No 12 l'Ecole primaire, 20 avril 1883

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N • 12.

Sion, 20 Avril.

1882-83.

A•l• cie place. _ Une institutrice brnet~e et déair~uae de se placer au commencement de mai prochain, est demandee pour temr une école _catholi ue dans un canton voisin. Poste avantageux. - Pouy o~res de s~rv1ces et r!seignements, s'adresser à l'Editeur de l'Eco_le pntllatre. Inutile de se présenter sans posséder de bo~es recommandations. . . • Le manque de place nous oblige encore une f01s à aJourner au pro• *numéro quelques oommuruca . t"1ons. ohain M

v AB.JB!!BS Le Général. Un bambin avait pris l'armure de son p_ère. Il tratnait une épée immense, et poursmvant Les ennemis absents il criait: En avant! Comme un petit foudre de guerre. Quand le papa Dit: • Halte-là! Tu pourrais te blesser : laisse-là cette épée ! . _Mais père.. . - Pas de mais! Quoi l tu prétends serVlr, Et ton â.me est si mal trempée ? Tu veux être soldat et ne sais obéir 1 - Moi, dit le marmot téméraire, . . Je .,-oudrais m'engager, mais dans !es genet·al 1 - Ayant mal obéi tu comman~er~1~ s~ul. Et si l'on t'entendait, mon petit militaue, C'est le rire, crois-moi, qui serait général. • L . R.l!tiSBONNE.

Grave examen. Mon Fritz avait si1 ans. Un aimable doyen L'interrogeait pour rire et cherchait le moyen D'embarrasser le petit drôle. Notre examinateur porte ainsi la parole: - Combien font trois plus trois?- Six. - Et cinq plus cinq? - Çà fait dix. _ Bien ! et combien alors font cinq veaux et cinq ch~vres ? Cette fois la parole expire sur les lèvre~ De F1·itz, un peu surpris par cette quest1on: Il regarde maman, cherche des ye~1 des atdes Pour lui soufier le mot de la soluhon ; Puis comme d'inspiration : - Cinq chèvr~s et cinq veaux, çà fait dix quadrupèdes.

.ÂJIBROUSSB-BUTIDB.

Anecdote ecolaire. - Un monsieur qui .habite _la campa~ne a dernièr~­ ment acheté & un paysan un jeune renard pns au p1ège et qu1 semble voulmr s~ lai&Aer apprivoiser. f bl d L Le tout jeune fils du Monsieur, qui apprend par cœur 1es a es e a Fontaine, apporte dernièrement au renard .un. gros ro~rceau de fromage. . ,. L'animal regarde cette nourriture avec un dedam marque. _ Mais alors, dit l'enfant, s'il n'aime pas le fromage, pourquoi est-ce qu 1l l'a .,-olé au corbeau t

ORGANE DE LA.

• SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION • SolfHA.IRE. - Appel aux instituteurs et à tous les amis de l'instruction. - Les dépenses pour l'instruction. - A propos dea leçons de choses (fln). - De l'instruction civique d'aprèv lee principes catholiques (suite).-Enseignement de la lecture(fln).-Du tact dana l'école. - A propos du Guide pratique de l'instituteur, de M. Horner, par M. J. Paroz (fin.) - Lettre d'un vieil instituteur A. son fila (fin). -Bibliographie.- Chronique et avis scolaires.- Variétés.

APPEL aux Inatituteurs et à tous les amis de l'instruction.

L'assemblée générale de la Société valaisanne d'éducation se tiendra à Sion, le 26 de ce mois. Voici l'ordre du jour: 8 1/ 2 h., service funèbre à l'église du collège. 9 tf• h.. séance à l'hôtel-de-ville. Discours d'ouverture. Lecture du protocole. Lecture et discussion des comptes-rendus. 1er compte-rendu : Du chant, de ses avantages, de la méthode à suivre dans t' enseignet~nent de cette branche. Rapporteur : M. Kœhl, professeur à l'école normale. 2m• compte-rendu : Causes de la faiblesse de nos recrues j moyens d'y 1·emédier. Rapporteur: M. Casimir Wetzler, instituteur à Evolène. Rendement des comptes. Election du comité. Choix du lieu de la prochaine réunion. Motions individuelles. 12 1/ 2 h., banquet. Nous engageons vivement, non-seulement M.M. les instituteurs, qui se feront sans doute, comme jusqu'ici, un devoir et un plaisir d'accourir nombreux, mais encore tous les amis de l'enseignement, à prendre part à notre modeste congrès pédagogique. L'instruction est devenue de nos jours une question si importante, qu'elle sollicite le concours de tous.


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Nous vous attendons paL' conséqoent le 26 avril à Sion, voua tous, chers instituteurs, membres actifs de la Société, vous aussi, MM. les membres honoraires, et sous ce titre nous comprenons tous les partisans de la lumière et du vrai pl'Ogrès.

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sa nourriture. En un mot, il utilise mieux ses ressources · il les applique à des satisfactions plus rationnelles : il en dispose ~uivant son intérêt bien entendu et suivant l'intérêt' social.

_ _ (Ecole communale belge).

Le Comité.

A PROP<?S DES LEÇONS DE CHOSES (Fin.) Les dépenses pour l'lustructlon. Nous t'ntendons quelquefois des personnes dire que l'instruction est sans doute une bonnt' chose, mais aujourd'hui on dépense beaucoup trop d'argent pour les écoles. S'il est cependant des dépenses productives ce sont bien celles qui sont faites pour l'enseignement. n n'y a aucune exagération à soutenir que les dépenses pour l'instruction publique constituent un placement exceJient, donnant souvent un revenu de cent pour cent. Un jeune homme à J'éducation duquel on consacre une dépense de mille francs vPrra, en règle générale, son salaire annuel s'élever d'u:r~e même. s?mme. Nous pourrions prouver par de nombreux faits recueillis par nous que dans certaines industries: les sommes employées pour la formation de travailleurs valent à ceux-ci un revenu annuel du double même de la dépense. Cet effet est encore bien plus manifeste, quand la semence de l'instruction est jetée sur un terrain exceptionnellement fertile. L'éducation donnée à un jeune garçon doué d'un esprit inventif peut aboutir à la découverte de secrets scientifiques et d'applications industrielles fécondes. Lorsqu'un enfant tel qu'Edison est arraché à 1'ignorance, initié aux premières vérités naturelles, entrainé dans la voie de la recherche, les efforts de ses maîtres produisent des résullats immenses, incalculables. Un seul homme de cette trempe sert de compensation pour la multitude d't'sprits lents, inertes que l'école ne réussit pas à mettre en branle. L'école ne contribue pas seulement à l'accroissement de la puissance productive de J'homme ; elle contribue aussi à la conservation, à J'emploi rationnel des richesses. Plus l'homme ~st instruit plus ses qualités intellectuelles et morales sont développés, ~t plu'3 il s'éloignera de certaines dépenses inutiles ou nuisibles. L'esprit d'économie se répand au sein du peuple avec l'instruction, l'augmentation du salaire due à une instruction plus grande facilite aussi l'épargne. Enfin le travailleur iostrui~ aP: prend à régler ses dépenses: il fait de préférence celles qm lu1 donnent une amélioration de son logement, de ses vêtements, de

Ainsi que nous l'avons dit dans un précédent article si le û·aoçais était une langue phonétique, comme l'allemand o~ l'italien, nous opterions, sans hésiter, pour l'enseignement de l'orthographe par la lecture; mais quelle énorme différence n'existe-t-il pas sous ce rapport entre ces deux langues et la nôtre 1 Et parce que les Allemands ont leur Leselnwh, qui leur sert à la fois de grammaire et de livre de lecture, rien ne doit s'opposer à ce que nous les imitions ? . .. C'est comme si l'on voulait que le même chapeau pCit convenir à toutes les têtes, les mêmes souliers à tous les pieds: que le même habillement püt vêtir avec la même facilité et la même grâce, des personnes de taiÙes différentes de conformations disparates. ' D'au~res you~raie~t remplacer les dictées par les compositions. Ce ser8Jt tres-b1en s• toutes les compositions étaient uniformes si toutes se ressemblaient comme si on les eüt dictées. Nou~ avouons que ce s.erait là, mais pour l'orthographe de règles seulement, le procedé le plus avantageux connu jusqu'à ce jour car les cor~~clions ~ourraient se faiœ en même temps pour toute~ les compos1bons, SOit sous le rapport du style, soiL sous celui de l'orthographe. Mais prenez dix élèves; séparez-les afm qu'ils ne puissent nullement communiquer ensemble t't donnez-leur un même sujet à traiter. Y aura-t-il deux compositions qui se ressembleront comme si on les avait dictées? Non. TI y aura analogie dans le fond, mais nullement dans la forme. Pour la correction de ce travail, vo~s serez obligé de prendre chaque composition séparément, et SI l'orthographe laisse beaucoup à désirer, combien de temps aurez-vous mis à passer successivement auprès de ces dix élèves, si vous voulez faire une critique consciencieuse du travail de chacun d'eux, sous le rapport orthographique seulement Y Un temps beaucoup plus long, et beaucoup moins fructueux que celui employé à la correction d'une dictée faite à toute la classe où tous profitent des explications données à l'occasion des faute~ de chacun, les élèves étant appelés à répéter les mots fautifs au fur et à mesure que le mattre y arrive dans la lecture qu'il' fait , lentement de cette même dictée, dans son propre cahier. Et pen-


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iSO dant que vous serez occupé d'un seul élève, il y en aura neuf desquels vous devrez utiliser les loisirs }Jar un travail long, monotone et fastidieux. Cette solution serait inadmissible, même si, par ce moyen, on pût acquérir la connaissance de tous les mot.s usuels, ce qu'il n'est pa~ permis de supposer, à moins de composer jusqu'à l'âge mûr, à la vieillesse peut-être, et l'on sait que les élèves de cet âge ne sont guère de mise à l'école primaire. Dans les exercices oraux, les élèves devront répondre aux questions qui leur seront posées sur les dictées qui leur auront élé faites, ainsi que sur les mots qu'ils auront copiés dans le vocabulaire avec leur définition. Ils devront répéter aussi oralement les compositions écrites faites précédemment. Il est seulement à regretter que, dans les écoles rurales, celles des localités alpestres surtout, où J'année scolaire n'a qu'une durée de six mois, et moins encore pour un bon nombre d'écoliers, ensuite de circonstances contre lesquelles il est humainement impossible de réagir, l'on ne puisse consacrer un temps plus considérable à des exercices aussi utiles, sans empiéter sur celui qui est strictement indispensable pour l'étude des autres branches. Quelque bien dirigées et biens reçues que soient les leçons de choses, nous ne pouvons néanmoins pas espérer qu'à la campagne on réalise des progrès aussi marquants qu'à la ville et autres localités qui possèdent des écoles enfantines, où chaque instituteur n'a qu'une seule division à diriger, où l'année scolaire a une durée plus considérable, où les élèves, comme nous l'avons déjà dit, sont familiers, dès leur première entrée en classe, avec une foule d'expressions encore inconnues à la campagne chez les enfants du même âge, et même beaucoup au-delà, et où l'on n'a pas à lutter contre cet ennemi qui paralyse, par sa détestable influence, le développement intellectuel de nos jeunes campagnards, et que l'on nomme le patois. Nous résumerons ici la méthode que nous avons jugée préférable pour les leçons de choses : Comme nous n'avons encore pu trouver le moyen de nous passer avantageusement des dictées, nous les faisons servir à la fois à l'enseignement de l'orthographe et aux leçons de choses, en y définissant successivement les mots les plus usités qui se trouvent dans le recueil de Pautex, et nous faisons parfois suivre ces définitions de quelques courts commentaires, si nous les jugeons utiles au développement de l'intelligence des élèves. Ces dictées sont ensuite mises au propre, et ce nouvel exercice sert à

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graver plus profondément dans la mémoire la signification et l'orthographe des mots. Nous employons à l'étude des autres branches le lemps qui leur est strictement nécessaire, et ce qui nous reste de loisir jusqu'à la fin de la classe, nous le faisons servir, sous forme de conversation, à l'élude de mots nouveaux que nous extrayons de l'ouvrage déjà cité. Ces mots sont successivement écrits au tableau, notés en même temps par les élèves qui doivent, malgré l'explication qui en a été faite, les copier proprement dans leur cahier, en partie comme devoir à la maison, en partie comme leçon d'écriture à l'école. Ces mots, écrits en moyenne, sont suivis, en écriture fine, de leur définition, extraite du dictionnaire. ~ vant d'arriver à d'autres mots, on s'assure, par une courte récapitulaLion, que les leçons précédentes ont été reten ues. Pour donner ensuite quelque variété aux exercices, les compositions faites précédemment sont répétées de vive voix. Celles-ci roulent sur le style épistolaire, les narrations, descriptions, fables de La Fontaine, etc., et si ces dernières sont, moins que les précédentes, des leçons de choses, elles ont par contre l'avantage de mieux former C. W. les élèves au style. DE L'INSTRUCTION CIVIQUE D'APRÈS LES PRINCIPES CATHOLIQUES (Suite.)

§ 4. DES ASSOClATIONS RELIGIEUSES. Il s'est formé dès les premiers siècles, au sein de l'Eglise catholique, des ordres monastiques et des associations dans le but de pratiquer les conseils évangéliques. On se lie à la pratique de ces conseils par les trois vœux de cllastoté, de pauvreté et d'obéissance. Ces associations, outre ce but commun, ont chacune un but spécial. Il n'entre point dans notre pensée d'en faire l'énumération. On peut classer toutes les associations religieuses en trois catégories. . .. . 1• Celles qui ont pour but spéCial la pnere et la pémlence. .Beaucoup s'adonnent aux travaux de l'agriculture, comme les Trappistes et les Chartreux, ou à différents ouvrages manuels, comme les Bénédictins et les Carmélites. 2• Celles qui ont été instituées pour l'enseignerrent de la religion au moyen dP, la prédication, des missions, des collèges! etc. Ces associations, dont les plus importantes sont la Compagme de Jésus et l'ordre de St-Dominique, se composent eu général de prêtres.


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go Celles qui .se proposent. spécialement l'instruction de la jeuness~ dans les ecoles popula1res. A cette catégorie appartienne t

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les Innom~rab~es congr~gations enseignantes d'hommes et femmes, tres-rep~ndues dans tous les pays catholiques. A un a~tre.pomt ~e. vue on ~istingue les Ordres religieux et l~s Congregatwns ,religieuses. C est une distinction tout ecclésiashque dont nous n avons point à nous préoccuper.ici. ll ~st bon, cep~ndant de savoir que le dernier ordre religieux f?n~e dans .1~ghse est la Compagnie de Jésus. Toutes Jes assoCiation~ religieuses posté~eures sont.de simples congrégations. n Y. a meme des congrégations de prêtres séculiers, qui ne sont pas hrs ~a_r des vœux comme les Lazaristes, les Orat.oriens et les ~ulpiciens. ,Çependant les. membres de la plupart des congrégations sont hes tout au ruoms par des vœux simples. ~es ordres et les congrégations religieuses sont liés tout au ruoms par des vœux simples. L~~ Ordr~s et le.s Congrégations religieuses ont été dans tous les siecles, d un pmssanL secours pour l'Eglise, qui les a hautement patronnés, encouragés et propagés. Elle les a soutenus contre toutes les.attaques, et il est d'expérience que tous ceux qui ont comm~nce. par attaquer les couvents, ont fini par attaquer l'Eglise elle-meme. t .Cela prouve com?ien sont peu sérieuses et convaincantes les ratson.s de ce?x qm, tout.en supprimant les couvents, prétendent ~e pomt avoll' de ~a?va1s desseins vis-à-vis de l'Eglise catholique. Il Y en a qu1 disent: le catholicisme n'a pas besoin de tel couve~t o~ de tel or~re religieux ; donc le supprimer n'est pas une viOl~hon de la lib_erté du culte catholique. Ce raisonnement est t?u.t JUste de la meme force que celui d'un voleur qui dirait à sa VIctim~: V?tre bour~e ne vous est point nécessaire, donc je la prends ; }e pUis v~us d~pouiller de votre pardessus sans que vous en mouriez, donc Je rn en empare. Dans leurs rap~orts .avec. l:Etat, certaines congrégations jouissent de la personmficat10n Civlle, ce qui veut dire que l'association est r~connue comme. telle par la loi, de sorte que l'association possede, peut recevoir et agir en justice indépendamment de la personnalité des membres qui la composent. . I;es congrégations qui n'ont pas été reconnues par l'Etat ne JOUissent pas,de ~a personnification civile. Elles n'existent pas l~galem~nt, c est-a-d1re que la communauté comme telle ne possede.pomt,, ne pe~t point agir en justice, et que les legs qui lui serru.ent fa1ts serment caducs devant un tribunal. Mais les mem-

bres des congrégations non reconnues jouissent individuellement de leurs droits civils, comme tous les autres citoyens ; chacun d'eux peut posséder, recevoir, donner, accepter un héritage, actionner devant les tribunaux, etc. (A suivre.)

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DE L'ENSEIGNEJIENT DE LA LECTtrBE (Fin.)

Disons un mot du rapport ~i naturel, si direct et si intime qui rattache l'en· seigneruent de la lecture a celui de la langue. La connaissance de cette dernière consiste à savoir exprimer ses pensées par la parole et par l'écriture. Penser, parle'r et écrire, voilà toute la l;mgue pratique. On apprend à penser en pen·· sant, à parler en parlant. à écrire en écrivant. Or, aucune spécialité du pro· gramme ne se pr~t~ autant que la lecture à ce triple exercice de pensée, de diction et de style. Exercices de pensée d'abord. Penser, c'est acquérir des idées et les corn· biner diversement ensemble. On a dù comprendre, par ce qui précède, que non seulement la lecture serait forcément défectueuse. mais encore inutile pour l'instruction de l'élève, si celui-cf ne pense pas en lisant. Aussi, raut·il que le maitre combine les exercices d'intelligence avec l'enseignement de la lecture. même élémentaire. A cette fin, il rera rattacher à un mot connu, le son et la lettre qui forment la matière de chaque nouvelle leçon, de telle sorte que ce mot puisse, au besoin, servir à retrouver le son oublié ; il choi· sira comme exercices à écrire au tableau, des syllabes significatives, des mots et de petites phrases, exprimant des idées concrètes a la portée des jeunes intelligences. Par la suite et le ~lus souvent possible, il dirigera ses disci1·les dans la formation de propositions renfermant les mots lus et expliqués. Enfin, ils seront amenés, par les interrogations préparatoires à la lecture courante ou expressive. à rechercher la signification des mots nou· veaux, a saisir l'idée générale d'un morceau, les pensées qui la développent ainsi que les rapports qui les relient entre elles. Exercices tie diction. Parler, c'est exprimer verbalement ses idées au moyen des termes, des expressions et des tours de phrases dont on dispose. Les qualités de la diction sont donc relatiVbS au fond et à la forme. Le travail intelleetuel dont il v1ent d'ôtre question, fera acquérir des idées et l'aptitude à les combiner. La lecture intelligente et la conversation nous procurent l e~ éléments elu langage parlé, et l'usage de la parole nous les rait mettre en œmre. Or, ces diverses opérations se retrouvent forcém ent dans les leçons de lecture bien données. L'élève s'y pourvoit d'expressions et de tours par l'attention qu'il apporte à cet exercice fréquemment répété, par la suh· stitution aux mots du livre, d'équivalents destinés à en éclaircir le sens par la recherche de termes de même ramille, enf1n par l'étude mnémonique de quelques morcclaux r.hoisis en vue de la déclamation. En ce qui reg:~rde le débit ou la diction proprement dite, elle doit réunir toutrs les qualités d'une bonne lecture: prononciation correcte et pure. observation des liaisons harmonieuses, variété des intonations et des inflexions, etc. Qui ne sait lire ne s~ura jamais bien parler. C'est donc par la lecture qu'il faut travailler à former ou à rérormer te langage. Toutefois, il existe une ~rande dilTércnce entre servir d'organe aux pensées exprimées par autrui. et rendre les siennes propres par la parole. Car s'il est vrai qu'on n'apprend à penser qu'en pensant, on n'apprend guère non plus il bien parler qu'en s'y exerçant. En attendant que l'élève soit en état d'exprimer les con·


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ceptions et les combinaisons de son esprit, rien n'empêche qu'un morceau b lui serve de thème pour la reproduclion d'idées qu'i a dû s'assimiler mas dont sa mémoire n'a pu retenir la formule littérale. Cette reprod~cu01 l'exercera à one sorte ~'improyisation, a!l f!!~ins en ce q~i regarde le choi 1 des t~rmes. Elle sera fa!te parttelleruent a 1arde de questrons, intégralemen eosurte sous la forme dun compte-rendu ou d'un résumé du pas6age. Exercice1 de langue écrtte. - La langue écrite comjlrend l'orthoaraphe a~solu~, l'~rthogr_aphe grammaticale, la pbraséolo~ie et le style prop~ement d1t. Grace a la met~ode de lecture élémentaire aujourd'hui en usage dans nos.écoles, les t~ut Jeunes enfa?ts. apprennent l'orthographe absolue par la cop1,e d~s excretees de. lecture ecnts au tableau, ~ar l'épellation de mémoire ou 1écnture sous la_ d1ctée de syllabes, mots et pbrasts, qui ont fait la matière des leçons. Arrivês a la lecture courante, ils transcriront par cœur des passages étudiés, ils rechercheront, pour les épeler, des synonimes et des mots de même famille. · En fait d'orthographe grammaticale. l'mstituteur pourra de bonne beure rattache~ aux ~ots d~ texte, l'exrosition de .quelques règles de lexicologie et de lexrgrap~te,. q~ ri fera. a"pl~quer ensurt~ en prescrivant la copie du pas5age avec md rcat10ns lexrcolog1ques et lexrgraphiques ou en lui faisant subir ce~taines.transformations.relatives au genre, au no.mbre, au temps, etc. On contrnueratt par des exercrces d'analyse grammaticale destinés à résoudre l'une ou l'autre difficulté orthographique, en y appliquant la règle qui s) rapporte, puis d'analyse logique pour faire rendre compte de l'emploi de~ sr.gnes de ponctuation et initier les élèves à la phraséologie. L'étude tbeonque de la phrase sera continuée par des applications consistant à imiter ou à transformer des constructions choisies, à compléter des phrases commencées, à répondre par écrit aux questions posées et résolues verbalement en vue de donner l'intelligence de certaines expressions, ou de justifier l'accentuation de certains termes. Les élèves les plus avancés, ceux de la division supérieure, s'exerceront au style proprement dit en reproduisant, à l'aide d'un canevas les morceaux lus. en traitant eux-mëmes un sujet analogue et en efTectuani la transmutation en prose d'une composition en vers. Tels sont les nombreux exercices de pensée, de langue parlée et de langue ~crite, qu.e l'instituteur peut rattachPr pro~;re~sivement aux leçons de lecture elémenta1re, de lecture courante et de lecture expressive. (Ecole catholique belge.)

DU I!I'AOI!r DA1V8 J.'BOOJ.!I On écrit à l'Ecole de Lausanne : Quoique nous no? soyons pas, tant s'en faut, un partisan à. outranre de la pédagogie américaine, nous reconnaissons très volontiers le merveilleul espri.t de ~~scernement avec lequel on étudie aux Etats-Uni~ le caractère et le~ dr~posrt1o~s des enfa~ts. 11. y a pour nous .s~rtout plus d'un emprunt à !arre a leurs JOUrnaux d en~tgnement. En vo1cr un, par exemple, qui nons parait marqué au coin du bon sens et de la raison. . Trop fréq~emment nous considérons l'école comme une simple unité, au heu de l'envisager comme uoe réunion d'individualités. Celle méprise nous fait commettre des erreurs fatales. Ce ~erait tout aussi bien d'_oiJrir à l'animal et à la plante te même genre de nourrrture, que de chercher a former le caractère et à développer l'intelli·

gence d'après une méthode et des règles invariables. Une forêt peut être composée exclusivement de chênes mais il ne s'y trouve pas ~eux. chêne~ exactement semblables, il y a même de la beaute dans cette dtversllé, qut rait précisément le charme du paysage. Dans le cours du développe~ent intellectuel, il y a et il doit y avoir de la variété. Pourtant beaucoup d'educateurs ne s'tm rendent pas compte, aussi s'efforcent-ils à tort d'appliquer le~ mêmes méthodes d'enseignement, les mêmes règles de gouvernement a chaque cas particulier. Des le premier jour où s'ouvre l'école, l'instituteur inexpérimenté déploie devant ses élèves ahuris toute une légion de règles menaçantes, dont l'infraction entraînera pour le délinquant une peine sommaire. Mais voilà que, sur les derniers bancs là· bas, il se trouve toujours à point nommé quelques malins qui, tantôt par un geste, tantôt par un simple coup d'œil, vous .font doutn de la réalisation entière de ce terrible code pénal. Ce sont de vrAUX écoliers ceux-là. En réalité, un pareil début ne réveille que d~s senti~ents d'opposition, dont les fruits amers ne tardent pas à se produtre. Ma1s un autre fait se manifeste non moins rapidement aux yeux de l'instituteur attentif. Il remarque bientôt que ces règles ne peuvent s'appliquer à tout. Çà et là, il est forcé d'abandonner la voie tracée de prime abord. Non, ce regime de fer ne peut se maintenir sans nuire au progrès symétrique et naturel de l'enfant. Il raut que le maitre devienne un observateur exact, précis de l'humaine nature. Il devra acquérir la faculté de sonder le caractère de son élève, connaître à fond son entourage à la maison, de même que sa capacité intellectuelle. Il doit, pour ainsi dire, se familiariser si bien avec l'enfant confié à ses soins qu'il poisse prendre part à tous ses désirs, à toutes ses aspirations. Impossible autrement pour lui de savoir au juste quelle ligne il devra suivre, comment enseigner, comment encourager, comment réprimander. En voici un exemple : Il y a quelques années, lorsque notre expérience était encore toute nouvelle, nous avions posé des règles sévères contre les retardataires. Parmi les élève~ il y en avait un qui les violait sans cesse et, par suite, subissait la peine de celle infr:.ction. Plus tard nous apprîmes, comme il arrive trop souvent, que les parents auraient dtl être punis plutôt que l'enfa~t. Combien de cas analogues. où un peu de tact de la part du maitre relèveratt, au profit de sa propre popularité, le courage abattu d'un enfant. Autre exemple tout récent: Un jour un enfant de dix ans entre dans la salle de classe, et me demande de lui donner une place. L'extérieur du pauvre garçon n'était rien moins qu'engageant, et sa réputation valait encore moins que l'extérieur. Hélas 1 à peine y avait· il un vice que son jeune cœur ne conntlt. En le voyant entrer, le spectre de l'insubordination se leva soudain devant mes yeux : pourtant je résolus de tenter l'épreuve. Comme je connaissais ses antécédents, je le mis dans une chambre à part, pour qu'il n'eût par à rougir devant 1~ autres de son ignorance. Cette chambre était mon cabinet, où, vrai, il faisait disparate. Je Je traitai en enfant comme il faut, en gentleman, comme nous disons en anglais. Au bout d'un peu de temps, il fit preuve de quelque facilité pour l'écriture et l'arilbmétique. Grâce à une direction judicieuse, il prit bientôt un intérêt fort vif à ces denx branches, et, de ce jour-là, il n'y eut pas d'élève plus assidu à l'école. A la tin de l'année scolaire, il figurait parmi les meilleurs pour ces deux parties de l'en~eignement.

Dans une classe, il est impossible de se faire comprendre de tous par une méthode unique. Tandis que les uns perçoivent de suite les idées ou les choses par un simvle exposé oral, les autre$ ne peuvent se les assi-


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miler que par le sens. de la vue. Donc, le maitre énermque et am bilieux d'atte!n~re ~on but ~todiera sa .cla~se avec autant de vigil~nce que l'homme de. lot e!u~te !es vtsages des J)lres pour y surprendre leurs tmpressions; lUI ~usst, tl n abandonnera pomt une seule partie du programme avant de ltre sur le visage de chacun de ses élèves cette lumière interne qui décèle une compréhension pleine et entière du sujet.

pratique. Le but à atteindre et le programme à parcourir laissent peut·être quelque chose à désirer dans un certain nombre de branches. J. PAROZ. Ajoutons que l'ouvrage de M. Horner coûte 2 rr. Met que nous nous chargerons de le procurer a qui en ferait la demande.

..l. propo• du • Guide pratique de l'Instituteur. • de M. R. Norner, par M. Jules Paroz (fin). La participation toujours plus grande du citoyen aux affaires publiques, exige que l'éçole primaire inculque aux enfants quelques notions d'instrttction civique; M. Horner recommande de procéder ici d'après les prin· cipes qui doivent diriger l'enseignement de toutes les branches: il raut aller du simple au composé, du connu à l'inconnu : partir de l'organisation de la famille et de l'école pour s'élever à celle de la commune, puis à celle du dép~rteme':lt et. ~e l'Etat. On utilisera. aussi l'histoire et la géographie pour l'mstructtOn ctvtqoe. . L,'auteur rerommande, avec raison, d'éviter dans ce domaine, les personnalttés et le. zèle en faveur d'un parti politique. L'instituteur doit se borner à poser les prmcipes qui doivent diriger le citoyen dans sa vie civile et politique. Notre auteur est un partisan convaincu de la gymnastique dans l'école primaire, à cause de son action bienfaisante sur la tenue du corps, sur la santé_et le développement des forces physiques. Elle est aussi une utile préparation au service militaire. Mais il est évident que son but ne doit pas ètre • de former des athlètes ou des acrobates •. On doit se borner aux exercices élémentaires que l'auteur énumère dans un programme détaillé et complet. L'auteur termine la revue tlu programme de l'école primaire par la comptabilité qu'il considère comme étant tout particulièrement propre à donner à. l'école une direction profe~sionnelle. Jusqu'ici, nous avons suivi notre auteur avec un intérêt croissant et un assentiment presque continuel. Nous ne pouvons pas en dire autant au sujet de r.etle branche que l'auteur, sur l'autorité d'Edmond Degranges et de M. Lefèbre, considère comme n'of· frant que peu de difficultés, même dans la partie double. Nous nous occupons depuis bien des années de comptabilité en partie simple et en partie double et nous avons l'avantage d'être en rapport avec des comptables habiles, mais notre expérience nous a démontré que la comptabilité est une branche très compliquée et très abstraite pour les enfants. La seule chose qu'ils poissent bien comprendre, c'est la tenue d'un liv1·e de caisse simple ou à rubrique~. Le reste ne s'apprend bien et ne devient clair que dans la pratique des affaires; et encore n'est-ce pas toujours le cas. Que de comptables habiles dans leur spécialité commerc1ale ou industrielle, ne seraient pas capables d'établir une comptabilité en partie double pour une exploitation agricole, ou simplement pour un rentier. Après cette rapide revue des branches traitées par notre auteur, nous résumerons nos impre~sions en disant que l'ouvrage de M. Horner répond prrsquc en tous points à. son titre: c'est bien réellement un Guide pratiqt1e qu'il (liTre aux instituteurs. Ce qu'il dit de l'importance des diverses branches est senti et c-omplet, et ses principes en matière d'enseignement sont très corrects. Dans l'indication et l'exposition des méthofles, on sent l'homme

LETTRE D'UN VIEIL INI!iTITlJTBlJR A. SON FILS (Suite).

7' Et-ablir un ordre parfait dans la claise. - La curipsité de l'enrant n'a d'égale que sa lëgère(é : un rien l'intéresse, mais aussi un rien le di~trait. Au moindre bruit qui frappe son oreille, il tourne la tête; la porte QUI s'ouvre ou se ferme, un objet qui tombe, un élève qui se. d~place el mille autres causes plus insignifiantes er;tcore, a.ttirent son attent1o_n, ma~gré les efforts du maitre pour la captiver. On conco1t donc que les d•stracttons sont perma· nentes dans une classe ou règne 'Je désordre, et qu'il est absolument né~es· saire d'assurer le maintien de l'ordre si l'on veut que les enfants s01ent attentifs. Les causes les plus ordinaires des distractions des enfants sont l~s sorties et les entrées individuelles fréquentes, les allées et venues, les avertissements souvent réitérés les menaces, la présence de tel ou tel objet, etc. L'instituteur qui vrut réelleO::ent favoriser l'attention de ses élèves s'applique à faire dis· paraître ces causes, et les mesures à prendre à cette fin rentrent dans le code disciplinaire de l'école. 8• Le maître doit prêcher d'ex emple. - Les enfants sont observateurs et imitateurs. Rien n'échappe à leur attention; ils remarquent les négligences, les défaillances de leur maitre, aussi bien que son activité et son dévouement. S'ils le voient attentif à tout préparer avec soin en vue de leur donner ~e bonnes leçons ; si, dans !e cours d'un ent,retie~, ce mait_re 3: ~ous la mam tontes les choses nécessatres pour rendre l ensetgnement mtu1t1f, ses recom: mandations ne laisseront pas les élèves !ndifférents. Si_, 3:u contr~_ire, ~eux·.~• constatent que l'instituteur n'est pas lut-même a1tent1f a ce qu tl fatt, qu 1l doit s'arrêter au beau milieu d'une leçon et fureter çà et là pour chercher sans le découvrir un objet indispensable, auquel il n'a pa!! méme songé, il faudrait que ees enfants eussent reçu de la Providence une dose de sagesse exceptionnelle pour prêter quelque attention aux conseils et aux leçons d'on tel maitre. 9• Faire ressOTtir à p1·opos l'utilité de l'instruction. - Voici ce que dit à ce sujet de Gérando: • L'instituteur n'en~octrine_ra point. s~s élèves par ~es théories générales sur les avantages de l'mstruc.tton; mats 11. trouve~a mtlle occasions de leur faire remarquer dans la pratique de la v•e humame, les fruits que produisent les diverses connaissances; une fois, il citera les gravçs inconvénients auquels une personne se trouve exposée pour ne pas savo1r lire; une autre fois des exemples qui montreront quelles nouvellrs ressources diverses personnes se créent par l'écriture, le calcul, le dessin. Plus ces exemples seront particulir.rs, plus ils feront impression. • tO• Se concilier les sympathies et la confiance des enfants. - Les élèves qui aiment leur instituteur évitent de le chagriner, et ils sont assez observateurs pour remarquer la peine que lui causent leurs distractions. Unis à leur maitre par une respectueuse sy mpathie, ils s'appliqu~nl à faire to~t Ile qui loi est agréable; et comme ils s~veut que rien ne lm e~t plus a~reabl~ que de les voir tout yeux ct tout ore11les pendant les leçons, 1ls en arnvent a


t88 considérer les d~tractions, même involontaires, comme des manquements graves. Celle respectueuse sympathie est l'heureux effet des procédés affables et bien~eill~nts de l'inslil~teur à l'égard des élèves, de la confiance qu'il sait leur 1nsp1rer par son devouement. Ce courant syo:pathique donne aux enfants le calme de l'esprit, cette heureuse disposition qui rt'nd l'allen lion lacile, consciente et volontaire. Si, au contraire, l'instituteur uso de procédés violcDis,_les élèves effrayés, agités, aigris ou blessés dans leur amour-propre, ne lUI prêten~ qu'un. simulacre d'attention. Dominés par la crainte, l'agitation ou 1~ ressentiment, 1ls font _semblant de regarder et d'écouter, mais leur attentiOn est partagée ou facuce, parce qu'elle est l'effet de la Cùntraiote. H • Inten·oger souvent les élèves portés d la distraction. - Quelle que soit l'afTection des élèves pour le maître, et quel que soit l'ascendant que le mait_re exerce sur ses élèves, il se trouve toujours parmi ces derniers des espr1ts légers, naturellement portés à la distraction. Il convient de tenir ces élèves en haleine, soit en les questionnant plu~ souvent que les autres, soit en les prévenant qu'ils auront à rendre compte de la lecon; dans ce dernier cas, n~ _manquez pas de leur tenir parole, sinon le moyen perdrait toute efficacite. Li~ez et méditez souvent ces conseils, mon cher René. N'auendez pas, pour les meure en pratique. que vous soyez chargé de la direction d'une classe. Inspirez-vous en dès maintenant, chaque fois que vous préparez une leçon ct lorsque l'ordrtl des exercices vous appelle à l'école d'application. Il arrivera que, malgré vos efforts, les enfants ne vous prêteront pas toute l'attention désirable;· si vous êtes obsarvateur, vous remarquerez que ce manque d'attention provient de ce que vous avez négligé l'un ou l'autre des moyens dont je viens de vous entretenir. (!!.'cole primaire libre.)

••• BIBLIOGRAPHIE La librairie Boyer et Ci• (Paris) nous a adre~sé deux ouvrages recommandables dont voici les titres : :L. Grlmblot. - Jardin des Racines françaises et leurs dérivés. (Livre de l'élève, in-t2 cartonné, i fr. 50).- (Livre du maitre, in-12 de /a20 page~ cartonné, fr. 3). Le Jardin des racinPs françaises est la méthode la plus logique pour étudier le mécanisme du langage, la valeur et la propriété des mots ; il constitue un système mnémonique rationnel allié à la pratique raisonnée de la langue. Les mots français, qu'ils soient dérivés du grec ou du latin, y sont classés par familles sous la dépendance d'une racine accompagnée de l'idée qu'elle éveille. Le livre du maître, comme celui de l'élève. renfërme, outre de nombreuses vignettes, des éclaircissements divers qui tlonnentlieu à des exercices Maux pleins d'intérêt. J'. Damonteil.- L'Histoire naturelle en action (livre de lecture expressive illustré de lf5 gravures, un vol.in-i2 de400pages. prix cart. i rr.80). Ce livre, aussi nouveau qu'original, est une suite de pages variées et pittoresques, intéressant~s et vraies, qui sont en même temps des leçons instructives et des lectures choisies. Au lieu de professer, l'auteur raconte, au lieu de démontrer et d'expliquer, il fait voir et toucher; au lieu d'écrire. il peint; au lieu de parler, il cause. Son enseignement est un récit, sa leçon est un

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ta~l.eau: llrer! ce livre est comm~ un voyage pilloresque mais réel, sans fantaiSie 01 capnce, autour de la creation. L'auteur a procédé en allant toujours du connu à l'inconnu : nous partons de ~a mai1on en faisant un tour de jardin, et du jardin, que parfument les ~ru1ts et les fleur:;, nou3 passons dans la fwme et dans les champs, cadre 1mmense el rust1que; après les champs, les prairies elles rivières, les fleu.:es, les étangs, après la plaine, la montagne. De ces cimes élevées nous apercevons la vaste mer, nous entendons le bruit des flots et nous descendons des pics glacés pour parcourir ses rivages. Enfin, ce navire qui passe nous prend a ~on bord et nous mène aux océans polaires pour nous conduire ensuite dans les mers bnllantes des tropiques. Les tableaux succèdent aux tableaux, et r.hacun de nos pas est irrésistiblement sui v~ d'un autre pas. Tout se tient, tout s'enchaîne, tout nous attire et nous séduit. Cependant, pour nous reposer de cette suite de portraits et de descriptions, l'auteur a recours aux faits historiques qui frappent et intéresse~t. aux récits qui passionnent, aux anecdotes qui égayent, aux légendes QUI charment. . Voici, pris au hasard, un spécimen du charmant ouvrage que nous Signalons:

Le Héron. Le voyez-vous là-bas , au bord de l'étang, de l'eau jusqu'au genou, immobile sur une patte, son long cou replié sur la poitrine, la tête entre les jambes, guettant au passage une proie qu'il attend depuis trois heures et qui ne vient jamais ? On dirait un oiseau empaillé. Pauvre Héron! c'est bien la peine de rester toute une journée à table pour ne rien manger ! ll ne dîne même pas au triste hasard de son grand bec; son indigente vie n'est qu'un long jeûne. Pour tout moyen d'industrie il n'a que l'embuscade, pour arme que la patience . . n ne p_oursuit pa~ sa proie, il l'attend, et il n'a qu'un instant pour la saisir j st elle lu1 échappe, il recommence, attend encore, attend toujours, ne se lassant jamais, parce que jamais il n'est repu. ll ne contente pas sa faim, il la trompe. Une grenouille est un festin pour lui, et je vous affirme que ce grand affamé n'a jamais fait la petite bouche en face d'un goujon. C'est le mendiant éternel· des étangs et des rivières, attendant avec une r ésignation touchante que les eaux veuillent bien lui fair e l'aumône d'un ver ou d'un insecte. Avec sa jambe repliée sous son ventre, le Héron a l'air d'un amputé de· mandant la charité à la porte des étangs. Comme tous les malheureux auxquels la malechance s'est attachée, le Héron est craintif et défiant: s'Jllui arrive, de temps à. autre de saisir une proie inespérée, il n'en croit pas à son bec et paratt tout surp;is de sa bonne aubaine. Le Héron me rappelle ce pauvre qui, trouvant une pièce d'or sur son chemin, passa, tout hésitant, sans la ramasser, et dit: • Je ne pensais pas qu'elle fllt pour moi. • Tout l'inquiète, tout l'alarme ; d'aussi loin qu'ill'aperçoit, il fuit l'homme qui trouble sa solitude et lui envoie, comme aumône un grain de plomb. Jadis, à l'époque des vastes marais et dea grands étangs qu'ont transformés lee cultures, le Héron n'était_pas réduit à donner, comme aujourd'hui des ~oups de bec, j'allai~ dire des coups d'épée, dans l'eau. Poissons, reptiles, ms~ctes, tout abondatt. Enc?r? ce. pauvre bohémien des rivages ne fut-il jamaiS heureux. On le chassait Impitoyablement au faucon, et l'oiseau-pêcheur


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expirait au milieu dea airs, dans les serres meurtrières de l'oiseau-chasseur. Le Héron se fait chaque jour plus rare dans nos pays, et le temps n'est pas éloigné, peut-être, où il aura disparu. Si on pouvait l'interroger au moment où il ira rejoindre les races éteintes, il aurait le droit de répondre: 11 Je ne trouvais plu• A me nourrir, et j'abandonne la terre parce que je meurs de faim."

plana. .!.usai bien, n'avait-il en vue que de pré1enter quelques spécimen•, et non d'exhiber une collection tant soit peu complète. - N'oublions pas non plus de mentionner l'envoi à l'Exposition de Zurich de quatre photographies d'hommes qui ont bien mérité de notre paya pour services rendue à la cause de l'instruction publique à tous les degrés. Le choix du Département s'est arrêté sur MM. Berchthold, chanoine, Henzen, préfet dee études, H. Bioley, conseiller d'Etat, et A. Lamon, inspecteur scolaire et directeur des écoles primaires de Sion. Les deux premiers ne sont plus, les deux autres, que nous possédons encore au milieu de nous, sont trop connus de nos lecteurs, M. Bioley surtout, ponr que nous jugions nécessahe de rappeler que le premier a réorganisé notre instruction primaire et lui a imprimé ensuite la plus salutaire impulsion, et qu'en tout temps le Département a trouvé dans le second un concours actif et empressé, grâce aux lumières, à l'expérience et au dévoue· ment qui le distinguent. Si, à cet égard encore, l'autorité scolaire supérieure n'avait paa dtl se restreindre à ce chiffre, elle aurait pu réserver le même honneur à d'autres personnalités qui ont également à leur actif de beaux états de service comme hommes d'école, par ex. M. le chanoine A.lph. Rion, pour ne citer que celui-là. Disons enfin que l'Ecole primaù·e a profité de la circonstance ponr se faufiler à l'Exposition et se ménager une petite place afin d'apprendre à qui l'ignorerait que le Valais est également doté d'une modeste revue pédagogique. Avis divers. - ID[ les instituteurs sont informés que les cartes de légitimation donnant droit à la demi-taxe sur les chemins de fer de la SuisseOccidentale-Simplon pour ceux qui se rendent à l'aSRemblée générale de Sion, le 26 de ce mois, s'expédient ces jours à ceux d'entr'eux qui sont dans le cas de devoir les utiliser. C'est dire que l'on se dispensera d'en faire tenir à MM. les régents de plusieurs localités voisines dn chef-lieu. * * * Une partie du personnel enseignant ne s'étant pas encore acquittée du montant réclamé pour abonnement à l'Ecole primuire, nous prierons les intéressés, qui appartiennent presque tous aux districts de Sion, Hérons, Con· they et Bierre, de profiter de la réunion générale pour régler leur dtl. Ils s'épargneront ainsi des frais de poste en même temps qu'ils simplifieront notre besogne. * * * Il nous reste quelques exemplaires surnuméraires du Supplément et de "i• Ecole p1·i1naire. Ceux de nos abonnés auxquels il manquerait, pour l'avoir complète, l'une ou l'autre livraison de notre publication pour ces dernières années, peuvent nous les demander et nous nous empresserons de les leur faire tenir pour autant, bien entendn, que les exemplaires restants le permettront. ***Bien qu'avec le présent numéro, l'Ecole primaire soit arrivée, selon ce qui a été convenu an début, au terme de sa course pour la présente année scolaire, nous avons le plaisir d'annoncer qu'en raison de la prochaine réunion générale, nous comptons donner encore une ou deux livraisons, soit pour consacrer un compte-rendu à celle-ci, soit pour y reproduire, au moins en partie, les rapports qui seront présentés à cette occasion. Nous ne prendrons donc pas pour le quart·d'heure congé de nos chers et fidèle• abonnés. * • • Nous publierons ultérieurement les noms des abonnés qui ont bien résolu les problèmes posés dans les numéros 8 et 11 et none en ont envoyé les solutions. * • Lire mal au lieu de seul dans le 3•• avant-dernier vers de la poésie Le Général parue dans le numéro 11.

CHRONIQUE ET AVIS SCOLAIRES llspoaitioD DatioDale de Zurich. 1113. -

Cette exposition, dont l'inauguration est fixée au 1•• mai prochain, comprendra 43 groupes. L'un d'eux, le groupe XXX constituera l'e:xpositwn scolaire proprement dite. n nous montrera, d'un côté, ce travail assidu et plein d'abnégation qui tend à rendre notre peuple capable de répondre à toutes les exigences de la vie, de l'autre, les efforts faits par les cantons et la Confédération, par les particuliers et les sociétés, pour contribuer à l'avancement dos sciences, de concert avec les outres nations civilisées. Le groupe XXX (éducation, instruction, littérature et sciences) embrasse l'instruction publique dans son ensemble. Tous les cantons ont été conviés à s'y faire représenter. Le nôtre n'a donc pas cru pouvoir s'abstenir de répon· dre à cette invitation, bien qu'il eût pu hésiter devant la perspective de concourir sous ce rapport avec les autres Etats confédérés, la plupart mieux notés que lui au point de vue de l'instruction publique, grâce ù. des facteurs importants, tels que les ressources, la position, le genre de vie et les occupa.· tions des habitant&. Pour ce qui nous concerne, c'est avec plaisir que nous voyons le Valais prendre sa. petite part à cette œuvre nationale, car, en s'effaçant tout à fait, il etlt, à notre humble avis, fourni matière à des appréciations rien moins que flatteuses à l'endroit de notre amour-propre national. A.u contraire, par sa. participation, si modeste et restreinte qu'elle soit, notre canton prouvera à ses confédérés qu'il ne reste pas étranger au mouvement général qui se dessine chaque jour davantage dans le sens du développement de l'instruction populaire, mais qu'ille suit dans les limites compatibles avec ses besoins, ses ressonrces, sa situation topographique ct le genre de vic de ses populations. L'organisation de notre petite exposition scolaire, décrétée par le Conseil d'Etat, a eu lieu sous los auspices et par les soins du Département de l'lnstruction publique, avec le bienveillant concours de M. le Directeur de l'école normale. Entr'autres principaux objets elle comprend :la collection des livres classiques obligatoires en usage dans nos écoles primaires et moyennes, cartes murales géograplùques, un bel atlas sous le titre Tableau synoptique d~ l'.A·ncien Testame1•t, œuvre du R. P. capucin Basile, à St-Maurice. Un autre travail également remarquable par son exécution et l'intérêt qu'il offre pour le Valais, nous représente notre canton aux diverses époques de son histoire. ll consiste en nne collection de onze cartes artistement dessinées à la main par M. Levrat-Girard, professeur à Martigny. Gardons-nous aussi de prétériter les plans de neuf maisons d'écoles où sont représentées aussi bien les deux parties du pays que la plaine et la montagne. On en jugera par la liste suivante: Brigue, Eischoll, Loèche-Ville, Evolène (village), Vex, .A.rdon, Maasongex, Troistorrenta et Vouvry. Les bptiments d'école d'autres locali· tés eussent pu, cela va sans dire, figurer honorablement A côté de ceux que noua venons de nommer, mais le Département a dtl se borner à cause dea dépenses qui devaient résulter de la confection d'un plus grand nombre de

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v.a.atilri• Une curiosité littéraire. Un journal parisien a récemment signalé un ouwage, qui eat une véritable curiosité littéraire. M. de Chennevières a écrit 43 livraisons in-folio en un stylo excellent sans employer une seule fois le mot qui ni le mot que. L'auteur remercie ce joumal par la lettre sui 'l'ante: 'Monsieur, Vous avez bien voulu découvrir dans les pages des Dessins du Louvre une nouveauté de style. L'attention bienveillante de votre lecture me flatte infini· ment. Permettez-moi de vous exposer les motifs de ma lutte littéraire. J'ai juré haine aux qui et aux que, ces lourds conjonctifs de la syntaxe. Cette guerre à outrance contre de paisibles pronoms trouble l'économie de la langue et le mécanisme ordinaire des phrases : mais elle éclaircit la pensée, elle allège la période, elle suspend les longueurs. Depuis quatre siècles l'horrible qui tyrannise les lettres françaises, il infeste les meilleurs écrivains. Rabelais le cultivait dans les bosquets de l'abbaye de Thélème; Pascal et La Bruyère montrèrent pour lui la plus coupable des indulgences. Bossuet le mettait sur les autels. Cette déclinaison éhontée du qui faisait les délices des contemporains. MM. de Port-Royal renchérirent sur Bossuet, et les beaux esprits de la cour et de la ville semèrent de qui leurs P-roductions. .A 1 avènement de Voltaire, le qui régnait despotiquement. Voltaire le laissa vivre. ll lui abandonna ses vers tragiques mais il l'éconduisit de sa prose, de sa bello prose si pleine et si vive. D ne l'expulsa point toutefois avec assez de rudesse, et l'ambitieux pronom réapparut au seuil de certaines phrases. Chateaubriand le caressait de sa plume douillette et le berçait avec une mélancolie mignarde. Lamartine lui donna des ailes d'or et le lança dans l'azur de ses rêves. Notre qui rendu insolent par l'hommage dt: ces grands noms, allait terroriser davantage encore la République des Lettres. Victor Hugo, ému de cette audace, voulut faire bonne justice de cet outrecuidant; il l'appela en champ clos, l e rudoya. l'estocada, mais l'autre tint ferme. J'ai essayé, monsieur, d'approcher ce monstn, d'étudier sa tactique, ses moyens de défense. Enfin, je l'ai surpris et je l'écorche vif: il méritait ce châtiment. La patience fut ma seule arme, la patience, à défaut de génie, une longue patience. .A.vec les qui, la phrase s'embourbe, les pensées hautes ou gracieuses revô· tent une enveloppe bourgeoise, les virilités de la concision perdent de leur étreinte. Emancipée des qui, la phrase s'en va légère, leste, sautillante, agaçante, provocante, amusante. Elle a le maintien j eune et aisé. C'est une fillette agile et court-vêtue, gagnant d'un saut le but de sa course. Le parti-pris apparent de mon style, cette rage de l'anti qui, pourrait sembler d'abord une gageure peu digne d'un écrivain d'art, mais cette petite conquôte grammaticale me paraît capable d'intéresser les curieux de littéra· ture. Recevez, monsieur, etc. JbNRY Dl!l 0111lNNI!IVIÈRES. J

Œil de mouclie. -Notre intelligence est comparable à l'œil de mouche, qui a un grand nombre de fenêtres. Les esprits étroits ne savent regarder que par une seule, et s'étonnent que l'on puisse voir autre chose que ce qu'ils voient.

SUPPLÉMENT A L'ECOLE PRIMAIRE.

SOCIÉTÉ VALAJS!NNI D'ÉDUCATION. 6me RÉUNION GÉNÉRALE (Compte-rendu extrait des Nos des 1 ot 5 mai 1883 de la N. Gazette dtt Valais.) l!ne assemblée oü le personnel enseignant primaire de t.out un petit pays se t1·ouve réuni et représenté par plus de 200 personnes ne laisse p~s d'o~rit· qu~lque intérêt et de renf~rmer plus d un utile ensetgnement. L'instituteur est beut·eux de pouvoir respirer parfois une autre atmosphère que celle de l'école, de se retrouver avec ses anciens condisciples et de sentir son courage renaître au sou flle vivifiant des paroles et des sentiments échangés LI ans les r11res rendez . vous de la science et de l'amitié. Tel esL le spectacle que donnait un de ceR jours del'nie!'s J.l société valaisarme d'Elttcation. Fondée à Sion même en 1873, elle se retrouvait à son ~erceau le jeudi 26 avril J 883, après avoir successivement vi_silé dans ses étapes Monthey, Géronde, St-Maurtce et Martigny. Qui aurait ce jour-là entend~ traiter des questions pédagogiques avec des 1dées préconçues d'indifférence ou


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