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RACE THE FACE Sur la face nord du Hohberghorn
L’ É VO LU T I O N CONTINUE A PA R T I R D U 5 N O V E M B R E . | V I S I T E Z B U R T O N . C O M / S T E P O N P O U R P L U S D E D É TA I L S .
ÉDITORIAL
L’EXPÉRIENCE EST UNIQUE
MIKA MERIKANTO/RED BULL CONTENT POOL (COUVERTURE), MARIAN CHYTKA
Elle a eu lieu une fois, une seule. Et elle ne se reproduira plus. Notre reportage page 42 et le documentaire Race The Face (sur Red Bull TV) retracent les étapes et l’intensité de ce défi proprement fou : deux athlètes de classe m ondiale dans des disciplines différentes, le Suisse Jérémie Heitz et l ’Américain Daron Rahlves, se mesurent dans une d escente à ski sur glace, sur le versant nord du Hohberghorn. Pas moins de 50 degrés d’inclinaison, pour une course d’à peine 30 secondes…
Notre spécialiste motorsports Werner Jessner s’est rendu dans le désert marocain page 54 pour se glisser à côté de M. Stéphane Peterhansel. Là, il a compris ce qu’il en coûtait d’être le copilote d’un patron du rallye. Page 54, The Red Bulletin vous convie – c’est exceptionnel –
dans le cockpit, à la place du précieux mec à droite du pilote pendant le R allye Dakar. Accrochez-vous, ça secoue ! Aussi au menu, Lindsey Vonn la plus titrée, Jason Momoa le plus positif, Nicole Reist la plus affamée et nos photos les plus belles. Lisez plus ! Votre Rédaction
THE RED BULLETIN
CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS
GLORIA LIU
« Lui parler fut un enchantement, j’avais face à moi une femme très à l’aise dans sa peau, qui ne souffrait d’aucune forme d’inhibition. » C’est ce que nous raconte l’auteure basée à Boulder (Colorado, USA) à propos d’Uzumaki Cepeda, une artiste qui utilise de la fausse fourrure pour créer des espaces cosy et douillets, comme des havres de paix face au racisme auquel sont confrontées les personnes de couleur aux States. Page 16
MICHAEL MULLER
Le photographe américain Michael Muller s’est déplacé dans un centre équestre de Santa Ynez, en Californie, pour apprécier les talents de monteuse (à cheval) de la skieuse Lindsey Vonn. Muller, qui a shooté pour Vanity Fair, Esquire, ESPN (le magazine), Harper’s Bazaar et quelques projets de films Marvel, a déjà fait paraître un livre imposant sur les requins. Il vous montre la déesse du ski dans un contexte inattendu. Page 66
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SOMMAIRE janvier-février
REPORTAGES
2 0 I nstants magiques
Dans le ciel, sous terre, sous l’eau… Cette année encore, nous avons envoyé nos photographes partout sur la planète. Best of !
3 8 J ason Momoa
Si Aquaman, le superhéros le plus cool du moment, vous invite à l’apéro, c’est pour mieux vous éclater au sport le lendemain.
4 2 D escente à pic
Une course à ski verticale, avec Jérémie Heitz et Daron Rahlves.
50 P as de plan B
C’est en ne s’autorisant aucune alternative ni issue de secours que l’acteur latino Michael Peña s’est imposé à Hollywood.
5 4 M a virée en enfer
Werner Jessner, notre pro de l’auto-moto, s’est calé dans la MINI de Stéphane Peterhansel pour être son copilote .
6 6 U ne vie après
L’athlète US Lindsey Vonn pourrait bientôt être plus titrée que tous les skieurs et toutes les skieuses avant elle. Et après ?
76 N icole Reist ne dort jamais
Elle vit pour l’ultracyclisme, et fait frémir de peur ses concurrents.
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DIRECTION ASSISTÉE
On a presque tout dit sur le Dakar, alors il était temps de mettre à l’honneur ses copilotes, en se mettant à leur place…
MISE À L’EAU
Il aime lancer des haches, et dans Aquaman, dont il est à l’affiche, il est le boss du monde subaquatique. Jason Momoa, une baraque qui a la frite.
4
THE RED BULLETIN
BULLEVARD Un mode de vie hors du commun
6 Du wakeboard au Groenland,
le plus difficilement du monde
10 Quatre voix à suivre, selon MØ 11 Le flingue utilisé par Han Solo
dans Le retour du Jedi s’est vendu à 500 000 balles... 12 Le champion Loïc Bruni et ses potes de la DH aux trousses d’une meute de vététistes 14 À quoi pense le skieur Kevin Rolland à quatre ans des JO ? 16 Uzumaki Cepeda, conteuse visuelle et activiste en fausse fourrure 18 Cela fait 35 ans que l’on se prend des vestes avec Spyder
GUIDE
Voir. Avoir. Faire. 86 Voyage : l’Atlas à VTT 89 Red Bull TV : restez branché 90 Fitness : comme une envie
de cogner
91 Agenda : des events au top 92 Matos : mise à jour hi-tech 96 Ours : ils et elles font le TRB
MARIAN CHYTKA, KOURY ANGELO/CONTOUR BY GETTY IMAGES, MIKA MERIKANTO/RED BULL CONTENT POOL
98 Makes you fly : tricks en série
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RACE THE FACE
Deux fous de glisse se lancent dans une descente chronométrée à 50 ° unique au monde (docu à l’appui).
THE RED BULLETIN
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BULLEVARD S T Y L E
Des eaux à 0 °C, voire plus froides. Pas de quoi empêcher Nikita de rider les ressources locales comme un wake park naturel.
D E
V I E
H O R S
D U
C O M M U N
SERGEY SHAKUTO/RED BULL CONTENT POOL
U N
Nikita Martyanov
CHASSEZ LE NATUREL
Ce wakeboarder a eu l’inspiration de créer le plus cool des wake parks naturels. Il développe maintenant son idée à l’extrême, au Groenland...
N
ikita Martyanov est un as du wakeboard. À 28 ans, cet ancien champion d’Europe cumule treize titres nationaux dans son pays natal, la Russie, et une médaille de bronze aux championnats du monde. Pourtan, ce n’est pas ce qu’il avait imaginé. Enfant, son rêve était de devenir snowboardeur pro à Saint-Pétersbourg, mais les blessures ont changé le cours de sa carrière… ou
f açonné son destin. En septembre dernier, Martyanov combine les deux disciplines en emmenant son wakeboard au Groenland pour des séances de freeride dans les déserts de glace. Martyanov travaille depuis des années à un projet pour aménager des wake parks dans des espaces naturels. Il se rend au Kazakhstan où, en 2013, un tremblement de terre a transformé une forêt en lac. Dans ce wake park écolo 100 % naturel, 7
il part slalomer avec plaisir entre les arbres à moitié immergés et les troncs déracinés. Mais sur les glaciers du Groenland, les icebergs sont les seuls tremplins dont il dispose. Le glacier Jakobshavn est connu pour être le plus rapide au monde : il se déplace à une vitesse pouvant atteindre les 40 mètres par jour, drainant 6,5 % de la calotte glaciaire du Groenland, deuxième plus grande masse de glace au monde après l’Antarctique. Chaque année, il produit 46 km³ de glace (assez pour satisfaire la consommation annuelle d’eau des États-Unis) et 10 % des icebergs du Groenland, lesquels dérivent dans la baie de Disko. C’est là que Martyanov réinvente son wake park de glace. Pour ce projet, il utilise sa planche de wake régulière, une Liquid Force Drop, sans aucune modification et un Zodiac équipé d’un moteur hors-bord de 50 chevaux pour le tracter. « Ce n’est pas l’idéal mais on y a soudé une tour métallique, sans être sûr que ce bricolage fasse l’affaire, confie-t-il. Nous n’avions aucune idée de la consistance des icebergs, de leur mobilité ou s’il serait possible d’y accéder. » La réponse ne se fait pas attendre. 8
« UN PARK DONT LES ÉLÉMENTS BOUGENT SANS CESSE. » Nikita Martyanov
« Imaginez un park dont les éléments bougent sans cesse. Le rêve a priori, explique-t-il. Sauf qu’en réalisant un cercle, des aiguilles de glace remontaient à la surface. Les morceaux de glace pullulent, donnant à l’eau la consistance d’un smoothie. Les icebergs se retournent fréquemment, révélant une glace dangereusement lisse et imprévisible, j’opte alors pour des murs ayant une épaisse croûte de glace sur la neige. »
Le wakeboarder Nikita Martyanov se paie un mur de glace.
THE RED BULLETIN
SERGEY SHAKUTO/RED BULL CONTENT POOL
Le Russe pensait que rider des icebergs au Groenland serait fou. Faisable ? Il verrait bien.
Le paysage mouvant empêche Martyanov de planifier ses tricks avec précision comme il le ferait dans un park classique. « Il n’y a pas moyen d’y aller progressivement. Il faut tout jauger en un clin d’œil et réussir le trick en une ou deux tentatives », précise-t-il. Mais ce relief présente aussi des avantages uniques. « Certains icebergs se prêtent idéalement aux figures mais d’autres en entravent l’accès. Notre capitaine, qui a navigué toute sa vie sur le bateau qui nous transporte, décide alors de foncer à plein régime sur un iceberg pour déplacer un bloc de glace de la taille d’un terrain de foot à l’endroit voulu. » Parmi toutes ces inconnues, une chose reste inévitable : plonger dans une eau en dessous de zéro. Martyanov a revêtu la combinaison de surf la plus chaude possible, mais celle-ci se révèle inutile en cas de chute sur la glace. « Parfois, je repère un point d’atterrissage dégagé, mais en décollant, je m’aperçois que je vole droit vers un bloc de glace. Une chute de trois mètres de haut à pleine vitesse n’a rien de drôle. » Pratiquer le wakeboard dans cet environnement est difficile, prendre des photos l’est doublement. L’équipe de Martyanov s’y emploie deux fois par jour afin de capter la lumière particulière – à l’aube et au crépuscule. Il a également recruté des apnéistes, capables de résister aux températures sous-marines, pour les photos sous l’eau, mais la visibilité est trop mauvaise. « Notre rêve de rencontrer une baleine n’a pas été exaucé, hélas, et le froid a limité considérablement mon temps de glisse. » In fine, Martyanov gagne son pari : « Réinventer un wake park naturel et ouvrir la discipline à de nouveaux défis. Nous avons concrétisé le projet en un temps record, en freestyle, et bien au-delà de nos attentes. » Instagram : @nikitamartyanov
TOM GUISE
B U L L EVA R D
MØ
« UNE BONNE CHANSON NE SUFFIT PLUS »
Qu’est-ce qui définit une star ? La princesse de la pop danoise cite 4 chanteuses qui pourraient exploser en 2019.
B
ien que l’auteure-compositrice-interprète électro-pop danoise fasse parler d’elle depuis 2012, c’est la sortie en 2015 de son hymne house-pop Lean On (avec Major Lazer et DJ Snake) qui a mis MØ (alias Karen Marie Aagaard Ørsted Andersen) sous les feux des projecteurs avec 13 millions de copies vendues et l’une des chansons les plus streamées sur Spotify. Il lui aura fallu trois ans pour lui donner suite avec un album, Forever Neverland, paru en octobre dernier. MØ ne cesse de collaborer avec des producteurs de la relève. Elle a donc choisi quatre jeunes artistes qui risquent bien de voir leur carrière décoller en 2019. momomoyouth.com
SOLEIMA, BREATHE (2017) « Après avoir débuté dans un groupe de rap, Soleima s'est récemment imposée comme l'un des plus grands talents de la pop danoise. L’intimité qu’elle crée dans ses chansons avec sa voix et ses mélodies douces est incroyable. Son single Breathe donne envie de la découvrir davantage – ce qui, à mon avis, est une énorme qualité pour une artiste. »
KALI UCHIS, MIAMI (2018) « En 2019, pour être une pop star qui dure, une bonne chanson ne suffit plus. C’est pourquoi je trouve cette jeune Américaine si prometteuse. En plus d’être une excellente chanteuse, elle a déployé un véritable univers visuel autour d’elle. Tout ce que fait Kali est en cohérence avec sa vibe rétro authentique et unique, tant dans son style que dans son traitement musical. »
ALMA, DYE MY HAIR (2016)
« Avec trois albums à son actif, certains iront qu’elle a déjà percé, mais je pense d que cette Suédoise fera un tabac en 2019. Tout simplement parce que l’écriture de Tove est unique. Ses mélodies sont accrocheuses, et sa production minimale. C’est accessible et pourtant incomparable. Elle sait se démarquer dans cet océan de nouveaux morceaux qui paraissent sans cesse. »
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SONY MUSIC GERMANY
TOVE STYRKE, ON THE LOW (2018)
FLORIAN OBKIRCHER
« Elle compte Miley Cyrus et Charli XCX parmi ses fans. Cette chanteuse finlandaise fait déjà l’objet d’un grand battage, à juste titre. Son style et son attitude singuliers et audacieux (vêtements noirs et cheveux verts) contrastent avec sa musique pop et sa voix entraînante. C’est ce type de dichotomie qui procure à un artiste sa personnalité et le rend vraiment intéressant. »
B U L L EVA R D
Star Wars
LE FLINGUE CULTE DE HAN SOLO
Précis, fiable, il atteint toujours sa cible. Dans la g alaxie lointaine, très lointaine des films de Star Wars, le DL-44 Heavy Blaster était un objet très apprécié et recherché des militaires, des chasseurs de tête ou des têtes brûlées comme Han Solo. Ce Mauser C96 customisé fait sa première apparition dans Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir (1977) et devient un pistolet culte avec son viseur latéral et son canon de 14 cm. Le directeur artistique du Retour du Jedi, James L. Schoppe, a reçu ce modèle en cadeau à l’issue du tournage en 1983, et l’a f inalement revendu aux enchères pour… 550 000 dollars.
HENRY LEUTWYLER, GETTY IMAGES
Dans la ligne de mire du DL-44 Heavy Blaster de Han Solo (Harrison Ford) et de son inséparable Chewbacca.
THE RED BULLETIN
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PH CAMY
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SEBASTIAN MARKO/RED BULL CONTENT POOL
Un Français au cœur de la meute : la vidéo POV du Red Bull Foxhunt de Loïc Bruni (maillot blanc) est à voir sur redbull.com.
B U L L EVA R D
Loïc Bruni
COURS APRÈS MOI, CHAMPION
Parfois, le chasseur se trompe de gibier, et le vététiste y passe… Mais au Red Bull Foxhunt, dont l’édition 2018 s’est tenue en octobre à Rostrevor (Irlande du Nord), no stress : chacun rentre sur ses pattes. Le concept ? Une meute de pilotes VTT, 550 au total, parmi lesquels le Français Kilian Bron (arrivé second !), coursés tels des renards par trois riders pros : le Britannique Gee Atherton, l’Irlandais Greg Callaghan et le Français Loïc Bruni, triple champion du monde de VTT DH, et fan de l’idée. « C’est mon événement favori, dit le Niçois. C’est axé sur le fun plutôt que sur la course. Parfois, tu provoques même des accidents, mais les gens rigolent ! Ils sont là pour la passion et pour le ride. » Arrivé treizième, Loïc a refait le plein de fun.
B U L L EVA R D Icône du ski freestyle, il manque encore à Kevin Rolland l’or olympique.
dur… Pour me remettre de tout ça, je dois être en forme sur mes skis, et dans ma tête. C’est ce travail que j’entame en ce moment. Qu’est-ce qui vous y aide ? Je viens de faire une vidéo de ski, Oh My Ghost!, pas en halfpipe, là où l’on me voit en compétition d’habitude, mais en ski freestyle pur, avec des sauts de 30 mètres par-dessus des maisons. De l’artistique, une vraie pause qui m’a permis de tester mon corps. Vous faudra-t-il donc aussi enchaîner des étapes et projets hors compétition de ce type pour revenir au top ? Il va me falloir me concentrer sur l’instant présent, au moment où je le décide. C’est ça le plus dur pour un sportif de haut niveau. Seul l’instant présent compte, rien d’autre ne doit venir parasiter mon esprit. Je ne veux pas avoir deux choses en tête en même temps.
Les derniers JO d’hiver ont été rudes pour le skieur freestyle Kevin Rolland. Pour atteindre ceux de 2022, il n’y pense surtout pas et appréhende son futur au quotidien.
E
n février 2018, aux JO en Corée, le champion français de ski freestyle et acrobatique Kevin Rolland (en bronze à ceux de 2014, champion du monde et neuf fois médaillé aux X Games) arrive blessé. Compétiteur dans l’âme, il atteint pourtant les finales du halfpipe mais chute rudement sur son troisième run. Actuellement « en
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reconstruction », l’athlète soutenu par Smith Optics aborde l’échéance des prochains JO dans un mode court-termiste qui lui va bien. the red bulletin : La route sera longue jusqu’à la Chine et l’or olympique, le seul titre qui vous manque… Même si c’est loin, avez-vous déjà cet objectif fixé en tête ?
Quel sera dans ce cas votre tout prochain objectif ? Entamer ma saison en forme dans un premier temps. Ensuite, viendra le temps de se concentrer sur un podium aux X Games, puis sur les Championnats du monde de ski acrobatique, sur une première place mondiale, et ainsi de suite. Entamer la saison en forme, est-ce un challenge en soi ? Je suis arrivé aux JO blessé, incapable de mettre un pied devant l’autre, et j’en suis reparti cassé, mentalement et physiquement. C’était très
En quoi aller sous l’eau peut aider vos incroyables évolutions en ski ? Sous l’eau, quand je descends à 40 m, le temps est limité, on ne peut pas se projeter, on vit chaque seconde après l’autre. Dans le ski, être concentré sur l’instant présent n’est pas naturel, car on a trop de choses en tête. Une fois sur mes skis, cette apnée que je pratique peut donc m’aider à ne me concentrer que sur l’instant. Instagram : @kevin_rolland THE RED BULLETIN
PH CAMY
L’IMPORTANT, C’EST L’INSTANT
kevin rolland : Penser aux JO tous les jours serait une erreur. Au contraire, je ne pense qu’au jour le jour, à chaque objectif que je dois honorer d’ici là, l’un après l’autre. Je repars de zéro, je me reconstruis, je pense donc en termes de check points, par étapes.
LOUIS GARNIER
Kevin Rolland
Vous pratiquez l’apnée depuis quelques années. Estce qu’elle vous aide à recréer une bulle hermétique aux parasites lorsque vous êtes sur des skis ? En fait, j’ai commencé l’apnée parce que je me sens bien dans l’eau et parce que j’aime ça. Je pratique à Annecy, dans le lac, avec un champion du monde, Stéphane Tourreau. Et aussi à Monaco, avec Pierre Frolla, dont on ne compte plus les records. On a même déjà plongé en Guadeloupe tous les deux.
« JE REPARS DE ZÉRO… PAR CHECK POINTS, PAR ÉTAPES. » THE RED BULLETIN
Une affaire de famille : à 29 ans, Kevin est le cousin de la très jeune skieuse freestyle Tess Ledeux, dont la spécialité est le slopestyle.
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L
a carrière artistique de Uzumaki Cepeda débute grâce à un tableau raté. L’artiste dominicano-américaine essaie de percer depuis quelques années en expérimentant l’acrylique, l’aquarelle, la sculpture, la photographie et la céramique. Installée dans un loft qu’elle partage avec une dizaine d’autres artistes dans un quartier branché de Los Angeles, elle peint et revend des vêtements vintage sur le site Etsy pour gagner sa vie. Un jour, Uzumaki (née Julianna Cepeda) réalise une toile de 1,20×1,50 m. Le résultat ne lui plaît guère. Elle veut s’en débarrasser mais ne sait comment s’y prendre. La solution lui vient en chinant chez les grossistes de t issus de son quartier – son activité préférée pour tromper l’ennui. Uzu repère un échantillon de fausse fourrure bleu royal. Elle l’emporte chez elle, l’agrafe sur la toile et la montre à son petit ami. Le couple observe la toile recouverte de fourrure en fumant une cigarette. « Tu tiens là une idée en or », lui lance-t-il. Le lendemain, elle recouvre une table et ses chaises. Trois ans plus tard, les fourrures synthétiques et flashy d’Uzumaki, 23 ans, enveloppent toutes sortes d’objets : cuisinière, boucles d’oreilles, jantes de voitures. Son art et son image (elle est aussi mannequin) investissent les galeries d’art sous le patronage de marques comme Nike et UGG et les magazines comme Forbes et Glamour. Google et Vogue l’envoient en Europe, et son compte Instagram cumule
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UNE DOUCE RÉVOLUTION
Uzumaki Cepeda a fait de la fourrure un art et l’intègre à des espaces protégés dédiés aux minorités.
À travers ses installations en fausse fourrure, l’artiste revisite les souvenirs heureux et douloureux de son enfance.
47 000 abonnés. La relative notoriété de l’artiste afro- latine auprès du grand public est d’autant plus remarquable qu’elle crée aussi pour les exclus. En couvrant les objets du quotidien de fourrure et en ne photographiant que des sujets blacks ou métissés, son but est de procurer aux minorités discriminées, dont les femmes et la communauté LGBT, un cadre de vie empreint de douceur, de confort et de sécurité auquel ils n’ont pas accès. Uzumaki connaît bien ce sentiment. Alors qu’elle n’est encore qu’un bébé, son père est expulsé vers la République dominicaine, obligeant sa mère à élever seule Uzu et ses deux frères dans le Bronx. À huit ans, Uzu est victime d’un viol commis par un membre de sa famille (un homme que sa tante continuera à voir pendant des
années). « Petite, j’ai vécu beaucoup de galères, confie Uzumaki, des expériences qui m’ont privée d’enfance. Aujourd’hui, grâce à mes expériences artistiques je renoue avec l’enfant que j’étais, tout comme ceux que mon art inspire. » Son travail nourrit chez son public un sentiment d’innocence et d’imagination enfantine. Dans une installation, Uzumaki recrée une chambre d’ado recouverte de fourrure, avec une Nintendo et un téléphone hamburger. Dans un autre « espace protégé », elle sautille pieds nus parmi des échantillons de fourrure bariolés. Indigo Room, une installation plus émotionnelle, mettant en scène une femme
à la coupe afro hurlant dans un téléphone rouge – inspirée de l’enfance d’Uzu où elle essayait désespérément de joindre son père – inclut une touche cosy : un bébé noir, portant des couches de fourrure blanche, posé sur un tapis de fourrure jaune dont la douceur invite à y plonger les doigts. Uzu voit en son travail l’antidote du racisme et de la discrimination qu’elle observe. « Les Blacks et tous les gens de couleur en font constamment les frais dans le monde entier, explique-t-elle. D’un certain type en Amérique, le racisme prend en République dominicaine une tout autre forme, mais sa cible demeure la même. Les Dominicains d’antan étaient enfermés dans l’impérialisme blanc à leur insu. » Elle cite en exemple la haine de soi inconsciente au sein de sa famille afro-dominicaine, qui classe les cheveux très crépus en catégorie 4c, un mauvais cheveu, alors que le cheveu raide est un bon cheveu. « Le mal est profond », soupire-t-elle. Uzu pense que l’art a un rôle à jouer. « Je suis une jeune Dominicaine reconnue dans le monde de l’art. Il faut soutenir les artistes dominicains qui travaillent sur la santé mentale, contre le racisme, l’homophobie, la misogynie, des maux ancrés dans notre culture. » Lors d’une exposition, Uzu rencontre une jeune Dominicaine qui lui confie avoir pleuré en découvrant ses œuvres, véritables moteurs d’évolution de la communauté. À ceux qui aspirent à devenir des artistes activistes, elle s uggère de « surmonter le manque d’inspiration. J’ai exploré beaucoup de supports avant de trouver le mien. Renoncer n’est pas une option. J’ai claqué jusqu’à mon dernier sou pour acheter le matériel dont j’avais besoin, avant de toucher mon premier chèque. Il faut croire en soi. Je me suis toujours considérée comme artiste, même fauchée ». uzumaki.gallery THE RED BULLETIN
PAOLA CASTILLO, CRISTINE ARMOSILLA, REDGI WOODS
Uzumaki Cepeda
GLORIA LIU
B U L L EVA R D
« J’AI BEAUCOUP EXPLORÉ AVANT DE TROUVER MON SUPPORT. »
Uzumaki explique qu’elle est une conteuse visuelle.
B U L L EVA R D SPYDER PINNACLE (2018) Isolation PrimaLoft Gold, 60 g Tissus stretch nylon à 360 ° avec membrane GORE-TEX Doublure type laine avec membrane GORE-TEX Résistant et étanche sans PFC Système Recco de sauvetage en avalanche Système de ventilation de base avec fermeture à glissière étanche
SPYDER JACKET (1983) Garnissage Thinsulate CS-150 (l’isolation à la pointe à l’époque) Enveloppe extérieure : 65/35 % poly/coton Doublure 100 % coton velours côtelé 12 plis et col de 5 pouces Épaules élastiques en Spandex Insertion plissée au dos
Spyder
AU PINACLE
Trente-cinq ans séparent ces deux vestes de ski. Pourtant, les m odèles phares de la maison Spyder ont plus en commun qu’il n’y paraît.
Q
uand la veste Spyder originale voit le jour en 1983, la marque n’a alors que cinq ans d’existence. Basée au Colorado, la maison Spyder est le bébé du Canadien David L. Jacobs, champion de ski alpin en
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1957 et entraîneur de l’équipe nationale de ski de 1964 à 1967. À l’époque, Jacobs dirige sa petite entreprise depuis sa c uisine, mais pour cet homme habitué aux victoires qui se jouent au centième de seconde près, quarante années à améliorer
son savoir-faire valent une éternité. Aujourd’hui, Spyder est un leader mondial de vêtements de ski pro (fournisseur officiel des équipes américaines, canadiennes et jamaïcaines) avec à son actif deux décennies de titres olympiques et mondiaux. Aux Jeux de Turin en 2006, dix-sept médaillés sont équipés par Spyder. Mais le succès de la marque US ne se limite pas à la compétition. Il est aussi le plus grand équipementier haut de gamme de ski de loisirs, et sa nouvelle veste Pinnacle (à gauche) en est l’un des fleurons. spyder.com THE RED BULLETIN
TIM KENT
Fermeture éclair large YKK Delrin
WATCH NOW
RACE THE FACE JÉRÉMIE HEITZ VS. DARON RAHLVES DÈS LE 7 DÉCEMBRE 2018 SUR REDBULL.TV/RACETHEFACE
BEST OF T HE R E D B U L L E T I N
Instants magiques NOTRE RÉTROSPECTIVE DE 2018 EN DIX PHOTOS MARQUANTES Ils défient les lois de la gravité, rendent hommage aux colosses de la Nature, et montrent que l'on peut voir autrement qu'avec les yeux. Voici une sélection de dix clichés parus dans The Red Bulletin parmi les préférés de la rédaction. Texte WOLFGANG WIESER
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THE RED BULLETIN
La mort en multicolore PHOTOGRAPHE : ADAM FUJIOKA Butch Locsin se représente la mort sous les traits d’un homme bariolé. Adam Fujioka l’a immortalisé, coiffé d’un masque orange vif dans un nuage de fumigènes. Locsin, ancien coach de fitness basé à L.A., s’est reconverti dans l’art avec ce postulat : la Faucheuse ne porte pas forcément du noir pour faire peur.
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B EST OF T HE R E D B U L L E T I N
Ça plane pour lui PHOTOGRAPHE : MIKO LIM L’homme qui saute plus haut que son ombre s’appelle Carlin Isles. Âgé de 29 ans, l’Américain est l’un des meilleurs joueurs de rugby au monde. Miko Lim a fixé pour l’éternité cet instant d’apesanteur, résultat époustouflant d’un exercice dont on ne peut que sous-estimer la difficulté et la puissance.
BEST OF T HE R E D B U L L E T I N
Une planche de salut PHOTOGRAPHE : KONSTANTIN REYER Le surfeur allemand de big wave Sebastian Steudtner, 33 ans, en pleine action à Nazaré (Portugal). Konstantin Reyer a pris beaucoup de recul afin de documenter le défi que lance un simple mortel de 1,73 m et 76 kg à un colosse naturel de 25 mètres de haut et 500 000 tonnes.
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BEST OF T HE R E D B U L L E T I N
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Le come-back de l’année PHOTOGRAPHE : JOE PUGLIESE À fond dans le virage avec un combo vitesse, puissance et cran. Depuis sa chute en Californie, Ken Roczen a accédé au statut de tough guy. On salue l’ardeur avec laquelle l’Allemand de 24 ans a célébré son retour en motocross. Joe Pugliese est l’auteur de cette photo, tirée d’un reportage primé.
BEST OF T HE R E D B U L L E T I N
Le pouvoir du mental PHOTOGRAPHE : RICK GUEST Shauna Coxsey, 25 ans, s’accroche au mur du Climbing Hangar (Plymouth, UK). L’Anglaise, pour qui « la force du mental est plus importante que la force des bras », semble tenir le temps en suspens avec une grâce et une agilité enfantines. Exactement ce que Rick Guest a su saisir dans cette photo.
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B EST OF T HE R E D B U L L E T I N
Mad Max puissance mille PHOTOGRAPHE : JIM KRANTZ Cette image délirante a été prise par Jim Krantz pendant le Wasteland, un festival déjanté où les fans de Mad Max non moins déjantés (en costume de ferraille et au volant de machines de guerre improvisées) se réunissent dans le désert californien pour célébrer la fin du monde dans les règles de l’art.
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Séjour chez l'habitant PHOTOGRAPHE : FRANK SEGUIN Huit cétacés et un être humain évoluent dans cette immensité bleue comme dans un émouvant ballet. Pas un seul instant le doute ne germe dans l’esprit de l’apnéiste français Guillaume Néry. « Nous voulions aller à la rencontre des habitants des mers », explique Frank Seguin. Pari réussi.
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B EST OF T HE R E D B U L L E T I N
Funambule PHOTOGRAPHE : THOMAS SENF Il ne s’agit pas d’une ascension mais d’une danse sur slackline. L’homme qui tente cet exercice d’équilibre n’est autre que Stephan Siegrist. Le photographe qui l’accompagne, Thomas Senf, est parvenu à pérenniser le credo de son compatriote suisse : « J’ai besoin d’extrême pour survivre à la routine. »
BEST OF T HE R E D B U L L E T I N
Croire, c'est voir PHOTOGRAPHE : PAUL SAMUELS Ronald Dlamini, surnommé « Black Mamba », est le premier champion sud-africain noir de MMA (catégorie welter). Une méningite lui a fait perdre la vue. Paul Samuels choisit de mettre ses yeux en lumière car Dlamini ressent son environnement si intensément qu’il est capable de le (perce)voir.
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B EST OF T HE R E D B U L L E T I N
Sans filet PHOTOGRAPHE : TRISTAN SHU / ELINCHROM Le parachutiste français Guillaume Galvani tombe tête la première, d’une altitude de 2 000 m, au-dessus de la station balnéaire turque Ölüdeniz. La lumière du soleil couchant conjuguée à l'expression de détente de Galvani confère à cette composition de T ristan Shu une sérénité absolue.
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« Ma bonne humeur est épuisante » JASON MOMOA est un homme comblé et sa vie est un bonheur quotidien. Game of Thrones a fait de lui une star, et avec Aquaman, il intègre définitivement le club des superhéros. Un homme qui sait comment s’accomplir. Texte RÜDIGER STURM
the red bulletin : Dans Aquaman, vous incarnez l’héritier du royaume sous-marin de l’Atlantide et dans la vraie vie, vous êtes un grand fan des sports nautiques. Quelle est à ce jour votre plus grande aventure en mer ? jason momoa : J’ai failli me noyer un jour. C’était lors d’une virée en surf. La houle était très forte, je suis tombé à l’eau. Mes camarades ne parvenaient pas à me porter secours. Ce fut une expérience horrible. 38
Qu’avez-vous fait ? J’ai prié en implorant mes ancêtres, ma grand-mère, mon grand-père. J’ai fini par échouer sur un récif où j’ai pu prendre pied sur une surface stable. Ça m’a sauvé. En quoi cette expérience de mort imminente vous a-t-elle marqué ? J’éprouvais de grandes difficultés à respirer durant ce moment de panique. J’étais fumeur à l’époque, je n’ai plus touché à une cigarette depuis. Je veux vivre et être un bon père pour mes enfants (Momoa est marié à l’actrice Lisa Bonet et ils ont deux enfants, ndlr). Cette mésaventure a-t-elle affecté votre amour de l’océan ? J’ai surtout compris que l’océan est une école qu’il faut respecter. Il peut vous enchanter de sa beauté un temps et vous détruire l’instant suivant. Dans Aquaman, votre personnage hérite d’un royaume. À quoi reconnaît-on un bon souverain ? Un mélange de compassion, de force, de vulnérabilité et d’amour. Il faut savoir être désintéressé pour bien s’occuper des autres. THE RED BULLETIN
KOURY ANGELO/CONTOUR BY GETTY IMAGES
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ason Momoa n’a eu besoin que de dix épisodes de la série culte Game of Thrones pour devenir une star mondiale, bien qu’il y apparaisse dans un rôle secondaire. La prestation du géant de 1,93 mètre sous les traits de Khal Drogo, roi du peuple cavalier Dothraki, est si remarquée qu’elle lui ouvre en grand les portes d’Hollywood à sa disparition de la série en 2012. À présent, il rejoint le club des superhéros de DC Comics. Le 19 décembre, l’acteur de 39 ans assumera pour la première fois la tête d’affiche d’une superproduction dans Aquaman, du réalisateur australien James Wan. Au cours de cette interview, nous découvrons un Momoa à la vie aussi trépidante qu’un film d’action.
Photogénique, Momoa, 1,93 m, gagnait sa vie comme mannequin avant sa carrière au cinéma.
« Pour bien s’occuper des autres, il faut être désintéressé. » Le conseil de Momoa (ici en Aquaman) : chacun devrait se plonger une fois dans une autre culture.
Votre forme athlétique est indéniable. Pourtant, il fut un temps où vous donniez des interviews avec un pack de Guinness…. C’est de l’histoire ancienne. Je ne veux plus être un mauvais exemple. Cela dit, si vous en avez une sur vous… Le matin, c’est café ? Plutôt une course jusqu’au sommet d’une colline. J’adore torturer mes partenaires d’entraînement. Je les épuise avec ma bonne humeur. Je les fais boire autant que possible la veille pour qu’ils soient mal au réveil. J’ai aussi l’avantage d’être bien entraîné depuis des années. Ça doit être mon côté superhéros.
Possédez-vous toutes ces qualités ? Pas forcément, mais j’y travaille. La plupart des gens ne peuvent pas se regarder dans un miroir ni reconnaître leurs torts. Pourtant, c’est le seul moyen pour devenir quelqu’un de meilleur. Je m’attelle à être un bon souverain dans mon propre royaume. C’est-à-dire chez moi. Ma femme a bien sûr aussi son mot à dire. Sur Instagram, on vous voit toujours pratiquer une activité. Y a-t-il un sport dont vous ne p ourriez vous passer ? L’escalade. J’adore les mouvements fluides sur le mur. Et la sensation du corps suspendu aux mains. Pardonnez-moi, vous êtes bien bâti mais pas vraiment taillé pour l’agilité… C’est juste, mais je pratique l’escalade depuis longtemps. J’adore aussi le surf, le snowboard, le skateboard – bref, tout ce que me permet de tenir en équilibre sur une planche. 40
Trois activités peu banales avec lesquelles Jason Momoa enflamme les réseaux sociaux. LE LANCER DE HACHE
Planter une hache au centre d’une cible à 10 mètres de distance ? Pas de problème pour Momoa, comme le prouve une vidéo YouTube devenue virale en 2016.
COLLECTIONNER LES MOTOS
Si vous voulez faire plaisir à Momoa, offrez-lui une Harley. Il présente un aperçu de sa collection sur Instagram : chopper, cruisers ou encore une Vallkree e-bike pour les connaisseurs.
LE HAKA
Pour le casting de Game of Thrones, Momoa décroche le rôle en exécutant une danse guerrière maori (un mélange de martèlements et de hurlements). Des danses à retrouver sur YouTube.
Avant de connaître le succès en tant qu’acteur, vous vous êtes orienté vers des études de biologie marine.… Je suis un fan de nature. À l’origine, je voulais consacrer ma vie à la préservation et à la sauvegarde des océans. Et maintenant, vous jouez l’aspirant au trône d’Atlantis… Je voudrais réaliser tant de choses, dans ma carrière, dans ma vie d’artiste et de père. Je veux absolument sensibiliser mes semblables à la question de l’environnement. C’est pour cela que je suis actif au sein de l’organisation Water is Life. Quels sont ses objectifs ? Approvisionner en eau potable les populations qui n’y ont pas accès, nettoyer les océans, et réduire au maximum les déchets que nous produisons ainsi que l’utilisation du plastique.
Aquaman sort en salles le 19 décembre. Instagram : @prideofgypsies THE RED BULLETIN
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UN HOMME D’ACTION
On vous voit aussi très décontracté dans vos vidéos. Est-il vrai que, plus jeune, vous vous êtes rendu au Tibet ? Oui. Je suis né à Hawaï, j’ai grandi dans l’Iowa. Explorer le monde a toujours été un désir. À cette époque, j’avais déjà jeté les bases de ma vie. Je recherchais des éléments pour m’élever intérieurement.
Photo © stefcande.com
ANOTHER BEST DAY
SKIEZ SANS LIMITE
TEmplAR impAcTS
ExpERiENcE 88 Ti
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L’aventure est partout, sur les pistes parfaitement damées, sur une pente vierge à quelques encablures d’un télésiège, ou dans un champ de bosses bien engagé, soyez créatifs et n’ayez plus aucune limite ! La fusion des technologies inspirées de la course avec celles issues du freeride offre désormais une pratique moderne universelle: celle du Ski dans toute sa diversité.
DÉPART JUSTE SOUS LE SOMMET
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420 m de long, 320 m de dénivelé : le parcours de Race The Face était quasiment vertical.
DESCENTE À PIC
Deux Racers. Dix portes de slalom. Une pente à 120 %. Comment DARON RAHLVES et JÉRÉMIE HEITZ, lors de la course de ski la plus folle du monde, nous invitent à quitter notre zone de confort. Texte ALEX LISETZ
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quoi ressemblerait le meilleur skieur au monde ? Peut-être à un croisement entre Daron Rahlves et Jérémie Heitz. Daron, 45 ans et riche d’expérience, est champion du monde de super G et g agnant des X Games. Jérémie, 29 ans et au top de sa forme, est un pionnier du ski de pente raide et une icône du freeride. Ils se sont retrouvés dans le Valais pour un slalom géant de backcountry hors pair. Pour Race the Face, une course sur la paroi nord quasiment verticale du Hohberghorn qui culmine à 4 219 m, tous les deux ont dû sortir de leur bulle. Daron le Californien avait beau pouvoir puiser dans ses expériences de racer, il s’est retrouvé sur une paroi de glace pour la première fois de sa vie. Un défi, même pour des alpinistes armés de piolets et de crampons. Pour le Suisse, le terrain était plus familier. Or cette fois, il ne s’agissait pas du meilleur style, mais du meilleur temps sur un parcours qui ne pardonne pas. the red bulletin : Qui de vous deux est le plus fou : vous Jérémie, qui avez eu l’idée d’un slalom géant sur la paroi nord du Hohberghorn ? Ou bien vous, Daron, qui avez a ccepté le défi sans même connaître cette montagne ? jérémie heitz : Daron ! Je m’en rendais déjà compte quand je l’admirais à la télé, car il skiait sur un mode bien plus agressif que les autres. daron rahlves : Moi, je suis un gars tout à fait normal, mais ce que fait Jérémie, c’est ça que je trouve dingue. Je suis sa carrière depuis des années, il a un talent fou. 44
À PIED VERS LE SOMMET Jérémie Heitz (devant) et Daron Rahlves lors de l’ascension vers le sommet du Hohberghorn.
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LE PLEIN DE CARBURANT Le parcours de Race The Face avait une pente d’environ 50, voire même 55 degrés sur les passages les plus extrêmes. Pouvez-vous nous expliquer ce que cela représente ? dr : Peut-être en le comparant à la coupe du monde : la fameuse Mausefalle sur la descente du Hahnenkamm à Kitzbühel fait 40 degrés, sur quelques mètres de long. Jérémie, vous aviez déjà mentionné l’idée d’un slalom de steep ski dans votre film La Liste. Vous rêviez donc déjà de Race The Face ? jh : Non, cela fait bien plus longtemps. Ado, j’adorais lorsque nos entraîneurs nous emmenaient faire un cours dans la poudreuse pour s’amuser. Mon père est guide de montagne, c’est peut-être la raison pour laquelle j’ai toujours préféré le backcountry aux pistes préparées. Et pourquoi le Hohberghorn? jh : Cette paroi est impraticable tout l’hiver durant, car ce n’est que de la glace. Mais avec un peu de chance, il y a une fine couche de neige sur la glace au printemps, ce qui la rend plus stable que sur n’importe quel autre versant des environs. En plus, on a une vue de rêve sur le Cervin depuis la paroi nord. Cette chance de trouver de bonnes conditions sur place, vous l’avez eue finalement ? 46
dr : Lors de la première reconnaissance du parcours, je pouvais enlever les quelques centimètres de poudreuse sur la glace avec ma manche, comme sur le pare-brise d’une voiture. J’avais du mal à m’imaginer skier sur une telle surface, et encore moins d’y faire une course. Je me suis demandé dans quoi j’étais allé me fourrer… jh : Dans ces conditions, la paroi aurait effectivement été impraticable. Mais le lendemain, il y a eu un réchauffement puis une tempête de neige qui nous a apporté de la poudreuse toute fraîche. Nous savions que c’était notre chance. À quoi pensiez-vous la veille de la course, lorsque vous avez passé la nuit dans la même tente, par – 15 °C à 3 700 mètres d’altitude ? jh : J’étais content de voir les deux ans de préparation toucher à leur fin, et je me réjouissais que le grand jour arrive enfin, le lendemain. dr : J’ai un rituel avant les descentes difficiles. J’imagine le pire. Puis je réfléchis et je visualise comment éviter ou me sortir de cette situation. Quel était le plus grand danger d’après vous ? dr : La dernière des choses que tu aimerais qu’il t’arrive dans des condition extrêmes, c’est de perdre un ski. C’est la raison pour laquelle j’ai utilisé un nouveau prototype de fixation ultra-stable, et j’ai réglé le déclenchement en mode maximal. THE RED BULLETIN
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La veille de la course, Jérémie (à gauche) et Daron ont pris des forces : une fondue au fromage.
HÔTEL MILLE ÉTOILES L’un de vous a-t-il, à un moment donné, douté du bon sens de cette course sur une paroi verticale ? jh : Non, parce que c’est un rêve qui se réalise enfin... dr : … un des projets les plus géniaux de ma vie... jh : … et, en plus, aux côtés d’une de mes idoles absolues ! Le lendemain, impossible de faire marche arrière. Vous avez tous les deux dû faire quelques pas dans l’inconnu. Qu’est-ce qui a été le plus dur ? dr : Pour moi, la route vers le départ, la montée avec un piolet et des crampons, car je ne suis pas alpiniste. Une fois, j’ai glissé sur la glace et j’ai perdu mon crampon. Cela m’a beaucoup aidé d’avoir quelqu’un à mes côtés qui me donnait de l’assurance et en qui j’avais confiance. Sans Jérémie et son équipe, je ne serais jamais arrivé là-haut. jh : En ce qui me concerne, j’étais inquiet à la vue des portes de slalom. Sur une piste aussi difficile, on suit généralement son intuition, sa propre ligne. Mais là, je devais suivre un parcours précis.
dr : Oui et non. Lorsqu’on a un piolet sur le dos avec 50 degrés de pente, on préfère éviter de resté accroché à une porte. Alors je m’approchais moins que je ne le fais d’habitude. Cela m’a coûté quelques dixièmes, mais c’était plus raisonnable.
Les riders et leur team passent la nuit en pleine montagne pour profiter de meilleures conditions au réveil.
Jérémie, comment gardez-vous le contrôle en dehors de votre zone de confort ? jh : En ne donnant que 80 % et en n’allant pas jusqu’au bout dans mes virages. C’est la raison pour laquelle j’étais plus lent que d’habitude en freeride. Pas plus de 80 km/h. Où se trouve la limite entre le courage et la déraison ? jh : On la trouve quand ça tourne mal (rire général).
« L A DERNIÈRE DES CHOSES QUE TU AIMERAIS QU ’IL T’ARRIVE ICI : PERDRE UN SKI. » DA RON R A HLV ES
Les portes ne vous posaient probablement aucun problème, Daron ? THE RED BULLETIN
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« L A LIMITE ENTRE LE COURAGE ET L A DÉRAISON, ON L A TROUVE QUAND ÇA TOURNE MAL . » JÉRÉMIE HEITZ
PREMIER ET PREMIER À DEMI
Mais dans votre cas, cela peut vous coûter la vie ou la santé ! jh : C’est vrai. Mais nous sommes aussi des pros avec une bonne base de compétences et d’expérience. dr : On peut quitter sa zone de confort sans risquer sa vie. En fait, tout le monde devrait faire cela bien plus souvent. Pourquoi donc ? dr : Parce que c’est un moyen d’apprendre à se connaître soi-même. Et la connaissance de soi est la seule manière de savoir de quoi nous sommes réellement capables. Le backcountry est-il un moyen de trouver une formule pour oser prendre toutes sortes de risque ? Comme trouver les limites 48
cceptables entre terrain connu et danger a inconnu ? dr : Il n’existe pas de formule magique. Tout cela est une question de feeling. Plus tu as de l’expérience, plus ton intuition est fiable. jh : Pour moi, le plus important est toujours de m’entourer des bonnes personnes. Ceux qui me disent quand j’en fais trop. Ou qui me poussent à continuer lorsque j’ai des doutes. On quitte sa zone de confort en ayant le courage de surmonter ses peurs, mais aussi lorsqu’on fait plus d ’efforts que nécessaire : doit-on se torturer pour atteindre des buts hors du commun ou est-ce au contraire une preuve d’inefficacité ? jh : On ne peut obtenir que ce que l’on a i nvesti. Pour Race The Face, nous voulions passer la THE RED BULLETIN
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Temps gagnant : 26,44 secondes. Le vainqueur sera annoncé dans le film.
DIX PORTES Le tracé du parcours n’a pu être réalisé qu’à l’aide de cordes, de piolets et de crampons.
nuit en montagne, monter à pied. Nous n’avons jamais pensé à prendre l’hélicoptère. dr : Il y avait aussi une autre raison : nous sommes arrivés au départ bien échauffés. Et cela nous a permis d’analyser la situation pendant l’ascension. Nous n’étions plus très frais, mais de toute manière la course n’a duré que trente secondes. Mentalement, j’étais épuisé quandmême. Comment s’entraîner à quitter sa zone de confort au quotidien quand on n’a pas de montagne de 4 000 mètres près de chez soi ? jh : À petits pas. Chaque défi qui nous semble inaccessible nous intimide. Mais si nous portionnons ce défi en petites étapes que nous franchissons les unes après les autres, il devient réaliste et réalisable.
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Je soupçonne toute personne amenée à regarder la mort en face, jour après jour, d’être immunisée contre les facteurs d’angoisse que nous réserve la vie. Vous concernant, y a-t-il quelque chose qui puisse encore vous rendre nerveux au moment de redescendre dans la vallée ? jh : Je ne suis courageux que sur mes skis. Au quotidien, je suis un Suisse typique : prudent, affilié à une bonne sécurité sociale et une bonne complémentaire, propriétaire de sa maison. dr : C’est pareil pour moi. Dans deux semaines je présente Race The Face devant un groupe de managers. Je suis plus nerveux maintenant que lorsque nous nous apprêtions à faire la course.
Le résultat de la course est à voir dès le 7 décembre sur Red Bull TV. 49
L’acteur Michael Peña ne s’autorise pas d’options : « Dès qu’on s’ouvre à d’autres possibilités, la concentration diminue. »
PAS DE PLAN B Agent de la DEA dans la série Narcos: Mexico, MICHAEL PEÑA a toujours voulu réussir dans le monde de l’interprétation. Après sa participation à différents films d’Hollywood – dont certains nominés aux Oscars –, il pense y être parvenu grâce à une astuce simple autant qu’efficace : n’envisager aucune alternative. NETFLIX
Texte BENJAMÍN ACOSTA
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ils d’immigrés mexicains partis aux ÉtatsUnis pour trouver du travail dans le secteur agricole, Michael Peña a commencé très tôt à travailler dur pour parvenir au top. La passion dont il a fait preuve à ses débuts comme acteur était telle qu’il était prêt à jouer même sans rémunération. Une obstination qui finit par payer : remarqué lors de ses apparitions dans les films à succès Collision (de Paul Haggis, sorti en 2004) et Million Dollar Baby (réalisé par Clint Eastwood la même année), il attire très vite l’attention d’Oliver Stone et se met à enchaîner les blockbusters. On le retrouve cette année dans la série Narcos: Mexico sur Netflix, aux côtés de l’acteur mexicain Diego Luna. Peña nous explique comment ne pas dévier d’un objectif fixé, même lorsque la déception nous submerge : sa formule consiste tout simplement à ne pas disposer de seconde option. Il le résume de manière catégorique : « En termes de persévérance, il n’y a pas de plan B. » 52
Comment vous a-t-on proposé le personnage de Kiki Camarena ? J’ai rencontré Eric Newman (l’un des créateurs de la série Narcos, ndlr) il y a trois ans environ et il m’a parlé de ses projets pour cette saison. Quand j’ai compris qu’on pensait à moi pour jouer le rôle d’un policier, je n’étais pas plus emballé que ça, car c’est quelque chose qu’on m’a déjà proposé très souvent. Par contre, quand il m’a raconté tout le pitch de la série et a replacé le personnage dans son contexte, l’idée m’a enthousiasmé. Dès cet instant, je n’ai plus hésité à faire partie de l ’histoire. Comment vous êtes-vous préparé pour vous glisser dans la peau d’un homme qui a vraiment existé et qui a eu une mission très compliquée ? Sincèrement, ce n’est pas simple de composer avec cette réalité. J’ai discuté avec sa veuve, je l’ai interrogée sur les motivations qui animaient son mari, les raisons qui l’avaient poussé à faire ce qu’il a fait et à s’exposer à tant de risques. Elle m’a
dit que Kiki croyait en la justice et voulait apporter sa pierre à l’édifice. Il voulait aider les gens qui perdaient leur travail brutalement en les embauchant pour construire sa maison, par exemple. Dans la même suite d’idées, concernant les drogues, il savait qu’elles ne font que détruire petit à petit celles et ceux qui les consomment. C’est ainsi qu’il s’est impliqué pour enrayer les dommages, collaborer à l’arrestation des grands criminels et s’atteler à construire un monde meilleur. Il ne s’est jamais découragé, n’a jamais changé d’idée, il est resté fidèle à ses engagements. Qu’est-ce qui vous a poussé à être acteur plutôt qu’autre chose ? Ça m’a d’abord semblé une option de carrière fabuleuse. C’est l’impression que j’avais déjà au lycée parce que je réalisais que les gens payaient pour qu’on les distraie et que, en échange, les acteurs donnaient le meilleur d’eux-mêmes. Un jour, la meilleure amie de ma mère a déclaré qu’un moyen efficace de ne plus avoir peur dans la vie, c’était de jouer la comédie. L’idée m’a plu. J’étais fils d’immigrés, nous habitions un quartier pauvre, mais autour de moi, j’entendais souvent dire que l’on pouvait vivre de cette activité. Alors forcément j’y croyais, et je trouvais ça génial. Après la succession de hauts et de bas à laquelle vous avez dû faire face, n’avez-vous pas pensé à changer de voie pour vous consacrer à autre chose ? Le plus fou dans tout ça, c’est que je n’ai jamais envisagé l’éventualité d’un plan B. En réalité, je n’ai jamais eu d’autre ambition, je me suis toujours fixé comme but de devenir comédien. Ce qui est étrange en soi. J’ai immédiatement été happé et séduit par la profession et tout ce qu’elle implique. J’ai probablement été marqué et influencé, très jeune, par nos rendezvous dominicaux… En effet, toutes les semaines après la messe, ma mère nous emmenait au cinéma mon frère et moi. C’était merveilleux. Tous ces films ont constitué la toile de fond de notre enfance. Et plus on en voyait, plus on voulait en voir. C’est à ce moment que THE RED BULLETIN
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the red bulletin : Persévérance, chance et talent : est-ce que c’est cette combinaison qui vous permet de décrocher de bons rôles désormais ? michael peña : Ça n’a pas été facile au début. En fait, il y a quinze ans, ce n’était facile pour aucun acteur latino qui prétendait faire carrière aux États-Unis. Les protagonistes étaient de type caucasien et les Afro-Américains arrivaient en deuxième position. Les autres catégories ethniques venaient en troisième position. Alors les seuls rôles auxquels je pouvais prétendre lors des auditions étaient ceux de personnages insignifiants qui apparaissent dans deux ou trois scènes tout au plus. Quand j’étais plus jeune, je n’ai pas eu l’occasion de me distinguer dans une grande production par le simple fait d’être d’origine mexicaine. Les débuts ont été difficiles, sans aucun doute, mais j’avais toujours en tête l’idée que les choses évolueraient un jour. Les temps ont changé et comme on peut le voir aujourd’hui, il y a toute une génération d’acteurs latinos qui déferle sur l’industrie hollywoodienne, et ça, c’est vraiment fantastique.
je me suis juré que tant que je jouerais, même si je devais le faire bénévolement, j’y arriverais. Le fait de ne pas avoir de plan B renforce ta motivation pour réaliser tes rêves les plus chers. Et si vous deviez choisir entre la comédie et le drame ? Oh, ça c’est impossible parce que dès que je termine un drame, j’ai hâte de faire une comédie. Et dès que je finis une comédie, j’ai envie de participer à un drame. Ils demandent une concentration différente. C’est un défi très stimulant et, même si je ne suis pas un spécialiste de la comédie, cela me procure des sensations très différentes, et j’en ai besoin pour me sentir complet dans mon jeu d’acteur. Les deux expériences me procurent aussi un équilibre salutaire.
« MÊME SI JE DEVAIS JOUER BÉNÉVOLEMENT, JE ME SUIS JURÉ QUE J’Y ARRIVERAIS. » Michael Peña est l’inspecteur Enrique « Kiki » Camarena dans la série Narcos: Mexico sur Netflix. Il partage des scènes avec le Mexicain Diego Luna.
Vous adorez votre métier, mais il doit bien y avoir des aspects qui vous déplaisent. Comment faites-vous pour qu’ils ne gâchent pas votre plaisir de jouer ? Si j’accordais trop d’importance aux détails désagréables, je passerais à côté de ce qui en vaut vraiment la peine. Mais ce n’est pas mon caractère. Sans tout voir en rose pour autant, rester réaliste et ne pas prêter trop d’attention au négatif, c’est une bonne stratégie. Car autrement, on ne se focalise que sur ce qui ne fonctionne pas, et on se pourrit la vie. Je n’aime pas me lever à trois heures du matin pour tourner, mais je le fais quand même, parce que je suis impatient de voir ce que la journée va me réserver de fantastique. Le point de départ, c’est au moment de choisir un rôle. Il y a deux éléments qui comptent pour moi : une histoire bien ficelée en guise de contexte, et une équipe capable de créer une bonne ambiance de travail. C’est ça qui me plaît et qui me donne envie de faire de mon mieux parce que, même si j’incarne un personnage mineur, c’est l’histoire en elle-même et la collaboration avec des personnes inspirantes et pros qui me portent, car à leurs côtés, je sais que je vais apprendre. Au final, l’expérience est constructive.
@mvegapena THE RED BULLETIN
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T H E TIN LE B RED UELSTÉ AT US P O U R VO
MA VIRÉE EN ENFER
Que fait exactement un COPILOTE DE RALLYE ? Dans cette auto-expérimentation, nous l’avons découvert : lire la bible, appuyer sur des boutons, désensabler des voitures et ne pas gâcher la journée de Stéphane Peterhansel, le recordman du Rallye Dakar. Texte WERNER JESSNER Photos MARIAN CHYTKA
Mon regard parle de lui-même Ça va ? L’auteur de ces lignes, Jessner, entre les stars du Dakar, Stéphane Peterhansel (à gauche) et le copilote David Castera.
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Au calme Pendant le Dakar, on est souvent seul, et c’est ça qui est beau. Sauf quand on tombe en panne. Par conséquent, mieux vaut éviter les erreurs.
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Ici, une voiture de course de 2,2 tonnes s’est ensablée parce que je me suis perdu et que la pression des pneus a chuté.
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on qualifié pour le poste. Absolument pas. C’est le bilan de mon expérience dans le désert. Premièrement : j’ai la nausée dans un tramway lorsqu’il prend un virage un peu trop vite. Deuxièmement, mon tube digestif cesse déjà de fonctionner à la seule idée d’un voyage en Afrique, et l’essai doit avoir lieu à Fès, au départ du Rallye du Maroc. Troisièmement, j’ai non seulement un léger problème à distinguer la droite de la gauche mais parfois également le haut du bas (explications plus bas). Quatrièmement, je suis déjà un terrible copilote au quotidien. Je déteste ne pas avoir le contrôle. Et cinquièmement, je trouve que les voitures dans lesquelles vous êtes haut perché sont souvent inconfortables. C’est donc une idée stupide que d’aller m’asseoir dans le cockpit d’une toute nouvelle MINI John Cooper Works Buggy de l’équipe X-Raid aux côtés de Stéphane Peterhansel, treize fois champion du Dakar. Mais c’est la curiosité qui me pousse...
On n’ose même pas s’imaginer la pratique Avant de s’amuser, l’équipe doit tout de même plancher. C’est ainsi que l’ingénieur Jannis m’explique la signification des cinq écrans du copilote (voir photos ci-contre à droite). Ce que je ne savais pas encore, c’est que je serais également responsable de la pression des pneus. Les buggies ne sont pas à traction intégrale mais plutôt à propulsion arrière, et pour ne pas rester ensablé dans les dunes, la pression de l’air doit être diminuée lors de la conduite sur le sable et augmentée à nouveau sur les chemins de pierre. Un système d’air comprimé 58
se trouve ainsi à bord et commande chaque roue. Mais ce n’est pas tout : le copilote est également responsable des vérins hydrauliques intégrés qui sont utilisés lorsque vous vous êtes ensablé ou que vous avez un problème avec vos pneus. Tout cela allait de toute façon être bien compliqué et j’espérais que cette situation ne se présente pas. Il faudrait en plus désactiver la direction au moyen d’un interrupteur alors que le moteur tourne et actionner une pompe pour faire dévier l’huile hydraulique du système de direction vers les vérins. Ensuite, je devrais débrancher la radio du casque, détacher les sangles, sauter de la voiture, ouvrir le compartiment où se trouvent les plaques de désensablement puis sortir cellesci, actionner le vérin avec un autre interrupteur derrière le siège… On a de la difficulté à s’imaginer ce que cela représente dans la pratique.
vite. Une fois, après un regard rapide sur son écran, j’ai vu le chiffre 5. C’était le rapport engagé et même si nous roulions sur une mauvaise piste en gravier, la voiture devait faire du 150 km/h. L’enthousiasme l’avait e mporté sur la mauvaise conscience et la concentration, et j’avais déjà oublié deux indications du roadbook car mon pied droit avait appuyé par erreur sur le bouton de réinitialisation du Tripmaster et remis
UN COCKPIT FAÇON AVION, MÊME POUR LE COPILOTE
Multitasking à 150 km/h sur éboulis J’étais vraiment content de voir Stéphane Peterhansel. Rien qu’à son apparition et ses années d’expérience, on se dit que tout va bien se passer. Le copilote professionnel D avid Castera m’ayant donné une introduction sommaire au b.a.-ba du roadbook (voir à droite), il ne nous restait plus qu’à comparer les informations sur papier avec celles sur l’affichage pour guider Peterhansel à travers le désert sans a) nous faire tourner en rond ni b) nous faire passer en Algérie toute proche. Oh, et il y avait ce petit truc à propos de mon estomac. Un buggy Dakar a des déflexions de ressort de 40 cm. Cela signifie que le pilote peut aisément franchir des obstacles aussi hauts que des valises mais qu’au freinage, le véhicule s’incline fortement vers l’avant, qu’à l’accélération, il s’incline vers l’arrière, et que dans les virages, il penche de manière inquiétante vers l’extérieur. C’est comme si on était attaché au ventre d’un chameau ivre au pas de course. Pour empirer les choses, Peterhansel conduisait très, très
CINQ ÉCRANS ET DEMI La flèche dans le coin supérieur droit donne une orientation approximative. La partie droite de l’écran rond à gauche est également la responsabilité du copilote ; la pression des pneus y est affichée. Puis deux systèmes GPS, un compteur kilométrique dans la rangée inférieure et l’Iritrack qui transmet la position du bolide au centre de contrôle et permet également de signaler les urgences.
TRAVAIL DE NUIT Les changements de dernière minute dans le roadbook (ou « bible ») sont annoncés le soir par l’organisateur et doivent être découpés et intégrés. Même les professionnels prennent plusieurs heures. Exemple concret : danger au kilomètre 299,56 - légèrement à gauche à travers le lit desséché de la rivière. Points d’orientation : végétation, probablement des palmiers.
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T’appuies sur ça... L’ingénieur Jannis connaît la voiture à fond. Il m’explique ici comment activer le mécanisme des vérins hydrauliques.
Suis-je synchro ? Inquiétant : je ne parviens pas à synchroniser l’information sur papier avec les coordonnées GPS.
Ensablé... et pas qu’un peu
Mais où est cette pelle ? Sous la plaque d’imma triculation ! Bon, essayons maintenant de dégager la MINI.
À côté de la plaque ! Je place ici une plaque de désensablement en carbone sous la roue du buggy soulevé hydrau liquement afin que la MINI puisse à nouveau prendre la route.
le compteur kilométrique à zéro. Au moins, je savais maintenant à quoi servait ce bouton sur le plancher. Ce que je ne savais pas, c’est l’endroit où nous nous trouvions. Stéphane a réussi à trouver le chemin malgré tout. Il connaît presque toutes les routes d’Afrique. Je m’imagine qu’il connaît donc très probablement celle-ci aussi.
Je ne peux rien voir, mes yeux sont embués Après être plus ou moins parvenu à nous orienter, il me dit : « Nous approchons des dunes. Tu dois dégonfler les pneus un peu. En avant, à 1,1 bar, derrière, à 1,0. » Je n’arrivais pas à trouver les fameuses dunes dans le roadbook (n’étaient-elles pas censées a rriver
DANS LES COULISSES
IL N’Y A RIEN DE MINI SUR CETTE MINI. MINI John Cooper Works Buggy : Peterhansel, Despres et Sainz veulent gagner le Dakar grâce à cette impressionnante technologie. DIMENSIONS
INTIMIDANTES
La comparaison avec la MINI originale permet de réaliser les dimensions de la MINI Dakar. Longueur : 4 322 mm (MINI originale : 3 060 mm). Largeur : 2 200 mm (MINI originale : 1 410 mm). Hauteur : 1 935 mm (MINI originale : 1 350 mm). On pourrait y faire rentrer trois fois le modèle original.
POIDS
MOTEUR
FREINS
Avec 1 675 kg, la MINI Dakar pèse déjà à vide plus qu’une MINI Cooper à pleine charge avec quatre personnes. Ajoutez le carburant, l’équipage, les outils, etc., ce sont plus de 2,2 tonnes qui filent sur les dunes.
La base est un moteur diesel BMW de série de 2993 cc. Grâce à la technologie turbo, il développe plus de 350 ch et 770 Nm de couple – le facteur décisif dans les terrains difficiles.
Les freins à disque ont un diamètre de 35 cm. La Margherita de votre pizzeria favorite n’est pas plus grande – et n’a sûrement pas autant de mordant que la morsure du s ystème de freinage Brembo.
CATÉGORIE SUPÉRIEURE
UN PEU DE SÉRIE
CONDUITE
AMORTISSEURS
À FOND
AU-DESSUS DE TOUT PNEUS
TOM MACKINGER
DE CAMION
Les pneus tout-terrain de BF Goodrich pèsent chacun 50 kilos avec leur jante et peuvent être gonflés en route. Deux roues de secours par voiture.
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Grâce à son débattement, la MINI peut passer par-dessus des pierres de 40 cm. Une grande partie du savoir-faire provient de M agna-Steyr en Autriche. Deux amortisseurs par roue sont utilisés : un pour les petits impacts et un autre pour les grands.
PIZZA MARGHERITA
RÉSERVOIR
ÉNORME
Le réservoir de sécurité est situé sous et derrière l’habitacle et a une incroyable capacité de 325 litres – neuf fois plus qu’une MINI Cooper normale !
Alors que le Dakar a longtemps été dominé par les 4×4, la réglementation du rallye s’est assouplie pour les buggies à propulsion arrière (débattement de suspension plus haut) si bien que, malgré une traction plus faible, ces véhicules présentent des avantages, et pas qu’en termes de vitesse.
à la page suivante ?), mais je m’étais déjà exercé avec le contrôle de la pression. Basculer les quatre interrupteurs devant mon genou gauche vers le haut puis appuyer sur le bouton rouge au-dessus jusqu’à ce que le premier pneu ait atteint la pression souhaitée, puis basculer l’interrupteur correspondant vers le bas. Continuer à vider jusqu’à ce que les quatre pneus aient atteint la pression souhaitée. Malheureusement, ma vision a vacillé parce que Peterhansel continuait, imperturbable, sur la route de gravier. J’ai dû me concentrer comme un fou sur l’indicateur d’air comprimé. L’afficheur était petit et je me sentais mal. Pour la roue arrière à droite, l’affichage de la pression est resté à 1,59 bar me sembla-t-il malgré mes yeux larmoyants. Par mesure de sécurité, j’ai transmis la valeur à mon pilote qui roulait entretemps sur du sable et qui, non seulement, pilotait mais faisait la navigation et lisait l’afficheur dont j’étais responsable.
J’apprends à jurer – en français ! Et nous avons manqué les dunes : la triple tâche était trop lourde, même pour M. Dakar, et nous sommes restés coincés dans le sable à nouveau. Bravo. Comment fait-on encore pour les vérins hydrauliques ? Bon, j’ai déjà réussi à ne pas m’étrangler avec le câble du casque au moment de sortir du buggy, à quatre pattes, et de tituber vers l’arrière d’où j’ai extrait la pelle de son support, pendant que le moteur diesel me soufflait ses gaz d’échappement dans le nez. Entre-temps, Stéphane avait, lui, sorti les plaques de désensablement des compartiments latéraux. Quel homme ! Même pendant un Rallye Dakar, les pilotes devraient pouvoir rester dans la voiture et tambouriner sur le volant avec impatience pendant que le copilote s’active à désensabler la voiture. Ça a un peu cafouillé au niveau de la communication (je suis autrichien et mon français est très modeste) au sujet des vérins : quand Peterhansel a dit « Up ! », j’ai pensé qu’il voulait que la voiture se soulève. Ce qu’il voulait 61
SOIGNER SES RELATIONS
Au bout de vingt ans, Stéphane Peterhansel a un nouveau copilote : David Castera.
Cyril Despres fait équipe avec l’ancien copilote de Peterhansel, Jean-Paul Cottret.
Depuis dix ans, Lucas Cruz assiste et guide le pilote Carlos Sainz.
THE RED BULLETIN : Comment choisissez-vous votre copilote ? STÉPHANE PETERHANSEL : Il y a vingt ans, quand je suis passé de la moto à l’auto, mon équipe insistait sur la présence d’un pro. Ce fut JeanPaul « Polo » Cottret. Après quelques kilomètres, j’ai su que c’était l’homme de la situation.
THE RED BULLETIN : Comment choisissez-vous votre copilote ? CYRIL DESPRES : Il doit être français. Dans les situations extrêmes, je ne peux pas me permettre de problèmes de langue. Et il doit avoir de l’expérience parce qu’en tant qu’ancien motard, je dois encore apprendre dans la voiture.
THE RED BULLETIN : Comment êtes-vous arrivé à Carlos, votre pilote ? LUCAS CRUZ : Carlos avait une équipe dans le Championnat d’Espagne des Rallyes qui devait promouvoir les jeunes talents. Là-bas, j’étais copilote, j’étais probablement bon et j’ai fini dans la voiture du patron.
Maintenant, avec David Castera, vous avez un nouveau copilote à vos côtés. C’est ce que je voulais. Je le connais et je lui fais confiance. Je sais que ça va marcher. Parfois, vous avez besoin de nouveaux défis.
Qu’est-ce qui vous énerve pendant une course ? Si nous n’allons pas assez vite. Et la chaleur.
Passez-vous du temps avec votre copilote hors circuit ? Avec Polo, notre mode de vie est trop différent. David Castera, lui, m’a déjà rendu visite en vacances en Corse.
Échangeriez-vous votre siège pour celui du passager ? Jamais ! Au volant, je ne fais confiance qu’à moi-même. Qu’est-ce qu’un copilote ne doit surtout pas faire ? Polo a posé la main sur le frein à main alors que nous roulions à toute vitesse. Ça m’a rendu fou. C’est le conducteur qui conduit ! Votre femme Andrea est elle aussi copilote de rallyes… Elle a terminé le Dakar en moto, auto et camion. Elle navigue très bien. J’aimerais vivre avec elle une aventure que nous garderions tous les deux en souvenir, mais ce ne sera pas pour cette année : elle n’est pas de la partie. 62
Passez-vous du temps avec votre copilote hors circuit ? Nous nous connaissons, Jean-Paul et moi, depuis 2003 et nous échangeons sans cesse nos connaissances. Mais notre relation dans la voiture a commencé il y a quelques mois. Après tout, nous avons déjà fait quelques tours de VTT ensemble.
Que ne doit jamais faire votre copilote ? Il ne doit pas faire d’erreurs. Mais l’absence d’erreur est un rêve illusoire. En tant qu’ancien motard, je le sais très bien. Pourriez-vous échanger le siège du conducteur pour celui du passager ? Je l’ai fait ! Au début de ma carrière sur quatre roues, j’ai conduit avec Stéphane et Carlos Sainz pour apprendre avec eux. Un désastre !
Qu’aimez-vous chez lui ? Il ne se lasse jamais de faire des tests. Il adorerait pouvoir faire tous les tests l’été en Finlande où il ne fait nuit qu’une heure. Ainsi il pourrait travailler 23 heures par jour sur l’ajustement. Passez-vous du temps avec lui hors des circuits ? Pas physiquement, mais nous sommes en contact permanent. Nous parlons beaucoup au téléphone et prenons des décisions importantes ensemble. Échangeriez-vous votre siège avec celui de Carlos ? Je ne conduis que sur des étapes de liaison. Je peux déplacer la voiture, mais pas rapidement. Carlos, par contre, ne sait pas quoi faire d’un roadbook.
Qu’est-ce qui est bon pour votre relation ? Les petits moments agréables : comme quand les concurrents cherchent un point de contrôle et que nous le trouvons immédiatement. Ça remonte le moral.
dire, c’est que je devais soulever les vérins et donc abaisser la voiture. Voilà pour ma confusion entre haut et bas. Nous avons fini par nous comprendre dans un allemand de base. Que mon inattention nous ait mis dans une situation a ssez gênante m’est apparu distinctement au bout de quinze minutes d’intense sudation et cinq tentatives infructueuses de départ : Peterhansel était passé de l’anglais au français et j’aurais juré qu’un ou deux mots que l’on entend d’ordinaire au milieu de la circulation parisienne s’étaient glissés dans son discours. Dix minutes plus tard, nous filions de nouveau sur la piste et avions même r etrouvé – et rangé ! – dans la voiture les huit plaques de désensablement enfouies dans le sable. F inalement, le maître m’assura que tout allait bien. Je pus alors reprendre mon souffle dans mon casque, en me promettant de ne plus faire de bêtises. Sauf que j’avais encore fait une gaffe malgré moi : je n’avais pas laissé échapper assez d’air de la roue arrière droite et j’en avais trop soufflé dans celle de gauche, ce qui a rapidement provoqué une crevaison. Il a fallu changer de pneus. Nous avions heureusement pris soin de répéter le numéro avec le vérin juste avant. J’ignorais jusque-là qu’une roue de MINI Buggy pesait 50 kg… Peu importe, on s’en est sortis.
Ma surprenante prise de conscience Le soir, j’ai revu David Castera. « Alors ? », s’enquit-il. « Même avec le meilleur pilote au monde dans une voiture qui a le potentiel pour gagner, à chaque heure de test, je perds une heure à creuser, tirer, détruire des pneus, enterrer des plaques de désensablement, répondis-je, et une autre heure parce que je prends toutes les pénalités possibles pour les points de contrôle non trouvés. Et encore 24 heures, parce que nous ne compléterions l’étape quotidienne dans une situation réelle que si nous prenions l’avion ou le train. » Il me dit dans un sourire : « Au moins, tu n’as pas vomi. » Très juste. Je n’avais pas réalisé. THE RED BULLETIN
KIN MARCIN/RED BULL CONTENT POOL(4)
Un échange de partenaires, un vieux réseau : comment fonctionne la cohabitation entre pros dans un espace aussi réduit ? Nous avons interviewé les équipes MINI.
Pit stop sans pit Grâce au vérin hydraulique intégré et au corps démon table, un changement de pneu prend… encore beaucoup trop de temps.
Je suis rincé Ma conclusion à l’issue de mon stage d’essai : on ne saurait surestimer la performance des co pilotes pendant les deux semaines du Dakar.
ÉQU I P E M E NT
MON MATOS POUR TENIR 8 000 KM L’Autrichien MATTHIAS WALKNER, tenant du titre du Dakar à moto, nous présente ce qui lui permet de survivre à deux semaines d’enfer dans le désert. Texte WERNER JESSNER Photo PHILIPP SCHÖNAUER
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1. GILET PROTECTOR Alpinestars Bionic. Stable en cas de chute. Et chuter au Dakar est une certitude. alpinestars.com
2. PANTALON
Kini Competition. En tant que pilote d’équipe, j’ai la primeur des modèles, mais ils sont ensuite disponibles à l’achat. kini.at
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3. GANTS
Ride 100 %. J’en consomme six à sept paires. Lavés, ils irritent moins la peau que neufs. ride100percent.com
4. CARNET DE ROUTE
Le rouleau de papier avec les infos itinéraire. Je surligne les détails importants au stabilo.
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5. MASQUE
Ride 100 %. Avec écrans de rechange (transparent et miroir), parce qu'on ne sait jamais à quelle heure on atteindra le bivouac. ride100percent.com
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6. ORTHÈSE
Ortema K-Com. Une protection des genoux en carbone et titane, ajustable et légère. Une bonne ventilation et un matériau résistant a ppréciable dans mon cas. ortema.de
7. PORTABLE
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Avec une carte prépayée locale. Objet sujet à l’usure malgré une housse de protection. apple.com
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8. CACHE-COU
Protège du vent mais surtout du soleil sur la nuque. quabus.at
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9. MAILLOT 16.
Kini Competition. Léger, confortable et personnalisé à mon attention afin que chaque sponsor trouve sa place. Taille Large. kini.at
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10. CASQUE
Vitalogic. Dosé pour aller avec ma formule sanguine. vitalogic.com
14. BOISSON SPORTIVE
Sportslab. Poudre de protéines avec glucides et électrolyte à base de maltodextrine qui me procure l’énergie de la journée. sportslab.at
15. BARRE DE CÉRÉALE
Peeroton. À base de flocons d’avoine. Différentes saveurs. peeroton.com
16. PORTE-BONHEUR
Ils remontent tous à ma première participation et me viennent de personnes qui me sont chères : ma grand-mère, un cousin décédé tragiquement peu après, ma sœur. Le fer à cheval est ma propre création.
17. CASQUETTE
Red Bull KTM. Bien plus qu’un simple support de sponsoring : sur le Dakar, le soleil est souvent au rendezvous. redbullshop.com
18. BOTTES
Alpinestars Tech 10. De préférence déjà faites à mes pieds. J’ai deux doublures i ntérieures, ainsi je peux en porter une pendant que l’autre sèche. alpinestars.com
19. VESTE
Kini Compétition. J’ai participé à sa conception. Pour moi, manches amovibles et multiples poches de rangement sont un must. kini.at
20. SHORT DE PROTECTION
Alpinestars Pro Short. Ces protections souples et confortables p rotègent le bassin et les cuisses. alpinestars.com
Shoei VFX-WR. Look légèrement modifié : l’arrière arbore la section du roadbook qui m'a assuré la victoire l'an dernier. shoei.com
21. SOUS-VÊTEMENT
11. BOULES QUIÈS
22. CHAUSSETTES LONGUES
KTM. Très douces et confortables à porter. Avec dix heures de moto par jour, le bruit peut rendre fou. ktm.com
12. POCHE D’EAU
USWE, 2,8 litres. Je la place dans le gilet protector, bien plus agréable que dans la veste. Je bois entre 5 et 8 litres d’eau par jour. uswe-sports.com THE RED BULLETIN
13. ACIDE AMINÉ
Caleçon Pepp Underwear. Une jeune entreprise allemande. J’aime leurs motifs colorés. cool-underwear.de
Chaussettes de genoux Leatt. Respirantes, spécialement conçues pour être portées avec des orthèses et assez longues pour pouvoir les rabattre. leatt.com
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Une vie
APRÈS LINDSEY VONN entame la dernière saison de son immense carrière. Il lui reste un objectif à atteindre : devenir la skieuse la plus primée de tous les temps. Hommes et femmes confondus. Le secret de sa réussite : ne jamais renoncer. Jamais. Texte SUSAN CASEY Photos MICHAEL MULLER
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« Si tu chutes, reprends-toi » : Lindsey Vonn, 34 ans, Américaine, 1,6 millions de followers Instagram, déesse du ski et déterminée.
« J ’ai bien cru que je m’étais cassé le dos. » Lindsey Vonn évoque la chute la plus grave de sa carrière à Turin en 2006.
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ne journée caniculaire fait place à un crépuscule lourd et brumeux sur Los Angeles. En arrière-plan du Fox Theater de Westwood Village et de son éclairage au néon, le soleil rougeoyant se couche à l’horizon, des SUV noirs aux vitres teintées défilent, la foule se presse contre les barrières, face au service de sécurité du tapis rouge, et de la musique rock jaillit des haut-parleurs. Sur le trottoir, un sans-abri joue de la musique sur des seaux en plastique. L’acteur Mark Wahlberg et le réalisateur Peter Berg arrivent dans d’imposantes Cadillac Escalade, la catcheuse et ex-championne d’UFC Ronda Rousey s’avance tout sourire sur le tapis rouge en saluant la foule.
C’est alors qu’un murmure s’élève. Les flashs crépitent quand la porte arrière d’un SUV s’ouvre, laissant apparaître un talon aiguille, suivi d’une longue jambe musclée puis d’une tête à la chevelure blond platine. Juchée sur ses talons aiguilles, Lindsey Vonn, puisque c’est elle, atteint le mètre 88. Elle porte une longue robe noire dos nu, f endue jusqu’à la cuisse, dévoilant un quadriceps de classe mondiale. Bien qu’elle n’ait elle-même jamais joué dans un seul film, les cinéphiles venus assister à la première du film d’action Mile 22 savent très bien qui vient d’arriver : l’une des plus grandes sportives du monde, une légende du ski, une championne olympique, une championne du monde et la seule Américaine à avoir décroché l’or en descente, avec 82 victoires à son actif – à l’heure où nous bouclons ce magazine – en Coupe du monde. On la reconnaît à sa longue chevelure et son sourire du Midwest – mais ses radiographies aussi pourraient parfaitement l’identifier. Elle a souffert de blessures qui feraient frémir n’importe quel chirurgien orthopédiste : fractures, déchirures ligamentaires, lésions articulaires. Des contusions et des hématomes d’une telle gravité qu’ils mériteraient presque leur propre appellation médicale. Plaies, commotions cérébrales. Chevilles, bras, doigts, rotules littéralement brisés. Le genre de choses qui arrivent quand on percute un obstacle à 130 km/h. L’une des chutes les plus graves que Lindsey Vonn ait connues a eu lieu lors d’un entraînement aux Jeux olympiques de Turin en 2006, quand ses jambes sont parties dans des directions opposées et que son dos a lourdement heurté la glace. Le genre d’accident qui fait se précipiter les secours sur place. « J’ai bien cru que je m’étais cassé le dos, se remémore-t-elle. Je me suis tout de suite dit qu’il n’y avait aucune chance pour que je m’en sorte cette fois-ci. » Il s’avérera que, même si son dos, ses hanches et son coccyx avaient violemment tapé, sa colonne vertébrale était par miracle encore en un seul morceau. Quand elle essaie de quitter l’hôpital plus tard, uniquement vêtue d’une blouse d’hôpital et de chaussettes, Vonn est interceptée à l’ascenseur et renvoyée dans sa chambre. Deux jours plus tard, elle retourne aux Jeux olympiques et prend le départ de quatre courses.
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N Lindsey Vonn et son cheval arabe lors du shooting pour The Red Bulletin en août 2018, dans un ranch à Santa Ynez (Californie).
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importe qui aurait été sérieusement traumatisé par des douleurs telles que celles endurées par Vonn pendant sa carrière. Mais elle non. Tout ce qu’elle a traversé l’a rendue plus forte, plus persévérante et plus sage que jamais. En février 2018, aux Jeux olympiques de Pyeongchang, elle annonce que ce seront ses derniers Jeux. M algré la pression des médias, de fortes rafales de vent, des problèmes de matos à la pelle, la tristesse causée par le récent décès de son grandpère et la concurrence féroce opposée par une nouvelle génération de skieuses, Vonn parvient à décrocher sa troisième médaille olympique – du bronze en descente. Moins de quatre dixièmes de seconde derrière la championne olympique italienne, Sofia Goggia. « J’ai donné tout ce que je voulais donner sur la piste, dira Vonn par la suite. Sofia a tout simplement mieux skié que moi. » 69
À
34 ans, Vonn est dans la dernière ligne droite de sa carrière de skieuse. Légende du sport depuis déjà bien longtemps, elle n’a plus rien à prouver. Mais il lui reste encore un dernier objectif à atteindre, et non des moindres : battre un record justement considéré comme imbattable, celui d’Ingemar Stenmark, skieur suédois des années 1980 aux 86 victoires en Coupe du monde. Il lui faudra donc remporter cinq victoires en Coupe du monde pendant sa dernière saison. « Je suis sûre que cela me ferait passer à un niveau encore au-dessus, explique-t-elle. La vérité, c’est que je n’ai pas envie de tomber dans l’oubli, je veux laisser mon empreinte. » Quand on observe Vonn et son petit ami Pernell Karl « P. K. » Subban, star de la Ligue nationale de hockey et défenseur des P redators de Nashville, sur le tapis rouge, quand on voit à quel point ils irradient tous les deux, on voit mal comment elle pourrait un jour tomber dans l’oubli chez ses compatriotes américains. Bien avant de donner une nouvelle définition au mot « rapide » dans le ski féminin, Lindsey Vonn est Lindsey Caroline Kildow, une fille toute simple du Minnesota. À peine sait-elle marcher que son grand-père, Don Kildow, lui apprend à skier sur le domaine local de Buck Hill et ses 310 mètres de dénivelé, à Burnsville, une banlieue de Minneapolis. À sept ans, la petite Lindsey franchit 400 portes de slalom par jour, elle s’entraîne même la nuit, à la lueur d’un éclairage artificiel. Dès l’enfance, Vonn se différencie déjà des autres skieuses. Elle se penche à l’extrême dans les virages et ne dévie jamais de la trajectoire qui la mènera le plus rapidement possible au bas de la piste. Dans un tel cadre, aller le plus vite et prendre le plus de risques possible, ça ne s’apprend pas : soit on a le courage de pointer ses skis directement vers le bas, soit on ne l’a pas. Son père, Alan Kildow, ancien champion junior aux États-Unis dont la carrière fut stoppée par une blessure, détecte un très fort potentiel chez sa fille. Alors qu’elle a douze ans, il échafaude un plan quinquennal. Objectif : la qualification pour les Jeux olympiques d’hiver de 2002.
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remière étape : les Kildow – Lindsey, ses deux jeunes sœurs Karin et Laura, ses deux jeunes frères, Dylan et Reed, sa mère Linda et son père – quittent le Minnesota pour Vail, dans le Colorado. Le terrain d’entraînement s’étend dès lors sur 22 km² et plus de mille mètres de dénivelé. Un gigantesque pas en avant dans la carrière de Vonn – mais un déchirement pour ses frères et sœurs qui doivent dire adieu à leurs amis et au seul foyer qu’ils n’aient jamais connu. « Toute ma famille s’est sacrifiée pour que je puisse faire du ski », explique Vonn. Elle a 17 ans quand elle participe à ses premiers Jeux olympiques en 2002 à Salt Lake City. Elle termine sixième en descente et en slalom. Un démarrage sur les chapeaux de roue. 70
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« Toute ma famille s’est sacrifiée pour que je puisse faire du ski. » Le père de Lindsey avait un plan : faire de sa fille une skieuse – toute sa famille a donc dû quitter le Minnesota pour rejoindre le Colorado.
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Modèle de réussite : « Personne ne déteste perdre autant que Lindsey », d’après son petit ami P. K. Subban, star de la Ligue nationale de hockey.
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« J e voudrais laisser mon empreinte », dit-elle à propos de son objectif de 87 victoires en Coupe du monde.
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e gigantesque Human Performance Lab de Red Bull à Santa Monica est encore très calme aux premières heures du matin. Machines ultramodernes, poids, vélos d’intérieur, tables de massage et chambres de cryothérapie attendent les premiers visiteurs de la journée – le tout premier entre en remuant la queue : Lucy, le Cavalier King Charles de Lindsey Vonn. Suivi quelques instants plus tard de Vonn elle-même, légèrement boitillante. Elle se met tout de suite au travail et détend ses jambes avec un appareil de massage Hypervolt pour les tissus profonds, avant d’enfourcher un vélo. Elle porte un pantalon d’entraînement violet et une brassière de sport orange. Ses cheveux sont tressés en une torsade sophistiquée qui fait tout le tour de sa tête. Il est sept heures – Vonn s’entraînera non-stop les trois heures qui suivront. Le Human Performance Lab développe une approche basée sur la technologie. Ici, les athlètes ne font pas que s’entraîner, leurs performances sont aussi méticuleusement mesurées, avec notamment des tests sanguins pour analyser la fonction mitochondriale, la densité capillaire ou la réaction du système immunitaire. Il s’agit d’étudier absolument toutes les faiblesses des athlètes afin qu’ils puissent travailler précisément sur chacune d’entre elles. Les points faibles de Vonn ? Le fait qu’elle perde en force musculaire brute avec l’âge. Et que ses articulations ne soient plus de toute première jeunesse. Pour faire simple, son objectif principal à l’entraînement, c’est d’améliorer la stabilité de tout son organisme. C’est son corps dans son ensemble qui doit supporter les énormes chocs inhérents au ski de compétition, pas seulement ses articulations. Vonn est célèbre pour son professionnalisme hors norme. Elle s’entraîne plus durement et avec plus de persévérance que n’importe quelle autre sportive, sans parler de ses nombreux et difficiles come-back après ses différents accidents. En 2013, notamment, elle n’est pas épargnée : victime d’une rupture du ligament croisé antérieur et du ligament collatéral tibial du genou droit, ainsi que d’une fracture du tibia, elle se fait opérer, travaille d’arrache-pied à sa guérison et retrouve le chemin des pistes, pour se blesser à nouveau au même genou – encore plus gravement. « Je me suis fait une déchirure du ménisque. Ils ont bien failli devoir me l’enlever, ce qui aurait sonné la fin de ma c arrière », se rappelle Vonn. Elle manque donc les Jeux olympiques de Sotchi en 2014 et ne revient que pour la saison 2014/2015 – avec quelques victoires spectaculaires en Coupe du monde. Les saisons suivantes également, elle remporte plusieurs courses, mais se blesse aussi à la cheville, puis à la rotule
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et enfin à l’humérus – une blessure qui restera d’ailleurs pour elle la plus pénible d’entre toutes. Il faudra douze vis et une plaque en métal pour lui réassembler le bras. Une opération qui laissera Vonn avec des lésions nerveuses permanentes, ainsi qu’une perte de sensibilité de plusieurs mois dans la main et le poignet. C’est là qu’entre en jeu le livre préféré de la skieuse : L’art de la niaque : comment la passion et la persévérance forgent les destins, le best-seller de la psychologue américaine Angela Duckworth. Au cours de son année de recherche, Duckworth découvre un schéma redondant chez les performeurs de très haut niveau : même après plusieurs échecs, ils se donnent toujours à fond, bien au-delà du point où d’autres auraient déjà abandonné depuis longtemps.
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la voir s’entraîner au Human Performance Lab, rien ne laisse deviner que, la veille, Vonn a passé douze heures en studio avec un sponsor pour un shooting, avec la panoplie complète de la skieuse sur le dos, au beau milieu d’une fausse tempête de neige faite de mystérieux flocons en plastique, le tout par 42 °C… « Après, ils m’ont envoyé un mail disant qu’il n’y avait rien de toxique dans ce que j’avais inhalé. » Rires. « Alors que tous les autres portaient des masques. » Après avoir raté les JO de Sotchi, elle s’entraîne pendant quatre ans pour ceux de Pyeongchang – les derniers Jeux auxquels elle participera. Pour Lindsey Vonn, tout ou presque dépend de ces quelques minutes de ski. Quand un journaliste lui demande avant les Jeux si elle ira voir le Président à la Maison-Blanche en cas de victoire olympique, elle répond : « Je skie pour mon pays, pas pour le Président » – et de préciser qu’aucune célébration n’est prévue à Washington D.C. Son compte sur les réseaux sociaux est alors immédiatement la cible de commentaires haineux de la part de partisans de Trump. « J’espère que tu te briseras le cou », écrit l’un. Et un autre : « Chaque fois que je te vois, j’ai envie de vomir. » Quand elle n’est pas par monts et par vaux, Vonn réside principalement à Vail, dans sa maison au pied de la montagne, où une armoire à trophées fabriquée sur mesure trône contre un pan entier du salon. Ou alors elle séjourne sur la côte Ouest, dans sa maison de Sherman Oaks, une banlieue paisible de Los Angeles. La maison californienne de Vonn est claire et moderne, avec des sols en bois foncé, de nombreux tableaux abstraits aux murs, un gigantesque canapé et une table de billard. Et des chiens. Vonn en a trois, Leo et Bear, deux gros chiens de garde et le Cavalier King Charles Lucy, suffisamment petit pour tenir dans un sac et l’accompagner en avion.
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ébut d’après-midi après une dure matinée d’entraînement. Vonn descend dans la cuisine. Elle porte un tee-shirt, un short et des pantoufles douillettes. D’énormes récipients de protéines en poudre sont posés sur un bar, à côté d’une bouteille de Dom Pérignon et d’une orchidée blanche. Sur une affiche au mur, on peut lire Girl Boss. Subban la rejoint quelques minutes plus tard dans la cuisine, en quête d’un déjeuner. Quand il n’est pas en 73
Dans une vie où l'on est tout le temps entre deux avions et où la pression est constante, on ne peut pas trop compter sur une relation stable et durable. La solitude fait partie des risques du métier. Dans sa vie privée, ces dix dernières années, Vonn a dû faire face à un tumultueux divorce, à des séparations avec d’autres personnes importantes de sa vie et à l’éloignement de son père – les deux s’étant toutefois rapprochés depuis. Elle est passée par de vrais moments de dépression – une lutte dont elle parle ouvertement dans l’espoir de pouvoir aider d’autres personnes. « C’est surtout ma deuxième blessure au genou qui a été très dure sur le plan psychologique, déclare Vonn. J’étais au fond du trou. Je me demandais, à quoi bon faire tous ces efforts pour me blesser à nouveau dès mon retour ? » « Le courage, c’est de ne jamais cesser de mettre un pied devant l’autre, écrit Duckworth. Le courage, c’est de rester fixé sur son objectif. Le courage, c’est de s’investir dans un entraînement rigoureux jour après jour, semaine après semaine, année après année. Le courage, c’est de tomber sept fois et de se relever huit fois. »
tenue de hockey, c’est un mec très sympa. Ils sont toujours en train de rire affectueusement de leurs blagues respectives. Leur rencontre remonte aux ESPY Awards de 2017, un événement glamour qui se déroule à Las Vegas. « Je portais un costume trois-pièces super classe, alors qu’il faisait une chaleur de maboule », se remémore Subban. Quand le commentateur sur le tapis rouge lui tend le micro et lui demande s’il tient le coup avec tous ces vêtements sur le dos, Subban rétorque : « C’est vrai qu’il fait chaud ici. Mais je crois bien que c’est L indsey Vonn qui fait grimper la température. » Ce qui n’échappe pas aux oreilles de Vonn, dans les parages, habillée d’une élégante minirobe noire ornée de plumes. « Que voulez-vous savoir d’autre au sujet de Lindsey ? », demande Subban en s’attablant pour manger une salade. « Il y a une chose que je peux vous dire, c’est qu’elle déteste perdre. Elle ne supporte pas ça. Bien sûr, tout le monde aime gagner. » II fait des grands gestes avec sa fourchette. « Mais personne ne déteste perdre autant qu’elle ! Croyez-moi, j’en sais quelque chose. Quand on a nos petits moments de compétition, je me la prends en pleine face, sa rage de vaincre. » « Tant que ça ? », demande Vonn en riant. « Oh oui, j’ai très vite compris comment elle avait obtenu autant de trophées. »
Une vie à la limite : « J e suis un peu dingue, vous savez. » 74
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lindseyvonn.com THE RED BULLETIN
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Les projets de Lindsey Vonn après la fin de sa carrière de skieuse ? Plonger avec les requins, jouer au tennis et faire du cheval.
indsey Vonn a-t-elle envisagé de ralentir un peu la cadence ? Au sens propre comme au figuré ? En un mot : non. « Je suis un peu dingue, vous savez, dit-elle en riant. Je n’ai jamais l’impression d’aller trop vite. » Mais elle doit bien avoir peur de temps en temps comme nous autres, non ? « Pas vraiment. Jamais sur les pistes en tout cas. Je pense que c’est ce qui me différencie un peu de mes adversaires : me jeter littéralement à corps perdu dans la descente, ça ne me pose aucun problème. C’est sûrement ce qui explique mes si nombreuses blessures. Mais surtout, mes si nombreuses victoires. » Après cette saison, avec ou sans une 87e victoire en Coupe du monde, Lindsey Vonn aura enfin le temps de regarder sa série préférée, New York, police judiciaire. Elle voudrait passer plus de temps à la mer et dans la mer, à faire de la pêche sous-marine, du stand up paddle et à nager avec les requins. Elle compte aussi faire du tennis, de l’équitation, et bien sûr aller voir jouer les Predators de Nashville. Elle a déjà un pied dans le monde du cinéma et elle est fascinée par l’univers de la mode et de la beauté. Vonn devrait vraisemblablement sortir une collection de vêtements de ski ou de sport. Il y aura une biographie. Et il semble plutôt évident qu’elle ferait une excellente coach. Inspirer les autres, c’est la priorité numéro un de Vonn. En 2015, elle a créé la fondation Lindsey Vonn – une organisation à but non lucratif destinée à aider des jeunes filles. Angela Duckworth siège au conseil consultatif. Quatre fois par an, le groupe organise ses « Strong Girls Camps », deux jours de sport et de coaching de vie encadrés par Vonn et une équipe de mentors. « Nous apprenons aux jeunes filles à être persévérantes, à parler d’elles-mêmes positivement, à se fixer des objectifs, et bien entendu, nous évoquons aussi les réseaux sociaux et le harcèlement », explique Vonn, les yeux brillants.
01:45 La journée commence
Tous les jours avant d’aller travailler, Nicole Reist pédale pendant deux heures sur son vélo : à l’approche des compétitions, l’entraînement est intensif. Les autres jours, c’est un entraînement d’endurance de base – avec parfois un bouquin pour se changer les idées.
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01:50 Endurance
Avant d’aller travailler, Nicole Reist s’entraîne pendant deux heures durant sur son vélo d’exercice. Avant les compétitions, elle fait surtout des intervalles intensifs, lors des périodes de transition c’est plutôt un entraînement d’endurance de base – parfois avec un livre pour se changer les idées.
La femme qui NE DORT JAMAIS
La cycliste de l’extrême NICOLE REIST se lève lorsque vous rentrez de soirée. Elle se démène pendant que vous vous la coulez douce. Et elle se prive de tout ce qui vous semble indispensable à une belle vie. Mais le plus fou, c’est qu’elle est convaincue d’être plus heureuse que vous. Texte ALEX LISETZ Photos DAN CERMAK
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03:50 Musculation
Après le vélo, Nicole enchaîne des séances de muscu avec haltères et sangles de fitness TRX, afin de renforcer les muscles dorsaux et abdominaux, Impossible de faire l’impasse sur cet élément-clé de l’entraînement des cyclistes.
Nicole note tout ce qui lui passe par la tête sur des post-it. Ça la motive.
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ingt-et-un, souffle Nicole Reist, trentequatre. Cent-deux. » Elle fait des exercices de calcul mental en pédalant à 40 km/h, à trois heures du matin sur une route en plein Colorado. Car il faut à tout prix qu’elle reste éveillée, au moins une ou deux heures encore. Et c’est beaucoup moins simple que ça en a l’air. Hier, Nicole Reist n’a dormi que 35 minutes, 45 la veille, pas plus le jour d’avant. Lors de la Race Across America, considérée par les mordus de l’ultracyclisme comme la course la plus difficile au monde, c’est le temps brut qui compte, pauses incluses. Le vainqueur doit donc non seulement être plus rapide que ses adversaires, mais aussi dormir moins qu’eux. L’équipe qui suit Nicole dans la voiture de soutien est inquiète : elle n’a résolu qu’une opération sur trois. Pour éviter que la cycliste ne s’endorme sur son guidon, on va donc employer les grands
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moyens : lui mettre les schlagers de Beatrice Egli à fond dans les oreilles. C’est à ce moment que le réveil sonne : Nicole Reist ouvre les yeux. Elle n’est pas au Colorado mais dans son lit, en Suisse. La Race Across America (RAAM) remonte à trois mois. Il est 1 heure 45 du matin, et Nicole va entamer son entraînement matinal qui durera deux heures et demie. Comme tous les jours. Car Nicole Reist vit pour l’ultracyclisme, cette discipline « ultra » réservée aux fous furieux de cyclisme. Nous rencontrons la triple championne du monde chez elle, à Winterthour. the red bulletin : Comment fait-on pour se retrouver troisième à la RAAM et deuxième à la Race Across France (RAF) – seule femme parmi les meilleurs coureurs d’ultracyclisme du monde ? THE RED BULLETIN
04:30 Petit-déjeuner
Après l’entraînement, Nicole s’offre une récompense bien méritée, un vrai r éconfort gustatif sous forme de calories saines : fruits, fromage blanc, graines de lin, flocons d’avoine et café. Après quoi elle s’habille et se rend au bureau.
nicole reist : C’est 33 % de mental, 33 % de forme physique, 33 % de travail d’équipe, et 1 % de chance.
moment je suis dans un flow, où tout va tout seul. Alors je peux déconnecter mentalement, je pédale automatiquement et ne pense plus à rien pendant une centaine de kilomètres.
Lors de la RAAM, vous avez effectué 4 940 km en dix jours et surmonté plus de 53 000 m de dénivelé. Comment tient-on le coup ? En changeant régulièrement de source d’énergie. Lorsque le corps fatigue, c’est à la tête de prendre les commandes. Lorsque la tête fatigue, c’est au corps de s’y mettre.
Comment se prépare-t-on à ce genre de performances extrêmes ? Avec un entraînement de plusieurs années et une discipline de fer. Je dois concilier mes entraînements intensifs avec mon job de technicienne du BTP, que j’exerce à plein temps. J’adore mon
Comment fait-on du vélo avec la tête ? Lorsque les jambes n’en peuvent plus et que tout fait mal, je me répète la même maxime pour me motiver, pendant trois ou quatre heures, comme un mantra. Par exemple : « Fais de ton mieux. Et quand tu as fini, surpasse-toi. » Ainsi, je force mes jambes à rester en mouvement. Au bout d’un
« Fais de ton mieux. Et quand tu as fini, surpasse-toi. »
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05:00 Boulot
Nicole Reist démarre sa journée. Elle fait le métier de ses rêves : technicienne du BTP. « C’est génial de passer à côté d’une maison que tu as pensée et planifiée. » Les collègues croisent les doigts, son chef, lui-même athlète amateur, l’a poussée à faire sa première course de 24 heures.
« Je prends du plaisir à progresser dans des domaines dans lesquels il faut réellement se battre. » boulot, il me permet de financer ma passion. Les droits de participation peuvent aller jusqu’à 60 000 CHF pour la RAAM. Mes sponsors ne couvrent qu’une infime partie des frais de voyage et de matériel. Est-ce vrai que vous vous entraînez autant qu’un pro du Tour de France ? À vrai dire, sur toute une année, je m’entraîne 80
même plus qu’un cycliste professionnel du Tour de France. Lorsque je branche mon ordi à cinq heures du matin au bureau, j’ai déjà deux heures et demie d’entraînement dans les jambes. Après le boulot je refais deux heures de vélo, tous les jours. Sauf les week-ends… … car vous vous reposez ? Non, car je change de programme ! Je fais de longs parcours sur route. Selon les phases d’entraînement 8, 10 ou 12 heures. Et pour la peine, je dors plus longtemps : le samedi et le dimanche je ne me lève qu’à 4 heures. Vous arrive-t-il de sortir, boire un verre de vin, d ’aller au cinéma ou de chiller avec des amis ? (Nicole Reist rit.) Cinéma ? Chiller ? Qu’est-ce que ça veut dire ? THE RED BULLETIN
16:30 Deuxième séance
Après le travail, Nicole Reist remet ça – toujours au garage. « L’entraînement en intérieur est plus sûr et plus efficace, et m’endurcit du point de vue mental. Cela dit, je ne m’ennuie pas non plus en extérieur : j’ai tellement arpenté les routes des alentours qu’elles ont toutes des ornières à cause de moi. »
Nous ne savons pas trop s’il faut vous admirer ou avoir pitié de vous. Ni l’un, ni l’autre. Je ne fais que vivre ma passion, c’est tout.
procure du plaisir. Et ça me procure du plaisir d’avancer dans des domaines dans lesquels il faut réellement se battre, dépasser ses limites, pour lesquels il faut tout mobiliser.
Toute votre vie doit faire place à cette passion. Que recevez-vous en retour ? Tous les matins, lorsque je me lève, je sais exactement pourquoi. J’ai des buts vers lesquels me tourner. Et j’y vais de toutes mes forces.
Car si c’était trop simple, ce serait fade ? Si c’était le cas, ça n’aurait aucun intérêt. Cette année, j’ai voulu savoir s’il était possible de faire la RAF sept semaines seulement après la RAAM. Tout le monde me disait que le temps de repos était trop court. Mais je me suis prouvé que c’était possible et j’ai même terminé deuxième (au classement général, ndlr).
Vous avez trouvé une direction à suivre dans votre vie, telle que nous aimerions tous l’avoir. Oui, peut-être plus que d’autres. Quand on voit ce que cela coûte financièrement et socialement, cette passion a-t-elle un sens ? Un instant. Cela a-t-il un sens d’aller au cinéma ? Pour moi, faire du vélo a un sens parce que ça me THE RED BULLETIN
Selon vous, avons-nous tous besoin d’un but qui nous serve d’orientation dans la vie ? Je pense que oui. La plupart des gens font trop de choses en même temps. Ils ne se concentrent pas sur ce qui est vraiment important pour eux. 81
19:30 Repos
Après le dîner avec sa compagne – souvent du poisson, du poulet et un peu de légumes – la journée de Nicole se termine tôt. Si elle reste éveillée plus longtemps – ce qui est exceptionnel – elle règlera toujours son réveil à la même heure : 1 heure 45 du matin.
Après le dîner, la journée de Nicole touche à sa fin.
Le renoncement nous aiderait donc à faire le ménage et à reconnaître ce qui compte vraiment pour nous ? Je me pose d’abord la question : est-ce que je veux vraiment aller au cinéma ? Et je me rends compte que je ne me prive pas en n’y allant pas. C’est un choix de vie conscient. Il faut beaucoup de discipline pour atteindre ses buts. Que faire lorsque les doutes surgissent ? J’ai une coach mentale qui amortit mes hauts et mes bas. Et je connais quelques trucs pour me motiver. Par exemple, je visualise mes objectifs. Lors de la RAAM, j’ai inscrit « SUB 10 » sur le tube supérieur de mon vélo. Avec succès ! Car sur ce trajet, vous êtes la première femme à avoir mis moins de dix 82
jours pour atteindre l’arrivée. Oui, j’ai mis exactement trois minutes de moins. Quels sont les pires moments d’une course d’ultracyclisme ? Le lever, après seulement quarante minutes de sommeil, quand tu es complètement désorientée. La seule personne qui ait le droit de me réveiller est ma coach mentale. Elle m’explique ensuite que je suis en train de participer à une course de vélo et qu’il faut que je me mette en selle. C’est une phase très critique, mais au bout de quelques kilomètres, je me remets dans le rythme et tout va bien. Et les plus beaux ? Lorsque le Luxembourgeois Ralph Diseviscourt m’a rattrapée lors de la RAAM, au niveau du col du Wolf Creek au Colorado. Au milieu de THE RED BULLETIN
Week-end
Pendant ses jours libres, Nicole Reist fait de longues unités d’entraînement à intensité modérée sur route : 8, 10, parfois 12 heures d’affilée. C’est ainsi qu’elle acquiert l’endurance nécessaire aux courses longue distance : des milliers de kilomètres et des dizaines de milliers de mètres de dénivelé.
Le « Tortour », à la fois bon et mauvais souvenir : Nicole l’a remporté à plusieurs reprises.
la course, j’étais deuxième, et il était l’un des favoris. Lorsqu’il m’a dépassée, il m’a lancé, plein de reconnaissance : « Nous avons tous peur de toi. » Ça a décuplé ma motivation. Comment s’accommode-t-on de la météo ? Qu’en est-il de la chaleur, de la pluie ? Une course d’ultracyclisme, c’est un peu comme la vie en concentré. Parfois on est complètement à bout, et quelques kilomètres plus loin on se réjouit de la belle journée. Dans les deux cas, il est
« Beaucoup ne se concentrent pas sur ce qui est important pour eux. » THE RED BULLETIN
très utile de positiver. Lorsqu’il pleut, je me dis : « Super, cette pluie fraîche va bien te réveiller. » Tout donner lors d’une course, c’est une chose. Mais comment faites-vous les jours d’automne pluvieux comme celui-ci, à des mois de la prochaine compétition, pour obéir à cette discipline et vous lever à 1 h 45, vous entraîner pendant deux heures et demie avant d’aller au bureau ? Je ne me laisse même pas le temps d’y réfléchir. La veille, je prépare mes affaires pour le lendemain, et en me levant, je passe directement du lit au garage. En fait, je ne me réveille vraiment qu’une fois déjà installée sur mon vélo. Alors je me dis : « Maintenant que tu y es, autant y rester et continuer l’entraînement. »
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DES AIIILES POUR L’HIVER. AU GOÛT DE PRUNE-CANNELLE.
AU NOUVE
STIMULE LE CORPS ET L‘ESPRIT.
guide au programme
C’EST À MATER SUR RED BULL TV
COMME UN ENVIE DE COGNER
SUR LE TRÔNE DU BICROSS
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Ce mois-ci, on libère la free party et on trace avec les pros du rallye.
Donnez libre cours à votre agressivité sur ce bouc émissaire.
Un rider BMX envoie du gros sur les terres de Game of Thrones.
H+I ADVENTURES
RIDER L’ATLAS, C’EST LA CLASSE
Marre de la forêt locale ? Laissez-vous tenter par un trip VTT savoureux dans l’Atlas marocain. ROULEZ EN PAGE 86
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Faire.
Euan Wilson échappant aux nuages : « Ici, quand le temps tourne, il faut vite se mettre à l’abri. »
À VTT DANS L’ATLAS MAROCAIN
VÉLOS, TAJINES ET COQUELICOTS Plus de 5 000 mètres de dénivelé et 250 kilomètres en six jours : le guide vététiste écossais Euan Wilson traverse l’Atlas sur deux roues et découvre un Maroc méconnu.
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appel à la prière du matin résonne dans les montagnes aux sommets teintés d’orange par les premiers rayons du soleil. Les cheminées des modestes maisons de pierre laissent échapper de la fumée et les ânes chargés de bois trottent
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paisiblement dans les ruelles étroites du village où nous venons de passer la nuit, à quelques encablures de Marrakech. Ce n’est pourtant ni pour le charme envoûtant de la ville ocre, ni pour le caractère pittoresque et tranquille du pays que nous sommes
Le thé : « Des feuilles de menthe, de l’eau et un kilo de sucre. »
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Maroc
CONSEILS
MARCHANDER COMME UN BERBÈRE Négocier les meilleurs prix au souk, déguster une pastilla de pigeon, et admirer les montagnes de l’Atlas sous un tapis de coquelicots.
L’âne de bât s’avère précieux pour passer le col le plus haut de l’itinéraire à 2 280 m.
La basse saison constitue le meilleur moment pour aller au Maroc (mai et juin, octobre et novembre). Il y fait beau et pas trop chaud. Au printemps, les montagnes de l’Atlas sont en pleine floraison (coquelicot, orchidée sauvage, etc). Marrakech Essaouira 1 2 3 4
Imlil Oukaïmden Ouirgane Amizmiz
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Rabat
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DÉGUSTER Spécialités locales pour durs à cuire : TÊTE DE MOUTON Cinq heures de cuisson à la vapeur. La cervelle est v endue séparément.
H+I ADVENTURES, GETTY IMAGES
EUAN WILSON
À Imlil, rien ne vaut un tajine (un plat cuit dans un pot d’argile) pour se requinquer.
ici, mais pour explorer les montagnes de l’Atlas en VTT. L’hiver dernier, par une de ces nuits sombres et humides si typiques de mon Écosse natale, j’avais entrepris de planifier cette aventure en compagnie du vététiste américain Eric Porter. Nous avions déjà à maintes reprises envisagé de partir sur les traces des peuples berbères, mais finissions toujours par remettre le projet à plus tard, probablement parce que nous savions que parcourir 250 kilomètres et 5 000 m de dénivelé en six jours dans une région peu connue des touristes ne serait pas une balade de santé. Cette fois, nous étions décidés à en avoir le cœur net. Notre intuition se confirme peu
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L’étroit sentier du col borde une falaise de plusieurs centaines de mètres. après le départ dès la première piste de gravier cahoteuse. Un parcours d’obstacles où l’on croise chiens errants, poules, et habitants qui jouent les spectateurs curieux. Ici, le temps semble s’être arrêté depuis cent ans. Le village est posé sur un versant du T oubkal, le toit du Maroc et ses 4 167 mètres d’altitude. Après une collation, nous rencontrons deux villageois et
PASTILLA DE PIGEON Une entrée chaude, à la viande de pigeon rappelant le goût du poulet. SOUPE D’ESCARGOTS Servis dans un bouillon épicé, la chair est retirée de la coquille de l’escargot à l’aide d’un cure-dent. RATE DE CHAMEAU Farcie avec du bœuf ou de l’agneau et cuite dans un four à pain.
MARCHANDER Cinq règles à suivre au souk : 1. Faites le tour des stands pour comparer les prix de l’objet désiré. 2. Commencez par feindre le manque d’intérêt. Utile : « Rally biseff ! » (trad. Trop cher !) 3. Proposez 50 % du prix annoncé, soit bien moins que votre montant plafond. 4. Souriez et restez zen, un rapport respectueux est la clé pour le succès des négociations. 5. Pas d’accord ? Éloignez-vous. Généralement, le commerçant vous suivra pour offrir une ultime réduction.
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PRÉPARATIFS
SUR LES SENTIERS MILLÉNAIRES
Les Berbères sont les premiers habitants du Maroc. Pendant plus de mille ans, ils ont sillonné les montagnes accidentées de l’Atlas et le Sahara, ouvrant bon nombre de ces zones inhospitalières à la postérité. L’exploration en VTT de ces sentiers en partie a ncestraux n’est pas un jeu d’enfant. Elle nécessite une bonne préparation. MUSCLER SON VTT
Conquérir les montagnes de l’Atlas sur deux roues nécessite une bonne endurance. Et aussi de bonnes suspensions et un équipement VTT comme celui-ci : Fourche 160 mm FOX 36 Frein hydraulique Shimano Saint
NÉCESSAIRE
Trois incontournables que tout aventurier de l’Atlas doit avoir dans son sac à dos : KEFFIEH Le « foulard traditionnel palestinien » : une efficacité contre le soleil et le sable attestée depuis des siècles. FILTRE À EAU Huit heures par jour en selle exige plus d’eau que ce que vous pouvez en transporter sur le dos. ANTIÉMÉTIQUE Une nécessité pour les montagnes de l’Atlas (Toubkal : 4 167 m). Le mal de l’altitude se manifeste dès 2 500 m.
Wilson (à droite) et son collègue Porter quittant le v illage d’Imlil au petit matin.
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L’échoppe où Wilson achète son foulard après d’âpres négociations.
leurs ânes. Ils proposent de nous aider. Ça tombe bien, le col que nous voulons f ranchir se trouve à 2 280 m d’altitude. Les chemins de pierre non pavés et très escarpés menant au sommet sont difficilement accessibles en VTT. Nous chargeons nos vélos sur l’âne et entamons la difficile ascension. La descente qui suit n’en est pas moins redoutable : un sentier étroit et raide bordant une falaise de plusieurs centaines de mètres, de quoi vous donner le vertige. Sable, rochers, gravier, paysage lunaire, rien ne m’arrête et j’avance vaille que vaille. Le paysage se modifie au fur et à mesure de la descente. Plantes et plateaux verdoyants font leur apparition. Un panorama magnifique qui invite au relâchement et à la détente. Trois jeunes garçons nous indiquent le chemin menant au prochain refuge incluant un passage en escalier de pierre étroit. Le gérant du gîte nous accueille avec un thé à la menthe très sucré. Ma langue en reste collée au palais. Cependant, le sucre fournit le coup de fouet dont nous avons urgemment besoin. La conquête des plus hautes montagnes d’Afrique du Nord exige une nuit de récupération
dans l’une des nombreuses maisons d’hôtes confortables et calmes qui jalonnent l’itinéraire. Avec des températures oscillant entre 32 et − 3 °C, mieux vaut passer la nuit sous un toit solide. Cette forte fluctuation se répercute aussi sur le contenu du sac de voyage qui devra inclure crème solaire et tongs, mais aussi grosse veste et bonnet. Une expérience extrême à tout point de vue. Au final, nous passerons huit heures en selle par jour, durant six jours, passant d’un col à l’autre, pour arriver à bout de force à Ouirgane, dernière halte de notre périple. Mais le jeu en vaut la chandelle. Durant cette semaine, nous avons vu défiler paysages lunaires, plateaux verdoyants et prairies de coquelicots, des villages de montagne où les familles nous concoctaient nos repas, des enfants qui nous encourageaient sur le bord de la route comme si nous étions le duo de tête du Tour de France. Une sensation formidable qui fait oublier toute la d ouleur. Pour réserver ce circuit et bien d’autres, contacter l’agence de voyages H + I Adventures d’Euan Wilson. mountainbikeworldwide.com
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EUAN WILSON
Pneus Maxxis Minion
H+I ADVENTURES
Cadre Yeti SB5
Voir.
SUR OU SOUS LA SURFACE Sous terre ou sur les pistes, sur un skate ou aux platines, en direct dans le monde entier ou dans l’illégalité, c’est la passion qui les y a menés.
décembre / janvier
Musique de très haute qualité et interviews d’artistes influents. Restez à l’écoute…
Libérez la free party ! Ils glorifient la fête là où on ne l’attend pas.
TOP FLIGHT
Déjà dispo VOD
QUAND TOUT LE MONDE DORT
Hyper déterminé à s’amuser, le collectif Pas-Sage o rganise des fêtes libres et clandestines dans l’Île-de-France underground. Jérôme Clément-Wilz leur dédie ce documentaire, portrait d’une génération guidée par une utopie libertaire en quête de sens. Si vous saviez ce qui se passe sous vos pieds quand vous dormez…
24 KIN MARCIN/RED BULL CONTENT POOL, ORCHARD ENTERPRISES NY
décembre VOD
SATURDAYS
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Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en d irect ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et c réatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv
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Le nouveau film de Birdhouse Skateboards, Saturdays, a nécessité plus de trois ans de tournage dans des paysages mythiques, des skateparks improvisés et des lieux historiques de par le monde.
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au 17 janvier LIVE
RALLYE DAKAR
Cette année, le plus célèbre rallye-raid se déroule entièrement au Pérou. Soit 3 100 km d’un impitoyable paysage désertique où la moindre inattention se paie cash, même pour les pros !
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décembre À L’ANTENNE
Basses, riddim et bien plus encore : Top Flight explore chaque semaine la musique des clubs avec des tracks, des mixes et interviews. Tous les mardis à 14 heures (EST), la journaliste Chal Ravens (photo) présente les nouveautés dancehall, grime, afrobeat, ou encore ballroom et des genres musicaux avoisinants. Côté invités, on retrouve le pionnier de la drum and bass Roni Size, Kode9 patron du label Hyperdub et la danseuse israélienne MC Miss Red. Groove garanti ! À ÉCOUTER SUR REDBULLRADIO.COM
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Faire. FUNCTIONAL TRAINING
DES BIENFAITS DE SE DÉFOULER Une structure en bois, un pneu, des battes de baseball et vous obtenez le scapegoat, un équipement sportif multi-fonctions idéal pour passer ses nerfs.
Défouloir stylé de Michel : battes de baseball et pneu à flanc blanc Harley Davidson.
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n 2014, l’Allemand Michel Schreier, qui bosse alors dans la pub, décide d’arrêter de « marteler des slogans », comme il dit, pour matraquer des pneus à la place et tenter de faire évoluer le functional training. Le scapegoat (trad. bouc émissaire) est le nom de son invention : une structure en bois de frêne de 35 kg surmontée d’un pneu de moto dont la forme arrondie et élastique se prête idéalement aux coups de batte de baseball sans abîmer les articulations. « Avec ce bouc émissaire, chacun peut donner libre cours à son agressivité », explique ce quadra originaire de Hambourg, dont l’invention s’adressait au départ aux créatifs surmenés. Trois ans plus tard, le scapegoat trouve son chemin dans son lieu de prédilection, la salle de gym. Schreier, luimême adepte passionné du CrossFit et des arts martiaux, a développé un catalogue complet d’exercices. Outre l’entraînement à base de tambourinage, la structure est utilisée pour effectuer des dips, le pneu pour les vrilles et les battes pour les étirements soit en tout 9 837 exercices, promet Schreier. « Aussi universels qu’un bouc émissaire. »
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scape-goat.com SOUFFLER MALIN Lumen analyse la composition de votre haleine et vous indique si vous brûlez des graisses ou des glucides.
« Avec ce bouc émissaire, chacun peut donner libre cours à son agressivité. »
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Michel Schreier, créateur du scapegoat
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au 27 janvier Au-delà des préjugés La culture hip-hop, c est du divertissement, et c’est surtout une manière de transmettre des messages pacifistes prônant la diversité ethnique. Pour sa 18e édition, le festival Au-delà des préjugés a vu les choses en très grand et vous attend avec un programme riche de workshops, de battle et de concerts sur trois jours. Casino de Montbenon, Lausanne ; jdsevents.ch
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janvier / février janv. au 3 fév. Man’s World 2019 Autos exceptionnelles, montres de luxe, costumes taillés sur mesure soigneusement confectionnés et chaussures plus raffinées encore… Lors du salon Man’s World, cinquante exposants présentent tout ce qui contribue à rendre un homme heureux. L’endroit idéal pour puiser de l’inspiration et étoffer son carnet d’adresses. Stage One, Zurich ; mansworld.com
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au 10 février Tortour Gravel Cette compétition porte bien son nom. Plus de 500 cyclistes prennent le départ du Tortour Gravel, pour pédaler jusqu’au bout de leurs limites. Il y a trois parcours au choix, de 1 000, 550 ou 390 kilomètres. Ah oui, petit détail mais non des moindres : on roule non stop à travers tout le pays. Riverside, Glattfelden ; tortour.com
au 19 janvier
LAAX OPEN WORLD’S BEST
Ces deux dernières années, la station Laax (qui accueille des compétitions internationales depuis les années 1980) a été élue meilleure station de ski freestyle du monde lors des World Ski Awards. Le temps fort de cette édition de Laax Open sera la finale en halfpipe. La dotation s’élève à 200 000 CHF. Le plus beau, c’est qu’à Laax, on peut s’essayer à toutes les sortes de freestyle sans restriction. Et que les débutants sont les bienvenus.
LAAX/PHILIPP RUGGLI, PPR/SAASTAL TOURISMUS AG/DIEGO SCHLÄPPI
Crap Sogn Gion, Laax ; open.laax.com
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et 26 janvier CM de Ice Climbing Plus de cent athlètes internationaux parmi l’élite des grimpeurs tenteront leur chance à Saas-Fee, lors des championnats du monde de Ice Climbing. Ils seront au plus près des 2 500 spectateurs venus les encourager sous le Ice Dome. En janvier, la Coupe du monde célébrera son 20e anniversaire dans cet impressionnant bâtiment. Les visiteurs auront à cette occasion la possibilité de s’essayer à l’escalade sur glace. Parkhaus, Saas-Fee ; iceandsound.com
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« AVOIR PLUS DE TEMPS POUR MOI ! »
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Sony Xperia XZ3
Polyvalent à souhait ! Lorsque vous voulez prendre des photos, placez-le tout simplement à la verticale et l’appareil se mettra immédiatement en marche. Et parce qu’il a sa propre intelligence artificielle, vous ne manquerez aucun de vos moments magiques. Il fait aussi de vous un réalisateur (4K HDR) et offre également une qualité audio sans précédent – sans fil. Vous pouvez également passer des appels à tout moment, grâce à sa puissante batterie. sonymobile.com
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Une mise au point précise en seulement 0,05 seconde avec le nouveau système EOS R, Canon offre l’autofocus le plus rapide du monde ainsi que la possibilité de faire des prises de vue en continu jusqu’à huit images (sans suivi AF) ou cinq images (avec suivi AF). Le système, reconçu à partir de zéro, fonctionne également grâce à son capteur CMOS plein format 35 mm avec une netteté et des détails sans égaux. fr.canon.ch
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Il est rapide, très rapide. Grâce à son processeur en 10 nm et une impressionnante RAM de 8 Go, le Note 9 est parfaitement adapté pour fonctionner en mode multitâche. Avec ses 512 Go, il dispose d’une énorme capacité de stockage (qui peut même être étendue). Pratique : grâce à son port hybride, vous pouvez avoir deux numéros - ce qui vous permet de séparer facilement travail et temps libre. samsung.com
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« SURVOLER LES OBSTACLES » DJI Mavic Air Drone
Il sera un compagnon fidèle pour chacune de vos aventures. Ce drone compact et pliable est équipé d’un appareil photo avec capteur 12 mégapixels et d’un objectif puissant avec une distance focale de 24 mm (f/2,8). Avec une autonomie de 21 minutes, il atteint une vitesse de pointe de 68,4 km/h et peut s’élever jusqu’à 5 000 mètres au-dessus du niveau de la mer. dji.com
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« RELEVER LES DÉFIS AVEC UNE FACILITÉ DÉCONCERTANTE ! » Toute une équipe : un monstre de puissance et un écran ultra-rapide d’Acer.
Acer Predator Orion 3000
Un PC gaming dont l’apparence donne déjà une idée de la puissance qu’il renferme. Le processeur de huitième génération i7, un SSD rapide (512 Go) et une mémoire suffisante (2 To) garantissent une facilité de jeu sans précédent. Et quand ça se met à chauffer, des entrées d’air à l’avant et à gauche du boîtier assurent un refroidissement efficace. acer.com
Acer Predator XB2
Avec cet écran, vous serez assurément à la fine pointe de la technologie. Le Predator XB2 avec son écran de 27 pouces (Full HD bien entendu) offre une fréquence de rafraîchissement ultra-rapide de 240 Hz et un temps de réponse de seulement une milliseconde. La technologie Nvidia ULMB élimine le flou des mouvements et réduit les images fantômes. Plus : Dark boost vous donne une meilleure vision lors des scènes obscures. acer.com
« PRENDRE LES CHOSES EN MAIN ! » Acer Cestus 510
Avec cette souris pour gaming, vous garderez le contrôle même dans les situations les plus difficiles grâce à ses commandes de haute précision et une vitesse extrêmement élevée. Vous pouvez programmer les boutons et personnaliser le design en fonction de vos besoins. Une souris pour les experts, un outil indispensable pour vos longues séances de jeu. acer.com
« VIVRE DAVANTAGE DANS L’INSTANT PRÉSENT ! » Belle vue arrière : L’écran LCD est tactile.
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Nikon Z7
Parfois, la taille compte. Avec sa monture de 55 mm de diamètre, davantage de lumière atteint le capteur d’image plein format du Nikon Z7. Avec 45,7 mégapixels, vous pouvez saisir à tout instant vos moments préférés dans les moindres détails. Un adaptateur permet d’utiliser des objectifs avec une monture de type F. nikon.ch
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GUI D E
« ÊTRE PLUS À L'ÉCOUTE ! » Acer Galea 300
Il ne pèse que 390 grammes, peut être porté confortablement pendant plusieurs heures et offre, en plus d’une communication claire et agréable, un plaisir sonore optimal. Ce casque confortable offert par Acer est conçu pour une large gamme d’appareils et est compatible avec tous les systèmes courants. acer.com
Tamron 28-75mm F/2.8 Di III RXD
« NE PLUS JAMAIS PERDRE MA CONCENTRATION ! »
Il ne pèse que 550 g, ne mesure que 117,8 mm mais grâce à son ouverture maximale de F/2,8, il offre une qualité d’image très élevée – combinée à un beau flou d’arrière-plan, l’effet Bokeh – et permet de créer des clichés fantastiques. Ce zoom standard a été développé pour les caméras sans miroir. En fait, il convient aussi bien au portrait et au paysage qu’à la photo de rue. tamron.eu
Les principales résolutions en Europe en 2018 ont été : faire plus de sport (41 %) et vivre plus sainement (34 %).
Votre partenaire d’entraînement est également dispo en noir et orange.
« PRENDRE UN COACH SPORTIF ! » Polar M430
Cette montre de sport vous dit ce qui est bon pour vous. Elle mesure votre pouls en marchant, mais aussi quand vous dormez. Ainsi, vous saurez si votre repos nocturne est aussi apaisant que vous le pensez ou si vous devriez changer vos habitudes de sommeil. Elles sont la base de votre performance. D’ailleurs, cette montre vérifie également votre consommation de calories et vous élabore un plan perso d’entraînement. Il est grand temps. polar.com
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MENTIONS LÉGALES
THE RED BULLETIN WORLDWIDE
The Red Bulletin est actuellement distribué dans sept pays. L’édition allemande consacre sa une au sauteur à ski de 23 ans, Andreas Wellinger. Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com
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Rédacteur en chef Alexander Macheck Rédacteurs en chef adjoints Waltraud Hable, Andreas Rottenschlager Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English, Tara Thompson Directeur photos Fritz Schuster Directeurs photos adjoints Marion Batty, Rudi Übelhör Responsable de la production Marion Lukas-Wildmann Managing Editor Ulrich Corazza Rédaction Christian Eberle-Abasolo, Arek Piatek, Stefan Wagner Maquette Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur global Media Sales Gerhard Riedler Directeur Media Sales International Peter Strutz Directeur commercial & Publishing Management Stefan Ebner Publishing Management Sara Varming (Dir.), Magdalena Bonecker, Manuela Gesslbauer, Melissa Stutz, Stephanie Winkler Marketing & Communication Alexander Winheim Directeur créatif global Markus Kietreiber Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart Maquette commerciale Peter Knehtl (Dir.), Sasha Bunch, Simone Fischer, Martina Maier Emplacements publicitaires Manuela Brandstätter, Monika Spitaler, Andrea Tamás-Loprais Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Sabine Wessig Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovi c,̀ Maximilian Kment, Josef Mühlbacher Fabrication Veronika Felder Office Management Yvonne Tremmel (Dir.), Alexander Peham Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements) Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche Téléphone +43 (0)1 90221-28800, Fax +43 (0)1 90221-28809 Web redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeur de la publication Andreas Kornhofer Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier, Dietmar Otti, Christopher Reindl
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must-haves
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1 RÉCUP
Chaque année, des tonnes d’ordures jonchent les rues du Cambodge, dont des milliers de sacs de ciment usagés. Elephbo lutte contre l’accumulation des déchets et en recycle une partie pour en faire des baskets et des sacs fabriqués de manière durable. Son but est à la fois de réduire les déchets, et de créer des emplois dans des conditions équitables. elephbo.com
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2 TOUT SCHUSS
Le tout dernier HERO ELITE ST Ti, directement inspiré d’un ski de course slalom, ravira les skieurs techniques fans de course. La technologie Line Control associée à une largeur de 68 mm sous le pied sont des gages de précision, de puissance et d’un passage carre à carre rapide. La technologie LCT apporte au ski une stabilité maximale et permet un contrôle de ligne inégalé et un choix de trajectoire optimal. rossignol.com
3 TRICOTÉS MAIN
Fabriqués en laine bio de moutons finnois et teints à la main avec des colorants naturels, les bonnets de laine de Myssyfarmi sont nés d’un projet qui tenait à cœur à la famille Rauhansuu de Pöytyä en Finlande. Ces bonnets tous doux ont été tricotés avec beaucoup d’amour par les mamies du coin, ce qui confère à chaque Myssy une touche toute personnelle. myssyfarmi.fi
4 JAMAIS SANS LUI 5 À L’AISE
Évadez-vous du quotidien pour plonger dans votre univers de divertissement avec le Xperia XZ3 : écran OLED HDR, haut-parleurs stéréo et système de vibration dynamique au bout de vos doigts dans un design borderless incroyablement fin. Immergez-vous dans vos contenus grâce à la résolution QHD+ et capturez les instants les plus spontanés avec le nouvel appareil photo intelligent Motion Eye. sonymobile.com
La XT FREE PROMODEL LV, développée en collaboration avec Richard Permin, est la nouvelle référence de chaussures destinées à tous ceux qui envisagent le ski comme une aventure. Adaptée à la pratique du freeride et du touring, elle se veut légère (1,9 kg) grâce au Dual Core Light, sans que cela se fasse au détriment de la performance ni du confort. lange-boots.com
6 ÉDITION LIMITÉE
Le mouvement automatique de haute qualité de la montre S EVEN-24 se laisse scruter à la fois par le cadran squelettisé et par le fond en verre. Disponible en dix variantes avec des boîtiers robustes en acier inoxydable (chaque modèle est limité à 255 pièces), un remontoir décoré et un bracelet en mesh, caoutchouc ou cuir, le SEVEN-24 est un must pour les vrais hommes. seven-24.watch
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Le plein d’action.
makes you fly
Forêts mystiques, chemins solitaires, figures de virtuose : pour son projet Riding Thrones, Lorenz Holder a photographié l’Autrichien et pro du BMX Senad Grosic sur les lieux de tournage originaux de la série Game of Thrones en Irlande du Nord. La vidéo médiévale-fantastique est à voir sur redbull.com
Le prochain THE RED BULLETIN sortira le 10 février 2019 98
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LORENZ HOLDER/RED BULL CONTENT POOL
Tricks en série
CR E ATE YO U R OW N PATH . Quand per for man ce et design se ren con trent. Un SUV avec le cœur d’une voi tu re de sport. Per met tez-nous de vous pré senter le CUPRA Ateca. L’incarnation de deux univers qui se côtoient rarement.
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qu’au 31.1 2.2018) = prix net de Fr. 47 ’500.–. Con som ma ti on mix te nor mé e 7.4 l/100 km, 168 g CO 2 /km (Ø des vé hi cu les neufs de 1 33 g), prépa ra ti on
d’é ner gie 38 g CO 2 /km, cat é go rie de ren dement énergétique: G.