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VI. QUESTIONS A EXPLORER AU NIVEAU DE LA COOPERATION INTERNATIONALE

pour l’accès au financement bancaire et pour le développement des entreprises culturelles dans les pays concernés réside dans la difficulté qu’éprouvent les chefs d’entreprise à formaliser, à présenter et à défendre leurs projets auprès des interlocuteurs financiers.

‐ la réalisation d’études socio‐économiques sur la situation des entreprises et des secteurs culturels dans les pays concernés. Ces études ont pour objet de dessiner un portrait des différents secteurs culturels dans les pays concernés, afin de permettre aux différents acteurs économiques (banquiers, gestionnaires du fonds, promoteurs culturels, fonctionnaires et autorités, organismes internationaux…) de connaître le contexte dans lequel se développent ces activités, le potentiel du secteur, les principaux atouts et problèmes et, d’une façon générale, la situation des entreprises qui opèrent dans ces secteurs.

3.2 Principaux résultats9

FGIC Maroc au 02 /10/2009 Nombre d’opérations de crédit contre garanties : 19 Encours de risque : 678.791,29 € correspondant à environ 4.639.325,40 € de crédit. Les opérations contre garanties portent essentiellement sur, d’une part, le financement d’équipement et de matériel technique et, d’autre part, le financement immobilier pour l’aménagement de locaux. Elles ont concerné trois secteurs d’activités : l’imprimerie, la diffusion radiophonique et la production cinématographique.

FGIC Tunisie au 31 /08/2009 Nombre d’opérations de crédit garanties : 7 Encours net de risque : 173.318 € correspondant à 350.196,59 € de crédit Les opérations garanties sont des crédits à moyen terme et portent sur des investissements matériels (acquisition d’équipement et aménagement de locaux). L’encours de risque est reparti entre quatre secteurs d’activités : la production cinématographique et audiovisuelle, la presse, le développement informatique et les salles de spectacles.

FGIC Afrique de l’Ouest AU 31 /08/2009 Dotation OIF : 615.000 € Nombre d’opérations de crédit garanties : 7 Encours de risque : 485.231,50 € correspondant à 880.166,29 € de crédit Les opérations garanties sont des crédits à moyen terme et portent sur des investissements matériels et concernent les secteurs d’activités suivants : cinéma/audiovisuel, diffusion télévisuelle, imprimerie, musique et mode.

Depuis la mise en place des 3 fonds de garantie, 213 cadres de banques dans les pays concernés ont été formés en analyse des risques sur projets et entreprises culturels, d’une part, et sensibilisés sur le potentiel et les spécificités des industries culturelles, d’autre part. Pour les entrepreneurs culturels, ils sont 516 à avoir été formés à l’élaboration d’un dossier complet de demande de financement à l’intention d’interlocuteurs financiers et sur les outils essentiels de gestion (formulation et suivi de projets, formalisation de la gestion financière, comptabilité, plan d’affaires, formalisation de contrats, etc.).

VI. QUESTIONS A EXPLORER AU NIVEAU DE LA COOPERATION INTERNATIONALE

Il est de plus en plus admis dans les instances internationales que les secteurs d’activités culturelles constituent des vecteurs dynamiques de la nouvelle économie et contribuent, tout comme les industries manufacturières, à l’économie d’un Etat ou d’une région. En la matière, les pays du Sud ont incontestablement un désavantage comparatif par rapport à ceux du Nord, ce qui ne les met pas en situation de pouvoir exploiter tout le potentiel qu’apporte leur culture à leur développement. Les difficultés sont nombreuses et prennent plusieurs formes : des politiques publiques inexistantes, un cadre réglementaire inadapté, des difficultés d’accès aux financements

(marchands et non marchands), la faible structuration des activités et des filières, le manque d’infrastructures, l’insuffisance de la formation professionnelle, etc. Tout comme les entreprises des autres secteurs industriels, les entreprises culturelles des pays du Sud ont besoin de recourir à des outils diversifiés pour soutenir et appuyer leur développement. A cet effet, il apparaît nécessaire qu’elles puissent compter sur des politiques publiques et des instruments financiers adaptés qui tiennent compte de leur singularité. Dans cette optique, la coopération internationale à un rôle majeur à jouer. Ce rôle pourrait a minima s’exercer sur quatre axes complémentaires :

1. L’intégration des secteurs d’activités culturelles dans les politiques de coopération au développement

Malgré son rôle fondamental pour la construction d'une entité socioéconomique, la culture n'est pas toujours considérée comme une priorité dans les politiques et les stratégies de développement. Les secteurs d’activités culturelles souffrent, dans la grande majorité des pays, d’une négligence chronique de la part des décideurs économiques et politiques nationaux. Au‐delà de ces décideurs, les différents instruments de la coopération internationale n’ont pas encore suffisamment intégré la dimension culturelle dans leurs politiques et stratégies d’aide au développement.

La non prise en compte des secteurs culturels dans les stratégies de développement explique en partie que ces secteurs ne bénéficient d’aucun environnement réglementaire approprié et que les entreprises culturelles ne disposent que de très peu, voire aucun soutien institutionnel destiné à promouvoir leur existence et à accompagner leur développement. Il conviendra dès lors d’approfondir la réflexion sur la manière dont les différents acteurs de la coopération internationale (agences de coopération, partenaires au développement, institutions financières internationales, etc.) peuvent efficacement intégrer la composante culturelle dans l’élaboration et la négociation de leurs politiques d’aide au développement avec les pays du Sud.

2. L’accès des Etats et des entreprises culturelles aux financements internationaux

L’accès aux financements constitue une condition essentielle à l’essor des activités culturelles dans les pays en développement. Les financements sont indispensables aux Etats afin de réaliser les investissements de base (infrastructures, centres de formation professionnelle, etc.) nécessaires pour créer les conditions propices au bon fonctionnement des activités culturelles. En outre, les entreprises doivent pouvoir compter sur différents outils de financement afin d’appuyer leur croissance. Pour ces dernières, plusieurs pistes de réflexion sont envisageables :

‐ Des lignes de crédit spécifiques Quelques partenaires au développement mettent déjà à disposition de systèmes financiers de pays du Sud des lignes de crédit (ou de refinancement) à coût bas afin que les banques commerciales distribuent des prêts au niveau national (à l’instar de ce que fait la BEI en Europe), afin de promouvoir le financement de certaines catégories de projets ou d’entreprises. La réflexion pourrait s’organiser autour de l’idée de réserver une partie de ces ressources spécifiquement à des entreprises culturelles. Ces lignes de crédit proviendraient de la réorientation d’un faible pourcentage des lignes existantes ou de ressources nouvelles eu égard aux montants relativement modestes comparés à d’autres secteurs de l’activité économique. Ces lignes de crédit pourraient être gérées par les institutions financières régionales de développement. Les banques commerciales bénéficiaires s’engageraient à constituer une unité, au sein de leur banque, chargée des secteurs de la culture afin de susciter une accumulation de savoir‐faire dans le domaine du financement des entreprises culturelles qui fait défaut aujourd’hui.

‐ La dotation de Fonds de garantie L’accès des entreprises culturelles au financement bancaire pourrait également être facilité par la dotation de Fonds de garantie dédiés spécifiquement aux opérations de crédits liées aux activités et entreprises culturelles dans les pays où un mécanisme similaire n’existe pas. Pour les pays qui en disposent déjà (cas des pays couverts par le Fonds de Garantie des Industries Culturelles de l’OIF) il peut être envisagé des dotations complémentaires afin de renforcer leurs capacités d’engagement. La création d’un fonds de garantie consacré aux entreprises opérant dans les secteurs culturels apporte une réponse au problème du risque élevé perçu par les financiers. Au‐delà de constituer un outil financier à la

disposition des établissements de crédit et afin d’inciter ceux‐ci à financer ces secteurs d’activités, un fonds de garantie peut contribuer de façon déterminante à déclencher une dynamique de prise de conscience et de sensibilisation des opérateurs économiques en faveur des entreprises culturelles.

‐ La facilitation de l’accès aux financements pour les entreprises culturelles dans les pays ciblés devra s’accompagner de mesures visant à permettre, d’une part, l’amélioration de la visibilité des filières culturelles dans les pays concernés à travers la collecte, l’actualisation et la diffusion de données, et d’autre part, l’accumulation d’une expertise sur les filières par les organismes financiers.

‐ Par ailleurs, les sources de financement, les programmes d’aide et d’appui aux secteurs culturels mis en place par des organismes internationaux sont multiples et difficiles à identifier pour les opérateurs économiques. La réflexion devrait également concerner la création d’une base de données en ligne concernant les différents programmes d’aide, de subvention, d’appui ou de financement consacré aux entreprises des secteurs de la culture. Cette base de données permettra également à tous ceux qui œuvrent pour le développement des secteurs culturels (institutions internationales, gouvernements, organisations régionales, etc.) d’appréhender l’état des lieux en matière de financement afin d’entreprendre, en toute connaissance de cause, l’élaboration de politiques culturelles exhaustives.

3. L’amélioration du cadre réglementaire des activités culturelles

Le financement est nécessaire, mais pas suffisant pour permettre le développement des activités culturelles si l’environnement réglementaire est inadéquat. Il est indispensable que les pays s’engagent dans l’élaboration et la mise en œuvre de véritables politiques publiques de structuration des secteurs culturels. Par exemple, la piraterie de la production culturelle qui sévit dans de nombreux pays constitue un frein majeur à la structuration de ces secteurs. Celle‐ci représente un risque très élevé sur lequel l’entrepreneur culturel peut difficilement rassurer ses interlocuteurs financiers en l’absence d’une véritable stratégie nationale et/ou régionale de lutte contre ce fléau.

Par ailleurs, le financement bancaire nécessite, dans bien des secteurs d’activités culturelles, d’être articulé à d’autres formes de financement qui n’existent pas pour le moment. En effet, certaines activités ne peuvent trouver un équilibre financier, et a fortiori une rentabilité, que dans la mise en œuvre de politiques de soutien financier (avances remboursables, subventions, faveurs fiscales, mécénat, etc.) de la part des pouvoirs publics et/ou de l’amélioration du pouvoir d’achat des populations.

L’amélioration du cadre réglementaire des activités culturelles est une responsabilité majeure des pays, mais la coopération internationale peut et doit accompagner les Etats qui le souhaitent dans ce sens.

4. Le renforcement des capacités managériales des entrepreneurs des secteurs d’activités culturelles

Les difficultés qu’éprouvent les entrepreneurs culturels à formaliser, à présenter et à défendre leurs projets auprès des interlocuteurs financiers représentent l’un des obstacles à leur accès au financement bancaire et, de manière plus générale, au développement de leurs entreprises. La mise en place souhaitée d’instruments de financement spécifiques aux secteurs d’activités culturelles devrait s’accompagner d’une réflexion sur comment aider les entrepreneurs culturels des pays du Sud à renforcer leurs capacités managériales.

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