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BIENVENUE De l’alpin au sous-marin
« Ce tour des océans entrepris avec l’apnéiste iconique Guillaume Néry était motivé par la rencontre de l’exceptionnel », dit Franck Seguin, patron du département photo de L’Équipe, spécialiste de la photo de sport et grand nom de la photo sousmarine, d’apnée. Franck vous entraîne dans les profondeurs, à la rencontre des cachalots ou de l’Atlantide japonaise. PAGE 24
Jürgen Schmieder
Le journaliste bavarois collabore depuis 2013 comme correspondant pour la Süddeutsche Zeitung à Los Angeles, pour laquelle il écrit de brillants reportages, interviews et portraits, comme celui qu’il dédie au maître du biohacking Dave Asprey pour The Red Bulletin. Ses livres, publiés en allemand, sont des bestsellers dans la catégorie auto-expérimentation. PAGE 52
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DOM DAHER (COUVERTURE)
Franck Seguin
Dans ce numéro, les sommets côtoient les profondeurs. La précision implacable du chrono se frotte au mystique, à l’incompréhensible. Des pistes olympiques de la Corée du Sud à l’Atlantide japonaise, The Red Bulletin prolonge sa quête de l’exceptionnel et rencontre ceux qui le construisent jour après jour, podium après podium, plongée après plongée. Alexis Pinturault, le meilleur skieur français du moment, révèle son goût pour le jeu, pas dans les casinos, mais bien sur les plus exigeantes des compétitions. Avec une décennie de moins, soit à 15 ans, et dans le même environnement (la neige, la montagne), Tess Ledeux est déjà championne du monde de sa discipline, le slopestyle, et elle aussi prête à s’éclater à Pyeongchang. Pas votre truc, la neige ? Alors plongez avec le photographe Franck Seguin et l’apnéiste Guillaume Néry dans des eaux troublantes. Vous y attendent des animaux démesurés, et des constructions sous-marines dont personne ne sait encore expliquer la fabuleuse origine. Excellente lecture ! Votre Rédaction
THE RED BULLETIN
SOMMAIRE janvier
BULLEVARD Un mode de vie hors du commun
10 Sabre laser ou paintball :
John Boyega n’a pas su choisir
12 Intestable, Tess ! Qui est la
prodige du ski slopestyle ?
14 Bootsy Collins basse le son ! 16 Si Voiski plane, c’est pour votre
36 LE VERT LUI VA SI BIEN
À l’écran, Arnold a sauvé la planète plus d’une fois. Cette fois, c’est bien nous les predators.
plus grand plaisir… auditif
17 Sur ce vélo de triathlon, tout a
été (bien) pensé pour la perf’ 18 La Jaguar Type E n’a jamais cessé d’être branchée 20 Revival : un Walkman allégé 22 De la tequila à l’au-delà...
GUIDE
Voir. Avoir. Faire. 76 Destination Red Bull : pour un
voyage hors du commun
80 Montres : pilotes du temps 82 Red Bull TV : tout à fond ! 84 Agenda : que du très cool 86 Matos : tout pour le ski 96 Ours : ils et elles font le TRB 98 Makes you fly : Anthony Perrin
dans l’upside down du BMX...
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FACE À FACE
Une icône de l’apnée et un photographe de renom dans un tour des océans qui les mènera vers l’étrange.
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THE RED BULLETIN
ROBERT ASCROFT, FRANCK SEGUIN/BUREAU233, FLAVIEN DUHAMEL/RED BULL CONTENT POOL
58 EN TOURISTES
Tout savoir pour pister le légendaire rallye-raid sur l’intégralité de son parcours en Amérique du Sud. Et vous pourrez dire : « J’ai fait le Dakar ! »
THE RED BULLETIN
REPORTAGES
24 Il marchait sous l’eau
Guillaume Néry visite des océans chelous et Franck Seguin n’en loupe pas une.
36
Ce qu’a appris Schwarzy
Durant ses multiples vies, et pourquoi il mène aujourd’hui un combat écolo.
44 Alexis Pinturault, le joueur
Au plus haut niveau du ski, Alexis Pinturault vous donne son approche de la compétition : tout lâcher, cartes sur table, et ne surtout pas se priver de jouer.
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L’homme qui vivra 180 ans
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À la poursuite du Dakar
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Kev Adams : jamais seul
Nous ne serons plus vivants pour le constater, mais Dave Asprey est persuadé que le programme Bulletproof lui permettra de défier la mort plus longtemps. Pérou, Bolivie, Argentine, dans des conditions extrêmes. C’est ce qui vous attend si vous voulez suivre le Dakar sur l’intégralité de ses 14 étapes. Chiche ? On l’a d’abord connu solo sur scène, et il fait aujourd’hui la paire avec Vincent Elbaz dans un film de montagne. Kev Adams dit pourquoi l’autre est essentiel. 7
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BULLEVARD U N
ST Y L E
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V I E
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D U
C O M M U N
L’étoile montante révélée dans Star Wars VII évoque ses visions et son invincibilité au paintball.
SHAMIL TANNA
JOHN BOYEGA CET HOMME EST UN FIN STRATÈGE PAGE 10
THE RED BULLETIN
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BULLEVARD
John Boyega Il a tout juste 25 ans, a vu sa carrière d’acteur décoller grâce à Star Wars et Detroit, se moque des yachts et des villas et ne souhaite qu’une chose : ne jamais se prendre une bille de peinture.
« AU PAINTBALL, JE VOUS TUE ! » T
he red bulletin : Décrocher un rôle dans Star Wars, c’était tirer le gros lot. Que faites-vous de tout l’argent gagné ? john boyega : Je l’investis dans ma boîte de prod. Pas de yacht ? Pas de villa ? Non. J’ai un plan d’enfer. Je veux me bâtir une carrière qui parle d’elle-même, en faisant en sorte de prendre les bonnes décisions. Pour cela, j’ai besoin d’une marge de manœuvre pour développer ma créativité. Et elle n’est rendue possible que si je peux me retirer dans mon QG. Quelles décisions par exemple ? Je veux promouvoir la diversité ethnique dans mes films. Et je suis particulièrement fier que notre première production soit constituée d’acteurs et d’actrices d’horizons très différents. Mon rêve serait d’inclure toutes sortes de gens, et de raconter des histoires d’après des perspectives variées. Autre point impor important : mes films devront avoir une durée de vie longue. Le thriller Detroit par exemple (réalisé par Kathryn Bigelow, ndlr) sera le plus grand film de ma carrière, car il va avoir un énorme retentissement culturel. Il sera montré de génération en génération. La possibilité de l’échec ne vous effleure-t-elle jamais l’esprit ?
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L’échec est un des ingrédients du succès. Ça me motive. Échouer signifie qu’il y a un autre chemin à suivre, une autre tactique à essayer pour parvenir à ses fins. Si nos concitoyens ne prenaient pas la peine de s’exposer et d’échouer, la société telle que nous la connaissons aujourd’hui n’existerait pas. En dehors du cinéma, vous avez une deuxième passion : le paintball. C’est vrai, dans ce domaine, je suis un tueur ! Développons. Qu’est-ce qui fait de vous un adversaire redoutable ? Je suis un fin stratège. Lors de notre dernière session, j’ai dit à mes potes d’arriver un jour plus tôt afin que nous puissions définir très précisément notre manière de procéder. Dans la partie, quand on sait à quelle équipe on va avoir à faire, on peut calculer et anticiper la réaction de l’équipe adverse. C’est ce que j’ai fait. Et c’est pour ça qu’on a gagné. Et donc, la dernière fois que vous avez joué, vous avez gagné ? Quelle question ! Je n’ai jamais perdu une seule fois de ma vie au paintball. starwars.com
John Boyega, 25 ans, étoile montante du ciné et gâchette au paintball. THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN
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SHAMIL TANNA
RÜDIGER STURM
DOM DAHER/RED BULL CONTENT POOL
PIERRE-HENRI CAMY
BULLEVARD
Le ski slopestyle plaît aux audacieux : Tess Ledeux prend son envol dans une discipline spectaculaire.
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THE RED BULLETIN
T
Tess Ledeux Elle aura tout juste 16 ans lors des JO d’hiver en Corée du Sud. Le jeune prodige de La Plagne nous éclaire sur le slopestyle.
COUP DE FRAIS SUR LE SKI
u peux pas test Tess ! La talentueuse skieuse, pro du slopestyle est plus qu’attendue à Pyeongchang en Corée du Sud en février. Pour y briller. the red bulletin : Tess, le ski freestyle qui sera disputé en Corée, c’est quoi ? tess ledeux : Il y a cinq disciplines dans le freestyle : les bosses, le saut, le ski cross, le half-pipe et le slopestyle. Ma discipline, le slopestyle, c’est un enchaînement de sauts et de rails sur une piste. En compétition, on doit essayer de sortir l’enchaînement le mieux composé, bien diver diversifié, le plus technique et le plus stylé possible. Ce slopestyle, vous le pratiquez depuis quel âge ? J’ai attaqué pour le plaisir vers 6-7 ans, et je suis entrée en club pour mes premières compétitions à 9 ans. Les JO, pour vous, sont certainement liés à un souvenir familial, car votre cousin, Kevin Rolland, a été médaillé de bronze en ski half-pipe aux JO d’hiver de Sotchi en 2014. Vous aviez 11 ans. Vous souvenez-vous de sa victoire ? Je sais qu’on était tous en famille à regarder les Jeux et qu’il y avait pas mal de
caméras de télévision autour qui étaient là pour filmer nos réactions, ça m’avait un peu marquée. Cette fois, vous accompagnez Kevin en Corée ! Oui, et on va essayer de faire du mieux possible ! Kevin a de l’expérience, il m’apporte beaucoup là-dessus. Je vais me faire ma propre expérience, mais c’est cool de pouvoir compter sur un pilier comme lui là-bas. Quel a été son meilleur conseil à propos des JO ? De ne pas me laisser trop influencer par l’événement car tout va être surdimensionné. Il me faut rester concentrée comme sur une compétition classique, ne pas avoir la tête ailleurs le jour de la course. Vous êtes championne du monde de ski slopestyle, vous avez obtenu deux fois l’argent aux X-Games, remporté votre première coupe du monde à Font-Romeu... à 15 ans seulement. Vous gardez la tête froide ? Cette saison, j’ai un titre à défendre, et je ne suis plus attendue de la même manière, donc forcément ça ajoute de la pression. Je vais essayer de repartir à zéro, me dire qu’il n’y a rien eu avant, essayer de faire le meilleur score possible. Je m’entraîne tous les jours, et j’espère que ça va le faire. Après votre titre mondial en mars, en Espagne, vous disiez n’être pas satisfaite de vos runs. Dur à croire. Je n’ai jamais sorti le run par parfait en compétition. Après, ça dépend des conditions météo, et autres. C’est pareil pour tout le monde en compétition, après c’est à celui qui arrivera à mieux gérer tous les aléas de la journée. Mais je n’ai jamais été vraiment satisfaite de ma performance ce jour-là. Je suis un peu perfectionniste. Instagram.com/tessledeux
Tess, 15 ans et déjà une championne du monde de ski slopestyle. Un atout français aux JO d’hiver. THE RED BULLETIN
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BULLEVARD
Bootsy Collins À l’occasion de son nouvel opus, World Wide Funk, le bassiste confesse comment il est devenu un musicien de légende grâce à James Brown.
«MA BASSE S’EST MUÉE EN SERPENT…» 14
B
asse énergique et personnage scénique protéiforme, William Earl « Bootsy » Collins, 66 ans, est au funk ce que Thierry Sabine est au rallye : un père fondateur. À 18 ans, il joue aux côtés de James Brown. Par la suite, il devient la basse vitale des groupes de George Clinton, Parliament et Funkadelic. Collins explique comment funk up your life ! the red bulletin : Votre album est une leçon de funk. bootsy collins : Le funk, c’est un mode de vie. Ça
THE RED BULLETIN
DAVID CARLO
Bootsy a influencé de nombreux artistes, dont Dr Dre et les Red Hot Chili Peppers.
signifie faire au mieux avec ce que l’on a. J’ai débuté sur une guitare que j’ai customisée en remplaçant les cordes par quatre cordes de basse que mon frère m’avait données. Comment met-on du funk dans sa vie ? On crée quelque chose à partir de rien. On apporte de la spontanéité à son quotidien. On n’annonce pas à sa nana : « On fera l’amour ce soir à sept heures. » Ça tue l’envie. Que devez-vous à Brown ? Il était très sévère. Après chaque concert, il nous disait qu’on n’y était pas, alors qu’on savait pertinemment qu’on avait déménagé la baraque ! Démotivant… Il nous faisait porter costumes et chaussures brillantes. Nous, on voulait déconner. Une fois, il m’a grave saoulé. J’ai pris de l’acide avant le show. J’étais tellement perché que j’avais l’impression que ma basse s’était muée en serpent… La réaction de James Brown ? Il a cru que ses leçons ne servaient à rien. C’est faux. À l’époque, je ne le réalisais pas, mais quand il me disait que je n’étais pas dedans, ça me faisait bosser. Et ça, ça a été crucial pour ma carrière. bootsycollins.com
FLORIAN OBKIRCHER
Bootsy Collins est l’incarnation de la basse dans le funk.
X-WIND
AUTOMATIC SWISS MADE
BULLEVARD
Ce DJ et producteur français collecte les plantes artificielles, aime la F1 et crée sa musique dans l’avion.
EN AÉRIENNE COMPAGNIE Red Bull Studios Paris : Voiski y a finalisé une œuvre des plus planantes, avant de mater la F1.
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Q
uand il n’est pas en studio ou en club, occupé à propager sa musique électronique de qualité, Voiski passe du temps en tournée, donc dans des aéroports (où il récolte des plantes artificielles pour ses herbiers) et des avions (où il crée systématiquement de nouveaux titres).
THE RED BULLETIN
PHILIPPE LEVY/RED BULL CONTENT POOL
Voiski
Invité aux Red Bull Studios Paris pour y finaliser ses nouvelles productions de musique ambient, « des compositions de mélodies réalisées entre le décollage et l’atterrissage », Voiski en a tiré un vinyle intitulé Disconnections, Music for Clouds (trad. musique pour les nuages nuages, ndlr), auquel est intégré un portfolio de ses propres photos en tournée. « J’exerce la photo pour conserver une mémoire physique de mes visites, explique Voiski. Elles sont souvent très rapides et se résument la plupart du temps à un tour du pâté de maisons ou du parking devant l’hôtel en poireautant entre deux concerts. » Et lorsqu’il rentre enfin chez lui, il se précipite sur un replay du dernier Grand Prix de F1 (il en est fan). Pour toutes ces raisons, Voiski est en pole position des artistes les plus singuliers du moment. soundcloud.com/voiski
PIERRE-HENRI CAMY
Disconnections, Music for Clouds. Ce 33t (portfolio) accueille des musiques conçues dans des avions.
Vélo de triathlon Entre vélo et objet de culte, le P5x est la dernière création de la technologie Cervélo.
LE CERVEAU DE L’AFFAIRE
WERNER JESSNER
n un peu plus de vingt ans d’existence, le fabricant canadien de vélos de course Cervélo a tout gagné : le Tour de France, le Giro d’Italia, la Coupe du monde. Pourtant, au départ, la marque est surtout connue pour un savoir-faire orienté triathlon. Un sport pointu, où le moindre millimètre ou gramme de matériel compte, et à l’origine de bien des révolutions ayant souvent converti toute l’industrie du vélo. En 1996, Cervélo réalise le premier cadre en carbone de moins d’un kilo, provoquant
ce faisant une onde de choc dans la branche. Aérodynamisme, confort, intégration des composants sont autant d’aspects pour lesquels l’équipe des fondateurs de l’entreprise Gérard Vroomen et Phil White a toujours été à l’avant-garde. Nous avons voulu déterminer la quantité de matière grise présente dans le tout nouveau P5x. Car après tout, le nom Cervélo vient de la fusion des mots cervello, cerveau en italien, et vélo… cervelo.com
LES ROUES
LA SELLE
UN TUBE BAS
LE POSTE DE PILOTAGE
LES VITESSES
LE PÉDALIER
LES RANGEMENTS
LE FREINAGE
Le duo de roues en carbone de 1 711 grammes optimisé sur le plan aérodynamique et spécialement conçu pour les freins à disque est le plus rapide du marché.
CERVÉLO
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Le circuit électrique (SRAM Red eTap) plus précis et plus silencieux que des câbles, nécessite aussi moins d’effort d’entraînement et donc est moins énergivore. THE RED BULLETIN
La tige de selle en forme de goutte d’eau peut être raccourcie et offre deux niveaux d’ajustement et une fixation pour accueillir une bouteille à l’arrière.
Pour maximiser la puissance du système, le côté gauche est plus large de 11 millimètres et compatible avec les manivelles intégrant des capteurs de puissance athlétique.
Les fibres de carbone de la structure sont alignées avec minutie le long des points de charge. La roue avant et le bidon d’eau s’insèrent dans l’axe de la goutte d’eau.
Les triathlètes en ont besoin, surtout pendant l’entraînement. Le P5x inclut des supports à bidon et trois compartiments intégrés au cadre : pour la veste de pluie, les outils et les encas.
Entièrement modulable au millimètre près, il est aussi réversible, élargissant ainsi la palette des angles d’inclinaison. Les câbles sont entièrement intégrés.
Le frein à disque est lié au futur du triathlon. L’intégration aérodynamique avec de vrais axes assure plus de stabilité que la version à démontage rapide précédente.
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BULLEVARD
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En haut: les voitures se ressemblent, mais contrairement aux 6 cylindres vrombissants de la Type E vintage, la Zero est silencieuse. Ci-dessus : le tableau de bord a été modifié mais ses commandes sur écran tactile sont inspirées de l’original.
Type E Zero Enzo Ferrari l’appelait « la plus belle du monde ». L’élégante voiture de sport de Jaguar ressuscite en mode électrique.
TOUJOURS BRANCHÉE
TOM GUISE
vous lancer dans une course à travers les Alpes, n’oubliez pas que votre batterie a une autonomie d’environ 270 km et devra ensuite être rechargée pendant six heures. Néanmoins, la Zero n’est que le point de départ d’un grand projet. « Nous pouvons recourir à cette technologie pour transformer n’importe quelle Jaguar classique équipée d’un moteur XK, explique Hannig. Nous voulons que les voitures classiques résistent à l’épreuve du temps. » C’est d’autant plus notable si l’on considère que d’ici 2020, Jaguar compte supprimer les véhicules équipés exclusivement de moteurs à combustion interne. À quoi d’autre peut-on s’attendre de la part d’un constructeur automobile assez visionnaire pour mettre un E dans le nom de l’un de ses modèles dès 1961 ? jaguar.com
CHARLIEMAGEE.COM
a mode passe, le style reste », disait Coco Chanel. Difficile d’imaginer ce que la créatrice légendaire aurait pensé du marché des voitures électriques d’aujourd’hui avec ses Smarts Fortwo ED infantiles et ses Teslas ostentatoires. Heureusement, Jaguar s’en mêle avec une bonne dose d’intemporalité grâce au lancement de sa voiture la plus célèbre, la Type E, en version électrique. L’extérieur de la Type E Zero ressemble comme deux gouttes d’eau au roadster de Type E Série 1,5 de 1968 – et pour cause, ils sont identiques. Jaguar Land Rover s’est servi exactement de la même carrosserie, ce qui permettrait à quiconque assez fou de revenir à un moteur standard à combustion interne. Sous cette coque vintage bat un cœur futuriste. Un groupe motopropulseur de 220 kW remplace le bloc six-cylindres en ligne XK et propulse la Zero de 0 à 100 km/h en 5,5 secondes, soit une de moins que son aïeule qui carburait à l’essence. Pas surprenant étant donné que le nouveau moteur pèse 46 kg de moins et que sa puissance correspond à 300 cv – 11 % de plus que les 265 du modèle original. La voiture pourrait même aller plus vite. « Afin d’associer de façon imperceptible la motorisation électrique et les réglages de la Type E d’origine, nous avons limité la puissance du véhicule, explique Tim Hannig, directeur de Jaguar Land Rover Classic. Cela optimise le plaisir de conduire. » Cela dit, avant de
THE RED BULLETIN
Le « E » de la Type E originale n’avait aucune signification. Maintenant si : « électrique » !
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Elbow
Le baladeur audio, objet iconique des années 80, fait tomber la chemise et révèle sa vraie nature…
POUR REPASSER EN MODE CASSETTE E
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rotatif, d’une prise Jack, d’un port micro USB et d’une molette pour naviguer sur la bande (play ou fast-forward) et modifier le volume. Pas d’auto-reverse, le changement de face se fait manuellement. Elbow est le fruit de deux Lituaniens ingénieux : Andrius Žemaitis et Marius Paulikas, aka BrainMonk. L’idée est « d’autoriser l’auditeur à apprécier le mouvement mécanique ». D’ici à ce que le budget nécessaire à sa fabricafabrica tion soit réuni, repassonsnous en boucle le Awesome Mix Vol. 1de Chris Pratt. Facebook : @ElbowCP
Le moteur d’Elbow fonctionne avec un capteur optique qui suit la surface de la bande pour maintenir la vitesse de lecture. Pour changer de face, il suffit de soulever le bras biaxial et de le placer dans la seconde bobine.
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n 2014, Les Gardiens de la galaxie prouvait que même les cinéphiles payaient pour voir un Marvel ! Était-ce pour le « Je s’appelle Groot » de Vin Diesel ? ou pour la BO culte qui a caracolé au top du Billboard 200 américain en remettant la pop des sevenseven ties à l’ordre du jour ? Le plus intrigant de l’histoire, ce sont encore les 11 000 copies de la musique du film vendues… sur cassette ! La mort de la bande audio a été aussi injustement déclarée que celle du vinyle. Preuve en sont les Kanye West, The Weeknd ou Justin Bieber qui font produire des séries limitées en K7 à chaque sortie d’album. Il suffisait de penser à une façon d’accompagner ce revival. Elbow vous permet d’écouter vos cassettes à l’anl’an cienne, ou presque. La coque a été abolie, les boutons externes actionnant des mécanismes inin ternes aussi. Réduit à son plus simple appareil, le baladeur est composé d’un bras biaxial
THE RED BULLETIN
BULLEVARD
qui perdure à travers le temps et les traditions. C’est aussi une source de fierté, qui forge nos racines et nous définit. » Personne n’est mieux placé que le Jalisquillo (l’homme du pays de Jalisco) pour concevoir des squelettes censés représenter la vie et la mort. Si vous possédez l’une de ces bouteilles (550 €), vous goûterez – à condition de la déboucher – à un mélange raf raffiné de saveurs, vieilli en fûts de chêne d’origine américaine et française. Mais ce n’est pas tout. Guillermo del Toro a voulu donner une touche occulte à sa création. Le coffret, ouvert, peut accueillir deux bougies. L’autel ainsi constitué permet de vouer un culte à la fois à la tradition et à la boisson mexicaines. Sans bouger de son siège. La bouteille est déjà disponible dans le commerce. Les fans sauront donc comment patienter d’ici la sor sortie, le 21 février prochain, du dernier film de Guillermo del Toro : La forme de l’eau (primé à la Mostra de Venise). patrontequila.com
D’humeur « zombiesque » ? Rien de tel qu’une tequila made in Mexico accompagnée d’un zeste d’horreur pour vous remettre les idées en place…
À RÉVEILLER LES MORTS 22
L’intérieur du coffret renferme de prometteuses surprises : une bouteille de tequila añejo et une flasque de liqueur aux agrumes. La métamorphose en autel confère à l’ensemble une aura mystique. Tel était le souhait de Guillermo…
THE RED BULLETIN
COURTESY OF TEQUILA PATRÓN
Élixir pour l’au-delà
quoi s’occupe Guillermo del Toro quand il n’est pas sur un tournage ? Il produit de la tequila. Natif de Guadalajara, le cinéaste a conclu un pacte avec les patrons de la tequila du même nom pour créer une édition spéciale, baptisée « Patrón × Guillermo del Toro ». Celle-ci ravira les amateurs de spiritueux autant par ses qualités gustatives que par son packaging unique. En effet, l’homme derrière le film Le labyrinthe de Pan (2006) a participé à la conception du coffret et aux illustrations reproduites à l’intérieur. « La tequila coule dans les veines de mon pays et de ma ville d’origine, Jalisco. Elle représente la communion entre l’esprit et la terre, une union
ALEJANDRO SERRANO
À
IL MARCHAIT SOUS L’EAU
Un tour du monde aquatique et exceptionnel avec l’apnéiste d’élite Guillaume Néry. Texte : PH Camy Photos : Franck Seguin / Bureau 233
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Dans l’étrange : au Mexique, dans ce puits maya sacré, Guillaume Néry traverse un nuage de sulfate d’hydrogène.
Aux portes de « l’Atlantide japonaise », dans le secret des puits mayas sacrés ou au contact de l’un des plus grands apnéistes du règne animal : quand l’iconique et multiple champion d’apnée Guillaume Néry et le photographe plusieurs fois primé Franck Seguin décident d’entamer un tour du monde sous-marin, l’aventure s’enfonce dans le mysticisme et l’inconnu. Leurs contemporains n’ont de cesse de lorgner vers l’espace et ne pensent qu’au futur, mais les deux Français optent pour les profondeurs et des lieux que l’Histoire avait presque oubliés. Osez une immersion avec eux sur trois étapes de leur projet One Breath Around the World. 26
Au large de l’île Maurice : une r encontre immense, avant que le cachalot ne sonde à 2 000 m.
L’infra-monde des Mayas, à la recherche de leur passé chargé d’histoires.
Quand Guillaume Néry grimpe aux arbres, c’est uniquement au Mexique, et sous l’eau.
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En famille : une référence mondiale de l’apnée, le Français passera près d’une heure parmi ces femelles et bébés cachalots.
THE RED BULLETIN
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À quelques brasses de l’île de Yonaguni, au Japon. Ce sur quoi court Néry a été révélé à l’Occident en 1997, par Jacques Mayol. L’origine reste inconnue.
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Dans ces puits, les Mayas procĂŠdaient Ă des rites sacrificiels.
Le tour des océans de Néry et Seguin
« Le cachalot a un aspect plus brutal que la baleine, dit le photographe Franck Seguin. C’est un carnassier géant bâti pour la chasse profonde. Tu ne viens pas pour le caresser. »
« Nous voulions aller à la rencontre des peuples de la mer. Mais on a trouvé que c’était trop réducteur, explique le photographe Franck Seguin. Il fallait aller dans des endroits exceptionnels et y faire des rencontres exceptionnelles. » À chaque destination de ce tour du monde des océans entamé en avril, le duo établit un contact avec un lieu, une population, ou des animaux. À commencer par un énorme : le cachalot. « PerPer sonne ne se représente vraiment qui il est, dit Seguin. Comme Guillaume Néry (cicontre en photo), le cachalot est un recordman d’apnée, jusqu’à 90 minutes, à des profondeurs pouvant atteindre 3 000 m. C’est là qu’il vient se nourrir de calmars géants. » C’est à l’aide d’un hydrophone (une sonde sonore) qu’ils trouveront sa trace au large
de l’île Maurice, à l’écoute de ses cliquetis caractéristiques. Au Mexique, c’est une plongée dans l’infra-monde : sur terre, mais sous l’eau. Après 5 heures « de route », en 4×4, dans la jungle du Yucatán, jusqu’aux fameux cénotes. « Des trous d’eau douce, qui sont des puits mayas sacrés, précise Franck. Des astéroïdes se seraient écrasées dans cette jungle et y auraient formé ces puits. Les Mayas procédaient à des rites sacrificiels, on peut y trouve des ossements... » Ou des arbres, morts, échoués. Mysticisme toujours, mais au Japon cette fois, où ils rejoignent la structure sousmarine de Yonaguni, à quelques brasses de l’île Yonaguni, au sud d’Okinawa. « Ce potentiel temple immergé datant de 5 000 ans n’a été découvert qu’en 1985, raconte Seguin. C’est une structure de pierre d’environ 75 mètres de long et 25 mètres de haut. » Une formation qui conserve tous ses mystères. « Une certitude, dit Franck, il s’agit là de l’un des plus beaux sites de plongée au monde, dont les merveilles furent révélées en Occident par Jacques Mayol. Il y a trente ans. » Et partout, le plusieurs fois champion du monde d’apnée Guillaume Néry, 35 ans, s’est régalé à marcher sous l’eau. En jusqu’au-boutiste. « Il procède à certaines plongées les poumons vides, comme plombé de l’intérieur. » Franck, lui, plonge en apnée ou en bouteille, accompagné d’un plongeur de sécurité. L’essentiel pour le photographe et ambassadeur Canon étant de réaliser en profondeur une photo « scénarisée » à la surface. Pas le fait de photographier en apnée. Le sujet d’un futur livre et d’un court-métrage réalisé par Julie, la compagne de Néry, One Breath Around the World emmènera bientôt le duo dans les eaux glaciales du lac Baïkal, en Russie. @franckseguinphoto ; @guillaumenery 35
« J’AI APPRIS, APPRIS, ET APPRIS » Culturiste, homme d’affaires, acteur et homme politique : Arnold Schwarzenegger a toujours pris son travail au sérieux. Mais tout cela n’était rien de plus que les prémisses de sa cinquième vie : celle de militant écologiste. Désormais, il veut sauver le monde, sans compromis.
Texte : Rüdiger Sturm Photos : Robert Ascroft
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ôtel Majestic, Cannes. Arnold Schwarzenegger fait son entrée et il remplit tout à coup la suite de sa présence. Voilà bien longtemps que son physique toujours très imposant n’est plus à l’ordre du jour. Comme il le dira plus tard en interview au sujet des voitures : ce qui compte, ce n’est pas la taille, c’est le moteur. Et son moteur à lui, c’est un mélange d’optimisme coriace et de passion dévorante.
Décidément, ce moteur est toujours en surrégime. Schwarzenegger, quand il met la gomme, on a du mal à le rattraper. Pas évident d’organiser un entretien téléphonique de plus avec lui pour approfondir certains sujets. Et quand on finit par trouver un moment, le rendez-vous est repoussé à la dernière minute à une date indéterminée : l’homme aux multiples carrières – culturiste, star de cinéma, homme politique, militant – est pris dans un tourbillon de rendez-vous. Les assistants se démènent les uns après les autres, jusqu’à ce soir où l’on reçoit soudain un appel venu de nulle part : M. Schwarzenegger est disponible. Maintenant. À la seconde. Et notre septuagénaire de se lancer, plein d’entrain – et même avec tant de zèle qu’il finit par dépasser l’heure de fin qui avait été convenue. the red bulletin : À Cannes, le soleil brille et vous, vous rayonnez littéralement. Une raison particulière à cela ? arnold schwarzenegger : J’ai soulevé des poids aujourd’hui. Je me sens toujours bien après. Mis à part ça, j’ai toujours été quelqu’un de très positif. Je n’ai jamais eu de raison de ne pas l’être. À aucun moment dans votre vie, vous n’avez eu de raison d’être de mauvaise humeur ?
À 70 ans, le militant écologiste parle concrètement des dangers du changement climatique : « Il en va de la survie de l’humanité. »
«L’UNE DE MES GRANDES LEÇONS DE VIE : NE PAS ÉCOUTER LES PESSIMISTES.» Schwarzenegger à propos de ses débuts dans le culturisme et de l’incrédulité de son entourage.
Eh bien, pendant ma jeunesse à Thal (la ville d’origine de Schwarzenegger, en Styrie, Autriche, ndlr), mes parents me disaient ce que je devais faire : va à l’école aujourd’hui, va travailler, va couper du bois, etc. À 15 ans, j’ai découvert ma propre passion. Au Thalersee, je suis tombé sur des athlètes en plein entraînement, je les ai vus faire des tractions accrochés aux branches, je les ai vus boxer, soulever des poids. C’est suite à ça que je me suis rendu au club d’haltérophilie du coin, l’Athletik-Union de Graz. À cette époque, ce que je voulais plus que tout, c’était être fort et musclé. Je voulais gagner, je ne voulais ressembler à personne d’autre. Un rêve d’ado, en somme. Quel était votre projet exactement ? Les murs de ma chambre étaient recouverts de posters de tous les athlètes que j’admirais. Notamment le culturiste Reg Park dont j’avais lu l’histoire dans un magazine : comment il s’était entraîné, comment il avait commencé par devenir champion de Grande-Bretagne puis d’Europe, et enfin Mister Univers. Comment il était ensuite allé aux États-Unis, avant d’être découvert et de jouer Hercule au cinéma. C’était une évidence pour moi : je voulais la même chose. C’était ça, mon projet de vie. Quand je l’ai compris, j’étais au septième ciel. J’avais tout le temps la banane, partout où j’allais. Les gens ne comprenaient pas pourquoi. Mais je savais exactement quelle direction prendre. Ils ne devaient pas être nombreux à penser que vous y arriveriez. L’une des leçons les plus importantes de ma vie, c’est de ne pas écouter les pessimistes. À chaque fois que je voulais tenter quelque chose, j’entendais des trucs du genre : « Tu n’y arriveras jamais, tu es cinglé. » Mais j’ai appris à les ignorer. À chaque fois que quelqu’un affirme que quelque chose est impossible, je me dis que ça ne l’est pas. En toute honnêteté, 39
ça me booste plus qu’autre chose, ça me donne envie de me battre et de faire du rêve une réalité. Nelson Mandela disait : « Cela semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on le fasse. ». Et ce n’est pas parce qu’aucun Autrichien n’était devenu champion de culturisme ou acteur de cinéma avant moi que je n’allais pas y arriver. Cette façon de voir les choses m’a aidé tout au long de ma carrière. Comme quand j’avais 20 ans et que je me suis retrouvé sur la même putain de scène, dans le même auditorium que Reg Park cinq ans avant moi, et que je suis devenu Mister Univers. Dit comme ça, ça ressemble à un jeu d’enfant… Ça ne l’était pas, croyez-moi. Devenir le meilleur culturiste au monde, c’est plus facile à dire qu’à faire. L’un de mes grands principes, c’est : « Donne-toi toujours à 100 %. » Travailler dur, ça ne m’a jamais fait peur. Je ne dors pas plus de six heures par nuit. Quand je suis arrivé aux ÉtatsUnis, le culturisme, ça ne rapportait rien. Donc, j’ai suivi une formation et à côté, je travaillais en tant que maçon. Ça n’a pas érodé vos illusions ? Non. Ça ne m’a pas fait dévier de mon objectif. J’aimais bien mon boulot et je gagnais bien ma vie. En parallèle, je prenais des cours de comédie. Dans la vie, il n’y a pas de raccourcis : c’est un principe de base quand on veut atteindre les sommets. Mais quand tu remportes pour la première fois le championnat d’Europe junior, quand tu es élu « athlète le mieux bâti » et que tu deviens Mister Univers, ça te donne une énorme confiance en toi, et là, tu sais que tout est possible quand on se le bouge le cul, quand on est suffisamment discipliné et qu’on voit clairement les choses. Le secret, ce serait donc d’avoir un rêve? C’est ça. Mes objectifs, je les vois clairement devant moi, je les visualise. Ce qu’il faut se dire, c’est : « Vois ton objectif, crois-y et atteins-le. » C’est comme ça que ça fonctionne. C’est impossible d’atteindre un objectif si on ne s’en fait pas une bonne représentation. Ce n’est pas le fruit du hasard, il faut être absolument déterminé, avoir la foi. Il y a quelque chose de spirituel là-dedans, ça confine à la conviction religieuse. Et quand on a tout ça, réaliser un projet, c’est encore plus sympa. Chaque fois qu’on trime,
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«DANS LA VIE, IL N’Y A PAS DE RACCOURCIS. C’EST LA RÈGLE À SUIVRE POUR ATTEINDRE LES SOMMETS.»
Le premier business d’Arnold aux États-Unis a été European Brick Works (entreprise de BTP) en 1969, avec un ami culturiste, Franco Columbu.
on sait pourquoi on le fait. Ça n’a rien d’une corvée. J’avais cinq heures d’entraînement quotidien pour me préparer au concours de Mister Univers, et chaque jour, dans ma tête, je me voyais me rapprocher un peu plus du titre. Vous est-il arrivé d’avoir mal ? Sur le tournage de Conan le Barbare, je devais ramper sur un sol caillouteux, j’avais les coudes et les genoux en sang. Le réalisateur, John Milius, ne cessait de répéter : « On la refait ! » Je m’imaginais ce que ça donnerait dans le film, et ça me faisait plaisir de recommencer. À l’inverse, quand on ne prend aucun plaisir dans son travail, la vie peut vite être déprimante. Auriez-vous pu ressentir tout ça en restant en Autriche ? Il fallait que j’aille aux États-Unis. C’était le pays de tous les possibles. Tout ce que j’ai accompli, c’est uniquement à l’Amérique que je le dois. Là-bas, personne n’essaye de vous mettre des bâtons dans les roues. Les gens vous aident, ils restent positifs, même s’ils ne pensaient pas que j’irais au bout de tout ce que j’avais entrepris. Vous ne niez pourtant pas avoir essuyé aussi quelques revers ? Bien sûr que non. C’est toujours comme ça que ça se passe : on gagne et puis on se ramasse, on se relève et on gagne à nouveau. Faire un pas en arrière, cela ne signifie pas qu’on ne retombera pas sur ses pieds. Il faut simplement vivre plus de succès que d’échecs.
Vos succès, on les connaît, mais quels ont été vos plus gros échecs ? Sur le plan personnel, mon divorce, très certainement. Et d’un point de vue professionnel, à chaque fois que l’un de mes films faisait un four. Ça arrivait de temps à autre. Et j’ai vécu ça aussi en politique. En 2003, j’ai été élu gouverneur et, en 2005, j’ai soumis quatre propositions de loi au référendum, dont trois ont été rejetées. Heureusement, j’ai remonté la pente et j’ai été réélu gouverneur avec 56 % des voix l’année suivante. Il y a des moments géniaux, et des moments chiants. Mais la défaite, ça ne me fait pas peur. Quand je prends un risque et que ça foire, eh bien, tant pis. De toute façon, on apprend plus de ses défaites que de ses victoires. Qu’apprend-on de ses défaites ? Qu’il faut être honnête envers soi-même. Avec les autres, on peut jouer la comédie, mais pas avec soi-même. Mes échecs politiques, par exemple, n’étaient pas étrangers au fait que j’avais trop voulu en faire. On ne peut pas faire adopter quatre propositions à la fois, les choses doivent se faire les unes après les autres. Ça aurait peut-être quand même pu fonctionner, mais ce n’était pas le bon timing, malheureusement. Ces projets étaient trop en avance sur leur temps. Est-ce que votre passé de sportif vous a aidé ? Oui, le sport aussi, ça m’a appris à gérer les défaites. Par exemple, je prends 100 kg – et je les soulève. Et puis, j’en prends 110, mon record personnel, et j’y arrive aussi. Ensuite, j’essaie avec 120 pour la première fois. Je me dis : « Tu n’as qu’à essayer. Peut-être que tu y arriveras avec le soutien du public. » Et sinon, je repars et je me dis : « Ce sera pour la prochaine fois. » De cette façon, je n’ai pas l’impression d’être un perdant. Cette façon de faire, je l’applique à chaque défi qui se présente à moi.
Boîte à idées : The Schwarzenegger Institute for State and Global Policy de l’Université de Californie du Sud est un centre de recherche dédié à la politique, l’énergie l’environnement, l’éducation et la santé. THE RED BULLETIN
« LE SPORT M’A APPRIS À GÉRER LES DÉFAITES. » Arnold Schwarzenegger a été élu « Européen le mieux bâti » en 1966.
Et les coups du sort, alors ? En 2001, vous avez eu un grave accident de moto et vous vous êtes cassé six côtes... Les accidents, ça arrive. La femme qui roulait devant moi a trouvé tout d’un coup l’adresse qu’elle cherchait et elle a pilé. Je l’ai carrément emboutie, je suis passé par-dessus la voiture et j’ai atter atterri de l’autre côté. Et là, comment ça se passe ? Direction l’hôpital, on guérit, on s’en remet et puis, on remonte en selle. Pour les cascades, c’est la même chose. Sur le tournage de True Lies, je faisais du cheval sur le toit d’un hôtel et je devais sauter sur une rampe vraiment très étroite. Tout à coup, le bras de la caméra est tombé sur le nez du cheval. Il est devenu fou et j’ai bien failli faire une chute de 30 mètres sur un sol en béton. J’aurais pu me tuer. Mais ça ne m’a pas empêché d’enchaîner avec la cascade suivante. La politique aura été votre cascade la plus exaltante de toutes, non ? Ça peut être très difficile d’atteindre un objectif qui ne dépend pas seulement de vous. Vous avez forcément besoin que des millions de personnes votent pour vous. Et que des centaines de gros donateurs soutiennent votre campagne. Vous vous retrouvez là, assis face à 120 députés dubitatifs, à déclarer : « Donnez-nous la possibilité de reconstruire la Californie. De construire plus de routes, de développer un réseau ferroviaire à grande vitesse. De revoir de fond en comble le système carcéral, car les prisons sont sur surpeuplées. » Et ils vous regardent tout simplement, en mode : « Pourquoi devrait-on faire ça ? » Ce sont des démocrates, des républicains, des indépendants, et ils ont tous des opinions différentes. Et on n’a pas d’autre choix que de les convaincre et de les rassembler. Pourquoi vous être infligé cela ? Les États-Unis m’ont accueilli les bras grands ouverts, je leur en étais redevable. Je me suis engagé pour les Special Olympics, j’ai organisé des programmes pour l’encadrement des enfants après les heures d’école et, cerise sur le gâteau, je me suis porté candidat au poste de gouverneur. Principalement parce que l’un de mes plus grands principes, c’est : « Garde l’envie. » J’ai toujours eu envie de faire quelque chose pour les autres. Et j’ai toujours eu la soif d’apprendre. Quand j’ai commencé le culturisme, j’ai appris tout ce qu’il y avait à savoir sur l’anatomie et le développement musculaire, j’ai pris des cours de comédie et, au final, le siège de gouverneur à Sacramento, ça a été la plus grande salle de classe de toute ma vie. 42
LES 5 VIES D’ARNOLD SCHWARZENEGGER Les grandes qualités de Schwarzy : il se donne toujours à 100 %, et s’améliore avec la qualité de son adversaire.
Le culturiste À 14 ans, il se met à la musculation et à l’haltérophilie (champion junior en 1965), puis au culturisme. Premier titre junior en 1965, premier titre de champion du monde en 1967. En tout, seize grands titres (sept fois Mr. Olympia, cinq fois Mr. Univers) jusqu’à la fin de sa carrière en 1980.
L’homme d’affaires Il investit très tôt et avec succès dans l’immobilier, et aussi de par sa formation (un diplôme universitaire de commerce international obtenu en 1979). En 1991, il fonde la chaîne de restaurant Planet Hollywood (avec son collègue Stallone). Il détient la société cinématographique Oak Productions. Fortune : env. 300 millions de dollars.
L’acteur Dès 1970 avec Hercule à New York (pseudo Arnold Strong), jusqu’à Conan le Barbare (1982) qui le fait percer. Terminator en 1984 (et plusieurs autres ensuite) et des films d’action comme Predator (1987) et Expendables (à partir de 2010). Quelques passages dans la comédie.
L’homme politique Première fonction : président du Conseil du Président sur le conditionnement physique et les sports (de 1990 à 1993). Élu gouverneur de Californie en 2003 et 2007.
Le militant écologiste Gouverneur, il s’oppose déjà à la politique environnementale des États-Unis. En 2008, il décrète qu’un tiers de l’électricité de la Californie devra venir de sources d’énergie renouvelables d’ici 2020. Il participe à des congrès sur le climat et travaille avec l’USC Schwarzenegger Institute for State and Global Policy.
Je m’asseyais à mon bureau et tous les jours, je rencontrais des spécialistes qui me briefaient sur les thèmes les plus divers, l’application des lois, la santé, l’éducation. J’ai appris, appris et appris. Et c’est ainsi que j’ai commencé à m’engager pour la protection de l’environnement. Les scientifiques se succédaient pour m’expliquer les dangers du réchauffement climatique, les conséquences économiques, le nombre de morts causés par la pollution, le nombre d’enfants qui devenaient asthmatiques, les répercussions de
notre dépendance à certaines énergies sur la sécurité nationale, etc. Et vous assistez aujourd’hui au spectacle de quelqu’un à la Maison-Blanche qui n’a visiblement pas la même envie d’apprendre. Chacun a sa manière propre de gouver gouverner. Je ne m’exclame pas qu’à sa place, je ferais ceci ou cela. Mais quel dommage que je ne puisse pas présenter ma candidature parce que je ne suis pas né aux États-Unis. Je pense en effet que j’aurais pu gagner. Quoiqu’il en soit, il est dans mon intérêt de soutenir le Président autant que possible. S’il gagne, c’est nous tous qui gagnons. Mais quand il fait l’inverse de ce qui est nécessaire, je suis le premier à élever la voix. Surtout quand le sujet me tient à cœur, comme quand il réduit d’1,2 milliard de dollars le budget consacré aux programmes d’encadrement après les heures d’école ou quand il se retire de l’Accord de Paris sur le climat. En quoi le Président des États-Unis pourrait-il s’inspirer de vous ? Laissez-moi vous donner un exemple : mes lois sur la réduction des gaz à effet de serre sont définitivement entrées en vigueur en janvier 2012 et depuis, notre État produit 25 % du produit intérieur brut des États-Unis – alors que nous ne représentons que 12 % de la population. Les critiques disaient que le fait de se la jouer écolo et d’adopter des lois de protection de l’environnement, ça ferait perdre des emplois. Ce sont des mensonges. La Californie est le meilleur exemple qui soit quand il s’agit de concilier croissance économique et protection de l’environnement. Je souhaiterais que Donald Trump s’inspire de moi. Il n’aurait même pas besoin de me remercier… Est-ce que vous regrettez parfois de ne plus être dans la politique ? Je pense justement que je peux en faire plus en me situant en dehors. Quelquesuns des plus grands bouleversements n’ont pas été initiés à Washington, Londres ou Paris, mais par des citoyens lambda et par des mouvements sociaux. Conclusion, pour que quelque chose fonctionne, il ne faut pas que cela vienne seulement d’en haut, mais aussi d’en bas. Comment comptez-vous atteindre vos objectifs environnementaux à présent ? D’abord, il faut que les gens comprennent de quoi il s’agit au juste. Pour la plupart d’entre eux, l’expression « changement climatique », c’est du chinois. Est-ce que cela signifie qu’aujourd’hui il fait froid et que demain il fera chaud ? Au Texas, les gens se fichent pas mal que les glaciers fondent THE RED BULLETIN
ou non. En Iowa, personne ne se sent concerné si le niveau de la mer augmente de sept centimètres. Il faut donc éveiller les consciences en évoquant des sujets qui parlent aux gens. Ce qui les inquiète, c’est leur travail. Leur état de santé. Alors, ce qu’il faut leur dire, c’est que chaque année, sept millions de personnes meurent prématurément des suites de la pollution et il faut leur expliquer les avantages des moteurs optimisés et des technologies économes en énergie. Au lieu de leur dépeindre un scénario catastrophe, il faut leur expliquer ce qu’ils peuvent faire par eux-mêmes au quotidien. Ce n’est pas sans rappeler votre ancienne campagne en faveur de l’exercice physique… Exactement. À l’époque, tout le monde disait : « Tu ne toucheras pas grand monde comme ça. Faire travailler ses muscles, c’est mauvais pour le cœur. » Et maintenant, tout le monde s’est mis au sport, pratiquement chaque hôtel et chaque organisme au monde a sa propre salle de gym. Le secret ? Nous n’avons ni manipulé ni cherché à donner mauvaise conscience aux gens. Nous n’avons jamais dit : « Il est trop gros, celui-là ! Regar Regardez-moi ce cul qu’elle a ! » Nous avons fait l’éloge du corps. Et nous faisons la même chose avec l’environnement. C’est pour cette raison que j’ai participé au documentaire Wonders of the Sea (réalisé par Jean-Michel Cousteau et Jean-Jacques Mantello,prochainement au cinéma, ndlr), dont l’objectif est de faire aimer la mer aux gens. Parce que c’est justement cette motivation qui leur donnera envie de protéger les océans. Attendez, vous possédez bien un Hummer, non ? Ce n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus écolo… J’en ai même quatre. Et donc ? Il y en a un qui fonctionne au biodiesel, un autre à l’hydrogène. L’hydrogène est non polluant et le biodiesel est bien meilleur que le carburant classique. Et j’ai déjà prévu de faire installer un moteur électrique sur le troisième. Ce serait le premier Hummer avec un moteur électrique. Ce ne sont pas les grosses voitures qu’il faut pointer du doigt, mais la technologie. Ce n’est pas une question de taille, puisque les technologies non polluantes sont de plus en plus accessibles. Et ces technologies, j’y crois farouchement. Maintenant que vous vous êtes engagé dans une nouvelle carrière, pensezvous parfois aux directions que vous n’avez pas prises ? THE RED BULLETIN
«JE PENSE QUE J’AURAIS PU DEVENIR PRÉSIDENT…» Questionné sur Trump, Arnold Schwarzenegger évoque le fait qu’il lui est impossible de se présenter à une présidentielle dans son pays d’adoption car il n’est pas né aux États-Unis.
Non, puisque de toute façon, j’ai fait bien plus de choses que je ne le voulais au départ. J’ai commencé par réaliser mes rêves : devenir riche, être un champion de culturisme et une star de cinéma. Et une chose en a amené une autre. C’est mon engagement caritatif qui a fait germer en moi l’idée de devenir gouverneur, mais je n’en avais jamais rêvé avant ça. C’est un rêve qui m’est venu petit à petit et que j’ai fini par faire mien. C’est quand tout semblait partir à vau-l’eau sur le plan financier en Californie que j’ai décidé de me jeter à l’eau. Et il y a quinze ans, je n’aurais jamais pu imaginer que l’environnement deviendrait ma passion. Revenons-en au début de votre car carrière. Il y a quarante ans, vous vous baladiez en slip de bain dans les rues piétonnes de Munich et posiez pour des photos. Que ressentez-vous au-
jourd’hui quand vous voyez ce genre de photos ? Ce qu’il faut que vous compreniez, c’est que j’ai un sens de l’humour assez développé. Peu importe le sérieux avec lequel vous pouvez faire votre boulot, il aura toujours un côté comique. Quand on est culturiste, on pose sur scène et on affronte des centaines d’autres personnes venues du monde entier. Tout ce qu’on se dit, c’est : « Je veux gagner. C’est moi qui ai les plus gros biceps. Je vais tous les scier. » Mais je suis aussi capable de prendre du recul et de rire de tout ce que je peux faire. Qu’on soit l’homme le plus fort du monde, le plus rapide ou le meilleur danseur, il y aura toujours quelque chose de marrant dans l’histoire. Et c’est pour cela que vous vous baladiez à moitié nu en pleine rue ? À l’époque, personne n’avait jamais fait une aussi bonne promotion du culturisme. En général, pour les séances photo, on posait devant un joli lac ou à la montagne. Mais j’ai proposé qu’on fasse ça sur le chantier du métro, en plein centre-ville. L’ambiance était super détendue, je papotais avec des vieilles dames pendant que tous là se caillaient les miches avec leurs manteaux sur le dos. Ça a fait un tabac. Ne serait-ce pas ça, le vrai secret de votre carrière ? Cette capacité à rire de vous-même ? Ce qui est sûr, c’est que ça a bien fonctionné d’un point de vue marketing. Quand je suis arrivé en Amérique dans les années 70, personne n’avait jamais eu l’idée de mettre un culturiste dans un journal. Alors j’ai tourné le docufiction Arnold le Magnifique dans lequel je racontais que chaque fois que je m’entraînais, j’avais un orgasme. Les gens se sont dit : « Il est cool, ce mec, il en raconte de bien bonnes. » À partir de là, on m’a invité dans tous les talk-shows. Andy Warhol m’a même fait apparaître dans son magazine, Interview. J’ai été le premier culturiste à engager un attaché de presse. Vous n’avez cessé de vous réinventer. Votre devise pourrait être l’une de vos plus célèbres citations : “I’ll be back” ! Sauf qu’elle n’est pas de moi, mais du réalisateur de Terminator, James Cameron. J’avais ma propre version de cette phrase, mais personne ne s’en serait jamais souvenu. Je me suis pris la tête pendant des heures avec James Cameron parce que je voulais dire : “I will be back.” Mais il a eu le dernier mot, et la suite a prouvé qu’il avait raison. Comme je l’ai déjà dit : il faut apprendre de ses erreurs. schwarzenegger.com 43
ALEXIS PINTURAULT LE JOUEUR Skieur français le plus titré en Coupe du monde, Alexis Pinturault sera parmi les athlètes en force aux JO d’hiver de Pyeongchang (Corée du Sud). Pour l’homme derrière le masque, une victoire sans plaisir est inconcevable. Texte : PH Camy Photos : Dom Daher, Chris Saunders
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VICTOIRES EN COUPE DU MONDE ENCORE PLUS QUE LA LÉGENDE J.C. KILLY
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26ANS ET
MEILLEUR SKIEUR FRANÇAIS IL PREND LE BRONZE À SOTCHI EN 2014
J
ournaux, radio, JT. On lit et entend très souvent son nom et il est fréquent de voir sa silhouette profilée à l’écran. Mais on connaît moins son visage. Alexis Pinturault, c’est énormément de victoires et beaucoup de podiums offerts au sport français, dans les différents genres du ski dans lesquels il s’épanouit depuis plus de dix ans. La liste ? Champion du monde junior de slalom géant en 2009 et 2011. Vainqueur de la Coupe d’Europe 2010-2011. En combiné, « Pintu » est le seul Français à ce jour à avoir remporté la Coupe du monde (2016 et 2017). En slalom géant, il obtient une médaille de bronze aux JO de Sotchi (2014), et une autre lors des championnats du monde de 2015. Il est champion du monde par équipes en 2017. Aussi, Alexis est le Français ayant accumulé le plus de victoires en Coupe du monde. Plus fort que Jean-Claude Killy ! À 26 ans, l’athlète de Courchevel fait route vers la Corée du Sud doté de bronze, et de l’expérience acquise à Sotchi, où il nous avouera s’être un peu « perdu ». Pour vaincre, le champion Pinturault a besoin de tout donner et de tout lâcher, de jouer, de prendre du plaisir, après avoir tant dédié à l’entraînement et lors des préparations. Et pour comprendre l’homme Pinturault, il faut juste chercher un peu derrière l’icône de perfor performance installée au plus haut de l’exigence sportive depuis tant d’années. Pour The Red Bulletin, Alexis tombe le masque – de ski – et laisse parler le gars abordable, enjoué et joueur qu’il a toujours été. the red bulletin : Alexis, il y a quatre ans, nous vous avions dédié un sujet très axé sur votre performance. Cette fois, nous avons voulu parler à l’Alexis Pinturault
qui n’est pas forcément sur des skis. Ça vous ennuie d’être systématiquement représenté en tant qu’athlète, dans le strict cadre de la performance et du résultat ? alexis pinturault : Est-ce qu’il y a une personnalité derrière l’athlète et pourquoi ce thème n’est jamais abordé, ce serait ça la question ? C’est exactement ça ! C’est dur à dire, car je suis dans ce milieu-là... On prend la médiatisation qu’on veut bien nous donner. Le ski n’est pas un sport majeur et il n’est pas retransmis de manière très simple, disons. Et les médias qui nous suivent vont à l’essentiel, ils ne vont pas faire de reportages ou de documentaires, ils ne vont pas aller creuser dans la vie de l’athlète et des personnalités de ce milieu. « Tel athlète a fait telle perf’... » Ils vont commenter essentiellement l’aspect sportif sans creuser derrière. Il est paradoxal de se trouver au plus haut niveau d’un sport qui est pratiqué par énormément d’amateurs et de ne pas être connu de ces gens. Ça vous manque, ou finalement vous vous dites que ce relatif anonymat est plutôt appréciable ? L’anonymat dans la rue, ça me va très bien. Dans ma région, en Savoie et en Rhône-Alpes, beaucoup de gens me reconnaissent, mais ce sont des gens qui suivent le ski de manière très assidue. Je suis donc assez tranquille et ça me va très bien. Je suis quelqu’un de simple, qui pratique un sport parce que je l’aime, avant tout. J’aime le sport pour la confrontation avec les athlètes, mais tout ce qui est médiatisation passe après. Bon, on vous dérange alors... Non, pas du tout (rires). Je comprends l’importance de la médiatisation pour mon sport et pour moi-même, mais quand j’ai commencé à faire du sport c’était pour me faire plaisir, et pour la compétition. La médiatisation venait après, un peu contre mon gré. Vous parlez de plaisir, c’est quelque chose que l’on retrouve souvent dans vos inter interviews, à propos du ski, du sport globalement. Comment préserve-t-on le plaisir dans un quotidien dédié à la performance ? Où commence le plaisir et où s’arrête-t-il ? Le plaisir, c’est la base de ma personne et de ma pratique ! Le jour où je ne me ferai plus plaisir, où les choses deviendront redondantes, où je ne m’amuserai plus, ce sera le jour où je me retirerai du ski et j’irai voir ailleurs. J’aurai fait le tour. C’est donc une notion très importante. 49
Dans le ski uniquement ? Dans tout ce que je fais dans la vie. Je ne me force jamais. Je fais les choses par envie, parce que j’aime ça. Alors, oui, il y a des moments qui sont difficiles, mais la notion de plaisir reste là. Je m’entraîne physiquement tous les jours, ce sont des séances dures, mais ça fait partie de mon quotidien, et j’ai fini par les apprécier... Vraiment ? Oui. C’est dur à croire (rires) ? J’aime aller au sport tous les jours, j’aime peut-être souffrir un peu tous les jours durant mon entraînement. Et quand je suis sur les skis, c’est le temps d’un sport plus ludique. On joue avec la neige, on joue avec les portes et les tracés. Au plus haut niveau du ski, il paraît fou de vous entendre dire que vous « jouez ». Disons que cent pour cent des courses que j’ai gagnées, à part peut-être une ou deux, je les ai gagnées parce que j’ai joué au maximum. J’ai laissé aller, je me suis fait confiance au maximum, j’ai pris tous les risques que je pouvais prendre. J’ai été sur le fil, certes, mais justement, je me suis abandonné sur ce fil pour aller chercher la victoire. Toute la préparation rude, la rigueur de l’entraînement, c’est cela qui vous permet de vous laisser aller le jour J ? de « jouer » ? Complètement. Car ça alimente la confiance en soi, et la fierté de soi. On est donc plus à même de pouvoir se lâcher. À quel point avez-vous joué aux JO de Sotchi en 2014 ? À Sotchi, j’aurais pu jouer davantage. Pas sur le Géant, où j’ai joué avec tout ce que je pouvais, ce qui m’a d’ailleurs rapporté la médaille de bronze. Mais sur les autres disciplines, type Combiné, j’aurais pu jouer davantage. Vous vous êtes détourné de cette notion de jeu, de plaisir, à Sotchi ? Sotchi, c’était particulier, c’était mes premiers Jeux. La première semaine, j’ai complètement découvert les Jeux, et je suis passé complètement au travers (rires). Pour quelles raisons ? C’est un univers totalement différent, il y a énormément de médias, on est dans un village olympique avec tous les autres sports olympiques, hommes et femmes confondus, alors que d’habitude, pour le ski alpin, les hommes sont de leur côté. Il y a beaucoup de choses qui changeaient sur cet événement, et sur la première semaine, j’ai été happé par ça. Et puis j’ai pris conscience à nouveau que j’étais là pour skier, pas pour passer un séjour chez Walt Disney (rires). Du coup, derrière j’ai pu faire un Géant à mon niveau. En Corée, vous arriverez donc encore plus relâché ? C’est dur à dire, beaucoup de choses peuvent se passer d’ici là. J’arrive cette fois en connaissance de ce genre d’événement, et même si le site sera différent il y aura un 50
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COUPES DU MONDE EN COMBINÉ SOIT DEUX PETITS GLOBES DE CRISTAL
peu moins de surprises. Le but, c’est de tout poser sur la table et de faire un all-in. Après, ça passe ou ça casse ! Ça « casse » ? C’est-à-dire ? Il ne faut pas oublier que l’on est dans un sport où il y a du risque, on peut sortir, on n’est pas à l’abri d’une faute qui peut nous coûter cher. Mais il faut oser, se faire confiance. Je veux aller en Corée avec le couteau entre les dents et ne pas me poser de question. Mais il faut aussi savoir rester lucide pour ne pas faire n’importe quoi. J’ai pourtant vu une vidéo de vous dans laquelle vous faites n’importe quoi... Une vidéo sur votre page Facebook, en maillot de bain vous sautez du mât d’un bateau, sur l’île Komodo. C’est possible, ça, quand on est un athlète de très haut niveau ? C’est un coup à se péter une jambe ? Vous sautez d’au moins 10 mètres non ? (Rires) Même d’un peu plus ! Bien sûr qu’on peut faire ça. Il faut savoir que le ski alpin est l’un des sports les plus à risque qui soient, et on est donc déjà pas bien aidés à la base (rires). Ça dépend des sports, mais moi, je suis libre de faire ce que je veux, mes contrats avec mes sponsors ne m’interdisent pas de faire quoi que ce soit comme activité sportive. Quelles sont les personnes qui vous inspirent dans la vie, athlète ou non ? J’aime l’aventure, et j’aime notamment les récits de Mike Horn. Je trouve ça inspirant. Il y a beaucoup de choses qui m’intéresseraient dans ce qu’il a fait. Il a de belles valeurs, en tant qu’homme et sportif, il est plutôt intéressant. Peut-on lier le ski à la notion d’aventure ? Pour moi, l’aventure, c’est le dépassement de soi. Donc il y a toujours une notion d’aventure dans le sport. Tout le monde peut vivre son aventure comme il l’entend. Ça peut être souffrir sur un vélo pour quelqu’un qui ne fait jamais de vélo, ou aller marcher pour quelqu’un qui ne marche jamais. Voyager, de la découverte. Je pense que dans le ski, on découvre beaucoup, car on est sans cesse en train de faire évoluer les choses pour repousser nos limites, on est toujours sur la limite, physique et mentale, pour progresser sans cesse. Il y a quatre ans, dans l’interview que The Red Bulletin avait menée avec vous à l’approche des JO de Sotchi, vous disiez : « Dans 12 ou 13 ans environ, c’est là qu’on pourra dire, Pinturault, c’était un grand, ou non. On verra. » Est-ce qu’il va falloir encore attendre neuf ans pour savoir si Alexis Pinturault est un grand ou pas ? (Rires) L’histoire s’écrit, elle ne se fait pas en quelques saisons. Les choses ont déjà pas mal évolué depuis la fois où j’ai dit ça, mais je suis loin d’être un grand. Voilà ce que je peux vous dire. alexispinturault.com THE RED BULLETIN
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DE MOINS QUE HIRSCHER AU SLALOM GÉANT DE SÖLDEN EN OCT. 2016
L' H O M M E QUI VIVRA 180 ANS Dave Asprey a un objectif : arriver jusqu’à l’âge de 180 ans grâce à un programme sportif et diététique insolite qu’il a lui-même mis au point et baptisé « Bulletproof ». Passionné de nouvelles technologies, cet ancien businessman a délaissé la Silicon Valley pour se livrer aux plus iconoclastes expérimentations sur son propre corps. Visite dans le laboratoire d’un savant fou. Texte : Jürgen Schmieder Photos : José Mandojana
Dave Asprey, biohackeur : il cherche à optimiser ses performances « biologiques » (physiques et cérébrales) grâce à l’auto-expérimentation scientifique, pour ensuite en faire profiter le reste du monde.
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« Vous entrez à vos risques et périls » : le panneau fixé sur la porte du labo de Dave Asprey a sans doute déjà dissuadé des curieux. Une fois dans l’antre de ce gourou californien du biohacking, la méfiance laisse place à une étrange fascination. Et pour cause : le visiteur découvre alors un impressionnant attirail de machines modernes et rutilantes et d’appareils de torture ultrasophistiqués, symbiose improbable entre une salle de fitness pour astronautes et le cabinet d’un docteur Folamour ou Frankenstein du futur. Là, une machine qui te fixe la tête en bas, ici, un caisson qui te prive d’abord d’oxygène avant de t’en balancer une décharge d’un coup. Dans un autre coin de la salle, une cabine de refroidissement, un caisson de flottaison, un autre appareil permettant d’améliorer la densité osseuse, et tout un tas d’autres objets qui éveillent notre curiosité. Un jeune homme nous prévient que Mister Asprey est en retard, il termine les tâches de la matinée : « séance de secousse du corps », « douche de lumière » et « lecture des ondes cérébrales », nous lâche-t-il, comme une évidence. Ça tombe bien, on a le temps. De toute façon, nous n’allons pas faire marche ar arrière : l’endroit est tellement isolé qu’on se croirait être arrivé au bout du monde. Pour nous rendre au laboratoire secret de Dave Asprey, il nous a fallu rejoindre en avion une presqu’île perdue sur la côte pacifique du Canada, puis longer, depuis l’aéroport de Victoria, des parcs nationaux et la Baie de Brentwood, avant de nous engager sur une route de campagne déserte et sinueuse, dans un décor à couper le souffle. Chaque conducteur croisé vous ferait presque un signe amical de la main, tant cela est chose rare, en ce coin reculé de la Terre. Au bout de quelques heures, alors que la route se transforme en piste forestière et que nous sommes persuadés de nous être trompés de chemin, nous apercevons enfin deux maisons perdues dans la 54
neige. Dans la première habitent Dave Asprey, sa femme Lana et leurs deux enen fants. La seconde, un bâtiment de deux étages, abrite le laboratoire dans lequel, chaque jour, l’un des biohackeurs les plus connus de la planète se livre aux autoexpérimentations les plus poussées pour atteindre le but qu’il s’est fixé : vivre jusqu’à 180 ans. « Vous faites une de ces têtes, comme si vous étiez en train de jouir », nous balance, l’air franchement amusé, notre hôte, alors qu’il nous fait essayer un appareil électronique de musculation accélérée. Comme un gamin espiègle, il ne peut s’empêcher de prendre une photo et de nous la montrer : « Tenez, regardez. Ne vous inquiétez pas, je fais exactement la même tête lorsque je suis sur cet engin. » n savant fou ? Peut-être, mais qui sait aussi rire de lui-même. L’homme qui se tient devant nous a l’air, il faut en convenir, en excellente forme : grand, bien bâti sans avoir l’apparence d’un athlète de haut niveau, un visage étonnamment lisse et jeune pour un quadragénaire qui a une car carrière de businessman millionnaire der derrière lui. Son naturel drôle et décomplexé laisse aussi deviner qu’il n’a pas été un ange toute sa vie. « Je vais vous faire goûter mon café Bulletproof », nous propose-t-il. Comment refuser ? C’est justement la boisson qui l’a rendu célèbre : un café spécialement torréfié, sans toxines, auquel on ajoute une grosse noix de beurre de lait produit par des vaches exclusivement nourries à l’herbe, et une cuillère à soupe d’huile de noix de coco extra vierge.
Ce café Bulletproof a le goût et l’apparence d’un bon latte macchiato fait avec du lait sorti tout chaud du pis de la vache. Asprey, tout en sirotant sa boisson fétiche, guette notre réaction du coin de l’œil, comme un petit garçon qui viendrait d’offrir une surprise à sa mamie. Et ne cache pas sa joie devant notre mine satisfaite, même s’il sait, depuis le temps, que la recette a fait ses preuves et que le café « pare-balles » fait désormais partie des boissons préférées du tout-Hollywood. Justement, l’acteur américain Brandon Routh, aka Superman, vient visiter son labo dans l’après-midi. Forcément, le bonhomme séduit. D’abord, parce qu’il en a dans le ciboulot : diplômé de la prestigieuse Wharton School of the University of Pennsylvania, il a été, en 1994, l’un des pionniers du e-commerce grâce à ses fameux tee-shirts au logo représentant la molécule du café, et a pour cette raison mérité sa place parmi les légendes de la Silicon Valley. Mais aussi, et surtout, parce que ce Californien obsédé de nutrition et de fitness a su rester cool en cultivant l’art de l’autodérision. Alors qu’il revient sur les débuts de sa carrière avant de devenir biohackeur, il ponctue son récit de savoureuses anecdotes sur lui-même : « J’étais tellement agressif à l’époque, que la partie la plus musclée de mon corps était sans aucun doute le majeur de ma main droite. » Ou lorsqu’il se décrit étant jeune : « Quand j’avais une vingtaine d’années, on peut le dire franchement : j’étais gros. Alors qu’aujourd’hui, le New York Times m’a décrit, dans un article, comme “presque musclé”. » Multimillionnaire à 26 ans, le jeune prodige de l’informatique perd tout deux THE RED BULLETIN
Douche froide dans sa version extrême : une cabine à – 110 °C qui permet de booster le métabolisme, l’équilibre hormonal et la combustion des graisses.
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« Les connaissances de la médecine actuelle nous permettent de vivre 120 ans sans trop de difficultés. »
« La plupart des gens s’entraînent mal et trop. Ce qu’il faut, ce sont deux séances de 20 minutes d’effort intensives par semaine, pas plus. » Asprey sur son appareil de muscu.
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ans plus tard, lors de l’éclatement de la première bulle internet en l’an 2000. « J’avais tout : la jeunesse, le succès, l’argent, mais j’étais profondément malheureux. J’étais un vrai connard, tout le temps de mauvais poil. Heureusement, j’ai tout perdu. » À l’époque, le « connard » en question multiplie les régimes pour perdre du poids. « Je ne bouffais plus que de la salade, passais 1 heure 30 par jour en salle de sport, et je restais gros. Gros, con et de mauvaise humeur. » Asprey colle alors parfaitement à l’image du manager californien stressé, en quête perpétuelle de nouvelles expériences, enchaînant les séances de méditation, les cours de yoga, les voyages mystiques hors de prix aux quatre coins de la planète. Au Pérou, il goûte l’ayahuasca, ce breuvage psychédélique utilisé par les chamanes d’Amazonie. Au Tibet, expérience plus soft, il découvre le thé au beurre de yak, et c’est la révélation. ne révélation qu’il va expérimenter sur son propre corps, avec l’enthousiasme et l’âme d’enfant curieux qui le caractérisent. Il constate que cette boisson corsée et grasse lui fait un bien fou. « Tout le monde fonctionne de la même façon : si tu sens que tel sport te fait du bien, tu vas continuer à en faire, non ? Si tu remarques qu’un aliment va booster ton énergie, tu vas en reprendre. C’est aussi simple que ça. Moi aussi, j’ai testé et j’ai expérimenté avant de trouver ce qui me convenait. » On ne peut s’empêcher de sourire en entendant Asprey minimiser ainsi la por portée de son projet d’autoexpérimentation extrême. Car on est loin, très loin, du simple programme de fitness. Asprey, en bon hackeur, n’a pas simplement testé : il a déconstruit, observé, mesuré, analysé, cherché à savoir, jusque dans les moindres détails, comment son corps et son mental fonctionnaient. Et ce qu’il fallait faire pour rester toujours au top de ses performances physiques et cognitives. « Les connaissances de la médecine actuelle nous permettent, de manière réaliste, d’atteindre l’âge de 120 ans sans trop de difficultés, à condition de pouvoir se payer la thérapie adéquate », expliquet-il en nous montrant son avant-bras, dans lequel il s’est fait injecté, la veille, une dose de protéines pour lutter contre le vieillissement des cellules. « Dans les 80 années à venir, les avancées en médecine seront telles qu’il sera presque banal d’atteindre, voire de dépasTHE RED BULLETIN
ser, les 180 ans. » Une prophétie qu’il annonce comme une certitude, tout en continuant, tranquille, la petite visite guidée de son laboratoire : « Voilà un appareil te permettant, en seulement 21 minutes, de booster ton corps comme après une séance intensive de fitness de deux heures et demie. » Comment ça marche ? On enveloppe ses muscles dans des compresses glacées avant de rentrer dans un caisson. L’air que l’on y respire, dans un premier temps, est très pauvre en oxygène. « Le corps devient fou : il se met à pomper tout le sang disponible vers les organes vitaux. Puis vient la seconde phase : une décharge d’oxygène 24 fois supérieure à la normale qui vient alimenter tout le corps. Quand je ressors du sas, j’explose littéralement d’énergie. »
Café, beurre et huile de noix de coco : la recette du café Bulletproof.
Asprey nous montre ensuite une invention de son cru : on l’écoute, fasciné, décrire avec un enthousiasme contagieux un appareil qu’il a lui-même conçu pour envoyer des secousses dans tout le corps et le tonifier « comme après une promenade de 45 minutes ». Un peu magicien, notre rat de laboratoire ? Allons donc, ce n’est pas le premier allumé à s’envoyer des secousses dans le corps ou à se servir d’un caisson d’oxygène. D’ailleurs, certaines méthodes employées par Asprey relèvent tout simplement du bon sens. D’autres, au contraire, suscitent les hauts cris de la communauté scientifique. On l’a souvent traité de char charlatan, de fou dangereux. Il n’en a que faire : il se considère comme la preuve irréfutable que sa méthode Bulletproof marche. Lui, l’ancien manager stressé et
fatigué du matin au soir avec ses 140 kilos dans la bedaine, dit avoir désormais une forme olympique, une énergie du tonnerre avec seulement 5 à 6 heures de sommeil par nuit, et jure être au top de ses capacités mentales. S’il fallait encore une preuve : Lana, sa femme, avait été diagnostiquée stérile. « Nous n’avons suivi aucun traitement. Nous avons tout simplement déménagé ici pour nous consacrer au mode de vie Bulletproof. Le résultat ? Je viens de conduire, ce matin, mes deux enfants à l’école. » À l’écouter parler, on sent chez notre hôte cette insatiable curiosité commune à tous les vrais hackeurs, et pas une once de prosélytisme. S’il arrive à convaincre, tant mieux, sinon, il s’en fiche : lui a trouvé sa voie, et il continuera ses expériences, quoiqu’il arrive et quoiqu’on pense de lui. Lorsque la conversation dérape sur la taille de son empire financier, le biohackeur s’ennuie, répond machinalement aux questions tout en envoyant, par SMS, une confirmation pour signer un deal d’un million de dollars. On change de sujet : le Tibet, le Pérou, les voyages ! Asprey se redresse, ses yeux s’éclairent d’un coup et l’on retrouve la fougue de tout à l’heure. lors on se dit qu’on a trouvé l’ingrédient le plus important de sa thérapie antivieillissement, la pierre angulaire de sa philosophie de vie : Asprey vit littéralement sa vie comme une expérience, une aventure. Pour lui, rien n’est jamais acquis ni définitif : il y a toujours quelque chose à découvrir, quelque chose à essayer. « Non seulement ça me fascine, mais en plus, c’est à la portée de tout le monde. On peut commencer par de petits changements dans ses habitudes : prendre des douches moins chaudes, mettre des rideaux opaques dans sa chambre, arrêter les aliments frits. Franchement, mieux vaut fumer une clope que d’avaler une barquette de frites. » Notre rendez-vous avec Dave Asprey touche à sa fin : ce voyage à l’autre bout du monde nous aura autant inspiré qu’un trip au Tibet ou un séjour chez un chamane péruvien. L’homme souriant et jovial qui nous dit au revoir nous aura appris une chose plus importante que des conseils diététiques : ce qui fait le sel de la vie, ce n’est pas l’objectif que l’on s’est fixé, mais les moyens que l’on emploie pour y arriver. bulletproof.com 57
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FREDERIC LE FLOC‘H/DPPI
Plus proche d’un Indiana Jones que de l’Indy 500, le rallye Dakar est la course des légendes. Suivre cet événement des plus coriaces représente un challenge unique pour les spectateurs. Mais pour ceux qui veulent tenter l’aventure, une expérience explosive et incomparable les attend. Nous vous expliquons ici comment suivre le Dakar 2018 : soit 15 jours d’action répartis en 14 étapes au Pérou, en Bolivie et en Argentine. Attrapez votre fédora et embarquez pour le parcours sud-américain ultime !
ADAM HAY-NICHOLLS
À LA POURSUITE DU
DAK AR
Dakar / PÉROU DÉPART : LIMA
Lieu Capitale du pays Terrain Désert Température moyenne 24 °C Population 10 millions Plat local Le cochon d’Inde. Enfin pas exactement. Là-bas, on dit cuy. Goûtez-le au Malabar, le meilleur restaurant du Dakar. Le chef Pedro Miguel
Schiaffino le sert grillé, avec des eses cargots d’Amazonie et d’une sauce épicée au chorizo. Boisson Pisco sour – pisco, blanc d’œuf, jus de citron vert et sirop de sucre de canne. À tester au Gran Hotel Bolivar. DE LIMA À PISCO : 240 km en 3 heures vers le sud, le long de l’autoroute 1S.
PISCO
Pérou ce que la tequila est au Mexique. Ou si vous préférez garder l’esprit clair, faites votre choix parmi les énormes smoothies du bar à jus Los Tres Duendes (Les Trois Lutins). DE PISCO À SAN JUAN DE MARCONA : encore 300 km en descendant le long de la 1S, soit environ 4 h 30.
Lieu Port de pêche Terrain Désert Température moyenne 24 °C Popu Population 134 000 Plat local Purée de pommes de terre épicée et poulpe, à l’As de Oro. Boisson Le pisco, éviévi demment. Cet alcool de raisin aux teintes dorées a été créé ici. Il est au
« CERTAINS JOURS, LES SPECTATEURS SONT AUTANT MIS À L’ÉPREUVE QUE LES PILOTES. ILS FONT VRAIMENT PARTIE DU RALLYE DAKAR. »
PÉROU
GREG PAUL – RALLY TOURS NZ
BRÉSIL
Lima Pisco San Juan de Marcona
BOLIVIE
Arequipa
La Paz
PÉROU Journées brûlantes, nuits fraîches, l’océan Pacifique à votre droite et le désert à votre gauche. La côte du Pérou qui se trouve au sud de Lima offre un terrain bien connu à tous ceux qui ont vu le rallye Dakar là où il est né, au Sahara. Là où les dunes de sable vertigineuses et les brusques à-pics mettent à l’épreuve les suspensions… et les colonnes vertébrales ! Pour le pique-nique, prévoyez des brochettes de lama et un thermos de maté de coca bien chaud. Quittez la 1S à Ica et enfoncez-vous dans le désert, guidé par le rugissement des moteurs. Vous repérez un camion Kamaz au sommet d’une dune, qui se met à slalomer dans la vallée comme un skieur mal dégrossi en lutte pour garder le contrôle. Grimpez sur la cabine de votre pick-up : vous êtes aux premières loges !
Uyuni Tupiza PARAGUAY
CHILI Salta
Belén Chilecito Córdoba San Juan
URUGUAY
ARGENTINE
DÉMARREZ SUR LES CHAPEAUX DE ROUES
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JEAN MICHEL LE MEUR/DPPI, GETTY IMAGES
Le quarantième rallye Dakar s’élance du Pérou pour la première fois en cinq ans. Guy Basile, fan de sports mécaniques australien, était là en 2013. Pour lui, c’est évident : il faut absolument assister au départ. « Imaginez-vous debout au milieu de deux millions de spectateurs, sur la ligne de départ de Lima… Quelle expérience unique ! Le bruit est hallucinant. Les SudAméricains sont de vrais passionnés. » Le Pérou est un pays où les difficultés sont nombreuses mais les récompenses ô combien merveilleuses. « Les meilleurs rallyes sud-américains traversent le Pérou, explique Stéphane Peterhansel, 13 fois vainqueur du Dakar et actuel tenant du titre. Ce pays regorge de parcours extraordinaires. Avec ses immenses dunes et son désert à perte de vue, il ressemble un peu à l’Afrique. Pour s’y repérer, il faut se lever tôt ! » Les spectateurs qui braveront le désert seront les témoins d’actions classiques du Dakar. « Le Dakar doit rester synonyme de course dans les dunes, précise Greg Paul, propriétaire de Rally Tours NZ, qui suit la course chaque année. Pérou égal action ! » THE RED BULLETIN
Dakar / PÉROU SAN JUAN DE MARCONA
Lieu Connu comme la capitale du fer grâce à son commerce minier. Terrain Désert Température moyenne 29 °C Population 20 000 Plat local Ceviche. On dit que les Péruviens mangent ce plat de poisson cru
mariné dans le jus de citron et citron vert depuis 2 000 ans. Boisson Chicha morada, une boisson sans alcool préparée à base de maïs violet. Bon pour le cœur et la tension. DE SAN JUAN DE MARCONA À AREQUIPA : 9 heures de route, 570 km pour descendre la côte péruvienne.
AREQUIPA
Lieu Deuxième ville la plus importante du Pérou Terrain Désert Température moyenne 15 °C Population 870 000 Plat local Le fameux cebiche mixto con erizo (oursins) au Cevicheria Fory Fay, ou le porc rôti au four de La Nueva Palomino, au
son des flûtes de pan. Boisson Bière maison du Chelawasi Public House. D’AREQUIPA À LA PAZ : 10 heures en voiture, le temps de parcourir 550 km vers l’ouest le long des routes 34A et 3S, en direction de la Bolivie. Vous pouvez également prendre un avion de Latam Airlines, avec escale à Lima.
« PENDANT LES QUATRE PREMIERS JOURS, ON VA VOIR BEAUCOUP DE SABLE, MAIS CE SERA TRÈS AMUSANT. UN VRAI CHALLENGE ! AVEC LE DAKAR, ON NE SAIT JAMAIS CE QUI VA ARRIVER. » TOBY PRICE, VAINQUEUR DU DAKAR MOTO 2016
Le Sud-Africain Giniel de Villiers franchit une dune de sable à Nazca (Pérou) lors de la 12e étape du Dakar 2012.
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Dakar / BOLIVIE Lieu Plus haute capitale du monde Terrain Montagne, végétation, glace et roche Température moyenne 9 °C Population 800 000 Plat local Cœurs de palmier surmontés de fines lamelles croustillantes de viande d’alpaga séchée et d’un
jaune d’œuf poché au gustu (qui signifie « saveur » en quechua). Boisson Tout ce que sert le Diesel Nacional, bar original au style industriel, l’un des plus cool de La Paz. DE LA PAZ À UYUNI : parcours de 540 km le long des routes 1 et 30 : ce trajet dure environ 7 h 20.
BOLIVIE À plus de 4 000 m, la navigation devient difficile. Vous avez du mal à vous concentrer et à respirer. Peu importe où le regard se pose sur Altiplano, le plus vaste plateau des Andes, l’horizon s’offre à vous. Il pleut, il fait froid et il y a du verglas. La fatigue se fait sentir, mais les épines rocheuses qui menacent vos pneus renforcés vous empêchent de vous assoupir. Votre tête ballotte de gauche à droite et le volant risque à tout moment de vous échapper. Une moto KTM vous dépasse à toute allure sur la route de La Paz. Vous attendez avec impatience la journée de repos. Au-delà de La Paz, vous scrutez la mystérieuse Uyuni balayée par les vents et son hôtel de sel, ainsi que les badlands de Tupiza, où Butch Cassidy et le Kid ont tenu leur baroud d’honneur. lls ont perdu leur bataille d’endurance, mais vous gagnerez la vôtre. ATTENDEZ-VOUS À L’EXTRÊME
Le Dakar combine les terrains les plus difficiles à une diver diversité éclectique de climats afin de tester les pilotes, et les spectateurs. « La première semaine ne sera pas une partie de plaisir, compte tenu du climat et du terrain, annonce Jean-Marc Aublanc-Piolot, qui a participé à la création de l’itinéraire de cette année avec ASO, organisateur du Dakar. Une fois les premières étapes dans le désert péruvien passées, nous grimperons d’Arequipa jusqu’à La Paz le long de l’Altiplano, à 4 000 m d’altitude. Cela mar marquera le début de la section montagneuse, qui se terminera à Salta. Le manque d’oxygène nécessite de faire davantage d’efforts. » L’altitude des étapes boliviennes associée à une météo plus froide et imprévisible rend cette section du par parcours extrêmement ardue. 62
« L’altitude est très élevée et le temps peut être exécrable, explique Lyndon Poskitt, ingénieur aéronautique britannique qui s’est lancé dans la compétition du Dakar en 2013, seul et sans assistance (dans la catégorie Malle-moto). Le manque d’oxygène vous épuise, et vous pouvez facilement faire
UYUNI
Lieu Passerelle vers le plus grand salar au monde Terrain Salars et glace Température moyenne 10 °C Population 10 300 Plat local La langue de veau épicée, joyau de la région, comme la pizza au quinoa. Boisson Café bolivien. De délicieuses
infusions, ainsi qu’une excellente sélection de bières fraîches se trouvent dans une petite cabane juste à côté de l’horloge d’Uyuni. D’UYUNI À TUPIZA : 4 h et 206 km pour descendre la route 21. Ou en train, l’Expreso del Sur, qui vous amènera à destination en 5 h 20 par Atocha.
des erreurs. Cela devient difficile de naviguer. C’est le seul endroit où je me sois jamais perdu. Lorsqu’il n’y a aucun signe de civilisation aux alentours ni le moindre nuage de poussière formé par d’autres concurrents, il y a de quoi paniquer. » Les spectateurs qui veulent voir un peu d’action dans les Andes doivent préparer leurs bagages avec soin. « Le mois de janvier tombe pendant la saison des pluies en Bolivie. Et si l’on en croit l’an dernier, cela veut dire beaucoup de pluie, explique Mathias Grill de Horizonte Tours. C’est humide, froid et très boueux. Parapluie conseillé ! » Mais avec un challenge aussi imprévisible que le Dakar, même les personnes les mieux préparées peuvent se retrouver piégées. « J’avais tellement froid pendant une étape qu’un policier bolivien m’a donné une épaisse écharpe en laine, se souvient Max Hunt, pilote britannique engagé dans la catégorie Malle-moto. Cet homme m’a sauvé la vie. Je me souviens avoir quitté le bivouac bolivien un matin par − 5 °C. À la fin de la journée, j’étais en
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LA PAZ
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Dakar / BOLIVIE TUPIZA
Lieu Ouest sauvage bolivien – là où sont tombés les hors-la-loi Butch Cassidy et le Kid Terrain Désert Température moyenne 19 °C Population 26 000 Plat local Parillades (viande et poisson grillés au barbecue) sans façon au club
des cheminots local, le Sede Social Ferroviaria. Boisson Le chuflay est un mélange de singani, l’alcool distillé national bolivien, et de limonade. DE TUPIZA À SALTA : un parcours de 500 km le long des routes 14 et 9 : ce trajet dure environ 6 h 45.
« LA BOLIVIE EST MAGIQUE POUR SUIVRE LE DAKAR. ALORS OUI, C’EST HUMIDE, BOUEUX, FROID… ET SANS 4×4, 4, VOUS ÊTES FICHU… MAIS J’ADORE CE SPOT ! » GREG PAUL – RALLY TOURS NZ
L’Espagnol Sergio Anguiano Reig part à l’assaut de la 8e étape du Dakar 2017 sur sa moto 450 Rally Replica KTM.
Argentine sous une chaleur écrasante de 45 °C. Préparez-vous à l’éventualité de vous retrouver coincé. L’an dernier, un pilote a carrément été frappé par la foudre ! »
UN PLANNING ? QUEL PLANNING ?
Vu que l’itinéraire détaillé est souvent communiqué la veille de l’étape et que les conditions météorologiques entraînent régulièrement des changements de dernière minute, l’une des choses les plus difficiles à faire lorsque l’on veut assister au Dakar, c’est déjà de le trouver ! « Nous faisons de notre mieux pour planifier notre route, explique Greg Paul. Les organisateurs communiquent très peu d’informations sur l’itinéraire. Il faut se montrer flexible et être capable de changer ses plans à tout instant. Au Dakar, acceptez de ne pas savoir. Nous ne savons pas, les pilotes ne savent pas. Mon job est de m’assurer que vous ver verrez le rallye, où qu’il passe. » Et plus vous travaillez dur, plus la récompense est belle. « Ce n’est pas simple d’assister à l’étape d’une course, raconte Julie Tuck qui a regardé le Dakar 2017 depuis son confortable camping-car Iveco Daily 4×4 aménagé. Nous avons parcouru l’Altiplano pendant des jours pour trouver notre chemin, et finalement, nous avons découvert que l’itinéraire avait été modifié au dernier moment. » Guy Basile n’hésite pas à solliciter les gens du coin : « Ils connaissent les meilleurs endroits. Et ils sont très blagueurs. Nous nous sommes faits de nombreux amis. Ils nous gardaient de la bière et de la nourriture, et une espèce de gnôle faite avec Dieu sait quoi. » THE RED BULLETIN
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Dakar / ARGENTINE SALTA
Lieu Ville de type espagnol située dans la vallée Terrain Désert Température moyenne 22 °C Population 619 000 Plat local À base de lapin, au Jovi Dos, un restaurant très populaire à Salta, qui surplombe les palmiers de la Plaza Güemes.
Boisson Le torrontés au bar Peña Gauchos de Güemes, à l’endroit où les héros de la guerre d’indépendance de l’Argentine se sont rencontrés. DE SALTA À BELÉN : un trajet de 6 h 30 pour effectuer 450 km en direction du sud par les routes 68 et 40.
BELÉN
Lieu Ville la plus isolée du rallye Dakar Terrain Rocailleux Température moyenne 26 °C Population 12 000 Plat local Des brochettes de viande bien juteuse au 1900, resto argentin typique. Boisson Après une excursion qui vous aura offert une
vue à couper le souffle sur les ruines incas et la région d’El Shincal, revenez en ville pour un verre ou deux de mendoza, en mode confort au Bar Oasis. DE BELÉN À CHILECITO : parcours de 215 km vers le sud, le long de la route 40 : ce trajet dure environ 2 h 45.
ARGENTINE Les routes goudronnées, les vignes éclatantes et le soleil brûlant d’Argentine, mais aussi l’idée réconfortante du festival de clôture du Dakar à Córdoba, sont en vue. Vous poursuivez votre chemin par Purmamarca et le Cerro de los Siete Colores, une montagne dont la roche offre des nuances contrastées de rose, vert, gris, violet, orangé, marron et blanc. En route vers la Valle de la Luna, arrêtez-vous pour admirer les étranges formations argileuses qui dominent le paysage. La civilisation est toute proche, ainsi que le drapeau à damier du plus grand rallye de tous les temps. Il sera temps de trinquer avec vos héros.
Au Dakar, vous devez être prêt à faire beaucoup d’efforts et à vous salir les mains pour atteindre le point de vue par parfait. Greg Paul emmène des touristes de rallye sur le Dakar depuis 2013. « Au fil du temps, nous avons fait connaissance avec certains pilotes. Vous avez vraiment l’impression de faire partie de la course, raconte-t-il. Nous avons remor remorqué des véhicules qui étaient tombés en panne et sauvé quelques motards. Nous 64
faisons du hors-piste pur et dur, et nos treuils font souvent des heures supplémentaires. » Et les spectateurs deviennent un élément vital pour les concurrents. « Il y a toujours des Britanniques qui viennent assister au Dakar. “C’est super sympa !”, se réjouit Sam Sunderland, pilote KTM Red Bull. La dernière fois, je m’étais arrêté sur un immense salar, à 4 000 mètres d’altitude, pendant une étape de liaison, et des fans sont venus m’offrir une tasse de thé du Yorkshire. Plutôt cool. »
Les spectateurs peuvent même aider un concurrent à finir la course. « L’avantdernier jour, on devait traver traverser une énorme rivière et je l’ai attaquée aussi fort que possible, relate Max Hunt. J’ai noyé le moteur et la moto s’est arrêtée. Les spectateurs sont immédiatement venus m’aider. Ils ont empoigné la moto et m’ont aidé à la retour retourner. Ils ont retiré les bouchons et les filtres à air, et ils l’ont secouée jusqu’à ce que toute l’eau ressorte. J’ai pu repar repartir… sous les ovations ! »
ERIC VARGIOLU/DPPI, REUTERS/FRANCK FIFE/POOL
ET PARFOIS, ÇA COINCE…
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Dakar / ARGENTINE CHILECITO
Lieu Ville de la vallée entourée de pics enneigés Terrain Roche et gravier Température moyenne 24 °C Population 38 000 Plat local Cazuela de gallina, un ragoût de poulet roboratif, et autres spécialités régionales au célèbre El Rancho
de Ferrito. Boisson Un café brûlant ou une bière fraîche à Yops, un repaire bohème où les clients s’affrontent lors de parties d’échecs épiques. DE CHILECITO À SAN JUAN : parcours de 400 km le long de la route 40, d’une durée d’environ 5 heures.
SAN JUAN
Lieu Deuxième plus grande province viticole du centre de l’Argentine Terrain Poussière et gravier Température moyenne 24 °C Population 113 000 Plat local La remolacha est la plus grande parrilla de la ville, avec cuisines ouvertes sur la salle.
Boisson Le vin local, à choisir parmi les Syrah, Malbec, Cabernet Sauvignon, Bonarda, Torrontés... DE SAN JUAN À CÓRDOBA : 7 h 30 de trajet pour 580 km sur la route 20 en direction de l’est. Ou l’un des deux vols quotidiens d’Aerolíneas Argentinas (à peine plus d’une heure).
Le Français Sébastien Loeb et son copilote Daniel Elena suivent un itinéraire précaire lors de la 8e étape du Dakar 2017, entre Uyuni (Bolivie) et Salta (Argentine).
« SALTA OFFRE DES PAYSAGES EXTRÊMES, ET IL EST DIFFICILE DE S’Y REPÉRER. MAIS C’EST SANS CONTESTE L’UNE DES ÉTAPES LES PLUS PALPITANTES. ATTENTION ! IL EST TRÈS FACILE DE S’Y PERDRE. » MATHIAS GRILL – HORIZONTE TOURS THE RED BULLETIN
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Dakar / ARGENTINE ARRIVÉE : CÓRDOBA
Lieu Deuxième plus grande ville d’Argentine, et étape finale d’exception pour le rallye Dakar Terrain Gravier et asphalte Température moyenne 25 °C Population 1,4 million Plat local Profitez de mets délicieux mais aussi d’un sublime
spectacle de tango à El Arrabal, l’un des quelques restaurants de Nueva Córdoba à avoir conservé une ambiance traditionnelle. Boisson Si vous aimez le whisky, faites votre choix parmi plus de 200 sortes sur les étagères du bar branché X-Bar, dans le quartier de La Cañada.
« J’AI ASSISTÉ À DES CENTAINES DE RALLYES, MAIS AUCUN NE RESSEMBLE AU DAKAR. C’EST UN VRAI PRIVILÈGE DE LE VIVRE. » DAN PROSSER, JOURNALISTE faire des efforts et de longues journées, sans beaucoup dormir, précise Guy Basile. Nous avons essayé d’assister à autant de spéciales que possible, ce qui veut dire dépasser les concurrents certains jours pour assister à la course le lendemain. » Les spectateurs acharnés font souvent autant de route que les pilotes. « Ma femme a conduit notre camping-car pour me suivre et elle a fait plus de 7 500 km, s’amuse Max Hunt. Les distances sont incroyables. Vous devez vraiment être investi dans votre sport. »
En 2016, le Français Cyril Despres attaque la 12e étape dans la province argentine de Córdoba sous les yeux d’un fan.
SOYEZ PRÊT
Les équipes restent au bivouac, un camp de fortune qui est réinstallé d’une étape sur l’autre, et elles dorment dans leurs camions ou sur des lits de camp à côté de leur véhicule. Généralement, les spectateurs descendent dans les hôtels qui se trouvent le long du parcours, mais les plans les plus minutieux peuvent tomber à l’eau. « Les hôtels qui émaillent le parcours sont surbookés, ou alors la route qui mène à votre hôtel est barrée, sans préavis, à l’occasion du rallye, raconte Mathias Grill de Horizonte Tours. Prenez une tente et un sac de couchage, et assurez-vous d’avoir suffisamment d’eau et de nourriture. » Pour Julie Tuck, si vous voulez vivre au plus près de l’action, le mieux est encore de camper. « C’est difficile de trouver un hébergement dans les régions où passe le rallye. Dans l’idéal, il vaut mieux avoir un camping-car ou une tente afin d’être au bon moment au bon endroit. » 66
NE MÉNAGEZ PAS VOS EFFORTS
Pour suivre le rallye le plus retors au monde, vous avez besoin d’un véhicule adapté. Et ce n’est pas aussi simple que vous pouvez le penser. « L’étendue couverte par le rallye Dakar est immense, explique Greg Paul, et il faut faire beaucoup de route, par parfois 800 km par jour. En plus des concurrents, il y a tous les camions d’assistance, ce qui aboutit à une caravane
d’environ 3 000 véhicules. Il faut une voiture pour les suivre, mais vous ne pouvez pas en louer une en Bolivie et franchir la frontière avec l’Argentine, par exemple. Nous avons résolu le problème en important des Toyota Land Cruiser immatriculés à l’étranger en Amérique du Sud afin de suivre l’intégralité du rallye. » C’est alors que commence le véritable test d’endurance. « Pour suivre le Dakar, il faut
Honneur au vainqueur… même si les concurrents qui franchissent la ligne d’arrivée du Dakar ont tous l’impression d’avoir gagné. « On nous confondait avec les pilotes et on nous demandait des photos et des autographes, s’amuse Guy Basile. À la fin, ça devenait trop compliqué d’expliquer que nous étions des spectateurs, alors on a joué le jeu. On avait l’impression d’être des stars. » Max Hunt a tout d’abord franchi la ligne d’arrivée du Dakar en tant que spectateur, puis il s’est inscrit en tant que pilote l’année suivante : « Traverser toute l’Argentine en tant que concurrent, avec des milliers de personnes qui se rassemblent dans les rues, c’est au-delà de tout. » « Lorsque vous avez goûté à cette ambiance et observé tout ce cirque ambulant, vous n’avez plus qu’une seule envie : en faire partie. Cela vous attire irrésistiblement. Si vous partez assister au Dakar, ne soyez pas surpris de vous retrouver en train de vous inscrire à l’édition suivante », conclut-il. redbull.com/dakar THE RED BULLETIN
REUTERS/MARCOS BRINDICCI, GETTY IMAGES (3), ALAMY(4)
TENEZ BON
Dakar / À VOIR diverses formes (ponchos et couvertures). Vous pouvez aussi visiter les magnifiques ruines incas d’El Shincal qui se trouvent juste à côté. À deux heures de route à l’ouest de Belén, vous découvrirez le spectaculaire parc national Laguna Blanca [1], les peintures rupestres de Salamanca et d’extraordinaires lagons.
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CHILECITO La Riojana Cooperative, célèbre vignoble de la région, est une grande propriété qui produit 30 millions de litres de vin chaque année. SAN JUAN Le parc provincial Ischigualasto [5] abrite d’étranges formations argileuses dans une multitude de teintes.
LIMA Huaca Pucllana est une immense pyramide au centre de Lima, constituée de sept plateformes d’adobe et d’argile. Construite environ en 500 après J-C, c’était un centre administratif et cultuel important.
CÓRDOBA Ne manquez pas la fête qui suivra le podium du Dakar et l’after organisé par Red Bull.
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PISCO Les îles Ballestas [2] ou « Galápagos du pauvre », à 2 heures de bateau, arborent une faune très riche. SAN JUAN DE MARCONA La réserve côtière de Punta San Juan abrite de nombreuses espèces marines : otaries à fourrure, lions de mer, ou la plus grande colonie péruvienne de manchots de Humboldt, en voie d’extinction. AREQUIPA La réserve nationale de Salinas et d’Aguada Blanca renferme les grottes de Sumbay, où plus de 500 peintures rupestres [3] datant de 6 000 à 8 000 ans sont visibles. LA PAZ Au Marché des Sorcières, on vend des fœtus de lama séchés pour attirer la chance (attendez-vous à y rencontrer des pilotes superstitieux). À environ 10 km en dehors 5
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de la ville, découvrez la Valle de la Luna, un dédale de canyons d’apparence lunaire, érodés par les éléments depuis des milliers d’années. UYUNI Cet incroyable salar [4] est le Salar d’Uyuni. Passez voir le cimetière des vieux trains à proximité. Il s’agit des ruines d’un réseau ferroviaire abandonné du XIXe siècle. TUPIZA C’est à San Vicente [6], village à 100 km au nord-ouest de Tupiza, que Butch Cassidy et le Kid se sont enfuis avec la paie des employés d’une société minière. L’armée bolivienne a tué les deux bandits au terme d’une fusillade épique. SALTA À 90 minutes de route de Salta, vous arrivez à Purmamarca et au Cerro de los Siete Colores, une montagne dont la roche offre des nuances contrastées de rose, vert, gris, violet, orangé, marron et blanc. Montez à bord du Train des nuages, bête d’acier qui s’engage pendant 16 heures sur d’étroits rails vers le sommet des Andes.
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BELÉN Cette ville compte de nombreux ateliers textiles où vous pourrez voir la laine de lama, d’alpaga et de mouton tissée à la main sous THE RED BULLETIN
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«L’IDÉE EST D’ARRIVER AVEC DES CHOSES NOUVELLES, FRAÎCHES FRAÎ ÎCHES, ET POUR ÇA IL FAUT ÊTRE ENTOURÉ ET CONSEILLÉ» C’est à 18 ans, seul sur scène, que Kev Adams est révélé. Mais il n’est, alors, déjà plus vraiment seul. Son nouveau long-métrage, Tout là-haut, filmé en partie au Népal, insiste sur l’importance des guides, de l’autre pour progresser vers les sommets. Texte : PH Camy Photos : Ben Dauchez / H&K 68
À 26 ans, Kev Adams a trois spectacles et une dizaine de films à son actif. Trois projets ciné sont annoncés pour 2018.
En 2009, Kev Adams ne révise pas que son baccalauréat. Il bosse aussi les textes qui seront les fondations d’une carrière d’humoriste très précoce. Quelques mois plus tard, il participe à sa première émission de télévision et fait ses débuts officiels dans son premier spectacle, The Young Man Show. Länger leben: Laura Deming sammelte Comique, comédien, 22 Millionen Dollar für Adams a producteur... die Altersforschung.Obiségalement scénarisé la Pa dollupi debi web série SuperHigh , sur des superhéros sous THC.
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il assure la première partie de Gad Elmaleh au Palais des sports, suivie de sa propre tournée. Et très vite, il vit des expériences au cinéma, comme dans Fiston, aux côtés de Franck Dubosc, ou dans Les Nouvelles Aventures d’Aladin. Beaucoup deviendront des fidèles d’Adams grâce à la série TV Soda. L’un des plus jeunes et plus populaires comiques et comédiens français, Kev Adams, est aujourd’hui à l’affiche d’un film particulier, une fiction en milieu montagnard où la glisse et la passion unissent les hommes. S’il continue d’afficher une capillarité généreuse, Kev Adams n’y est pas sollicité pour ses prouesses comiques. Dans Tout là-haut, le premier long-métrage de Serge Hazanavicius, il incarne Scott, un jeune prodige du snowboard qui trouvera dans Pierrick, un skieur légendaire et respecté – joué par Vincent Elbaz – un parrain sportif autant que spirituel. Celui qui lui permettra de mener à bien un projet fou, et finalement commun aux deux personnages : rider sur l’Everest. De cette fiction, on se disait qu’il y avait sûrement des parallèles à élaborer avec la carrière et la vie de Kev Adams. The Red Bulletin est parvenu à coincer ce jeune homme, très occupé, sur un shooting photo à Paris à la veille de son départ aux USA pour les besoins d’un tournage.
the red bulletin : Kev, vous voilà incarnant un gars talentueux qui rencontre un autre gars talentueux, plus âgé et expérimenté, qui lui explique qu’il faut savoir prendre son temps, apprendre la montagne, si l’on veut s’y exprimer au mieux... Ça vous rappelle quelqu’un ? kev adams : C’est tout à fait le sujet du film, et il y a un vrai parallèle à faire avec ma vie, oui ! Quelle a été la première personne que vous avez décidé de suivre, d’écouter, en vous disant : « Ça vaut sûrement le coup de recevoir ses conseils » ? Je pense à ma mère tout d’abord, car elle a su me conseiller quand j’étais vraiment très jeune, m’aiguiller dans un métier que je ne connaissais pas, et elle non plus. C’était nouveau pour nous tous. Et ensuite, j’ai rencontré Elisa avec laquelle je travaille depuis dix ans. On a une boîte de production ensemble, on a même produit ce film de Serge Hazanavicius, Tout là-haut. Tout ça est une histoire très « familiale », c’est en fait Elisa qui m’a présenté Serge Hazanavicius il y a quelques années. C’est lui qui a mis en scène mes deux premiers spectacles d’humour. On parle là de gens « du métier », mais vous dites avoir d’abord écouté votre mère, qui, elle, n’en était pas, du métier. Pourquoi ? Parce que c’est ma mère (rires) ! On pourrait imaginer que le jeune Kev Adams, qui s’est lancé dans l’humour à peine âgé de 16 ans, n’était pas du tout du genre à écouter sa mère… Si, en fait. Et surtout parce qu’elle m’a toujours fait confiance, elle a toujours été d’accord pour me suivre dans les délires les plus dingues. Elle a toujours écouté les rêves de ses enfants. Elle ne m’a jamais dit : « Ce n’est pas un métier, c’est nul ! » Quand quelqu’un te soutient, forcément, tu as envie d’écouter ce qu’il en pense. C’est donc Elisa (Soussan, ndlr) qui a été votre THE RED BULLETIN
premier « guide » dans ce métier ? Oui, j’avais 17 ans, et ça faisait une dizaine d’années qu’elle était dans ce métier. Elle travaillait avec Anne Roumanoff. On s’est rencontrés et elle a décidé d’ar d’arrêter sa collaboration avec Anne, parce qu’elle pensait qu’il y avait quelque chose à faire avec moi. Mais elle m’a expliqué qu’il y avait plein d’étapes à suivre, un chemin à respecter, de bonnes personnes avec lesquelles travailler. … et de « bons conseilleurs » qu’on ferait mieux de ne pas écouter ? Y a-t-il eu des gens que vous auriez mieux fait de ne pas suivre ? Peut-être, mais je les ai un peu effacés de ma mémoire. J’ai dû avoir des histoires où je me suis trompé en écoutant des gens, mais se tromper fait partie de l’apprentissage, et j’essaie de ne pas trop rester sur les échecs, plutôt sur les victoires. Les mauvais conseils, ou se planter, ne m’a jamais marqué au point de vous le raconter aujourd’hui. J’efface volontairement ces choses-là de ma mémoire. Qu’est-ce qui fait que vous croyez en l’expertise de quelqu’un ? J’ai un problème dans la vie, j’écoute. Trop de gens, tout le monde. Dans ces métiers artistiques, c’est tellement subjectif que tout le monde peut donner un avis, et être conseilleur, finalement. Et dès que tu es un peu dans la lumière, il y a un million de conseillers qui apparaissent. C’est très compliqué d’écouter et de faire confiance. Je le fais avec un cercle très restreint, dans lequel chacun a un rôle très défini... Chacun est un filtre ? Oui, chacun, dans son rôle bien délimité, filtre l’extérieur et m’amène, en général, ce qu’il y a de bon à prendre pour moi. Et ils pensent avant tout à mon intérêt. Je sais donc que pour chaque chose qui m’est proposée, je peux demander pourquoi on a jugé bon de me la proposer. Je sais que la réponse ne va pas être : « Je ne sais pas, j’ai trouvé ça bien... » C’est important de questionner ces choix ? Oui, d’autant que l’on est arrivés à un stade de ma jeune carrière où je fais des films différents, où j’essaie d’aller dans d’autres univers, comme c’est le cas avec Tout là-haut. Quand on va dans d’autres univers, il ne faut pas y aller de manière trop assurée, il faut se mettre en doute, se poser des questions. Et il faut rendre la multiplicité des projets très homogène, pour que les gens ne se disent pas : « Le gars fait toujours la même chose. » L’idée est d’arriver avec des choses nouvelles, fraîches, et pour ça il faut être entouré et conseillé. En solo, seriez-vous là aujourd’hui ? Non. Personne ne peut faire ça seul. C’est particulier d’ailleurs parce que j’ai commencé par le one man show, où tu es tout seul sur scène, et les gens ont donc tendance à penser que c’est un métier très solitaire. Effectivement, c’est très solitaire, pourtant, c’est un travail d’équipe. Si tout le monde est à fond et a envie de mener le projet à bien, tu as un million de fois plus de chances que le gars qui dit : « Je vais tout faire tout seul ! » En seulement huit ans de carrière, vous avez été plutôt bien entouré. Par Franck Dubosc, Gad Elmaleh, ou encore Vincent Elbaz. Pas mal ! J’ai eu la chance, dans la partie « comédie française », 71
de collaborer avec quasiment tous les gens avec lesquels je rêvais de bosser quand j’étais petit : Franck Dubosc, Gad Elmaleh, Jamel Debbouze... Dès que l’on m’a donné l’opportunité de bosser avec eux, ou que j’ai été la chercher, je suis devenu une sorte de paille. J’étais là pour observer et apprendre, et j’ai appris de chacune de mes collaborations. Et à l’inverse, avez-vous inspiré ces artistes ? Ce serait très prétentieux de dire que Franck Dubosc ou Gad Elmaleh ont appris de moi, il faudrait le leur demander à eux. Ce qui est sûr, c’est que j’ai beaucoup appris d’eux, et qu’il y a eu de vrais échanges qui m’ont permis de grandir, de me sentir mieux, de me sentir bien. De me dire que ce que je fais, c’est peut-être la bonne route. La bonne route, dans ce film, c’est Vincent Elbaz, skieur légendaire, qui vous l’indique. Ce film a été tourné à la montagne, en altitude, en France et au Népal. Il intègre des scènes de snowboard. Qui a été votre guide sur ce tournage ? Ça a été un vrai travail de composition dans le sens où je n’ai jamais fait de snowboard. Je connaissais très peu le monde de la glisse. Je me suis retrouvé à Chamonix un mois et demi avant le tournage, et j’ai vécu au rythme des riders que Serge Hazanavicius m’a présentés. Le Népal, c’était comment ? Ça a été plutôt cool, mais on est quand même tombés malades à cause de l’altitude… Comment cela ? On est monté jusqu’à 5 000 mètres, on dormait dans un hôtel qui était déjà à 3 800 mètres… À cette altitude, c’est une autre vie. Il faut s’adapter, marcher plus doucement, respirer plus doucement, boire 600 fois plus d’eau, manger peu, toutes les deuxtrois heures, ne pas faire de vrai repas... Sauf que, avec l’euphorie de l’altitude, quand on est arrivés à 4 000 m avec Vincent et qu’on est tombés sur le buffet, on a trop mangé... L’équivalent d’un brunch, mais pour dix dimanches (rires) ! Malgré cette gloutonnerie fatale, l’expérience au Népal a dû être dingue ? Ça a été une expérience très cool. Je ne sais pas si j’aurais été à Katmandou de moi-même. C’est là que le métier d’acteur devient incroyable. Quand il t’emmène dans des endroits où tu ne serais pas allé autrement. Ce film vous a vraiment amené ailleurs, pas que géographiquement parlant ? Je le savais dès le premier jour de préparation. « Ça va être un projet différent, tu ne vas plus être en contrôle. » Je suis quelqu’un qui est très souvent en contrôle, j’aime avoir mon mot à dire. Là, c’était vraiment un film d’auteur parce que c’est le film de Serge. C’est lui qui a mis en scène mes deux premiers spectacles. Ça fait dix ans qu’il me dit que c’est son rêve de faire se rencontrer le cinéma et le ski. Et ce film honore des thèmes essentiels à ses yeux : rêver plus haut, plus grand, écouter les conseils de quelqu’un de plus installé, de plus « sage ». Cela a décuplé votre motivation ? C’est la première fois que je m’implique dans un projet aussi personnel pour un autre. Et comme la passion est contagieuse, ça a déteint sur moi ! Tout là-haut, le 20 décembre au cinéma 72
POUR LE TOURNAGE DU FILM TOUT LÀ-HAUT, KEV ADAMS S’EST PLONGÉ DANS L’UNIVERS DES SNOWBOARDEURS. EXPÉRIENCE. « Serge Hazanavicius (scénariste et réalisateur du film, ndlr) est un habitué de la vallée de Chamonix depuis vingt ans. Il m’a présenté à des snowboardeurs réputés et m’a dit : “Va avec ces mecs, vis avec eux.” J’ai vécu à leur rythme : se lever très tôt pour aller sur les pistes, se coucher très tard à raconter des conneries avec les potes dans les vallées, découvrir leurs centres d’intérêts, ce qui les fait marrer, ce qui ne les fait pas marrer, et ainsi de suite. Au bout de trois ou quatre semaines, sans faire d’efforts particuliers, je devenais comme eux naturellement. L’un des leurs. C’est la meilleure sensation que j’ai eue en préparant un rôle. »
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guide Voir. Faire. Avoir.
42 raisons de l’écouter
JOHN CARTER/RED BULL CONTENT POOL
À VOTRE TOUR D’EXCELLER
Mieux vaut apprendre avec les meilleurs, comme ici avec Bjørn Dunkerbeck, icône du windsurf, 42 titres mondiaux au palmarès. On vous dit comment suivre son enseignement.
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GUIDE
Faire.
Voyager hors des sentiers battus
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aviguer avec des doubles champions olympiques, chiller avec des pointures du rap ou participer à une course sur glace, Red Bull redéfinit le lien entre fans et idoles. Les héros se muent en partenaires, et de champions deviennent passeurs de savoir. Bjørn Dunkerbeck, 48 ans, en est un parfait exemple. La légende de la planche à voile est votre instructeur personnel durant un séjour d’aventure unique de sept jours à Grande Canarie.
« SUR L’EAU, L’ESPRIT SE LIBÈRE » Stars du sport et athlètes d’exception vous accueillent dans leur univers. Cette fois, cap sur l’archipel des Canaries, le Hawaï européen.
THE RED BULLETIN : En quoi le coaching
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RAY DEMSKI/RED BULL CONTENT POOL, MANUEL FERRIGATO/RED BULL CONTENT POOL
de Bjørn Dunkerbeck se démarque-t-il de celui de tout autre instructeur ? BJØRN DUNKERBECK : Lorsque j’encadre un groupe, j’accorde une grande importance à la proximité. En surfant près des participants, je vois rapidement ce qui ne va pas dans leur pratique. Mon expérience me permet ensuite d’identifier le potentiel d’amélioration. Bjørn Dunkerbeck, Grâce à vous, je peux donc (48 ans), champion devenir meilleur ? du monde en 2016. C’est comme pour tout, vous apprendrez plus si vous appliquez les consignes. (rires) Et forcément, plus les aptitudes sont élevées, plus la progression sera forte. Et si je n’ai jamais pratiqué le windsurf ? Alors c’est l’occasion de s’y mettre ! Croyezmoi, une fois qu’on goûte à ce sentiment de liberté, on ne peut plus s’en passer. Sur l’eau, l’esprit se libère. On se sent renaître. Mais arrive le moment où il faut laisser la planche. Oui, mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter, entre la plongée, les virées en VTT, les repas ou l’exploration de l’île, pas le temps de s’ennuyer à Grande Canarie. Nous y veillons. Lézarder sur la Playa del Inglés est l’unique restriction. (rires)
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Destination Red Bull
Bjørn Dunkerbeck sur son terrain de jeu : une eau à 20 °C, du soleil et des alizés constants.
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Faire.
POUR UN VOYAGE
Pénétrez dans l’univers fascinant
Neige, glace et de la place pour s’éclater.
Une expérience inoubliable à vivre coude à coude avec les as du sport. Toucher du doigt des événements réservés exclusivement aux pros. Nous vous présentons ici un florilège de ces voyages d’un genre nouveau. Bienvenue à bord de Destination Red Bull !
Infos et réservation sur : destination.redbull.com
Rallye sur glace avec Mattias Ekström
LE FEU AUX FESSES
THE RED BULLETIN : Qu’est-ce qui attend les participants
quand vous leur rendez visite à Jukkasjärvi, à 200 km au nord du cercle polaire ? MATTIAS EKSTRÖM : Du fun dans un paradis hivernal. On ne peut pas rêver de plus de neige, de glace et d’espace. Qu’avez-vous prévu avec vos compagnons de voyage ? Nous allons être souvent au volant de la voiture et du motoneige. Un tour avec les chiens de traîneau est aussi prévu. Nous dormirons dans un hôtel de glace. Soit à peu près tout ce qu’on fait en hiver en Suède quand on ne va pas au sauna. Que faut-il emporter ? De la bonne humeur, des caleçons longs, de grosses chaussettes et une bonne paire de gants. Et éventuellement une lampe de poche, car la lumière du jour est courte en hiver. Les participants peuvent-ils faire des erreurs ? Mattias Ekström Bien sûr ! Conduire un motoneige, c’est comme (39 ans), prof un rallye pour amateurs. Si l’on va trop vite, on particulier et génie du sport auto. risque d’aller embrasser un arbre plus vite qu’on ne le pense. Comment éprouver du plaisir à conduire dans le froid ? La conduite en elle-même est l’élément le plus fun. On n’a pas si souvent l’occasion d’appuyer à fond sur la pédale, non? En motoneige, toutes les sensations sont là : le froid, le vent, la vitesse. Et l’adrénaline. C’est elle qui te réchauffe.
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RED BULL STUDIOS Donnez de la voix, enregistrez-la, et repartez avec votre propre album de musique.
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3 WINGS FOR LIFE WORLD RUN Courez aux côtés de vos idoles pour ceux qui ne le peuvent pas. Un event planétaire.
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RED BULL CLIFF DIVING WORLD SERIES À POLIGNANO A MARE Osez le plongeon d’une vie à l’occasion de la finale opposant l’élite des plongeurs.
MATTIAS EKSTRÖM RALLYE SUR GLACE Le pilote suédois vous kidnappe dans son paradis de glace.
AVENTURE AU PÉROU AVEC SOFÍA MULÁNOVICH Sept jours complets en compagnie de la Péruvienne pour surfer comme il vous plaît.
WINDSURF AVEC BJØRN DUNKERBECK Dominez le vent et les vagues dans le sillage de celui qui est 42 fois champion du monde.
VTT AVEC AKSEL LUND SVINDAL Rencontrez votre idole en personne et partez sur les traces de ses débuts en Norvège.
RED BULL CLIFF DIVING WORLD SERIES AUX AÇORES Un moment avec les meilleurs plongeurs du monde dans un décor époustouflant.
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GUIDE par Gisbert L. Brunner
Avoir. « Cintrée » fait référence à la forme incurvée de la montre, « Skeleton » à son calibre squelette.
THE H MOSER & CIE SWISS ALP WATCH S
Croquer la pomme
Un hommage à la smartwatch à succès de Cupertino en Californie. Ça, c’est pour la forme. Pour le reste, cette montre mécanique à remontage manuel – modèle en or blanc limité à 50 exemplaires – est une bête de luxe. h-moser.com
INSTANT DE GRÂCE
L’aviateur brésilien Alberto Santos-Dumont ne peut prétendre avoir effectué le premier vol motorisé – les frères Wright l’ont devancé de trois ans. En revanche, il peut s’enorgueillir d’un autre acte pionnier dans l’histoire de l’aéronautique. En 1904, alors qu’il dîne avec son ami Louis Cartier, petit-fils du fondateur de la célèbre maison de joaillerie parisienne, SantosDumont se plaint de l’impossibilité en vol de lire l’heure sur sa montre de poche. Cette remarque incite Cartier à créer la première montre-bracelet de la marque, la Cartier Santos à face carrée. Le 12 novembre 1906, Santos-Dumont réalise, montre au poignet, un vol inaugural de 220 mètres dans son biplan, donnant ainsi naissance à la toute première montre de pilote.
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CARTIER TANK CINTRÉE SKELETON
Irrésistible ascension La passion de Louis Cartier pour les montres carrées est peut-être à l’origine de sa plus célèbre création : une montre angulaire de 1917 qu’il offre au général Pershing, commandant des Forces expéditionnaires américaines. Inspirée des chars d’assaut en partance pour le front de l’Ouest, la Cartier Tank connaît un succès bien au-delà des lignes de combat, et ses versions successives séduisent célébrités et familles royales. Des clichés historiques montrent la Tank aux poignets de la princesse Diana et de Michelle Obama. Yves Saint Laurent, Truman Capote, Andy Warhol et Elton John l’adoptent – le chanteur a même écrit une chanson sur Cartier – et cette année, Kim Kardashian a acheté aux enchères la Tank de Jackie Kennedy pour 327 200 euros. À l’occasion du centenaire de la montre, Cartier sort la Tank Cintrée Skeleton avec boîtier en or rose ou en platine, limitée à 100 exemplaires chacune. cartier.com
JAEGER-LECOULTRE REVERSO TRIBUTE MOON
Volte-face
Le Duoface de la Reverso originale de 1931 protégeait les cristaux et le cadran lors des matches de polo musclés. La présente édition propose des phases de Lune à l’avant et un second fuseau horaire à l’arrière. jaeger-lecoultre.com
NOMOS GLASHÜTTE TETRA GOLDELSE
Nombres d’or Parfait carré de 29,5 mm de côté, la version doit son nom à l’Else d’or, statue trônant sur la Colonne de la Victoire de Berlin. Une montre en or rose pour le moins… monumentale ! nomos-glashuette.com
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GUIDE
Voir. L’équipe à l’origine de Follow Your Nose (2015) récidive avec As The Crow Flies.
À CHACUN SON SOMMET
Prenez l’air avec les as du snowboard et mordez la poussière avec l’élite du motocross et du rallye. RDV ce mois sur Red Bull TV.
Le pro autrichien Gigi Rüf pratique le snowboard depuis l’âge de neuf ans.
REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en direct ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et créatifs. Vivez l’expérience sur redbull.tv
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AVANT-PREMIÈRE
MOTO 8
La meilleure franchise de films dirt bike est de retour. La crème des pilotes y écume à plus de 160 km/h des lieux incroyables, allant des plus grands circuits au désert australien. MOTO 8 est l’expérience visuelle de motocross la plus démente qui soit.
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au 31 décembre
FILM
28 WINTERS – A STORY ABOUT NITRO SNOWBOARDS
Ce film diffusé en première mondiale, revient sur les combats, les victoires, les valeurs et les convictions de snowboardeurs parmi les plus influents tels que Eero Ettala et Marcus Kleveland.
AS THE CROW FLIES
Ce film d’aventure produit par Pirate Movie Production suit la légende de snowboard, l’Autrichien Gigi Rüf, en compagnie de ses amis dont les Américains Pat Moore et Travis Rice, dans leur quête de neige et de spots par parfaits. Autriche, Italie, Japon, USA, Canada… partout ils redéfinissent la glisse, affichant une adaptabilité et une maîtrise constante dans les parks aménagés, les sauts en hors-piste ou sur sites naturels.
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au 20 janvier
LIVE
RALLYE DAKAR 2018
En 2018, le Pérou réintègre le célèbre rallye avec trois étapes en forme d’épreuve ultime pour l’homme et la machine. Les 10 000 km du tracé reliant Lima à Córdoba via La Paz entraîneront les concurrents sur des terrains parmi les plus ardus de la planète.
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au 23 décembre
COUPE DU MONDE DE SKI FREESTYLE
La Coupe du monde est de retour à Font-Romeu, les meilleurs riders aussi. Tess Ledeux en fait partie (photo). La jeune skieuse de La Plagne y a remporté en janvier 2017 sa première Coupe. À 15 ans ! Depuis, elle est devenue championne du monde et se présente en grande favorite pour les prochains JO en Corée du Sud. Tout pour faire le show à Font-Romeu. Font-Romeu ; font-romeu.fr
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La recette du All Star Game du basket français est garantie 100 % show et toujours à guichets fermés depuis quinze ans dans l’AccorHotels Arena. Le match exhibition de la Pro A entre la sélection française et celle des meilleurs étrangers est le summum d’une soirée où les concours de dunks, de tirs et autres animations font grimper l’ambiance… et les décibels. Paris, AccorHotels Arena ; lnb.fr
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janvier Expertise La 2e étape du tournoi amical de la Golden League, à Rouen puis à l’Accorhotels Arena, permet à la France du handball d’affronter successivement la Norvège (le 4), l’Égypte et le Danemark (les 6 et 7). Pour les champions du monde français, dont le groupe a été rajeuni, c’est une répétition avant de débuter l’Euro le 12 janvier en Croatie contre… la Norvège. Rouen, Kindarena ; experts-handball.com
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janvier De station en station La Grande Odyssée SavoieMont Blanc, ce sont 600 km de raid en traîneau sur les pistes. L’édition 2018 attire les meilleurs mushers et leurs équipages de chiens. La course alpine, aussi célèbre que ses concurrentes d’Amérique du Nord, se déroule sur 11 jours, avec un prologue à Samoëns et 10 étapes de station en station. Samoëns ; grandeodyssee.com
au 20 janvier Dakar : nouveau triplé ? Le rallye fête son 40e anniversaire et sa dixième édition sur le continent sud-américain avec un départ depuis Lima, la capitale péruvienne, pour rejoindre Córdoba, en Argentine, après deux semaines sur les pistes andines. Pour la DKR 3008, la der de Peugeot dans le rallye-raid, Sébastien Loeb, Cyril Despres et Stéphane Peterhansel sont annoncés au volant de leur buggy pour offrir le succès à la célèbre marque au lion. Et peut-être rééditer le triplé de janvier 2017. Lima ; dakar.com
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DOM DAHER/RED BULL CONTENT POOL, FLAVIEN DUHAMEL/RED BULL CONTENT POOL
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décembre Classe mondiale
SNOW STYLE Durant des millénaires, la montagne a représenté pour l’homme une frontière infranchissable et dangereuse jusqu’à ce qu’il la descende à ski et y découvre le plaisir. Photos : HAMISH BROWN Styling : SARAH ANN MURRAY
Page de gauche : Ski Freeride ROSSIGNOL Soul 7 HD, rossignol. com ; Chaussures DYNAFIT TLT Speedfit, dynafit.com Page de droite – elle, de la tête aux pieds : bonnet à revers DC Joyfull, dcshoes.com ; GLORYFY Gi12 lunettes de soleil Bon Voyage Stylediver, gloryfy.com ; veste à capuche en fourrure à doublure Sherpa SD-Wind Attacker SUPERDRY, superdry. com ; sous-couche MONTANE Primino 220 Zip Neck Merino, montane.co.uk ; moufles de snowboard/ski DC Franchise SE, dcshoes.com ; snowboard K2 Wildheart, k2snowboarding.com ; pantalon de ski/snowboard O’NEILL Jones Sync, oneill.com ; boots de snowboard BURTON Limelight Step On, burton.com
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GU I D E Lui, de la tête aux pieds : casque SMITH Code, smithoptics.com ; masque de ski/snowboard SCOTT LCG Compact, scott-sports.com ; tee-shirt DARE2B Coalesce, dare2b. com ; veste JACK WOLFSKIN Exolight Range, jack-wolfskin.fr ; gants de snow DC Shelter Mitt, planet-sports. com ; snowboard SALOMON Assassin, s alomon.com ; pantalon BURTON Southside, burton.com ; boots de snow DC Mutiny, dcshoes.com
Page de droite : en haut à gauche : chaussures de ski ATOMIC Redster World Cup 110, atomic.com ; chaussures K2 Spyne 130 HV, k2skis.com En haut à droite : bonnet MONTANE Windjammer Halo, montane.co.uk ; masque de ski ADIDAS Progressor Splite, adidas. fr ; écharpe BUFF Cordes, buffwear.com ; doudoune COLUMBIA OutDry Ex ECO, columbiasportswear.fr ; Pull et gants thermiques LÖFFLER Transtex Warm Seamless,loeffler.at ; bâtons SALOMON MTN ALU S3, salomon.com ; pantalon de ski/ snowboard O’NEILL 88’Shred Bib, oneill.com ; chaussures de running LA SPORTIVA Crossover 2.0 GTX Mountain, lasportiva.com En bas à gauche : bonnet BURTON Linden, burton.com ; lunettes de ski SMITH Squad XL, smithoptics.com ; cachecou BUFF Midweight Light Military Melange, buff.eu ; pull ABSOLUT PARK Crew Neck, absolutpark.com ; surchemise technique d’isolation Network DC, dcshoes.com ; doudoune à col montant BURTON Heritage, burton.com En bas à droite : housse de ski et snowboard DOUCHEBAGS The Douchebag, douchebags.com ; fixations et snowboard BURTON Talent Scout, burton.com ; chaussettes STANCE Stoney Ridge, stance.com ; boots de snowboard K2 Sapera, k2snowboarding.com
De haut en bas : Casque ROSSIGNOL Progress EPP – MIPS, rossignol.com ; veste femme SALEWA Puez Tirolwool, salewa. com ; chaussures de ski LANGE RX 120, lange-boots.com
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GU I D E Page de gauche, en haut à gauche : skis FISCHER Streif, fischersports.com ; bâtons SALOMON MTN ALU S3, salomon.com En haut à droite : bonnet BURTON Nana, burton.com ; lunettes GLORYFY G9 XTR, g loryfy.com ; pull SHACKLETON Submariner, shackletoncompany.com ; veste MONTANE Icarus, montane.co.uk ; moufles arctiques CANADA GOOSE, canadagoose.com ; pantalon BLACK YAK Active Flex, global. blackyak.com ; chaussures REEF Rover Mid WT, reef.com ; ski HEAD Kore 105, head.com ; fixations TYROLIA AAAttack² 16 GW, tyrolia.com En bas à gauche : casque POC Auric Cut, pocsports.com ; masque de ski ANON WM1, burton.com ; sous-veste de ski DARE2B Motif Luxe, dare2b.com ; blouson de ski/snowboard O’NEILL Jones Contour, oneill.com ; balise GPS SPOT Gen3 GPS, findmespot.eu ; sac à dos EVOC FR Day Team 16 L, evocsports.com ; gants snowboard/ski DC Franchise, dcshoes.fr En bas à droite : pantalon Exolight Slope JACK WOLFSKIN, jackwolfskin.fr ; chaussettes STANCE Pangea, stance.com ; boots de snowboard DC Search BOA, dcshoes.com Page de droite : de haut en bas : casque K2 Diversion, k2snowboarding.com; masque de ski et snowboard ADIDAS Progressor Split, adidas.fr ; blouson et polaire à capuche Vivid BLACK YAK, global.blackyak.com ; DVA MAMMUT Pulse Barryvox 3 antennes, mammut.com ; sac à dos airbag ARVA Reactor 25 Ultralight, arva-equipment.com
Styliste plateau : Sarah Gobourne ; assistante mode : Emily Bulford ; coiffure et maquillage : Bella Costanzo ; mannequins : Erika Pattison et James Crabtree@Selectmodel
XICO ET MIRADORES DEL MAR VERACRUZ
Fondé en 1863, cet État compte actuellement plus de 8 millions d’habitants. Ses 71 820 kilomètres carrés se caractérisent par leur diversité, avec un climat tropical sur la côte (golfe du Mexique) tandis que les zones montagneuses enregistrent des températures basses.
POURQUOI ICI ? Xico est un beau village situé sur les pentes de Cofre de Perote, un imposant volcan inactif. Miradores del Mar est une petite localité située à l’écart du tourisme de masse qui offre un cadre presque vierge.
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CHOLULA ET PERICOS PUEBLA
Situé dans la région est du Mexique, cet État a été fondé en 1823. À l’heure actuelle, il est habité par plus de 6 millions de personnes. C’est là qu’ont été découvertes les cultures de maïs les plus anciennes.
POURQUOI ICI ? Cholula signifie « lieu de ceux qui fuient » en langue nahuatl. Il s’agit d’une cité préhispanique intéressante située au cœur de l’État de Puebla. Quant à la localité de Pericos, elle offre une atmosphère particulière et sereine qui, combinée à l’air pur, s’avère idéale pour l’escalade et l’ascension de voies de différents niveaux de difficulté.
TEPOZTLÁN ET YECAPIXTLA MORELOS
Son nom lui vient de José María Morelos y Pabón, l’un des protagonistes de l’indépendance du Mexique. Avec ses 4 893 kilomètres carrés, c’est l’un des plus petits États du Mexique mais l’un des plus peuplés. C’est là que naît la chaîne montagneuse à laquelle appartient le volcan Popocatépetl.
POURQUOI ICI ? Ils sont considérés comme des villages magiques au climat agréable et aux traditions ancestrales. Pittoresques du point de vue urbain et particulièrement séduisants pour ce qui est du cadre naturel.
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CREEL ET PEÑOLES CHIHUAHUA
Il s’agit du plus grand État du pays avec une population dépassant les 3 millions d’habitants. Sa frontière nord marque la limite avec les ÉtatsUnis. Il a la particularité d’être le berceau du célèbre burrito.
POURQUOI ICI ? Creel se situe au cœur de l’imposante Sierra Tarahumara et c’est l’un des rares villages magiques du nord du Mexique. Peñoles est considéré comme l’un des spots d’escalade les plus célèbres et les plus intéressants du Mexique. Le paysage rocheux est réellement merveilleux et s’avère idéal pour camper au début du printemps ou en automne.
GUIDE
Autour du monde.
THE RED BULLETIN WORLDWIDE Ski de fond en Alaska, triathlon en puissance au Mexique, temple dédié au rétro gaming à Brooklyn : nos temps forts à l’international en janvier.
ÉTATS-UNIS SPORTS D’HIVER Colorado, Alaska, Vermont, Californie ! Voici les endroits les plus excitants où s’en donner à cœur joie.
The Red Bulletin en E-Paper sur redbulletin.com
El triatleta natural de Xalapa (en Veracruz), Crisanto Grajales Valencia, 30 años, es el actual campeón del mundo de triatlón tras ganar en Salinas, Ecuador.
ACCIONES Texto: Marco Payán
MARCOS FERRO/RED BULL CONTENT POOL
POCAS PALABRAS,
MUCHAS 70
MEXIQUE CRISANTO GRAJALES Les habitudes fitness de la star locale du triathlon.
DRINKING GA M E S A decade before arcade bars started popping up across the country, a group of friends in Brooklyn had a dream that pairing classic video games with quality booze was a match made in 8-bit heaven. Barcade CEO Paul Kermizian explains how a simple bar concept exploded into a mini empire. Words: Lizbeth Scordo Photography: Joao Canziani 60
ÉTATS-UNIS RÉTRO PARADIS Au Barcade Bar, à Brooklyn, la nuit new-yorkaise rencontre la culture de jeux d’arcade des années 80. Une visite au pays des pixels. 96
ROYAUME-UNI KATIE ORMEROD Devenir une pro du snowboard dans un pays sans relief ? C’est exactement ce que démontre cette jeune Anglaise.
« J’AI UN PROBLÈME DANS LA VIE : J’ÉCOUTE. » FRANCE KEV ADAMS Le jeune humoriste et comédien est à l’honneur avec le film Tout là-haut, nouvelle réalisation de Serge Hazanavicius. THE RED BULLETIN
décembre
MENTIONS LÉGALES FRANCE Directeur d’édition Robert Sperl
ANFÄNGER ANFÄ NGER50
TRI CKS
DAVID HABLÜTZEL will der beste Snowboarder der Welt werden. Seine ungewöhnliche Erfolgsformel: Jeden Tag bei null beginnen.
Text: Alex Lisetz Fotos: Gian Paul Lozza
SUISSE DAVID HABLÜTZEL Le freestyler ambiambi tionnne de devenir le meilleur snowboarsnowboar deur au monde. Son plan : échouer chaque jour un peu mieux. Il explique pourquoi.
AUTRICHE GREGOR SCHLIERENZAUER Le sauteur à ski le plus populaire et le plus performant de tous les temps s’exprime sur son comeback.
Ihr neuer Thriller spielt im Frankfurter Gangster-Milieu. Aber wie viel GangsterMilieu steckt in Moritz Bleibtreu, Edin Hasanovic und Kida Ramadan? Ein Gespräch mit den drei Kino-Stars über Karriere, Ladendiebstahl und die Ratschläge ihrer Mütter. I N T E RV I E W: RÜ D I G E R S T U R M F O T OS : DAV I D F IS C H E R
Rédacteur en chef Alexander Macheck
THE RED BULLETIN France, ISSN 2225-4722 Country Editor Pierre-Henri Camy Country Coordinator Christine Vitel Country Project Management Leila Domas, leila.domas@fr.redbull.com Contributions, traductions, révision Étienne Bonamy, Frédéric Fortas, Susanne Fortas, Suzanne Kříženecký Kříženecký, Audrey Plaza, Claire Schieffer, Gwendolyn de Vries Abonnements Prix : 18 €, 12 numéros/an, getredbulletin.com Siège de la rédaction 29 rue Cardinet, 75017 Paris, +33 (0)1 40 13 57 00 Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg Publicité PROFIL, 134 bis rue du Point du jour 92100 Boulogne, +33 (0)1 46 94 84 24, Thierry Rémond : tremond@profil-1830.com Elisabeth Sirand : egirouard@profil-1830.com Les journalistes de la SAS L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SAS L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.
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VERBRECHEN UND
MORAL
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ALLEMAGNE CINÉ-GANGSTERS Moritz Bleibtreu, Kida Ramadan et Edin Hasanovic différencient les crimes à la ville et à l’écran.
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GUIDE
Le plein d’action.
Sur la colline du Teufelsberg à Berlin-Ouest, le toit de l’ancienne station d’écoute US était jusqu’alors le plus improbable des lieux pour filmer les der dernières prouesses des pros de BMX Anthony Perrin et Bruno Hoffmann. Point d’orgue du tournage de leur Devil’s Voice : une session près de ce qui fut le dôme du radar et que Perrin illumine d’un Downside Tabletop. redbull.com/devilsvoice
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« J’avais la chair de poule avant même de m’élancer. » Anthony Perrin, 23 ans, pro du BMX, décolle du Teufelsberg sous la voûte étoilée de Berlin.
LORENZ HOLDER
Teufelsberg, Berlin
makes you fly
The Red Bulletin n° 73 sortira le 20 janvier 2018
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