FRANCE MARS 2019
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TEAM VITALITY Qui sont les patrons du sport électronique français ?
INTRO
La performance, dans The Red Bulletin, on vous l’offre sous ses formes les plus extrêmes, et sous d’autres plus classiques. Les talents que nous convions en une ce moisci n’ont pas le style attendu d’un « athlète », et la mention de « sport électronique » qui leur est associée vous laisse peut-être (encore) perplexe. Pourtant, le jeu vidéo de haut niveau, de compétition, rejoint les autres disciplines de performance et d’exigence que nous voulons mettre en lumière et respectons au plus haut point.
Trois heures auparavant, le photographe David Ellis était dans l’Eurostar. Pour notre photo de une avec la Team Vitality (saga p. 26), il plonge dans la piscine de Gotaga avec son boîtier Phase One… pas du tout étanche.
Pour ceux qui façonnent cette scène au quotidien, il ne s’agit plus seulement d’être meilleurs qu’une autre équipe face à un écran, mais aussi de développer des structures solides, crédibles, uniques, dans un univers qui se démocratise et où la compétitivité et les budgets explosent. Croyez-en les Français de la Team Vitality. Lisez plus ! Votre Rédaction
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CONTRIBUTEURS NOS ÉQUIPIERS
ÉLISABETH LAVARENNE
Pour The Red Bulletin, Élisabeth Lavarenne, attachée de presse dans le milieu musical, est passée de l’autre côté : elle a interviewé un groupe de metal, Ultra Vomit. « Une heure de blagues et d’anecdotes avec des artistes dont l’énergie et la générosité débordantes m’ont fascinée », dit-elle. Élisabeth est batteuse dans un groupe de hard rock, Furies, c’est donc en connaisseuse qu’elle a questionné les Nantais. Page 52
DAVID ELLIS
« Tout juste arrivé de Londres avec mon matos photo et un slip de bain, je me demandais si les gars de Vitality seraient d’accord pour poser dans la piscine de Gotaga, pour un truc inspiré d’Apocalypse Now. » Les boss du sport électronique français ont compris le photographe anglais et se sont prêtés au jeu. Ce collaborateur de GQ, du Times et de Vogue a pu réaliser une photo comme il les adore : du genre iconique. Plongez page 26
THE RED BULLETIN
DAVID ELLIS (COUVERTURE)
VIVE LE SPORT… ÉLECTRONIQUE !
SOMMAIRE mars
FOCUS
Au contact de la Team Vitality, découvrez les rouages du sport électronique : quand la passion du jeu vidéo devient carrière.
4 0 U n monde en dessous
Il existe un continent sous nos pieds… Francesco Sauro sait comment y survivre et y descend parfois avec des astronautes.
5 2 U ltra pros
Les gars d’Ultra Vomit ont mis tellement de jus dans leur metal parodique qu’il leur a ouvert les scènes des plus grands festivals.
5 8 La danse connectée
Des tutos vidéo de danse : B-Boy Mounir est parmi les coaches.
6 0 Q uestion d’instinct
La chanteuse catalane Rosalía n’a pas oublié qu’elle venait du flamenco. Elle le mixe à d’autres influences et rafraîchit la pop.
6 8 U n artiste toqué
Un artiste graffiti de Chicago devenu cuistot d’un resto branché.
7 0 Fun and furious
En Finlande, le Rokkiralli est l’opposé d’un Grand Prix de F1 : les bagnoles sont nazes et les pilotes s’en moquent de gagner.
58 BULLEVARD Un mode de vie hors du commun
8 Elle va aussi vite à VTT qu’un
Boeing 747 au décollage...
12 Des snowfeet sous les pieds,
partez léger en station ! 14 Hugh Jackman président ? 16 Quand des scientifiques réputés conçoivent une bière de l’espace 18 Dans ce bouquin sur Rocky, c’est un uppercut à chaque page 20 Pour ce type né sans bras droit, le bras bionique était un droit 2 2 Ce saut à BMX de Kriss Kyle est tout simplement monstrueux 24 La Franco-Américaine Lolo Zouaï aime les tracks à double sens
GUIDE
Voir. Avoir. Faire. 86 Voyage : surfer en Alaska...
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90 Gaming : que propose Anthem ? 92 Fitness : le mental de Tom Evans 94 Red Bull TV : restez branché 95 Agenda : n’en loupez aucun ! 96 Ours : ils et elles font le TRB 98 Makes you fly : les pieds au mur THE RED BULLETIN
OSSI PIISPANEN, LEO ROSAS/RED BULL CONTENT POOL, LA VENTA ESPLORAZIONI GEOGRAFICHE
2 6 Team Vitality
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BULLEVARD U N
S T Y L E
D E
V I E
H O R S
D U
C O M M U N
Denise Mueller- Korenek
EXCÈS DE VITESSE
La PDG californienne de 45 ans est aussi rapide sur deux roues qu’un jumbo-jet au décollage.
a simple perspective d’atteindre à vélo la vitesse d’un Boeing 747 au décollage est pour la plupart d’entre nous non seulement terrifiante, mais aussi totalement inconcevable. Mais suggérée à Denise Mueller- Korenek, cycliste américaine accro à l’adrénaline, l’idée enflamme instantanément son imagination. C’était là un défi qu’elle ne pouvait refuser…
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MATT BEN STONE
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16 septembre 2018, Bonneville Salt Flats, Utah (USA) : Mueller- Korenek établit le record de vitesse sur vélo à 296 km/h.
En septembre dernier, la chef d’entreprise, née en 1973 et domiciliée à Encinitas en Californie, devient la personne la plus rapide sur un vélo en atteignant l’incroyable vitesse moyenne de 296 km/h. Elle réalise cet exploit sur la plaine salée de l’ancien lac de Bonneville dans le nord-ouest de l’Utah sur un KHS en carbone conçu pour l’occasion. « Le record s’est fait attendre, confie Mueller- Korenek, patronne d’une entreprise familiale de surveillance. Comme souvent, ce type de défi demande une grosse préparation. L’idée a germé en 2012, alors que je découvrais qu’aucune femme n’avait jamais tenté l’expérience dans toute l’histoire des records. » La réalisation d’un tel record exige de rouler dans le sillage d’un véhicule à moteur, lequel minimise la résistance au vent tout en favorisant l’accélération du vélo par aspiration. La première tentative date de 1899 : le cycliste newyorkais Charles Minthorn Murphy tracté par une locomotive de Long Island atteint 96 km/h, soit 60 milles américaines par heure en anglais, ce qui lui vaut le surnom de « mille-à-la-minute ». Une douzaine de coureurs améliorent le record de Murphy dans les années qui suivent, et près d’un siècle 10
« CE FUT UNE ÉPREUVE DE SURVIE… J’ÉTAIS SECOUÉE DANS TOUS LES SENS. »
plus tard, en 1995, le Hollandais Fred Rompelberg établit le record à 269 km/h. Mais ça, c’était avant que MuellerKorenek ne s’y colle. La performance historique de l’Américaine en 2018 n’est pas son unique fait d’arme : deux ans plus tôt, elle bat le record du monde féminin en franchissant la barre des 237 km/h derrière un Range Rover SVR piloté par la coureuse automobile américaine Shea Holbrook. Mueller-
La cycliste baptise sa tentative de record Project Speed.
THE RED BULLETIN
MATT BEN STONE
Denise est tractée jusqu’à 160 km/h par le dragster puis s’en détache et pédale dans son aspiration.
Korenek aurait pu se satisfaire d’être la femme la plus rapide à vélo mais l’expérience ne fait qu’accroître sa détermination à décrocher l’ultime record. « Nous étions très frustrées en 2016, parce que nous étions conscientes d’avoir perdu de la vitesse, se souvient-elle. On s’est dit qu’on remettrait ça l’année suivante avec la ferme intention de battre le record toute catégorie. » À l’automne 2018, Denise Mueller-Korenek est de retour avec un vélo modifié et le Range Rover a été remplacé par le dragster de mille chevaux utilisé par Rompelberg pour son record vingt ans plus tôt. Le véhicule permet un pilotage plus épuré, mais aussi plus dangereux. « Établir le record féminin en 2016 fut exaltant et amusant, comparable au m eilleur tour de manège d’un parc d’attractions, explique Mueller- Korenek. Mais en 2018, ce fut littéralement une épreuve de survie. Ce surcroît de vitesse impose de modifier l’aérodynamisme du véhicule, ce qui réduit la poche d’air à l’arrière et la rend plus instable. Résultat : j’étais secouée dans tous les sens. » Le risque s’avère payant : en atteignant la vitesse vertigineuse de 296 km/h, la cycliste bat non seulement son propre record en catégorie femmes, mais aussi celui des hommes. Quelle sensation éprouve-t-on sur un vélo lancé à la vitesse d’un Airbus au décollage ? « Se déplacer aussi vite en étant ultra-concentrée finit par donner l’impression étrange que tout bouge lentement autour de soi, explique Denise. J’étais submergée par un s entiment de paix et de calme, qui s’est évanoui aussitôt le moment passé. En apprenant que le record était battu et que le but était atteint, j’ai éprouvé une joie immense et un grand soulagement de ne pas devoir y retourner. J’ai vraiment eu l’impression de jouer avec ma vie. » theprojectspeed.com
LOU BOYD
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Snowfeet
EN GLISSE !
Faire du ski sans tout le matos encombrant est désormais possible grâce à ce roller-ski hybride f acilement transportable…
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e monde des sports d’hiver est féru d’innovations, depuis l’adoption du snowboard dans les années 1980 jusqu’aux sports de glisse plus élitistes à l’engouement grandissant comme l ’héliski et le splitboard. La dernière nouveauté en la matière tient dans un sac à dos. Mélange de ski et de rollerblade, le snowfeet se fixe à vos chaussures d’hiver, telle une paire de crampons, et vous laisse glisser sur les pentes sans recourir à des skis ni à une planche volumineuse. Cette belle invention des Tchèques Zbynek Šuba et Michael Podešva doit son existence au hasard. « En 2016, nous partons skier dans les Alpes en oubliant d’emporter nos skis. Sur place, nous décidons d’essayer de skier avec nos chaussures d’hiver, explique
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Podešva. C’était très amusant. Ça s’apprend comme le ski ou le snow, donc avec pas mal de chutes, et la pratique s’apparente plus à du patin à glace sur neige. » Le duo affirme que le snowfeet sera bientôt aussi présent sur les pistes que les skis et les planches de snow, et qu’il pourrait même intégrer les Jeux olympiques. L’enthousiasme du public leur donne raison : la campagne de
Le snowfeet se fixe sur des boots d’hiver ou de snowboard et existe en taille unique ajustable.
f inancement Indiegogo fixée à 9 000 € recueille plus de 256 000 € avant d’entamer la phase de production. Selon ses inventeurs, le snowfeet serait plus adapté à la compétition que certains équipements utilisés à cet effet. « La liberté de mouvement qu’offre le snowfeet permet de réaliser à peu près toutes les figures imaginables, précise Podešva. En plus des acrobaties de ski, les mouvements du patinage, du hockey et des rollers deviennent possibles. Il se prête même au ski de fond. Et si nous ne l’avons pas encore mesuré, je pense qu’on peut atteindre jusqu’à 70 km/h sur une pente raide. » Verra- t-on le snowfeet aux JO d’ici quelques années ? Peut-être. À 110 € la paire en précommande, il y a des chances qu’ils envahissent bientôt les stations de sports d’hiver. snowfeetstore.com THE RED BULLETIN
LOU BOYD
Pour ses inventeurs, le snowfeet a tous les atouts pour devenir une discipline olympique.
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Hugh Jackman
Quels sont les problèmes- clés du futur ? L’environnement, l’éducation, la pauvreté. Nous vivons dans un monde interdépendant, économiquement et écologiquement. Ce qui se passe en Éthiopie impacte le climat, cela affecte directement le temps qu’il fait aux États-Unis. On ne peut plus considérer que cela ne nous concerne pas. L’époque du chacun pour soi est révolue.
L’Australien fait partie des boss d’Hollywood, mais grâce à son dernier rôle, il sait aussi ce qui doit animer un politique. Jackman président ?
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ugh Jackman est surtout connu pour sa prestation dans la comédie musicale The Greatest Showman, sortie en 2017, et pour son fameux rôle de Wolverine, dans les franchises Marvel : un homme à griffes luttant pour la justice et pour sauver le monde. Dans son dernier film, l’Australien campe un rôle plus substantiel, un personnage public insaisissable et sulfureux dont les frasques changeront le cours de l’histoire. The Front Runner est un drame politique, l’acteur y incarne le sénateur américain Gary Hart, forcé à quitter la course à la nomination du candidat démocrate à l’élection présidentielle de 1988 suite à la révélation par la presse d’une liaison extra-conjugale. Jackman, 50 ans, confie à The Red Bulletin ce qu’il a appris du rôle, et quelle est sa vision d’un leader politique accompli et loyal susceptible de répondre aux défis de notre époque.
the red bulletin : Gary Hart a bataillé pour devenir président des États-Unis au milieu des années 80. Que vous a-t-il appris ? hugh jackman : Hart m’a dit un jour : « J’essayais d’anticiper l’avenir. Les grands politiciens sont tournés vers l’avenir. Abraham Lincoln, par exemple, envisageait un monde sans l’esclavage, puis il l’a rendu possible. » Mais Hart avait aussi beaucoup d’adversaires… C’est inévitable. Nombreux sont ceux qui pensent qu’un chef d’État est au-dessus du peuple. C’est faux. Il en est le guide. Un vrai leader se reconnaît à son impopularité, la majorité des gens ne comprennent pas son action. Gouverner exige d’avoir une vision du futur. Comment convaincre un peuple d’adopter une vision ? Si vos idées sont solides, vous devez les communiquer de sorte que vos concitoyens se disent : « J’aimerais voir ce monde advenir. » Vous devez les aider à moins se préoccuper du présent en imaginant un monde meilleur pour eux. Ainsi, vous leur redonnez espoir.
Gary Hart a dû renoncer, un scandale médiatique sans précédent éclaboussant sa vie privée et sa carrière politique. Comment se prémunir contre une telle déconvenue ? Quelle est votre approche ? Je ramène les choses à l’essentiel. Et pour moi, l’essentiel c’est d’abord ma famille, puis mon travail. De là découle ce à quoi je dois me consacrer pour ne pas m’égarer. Vous avez dit un jour que le métier d’acteur vous aidait à comprendre la raison de notre présence sur terre. Avez-vous trouvé la réponse ? Plus je vieillis, moins je comprends. J’aime mon travail, il me permet de vivre d’autres vies, de voir le monde avec des yeux différents. Mais je reviens toujours à l’amour, à la famille, aux intimes. Compter et dépendre les uns des autres est ce qui crée notre communauté. Si chacun prend soin de cette communauté immédiate, cela peut s’étendre au reste du monde.
The Front Runner est déjà dans les salles ; thefrontrunner.movie
RÜDIGER STURM
« L’ÉPOQUE DU CHACUN POUR SOI EST RÉVOLUE »
Un bon politicien doit-il faire preuve de créativité ? Absolument. Il doit être créatif et avoir de vraies idées. 14
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« IMAGINEZ UN MONDE MEILLEUR ET VOUS REDONNEZ DE L’ESPOIR AUX CITOYENS. » THE RED BULLETIN
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Vostok Space Beer
L’APÉRO INTERSTELLAIRE
Une équipe australienne crée la première bière qui r épondra à ce défi astronomique : boire un coup dans l’espace.
Le récipient est conçu d’après un modèle de réservoir de carburant afin de supporter l’absence de gravité.
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LOU BOYD VOSTOK
Les bouteilles sont dotées d’un bouchon à ressort et d’une tasse amovible pour boire comme sur Terre.
e début du tourisme spatial est imminent. Les prétendants au voyage orbital dépassent déjà ceux qui en ont déjà fait l’expérience. Alors que les vacances stellaires se concrétisent, la brasserie australienne 4 Pines et les ingénieurs aéronautiques de Saber Astronautics se sont associés pour une grande cause : créer la bière de l’espace. Ces derniers ne sont cependant pas les premiers à vouloir trinquer dans le cosmos. Le 20 juillet 1969, quand Buzz Aldrin marche sur la Lune, il a avec lui du vin et une hostie pour célébrer la première eucharistie céleste. De plus, durant les années 70, la NASA autorise un temps la consommation de sherry lors des missions Skylab.
CHRISTINA LOCK
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Sans excès Que se passe-t-il quand on se boit une mousse en apesanteur ? 1 Les effets de l’alcool C’est une inconnue, le taux d’absorption par le corps humain dans l’espace n’ayant pas encore fait l’objet d’études. 2
Le goût
La langue enfle dans l’espace, ce qui modifie notre goût. Pour y remédier, la bière Vostok Space Beer adopte une riche saveur de chocolat et de caramel.
Toutefois, la mise au point de la Vostok Space Beer exige de résoudre plusieurs problèmes, dont celui des rots. « Quand vous rotez sur Terre, le gaz sort et le liquide reste, explique le Dr Jason Held, PDG de Saber Astronautics. Mais dans l’espace, le liquide aussi reflue. De plus, la quantité de bulles dans la bière doit être suffisante pour être appréciée, mais pas excessive pour ne pas gâcher le plaisir. » Autre difficulté, boire au goulot d’une bouteille en apesanteur est très compliqué. « L’idée est de pouvoir la déguster comme sur Terre, explique le Dr Held. Pour ce faire, nous avons adapté la technologie du réservoir d’essence, afin d’aspirer la bière vers le haut de la bouteille. » Restait ensuite à tester le dispositif en vol. Un test en condition d’apesanteur a déjà eu lieu au cours duquel une bouteille est lâchée de 23 mètres pour simuler les effets de l’apesanteur. Mais pour garantir une expérience authentique, au moment de produire la version finale de la bouteille, Vostok est en train de lever des fonds pour l’envoi des premières bières dans THE RED BULLETIN
« IL NOUS RESTE ENCORE CERTAINS PROBLÈMES À RÉSOUDRE… »
l ’espace. Alors, à quand un apéro dans les étoiles ? Il faudra sans doute encore patienter un peu, mais selon les têtes pensantes de Vostok Space Beer, le bar de l’hôtel des premiers touristes de l’espace aura, à n’en pas douter, de la bière sur sa carte. vostokspacebeer.com
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Les rots
Ils sont causés par la non-séparation du liquide et du gaz une fois la bière bue. Une sensation désagréable comparable à une remontée acide.
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Les bulles
L’élaboration de la bière Vostok Space Beer prévoit un niveau de carbonatation faible mais très précis afin d’éviter tout effet déplaisant.
La boire
Là-haut, le liquide ne coule pas comme ici. Vostok a donc conçu pour sa bouteille un système d’alimentation passive utilisant la tension superficielle.
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Rocky : le livre
IL VA VOUS METTRE K.O.
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« À Moscou, tous les coups sont permis », s’exclame le commentateur de la célèbre scène de Rocky IV (1985) dans laquelle Ivan Drago martèle le visage de Rocky Balboa. La première apparition au cinéma du héros poids lourd de Stallone remonte à plus de quarante ans. Pour fêter l’événement, l’éditeur Taschen sort un livre collector retraçant la saga depuis sa conception jusqu’à Creed sorti en 2015. Les 1 976 exemplaires de Rocky: The Complete Films sont numérotés et signés par Stallone himself et comportent des photos d’archives rares et inédites, des interviews de l’acteur, le tirage d’une peinture de Sly ainsi qu’un facsimilé des notes prises pour le film original en 1976. Les fans inconditionnels seront tentés par les deux tomes de l’édition d’art, tirés en 25 exemplaires chacun et comprenant aussi un film réalisé sur le plateau de tournage par le p hotographe Neil Leifer. 750 € ; Art Editions, 5 000 €.
ROCKY © 1976-2018 METRO-GOLDWYN-MAYER STUDIOS INC. ALL RIGHTS RESERVED
taschen.com
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« CERTAINS VEULENT ME SERRER LA PINCE. » Daniel Melville
UN AVENIR À SAISIR
Le bras bionique n’est plus de la science-fiction. Grâce à une start-up britannique, les prothèses robotiques feront bientôt partie du quotidien.
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aniel Melville possède un bras venu tout droit de la science-fiction. Né sans main droite, ce patron d’une entreprise d’impression 3D de 27 ans, originaire du Berkshire (Angleterre), portait il y a encore quatre ans une prothèse médicale avant de rencontrer Joel Gibbard, un ingénieur travaillant sur une main robotique abordable chez Open Bionics, start-up qu’il a cofondée avec la journaliste Samantha Payne. Leur bras à fonctionnalité avancée s’inspire d’Adam Jensen, héros de Deus Ex, un
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jeu vidéo mettant en scène des personnages transhumains au corps en partie augmenté. « Avoir la possibilité de m’identifier à un personnage de jeu, c’était génial, confie Melville. J’ai toujours détesté porter les p rothèses médicales, trop glauques à mon goût. Mais mon bras bionique éveille la curiosité des gens, certains me demandent s’ils peuvent me serrer la pince. » La motricité offerte constitue une grande avancée comparée aux prothèses classiques. « La main s’ouvre et se ferme par les impulsions de mon bras. En contractant les muscles, je modifie le mode de prise en main.
C’est simple, et très efficace. » Créé en 2014 pour améliorer la vie des personnes amputées, le Hero Arm est le produit phare d’Open Bionics. Selon les études de l’entreprise basée à Bristol, rendre la prothèse abordable est clé, mais l’objectif principal reste l’esthétique et le confort qu’elle procure. C’est en cherchant des ambassadeurs pour promouvoir le bras que Open Bionics entre en contact avec Melville. « J’ai toujours voulu un bras bionique, expliquet-il, mais ils sont trop chers, 55 000 € au bas mot. » À environ 5 000 €, le Hero Arm ramène le prix à une fraction du précédent. S elon Open Bionics, son invention ouvre la voie à des avancées encore plus importantes. « Pour l’instant, nous restons sur un modèle s’adressant au plus grand nombre, expliquent les fondateurs. Mais nous pensons déjà à un bras bionique aux fonctionnalités surhumaines. » openbionics.com THE RED BULLETIN
FRIENDS AND FELLOWS/RED BULL CONTENT POOL
Open Bionics
LOU BOYD
Un bras de super-héros : l’innovation d’Open Bionics change la vie des utilisateurs de prothèse comme Melville.
Travis Rice Travis Rice Professional Snowboarder
Professional Snowboarder
\ Active Noise Canceling Wireless \ Active Noise Canceling Wireless
Skullcandy partenaire majeur du Red Bull Tout Schuss 2019 Skullcandy partenaire majeur du Red Bull Tout Schuss 2019
Kriss Kyle
CHUTE DE TENSION
FRED MURRAY/RED BULL CONTENT POOL
LOU BOYD
Ici, Kriss Kyle, rider BMX anglais de 26 ans, surgit d’un hélicoptère à près de 220 mètres au-dessus de Dubaï et finit sur une rampe posée sept mètres plus bas sur l’héliport de l’hôtel Burj Al Arab... où il enchaîne un second saut par-dessus un escalier. « L’idée de sauter de l’hélico était une boutade à l’origine, se souvient Kyle. Nous faisions un repérage sur l’héliport et discutions des possibilités offertes par le lieu. Je lance l’idée en plaisantant, mais très vite la plaisanterie vire au défi. » La performance est osée, même pour un rider aguerri comme lui. « Le vent soufflait si fort qu’il m’a presque a rraché le vélo des mains, confie Kyle. J’ai pris une grande respiration avant de sauter et me suis agrippé à la vie. Quand j’ai atterri, j’ai roulé plus vite que prévu, du coup j’ai survolé la s econde rampe. J’ai tenu bon mais je ne suis pas prêt d’oublier l’expérience. » redbull.com
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« C’ÉTAIT COMME SE JETER DANS UNE TORNADE ! » Le tourbillon d’air de l’hélico était l’un des défis auxquels Kriss Kyle a dû faire face en sautant sur l’héliport. « Le jeu en valait la chandelle ! »
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DOLLY PARTON I WILL ALWAYS LOVE YOU (1974)
BRIGITTE BARDOT HARLEY DAVIDSON (1968) « Brigitte Bardot est une vraie dure à cuire. J’adore cette chanson où elle raconte qu’elle n’a besoin de personne pour conduire sa moto. Je n’en ai jamais conduit mais je ressens très bien ce qu’elle veut dire. »
« La chanteuse country américaine Dolly Parton est terriblement douée pour raconter des histoires. Son morceau I will always love you est l’un des meilleurs jamais enregistrés selon moi. J’ai lu que Dolly l’avait écrit pour son manager… Ce n’était pas un titre vraiment romantique avant que Whitney Houston ne le reprenne à son tour. J’aime qu’une chanson puisse avoir plusieurs sens. »
RIHANNA CALIFORNIA KING BED (2011)
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Nouvelle révélation de la scène R&B, l’artiste franco-américaine évoque les chanteuses qui ont influencé son parcours d’autodidacte.
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évélée avec High Highs to Low Lows, une chanson devenue virale où elle raconte ses frustrations de jeune artiste aux prises avec une industrie musicale lui faisant enchaîner les sessions studio sans lendemain, Lolo Zouaï s’est imposée en quelques mois comme une figure montante de la scène R&B. Dans la lignée de ce premier succès aussi fulgurant qu’inattendu, la chanteuse a
creusé son sillon avec des titres distillés sur les réseaux sociaux, faisant le récit de son quotidien, désormais partagé entre New York où elle vit, et des tournées entre les ÉtatsUnis et l’Europe. Alors qu’elle s’apprête à révéler ce mois-ci au public deux titres inédits, dont un featuring avec le rappeur britannique Blood Orange, Lolo Zouaï rend hommage à ses aînées qui l’ont inspirée et motivée à poursuivre ses rêves de chanteuse. lolozouai.com
JAZMINE SULLIVAN FOREVER DON’T LAST (2015) « Jazmine est une vocaliste hors pair. C’est une de mes chanteuses préférées, elle est toujours restée fidèle à elle-même. Je trouve cette chanson tellement passionnée, il y a tant de douleur dans sa voix. Rien ne dure éternellement… mais cela vaut la peine d’être vécu. » THE RED BULLETIN
ANTOINE CARBONNAUX
« JoJo a bercé mon enfance. Elle avait une voix incroyable et malgré son jeune âge, elle était capable de passer des aiguës aux graves en une fraction de seconde. Comme JoJo avait été révélée par l’émission de télé-réalité America’s Most Talented Kids, j’ai moimême passé les auditions pour l’émission American Idol avec cette chanson quand j’avais 15 ans… Je n’ai évidemment pas été retenue (rires). »
« J’AIME QU’UNE CHANSON PUISSE AVOIR PLUSIEURS SENS »
SARAH KHALID
JOJO HOW TO TOUCH A GIRL (2006)
« Quand j’étais au lycée, j’avais pris l’habitude d’apprendre à jouer des chansons au piano avec YouTube. Cette chanson de Rihanna m’a touchée et j’ai fini par la jouer systématiquement. Aussi sauvage soit-elle, Rihanna sait aussi montrer son côté vulnérable. C’est ce qui fait toute sa force. »
TYRONE BRADLEY/RED BULL CONTENT POOL
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RETROUVEZ THE RED BULLETIN le 18 avril avec et le 2 mai avec dans une sélection de points de vente et en abonnement
Star des jeux vidéo, Gotaga (à gauche) se jette à l’eau avec ses potes de la Team Vitality : Neo (au milieu) et Cabochard.
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UN AUTRE SPORT EST POSSIBLE
Être (très) performant aux jeux vidéo permet désormais de (très) bien gagner sa vie, d’être suivi par des milliers de fans à travers le monde, et d’être reconnu comme un athlète à part entière. Découvrez comment la Team Vitality s’est imposée au sommet du sport électronique français… et vous regarderez les gamers différemment. Texte CLÉMENT LAPARRA Photos DAVID ELLIS
« ON VOIT DES FOOTBALLEURS CÉLÉBRER LEURS BUTS AVEC DES HOMMAGES AUX JEUX VIDÉO ! » FABIEN « NEO » DEVIDE
10 termes
d’initiés pour mieux comprendre l’esport Build Order
C’est l’ordre dans lequel un joueur exécute ses tâches de manière répétée. Maîtriser son build order permet de se concentrer.
Carry
Le carry (to carry en anglais) porte l’équipe. Soit parce qu’il fait beaucoup de dommages à l’équipe adverse, soit parce qu’il est un cran au-dessus de tout le monde.
Clutch
D
ans tous les domaines, la nature humaine tend à vouloir savoir qui est le meilleur. Les jeux vidéo n’échappent pas à la règle et depuis toujours, des joueurs ont cherché à être au top, meilleurs que les autres. Depuis plus de vingt ans, des amateurs s’organisent pour faire des compétitions sur leurs jeux préférés, comme en Corée du Sud où c’est devenu un sport national. Avec l’avènement de l’internet à haut débit et la diffusion en ligne, l’esport (prononcer « isport », pour sport électronique, le « e » avant sport introduisant la notion «d’électronique ») a explosé. Une génération passionnée de jeux vidéo, une visibilité exponentielle et une économie florissante ont créé la recette d’un nouveau phénomène sociétal. Désormais, les compétitions esport remplissent des stades, où ces nouveaux athlètes (car on parle bien d’athlètes dans le plus haut niveau des jeux vidéo professionnels) s’affrontent devant leur écran, suivis par des milliers de fans et des millions de spectateurs sur internet. Dans ce nouvel écosystème, des clubs se sont professionnalisés en s’approchant du modèle des clubs de sport dits traditionnels. Parmi eux, les Français de Vitality se sont fait une place solide, sous la houlette de leur président, Neo. 28
Terme venu de l’anglais : réaliser un clutch, c’est gagner une situation décisive pour son équipe. Les plus spectaculaires peuvent se faire en situation de net désavantage.
GG
Abréviation de Good Game, ces deux lettres sont tapées à la fin de la partie pour féliciter l’adversaire.
Int
Raccourci de intentionnal feeding, c’est une façon de dire qu’un joueur contribue volontairement au succès de l’adversaire, nuisant à sa propre équipe.
LAN
Abréviation anglaise de réseau local. En France, on utilise ce terme pour parler d’un rassemblement de joueurs dans un même lieu en vue de jouer une compétition avec leurs PC reliés entre eux.
Noob
Le terme noob est la forme moderne de newbie qui veut dire débutant, il est souvent utilisé péjorativement pour désigner quelqu’un qui joue mal.
Scrim
Pour préparer les compétitions, les équipes jouent des parties contre des équipes de ligues similaires voire de la même ligue, ces matchs sans enjeu sont appelés des scrims.
Shotcaller
Le shotcaller, ou IGL pour in game leader, est celui qui prend les décisions principales dans une équipe lors d’un match. Il donne à ses coéquipiers les consignes et le tempo sur lequel les appliquer.
Stream
Diffusion en direct sur internet. Le terme n’est pas nécessairement lié au jeu vidéo mais c’est bien dans ce domaine qu’il est le plus utilisé.
Fabien « Neo » Devide a inauguré la structure de jeu vidéo professionnelle Vitality en 2013 avec son ami Nicolas Maurer.
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NEO : LE FONDATEUR
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C’est suite à une défaite cuisante que Cabochard, 21 ans, décide de devenir un joueur de jeu vidéo pro. Il deviendra l’un des meilleurs Européens.
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CABOCHARD : LE FIDÈLE
En 2016, quand Vitality arrive sur League of Legends en achetant une place dans la ligue européenne (LCS), Lucas « Cabochard » Simon-Meslet fait partie de ses cinq premières recrues. En décembre 2018, le top laner (poste où le joueur est seul sur sa ligne de défense) français annonce prolonger l’aventure pour deux ans. S’il honore son contrat, il aura passé cinq ans dans la structure française, un fait encore plus rare que dans le sport traditionnel. Tombé dans LoL dès le début du jeu, c’est avec son frère que « Cabo » (son pseudo) se lance afin de devenir vraiment performant. Mais c’est un tournoi à T énérife (Canaries) qui va faire démarrer sa carrière. Affrontant des équipes qui constituent la deuxième ligue européenne, la sienne se fait corriger devant le public local. Il décide alors d’en faire son métier. Il a à peine 17 ans quand il débarque en LCS. Jeune et forte tête, il a mûri et diversifié son jeu pour devenir capitaine de l’équipe. « Ce rôle de capitaine a fait naître une nouvelle envie, c’est un challenge pour moi, dit Cabochard. Mon coach, YamatoCannon, m’a poussé à endosser cette responsabilité et j’y ai pris goût au fur et à mesure. J’assume ce poste complètement et je sens à quel point l’écoute a changé dans l’équipe, nous sommes unis. » 2018 aura été prolifique pour Cabo qui a connu ses deux premières finales européennes et a surtout disputé ses premiers championnats du monde, ce qui l’a mis en appétit. La scène européenne connaît de grands changements en 2019, les équipes ont signé des « partenariats long terme » avec RIOT, l’éditeur de League of Legends, et il n’y a désormais plus de spectre de relégation pour les dix équipes. Pour Cabo, ce format permettra peut-être à plus de jeunes d’émerger, les équipes pouvant de nouveau se permettre de prendre des risques. Élu cet été deuxième meilleur joueur d’Europe à son poste, il sera difficile d’intimider le Français.
De l’or entre les mains
Quand Fabien « Neo » Devide a créé Vitality en 2013, l’idée le démangeait depuis déjà plusieurs années. Depuis tout jeune, il rêvait d’avoir une structure qui pourrait faire rayonner l’esport français à l’international. Grâce à son expérience de manager d’équipe, il travaille en collaboration avec de nombreuses équipes en France, mais n’arrive jamais à trouver ce qu’il cherche. Neo est persuadé qu’il y a quelque chose à faire dans ce milieu, et avec son ami Nicolas Maurer, ils se lancent. La structure débute sur Call of Duty (un jeu de tir à la première personne dans lequel deux équipes de quatre joueurs s’affrontent) avec Gotaga pour fer de lance, l’un des meilleurs joueurs à l’époque sur le jeu et dont la popularité va les aider au début. À deux seulement, « Neo » et « Nico » doivent assumer tous les rôles, de la comptabilité à la communication en passant par les aspects purement sportifs pour faire grossir leur petite entreprise, ce qui leur laisse un sentiment de savoir tout faire mais de n’exceller nulle part. Ils commencent donc à recruter, ce qui ne sera pas tâche facile. S’entourer veut dire apprendre à déléguer, pas une mince affaire pour deux hommes habitués à tout faire. La priorité étant de ne surtout pas perdre l’ADN Vitality : de la performance avec un esprit de famille. Neo cherche des personnes qui embrassent les valeurs du club, des managers d’équipes comprenant qu’il ne s’agit pas seulement de bosser pour des joueurs mais aussi de faire avancer tout le projet, et des recrues loyales avec un fort esprit de groupe. La structuration n’est pas rapide, et il faudra presque trois ans à Vitality avant de pouvoir vraiment se renforcer. Ce sera alors un soulagement pour ses fondateurs qui savaient avoir de l’or entre les mains, mais qui n’étaient pas assez aidés pour en faire ce qu’ils voulaient. Puis vient une première levée de fonds, un apport financier, qui leur permet de travailler dans des bureaux et de se structurer encore plus, Vitality cherchant à s’approcher, d’une certaine façon, des clubs de sports plus traditionnels.
« ÊTRE CAPITAINE A FAIT NAÎTRE UNE NOUVELLE ENVIE, C’EST UN CHALLENGE POUR MOI. » CABOCHARD
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Faire rayonner la France
Gotaga dans la gaming room installée dans sa maison près de Paris. Il y joue en ligne et y retransmet ses streams très suivis.
« ON GAGNAIT UN AUTOCOLLANT ET ON ÉTAIT RAVI. » GOTAGA 32
MAXIME BEAU / RED BULL CONTENT POOL
« Dans un futur assez proche et notamment grâce à la mise en place de systèmes proches des franchises, on devrait voir l’arrivée des droits de diffusions pour les clubs esports, explique Neo. C’est la première source de revenus pour les gros clubs de sports traditionnels, et c’est une étape capitale pour nous. Dans les manques, il y a aussi la billetterie, et avec nos nouveaux locaux on réfléchit à des solutions qui nous permettraient d’augmenter les revenus de ce genre. »
GOTAGA : LE PHÉNOMÈNE
Évidemment, se structurer a un coût, et au-delà de la trésorerie apportée par cette levée de fonds de 20 millions d’euros, Vitality a besoin de capitaliser sur sa force accrue. L’année 2018, la meilleure depuis son lancement, se conclut avec un chiffre d’affaire d’environ 4 millions d’euros. Le rayonnement du club a permis de signer des contrats de sponsoring plus importants comme Orange ou adidas, ce qui reste la principale source de revenus du club, mais il a également fait monter le chiffre de ventes du merchandising, les vêtements siglés du logo abeille de Vitality, et ses fameuses couleurs jaune et noir. À côté de ces deux sources, Vitality touche également de l’argent de certaines ligues esport qui aident les équipes, mais aussi de certains événements où les talents de Vitality sont sollicités. Les sources de revenus sont malheureusement un poste sur lequel l’esport a encore beaucoup de retard sur le sport, Neo a donc de grandes attentes.
À 25 ans, Corentin « Gotaga » Houssein est une figure majeure du gaming français. Révélé sur Call of Duty, il rassemble désormais des milliers de spectateurs sur sa chaîne Twitch, site de streaming et de VOD de jeux vidéo, où il joue désormais le plus souvent à Fortnite. « Plus jeune, en jouant en ligne à Call of Duty, je tombe contre plusieurs joueurs qui portaient le même tag de clan, et je les massacre. Ils m’ont ensuite contacté pour jouer avec eux, c’est ainsi que j’ai fait mes premières parties classées en équipe. C’était une autre époque, on gagnait un autocollant à coller sur sa console en LAN et on était ravi. » Sur Call of Duty, il devient l’un des meilleurs joueurs du monde, « The French Monster ». Il travaillera énormément pour faire de son équipe la meilleure d’Europe, régnant sans partage sur la France. Mais Gotaga en veut plus et se lance sur YouTube en parallèle de sa carrière de joueur. À l’époque, il y a peu de contenus produits par des joueurs compétitifs sur cette plateforme. Le public adhère, sa notoriété explose. Gotaga abandonne les études pour se consacrer à sa carrière de joueur et pour produire du contenu s’il en la possibilité. Un risque qui s’avérera payant. Mais si le Français reste un joueur performant, les équipes US le sont plus encore. À quel prix ? Call of Duty est touché par le fléau de l’Adderall, un traitement contre l’hyperactivité qui sert de produit dopant à des athlètes esport, leur assurant une concentration folle. Lassé par la compétition et les excès de certains, Gotaga s’éloigne des tournois pour un moment. Il découvre les jeux comme H1Z1 , PUBG et Fortnite. Inspirés du film japonais Battle Royale, ils consistent à laisser des joueurs s’affronter sur une île jusqu’à ce qu’il reste un seul survivant. Gotaga excelle sur Fortnite et avec l’explosion du jeu, sa popularité ne cesse de croître. Grisé par cette dynamique, Gota reprend du service sous le maillot de Vitality. Avec son ami Mickalow, ils forment l’un des binômes les plus regardés au monde.
Ils sont trois millions d’abonnés à la chaîne YouTube de Gotaga, un joueur professionnel de 25 ans surnommé « The French Monster ».
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Fier de son maillot : c’est à l’automne que Vitality a lancé une équipe sur le jeu Counter-Strike, avec NBK- en tant que leader.
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NBK- : L’EXPÉRIMENTÉ
À seulement 24 ans et bientôt dix ans sur la scène Counter-Strike, Nathan « NBK- » Schmitt a toujours les crocs. Venu de Counter- Strike Source et élevé au contact des joueurs d’expérience comme Ex6TenZ et ScreaM, il a appris cette culture de la gagne. Une faim et une expérience qui ont fait de lui le joueur qu’il est. La grande qualité de NBK- : l’adaptabilité. Il se définit comme un joueur très pragmatique, qui ne vise qu’un objectif : gagner. Grâce au respect de ses pairs et un haut niveau individuel, il peut jouer à n’importe quel poste sans que son ego soit touché. C’est ainsi qu’il explique sa longévité : une grande élasticité qu’il met au service de son équipe. En rejoignant Vitality à l’automne, il a accepté de repartir de zéro. Sur Counter-Strike: Global Offensive (CSGO), il faut se faire sa place pour être qualifié ou invité dans les tournois. Il s’échine donc à gravir les échelons avec ses coéquipiers et espère un jour remporter avec une équipe française un nouveau major – tournois les plus prestigieux, un peu comme un grand chelem au tennis « Quand on a gagné le major en Suède en 2014, c’était vraiment une expérience phénoménale, se souvient NBK-. Le fait de jouer pour une structure française fait qu’on a senti toute une nation derrière nous. » Devenu leader, il partage son savoir avec ses coéquipiers, dont le jeune ZywOo. La jeune génération a un côté hyper instinctif, joue juste mais il lui manque la connaissance du CS en équipe. NBK- compte jouer encore quelques années et devenir un leader emblématique du CS français, et nul doute qu’il n’a pas fini de surprendre.
Si Neo pense à demain, c’est qu’il a déjà vu le marché de l’esport grandir de façon impressionnante, des tournois à quatre équipes dans des cybercafés à des stades remplis de fans partout dans le monde. En France, l’engouement médiatique en a fait un sujet récurrent et de grands groupes média comme beIN et Canal+ ont même créé des émissions dédiées au sujet. La presse a ainsi un peu quitté la négativité comme seul axe d’approche des joueurs de jeux vidéo, fascinée par le phénomène sociétal qu’il est devenu. « Avec l’arrivée et l’explosion des jeux de Battle Royale (voir notre portrait de Gotaga page 32, ndlr), le jeu vidéo a connu un nouveau boom, précise Neo, et l’esport en a évidemment profité. Maintenant, on voit des footballeurs célébrer leurs buts avec des hommages aux jeux vidéo ! » Si l’argent est le nerf de la guerre pour Vitality, c’est que le club est présent en permanence sur une dizaine de jeux, et avec une cinquantaine d’athlètes portant le jaune et le noir, les budgets sont conséquents. Le choix des jeux est d’ailleurs un point de décision particulièrement important pour une entité comme Vitality. La structure a la particularité de venir du monde des consoles, avec Call of Duty et FIFA à son commencement, ce qui était une difficulté supplémentaire. En effet, il y a quelques années, le fossé entre esport sur PC et sur consoles était important, car ces dernières n’avaient pas profité de l’explosion du début des années 2010 avec le jeu de stratégie StarCraft II et League of Legends, un jeu d’arène en équipe. League of Legends est l’une des pierres angulaires de la chronologie des jaune et noir. En décembre 2015, Vitality fait son entrée sur l’esport PC par la grande porte, en achetant la place de Gambit, une équipe russe, dans la ligue européenne de League of Legends. Un investissement fort et une prise conséquente car jusqu’à maintenant, la ligue était ouverte et il était donc possible de s’en faire reléguer. L’arrivée de League of Legends chez Vitality signifie aussi celle d’un joueur qui va marquer le club, Lucas « Cabochard » Simon-Meslet. « Cabochard jouait avec Gambit quand on a racheté la place dans la ligue, rembobine Neo, et
NICOLAS JACQUEMIN
« EN JOUANT POUR UNE STRUCTURE FRANÇAISE, ON A SENTI UNE NATION DERRIÈRE NOUS. » NBKTHE RED BULLETIN
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FABIEN « NEO » DEVIDE naturellement on a pris contact avec lui. Les discussions ont pris du temps car c’était l’un des meilleurs prospects de la scène, il n’avait que 17 ans à l’époque. Depuis, il n’a jamais hésité à continuer avec nous. C’est désormais un ami. » Cabochard a d’ailleurs choisi de prolonger encore l’aventure en décembre 2018, pour deux années supplémentaires. Pour tous les supporteurs du club, le top laner français fait partie de la famille Vitality et il est désormais difficile de l’imaginer sous d’autres cou36
leurs. Il est pourtant toujours très jeune. Ce capitaine de l’équipe League of Legends n’a que 21 ans et donc de belles années devant lui, potentiellement chez Vitality. « Ce qui est bien avec Cabo, c’est qu’il représente vraiment ce qu’on veut être, un mec droit et intègre, qui fait rayonner la France à l’international. »
La gagne en eux
Aller sur League of Legends avec de telles ambitions sans jamais tâter le terrain a surpris la scène, mais pour Vitality, le choix des jeux est crucial : il faut être vu, et être bon. Pour Neo, le classement de l’importance des jeux, la tier list, est quelque chose qu’il faut surveiller mais ce n’est pas le seul critère. L’audience est évidemment une clé, qu’elle soit en termes de spectateurs mais également en nombre de joueurs. Le raisonnement est simple, plus d’audience, donc plus de contenus vus, et forcément plus d’exposition pour les sponsors d’un club comme Vitality. La structure française se permet également d’occasionnelles prises de risques sur des jeux émergents.
VITALITY
« UN JOUEUR QUI EXPLOSE SOUS NOS COULEURS, C’EST UNE BELLE HISTOIRE. »
Le monde est à eux : Cabochard lors du World Championship du jeu vidéo League of Legends disputé en Corée du Sud en 2018.
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Les datas de l’esport
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Le matos
d’un pro des jeux électroniques Clavier
Difficile de se choisir un clavier ! Un joueur pro préférera un clavier mécanique plutôt qu’à membrane pour un meilleur temps de réaction et une sensibilité accrue. Pour choisir ses switchs (l’interrupteur situé sous chaque touche que l’on active à la pression), mieux vaut se renseigner sur un site spécialisé.
Souris
Probablement l’attribut le plus délicat, un joueur arrive généralement à changer facilement de clavier mais il n’en va pas de même pour la souris. L’ergonomie est prioritaire, mais il faut également un temps certain pour trouver la sensibilité optimale au confort de jeu.
Manette
Si la majeure partie des jeux esport se joue avec un clavier et une souris, certains titres se jouent mieux à la manette. C’est le cas des jeux de sports, de combat ou encore les jeux de conduite – pour ceux qui ne veulent pas investir dans un volant.
Casque
Particulièrement précieux pour les jeux en équipes, le casque du gamer est la plupart du temps équipé d’un micro. Connecté sur des logiciels de discussion vocale, les joueurs peuvent communiquer en temps réel pendant leurs parties.
Écran
Considérant le nombre d’heures passées devant l’écran à s’entraîner, un bon écran est indispensable au pro-gamer. Il faut une taille optimale, le plus souvent du 24’’ et bien sûr, le meilleur taux de rafraîchissement possible, les réflexes étant prioritaires. THE RED BULLETIN
Parfois, l’opération est couronnée de succès comme avec Rainbow 6: Siege, un jeu de tir très stratégique où le club a été champion du monde et reste très présent sur le jeu. D’autres fois, c’est un échec à l’image du passage expéditif sur OverWatch, un jeu de tir au style cartoon. Une fois le titre choisi, il faut trouver les joueurs pour représenter Vitality au plus haut niveau, les attentes des supporteurs et des partenaires étant grandes. « J’ai maintenant la chance d’avoir deux personnes compétentes qui sont là pour repérer et choisir les joueurs, ce qui me permet de me détacher de ces décisions, même si je donne toujours mon avis, précise Neo. Nous avons aussi changé de philosophie par rapport à notre recrutement. Avant, je voulais du clinquant, des joueurs déjà prêts. Désormais, nous cherchons plus des potentiels à développer, c’est toujours une belle histoire quand un joueur explose sous les couleurs de Vitality. » Une philosophie bien illustrée par la dernière année de l’équipe League of Legends de Vitality, où Cabochard et les rookies qui l’accompagnaient ont réussi à se qualifier pour le championnat du monde en octobre 2018 en Corée du sud, une première pour Vitality. C’est aussi parfois le profil d’un joueur qui donne l’envie de saisir l’opportunité de se lancer sur une nouvelle scène. Même si cela faisait longtemps que ça le démangeait, Neo n’avait toujours pas franchi le pas sur Counter-Strike: Global Offensive, un jeu de tir compétitif, et c’est Nathan « NBK- » Schmitt qui l’a convaincu. « NBK- fait partie des joueurs que j’aime, explique Neo, sur Counter-Strike Source il a dominé la scène, et sur CS:GO il a gagné des titres dont deux majors. Il a la gagne en lui. C’est une discussion avec lui qui m’a donné envie d’y aller, je le voyais vraiment incarner notre projet. Je pense qu’il sera un excellent capitaine pour mener l’équipe au plus haut et aider notre pépite, le dénommé ZywOo, à atteindre son potentiel. » CS:GO est le dernier jeu sur lequel Vitality est arrivé, mais le club n’en restera pas là. Lors de l’officialisation de la levée de fond de 20 millions d’euros, la plus grosse en Europe à cette heure, Neo avait donné des indices pour la suite, parlant notamment d’un autre gros titre, Dota2, un jeu d’affrontement stratégique où se battent deux équipes de cinq joueurs chacune.
millions C’est le montant en euros de la levée de fonds réalisée par Vitality cet automne, la plus conséquente en Europe à cette heure.
25,5
millions Montant total en dollars des prix donnés en cash aux équipes ayant participé à The International 8, le championnat du monde de Dota2 disputé en août à Vancouver. Les vainqueurs se sont partagé plus de 11 millions.
99,6
millions Nombre de spectateurs qui ont regardé la finale des championnats du monde de League of Legends sur internet, jouée le 3 novembre à Incheon en Corée du Sud.
226
millions Nombre d’heures de contenus regardées par son audience sur la chaîne Twitch de Ninja, le plus gros streamer de cette plate-forme.
7
ans C’est le temps qu’il a fallu attendre pour revoir une équipe occidentale en finale des championnats du monde de League of Legends. Comme il y a sept ans, il s’agissait de l’équipe européenne Fnatic, mais elle s’est inclinée sévèrement contre les Chinois de iG.
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C’est le nombre de trophées soulevés par les Danois d’Astralis en 2018. L’équipe Counter-Strike a établi un record de domination sur sa discipline.
L’ovni Gotaga
Malgré l’arrivée d’un nouvel actionnaire, Vitality ne renie pas ses racines et ceux qui étaient là au début sont encore présents. Corentin « Gotaga » Houssein faisait partie de la première équipe, et plus de cinq ans après, il est toujours là, même si ce n’est plus sur Call of Duty. Et si Gotaga fait majoritairement du stream, de la diffusion de ses parties sur internet, 37
Gota, Neo et Cabochard. Trois des ambassadeurs d’une structure pro qui compte une cinquantaine de joueurs et une dizaine d’équipes.
Neo refuse que la valeur esport de Gota soit sous- estimée. « Il ne faut pas oublier tout ce qu’a fait Gotaga, c’est une légende européenne sur Call of Duty, il a eu le niveau pro sur H1Z1 et c’est un monstre sur Fortnite, insiste Neo. C’est un ovni, il est capable d’être bon sur tout ce qu’il touche. S’il voulait revenir au plus haut, je suis convaincu qu’il en serait capable, mais il devrait arrêter de streamer et il est conscient que cela décevrait de nombreux fans. Gotaga nous a fait naître, il aurait pu capitaliser seul sur sa popularité et ne p enser qu’à lui. Au lieu de ça, 38
il a choisi de contribuer au développement de la scène française. C’est un homme juste. » Neo rappelle aussi que Gotaga a permis à Vitality de bien s’installer sur Fortnite, un jeu sur lequel il fallait être mais où l’esport reste balbutiant, le jeu n’étant pas encore tout à fait prêt. Quant à ce qu’il va advenir de l’esport, Neo n’a pas de réelles certitudes ni d’attentes particulières. Il estime que cette croissance exponentielle finira forcément par arriver à une stagnation, et que cela donnera l’occasion de voir une purge des structures. THE RED BULLETIN
« Maman, Papa, je veux faire de l’esport ! »
« GOTAGA EST UN OVNI, IL EST BON SUR TOUT CE QU’IL TOUCHE. » FABIEN « NEO » DEVIDE
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Un crash qui laissera la place à la prochaine génération d’équipes, celles qui sont profitables. Quoi qu’il en soit, ni Neo ni Vitality ne ralentissent. Le club français ayant annoncé l’entrée de Kyan Khojandi dans leur entourage, le comédien et créateur de la série Bref, nul doute que 2019 nous et leur réserve bien des surprises.
Il faut s’y faire, devenir joueur professionnel de jeux vidéo est désormais une réalité. Grâce à la croissance de l’esport et des budgets conséquents, les joueurs peuvent désormais faire carrière et vivre, parfois très bien, de leur performance. Cependant, comme dans le sport « classique », il y a énormément d’appelés et très peu d’élus. Alors que faire si votre ado vous dit qu’il veut en faire sa vie ? Neo essaie de vous aider. « Le plus important, c’est de continuer ses études, il faut un bagage sur lequel se reposer. Comme il n’y a pas encore de sport-études version esport, il faut réussir à concilier les deux. » Il y a évidemment des contreexemples comme Cabochard et Gotaga, mais même ce dernier abonde dans le sens de Neo. « Je recommande vraiment de ne pas abandonner les études, insiste Gotaga, j’ai eu énormément de chance, il faut que ceux qui me suivent s’en rendent compte. Faire des études, c’est une sécurité, surtout qu’il est aujourd’hui beaucoup plus dur de se faire remarquer dans l’esport qu’à mon époque. » Après avoir vu défiler des centaines de joueurs au cours de sa déjà longue carrière, Neo a d’autres conseils d’importance : « Au-delà de devenir un excellent joueur, il faut se préparer à être un bon coéquipier. Avoir de l’ego est important, mais il faut qu’il soit bien placé, sinon il freinera votre progression. Soyez intègre avec votre entourage, c’est la clé du succès. Enfin, il faut être réaliste vis-à-vis de son talent. Comme dans le sport, tout le monde n’a pas ce qu’il faut pour être un joueur pro. Mais si le talent est là, alors l’attitude et l’abnégation seront indispensables. C’est 97 % de travail et 3 % de chance ». Vous voilà parés !
vitality.gg ; Twitter : @Vitality_Neo ; Twitter : @TeamVitality 39
Un continent sous nos pieds FRANCESCO SAURO a deux jobs, dignes d’un film : d’une part, le spéléologue et géologue italien explore des grottes vierges avec son équipe de recherche, La Venta ; d’autre part, il forme des astronautes sous la surface de la Terre. Sauro explique comment faire de la peur son alliée, et anticiper les obstacles dans le monde souterrain. Texte FLORIAN OBKIRCHER Photos LA VENTA ESPLORAZIONI GEOGRAFICHE
GLACIER DU GORNER, SUISSE
La grotte aux éboulis « À l’intérieur de cette cavité, le moindre changement de température pourrait entraîner son effondrement, explique Francesco Sauro. Passer plus de deux ou trois heures ici, c’est prendre le risque de ne plus pouvoir en ressortir. L’eau est à 0,1 °C. »
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MINE DE NAÏCA, MEXIQUE
La grotte brûlante « Des mineurs ont découvert cette grotte, laquelle renferme des cristaux de gypse de douze mètres de long. Il est impossible de l’exploiter à cause des conditions extrêmes : 50 °C et 100 % d’humidité. Vous vous brûleriez les poumons ici si vous vous y aventuriez sans un équipement constitué d’une combinaison avec système de refroidissement et aide respiratoire. »
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RIVIÈRE SOUTERRAINE DE PUERTO PRINCESA, PALAWAN, PHILIPPINES
La grotte de la mort « Des tarentules venimeuses et des serpents y vivent. Le soir, des centaines de milliers d’apodidés (famille d’oiseaux, ndlr) s’y engouffrent alors que les chauves-souris la fuient. Les bruissements d’ailes atteignent une intensité acoustique équivalente à celle d’un TGV. »
GLACIER TYNDALL, CHILI
La grotte inondée « En l’espace de quelques heures, cette grotte de 100 mètres de profondeur peut se remplir d’eau de fonte. C’est pourquoi nous observons l’état d’un glacier p endant plusieurs jours avant de nous engager dans une ascension. »
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UN TEPUY, VENEZUELA
La grotte cachée « Nous avons cherché pendant deux ans par image satellite l’entrée de la grotte qui mène à ce tepuy (haut plateau aux flancs abrupts, ndlr). Comme elle se situe dans le paysage rocheux de la jungle, nous avons dû nous y faire déposer en hélico. »
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L’ÉTOILE NOIRE, OUZBÉKISTAN
La grotte obscure « L’air sec et les températures glaciales de la grotte transforment les cadavres d’animaux en momie, comme vous pouvez le voir avec cette tête de bouquetin. L’expédition s’est déroulée dans des conditions extrêmement éprouvantes : mille mètres de descente et un vent glacé non-stop des jours durant, dans l’obscurité totale. »
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Ce qu’enseigne un regard dans l’abîme La peur tient en alerte, la curiosité stimule. L’équilibre entre ces deux émotions motrices fascinait déjà Leonard de Vinci.
F
rancesco Sauro, 34 ans, est l’une des rares personnes à se servir à la fois d’un microscope et d’un marteau-pioche dans son métier. Le premier, il l’utilise dans son activité d’enseignant- chercheur en géologie à l’université de Bologne (Italie), et le deuxième est son outil de terrain qu’il emmène dans ses expéditions avec la communauté d’experts en spéléologie, La Venta, avec laquelle il explore des ravins rocheux dans les coins les plus reculés. En 2013, notamment, Sauro est le premier homme à pénétrer la plus longue enfilade de grottes quartzites au monde. Ces cavernes sont s ituées à l’intérieur de l’Auyan Tepuy, l’un des plus grands tepuys de la jungle vénézuélienne ; à ce jour, Sauro en a cartographié 22,5 kilomètres. « Avant nous, il n’y a pas eu de lumière pendant des millions d’années ici – et probablement pas le moindre son non plus. » Si les grottes fascinent tant notre Italien, c’est parce qu’elles sont pour lui comme des gigantesques bibliothèques.
« Si vous vous cassez une jambe sous terre, vous avez un sérieux problème. »
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Il peut déceler des détails très précis sur l’historique du climat de la Terre en observant des formations stalactites, acquérant ainsi de précieuses nouvelles connaissances sur le réchauffement climatique. Et aussi parce qu’on en apprend toujours un rayon sur soimême au bout de six jours enfermé sous terre dans une obscurité totale. Sauro explique à The Red Bulletin pourquoi le plus grand danger en situation extrême n’est autre que soimême, et pourquoi les grottes sont des endroits propices pour préparer les astronautes avant une sortie spatiale. the red bulletin : À quand remonte la dernière fois que vous avez eu peur ? f. sauro : J’éprouve de la peur à chaque expédition, et il est important que je l’éprouve. Pourquoi ? Léonard de Vinci a écrit qu’en regardant dans une caverne sombre, il était submergé par deux émotions : la peur et la curiosité. Aussi différentes que soient les deux, elles sont interdépendantes. La peur vous tient en alerte et vous empêche de faire un pas irréfléchi ; elle joue le rôle d’un garde-fou. Et la curiosité, c’est votre moteur. Comment trouve-t-on le bon dosage entre les deux ? Lors de ma première expédition dans les Dolomites avec mon père, j’étais gamin, j’ai vraiment eu la frousse. Mais
plus j’osais avancer, plus ma peur diminuait. La clé pour trouver le bon équilibre, c’est l’expérience. L’expérience n’est-elle pas relative pour préparer une expédition dans un endroit encore jamais exploré ? C’est possible en partie. Quand je suis parti pour le Venezuela, j’avais déjà accumulé pas mal d’expérience dans les grottes arctiques et alpines et dans des cratères de volcans. Arrivé là-bas, bam ! C’était un univers complètement inconnu. Mon s avoir empirique ne pouvait m’apporter qu’une aide très limitée. Quand l’expérience n’est plus d’aucun secours, quelles sont les facultés qui permettent d’assurer la survie ? La concentration. Il y a évidemment toujours un risque d’éboulement ou le risque de respirer les spores d’un champignon mortel, comme ça
L’explorateur Francesco Sauro a remporté le Rolex Award 2014 pour ses recherches.
m’est arrivé au Mexique. Mais le plus grand danger vient de soi-même : la fatigue. Si vous ne faites pas attention où vous posez le pied et que vous vous cassez une jambe, vous vous retrouvez avec de sérieux ennuis. Vous êtes dans l’obscurité, des centaines de mètres sous terre. L’hélico de secours ne viendra pas vous chercher là-bas. Il peut se passer des jours, voire des semaines avant que quelqu’un vous rejoigne. Avez-vous déjà regardé la mort en face ? Naturellement. C’était dans une des grottes les plus profondes du Mexique, nous étions les premiers à nous
« Nous étions coincés dans une cascade glacée de 170 mètres de profondeur. »
aventurer si loin sous terre. Alors que nous étions en train de descendre une cascade, la perceuse dont nous avions besoin pour fixer les crochets de fixation dans la roche a glissé des mains de mon collègue. Impossible de monter ni de descendre, nous étions prisonniers de la cascade glacée, par 170 mètres de fond. Et alors ? J’ai débusqué un buisson dans la paroi auquel j’ai fixé ma corde. Je l’ai testé pour voir s’il supporterait mon poids. Je n’y croyais pas réellement, mais c’était notre unique chance. Nous sommes descendus en rappel en nous alternant tous les 100 mètres, avec précaution. Et on s’en est sortis. La qualité primordiale d’un explorateur, c’est sa capacité d’improvisation. Vous formez des astronautes de l’Agence spatiale européenne (ESA). À quoi ressemble cette formation ? Nous mettons les astronautes dans des cavernes, comme celles de Lanzarote, car les conditions climatiques et le paysage désertique et couvert de cratères volcaniques y sont similaires à celles de Mars. On leur donne des tâches scientifiques à réaliser en équipe de six, dans un environnement qui leur est étranger.
ROLEX AWARDS/STEFAN WALTER
« L’Homme explore l’espace alors qu’on a un continent vierge sous nos pieds. » En quoi les grottes et les cavernes permettent-elles de préparer les astronautes ? Sous terre, il n’y a pas de différence entre le jour et la nuit. Les astronautes doivent apprendre à vivre et à travailler ensemble dans un espace confiné. Ils doivent planifier THE RED BULLETIN
très précisément leurs rations de nourriture, leur matériel. Si vous n’avez plus de batterie pour votre torche, vous passerez un mauvais moment. En d’autres termes, les grottes ne pardonnent aucune erreur. Elles sont réelles, ce ne sont pas des simulations. Les astronautes les adorent. Ils vivent là leur première mise en situation, avant de décoller pour la station spatiale, où la moindre erreur peut avoir des conséquences terribles et où ils doivent coopérer. Qu’est-ce qu’un astronaute peut apprendre de vous ? Je suis sûr qu’à l’avenir, les astronautes devront avoir des compétences similaires à celles des spéléologues. Prenez Mars : la vie n’est pas possible à sa surface à cause des radiations. Mais les grottes étant hors de portée, elles sont protégées, donc si nous devions un jour nous y établir, elles seraient les refuges idéaux. Est-ce que les grottes renferment encore des secrets ? Comme Mars, la Terre fut un jour inhospitalière pour l’Homme. Je suis persuadé que la vie sur notre planète a commencé et s’est développée dans les grottes. Cette hypothèse n’a pas encore été vérifiée. Nous en sommes au début de la recherche sur la vie souterraine. Ces dernières cinquante années, nous avons exploré 30 000 km de souterrains. Dix millions restent inexplorés. L’Homme explore l’espace alors qu’on a un continent entièrement vierge sous nos pieds…
Le livre Into the Heart of the World: La Venta, 25 Years of Exploration documente les expéditions les plus importantes de Francesco Sauro et de son équipe ; laventa.it
RECORDS CAVERNEUX
Une concrétion haute comme une tour et une colonie de chauves-souris : six données souterraines.
627
km de galeries relevés dans Mammoth Cave (Kentucky, USA) : le réseau souterrain le plus étendu au monde.
26 100
km² : la taille du plus grand lac souterrain au monde : situé à 66 m sous terre, dans le Gouffre du Souffle du Dragon (Namibie), il est profond de 84 m.
2 191 20 000 000
mètres : distance sur laquelle les chercheurs se sont relayés pour descendre en rappel la grotte Krubera (Géorgie), la plus profonde au monde.
70
mètres de haut : taille de la plus grande concrétion au monde, dans la grotte Hang Soon Dong, jungle du Vietnam.
de chauves-souris dans la grotte de Bracken (Texas, USA). Aucun autre endroit ne regroupe tant de chiroptères.
1888
Date à laquelle Édouard-Alfred Martel, le père de la spéléologie, cartographia une caverne pour la première fois. Il s’agissait de l’abîme de Bramabiau (30), en France.
EN CAS D’URGENCE
Quatre phénomènes extrêmes qui peuvent survenir sous terre, et comment y remédier.
CLAUSTROPHOBIE
Quelle que soit son étroitesse, un passage s’aborde toujours les pieds devant ! Ainsi vous éviterez de rester coincé… Si le casque passe, le reste passera aussi. En cas de crise : respirer profondément, rester calme, et se déplacer lentement.
ÉPUISEMENT
Dans un environnement inconnu, on a tendance à marcher plus vite qu’à son habitude. Dans une grotte, la fatigue extrême et le manque de vigilance peuvent avoir des conséquences fatales. Il est important de se forcer à ne pas accélérer le pas.
PANIQUE
Quand on passe des jours à avancer dans une caverne, on a besoin d’autant de temps pour en sortir. Cela signifie que toute aide extérieure est elle aussi à des jours de marche… Remède ? Seul le prochain pas que vous allez faire compte.
HYPOTHERMIE
Les spéléologues sont habitués à l’humidité, ils sont trempés la majorité du temps à cause des rivières souterraines. Quand le froid se fait sentir, ne restez pas immobile. Marchez lentement jusqu’à ce que le corps se soit réchauffé. 51
ULTRA PROS
Ils collectionnent les streams par millions et partagent les scènes des dieux du metal. Comment le groupe parodique ULTRA VOMIT est devenu une affaire sérieusement efficace.
Le metal parodique d’Ultra Vomit a fédéré des milliers de fans, au point que le groupe (ici en live à l’Olympia) revient au Hellfest cette année.
Texte ÉLISABETH LAVARENNE Photos MATHIEU EZAN 53
Rock’n’roll circus : qui a dit qu’il fallait être sapé en noir pour jouer du metal ?
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ifficile de formuler clairement à quoi ressemble la musique d’Ultra Vomit, tant son étiquette de « metal parodique » touche à peu près à tous les styles et déclinaisons du metal, le tout mixé aisément à une touche de musique populaire. Du grindcore au death metal, en passant par le heavy, le thrash ou le black metal, singeant entre autres Motörhead, Rammstein, ou réunissant Gojira et C alogero sur un même titre, Ultra Vomit ne s’arrête devant aucun monument du genre, et ses quatre membres se révèlent être des musiciens de haute volée, capables de fournir des riffs et compositions à en faire mosher les plus timides d’entre nous. En voyant cette bande de joyeux drilles enchaîner sketches et blagues sur scène, difficile d’imaginer le groupe en répète, concentré à travailler sérieusement sans se bidonner, tant leur univers tout entier est axé sur la déconne. Pourtant, on se rend compte que leur spectacle est millimétré et maîtrisé : son, scénographie, jeu de scène, interventions de chaque musicien tout en préservant une part d’impro… Ils n’ont rien à envier aux plus grands groupes, même à certains 54
c omédiens. Pour arriver à posséder tous les codes de ces diverses disciplines, il aura bien fallu que ces gars-là atteignent un sérieux niveau de technique digne des meilleures brutes de studio. Sous les nombreuses strates d’inventivité clownesque destinées à vous faire p oiler, quelle est leur façon de travailler ? Pour côtoyer Slayer ou Marilyn Manson sur les scènes des plus grands festivals (Download, Hellfest), remplir la mythique salle de l’Olympia, vendre 20 000 unités de leur album Panzer Surprise! (quand seulement 15 % des disques sortis en France passent le stade des 10 000) et a tteindre des millions de vues sur YouTube : quel investissement personnel et professionnel les quatre membres d ’Ultra Vomit ont-ils dû fournir ? Fetus (chant-guitare), Manard (batterie), Flockos (guitare) et Matthieu Bosson (basse) nous dévoilent tout.
« Ultra Vomit, ça ressemble à un holdup. À la base, il n’y a aucune prétention. » FETUS – CHANT/GUITARE
the red bulletin : Messieurs, au-delà d’une grosse couche de déconne, on voit bien que vous êtes des musiciens hors pair et que votre show est hyper rodé. Avouez, vous êtes un groupe sérieux qui travaille beaucoup ! manard : Ce qu’on aime dire, c’est qu’on fait de l’humour sérieusement. flockos : Ça dépend des périodes. Pour l’album, on a donné un gros coup de bourre sur l’année qui précédait, jusqu’à ce que ça nous casse les couilles, qu’on ait atteint notre limite d’assiduité et de dévotion. La seule ambition qu’on a, c’est de faire les choses bien, avec application. Ce n’est pas parce que c’est marrant qu’on va le bâcler. Ce n’est pas parce que c’est une vanne que ça ne sert à rien de bien sonner. Quand on a la tête dans le guidon, on est le plus consciencieux du monde. fetus : Pour ma part, le déclic a été tout début 2000 en voyant le groupe Gronibard. C’est clair que c’est de la vanne, mais ça joue grave ! Je me suis rendu compte que c’était possible de le faire et qu’on devait le faire. Dès le moment où on a commencé Ultra Vomit, l’ambition était qu’on arrive à ce niveau de maîtrise, de gifle. flockos : Une fois l’album terminé, on a bossé comme des truies pour monter un nouveau show adapté. On s’est entourés de techniciens très dévoués, consciencieux et compétents. À chaque fois qu’on touche à un domaine, on essaie de le faire au top si les moyens sont là. On ne lésine sur rien pour faire une prestation vraiment aboutie. Après, si ça plaît aux gens, c’est la cerise sur le gâteau. Mais au départ, on veut quelque chose qui nous plaise à nous. fetus : Même sans parler musique : dans les speechs entre les morceaux, plus c’est travaillé ou écrit, et plus ça va être possible d’improviser, d’être libre. flockos : On a un couloir, vraiment bien défini, scénographié, presque chorégraphié, et dedans on se balade. Sans sortir du sentier qu’on s’est imposé. Comment Ultra Vomit est-il devenu un groupe de plus en plus solide, crédible ? fetus : Ce qu’il est très important de comprendre à notre sujet, c’est que ça ressemble à un hold-up. À la base, il n’y a aucune prétention. flockos : Je pense que c’est ça qui fait que tout se déroule bien. On n’a pas produit de T-shirts du groupe avant de faire les compos. C’est ton public qui décide si ça marche, pas toi. fetus : Fais ta part du job et considère que le résultat ne t’appartient pas. manard : Dans les premières années, on était deux dans le groupe : Fetus et moi. THE RED BULLETIN
Quand ils lancent Ultra Vomit en 2000, comme un « hold-up », Matthieu, Manard, Flockos et Fetus sont loin de s’imaginer sur la scène de l’Olympia.
Angus d’AC/DC ? Non, Fetus, le guitariste et la voix d’Ultra Vomit, groupe qui s’applique à vous faire marrer.
« Notre plus grand hoax, c’est cette tournée qu’on avait appelée The Renouvellement of Intermittence. » FLOCKOS – GUITARE
TOP 5 DES GROUPES « SÉRIEUX » devenus des parodies d’eux-mêmes, selon Manard
1. MANOWAR Rois de l’acier en slips peau de bête Je suis un énorme fan de ce groupe ! Mais justement en partie à cause de ce côté too much qui fait qu’ils sont une parodie d’euxmêmes ! Qui ne connaît pas le bingo Manowar ? Les vieilles pochettes en peaux de bêtes ? Malgré tout, ils sont un groupe unique et monstrueux !
2. ANNIHILATOR Guitarminator Là, je tape carrément sur un de mes groupes préférés ! Je dois être maso. Mais en étant objectif il est vrai que le père Waters (Jeff de son prénom, fondateur et guit-artiste culte de ce groupe canadien, ndlr) recycle un peu trop ses propres riffs ou gimmicks. Avec parfois un gros air de déjà entendu ! Et ce malgré la qualité globale des albums du groupe… Allez, il suffirait d’un petit regard extérieur, et hop ! THE RED BULLETIN
3. IRON MAIDEN Grand-Guignol culte Toujours des tueurs en live, mais en studio... On passe d’un groupe réputé pour ses pochettes à un groupe qui nous pond la pire de l’histoire (Dance of Death), qui sort des jeux vidéos moisis (Virus) et environ trois live par an. Un genre de définition de la parodie. Même si ça s’arrange ces dernières années… ouf !
4. GRAVE DIGGER : Heavy épique teutonique J’en suis fan, alors qui aime bien châtie bien ! Rien ne ressemble plus à un album de Grave Digger qu’un autre album de Grave Digger ! Alors bon, on n’est jamais vraiment déçu, mais on n’est jamais vraiment content non plus.
5.CANNIBAL CORPSE Triperie Death Metal Pour leur longévité et leur immuabilité, je dis respect ! Garantis sur facture : une pochette gore, une prod énorme et des riffs araignées ! D’où un petit côté parodie d’eux-mêmes même si le groupe reste bien cool !
On jouait dans le garage des parents de Fetus et ça nous suffisait. On se marrait en enregistrant des petites démos sur cassette mais jamais on aurait pensé faire des concerts. Il a fallu qu’un pote, Arnaud Moyon, vienne nous voir en répète et nous propose de nous faire jouer. C’était déjà un hasard, on ne demandait rien. flockos : On a une sorte de passivité, mais on a fait des rencontres cruciales : le tourneur Rage Tour, les labels Listenable, Sacral, et Verycords avec qui on a sorti notre troisième album, Panzer Surprise!. Aussi, des producteurs comme Neb Xort qui a produit le groupe de black metal symphonique français Anorexia Nervosa, Francis Castes et aujourd’hui Fred Duquesne, sauf que lui on est allés le chercher. Pour faire les choses le mieux possible, on n’allait pas essuyer les plâtres d’un home studio. On voulait des gens spécialisés, les meilleurs dans leur domaine. fetus : Panzer Surprise! nous a permis de faire plein de choses qu’on n’avait jamais faites auparavant, notamment de jouer devant autant de monde au Hellfest 2017, ou bien les dates à Paris : l’Alhambra, le Trianon et l’Olympia en l’espace d’un an et demi. On ne pensait pas qu’il y aurait plus de gens à chaque fois ! manard : Si tu schématises, la courbe est très régulière. En abscisses, ce sont les sorties d’albums et en ordonnées, la popularité. Hé bien c’est f(x) = x. Êtes-vous uniquement concentrés sur le groupe depuis que vous vous êtes professionnalisés et entourés ? manard : Moi c’est l’inverse justement : plus le groupe marche, et plus je travaille à côté. À l’époque de notre premier album, M. Patate, j’étais un putain de RMIste chômeur, un gros branleur. Aujourd’hui, je pourrais largement vivre d’Ultra Vomit mais non, je préfère avoir un CDI de 35 heures à côté. flockos : Quand on sait qu’on peut avoir de grosses périodes d’inactivité de quatre ans, il faut toujours avoir un plan B. C’est ça qui fait la force du groupe : on ne dépend pas du fait qu’il puisse nous faire vivre. Si jamais on en a plein le cul et qu’on veut faire une pause, c’est possible. fetus : Ce serait problématique si on devait sortir un album tous les trois ans, on risquerait de faire un album pas marrant et pas inspiré. Avez-vous des rôles prédéfinis dans le groupe selon les talents de chacun? manard : On a un concept : la fleur et le jardinier. La fleur est très belle mais si tu ne l’arroses pas, elle se fane et devient dégueulasse. Elle a besoin d’un jardinier.
« Aujourd’hui, je pourrais largement vivre d’Ultra Vomit mais non, je préfère avoir un CDI de 35 heures à côté. » MANARD – BATTERIE manard : Dans le groupe, il y a des fleurs qui sont Fetus et Matthieu et un jardinier qui est Flockos. Moi je suis un hybride. flockos : C’est par rapport à nos traits de personnalité. C’est la continuité de ce qu’on est. Je n’ai confiance en personne, j’ai du mal à déléguer car j’ai peur que les choses soient mal faites, du coup on répète chez moi, on y fait les pré-prods et ça m’apaise. manard : Moi je suis le Community Manager du groupe car j’ai des facilités à écrire des textes sans me poser de questions. Je ne les relis quasiment pas, je les poste, voilà. fetus : Le terme fleur ne m’est parfois pas approprié car quand on est en période de composition, j’atteins mon plus haut niveau d’exigence. Jusqu’au dernier moment dans les chiottes du producteur Fred Duquesne, je bossais le schéma final du titre Evier Metal sur le dictaphone et je suis arrivé à 100 % du truc. Vous avez sorti Objectif : Thunes en 2008. Dix ans après, ça, c’est fait. À présent, c’est quoi, le plan d’Ultra Vomit ? flockos : Sérieusement, Objectif : Thunes c’était juste un bon jeu de mots. Si on pouvait glaner quelques deniers, c’était cool. Mais notre plus grand hoax, c’est cette tournée qu’on avait appelée The Renouvellement of Intermittence, un nom qui donnait clairement le véritable but de la tournée. On n’avait pas de nouvel album et pas envie d’en faire un. On a donc trouvé les bonnes vannes avec Star Wars : le Pôle empire, Le côté obscur de la flemme, les bases rebelles pour renouveler l’intermittence… Car tous les groupes doivent tourner pour la maintenir. fetus : C’est ça qui est bon, on a le droit de dire et faire des trucs comme ça. Contrairement à la plupart des groupes. flockos : Le réel objectif était de faire le meilleur album possible. C’est encore valable aujourd’hui : le mieux possible. Tout le temps.
Ultra Vomit à l’Olympia, DVD à paraître au printemps sur le label Verycords. Live au Hellfest le 21 juin ; ultra-vomit.com 57
TAK E F I V E
B-BOY MOUNIR veut…
… VOUS FAIRE (BIEN) DANSER Dans les tutos Red Bull Dance Connect, les meilleurs danseurs expliquent comment effectuer des moves proprement. B-Boy Mounir nous éclaire sur le projet.
1 Red Bull Dance Connect, késako ? 4 Un investissement personnel Une nouvelle plateforme vidéo dédiée à toutes les danses urbaines (hip-hop, house, pop, lock, et break) qui permet aux danseurs du monde entier d’accéder à des tutoriels vidéo professionnels contrairement à ceux, surtout amateurs, qui existent sur la toile. Les intervenants sont triés sur le volet. Chacun, selon son niveau, pourra y trouver le vocabulaire et la technique dont il aura besoin pour évoluer par rapport à son niveau actuel. L’objectif n’est pas de tout expliquer, mais d’apporter les éléments les plus importants en six minutes.
2 Une culture du partage
Au milieu des années 90, quand j’ai commencé le break, il n’y avait pas de tutoriels, on apprenait entre nous. On regardait des vidéos de compétition. Les Américains avaient déjà le réflexe de compiler les meilleurs moments (BOTY, Freestyle Session). Et on avait cette culture du partage : quand quelqu’un amenait une VHS, il la copiait, la prêtait à un ami, qui la copiait, etc. Cela a permis à toute une génération, la mienne, d’accéder à un max d’infos… qu’il nous fallait décrypter car personne ne prenait le temps d’expliquer ce que faisaient les danseurs. Avec Red Bull Dance Connect, vous allez gagner un max de temps !
Au début, on grillait les étapes. On n’avait pas de préparation physique adaptée. Les meilleurs s’entraînaient très dur, 365 jours par an. Aujourd’hui, avec la pédagogie et un apprentissage par étape, beaucoup sont capables de tout faire, il est donc plus difficile de se démarquer. Alors qu’à mon époque, les B-Boys all-rounder comme moi faisaient vite la différence.
5 Des potentiels à exploiter
J’ai commencé petit avec les grands, et ce sont eux qui ont fait de moi ce que je suis. En tant que capitaine du Vagabond Crew et dans mon programme de coaching en motivation, je transmets cela : Hard Work Easy Everything, travailler dur pour que tout devienne facile. Car seul le travail apporte de réels résultats. J’ai envie que les gens arrêtent de vivre en dessous de leur potentiel.
Red Bull Dance Connect sur YouTube ; Instagram : @hwe_mounir
3 Forcer la créativité
Je me souviens d’une fois où j’avais enregistré le crew Aktuel Force sur la chaîne de télé La Cinq (!), j’avais essayé de refaire le move d’un des danseurs. J’étais frustré parce que même si j’avais compris le mouvement et que je savais exactement comment faire, j’en étais incapable. Avec mon groupe, on s’entraînait tous les jours, on évoluait ensemble. Ça forçait la créativité parce qu’on n’avait pas beaucoup d’infos, et que l’objectif n’était pas de refaire le mouvement tel qu’il était mais plutôt de le comprendre pour créer autre chose. 58
Entretien CHRISTINE VITEL Photo LEO ROSAS/RED BULL CONTENT POOL THE RED BULLETIN
J’ai envie que les gens arrêtent de vivre en dessous de leur potentiel. » B-BOY MOUNIR
À son palmarès, entre autres, les titres de Champion du monde Red Bull BC One 2012 et vice-champion 2013. THE RED BULLETIN
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AITOR MATAUCO/RED BULL CONTENT POOL
Depuis ses treize ans, la chanteuse et compositrice Rosalía se prépare à embrasser une carrière internationale.
QUESTION D’INSTINCT ROSALÍA a créé la surprise dans l'industrie musicale grâce à un mélange inédit de flamenco, trap et bien d'autres influences. Avec déjà deux Latin Grammy à son actif, quel est le secret de la jeune catalane ? « J’ai consacré ma vie entière à la musique ; dès le début, je l'ai prise très au sérieux. » Texte MARCO PAYÁN
« JE SUIS FLAMENCA. À MA MANIÈRE, MAIS JE SUIS FLAMENCA »
ifficile de classer le style de Rosalía, tant sa musique est un savant mix de tous ces genres qu'elle aime et que l'on retrouve dans El Mal Querer, album-pépite qui lui a valu deux Grammy latinos et des dizaines de millions de streams. Avec près de dix ans passés à étudier le flamenco, on ne peut pas dire qu’elle ne s’y connaît pas. Les 300 playlists sur son téléphone illustrent son éclectisme en matière d’influences. Rosalía s’est imposée comme une référence de la pop internationale avec des idées claires et les bonnes personnes dans son entourage. Et pour faire les bons choix, Rosalía ne se fit qu'à une chose : son intuition. Qu'elle soit musicale ou professionnelle, cette intuition s'appuie évidemment sur des années d'expérience et une solide formation musicale. À l'écouter parler, on se rend compte que le phénomène Rosalía n'est pas le résultat d'un algorithme ou d'une stratégie marketing, mais bien plutôt celui d'une sacrée personnalité artistique. the red bulletin : Comment parvenez-vous à trouver un équilibre entre le flamenco et d’autres genres plus proches de la pop internationale ? rosalía : Comme ça fait de nombreuses années que j’apprends le flamenco, c’est ma base, mes appuis, je lui ai donné toute l’importance qu’il mérite en tant que genre classique qu’il est. C’est en moi : je suis flamenca. À ma manière, mais je suis flamenca.
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Vous le faites consciemment ou sans réfléchir ? Je suis comme ça, sans préjugés. Depuis toute jeune, j’ai à peu près 300 playlists dans mon téléphone. Je me disais : « Est-ce que c’est bizarre que j’aime autant de musiques différentes ? » Mais je crois que c’est aussi quelque chose qu’on peut cultiver. Écouter d’autres styles et apprendre à partir de ces derniers. Je le vis ainsi mais ça peut aussi s’exercer. C'est en connaissant à fond ses bases et en étant imprégné que l'on peut appréhender d'autres directions. Qu’est-ce qui vous guide pour dire « ça oui, ça non » lorsque vous faites un disque ? Mon titre Pienso en tu mirá a vu le jour à partir d’un rythme traditionnel de flamenco. Avec Malamente, j’avais l’idée de faire une « zambra » et, en fin de compte, ça n’a rien à voir, mais il y avait un modèle rythmique que je voulais explorer avec un tambour et j’ai essayé de composer avec les premières mélodies aux accents de flamenco qui naissaient sous mes doigts. C’est comme ça que Malamente a vu le jour. Il y a toujours un catalyseur, quelque chose de très précis que j’ai envie d’approfondir lorsque je compose. Ces titres ont-ils servi à combler une forme de vide ou se sont-ils agencés naturellement ? Ils sont venus occuper les vides. C’est un processus plutôt conscient pour ce qui est de la structure, mais THE RED BULLETIN
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Ce sera toujours au fond de moi. À partir de là et avec la liberté que donne l’expérimentation, j’embrasse d’autres références et d’autres musiques que j’aime aussi, toujours sans préjugés. Le résultat, c’est que la musique peut avoir un son comme celui de mon disque, El Mal Querer. Même s’il y a une grande part d’inspiration flamenca, la musique urbaine prend de plus en plus de place comme nouvelle référence, au même titre que la musique africaine, la musique classique, le folklore espagnol, la musique électronique, le mainstream américain ou le folk anglais.
La chanteuse espagnole de 25 ans a dĂŠjĂ sorti deux albums. Le premier, sa carte de visite, est un hommage au flamenco.
D’où vous vient cette clairvoyance ? Ça doit être naturel. Ça doit venir d’une pulsion, d’un besoin. Dans mon cas, je le fais en pensant toujours librement, sans préjugés. Si un musicien crée ces rythmes et qu’ils coexistent en lui, c’est bien de les adopter. Il ne faut pas que ce soit un exercice conscient, je crois que ce serait trop rationnel. Quelle est l’importance de la technique pour maîtriser quelque chose comme le flamenco ? Énorme. Pour moi, la base que le flamenco m’a donnée est fondamentale. Le flamenco représente mon point d’appui. C’est une musique très complexe. Son apprentissage m’a demandé beaucoup d’humilité ; j’ai tout appris de zéro, avec mon professeur. C’est un processus qui imprègne toute ma vie. Pour apporter quelque chose, il faut maîtriser parfaitement ce qui précède, la base classique. Si on ne connaît pas 64
l ’histoire de la musique, il est difficile de pouvoir apporter quelque chose. À quel moment vous êtes-vous rendue compte que vous alliez faire quelque chose qui n’allait pas faire appel aux éléments classiques du flamenco ? Quand on est conscient de ce qui nous plaît, il est facile de choisir pour chaque projet une palette de couleurs sonores avec lesquelles on va pouvoir s'amuser. J'aime considérer chaque nouveau projet de façon globale et, à chaque fois, m'efforcer de produire quelque chose de différent. Quand on sait clairement le son que l'on veut obtenir, il est facile de choisir ce que l’on veut garder ou non. Le flamenco est très codifié, mais je refuse de croire qu’il n’y a qu’une seule façon concrète de sentir et de comprendre cette musique. Je m’inspire de la source du flamenco mais je réfléchis aussi à l’instrumentation et à la production sous un angle cohérent avec mes références, mon âge et la musique qui me plaît. Comment choisissez-vous vos collaborateurs ? Ma sœur est ma meilleure amie et j’ai la chance de l’avoir à mes côtés. La plupart des membres de mon équipe sont des personnes pour lesquelles j’ai eu l’intuition qu’elles allaient m’aider à exprimer ma vision artistique. En fait, il s’agit d’avoir une vision très claire des choses. De savoir transmettre de
AITOR MATAUCO/RED BULL CONTENT POOL
moins pour ce qui est de l’« hybridation », pour ainsi dire, d’une musique avec une autre. S’il y a quelque chose qui est clair, c’est ce que je veux faire dans chaque chanson. Dans ce cas, dans le disque, c’est hyper évident : d’abord, je voulais avoir le titre de l’album. Après, quels titres. Une fois que c’était clair dans ma tête, j’ai commencé à écrire. Ça m’a permis de me concentrer directement sur les détails et les p aroles de chaque chanson ont ainsi trouvé leur place..
Danseuse flamenco de formation, Rosalía a donné un sérieux coup de frais à la pop européenne.
La Catalane remporte les Latin Grammy de la meilleure fusion et de la meilleure chanson alternative.
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« JUSQU’À PRÉSENT, MON INTUITION NE M’A
PAS TRAHIE. MA MUSIQUE VIENT TOUJOURS DES TRIPES. »
l’enthousiasme aux personnes avec lesquelles je travaille, le même enthousiasme avec lequel je fais les choses. Je suis très perfectionniste, méticuleuse, je surveille tout ; pas seulement au niveau de la musique mais aussi au niveau de la chorégraphie, des vidéos… Comme dans Pienso en tu mirá, qui n’avait pas encore de maison de disque ni de budget, et Canadá sur lequel les producteurs ont misé. Il est important de s’entourer d’une équipe qui a confiance en ta vision.
Je n’ai pas d’idées préconçues et ça se ressent dans le disque. Il y a beaucoup de références différentes. Dans le titre que j’ai fait avec des bruits de motos, par exemple, la mélodie est agressive. Au départ, elle servait à attirer l’attention, c’était vendeur. Et puis j’ai voulu sortir cette mélodie de son contexte. J’ai eu l’idée d’utiliser les moteurs. Je suis très contente de ce qu’a donné cette production si expérimentale et si électronique et la façon dont ce son électronique colle si bien au côté organique de la voix et du chant.
Comment savez-vous si ça va marcher ? C’est une question de feeling, de connexion. Quand je commence à travailler avec quelqu’un, je sens tout de suite si ça fonctionne ou pas. J’ai un bon flair. Un bon producteur exécutif fait ça : mettre les bonnes personnes dans la salle pour pouvoir entreprendre ce qu’il a en tête.
Mais monter une prestation scénique, un concert, demande d’autres aptitudes... Avant de chanter, je dansais. Ma mère m’avait inscrite à des cours de danse. À treize ans, j’ai commencé à faire des études de musique. J’ai décidé de me focaliser sur la musique parce que je ne pouvais pas tout faire. À partir de 16 ans, je me suis consacrée entièrement à la musique. Jusqu’à l’année dernière où j’ai recommencé à faire de la danse et je l’ai appliqué à la scène. Je sens que j’ai énormément à apprendre pour la scène, pour chanter et danser. C’est une discipline hypercomplexe, mais ça me rend heureuse de danser.
Parmi les sons que vous avez adoptés, lequel vous a le plus étonné ?
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Rosalía a donné un concert gratuit à Madrid avant la sortie de son 2e LP.
Maintenant que vous jouissez d’une reconnaissance internationale, comment va évoluer votre musique ? Je vais essayer de préserver le plus possible mes instincts de musicienne, parce que, jusqu’à présent, mon intuition ne m’a pas trahie. Ma musique vient toujours des tripes. Tous les projets que j’ai réalisés m’ont permis de grandir comme interprète, comme productrice, comme musicienne. Je veux que ça continue. Plus je suis en connexion avec moi-même, plus il y a de connexion avec les autres. Mon intention est toujours de faire parvenir ma musique aux autres et de la partager avec un public aussi large que possible. Sans faire de concessions artistiques.
rosalia.com THE RED BULLETIN
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C’est facile d’être banal. Beaucoup s’en contentent. J’aspire à autre chose. » WON KIM
Kim, 39 ans, devant le graff de la façade du Kimski à South Chicago.
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TA K E F I V E
Le chef WON KIM est…
… UN ARTISTE TOQUÉ Cuistot, graffeur et DJ, cette âme insatiable est en quête permanente d’inspiration. Cinq éléments qui ont fait de cet artiste à la bombe un homme pluriel.
1 Le graffiti pour ADN
La famille de Kim quitte la Corée pour s’installer à Chicago lorsqu’il est enfant. Dans les années 80, les tags le long des voies ferrées le fascinent. « L’usage de l’espace est ce qui m’a le plus séduit je crois ; des espaces délaissés de tous jusqu’à ce qu’ils soient peints », se souvient-il. Ado, il fait des heures de bus pour découvrir le travail d’artistes graffiti locaux célèbres, absorbant leurs techniques pour se forger son style aux lignes nettes et aux finitions soignées. Trajectoire qu’il compare à celle de la cuisine : « Inventer de nouveaux plats en ayant recours à des techniques classiques, en imposant ainsi sa patte. »
2 Créer, tout le temps, partout
Avant de passer aux fourneaux, dans son resto situé dans le South Side de Chicago, Kim gagne sa vie avec les graffitis, signant ses œuvres du pseudo Revise. Et cherche à créer, tout le temps, partout. Il demande un jour à Mike Marszewski, propriétaire du Maria’s, un resto local, de le laisser peindre le mur de l’allée en dehors des heures de services. « Je lui assure qu’il ne sera pas déçu du résultat, que j’ai grandi en pratiquant cet art avec lequel je gagne ma vie. »
3 La genèse d’un lieu
Deux ans plus tard, ce qui n’était au départ qu’un projet solo s’est transformé en une exposition d’art public dynamique. Kim a invité quelques amis graffeurs à prendre un verre tout en vidant sur les murs les restes de bombes de peinture provenant de projets passés. La nouvelle se répand et bientôt quatre façades de ce qui deviendra le Kimski, le restaurant de THE RED BULLETIN
Kim, plus un recoin de service prennent la forme d’un espace informel pour d’autres artistes. La durée de vie des œuvres ne dépasse jamais trois mois. Pour Kim, cette éphémérité est aussi porteuse de beauté. « Les artistes peignent en sachant qu’un autre graffiti recouvrira le leur, et pourtant ils se donnent à 100 %. C’est cool. »
4 Un concept insensé
Malgré une formation de cuisinier, devenir restaurateur ne lui était jamais venu à l’esprit. Quand il rencontre deux frères coréano-polonais dans le métier, l’idée du Kimski est lancée comme une boutade. « Mixer de la nourriture coréenne et polonaise ? J’ai refusé cinq fois », confie Kim, 39 ans. Il cédera après une cuite… Et l’ampoule sur son index droit liée à l’usage intensif du couteau réapparaît pour la première fois depuis l’école de cuisine.
5 Ne pas être ordinaire
Plusieurs fois par mois, Won Kim est DJ dans des bars, une passion qui s’est déclarée à ses 18 ans quand des amis abandonnent leurs platines sur le sol de sa cuisine après une soirée. « Mon frère et moi nous sommes mis en tête de les imiter. Le son était horrible. » Il s’entraîne alors sans relâche en faisant tourner les bons morceaux jusqu’à plus soif. « Ce qui m’a poussé à essayer toutes ces choses c’est la crainte de sombrer dans la banalité, il n’y a rien de plus facile, dit Kim. Se contenter du métro, boulot, dodo ? J’aspire à autre chose. »
kimskichicago.com Entretien MARISSA CONRAD Photo ZOE RAIN 69
Fun et furieux Le ROKKIRALLI est une course surréaliste, comme un hymne punk au do-it-yourself, un pied-de-nez aux convenances et aux élites du sport auto. Au programme : courses-poursuites low-cost dans de véritables cercueils roulants, sur la glace finlandaise, avec en guise de victoire, la seule fierté d’appartenir à une communauté à part d’originaux adeptes du système D. Texte ALEX KING Photos OSSI PIISPANEN
Courser le soleil : l’une des dernières sessions du jour, avant que la nuit tombe sur Saarijärvi.
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Ici, on casse les prix : les caisses sont mises aux enchères à la fin de la journée de course. Au premier plan, la VW Coccinelle impliquée dans le carambolage de plusieurs voitures.
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existe une ferme en Finlande où les voitures vont mourir. Esa « Sirppi » Lehtimäki et Mirtsu Heikkilä, un couple fou de course automobile, en ont tellement détruites que leurs écuries sont devenues un cimetière de fortune pour automobiles, avec de vieilles plaques d’immatriculation en guise de pierres tombales – l’unique chose qui subsiste des véhicules défunts. Sous les pins qui entourent leur ferme à Tuusula, à une heure de route d’Helsinki, la capitale, se trouve une rangée de Lada couvertes de neige. Lehtimäki soulève une bâche enneigée pour faire apparaître une voiture noir et jaune. C’est l’engin que Heikkilä pilotera demain. Mais avec sa calandre en tôle défoncée, il ressemble plus à un char de combat artisanal qu’à un véhicule conçu pour la vitesse.
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Mirtsu Heikkilä
La pilote Heikkilä (avec Lehtimäki à sa gauche) est infirmière psychiatrique. D’ordinaire, sa présence est apaisante, mais au volant, c’est tout le contraire. La course « Juste avant le départ, j’ai tendance à paniquer. Une fois casquée, je suis lancée. Et je conduis vite, ce qui me galvanise et me fait oublier que mes compétences ne sont pas toujours à la hauteur de la vitesse. »
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e regard doux de Lehtimäki brille sous son chapeau de trappeur aux couleurs de Lada alors qu’il recule la voiture dans le garage. Il coiffe un masque de protection couvert de flammes et commence à souder une barre de remorquage à l’arrière de la bagnole. Sa femme l’observe, plutôt posée, mais les apparences sont trompeuses : Heikkilä a à son actif quelques récompenses au titre de « conductrice la plus imprudente » et elle est connue pour les tonneaux qu’elle inflige à ses voitures. « La Finlande possède un territoire étendu, où les distances sont longues et les routes en terre battue très nombreuses, dit-elle. Nous sommes une nation de rallye. Le sport auto fait partie de notre histoire. Beaucoup de Finlandais apprennent à conduire avant de marcher, paraît-il. » 74
Depuis 2000, le couple coorganise le Rokkiralli, la série de rallyes la moins chère de Finlande. C’est là qu’ils se sont rencontrés. Rassemblant chaque hiver un groupe hétéroclite de coureurs automobiles sur les lacs gelés du pays, Rokkiralli est devenu un incontournable pour Finlandaises et Finlandais en marge qui aiment la vitesse, les collisions et le bricolage avec une flotte bigarrée d’épaves impropres à la route. Cette famille d’accros à la mécanique partage une attitude terre-à-terre typiquement finlandaise et privilégie l’art de la bricole créative plutôt que le culte de la victoire. La Finlande a produit des légendes du Championnat du monde des rallyes comme Marcus Grönholm et Tommi Mäkinen ainsi que des grands de la Formule 1 comme Valtteri Bottas, Kimi THE RED BULLETIN
« C’est libérateur de s’asseoir dans sa voiture sur la ligne de départ, d’oublier tout le reste et de conduire. »
Ça se rentre dedans dès le premier virage, l’un des plus rapides sur la piste de Saarijärvi.
Räikkönen et Mika Häkkinen. Rokkiralli offre cependant une alternative tapageuse aux ligues de rallye plus chères, régies par les règlements et dominées par les sponsors. Le prix de chaque voiture sur le Rokkiralli est limité à 650 €, ce qui assure des conditions équitables et raisonnables qui attirent tout le monde, des jeunes de quinze ans issus de villages ruraux isolés aux mécaniciens et bûcherons déjantés. C’est une course sans aucune limite ; un endroit où votre budget, votre âge, votre sexe ou votre attitude, même la plus désinvolte, n’ont pas d’importance. Kouvola est à deux heures de route au nord-est d’Helsinki ; continuez encore deux heures et vous serez en Russie. À la périphérie de la ville se trouve un vaste ranch parsemé de véhicules dans divers THE RED BULLETIN
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Lehtimäki (faucille à la main) dans son garage.
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« L’idée de cette course m’est venue dans un sauna. » états de délabrement. Sur cette bagnole, les parties avant de deux voitures, l’une en noir et l’autre en blanc, ont été fusionnées dos à dos, avec deux barres de collision en métal boulonnées de chaque côté, comme une sorte de création tout droit sortie du laboratoire du Dr. Frankenstein. À proximité se trouve un pick-up Chevrolet C10 1983 doté d’une lourde cage de sécurité en métal noir et d’une grille de radiateur en fil de fer barbelé rouillé.
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Esa « Sirppi » Lehtimäki Le pilote Lehtimäki adore travailler sur de vieilles voitures de fabrication communiste qui, autrement, seraient destinées à la casse. Il a même adopté l’emblème du marteau et de la faucille de l’Union soviétique pour sa carrière de pilote. C’est de là que lui vient son surnom : sirppi est le terme finnois pour « faucille ». La course « Je tire tout ce que je peux du véhicule que je conduis. J’ai les nerfs pour rester calme et concentré dans n’importe quelle situation ; l’adrénaline me permet de continuer. » THE RED BULLETIN
oilà le terrain de jeu de Kristian « The Sheik » Laakso, l’énigmatique fondateur du Rokkiralli. Un type solide, impressionnant. « Comme la plupart des Finlandais, les meilleures idées me viennent le plus souvent dans un sauna. C’est en 1998 qu’est né le concept du Rokkiralli. Cette course a explosé en popularité parce que vous n’avez pas à investir d’énormes sommes dans votre véhicule. Le but était de donner à tout le monde une honnête chance de gagner. » Les voitures du Rokkiralli sont uniques. Les véhicules abîmés sont découpés et recollés avec des pièces mal assorties ; la tôle ou le métal ondulés sont soudés et remplacent la carrosserie endommagée. Des extincteurs d’incendie sont intégrés à la carrosserie d’une voiture, des morceaux de ferraille dépareillés deviennent des pare-chocs et aucun jouet n’est à l’abri d’être accroché à un radiateur de fortune. Tout cela fait partie du charme particulier de la course. The Sheik n’est plus impliqué dans Rokkiralli – la faillite l’a contraint à passer au second plan – mais son héritage perdure. « Je suis accro à la mécanique depuis toujours. J’ai été élevé par ma mère et nous n’avons jamais eu d’argent pour une voiture. Mais à l’adolescence, j’avais une passion folle pour la conduite automobile. Quand j’ai lancé le Rokkiralli, c’était un pied dans la porte pour une nouvelle génération de pilotes dont les parents ne sont pas riches. » Le Rokkiralli constitue la seule opportunité pour Eetu Tupala de courir. Debout dans son allée de Korpilahti, l’une des municipalités les plus pauvres de Finlande, le (très) jeune pilote de seize ans se déplace rapidement autour de sa Mazda mutilée afin que le froid glacial ne le r attrape pas. La déco foireuse des voitures de Tupala et de ses compagnons de course fait partie du charme du Rokkiralli. Les slogans idiots (Rubber and Condoms) et les s ponsors inventés 77
Sanna Sillman La pilote Sillman travaille en tant qu’infirmière et a uxiliaire de vie. Elle voudrait suivre une formation dans le paramédical. La pilote espère utiliser les compétences qu’elle a accumulées sur la piste pour devenir un jour conductrice d’ambulance. La course « Quand je suis trop nerveuse avant une course, je m’installe dans la voiture. Cette demi- heure passée seule assise au volant me détend profondément. »
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L’un des bolides menaçants du circuit. Sa peinture grossière, faite à la main, est typique de l’esthétique destroy adoptée par de nombreux coureurs.
« Rokkiralli est un pied dans la porte pour les pilotes dont les parents ne sont pas riches. » THE RED BULLETIN
(Old Skool Shit Project Racing Team) raillent les ligues de rallye plus corporatives et sont souvent peints à la main ou écrits au marqueur permanent. Pourquoi consacrer du temps et des efforts à l’esthétique quand il y a de bonnes chances pour que votre voiture soit détruite ? De plus, tous les véhicules qui atteignent les demi-finales sont soumis à un tirage au sort pour redistribuer les caisses aux pilotes restants. Vous y pensez donc à deux fois avant de dépenser des milliers d’euros pour créer une machine que vous céderez lors de la t ombola. « Les tas de ferrailles qu’on conduit… dit Tupala. L’échange de voitures fait partie du plaisir ; on ne sait jamais si l’on aura quelque chose de génial ou une caisse complètement pourrie. Tu ne peux pas tomber amoureux de cette ordure en métal. »
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imanche après-midi, au bord du lac Saarijärvi, à près de cinq heures de route au nord d’Helsinki. La température a chuté vers un glacial – 8 °C. Les pins enneigés autour du lac disparaissent dans un épais brouillard onirique. Sous le regard d’une église pittoresque en bois du XIXe siècle, le rugissement des moteurs rompt la quiétude. Le Rokkiralli est « en ville ». Un côté entier du lac est occupé par les stands, avec deux longues rangées de véhicules placés sur des bâches. Les pilotes bricolent leurs machines tandis que les spectateurs parcourent les allées et inspectent ces étranges créatures. Environ cent cinquante personnes ont bravé le froid pour suivre l’action. Dans les petites villes finlandaises au cœur de l’hiver, le Rokkiralli représente une rare 79
« Un pilote de rallye pro aurait du mal à les conduire. » pportunité de divertissement. Avant o chaque course, la résistance de la glace est évaluée en perçant un trou et en mesurant l’épaisseur (50 centimètres est le minimum requis). Le lac Saarijärvi a passé l’épreuve de la glace et aujourd’hui, environ soixante hommes et quatorze femmes en plus de quatorze juniors, filles et garçons, s’affronteront. Au milieu du chaos et des couleurs des stands, Sanna Sillman est facilement repérable grâce aux cheveux roses qui dépassent de son casque. La course représente pour elle un rêve d’adolescence et aujourd’hui, elle est la secrétaire de la Rokkileague féminine. Mais contrairement à Tupala et à ses amis, elle n’y a pas eu accès aussi tôt dans sa vie et quand elle y est parvenue, ce fut en secret. « Mon mari Matti connaissait depuis des années ma passion pour la course, explique-t-elle. Mais il ne croyait pas en mes talents de conductrice et me disait que nous n’avions ni le temps ni l’argent. Le mari d’une de mes copines m’a parlé du Rokkiralli et m’a aidé à réparer une voiture en ruine que nous avions achetée à l’insu de Matti. » Aujourd’hui, Sillman conduit une Opel noire avec des garnitures roses et un hérisson jouet attaché – d’une manière un peu sacrificielle – à la calandre avant. « Je n’aime pas qu’on dise que les femmes conduisent plus lentement que les hommes. Ce n’est pas vrai. Mes copines ont peur quand elles sont dans ma voiture, alors elles m’encouragent à me défouler sur la piste. » Il y a peu de règles autour de cette compétition bien que la sécurité soit primordiale. Des ambulanciers sont toujours sur place, tous les concurrents sont soumis à un alcootest, et l’arceau de sécurité et l’intégrité structurale de chaque voiture sont inspectés pour s’assurer que le conducteur puisse s’extraire après un accident. Mais une fois que votre voiture a été approuvée et que vous êtes sur la piste, tout peut se produire ou presque. Les coureurs masculins sont les premiers à surgir, accompagnés par un torrent de finnois – un commentaire enfiévré qui tente de donner un sens à la folie qui règne sur la piste – jaillissant d’une succession de haut-parleurs. Chacun des trois tours de course ne prend qu’une minute environ, mais ce que le Rokkiralli ne peut offrir en longueur est compensé par sa brutalité. Les véhicules se mesurent au parcours technique et sinueux qui s’étend sur le bord du lac en se poussant et se 80
Kristian « The Sheik » Laakso Le pilote Son surnom date de l’époque où il travaillait dans une station-service. Il se veut un hommage aux barons du pétrole du Moyen-Orient. Dans les années 90, il l’a fait légaliser sur son passeport. La course « C’est tout ou rien. Tout le monde connaît mon style et sait qu’il va se passer un truc. Je fais de mon mieux, mais je me r etrouve souvent à l’extérieur de la piste, tout seul, quand je pousse trop fort. » THE RED BULLETIN
« The Sheik » dans son garage à Kouvola avec sa Chevrolet C10 1983 et sa Ford Vanette 1964.
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En haut : l’une des voitures les plus performantes est testée dans les stands. En bas à gauche : des pneus cloutés sont nécessaires pour les courses sur glace. Notez aussi les finitions de grande qualité sur la carrosserie...
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« Au Rokkiralli, gagner n’est pas le plus important. Ce qui compte c’est le plaisir, l’atmosphère, la communauté. » heurtant les uns les autres. À des vitesses allant jusqu’à 95 km/h sur la glace, tout contact peut affecter le déroulement de la course. Personne n’a fait de tonneaux aujourd’hui mais on entend bientôt un bruit dingue de métal malmené : une vieille Coccinelle finit écrasée au milieu d’un empilement de voitures dans le premier virage. Elle doit être remorquée jusqu’aux stands et des traces de fuites sont visibles sur la glace.
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Eetu Tupala Le pilote Tupala a appris à parler anglais (impeccablement) en jouant au jeu vidéo Counter-Strike en ligne. La course « J’ai la même mentalité que Colin McRae : j’y vais à fond à chaque fois. Si la vitesse ne me fait pas peur, c’est que je ne vais pas assez vite. » THE RED BULLETIN
nsuite, c’est au tour des femmes. Les pilotes de la première manche ont l’air déterminées et concentrées. Heikkilä fait tourner son moteur avec espoir. Puis elles bondissent dans une cacophonie de moteurs hurlants, les roues mordant la glace et faisant voler des tas de neige sale. La Mazda de Heikkilä peine à s’engager et oscille maladroitement dans chaque virage, glissant sur toute la piste. Incapable de rattraper son retard dans les lignes droites, elle disparaît et se retrouve à l’arrière du peloton. Plus tard, dans les stands, alors que les véhicules abîmés continuent de passer tant bien que mal, Heikkilä revit l’action avec une expression douloureuse sur son visage, agitant les bras avec emphase. « La piste est tellement glissante… J’ai quand même réussi à garder les quatre roues au sol sans faire de tonneau, alors ça va. » Sillman et elle n’auront pas de trophées aujourd’hui, mais ici ce n’est pas une raison pour être déçue. « Gagner n’est pas la chose la plus importante au Rokkiralli, dit Heikkilä. Nous ne voyageons pas à travers le pays pour la gagne. C’est pour le plaisir, l’atmosphère, et cette communauté. » La série Juniors Rokkiralli est ouverte aux jeunes de quinze à dix-huit ans, principalement des garçons, bien que des filles pilotent également. La Mazda de Tupala n’est pas prête alors un ami lui prête une Toyota Corolla des années 70, affectueusement connue sous le nom de « The Pink Monster ». Avec un cochon duveteux attaché à une calandre improvisée, peu de chance que cette voiture se qualifie dans les ligues de rallye plus sobres et semi-professionnelles. Mais Tupala est certain que les coureurs de Rokkiralli font ce que les pros ne peuvent pas faire. « Bien sûr, il est facile de courir sur la glace si on a une belle voiture, un gros budget et une équipe de mécaniciens. Mais un pilote de rallye professionnel aurait du mal à conduire ces voitures. » C’est la première
fois que Tupala pilote une voiture à traction arrière et la boîte de vitesses fonctionne à peine. Il ne croit donc pas en ses chances. Mais, au début de la course, son agressivité lui donne l’avantage. Il pousse le moteur à la limite dans le troisième et dernier tour mais il survire dans un virage. Il se bat frénétiquement avec le volant afin de reprendre le contrôle avant de s’enfoncer dans une congère. « Vittu, vittu, vittu, vittu », hurle-t-il en finnois (la traduction est surperflue) alors qu’il jaillit hors de sa voiture. Pour autant, comme Heikkilä et Sillman, il est néanmoins content d’être venu ici aujourd’hui. « J’aime tout le rituel du Rokkiralli, dit Tupala. Le public s’est beaucoup agrandi ces dernières années, on dirait une grande famille. C’est un sentiment libérateur de s’asseoir dans sa voiture sur la ligne de départ et d’oublier tout le reste, qu’il s’agisse de problèmes scolaires ou personnels. Tu n’as pas besoin de réfléchir, juste de conduire. » La nature décalée de la compétition s’étend à la remise des prix qui clôture la journée de course. Alors qu’un petit groupe de coureurs maculés d’huile se rassemble autour des juges – généralement des concurrents à la retraite et qui ne sont pas payés pour leurs efforts – les pilotes victorieux récoltent leurs trophées. Là, c’est le fou-rire général car au lieu de se faire offrir le champagne, on réprimande les gagnants pour leur succès. Épuisés après une journée de course intense, personne ne savoure son long voyage de retour. Mais alors que les voitures sont chargées sur leurs remorques, les chauffeurs échangent des adieux chaleureux, heureux de savoir que cette famille hétéroclite et itinérante se retrouvera bientôt sur un autre lac gelé lointain. L’équipe du Rokkiralli parcourra des dizaines de milliers de kilomètres sur des routes balayées par le vent, à travers les immenses étendues gelées de la Finlande, traversant ainsi ce pays sauvage et accidenté. Et les passagers de chaque véhicule qu’ils croiseront seront obligés d’y regarder à deux fois. Ceux qui ne sont pas intimidés par les morceaux de métal mutilés sur les remorques, couverts de menaçantes dents peintes à la bombe ou affichant les traces de collisions douloureuses, verront leur curiosité éveillée. Et l’authentique excentrique qui aura envie de se joindre à eux et de tester son courage sur la glace sera accueilli à bras ouverts. 83
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UN TRIP À VOUS GLACIER LE SANG
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Aller surfer en Alaska dans une eau à 1 °C ? Pourquoi pas ! Et si des murs de glace s’effondrent autour de vous ? PAGE 86
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Observer les glaciers avant de les surfer permet d’évaluer la taille de la débâcle et donc des vagues.
SURFER LES GLACIERS
BRISEZ LA GLACE EN ALASKA Face à l’effondrement d’un glacier, la plupart prendraient la poudre d’escampette. Certains surfeurs s’y jettent. Venu explorer l’ultime frontière du surf, Kyle Hofseth est l’un d’eux.
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n grondement sourd, une explosion d’énergie brute. La vague surgit. Il me faut la prendre coûte que coûte. L’hypothermie me tenaille depuis le début de la journée, mais à présent, plus une once de glace sur moi. Je ne me suis jamais déplacé
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aussi vite. Niché au cœur du fjord, le glacier en colère est surmonté de plusieurs mètres de glace fragmentée s’élevant à la verticale au-dessus de la mer. Soudain, un monolithe gros comme une maison cède. Le moment tant attendu est enfin là. Je pagaie avec fureur
Kyle Hofseth est un surfeur et chroniqueur de voyage passionné.
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Alaska
CONSEILS DE VOYAGE
L’ULTIME FRONTIÈRE
Kyle Hofseth révèle pourquoi l’Alaska est LE spot ultime pour les surfeurs en quête de sensations fortes, et pourquoi la destination exige un paquetage légèrement différent. L’Alaska compte près de 55 000 km de littoral. C’est en avril et en septembre que les vagues sont les meilleures.
La chute de blocs de glace dans l’eau déclenche les vagues au pied de la falaise.
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Canada
USA Anchorage Homer Kenai Fjords
EXPLORER BASE D’ATTACHE L’agence de voyages de Scott Dickerson, Ocean Swell Ventures, siège à Homer, petite ville de pêcheurs de 5 700 âmes. Depuis le port, on peut admirer les glaciers des montagnes du Kenai de l’autre côté de la baie.
SCOTT DICKERSON, GETTY IMAGES (MAP)
Pendant l’expédition de 2017, Hofseth et Dickerson ont exploré les fjords de Kenai.
tel un kamikaze fonçant au cœur de l’explosion. Celle-ci provoque la vague parfaite, saturée de glace. En tournant ma planche sur la crête, mes palmes se prennent dans des morceaux de glace, une pluie d’obus de la taille d’une balle de golf s’abat sur moi alors que la vague m’entraîne dans une chevauchée folle. Une vague hors norme, tout comme l’adrénaline qu’elle génère. Une course de 100 mètres qui racle un banc de gravier avant de déferler sur le rivage. Époustouflant. Le glacier des fjords du Kenai en Alaska recouvrant toute la chaîne de montagnes éponyme est si énorme qu’il jouit d’un microclimat. Mais dans ce lieu isolé, le
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« On me conseille de venir avec une planche à laquelle je tiens peu. »
L’EXCURSION Depuis la baie, le M/V Milo accède au golfe de l’Alaska, aux fjords de Kenai et aux îles A léoutiennes en direction de la Russie. Le littoral a ccidenté abrite des ours et des élans. Orques, baleines à bosse et loutres sont fréquents autour des îles et dans les canaux.
SURFER LES GLACIERS sentiment qui prévaut est que la majesté muette du glacier semble s’offrir à moi seul. Enfin, presque. En retirant la cagoule de ma combinaison, les cris de Scott Dickerson me parviennent depuis son skiff non loin de là. Il tient un bon cliché de ma course, m’informe-t-il. Dickerson est le patron de Surf Alaska et le commandant du M/V Milo, un b ateau de pêche
4 CONSEILS POUR AFFRONTER LES VAGUES DE GLACE 1. Apportez une housse de planche aussi grande que vous. Sur la plage, vous vous y réchaufferez entre deux vagues avec un thermos de café et une bouteille d’eau chaude. 2. Un casque de moto est une bonne idée. Comme tout ce qui peut protéger la tête – l’eau abonde de morceaux de glace.
3. À propos de glace, elle a ruiné toutes mes planches. Donc évitez de prendre une planche à laquelle vous tenez. 4. Optez pour une combinaison d’au moins 5 mm d’épaisseur. Je recommande des chaussons et des gants de 7 mm. L’eau est à 1 °C, et le vent venant du glacier est… glacial !
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OHÉ DU BATEAU !
CHASSER LES VAGUES SUR LE MILO Le M/V Milo, bateau de pêche commerciale au saumon de 1966 et à moteur diesel, a été converti en 2009 en navire d’exploration par un couple de locaux p assionnés de surf. CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES Longueur 17,68 mètres
Cabines 2
Moteur principal 380 chevaux
Équipement bateau gonflable de 4 m, nécessaire de pêche
Équipage 5 ou 6 passagers 1 skippeur
Vitesse de croisière 8 nœuds
LE BATEAU M/V MILO SOUS LE PONT La cale à poisson a été reconvertie en salle de séchage des combinaisons. Les cabines sont dans la coque. Rejoignez le capitaine ou son équipage sur la passerelle et contemplez le soleil de minuit. SUR LE PONT Profitez de la douche chaude en plein air. Placez la pomme de douche dans la combinaison et faites le plein. Parfait pour se remettre de l’eau glacée. Apportez une canne à pêche à lancer lourd. Il n’est pas rare de prendre un flétan de plus de 45 kg par ici.
Pour des excursions d’une semaine, le congélateur du M/V Milo est rempli de gibier et de légumes locaux.
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de près de 18 mètres de long converti en navire d’exploration. Installé à Homer, ville côtière au centre du golfe d’Alaska, D ickerson a passé plus de temps que quicon que à explorer, documenter, guider et photographier le potentiel de surf méconnu sur le plus grand littoral d’Amérique du Nord. J’ai vu ses photos d’aventuriers surfant toutes sortes de vagues sur fond de montagnes spectaculaires, de glace azur cristalline et de relief acci denté de l’Alaska. Ses excursions comportent un élément d’explora tion inédit que n’offrent plus les spots plus fréquentés. Pour preuve, aujourd’hui, c’est la première fois que Dickerson s’essaie au stand-up paddle sur les vagues i ssues de l’effondrement du glacier. Je comprends que cela n’a rien d’anodin lorsque le soir de mon arrivée en Alaska, Dickerson me remet un vieux casque de moto censé me protéger des morceaux de glace volants. Avant ça, il m’avait conseillé d’apporter une planche dont la destruction ne serait pas dramatique à mes yeux, car ici les icebergs font partie de l’aventure. S’il y a des vagues, nous les prenons, qu’il y ait ou pas des blocs de glace sifflant au-dessus de nos têtes ou nécessitant un plon
geon dans l’eau pour les éviter. L’absence de réseau téléphonique dans cette région reculée augmente un peu plus l’aspect hasardeux de l’expédition. Le village le plus proche se trouve en général à plu sieurs centaines de kilomètres. Pas très rassurant. Anticiper les chutes et leur importance devient par conséquent crucial : une masse de glace de la taille d’une maison peut créer une vague de 2 mètres. Il faut rester attentif aux signes annoncia teurs de chutes plus massives… et être prêts à sortir rapidement. Toute la semaine sur le M/V Milo, nous alternons séances de surf inoubliables et les repas fré quents, riches en graisses et en protéines (beurre, bacon, poisson pris sur place) afin de compenser les pertes en calories dues à une eau à 1 °C. Nous dormons peu, la lumière e stivale invite à l’action : pagayer dans le fjord et explorer les beautés de l’Alaska. Nous chevauchons des vagues grises et glaciales, portés par l’énergie intemporelle de ce géant de glace, sentant grandir en nous une incroyable sensation d’ivresse et de survie. Explorez le littoral sauvage de l’Alaska à bord du M/V Milo ; oceanswellventures.com
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La prise du jour : sur le M/V Milo, on pêche son dîner, ici un flétan d’Alaska.
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15/02/2019 LIVE AT 8.00 P.M. WWW.REDBULL.TV
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Combinez ! « Les quatre Javelins disposent d’un arsenal en mode amorce/ détonateur pour figer l’ennemi et l’abattre. Tout le système est conçu sur cette logique. » Ici, le Javelin Commando.
« L’arsenal fonctionne en mode amorce/détonateur. On peut étourdir l’ennemi par un choc électrique avant de lui balancer des projectiles auto-guidés. »
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« Essayez d’assommer ou d’étourdir vos ennemis : c’est une bonne occasion d’utiliser tout votre arsenal contre eux et venir à bout des plus coriaces. »
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PROFIL DE L’EXPERT
JON WARNER
Responsable du jeu Anthem
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Localisez la cible
LEÇON DE VOL
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Apprendre le b.a.-ba avec le Javelin Commando.
« Incitez l’ennemi à tirer pour en faire une cible fixe. Puis utilisez la frappe voltaïque pour envoyer une puissante décharge électrique pour l’étourdir. »
BIO Avant d’intégrer BioWare pour développer Mass Effect 3, Warner aiguise ses talents chez Disney, Microsoft, et dans l’armée US comme agent du renseignement. « Le jeu en est imprégné – positions stratégiques, frappes de l’artillerie – tout comme de mes expériences chez Disney et Pixar aux c ôtés d’incroyables conteurs. » JOUER LE JEU Anthem sort le 22 février sur PS4, Xbox One et PC. anthemthegame.com
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« Placez-vous au-dessus de votre ennemi pour garder le contrôle de la situation et lui infliger des dégâts massifs. »
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Prenez de la hauteur
BIOWARE
nthem est annoncé comme le tueur de Destiny, et pour qui connaît ce jeu FPS multijoueur à succès depuis 2014, le compliment est de taille, d’autant plus que le nouveau venu n’est pas encore dispo. Mais sachant qu’Anthem nous vient de Bioware, créateur de la série Mass Effect, référence du genre, cela dépasse le simple engouement. L’un des aspects-clés du jeu, dont le théâtre est une planète peuplée d’humains et de monstres, est que vous ne tirez pas sur vos amis. « L’aventure est coopérative dans un monde riche et évolutif », selon Jon Warner, directeur du jeu. Il en va surtout d’armures à la Iron Man : « L’exosquelette du javelin est doté de pouvoirs fantastiques permettant des actions dignes de superhéros. » Warner préconise la maîtrise du combat à haute mobilité. « Les joueurs tendent à courir dans tous les sens, à se cacher ou à se battre. Ici, il faut privilégier la mobilité, sauter par-dessus l’ennemi et cibler ses faiblesses. » Mode d’emploi avec Monsieur BioWare…
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Faire. 4. Mesurer sa foulée On pense souvent à tort qu’il suffit d’allonger la foulée pour aller plus vite. En faisant cela, on accroît la pression sur les articulations, ce qui peut endommager les talons et les hanches. Une foulée réduite assure un contact au sol entre le milieu et l’avant du pied.
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5. Cibler ses séances
Phénomène de l’ultrarunning, l’Anglais Tom Evans, 27 ans, sait qu’un corps d ’athète se sculpte avec un mental aiguisé.
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om Evans est un parfait inconnu lorsqu’il prend le départ du Marathon des Sables (254 km) au Maroc en 2017 et finit troisième. L’année suivante, il stupéfie le monde de l’endurance en remportant l’épreuve CCC, lors du fameux Ultra-trail du Mont-Blanc (101 km). Evans justifie ce succès comme étant le fruit d’un travail physique et mental acharné et livre dix conseils pour améliorer sa foulée et son temps.
EXERCER LE CORPS 1. Augmenter progressivement J’allonge la distance de 10 % par semaine en l’agrémentant d’un surcroît de cross-training.
2. Diversifier L’excuse qui revient souvent, c’est le manque de temps pour s’entraîner… alors que ce n’est rien d’autre qu’une question de volonté. Je tâche toujours de placer une séance de vélo ou de piscine entre les courses. Pourquoi se limiter à un seul sport ?
3. Travail ses bases Beaucoup de coureurs font l’impasse sur la salle de muscu car ils redoutent de prendre de la masse. Mais sans base musculaire solide, la fatigue en course oblige à ralentir, on modifie donc sa foulée, ce qui crée une situation propice aux blessures.
Durant les semaines précédant la course, adaptez vos séances au profil du parcours : s’il est vallonné avec une côte de 4 km à 10 %, simulez ce passage sur un tapis roulant, vous saurez ainsi à quoi vous attendre.
PRÉPARER LE MENTAL 1. Garder l’objectif en tête Les matins où il fait frisquet ne m’encouragent pas à sortir. Pour me motiver, je pense à ce que la prochaine course me permettra d’accomplir et en quoi cette séance y contribue.
2. Relativiser En course, je repense aux efforts acharnés accomplis et au soutien indéfectible de mes proches pour en être là où j’en suis. Cela me permet de relativiser les difficultés en course et me requinque.
3. Visualiser les problèmes L’exercice de visualisation est utile s’il est bien fait. Avant, je visualisais la course parfaite, sans succès. À présent, j’y intègre tout ce qui pourrait mal se passer, pour parer à toute éventualité.
4. Se trouver un mantra
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L’engagement, les sacrifices et l’assurance d’avoir accompli le plus dur à l’entraînement permettent d’appréhender la course comme un moment de plaisir.
ADIDAS TERREX
5. Valoriser le temps investi Un pari avec trois amis de l’armée pousse Evans à courir le Marathon des Sables. Il jure de battre leur temps.
LOU BOYD
Une petite devise dans la tête est très utile quand les choses se corsent. La mienne est : « Jusqu’où es-tu prêt à aller ? » Cela m’aide à me recentrer sur mes objectifs à court et à long termes.
Instagram : @tomevansultra
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training
« Quand les choses se corsent, je me demande jusqu’où je suis prêt à aller. » L’ultrarunner Tom Evans
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GUI D E
Voir.
Ce mois-ci, on se régale avec la crème du snowboard, l’étoile montante du rap indien et un rallye sur les routes boueuses des montagnes mexicaines.
Musique de très haute qualité et interviews d’artistes influents. Restez à l’écoute…
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Ben Ferguson en mode air-to-fakie sur un monstrueux halfpipe.
février au 2 mars EN DIRECT
BURTON US OPEN
L’élite du snowboard se retrouve à Vail, au Colorado, pour l’évènement le plus important de l’année : les 37e Burton US Open. Au menu des réjouissances, slopestyle et halfpipe bien sûr, mettant aux prises les cracks de la discipline, mais également le populaire Halfpipe Junior Jam, qui honore les meilleurs riders mondiaux âgés de 14 ans et moins.
19
mars À
Red Bull TV est une chaîne de télévision connectée : où que vous soyez dans le monde, vous pouvez avoir accès aux programmes, en d irect ou en différé. Le plein de contenus originaux, forts et c réatifs.
LA DEMANDE
Vivez l’expérience sur redbull.tv
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En plein essor, la scène hip-hop de l’Inde s’apprête à conquérir le monde en 2019. Découvrez l’histoire inédite d’une de ses plus grandes stars : le rappeur de Mumbai Vivian Fernandes, alias Divine.
8
14 mars
À L’ANTENNE
DIVINE
REGARDEZ RED BULL TV PARTOUT
OMAR S PRÉSENTE WFXHE
au 10 mars EN
DIRECT
RALLYE DE MEXICO Défi de haute altitude, le Rallye Guanajuato Mexico est la 3e étape du championnat WRC. Les pilotes fonceront à travers les montagnes de la Sierra de Lobos et la Sierra de Guanajuato.
Omar S ! Les DJs se régalent de ses titres house raw-and-dirty sortis en white label chez FXHE Records. Mais le discret natif de Détroit est surtout réputé pour ses mix maison allant de la deep house à la techno minimale, en passant par la house de Chicago et la techno de la fameuse Motor City. Dans son émission mensuelle (23 heures GMT), ce passionné de dragster r égale avec les tracks de sa propre collection.
À ÉCOUTER SUR REDBULLRADIO.COM
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AARON BLATT/RED BULL CONTENT POOL, ALI BHARMAL/RED BULL CONTENT POOL, @WORLD/RED BULL CONTENT POOL
DU SNOW AU RAP, À FOND !
février / mars
Faire.
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février Paris Battle Pro Un classique ! Initié à Chelles en 2001 et passé depuis par Lille, Toulouse ou Marseille, l’événement de danse hip-hop revient en Île-de-France et s’installe en soirée à la prestigieuse Seine Musicale. Premier rendez-vous de danse organisé en ces lieux, le Battle Pro proposera entre autres un huit contre huit qui impliquera les Red Bull BC One All Stars. Gros niveau attendu. Boulogne ; battle-pro.com
23
février - avril février au 6 avril Red Bull Tout Schuss En snowboard ou à skis, après un départ groupé, il faut être le plus rapide de la meute pour arriver en bas de la piste et fêter ça. Pour se lancer à fond dans la pente, les occasions ne manquent pas : le Red Bull Tout Schuss est à Isola 2000 (le 23 février), aux Orres (le 2 mars), à Cauterets (le 16), à Risoul (le 30) et Avoriaz (le 6 avril). Alors, on fonce ? Isola 2000 ; redbull.com/toutschuss
17
9
mars FISE Métropole Trois mois avant la finale à Montpellier, le célèbre Festival International des Sports Extrêmes est en tournée dans les communes de la métropole de l’Hérault. Trois rendez-vous en mars autour de Montpellier, en BMX, roller ou trottinette freestyle : les cinq premiers de chaque catégorie gagnent leur place en finale. Le Crès ; fise.fr
mars
LA ROUTE DES INDES
Le Red Bull BC One Cypher est à Lyon pour deux jours, aux Halles du Faubourg, le nouveau lieu culturel local, avec une date ouverte au public le dimanche 17 mars. Les battles homme et femme (jugés par les BC One All Stars) désigneront les qualifiés français pour la finale mondiale du Red Bull BC One en Inde en novembre 2019 ; et ne loupez pas le battle entre l’équipe lyonnaise et parisienne. Ça va chauffer !
DEAN TREML/RED BULL CONTENT POOL, DAVID MACHET
Lyon, Halles du Faubourg ; redbull.com
16
mars La Clusaz Freestyle Show La station haut-savoyarde est l’un des berceaux en France du ski freestyle et du ski freeride. D’Edgar Grospiron à Candide Thovex et Loïc Collomb-Patton, ses champions ont fait sa réputation. Pour une journée et pour le show, jeune et ancienne générations de riders locaux se retrouvent pour une avalanche de figures sur un big air hors norme. Le tout animé en musique. La soirée du LCZ promet d’être longue. La Clusaz, Champ Giguet ; laclusaz.com
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MENTIONS LÉGALES
THE RED BULLETIN WORLDWIDE
The Red Bulletin est actuellement distribué dans sept pays. La sprinteuse d’élite Kaylin Whitney fait la une de l’édition américaine pour un sujet sur les nouvelles découvertes scientifiques dans le sport de haut niveau. Le plein d’histoires hors du commun sur redbulletin.com
Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. SO PRESS n’est pas r esponsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.
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Rédacteur en chef Alexander Macheck Rédacteurs en chef adjoints Waltraud Hable, Andreas Rottenschlager Directeur créatif Erik Turek Directeurs artistiques Kasimir Reimann (DC adjoint), Miles English, Tara Thompson Directeur photos Fritz Schuster Directeurs photos adjoints Marion Batty, Rudi Übelhör Responsable de la production Marion Lukas-Wildmann Managing Editor Ulrich Corazza Rédaction Christian Eberle-Abasolo, Jakob Hübner, Arek Piatek, Stefan Wagner Maquette Marion Bernert-Thomann, Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz Booking photos Susie Forman, Ellen Haas, Eva Kerschbaum, Tahira Mirza Directeur global Media Sales Gerhard Riedler Directeur Media Sales International Peter Strutz Directeur commercial & Publishing Management Stefan Ebner Publishing Management Sara Varming (Dir.), Magdalena Bonecker, Manuela Gesslbauer, Melissa Stutz, Mia Wienerberger Communication Christoph Rietner Directeur créatif global Markus Kietreiber Solutions créatives Eva Locker (Dir.), Verena Schörkhuber, Edith Zöchling-Marchart Maquette commerciale Peter Knehtl (Dir.), Sasha Bunch, Simone Fischer, Martina Maier Emplacements publicitaires Manuela Brandstätter, Monika Spitaler Production Wolfgang Stecher (Dir.), Walter O. Sádaba, Friedrich Indich, Sabine Wessig Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovi c,̀ Maximilian Kment, Josef Mühlbacher Fabrication Veronika Felder Office Management Yvonne Tremmel (Dir.), Alexander Peham Informatique Michael Thaler Abonnements et distribution Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger (Distribution), Nicole Glaser (Distribution), Yoldaş Yarar (Abonnements) Siège de la rédaction Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche Téléphone +43 (0)1 90221-28800, Fax +43 (0)1 90221-28809 Web redbulletin.com Direction générale Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700 Directeur de la publication Andreas Kornhofer Directeurs généraux Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier, Dietmar Otti, Christopher Reindl
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PH CAMY
Colléegraphie À Tricklandia, en Slovaquie, un endroit où chacune des pièces révèle des illusions d’optique bluffantes, la danseuse Angyil (Missouri, USA) se joue des proportions et des dimensions pour inventer une chorégraphie exclusive inspirée de Spiderman.
Le prochain THE RED BULLETIN n° 86 disponible dès le 21 mars 2019 98
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