a débuté en faisant de la photographie d’architecture et de danse. Dernièrement, elle a suivi les rappeurs Mimiks et LCone pour une séries de portraits en coulisses. Page 48
Rachael Stott est dessinatrice de BD et illustratrice. La Britannique a déjà travaillé pour Marvel, DC Comics et IDW Publishing. Pour The Red Bulletin, elle a illustré le saut record de 291 mètres de Ryōyū Kobayashi. Page 68
Jon Monnard
L’artiste suisse explore l’écriture via performances, installations et archives. Auteur d’un premier roman et ambassadeur Haute Écriture pour Caran d’Ache, il raconte dans On a positive Note comment il s’est libéré des pressions qu’il s’imposait. Page 96
Cette nouvelle saison est placée sous le signe de la surprise.
Elle débute par un exploit pionnier de David Mzee, ambassadeur du Wings for Life World Run, et l’un des rares athlètes handisports à avoir maîtrisé le kitesurf, se distinguant par sa détermination et son énergie. Nous l’avons accompagné au Kenya pour le voir en action aux côtés de son équipe, et témoigner de leurs avancées technologiques (p. 36).
David n‘est pas le seul à repousser les limites : à Tokyo, nous avons retrouvé le prodige japonais du saut à ski, Ryōyū Kobayashi, dans son élément urbain, où il brille aussi par son style à la pointe de la mode (p. 68).
Enfin, en matière d’inspiration, rien n’est plus puissant que d’échanger des coups (de chance) avec son partenaire, comme le font si justement Aurélia Agel et Justin Howell (p.58).
Bonne lecture ! La Rédaction
COMME LE COLIBRI
de la puissance rapide grâce à une RECHARGE EFFICACE
COMME LE NOUVEL ELROQ
Agilité, souplesse et recharge efcace en énergie: voilà les points communs entre le colibri et le nouveau SUV compact entièrement électrique. Le Škoda Elroq allie le nouveau langage stylistique «Modern Solid» avec un espace généreux pour les passagers et leurs bagages, et séduit par son autonomie allant jusqu’à 560 kilomètres. En bref: le compagnon parfait pour des aventures entre nature idyllique et pulsations urbaines – Essayez-le vite chez votre partenaire Škoda et laissez-vous inspirer. Škoda. Made for Switzerland.
Héros & héroïnes
SoftSocket 18
Startupeuses
Michael 20
Fassbender
Acteur
Theodora 22
Musicienne
Theo Acworth photographie les Swatch Nines. Cette compétition de ski est un grand terrain de jeu qui utilise la neige comme matière première.
Kitefoil
Depuis son accident, David Mzee est tétraplégique. Pourtant, cet enseignant et grand sportif ne cesse de repousser les limites du possible.
Ryōyū Kobayashi a effectué un saut à ski de 291 mètres… Et il ne compte pas en rester là.
Scène Meilleurs
IRL, les rappeurs Mimiks et LCone sont potes. Mais sur la scène du Red Bull SoundClash, la fraternité cède sa place à la rivalité.
Cinéma Scènes
de 58
la vie conjugale
Aurélia Agel et Justin Howell forment un des couples les plus complices d’Hollywood. Leur secret ? Faire des cascades ensemble.
Saut à ski Passions
Le champion olympique et détenteur d’un record du monde, Ryōyū Kobayashi, conjugue mode, hip-hop et ski au même temps.
81 Voyage
86 Playlist
88 Énigme 90 Montre 93 Agenda
95 Mentions légales
96 On a Positive Note
98 Clap de fin
Zürs am Arlberg, Autriche Jour de chance
« Cette photo est un miracle, s’exclame l’Autrichien Lucas Tiefenthaler. J’y ai investi des heures, des bornes et des nerfs. Le temps était trop venteux, trop chaud, trop enneigé. Je ne pouvais pas faire de séquence à cause des flashs. Je n’ai pu déclencher qu’une seule fois, ce qui nécessitait un timing parfait pour capturer Thomas (Göschlberger, pilote VTT, ndlr) sur ses skis. » Une place en demi-finale du concours Red Bull Illume fut leur bonus. lucastiefenthaler.com; redbullillume.com
Leipzig, Allemagne
Dribbler comme Séan
Le Français n’a pas besoin de cages –un ballon lui suffit pour faire le show. Séan Garnier, footballeur freestyle et double champion du monde, montre aux participantes et participants du Red Bull Four 2 Score les tours et figures dont il a le secret. Il a ainsi mis les 28 équipes au défi lors d’un tournoi 4v4 sur des terrains de petite surface, devant la Red Bull Arena de Leipzig. redbull.com ; @seanfreestyle
Virgin, Utah, USA
Quelle première ! Pendant des années, les femmes de la scène Freeride se sont battues pour participer à la Red Bull Rampage dans le désert de l’Utah –l’événement Freeride le plus difficile au monde. Cette année, sept femmes ont participé pour la première fois, dont la Canadienne Vaea Verbeeck, qui a maîtrisé un saut triple difficile –mais a raté le trick « Tuck No Hander ». Ce sera pour la prochaine. redbull.com; @robin_riding_hood
Verzasca, Suisse
Le mur des prouesses
180 mètres de dénivelé. Six longueurs de corde avec des niveaux de difficulté de 6c à 8b, et une paroi à 32 °C : la compétition d’escalade par équipe mixte Red Bull Dual Ascent sur le barrage Verzasca fut un terrain inédit pour Jessica Pilz (photo) et Jakob Schubert. Aux JO de Paris, l’Autrichien et l’Autrichienne ont remporté le bronze individuellement. Et sur le barrage ? Ce fut l’or en duo. Regarde la vidéo Best of Red Bull Dual Ascent 2024 sur redbull.com et via le code ci-contre.
En piste !
Le 16 mars prochain, les feux passent au vert : la Formule 1 démarre une nouvelle saison surchaufée. Pour son 75e anniversaire, elle s’invite même sur grand écran.
54
Le nombre de victoires en GP remportées par Max Verstappen, le champion en titre. Seuls Lewis Hamilton (103) et Michael Schumacher (91) ont fait mieux.
800
kg : le poids minimum combiné de la voiture et du pilote. Les pilotes doivent eux-mêmes peser au moins 82 kg, siège inclus (soit 2 kg de plus qu’en 2024).
25.06.2025
La date de sortie du film F1, production hollywoodienne pour laquelle Brad Pitt a revêtu une combinaison de pilote et Lewis Hamilton le rôle de co-producteur.
14
Le nombre de courses prévues pour la F1 Academy en 2025. Cette compétition permet aux femmes de démontrer leur talent lors de sept week-ends de GP.
5,7
G : la force maximale subie par les pilotes lors du freinage au virage T3 du Red Bull Ring. À titre de comparaison, un astronaute au décollage d’une navette spatiale subit env. 3 G.
30,5
°C : la température-seuil qui déclenchera le nouveau « dispositif chaleur », imposant l’utilisation d’un système de refroidissement pour les pilotes.
1 444
Le nombre de tours de course réalisés par Oscar Piastri en 2024. Il devient ainsi le 4e pilote de l’histoire à terminer tous les GP d’une saison, après Schumacher en 2002, Hamilton en 2019 et Verstappen en 2023.
43
L’âge de Fernando Alonso, qui sera le pilote le plus âgé en 2025. Le plus jeune est le débutant Andrea Kimi Antonelli, 18 ans, qui n’était pas né lors du premier titre d’Alonso en 2005.
Max Verstappen a décroché son 4e titre mondial en 2024. Qui dominera la saison 2025 ?
8 016
Le nombre de jeux de pneus fournis par Pirelli aux équipes en 2024, dont 2 718 n’ont pas été utilisés.
NO RISK, MUCH FUN. Nouveau Forester 4x4.
La sécurité qui invite à vivre plus intensément : le nouveau Forester 4x4 utilise des technologies innovantes pour un trajet sans encombres –et il a plus d’une corde à son arc.
Virtuose en herbe
La guitare du futur
LiberLive C1 te fait jouer comme un·e pro, grâce à un levier et une appli. Notre expert tech Kirafn fait un test sonore.
L’objet
Un levier à bascule (sur le corps de l’instrument) et des surfaces tactiles (sur le manche) remplacent les cordes de cette guitare futuriste, facilitant ainsi l’initiation à sa pratique. Choisis une chanson dans l’appli, et des LED indiquent comment positionner tes doigts. Un hautparleur est intégré dans le corps.
Le buzz
Des centaines de vidéos circulent déjà sur TikTok sous le hashtag #liberlivec1. La plus populaire, avec 8 millions de vues et 1 million de likes, vient d’Indigo Star.
Kirafin
de son vrai nom Jonas Willbold, a 30 ans et divertit son 1,3 million de followers sur TikTok avec des formats comiques. En parallèle, il se passionne pour les produits et tendances tech. Pour nous, il analyse les derniers buzz en date.
L’avis
Une guitare pour débutant· e·s sans cordes, et donc une véritable innovation. Elle permet aux novices ou aux personnes qui n’ont pas l’oreille musicale d’accéder à un instrument qu’ils et elles n’auraient peut-être jamais appris à jouer. Pour 450 $, c’est tout à fait raisonnable !
BILAN
Attention la tête ! Pour le transport, la guitare peut être pliée.
Magique pour…
… les fans d’air guitar qui veulent passer à l’étape suivante.
Décevante pour…
… les puristes qui considèrent les doigts endoloris comme faisant partie de l’apprentissage.
«CELA PEUT ARRIVER À TOUS.»
Sebastian Tobler, Fribourg
Nous accompagnons les paraplégiques. À vie.
SoftSocket
pourrait changer durablement la vie des athlètes grâce à ses prothèses de l’avant-bras.
Qui a fondé cette start-up ? Deux amies : Cara Ammann et Lisa-Marie Frühauf.
Texte Saskia Jungnikl-Gossy Photo Annick Ramp
Un train d’enfer : Cara Ammann et LisaMarie Frühauf s’accordent à dire que cette métaphore résume bien leur vie. « Tous les jours, ce sont de nouvelles idées, un nouvel élan et des retombées positives pour notre projet », dit Ammann. Mais que font-elles exactement ? Elles proposent des prothèses innovantes, et plus précisément une prothèse de l’avantbras. Les deux jeunes femmes ont fondé la start-up SoftSocket. Depuis qu’elles ont remporté la fnale suisse du Red Bull Basement à l’automne dernier, les événements s’enchaînent. Participer à la fnale internationale à Tokyo fut un tournant, expliquent-elles. À côté des investisseurs et des partenaires, ce sont surtout les personnes pour lesquelles elles travaillent et leurs retours qui leur donnent du courage. La recherche et le développement de prothèses ont beaucoup progressé au cours des dernières décennies, et pourtant il reste beaucoup à faire. Les prothèses fonctionnent bien pour toutes les activités quotidiennes. Mais dès qu’il s’agit de faire du sport, elles atteignent assez vite leurs limites. « Lorsque vous transpirez et que vous exercez une pression, les prothèses se desserrent souvent d’elles-mêmes », explique Ammann. SoftSocket a donc conçu des prothèses spécifques pour le sport : « Acheter des prothèses 50 000 francs suisses et ne pas pouvoir faire de sport avec, c’est inacceptable. »
Carbone ou impression 3D ?
Textile !
Quand on discute avec les deux fondatrices de SoftSocket, on voit bien qu’elles ont le vent en poupe : leur motivation et leur excitation sont palpables. SoftSocket
Focus
Âge 24 et 26 ans Ce qu’elles écoutent Zum ersten Mal Nice de Kaffkiez, et Gekommen um zu bleiben de Wir sind Helden Ce qu’elles lisent Bad Blood de John Carreyrou, et Ein Ort für Herzensdinge de Lauren Bravo Leur souhait plus d’inclusion et moins d’énergie négative
se distingue des autres fabricants sur beaucoup de points. Si les prothèses sont généralement en carbone et fxées par dépressurisation, celles de SoftSocket sont en textile. « Le matériau s’adapte de manière fexible à la forme du bras », explique Frühauf, ce qui rend la prothèse plus facile à porter. Et « elle reste en place même en cas de mouvement ou de transpiration ». L’idée est née lors du mémoire de maîtrise d’Ammann. « Nous avons tout essayé : carbone, impression 3D… jusqu’au textile. Lorsque notre testeuse a fait des tractions et a dit que c’était vraiment confortable, on a su ce qu’il fallait faire. »
Objectif visibilité et participation Grâce à des enquêtes auprès des porteurs et porteuses de prothèses, les deux entrepreneuses ont découvert que beaucoup de gens n’utilisent que rarement leurs prothèses, voire pas du tout, dans la vie quotidienne ou pour faire du sport. « Or le sport est terriblement important pour la santé mentale et physique, explique Frühauf. Ce n’est pas qu’il faille obligatoirement faire du sport, mais si c’est à cause de la prothèse qu’on n’en fait pas, alors il y a un problème. »
Pas étonnant que la Wings for Life World Run soit de première importance pour la start-up : « C’est une question de participation et de visibilité, souligne Ammann. Cela devrait aller de soi.
Les Jeux paralympiques de l’année dernière, par exemple, ont bénéfcié d’une grande couverture médiatique. Ça devrait toujours être le cas. »
Régler les conflits immédiatement Une harmonie se dégage de leur discours. Elles se complètent également dans le travail. Ammann est responsable des aspects techniques, Frühauf des fnances. « Nous nous complétons parfaitement et nous avons passé un accord de transparence à 100 % », explique Ammann. Les deux jeunes femmes partagent une même passion pour la technologie et la médecine, mais elles viennent également d’un milieu familial similaire.
Elles ont grandi à la campagne : Ammann près de Hanovre, Frühauf près d’Osnabrück. Elles ont été encouragées par leurs familles à assumer des responsabilités très tôt, que ce soit pour conduire le tracteur, faire des travaux manuels ou s’occuper des animaux. « Le fait d’être une fille n’a jamais été un obstacle. On nous poussait à tout essayer », se souvient Frühauf. Un état d’esprit qui transparaît également dans leur collaboration. Les conflits se règlent instantanément – un avantage qu’elles attribuent à leur amitié de longue date. « Parfois, nos conversations portent sur des choses personnelles, mais souvent travail et vie privée se mélangent. C’est notre point fort. »
Les deux fondatrices travaillent actuellement à faire breveter leur idée et à fonder une entreprise en Suisse. « Notre objectif est de commercialiser les prothèses de SoftSocket d’ici 2026 », explique Cara Ammann. Le prototype est déjà prêt, réalisé avec l’imprimante 3D qui trône dans leur cuisine. Il s’agit maintenant de finaliser le financement avec leur investisseur et de planifier d’autres étapes pour l’entrée sur le marché.
Si le chemin est difficile, la motivation est bien là. « Il ne s’agit pas seulement de fonder une entreprise qui marche, explique Lisa-Marie Frühauf. Il s’agit aussi d’aider les gens et de leur offrir de nouvelles possibilités. C’est ce qui nous motive – et aussi ce qui nous rend heureuses. »
Instagram : @softsocket
« Lorsque la testeuse a dit que c’était confortable, on a su ce qu’il fallait faire. »
Cara Ammann (en haut) et Lisa-Marie Frühauf utilisent du textile pour leurs prothèses.
Michael Fassbender
fait son retour dans le rôle d’un espion dans la série The Agency. L’acteur et pilote de Formule 1 nous parle des nouvelles priorités de sa vie.
Il fut un temps où Michael Fassbender était sur le point de devenir fou. L’acteur, de mère irlandaise et de père allemand, tournait un flm après l’autre : notamment des blockbusters comme X–Men ou Prometheus, mais aussi des flms d’art et d’essai comme Shame ou Macbeth. « Je voulais marquer une pause après chacun de ces flms, mais la proposition suivante arrivait sans crier gare. À un moment, j’ai eu l’impression de perdre le sens des réalités. » Alors que le burnout pointait le bout de son nez, Michael Fassbender pensait, lui, à l’époque, qu’il n’avait pas le choix. Après des années de formation en art dramatique (interrompue) et divers petits boulots, sa carrière a fnalement décollé à la fn des années 2000 : « Je devais saisir les occasions qui se présentaient. En tant qu’acteur, la concurrence est rude. » Soit tu restes sur la piste, soit tu sors.
Une vie en chantier permanent
Ce style de vie avait ses revers : « Tant que j’étais célibataire, cela fonctionnait. Mais il m’aurait été difcile de vivre une relation stable. J’étais souvent absent pendant des semaines, et je ne voyais plus mes amis. » Si l’acteur a été nommé aux Golden Globes et aux Oscars (pour Twelve Years a Slave et Steve Jobs), sa vie privée restait à construire.
Dès son plus jeune âge, Michael Fassbender a pris l’habitude de se consacrer entièrement à son travail : « À 12 ou 13 ans, je travaillais déjà le week-end. Plus tard, j’ai même récuré des casseroles dans un hôtel cinq étoiles. » À 19 ans, il a quitté l’Irlande et Killarney, où il a grandi,
Focus
Enfance dans l’Irlande rurale ; âge 47 ans ; rôles marquants gréviste de la faim dans Hunger, accro au sexe dans Shame ; top X–Men : le commencement ; flop Assassin’s Creed ; nominations aux Oscars deux.
pour Londres… où il a également travaillé dur. « Je n’avais pas le choix. J’avais peu d’argent, et il fallait bien survivre. » L’équilibre vie professionnelle – vie privée ? Pas pour lui.
L’agent secret de la CIA que Michael Fassbender a interprété, après une longue période d’inactivité, dans The Agency (une série Paramount+) mène une vie semblable. Cet espion, connu sous le pseudonyme de Martian, sacrife complètement sa vie privée et, ce faisant, une relation amoureuse passionnée. « Il en perdra son âme », comme Fassbender a failli perdre la sienne.
Accidents au Mans
Comment l’acteur a-t-il pu s’en remettre ? Son équilibre, développe Fassbender, il le trouve en surfant et en méditant – et dans les courses automobiles. En 2022 et 2023, l’acteur a même participé aux 24 Heures du Mans, et s’est fait remarquer avec des accidents spectaculaires.
Mais l’événement décisif dans la vie de Fassbender est tout autre : en 2014, il rencontre l’actrice suédoise Alicia Vikander lors du tournage d’Une vie entre deux océans et redéfnit ses priorités. Les deux acteurs se sont mariés en 2017. Leur fls est né en 2021, leur flle en 2024. Aujourd’hui, Fassbender voit les choses diféremment : « Ma famille passe en pre-
mier. » Autrement dit, Fassbender tourne une série comme The Agency pendant cinq ou même six mois, puis passe le reste de l’année avec sa famille. Un vrai luxe, l’acteur en a bien conscience. « La plupart des gens triment pour régler leurs factures. Moi, je dispose d’une grande fexibilité dans mon travail. »
D’ailleurs, le modèle de vie de Michael Fassbender pourrait s’appliquer au monde du travail moderne en général, non pas seulement aux acteurs et aux actrices. Sa femme et lui travaillent à tour de rôle : « Alicia et moi, nous préparons nos agendas en étroite collaboration. Si l’un travaille, l’autre est à la maison. Bien sûr, il y a parfois des chevauchements, mais dans l’ensemble ça fonctionne bien, parce que nous faisons tous les deux beaucoup d’eforts. »
Intelligence féminine
C’est surtout grâce à sa femme que Michael Fassbender a modifé le regard qu’il portait sur sa vie : « Les femmes ont une intelligence particulière et une compréhension intuitive du monde, du fait qu’elles donnent la vie. Elles portent en elles une vérité qu’un homme ne comprendra jamais. » Depuis la naissance de ses enfants, Fassbender a cessé de centrer sa vie sur lui–même et sa carrière : « Le job que je refuse de sacrifer, c’est élever mes enfants de la meilleure façon possible. Bien sûr, j’adore jouer et travailler avec mes collègues – de grands acteurs et actrices – mais avoir des enfants, c’est une chance extraordinaire. »
Une perspective dans laquelle l’agent de la CIA joué dans The Agency pourrait s’inscrire lui aussi : « Il n’a pas vu grandir sa flle pendant de nombreuses années. Et soudain, il tombe amoureux et est prêt à sacrifer son travail pour cette nouvelle relation. »
L’amour, pour Fassbender, c’est quelque chose comme « une réponse ultime ». Après dix ans de relation, il est convaincu d’une chose : « Quand l’amour détermine notre vie commune, il est plus fort que toute autre chose. »
Instagram : @fassbenderthebest
Texte
« Le job que je refuse de sacrifier, c’est élever mes enfants. »
réalités.
La star Michael Fassbender à la fulgurante carrière ne perd plus le sens des
Theodora
a marqué l’automne avec son tube sensuel et décalé KONGOLESE SOUS BBL. Pour
The Red Bulletin, la musicienne revient sur son parcours et
ses identités artistiques.
Texte Dolores Bakela Photos Tone Verswijvel
Alors que certaines des dates de sa tournée affichent complet depuis des mois, Lili-Theodora – dans le civil – sera à l’affiche de nombreux festivals en 2025. Bien plus qu’une tendance sur les réseaux, elle dévoile une réédition préparée à Londres de BAD BOY LOVESTORY. Le temps d’un échange, Theodora nous parle de ses identités cosmopolites et anticonformistes, de sororité, de sebene et de rébellion.
the red bulletin : Si on dit de vous que vous êtes l’une des alt black hotties du moment, vous dites… ?
theodora : On commence à avoir des représentations noires loin des clichés. Il y en a déjà dans le monde, mais pas assez à mon goût et ça me fait grave plaisir à ma petite échelle d’y contribuer. Quand je poste le premier extrait de KONGOLESE SOUS BBL sur les RS, sans y penser plus que ça, on m’a dit : « On aura tout vu : une Congolaise gothique qui pose sur du bouyon », et je trouve ça trop cool ! On aime bien fixer des standards pour les Noir·e·s qui seraient autorisé·e·s à faire certaines choses et pas d’autres. On entend dire : « Les Noir·e·s n’écoutent pas ou ne font pas d’électro ! », alors que les Noir·e·s même ont créé ces musiques !
Est-ce que la sororité est importante pour vous et dans votre parcours ? Oui, même si elle est difficile à instaurer dans cette industrie, qui est tellement antifilles, ultra compétitive et nous insécurise vraiment. Le game est fait de telle manière qu’on nous fait comprendre qu’il n’y a pas assez de place pour toutes alors qu’on est nombreuses à avoir du talent. La concurrence pour moi, ce n’est pas problématique, ça n’empêche pas de s’apprécier et de se fréquenter. La véritable sororité, ce
Focus
Son nom Theodora signifie
« cadeau de Dieu » en grec
En concerts le 25 avril à Genève (La Gravière) et le 26 avril à Neuchâtel (La Case à chocs)
Son dernier album BAD BOY LOVESTORY est à écouter sur Spotify
n’est pas seulement de faire des shout-outs en privé ou une fois que ça marche, alors qu’avant, on ne prenait même pas le temps de m’envoyer un message pour discuter ou bosser ensemble.
D’ailleurs, vous avez un feat avec une artiste caribéenne. On sent une sacrée alchimie entre vous… J’étais super contente d’inviter Jahlys sur mon album (sur le titre shatta BIG BOSS LADY, ndlr). Un jour, elle s’est mise à me suivre, alors je l’ai follow back direct. Au niveau de la voix… C’est une dinguerie ! Je n’avais pas capté à quel point on avait la même tonalité.
D’où vient votre musicalité si éclectique ? Je suis un vrai électron libre, je bosse avec des gens un peu fous. Ma musique est alternative dans le sens où elle brasse des influences qui n’ont pas été mélangées jusqu’ici. Et avec le temps, je me suis « délissée ». Quand j’ai sorti Neptune en 2021, mon premier projet bossé avec mon frère Jeez Suave, il y avait déjà beaucoup de mélanges. J’avais besoin de travailler mon jitsu dans tous les genres que j’écoute. J’ai toujours aimé ces musicalités-là : électro, rap, mais aussi afrocaribéennes, afrofusion, j’ai d’ailleurs fait le morceau shatta avec Jahlys avant de faire KONGOLESE SOUS BBL. Et pour ce son, si je me suis dit que ça pouvait le faire, en réalisant que le bouyon a un BPM similaire à celui de
l’électro, c’est parce que je suis un peu folle. Il y a du zouk, pour le son love #IL, du rap un peu à la Timbaland avec le morceau 243 km/h… Ma musique s’écoute là où je traîne. Donc un peu partout.
Vous explorez beaucoup de musiques dans votre album, notamment actuelles et africaines comme l’afrobeats dans BAD BOY LOVESTORY ou l’amapiàno dans FASHION DESIGNA, mais pas du Congo : vous arrivez à l’expliquer ? Je voulais faire un sebene (partie instrumentale à la guitare emblématique de la musique congolaise, ndlr) avec des musiciens que je connais. Mais c’était compliqué car la musique congolaise ne s’est pas digitalisée. On aurait pu en faire avec Jeez, mais je ne voulais pas qu’il soit mid.
D’où viennent vos alias Africky, Freaky Nasty Gal ? Et quelle est la différence avec celui de Boss Lady ?
Du rap dont c’est l’un des codes. Ça a commencé au moment de BOSS LADY L’Africky est une déclinaison afro de la Freaky Nasty Gal. J’ai une armure de boss lady, de femme forte, et en même temps je la casse aussi en disant plein d’autres choses qui sont anti « bossladyesques ». J’ai envie de parler d’argent, de bijoux, car ce sont des choses que j’aime beaucoup dans la vraie vie, mais parallèlement, j’ai envie que les gens sachent que plus jeune, je n’osais pas sortir car j’étais trop pauvre, comme je le dis dans FNG.
Pourquoi avez-vous choisi la forme du cabaret, pour présenter BBL sur scène ? Le cabaret, c’est une manière de réunir plein de cultures et de raconter ma sensualité. Et par rapport au stripclub, c’est moins sexuel. Ce projet aurait pu aussi s’appeler Twenty-One. Il raconte la vie d’une vingtenaire qui aime les bad boys, sortir, boire, qui fait un peu des petites bêtises. Il y a plein de femmes comme moi. Je voulais nous faire exister avec un son.
D’où vient cette confiance en vous ?
Les gens ne m’aimaient pas. À un moment, j’ai dû être rebelle avec le monde entier. Depuis, je trace ma route, et je me fiche du regard des autres.
Instagram : @theodorabosslady
« Ma musique s’écoute là où je traîne. »
La boss lady Theodora ne connaît pas de frontières.
Plongée dans le grand bowl, 2021
« C’était étrange, car on ne savait pas où regarder », déclare le pro du freeski suisse Nico Vuignier à propos de cet obstacle visuellement impressionnant.
Jouer avec les lignes
Derrière l’événement Swatch Nines se cachent des mois d’idées innovantes et d’élaboration minutieuse pour concevoir des structures aussi stimulantes qu’impressionnantes. La preuve avec les photos de Theo Acworth, à la gloire des sports de neige.
Texte et photos Theo Acworth
Paysage lunaire, 2024
« Lorsqu’on laisse libre cours à la créativité des athlètes, on obtient des idées absolument grandioses », déclare Nico Zacek, cofondateur de Swatch Nines. Le skieur acrobatoque pro suédois pro Jesper Tjäde (photo) confirme : « Dans un snowpark classique, il s’agit des tricks. Avec Swatch Nines, il s’agit de voir comment les riders évoluent dans ces paysages de neige et de glace. »
Si la neige est loin d’être la matière de prédilection des architectes, elle est en revanche celle des fans de sports d’hiver quand il s’agit de créer des structures uniques et exigeantes. Projet collaboratif, Swatch Nines se veut « un adversaire amical de l’esprit compétitif des sports d’action ». Son fondateur n’est autre que l’ancien skieur pro Nico Zacek, lequel réunit des pros issu·e·s du snowboard, du ski, de la conception de parks, du design, de la photographie et du cinéma autour de cet événement sans numéro de dossard, ni retransmissions en direct, ni juges, juste des athlètes doué·e·s laissant exploser leur créativité dans un décor époustouflant.
Nico Zacek, animateur sportif et cofondateur de Swatch Nines.
Ombres sur neige, 2022
« Pour moi, capturer la structure elle-même est aussi important que de photographier les figures, explique le photographe britannique Theo Acworth, qui couvre Swatch Nines depuis plusieurs années. Honnêtement, c’est même plus important. Ce sont des installations uniques et c’est toujours un plaisir de voir comment la lumière et les ombres évoluent tout au long de la journée. Une courte ascension depuis la rampe m’a offert cette vue d’ensemble sur le parcours. »
Au bonheur des yeux, 2022
« Cette structure s’inspire de la spirale descendante de Tony Hawk, explique Nico Vuignier, skieur acrobatique suisse et artiste numérique. Mais au lieu d’une réplique en neige, cela a fini par ressembler davantage à une cuvette ouverte avec une sortie en tunnel. Quand je l’ai vue, je me suis dit qu’il faudrait y aller avec une sacrée vitesse. Ça a bien marché au final. »
Tout a commencé lorsque Theo Acworth a 14 ans. Il s’amuse à photographier ses amis en train de skater. Depuis, l’Anglais n’a plus lâché son appareil photo. Le sport d’action est son domaine de prédilection : il n’hésite pas à s’aventurer sur toutes sortes de supports, ni à se frayer un passage dans la boue ou dans la neige. Sa devise : « Faire le maximum pour réussir à prendre ma photo – en y ajoutant le facteur fun. » Ce qui a commencé en 2008 comme un projet unique est devenu une référence dans le milieu. Swatch Nines a lieu cette année pour la troisième fois au Schilthorn, à environ 3 000 mètres d’altitude, au mois d’avril. « C’est une compétition réalisée par les riders, pour les riders, explique Zacek. Les jeunes talents y voient un tremplin pour lancer leur carrière, tandis que les pros viennent profiter d’une semaine sans stress. » Et du plaisir de découvrir des set-ups originaux nouvellement créés à chaque édition.
Theo Acworth
En plus de sa passion pour la photo qu’il exerce en freelance sur de modestes projets ou de grosses campagnes, l’Anglais de 33 ans est un fervent adepte de la glisse, et aussi le rédacteur en chef de Method Mag. IG : @theo.acworth ; theoacworth.com
Pièce maîtresse, 2023
« Les détails de cette structure finale sont inspirés du Palais Bulles [près de Cannes], je suis tombée dessus en recherchant des architectures rétro-futuristes, explique Sophie Acworth, directrice artistique de Swatch Nines. Cela symbolise une sorte d’inventivité ludique, avec beaucoup de courbes et de formes arrondies. »
« Cette structure est inspirée du Palais Bulles… et symbolise une sorte d’inventivité ludique. »
Les risques du métier, 2023
« Ces structures rondes peuvent être abordées depuis plusieurs directions différentes ; du coup, on n’est pas obligé de suivre la même ligne que tout le monde, explique le snowboardeur norvégien Fridtjof “Fridge” Tischendorf. Mais je crois qu’une fois, j’ai percuté un cameraman qui filmait au niveau de l’entrée. Au final, plus de peur que de mal, même s’il a dû faire un bon break par la suite ! »
Saut
de pont, 2024
« Avec sa découpe verticale de neuf mètres sur une distance assez énorme, ce wallride représentait un sacré défi, précise Sven Toller, constructeur de snowparks et directeur d’HelvePark. On pensait que personne n’oserait rider un rail à 10 mètres au-dessus du sol, pourtant, on en a vus s’y lancer en rotation. De la folie ! »
« Il faut bien être sûr de ses angles et de sa capacité à glisser sur un rail assez court, renchérit Jesper Tjäder. Le jeu en valait la chandelle, rien que pour avoir cette photo ! »
Autour du globe, 2021
« On n’avait jamais réalisé une sculpture géométrique aussi parfaite, dit Dirk Scheumann, ancien skieur acrobatique pro allemand et fondateur de Schneestern. C’est facile de construire des murs et des arêtes, mais une sphère… On a créé un gabarit en bois extensible en trois parties, avec un clou au sommet pour servir d’axe. Puis on a déplacé le gabarit autour de cet axe en sculptant au fur et à mesure. »
Le design au service de la perfection, 2021 « Ce qui me motive le plus quand je crée des parcours pour le Swatch Nines, c’est d’explorer des designs esthétiques alliant praticabilité et faisabilité, confie le designer 3D allemand Sebastian Gehwolf. De la même manière que les riders repoussent leurs limites athlétiques, je peux repousser celles du design en créant ce terrain de jeu unique. Ma plus grande fierté serait que l’on décrive mon travail comme de "l’architecture en neige", car c’est ce que je m’efforce d’accomplir depuis toutes ces années. »
Toutes les infos sur Swatch Nines le 12 avril au Schilthorn ici :
ZERO CALORIE, 100% AIIILES.
NOUVEAU GOU � T
Handicaps ? On peut les surmonter : David Mzee est un champion (souriant) sportif et technique.
Il va faire des émules
Texte Anna Mayumi Kerber
Photos Shamil Tanna
Depuis un accident, David Mzee est tétraplégique, mais pas défaitiste. Ce prof d’EPS, ambassadeur du Wings for Life World Run, ne cesse de se lancer de nouveaux défis.
Aujourd’hui, il veut être le premier en fauteuil roulant à surfer et décoller avec un kitefoil. L’histoire d’un homme qui ouvre la voie de ce sport à toute personne en situation de handicap.
Un triple saut périlleux sur le trampoline qui tourne mal. Nous sommes en pleine préparation au diplôme d’enseignant de sport. C’est à ce moment-là que le drame a lieu. David Mzee tombe malencontreusement à travers la protection en mousse censée amortir sa chute, ce qui l’empêche de terminer son saut correctement. S’ensuivent des semaines de coma, sept mois d’hospitalisation, puis un an et demi de réadaptation ambulatoire. C’était en novembre 2010. Depuis, Dave se déplace en fauteuil roulant.
Changement de décor. Quinze ans plus tard, Dave atterrit dans la ville côtière de Mombasa au Kenya, en compagnie de son ami de longue date Salim, qui l’aide, entre autres, à porter ses bagages. Et il y en a un sacré paquet. David Mzee s’est donné une mission : devenir kitefoiler. Tout en étant tétraplégique. C’est une chose que personne avant lui n’a jamais réussi à faire avec ce type de handicap.
Petite explication : chez une personne tétraplégique, les jambes sont touchées, ainsi que les bras ou les mains. Le degré d’invalidité dépend principalement du niveau auquel la moelle épinière a été abîmée. Pour Dave, il s’agissait des vertèbres cervicales C6 et C7. Il ne peut pas du tout bouger ses jambes, ses bras oui, ses mains également, mais seulement de manière limitée.
Malgré ce handicap, cet homme de 36 ans est aujourd’hui un enseignant de sport passionné. Il a décroché son diplôme en sciences du mouvement à la célèbre EPFZ et a même terminé premier de sa promotion, il a joué dans l’équipe nationale suisse de rugby en fauteuil roulant, il est conférencier motivateur lors d’événements internationaux, participe en outre activement à plusieurs projets de recherche – et est l’heureux père de deux petites flles.
Comment est-ce possible ? Comment fait-on pour retrouver toute l’ambition, toute la discipline nécessaires et pour repartir de zéro après une blessure aussi grave ? La première réponse possible, c’est que
Dave tôt le matin sur la plage de Bofa à Kilifi, sur la côte kényane.
Fabrication spéciale : le siège pour le kitefoil est un modèle unique. Pour l’instant. Le schéma de construction devrait être mis à disposition gratuitement à l’avenir.
David n’est pas seulement un penseur, c’est un prescripteur ; ce n’est pas seulement un faiseur, c’est un précurseur. Un homme qui trace la voie là où d’autres ne voient que des obstacles. Un pionnier. Et il compte bien le prouver aujourd’hui encore, sur la côte kényane. Il a déjà de l’expérience dans ce domaine. David est en efet l’un des premiers tétraplégiques à avoir réussi à refaire du ski après son accident. Il est aussi l’un des rares en chaise roulante à avoir goûté aux joies (parfois amères) du kitesurf et du wakefoil – en clair du surf avec un grand cerfvolant et du wakeboard avec un mât et des ailes de foil qui donnent l’impression de voler au-dessus de l’eau. Ici, sur la côte kényane, il veut réunir ces deux disciplines pour la première fois. Et tenter l’impensable : s’élever quelques intants dans les airs.
Le sport a toujours été un remède universel pour Dave : football, ski, arts martiaux, skate. « Quand je vais bien, je fais du sport. Quand je vais mal, je fais du sport. » C’était le cas avant l’accident. Et ça l’est encore aujourd’hui – même si c’est un peu plus compliqué maintenant. « Avant, j’allais me faire un foot vite fait avec quelques collègues. Aujourd’hui, tout demande plus d’organisation et de planifcation. » Y compris la mission au Kenya, bien sûr.
Une soif d’action insatiable
Mais pour l’instant, à Mombasa, c’est l’heure du petitdéjeuner. Dave retrouve son père, que tout le monde appelle simplement « M. D ». Ce dernier, qui est kényan, passe la moitié de l’année en Suisse et l’autre au Kenya. La mère de Dave est suisse. Dave et les deux autres enfants de la famille sont nés et ont grandi en Suisse. Il connaît bien le Kenya pour s’y être rendu à plusieurs reprises et a un peu appris la langue du pays, le swahili, au fl des ans. Au menu ce matin-là : omelettes, mandazi (sortes de beignets) et salade de fruits. Le chocolat et le fromage à raclette suisses passent de mains en mains. « Dave n’a jamais pu rester en place, raconte M. D en riant. Même quand il était petit. »
Au moment de l’accident, ses parents étaient au Kenya. Sa mère, infrmière, est rentrée en avion le jour même. M. D n’a appris que plus tard la gravité de la blessure de Dave. C’était difcile au début, explique M. D, au sujet de la période que Dave a dû passer chez ses parents avant de pouvoir reconstruire sa propre vie. Peut-être plus dur pour lui que pour Dave lui-même. Mais pour ce dernier aussi, le choc a été très rude après le diagnostic. « C’était terriblement frustrant, dit-il, surtout par rapport au sport. »
Mais Dave s’est vite repris en main : « Maintenant, j’ai enfn un vrai déf à relever dans ma vie », disait-il à peine quelques mois après l’accident. Pour Dave, le verre n’est pas à moitié vide, mais bien à moitié plein. Il nous faut environ une heure et demie pour rallier Kilif. Alors que nous quittons la ville et que la route serpente à travers un paysage de collines verdoyantes, bordées de palmiers, de baobabs et d’agaves sisalana, Dave et Salim plaisantent au sujet
Briefing de l’équipe chez Three Degrees South à Kilifi : Jo, Allam, Ivan, Dan, Dave (de gauche à droite).
Ivan, l’instructeur de kite de Salty’s, prépare l’aile sur une petite plage de la baie de Kilifi.
« Quand je vais bien, je fais du sport. Quand je vais mal, je fais du sport. »
Pour Dave, le sport est un remède universel.
le premier tétraplégique à
David Mzee est
décoller en kitefoil dans la baie de Kilifi.
des clubs et des restaurants, évoquant avec un brin de nostalgie les festas auxquelles ils ont assisté ensemble au Kenya. Tout le monde est euphorique –mais la tension n’en est pas moins palpable : sera-t-il le premier tétraplégique à devenir kitefoiler ? Sommes-nous bien préparé·e·s ?
« Bien préparé » signife beaucoup plus pour Dave que pour les personnes sans handicap – beaucoup plus que ce que l’on peut s’imaginer au premier abord. Cela passe notamment par une montagne de bagages et de sacs de sport, y compris le siège de kitefoil, une fabrication unique, que Dave a mise au point avec deux scientifques de l’EPFZ. (Plus d’informations à ce sujet à la page 45.) Ce n’est que quelques jours avant le départ que les dernières pièces du siège sont sorties d’une imprimante 3D avant d’être durcies au four. Contrairement au modèle précédent, cette unité entièrement mécanique est désormais en aluminium et non plus en acier (ce qui lui permet de fotter), n’a pas de bords soudés (bien mieux pour la combinaison en néoprène) et est équipée d’un dispositif qui permet d’ajuster le dossier et donc de transférer le poids. « On est passés à la vitesse supérieure », déclare Dave avec un clin d’œil.
Une question d’équilibre
Dans la cave qui lui sert d’atelier, sous son appartement de Wetzikon, il a bricolé dessus pendant des jours, jusqu’au dernier moment : où faut-il fxer le siège sur la planche pour répartir le poids de manière optimale ? Que va-t-on devoir peut-être encore modifer sur place ? Il n’y a pas un détail qui ne soit optimisé, pas une éventualité qui ne soit laissée au hasard. Dave ne peut pas s’en empêcher, et au Kenya, son équipe s’en rend compte dès le premier jour.
Ce qui nous amène à la deuxième réponse possible concernant la question de savoir comment Dave parvient à faire tout cela : c’est sa détermination sans faille à atteindre la perfection. Tant que tout n’est pas parfait à 100 %, Dave ne lâche rien. C’était le cas et ça l’est encore pour le siège de kitefoil, comme pour toutes les autres choses dans sa vie.
Le soir, quand la lune émerge au-dessus de l’océan Indien et que le vent se lève, Dave insiste pour aller faire un tour dans la baie de Kilif. Ça aurait peut-être pu attendre aussi demain ? Parce que, en attendant,
geste est millimétré : ami de longue date de Dave,
dans ses aventures de wakeboard et de kitesurf, ainsi que pendant la phase de test du siège.
Derniers préparatifs : Dave est assis avec sa planche sur le bord du semi-rigide. Salim et Jo s’apprêtent à le mettre à l’eau.
Toute la concentration avant le départ est portée sur l’équipement – et bien sûr sur les éléments.
Chaque
Salim l’accompagne
Débriefing détendu au Salty’s Kitesurf Village à Kilifi. saltyskitesurf.com
tout le monde est déjà sur les routes (et les rotules) , n’ayant rien mangé ces dernières 24 heures… La crique de Kilif s’étend sur environ sept kilomètres vers l’intérieur des terres. L’eau y est généralement plus calme que celle des plages de sable blanc qui donnent sur le large, et aussi plus profonde, même à marée basse. Cela devrait permettre d’éliminer le risque de blessures sur les récifs coralliens. C’est ici que Dave veut faire de sa vision une réalité. Et ce n’est que lorsqu’il est certain d’avoir trouvé l’endroit parfait qu’il retrouve peu à peu son calme – et sa confance pour les jours à venir.
L’esprit d’équipe
Le lendemain matin, Dave retrouve Jo, une Anglaise qui dirige l’école de sports nautiques Three Degrees South, ici à Kilif. Tout juste de retour d’une séance de plongée, elle raconte avec enthousiasme sa rencontre avec une pieuvre. Elle gère l’équipe de Dave sur l’eau et conduit l’un des deux bateaux qui transporteront tout le monde. Lors du briefng, l’équipage du bateau et les deux instructeurs de kitesurf, Ivan et Allam, sont également de la partie. Leur mission : faire décoller l’aile depuis la rive avant de l’amener à Dave dans l’eau.
Dave briefe l’équipe sur les mesures de sécurité, ainsi que sur le fonctionnement de sa planche et de son siège. Il explique aussi ce qu’il faut faire s’il se retrouve entraîné par le kite avec la tête dans l’eau. L’aile est fxée au corps par un chicken loop, un crochet métallique. Dave a sufsamment de mobilité dans les mains pour diriger l’aile, mais peut-être pas pour se désolidariser du kite. Son gilet de sauvetage, une pièce unique, est équipé de deux couteaux permettant de couper les cordes en pareil cas.
Dave donne tous les détails, il répond scrupuleusement à chaque demande. Il a le sourire, même si les membres de son équipe ne sont pas très sereins face à la montagne de défs à relever. Dave a le tempérament cool du beach boy, tout en étant réglé comme un coucou suisse. Un peu plus tard, le siège est fxé, le foil installé, et Dave est assis sur le bord du semi-rigide rouge que Jo dirige dans la crique. Le fauteuil roulant est resté à terre.
S’il ose se lancer dans une aventure comme celle qui l’a conduit jusqu’ici, sur la plage de Kilif, c’est aussi grâce à l’EPFL, l’université de recherche de Lausanne. Dave est le deuxième patient d’un projet scientifque expérimental visant à appliquer à des tétraplégiques une technologie développée pour les patient·e·s soufrant de douleurs. Par-dessus le bruit du moteur hors-bord, Dave parle des électrodes placées à gauche et à droite de sa colonne vertébrale, avec seize points de contact et une batterie sous la paroi abdominale. Il évoque la stimulation électrique qui l’aide à enclencher ce qu’on appelle le « réfexe de marche automatique » : lors du Wings for Life World Run 2019, un événement caritatif mondial au proft de la recherche sur la moelle épinière, Dave a ainsi parcouru 390 mètres, et 467 mètres l’année suivante. Même si les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances en ce qui concerne la mobilité dans ses jambes, les choses se sont mieux passées pour ses mains. Elles ont moins tendance à se crisper aujourd’hui. Un autre projet scientifque visant à rétablir des fonctions physiques importantes est déjà en cours de planifcation.
En ce premier jour, Dave ne sort de l’eau que tantôt brièvement, quelques secondes tout au plus, tantôt pas du tout. Après chaque tentative, il analyse le problème rencontré dans les moindres détails. À peine
La lésion de la moelle épinière de Dave, consécutive à son accident de trampoline en 2010, se situe au niveau des vertèbres cervicales C6 et C7.
Game Changer
Une équipe de l’EPFZ développe un fauteuil roulant qui devrait faciliter la vie de ses utilisateur·rice·s, en particulier si ils et elles sont adeptes du sport.
Ce qui ressemble à un trottoir plat peut s’avérer un véritable parcours du combattant pour un fauteuil roulant. « Il suffit qu’il soit à peine incliné pour qu’il faille corriger sa trajectoire », explique Reto Togni de l’EPFZ. D’autres manœuvres nécessitent les deux bras et peuvent, à la longue, avoir des conséquences néfastes sur la santé. En collaboration avec Stefan Villiger, Reto fait des recherches pour trouver une solution. Le résultat, c’est Versive, un fauteuil roulant plutôt cool.
Le système de direction
Le système Steering-by-Leaning permet à qui l’utilise de diriger le fauteuil roulant en déplaçant son poids. Pas besoin de freiner d’un côté pour effectuer une manœuvre. Cela rend les déplacements plus efficaces et réduit les efforts au niveau des bras et des épaules. « On est plus rapide et on a les mains libres », dit Reto, pour tenir son café ou un ballon de rugby.
Agilité et rapidité
Un châssis personnalisé
Autre particularité : le châssis est imprimé en 3D, avec profondeur d’assise, hauteur et angle de dossier personnalisés. « Grâce aux méthodes numériques, nous pouvons répondre très rapidement et très précisément aux besoins spécifiques », dit Reto. Exit les lourds systèmes de réglage.
Des roues actives « Ces roues permettent de savoir comment une personne fait avancer son fauteuil roulant, jusqu’où elle va et avec quelle efficacité elle le fait », poursuit Reto. Cela pourrait être particulièrement intéressant pour les sports en fauteuil roulant. Pour une version ultérieure, les deux hommes réfléchissent déjà à une transmission avant électronique. Ce système permettrait, à l’instar d’un vélo électrique, d’assister l’utilisateur dans les montées raides.
sur le prototype
En quoi le fauteuil Versive est unique.
Pour en savoir plus sur le projet
Système intégré Steeringby-Leaning.
Force 3D légère/roues avec suivi d’activité.
Géométrie d’assise personnalisée.
Roues avant avec système Power-Assist.
Feedback
par le testeur, David Mzee, pour Reto Togni (à g.) et Stefan Villiger (derrière).
« Au fil des années, j’ai réussi à me considérer comme un élément à part entière de la société. »
Confiance en soi, discipline et bonne humeur : tels sont les piliers de la réussite de Dave.
sorti de l’eau, le voilà qui se pose déjà mille questions : qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Devrions-nous décaler le siège un peu plus vers l’avant ? Si oui, jusqu’où ? Et que pourrait-on améliorer sur le gilet ?
On passe à l’action !
Dave est un analyste impitoyable. Ou comme le dit M. D : « Dave ne croit pas en Dieu. Il croit en la nature et en la science. » Voilà peut-être la troisième réponse possible à la question de savoir d’où vient la volonté farouche de Dave : il aborde son propre corps et ses possibilités limitées avec la même méticulosité scientifque qu’il applique à l’analyse de son équipement et de son environnement. Il doit d’abord tout examiner et tout comprendre avant de passer à l’étape suivante. C’est un chercheur.
Le soir, le set-up est modifé en conséquence et on planife le jour suivant. Dans l’hôtel, il n’y a qu’une seule marche à franchir pour Dave. Comme il a besoin d’aide à chaque fois à cet endroit, l’équipe ne tarde pas à plaisanter à ce sujet : « Sans cette marche pour le freiner, on ne pourrait pas le suivre. » Quand Dave entend cela, il ne peut s’empêcher de rire : « C’est exactement le genre d’humour que j’apprécie. Si on ne peut pas faire de blagues sur les personnes en situation de handicap, alors je ne veux pas en être une. » Un jour, on lui a demandé de participer à la campagne publicitaire d’une grande entreprise, qui visait à mettre les personnes en situation de handicap plus au cœur de notre société, mais il a préféré refuser : « Dans la vidéo, il y avait plein de gens avec diférents types de handicaps, mais aucune personne sans handicap. En faisant cela, on crée une opposition entre “elleux” et “nous”. » Nobles intentions ou pas, selon Dave, cela ne fait que creuser un peu plus le fossé : « Au fl des années, j’ai réussi à me considérer comme un élément à part entière de la société. Même si j’ai besoin d’aide pour franchir une marche, par exemple. Mais tout le monde a besoin d’aide de temps en temps. Ne serait-ce que pour demander son chemin à quelqu’un ».
Un nouveau jour se lève sur la crique. Ce qu’il y avait à modifer l’a été, le siège a été décalé de quinze centimètres vers l’avant, le rembourrage du gilet de sauvetage a été déplacé pour une meilleure position dans l’eau. Le vent soufe vers l’intérieur des terres à une vitesse de dix à douze nœuds, juste ce qu’il faut. Ivan, le moniteur de kite, fait décoller l’aile depuis une petite plage de la baie et la ramène jusqu’au semirigide rouge. Dans l’eau, il fait passer le chicken loop à Dave pour qu’il puisse fxer le kite à son harnais.
Dave équilibre le siège, se met en position avec sa planche, observe le vent. “Everyone ready?”, crie-t-il, fottant dans l’eau. Répartie sur les deux bateaux, l’équipe se tient prête, trépignant d’impatience. “Let’s go!”, s’époumone Dave en orientant le kite dans le sens du vent. La planche s’élève au-dessus de l’eau… et Dave s’envole au-dessus de la crique !
Tout doit être parfait : le poids du siège au-dessus du foil, le vent, l’orientation de la planche. C’est le secret d’un travail de pionnier réussi.
Après une journée fructueuse dans l’eau, Jo et Dave quittent la jetée pour rentrer à la base.
Par ici pour s’incrire au Wings for Life World Run !
Mimiks et LCone (à droite) lors du dernier concert de leur tournée en décembre 2024.
À-FACE FACE-
Deux sons, deux vibes, deux styles : Mimiks et LCone se retrouvent au Red Bull SoundClash pour célébrer leur complicité, entre amitié en privé et rivalité en public.
Texte Anne Waak Photos Muriel Florence Rieben
En discutant avec Mimiks (Angel Egli, 33 ans) et LCone (Livio Carlin, 30 ans), il devient vite évident que ces deux-là se portent un profond respect mutuel et entretiennent une confiance inébranlable l’un envers l’autre. Non seulement ils se connaissent depuis une quinzaine d’années, mais ils viennent aussi tout récemment de terminer une tournée de concerts à travers la Suisse qui aura duré un an et demi. Une conversation sur l’amitié, la rivalité, les paroles oubliées… et tous les ingrédients qui font un concert réussi.
the red bulletin : Quel a été le premier concert en live qui vous a marqué ?
lcone : Pour moi, c’était Deep Purple au Hallenstadion à Zurich, j’avais probablement 12 ans. Mon père, grand fan de rock et de metal, et également musicien, m’y avait emmené. Même si je n’écoutais pas beaucoup Deep Purple en ce temps-là, le concert m’en a mis plein la vue. La taille du stade, la foule, l’ambiance… c’était quelque chose que je n’avais encore jamais vécu.
mimiks : Quand j’ai commencé à écouter du hip-hop, je suis allé écouter beaucoup de concerts underground. C’est certainement la performance live du groupe Jedi Mind Tricks qui m’a le plus impressionné ; j’avais alors 16 ou 17 ans. Aujourd’hui, je ne suis plus fan, mais à l’époque, ils avaient des beats sympas.
Avez-vous toujours rêvé d’être sur scène un jour ou est-ce que c’est une envie qui est venue avec le temps ?
mimiks : Pour ma part, j’ai toujours voulu créer, écrire des textes. Mais de là à devenir le centre de l’attention ? Je pense que ce n’était pas inné, et c’est quelque chose qui a dû se développer en moi en faisant du hip-hop.
lcone : C’était totalement diférent pour moi. Dès que j’ai pu produire mes premiers morceaux, j’ai ressenti le besoin d’aller les jouer sur scène. Petit, je chantais dans ma chambre devant un public imaginaire, avec ma lampe de chevet comme micro. Plus tard, à l’école primaire, je participais à des spectacles où je chantais en playback. Je voulais devenir une rock star, c’est mon rêve depuis que je suis tout gamin.
Quand tu es monté pour la première fois sur une vraie scène, étais-tu nerveux ?
lcone : Très même. C’était dans le cadre d’un événement scolaire. Je devais jouer devant Mimiks et son groupe de l’époque, Drunken Picasso. J’étais tellement nerveux que j’en ai oublié les paroles ! J’ai dû improviser : « Yo, comment ça va ? » J’ai quitté la scène hyper déçu. C’était la chance de ma vie, je m’y suis pris comme un manche alors que je voulais impressionner toute l’école. Mais devinez qui m’a remonté le moral ? Mimiks !
Dans les couloirs de la salle de concerts La Schüür, à Lucerne, juste avant de monter sur scène.
LCone
IMAGE Pragmatique et authentique, il met l’accent sur des thèmes du quotidien suisse et reste proche de son public.
SON Mélange d’éléments boom bap classiques avec des influences modernes, porté par des beats accrocheurs et des flows fluides.
STYLE Relax et souvent cool, il aime souligner ses origines mais sans en faire trop.
PAROLES Intelligentes, pleines d’esprit et d’humour, il jongle entre introspection et critique sociale.
LCone et Mimiks se connaissent déjà depuis la moitié de leur vie : « Nos cerveaux se sont synchronisés. »
Et que t’a-t-il dit ?
lcone : Que je devais persévérer et que je réussirai la fois suivante. C’était donc ma première expérience en live – et c’est comme ça qu’on a fait connaissance. mimiks : À ce moment-là, mon groupe et moi étions aussi novices. Et même si on se souvenait des paroles, on ne savait pas vraiment comment réussir notre passage devant un public. Mais Livio en savait encore moins (tous les deux rient)
Est-ce que vous vous êtes appréciés tout de suite ?
lcone : J’ai toujours kifé Angel, j’étais déjà un grand fan. C’était mon modèle, déjà parce qu’il avait trois ans de plus que moi. Ça compte plus à cet âge-là. À 15 ans, j’étais beaucoup plus jeune que lui, et c’est pour ça qu’on n’est pas devenus amis tout de suite. Mais je le trouvais génial (tous les deux rient) ! mimiks : J’ai aussi kifé Livio, mais je ne l’avais pas vraiment remarqué à l’époque. Je savais qu’il faisait aussi de la musique. Mais à Lucerne, il y avait beaucoup de gens qui faisaient du rap. C’est quelques années plus tard qu’on est devenus amis.
C’était en 2010, cela fait maintenant quinze ans, soit la moitié de votre vie. Qu’appréciez-vous l’un chez l’autre ? lcone : Nous nous ressemblons beaucoup sur certains points, et sommes très diférents sur d’autres. On pense souvent de la même manière et on a le même humour et des intérêts similaires. Sans compter que c’est notre passion commune pour la musique qui nous a réunis. C’est marrant, car bien que la musique soit devenue de plus en plus importante dans nos vies respectives, elle tient de moins en moins de place dans notre amitié. Ce n’est pas vraiment ce que nous apprécions le plus chez l’autre.
mimiks : Je pense qu’en faisant la même chose pendant si longtemps, nos cerveaux se sont synchronisés. Je sais souvent ce que Livio pense ou ce qu’il dirait à un moment donné. Par exemple, quand on fait une interview ensemble (rires). C’est toujours amusant. Et puis on a vécu tellement de choses ensemble. Livio est la personne la plus sensible que je connaisse.
Et dans quels traits de caractère vous diférenciez-vous ?
lcone : J’ai une éthique de travail diférente de celle d’Angel. Il est très consciencieux et discipliné, il peut travailler pendant des heures sans interruption, que ce soit sur la musique ou dans ses études, jusqu’à ce que son cerveau fume. Moi, je préfère prendre les choses un peu plus calmement, repousser les choses à la dernière minute et ne les faire que quand il faut vraiment. En studio, j’ai beaucoup appris de la discipline d’Angel.
Est-ce que vous seriez prêts à monter sur scène même si on vous réveillait en pleine nuit ?
mimiks : Ah oui, on en serait capables, efectivement. Plus sérieusement, ça fait un an et demi qu’on joue ensemble et qu’on ne lésine pas sur les eforts pour ofrir un bon spectacle. J’ai appris beaucoup pendant cette période, surtout en ce qui concerne la collaboration avec des musiciens en live. Comparé à avant, je suis beaucoup plus détendu sur scène. Je ne suis plus aussi nerveux ni crispé, je force moins,et j’ai appris à laisser les choses se faire. Je trouve que c’est beaucoup plus facile d’êter ensemble sur scène que tout seul.
Pourquoi ça ?
mimiks : Quand on est deux, on peut alterner les prises de paroles après chaque chanson. Je peux aussi rester silencieux, ce n’est pas un problème. Alors que quand je suis seul sur scène, je suis un peu plus nerveux. J’ai beaucoup appris de notre période de concerts ensemble.
lcone : J’ai compris à quel point une performance live est complexe. Avant, je pensais qu’il sufsait de bien chanter et d’avoir une gestuelle cool. Mais c’est bien plus que ça. Tout commence par la posture et le regard, qui créent ensemble la présence sur scène. En termes de confance en moi, j’ai clairement fait des progrès.
À quoi devez-vous cette assurance ?
Est-elle seulement une question d’âge ou d’expérience ?
lcone : Je pense que c’est dû à l’expérience, mais aussi à la reconnaissance. Pendant des années j’ai joué devant un petit public et ça m’a toujours mis mal à l’aise de faire le mec sûr de lui devant cinq personnes. Quand la situation s’est mise à changer et que nous avons joué devant des salles pleines, le trac et la gêne ont disparu. Depuis, je peux profter pleinement de mes concerts.
Mis à part cette confance en soi, qu’est-ce qui fait qu’un concert devient un événement festif ?
lcone : Pour cela, il faut penser à une dynamique, une trame narrative cohérente. On ne peut pas commencer avec les plus gros hits et enchaîner avec uniquement des morceaux moins connus. C’est important, car c’est par le biais de cette matrice qu’on va établir une connexion avec le public. L’interaction et les interventions entre les morceaux sont essentielles pour créer ce lien. Ça ne fonctionne pas toujours évidemment, et ce n’est pas quelque chose que l’on peut forcer. Mais je dirais qu’on atteint les 95 % de satisfaction.
« À DEUX, C’EST BEAUCOUP PLUS FACILE SUR SCÈNE. ON PEUT AUSSI LA FERMER DE TEMPS EN TEMPS. »
Quand les rappeurs de Lucerne s’affrontent… Aperçu en coulisses.
HOW TO GET READY
Mimiks et LCone ont besoin de temps pour eux avant leurs performances live, pour remédier au trac ou pour prendre la température de l’humeur de l’autre.
MIMIKS
Je fais beaucoup de sport, ça me permet de rester en forme.
MIMIKS
Surtout pas de sport, j’ai besoin de toute mon énergie pour le concert.
MIMIKS De la bière.
COMMENT VOUS PRÉPAREZ-VOUS EN AMONT D’UN CONCERT ?
LCONE
En hiver, je m’isole quelques jours pour éviter de choper des microbes.
MIMIKS
Juste avant, je suis toujours de mauvaise humeur, sûrement à cause de la pression de devoir assurer.
COMMENT TUER LE TEMPS JUSTE AVANT UN SHOW ?
QU’EST-CE QUI DOIT ABSOLUMENT ÊTRE À VOTRE DISPOSITION EN COULISSES ?
COMMENT VOUS SENTEZ-VOUS AVANT DE MONTER SUR SCÈNE ?
LCONE
Une bonne rigolade avec les potes.
LCONE
Il y a encore pas mal de progrès à faire concernant les demandes reloues. À manger et à boire, ça me suffit.
LCONE
Soit je me laisse entraîner par l’humeur d’Angelo, soit je le laisse tranquille. Après une minute sur scène, tout va bien pour nous deux.
MIMIKS
J’ai surtout la pression d’oublier les paroles. Je sais déjà que je vais avoir le trac pour le SoundClash à cause de ça.
MIMIKS
Des problèmes techniques ! Ça peut me ruiner l’ambiance.
QUID DU TRAC ?
LCONE
Le quoi ? En ce moment, c’est avant tout de l’impatience que je ressens avant un concert.
QU’EST-CE QUI NE DOIT SURTOUT PAS ARRIVER AVANT UN CONCERT ?
LCONE
Qu’on me demande un billet cinq minutes avant le show ou de faire une story Instagram.
MIMIKS Trinquer.
COMMENT GÉREZ-VOUS L’ADRÉNALINE APRÈS LE SHOW ?
LCONE
Faire la fête avec les potes.
mimiks : Je suis d’accord avec Livio. L’essentiel, c’est de créer ce lien avec le public. Si tu arrives à établir un dialogue avec lui, tu as déjà fait un grand pas. Beaucoup de rappeurs adoptent une attitude distante sur scène, et ça peut marcher aussi. Mais perso, je préfère échanger, faire quelques blagues pour que les gens me suivent.
Quels sont vos modèles en la matière ?
Y a-t-il des artistes dont les shows vous inspirent ?
lcone : Dans le rap suisse, il y a peu de modèles. En ce qui concerne le rap accompagné de musique live, nous sommes parmi les premiers à proposer un show de ce genre. Dans le rap allemand, Casper est incroyable en live, il joue devant un grand public depuis des années, c’est impressionnant… mimiks : Casper fait défnitivement partie des artistes dont je me suis inspiré au départ pour mon jeu de scène. En général, je sens immédiatement si quelqu’un se contente d’exécuter un show sans âme ou, au contraire, s’il essaie de transmettre quelque chose avec passion. C’est peutêtre ça, le secret du succès : la passion.
Votre meilleur souvenir sur scène ?
lcone : Il y en a plusieurs. Ces dix-huit derniers mois, nous avons eu la chance de donner de très beaux concerts. Rien n’a égalé notre tournée jusqu’ici, mais spontanément, je pense à notre passage à l’Open Air Gampel l’année dernière. Il y avait énormément de monde, ce fut un spectacle absolument incroyable !
mimiks : Parfois, les meilleurs concerts sont ceux desquels on attend le moins, notamment dans des petites salles. Mais si je ne devais n’en choisir qu’un, je dirais aussi l’Open Air Gampel. Tout s’est parfaitement aligné : le public était déjà en feu avant même qu’on arrive sur scène, nous étions détendus et nous avons livré une belle performance. Ce genre de moments ne se planife pas. Ça arrive, c’est tout.
Peut-on sentir à l’avance que quelque chose d’exceptionnel se profle avant de monter sur scène ?
lcone : Parfois, on se dit : « Ça va être top ce soir. » Mais au fnal, on ne peut en être sûr qu’après. Il arrive que toutes les conditions soient réunies, mais qu’on reste bloqués dans sa tête. Dans le meilleur des cas, on se laisse porter par l’état de grâce et on profte simplement du moment. Il nous arrive aussi de vivre un même concert de manière totalement diférente.
Vous êtes amis et vous évoluez dans le même univers musical. N’y a-t-il pas forcément une forme de compétition entre vous ?
mimiks : Nous ne nous sommes jamais perçus comme rivaux. Je pense que nos carrières musicales ont bénéfcié l’une de l’autre, et que nous nous sommes nourris mutuellement. Le SoundClash sera la première fois où nous serons réellement en situation de concurrence.
Est-ce que ce sera difcile d’être adversaires ?
mimiks : Je pense que ce sera amusant (rires). lcone : Moi aussi (rires)
mimiks : Mais je veux gagner ! lcone : Oui, oui, moi aussi. Il y aura du sang (rires) ! Non, on prend ça avec légèreté. On est amis, mais on a tous les deux
« Je transmets bien l’énergie »,dit Mimiks. « Quant à moi, je vais faire un truc spécial avec le public », dit LCone.
envie de l’emporter. Peut-être que quelque chose d’inattendu émergera de cette compétition, on verra bien.
Ne risquez-vous pas d’être trop tendres l’un envers l’autre ?
lcone : Nous sommes tous les deux très ambitieux ! Notre objectif à tous les deux, c’est d’ofrir un show de grande qualité et de divertir le public. Évidemmment que nous voulons tous les deux gagner le SoundClash, c’est logique. Pour l’instant, on en parle en rigolant, mais plus la date approche, plus ça devient… sérieux ! mimiks : Mon but, c’est de tout donner pour faire un show mémorable. Et franchement, ça me frustrerait si tu préparais des trucs incroyables et que moi, je n’avais rien prévu en retour.
Comment comptez-vous battre l’autre ? mimiks : Avec une matraque (rires). Mon avantage, c’est que je peux transmettre beaucoup d’énergie. Je sais comment créer une dynamique avec le public, et ça, Livio ne sait pas le faire…
lcone : L’énergie, ce n’est pas mon truc. Aucune chance, je n’apporte rien dans ce domaine. C’est même de l’énergie négative (rires) !
Vous avez l’air de bien vous compléter…
lcone : Ma force, c’est peut-être ma polyvalence. Je peux proposer quelque chose de vraiment spécial au public – un truc auquel l’esprit limité de Mimiks ne comprendra rien (éclats de rire).
Ça promet d’être palpitant. Êtes-vous diférents sur scène par rapport à votre vie privée ?
lcone : Non, pas vraiment. Les blagues qu’on fait ici en interview, on les fait aussi sur scène. On est très authentiques, et c’est ce qui nous caractérise. On reste fdèles à nous-mêmes en toutes circonstances.
IG : @primakova_papi ; @mimiks
Mimiks
IMAGE Crédible et accessible, il est fortement ancré dans la culture et l’identité suisses.
SON Mélange de beats mélodiques et d’éléments trap modernes, tout en restant fidèle à l’esthétique hip-hop classique.
STYLE Flows précis, une grande maîtrise technique et une énergie scénique qui oscille entre décontraction et combativité.
PAROLES Personnelles, réfléchies et inspirées du quotidien, toujours travaillées et accompagnées de jeux de mots intelligents.
Devant les caméras, ils ne se font pas de cadeau. Le couple Aurélia Agel et Justin Howell en pleine séance photos pour The Red Bulletin,près de Paris.
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Texte Scott Johnson
Photos Shamil Tanna
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La Française Aurélia Agel, 27 ans, a déjà doublé Charlize Theron. Le Canadien Justin Howell, 36 ans, était déjà chevalier dans un spectacle médiéval avant de devenir cascadeur.
Aurélia Agel et Justin Howell, le couple de cascadeurs le plus en vue d’Hollywood, est sur le point de changer profondément l’industrie du cinéma. Comment ?
En
détruisant tout sur leur passage, bien sûr.
PPour voir à quoi ressemblent réellement l’héroïne et le héros de cette histoire, pose ce magazine de côté cinq minutes, va sur YouTube et tape Mr. and Mrs. Smith: Love & War.
C’est bon ? Ta tension et ton rythme cardiaque sont redescendus ?
Bien. L’actrice et l’acteur de ce cocktail d’action explosif tourné dans une casse d’avions en plein désert californien s’appellent Aurélia Agel et Justin Howell, comptent parmi les cascadeurs les plus talentueux d’Hollywood et sont mariés – à la ville comme à l’écran.
L’idée de ce court-métrage naît au cours de l’été et de l’automne 2023, alors qu’une grève de scénaristes paralyse Hollywood. Plus qu’un simple passetemps pour sortir de cette torpeur, le projet afche clairement ses ambitions : « Réaliser le meilleur court-métrage d’action possible en un temps record. »
Une expression prise au pied de la lettre : seulement 48 heures de tournage ont été nécessaires pour ce court-métrage aux allures de blockbuster avec des avions, des explosions, et des scènes de combat dingues, comme celle où Howell attrape un projectile de lance-roquettes à main nue pour le relancer sur son assaillante, et (presque) à la fn, un baiser.
Si vous pensez que Mr. and Mrs. Smith: Love & War est un gros coup de pub de la part du couple pour tenter de se faire un nom dans le milieu, c’est que vous les connaissez bien mal : Agel a déjà doublé
Charlize Theron, Milla Jovovich et Olga Kurylenko. Quant à son blondinet de mari, sa mâchoire carrée n’a rien à envier à celle de Superman, superhéros auquel il a déjà prêté son impressionnant physique d’1,90 m tout en muscles, sans oublier Thor: Love and Thunder, Avengers: Endgame et Dark Phoenix pour ne citer qu’eux.
Mais bien plus qu’un divertissement à grand spectacle, Mr and Mrs Smith: Love & War est avant tout le parfait symbole du profond bouleversement en cours à Hollywood. À l’image d’Agel et Howell, de plus en plus de cascadeurs et cascadeuses professionnel·le·s ne se contentent plus de doubler les stars du grand écran, mais prennent en charge des fonctions traditionnellement réservés à d’autres, comme la chorégraphie des combats, la réalisation et même le jeu d’acteur.
Un phénomène qui ne date pas d’hier : la voie avait déjà été tracée par certain·e·s pionnier·ère·s comme Zoë Bell, qui a débuté comme doublure d’Uma Thurman dans Kill Bill avant de devenir actrice et productrice, ou Greg Powell, ancien cascadeur pour Superman, James Bond ou Indiana Jones, devenu coordinateur de cascades sur Harry Potter et Avengers Aujourd’hui, des pointures comme Chad Stahelski, David Leitch ou Sam Hargrave passent derrière la caméra pour redéfnir le flm d’action hollywoodien. Hargrave, par exemple, a mis ses talents de coordinateur de cascades sur divers flms Marvel à proft pour réaliser Extraction, une franchise Netfix acclamée pour ses scènes d’action spectaculaires et son audace visuelle.
Si les cascadeurs et les cascadeuses contribuent largement au succès artistique et commercial des flms d’action, ils et elles restent encore trop à l’écart des grandes cérémonies de récompenses, notamment les Academy Awards (les Oscars). Depuis 2001, les Taurus World Stunt Awards tentent de réparer cette injustice en consacrant huit catégories de récompenses à ces performances exceptionnelles (voir encart page 67) Mais pour Hargrave, le réalisateur d’Extraction, c’est encore trop peu: « Quand on imagine le rôle prédominant des cascades dans
« Ce sont des personnes d’une douceur incroyable. »
… dit Sam Hargrave, légende du cinéma d’action et réalisateur du thriller Matchbox avec Agel et Howell.
l’histoire du cinéma, on a du mal à comprendre pourquoi elles n’ont pas leur propre catégorie aux Oscars », fustige-t-il. Avec Aurélia Hagel et Justin Howell, il cherche désormais à repousser les limites du possible.
Le trio est en plein tournage de Matchbox en studio à Budapest. Coproduit par Skydance, Apple et Mattel Films, ce thriller s’inspire des célèbres voitures miniatures Mattel et met en scène John Cena et Jessica Biel. « Si nous réussissons à flmer tout ce que nous avons en tête, ce flm devrait battre tous les records en termes d’action », s’enthousiasme Hargrave. Sur l’insistance d’Howell, le réalisateur a changé le scénario pour que le couple puisse travailler ensemble. « On a écrit un rôle sur mesure à Aurélia, explique-t-il. Elle incarne une tueuse qui tente d’assassiner John Cena et partagera des scènes d’action assez drôles avec lui. »
Née à Orléans (France), Aurélia Agel passe une grande partie de son enfance à Cahors, non loin de Toulouse. Son père, enseignant, pratique le taekwondo et écrit des livres sur la mythologie grecque. Sa mère, infrmière, est passionnée de judo. La petite famille déménage souvent et atterrit parfois dans des banlieues peu fréquentables. Inquiets pour la sécurité de leurs flles, les parents encouragent Aurélia et sa sœur aînée à apprendre les arts martiaux. Enthousiaste et incroyablement douée, Aurélia décroche sa ceinture noire à 14 ans avant de
rejoindre l’équipe de France de Sanda, un sport de combat originaire de Chine. Quand ses parents fnissent par lui suggérer de faire un métier de sa passion pour les arts martiaux, Agel s’inscrit au Campus Univers Cascades, prestigieux centre de formation dédié aux techniques de cascades dans le nord de la France. « Dès le premier jour, j’ai su que j’avais trouvé ma voie. » Elle décroche le premier rôle de cascadeuse pour lequel elle postule : doublure d’Aleksandra Luss dans le flm Anna de Luc Besson. Pour les besoins du tournage, elle monte à Paris et tente de se faire un nom dans le milieu. Après plusieurs cours et formations supplémentaires, notamment en Wire Work (les acteurs sont attachés à des fls très fns, souvent invisibles, pour donner l’impression de fotter ou de voler), la carrière d’Agel décolle : on l’engage pour Black Widow, où en plus de travailler comme doublure de Florence Pugh, elle incarne l’une des Widows. Elle enchaîne avec Guardians of the Galaxy Vol. 3, dans lequel elle double Karen Gillan dans le rôle de Nebula, et plus récemment, réalise les cascades de Charlize Theron dans Fast and Furious X. C’est à Mississauga (Canada), de l’autre côté de l’Atlantique, que grandit Howell. Comme celle d’Agel, sa mère est infrmière. Son père, lui, travaille dans l’immobilier. Howell commence également à pratiquer les arts martiaux dès son plus jeune âge : ado, il sillonne les États-Unis et participe à des démonstrations de taekwondo en public. Après quelques années à danser comme pom-pom boy (il participe même aux championnats du monde avec l’équipe canadienne entre 2011 et 2016), il joue le rôle d’un chevalier dans Medieval Times, dîner-spectacle médiéval très populaire à Toronto. Il s’initie à l’équitation, au combat d’épées, et prend 12 kilos de masse musculaire en deux ans. Il a déjà un pied dans le showbusiness, le deuxième suit rapidement avec un tout premier flm, le péplum Pompéi, puis il est engagé comme doublure de Joel Kinnaman dans Suicide Squad (2016). Il fait ensuite le grand saut dans le « Marvel Cinematic Universe », et réalise les cascades de Chris Hemsworth dans des flms comme Thor: Love and Thunder et Extraction 2
Il avait quelqu’un dans sa vie, elle était célibataire
Agel et Howell se rencontrent en 2021 à Budapest, sur le tournage de la première saison de la série
Paramount+, Halo. « Je doublais le Master Chief, elle doublait Riz », raconte Howell. « Il avait une petite amie et j’étais célibataire », rajoute froidement
Agel. « Au début, on ne se calculait pas du tout. »
Tout a changé lorsqu’un jour, Howell a demandé à Agel si elle avait un mec ...
Quelques mois plus tard, Agel sait qu’elle veut épouser Howell. Les deux tourtereaux jonglent entre des tournages à Berlin, au Canada et en Australie, et réussissent à passer plusieurs mois ensemble à Prague. C’est là, alors qu’Howell travaille sur le dernier John Wick, qu’ils planifent leur mariage.
Enchaînement : Agel et Howell ne veulent pas seulement multiplier les rôles, mais aussi écrire et produire leurs propres films.
du beau monde
du beau monde
Aurélia Agel et Justin
Howell ont doublé (et parfois affronté) de nombreuses stars d’Hollywood.
Karen Gillan
Qui est qui ? Agel et l’actrice Karen Gillan sur le tournage de Guardians of the Galaxy Vol. 3 (2023).
Dans My Spy: The Eternal City (2024), Agel affronte l’acteur et ancien catcheur américain.
Quand le tueur à gages John Wick (Reeves) se lance dans une quête assoiffée de vengeance dans le quatrième opus de la série (2023), il a face à lui une pléthore de cascadeurs hommes et femmes, dont Aurélia Agel.
Charlize Theron
En doublant Charlize Theron dans Fast and Furious X (2023) et The Old Guard 2 (2024), Agel a littéralement fait des pieds et des mains pour devenir l’une des plus grandes cascadeuses du cinéma.
Keanu Reeves
Dave Bautista
Joel Kinnaman
Howell avec l’acteur américanosuédois sur le plateau de l’adaptation de Suicide Squad (2016).
Chris Hemsworth
Howell a doublé l’acteur australien dans Thor: Love and Thunder (2022) et Extraction 2 (2023).
Olga Kurylenko
Agel a doublé la FrancoUkrainienne dans le film Sentinelle (2021).
Will Smith
Dans Suicide Squad (2016), l’acteur américain ici avec Howell incarne Deadshot, un tueur à gages.
Jean-Claude Van Damme
Dans Lukas (2018), le Belge, ici avec Agel, incarne un videur qui affronte une bande de gangsters.
« Notre objectif ?
Une catégorie Meilleure cascade aux Oscars ! »
Agel et Howell font preuve d’un engagement total pour une meilleure reconnaissance de leur métier.
Taurus World Stunt Awards : la reconnaissance tant attendue
Créés par Dietrich Mateschitz, le fondateur de Red Bull, les Taurus World Stunt Awards ont pour but de récompenser les performances des pros de la cascade. Décernés pour la première fois en 2001, ils ont lieu chaque année depuis. Le jury est composé de membres du milieu et les prix récompensent huit catégories, de la meilleure chorégraphie de combat (« Best Fight ») au coup le plus dur (« Hardest Hit »). L’organisation s’occupe également d’une fondation qui vient financièrement en aide aux doublures gravement blessées lors de cascades. Les Taurus World Stunt Awards 2025 seront décernés le 10 mai prochain à Los Angeles. L’année dernière, Extraction 2, le film de Sam Hargrave, a d’ailleurs dominé les récompenses avec des nominations dans sept catégories. Le film a finalement été récompensé pour le « Best Work with a Vehicle » (meilleure performance avec un véhicule), ainsi que pour le « Best Fight » (meilleur combat) et le « Best Stunt Coordinator » (meilleur coordinateur de cascades). taurusworldstuntawards.com
Il aura lieu à Copenhague. Le lendemain de la cérémonie, chacun repart travailler dans un pays diférent.
À quoi ressemble le quotidien d’un couple de cascadeur·euse·s qui fait partie de la jet-set des flms d’action ? On en apprend beaucoup en regardant leurs posts sur Insta et TikTok : ils s’entraînent ensemble, comme en témoignent les nombreux contenus et vidéos qu’ils partagent sur l’envers du décor de leur mode de vie et qui atteignent des millions de vues. Tous deux se sont promis de ne jamais être séparé·e·s plus de trois semaines d’aflée. Et quand ils auront des enfants ? (Agel précise qu’ils en veulent deux.) « Ils voyageront avec nous et au début, ils seront scolarisés à domicile, explique Agel. Le plus important, c’est d’être tous réuni·e·s. »
C’est le cas ce matin, alors qu’ils partagent café et croissants dans une salle de sport de la banlieue nord de Paris. Derrière eux, quelques spécialistes français de parkour font de la gym. Agel et Howell commencent leur journée d’entraînement par des exercices d’étirements. Ensuite, leur routine consiste à se balancer l’un l’autre sur les tapis, se tourner autour et faire mine de vouloir se faire vraiment du mal, le tout selon une chorégraphie extrêmement précise, bien entendu.
Les observer, c’est comme regarder un flm en live. Agel exécute un coup de pied retourné avec une souplesse impressionnante, roule élégamment au sol pour se redresser aussitôt, tandis qu’Howell encaisse une série de coups à la poitrine en grimaçant de manière très convaincante, comme si chaque coup porté le tordait de douleur. Il se projette au sol en arc
de cercle, exécute une roulade féline et se relève immédiatement. Ce jour-là à Paris, ils s’entraînent pour Matchbox, le flm réalisé par Hargrave. « Ces deux-là forment un duo de choc. Leurs capacités physiques et athlétiques sont impressionnantes, et en même temps, ils sont d’une douceur et d’une gentillesse incroyables », s’exclame le réalisateur de 42 ans. Hargrave s’est taillé une solide réputation grâce à un impressionnant plan-séquence de 21 minutes dans Extraction 2 qui enchaîne une émeute carcérale, une course-poursuite et une scène d’action dans un train. Une logistique à vous donner le tournis : 400 fgurant·e·s pour les scènes d’action, une équipe de 75 cascadeur·euse·s et 29 jours de tournage. La plupart des efets spéciaux ont été réalisés sans CGI, y compris la scène où Chris Hemsworth, doublé par Howell dans le flm, est dévoré par les fammes. Hemsworth considère cette scène comme la plus difcile de sa carrière.
La base d’un projet de vie ?
Les acteurs et actrices efectuant eux-mêmes des cascades très dangereuses sont indissociables de l’histoire du cinéma, l’un des exemples les plus connus étant la folle cavalcade en train de Buster Keaton dans Le mécano de la générale (1926). Les premiers cascadeurs apparaissent dès le début du XXe siècle. Helen Gibson sera la première femme à sauter depuis des trains ou des motos dans la série The Hazards of Helen (1914-1917). Grâce à l’évolution du septième art, les scènes d’action deviennent de plus en plus audacieuses, techniques et complexes. On fait appel à des professionnel·le·s du cirque ou du rodéo, à l’image de Tom Mix, cavalier hors pair dont les acrobaties pimenteront plusieurs westerns mémorables. Hargrave partage le même genre d’ambitions pour Agel et Howell dans Matchbox : « Justin va participer aux scènes les plus dingues du flm », explique le réalisateur. Agel, de son côté, aura un rôle hybride, à la fois doublure pour des cascades extrêmes et actrice à part entière. « Vers la fn du flm, on lui a concocté une séquence d’action énorme, j’ai hâte qu’on s’y mette », rayonne Hargrave. Aurélia est elle aussi impatiente d’élargir son répertoire : « J’ai envie de jouer plus de rôles en tant qu’actrice et passer un jour à la production. » Love & War pourrait être le premier pas dans cette direction. Agel et Howell collaborent déjà d’arrache-pied avec un scénariste sur un long métrage et ont entamé des discussions avec la production. Peut-être qu’inconsciemment, Love & War est la pierre angulaire d’un nouveau projet de vie pour le couple. Après cinq minutes de combat acharné durant lesquelles les deux essaient de s’entretuer, le courtmétrage se termine sur une note tendre.
« Tu m’as manqué, bébé », dit Howell. « Est-ce que ça veut dire que tu m’aimes encore ? », répond Agel. Après un long baiser enfammé, elle porte un dernier coup à son adversaire, en signe d’adieu. Fin de l’histoire… mais à l’écran seulement !
IG : @aurelia_agel ; @stuntjustin
291 mètres, soit le plus long saut à ski jamais réalisé : Ryōyū Kobayashi, auteur de l’exploit, est bien décidé à repousser les limites de son sport.
FIGURE STYLE DE
L’athlète japonais, champion olympique du saut à ski, veut populariser sa discipline grâce à la mode et au hip-hop.
Texte
Tom Guise et Patrick St Michel
Photos
Norman Konrad
Stylisme
Masahiro Hiramatsu
Tenue : manteau par Masterkey ; chemise, haut, pantalon et chapeau par Bodysong ; chaussures par Yoak.
« À chaque saut, il y a une part de risque », rappelle Ryōyū, avant de sauter dans le bassin d’un bain public de Tokyo, entièrement sapé en Toga Virilis, un label japonais.
Tous les regards sont rivés sur lui : ce n’est pourtant pas sur un tremplin de saut à ski que Ryōyū Kobayashi se trouve ce jour-là, mais au bord du bassin d’un sentō, un bain public construit il y a septante ans à l’ouest de Tokyo. Derrière lui, une peinture murale représentant le mont Fuji. Le petit saut de 50 centimètres qu’il s’apprête à réaliser est évidemment bien loin de ceux, spectaculaires, auxquels il est habitué. Mais aujourd’hui, le jeune sauteur à ski japonais est là pour nous faire découvrir ses deux autres passions : la mode et le hip-hop.
À 28 ans, Ryōyū Kobayashi est une star du saut à ski : double vainqueur du classement général de la Coupe du monde, médaillé d’or et d’argent aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022 et triple champion de la Tournée des Quatre Tremplins. Mais son exploit d’avril dernier surpasse tout : sur un tremplin spécialement construit pour lui en Islande, il a volé 291 mètres – une distance inégalée dans l’histoire du saut à ski. Un vol de dix secondes, atterrissant 37,5 mètres plus loin que tout autre sauteur avant lui.
Au bain public de Tokyo, Kobayashi plaisante : « Il y a toujours un risque, même ici. » Chaussé d’une paire de bottes Toga Virilis, il s’aventure prudemment sur les bords glissants du bassin avant de sauter – avec le sourire, évidemment.
De nature calme et avenante, Kobayashi a toujours le sourire aux lèvres. Un garçon poli mais peu loquace, que ce soit avec les stylistes de notre séance photo ou avec ses proches et son Team Roy, l’équipe qui l’entoure – et qui l’appelle Roy en privé. Les réponses qu’il donne en interview sont souvent succinctes : « Quand je n’ai rien à faire ? Je fais du rangement ou je vais voir des potes, » lance-t-il. Les boîtes de nuit ? « Pas mon truc. » Et pendant ses jours de repos ? « Je vais voir des expos. » Des réponses qui ne nous permettent pas de percer la vraie personnalité de ce garçon fascinant.
Pendant la séance photo au sentō de Tokyo, Kobayashi répète son petit saut une quinzaine de fois, tout en vérifant le résultat avec le photographe.
En sortant de l’établissement, il accepte de poser pour une photo avec le propriétaire des lieux et de signer un autographe : « J’ai l’habitude de susciter de l’attention », nous confe-t-il.
Tomohiro Maruyama, patron du Team Roy, raconte sa rencontre avec le jeune Ryōyū : « C’était il y a dix ans. À l’époque, il était impensable qu’il puisse être à l’aise avec des étrangers. Quand il parlait aux gens, il était timide, souvent nerveux. »
Pourtant, le jeune homme de 18 ans montrait déjà un talent exceptionnel pour le saut à ski. Une aisance qui s’explique en partie par les hivers rigoureux de sa région natale de Hachimantai, située au nord-est de l’île principale du Japon, Honshū : « On devait déneiger la voiture chaque fois qu’on voulait sortir », se souvient-il. Mais le facteur décisif, c’est surtout cet intérêt familial pour le saut à ski, un sport qui a toujours fait partie du quotidien des Kobayashi : son frère aîné Junshirō, sa sœur Yūka et son frère cadet Tatsunao ont tous pratiqué la discipline à plus ou moins haut niveau. Ryōyū n’avait que trois ans lorsque son père, professeur de sport, leur a construit une petite rampe de saut dans le jardin familial : « Elle ne faisait qu’un mètre de haut, se souvient-il. C’est comme ça que tout a commencé. »
« J’ai essayé d’autres sports, raconte Ryōyū Kobayashi, mais pour le saut à ski, il y avait des camps d’entraînement, ce qui me donnait une bonne excuse pour manquer l’école. » C’est lors d’un de ces camps qu’il rencontre en 2014 Noriaki Kasai, une légende nationale du saut à ski et le seul athlète à avoir participé huit fois aux Jeux olympiques d’hiver. Cette année-là, Kasai, alors âgé de 42 ans, devient le plus vieux médaillé olympique et le plus vieux vainqueur d’une épreuve de Coupe du monde en saut à ski. Un an plus tard, il propose au jeune Kobayashi de rejoindre son équipe, le Tsuchiya Home Ski Team.
Janne Väätäinen, leur entraîneur fnlandais, se souvient de sa première impression : « Au Japon, il y a beaucoup de
jeunes sauteurs talentueux, mais Ryōyū avait quelque chose de plus. La fuidité de ses mouvements, sa position lors de la prise d’élan – je ne peux pas vraiment l’expliquer, mais j’ai immédiatement pensé : “Ce gars est spécial.” » Le Finlandais ne se trompe pas : lors de ses débuts en Coupe du monde en 2016 en Pologne, Kobayashi se classe septième. « Pour un débutant, c’est sensationnel, souligne Väätäinen. Et il a continué sur cette lancée. » Pourtant, la saison suivante ne se passe pas aussi bien, Kobayashi ne marquant aucun point en Coupe du monde. Väätäinen considère que cet échec a été crucial pour la carrière de Ryōyū : « C’est là qu’il a commencé à devenir plus concentré, plus professionnel, plus ambitieux. Il s’est enfn mis à bosser vraiment dur – et les eforts ont payé. »
Lors de la saison 2018/19, Kobayashi remporte la Coupe du monde au classement général ainsi que le Grand Chelem des Quatre Tremplins – en gagnant les quatre épreuves d’aflée, exploit que seulement trois athlètes ont accompli dans l’histoire. « Cette saison, Ryōyū a porté le saut à ski à un tout autre niveau », estime Väätäinen, qui quitte l’équipe Tsuchiya Home Ski Team cette même année pour devenir entraîneur-chef de l’équipe nationale fnlandaise. Mais en 2023, il reçoit un appel de Kobayashi, qui vient de quitter sa première équipe pour devenir professionnel : « Il m’a demandé si je voulais l’aider. » Väätäinen ajoute : « Ses succès lui ont donné confance en lui. Pas à pas, il est devenu celui qu’il est aujourd’hui : un athlète axé sur les performances, hautement professionnel. Ryōyū sait ce qu’il veut : il veut révolutionner le saut à ski. »
Son côté révolutionnaire ne transparaît pas vraiment pendant l’interview : Kobayashi est toujours aussi poli, mais ses réponses restent laconiques. Comment décrirais-tu ton cercle d’amis ? « Mes amis sont tous intéressants. » Quels sont tes meilleurs souvenirs de Tokyo ? « Chaque jour que j’y passe est sympa. » Pourtant, un miracle fnit par se produire : en branchant le jeune homme sur la musique hip-hop japonaise, son visage s’illumine – enfn ! En route vers le quartier animé de Shinjuku, alors qu’il est assis à l’arrière de son Range Rover, Ryōyū branche Spotify et commence à scroller, passant les artistes qu’il adore pour nous les faire découvrir : AK-69, Bad Hop, JP The Wavy… Et là, c’est la métamorphose : balançant son corps au rythme des beats, il reprend les textes comme s’il était sur scène avec un micro à la main. Une métamorphose ! « Le hiphop me donne le sentiment d’être moimême, d’être vrai. C’est une musique qui correspond totalement à mon style. » Kobayashi est entré dans l’univers du rap grâce à KOHH, l’un des plus grands rappeurs japonais des années 2010, aujourd’hui connu sous son vrai nom, Yuki Chiba. « J’ai assisté à l’un de ses concerts, sur un toit à Ginza. C’était incroyable. » Beaucoup des rappeurs qu’il nous fait découvrir dans son Range Rover sont devenus des amis proches. « Je n’ai jamais créé de musique moimême ou essayé d’être DJ, confe-t-il. Mais cela me tente. Je me demande à quoi ma propre musique ressemblerait. »
« Je veux sortir le saut à ski de sa niche : imagine que ce sport ait la même place dans la culture que le hip-hop ! »
Et naturellement, il se demande comment combiner sa passion pour la musique et le saut à ski. « Je veux créer un espace où le saut et la musique coexistent et se renforcent mutuellement. Regarde l’impact social du hip-hop : imagine que le saut à ski atteigne un statut similaire ! »
Le hip-hop – en particulier le hip-hop japonais – infuence chaque aspect de la vie de Ryōyū Kobayashi. Celleux qui le
Un style monotone ? Très peu pour Ryōyū :
« La mode exprime mes humeurs du moment. » Ce jourlà, il est d’humeur on the wild side et sa tenue est signée Prada.
Des fringues amples et stylées qui collent à son mode de vie, sans prise de tête : ici en total look Undercover. « Beaucoup de mes amis japonais sont des artistes dans le milieu du hip-hop. »
connaissent bien se souviennent que, avant de tomber amoureux de ce genre musical, son style vestimentaire était plutôt discret. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : « La façon dont KOHH et d’autres rappeurs parlent de mode dans leurs chansons m’a profondément marqué. »
L’un de ses amis est justement un grand designer de mode, Hiroshi Fujiwara, aka le « Parrain du streetwear ». Fujiwara fait partie du projet collaboratif HTM de Nike (H pour Hiroshi), à l’origine de la vague des sneakers rétro. Un univers que le designer connaît parfaitement puisqu’il fut, dans les années 80, l’un des premiers DJs au Japon à jouer du hip-hop américain. En septembre 2023, les deux ont assisté ensemble à un Grand Prix de F1. C’est là que Kobayashi a eu l’idée de demander à Fujiwara de concevoir son casque de saut à ski. Le jour du fameux record des 291 mètres, Kobayashi portait donc un casque spécialement conçu par son ami.
Cette passion pour la mode l’a motivé pour concevoir quelques vêtements disponibles sur la boutique Team Roy. Mais quand on lui demande s’il a envie de lancer sa propre ligne, l’intéressé secoue la tête : non, ce n’est pas prévu – même si sa fascination pour la mode reste intacte.
« Ce que j’aime dans la mode, c’est qu’elle permet d’exprimer des émotions, de montrer qu’on se sent bien dans sa peau. »
« Comment décrirais-tu ton style de vie aujourd’hui ? » Kobayashi se répète la question depuis la banquette arrière de son Range Rover, avant de citer JP The Wavy : « Wavy ! », répond-il en souriant. « Wavy. Relax, quoi. »
La carrière de Kobayashi l’a amené à côtoyer des personnes pour lesquelles, au premier abord, la « cool attitude » n’est pas nécessairement une priorité. « Je suis un vrai montagnard », lance Bernie Rupitsch. Une description très édulcorée de ce quinquagénaire autrichien originaire de Heiligenblut, dans les montagnes de Carinthie (Autriche). Rupitsch est un
Un de ses proches, Hiroshi Fujiwara, est une légende du streetwear et expert en sneakers chez Nike.
mec de besogne, le genre de type qu’on appelle quand il s’agit de réaliser les idées les plus folles. En 2021, Red Bull lui a demandé de construire un tremplin de saut à ski unique en son genre. Et qui est l’athlète qui était censé l’utiliser, une fois construit ? Ryōyū Kobayashi. Pour comprendre le projet, il faut revenir en 2019. Cette année-là, Kobayashi réalise sa meilleure performance personnelle : un saut de 252 mètres – un record japonais mais aussi, à ce jour, le troisième saut le plus long de l’histoire (le record ofciel actuel est de 253,5 mètres, détenu par l’Autrichien Stefan Kraft). Le tremplin utilisé pour ce saut, situé à Planica en Slovénie, a une longueur (qu’on appelle « Hillsize ») de 240 mètres, ce qui ne désigne pas la longueur de la rampe mais la fn de la zone d’atterrissage sécurisée. Au-delà de ce point, la pente devient beaucoup plus plate, ce qui augmente considérablement la pression sur le skieur ou la skieuses lors de l’atterrissage et, avec elle, le risque de chute ou de blessure grave. À Planica, Kobayashi a volé 12 mètres au-delà de cette limite des 240 mètres –sachant qu’il n’existe aucun tremplin plus grand au monde que celui de Planica.
L’idée de Rupitsch est donc audacieuse : construire un tremplin deux fois plus grand. En 2012, il avait déjà tenté un projet similaire pour l’Autrichien Thomas Morgenstern. Le tremplin, situé sur le Grossglockner, la plus haute montagne d’Autriche, avait bien été construit mais des obstacles bureaucratiques avaient empêché son utilisation. Pendant presque une décennie, cette idée a continué d’obséder Rupitsch : « Chaque fois que je voyais une montagne adaptée, je me disais : “On pourrait y construire un magnifque tremplin.” » Quand l’occasion se représente en 2021, Rupitsch est bien décidé à construire un tremplin unique en son
genre, mais aussi à le voir utilisé par des athlètes hors du commun. La première étape est de trouver un endroit isolé et de préférence près de la mer. « Plus on est en altitude, plus l’air est rare et moins il y a de portance », explique-t-il. Après deux ans de recherche, Rupitsch découvre une colline près de la ville d’Akureyri, dans le nord de l’Islande. « La première fois que je l’ai vue, le ciel était rempli d’aurores boréales. C’était un signe », dit-il.
En 2023, Kobayashi se rend sur place :
« C’était l’été. Il n’y avait que de la roche et de la pierre, se souvient-il. Mais j’ai tout de suite su que cet endroit était parfait pour le saut à ski. » En vrai puriste venu des montagnes nippones, il demande que la piste soit faite en glace. « Normalement, les pistes sont en céramique, explique son collègue autrichien. En dessous, un tuyau pulvérise de l’eau qui gèle. Le souhait de Kobayashi d’avoir une vraie piste de glace représentait donc un vrai déf pour nous : le saut devait avoir lieu au printemps, après la fn ofcielle de la saison, mais avant la montée des températures : ça ne nous laissait pas beaucoup de temps. »
« Dans un café du centre commercial de la ville, j’ai acheté 20 kilos de gros sel pour bretzels, raconte Rupitsch. Si vous saupoudrez du sel sur la neige, elle devient très glacée avant de fondre. Si la température grimpait trop, je prévoyais d’utiliser tout ce sel sur la piste d’élan. Sinon, nous l’aurions utilisé pour une bretzel party ! »
La veille du saut, Kobayashi inspecte l’installation une dernière fois. « Tout ce qu’il a dit, c’est : “Merci pour votre boulot” », se souvient Rupitsch en riant. « J’étais détendu », explique Kobayashi.
« Parce que tout était parfait. »
Les gens qui ne connaissent pas Ryōyū Kobayashi sont tentés de confondre sa nature réservée avec un manque d’enthousiasme. Une impression évidemment trompeuse : « Personne ne prend de tels risques sans être guidé par la passion », rappelle son entraîneur fnlandais Väätäinen. « Ce que Ryōyū fait
3 Secondes…
Secondes…
Secondes…
LE SAUT RECORD DE RYO–YU – EN ISLANDE
parti !
VitesSe : 107 km/h !
253,5 mètR es ! c’est un nouveAu record du monde.
AtterR isSage : 291 mètR es
On peut confondre sa nature réservée avec un manque d’enthousiasme, ce qu’il réfute catégoriquement. Ainsi,son entraîneur dit :
« Personne ne prendrait un tel risque sans passion. »
Ryōyū s’est donné une mission : faire de sa passion, le saut à ski, un sport populaire. Au lieu d’une combinaison classique de ski, il préfère poser devant la caméra en total look Marni.
habituellement est déjà très dangereux. Mais ce projet en Islande dépasse les limites de ce qui est normal, même pour les standards des sauteurs à ski. C’est extrêmement risqué. »
Une passion que le sauteur japonais démontre une nouvelle fois magistralement, en cette journée du 24 avril 2024 à Akureyri. Un record réalisé le deuxième jour sur le tremplin. Bien que la petite bourgade islandaise compte à peine 20 000 âmes et qu’elle soit relativement isolée, la rumeur s’est semble-t-il répandue qu’il se passait ici quelque chose d’exceptionnel. On aperçoit ce jour-là un drone non identifé dans le ciel et un site d’information islandais publie des photos prises en cachette. La veille, Kobayashi avait efectué trois sauts. Son dernier saut de 256 mètres, dépassait déjà de peu le record du monde ofciel.
Kobayashi est debout depuis quatre heures du matin, se préparant dans le parking pour ses sauts. « Il est tellement calme qu’on ne sait pas vraiment ce qui se passe dans sa tête, » avoue Väätäinen.
« Ces derniers jours, je suis sûr d’avoir eu plus peur que lui ! » La saison de saut à ski est terminée depuis cinq semaines, et Kobayashi n’a pas sauté depuis un mois. À 7 h 18, il tente son quatrième saut. Tout semble prêt, mais le soleil est déjà haut et la température devient problématique. Par radio, l’équipe discute de l’ajout de sel sur la piste d’élan. Réponse : « Pas de sel. » Kobayashi s’assoit sur le tremplin et attend que le vent se calme.
« Ryōyū est en approche, » annonce la radio. « 3, 2, 1… Décollage ! » Il apparaît au sommet de la colline, le corps tendu, volant comme une fèche dans les airs, les skis en parfait V. Huit secondes s’écoulent, il vole toujours, dépassant la marque du record du monde ofciel. Neuf secondes, dix, il atterrit en douceur. « 291 mètres ! » Kobayashi a ainsi dépassé de 37,5 mètres le précédent record historique de ce sport.
Hiroshi Fujiwara, célèbre pour avoir lancé une vague de sneakers rétro chez Nike, a collaboré avec Kobayashi pour concevoir son casque.
Déjà, la neige fond – ce qui signife que ce saut de 291 mètres sera le dernier jamais réalisé sur ce tremplin unique. Bientôt, il disparaîtra complètement sous le soleil printanier islandais. Plus tard dans la journée, la Fédération internationale de ski (FIS) annoncera que le tremplin ne répondait pas aux critères nécessaires pour que le saut de Kobayashi soit homologué comme un record ofciel. Mais pour Kobayashi, ce n’est pas le plus important : ce qu’il voulait, c’était attirer l’attention du public sur un sport qu’il aime tant – et c’est réussi. Comme il le répète : « C’est ça, le vol à ski ! »
Six mois plus tard, nous le retrouvons à Tokyo, prenant la pose devant une fresque murale géante représentant une boîte de thon, dans le quartier gastronomique Hobo Shinjuku Norengai. La soirée commence, les restaurants et les bars se remplissent. Kobayashi, vêtu d’un ensemble noir signé Prada, est assis sur une table et joue avec l’objectif de la caméra. Demain, il prendra le Shinkansen, le train à grande vitesse, pour se rendre à Kobe, avant d’aller profter des paysages enneigés d’Hokkaido. Il enchaînera les compétitions chez lui et en Europe. Et ensuite ? « Ma vie suit son propre cours », répond Kobayashi dans un grand sourire. Une vie faite de passions et de moments féeriques à planer dans les airs – aussi loin que possible.
DES AIIILES POUR LE PRINTEMPS.
SANS SUCRE
STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.
Voyage / Playlist / Énigme / Montre /Agenda
LA VOIE ROYALE
Le Bhoutan à vélo : Tom Öhler nous montre le chemin.
PERSPECTIVES
VOYAGE/
RANDO À VÉLO !
Peu le savent, mais le prince du Bhoutan est féru de VTT. Ce royaume bouddhiste, au bord de l’Himalaya, est ainsi devenu un véritable paradis du tout-terrain. Le photographe Martin Bissig s’est rendu sur place avec le vététiste pro Tom Öhler et nous raconte son expérience.
De nombreux mythes entourent le petit royaume du Bhoutan, niché dans l’Himalaya entre l’Inde et la Chine. La plupart des touristes visitent le pays pour voir le fameux monastère de Taktsang, construit à flanc de falaise et perché à 3 120 mètres d’altitude. La légende veut qu’au VIIIe siècle, un maître spirituel aurait volé exactement à cet endroit sur le dos d’une tigresse. Et comme la réalité dépasse souvent la fiction, j’ai reçu un jour un appel de mon ami Tom Öhler. « J’ai entendu dire que le prince du Bhoutan est un dingue de VTT et qu’il construit même ses propres trails. Tu y as déjà été plusieurs fois. Allons-y ensemble. » Une excellente excuse pour redécouvrir le Bhoutan.
Un monde au ralenti
Après mes visites de 2007 à 2010, c’est désormais mon cinquième voyage au Bhoutan, cette fois-ci en qualité de photographe. Ma première excursion était comme un saut dans une autre époque : la télévision et Internet n’avaient été introduits que huit ans auparavant. Le roi du Bhoutan avait tout fait pour protéger son petit peuple des influences occidentales. Je me souviens que mon visa d’octobre 2007 portait le numéro 20 244. Le royaume recevait donc en un an autant de touristes que le Disneyland de Californie en une matinée aujourd’hui.
Tom Öhler est déjà arrivé un jour avant moi à Thimphu, la capitale du pays. Depuis notre dernière conversation, il est rentré en contact avec la scène de vélo locale par le biais d’Instagram. Une leçon tirée de nos projets précédents : rien de mieux que de suivre la roue d’un cycliste du cru pour découvrir les meilleurs sentiers de la région. Nous rencontrons donc Tandin, un rider local qui participe à des courses d’enduro dans toute la région d’Asie centrale et finit souvent en tête. Il est guide VTT, connaît tous les sentiers de sa région comme sa poche et a exploré le Bhoutan en long, en large et en travers.
Nous commençons par les sentiers autour de Thimphu. Ici, Tandin et ses ami·e·s roulent presque quotidiennement. La scène locale est petite mais très active. Tom et moi sommes impressionnés par le bon état des chemins. Les sentiers se sont pour la plupart formés naturellement sur
COUTUMES Les drapeaux de prière, comme ceux accrochés par Tom, sont censés diffuser de l’énergie positive.
« Ici, on oublie vite qu’on est à plus de 2 500 mètres d’altitude ! », souffle Tom Öhler, qui descend de selle pour pousser son VTT.
des centaines d’années. Autrefois, ils étaient souvent la seule connexion entre les villages et les monastères. Aujourd’hui, ils servent principalement de routes de trekking pour les touristes du monde entier et, depuis peu, de sentiers de VTT aussi divers que variés.
Nous poussons péniblement nos vélos vers le sommet. Derrière Tandin, Tom et moi respirons à grande peine. « Ici, on oublie vite qu’on est à plus de 2 500 mètres d’altitude », souffle Tom. Après une longue ascension, nous atteignons finalement le départ du trail à plus de 3 000 mètres. Nous pouvons admirer l’étendue de la plus grande ville du Bhoutan à nos pieds. Presque un cinquième des quelque 800 000 âmes vivent à Thimphu et dans les environs, mais nous sommes complètement seuls sur notre terrain de jeu. Le chemin est bordé de drapeaux de prière flottant au vent. Tandin raconte : « Les drapeaux diffusent bonne volonté et énergie
AIMANT TOURISTIQUE Tom sur l’un des plus beaux sentiers menant au monastère de Taktsang, emblème du Bhoutan.
« La légende dit qu’un moine a vaincu un démon avec son meilleur attribut. »
HAPPY WHEELIE
L’agitation urbaine est un changement bienvenu pour Tom après les sentiers exigeants situé à 3 000 m d’altitude.
PAUSE VÉLO
De splendides sculptures colorées en bois ornent les bâtiments.
dans le monde entier grâce au souffle du vent. » Du moins, c’est ce qu’on dit. Nous prenons quelques virages et nous retrouvons bientôt devant un temple, scène digne d’un jeu vidéo, surréel et imposant.
Le secret du fou
Le lendemain matin, notre navette vient nous récupérer et nous emmène sur une route sinueuse qui monte jusqu’au col de Dochula. « Ici, à 3 500 mètres d’altitude, commence le Madman Trail. Ce sont plus de 2 000 mètres de dénivelé à travers différentes zones de végétation », explique Tandin. Tom s’interroge sur l’origine de ce nom, « Madman Trail » : la légende dit
Conseils de voyage
Meilleure période pour voyager
Partir au printemps (de mars à mai) ou en automne (de septembre à novembre), pour profiter d’un climat plus doux et de plus de clarté.
Se rendre au Bhoutan
Drukair et Bhutan Airlines proposent des vols directs vers Paro, à l’ouest de Thimphu, depuis Bangkok, Delhi, Katmandou et Singapour. Pour obtenir un visa, contactez une agence locale et réservez un voyage avec guide et chauffeur. BTS propose des solutions individuelles pour les voyages en VTT. bhutantravel.com.bt
qu’il y a 500 ans, un moine a vaincu un démon avec son meilleur attribut. Depuis, des symboles phalliques sont peints sur les bâtiments ou sculptés dans le bois pour repousser les mauvais esprits. Si leur vertu repoussante n’est pas prouvée, on s’est vite rendu compte que cette profusion de pénis attirait les touristes. Tandin n’a pas encore tout dévoilé, il a même gardé le meilleur pour la fin. Nous nous rendons à Paro. Là, dans une petite vallée latérale, se trouve le premier site touristique du Bhoutan : le monastère de Taktsang, également connu sous le nom de « Nid du Tigre », situé à plusieurs centaines de mètres de hauteur à flanc de falaise. Une randonnée obligatoire pour tout visiteur qui se respecte. Nous nous mettons donc en route bien avant le lever du soleil. Deux heures plus tard, nous sommes complètement seuls pour admirer le panorama. Rien que cette vue vaut un voyage au Bhoutan. Avant que les premiers groupes n’atteignent le monastère, nous redescendons déjà. Les sentiers étroits sont techniquement très exigeants. Des virages serrés, des passages raides et un terrain accidenté offrent un terrain de jeu idéal pour les amatrices et amateurs d’enduro. 700 mètres plus bas, Tom rend son verdict : « C’était le trail le plus cool de tout le voyage. S’il n’y avait pas ces infinies grappes de touristes, j’y retournerais tout de suite ! »
Instagram : @tom_oehler, @martinbissig
PREMIUM FITNESS FITNESS
PLAYLIST/
NOUVELLE VIE, NOUVELLE VOIX
Ces titres ont accompagné la jeune chanteuse suisse Paula Dalla Corte à travers le monde : de Los Angeles à Barcelone, puis de retour à Berlin.
Grâce à sa participation à The Voice of Germany en 2020, Paula Dalla Corte est devenue célèbre du jour au lendemain, à 19 ans. Avec son single Someone Better, elle remporte l’émission haut la main. « Après ma victoire, je savais que je voulais continuer dans la musique. Mais d’abord, je voulais apprendre et découvrir ce qui caractérise mon style musical. » Trois ans après l’émission de télé, elle sort son nouveau single Good Girl Killer, et un an plus tard, son premier EP Fashion. Huit chansons écrites par ses soins figurent dessus, allant de la pop sombre et mélancolique, rappelant Lana del Rey (Ugly Beauty) à des mélodies indie-pop avec un électroclash (Daddy’s Eyes), jusqu’à une ballade dans le style d’Elton John (Glitter). Pourquoi Fashion ? « Je vois les morceaux comme des éléments distincts, uniques. Mais ensemble, ils forment une version complète de moi, presque une tenue de la Paula d’aujourd’hui. » À 23 ans, la chanteuse a trouvé son style.
Paula Dalla Corte est actuellement en tournée en Suisse, en Allemagne et en Autriche. IG : @pauladallacorte
Lady Gaga Paparazzi (2009)
«C’est la star pop-rock la plus géniale qu’il soit. Point. Sa musique de l’ère 2000 et sa réflexion sont à la fois simples et inédites. L’énergie de ses chansons me va droit au cœur, et c’est exactement ce que j’aime chez elle : elle fait ce qu’elle veut, ne se laisse rien dicter par personne. Quand j’ai besoin d’énergie et que je veux me motiver, Lady Gaga est mon booster de prédilection. »
Falco
Titanic (1992)
« Je vis pour son solo de guitare dans la deuxième partie !
Grâce à Falco, je me suis non seulement découvert une affinité pour les sons de guitare bluffants, mais aussi pour les chemises noires et les élégantes tenues de scène. J’étais aussi fascinée par ses mouvements subtils en live. C’est une icône : chic, épuré, stylé. Peut-être pas le rockeur typique, mais l’une de mes stars favorites ! »
Portishead
Sour Times (1994)
« Quand on change de continent ainsi, on a vite l’impression que sa propre vie ressemble à un film : il se passe trop de choses, trop vite, et c’est même parfois trop bruyant. Pour déconnecter, j’ai souvent écouté Sour Times. Aujourd’hui, cette chanson me rappelle surtout ma quête personnelle à l’époque. Batterie, mélancolie ; ça a été mon safe space pendant longtemps. »
Amy Winehouse Love is a Losing Game (2006)
« Amy Winehouse a une manière de chanter qui ne laisse personne indifférent. Elle se lève et balance ses paroles, sa douleur, son âme en pleine gueule. Je ne peux pas écouter cette chanson n’importe quand, je dois être dans le mood pour ça. Le premier vrai chagrin d’amour et les chansons partagées avec cette personne, ça ne nous quitte jamais vraiment. »
LA PETIT ROBE NOIRE Une artiste pop à la voix sombre et mystérieuse comme son vêtement : Paula Dalla Corte.
ÉNIGME/
REMPORTE LA COURSE !
Mets ton esprit au défi : cette série propose des énigmes pleines d’action et booste tes capacités mentales. Épisode 1 : utilise ta force de visualisation – autrement dit : ton imagination –pour décrocher la victoire !
Le défi
Atteindre l’arrivée en trouvant à chaque fois la bonne direction parmi les six possibles.
Les régles du jeu
Avance en ligne droite jusqu’à rencontrer un symbole. Si tu croises un volant, tourne à gauche ou à droite. Si tu croises une montagne, fais demitour. Ne touche pas les bords du circuit !
Avance à gauche ou à droite.
Départ
Demi-tour à 180°. But
COMPÉTENCES
Ce que cet exercice développe
La visualisation, c’est-àdire la capacité à mieux comprendre en imaginant mentalement les choses. Dans ton cerveau, c’est le lobe occipital qui gère ça. La visualisation te permet aussi de t’orienter dans l’espace et de reconnaître les couleurs.
À quoi ça sert ?
Les gens qui pensent en images savent simplifier des concepts complexes, que ce soit mentalement ou sur papier – ce qui en facilite la compréhension, puisque le cerveau traite mieux les informations visuelles. Ce mode de pensée est aussi utile dans des exercices de créativité comme le brainstorming ou la gestion de projet.
Scanne le code ci-dessus pour découvrir la solution de l’énigme !
MONTRE/ ATTENTION
LES YEUX !
Plongée dans l’histoire et l’innovation avec l’Ultra- Chron Carbon de Longines, un modèle robuste et léger qui revisite un modèle phare de la marque au sablier ailé.
Le boîtier de 43 mm en carbone forgé est conçu avec une glace saphir antireflet.Le cadran, doté d’index et d’aiguilles en PVD et revêtus de SuperLumiNova à luminescence bleutée, assure une lisibilité parfaite.
Longines frappe fort avec ce modèle inspiré d’une montre de plongée révolutionnaire lancée par la marque en 1968, la première équipée d’un mouvement haute fréquence. Cette nouvelle édition fusionne style audacieux et technologies de pointe. Ainsi, le boîtier en carbone ultra-léger avec lunette en titane renferme le calibre exclusif Longines L836.6, un mouvement mécanique haute fréquence (36 000 alternances par heure) dont la précision reste inégalée, même face aux chocs ou aux accélérations. Certifiée chronomètre par TIMELAB, elle ravira aussi bien les adeptes de sport extrême que de design. 4 600 CHF, longines.com
Le fond du boîtier en titane garantit une étanchéité à 300 mètres.
AGENDA/
ATOUT PRINTEMPS
Tandis que les snowparks sont encore pleins, les ambiances printanières éclosent !
7
au 12 avril
Coupe d’Europe au Corvatsch
Pour la finale de la saison au Corvatsch, trois Coupes d’Europe sont au programme : les disciplines Slopestyle, Big Air et Halfpipe garantissent une action pure. Les athlètes qui, il y a encore quelques semaines, se battaient pour le titre de champion·ne du monde sur le Corvatsch, s’affrontent à nouveau sur le même terrain et montrent pourquoi ils et elles font partie de l’élite mondiale. En plus du Slopestyle et du Big Air, il s’agit également des Championnats suisses, c’est-à-dire de la couronne de l’élite nationale du freestyle. Une finale pleine de vibes printanières et d’action freestyle. Enthousiasme garanti. corvatschpark.com
4
au 6 puis du 11 au 13 avril
Caprices festival
À plus de 2 200 mètres d’altitude, au cœur des Alpes, à Crans-Montana, le très attendu Caprices festival revient pour sa vingt-et-unième édition. Pendant deux week-ends, la faune des clubs suisses et internationaux prend le contrôle et déverse sans mesure ses vibrations électros au milieu d’un majestueux panorama montagneux. Nota Bene : Red Bull réserve une surprise aux curieux et curieuses sur le Modernity Stage… L’intégralité du line-up est à retrouver ici : capricesfestival.com
27 février OhMGla série
OhMG est le titre de la mini-série qui suit l’exceptionnelle freeskieuse suisse, Mathilde Gremaud, tout au long de sa saison la plus couronnée de succès à ce jour (2023/24). En quête de sa prochaine victoire, elle doit également surmonter des revers difficiles, et redéfinir ce que signifie l’excellence. Viens vivre l’intensité des événements et vibrer au plus près avec Mathilde sur et hors les pistes. À regarder sur Red Bull TV. Plus d’infos sur la mini-série ici : redbull.com/ohmg
10
au 15 mars
Freestyle Champs
Laax devient à nouveau le centre névralgique de la scène Park&Pipe : des snowboardeur·euse·s et des freeskieur·euse·s du monde entier s’affrontent en Slopestyle et en Halfpipe – à un niveau qui captive à la fois les athlètes et le public. Le parcours de Slopestyle, inspiré du célèbre Laax Open, est un terrain de jeu créatif avec des obstacles impressionnants où tricks spectaculaires et style sont un must ! Dans la Superpipe, l’élite internationale lutte non seulement pour des points de Coupe d’Europe, mais aussi pour le titre des Championnats suisses. laax.com
11
au 14 avril
Red
Bull Ibiza Royale
4 mai
Wings For Life World Run
Lors du Wings for Life World Run, tous les participant·e·s dans le monde entier commencent en même temps. Peu importe que vous soyez athlète de haut niveau, coureur·euse amateur·rice ou débutant·e. Il n’y a pas de ligne d’arrivée. Trente minutes après le départ, la voiture de rattrapage commence à se déplacer et dépasse progressivement les participant·e·s et les personnes en fauteuil roulant. Tous les frais d’inscription et les dons sont intégralement reversés à la recherche sur la moelle épinière et aident à guérir la paralysie. Inscris-toi et participe – que ce soit lors du Flagship Run à Zoug ou avec l’application, où que tu te trouves ce jour-là ! wingsforlifeworldrun.com
Il s’agit de la course d’obstacles la plus folle qui soit – et cela se passe dans un château à Ibiza ! Et toi aussi, tu peux participer : montre ton talent dans le mini-jeu et convaincs ensuite le jury avec une vidéo créative expliquant pourquoi toi et ton équipe mixte devriez participer à cet événement d’envergure internationale. La date limite d’inscription pour cette aventure est le 14 mars.
21
au 23 mars
Common Ground
The Battle est de retour ! La communauté internationale de street dance se réunit à nouveau à Zurich, au GZ Heuried. Des battles de danse énergiques t’attendent dans les catégories Hip-Hop et Story Time. Sois de la partie et viens vivre des moments de danse mémorables ! Infos et mises à jour ici : @commonground_by_mek
13
au 15 juin
CM IFSC de boulder
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Ce spectacle d’escalade de bloc ne laisse personne indifférent·e : la Coupe du Monde IFSC de Boulder se déroule dans la nouvelle Festhalle à Berne. Pour une dose supplémentaire de divertissement et de caractère expérientiel, le MUV-Festival sur le site de BERNEXPO apporte une touche spéciale. Il s’agit d’une première : ici, les athlètes et le public célèbrent le sport, la santé et l’outdoor ! muv.ch
29 mars
Red Bull
Cerro Abajo
Cette course spectaculaire de VTT downhill se déroule à Guanajuato, l’une des plus charmantes petites villes du Mexique et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cerro Abajo se traduit par « descendre la colline », mais soyons honnêtes, en espagnol, c’est tout de suite beaucoup plus cool. Il s’agit de la deuxième partie de la série de trois courses, où les riders et rideuses dévalent des escaliers et des marches datant du XVIe siècle, traversent des ruelles étroites et des coins pittoresques. Red Bull TV diffusera la course en direct.
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Des talents de la littérature suisse se livrent sur des sujets qui leur tiennent à cœur, en leur donnant un twist positif.
Entre écriture et performance : Jon Monnard explore le champ des possibles
ai commis de nombreuses erreurs – et tant mieux. Mon premier roman est sorti en 2017. Sachant le nombre d’années qui s’étaient écoulées depuis sa parution, je grimaçais rien que d’y penser.
Je commençais à éviter le sujet.
Pourtant, le livre s’était super bien vendu. Les critiques l’avaient consacré comme un roman prometteur. J’avais gagné un prix d’encouragement à la création littéraire pour l’écriture du deuxième. J’estimais que la suite était toute tracée, que l’on me proposerait des contrats incroyables à Paris. Je m’étais dit (haha) que ce serait facile (haha).
Si vous ne l’avez pas déjà entendu, on raconte que l’écriture du deuxième roman est une peau de vache, une sacrée épreuve ; mieux vaudrait passer directement au troisième. Pourtant, c’était peut-être là que réside l’un des grands défis du métier, aussi coriace que l’affrontement du boss final dans un jeu vidéo.
Je me souviens avoir transpiré pendant un temps interminable pour vaincre les grands méchants sur consoles. Je m’étais fâché avec leur image de pixels, avec mes parents et surtout avec moi-même. Plusieurs fois, j’avais voulu abandonner, changer de jeu,
ne pas chercher la solution. J’avais aussi triché. Beaucoup. À une époque, on achetait des gros livres super épais pour les cheat codes, puis on continuait avec internet. On devenait soudain invincible ou détenteur d’une arme infligeant des dégâts monstrueux.
Des années plus tard, je répétais les mêmes schémas dans l’écriture.
J’étais dans une performance faussée.
L’écrivain Bret Easton Ellis a déclaré dans une pub pour les lunettes Persol qu’enfant, il recopiait les romans d’Hemingway pour comprendre comment l’écrivain américain travaillait.
J’avais mal compris la consigne, car je lisais les autrices et auteurs publié·e·s dans les maisons d’édition qui m’intéressaient et j’essayais d’écrire comme elles et eux, pensant que cela augmenterait mes chances de publication.
J’évitais les risques. J’écrivais vite, je survolais mes histoires, mes personnages, mon propos. Je n’essayais pas d’écrire vraiment, je trichais. Je voulais publier à nouveau, prouver que ma place était méritée, alors je prétendais que cet adoubement allait arriver bientôt. Je teasais ça sur les réseaux sociaux… et rien ne s’est passé.
Deux ans, quatre ans, huit ans. Rien.
Que m’était-il arrivé ? Avais-je eu de la chance et c’était tout ? Devais-je arrêter de faire ce que j’aimais le plus : raconter des histoires ?
À force d’acharnement, j’avais décidé de laisser tomber le manuscrit sur lequel je travaillais depuis six ans. J’avais opté pour la fameuse phase de digestion : « Le laisser reposer dans un tiroir. »
Mais ce doute revenait : devais-je arrêter ce que j’aimais le plus ? J’ai réfléchi. Et la réponse m’est apparue, claire, divine : non.
Non, bien au contraire.
Non, car une pratique artistique n’est en aucun cas limitante. Elle ouvre des perspectives immenses. Nous avons le droit de nous y aventurer, d’y rester, de creuser ou de quitter les lieux si ça ne nous plaît pas.
Et non, car tout ce temps, je ne trichais pas : je m’entraînais. J’avais raconté, j’avais écrit des histoires.
Moi qui rêvais d’un retour, je n’étais en fait jamais parti.
Pour m’en rendre compte, il m’a fallu du temps. Du temps et les autres, les bons, les vrais, les bonnes secousses, celles qui vous bousculent pour vous mettre le nez dedans. Il m’a fallu un nouveau lieu, loin de la morosité. Après m’être installé à Berlin, ville inspirante par sa liberté et son Histoire, j’ai trouvé un nouvel élan (et l’amour), et je me suis débarrassé de toute la pression que je m’étais imposée.
Je rentrais une fois dans le mois en Suisse animer des ateliers d’écriture que je dirige depuis trois ans, intégrés à l’Unité de réhabilitation du Département de psychiatrie du CHUV. Ces ateliers m’ont aidé à réaliser une chose importante. Certaines personnes n’aiment pas forcément écrire ; elles viennent pour le partage, la sociabilisation, les avis bienveillants. Elles aiment ce moment de lecture, raconter et entendre les histoires. Il y a une simplicité chez eux, qui m’avait manqué, un sens profond des sentiments, du respect et de l’écoute.
L’écriture ici, si elle est un plaisir, est aussi une bonne excuse pour se retrouver, pour renouer avec soi et les autres. J’ai appris, en lisant plus d’une centaine de leurs textes, ce qui pouvait fonctionner dans l’écriture, sa marche, sa respiration, ses images. J’ai appris, à travers leurs regards, à assumer ma voix, ce que je voulais exprimer, peu importe ce que les autres en penseraient.
Là où j’avais toujours cherché à faire « plus », à faire « mieux, » à prouver ma valeur, j’étais convaincu que l’écriture était un espace d’acceptation et d’expérimentation.
« […] ce siècle que nous vivons est plein de disruptions, d’émancipation, d’une envie dévorante de vivre pleinement. »
J’ai décidé d’assumer que mon métier n’était pas seulement lié à ce qu’on attendrait d’un auteur – le théâtre ou le scénario, par exemple. Que ce siècle que nous vivons est plein de disruptions, d’émancipation, d’une envie dévorante de vivre pleinement. Alors j’ai écrit une lecture-performance dans le genre horrifique, pour laquelle j’ai géré toute la direction artistique, la musique et les visuels 3D, à l’aide d’artistes confirmés dans leur travail. Ce projet a été une révélation. Il ne s’agissait pas seulement de lire des mots, mais de les inscrire dans un univers sensoriel où la musique, les images en mouvement, et l’énergie de la scène donnaient corps à l’histoire. Chaque note, chaque visuel devenait un prolongement de l’écriture, une autre façon de toucher le public. Ce que je racontais vibrait dans l’espace, dans la voix et dans mes gestes. Je me souviens, cinq minutes avant de monter sur scène, devant une salle comble, bien que nous ayons répété pendant des jours, je n’étais plus sûr. Je n’avais plus le choix que de montrer, lire ce que j’avais là, au fond, qui brûlait dans l’estomac. Quand je me suis retrouvé devant tout un public en apnée, assis pour nous écouter, j’ai senti se créer en moi une confiance en ce que je faisais que je n’avais jamais perçue auparavant.
Après cette étape significative, j’ai décidé de rendre mon travail visible en créant un site internet. Et là, je me suis rendu compte d’une chose : je ne m’étais jamais arrêté. J’avais diversifié mon activité, toujours guidé par ce qui me faisait du bien, entouré de personnes avec qui la confiance était réciproque. Écrire pour écrire, ça ne me procure pas de plaisir. Ce que j’aime, c’est écrire ce que j’ai envie d’écrire, ce qui me traverse vraiment, ce qui me semble juste à ce moment-là.
J’ai fait une pause sur les réseaux sociaux, pour me concentrer sur l’essentiel : la vie qui passe à toute vitesse, la vraie, la mienne. J’ai cherché ce que je voulais vraiment, au fil des livres, des films, des expositions, mais aussi dans le contact avec mes proches et dans ces moments où je prends soin de moi. Rien ne sert de courir après une image. La réalité nous rattrapera toujours.
Depuis, j’ai rencontré un éditeur qui croit en moi et en mon travail. Cela m’a permis de revenir au roman, mais pas seulement. J’ai aussi signé pour une première exposition solo, où je sors l’écriture de son cadre habituel pour l’exposer. Aujourd’hui, je m’autorise tout ce qui fait vibrer quelque chose en moi. Tout ce qui brûle à l’intérieur et qui, une fois libéré, brille au-dehors.
JON MONNARD
Son premier roman
Et à la fois je savais que je n’étais pas magnifique a été salué par la critique. Lauréat d’une bourse littéraire, il prépare un nouveau roman et sa première exposition solo à la galerie/ espace Caran d’Ache à Lausanne. jonmonnard.com
10
questions à
Oibel1.
L’artiste zurichois, de son vrai nom Samora Bazarrabusa est connu pour ses couleurs vives, ses dessins complexes et son esthétique surréaliste. Ses œuvres sont une invitation à plonger dans ses mondes imaginaires.
Quel sport pratiques-tu ?
Je fais du vélo. Et je vais à la salle. Ce n’est pas mon activité préférée, mais j’y vais pour l’après : je me sens bien.
POLYVALENT. Mur, papier, ou NFT : Oibel1., 46 ans, est un maître des techniques et médias mixtes. oibelart.com
De laquelle de tes œuvres es-tu le plus fier ?
C’est comme si on me demandait lequel de mes enfants je préfère.
C’est rude. Je n’ai pas de réponse à cette question.
Qu’est-ce que tu aurais aimé savoir plus tôt?
De bien écouter ma petite voix intérieure. Et de moins me laisser intimider par une société dont les agissements sont dictés par la peur, car ça ne te fait pas avancer.
Un talent caché ?
La cuisine. Je confectionne des plats comme je fais de l’art : en freestyle. Ma dernière création culinaire : poulet végétal des Caraïbes et dés de patate douce caramélisés sur lit de tomates et d’okra.
Le métier de tes rêves enfant ?
Créateur de mode. Je trouvais leurs dessins géniaux. Jusqu’à ce que je réalise qu’il fallait transposer les dessins en matière cousues, avec des tissus… Ce n’était pas mon truc. Je voulais juste dessiner.
Le titre n°1 actuellement sur ta playlist ?
Sticky de Tyler, The Creator.
Y a-t-il eu un tournant dans ta carrière ?
La fresque murale à Kalkbreite. À partir de là, le monde a compris ce que je faisais et a commencé à me prendre plus au sérieux.
Un rituel de voyage ?
Je me demande toujours quelle taille de carnet à dessin et quels crayons emporter.
Du pain et du… ?
Fromage ! Je n’en ai encore goûté aucun que je n’aime pas…
Avec mes amis, je donne peut-être un peu trop mon avis sans être sollicité… Sinon, je suis plutôt timide.
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