No 07 l'Ecole primaire, 31 janvier 1884

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Sion, 31 Janvier.

1883-84.

ORGA.NE DE LA.

• SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION • 1~~ GY.MN ASTIQUE

Quand, pour la première fois, il fut question d'enseigner la gymnp.stique dans les écoles, cette innovation fut accueillie, en maintes localités de la Suisse, de la part de gens ignorants, et plus particulièeement du sexe faible, avec une souveraine réprobation. • Nos jeunes gens, disait-on, u'ont-ils pas suffisamment de gymnastique, dans les champs, à la forêt, à la montagne, et ailleurs, sans que J'on introduise encore chez nous ce caprice de nos hauts magistrats, qui ne nous procurera d'autre avantage qu'une pm·te de temps et d'argent, attendu que ce nouveau cadeau ne nous arrivera pas gratuitement: le pauvre contribuable devra délier une fois de plus les cordons de sa bourse l • De guerre lasse, cette fureur s'est cependant considérablement calmée, grâce aussi à l'absence, dans le budget de l'Etat et des communes, d' une charge bien onéreuse. Les hommes compétents de tous les pays civilisés ont reconnu l'importance de la gymnastique, et aujourd'hui personne n'en conteste l'utilité, si ce n'est l'ignorance ou une opposition systématique. La gymnastique naturelle et forcée qui nous a été imposée ensuite de la prévarication de nos premiers parents, développe sans doute les forces de l'homme, la gymnastique des montagnards surtout, attendu que celui qui vit dans l'inaction s'affaiblit de jour en jour, et devient de plus en plus propre à peu de chose, sauf peut-être à méditer et à exécuter quelque mauvaise action. Mais on n'a pas attendu jusqu'au XIX• siècle pour reconnaître que cette gymnastique, qui prit naissance à la sortie du paradis terrestre, était incomplète, et n·aboutissait pas à un développement et à un perfectionnement général de la partie physique de l'homme. La gymnastique était en honneur dans l'ancienne Grèce : les jeux olympiques, et les exercices qui en étaient la préparation et la conséquence, ne contribuèrent pas peu à augmE>nter la force corporelle et l'énergie de la jeunesse grecque, à développer ses organes, à lui donner une attitude élégante, et à remporter les éclatants succès de la Grèce antique.


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Nos montagnards sont forts et robustes. Ces avantages ils les doivent à leurs travaux, à leur parcours incessant d'un sol trèsaccidenté, et à J'air pur qu'ils respirent continuellement ; mais tous les habitants de nos montagnes ne possèdent pas des formes irréprochables: leur port n'est pas toujours le type de l'élégance. Eh bien, la pratique de la gymnastique, selon les règles de l'art, peut faire insensiblement disparaître ces difformités, et donner au corps une position normale; mais il faut que L'on se livre à ces .exercices dès le jeune âge, car la gymnastique ne guérit pas les infirmités de l'âge mtir, et encore moins de la virillesse, vu qu'alors les parties difformes du squelette humain ne se prêtent plus à un redressement, et les os se rompront plutôt que de céder à la bienfaisante influence des divers mouvements que l'on serait appelé à exécuter. La gymnastique n'est pas seulement favorable au développement des forces physiques et à la correction ostéologiqne du corps humain, son influence s'exerce aussi dans une mesure proportionnelle sur l'intelligence de l'homme, et peut même faire disparaître certaines affections intérieures dont le plus souvent on ignore la cause. Une personne dont le corps sera penché, éprouvera peut-être des douleurs parce que les viscères que renferme le thorax n'ont pas une position normale, et que par le fait, elles doivent subir un frottement douloureux contre les parois du corps. Les exercices gymnastiques, en corrigeant et redressant insensiblement la charpente humaine, feront disparaître ce malaise, du moins en partie, et les poumons étant dégagés d'une pression pénible, jouissant d'un peu plus d'espace, respireront plus librement, attendu qu'ils pourront se dilater à leur aise. J'ai dit que la gymnastique exerce aussi une heureuse influence sur l'intelligence de l'homme. Quels produits peut-on attendre de l'esprit d'une personne maladive? Rien, ou presque rien. Puisque le mouvement est nécessaire à la santé de l'homme, que la gymnastique fortifie le corps, le rend plus robuste, l'assouplit, et fait disparaître parfois certaines maladies, la tête, siège du cerveau, de l'intelligence, et vers laquelle aftluent toutes les sensations agréables ou pénibles, se ressentira évidemment de ce bien-être, et sera mieux disposée pour travailler aux choses qui sont du ressort de l'esprit. Pourquoi la plupart des gens condamnés à passer leur existence dans un atelier, une chambre, sont-ils ordinairement pâles, et paraissent-ils parfois souffrants, chétifs, et sans vigueur? Parce qu'ils ont très peu ou pas de mouvement, qu'ils ne respirent pas toujours, et peut-être jamais un air pur, sauf quand le chômage leur permet de sortir de leurs demeures. Et, qu'on le remarque

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bien, ces gens ne jouissent généralement pas d'une longue vie, tandis que les campagnards sont encore verts dans un âge avancé, que leur teint coloré annonce une santé florissante, et que leur allure et lenr maintien accusent une vigueur que l'on n'acquiert qu'au sein des rudes travaux champêtres. Que l'on remarque aussi que parmi les montagnards il s'en trouve un grand nombre qui sont doués d'un esprit naturel très développé, et s'ils ne possèdent pas les grâces que l'on rencontre dans les salons, il ne leur manquerait pour y briller que les facilités que les citadins opulents peuvent se procurer. Ainsi, la gymnastique des champs favorise à un haut degré le développement des facultés physiques et intellectuelles des jeunes ,ens; mais corn me cette gymnastique~ tou te avantageuse qu'elle est, laisse cependant beaucoup à désirer, on a eu la bonne idée de charger J'école primaire de combler cette lacune. - Seulement, comme les six mois d'école obligatoire sont à peine suffisants pour parcourir, dans le domaine des autres branches, le programme qui nous est imposé, on ne devrait être astreint aux leçons de IJIDnastique que les dimanches et les fêles chômées des six mois de clôture, attendu d'autre part, que les loisirs de cette période aont généralement employés, par certains jeunes gens, à autre chose qu'à bien faire. Ainsi, le gain serait double, vu qu'il y aurait du bien en plus et du mal en moins. Ce qui militerait encore en faveur de cette dernière idée, c'est que toutes les communes ne poll8èdent pas le local ou l'emplacement pour donner cet enseignement en hiver, dans les localités élevées surtout, où la neige est plu abondante que dans la plaine, car il serait vraiment peu aisé dO fl1re de rapides évolutions en colonne avec de la neige jus-

..'lu épaules.

(Jet eoseiloement, bien donné, dès l'âge de dix ans jusqu'à YIIJI&, aerait d'un grand avantage encore pour les jeunes gens lors de leur premier appel sous les armes. Le premier apprentissage du service militaire sera rendu plus aisé, plus facile et moi!~~ pénible. La jeut;tesse suisse deviendl'a insensiblement plus faonlière avec le métier des armes, plus instruite dans un art où aujourd'hui la science est d'un plus grand poids que le nombre des bataillons et, entourés comme nous le sommes, de voisins puissants et ambitieux, mieux vaut être prêts trop tôt que trop tard. c. w.

Encore les bancs d'école. On ~o~s écrit sous ce titre du district de Monthey : En VISitant nos écoles, on est surpris de trouver dans la plupart d'entr'elles des types de bancs différents, et encore dans la même


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classe en rencontre-t-on souvent une grande variété. Ils. sont là comme autant de monuments d'âges différents. Cela nous prouve que chaque fois qu'il est nécessaire de remplacer ceux qui tombent de vétusté, on confie la besogne au premier menuisier venu, sans lui donner aucun modèle ni aucune mesure. Et si cet artisan a l'idée de demander des instructions là dessus. on se contentera de lui exhiber la collection que contient l'école de l'endroit en lui laissant toute liberté de les modifier, ou de se choisir parmi. ceux qu'il aura devant les yeux le type qui lui paraîtra le plus facile à imiter. On comprendra qu'après cela nos bancs de classe laissent en général énormément à désirer. Pourtant ils mettent en question la discipline de l'école, l'enseignement et la santé des élèves, en un mot tout dans la classe est plus ou moins subordonné à une construction rationnelle et à une bonne disposition de cette partie importante du mobilier scolaire. Pour qu'un banc d'école réunisse les conditions voulues, M. le D" Frey dit; i • Sous le rapport orthopédique le banc d'école doit être construit de manière que l'élève soit commodément assis, qu'il puisse facilement se lever et qu'il ait dans ces deux cas une position libre et naturelle. - 2 • Sous le rapport pédagogique, le banc d'école doit être construit de manière que l'élève y trouve, non-seulement une place convenable et suffisante pour lui et ses effets, mais que les élèves et le maître puissent circuler 1ibrement d'une place à l'autre et sans bruit. - 8• Au point de vue économique, le banc d'école doit être durable, sans être trop lourd et trop cher. De ces principes on conclut que les bancs d'école doivent varier en dimensions, être en rapport avec la taille des élèves et qu'un dossier leur est indispensable si l'on veut que l'enfant y soit à son aise et puisse y passer les trois heures de classe réglémentaires sans trop se fatiguer, et surtout sans contracter des infirmités physiques qu'il conservera le reste de ses jours. Or, nous Je demandons, dans combien de nos classes les bancs réunissent-ils ces conditions ? Nous n'énumérerons pas tous les inconvénients qui résultent d'une construction défectueuse des bancs d'école; toutefois nous en signalerons deux. principaux : l'indiscipline et la santé des élèves qu'ils compromettent. D'abor·d il est certain que les élèves se fatigueront énormément sur les ban~s sans dossier et partant qu'ils chercheront constam~ent à changer de position afin de se soulager. De là presqu'autant d attitudes variées et de positions différentes qu'il y a d'élèves, ce qui amène ~oujours du désordre dans une classe et oblige le maître

à se gendarmer continuellement pour obtenir une bonne discipline. Et encore, il n'y parviendra le plus souvent qu'en employant les

moyens de riguem·, soit les punitions. Passe encore si tout le mal se bornait à ceci, mais comme on le voH, là ne s'arrêtent pas les conséquences. En premiet· lieu la santé de l'instituteur s'en ressentira, le désordre de sa classe engendrera inévitablement le manque de progrès correspondant aux soins du maitre. Souvent aussi les élèves prendront en dégotlt l'étude à cause du banc, transformé pour eux en un instrument de supplice, et cela sans que n1 le maitre ni les écoliers se rendent bien compte de la cause première du malaise. _ _ (A suivre.)

DE L'INSTRUCTION CIVIQUE D'APR~S LES PRINCIPES CATHOLIQUES § 3. BASES ET LIMITES DE LA SOUVERAINETÉ. Nous entendons par base de la souveraineté le titre en vertu duquel le souverain (homme ou assemblée) a droit à l'obéissance des citoyens. En prenant pour point de départ la doctrine chrétienne de l'origine du pouvoir, il n'y a aucune difficulté. Dieu ayant voulu Ja société, et ayant voulu que la société soit régie par un gouvernement, il est clair qu'il a voulu, par cela même, que le gouvernement commande, et que tous les membres de la société obéissent. De cette sorte le gouvernement, quand il fait un commandement, remplit la volonté de Dieu, et le peuple, quand il obéit, remplit la volonté divine. L'autorité du pouvoir politique est pnde, parce que ce n'est plus seulement un homme ou un groupe ••bommes qui commandent, mais Dieu même qui manifeste ses volontés par l'intermédiaire de cet homme ou de ce groupe d'hommes. Pareillement, la dignité du citoyen est sauvegardée, • a obMasant, ce n'est pas à des hommes, ses égaux par nature ti . . _.blables, qu'il se soumet, mais à la volonté de son CréaClar. OeUe notion chrétienne du pouvoir a des conséquences qu'il tai!e ressortir. t• Le souverain, commandant au nom de Dieu ne doit rien co.mmander de contraire ~ la. volonté divine, manifestée par la lo~ naturelle et par la révela~10n chrétienne. Car il est clair que Dteu ne peut pas se contredire et donner des ordres opposés. Quand u~ gouvernement .ordonne ce que Dieu a défendu, ou défend ce que D~eu a ordonné, Il sort de sa mission, il n'est pas Je délégué de Dteu da~s ce commandement, et on ne lui doit pas l'obéiss~nce. Il y aurait ~e. nombreux inconvénients à ce que chaque Cito~en. ~tlt s'étabhr Juge de la conformité d'une ordonnance avec la lot dt.vme; beaucoup d'individus manquent des connaissances néce~srures pour ~pprécier des questions si rlélicates, et il arrive aussi que la passiOn ne laisse pas à l'esprit une suffisante clair-

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voyance. Celui qui croit que sa conscience serait lésée par J'exécution d'un ordre de l'autorité ne doit donc pas se décider par ses seules lumières, mais consulter des personnes plus instruites et · compétentes sur les questions de morale. Parmi les commandements de l'Eglise, il y en a qui n'obligent point lorsqu'on a des raisons de s'en dispenser; par exemple on n'est pas tenu au jeûne du carême, quand on a une ~auvaise santé et qu'on fait un ouvrage très pénible. On peut se d1spenser d'assister à la messe, quand on assiste un malade, etc. Vis-à-vis des prescriptions ecclésiastiques de cette nature, un ordre du gouvernement pour un service public est une dispense suffisante. Ainsi les soldats ne sont tenus ni au jeûne, ni à l'abstinence, et ils ne sont pas coupables en manquant la messe, si une marche ou un excercice les empêchent d'y assister. 2 o Le gouvernement de la société politique est voulu de Dieu pour la fin même de cette société, c'est-à-dire pour l'ordre et la paix à l'intérieur et la sécurité à l'extérieur. Cette fin de la socié~é politique indique les limites dans lesquelles le gouvernement dmt restreindre son action. Le souverain a le droit de commander tout ce qui ~st nécessaire au but social; il doit défendre tout ce qui empêcherait La société d'atteindre sa fin: mais ses droits sont enfermés entre ces deux limites. S'il fait un commandement inutile au bien social,soiten vue d'un intérêt privé, soit pour une simple satisfaction d'orgueil et d'ambitiol!, il commet un acte arbitraire. IL en est de même, s'il défend un acte indifférent au bien social, et il serait encore plus coupable, s'il entravait des actes utiles à la société. L'autorité souveraine doit se souvenir que la liberté est la condition que Dieu a faite à l'homme, et que c'est afin de maintenir et de protéger cette liberté que la Providence a voulu l'état social. Elle ne doit donc restreindre la liberté des membres de la société que pour autant que cela est nécessaire au bien commun. Elle doit surtout respecter les droits et l'indépendance de ]a famille et de l'Eglise, deux sociétés non moins nécessaires que la société civile et qui, comme elle, sont basées sur les besoins de notre nature et sur la volonté divine. n y a des hommes d'Etat et des philosophes qui veulent faire complètement abstraction de la div~nité dans les choses humaines ; ils prétendent organiser la société comme si Dieu n'existait pas ou comme s'il ne s'occupait point de nous. r.e sont ceux qui pour se passer de l'intervention divine à l'origine des sociétés, ont inventé la théorie d'un contrat social, théorie que nous avons déjà réfutée. Pour éviter de reconnaître le droit divin du pouvoir, ce qui serait reconnaître la suprême domination de Dieu sur la. société,

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ils ont fait reposer le pouvoir sur la théorie de la souv~raineté du peuple. (.A suwre).

LA PROFESSION AGRICOLE L'agriculture est la mère nourricière de l'humanité. Comme mère, elle doit être aimée de tous les hommes, de cet amour tendre, sincère, plein de sollicitude que nous portons aux auteurs de nos jours. . Comme nourricière, elle nous est indispensab.le a tous ; et cela même en fait le premier des arts. Elle es~ ausstla ~lus noble et 1a plus moralisatrice de toutes les professwns matértelles. L'état d'agriculteur est le plus propre à développer le sentiment religieux. En effet on y jouit du spectacle continuel de l'œuvre de la création ; et l'â~e, à cette occasion, s'~lève ~omme nat~relle­ ment vers le Créateur, sans même en a'ro1r toujours consCience. Tandis que le chimiste, le mécanicien, le peintre, ou plutôt les 81vants les industriels, les artistes pourraient se croire follement les au~urs uniques de leurs productions, le cultivateur sent et .rt"Ste intimement persuadé qu'il ne travaille ~as se~l. Il .Pe~t labourer semer, arroser, mais il reconnaît que c est Dieu qw fait aerrner ie grain, CI'Oitre et fructifier la plante. ll .sa~t que la acience si utile des engrais chimiques même resterait mefficace, li Dieu retirait seulement pour quelques jours le soleil avec sa lumière et sa chaleur et les autres bienfaits qui en découlent. Bien ne moralise autant que la religion. Par cela seul qu'il dlrreloppe le sentiment religieux, l'état d'agriculteur rend l'homme ...Ueor. n le fait travailler sous l'œil de Dieu, qu'il respecte et qa'll aime. En outre, il l'éloigne des occasions du péché; il le pdnn-e des dangers si fréquents que l'on rencontre dans les ........lions des villes et des centres industriels. • C'est dans 118 'rille8, disait déjà Cicéron, que se crée le luxe ; le luxe produit .la cupidité, laquelle fait nattre l'audace. De là toute espèce de crimes qui ne peuvent prendre source dans les habitudes sobres et laborieuses de la vie agricole. • Au88i voyez combien sous le rapport physiologique et moral, la population ouvrière citadine est inférieure à la population rurale 1 Voyez ce visage pâle, ce physique étiolé par le manque d'air et d'espace, tandis que l'âme est trop souvent hélas ! avide de plaisirs malsains, mécontente au milieu même des satisfactions qu'elle se procure, jalouse de ceux qui sont plus avantagés qu'elle, portée au murmure, à la révolte, à l'insurrection même 1 Elle est comme un malade fiévreux qui se plaint de sa couche, tandis que son mal est au-dedans de lui-même.


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· De combien n'est-ce pas là le portrait fidèle ou même amoindri? Quel contraste avec la vie des champs ! Il y a là une vigueur de santé qui ne craint pas les intempéries des saisons, un développement de forces physiques tout autre que dans les villes une longévité plus grande et bien moins chargée d'infirmités, et en même temps la simplicité des goûts, l'estime des pures jouissances, un bonheur tranquille, des relations de famiUe les plus cordiales et les plus vraies, la pratique la plus fidèle des devoirs religieux, eL avec elle plus d'assurance du bonheur futur qui doit être la récompense de la vertu. Qu'y a-t-il de préférable à cette vie douce autant que libre et joyeuse ; à cette vie chrétienne, où règnent la charité fraternelle, le respect filial pour une mère toujours aimée, pour un père toujours dévoué, souvent même pour des aïeuls vénérables, gardiens expérimentés des mœurs traditionnelles? • Tes père et mère honoreras, afin que tu vives longtemps et heureux ! • lisons-nous dans le Décalogue: « Trop heureux les cultivateurs, s'ils connais. saient toute l'étendue de leurs biens, » a dit Virgile. Et cet amour du foyer paternel, caractéristique de la vie des champs, n'est-il pas aussi le plus solide fondement même de la vie sociale, la source la plus vraie du pat1·iotisme, le soutien réel des institutions nationales, en même temps que le principe même du respect pour la souveraineté légitime? « Tout fleurit dans un Etat où fleurit l'agriculture, • disait Sully. « Un homme qui fait produire deux épis au lieu d'un, est plus grand à mes yeux que tous les génies politiques, • a dit Napoléon lui-même. Terminons en répétant avec un penseur moderne: • Nos neveux s'étonneront un jour, que dans un pays comme le nôtre, où tout vit du sol, on n'ait pas commencé IJar enseigner aux enfants, après les rEmerciements au Créateur, l'art de cultiver la terre et d'y vivre heureux ! •

tout un programme pour l'élève-instituteur, nous en donnerons la plus grande partie : . . . . . , Mes chers amis, cette maison. sacree pa~ les so~vemrs de p1éte, de fm: ~e travail qu'y ont laissés les servite~r.s ~e D1eu q':l elle a lo~gtemps abntes sous son toit, est encore aujourd'hUI 1as1le de la ro.t et de la SCience, ces deux ailes qui élèvent l'homme et le rapprochent de D.1eu. . , Vous irez plus tard au milieu de nos popul~t1ons po~r travailler de concert avec notre clergé à la conserva\1on d~.l~ f01 ~t a1:1 deve\opperMnt de la science. grande et belle mission que la soCJ.ete et 1. Eglise v:ous co~~ent. Dans ce laborieux apostolat de la formation des ames, ~es us Chnst, 1~ dt vm Edn~a­ teur des peuples, sera votre force et votre modele. Profitez bten de~ annee~ que vous passez dans cette maison pour ':ous _préparer a la noble tache QUI vous attend. 11 est surtout quatre preparatiOns tmvortante~ que vous ne devez pas perdre de vue. . . . , La prflmière preparation est la fo1. La fm est le fondement de to~tes les vertus; elle enfante .des merveille_s •. elle est féconde en œuvres et rtche en mérites. Mais votre f01 doit être éclalfee auta~t que fer~e. On entend souvent formuler des objections ridit·utes contre la.fOJ. 01,1 es~a1e de la meur~ en contradiction avec la science; rien n'est plus msense. D1eu e~t la lnm1~re .et la vérité même. Sa révélation n'est point en lutte avec la s~1euce et na ~~~n à craindre d'elle. Comme on l'a dit. un peu de science él01gne de la rehgton ; beaucoup de science y ramène. Les belles découvertes des tclmps modernes dans les science$ historique et géologique, l~i!l d'eut~ mer nos croyances,. en aiJermissent les bases. Vous avez tous adm1re la maJestueuse .tour de ~ami­ Nicolas. Les vents les plus violents ne peu ver l'ébranler. La fo1 est auss1 une tour; elle a dix-neuf siècles d'existence et elle d~fie tous les ~rages de la terre · elle est impérissable car elle est l'œuvre de D1eu. Cene f01 est cette de vou-e' mère, de votre pasteur, de votre ca~chis!fle._ de ':otre évêque, .c'est la roi du Pape. Je passais il y a quelque~ J~Urs a PISe; Je COJ?templals cette f&mtoSe tour penchée qui semble voulOir ecraser de ses débns le passant, et cuendant elle est enCÔre debout. De même l'Eglise de Iésus-Christ, qui trade mauva.is jours, reste immuable au milieu des tempêtes. Elle !'JU:l8111~8 e\ ses combats: dans la mêlée elle peut perdre des soldats, bataille. Vous avez le bonheur de recevoir dans cette maison ili1lélf![ll811D8llltreligleux solide. Suivez les précieux enseignements de votre restez fermes et inébranlables dans votre foi. estlaseience. Nous ne sommes pas les ennemis de la science. ~sont qnies; elles travaillent en commun a la prospérité morale du canton. Eh bien 1cultivez la science, développez les Dieu vous a données, vous trouverez dans l'étude une source jouiSsa~nCE~ pures et l!levées. Plus vous monterez dans le~ sentiers de la plus les œuvres de Dieu vous paraîtront belles et plus vous deviendrez pieax. Mais méfiez-vous de cette 11cience fausse et orgueilleuse qui cherche à rapetisser l'bomme, à rétrécir ses sublimes horizons et à nier ses immortelles destinées. , Une autre préparation nécessaire à votre mission est la pureté. La pratique de cette belle vertu rencontre de nombreux obstacles. Un Père de l'Eglise, saint Jérôme, qui pour mieux servir Dieu s'était retiré dans la solitude de Bethléem, nous apprend que le démon de l'impureté le poursuivait jusque dans sa retraite. JI se frappait le corps avec un caillou. en lui disant: « Tu n'es qu'un âne en révolte. mais mon àme avec l'aide de Dieu te dominera toujours. , Luttez courageusement pour conserver votre innocence. L'aigle qui quitte son rocher déploie majestueusement ses ailes, il monte, monte toujours et son regard fixe le soleil; mais si le,plomb du chasseur

(Ecole catholique). Monseigneur Mermillod et l'enseignement normal. S. G Mgr Mermillod - que, soit dit en passant, nous avons l'insigne honneur de compter parmi nos abonnés ainsi que NosseigneursJardinieretBagnoud,- lors de sa visite à l'école normale d'Hauterive (Fribourg) a répondu au discours de réception de M. l'aumônier Tanner, par une de ces brillantes improvisations qui captivent et fascinent l'auditoire. Comme ce discours renferme


fOS l'atteint, il r~lllie s~~ ai!es, tournoie dans le vide, tombe et se traine blessé dans la. po~ss1~re .qu 11 temt de son sang. De même l'âme, lorsqu'elle est pure monte ~ D1eu, au1rée par une force irrésistible, comme s'élèvent les vapeurs du matm sous ~es rayons du soleil ; mais si l'impureté Yient à la souiller, elle tombe des subh~Jes hauteurs où elle planait dans la fange du vice et de la mort. Pour tlétr~r ce mal honteux, je ne citerai pas les Saintes-Ecritures, ni un P~re de !'Egl~se, pas même on saint, mais le coryphée de l'incrédulité, Volla1re, qm a d1t : c Un ~sprit corrom~u ne lut jamais sublime. • ! Il est en~n ~':le quatnème préparation, c'est celle du travail. Pour vous qm êtes places ICI sous la direction de guides sùrs le travail consiste dans l'étudt'!, .d~ns l'esprit de docilité, de discipline et d1obéis~ance. Le travail est on dev~1r 1mpo~ l tous les bommes. L'évêque, vos magistrats, vos prêtres, vos ma1tres travaillent, et vous-mêmes quand yous aurez quitté cette maison vous devrez travaiiiElr encore. ' ' . • Vous entendrez peut· être dire alors autour de vous que ceux qui ne se livrent pas au dur 1abeur.d~s champs ne connaissent pas la fatigue ni la peme, et cependant. le, tra:va1lmtelle~tuel a ses lassitudes et trace souvent sor le front d~ ceux qu~ s y hv~eot des r:1de~ profondes. A votre âge surtout, mes chers .am1s, on dmt travailler..Pénc!ès! voyant toUie la jeunesse d'Athènes co~chee ~r.r s!ln champ de bata1lle, d1sa1t : L'année a perdu son printemps, e,t. JI ava_1t ra1son. Vous êtes en effet au printemps de la vie, que vos talents s epanomssent pendant cette belle saison, comme les fleurs de l'arbre au retour des be~ux jours, et qu'ils portent plus tard de bons fruits. Pour cela Tous devez su1vr~ ponctuellement le règlement de la maison. Une locomotive, lancé~ sur.ses.ralls, marche, court, vole, mais si par malheur elle s'écarte du cbemm qm lm est ~ra~é•. elle tombe dans le fossé, ou se précipite dans le ravin ou le torrent. La diSCipline et le travail sunt les deux barrières qui vous préserveront de tout écart • Jeunes gens, quand vo~ a~r~z quitté cette maison, et que j'irai sur vos moatagn.es e~ dan~ vos vallee~ VISiter vos paroisses, vous serez avec le prêtre !es prem1ers .~ vemr J?e ,ou.ha1~er la bien venue ; je vous trouverai tra nillant a répandre lmstruct1on et a fa1re resplendir la foi et marchant la main dans la main aver. le clergé, les magh.lrats et les pères de famille, et je me ferai U!l bonheur d'a~peler sur yos fatigues et vos travaux les bénédictions du C1~1.. N~':ls trava!llerons donc en!>emble pour faire de ce canton une terre pr1V1lég1ee en Smsse, en Europe et dans le monde. • Je vous donne à tous, maîtres et élèves, avec mes vifs remerciements et mes p~ternels encouragements, ma bénédiction. Je compte sur vous. Nous poursu1v~ns un but commun : donner à l'Eglise des fils soumis et à la patrie de bons cttoyens. • EXEIIPLE A. SUIVRE

Les lecteurs de l'intéressante Ecole primaire ne trouveront certainement pas hors de propos q.ue nous leur fassions connaître ici la société pédagogique de Sal!-'an. Fondée, 11 Y. a deux ans, sur l'heureuse initiative de M. le Chan. Fo~r01er, .le zél~ prés!d~nt actuel de la commission scolaire. elle a fait son P.et1t c~emm, et 11 faut •,et r~ndr~ hommage à l'intégrité de l'honorable caisSier q~1, dans ce temps d ém1.grat1on et de francs-fileurs, n'a pas essayé, comme tant d autre!>, de passer l'ocean avec sa caisse. Quoique bien jeune encore, cette société porte d'heureux fruits car une réjouissante. expérience nous apprend que deux grands avantagès surtout en sont rettrés : t • Elle enflamme le zèle de l'instituteur; ~· elle établit les rapports les plus favorables à l'anucement de l'instruction entre le régent et le père de Camille.

t07 Le mérite en repos s'endort dans la paresse, a ~it Boil~o, et l'on peut ter . l'amour du travail s'en va quand on dmt travailler seul. Or. la aj~?êté dont nous parlons, est une grande ennemi~ de ce repos fat~l, ~ar 80 acun de ses membres doit, sous peine d'amende, t~.atte~pour ch~ que reumon chensuelle le sujet fixé par le comité: Sans doute, lms!.1tute.ur dott avant to~t u;'occu r de sa classe, à la préparatiOn des leçons qu tl d01t ~onner ~t e~ph: 1 uer, f:ais après avoir consciencieusement acc~mph ce prem1er devmr. 1~ LUI ~tera. outre Le temps nécessaire pour d~rm1r, de bonn~s heures qut ne doivent pas s'écouler en pure perte. Quant a. ce!a ~u reste, 11 est prouvé .que les moins affairés dans tout état sont ceux qu1 ne~hg;~nt !e plus leurs affa1res. Outre Je champ de l'enseignement proprement dll, 11nst1tuteur peut ~one en cultiver un autre. Cet autre champ, pour les mem.bres de ce~te soctété. est tantôt une composition littéraire, tan.tôt un t~a va1l pédagogtque, tantôt la critique d'un autre sujet. et cette pratique c~ntmuelle est la ~lu~ abondante source de la précieuse habitude du travatl et la cause prmetpale d~ nos meilleurs succès; on n'écrit jamais plus m~l q1;1~ qua~d la plume est ro.utllée. Si l'union fait la force, l'union fait ausst la JO~e. Rten ne nous p~ra1t pl~s triste pour un jeune homme qui a le got)~ ~e l'e.tude, que de se vo1r tou.t-acoupsevré do légitime et incomparable pla1s1r QUI se renco~tre ~ans la soc.tété des intelligences cultivées. Il arrive d'ailleur~ .souv~nt qua peme émanc1pés de l'école normale et jetés tout-à-coup au mtheu d un .mond~ d~nt les g~t\~ se portent rarement ver3 les travaux intellec~uels, ~e Jeune mstttu~~ur a1nst entouré de cet esprit de la matière p~rd.ra lut au~s1, le got\t de 1etude ~~ l'amour des livres. Eh bien 1 la sométe pédagogique . repou~se cet esprtt lfOSSier · elle élargit l'horizon de chacun de nous; le re~ent n est pas abancJonné à 'lui-même, de nombreuses réunions où chacun v1ent c~mm~ pour. se retremper dans l'amour du devoir. comblent dans le cœur etl espnt ce vtde que beaucoup de mes lecteurs ~'Omprendront sans doute. . l'ai dit t• que la société pédagogique établit d'avantageuses relattons entre rm•llletœr et le J?ère de ramille. • année tl est donné quelques conférences pabliques où l'on s efforce --,,,.--_, 'l'agréable. Le peuple y est forcé avant. tout de reconnaître bonne èducation aussi bien que de l'instruction. En voyant dans les travaux et les devoirs du personnel enseignant, on le ~~~~~~;1::-:~~~iD~vpeau;·:d~'one des plus nobles missions à remplir au sein des r:; on ne dit plus quelo régent travaille uniquement en était ainsi, il ne ferait que le strict nécessaire pour ~~~=~r;;:: de la classe que quand il est en classe. Ainsi le ré~ent ' comme le bienfaiteur de l'enfance et il est esllmé. sont si bien disposés, il est facile de les enroler eux ~ combat qui se livre contre l'ignorance ; leur secours D'Ill pu à ,la véritable civilisation et l'instruction n'ont pas de trop da concours les citoyens. Pour cowa-tr l'œuwe, on joue quelquefois une petite pièce, cela rait IOOjours seosation parmi les gens de la caml?agne, et quand tout est fini, on est usez récompensé par le bon vieillard qu1 vous remercie en vous serrant la main. Il ne nous reste maintenant plus qu'à raire un vœu, c'est que, dans chaque localité où les inl!titotenrs sont assez nombreux pour cela, on forme une société pédagogique. Si jamais ce vœu se réalise, nous ne serons point étonné d'entendre dire que notre correspondance n'a que du vrai. SaltxJn, le t2 janvier t884.. B. G. No~ de l'Editeur. -Nous ne pouvons que nous associer au vœu énoncé dans la correspondance qui précède et souhaiter que


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l'exemple donné pnr MM. les instituteurs de Salvan rencontre des imitateurs, là où faire se peut. E!fBEIGNEMENT INTUITIF Dep~i~ qu~l.qu~s an!lées, en pédagogie, on parle beaucoup d'intuition et de pror.éd~ ~~~U1t1f d ense1g~ement. On désigne ainsi la méthode par laquelle on don.n~ a 1 elève la c_onnatssance des objets sensibles, et l'on fait naître en lui les td.ees o~ les senttments que peuvent éveiller ces objets. En d'autres termes

01;1 fa1t pénetrer par les sens des pensées et des sentiments dans l'âme de l'el ève. . ~ans le ha,u~ enseignement _et da.ns les.établissements classiques, on multlphe.les.~xpenences pour amver a la decouverte d'une vérjté ou pour en ~tabhr l.ev1dence au~ yeux des élèves. A l'école de médecine on étudie l anatomte sur de vra1s corps, 9ue l'o~ ex~mine et que l'on dissèque ; au muséull\ on a de vastes collecttons qu1 presentent les objets tels qu'ils se trou ven~ dans la nature; les chimistes travaillent dans leurs laboratoires et se rendent c~~pte des propriétés des corps, non par des dissertations, mais par ~es experiences sur ces corps. Ainsi procède-t-on pour l'étude de la phys1que, de l'astronomie, etc. Ce.tte méthode ~'observation, dite a~ssi ~éthode expérimentale, est féconde ~n resultats, ma1s elle peut donner heu a de graves mécomptes, surtout si 1on veqt la transporter t~~t d'une pièce dans le domaine de la philosophie ~e la mor!'-le et de ~a rehgwn, ~1 y a des vé~ités que n~ pourra jamais fourni, 1o~servatwn, et,QUI ne relèvent ~as !Ïe la methode experimentale. C'est parer qu on a voulu meconnallre ces prmctpes que l'on a inspiré pour cette méthode b~a~?oup . de défiance aux hommes graves et soucieux des intérêts de le vertte. Mars il u'a pu venir à personne l'idée que l'on devait renoncer à raira us.age de l'?bservati?n, de l'intuition, puisque le mot est admis, dans l'eue se~gneme~t elèmentatre. Les commençants, en effet, ont plus que qlli que cesOJ.t, besom de c~ s~cours, et les hommes religieux, moins que les autres, d01vent êt~e portes a refuser aux esprits encore peu développés un moyen de formatiOn que Dieu n'a pas dédaigné d'employer. . Il ~· en etret, ouvert devant n~us le grand livre de la nature, nous invitant a 1 decouvr1r la preuve de sa pwssance, de sa sagesse, de sa bonté, et l'Esprit samt, parlant. par la ~ouche du ~rophète royal, nous dit que l1s cieu.x racontent la glolre de meu. - • Qw n a remarqué que le Sauveur tire sans ces~e ses enseignements, ses ~ages, ses paraboles des c.hoses de la campagne et dus travaux même de l'agrtculture? Il se compare lui-même à la vigne et ncms aux branches. U n'est pas seulement le semeur célel!te il est la semence! il est la ti({ll, il est I:J: sève féconde. Les apôtres de l'Evangile sont les .ouuter~ de la~vtgne du Se1gneur ; l'Eglise, c'est un grain de sénevé qui crott et dev1ent un grand arbre. La tâche échue à chacun dans la vie c'est le salaire après le travail du jour; ce monde où les méchants sont mêlés aux bo~s, .c·~~t un cha~p où.l'ivr~ie croît avec le bon grain; le juge suprême q~1 fatt 1 eternelle separatiOn, c est le laboureur qui vanne son blé dans son ~1re~ recuetlle le .froment clans ses greniers et jette la paille au feu. L'homme muttle ~ans la vte, c'est le figuier stérile.; il est maudit: • Je vous ai posés, nl)us dtt le Sauveur, pour que vous alliez et que vous portiez des fruits. • Comme c'est rusa~e de l'hom_me des.champs, il emprunte des pronostics aux vents. au soleil, et ht dans le etel les s1gnes du temps; il demande aux oiseaux, aux l1s des campagnes de nous parler de la Providence : il nomme comme image des vertus et des vice~ les boucs et les brebis, les loups et les renards, les serpents et les colombes ; il parlo de la métairie et du fermage, des bonnes

109 des mauvaises terres, des bons et des mauvais serviteu~s, de !~économe

~fidèle. Il n'est pas jusqu'à la basse-cour des demeures rust1ques et a ses plus

humbles habitants qui ne lui f9urnissent d'a~mables srmboles.. • C?~~e la poule dit·il, rassemble ses poussms sous ses at les, combten de f01s nat-Je pas voulu vous ramener près de moi, et vous ne l'avez pas voulu. • ~upanloup. Malheureusement, il existe un triste malen.tendu entr~ l.a pédagogte mode~n~ et la religion, entre les patrons de la met~od? exp.ertmentale, du .procede intuitif de l'Eglise. Celle· ci veut . conserver. a, l.ensetgnement do~trm~l ~on indépendance à l'égard de l'experience, qm d ailleurs ~e .pourra Jamats rten établir solidement contre lui. On ne s'est d?nc pas t~op ba~e. dans le camp catholique, d'adopter la réforme. On pensatt - avatt·o~ b1e~ t?rt? .- que l~.s bons maîtres se sont toujours aidés des sens pour arrtver a 1esprit, et qu 11 suffisait de continuer leurs traditions sans bouleterser tout.le système d'enseignement suivi. Tout en assurant les résultats de l'ensetgnement, on ne compromettait ni l'éducation des (acuités intelle~tuelles, ?~ l'é~ucati?n morale. Et ce qui permet de croire que les ad~ersatres. de lenttnteon .a outra.nce ne raisonnaient pas si sottement, c'est qu on ne vott pas !)U~ !enrs ecoles atent été, sous avcun rapport, inférieures à celle~ o.ù l'on SUIV~ItJia:vee le plu~ de ferveur les errements de Pestalo:r;zi. Les stattsuques sont 1~ qm _en font f01. Nous en avons dit assez pour montrer que, d'une part, l en~etgnement pa~ le procédé intuitif est couforme à la nature de l'enfant, et qu'tl a été employe de tout temps par ceux qui connaissent le mieux l'enfance~ et d'autre part n'il y a lieu de se mettre en garde contre les dangers qu'tl peut entrame~ ~t qu'ont eus particulièrement en yue ses prin~ipaux apôtres. Aujourd'hUI ou arrive à se mettre d'accord, en deposant les repugnances excesstves et en abandonnant les allures trop brutales des matérialistes. . . Les instituteurs chrétiens ne doivent pas craindre d'entrer hardtment dans cette voie, qui est nouvelle à certai!ls égards et. qui fait un~ ~lace plus large à l'étude de la nature, aux applicattons de la sc1ence, etc. St 1 on peut abuser des données de la science et des informations fournies par l'expérience, on peut aussi en tirer un excellent parti pour l'éducation intellectu~lle et m?rale des enfants. La nature est un livre ouvert devant tous. Ensetgnons a nos enfants à y lire la puissance, la bonté, la sagesse de Dieu. C'est Lui qui a donné à l'homme l'esprit d'invention, le génie des découvertes. . Avec la méthode expérimentale, nos savants tiennent en respect les htslOriens impies et les naturalistes athées; ce que l'on fait .en haut, ~aisons-le en bas, eL ne craignons pas de pre~~ re leurs. ~rll}es au~ adversa•.~es ~~ la religion. Si l'on peut faire de l'mtuttton matertahste, fa1sons de lm~mtton chrétienne. ( Educatwn).

QUESTION DE COMPTE (Voir l'article Bibliographie). Madame Weber à Bucbillon possède une chenevière qu'elle pourrait louer annuellement poÙr la somme 'de 35 ~r. ; ~ais e~le préfère l'ensemencer e~ chanvre, et dans ce but elle a a.chete de l engra1s pour 32 fr. ; le l~bour lm coûte 4. fr. ; elle y sème ~2 litres de chanvre à 6 fr. ~0 le double ~ecal. Pour arracher le chanvre et le rendrt~ en filasse. elle a donne a (r. 50. Elle a obtenu 4.0 l/! kg. rite et ~7 kg. d'étoup.es. Elle paie ~ fr. 10 ~our filer la rite et 1 fr. W pour les etoupes. Elle hvre t fr. pour fatre lesstver son fil et 7 fr. 50 pour le re~dre ~n pelotons. . . Avec ce fil le tisserand lm a fatt t90 mètres de totle pour laquelle 11 a fallu du coton poÙr 25 fr. 50. Le tisserand a demandé pour la confection dela toile 60 cent. par mètre


HO Madame Weber aurait pu acheter au magasin de la toile d'aussi bonne qualité pour~ rr. !0 le mètre. . ' A·l·elle gagné ou perdu, et combien, d'avoir semé du chanvre plutôt que d'acheter de la toile 'P

1.'111r&d•ll DJIS BCJOQs M. le D• Joël,_ m~d~in des "écot~ de 1~ ville de Lausanne, vient de publier one brochure mt1tulee: Imtructtons resumées pour l'hygiène dea école• de Lawanne. Cet opuscule contient une roule de renseignements précieux · les personnes c~argées de l'enseignement feront bien d'en prendre bonne ~ote. Aprè~ av01r donné d'excellents conseils au sujet de la ventilation et de la propreté des salles, M. le D• Joë.l mentionne un fail qui nous semble de nature à être r~levé et qui a été constaté pour la première fois à Genilve. Il am!e fréquemment que les vêtements portés par les élèves ont une coupe QUI les géne dans leurs mouvements, C'est ainsi que souvent les robes et les blonses sont trop montantes ; lorsque les écolières ou les écoliers sont a~is, ils ~nt _la base d!J cou comprim~e et cela produit une sorte de strangulatiOn qu! d01t congestionner la tête. ~enfant ne se rend pas compte lui· même de ce qu1 te tour~ente. 1~ ne se plamt pas et ne trahit son malaise que par des mouvements mconsc1ents qut le font punir. C'est donc aux parents à veiller à la chose. Ils doivent prendre garde que leur~ enfants ne soient pas blessés par des chaussures trop longues ou trop étroites ou par ~es vêtements mal coupés. La compressiOn de la base du cou a, ~u reste, un autre inconvénient grave; elle .provoque. fatalement la formatiOn de goitres. Passant a la ques.11on des programmes, M. le D• Joël constate que c'est noe de celles QUI preoccupent le plus les hygiénistes modernes. c On sail dit· il, que la lassitu~e in~ellectuelle, qui frappe d'abord l'attention et la mémoire des enfants, devtent a la longue une cause active de corruption intellectuelle et morale. • 1~ est ~one ~~ud~nt de ne (!Oint surcharger ~es enfants de tâches à apprendre ou a copte~. L mst1tuteur Jatssera surto~t libres de toute préoccupation les heures qut ~éparent les leçons du matm de celles d~ l'après·mitfi. Cela est d:une nécess!té absolue. L'enra':lt, comme l'i~stituteur. doit avoir le temps de dmer et de d1gérer. Or le trava1l de tête est mcompalible avec une digestion facile, et sans bonne digestion il n'y a pas de bonne santé. .Le ~o!Dmeil de l'enfant .n'est pas moins indispensable à sa santé. De là necess11e, .surt?Ul da~~ le Jeune .age, ~e. !le pas multiplier les tâches à faire da:ns la so•rée a domtctle et de latsser a 1elève tout le repos qui lui est nécessaire. .. Un médecin ét~anger a signalé. surt~ut, comme devant être tout particuhe~ement ~é':lages, les. enf~nts a c~o1ssaoce rapide, qui maigrissent, sont fac.tlemen~ Irritables, SUJets a des s~1gnements de nez ou sont vite fatigués, QUI se pla~gnent d~ maux.de tête, QUI rou~issent ou pâlissent sans cause, dont le sommeil est agtté, les Jeunes filles anemiques chlorotiques nerveuses ou ' ' dont la formation se fait diMcilement.

SOLIDARITt PROFESSIONNELLE Sous. c~ titre nous empruntons quelques conseils au discours d'un recteur d'academie (France) : ' La plus ~r~iale ~ympathie, la plus complète union doivent règner entre tous ceux qu1, a un tttre quelconque enseignent au nom de l'Etat.

Hi , Celte union qui existe entre les trois degrés de l'enseignement 'doit se traduire dans les faits de plus en plus; tandis que l'enseignement supérieur cherchera à donner une plus vigoureuse impulsion à l'instruction secondaire e& à l'instruction primaire, il faut que l'enseignement primaire, de son côté, liChe de faire de bons élèves pour le secondaire et les lui signale, et que le secondaire à son tour, serve au recrutement des études supérieures. Il im· porte qu•n'y ait d'un degré à l'autre de l'enseignement une sélection intelli· gente qui, conforméme~~;t aux pr~ncipes d'ul!e !\ai~e ~émocr~tie, aide les meilleurs les plus instruits, les mteux doués a se faire JOUr et a développer IOUleS leUrs facultés. Ce sont les instituteurs qui commencent à former les esprits · c'est donc à eux qu'il appartient de recommander à l'administration scolair~ supérieure (et ils ont pour cela des intermédiaires tout trouvés dans JOL les inspecteurs primaires), ceux de leurs élèves qui méritent d'être ~ussés plus loin et qu'ils croient capable de faire honneur au pays. On viendra plus largement que Jamais à leur secours s'ille raut, et les municipalités le plus souvent eeront fières d'aider un habitant du pays à se distinguer, si elles y sont encouragées. ') . , . En même temps qu'une fraternité de plus en plus étrotte s étabhra entre tous les membres du corps ense.ign~nt, il est in~i~pensable qu'il y ait r~c!procité d'action de l'en&eiiJnement prtma1re au snper1eur, comme du superteur an primaire. C'est ains1 que l'instruction publique servira, comme c'est son devoir, la cause des bonnes études et contribuera par cela même à la grandeur et à la prospérité du pays. (Journal pédag. du Pas-de-Calais.) •) Cela n'est pas encore vrai chez noua ; mais cel• pourrait venir. C'est au aoiDJlle souhaiter. BaJrlae• e& eoaHII• pédagoglqne••

•.• Et Usas prit on enfant et le plaça près de lui et il leur dit : Celui qui cet earant en mon nom me reçoit : et quiconque me reçoit reçoit ceenvoyé. (Luc. IX, 47, 48.) Jlllleadaatlel eafanls chanter dans le temple et dire: Hosonna au Fils COBÇIU'8Dt de l'indignation. (Math. XXI, 15) lfllld respect est dl\ à l'enfance. Toi qui ne crains pas la • •-·• pu da moios l'age tendre de l'enfant. (Juvénal.) -..:::-.•-- ,,..., 4ei'IDfaD& chaste est un vase profond; pnmillfe eaa qa'on y verse est impure, .,..._.11 sans laver la sonillnre, es& immense et la tâche est an fond. (de Mwset.) •.• Blmoblir les sentiments de l'homme, éclairer son intelligence en ajou. lill& a. lainières de la foi a celles de la raison ; diriger, purifier sa volonté, llrmfl' sa conscience, affermir aussi son caractère et son cœur, et élever en lalla vie ~te jusqu'à la vie éternelle: tel est le devoir de l'éducation JDOnle et rellaiense; telle est la tâche particulière, l'influence spéciale de la nliliOD dall8 Péducation. (Mgr DUpanloup.) •.• Nons ne faisons pas plus des citoyens que des dévots dans nos colléges. Qae taiaooa-aous donc '1 Nous instruisons, nous n'élevons pas ; nous cultivons e& déTeloppoos l'esprit, mais non le cœur. (Saint-Marc Girarcün.) •.• ~science est fort belle; mais elle ne devient utile que lorsqu'elle est aa servaee de la vertu : sans la vertu, la science peut devenir très danpreuse. (.A. .A.) •.• Je connais des pères qui sont réellement les ennemis de leurs enfants.


H2 Ambitieux de leùr voir faire les progrès les plus rapides, et obtenir en tout une supériorité extraordinaire, ils les surchargent d'un travail forcé dont le poids les accable. Il en résulte un découragement qui ltmr rend les sciences odieuses. Les plantes médiocrement arrosées croissent facilement: mais une eau trop abondante en étouffe le germe. Ainsi l'âme se nourrit et se rortifie par un travail bien ménagé; l'excès l'accable et éteint ses facultés. (Plutar que.)

VABIB'rBB ANECDOTES SCOLAIRES Calino continue d'inculquer â son élève les éléments des sciences. -Voyons, Toto, demande·t·il a l'enfant, dis· moi quelles sont les ptoprietés de la chaleur 1 . - Oui, père, elle dilate les corps, elle les allonge... - Très bien. Et le froid ? - Le froid, au contraire, les condense les rapetisse. - C'est cela, mon fils, tépond Calino; voilà pourquoi en été les jours sont plus longs et en hiver très courts 1 *•* On connaît la traduction imaginée par un élève aux abois, auquel on avait donné la phras~ suivante à mettre en français: Si vis pacem, para bellum (Si tu veux la paix, prépare la gul'rre). Le fruit sec, sans se déconcerter, traduisit immédiatement : c Le citoyen (civis) Pacem parait bel homme. ,

"*"

POÉSIES

Le chat Un chat surnommé Croquelard, Se couchait tôt, se levait tard, Et chaque jour du mois faisait une héca[tombe De rats et de souris qu'il couchait dans fla tombe ÂTec une férocité Comparable à la cruauté Nn usage chez le Malgache ; li n'était pour lui ni trou ni cache Ignorée. Son maitre museau Flairait sous poutre, sous carreau, L'appartement de dame ratte A laquelle il tendait la patte. Représentez-vous les terreurs Des petits animaux rongeurs, Victimes de ce misérable ! Ds vouaient Croquelard au diable ; Le souhaitaient mis en civet, Cuit à l'oignon, frit au navei, Ou servi chaud en gibelotte, Et sa fourrure dans la hotte Du marchand de peau de lapin. Le monstre narguait le destin ; Plus que jamais le méchant drôle

qui dort. Echappait à la casserole. L'apercevant sur un tapis Qui sommeillait, une souris Trottina conter la nouvelle : " Croquelard dort, mes sœurs, , C'est le moment de déjeftner ; " Nous n'avons pas à nous gêner. " Voici du veau, des tartelettes ... " La bande sort de ses cachettes Grignotter le susdit rôti A. la barbe de l'endormi. Le bruit ne donnant point l'alarme, On hasarda quelque vacarme. Un rat, réputé beau valseur, Sauta léger, brillant danseur, A.vec aimable souricelle, Le caTalier, la demoiselle, Riant, chantant près du matou. li s'éveilla, tordit le cou, A. la valseuse vagabonde, Qu'il envoya dans l'autre monde. Mise,·e,·e ! le triste sort! N'ÉVEILLEZ PAS LE CHAT QUI DORT.

A.uausTA CouPBY.



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