UN MAGAZINE HORS DU COMMUN
AVRIL 2013
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SA MAJESTÉ NAISH
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HOULLIER, L’INTERVIEW Le discours de la méthode
MAGAZINE SPONSORISÉ
50 ANS DE LÉGENDE !
LE MONDE DE RED BULL
Avril 64
L’EAU À LA BOUCHE
Ils sont jeunes et talentueux. La Red Bull Youth America’s Cup donne des ailes à l’ambition de ces marins. Reportage dans la baie de San Francisco.
Évidemment cap, non mais ! Quelle question... Cap de vous donner envie, cap de décoder ces femmes et ces hommes, tous inspirants à souhait, ainsi que leur pré carré respectif, cap, aussi, de détailler leur méthodologie jusqu’à plus soif. Soif ou pas soif ? Soif (sans modération) du table top de Robby, du charisme de Youssou, de l’expérience de Gérard, de la résistance de Stefan, du retour de Depeche Mode. Oui, Martin Gore révèle ses passions dans ce numéro. Passion ou pas de son ? Passionnément ! À brûler d’envie de s’envoler pour New York et la prochaine Red Bull Music Academy ou d’écouter les légumes de Ruben mijoter à feu constant. Oui, ce doux feu de la vie. Allez, mettez le bon cap. Bonne lecture ! Votre Rédaction 4
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DIEU VIVANT
Robby Naish a marqué plusieurs générations de windsurfeurs. L’Américain ouvre le livre de sa vie. THE RED BULLETIN
PHOTO DE UNE : MICHAEL MULLER. PHOTOS : BALAZS GARDI, MICHAEL MULLER
CAP OU PAS CAP ?
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SEBASTIAN VETTEL, TRIPLE CHAMPION DU MONDE DE FORMULE 1
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LE MONDE DE RED BULL
Avril D’UN COUP D’AILES BULLEVARD
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ÉNERGISANT MONDE News des arts ÉNERGISANT FRANCE BAP attaque ! MON CORPS ET MOI Dai Greene
DANS LA TÊTE DE... Leonardo DiCaprio 20 LE BON NUMÉRO Star Trek 22 FORMULE MAGIQUE Haltérophilie
PAR MONT ET MERVEILLES
Stefan Glowacz est marqué à vie. L’Allemand a vaincu le mythique Roraima. Découvrez les coulisses de cette incroyable expédition en Amérique du Sud.
ACTION 24 Pionnier de cordée
Le mont Roraima se mérite. Stefan Glowacz témoigne dans ce numéro Robby a tout gagné, mais, à 50 ans, il a encore envie
48 BMX très indoor
À l’Unit 23, on se sert les coudes. Petite visite entre amis
58 Houllier se dévoile
Le nouveau boss du football chez Red Bull détaille son plan
18 93 GREENE SE MET AU VERT
Champion du monde du 400 m haies, le Britannique Dai Greene dévoile son corps et ses blessures.
LA BOÎTE DE DRACULA
Cluj n’est pas qu’un (très bon) club de foot roumain. Club Midi est là pour prouver le contraire...
64 Red Bull Youth America’s Cup
Du talent à revendre mais de l’expérience à emmagasiner
74 Sarfati en Chef
On craque tous pour Ruben
78 Youssou NDour Une voix pour le peuple
+ DE CORPS ET D’ESPRIT
78 LION DE LA TERANGA
Youssou NDour a une double vie. The Red Bulletin a assisté au premier concert de Monsieur le Ministre. Road trip. 6
48 BMX À HUIS CLOS
Leur spot à eux ? Une usine désaffectée située sur la côte ouest de l’Écosse. Récit avec Kriss Kyle aux commandes.
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VOYAGES New York, ça joue ! MATOS Ryan Dungey ENTRAÎNEMENT Angela Eiter NIGHTLIFE Oxygénez-vous ! FOCUS Gros plan sur l’actu française KAINRATH Joli coup de crayon ÉDITO CODB n’en rate pas une OURS
THE RED BULLETIN
PHOTOS : KLAUS FENGLER/RED BULL CONTENT POOL, RUTGER PAUW/RED BULL CONTENT POOL, CLUB MIDI, GREG FUNNELL (2)
38 Naish ride toujours
ge fique Voya My Magni
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S E AHAM , AN G LE TE R R E
PLEIN PHARE
D’ordinaire, Seaham respire le bon vivre. Coincée entre Newcastle et Middlesbrough, sur la côte est, « Jambon de mer » a un charme désuet. Owen Humphreys, lui, n’en revient toujours pas. « Je n’ai jamais vu d’élément marin aussi démonté », s’exclame le photographe face à ce monstre d’écume. Cet hiver, un vent du nord très violent est à l’origine de ces murs d’eau venus s’écraser sur la digue postée à l’entrée du port. Plus sur twitter.com/owenhumphreys1 Photo : Owen Humphreys
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ATL A S , MARO C
PLEIN DÉSERT
Bienvenue en enfer ! Début avril, le Marathon des Sables met les organismes au supplice. Sans doute s’agit-il de l’épreuve de course à pied la plus difficile au monde. 246 kilomètres « s’offrent » aux concurrents à travers les somptueux paysages marocains. Si les participants ne doivent jamais quitter leur équipement, l’organisateur préconise de boire douze litres d’eau par jour. L’an dernier, l’équipe médicale a distribué 2 700 pansements à l’ensemble des 849 ultramarathoniens. Le Jordanien Salameh Al Aqra s’imposait en 19 h 59 de tortures diverses et variées. « Les vainqueurs sont ceux qui franchissent la ligne d’arrivée », reconnaissait-il. Plus sur www.darbaroud.com Photo : Erik Sampers
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Î LE S LO FOTE N , N O RVÈG E
PLEIN LA VUE
Aksel Lund Svindal est non seulement champion olympique de Super-G mais aussi roi du freeski. Ici, dans l’archipel des Lofoten, Svindal explore, en bonne compagnie, les sommets de ce groupe d’îles situées en Atlantique nord. Henrik Windstedt, Asbjørn Eggebø Næss et Tor Olav Naalsund, rois de la poudreuse, guident Svindal. Les impressionnantes images du DVD Being There retracent les trois jours de cette aventure. Plus sur www.fieldproductions.com Photo : Mattias Fredriksson
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Bullevard Énergisant… à petites doses !
Les revoilà ! 2013 est déjà une année musicale faste. De grands noms effectuent un retour inattendu, les uns avec un nouvel album, les autres en reformant leur groupe le temps d’une tournée.
1. DAVID BOWIE Le Thin White Duke revient avec un nouvel album The Next Day, le premier depuis Reality (2003).
2. FLEETWOOD MAC Les Anglais ont choisi la scène et de nouveaux titres, les premiers depuis près d’une décennie.
CRÂNEUR CRANMER L’artiste David Cranmer conçoit des samplers dont l’apparence curieuse n’a d’égal que les sons qu’ils produisent. Démo. Pourquoi mettre un instrument électronique dans un blaireau empaillé ? La réponse de David Cranmer, 30 ans, fuse : « Et pourquoi pas ? » L’artiste anglais ne se contente pas de créer des synthétiseurs aux sons insolites. L’originalité est aussi présente à travers leur aspect extérieur. Parmi les plus belles pièces de sa collection, on trouve un tonneau rose à tête de cochon avec 56 touches à effets, une enceinte pyramidale qui intègre un sampler, un pingouin batteur en tôle actionné par la chaîne d’une tronçonneuse. La naissance de ces idées folles est simple : « Un ami m’a demandé quel serait le meilleur boîtier pour un thérémine, révèle Cranmer. Je lui ai répondu en plaisantant un boitier en bois ou un blaireau empaillé. Il a adoré l’idée ! » Les œuvres de Cranmer apparaissent dans des festivals et pour certaines sur scène, lorsque Cranmer et son cochon musicien se produisent sous le nom de Nine Owls in a Baguette.
Les instruments de Cranmer sont un mélange so british d’art, de son et d’excentrisme.
Plus sur www.nervoussquirrel.com 3. MY BLOODY VALENTINE Vingt-deux ans après Loveless, le quatuor irlando-londonien vient de sortir M B V, son 3e album.
INSTANTANÉ
ARRÊT SUR IMAGES
Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à : phototicker@redbulletin.com 4. BLACK FLAG Ces Américains, tricoteurs d’un punk hardcore, se reforment le temps d’une tournée.
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Les meilleures photos seront tirées au sort. Le ou la gagnant(e) repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.
Los Angeles Les rockeurs punks de Bad Religion lors du Red Bull Sound Space dans les studios de la station KROQ. Gabriel Olsen THE RED BULLETIN
Écolos
e 22 avril. Réduisons les émissions de CO².
Sonár enflamme Barcelone et s’écoute sur Red Bull Music Academy Radio.
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PHOTOS : REX FEATURES, WARNER MUSIC, GETTY IMAGES, DAVID CRANMER/NATHAN PASK, RED BULL MUSIC ACADEMY, GETTY IMAGES/RED BULL CONTENT POOL, WWW.BEDOLWHATSNEXT.COM
Deux doigts de zik Comment était le concert de The XX donné à Londres le mois dernier ? Avec quel morceau Questlove a-t-il conclu son dernier set ? De quels groupes légendaires Ginger Baker était-il le batteur ? Les réponses à toutes ces questions sont désormais disponibles sur la nouvelle application Red Bull Music Academy, une radio digitale à écouter sans modération. Tous les jours de nouveaux mixages, portraits d’artistes, interviews et concerts enregistrés en club ou lors de festivals à travers le monde. Une version pour smartphone est aussi disponible en téléchargement. Elle vous donnera accès où que vous soyez, à plus de mille émissions exclusives. L’interface permet de créer sa propre chaîne avec vos favoris et de la synchroniser avec RBMAradio. Un streaming à débit adaptatif garantit une qualité de son optimisée et toutes les émissions peuvent aussi être partagées sur Facebook et Twitter. Application compatible avec iPhone, Android, Windows Phone et Symbian. Plus sur www.rbmaradio.com
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RÉVEIL BEDOL 14 EUROS Ce réveil fonctionne à l’eau. Un plein assure huit semaines de tic-tac sans interruption.
L’IMAGE DE MARK Le 21 avril prochain fera date pour Mark Webber. L’Australien de 36 ans disputera à Bahreïn le 200e Grand Prix de F1 de sa carrière. Qu’aviez-vous ressenti lors de votre premier GP ? Une joie infinie. Mon parcours jusqu’à la F1 ne fut pas évident. J’ai débuté en 2002 chez moi à Melbourne et fini à une sensationnelle 5e place sur une Minardi peu compétitive. Une course ? Allemagne, 2009. C’était ma première victoire. Malgré une pénalité, j’avais fini avec 9 secondes d’avance sur Sebastian Vettel. Un dépassement ? En 2011, à Spa. Dans le raidillon de l’Eau Rouge, en doublant Alonso à 270 km/h. Une peur ? À Valence, en 2010. Je touche Heikki Kovalainen. Ma monoplace décolle et effectue un
looping arrière. Je m’en sors miraculeusement indemne. Une monoplace ? La RB6 de la saison 2010. Avec elle, j’ai remporté quatre GP ! Un circuit ? Sans hésitation, Spa, « le toboggan des Ardennes ». Et pourtant, je n’y ai encore jamais gagné. Une déception ? 2010. Avec dix podiums, c’est l’année où j’étais le plus proche du titre mondial. Mais au final, je termine avec 14 points de retard sur mon coéquipier Seb Vettel. Retrouvez les résultats et images de la F1 sur l’appli Red Bull Racing F1-Spy pour Apple et Android
À Valence, en 2010, Webber (à g.) a eu chaud. Très chaud.
www.earthday.org
PHOTO GAGNANTE
Le Cap Susi Mai et Robby Naish présentent le Red Bull King of the Air Kite Contest ressuscité après sept années d’interruption. Craig Kolesky THE RED BULLETIN
Valparaíso
Du step sur deux roues. Au Chili, le Slovaque Filip Polc termine second de la course Urban Downhill. Fabio Piva
Nantes
Les talentueuses danseuses Mufasa (à g.) et Antoinette lors de la première de Red Bull Beat It en région. Little Shao
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Tous à la finale !
Felix et ses drôles de dames sur le plateau du Grand 8.
PARIS GAGNÉ POUR FELIX Quatre mois après son retentissant exploit dans le cadre de la mission Red Bull Stratos, Felix Baumgartner était de passage à Paris fin février.
La Polonaise Milu Milpop a œuvré.
Ax majeur Les amoureux de glisse et de musique se sont donné rendez-vous les 23, 24 et 25 Février derniers à Ax-lesThermes, dans les Pyrénées, à l’occasion du festival Garosnow. La neige n’a pas refroidi le millier de participants. Entre sessions freestyle, concerts et chocolat (ou vin) chaud, douze groupes sont venus réchauffer la température ambiante du Casino d’Ax. L’efficacité d’artistes comme Joris Delacroix, Maniacx et Far Too Loud n’a laissé personne de glace. Ce festival itinérant a pour seuls leitmotive la musique, la glisse et la cool attitude. Son grand frère, le festival Garorock, se déroulera du 28 au 30 Juin à Marmande. Plus sur www.garorock.com
Brandon Bay Les organisateurs de
Red Bull Storn Chase s’exposent aux vents sur la côte irlandaise. Sebastian Marko
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Le parachutiste de l’extrême et BASE-jumper autrichien a parcouru la capitale afin de répondre aux très nombreuses sollicitations médiatiques dont il fait l’objet depuis le succès planétaire de Red Bull Stratos. Le Grand Journal de Canal + ouvrait le bal. Il y eut ensuite Le Grand 8 sur D8 présenté par Laurence Ferrari, le JT de 13 h de France 2 avec Élise Lucet, BFM TV, Europe 1 et de nombreux articles de presse écrite. Par ailleurs, la Fédération Aéronautique Internationale (FAI) vient de valider les records établis lors de cet incroyable plongeon aux confins de l’espace : vitesse maximum atteinte à la verticale (sans stabilisateur) soit Mach 1,25 (1 357,6 km/h), vitesse déclarée après le saut soit Mach 1,24 (1 342,8 km/h), plus haute chute soit 38 969,4 mètres (hauteur déclarée après le saut de 39 045 mètres) et distance de la chute libre (sans stabilisateur) établie à 36 402,6 mètres. Plus sur www.redbullstratos.com
Sarajevo Les participants de Red Bull Jump and Freeze se jettent à l’eau en Serbie. Sulejman Omerbasic
St Johann Mikkel B. Jensen (à gauche) et Franky Zorn après leur entraînement de Ice Speedway. David Robinson
THE RED BULLETIN
TEXTES : CHRISTOPHE COUVRAT. PHOTOS : V CURUTCHET/RED BUL CONTENT POOL (1), TEDDY MORELLEC (2)
La plus grande épreuve de balle aux prisonniers au monde vient d’achever ses sélections dans les campus universitaires de France. Pendant plus d’un mois, cette compétition est partie à la recherche des équipes d’étudiants Passe ton BAP d’abord ! les plus délirantes. De Pau à Strasbourg et de Rennes à Nice, ils sont des centaines à avoir défendu les couleurs de leur fac. Qui succédera cette année aux « Double Dash » de Poitiers ? À noter que les équipes ayant les tenues les plus délirantes seront notamment récompensées par une invitation VIP au Red Bull Cliff Diving de La Rochelle. Verdict ce samedi 13 avril au Dock Eiffel, situé à deux pas de Paris. Toutes les infos sur www.redbull.fr/bap
LE CHOIX DE JEAN GALFIONE
© 2013 Reebok International. All Rights Reserved. Reebok™ is a registered trademark of Reebok. Photo : Philippe Millereau. MNSTR.
champion olympique de saut à la perche
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Bullevard
MON CORPS ET MOI
DAI GREENE
Après un grand nombre de galères physiques, le Gallois de 27 ans, champion du monde du 400 m haies en 2011, peaufine son retour.
AVOIR LE MENTAL
1
Dans la tête, tout doit être sous contrôle environ deux semaines avant une grosse compétition. Il faut faire le vide pour rester calme et se concentrer sur son objectif. Le jour J, je visualise la course et ce que je dois faire à chaque seconde.
Plus sur www.twitter.com/DaiGreene
2 LE BON PLANNING COUP DE FROID
GENOU RÉPARÉ
5 ENFIN SUR PIEDS Les blessures m’ont privé des JO 2008. Mes voûtes plantaires se contractaient quand je courais ce qui causait des douleurs aux muscles jambiers postérieurs. J’ai dû tout reprendre à la base pour les renforcer en marchant avec des semelles orthopédiques. Maintenant, tout est redevenu nickel.
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Quand je suis fatigué, des muscles saturent, par exemple les fessiers. D’autres vont compenser mais on finit dans le rouge. Je travaille régulièrement avec un kiné et en saison estivale, je me plonge dans des bains d’eau glacée à 8 °C. Ça réduit la fatigue et accélère la récupération.
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En 2011, je me suis blessé au genou gauche. La douleur était si forte quand je courais que je me suis fait opérer du ménisque à la fin de la saison. Il m’a fallu des mois avant de pouvoir plier normalement mon genou. Ça m’a gêné pour les JO. (Greene a fini 4e à Londres en août dernier, ndlr.)
THE RED BULLETIN
TEXTE : RUTH MORGAN. PHOTO : PHIL DUNLOP
À 16 ans, je découvre que je suis épileptique. Les crises surviennent avec le stress ou la fatigue. Avant des championnats, je peux rester sur la piste jusqu’à 23 heures. C’est difficile de programmer l’heure où je vais me coucher. Mais ça ne m’a jamais empêché de courir.
Bullevard
DANS LA TÊTE DE…
LEONARDO DiCAPRIO Devenir le « roi du monde » pour le sauver, voilà un objectif à la dimension d’un tel acteur, attaché à l’écologie. Mais s’il avait écouté quelques langues fourchues, personne n’aurait jamais entendu parler de lui. Démonstration.
L’heure du break
The Artist
Après Gatsby, The Wolf of Wall Street et Django Unchained, DiCaprio va s’offrir un « très long break » pour « contribuer à changer un peu le monde ». Sa priorité ? L’écologie. À bord d’un véhicule électrique, la luxueuse Fisker Karma.
Leonardo Wilhelm DiCaprio, est né à Los Angeles le 11 novembre 1974. À ses débuts, un agent lui propose « Lenny Williams » comme pseudonyme. Explication : « Il trouvait mes prénoms trop typés pour faire carrière ! »
Titanic
Le magnifique
Enfant-acteur à la télé, Leo débute au cinéma en 1991 dans Critters 3. À 19 ans, il est nominé aux Oscars pour son interprétation dans Gilbert Grape. En 1996, James Cameron le choisit pour Titanic. La superstar va dorénavant marcher sur l’eau.
TEXTE : PAUL WILSON. ILLUSTRATION : LIE-INS AND TIGERS
Une histoire d’amitié
Titanic marque le début d’une grande amitié entre lui et Kate Winslet. L’Anglaise porte encore au doigt la bague qu’il lui a offerte après Les Noces Rebelles. « Je ne révélerai jamais ce qui est gravé dessus », jure-elle.
La 6e adaptation de Gatsby le Magnifique par Baz Luhrmann s’annonce comme la production la plus somptueuse jamais vue à Hollywood. DiCaprio y joue un superbe dandy aux côtés de son ami de toujours Tobey Maguire et Carey Mulligan.
L’ami des bêtes
Quand on s’appelle Leo, on aime les grands félins. La preuve : en 2011, il verse un million de dollars à un fonds pour la sauvegarde des tigres. Il s’engage aussi dans la lutte contre la contrebande d’ivoire et pour la protection des éléphants.
Le parrain
Une île au soleil
Comme Johnny Depp, DiCaprio possède son île paradisiaque. En 2005, il achète les 104 hectares de Blackadore Caye, l’un des 450 petits îlots au large du Belize. Il y réalisera un complexe hôtelier aux dernières normes environnementales. THE RED BULLETIN
Robert De Niro côtoie Leo dans le film Blessures secrètes (1993) et conseille à Martin Scorsese de travailler avec « ce môme Di Caprio ». Scorsese le dirige cinq fois : Gangs of New York, Aviator, Les Infiltrés, Shutter Island et The Wolf of Wall Street.
Gatsby le Magnifique sort le 15 mai prochain. Plus sur thegreatgatsby.warnerbros.com
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CHIFFRES DU MOIS
L’OREILLE EN COIN
Depuis près d’un demi-siècle, le vaisseau spatial Enterprise explore des galaxies inconnues. À l’occasion de la sortie prochaine de Star Trek Into Darkness, (re)découvrez cette série cultissime.
Le 8 septembre 1966, le vaisseau Enterprise fait sa première apparition à la télévision américaine. Mais la série s’arrête au bout de trois saisons, l’audience n’est pas terrible. Grâce aux rediffusions, le succès arrive. À ce jour, elle totalise tout de même 726 épisodes, soit trois semaines de visionnage non-stop.
Spock & Capitaine Kirk...
... en VO
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En 1964, Gene Roddenberry, un ancien pilote de bombardier, écrit un scénario pour une série de science-fiction. Son ex-supérieur lui inspire le personnage de Spock. Jusqu’à sa mort en 1991 à l’âge de 70 ans, il collabore à toutes les séries et aux films dérivés. En 1997, ses cendres sont envoyées dans l’espace.
La station spatiale Deep Space Nine
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47
Ce chiffre est omniprésent. La raison ? Le scénariste Joe Menosky est un ancien étudiant de Pomona College où l’un des professeurs avait élaboré en 1964 une théorie selon laquelle, dans l’univers, le nombre 47 reviendrait plus que tout autre.
Un trekkie bleu
385 680 446
Le lieutenant klingon Worf
400 000
Star Trek détient le record de fans pour une série TV. Le nom qu’ils se sont donné, les « trekkies », est dans le dico. Rien qu’en 1994, à l’époque où la startrekmania battait son plein, plus de 130 rassemblements regroupant chacun 400 000 personnes ont été organisés à travers le monde. Barack Obama en est un fan.
1960
Les Klingons sont des guerriers au sens aigu de l’honneur. Une langue qui leur est propre a été développée. Le dictionnaire extraterrestre compte 1 960 mots et le klingon est la langue fictive la plus répandue. Une version d’Hamlet en klingon est aussi disponible. Bonne lecture !
Le lieutenant Uhura
Gene Roddenberry
Depuis 1979, onze adaptations cinématographiques ont vu le jour. De toutes, la plus récente sortie en 2009 est, avec ses 385 680 446 dollars de recette, le plus gros succès commercial. Malgré les piques du Capitaine Kirk original, William Shatner, contre cette version réalisée par J. J. Abrams dont il avait critiqué le trop-plein d’action et le trop peu de profondeur émotionnelle. Quid du prochain opus ? Star Trek Into Darkness dans les salles le 12 juin 2013. Plus sur startrekmovie.com THE RED BULLETIN
TEXTE : FLORIAN OBKIRCHER. PHOTOS : KOBAL COLLECTION, PICTUREDESK.COM (3), GETTY IMAGES (2), IMAGO, REX FEATURES, CORBIS
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Le vaisseau Enterprise
FLYWEIGHT JACKET
POIDS MINIMAL, PERFORMANCE MAXIMALE LES POIDS-PLUMES POUR LE TRAIL
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FORMULE MAGIQUE
UNE QUATRE CHEVAUX
IL SOULÈVE DU LOURD Les JO de Pékin en 2008 ont couronné la carrière de Matthias Steiner. Il glanait l’or dans la catégorie des poids très lourds (+ 105 kg). L’Allemand avait soulevé à l’épaulé-jeté un poids spectaculaire de 258 kg. Comment expliquer une telle performance ? Lors de la première phase de l’épreuve, l’athlète soulève la barre et la pose sur ses épaules et le haut de sa poitrine (figures 1 à 4). Examinons l’exploit de Steiner lors de la phase d’accélération (fig. 1 et 2, sources : Fédération allemande d’haltérophilie et Institut des sciences d’entraînement appliquées de Leipzig). En général, une performance correspond à l’effort fourni en un temps donné. Soit P = W/t. Dans notre cas, l’exercice consiste à soulever la barre du sol (WS) et à accélérer le mouvement (WA) pour arriver jusqu’aux épaules. L’effort déployé pour soulever la barre s’obtient par Ws = mgh, m étant la masse exprimée en kg, g l’accélération de la gravité (9,81 m/s²) et h la hauteur du centre d’inertie en mètres. Cependant, Matthias Steiner soulève deux « choses », la barre et par conséquent, son propre corps : WS = m1gh1 + m2 gh2. L’accélération du mouvement de la barre se détermine par WA = m¹v²⁄ 2, v étant la vitesse maximale atteinte en m/s. Au final, on obtient pour la performance : P = (m¹ g h¹ + m² g h² + m¹v²⁄ 2)/t. La barre atteint sa vitesse maximale de 1,41 m/s en 0,93 s, à partir du moment où elle décolle du sol (fig. 2). Durant ce laps de temps, la barre est soulevée à 0,72 mètre. Nous ne disposons pas de données précises concernant le déplacement du centre d’inertie du corps de Steiner (146 kg) pendant cette phase. Supposons qu’il se situe au niveau du nombril avec une élévation d’environ 0,6 m. Lorsque la barre est en fin d’accélération (fig. 2), le centre d’inertie de Steiner atteint son niveau le plus élevé et la vitesse est alors nulle. Ce n’est pas le cas de la barre dont le mouvement vers le haut se poursuit de manière rapide. Il est également nécessaire de prendre en compte l’accélération subie par la barre. La formule suivante reprend ainsi l’ensemble des éléments requis pour déterminer la performance : P = (1822 J + 859 J + 256 J)/0,92 s = 3194 W ≈ 4,3 ch. Pédaler tranquillement sur un ergomètre correspond à une puissance de 100 watts (soit 0,14 ch). Durant la phase de l’épaulé, Steiner produit une puissance 30 fois supérieure, soit 4,3 chevaux. UN POIDS LOURD À PORTER C’est à son épouse disparue en 2007 que Steiner a dédié sa médaille d’or olympique de 2008. En 2012 à Londres, une barre de 196 kg à l’arraché lui est retombée sur les cervicales le contraignant à l’abandon. Steiner : « L’épaulé-jeté décide toujours de l’issue du concours. » Plus sur www.matthiassteiner.com *Le Professeur Martin Apolin a 48 ans. Il est physicien, spécialiste en sciences du sport et enseigne à la faculté de Vienne (Autriche). Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages de référence.
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TEXTE : MARTIN APOLIN. PHOTO : IMAGO. ILLUSTRATION : MANDY FISCHER
Notre spécialiste* explique comment mesurer la performance des haltérophiles en chevaux-vapeur.
Puissance. Lors de la finale des Jeux de 2008, l’Allemand Matthias Steiner soulève 258 kg à l’épaulé-jeté.
À LA RECHERCHE DU MONDE
PERDU L’expédition récemment menée par l’Allemand Stefan Glowacz sur le mont Roraima est exceptionnelle. Ses hommes ont connu des fortunes diverses au terme de cette aventure hors du temps. Reportage aux confins de l’Amazonie.
Texte : Alan Lee
Dans la jungle sudaméricaine, le mont Roraima perché à 2 810 mètres d’altitude est un monde à lui seul. 80 % des espèces animales et végétales sont endémiques. Les 600 mètres du mur La Proa étaient l’objectif de Stefan Glowacz, Holger Heuber et Kurt Albert.
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Photos : Klaus Fengler
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ux frontières du Brésil, du Guyana et du Venezuela, au beau milieu de la jungle rampante, s’élèvent 115 hauts-plateaux tels des îles surgies d’une mer d’un vert profond. Ces tepuys, fragments de roches aux formes géométriques bizarroïdes, s’élancent jusqu’à 3 000 mètres d’altitude. Ces plateaux de plusieurs kilomètres carrés sont délimités par des falaises de centaines de mètres de haut qui plongent dans un manteau de brouillard. On se croirait dans Le monde perdu, le roman de Sir Arthur Conan Doyle publié en 1912. L’écrivain et médecin écossais y décrit un monde oublié où prospèrent des reptiles sauriens et une végétation primitive. Le fait est que ces montagnes tabulaires, tapies sous les nuages, sont restées à l’abri des regards durant des millénaires. Jusqu’à ce que des caméras thermiques fixées à bord d’un hélicoptère découvrent et capturent ces images d’une ère disparue. Le mont Roraima est l’un de ces tepuys. L’inclinaison de son versant vénézuélien permet la pratique d’un trekking encadré. Par contre, le versant guyanais, La Proa, est un mur de quatre kilomètres de large et de 600 mètres de haut. Son niveau de difficulté est maximal, il grimpe jusqu’à 10. Un trio allemand d’aventuriers, Stefan Glowacz, Kurt Albert et Holger Heuber, a décidé d’escalader, pour la première fois, ce mur en libre et selon leurs propres règles : by fair means (c’est-à-dire que l’on se rend au pied de la voie à gravir sans moyen artificiel ni motorisé, sans dépôt de matériel ni aide extérieure, sauf en cas de danger de mort). Il y a trois ans, en février 2010, une première tentative
L’alpinisme de haut niveau fait appel à tous les moyens techniques. Les athlètes sont déposés en hélicoptère au pied du mur à escalader, leur ascension est assistée par GPS et ils sont récupérés au sommet. By fair means signifie « avancer par ses propres moyens », dans la mesure du possible. En pirogue et aidés par des porteurs indiens, Stefan Glowacz, Kurt Albert (bandana blanc) et Holger Heuber (au centre) se frayent un chemin à travers la jungle pour arriver au pied du Roraima.
L’un des nombreux pièges : le lachesis, le serpent le plus venimeux d’Amérique du Sud. Glowacz : « Une morsure et on meurt en trois minutes. »
avait avorté, Stefan Glowacz ayant été victime d’un accident. Le second essai, cinq mois plus tard, a été le bon. Mais Glowacz et Heuber ont dû achever la mission sans Kurt Albert, décédé en septembre 2010 après avoir chuté d’une via ferrata sans difficulté technique. Il était l’inventeur du Rotpunkt, le « point rouge » en allemand, une technique d’escalade libre où le grimpeur franchit une voie sans s’appuyer sur un équipement de protection. Après réussite, un point de ladite couleur est apposé au bas du parcours.
Le Bavarois Stefan Glowacz, 48 ans, devient dans les années quatre-vingt le premier grimpeur professionnel d’Allemagne. Il gagne trois fois le Rock Master à Arco, en Italie, l’officieux championnat du monde d’escalade. Depuis vingt ans, Glowacz est l’un des grimpeurs de l’extrême les plus renommés. « Avant tout, je suis un sportif de haut niveau et ensuite, un aventurier de haut niveau. »
THE RED BULLETIN
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Albert (en haut) et Glowacz (en bas) dans la jungle. Les pluies incessantes laissent les vêtements et le bardage trempés, le sol boueux et les prises glissantes. Chaque mètre de progression se gagne durement sur la jungle. Au bout d’une semaine, les porteurs ont fait demitour. Durant plusieurs jours, Glowacz, Albert et Heuber ont été chargés des 400 kilos d’équipements et de provisions. Jusqu’en bas du mur.
« Être sur le mur » signifie parfois « être sous le mur ». La Proa est tellement en surplomb que le grimpeur se balance à des mètres du mur quand il descend en rappel.
« la pluie et les
orages sont quotidiens »
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Le mur en surplomb offre une protection contre les chutes de pierre et les tempêtes. Glowacz : « Quand il pleut, c’est comme si on escaladait une chute d’eau. Si on choisit mal son itinéraire, un endroit insuffisamment en surplomb, on risque la noyade pendant le bivouac ou tout simplement pendant l’escalade. »
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« Si on veut être un bon patron ou un il faut cultiver son égoÏsme »
bon peintre,
« L’intimité que nous partagions était plus intense que celle d’un couple » Stefan Glowacz n’aime pas être sous les feux de la rampe. À force de persuasion, l’alpiniste revient sur cette expérience hors pair.
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: Je me souviens d’une scène du film Cerro Torre, le cri de la roche, tourné sous la caméra de Werner Herzog en 1991. D’une seule main, visiblement sans sécurité, vous êtes pendu en surplomb d’une plaine australienne. Vous aviez alors 25 ans et vous incarniez un escaladeur en désaccord avec les grimpeurs traditionnels… : À l’époque, c’était loin d’être un rôle de composition. L’escaladeur que vous étiez alors aurait-il réussi l’expédition menée au Roraima ? Probablement pas. J’étais trop fougueux. J’aurais manqué de sérénité et de ténacité. J’ai pris 22 ans d’expérience dans la gueule. Je me serais emballé trop facilement et j’aurais peut-être fini noyé. Noyé ? Là-bas, il pleut tout le temps, sans parler des orages violents comme il n’en existe nulle part ailleurs. Dès les premiers jours, un énorme orage nous est tombé dessus, des chutes d’eau jaillissaient sur le mur. Du genre qui vous emporte en un clin d’œil si vous avez le malheur de choisir la
mauvaise voie ou de bivouaquer au mauvais endroit. Avant de se lancer, il valait mieux choisir avec précision la voie d’ascension. De préférence, celle le plus en surplomb, de façon à ce qu’il soit possible de grimper au sec, derrière les trombes d’eau. On a du mal à vous imaginer vous soucier du drainage naturel d’un mur… (Rires.) Surtout dans la jungle, avec la boue, les vêtements trempés, ou après une nuit dans un sac de couchage tout aussi trempé. Quand j’étais plus jeune, je me disais juste : « Quel mur est le plus raide et le plus difficile ? Celui-là ? On le prend. » Holger Heuber, Kurt Albert et vousmêmes choisissez le mont Roraima comme objectif de l’expédition. Vous dites : « Je n’ai pas envie de prendre de risques inutiles. » Que voulez-vous dire exactement ? Il faut comprendre le contexte. Il s’agit de murs dont l’escalade présente un risque de mort quasi certain. Les chutes de pierre et de glace y sont permanentes. Ce sont des choses imprévisibles sur
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lesquelles on n’a aucune prise. D’ailleurs, la majorité de ces murs est toujours des forteresses inviolées. Ceux qui les prennent et en sortent vivants sont fêtés comme des héros « vainqueurs des murs de la mort ». Mais l’intérêt de l’escalade extrême est justement dans le défi aux éléments. Il y a là aussi l’idée de l’homme qui dompte la nature… Cela est-il du ressort de la philosophie ou d’un certain besoin de domination ? Non, ce n’est pas le sens de l’escalade. L’art du grimpeur est de mourir vieux. Non d’être un héros grâce à une veine incroyable ou de mourir bêtement, la faute à pas de chance. L’escalade extrême est très risquée, toujours. Même si on élimine tous les risques évitables, il reste les inévitables. Pourquoi avoir choisi le Roraima ? D’autres destinations comme l’Himalaya auraient été tout aussi passionnantes… (Il coupe.) Mais pour lesquelles, je n’ai aucun intérêt. Pas à cause des montagnes, elles sont superbes, mais le tourisme de montagne qui se pratique dans l’Himalaya ne me dit rien qui vaille. Notre intérêt est suscité par des régions où, en principe, aucun grimpeur ne s’est aventuré. Nous voulons parvenir à nous orienter dans une région inconnue des magazines ou des forums spécialisés. Notre intérêt commence là où les images 3D de Google ne sont pas disponibles. Hors de toute civilisation. Le livre d’Arthur Conan Doyle, Le monde perdu, dépeint sans doute le mieux un tel endroit. Quand vous dites « hors de toute civilisation », c’est-à-dire que la performance sportive se mue en une aventure extraordinaire hors du temps ? Les deux sont nécessaires : le défi sportif et l’aventure. Au bout du compte, j’ai besoin de me dire : « Je veux grimper tout là-haut. » Sinon, cela ne marche pas. Avez-vous des scrupules à choisir des terres inconnues, une ressource en voie d’épuisement ? C’est vrai. D’ici à une vingtaine d’années, plus aucune zone sur Terre ne sera vierge. Mais s’y rendre n’est pas une mauvaise chose. Il faut plutôt se demander par quel moyen on s’y rend. Nos expéditions se font by fair means, c’est-à-dire que nous utilisons le moins possible la technologie, nous respectons l’environnement découvert et les peuples rencontrés. Aussi, nous nous déplaçons par nos propres moyens à partir d’un point accessible à n’importe qui. Là, nous
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« L’escalade extrême est très risquée, toujours. Même si on élimine tous les risques évitables, il reste les inévitables » sommes partis de Georgetown, la capitale du Guyana. Cela signifie que trois personnes, 400 kg d’équipement et de provisions ont traversé seuls les 350 kilomètres de jungle pour arriver au mur. Dans la jungle, des porteurs indiens nous ont prêté main-forte. Si je choisis la provocation, c’est une entorse à la règle by fair means… Seulement si les porteurs sont instrumentalisés. Là, ils faisaient partie de l’expédition. Ils nous ont fait confiance, leur participation le prouve. Les mésaventures avec les Blancs, ils connaissent bien. Le concept by fair means implique aussi de montrer l’exemple en faisant preuve d’attention et de précaution dans l’approche de l’environnement de ces régions, et dans les relations aux habitants. Renoncer aux porteurs dans l’unique but d’éviter toute aide n’a pas de sens. De plus, ce serait inconscient
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Bivouac 5 4 3 2 1
Le mont Roraima. Seize cordées sur un mur de 600 mètres de hauteur ou escalade libre d’après la méthode de Kurt Albert fondée en 1975.
car nos vies seraient en danger. Sans les autochtones, l’un de nous se serait sûrement fait attaquer par le lachesis, le serpent le plus dangereux d’Amérique du Sud. Ce reptile ne fuit pas, il défend farouchement son territoire et poursuit ses victimes. Il bondit jusqu’à deux mètres de haut et peut atteindre une partie du corps non protégée. Sa morsure entraîne la mort en trois minutes. Les autochtones savent où il se cache et comment l’éviter. Les porteurs ont rebroussé chemin plus tôt que prévu, ils trouvaient que la jungle devenait trop dangereuse pour eux. La majorité des pentes à gravir était glissante et recouverte de plantes. Elles étaient dangereuses et ils n’arrivaient pas à les grimper. Nous l’avons compris et nous ne voulions pas être responsables d’un accident. Durant la dernière partie du trajet, nous avons porté le matériel jusqu’au mur. Cela nous a pris des jours. C’est comme dans Un jour sans fin (film d’Harold Ramis avec Bill Murray, sorti en 1993, ndlr) : tous les jours les mêmes chemins, tous les jours la pluie. C’était vraiment pénible. Surtout si on pense aux écorchures et aux infections liées au fait que la peau est humide en permanence. On s’habitue à tout. À un moment, nous avons fini par nous dire : « C’est comme ça. » Le lendemain, on a repris la route en enfilant nos chaussures, tee-shirts et pantalons trempés en n’y prêtant plus aucune attention. Les infections n’ont pas disparu, comme les piqûres au pied où en grattant, on découvre la présence d’un asticot. Dès le départ, nous savions que ce serait très difficile, on s’était mis en situation mentalement. Comment se prépare-t-on à la présence d’asticots dans les plaies ouvertes ? On anticipe, on imagine l’ambiance. Avant de partir, quand on est chez soi, on se projette dans la chaleur, l’humidité, la pluie qui va nous attendre une fois sur place. On se dit : « Il va pleuvoir tous les jours. Tout sera constamment mouillé. Mais la pluie est chaude, on n’aura pas froid. Après tout, ça ne dure que six semaines. » Endurer six semaines pénibles dans une vie doit pouvoir être possible. Il faut cultiver son flegme, et c’est beaucoup plus facile dans la chaleur que dans le froid qui facilite les douleurs. Le corps gèle par endroits, les mains se glacent, puis quand elles se réchauffent, la douleur est encore plus insupportable. Elle mine le moral. Après quatre semaines dans la jungle, 33
« quand vous ouvrez une voie, pour toujours »
c’est la vôtre
Pour passer l’endroit critique d’une difficulté de niveau 10, Glowacz, triple vainqueur du Rock Master, a lutté pendant cinq jours.
Glowacz : « C’est ce qui m’intéresse dans ces aventures : Serai-je capable physiquement et psychologiquement de surmonter tous les obstacles ? »
Pourquoi Glowacz et Heuber ont-ils surnommé la voie « Behind the Rainbow » ? Pour honorer Kurt Albert, la 3e lame de l’inséparable trio, mort accidentellement en septembre 2010, quelques mois avant leur seconde tentative d’ascension du Roraima.
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son
« on prend la mesure de
Épuisement, Quand on redort
pour la première fois dans un lit »
Mission accomplie. Stefan Glowacz et Holger Heuber, sur le plateau du Roraima, peuvent savourer. Le souvenir de leur ami Kurt Albert est fortement présent.
dans quel état arrive-t-on physiquement et psychologiquement au pied de la falaise avant de l’escalader ? Au début, le mur était relativement facile à grimper, le niveau de difficulté ne dépassait pas 8. Les choses se sont compliquées dans la partie supérieure. L’endroit critique, de niveau 10, était au bout du parcours. C’était d’autant plus difficile qu’il se présentait après plusieurs jours passés sur le mur. Les images de bivouacs dans les saillies rocheuses sont très spectaculaires. Un petit mètre à l’horizontale, et audessus comme au-dessous, rien que du mur. Vous arriviez à récupérer pendant la nuit ? Un mètre, c’est beaucoup. Pouvoir s’allonger plus ou moins est déjà un luxe. On a eu de la chance d’avoir cette bande, sans quoi il faut camper dans des tentes suspendues. Vous parlez de ces armatures suspendues dans le vide par des sangles, un mélange entre un baudrier et un hamac ? Exactement. Mais pour dormir, mieux vaut être solidement amarré. Vous arriviez à vous reposez dans ces conditions extrêmes ? Étonnamment, je peux vous dire qu’on dormait assez bien même. Profondément pendant une heure environ et le reste du temps on somnolait. Cela peut paraître insuffisant mais ce n’était pas le cas. Ce qui était appréciable au Roraima, c’est que le mur est très en porte-à-faux. Du coup, on est à l’abri des chutes de pierres et autres. Parce que dormir avec la crainte que quelque chose peut, à tout moment, vous tomber dessus n’est pas terrible. Ce n’est qu’une fois de retour, quand on redort pour la première fois dans un lit d’hôtel, qu’on prend la mesure de son épuisement. Lors de votre première expédition, vous n’aviez pas atteint le passage-clé que vous venez d’évoquer. Un accident vous avait contraint à renoncer. (Il coupe.) Oui, une blessure au talon. Nous étions déjà limite en temps et en provisions, on a dû arrêter. Mais nous savions que nous reviendrions. Par contre, l’évacuation en hélicoptère m’a fait plus mal que ma blessure au talon. Initialement, ce projet était censé suivre deux lignes narratives entremêlées, l’une mettant en avant votre parcours sportif et l’autre l’expédition. Mais vous avez été bouleversé, à juste titre, par la mort accidentelle de Kurt Albert en 2010.
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« L’ascension d’une voie nouvelle est comparable à un peintre qui crée sa toile. À jamais elle reste son œuvre » Oui, cela montre bien la portée de cette perte, le choc et le déchirement. Kurt était le genre de gars à apprendre tout seul à jouer du piano. Il disait : « Tout dans la vie a trait aux mathématiques, et si c’est mathématique, c’est à la portée de ma compréhension. Ce qui est sans lien avec les mathématiques ne m’intéresse pas. » Kurt ne parlait pas un mot d’espagnol mais un jour, il s’est mis en tête de l’apprendre. Un an après, il donnait des conférences en Espagne. Lors de nos expéditions, Kurt n’avait avec lui que des livres que l’on ne pouvait pas lui emprunter : des études scientifiques ou les casse-tête de la dernière Coupe du monde des surdoués. Ça, c’était Kurt. Un solitaire, sans attaches, sans famille. Rien sauf l’escalade parce que seule comptait la préservation de son indépendance. Kurt aurait eu 60 ans l’année prochaine. Sa mort nous a anéantis. Avec lui et Holger, nous étions les trois mousquetaires, notre entente était parfaite. Une symbiose qui ne se produit qu’une fois dans une vie. Parce que vos compétences respectives étaient complémentaires ? Les compétences influent peu sur la personnalité. Dans ce type d’expédition, si quelqu’un t’agace, ce n’est pas une question de professionnalisme. L’intimité que nous partagions pendant des semaines était sous certains aspects plus intense que celle d’un couple. Entre nous, cela fonctionnait très bien parce que nous étions conscients d’être tous les trois placides et avec un seuil de tolérance élevé. Nous étions non seulement extrêmement résistants physiquement et mentalement mais aussi nous n’étions pas du tout susceptibles. Quand l’un de nous disait à l’autre de bon matin : « T’as une tête à faire peur aujourd’hui ! », il n’y avait aucun signe de vexation. On en riait ensemble. Avoir du recul est vital. C’est un peu comme sur un bateau. Et rester focaliser sur l’objectif, ne pas chercher à avoir raison à tout prix, décider tout de manière démocratique.
À l’automne 2010, cinq mois après l’échec de la première expédition, Holger et vous repartez ensemble. Qu’avez-vous ressenti en vous y retrouvant à deux ? Cela nous a encore plus rapprochés. Le lien de fraternité était plus fort. Nous ressentions le besoin de mener à bien la mission en mémoire de Kurt. Une belle voie d’accès, voilà ce que laisse un grimpeur en legs. Qu’importe après, si un autre l’emprunte ou pas. Ouvrir une voie est un peu comme être l’auteur d’un livre ou d’une toile de peinture, elle reste la vôtre pour toujours. Cette voie sera désormais celle de Kurt. Malgré sa grande expérience, Kurt Albert s’est fait surprendre lors d’un cours d’escalade anodin. Comment vos proches gèrent-ils cette éventualité ? La famille a-t-elle un mot à dire quant au choix de votre destination ? Non, pas du tout. Une fois la décision prise entre nous, je rentre à la maison et j’annonce qu’à telle date, je pars pour six semaines. Tout simplement. Plutôt brutal comme déclaration… Ça marche uniquement si le port d’attache que vous quittez est solide. Il doit y avoir de la compréhension. Si chaque départ provoque un conflit, le couple ne peut pas durer. Le métier de grimpeur brise-t-il des couples ? Beaucoup. Partout où je vais escalader, j’entends dire : « J’aurais aimé faire ce que tu fais, mais j’ai rencontré quelqu’un, j’ai eu un enfant… » Cela a le don de m’agacer. Ce « J’aurais bien aimé mais… » m’insupporte. Soit on le fait, soit on ne le fait pas. Si on veut être un bon patron ou un grand peintre, à un moment donné il faut savoir être égoïste. C’est « je dois » et non pas « je peux ». Je crois que le secret de la vie est de découvrir sa passion, de la définir et d’organiser sa vie autour d’elle en assumant toutes les conséquences. C’est à ça que l’on reconnaît une vraie passion, à savoir que l’on est prêt à sacrifier pour elle le grand amour ? Oui, je le pense. La passion est si grande que de ne pas s’y adonner est un renoncement à soi-même, une aliénation. C’est ce renoncement qui fait dire des choses comme : « Moi aussi, j’aurais bien aimé… » En réalité, ceux qui disent cela n’assument pas leur choix. Sinon ils diraient plutôt : « Je n’avais tout simplement pas le courage de vivre ma vie. » Plus d’aventures sur www.redbull.fr
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S E R I O T S I H
U A E ’ D
I À SON TOUR H H C S N I A R A F A N H S I Y A ROBB DAN, ROBBY N ESS», LE VÉLIPLANCHISTE N ÈS MICHAEL JOR D E U X M O I S A P RI N Q U A N T A I N E . C O M M E « H I S A I R U ’ À E N F A I R E U N A R T . L E C A P D E L A C É V O L U T I O N N É S O N S P O R T J U S QX D E L A V I E , A M É R I C A I N A R E AV E C U N É T E R N E L A M O U R E U R E N C O N T R E R A RE U N P O I S S O N D A N S L’ E A U . H E U R E U X C O MtzMis PH O TO S : M ic ha el M ul le r
ea s Tz or TE XT E : An dr
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Ici, Robby « le » Naish joue à domicile.
Naish (à g.) et son frère en Sardaigne (1978).
KAILUA, OÙ J’AI GRANDI, est une
superbe petite communauté au nord-ouest de l’île d’Oahu. À l’époque, elle échappait à tous les radars. C’est depuis qu’Obama vient y passer les fêtes de Noël que l’endroit a été identifié mais, jusqu’à il y a peu, les gens venaient seulement à Waikiki, sans s’aventurer vers la côte nord. On vivait à cinq minutes à pied de la plage. Je crois que je n’ai jamais porté une paire de chaussures fermées avant d’entrer au lycée. Je faisais tout pieds nus. J’allais à l’école pieds nus, je jouais au foot pieds nus… Je vis encore comme ça.
QUAND J’AI COMMENCÉ LA PLANCHE À VOILE, il devait y avoir six ou sept
planches sur toutes les îles de l’archipel. C’était du temps des bômes en bois et des planches en plastique. Il n’y avait aucun développement technique. Avec ça, tu ne pouvais ni sauter ni vraiment te diriger. Tu tombais, tu retombais, tu tombais encore, tu avançais trois mètres et tu retombais. À Kailua, les véliplanchistes se laissaient dériver jusqu’en bas de la plage, puis ils remontaient à pied en traînant leur matériel. Après l’école, je descendais à la plage et je leur demandais s’ils voulaient bien que je remonte au vent avec leur matériel. Cela me permettait aussi de rester plus longtemps sur l’eau.
J’AIME LA COMPLEXITÉ de la planche à
voile, j’aime le défi que cela représente d’apprivoiser cette chose. Bien entendu, j’aime aussi la compétition qui permet d’être maître de son destin. Je n’ai jamais aimé les sports d’équipe. Je ne suis pas très sociable, j’aime tenter des trucs par
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PHOTOS : ROBBY NAISH, JOHN CARTER/RED BULL CONTENT POOL
est dans la précocité que l’on reconnaît les génies. À 13 ans, pendant que ses copains soignaient leur acné galopante, Robby Naish devenait champion du monde pour la première fois. Ce jeune loup insouciant donnait la leçon aux vents dès 1976. Rebelote l’année suivante, et ainsi de suite, année après année. Durant plus de deux décennies, Naish a été l’équivalent en planche à voile de Michael Jordan, mêlant comme personne l’osmose avec l’eau et la soif de victoires. Le windsurf, c’est lui qui l’a réinventé. Il a transformé le matériel, a éliminé les mâts en bois et les planches en plastique pour y imposer la haute technologie. Grâce à lui, le marché est devenu mondial. À 50 ans, Naish n’a rien perdu de l’espièglerie qui irradie son regard. Les pattes d’oie que le temps, le sel et le soleil ont posées autour de ses yeux n’altèrent pas sa trombine d’éternel ado. L’Américain porte toujours des tongs et un short, une façon de conjurer les affres du temps qui passe, et il continue de surfer sa vague préférée, l’énorme déferlante qui secoue constamment le chaudron de Ho’okapi, sur la côte nord de Maui, un confetti de l’archipel hawaiien. Sa société, qui porte son nom, entre dans sa dix-huitième année. Elle fabrique et distribue avec succès du matériel de planche à voile, mais aussi de kitesurf et de stand-up paddle. Deux sports nés sauvages et alternatifs, entre la moitié des années 90 et l’aube des années 2000. Par son entremise et sa marque, Naish a largement contribué à leur popularisation. C’est dans sa grande maison, posée au sommet d’une falaise battue par les vents, sur la côte nord de Maui, que Robby Naish a reçu en exclusivité The Red Bulletin pour ses confessions sur canapé. Magnéto.
« l’ E a u i m p o s e un rapport presque spirituel »
Exit US 1111. Naish voit sa collection de boards s’agrandir au profit du stand-up paddle.
« J E FA I SA I S TOUT PIEDS NUS. JE VIS ENCORE COMME ÇA » moi-même. C’est dans ce contexte que les choses s’allument en moi. Sur l’eau, il y a toujours des gagnants et des perdants. Si tu es troisième, c’est qu’il y en a deux devant toi. Certaines personnes sont capables de rider six heures d’affilée. Moi, je sors, j’envoie et je rentre. C’est comme ça que je ride et c’est largement suffisant. Si je cherchais à en faire plus, je me blesserais, probablement. Et, puis, je ne suis pas du genre à traîner dans le coin pour voir les copains, sympathiser puis repartir à l’eau.
TROUVER L’ARGENT POUR M’ACHETER MA PREMIÈRE PLANCHE a été la chose la
plus difficile de ma carrière. J’ai pris mes économies, auxquelles j’ai ajouté la moitié de l’argent de la vente du catamaran, un Hobie Cat, sur lequel je naviguais. J’ai retouché des tee-shirts, fait des colliers de coquillages et de papier, des baby-sittings. J’étais la nounou du quartier, ce qui est bizarre pour un garçon. C’est avec tout ça que j’ai acheté, en 1975, mon premier équipement complet pour 340 dollars. À l’époque, c’était beaucoup d’argent. L’argent a toujours été important pour moi. Une fois, ma mère m’a dit que je ne savais sans doute pas où j’avais gagné mon premier dollar, mais que je savais très bien comment j’avais dépensé tous les autres. C’est une façon assez juste de résumer mon rapport à l’argent, durant toute ma vie. Les primes que j’ai gagnées en compétition sont toujours passées par la banque.
L’EAU EST UN MILIEU EN DEHORS DE LA ZONE DE CONFORT DE L’ÊTRE HUMAIN. La configuration change tout le temps, c’est différent à chaque fois que vous vous y jetez. Tout ce qui permet aux gens de mettre le nez dehors est bien, mais c’est encore mieux si vous les invitez à apprivoiser la mer, un lac, une rivière. Ce contact est apaisant, assainissant. L’eau est bonne pour le corps, pour la tête, elle impose un rapport presque spirituel. Pensez au petit lac qui est derrière votre maison et qui vous paraît 43
Noir et blanc. Naish naît à San Diego. Son père est un institeur féru de surf. Le petit Robby a cinq ans lorsque la famille s’installe à Hawaii. Huit ans plus tard, il remporte son 1er titre de champion de monde de windsurf. À 13 ans.
MON PREMIER TITRE MONDIAL, EN 1976 AUX BAHAMAS ? Je ne sais toujours pas
si j’étais plus rapide ou plus lent que la concurrence, mais j’avais un énorme avantage sur tout le monde, puisque le vent était faible : j’étais le plus léger. J’ai bénéficié de la bonne combinaison : vitesse et poids plume. À ce moment-là, certains de mes adversaires, plus âgés, ont définitivement quitté le circuit. Ce fut la dernière compétition avec un titre de champion du monde toutes catégories à la clé. Par la suite, ils ont créé des classes selon les poids. (Retrouvez les premières fois de Naish dans The Red Bulletin de février 2012.)
JE N’AI JAMAIS FAIT PARTIE de ceux qui
explosent de joie sur un podium et qui mettent leur trophée sous le nez des autres. L’humilité est vraiment très 44
« LE NOMBRE D E F O I S O Ù J ’A I FA I L L I R EST E RAISONNABLE » importante à mes yeux. Je ne voulais surtout pas être celui que tout le monde méprise parce qu’il gagne. Mais j’ai toujours détesté perdre et, plus ma carrière a avancé, plus j’ai vécu avec la peur de me sentir sur le déclin. J’avais gagné tant de choses… J’ai fini par atteindre ce stade où le sportif est habité par les « mauvais papillons », où il est à la limite de vomir avant les séries, comme persécuté par ses montées d’adrénaline. C’est bien parce que j’ai toujours pris les choses au sérieux que je peux revendiquer vingt-cinq ans de carrière. Je ne me
voyais pas dire : « Ce qui devait arriver est arrivé. » J’ai gagné et, quand j’ai perdu, c’est parce que c’était au tour d’un autre de gagner et pas simplement parce que c’était comme ça. Si les choses sont préparées puis exécutées correctement, vous avez la possibilité d’atteindre un niveau à partir duquel, si quelqu’un vous bat, c’est que vous avez commis l’erreur qui lui a permis de vous battre. Ce n’est pas facile, il faut s’engager corps et âme dans son sport, s’entraîner plus que tous ses adversaires pour accéder à ce stade.
JE SUIS DEVENU PÈRE À 18 ANS. C’est
jeune mais, au fond, je l’étais beaucoup moins que la plupart des mecs de mon âge. J’étais tellement égocentrique que je n’étais pas un papa très présent, je n’ai pas vu grandir ma fille, Nani. Mais le temps que nous avons passé ensemble a toujours été vraiment agréable. Je traversais la planète sans cesse, mais on était si proches en termes d’âge qu’on pouvait jouer ensemble. Je n’ai pas de regrets, THE RED BULLETIN
PHOTOS : ROBBY NAISH (3)
inhospitalier... Allez vous y promener sur votre paddle-board, vous verrez le monde différemment.
En 2002, Naish fait son entrĂŠe dans le Hall of Fame.
À LA
UNE
LES SUCCÈS DE ROBBY NAISH EN WINDSURF ONT PERMIS À SON SPORT DE TROUVER L’ÉCHO MÉDIATIQUE QU’IL MÉRITAIT.
je ne me dis pas que j’aurais dû faire les choses différemment. Nani est devenue une personne magnifique et la relation que nous avons eue, elle est ce qu’elle est, mais elle est fantastique. Personne n’est parfait, j’aime mes défauts et je pense que le nombre de fois où j’ai failli reste raisonnable. Mais il est bon de se faire botter le cul de temps en temps.
JE N’AI JAMAIS ÉTÉ UN OPPORTUNISTE TOUCHE-À-TOUT. « Je vais essayer de
gagner et, si j’y parviens, je deviendrai golfeur ou quelque chose dans le genre... » Ça, ce n’est pas moi. Je n’ai jamais eu l’ambition de faire autre chose que ce que je fais. Toute ma vie, je l’ai passée à tenter de mettre les choses en place pour être prêt dans une semaine, dans un mois, dans un an, afin d’être dans les meilleures conditions possible pour continuer. Depuis que j’ai 20 ans, les gens me demandent quand je vais prendre ma retraite. Mais je suis déjà à la retraite. Je fais déjà ce que font les gens qui sont à la retraite, non ?
LA PREMIÈRE FOIS QUE J’AI CROISÉ BJÖRN DUNKERBECK, C’ÉTAIT LORS DE LA SAISON 1987. Il était évident que ce
gamin ferait des exploits une fois sa croissance achevée. Et il est rapidement arrivé à maturité si bien qu’il incarnait le rival parfait. Il savait garder son calme, d’une manière un peu arrogante à la Dolph Lundgren. Il ne faisait aucun effort avec le public. Björn était taillé sur mesure pour donner la réplique dans l’opposition du gentil et du méchant, et j’étais le gentil. C’était impeccable pour moi et, de plus, il m’a poussé à prendre soin des détails techniques de mon sport. Je n’ai jamais été un mec très manuel. Je ne savais même pas changer un pneu à mon vélo. J’aime aller vite et vous pourriez me donner n’importe quoi, j’essaierai d’aller vite. Je savais faire du wheeling plus longtemps que tout le monde, monter la côte sur une roue, faire le tour du rond-point ou avaler la route qui mène à la plage. Je fais du skate mieux que quiconque. Mais ne me demandez pas de réparer ce qui est cassé. Pour ça, j’appelle mon frère ou n’importe qui.
le point d’arrêter la planche à voile en compétition au milieu des années 90. En 1998, je disputais encore la Coupe du monde de planche à voile quand on a tous commencé à faire du kite. En planche à voile, il est nécessaire d’avoir certaines conditions de vent pour s’imposer, surtout 46
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MAGAZINES : ROBBY NAISH
LE KITESURF A CONSTITUÉ LA TRANSITION IDÉALE alors que j’étais sur
Le surfeur né s’est mué en businessman.
nous avons abordé ce nouveau marché. Ce sport est terriblement dangereux. Des gens y laissaient leur vie, c’était de l’extrême. Aujourd’hui, le matériel s’est considérablement amélioré et le kitesurf est devenu plus accessible.
À CAUSE DE MON ENTREPRISE, J’AVAIS PERDU LE SOMMEIL. Je ne voulais pas
la créer. J’ai toujours aimé n’être responsable que de moi-même. Je savais que, au fil du temps, j’allais cumuler des responsabilités et me lier à d’autres personnes. Ça a été dur pour moi. Ce fut l’une des périodes les plus enrichissantes et les plus effrayantes de ma vie. Les décisions que je prends aujourd’hui ont un impact sur la survie d’une quarantaine de personnes, plus leurs familles. J’ai gardé mon indépendance. Je n’ai aucun compte à rendre. Pour moi, c’est vraiment précieux, bien plus que la croissance de la marque ou le montant des chèques que j’encaisse.
JE DOIS ME FORCER POUR RESTER EN PLACE et je suis persuadé que, aux yeux
de ma femme Kate, c’est encore bien trop peu. Tout le monde aimerait bien que je prenne le temps de flâner sur la plage mais ce n’est pas dans ma nature que de veiller sur le nid. Je ne suis pas passé dans le moule du bon père de famille. Il en faut beaucoup pour me perturber. Ma femme avait l’habitude de me dire : « Tu es un gamin, tu te laisses marcher sur les pieds. » Après 22 ans de vie commune, elle comprend mieux comment je fonctionne. Si je devais, tous les jours, laisser éclater ma colère à chaque fois que quelque chose ne me plaît pas, ou si je devais m’en prendre à chaque merdeux que je rencontre, je n’en finirais pas. Il y a quelque chose de beau à emprunter le chemin de la résistance passive.
JE LE DIS À LA JEUNE GÉNÉRATION :
« AUJOURD’HUI LE KITESURF EST PLUS ACCESSIBLE » THE RED BULLETIN
quand on en fait depuis aussi longtemps que moi. En kitesurf, on approche des performances incroyables même quand le vent est limité. Cela augmente les occasions de prendre son pied ! La première publicité que ma société a faite pour un kitesurf disait, en lettres blanches sur fond noir : « Ce n’est absolument pas le bon sport pour 99,9 % de la population mondiale. » On tournait la page et on voyait alors une pub pour les kitesurfs by Naish. C’est comme ça que
si quelqu’un vous offre un dollar pour faire ce que vous aimez faire, vous êtes le mec le plus heureux du monde. Regardez ce à quoi la majorité des gens sont contraints pour gagner leur croûte ! Si vous avez la chance de faire ce que vous aimez, préservez-le ! Cherchez à en profiter le plus longtemps possible. Si vous abattez vos cartes au bon moment avec le zeste de réussite qui va bien, vous pouvez concrétiser votre rêve. Plus sur www.naish.com Robby Naish en action sur l’appli gratuite pour tablettes de The Red Bulletin
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LES COLOCS DU
BMX GUIDÉS PAR L’ÉCOSSAIS KRISS KYLE, L’UN DES MEILLEURS SPÉCIALISTES MONDIAUX, CES RIDERS VIVENT DANS UN SKATEPARK POUR MIEUX DONNER LIBRE COURS À LEUR PASSION. REPORTAGE SUR LA CÔTE OUEST DE L’ÉCOSSE. Texte : Ruth Morgan 48
Photos : Greg Funnell
Sauvage. Kriss Kyle est une bête de scène. L’Unit 23 de Dumbarton est son domaine.
Entre potes. Kriss Kyle, Maxime Charveron et Scott Quinn, tous résidents de l’Unit 23 (de droite à gauche).
À ouest de Glasgow, il fait nuit noire audessus de la petite zone industrielle de Dumbarton. Dans ce décor lugubre, le bâtiment qui abrite le skatepark local brille comme un phare. L’Unit 23, son nom, est le plus grand centre indoor du genre en Grande-Bretagne. Avant de pousser la porte de l’entrepôt en briques, le son de Let’s Spend the Night Together des Rolling Stones donne déjà le ton. Dès l’entrée, l’avalanche de décibels vous emporte, accompagnée par le crissement incessant des pneus sur la piste en bois. Il est presque minuit, Kriss Kyle déboule sur son BMX. Le jeune Écossais, équilibriste de génie, enchaîne les figures les plus périlleuses sur des rampes de six mètres de haut. Avec une vingtaine de complices, Kyle prolonge la nuit pour découvrir la nouvelle piste en bouleau dans ce Hall 1 remis à neuf après six semaines de travaux, auxquels tous ont largement 50
collaboré. La passion commune du BMX a engendré une petite communauté d’irréductibles riders pros et amateurs – entre autres menuisiers, agents d’aéroport, soudeurs – venus de toute l’Écosse, d’Irlande, du Royaume-Uni et de plus loin encore, pour s’éclater et se lancer toujours plus haut sur les rampes. Après la journée de boulot, ils se rejoignent ici. Rien ne peut entamer leur énergie. Surtout pas la fatigue. Il n’y a pas d’heure limite à leur passion. Beaucoup de sportifs reconnus affirment être habités par leur sport. À l’Unit 23, la formule prend tout son sens. Chaque jour, Kyle et ses potes mangent, dorment et roulent ici. Pour Kriss Kyle, c’est la concrétisation d’un rêve né à l’âge de 10 ans quand il pose pour la première fois ses pieds sur les pédales d’un BMX. Coup de foudre. À l’époque, sa mère le piste, chaque jour à l’heure des repas, avec une assiette garnie dans une main et des couverts
dans l’autre. C’est qu’elle tente d’obliger le fiston à s’arrêter quelques minutes pour manger. Et puis, un samedi matin, à l’âge de 15 ans, Kyle quitte sa petite ville de Stranraer, à 200 km au sud-ouest de Glasgow, pour ne plus jamais y revenir. Sans argent, ni boulot, ni point de chute. Pour tout bagage, il emporte un sac de vêtements et son BMX. La seule certitude qui l’habite quand il prend le train ce jourlà à 7 h 13, c’est de vouloir passer sa vie sur son vélo. Aujourd’hui, à 20 ans, l’Écossais est devenu l’un des meilleurs riders, parrainé par les plus grands sponsors, globe-trotter et star de vidéos 2.0. Il martèle : « Depuis que je suis à l’Unit 23, je vis un rêve éveillé. » « Vivre son rêve », c’est sa devise. Au point d’envisager de se la faire bientôt tatouer sur le cou. Un tatouage de plus à la collection qui s’agrandit régulièrement le long de son mètre soixante-dix. Il porte le logo de BSD, son sponsor et fabricant de THE RED BULLETIN
Passion. Jason Phelan (au centre) et Kyle (Ă g.) attendent sagement leur tour.
À l’Unit 23, la solidarité est de mise. Ci-dessous : la salle de repos fraîchement refaite du Hall 1.
vélos, sur sa main gauche et Wee crab, son surnom, sur l’autre. Les tout derniers, Live et Life, s’écrivent en lettres capitales audessus de ses genoux. Aucune provocation chez Kyle. C’est la simple expression d’un jeune homme qui ne croit toujours pas à ce qui lui arrive. « Jamais je n’aurais pensé devenir pro. Je n’imaginais pas que cela soit possible. Je voulais juste rouler avec mon vélo, c’est ce que j’ai fait. » Quand Kyle débarque à Dumbarton, sac sur l’épaule et sans logement, il n’est pas tout à fait en terre inconnue. Il rembobine : « La première fois que je suis venu ici, j’avais 13 ans. Les rampes me paraissaient gigantesques. En revenant, je les ai trouvées toutes petites. Je voulais passer tout mon temps à rider dessus. » À l’époque, chaque week-end, le voyage dure huit heures et six trains pour rejoindre Dumbarton et revenir au domicile familial. Puis, il y passe quatre jours, une semaine, puis deux. « Je me 52
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« Jamais je n’aurais pensé devenir pro. Je voulais juste rouler avec mon vélo »
Kyle à vitesse maximale. Il faut bien ça pour se hisser le plus haut possible sur le mur.
Maxime Charveron prend place dans la chambre des garçons.
« La première fois que je suis venu ici, j’avais 13 ans. Les rampes me paraissaient gigantesques »
levais à 6 heures, je rejoignais le hangar et je ridais toute la journée, raconte Kyle, après je devais retourner à l’école. Assis en classe, je me disais : Qu’est-ce que je fous là ? Je perds mon temps ! » Quand Chick Mailey, le propriétaire de l’Unit 23, propose l’hébergement gratuit dans le skatepark, Kriss Kyle saute sur l’occasion et devient le premier résident permanent. À défaut du confort d’une vraie chambre, le rider dort sur un canapé dans le bureau. « Ça foutait quand même la trouille d’être seul la nuit, à 15 ans, dans un grand entrepôt. Je n’avais pas d’argent pour me nourrir, j’ai survécu avec tout ce que je pouvais trouver dans le bar. Mais j’ai tenu le coup. Je ne m’en suis jamais fait d’avoir quitté la maison et l’école, je ne sais pas pourquoi. » On ne peut pas en dire autant de ses parents, Veronica et Alec. Ce dernier travaille à l’ancien collège de Kyle comme concierge et assistant en soutien scolaire. Tous deux pensaient que leur fils logeait chez des amis. Chaque jour, sa mère lui passe un coup de fil. Elle le supplie de reprendre les cours. « Un vrai cauchemar, se souvient-elle. Ses professeurs demandaient sans cesse où il était passé et je devais
La cuisine est un lieu de partage pour Jason Phelan (à gauche) et les autres résidents.
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inventer des excuses. Il ne s’est présenté à aucun examen, il ne voulait pas revenir. Quand il a fini par me dire qu’il vivait dans ce bâtiment, évidemment on a eu très peur pour lui. Son père répétait que s’il lui arrivait quelque chose, ce serait de notre faute. On ne pouvait pas le forcer à rentrer à la maison, Kriss est quelqu’un de très déterminé. Il aurait même accepté de dormir dans un carton si cela lui permettait de rester dans le skatepark. D’un autre côté, je suis heureuse qu’il fasse ce qu’il aime. Je suis très fière de lui. » Q , ’ de Kyle est suivie par d’autres fans de BMX, ravis de trouver au bloc 23 l’ambiance et le cadre pour exprimer leur passion sans limites. Pas d’horaires d’entraînement, pas de régimes dictés par des nutritionnistes, juste un skatepark. Ici, on la joue à l’ancienne : c’est un endroit créé par des riders pour des riders. « C’est un lieu irréel, avoue l’Irlandais Jason Phelan, un rider pro de 26 ans qui y vit depuis près d’un an. Quand l’Unit ferme au public à 22 heures, c’est désert et on a toute la place pour d’interminables séances. On tchatche, on chambre. J’aurais dû venir ici depuis des années. » Les occupants du « 23 » logent au fond de l’entrepôt, derrière les deux grands halls où sont installées les immenses rampes. On trouve un tas de canapés de toutes formes dans la salle commune, recouverts en permanence de duvets. Éparpillés sur le sol : un cric de voiture, des vieilles chaussettes, une jambe de mannequin en plastique et une blouse d’hôpital usagée. Autant de souvenirs de sacrées soirées. John Deans, 23 ans, bosse à l’aéroport de Glasgow. Il vient souvent dormir ici. « Vivre ça, c’est comme un gamin qui aurait une grande maison pour lui seul, explique-t-il. Sauf qu’ici, on en profite tout le temps. » Plus loin dans le hall, sous la haute voûte du garage, le propriétaire a construit à la hâte une structure en parpaings pour abriter deux chambres. L’une d’elles est pour Kyle, la prime au premier occupant, et une autre beaucoup plus grande qui sert à Phelan et aux Anglais Scott « Quinny » Quinn, 25 ans, un skater pro de Charlton arrivé il y a trois ans, et George Ecclestone, 25 ans, originaire de Sheffield. Le rider français Maxime Charveron passe de temps en temps et squatte l’un des canapés disponibles. Les pièces habitées par la vingtaine d’occupants – avant tout masculins – offrent toutes le même aspect : vêtements sales en pagaille et lits défaits. Dès qu’on met le pied hors de la chambre, on se 56
Dans le garage, à côté de sa chambre, Kyle est le maître des lieux.
retrouve dans un garage où stationnent plusieurs voitures poussiéreuses oubliées là depuis des lustres. Le vélo tout crotté avec lequel Jason Phelan faisait le pitre la nuit dernière est posé contre l’une d’elles. Ce matin, les cinq riders regroupés devant l’écran du smartphone de Quinn rigolent en zieutant les cabrioles de l’Irlandais. Il a fini sa course folle la roue plantée dans les tiroirs. En somme, un mardi soir banal. « Je me marre tout le temps quand je suis là, reconnaît Kyle. Chaque journée est incroyable. On est si proches, comme des frères, comme une famille. » Maxime Charveron en rajoute : « Il n’existe pas un endroit en France aussi libre qu’ici. C’est pourquoi j’aime venir là. » Ce petit paradis, les riders le doivent à Chick Mailey, le propriétaire des lieux. « C’est grâce à son engagement que nous sommes tous là, apprécie Ecclestone. Il suffit de venir ici une seule fois pour ne
Kriss Kyle Depuis qu’il a reçu son premier vélo à Noël, à l’âge de 10 ans, toute la vie de Kyle tourne autour du BMX. Ses parents l’emmenaient assister à des compétitions et sa mère, Veronica, a encore le croquis du vélo dont Kyle rêvait. Il l’avait réalisé à l’école, à l’âge de 11 ans. Aujourd’hui, Kyle vit son rêve.
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« On est si proches, comme des frères » plus jamais avoir envie de repartir. Chick est le pote de tout le monde. Grâce à lui, l’Unit 23 est devenue la référence du BMX en Écosse. » Ancien propriétaire d’une agence de location de grues de chantier, Mailey pratique lui aussi le BMX dont il n’a jamais perdu la passion. Mieux, il l’a transmise à ses deux fils, Chaz et Connor. Lassé de les voir se blesser, souvent en roulant dans les rues, il avait décidé de vendre son entreprise et de trouver un endroit où ils pourraient rouler en toute sécurité. L’Unit 23 est née. « Je ne l’ai pas fait pour l’argent, précise Mailey. On ne se met pas dans ce business pour ça. Je ne voulais pas me retrouver sur mon lit de mort en regrettant de ne pas avoir passé assez de temps avec mes enfants. Aujourd’hui, j’ai la chance tous les jours d’aller au boulot avec eux. » M pour beaucoup de ces jeunes riders. Il en aide la plupart financièrement, il emploie une quinzaine d’entre eux pour quelques tâches ici et là et permet à d’autres de pratiquer leur sport. À leur disposition, il met une cuisine toujours pleine qui, en milieu de matinée, sent bon les toasts au fromage et résonne de rires et de plaisanteries. Avec sa sœur Dot, il veille aussi à ce que les membres de la famille de l’Unit 23 aient de quoi manger sur la table deux fois par jour. « La règle quand tu viens ici, c’est que tu dois donner un coup de main. Si c’est le cas, tu peux rester, insiste-t-il. Les chambres, c’est le domaine des jeunes, ils s’en occupent comme ils veulent. Je suis content pour eux qu’ils soient là. Mais ça marche dans les deux sens : je les aide et ils m’aident. » Un tel environnement a largement profité à Kyle. Cela s’est traduit par des victoires en compétition, la reconnaissance du milieu et des équipes de BSD et d’Unit 23. Aujourd’hui, il est l’un des quelques riders britanniques présents dans les grands rendez-vous internationaux. « Il est même l’un des tout meilleurs au monde, précise Grant Smith, le patron de BSD. Il a quelque chose de spécial, une agilité naturelle, ce qui est très rare. La première fois qu’il est venu à l’Unit 23, je me souviens d’avoir été bluffé par ce gamin si frêle mais si doué sur son vélo. Il est si heureux. Certains font ça comme THE RED BULLETIN
un boulot, lui, il a un besoin viscéral de rouler tout le temps. Ça saute aux yeux. » K . « K, ’ du grand show, admire son voisin de chambrée, le rider anglais George Ecclestone. Quand on le voit donner des autographes aux gamins, on le charrie. On veut qu’il reste les pieds sur terre. » Ecclestone et la plupart des riders de l’Unit 23 n’arrivent pas à vivre de leur passion et cherchent des petits boulots pour s’en sortir. Même Jason Phelan, membre de plusieurs équipes professionnelles, dont celle de Nike, commence tout juste, au bout de trois ans, à vivre de son sport, après avoir abandonné ses études universitaires à Liverpool et effectué pendant quelques années des jobs aussi divers que facteur ou stadier. Chaz et Connor Mailey ainsi qu’Ecclestone ont suivi une formation de menuisier et travaillé sur la construction de skateparks pour rester au plus près de leur passion. « Des Kriss Kyle, il y en a un sur un million, résume Chick Maley. Ça s’est vu dès le premier jour. Il a un style tellement différent et sa progression a été fulgurante. Mais il y a seulement une petite poignée de types dans toute la GrandeBretagne qui peuvent vivre de leur talent. Vous entendez beaucoup de gamins qui disent : “Je veux trouver un sponsor et me tirer de l’école.” Ils ont surtout besoin d’une bonne éducation et c’est de notre responsabilité de les conduire dans cette voie. Là, il y a du boulot ! » L’entêtement de Kyle a payé. Il partage aujourd’hui sa vie entre voyages et tournages vidéo. « Je ne sais pas combien de temps je resterai ici, confie-t-il. Jason et moi envisageons de prendre un appartement ensemble. Mais pour être franc, je le regrette déjà. Au “23”, je roule quand je veux. Je peux me réveiller et sauter sur mon vélo, je peux faire la fête avec tous mes amis. J’y ai vraiment tout ce qu’on peut désirer. » À 3 heures du matin, cette nuit-là, le Hall 1 est enfin déserté par les riders partis se coucher ou assis dans le salon pour boire une bière. Seuls Kyle et Phelan sont encore sur la piste, pour apprivoiser les nouvelles rampes. « Il est le meilleur, jure Phelan. Qui d’autre peut réaliser ce que Kyle fait ? » La restauration du Hall 1 marque le dixième anniversaire de l’ouverture de l’Unit 23. Cela fait aussi dix ans que Kyle a découvert le BMX. Beaucoup de choses ont changé pour lui depuis cette date, d’autres non. À la réception d’une figure, il passe en souriant. Comme d’habitude. Du moment qu’il est sur un vélo, il est heureux. Plus sur www.unit23skatepark.co.uk
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NEW YORK
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EN MATIÈRE DE FOOTBALL, GÉRARD HOULLIER MET LA BARRE TRÈS HAUT
« NOTRE OBJECTIF ?
GAGNER, SÉDUIRE ET FORMER ! » Nommé l’été dernier à la tête de la division foot du monde de Red Bull, Gérard Houllier entend apporter sa vaste expertise. The Red Bulletin a rencontré le dernier entraîneur français champion de France avec deux clubs différents. Entretien. Textes : Christophe Couvrat
Photos : Denis Rouvre
RED BULL
GHANA 59
CINQ MAJEUR L’ACTIVITÉ FOOTBALL DU MONDE DE RED BULL EST COMPOSÉE DE TROIS CLUBS ET DEUX ACADÉMIES
LEIPZIG
ALLEMAGNE
NEW YORK ÉTATS-UNIS
SALZBOURG AUTRICHE
SOGAKOPE GHANA
SÃO PAULO BRÉSIL
NEW YORK RED BULLS
FC RED BULL SALZBURG
RB LEIPZIG
RED BULL GHANA
La vitrine de l’entité « football » du monde de Red Bull. Anciennement MetroStars dans les années 90, la franchise de New York est estampillée Red Bull le 9 mars 2006. Le premier but de l’histoire de ce « nouveau » club est inscrit par… Youri Djorkaeff le 2 avril 2006 sur la pelouse de DC United à Washington. Depuis, Thierry Henry a rejoint la franchise avec une seule ambition : le titre de champion.
En 1933, la fusion des deux clubs de Salzbourg, le FC Hertha et le FC Rapid, ouvre la voie au SV Austria Salzburg. Dans les années 90, Oliver Bierhoff ou Thomas Hassler portent le maillot de l’équipe. C’est en 2006 que Red Bull s’approprie l’Austria. Giovanni Trapattoni est propulsé sur le banc. Depuis, l’Italien est parti et le FC Red Bull Salzburg a été sacré champion à quatre reprises.
Né le 13 juin 2009, le club est aujourd’hui en 4e division mais bat des records d’affluence comme le 2 septembre dernier lorsque 24 795 spectateurs se pressent dans les gradins de la somptueuse Red Bull Arena pour le derby face au Lokomotive Leipzig. Sous la houlette de l’expérimenté duo Ralf Rangnick-Ulrich Wolter, Red Bull Leipzig est amené, un jour, à évoluer en Bundesliga.
L’académie est inaugurée en septembre 2007 sur les ruines de la Soccer School Lavantal, basée à Sogakope dans la région de la Volta. Quatre dortoirs flambant neufs, trois terrains synthétiques et un gymnase voient le jour. En 2010, un premier joueur formé au centre s’envole pour Salzbourg puis intègre l’équipe première l’année suivante. Il s’agit du milieu de terrain Felix Adjei.
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RED BULL BRASIL C’est le 5e et dernier élément « foot » du monde de Red Bull. Lancé le 19 novembre 2007, le club Red Bull Brasil est passé de la 4e à la 2e division du championnat régional de São Paulo. L’ambition est nationale. 72 joueurs de moins de 20 ans profitent des installations de Jarinu (quatre terrains de jeu, un restaurant et une salle de gym). L’équipe joue au stade Moisés Lucarelli de Campinas.
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PHOTOS : GETTY IMAGES/RED BULL CONTENT POOL, GEPA PICTURES/RED BULL CONTENT POOL (2), ANN CHRISTIN CORDES/RED BULL CONTENT POOL, MARCELO MARAGNI/RED BULL CONTENT POOL
amais Gérard Houllier n’avait été coaché de la sorte. Photographe ultra renommé, portraitiste né, Denis Rouvre muselle oralement l’ex-sélectionneur des Bleus et ancien entraîneur de Lens, du Paris SG, de Liverpool, de Lyon et d’Aston Villa de ses obligations pour papier glacé. Dans son studio parisien, Rouvre mouille sa chemise et Houllier fait son match, hilare. : Racontez-nous votre première prise de contact avec la galaxie Red Bull… : En voyant que je ne m’étais pas engagé dans un club, Thierry (Henry, ndlr) a pensé que je pouvais donner un coup de main à l’équipe des New York Red Bulls. Thierry a alors demandé à son agent, Darren Dein, de prendre contact avec M. Mateschitz (fondateur et PDG de Red Bull, ndlr). Et un jour, alors que je ne m’y attendais pas, j’ai reçu un coup de fil de Tina, son assistante. C’était au printemps dernier. Vous rencontrez ensuite Dietrich Mateschitz… C’était un peu atypique. L’endroit ne ressemble en rien à un bureau classique de PDG. Il était entouré de ses bras droits, Volker Viechtbauer et Walter Bachinger. Ce qui m’avait frappé ce jour-là, c’est que je l’ai vu arriver en moto, enlever son casque, saluer la standardiste, la réceptionniste de Hangar-7 (situé sur l’aéroport de Salzbourg, ce hangar design regroupe la flotte des Flying Bulls ainsi qu’une collection de monoplaces de F1, ndlr). Un quart d’heure plus tard, je me retrouve face à lui, un homme habillé en jeans, simple et accessible, possédant énormément de charisme. Au bout de quelques minutes d’échanges, vous avez envie de travailler pour lui. Il vous donne confiance, crée un environnement, une atmosphère qui fait que vous vous sentez tout de suite à l’aise. Il reste également très attentif au fonctionnement et au succès des opérations liées au foot. Quelle était votre idée de Red Bull ? J’étais fasciné et curieux, en même temps flatté de rencontrer M. Mateschitz. Je dois d’abord dire que, pour moi, Red Bull est synonyme de qualité et de recherche de l’excellence. Rien n’est laissé au hasard. Premièrement, tout ce qu’entreprend M. Mateschitz est toujours fait à fond. Clarté, transparence, pas d’embrouille, pas de loup caché, ça me plaît bien. La qualité comme credo, « to be the best » (sic). Deuxièmement, il y a cette prise de risques, d’aventures, qui va bien avec le sponsoring des sports extrêmes, même si ce sont des risques calculés. Tout ce qui est issu de
l’esprit d’initiative, de la différence, correspond à la marque. Troisièmement, la créativité et l’innovation doivent être présentes dans le foot. On se doit d’être offensifs, « entertaining », ce qui ne veut pas dire qu’on se déséquilibre ! Quatrièmement, la marque est principalement orientée vers les jeunes. Ce critère tient avant tout de la personnalité de M. Mateschitz. Red Bull aime prendre et accompagner un sportif qui va devenir champion du monde, comme avec Sebastian Vettel (l’Allemand a intégré la filière Red Bull à 12 ans, ndlr). D’où l’importance des académies ! Cinquième et dernier point, l’énergie contrôlée. Je fonce tout en gardant le contrôle. Enfin, j’ai perçu beaucoup de fierté et d’admiration de la part des gens qui travaillent pour Red Bull. Quelle a été la nature exacte de votre discussion avec Dietrich Mateschitz ? Je lui ai tout d’abord exprimé mon souhait de ne plus entraîner. Ensuite, je lui ai exposé comment je pourrais aider dans le cadre d’un audit des trois clubs et des deux académies. Je lui propose, dans la foulée, de me rendre sur place. On me conseille de commencer par New York et Salzbourg. Je peux faire l’audit au niveau sportif mais j’ai besoin de quelqu’un pour m’épauler sur la partie « business et organisation ». Je soumets le nom de David Dein (ancien chairman du club anglais d’Arsenal, ndlr). J’organise un rendez-vous avec M. Mateschitz. Le courant passe bien entre David Dein et M. Mateschitz. On termine l’audit fin 2012. Les rapports détaillent le fonctionnement, les points forts, les points faibles et proposent un certain nombre de recommandations en vue d’amélioration et de recherche de performance.
« AU PLUS HAUT NIVEAU, IL FAUT GAGNER AVEC STYLE » Quels sont les objectifs de la partie football d’un empire comme Red Bull ? Le principal est avant tout de respecter la culture du pays : Brésil, Autriche, États-Unis… Il faut aussi déterminer une philosophie de jeu. Au plus haut niveau, il faut gagner avec style, tout en divertissant. C’est très important. À Salzbourg, l’objectif est de parvenir à intégrer les phases de groupes de la Ligue des Champions régulièrement. 61
LA PREUVE PAR TROIS EN FRANCE COMME À L’ÉTRANGER, HOULLIER A TOUT CONNU
1986
PARIS, LA CONSÉCRATION C’est en 1986, au terme d’une invincibilité de 26 matchs et sous la houlette de Gérard Houllier que le PSG est sacré champion de France pour la première fois de son histoire. « J’ai pensé aux deux Francis, mon père et Borelli, et à ma mère qui nettoyait mes affaires de foot quand j’étais gamin. »
1998
RED DINGUE DE LIVERPOOL L’histoire d’amour dure six ans et se finit bien : « En 2001, on gagne cinq trophées dont la Coupe de l’UEFA (face à Alaves 5-4 a.p., ndlr) après avoir sorti la Roma, Porto et Barcelone ! Luis (Fernandez, ndlr) et moi sommes les deux seuls entraîneurs français à avoir gagné une Coupe d’Europe. En plus, cette année-là, Michael Owen s’empare du Ballon d’Or. Quand un de tes joueurs décroche cet honneur, tu te dis que tu l’as fait progresser. »
2005
CŒUR DE LYON En 2005, Jean-Michel Aulas cherche un successeur à Paul le Guen. Le nom de Gérard Houllier sonne comme une évidence. Retour sur un banc en France : « Nous avons gagné avec panache et style quatre trophées en deux ans, dont deux titres de champion de France avec 15 points d’avance à chaque fois (15 puis 17, ndlr). Gagner un titre est bien plus dur qu’on ne le pense... »
Comment concevez-vous le fonctionnement d’un club estampillé Red Bull ? Il est souhaitable qu’il y ait un boss pour le business et un autre pour le football. Le premier est responsable de l’administratif, du commercial et du financier. Le second est responsable de tout ce qui touche au concept sportif. Il supervise l’académie, les entraîneurs de jeunes, l’équipe médicale et l’équipe première. C’est un directeur sportif. Un peu comme à Liverpool finalement… Oui, j’ai bien connu ça en Angleterre. Ces deux personnes sont au même niveau. Elles doivent travailler dans la même direction, main dans la main. Cela est essentiel. Le secrétaire général ne doit pas décider du recrutement et en même temps du merchandising et des sponsors. Par exemple, à Red Bull Brasil (club qui évolue dans le championnat régional de São Paulo, ndlr), il y a un directeur général et un directeur sportif pour les jeunes et l’équipe première. Au Brésil, la moitié des joueurs de l’équipe doit, à terme, être issue de l’académie. À New York, nous avons nommé deux personnes : Jérôme de Bontin, directeur général (ancien président de l’ASM Monaco entre 2008 et 2009, ndlr) et Andy Roxburgh (ex-sélectionneur de l’Écosse et directeur technique de l’UEFA, ndlr) en tant que directeur sportif. Ce binôme doit être complémentaire, sans intrusion ni ingérence. La touche « Houllier » est-elle déjà effective ? L’idée est que les cinq unités fonctionnent de manière collective et non plus individuelle afin qu’il y ait une réelle synergie entre elles, avec un cachet propre à la marque. Par exemple, le 1er octobre dernier, M. Mateschitz a tenu à ce que chacune des présentations du business plan 2013 se fasse devant les quatre autres entités football, ce qui a été une première. Il y aura désormais beaucoup plus de communication. Il y a bien sûr des objectifs sportifs. On veut gagner la MLS (Major League Soccer, championnat des États-Unis, ndlr). Là, ça fait trois fois qu’on touche aux play-offs sans aller plus loin. À un moment ou à un autre, on doit être plus compétitif. Il faut du temps, de la stabilité, de la continuité. C’est ce qui a manqué jusqu’à présent. Notre attitude doit correspondre aux valeurs Red Bull. C’est mon objectif. C’est ça le haut niveau. Que représente la marque Red Bull pour un athlète ? Lorsqu’un joueur ou un athlète rejoint la famille Red Bull, il est sûr d’y recevoir loyauté, soutien, une atmosphère de travail amicale et des moyens financiers. En contrepartie, il doit faire preuve de
professionnalisme et de rigueur. Il doit être prêt à accepter un diagnostic général qui lui permettra de fixer ses limites. À dépasser ou non. Dans ce domaine, le Red Bull Diagnostics & Training Center de Thalgau, en Autriche, est un formidable centre ultra moderne d’aide à l’optimisation de la performance. Nous devons inculquer cela aux jeunes. Qu’ils aient cette notion de qualité, de professionnalisme en tête, d’être concentrés, bien préparés, avec de la technique et de la vitesse. New York par exemple, est une ville qui vibre, qui vit à 100 à l’heure. Le style de l’équipe doit refléter cela. FC Red Bull Salzburg et les Red Bulls de New York sont les clubs phares de mon programme. Vous visez le titre en MLS d’ici à deux ans… En football, le succès ne se programme pas, il se prépare. Le plus gros potentiel n’est-il pas Leipzig finalement ? M. Mateschitz a pensé l’avenir. Dans un stade utilisé pour la Coupe du monde 2006, Leipzig tourne avec 8 000 spectateurs de moyenne en 4e division ! Un mot sur le foot français. Didier Deschamps est-il l’homme de la situation à la tête des Bleus ? Oui, malgré son jeune âge il a beaucoup d’expérience. Il mène bien sa barque. J’aime son bon sens.
« EN FOOTBALL, LE SUCCÈS NE SE PROGRAMME PAS, IL SE PRÉPARE » L’écart de conduite de cinq joueurs de l’équipe de France Espoirs est-il impardonnable ? C’est un grand regret car ça aurait été intéressant de les voir à l’Euro se frotter aux grosses équipes. Cette erreur nous a beaucoup nui. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’efforts à faire pour faire évoluer les mentalités et les attitudes. Qu’est-ce qui a changé dans ce sport ? Les relations parents-enfants, prof-élèves, entraîneur-joueurs ont changé. Il faut s’adapter. Dans le cas des Espoirs, c’est une faute professionnelle, pas une erreur de jeunesse. Quand il y a faute, on paie. Les sanctions sont totalement justifiées. Dans l’affaire qui nous intéresse, la plus grosse sanction est de ne pas s’être qualifié. Plus sur www.redbulls.com
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R E D B U L L Y O U T H A M E R I C A’ S C U P
Allure. Les jeunes allemands carburent à bord de leur AC45 dans la baie de San Fransisco. Le vrai défi sera le passage à l’AC72.
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L a R e d B u l l Yo u t h A m e r i c a ’s C u p r é v o l u t i o n n e l e s codes de l'épreuve mère. En septembre prochain, dans la baie de San Francisco, l'enjeu sera énorme. Av e c l e s m ê m e s c a t a m a r a n s u l t r a m o d e r n e s e t l e s m e i l l e u r s b a r r e u r s , l ’é l i t e d e s f u t u r s n a v i g a t e u r s détiendra la clé pour accéder au sommet. Reportage sur le plan d'eau lors des régates de sélection. TEXTE : Ann Donahue PHOTOS : Balazs Gardi
R E D B U L L Y O U T H A M E R I C A’ S C U P
Dans les premières lueurs du jour qui balaient le dock 80, à San Francisco, l ’a t m o s p h è r e est paisible. Les lions de mer émergent d’entre les immenses grues du quai puis se laissent choir à nouveau dans l’eau du port. Ces monstres d’acier censés transvaser le gravier, symbole de l’époque du « toutindustrie », dorment encore. À 9 heures, les équipes engagées dans les sélections de la Red Bull Youth America’s Cup (RBYAC) s’extraient des camionnettes qui sont venues les cueillir, un peu plus tôt à leur hôtel. La paix du quartier coloré de Cannery Row est rompue par les rires, les va-et-vient, les plaisanteries pleines d’amitié et la pop eighties, solidement remixée. Le trouble au silence public est provoqué par les équipes du RBYAC, toutes composées de jeunes hommes de 19 à 24 ans. Dans deux heures, ces jeunes marins s’emploieront dans les eaux moutonneuses et froides de la baie de San Francisco, secouées par des vents de 40 à 60 km/h. À bord de catamarans de 45 pieds, lancés les uns contre les autres, les uns à côté des autres, dans des manœuvres qui se jouent au centimètre. De la puissance de la voix des transmetteurs d’ordres dépend la survie et le succès de ces machines à deux coques qui pèsent 1,3 tonne et qui sont 66
catapultées par un plan de voilure de la taille d’un appartement. La Red Bull Youth America’s Cup a été conçue par deux marins autrichiens, Hans-Peter Steinacher et Roman Hagara, doubles médaillés d’or olympique de voile en catégorie tornado. Depuis toujours, la Coupe de l’America a souffert d’être inaccessible à la majorité des impétrants s’ils n’étaient pas richissimes, champions olympiques ou « fils de ». Pour que cela change, il a fallu des connexions complices de plusieurs yacht-clubs réservés à ces fils à papa.
Avec le RBYAC est donc né un processus de sélection plus facile à intégrer et plus égalitaire pour favoriser l’émergence de projets de haut niveau dans lesquels se retrouvent les meilleurs navigateurs et entraîneurs. En février dernier, des équipages formés de jeunes marins de douze pays différents ont participé à ces sélections. Cinq se sont qualifiés pour la finale, qui aura lieu le 14 septembre ici, à San Francisco, en même temps que la finale de la Coupe de l’America. Les sélections avaient pour but d’initier ces équipages à la dramaturgie et THE RED BULLETIN
Matinales. Les équipes sont réunies sur le dock 80 avant de s’approprier la salle de gym du team Oracle (ci-dessus). « Ils vont assimiler en une semaine plus de choses qu’en quatre ans de formation classique », confie le co-directeur de l’épreuve et double champion olympique de tornado, l’Autrichien Hans-Peter Steinacher.
à l’intensité de la Coupe de l’America. Mêmes programmes de préparation physique, même quête de performance vélique sur les petits catamarans AC45, en attendant que les vrais multicoques de 72 pieds prennent le relais. Les équipes ont été jugées sur leurs capacités de navigation, la forme physique et leur professionnalisme. Steinacher : « Ils vont apprendre plus que ce qu’ils auraient pu apprendre ailleurs, en trois ou quatre ans de formation classique. » Les AC45 sont prêtés par des équipes de la Coupe de l’America mais l’engage67
Compétition à l’ombre du mythique Golden Gate Bridge.
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« C’EST LA C O N C R É T I S AT I O N DE TOUS MES RÊVES EN UNE SEULE FOIS » W i l l T i l l e r, S k i p p e r d u Te a m F u l l M e t a l Jacket Racing ment et les prises de risques sont le fait des jeunes équipages de la Youth. Matt Whitehead, 19 ans, est le skipper de l’équipe sud-africaine i’KaziKati : « Venir ici et se frotter à ce qu’il faut maîtriser pour devenir un marin professionnel, c’est une expérience exceptionnelle, racontet-il. Il n’y a pas de mot pour décrire ce que cela représente pour nous. » aniel Bjørnholt Christensen, 18 ans, est le capitaine des Danish Youth Vikings. Pour lui comme pour les autres, la semaine a été très éprouvante. Son équipe s’est jetée sur les burritos juste avant d’attaquer une séance physique dans le gymnase aux allures de salle de tortures de l’équipe américaine, Oracle Team USA, détentrice de la Coupe de l’America. Ce n’était pas de simples burritos, mais des sandwichs XXL, le standard américain. Voire plus si l’on en croit le geste de Daniel qui mime un truc de la taille d’un porte-avions. Après une âpre séance de vitesse au winch, le burrito s’est révélé être une mauvaise idée. « On était encore un peu fatigués, mais ça allait, jusqu’à ce que l’un de nous commence à vomir. Puis un autre et encore un autre… » Des Sud-Africains et des Danois présents à la Coupe de l’America, cela est rare. Il n’y avait qu’une couveuse comme THE RED BULLETIN
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R E D B U L L Y O U T H A M E R I C A’ S C U P la Youth pour faire batifoler dans ces jeux-là d’autres nations que la NouvelleZélande, les États-Unis ou la Suisse, à qui n’échappe aucune victoire depuis 26 ans (victoire de l’équipage australien Kookaburra III en 1987 face aux Américains Stars and Stripes, ndlr). La diversité des origines des équipages – on y retrouve aussi des Argentins et des Portugais – c’est le miracle permanent de la RBYAC. Le Néo-Zélandais Russell Coutts est l’une des légendes de la Coupe de l’America. Quatre fois vainqueur de l’aiguière d’argent, il est aujourd’hui le patron de l’équipe américaine Oracle Team : « C’est exactement ce dont la Coupe avait besoin, dit-il fou d’enthousiasme. Jusqu’à présent, elle était le paradis de la voile mais il n’y avait aucune voie pour y accéder. » La RBYAC squatte le dock où Oracle Team USA a établi le hangar dans lequel se construit son catamaran AC72, un gigantesque multicoque de 22 mètres. C’est la première fois que la classe professionnelle de la Coupe de l’America
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« I L N ’ Y A PA S D E M O T P O U R D É C R I R E CE QUE CELA REPRÉSENTE » M a t t W h i t e h e a d , S k i p p e r d u Te a m s u d - a f i ’ K a z i K a t i
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Marathon. Douze équipes se disputent le ticket pour la finale de la Red Bull Youth America’s Cup prévue en septembre. Six d’entre elles s’affrontent la première semaine, six autres la suivante. Pour se qualifier, il faut venir à bout de trois journées de compétition, à raison de six courses par jour. Une rude mise à l’épreuve pour ces jeunes matelots.
va se battre sur ce type si particulier de catamarans. Ces deux coques, d’une longueur de 72 pieds, ressemblent à une griffe qui menacerait l’océan. L’aile rigide, constituée de dix volets réglables indépendamment, défie le vent. Alors qu’ils sont en briefing, les gamins regardent par la fenêtre l’AC72, remis à l’eau précautionneusement par une grue portuaire. Jonas Schagen, 23 ans, est régleur pour l’équipe suisse Tilt. Il s’émerveille d’être là : « Quand j’étais jeune et que je regardais la Coupe de l’America, je voulais faire partie de cette élite. Je m’en rapproche, mais je sais tout le travail qu’il me reste à faire pour gravir ce dernier échelon. Les AC45 sont des jouets comparés à ce bateau. » Tous ces jeunes ambitionnent d’être remarqués par les grandes nations participantes de la Coupe. Pour être de la prochaine édition en septembre 2013, voire dans deux ou trois ans. La RBYAC, elle, s’est donnée comme mission de faire THE RED BULLETIN
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de ces régatiers des compétiteurs rapidement opérationnels, en faisant partager les ficelles du métier. Philipp Buhl a 23 ans, il est le skipper de l’équipe allemande STG/VNR : « Quand j’ai vu apparaître les premières photos de l’AC72, je me suis frotté les yeux tant ce bateau est surréaliste. Là, depuis deux jours, nous avons la chance de visiter la base et de suivre l’équipe à terre américaine. Elle travaille de 7 heures à 19 heures, six jours sur sept, avec un très grand professionnalisme. » Outre les cinq équipes retenues grâce aux sélections, cinq autres, chaperonnées par les grands teams de la Coupe, ont l’assurance de disputer la finale, en 72
septembre. Charlie Buckingham est le skipper de Team USA45 Racing, biberonné par Oracle. Après deux jours de régates en février, il a passé des tests physiques, avant de se voir propulsé sans filet sur l’AC45. « Ils nous ont remis les clés du bateau, nous ont donné quelques points de repères et nous ont envoyés à l’eau. Je crois qu’ils avaient envie de voir comment nous allions comprendre les choses par nous-mêmes. » Le résultat ? « Tout se passe bien si nous faisons tous notre boulot correctement. C’est le cas. Nous avons réussi à garder le catamaran droit ! Notre objectif était de ne pas forcer l’allure pour ne pas casser le bateau et devoir partir au bout de deux jours. »
Double. Afin de varier les plaisirs, les sélections se déroulent dans la baie de San Fransisco à l’est d’Alcatraz et dans celle d’Oakland. THE RED BULLETIN
« IL NOUS RESTE À DIGÉRER LE FOSSÉ QUI S É PA R E L A T H É O R I E D E L’ E X P É R I E N C E » H a n n i S o h m , b a r r e u r d e l ’é q u i p e a u t r i c h i e n n e our J. L’heure des Selection Series a sonné. Les équipes tentent de dompter leur trac en jouant à un jeu de F1 sur une console. « L’Australie n’a pas disputé la Coupe de l’America depuis des années, témoigne Jason Waterhouse, 21 ans, de l’équipe Objective Australia. C’est l’occasion de montrer que nous sommes sérieux. L’AC45 est le meilleur bateau, doté de la meilleure technologie et piloté par les meilleures équipes et les meilleurs jeunes marins au monde. Nous allons faire de notre mieux pour proposer un grand spectacle. » Les catas sont mis à l’eau juste avant midi. Maîtriser ces bateaux demande force et agilité. C’est encore plus compliqué pour des gamins qui n’ont que ces quelques jours de sélection pour se faire la main. « Il y a eu beaucoup de travail en amont, assure Hanni Sohm, 23 ans, barreur de l’équipe autrichienne. Nous avons étudié des vidéos, interrogé ceux qui avaient déjà navigué sur un AC45. Il nous reste à digérer le fossé qui sépare la théorie de l’expérience. » Sur l’eau, c’est du brutal. À cause de la puissance des catamarans, qui multiplie la vitesse du vent, chaque bord tiré est une cavalcade, chaque manœuvre tient de la voltige. « Ce qui est fondamental, raconte James French, 20 ans, skipper de THE RED BULLETIN
l’équipe Youth Challenge GBR, c’est que chaque geste soit fait à grande vitesse. Si vous pensez à ce que vous devez faire, c’est déjà trop tard ». Au terme de ces sélections, les cinq équipes choisies par le tandem SteinacherHagara, les deux directeurs de la Red Bull Youth America’s Cup, sont Full Metal Jacket Racing (Nouvelle-Zélande), Objective Australia, STG-NRV Youth Team (Allemagne), Team Tilt (Suisse) et Roff/ Cascais Sailing Team (Portugal). Cette dernière a su convaincre après avoir failli chavirer dès le premier jour. Les choix à faire ont été d’autant plus durs qu’il ne fallait sélectionner que cinq équipes, en raison du nombre d’AC45 disponibles. Pour les équipages retenus, c’est la réalisation d’ambitions qu’ils ne caressaient même pas il y a un an. La présence de Will Tiller, Néo-Zélandais de 23 ans, capitaine de la Full Metal Jacket Team, résume à elle seule la taille de la porte d’entrée qu’ouvre la RBYAC. Depuis qu’il est né, et à l’exception des deux duels (les « DoG Match ») qui ont perturbé l’histoire récente de la Coupe de l’America (1988, 2010), sa nation a toujours participé (deux titres). « Être ici pour apprendre ce qu’est la Coupe de l’America, c’est la concrétisation de tous mes rêves en une seule fois. » Plus sur www.americascup.com
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Ruben, R u b e n , tumitonness e n n o t i m
!
Dans un pays où l’oignon fait la force, Ruben Sarfati, 20 ans, se taille une place au soleil. Ce jeune prodige de la cuisine française détonne. Ici, Ruben squatte Les Portes, rue de Charonne à Paris, le resto d’Alain et Mounia. Textes : Christophe Couvrat Photos : Christoph Voy
À
le voir, on le prendrait facilement pour un jeune premier, fashionista à ses heures, tout juste sorti du cocon familial. En un mot, le look d’un ado prépubère. Cheveux ébouriffés, jean ultra-slim, chaussures en cuir dont la pointe n’a d’égal qu’un pointu de Tony Vairelles, scooter en vrac à force de supporter les cageots de fruits et légumes, Ruben Sarfati est comme ça. Sa vie virevolte entre coups de fourchette et projets en tous genres : « Récemment, je suis allé en Guadeloupe pour une bar-mitsva, explique-t-il. Il y avait 75
500 personnes. Un container avec toute la nourriture était parti de Paris. » La vie de Ruben Sarfati mijote au gré de son planning. L’homme est un ouragan. À tout juste 20 ans, Sarfati est pressé de tout goûter, de tout tenter. Ça ne date pas d’hier. Petit, il a un côté très « intello ». Le gamin touche à tout (pêche, natation…) et adore la perfection. Et la cuisine alors ? L’envie de littéralement « faire à manger » se dessine. La faisabilité de la chose ou plutôt des aliments, dans le sens artisanal, les mains dans le cambouis, la pâte en l’occurrence, cette découpe hachée menu pour la famille et les amis : « J’avais 14 ans lorsque j’allais à la rencontre de vendeurs et producteurs de tous horizons, lâche-t-il. Aussi, les jeunes qui démarchent directement les chefs pour décrocher un stage au sein de leur cuisine sont peu nombreux… » Laurence, sa mère, se souvient de ces moments où Ruben veut grandir plus vite que les autres : « Je l’accompagnais à Rungis à 5 heures du matin puis à ses cours à 8 h 30. Il était aux fourneaux la nuit pour nous laisser une cuisine plus ou moins potable dans la journée. Mais, alors, l’odeur du gibier à 3 heures du matin, ça décoiffe ! »
uben a 15 ans quand un fin gourmet, épicurien et proche de la famille, lui lance un défi : concocter un lièvre à la royale. La barre est haute. Sous les yeux interloqués de ses proches, il parvient à franchir l’obstacle. Avec brio. La suite ? Inscription sur un coup de tête au Championnat de France de cuisine amateur, une retentissante victoire à Un dîner presque parfait et un passage obligé à Top Chef. Ce n’est qu’un début. Depuis ces deux émissions, Ruben Sarfati a un emploi du temps de ministre. L’activité est florissante. L’agenda de sa société RSCuisine déborde deux mois à l’avance : « Aujourd’hui, mes amis de collège et de lycée qui sont en prépa ou en médecine ont des préoccupations purement étudiantes : faire la fête, draguer les filles, se plaindre souvent… » Très tôt propulsé dans le monde des chefs d’entreprise, Ruben débite au détail : « Gérer ma société, travailler sept jours sur sept, été comme hiver, en parallèle de l’école, apprendre la comptabilité, avoir un œil sur les impôts, le recrutement », mitraille-t-il avec ce regard qui en dit long sur une détermination chevillée au corps. 76
Jamais sans mon deux-roues. Dans les rues de Paris, Ruben trimballe sa vie sur son scooter.
« J’avais 14 ans lorsque j’allais à la rencontre de vendeurs et producteurs de tous horizons » Le plus gratifiant ? « Quitter chaque soir ses hôtes heureux après un vrai dîner de partage. » Ah, oui, l’école… Bac S avec mention en poche, l’ado Sarfati opte pour la gestion hôtelière. Vingt-sept heures de cours hebdomadaires qui s’ajoutent à son activité professionnelle. Il n’en a que faire et assume. De toute façon, la route vers la Nouvelle-Zélande est encore longue.
Après avoir dopé son carnet d’adresses et travaillé dans plusieurs restaurants de la place de Paris pour « apprendre principalement sur la mécanique de cuisine, travailler en brigade, gérer un poste et des équipes », Ruben voudrait poser sa fusée au pays des All Blacks. Il s’explique : « En Nouvelle-Zélande, la cuisine se fait en direct. En raison de sa culture, de son agriculture et de sa croissance, cela semble être la destination parfaite. » Décidément, cette fusée semble bien lancée. Quel est son moteur ? Ruben Sarfati part du postulat suivant : « Dans mon métier, c’est la méritocratie qui domine. On réussit grâce à ce qu’on fait et non parce qu’on est quelqu’un. Du moins, cette deuxième solution est éphémère ! La pérennité ne s’acquiert que grâce à des clients conquis. » Plus sur www.ruben-cuisine.fr THE RED BULLETIN
PHOTOGRAPHIÉ AU RESTAURANT LES PORTES, PARIS
R
Aux Portes, rue de Charonne à Paris, Ruben embrase l’assistance.
MA RECETTE
OPÉRATION SÉDUCTION BY RUBEN Le printemps est là. Afin de célébrer dignement la saison des fleurs et des amours, Ruben vous a spécialement concocté une recette à savourer à deux. Si vous souhaitez régaler votre moitié, dégainez vos ustensiles de cuisine !
« Dans mon métier, la méritocratie domine »
Coquilles Saint-Jacques rôties et leur garniture printanière (pour 2 personnes) Préparation : 15 minutes Cuisson : 10 minutes Budget : 10 à 20 € Les Saint-Jacques : 10 noix de Saint-Jacques (idéalement achetées en coquille et décoquillées) 20 g de beurre Romarin Fleur de sel Piment d’Espelette
Le crémeux de petits pois : 700 g de petits pois frais (en cosses) 20 cl de lait entier 10 cl de crème liquide 5 g de beurre 1 échalote
Écossez les petits pois en conservant les cosses. Faites bouillir le lait et la crème avec les cosses pendant 5 minutes. Dans un sautoir, faites revenir l’échalote avec les petits pois (en conservant une cosse pour le dressage). Une fois un peu colorée, mouillez avec le lait et la crème filtrée, et laissez cuire quelques minutes. Mixez finement et rectifiez l’assaisonnement. La réduction d’oranges sanguines : 1 kg d’oranges sanguines. Récupérez le jus, filtrez et réduisez-le sur feu moyen jusqu’à l’obtention d’une consistance sirupeuse. Mettez de côté.
Les asperges grillées : 6 asperges vertes 2 cuillères à soupe d’huile d’olive 20 g de gingembre 2 gousses d’ail
Épluchez les asperges et coupez le dernier tiers de la tige. Dans une poêle, mettez l’huile d’olive, l’ail en chemise, le gingembre grossièrement haché et les asperges. Salez et laissez cuire trois minutes environ sur feu moyen.
Ruben Sarfati peut voir venir. Son deuxième livre de recettes va bientôt paraître.
THE RED BULLETIN
Finitions et dressage : Faites chauffer une poêle avec le beurre. Dès que le beurre est noisette, ajoutez les SaintJacques et laissez-les une minute sur chaque face. Ajoutez au dernier moment quelques petits pois crus. Débarrassez
sur un papier absorbant, ajoutez la fleur de sel et le piment d’Espelette. Dressez d’abord le crémeux, puis 3 asperges pour donner du volume, et les Saint-Jacques. Terminez en perlant avec la réduction pour apporter du peps à l’ensemble.
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LA NOUVELLE VIE DE
YOUSSOU NDOUR MINIST R E DU TOUR ISM E E T D ES LO I S I RS D U S É N ÉG A L , YO USSO U N D O UR N ’ EN G A RD E PAS MO IN S L E C O N TACT AV EC L A S C È N E. À 53 A N S, L E C RÉAT EUR D E LA WOR L D MUS IC EST U N H O M M E C O M BL É , À L A D O UBL E CASQ UET T E D’HOMM E POL IT IQUE E T D E C H A N TE U R . FI N F É V RIER, T HE RED BUL L ET IN A S UIVI « YOU » E N CO N C E RT, À 60 0 K I LO M È TR ES D E DA KA R. RÉC IT. Textes : Christophe Couvrat Photos : Greg Funnell
L’L
homme est de tous les combats. Depuis plus d’un quart de siècle, Youssou NDour apparaît habité par cette volonté de porter au pinacle son peuple et son pays. « You » et ses musiciens du Super Étoile de Dakar ont écumé les scènes du monde entier. Aujourd’hui, celui qui a glorifié les Lions de la Teranga et magnifié les femmes de son pays est un élément essentiel du dynamisme sénégalais. Si au pied de son nouveau lieu de travail la frénésie dakaroise bat son plein, Monsieur le Ministre reçoit, sans fard, dans son bureau du 3e étage, face à l’île aux Serpents : « Nous avons trouvé un pays dans une situation très difficile, endetté, avec beaucoup de points à éclaircir. Il faut que les Sénégalais comprennent que gérer les affaires ne veut pas dire s’enrichir, dit-il droit dans les yeux, gestuelle à l’appui. C’est un très long travail. Nous veillons à ce que ces promesses données à la population soient claires. Aussi, il faut qu’il y ait une vraie séparation entre la justice et l’exécutif. » Le ton est donné. 78
Stature. Le costume lui sied Ă merveille. Youssou NDour peut voir venir.
« LA MUS IQ UE EST MA PASS I O N . C’ EST E N M O I , ÇA N E S’O UBL IE PAS. SI J E D O IS PASS E R PA R L A C H A N S O N P O U R R É USSIR MA MISSIO N , A LO RS PO URQ UO I PAS ! »
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CREDIT:
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es dossiers s’empilent, rendez-vous et consultations s’enchaînent. L’attente est colossale. Mais le sourire reste. Ce sourire et cette voix qui ont conquis Dakar avant de se déverser sur la planète entière. Neneh Cherry, pour 7 seconds de bonheur, et Peter Gabriel ont notamment collaboré avec le Sénégalais. Youssou est né sous une bonne étoile, volontariste et avisée. « Le gamin de la medina de Dakar » n’a, somme toute, pas vraiment changé : « J’ai senti ce que voulait la majorité des Sénégalais, dit-il. Alors, je l’ai fait ! » Disqualifié de la course à la présidentielle pour d’obscures raisons politiciennes, Youssou NDour n’abdique pas et continue dans cette voie de bureaucrate qui, aujourd’hui, semble toute tracée.
RYTHME. Les djembés sont au rendez-vous et illuminent la prestation scénique de Youssou NDour.
SOLLICITATIONS. France Télévisions et la BBC ont notamment effectué le déplacement jusqu’à Mboumba.
Exit l’ancien président Abdoulaye Wade : « On a subi ces périodes de l’ancien régime (sic), souffle-t-il. Dieu merci, il y a eu le changement. » Wade avait fait sien ce fameux changement, sopi en wolof. Mais c’est Macky Sall, élu l’an dernier, qui endosse le costume de seul maître à bord. Impressionné par l’impact politique de Youssou NDour, Sall offre au nouveau ministrable deux portefeuilles gouvernementaux, la culture et le tourisme. Puis, le Président remplacera le département de la Culture par les Loisirs. Sans doute plus juste.
A
IDOLE. Aminata en transe (en haut). La foule exulte à l’apparition du ministre chanteur.
vec 700 kilomètres de côtes, dont la plupart inexploitées, le Sénégal dispose d’atouts indéniables dans sa manche. À condition que la population saisisse l’importance d’un accueil digne de ce nom et des obligations écologiques liées à un développement touristique exponentiel. Le Sénégal reste un pays en voie de développement, à fort exode rurale. « You » l’a bien compris. Comme en ce 23 février dernier, à Mboumba, dans le Fouta, région enclavée du nordest du pays située à quelques encablures de la frontière mauritanienne. « Le tourisme culturel est au moins aussi important que le balnéaire, reconnaît-il. Je ressens cette pression car les gens sont dans l’attente. Mais c’est un nouveau monde pour moi ! » Direction le nord du pays. Louga, Saint-Louis, Richard Toll, Podor puis, au détour d’une route défoncée, Mboumba pointe son petit bout de charme désuet. C’est ici que le festival À Sahel Ouvert plante la tente pour la deuxième fois. Sur les rives du fleuve Sénégal, Youssou 81
YOUSSOU NDOUR
L’H I STO I R E
L’ascension est fulgurante. Youssou NDour a une dizaine d’années lorsqu’il exerce ses premières volcalises pour le Star Band. En 1980, il fonde le Super Étoile de Dakar. Le groupe devient vite légendaire. « You » voit sa carrière décoller. Sting, Wyclef Jean, Bruce Springsteen, Tracy Chapman, Peter Gabriel, Axelle Red et, bien sûr, Neneh Cherry se joignent à ce prodige de la chanson sénégalaise qui sait, à la fois, électrifier et adoucir les foules.
« MA REN C O N T RE AV EC MA N D EL A ME PA R LE. IL EST MO N HÉRO S, C’ EST L’EX EMPL E »
NDour, Ismaël Lo et Fou Malade sont au programme. Une bénédiction pour ce village isolé de quelques milliers d’âmes. Il est 19 h 30 en ce samedi soir. Un ersatz d’alizé souffle le long des rives du majestueux fleuve baigné d’un doux coucher de soleil. « You » débarque, polo blanc, veste bleu clair. La foule, déjà nombreuse, est bien présente au moment de la balance. « Je n’y crois pas ! Il est là devant nous en chair et en os », s’exclame Babacar Diagne, venu de Golere, un des nombreux villages voisins. Les premiers cris de joie accompagnent le mbalax, le traditionnel déhanché particulièrement soutenu qui accompagne le djembé. Une heure plus tard, l’homme repart puis convie ses hôtes à un frugal repas avant de plonger dans une discussion à bâtons rompus, sous les yeux de deux ministres venus en amis : « La musique est ma passion. C’est en moi, ça ne s’oublie pas, clame-t-il, confortablement installé au milieu de ses invités. Mais je n’ai plus assez de temps 82
pour assouvir cette passion. Ce festival prône le tourisme communautaire. C’est très bien ! Et puis je dois utiliser toutes les facettes de mon nom pour réussir ma mission. Si ça doit passer par la chanson, alors pourquoi pas ! » Avalé et digéré grâce au traditionnel thé à la menthe, le méchoui requinque la troupe. À ciel ouvert. Direction les rives du fleuve pour le premier retour sur scène de Monsieur le Ministre Youssou NDour. Les techniciens s’affairent, le service d’ordre est sur les dents. 20 000 personnes attendent la star de la musique sénégalaise. Soudain, un 4×4 au loin. Peu après 23 heures, « You » est là au milieu des siens. Il est bien, dans cet élément naturel. Ses plus grands tubes embrasent la foule. Deux heures de concert rythmées par la ferveur d’un public aux anges. Retour à la maison pour une pause bien méritée avant une courte nuit et le départ vers Dakar. L’homme paraît détendu face aux caméras de
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a discussion peut durer des heures. Mais il est tard. Un nom, toutefois, illumine son visage, comme une inspiration. Celui de Nelson Mandela : « Dans ma vie, j’ai croisé des gens extraordinaires, d’une grande générosité. Ma rencontre avec Mandela me parle chaque jour dans mon travail, dans mon rôle d’activiste. Il est mon héros, c’est l’exemple. » Un exemple comme peut l’être Youssou NDour pour tous ces gamins de Dakar, Ziguinchor, Louga, Podor ou Tambacounda. Le Sénégal a son ambassadeur, le gouvernement sa figure de proue. Et « You » le mot de la fin : « Macky Sall croit au tourisme car il est facteur de développement. Wade n’y croyait pas. » THE RED BULLETIN
PHOTO : MJ KIM/GETTY IMAGES
VISION. Le ministre du Tourisme et des Loisirs du Sénégal mesure la tâche qui est la sienne.
France Télévisions et de la BBC : « Récemment, un article pointait du doigt que ma présence au sein du gouvernement était une perte pour l’art et l’activisme. Mais je crois que c’est la bonne gouvernance ! Il y a une volonté de redistribution des richesses. La priorité est donnée à l’agriculture, aux problèmes d’énergie. Les choses ne vont pas tarder à sortir (sic). De toute façon, on n’a pas le choix. Si tout cela ne va pas au bout, les gens vont dire qu’on n’a pas tenu nos promesses. » Le combat chevillé au corps. Youssou NDour comprend aussi les mutations du monde qui l’entoure : « L’Afrique représente l’avenir, insiste-t-il. Ceux qui se positionnent sur le continent aujourd’hui marquent des points. La France doit continuer à jouer son vrai rôle. Mais n’oublions pas que les pays n’ont pas d’amis, que des intérêts ! »
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Star US. Ryan Dungey est au firmament de sa carrière. L’étoile du motocross fait son numéro ce mois-ci (p. 88).
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Contenu 86 VOYAGES Jeu de pistes à New York avant la prochaine Red Bull Music Academy 88 PRENEZ LE PLI L’Américain Ryan Dungey déploie son matos 90 AU BOULOT Séance d’entraînement avec la grimpeuse autrichienne Angela Eiter 92 NIGHTLIFE Quatre pages spéciales pour profiter de la nuit sous toutes ses coutures 96 FOCUS Événements à ne pas louper en France 97 KAINRATH 98 PLEINE LUCARNE L’œil de CODB
plus
de corps d’esprit
Photo : simon Cudby/Red Bull Content Pool
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
LET’S GO !
Grand huit à New York
LE BON PLAN DU MOIS
LA MECQUE DU SON ET DES BEATS.
Voici les huit lieux cultes qui ont fait de New York LA capitale musicale. Retour vers le futur. Quel est le point commun entre l’ancêtre des clubs modernes, le studio psychédélique de Jimi Hendrix et la première soirée hip-hop au monde ? New York ! Depuis des décennies, la Grosse Pomme a la musique dans les gènes et reste, de loin, le berceau des courants actuels. Elle a aussi été chantée des dizaines de fois (Sinatra, Le plan Jay Z, etc). C’est pourquoi Manhattan, véritable West Bronx Red Bull Music Academy a musée de la musique du XXe siècle. logiquement décidé d’ouvrir ses portes dans la ville qui ne dort jamais à compter du 28 avril prochain. Pendant Harlem cinq semaines, RBMA va transformer New York en Manhattan un gigantesque festival. Découvrez ici, en avantApollo Theater première, le guide très Minton’s Playhouse complet de ce pèlerinage Chelsea Brill Building incontournable. Plus d’infos sur Red Bull Music Acadamy grâce à l’appli gratuite pour tablettes The Red Bulletin
Electric Lady CBGB Cafe Wha? The Loft 1520 Sedgwick Avenue
CBGB
315 Bowery/Bleecker St Hier : Les concerts des groupes new-yorkais Television et The Ramones accouchent du punk en 1974. Aujourd’hui : Une boutique de mode a repris les locaux en 2006. À visiter en écoutant : L’album éponyme des Ramones, le premier du quatuor sorti en 1974.
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Le seul et unique
Electric Lady
52 West/8th Street Hier : En 1970, Jimi Hendrix s’y fait construire un studio d’enregistrement au décor psychédélique. Trois semaines après l’inauguration, Hendrix meurt. Mais le studio est toujours là. Les Rolling Stones, David Bowie et les King of Leon y enregistrent des albums. Aujourd’hui : Tenté par le studio du « Voodoo Child » ? Il vous en coûtera 2 000 $ la journée. À visiter en écoutant : Jimi Hendrix, The Cry for Love.
À découvrir : l’Electric Lady Studio
Minton’s Playhouse
210 West/118th Street Hier : Dans les années 40, Thelonious Monk, Dizzy Gillespie et Charlie Parker y conçoivent le be-bop à coup de jam-sessions. Aujourd’hui : Les travaux continuent. Réouverture en juin. À visiter en écoutant : Don Byas, Midnight at Minton’s.
Thelonious Monk (à g.)
THE RED BULLETIN
Dans les seventies, le CBGB était le QG des Ramones. Ici, le groupe lors d’un concert en 1977.
PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Apollo Theater
Cafe Wha?
115 MacDougal Street Hier : Vers 1960, ce bar est le repère des poètes de la Beat Generation et des musiciens folk. En 1961, Bob Dylan, tout juste 20 ans, y donne son premier concert. Le morceau Talkin’ New York sur son premier album est un hommage au Café Wha?, il y fait référence à ses débuts quand il jouait de l’harmonica pour quelques cents. Aujourd’hui : Véritable piège à touristes, le bar ne vaut le détour que les jeudis, quand la scène est ouverte à de jeunes groupes de talent. À visiter en écoutant : L’album éponyme de Dylan, sorti en 1962.
253 West 125th Street Hier : De Ella Fitzgerald à Michael Jackson en passant par Stevie Wonder, les plus fameux artistes afro-américains y ont débuté. Aujourd’hui : Entre visites guidées et spectacles, le théâtre attire chaque année plus d’un million de visiteurs. À visiter en écoutant : James Brown, Live at the Apollo.
Ella Fitzgerald
TEXTES : FLORIAN OBKIRCHER. PHOTOS : CORBIS (4), REFLEX MEDIA, REX FEATURES, GETTY IMAGES (4), LAIF (2)
Brill Building
THE King
1619 Broadway/49th St Hier : Cet immeuble art déco a été l’une des fabriques à tubes made in USA. Entre 1958 et 1965, plus de deux cents succès en sont sortis, chantés entre autres par Elvis Presley. Aujourd’hui : Si le gardien le veut bien, il est possible de prendre des photos du hall principal. Le premier étage n’est accessible que sur RV. À visiter en écoutant : La compilation The Brill Building Sound.
1520 Sedgwick Avenue
The Loft
647 Broadway Hier : Avec le Loft, David Mancuso (non, ce n’est pas le père de la skieuse américaine Julia Mancuso) crée le club moderne. Dès 1970, ce DJ barbu y organise des soirées privées où, sur une sono sans égal dans la ville, il passe un éventail de musiques éclectiques, entre funk et soul. Il va donner une impulsion décisive à l’ère du disco et du Studio 54. Rien que ça. Aujourd’hui : L’adresse abrite un magasin de chaussures mais il arrive que David
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David Mancuso Mancuso y organise encore des soirées Loft (www.theloftnyc.com) À redécouvrir : La compilation David Mancuso presents The Loft. Un vrai bijou.
1520 Sedgwick Avenue Hier : En 1973 a lieu la première soirée hip-hop dans cet immeuble du Bronx avec DJ Kool Herc aux platines. Aujourd’hui : Une visite guidée vous livre les meilleures anecdotes (www.hushtours.com) À visiter en écoutant : The Adventures of Grandmaster Flash on the Wheels of Steel.
Red Bull Music Academy 2013 Du 28 avril au 31 mai, cette académie itinérante va poser ses valises à New York et transformer la ville en un gigantesque festival. Sont, entre autres, prévus 34 concerts, des soirées dingues et des conférences. Dont quatre rendezvous à ne pas manquer :
25 YEARS OF MASTERS AT WORK, 3 mai, Le Bain Les légendes newyorkaises de la house se relaieront aux platines de ce bar niché sur le toit du Standard Hotel. BRIAN ENO, 5 mai, Cooper Union Ce pionnier de la musique expérimentale
donnera une conférence. RBMA CULTURE CLASH, 9 mai, Roseland Ballroom Quatre équipes composées de DJ’s, de compositeurs et de producteurs s’affronteront. Programme sur www.redbullmusicacademy.com
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Métal hurlant
PRENEZ LE PLI L’INDISPENSABLE POUR LES PROS
Tout au long de la saison, l’Américain Ryan Dungey, champion de motocross, ne se sépare jamais de ses « outils » high-tech. Il a une confiance totale dans leur fiabilité. 1. Casque Fox V4 Race C’est un élément essentiel. Il a été conçu sur mesure en fibre de carbone et polystyrène. Ce casque est un petit bijou de légèreté (1,4 kg). 2. Bottes Air MX Nike 6.0 On travaille avec Nike depuis 2010. Les bottes sont en fibres de carbone recouvertes d’une mousse en caoutchouc souple. Elles me protègent des cailloux projetés par les concurrents et préviennent les entorses en cas de chute. Elles offrent toutes les sensations pour piloter. 3. KTM 450 SX-F 2013 Elle est équipée d’un châssis en acier et de l’injection électronique. La tenue de route est impressionnante. Avec son embrayage hydraulique, la boîte chauffe moins et je peux me concentrer sur la conduite. 4. Kit radio De mon casque, je ne peux pas communiquer mais les membres du team, répartis sur la piste, peuvent échanger entre eux. Si je tape trop dans un virage ou si quelqu’un tourne mieux que moi, ils le disent par radio. 5. Suspension WP-TRAX C’est un énorme amortisseur à l’arrière de la moto. Il encaisse une pression inimaginable, environ 50 à 60 % de la puissance de la moto. 6. Kit de lavage Motorex C’est une question de visibilité, notamment pour mes sponsors. On doit être propres sur la moto. D’où un bon nettoyage de temps en temps ! 7. Sac à dos Je l’ai sur moi en permanence. J’y mets mon iPod, des lunettes
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de soleil et quelques bouquins. Actuellement, je lis Unbroken de Laura Hillenbrand et La Bible. 8. Chariot-atelier ou pit-cart On y trouve quatre pneus neufs selon les options pour la course du jour. Il y a un tas d’outils électriques, dont un pistolet à air comprimé, une grosse clé en croix, etc. Sans oublier un rangement en bas pour éventuellement changer des pièces plastiques sur la moto.
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9. Pneus Dunlop À chaque course, on repart avec des pneus neufs (19˝). Celui de derrière s’use plus vite que l’autre car c’est lui qui pousse la moto. Il est davantage mis à contribution par la piste. 10. Boîte à outils Il y a là les meilleurs outils, tous parfaitement fiables. Soit plus de 250 mais les petites clés de 8 et 10 mm qui permettent de régler les manettes, les guidons ou l’arrivée des gaz est sans aucun doute la plus importante. 11. Orthèse Asterisk Fabriquée en carbone, elle est taillée sur mesure pour ma jambe. Les genouillères sont obligatoires, les orthèses, elles, constituent une protection plus efficace. On roule si vite et nos jambes sont tout le temps sorties. 12. Panneau d’affichage C’est un objet indispensable. Il me permet de communiquer avec Carlos, mon mécano, en bord de piste. Il me renseigne sur ma position, mon chrono au tour. Ça rassure le pilote qui sait où il en est. Plutôt utile en course ! Plus sur www.redbull.fr
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Non, il ne faut pas sauver le soldat Ryan. Dungey a tout l’attirail du parfait pilote de motocross. La preuve par l’image.
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TEXTE : ANDREAS TZORTZIS. PHOTO : PATRICK STRATTNER
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
L’Autrichienne Angela Eiter, 27 ans, est quadruple championne du monde d’escalade de difficulté et adepte de technique de respiration en compétition.
UNE SEMAINE DE BOULOT ÇA DONNE QUOI ?
S’ENTRAÎNER COMME UN PRO
Mission de haut vol
ANGELA EITER. La grimpeuse autrichienne, quatre couronnes mondiales, livre la recette de son succès. De la volaille grillée et un esprit souple.
« En escalade, la recette du succès se résume en un seul mot : l’adaptabilité », dit Angela Eiter, 26 ans. « On a beau répéter les prises à l’entraînement, on ne découvre la voie que le jour de la compétition. » De l’adaptabilité, la native du land autrichien du Tyrol n’en manque pas. L’an passé, elle est devenue la première à remporter quatre titres de championne du monde en escalade de difficulté (technique de progression en tête) et a décroché une 6e victoire au prestigieux Rock Master, compétition qui réunit chaque année, à Arco en Italie, les légendes de cette discipline. Côté régime alimentaire, un mélange équilibré de protéines et de glucides est conseillé. Angela : « Poulet grillé, pommes de terre bouillies et légumes verts. » Aucune contre-indication ? « Si, le sucre est proscrit. »
LES TRUCS D’ANGELA
Respirer la confiance en soi Mon préparateur mental m’a appris à inspirer profondément et à expirer lentement en pensant à l’une de mes bonnes performances passées. Avant une compétition, cet exercice me rend sereine et booste ma confiance. Côté équipement, la pointure de mes chaussures d’entraînement varie selon le type de voie à escalader. Normalement, je chausse du 37 mais je mets du 33,5, cela augmente ma sensation du mur. Mais quand une séance s’éternise, la douleur devient trop forte, je passe alors à une pointure de 35.
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LUNDI 10 heures – 14 heures : Renforcement musculaire avec tractions à la barre fixe, pompes et abdos. Puis séance de bloc (escalade sans corde sur des blocs ou murs rocheux de faible hauteur). MARDI 10 heures – 11 h 30 : Séance de bloc avec mon coach, pour travailler la technique et la puissance. 14 heures – 16 h 30 : Escalade de voies en salle, pour travailler la résistance et la puissance.
Trois séries de dix. Des séries d’abdos pour finir. VENDREDI 10 heures – 14 heures : Renforcement musculaire. Puis escalade sur mur sous l’œil attentif de mon coach, pour travailler la résistance et la puissance. SAMEDI 10 heures – 14 heures : Escalade de voies sur mur.
MERCREDI 10 heures : Une heure de footing ou deux heures de marche autour de Imst, la ville où j’habite dans le Tyrol. Vingt minutes d’étirements pour finir. JEUDI 10 heures – 11 h 30 : Séance de bloc avec mon coach. 14 heures – 16 heures : Séance de musculation centrée sur le haut du corps. Travail des biceps et des triceps, avec des charges moyennes, sur une machine à presse.
Plus sur angelaeiter.com
La vidéo de Angela Eiter en action est disponible sur l’appli gratuite The Red Bulletin ! THE RED BULLETIN
TEXTE : RUTH MORGAN. PHOTOS : ELIAS HOLZKNECHT/RED BULL CONTENT POOL, ASP RED BULL/RED BULL CONTENT POOL
AU BOULOT
Angela est catégorique. Échauffements et étirements doivent durer plus de deux minutes. Côté détente, elle choisit le Tyrol comme point de départ de splendides randonnées
Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658 - © Dustin Snipes/Red Bull Content Pool
VOTRE JOURNÉE EST UNE COURSE CONTRE LA MONTRE ?
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Nightlife La nuit ne nuit pas à la santé
Karin Dreijer Andersson et Olof Dreijer, alias The Knife
ACTION
Night Ridazz LOS ANGELES abrite des mordus de vélo, uniques en leur genre. Plusieurs fois par semaine, ils sont jusqu’à 1 500 à se retrouver pour une virée nocturne à travers la mégapole. LES PARCOURS, LES GROUPES ET LES THÈMES se décident librement. Les virées peuvent prendre l’allure d’une soirée, d’un hommage à Star Wars ou d’une procession vers une manifestation culturelle. LANCÉES EN 2004 et organisées en ligne, ces virées se déroulent sans aucun débordement, grâce à la discipline stricte observée par chacun.
NOUVEAUTÉ
Bal masqué
Plus sur www.midnightridazz.com
Après une longue absence, The Knife est de retour. Pour l’occasion, le duo électro-pop a décidé de tomber le masque. Frère et sœur, le duo suédois est passé maître dans l’art de cultiver le mystère. Sur les photos, ils ne quittent jamais leurs masques d’oiseau. Ils chantent avec effets et créent un univers sonore inquiétant. Sorti en 2006, leur album Silent Shout fut unanimement salué par la presse spécialisée qui les considérait alors comme le groupe le plus innovant de la décennie. Après plusieurs années d’absence, ils reviennent avec un nouvel opus. The Red Bulletin : Pourquoi une si longue pause ? Karin : Ce nouvel album est l’aboutissement de sept années de labeur. Et pour pouvoir réaliser mon projet solo, un break s’imposait. Pourquoi les nouveaux morceaux ont-ils
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un son plus rude ? K : Nos albums précédents étaient sortis de l’ordinateur. Là, nous avons joué avec de vrais instruments dans un style très personnel. Par exemple, un archet sur des ressorts de lit. Tympans délicats s’abstenir. La musique donne des frissons et va bien avec les masques que vous portez sur les photos… Olof : Ces objets sont une manière de questionner l’identité et la célébrité. Un masque en cache toujours un autre.
Shaking the Habitual est déjà dans les bacs. Dates de concerts sur www.theknife.net
DANDYSME
« Il n’y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit » Le mythe de Sisyphe, Albert Camus (1913–1960)
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COCKTAIL
Badly Lose Lilly Le cocktail du mois est l’œuvre d’un virtuose. Et c’est peu de le dire. Un drink qui a permis à Michael Steinbacher du Mayday Bar du Hangar-7 à Salzbourg d’être élu l’an dernier meilleur barman d’Autriche. « Je voulais créer un cocktail qui flatte les sens, précise-t-il. D’abord la vue, grâce à la palette de couleurs fournie par les ingrédients, puis le palais avec un goût oriental rafraîchissant et fruité obtenu par l’addition du fromage blanc au citron vert. »
CLUB MIDI Strada Ber˘ ariei 6 Cluj-Napoca, Roumanie Plus sur www.clubmidi.ro
PHOTOS : NME/IPC SYNDICATE, SCOTT POMMIER, CLUB MIDI (3), FOTOSTUDIO EISENHUT & MAYER
CLUB
De minuit à midi en Transylvanie Club Midi. Le meilleur club d’Europe de l’Est se trouve en Roumanie dans les locaux d’une ancienne boulangerie industrielle. Ricardo Villalobos a mixé ici. Vous avez choisi Cluj parce que… … même si ce n’est pas une ville renommée, elle attire des étudiants du monde entier et crée du coup une grande communauté festive. C’est bien connu, les étudiants aiment faire la fête. Avant d’être un club, l’endroit était… … une boulangerie industrielle. La taille du bâtiment est impressionnante et grâce
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CLUB DU MOIS
INGRÉDIENTS
PRÉPARATION
4 cl de rhum Pyrat XO 6 cl de jus de groseille 4 cl Coca-Cola 1 cl sirop Monin épicé Citron vert Glaçons Déco : fromage blanc et une feuille de kaffir
Mettre le rhum et le citron vert dans le shaker. Attendre quinze secondes puis ajouter les autres ingrédients en agitant délicatement. Sur la paroi intérieure du verre, dessiner une spirale à l’aide du fromage blanc, verser et décorer avec la feuille de kaffir.
à un éclairage important, le club est visible de loin. Le dancefloor peut accueillir jusqu’à… … mille personnes. Attenant à l’espace principal, il y a le Red Lounge (« salon rouge », ndlr) où les clients peuvent se détendre. La meilleure soirée a été celle… … de la première de Ricardo Villalobos aux platines. Il a tenu sans interruption de 3 heures à midi, les gens ne le laissaient plus partir. C’était un truc de dingue ! Et il en était ravi. La chambre d’hôtel que nous lui avions réservée n’a jamais servi. Le meilleur moment pour visiter Cluj, c’est… … au début du mois de juin. Avant le départ des étudiants et pendant le festival du film (Festival international du film de Transylvanie du 31 mai au 9 juin, ndlr).
Entretien avec Cristian Tomoiaga, Raluca Nicola, Alina Ceusan et Gabriel Aldea, les quatre propriétaires du club.
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
NIGHTLIFE Cultes. Martin Gore, Dave Gahan et Andrew Fletcher (de g. à dr.)
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JOHN LEE HOOKER
J’aime la manière de jouer traditionnelle et brute de John Lee Hooker. Le blues perd sa magie si l’expérimentation est excessive. Notre façon d’aborder la musique tend aussi vers plus de simplicité. C’est le cas dans notre nouvel album, notamment avec le morceau My Little Universe que nous avons longtemps travaillé pour ne garder que l’essentiel. C’est mon morceau préféré.
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GEORGE JONES
La voix de Jones est moulée pour la country, elle est tellement reconnaissable. La profonde tristesse qui émane de The Grand Tour fait de ce morceau l’un des meilleurs de tous les temps. Jones invite l’auditeur à un voyage dans son intimité, peuplée d’objets liés à la femme qui l’a quitté. Sa façon de faire rimer « nursery » avec « without mercy » est tout simplement géniale.
PAUSE
« J’adore les vieux disques de country » Depeche Mode. À l’occasion du treizième opus de ces géants de la pop, Martin Gore, le leader du groupe, rend hommage à trois de ses idoles. Depeche Mode est indémodable. La notoriété du groupe électro-pop n’a d’égal que son aura fascinante. Plus de trente ans de carrière durant lesquels les Anglais ont vendu quelque
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cent millions d’albums en gardant intact leur goût pour l’expérimentation. À leurs débuts, ils créent des rythmes durs et industriels à partir de bruits de la vie quotidienne, ciment du succès de morceaux pop comme Everything Counts. À nouveau en 1989, ils innovent avec l’album Violator en créant le blues-électro. Pour leur treizième album, Delta Machine, le trio s’est cloîtré dans un laboratoire musical entouré de vieux synthétiseurs de la taille d’un réfrigérateur. Les morceaux sonnent comme de la house actuelle, tout en étant empreints de la chaleur du gospel. « Même si Depeche Mode est un groupe électro, dit le compositeur Martin Gore, nos influences remontent loin. J’adore les vieux disques de country et de blues même si ce n’est pas toujours manifeste sur nos albums. » Gore vous ouvre le cœur des synthétiseurs de Depeche Mode et vous parle des artistes qui l’inspirent.
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LOUIS ARMSTRONG
J’adore l’album Louis and the Good Book. Il y revisite à sa manière les standards du gospel. C’est à travers lui que j’ai découvert le morceau incroyable Sometimes I Feel Like a Motherless Child. Ma fascination pour le gospel n’est pas récente. Sur notre album Music for the Masses en 1987, j’avais utilisé des samples de vieux albums gospels.
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Petite faim
Trinitéet-Tobago Doubles La collation la plus appréciée des C araïbes se déguste dans les stands ambulants. Elle bénéficie depuis peu de sa propre appli mobile.
Photos : anton corbijn/sony music, picturedesk.com (2), getty images, Fotostudio Eisenhut & Mayer, laif
QuEls ingrédients ? Une recette de galette simple à base de farine, de levure chimique, de sel et de curcuma qui donne à la pâte sa couleur jaune. Les différentes farces contiennent presque toujours des pois chiches et de la coriandre chinoise. Le tout est agrémenté d’un chutney de mangue, de concombre ou de noix de coco et de sauce Chili.
d’Inde ou de Trinité ? La recette des doubles ressemble à celle du chole bhature indien qui est aussi un pain farci aux pois chiches. Une autre version sur l’origine des doubles prétend qu’en 1937, un vendeur a mis les pois chiches, jusque-là vendus dans des cornets, sur une galette et en a ajouté une deuxième pour éviter qu’ils ne roulent par terre. OÙ et quand ? Les doubles sont un petit- déjeuner populaire à la dénomination très aléatoire puisqu’ils se laissent consommer jusqu’au bout de la nuit. Les noms des stands sont invariablement associés au mot « doubles » : « Sleepy’s Doubles », « Deen’s Doubles », « Johnny’s Doubles »…
Les doubles sont le sandwich le plus populaire de Trinité-et-Tobago.
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Doubles meutre À Trinité-et-Tobago, les vendeurs de doubles sont souvent aussi populaires que leur marchandise. L’an dernier, lorsque l’un d’eux
a été poignardé, toute l’île était en état de choc. Le meurtrier est un client qui refusait de payer son doubles : 4 dollars de Trinité-et-Tobago, soit environ 50 centimes d’euros. Les Doubles sur smartphone Khafra Murray souhaitait répertorier tous les vendeurs sur Facebook. L’exhaustivité de la liste pousse cet informaticien à développer une application : rinidad & Tobago Doubles T Vendors Directory. À ce jour, elle regroupe 400 adresses.
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PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Le départ du Bol d’Or est un moment unique.
Focus Avril & Mai JUSQU’AU 21 AVRIL, EXPOSITION M.E.S.S., GALERIE LEFEUVRE, PARIS
Street art
La galerie parisienne réunit, pour la première fois en France, les Britanniques Mr Jago, EINE et Sickboy et le Néerlandais Niels « Shoe » Meulman, quatre artistes internationaux majeurs du Street Art, unanimement reconnus dans le monde entier. Issus du dessin ou de la scène graffiti, chacun a créé spécialement une dizaine d’œuvres à partager avec le public. www.galerielefeuvre.com
4 MAI, DERNIÈRE JOURNÉE DU TOP 14, STADE MAYOL, TOULON
Le championnat de France de rugby pourrait bien délivrer ses toutes dernières surprises lors de cette ultime étape. Quels seront les deux clubs qualifiés directement pour les demifinales et les quatre autres promis aux barrages (10 et 11 mai) pour les rejoindre ? Et qui seront les relégués ? Il y aura encore du suspense autour des dernières mêlées. Toulon accueille Agen dans son stade Mayol. Un dernier choc des extrêmes. www.lfp.fr
27 AVRIL, STADE DE FRANCE
Une si longue attente Entre Saint-Étienne, qui n’a plus participé à une finale de coupe (de France) depuis... 1982, et Rennes, qui n’a rien gagné depuis sa victoire en coupe (de France) en... 1971, cette finale inédite de Coupe... de la Ligue promet du changement. Voilà qui devrait pimenter une rencontre enflammée entre la Bretagne et les fans des Verts depuis des semaines. www.lfp.fr Pierre-Emerick Aubameyang
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20-21 AVRIL, BOL D’OR, CIRCUIT DE MAGNY-COURS
Un air de revanche Cette 77e édition verra-t-elle un remake du suspense de l’an passé ? Les 100 000 spectateurs l’espèrent. L’an dernier, la Kawasaki de Da Costa, Leblanc et Four a créé une énorme surprise en dominant la Suzuki n°1 de Philippe, Delhalle et Foré. À l’arrivée, seulement 1'41" d’écart entre les deux machines après 24 heures de course. Vincent Philippe, victime d’une chute en 2012, est de retour. Pour décrocher sa 9e victoire, record absolu de l’épreuve. www.boldor.com
JUSQU’AU 21 JUILLET, MUSÉE DU LUXEMBOURG, PARIS
L’émotion Chagall L’artiste a connu les révolutions de 1917 et traversé les deux conflits mondiaux du siècle dernier dans sa vie de centenaire (il est décédé à 97 ans). Des événements qui ont grandement influencé son œuvre. L’exposition démontre, à travers une centaine de toiles, comment le peintre d’origine russe a abordé ces temps de guerre et de paix. www.museeduluxembourg.fr
TEXTES : CHRISTOPHE COUVRAT. PHOTOS : GETTY IMAGES (2), DPPI (1)
Encore un effort
Chagall dans l’air du temps
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ILLUSTRATION: DIETMAR KAINRATH
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latan. Toujours Zlatan. Qui marque, qui enthousiasme, qui prend un rouge, qui déchaîne les foules quand même, qui a maintenant un verbe à son nom, comme Zidane eut sa statue, il y a peu, devant le Centre Pompidou, en gigantesque donneur de coup de tête grâce à l’artiste Adel Abdessemed. Trop pour un seul homme ? Il faut comprendre : « Il n’est pas d’homme plus heureux que dans un stade », disait Camus, qui était gardien de but, comme tous les écrivains. Et qui savait la dimension fantasmatique du sport, son incroyable capacité à vendre du surhomme dans un monde moutonnier. Bien des régimes fascistes l’ont compris, voyez Leni Riefenstahl en Scorsese du Reich, filmant Les Dieux du stade aux muscles bandés et nus bien avant les calendriers du Stade Français. Il n’y a pas qu’elle. Le monde soviétique aussi, avec ses célèbres programmes d’injections hormonales ou l’Amérique en guerre froide et sa gonflette nationaliste. La Chine contemporaine est un cas intéressant : l’obsession de la médaille y impose un système de détection et d’orientation des futurs athlètes dès l’âge de trois ans, sur critères. La nageuse Ye Shiwen, championne de 16 ans, confiait au quotidien britannique The Guardian qu’elle avait été orientée vers la natation dès 6 ans parce que sa « maîtresse d’école avait remarqué [qu’elle] avai[t] de grandes mains ». Dernièrement, le Qatar, avec ses investissements colossaux, montre que l’émirat, comme les autres, se sert du sport comme levier diplomatique, c’est-à-dire politique, c’est-à-dire économique, c’est-à-dire culturel. Au risque de ravaler le sport au rang de prétexte ? Loin de cette dimension pragmatique, utilitaire du sport, qui remonte d’ailleurs à l’Antiquité (la trêve olympique comme moyen de faire une pause dans la lutte
Pleine lucarne
Un chèque et mat Sport de masse ou sport de niche, l’important est de gagner. Évidemment. à mort que se livraient les cités grecques), il reste une dimension imaginaire, créatrice, poétique du sport. Connaissezvous le « porter d’épouse » (wife-carrying en anglais), dont le dernier championnat du monde (2012) a été remporté par le finlandais Taisto Miettinen et sa moitié Kristiina ? Il s’agit d’une course de 250 mètres avec saut de haie et étendues d’eau à traverser, qui se pratique impérativement en couple : l’homme porte sa femme sur son dos, qui se retrouve tête en bas dirigée vers les fesses de son mari dont elle serre le cou amoureusement entre ses cuisses musclées.
À l’heure où un mariage sur deux se termine par un divorce, je me dis que c’est le sport idéal à promouvoir. Plus poétiquement encore, j’ai eu la chance il y a quelques semaines de faire l’expérience d’un sport qui n’existe pas. Ou plutôt qui n’existait jusqu’alors qu’entre les pages d’un album de bandes dessinées : Froid Équateur, d’Enki Bilal (1992). Ça s’appelle le chess boxing : c’est un mélange de boxe et d’échecs. On commence par la boxe : les deux adversaires montent sur le ring, se « zlatanent » à coups de poing et au bout d’un round, on passe aux échecs. Les deux impétrants s’assoient face à face sur le ring autour de l’échiquier qu’on vient d’apporter, et, casque sur les oreilles pour mieux se concentrer (on leur passe le bruit de l’océan), ils échangent cette fois les coups de pion. On peut gagner soit par mat, soit par K-O. Ce jour-là, en présence d’Enki, un sport inventé dans une œuvre d’art devenait réalité. C’était un peu comme une mise au monde, avec en accoucheuse Charlotte Rampling, qui présentait la rencontre, et en parrain l’artiste néerlandais Lepe Rubingh, fondateur de la World Chess Boxing Organization. Dans une ambiance survoltée, Leonid « Granit » Chernobaev s’imposa sur « Anti-Terror » Frank Stoldt, ne gagnant rien d’autre que la gloire d’avoir mis un peu de beauté du geste dans la laideur immobile du quotidien. Et celle d’avoir imposé deux messages : 1- la mise en pratique, enfin advenue, du beau précepte antique dont avait rêvé la Renaissance : mens sana un corpore sano (« un esprit sain dans un corps sain »), autrement dit la tête et les jambes, c’est mieux que seulement les jambes, 2- les plus beaux des sports sont peut-être ceux qu’il nous reste à inventer. Agrégé de Lettres, Christophe Ono-dit-Biot est l’auteur de quatre romans, dont Birmane, prix Interallié 2007.
THE RED BULLETIN France / Numéro 18 – Avril 2013 : The Red Bulletin est publié et édité par Red Bull Media House GmbH. Directeur de la publication Wolfgang Winter Directeur d’édition Franz Renkin Directeur de la rédaction Robert Sperl Directeur adjoint de la rédaction Alexander Macheck Rédacteur en chef France Christophe Couvrat Ont participé à ce numéro Susanne Fortas, Christine Vitel, Étienne Bonamy, Frédéric Pelatan, Ioris Queyroi Responsable de la production Marion Wildmann Rédacteur en chef photos Fritz Schuster Booking Ellen Haas, Catherine Shaw, Rudi Übelhör Maquette Erik Turek & Kasimir Reimann (DA), Martina de Carvalho-Hutter, Silvia Druml, Miles English, Kevin Goll, Carita Najewitz Publication Corporate Boro Petric (Directeur), Christoph Rietner (Rédacteur en chef); Dominik Uhl (DA); Markus Kucera (Directeur photo); Lisa Blazek (Rédactrice); Christian Graf-Simpson, Daniel Kudernatsch (Tablettes) Chefs de la Production Michael Bergmeister, Wolfgang Stecher, Walter Sádaba Reprographie Clemens Ragotzky (Chef), Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits Marketing et management international Barbara Kaiser (Directrice), Stefan Ebner, Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Peter Schiffer, Julia Schweikhardt. The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays suivants : Autriche, Allemagne, France, Irlande, Koweït, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Suisse, Mexique, Grande-Bretagne et États-Unis. www.redbulletin.com Siège social Autriche Red Bull Media House GmbH, Oberst-Lepperdingerstr. 11-15, A-5071 Wals bei Salzburg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700. Siège social et Rédaction France 64 rue de Cléry, 75002 Paris, +33 1 40 13 57 00 Siège Rédaction Autriche Heinrich-CollinStrasse 1, A-1140 Vienne, +43 (1) 90221 28800 Imprimé par Prinovis Ltd & Co. KG, D-90471 Nuremberg Responsable publicité Cathy Martin, +33 (7) 61 87 31 15 ou cathy.martin@fr. redbulletin.com Dépôt légal/ISSN 2225-4722 Nous écrire letters@redbulletin.com Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.
THE RED BULLETIN NUMÉRO 19 SERA DISPONIBLE LE 8 MAI 2013 98
THE RED BULLETIN
ILLUSTRATION : ALBERT EXERGIAN
PLUS DE CORPS ET D’ESPRIT
Red Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658
RECHERCHE PILOTES DE CHOC.
COURSE RED BULL CAISSES À SAVON 2013. 07 JUILLET, DOMAINE NATIONAL DE SAINT-CLOUD, ÎLE-DE-FRANCE.. Pour participer : www.redbullcaissesasavon.fr
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