Cinéma et sciences humaines CIN-‐2116 Mercredi 19h à 22h, Local B-‐4245, Pav. Jean Brillant
Chargé de cours: Rémy Besson
Plan du cours
Plan du cours IntroducHon : Liens avec les autres séances et retour sur le travail de mis-‐session. 1. Man on Bridge: une forme créatrice de liens sociaux La quesHon de la redocumentarisa0on 2. Man on Bridge: éviter toute forme de naïveté
Retour sur l’exercice de mi-‐session: Note d’intenHon à parHr du projet Open Memory Box (L. McFalls dir).
hSp://open-‐memory-‐box.de/das-‐projekt-‐01-‐en.html
Pour résumer: Vos travaux s’inscrivent/ parHcipent/ rendent compte d’un changement contemporain de définiHon du cinéma. L’exercice visait d’ailleurs à meSre cela en lumière. Il ne s’agit pas seulement d’une relocalisa9on du cinéma (de la salle vers d’autres écrans et lieux/manières de visionner des films) comme l’expliquait Case[ (cours 4). Il s’agit d’une forme d’hybridaHon avec d’autres formats tels que ceux relevant de la muséologie (exposiHons), de l’archivisHque (archives en ligne), des sciences de l’informaHon (base de données), des études médiaHques, etc. Ce constat entre en écho avec le sujet de ceSe séance car c’est ce type de formats et ceSe hybridaHon que nous allons étudier aujourd’hui.
Introduc0on
Lien avec le cours 6: le webdocumentaire, un format sans contributeur?
Introduc0on
Lien avec le cours 9: Le spectateur impliqué On a déjà vu dans le cadre des séances précédentes: -‐ De quelles manières les réalisateurs s’approprient les sciences humaines? -‐ De quelles manières ceux qui praHquent les sciences humaines s’approprient la caméra? Il est temps de se demander: -‐ De quelles manières ceux qui sont filmés et/ou qui regardent ces films peuvent être impliqués dans la concepHon des images?
Introduc0on Progressivement, il s’agit de ne plus considérer le film seulement comme une forme audiovisuelle à visionner, mais le cinéma comme un fait social (de l’ordre du processus). C’est ceSe idée qui nous a conduit à étudier des disposiHfs filmiques/environnements médiaHques. Chez Kechiche comme chez Morin/Rouch, le disposiHf filmique nous a permis de sorHr de l’analyse de séquences pour nous intéresser aux interacHons entre protagonistes (filmé/ filmant) et caméra-‐s dans le temps du tournage. Dans le groupe Medvedkine et les Ciné-‐tracts (1968-‐2016), l’environnement médiaHque a été étudié de manière à poser la quesHon du rôle du spectateur comme acteur de la réalisaHon des films. Il s’est donc agi d’élargir le groupe des créateurs d’images dans le temps de la réalisaHon. Dans le cas de Man on Bridge, que nous allons étudier aujourd’hui, il s’agit de repousser à nouveau les limites du groupe des créateurs afin d’intégrer (au moins potenHellement) tous les spectateurs du film/ contributeurs du site. Il y a alors une forme de démocraHsaHon de la créaHon au sens où tout le monde peut prendre part au projet. Comme à chaque cours, nous montrerons dans une parHe conclusive les limites de la perspecHve présentée. Croire que la créaHon du statut de contributeur induit en soi d’une forme de démocraHsaHon est aussi un discours à déconstruire.
Introduc0on
De la recherche d’arHculaHon entre cinéma et sciences humaines (influence/ appropriaHon), nous arrivons aujourd’hui à penser les rapport entre cinéma et société. Ce rapport n’est pas seulement de l’ordre d’un rôle, d’une influence, d’une capacité du cinéma à transformer le monde, comme nous l’avons par ailleurs vu, mais aussi d’une forme d’inclusion. Le cinéma c’est un phénomène social au même Htre que les autres. Ainsi, c’est pourquoi ce n’est pas seulement ce qui est visible/audible à l’écran qui nous intéresse (le sujet qui peut être poliHque), mais aussi la manière dont le cinéma se fabrique. J’ai d’ailleurs choisi aujourd’hui un film avec un sujet plus patrimonial/tourisHque/mémoriel que poliHque. Cela est d’autant plus important que ceSe « fabrique du cinéma », elle évolue à grande vitesse avec l’avènement du numérique. Tout du moins le numérique conduit à ce que des types de producHon qui existaient déjà (films de famille, films amateurs, etc.) circulent à une toute autre échelle.
ParHe 1: Man on Bridge une forme créatrice de liens sociaux Documentariser / indexa0on sociale / redocumentariser « Documentariser, c’est ni plus ni moins traiter un document comme le font, ou le faisaient, tradiHonnellement les professionnels de la documentaHon (bibliothécaires, archivistes, documentalistes) : le cataloguer, l’indexer, le résumer, le découper, éventuellement le renforcer, etc. » Jean-‐Michel Salaün, « La redocumentarisaHon, un défi pour les sciences de l’informaHon », Études de communicaHon , n° 30, 2007. L’indexa0on sociale, aussi dénommée folksonomie ou, en anglais, crowd sourcing est une praHque archivisHque revenant à intégrer des informaHons communiquées par ceux qui ont eu usage des artefacts archivés. Dans ce cas, l’archiviste collecte et valide – au lieu de produire – des connaissances qui lui sont transmises par d’autres. Redocumentarisa0on correspond, entre autres choses, aux découvertes liées au processus de documentarisaHon faites via l’indexaHon sociale. On parle de redocumentarisaHon, car celle-‐ci a souvent lieu dans un second temps.
Un cas basé sur l’ajout de données contextuelles (dataHon, localisaHon, auteur du cliché, éléments/ personnes représenté-‐e-‐s, etc.).
La redocumentarisaHon peut également se faire en image Le cas de la rephotographie (ici avec photographie intégrée)
Rephotographie de Mark KleS du Lake Tenaya, Californie (2011), Cité dans hSp://wp.unil.ch/sociologievisuelle/2012/11/quest-‐ce-‐que-‐la-‐re-‐photographie
ParHe 1: Man on Bridge une forme créatrice de liens sociaux
Ciaran Deeney, Man on Bridge, 2013
ParHe 1: Man on Bridge une forme créatrice de liens sociaux
Un fonds d’archives CeSe expression par l’AssociaHon des professionnels de l’informaHon et de la documentaHon (ADBS), « Ensemble des documents de toute nature qu’une personne physique ou morale a automaHquement produits ou reçus dans l’exercice de ses acHvités, rassemblés et organisés en conséquence de celles-‐ci, et conservés en vue d’une uHlisaHon éventuelle. »
Un contre exemple: aSribuHon d’une valeur arHsHque à une photographe de rue
J. Ralph, A la recherche de Vivian Maier, 2014
Sociologie visuelle du seconde ving0ème siècle à Dublin
ParHe 2: Man on Bridge éviter toute forme de naïveté
Remise en cause de catégories: Un fonds d’archives Un webdocumentaire Un documentaire interac0f
ParHe 2: Man on Bridge éviter toute forme de naïveté
Un fonds d’archives Une collec0on
Pour l’AssociaHon des professionnels de l’informaHon et de la documentaHon (ADBS), c’est « regroupement volontaire de documents, d’objets, d’informaHons de provenances diverses, rassemblés en raison de la similitude d’un ou de plusieurs de leurs caractères (contrairement au fonds d’archives qui est consHtué organiquement). »
ParHe 2: Man on Bridge éviter toute forme de naïveté
Un webdocumentaire Un élément d’un projet transmédia Une producHon culturelle qui « se déploie sur de mulHples plateformes médiaHques, chaque texte nouveau apportant à l’ensemble une contribuHon différente et précieuse. » Henry Jenkins, La Culture de la convergence. Des médias au transmédia, Paris, Armand Colin, 2014, p. 119
Ciaran Deeney, Man on Bridge, 2013 Un projet transmédia
Film pour la télévision correspond à un portrait
Devenir œuvre d’art
ParHe 2: Man on Bridge éviter toute forme de naïveté Un documentaire interac0f Une base de données
ParHe 2: Man on Bridge éviter toute forme de naïveté
Un documentaire interac0f Une base de données By submi[ng your photographs you agree to grant El Zorrero Films (the ‘producer’) a perpetual, royalty-‐free, irrevocable, non-‐exclusive, sub-‐ licensable right and license to use, reproduce, modify, adapt, publish, create derivaHve works from, distribute, make available to the public, and exercise all copyright and publicity rights with respect to your photograph worldwide and/or to incorporate your photograph in other works and publicaHons in any form, media or technology now known or later developed for the full term of any rights that may exist in your photograph. Extrait issu du formulaire en ligne, sur le site de Man on Bridge
ParHe 2: Man on Bridge éviter toute forme de naïveté
Une base de données Ciaran Deeney has asserted his moral right to be idenHfied as the author of this work in accordance with the Irish Copyright and Related Rights Act 2000. All rights reserved. The material in this publicaHon is protected by copyright law. Except as may be permiSed by law, no port of the material may be reproduced (including by storage in a retrieval systeme) or transmiSed in any form or by any means, adapted, rented or lent without the wriSen permission of the copyright owners. Ciaran Deeney et David Clarke, Man on Bridge. The Photos of Arthur Fields, Dublin, The Collins Press, 2014.
ParHe 2: Man on Bridge éviter toute forme de naïveté
Remise en cause de catégories: Un fonds d’archives (?) / collec0on Un webdocumentaire / projet transmédia Un documentaire interac0f / base de données
Ciaran Deeney, Man on Bridge, 2013 Auto-‐assigna0on de la catégorie d’archive This impressive, must-‐see installa9on includes a massive billboard-‐type display of every image so far contributed to the Man on Bridge archive – giving visitors the chance to see in one sweep over 3,400 images spanning 50 years of Dublin street life and style. The goal of the project is to gather these photos from personal collec9ons and create an alterna+ve photographic archive of Dublin city, one that reveals how we lived, how the city and its people changed over fiOy years Knowing that there must be thousands of his snapshots buried in cupboards and drawers all over Ireland, the film-‐makers aim to tell the world about the dogged street photographer by encouraging people to submit their pictures to an online archive (…) the film-‐makers are encouraging people to submit their photographs to an online archive