : 81,3 % estiment que tous les corps de métier doivent être formés à ces nouvelles techniques. Alvezio Buonasorte

protection de l’eau, des berges, de la biodiversité. « Il nous importe d’optimiser la gestion de l’eau, en quantité et en qualité, pour assurer tout à la fois la navigation et le bon état écologique des rivières, le respect de la faune et de la flore aquatique. »

Consommer moins Dans la région, VNF s’est lancé en 2004 dans le « système de management environnemental », obtenant la certification ISO 14 001 pour la gestion de la ressource en eau pour l’alimentation du canal de la Marne au Rhin, entre Artzwiller et Strasbourg. La démarche a été étendue en 2008 au canal du Rhône au Rhin. Elle va l’être au canal de la Sarre. « Nous avons beaucoup amélioré la gestion de l’eau », assure le directeur. L’installation d’instruments

de mesure permet de suivre les débits, de repérer les fuites et les prélèvements sauvages d’industriels ou d’agriculteurs, de réparer et d’intervenir en cas d’urgence. Les agents de VNF traquent aussi les pollutions diffuses. « Il s’agit de faire un usage raisonné et partagé de l’eau, de consommer moins mais de créer de bonnes conditions pour la navigation sur les canaux à petit gabarit pour que les bateaux commerciaux y reviennent bientôt. » En Alsace, 15 % des transports de marchandises s’effectuent par la voie fluviale grâce au Rhin. VNF espère augmenter cette proportion dans les années à venir : « La voie d’eau est le seul axe de communication compatible avec les objectifs du Grenelle de l’environnement. » E. S.

Le canal à Niffer. « Il nous importe de faire comprendre la rareté de l’eau et d’optimiser son usage pour tout le monde », assure le directeur de Voies navigables de France. Archives Darek Szuster


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