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N• 6.
Mai
1881-82.
V A.B.I:ÉI'.r:ÉIB
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SUPPLEMENT VAlAISAN
Lettre d'un soldat valaisan à ses parents après la bataille de Rosbach *) La présente est pour vous faire à savoir que je suis encore en vie, ce que toutefois je ne pourrais dire en toute vérité ai j'étais mort. ll est vrai que noua avons été presque toua tués dans notre compagnie; mais notre premier sergent, qui o. fait la liste de ceux qui sont restés en vie, me l'a montrée et j'ai été bien aise de m'y trouver par mon nom ; j'espère qu'il en aera ainsi de voua, mon père et ma mère; c'est pourquoi je voua envoie cette liate signée de la main de mon sergent, afin que vous n'en doutiez pas ; car vous m'avez toujours dit que j'étais un peu menteur, et que voua ne pouviez me croire sur parole. Je salue tous nos gens et je prie M. le curé de m'effacer de la liste des morta, où l'on dit qu'il m'a mis à mon insu et sans ma permission, puisque le bon Dieu, qui en sait plus que lui, m'a laissé sur le rôle des survivants. 1\Iais, mort ou vif, je vous aimerai toujours et serai fort impatient de revenir vous voir, pour vous dire en personne yoici Votre fils Joseph. Réponse à la lettre précédente. Mon cher fils. Je mets la main à la plume pour te mander que ta mère et moi nous avons bien ri de plaisir en apprenant que nous avions été attrapés par le bruit de ta mort, et que tu n'étais point sous terre, ainsi quo chacun le disait, mais bel et bien dessus comme un autre. Nous avions déjà commandé une messe pour le repos de ton âme; et monsieur notre curé voulait tout de même la dire, prétendant que tu étais bien et dûment décédé ; et quand nous lui montrâmes ta lettre, pour lui prouver le contraire, il nous répondit qu'elle ne signifiait rien et que sana doute tu l'avais écrite avant d'être tué. Â cela il n'y avait mot à répliquer: aussi nous lui avons payé la messe, à condition toutefois qu'il ne la dirait pas ; crainte des conséquences. Du reste, il n'a jamais voulu ôter ton nom du registre mortuaire où il t'a inscrit, disant que c'est autant de besogne faite pour la première fois que tu mourras tout de bon. Puisque vous avez été presque tous tués dans cette bataille, il faut bénir la. Sa.inte-Vierge et Joseph de ce que tu n'a.s pas imité les autres qui en sont morts. Nous a.vona appris que ton capita.ine a.va.it reçu cinq blessures; mais on nous a bien réjoui en noua assurant qu'il n'y en a.va.it que deux de mortelles, et que le chirurgien·major avait promis corps pour corpe de le guérir des trois autres. Ainsi soit-ill car c'est un brave homme, et ce serait grand dommage d'être obligé de lui dire: feu mon capitaine. Tu nous as déjà causé beaucoup de dépenses, mon enfant, soit par ta mort qui a duré passé un mois, soit par ta vie depuis 20 ans. Ma.is comme il fa.ut pourtant te faire un cadeau pour te féciliter de ce que tu via encore, tu recevras ci-inclus un louisd'or que ta. mère t'envoie à mon insu, ca.r je suie toujours da.ns l'idée que ta. paie doit te suffire, surtout en temps de guerre, où l'on a autre chose à fa.ire qu'à ma.nger et à boü-e. Je t'exhorte surtout à apprendre quelque chose de bon au régiment, pour qu'à ton retour dans notre Tillage on ne dise pas : bête il alla, bête il revint; du reste, chacun le sait, je suie et serai toujours, · Ton père Igna.ce. Nous avons emprunté au Tome lll du Conservateur suis,,e la. petite va.riété littéraire qui précède. li va. de soi que nous n'en garantissons pas l'authenticité. ' *) Roebach eet an village prnsaien de la province de Saxe où ment lee Françaio en 1151.
Fr~dério
rr battit
AU BULLETIN--fÉDAGOGIQUE
unblié sons les ansvices de la Société valaisanne d'Education. SO:MHAIRE. -
A nos lecteurs et lectrices. - Jésus-Christ. -
La lec-
t~re c~ur~nte. -:-- Arboriculture. - Doutes historiques. - Solut~ons d artthméttque. - Chronique et avis scolaires. Atten-
tton.
A. NOS L11C'.r:IJUB.S :IJ'.r L11C.'.rB.IC118. , Avec ce. num~o, le Sup~lémeut s~pend sa rmblication jusqt,'à la re01~ver~1 e des ~coles. La p1·esente lturatson est tm conséquence la d~1·niè1·e d~ l annee scolatre 1881/ 82. Avec elle aussi s'accomplit la promesse faite au debut d~ donner 6 numéros de 16 pages, soit 96 pour la dite année car il ne peut ,.a,sonnable'~.nt être venu ~ l'idée de personne de prétendr~ recevoir, en retQUr de l~ 1~unune finance d un J"rauc, cette publication pendant une plus longue penode. Ceux de nos abonnés qui reçoivent aussi le Bulletin pédagogique (é~itio~' fribourgeoise) ont pu d'ailleurs remarquer que le ~up~lémeot, grace a s~m texte compact, a renfermé, dans chncune de ses z,vratsons, plus ~e maténa~a; que le frécédent dont le p1·ia; elt de fr. 2.50 par an, avec un numero par mats. (]est dtre que la cotisation réclamée ne l'est que pour payer les frais d'impression et d'expédition et que l'œuvre entreprise ne l'a éte que par dévoûment et non par spéculation. nous reste m.aintenant,. en prenant congé de nos abonnés, à les remercier de l.eu1· sympathtque appu' et nos con·espondants de le1'1· précieuse collaboratt~n ..Nous formons le vœu et espérons même de- pouvoir di?·e à tous : au revou· a l~au.t~mne _fro~hain. Cet espoir est d'autant mieux fondé que la pl'esque unammtte cles tnst,tuteun et des institutrices ont réservé un bon acctteil à cette publication, ce q~i est du meillettr augure pour l'avenir. C'est pour nous.wn encouragem~nt a nous atteler, au moins pottr une année encore, à la me1~e besogne et a nous efforcer, avec l'appui matériel et moral de nos abonnes et le concoun de nos collaborateurs de rendt·e de plus en plus in· téresaant et adapté à nos besoi11!l l'organe de la Société valaisanne d'Edueation. Sion, Mai 1882. L'Editeur.
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JÉSUS-CHRIST 2"'' article.
I.
Vm ENSEIGNANTE DE JÉsus-CmusT. Nous ne pourrons la présenter telle quelle fut· nous sommes même certain de n'en offrir qu'un tableau fort indomplet. Si im-
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