•• 9.
Sion, 1•• Mars.
1883-84.
ORGANE DE LA
• SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION •
A NOS CHERS ABONNÉS Les lecteurs de l'Ecole primaire ne s'appellent sans doute pas légion. Il en est du reste ainsi de toute publication qui ne s'adresse qu'à une catégorie de personnes bien déterminée. Nos abonnés ne se doutent cependant pas que, malgré son caractère spécial, cet organe jouit d' une certaine publicité et qu'ils se trouvent dès lors en assez nombreuse et surtout honorable compagnie. C'est là un fait que nous constatons avec plaisir et dont nous demandons à nos souscripteurs de les entretenir un instant. Qu'il nous soit toutefois permis de consacrer d'abord quelques mots au passé de cette publication. L'idée de fonder une revue pédagogique valaisanne a été émise et développée lors de la réunion en mai 1881 de notre Société Jlédalolique. L'auteur de ces lignes, qui la conçut et la traduisit eu one motion- dont on n'a pas oublié le favorable accueilestimai~ ~ar plusieurs raisons qu'il serait superflu de rappeler Ici,. qu•ll instar de la Société fribourgeoise d'Education, sa sœur filàtte du Yalais pouvait avoir son organe propre. Ce projet devait ae réaliser à son humble avis sans briser ou relâcher les liens d'amitié qui, à tant de titres, unissent depuis si longtemps les deux eiDtoD8. Pour tenir le meilleur compte de nos besoins, il valait ~t la peine de créer ce nouveau trait-d' union entre nos lotorités aoolaires à tous les degrés et la famille enseignante valaisanne, celle-ci ne comprenant pas à elle seule moins de 800 membres, tant instituteurs qu'institutrices de langue française. Ajoutons qu'avant de nantir de l'innovation projetée l'Assemblée de Martigny, nous nous étions entouré de l'avis de personnes eompétentes et c'est sur leur assentiment que le terrain fut aussitôt préparé à recevoir la semence que nous allions y jeter. Aussi ut-ce dans le but de la faire fructifier plus rapidement et à titre d'avant-coureur que paraissait en janvier i 88 t le i er numéro du Supplément valaisan au Bulletin pédagogique. Celui-ci n'avait pas, do reste son sous-titre l'indique, la prétention de se substituer à l'organe fribourgeois jusqu'alors commun aux deux cantons, mais ton bat était de se joindre à ce dernier à titre d'annexe pour
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traiter d'une manière plus spéciale les affaires scolaires du V Nous nous abstiendrons d'insister sur l'historique de la •uuluiltLm" de l'Ecole primaire pour ne pas allonger outre mesure cet Aussi bien un aperçu d'une certaine étendue à cet égard ne rait-il offrir qu'un médiocre intérêt à la majorité de nos Jectenl'lli actuels. Nous rappellerons seulement que les commencements cette publication furent des plus humbles. D'abord connue sous titre qu'elle prit à sa naissance, elle le garda pendanl deux donnant 60 pages à la fin de la i •• année de son existence et pendant la suivante. C'était bien minuscule. Aussi, à la suite encouragements qu'il reçut de tous côtés et des désirs qui étaient manifestés, l'éditeur jugea-t-il à propos de doubler i882-88 les livraisons de la revue. Puis d'entente avec Président de la Société valaisanne d'Education, l'organe de s'émancipa tout à fait, et pour marquer la métamorphose, il ch son titre contre celui qu'il porte aujourd'hui. On vient de le voir, les débuts de l'Ecole furent on ne plus modestes. Non-seulement elle ne paraissait à l'origine qu fois par mois! mais ayant conscience de son exiguïté native, n'osait franchir les frontières de notre cher Valais. Semblable l'oiseau qui attend des plumes et des ailes avant de prendre essor, elle ne songeait pas à quitter de sitôt son petit uid Il fallait donc les bons soins qui lui furent prodigués à son ceau et sa croissance rapide pour la pousser! un grain d aidant, à • voyager en lointains pays • comme le Pigeon de fable, non pas qu'elle s'ennuyât comme lui au logis. Elle s'en dès lors à tire d'aile sur les bords de la Sarine, du Léman et de Veveyse, même jusque Sur ces prés fleuris Qu'arrose la Seine,
pour nous servir du poétique langage de M"'• Deshoulières, vant partout un accueil plus hospitalier qu'elle n'eût jamais le rêver. Nos lecteurs peuvent conclure de ce qui précède que le des abonnés à l'Ecole primaire s'est élargi dans de notables portions, inespérées en tout cas d'eux aussi bien que de nous. En effet, ainsi que le démontreront les chiffres donnés ci-après, notre publication possède en Valais (à quelques exceptions prèl qui se comptent sur les cinq doigts) autant d'abonnés que d'i tuteurs et d'institutrices, d'élèves-régents et régentes de française. Ce résultat réjouissant nous prouve que le npr•~:~nTitnAii enseignant a saisi le but d'une feuille pédagogique et cette innovation r~pondait à un besoin, pour ne pas dire qu comblait une réelle lacune dans notre organisation scolaire. L
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et de nombreux témoignages sont venus depuis nous dans cette conviction. la même occasion, nous ne saurions nous dispenser d'adresser paroles de bienvenue et de remerciements aux nombreux ~t.nteurs et inst~tutrice~ d'autres cantons, de celui de Fribourg ..... r ....... l'""'•, qui ont bten voulu honorer de leur souscription primaire. ,Nous ne nous. attendions certainement pas à autant d abonnés parmi eux. Quelques-uns, en s'inscrinous ont adressé de charmantes lettres de félicitations que conservons précieusement. Toutes nous déclat·ent que notre •n•111'Jn1uu plaît et que l'on peut tirer un excelJent profit de sa L'une d'elles ajoute même gentiment • .... Malgré son caracvalaisan, votre revue, grâce à la variété et au bon choix de arti~les, ~eut parfaitement s'acclimater sur un sol autre que qm la v1t na1tre •. Ce sont les propres termes d'une institufribourgeoise. Si nous r~levon~ ici les, éloges qu~ l'Ec_ole pri~aire nous a déjà ce n est pomt, qu on le vemlle hien crmre, pour en tirer No.us ne saurions d'ailleurs légitimement revendiquer pehte part de ce succès, car il est avant tout l'œuvre des compétents et dévoués qui veulent bien nous apporter de leur expérience et de leurs connaissances. Il est le fait des sources auxquelJes nous puisons car le rôle de actu~l offœ beaucoup d'analogie avec le tra~ail de l'abeille. cet msecte, nous allons butiner, seulement ce sont les pédagogiques qui nous tiennent lieu de fleurs ; c'est à elles nous allons demander le miel et la cire pour les offrir à nos .Son mérite est ~nfin dû à tous ceux qui nous prêtent appm moral et matértcl. En voulant bien nous le continuer nous pe~met~ront ainsi de réaliser de nouvelles et plus impor~ améhorat10ns. De notre côté, nous ne né-gligerons rien pour cette publication de plus en plus digne des sympathies s'es~ acquises à ses débuts et qui constituent pour nous préeteux des encouragements. Succès oblige. P. PIGNAT.
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Voici,en exécutio.n de la prome:se faite ci-haut, quelques données somma1res sur le nombre de nos abonnés : Inatitnteura 18~
85
9 ~
cantons et étranger
Ioatitutricu
Divero
133
78
2~
16
5 3
10 12 lO
Total
393
na
!!,
17 10
avec une cinquantaine d'abonnés parmi les élèves des normales 680 numéros (chiffres ronds).
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EXERCICES CONCERNANT LA LECTURE II.
Il est entendu que les questions doivent varier selon les que les élèves possèdent déjà. Ainsi le même morceau de pourra servir à toutes sortes d'exercices grammaticaux. Quelle est la nature du mot mon ? Le mot mon est un - Que11e espèce d'adjectif est ce mot? mon est un adj sessif. - Pourquoi mon est-il adjectif possessif? mon est possessif parce qu'il détermine Je mot livre en y ajoutant idée de possession. - De quel genre et de quel nombre est mot? mon est du .genre masculin et du nombre singulier. Quelle est la fonction de mon? mon détermine le mot livre. Quelle est la nature du mot livre ? 1ivre est uu nom.le mot livre est-il un nom? Livre est un nom, parce qu'il nommer une chose. - De quel genre est le mot livre ? Livre du genre masculin. - A quoi reconnaît-on que livre est du masculin? Livre est du genre masculin parce qu'on peut le ou un devant. - Pourquoi le mot li He est-il au .,.... fl,.,ll'"" Livre est au singulier parce qu'il ne désigne qu'un objet.est la nature de l'expt·ession est formé? L'expression est est un verbe passif. - Pourquoi est formé est-il verbe Est formé est verbe passif parce qu'il exprime une action soufferte par le sujet. - Comment voit-on que est formé est verbe passif? On voit que est formé est un verbe passif, que, en supprimant l'auxiliaire est, il reste le participe verbe actif former. - A quel temps est le verbe est formé? verbe est au présent de l'indicatif. - Comment forme-t-on verbe passif? On ajoute le participe passé d'un verbe actif à liaire être. - Avec quel auxiliaire se conjuguent les passifs ? Les verbes passifs se conjuguent toujours avec être. -QueUe est la nature du mot et? Et est une conjv..,.••v .... Pourquoi et est-il conjonction ? Parce que ce mot mots feuillets et couverture. - Les conjonctions Les conjonctions restent toujours invariables.- Quelle est la du mot les ~ Les est article. - De quel genre et de quel est-il ? ll est du genre masculin et du nombre pluriel. quoi est-il du masculin plnriel? Parce que le mot côtés qu'il. mine est aussi du masculin pluriel. - Quelle est la fonction mot deux? Le mot deux détermine le mot côtés. - Quelle eat fonction du mot côtés ? Le mot côtés est sujet de se nomment. C'est ainsi qu'on peut demander la nature, le genre, le et la fonction de chaque mot, et faire servir tous les chapitra! un bon exercice grammatical.
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Nous allons encore indiquer une série d'autres exercices auxse prêtent les morceaux de lecture, suivant qu'on s'adresse des élèves de l'une ou de l'autre division. t) former des familles de mots: feuillet, feuille, feuillage, feuillaison feuillé, feuillée, feuilleté, feuilleter, feuilleton, feuillu. Imprimé, imprimable, imprimer, imprimerie, imrrimeur, imprimure. Composer, composé, compositeur, composition, décomposer, recomposer, etc. Nommer nommé, nominal, nominateur, nominatif, nominatio~, nominativement, nommément. Marchand, marchandailler, marchander, marchandise. Relier reliure, relieur, lier, lien, liure, etc. 1) Trou;er le contraire de quelques mots: former, déformer, composer, décomposer, lier, délier, etc. S) Faire dire des llomonymes: mon, mont, m'ont; nom, non, n'ont; formé, former, formez; est, ai, haie, ais; auteur, hauteur ; fait, faix, fais, fée ; vent, vend, van, etc. 4r) Donner les diverses significations d'un même mot. Page: l'tm des côtés d'un feuillet de papier. Page: jeune gentilhomme servant auprès d'un prince. Livre : feuilles de papier écrites ou imprimées et reliées ensemble. Livre : poids ordinaire de seize onces, etc. . ') Souvent aussi on peut faire chercher les synonymes de l'un oo de l'autre mot. Marchand, négociant, commerçant ; vêtement, habit, habillement. Certaines phrases peuvent donner lieu à des questions très propres à développer l'imagination et le jugement. Ex. « Il :y a aussi des couvertures jaunes, rouges, vertes, bleues et d'autres encore. » Comment peuvent être les couvertures? Connaissez-vousd'autres couleurs? Nommez des objets blancs, des objets bleus, etc. Y a-t-il d'autres couvertures que des couvertures de livre? De quoi sont faites les couvertures des maisons? etc., etc. 'l) Un exercice très ut.ile et qui peut être fait par écrit, c'est la traduction d'un morceau du singulier au pluriel ou du pluriel au singulier. Ex. Le morceau : • Le chien et l'ombre • (page i05) pourrait être transformé de la manière suivante: Des chiens traversaient une rivière sur un pont, etc. 8) Il est bon aussi d'exercer les enfants à trouver les dérivés d'on mot primitif. Ex. Grand, grande, grandement, grandeur~ grandir, agrandir, agrandissement, etc. On peut y ajouter
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quelques noms composés dans lesquels entre le mot tels que: grand-duc, grand'maman, grand'mère, etc. Mais il ne faut pas se contenter de faire dire ces il faut les écrire soi-même ou les faire écrire par un sur le tableau noir. 9) Les élèves plus avancés feront avec profit des du présent au passé, du présent au futur et vice-versa, Ex. Mon livre sera formé de feuillets et d'une cou Mon livre a été formé de feuillets et d'une couverture. Quelquefois les phrases positives seront transformées phrases négatives et réciproquement. 10) S'il se rencontre dans le morceau de lecture des ellipses des inversions, on exerce les élèves les plus avancés à détruire. Ex. Les phrases se composent de mots, les de syllabes, les syllabes de lettres. 11) Pendant la leçon de lecture on peut s'assurer si les comprennent les règles de grammaire que trop souvent n'étudient que machinalement. (à suivre.) Les récréations et la gymnastique. Le but des récréations est d'interrompre les exercices tuels et de les alterner avec des exercices physiques, pour du travail de l'esprit par celui du corps. Il y a là aussi sure hygiénique d'une très grande importance, pour le comme pour les élèves : Je renouvellement de l'air de la surtout en hiver. Nous croyons que les récréations, en général fort courtes, vent servjr à diriger l'activité des enfants vers un but seulement à développer les torees corporelles et la puissance culaire, mais à corriger les attitudes mauvaises, à s'habituer mouvements n'ensemble et à la discipline militaire. Annoncez plusieurs fois par semaine, à la sortie, de dix ou trois heures, que l'on va faire de la gymnastique, vous que les transports de joie éclateront aussitôt. Non pas cette nastique dans laquelle on se sert d'engins et d'appareils la réserver pour des séances spéciales) ; mais la composée d'exercices et de mouvements bien réglés, caclences rythmés, qui peut être mise en pratique aussi bien dans les de filles que dans celles de garçons. Il n'est pas de maitres qui ne puissent faire exécuter en temps et en tout lieu, ces exercices de maœhes, évolutions, mouvements d'assoupli~sement des membres et inférieurs, flexions, tensions, rotations, etc.
13~ Dès les plus jeunes années, il est indispensable que tou~ les scies et toutes les articulations soient mis en action contmue 1110 uelques instants pour en augmenter la for~ et la souple~se, de 1~ accrottre l'activité des organes, pour fortifier la constitution ~~éraie, pour atténuer ou réprimer la prédominance de certains &empéraments. . . L'exercice volontaire et les jeu~ ne prodmse~t ~a~ tOUJOUrS activité musculaire, ce perfectionnement. des mdn'ldus, sans compter les inconvénients ou Je danger phys1que que présentent eenains d'entre eux et que la surveillance doit toujours proscrire. N'est-ce pas encore un moyen d'éducation morale de remplacer les cris par le chant, l'abus de la .force par la discipline, l'ardeur bruyante par la modération ' Coupées d'intervalles de repos convenables, les r~cré~tions telles nous les désirons prodmsent une heureuse reaction chez les :=ants surtout si les exercices sont accompagnés de chant, comme le reco:Ornande si judicieuse~ent M. Laisné. . . . Ce qui est incontestable, c est que : agrandir la pmtrme, développer le jeu des poumons,. combattre par 1~ J~s mauvai.s effets de la vie sédentaire, du travail exécuté la pmtrme courbée sur une table, constitue un ensemble de résultats d'une gran~e valeur hygiénique. (L Ecole.)
LA LECTURE A L'tCOLE PRIMAIRE (Suite.) ENOOMBREliiENT
L'encombrement est un des grands malheurs de l'enseignem.ent actuel. Les élèves succombent sous la masse des obJets ....~,t,,,.. Les programmes sont apoplectiques. Les classes sont trop petites pour le nombre d'élèves qu'elles renferment. Les heures eont trop courtes pour l.es l~çons q,u'on y ent~sse; Le temps manque I11X enseignants aussi b1en qu aux ensmgnes. C.omment donc à la création d'un enseignement nouveau? Où Je mettre? supprimer pour lui faire place? La réponse est facile. L'art 1a lecture n'entrera utilement dans l'instruction qu'à la condide ne rien encombrer, de ne rien supprimer, de ne prendre 11 place de rien mais de se mêler à tout pour venir en aide à loot. Ce n'est pa~ une surcharge pour la mémoire, c'est un auxiliaire ; ce n'est pas une fatigue pour l'intelligence, c'est un allésement et un soutien. Elle joue dans l'instruction le rôle des adjuvants dans le phénomène de la nutrition; elle active et facilite 1'188imilation; ce n'est pas un aliment nouveau, c'est le sel des loVes alimenta. Deux exemples :
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Quand l'élève a une leçon à apprendre, que fait-il en générai ? Il se met à marmotter à voix basse ou à haute voix chaque mot vingt fois de suite, mécaniquement, machinalement, jusqu'à ce qu:il se soit enfoncé la· page, ligne à ligne, dans la cervelle, à peu pres comme on enfonce un clou dans le bois, à force de frapper dessus avec le marteau. Eh bien ! je propose aux meilleurs élèves des éc_oles primaires un pari que j'ai bien souvent gagné. Leur mémmre est toute fraîche, toute souple, toute nouvelle, tandis que la mienne me sert depuis bien longtemps, et comme telle commence fort à s'user; je leur offre pourtant de choisir, eux et moi une page quelconque et je gage que je la saurai deux fois plu~ vite qu'eux. Pourquoi? Parce que j'y appliquerai les règles de la lecture, c'est-à-dire que j'apprendrai ce morceau en le lisant correctement., méthodiquement, selon les lois de la ponctuation et en suivant l~ mo~vement de la phrase. Lire de cette façon, cette ph~ase s 1mpn~era plus promptement dans ma mémoire, parce quelle se dessmera plus nettement dans mon esprit. Apprendre à Jire, c'est donc apprendre à apprendre; par conséquent ce n'est pas du temps perdu, mais du temps gagné. De même pour les récitations à haute voix, pas un inspecteur qui n'ait élé choqué du cha~tonnement mêlé d'an'onnements des élèves, de cette musique nazlllarde, monotone et toujours fausse, qui blesse le bon sens autant que l'?reille, et donne au débit, comme à la physionomie des plus mtelhgents, une apparence d'imbécillité. Ils semblent devenir tout à coup stupides dès qu'ils se mettent à réciter. lls ont l'air de ne pas comprendre ce qu'ils disent ; ils le comprennent en effet moins bien, par cela seul qu'ils le récitent mal, et ils le comprendraient mieux, s'ils le récitaient bien. Or, s'ils le comprenaient ~ieux, ne le conserveraient-ils pas plus longtemps? C'est encore Incontestable. La fidélité du souvenir tient à l'intelligence aut~nt,_qu 'à ~a mémoire ; _la mémoire reçoit l'empreinte et la garde, ~a1s l1~telligence la b~nne. Apprendre à lire, c'est donc apprendre a retenir, parce que c est apprendre à comprendre. Donc l'étude de la. ler.ture est du temps gagné et non du temps perdu. La quest10n, on le voit, se trouve bien simplifiée et la difficulté ·est résolue. _Pas de cours nouveaux, pas de maîtres nouveaux pour cette sCience nouvelle. Ce sont des maîtres ordinaires qui l'enseigneront aux enfants avec tout le reste. Le seul point important est que le~ maîtres la _sachent, que la lecture entre comme étude obligatoire dans les ecoles normales primaires. Une fois les instituteurs munis des principes de l'art, fiez-vous à leur oreille même pour l~s appliq~e~. Elle sera si. blessée, si agacée, cette oreille, par les VIces de diction de leurs éleves q~ 'ils les reprendront par égoïsme :
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nous ne combattons jamais si ardemment les défauts des autrE-s que quand ils nous sont désagréables. - Résumons-nous : L'étude de la lecture doit porter sur tout. Il ne s'agit pas de faire bien lire aux élèves un morceau détaché; il faut exiger d'eux impérieusement qu'ils ne récitent pas une page, qu'ils ne do~nent as une explication, qu'ils ne fassent pas une réponse, qu'll.s ne fïsent pas un devoir, sans observer les lois primitives de l'a~t de la lecture. Des récits si~ples, des morcea~x. nature~, des faits et des réflexions à la pol'tée des enfants, voila la. matière de l~ur~ tsxer·cices. Il ne s'agi~ pas d~ leur apprendr,e a danser, ma1s a marcher. Qu'ils ne bsent rien que ce qu Il~ _comprennent ou sentent parfaitement. Plus de prose que de poes1e. La _lecture des vers demande des qualités trop brillantes et trop spécrales. Commencer ceLte étude par la poésie, c'est commencer les classes par la rhétorique. Faisons -leur faire d'abord leur cours de grammaire. Apprenons-leur la correction, la justesse, et surtout apprenons-leur la ponctuation. L'art de la ponctuation est, comme nous le verrons plus tard, la moitié de l'art de la lecture, car, ponctuer en lisant, c'est non-seulement être clair, mais se. reposer. Les points et les virgules, espacés dans une longue pénode, resse!llblent à ces petits sièges échelonnés dans la hauteur d'un escalier un peu rude; on s'y arrête pour reprendre haleine. Voilà à quelles conditions l'étude de la le-Cture entrera dans l'enseignement primaire comme il doit y entrer, c'est-à-dire à Litre d'art utile. (E. LEGOuVÉ, dtl'Académiejrançais.e.)
DE L'INSTRUCTIDN CIVIQUE D'APRll LEI PRINCIPES CATHOLIQUES (Suite) VI. DE LA RÉPUBLIQUE DÉliiOCRATIQUII.
La République est une société où la souveraineté ne réside pas dans un individu, mais dans une ou plusieurs assemblées, ou dans l'assemblée de la communauté. On distingue deux grandes formes de république. Elle est ari.llocratique, lorsqu'une partie seule des citoyens, distingués par la naissance ou la fortune, peut faire partie de l'assemblée souYenine. Telle fut la plupart des républiques suisses jusqu'à la fin du siècle ; plusieurs cantons reprirent cette forme de 10uvernement après 1815. Depuis la constitution fédérale de 187 4, tous les cantons suisses sans exception doivent être des républiques démocrafi(/UtJl, c'est-à-dire que tous les citoyens ont des droits égaux à faire partie de l'assemblée souveraine et contribuent par leur vote au choix des membres de cette assemblée. Les exceptions à ce droit doivent être peu nombreuses, spécifiées par la
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l?i .et fondées su~ des motifs d'indignité, (interdiction des droita ~I!I~ues par un Jugement pénal), sur l incapacité (interdiction, IdiOtisme), etc., en un mot sur des motifs d'ordre public. 0~ distingue encore la république démocratique pure, la ré~ubhqu~ démocratique représentative, et la république démocra. tique mtxte. J.~ république ~st une démocratie représentative, lorsque tous les citoyens contnbuent par leur vole au choix des députés qui l~s rep;ésenten~ au sein de l'assemblée souveraine. TeJle est la repubhque valaisanne, où le Grand Conseil, autorité souveraine se co~pose de déput~s nommés par l'assemblée du peuple. ~ république. est nécessrurement représentative dans tous les grands cantons smsses. Cependant, une tendance se manifeste depuis quelques années dan.s plusieurs cantons à restreindre l'autorité des grands conseils et a soumettre leurs actes les plus importants au contrôle d11 peuple. ll se forme ainsi une forme de gouvernement démocratique mixte, où l'autorité souveraine réside en partie dans l'assem· blée des représentants du peuple et en partie dans le peuple lui· même. Le contrôle du peuple peut s'exercer sous trois modes différents ' par le veto, par le refereJndum et par la révocation. Le veto consiste en ce que l'exécution d'une loi édictée par 1'ass~mblée d~s représ~ntants du peuple, est suspend~e, lorsqu 'une certaine fraction des Citoyens, inférieure cependant à la majorité, p~r . exemple le qu~rt ou le cinquième (ce sont les proportions ~eneralemen~ adoptees dans les cantons suisses), déclare s'opposer a ~on exécut10n. Alo~s ~n fa~t voter le peuple sur ce projet de loi, qui est accepté ou reJete, smvant le résultat de la votation. Dans 4u~lques cantons, on compte comme acceptants tous les citoyens qu1 ne prennent pas part au vote, de sorte qu'une loi n'est rejetée qu.e lorsqu'elle, est rep?';ISSée par la majorité des citoyens inscnts. Le veto na pas été mtroduit encore dans notre canton. Le. ~eferendum cons~ste en ce que certaines lois ne deviennent défimtives. que lor~qn elles ont été sanctionnées par le vote du peuple. ICI encore, Il y a des cantons où tous les citoyens qui ne p~e~nent pas part au vote sont comptés comme acceptants. On distingue le rejerendumjacultatif et le referendum obligatoire, le referendum général et le referendum limité. L~ referendum estjacultatij s'il n'est appliqué que lorsqu'une frachon de l'assemblée des représentants en fait la demande, par exemple, le quart des membres du grand conseil pour les lois cantonales, une des deux chambres pour les lois fédérales. Remarquez que je dis une fraction de l'assemblée des représentants, et
- !39non pas du peuple, parce que lorsque la votation se fait sur la demande d'une fraction du peuple, on appelle cela le veto. Le referendum est obligatoire lorsque les cas où il s'exerce sont prévus par la Constitution et ne dépendent poinl de la volonté des Chambres et du peuple. Le referendum est général lorsque le peuple est appelé à émettre son vote sur toutes les lois. Dans ce cas on a à peu près la démocratie pure. Le referendum est limité, lorsque le peuple n'est appelé à sanctionner que certaines lois plus importantes, comme l'établissement de nouveaux impôts, un emprunt, les lois constitutionnelles, etc. C'est sous cette forme qne le referendum a été introduit dans quelques cantons de la Suisse allemande. I.e droit de révocation consiste dans le droit conféré à une portion du peuple de demander la dissolution de l'assemblée des représentants. Le vote du peuple a lieu sur cette proposition, et si elle est adoptée, les pouvoirs des députés sont expirés et il y a lieu de procéder à un renouvellement de l'assemblée des représentants. Les anciens membres sont naturellement rééligibles. Après ces quelques explications de termes dont il importe d'avoir une notion claire et précise, nous allons parler successivement des devoirs des citoyens et des autorités dans une république démocratique représentative. Enaeirnement de la réorraphie par la cartographie. Depuis un certain nombre d'années, bien des efforts ont ét~ raits pou.r améliorer l'enseignement de la géographie dans nos écoles publiques, enseignement qui, chacun le sait. est demeuré longtemps le plus défectueux. De réels progrès se sont accomplis, ce qui ne veut pas dire qu'il ne reste plus rien à faire. Je me bornerai à signaler, entre autres, une réform.e, très import~nt~, 11. mes yeux, et qui n'est encore acceptée que par un pet1t nombre des mst1tu· teurs et des auteurs de manuels de géographie: baser l'étude de la géogra· pbie d'un pays sur l'étude de la carte de ce pays, subordonnant ainsi ce qu'on est convenu d'appeler la géographie politique ~ la géog~aphie p~ysique. Très généralement, dans nos ecoles, on ense1gne la geograph1e au moyen d'un manuel et d'une carte murale. Tantôt c'est le maître qui, exposant ce qui doit faire la matière d'une leçon, se place près de la carte et r:nontre, au for et à mesure, les choses dont il parlt:; tantôt c'est l'élève qui, a son tour, une fois sa tâche apprise dans le manuel, la récite plus ou moins bien en se servant aussi de la carte murale. L'étude de la géographie, faite ainsi, ne peut être que superficiel.le. Supposons que le maitre ait exposé à ses élèves le cours du Rhin. Comb1en. d'entre eox, après toutes les explications reçues. conserveront un souvemr ,assez exact de ce qui leur a été montré sur la carte murale, pour la reprod~1re d~ mémoire au tableau noir? Bien peu. Et, pourtant, quelle valeur attnbuer a un ensemble de connaissances géographiques qui ne repose pas sur la connaissance topographique des choses ?
14:0 Dans l'impossibilité où l'oa est. d'étudier le pays directement, sur les lieux mêmes, il faut recourir aux exercices cartographiques. Je me permettrai, ~ cet égard, d'indiquer un mode de proc~der qui nous a paru très simple, très facile à appliquer. Il suffit d'avoir, dans la classe, un tableau noir divisé en un certain nombre de carrés par des lignes verticales et des lignes horizontales. La P,roportion de dix lignes verticales sur huit horizontales nous a paru la metlleure. Un grand nombre de carrés oblige à un dessin trop minutieux ; il est à noter que, dans les exercices cartographiques tels que je les entends, il ne doit exister que les détails juste nécessaires pour caractériser, par exemple, une chaine de montagnes, un cours d'eau, les bords de l'océan ou les contours d'un pays, etc. Les élèves doivent être pourvus d'un cahier acl hoc, divisé comme le tableau. Le maitre ayant à décrire, par exemple, le Rhin, le rait en dessinant le cours du fleuve sor le tableau noir. Les élèves reproduisent sur une feuille de leur cahier la ligne qui représente Je Rhin, en ayant soin de lui faire couper les cOtés horizontaux et verticaux des carrés de la même manière que le maitre J'a exécuté au tableau. Dans le dessin, tous les détails secondaires sont négligés i on ne conserve que les formes générales. Plus on rechercherait un dessin exact et détaillé, moins il se graverait, comme ensemble, dans la mémoire des élèves. Car il faut atteindre à ce résultat: c'est que chacun puis~ de mémoire, reproduire la carte au tableau noir. Il est nécessaire, à cet enet. que les mêmes exercices cartographiques soient répétés. Quand les traits généraux d'une carte ont été transportés du tableau noir dans le cahier, au moyen du crayon ordinaire, il s'agit de compléter cette esquisse de manière à en faire une carte. On peut se servir, pour cela. d'un crayon brun pour marquer les de1.11 versants d'une chaine de montagnes, d'un crayon bleu pour dessiner les cours d'eau, les rives des lacs et des mers, et de l'encre noire ordinaire pour les limites, les localités et les noms. Après beaucoup d'essais, Je suis arrivé à préparer un recueil d'exercices cartographiques sur la Suisse, qui me semble assez bien convenir à l'étude de notre pays. Chaque instituteur pourra en faire un tout aussi bon, si ce n'est meilleur. Voici ce que renferment les feuilles dont il est composé : le massif du St-Gothard (point de départ des quatre grandes chaînes des Alpes, des principaux cours d'eau et des vallées); - le bassin du Rhône, divisé en deux parties, le Rhône dans le Valais, le bassin du Léman;- le bassin du Rhin, savoir: le Rhin dans les Grisons, le bassin du lac de Constance, le Rhin au N. de la Suisse; - le bassin de l'Aar, soit: l'Aar dans l'Oberland, le bassin des lacs de Neuchâtel et de Bienne, l'Aar sur le plateau ; - le bassin de la Reuss ; le bassin de la Limmat ; le bassin du Tessin. Viennent ensuite : alpes valaisannes, alpes bernoises, alpes grisonnes, alpes glaronnaises, Jura. Puis, les cantons, tous dessinés à la même échelle, de façon à pouvoir être réunis par groupes ou en un tout. A l'égard de l'Europe ou des autres con-_ tinents, une marche semblable peut être suivie. Ce n'est, me semble·t·il, qu'à la condition de faire de nombreux dXercices, tels que ceux que je vieos d'in· diquer, et de les répéter, que l'étude de la géographie présentera de l'intérêt et une réelle utilité. J. Magnenat. LE CA.BIEB UNIQUE
(Fin.) La discipline aussi trouve un précieux secours dans le système que nous préconisons. A l'école, la sévérité la mieux entendue ne saurait empê· cher le brouhaha qui se répête régulièrement à chaque changement de leçon. Les élèves cherchent leur sac au fond de leur case, ils l'ouvrent pour en
Ut . b' leur ardoise des crayons tombent, les en· retirer avec bruit leur ~aa~!~ ~~e certaine animation, et tous ces ~réa!Dbules rants règlent leurs. page . . ses. ce bruit confus, qui fatigue l'mstltuteur, font perdre des mtllen~!eg~~~=~~:~nconvénient d'exciter les élèves à une sourde a encore souven . indiscipli.ne. uvent pas se produire avec notre système. L'uniquebcah~er Ces faits ne pe devant lui ouvert ou fermé selon les esoms de l'élève est. constam~e~t e. l'in~Litutellr peut passer d'un enseigne· du moment. il es~ rég~e .d avan~t ~t sans le moindre embarras ; l'élève ouvre ment à un autre, ~~met!!~~:~ion des élèves doit être plus roolle, plus sou· ou ferme soén cé :ria leçon fait par l'élève seul, prouv~~a ~·n a ~rofité de tenue. Le r sum e . ,. é té sans comprendre ou s Il s est laissé aller l'enseignement donne. s ~l a co~ les cas et dans ta dernière alterna· à ta distraction. Il est facll~ de ~~~~~~~rtrop sévère car cette inauention est 1 tive, l'instituteur ne sauJa se classes . le~ élèves paraissent écouter le maitre une plaie de la plupart e ~~s is'en réalité ils ne font que rêver. Quant et le sui~~e dans son e~:poslttof·d~:Oe efficacité réelle. Le système de repre~ aux pumtlons elles devlennen . d s nos classes consiste en un certam sion le plus .gén~rale~:f:v:~gf~I~rir!~Quelles ruses l'enfant n'empl~ie+~l nombre de bgnes que ·r s 7 Tantôt ce sont des camarades qm éc~l· pas pour ne .Pas fair~ ses pum IO~anciens cahiers, sans compter tous les petitS vent pour lut, tantôt d prés~~ted ·ne et que les instituteurs connaissent assez. moyens qu'il a d'éc~~pper a a pe~ écrites passent difticilement à un contrôle En un mot! les pun~ttons s~tndtesm~nspecteurs et ne sont par conséquent d'au· sérieux, smt du ma1tre, sm · cun etJet. . ·r ns atteignent leur but. Les puni· Au moyen du cahier umqU;e,les P~:~;ocause donnent pour ainsi dire un tiQns, inscrites avec la ~en~IOD de. u de l'enfant Les membres de la corn· procès-verba~ de la c~ndmte JOUrnallèr:t feuilleter ~e procès-verbal et. re~ou mission scola~re, les n:~spectedurs ven~ des élèves et en même temps, mfhger naitte quels sont les defauts omman . • un biarne public aux enfants ~uvent ponts. euvent exercer le même con· Les parents ~ui s'intér~sent a l:::e:Nfé!'~:r cette surveillance incessante trOie. Les écoliers ~ut·m mes set amrmer qu'ils se feront on point d'honneur de toutes leurs act1ons et '?n pe~ . . . de ne plus enco~rir de pelnet dlsc~~l~~~=mission scolaire, aux inspecteurs, 11 est donc fac1le aux mem res berches une idée exacte de la cie se raire en un inst~nt, san~i~és~:~~:~~=élève pour telle ou telle branche JpafCbe d'one class.e, es <:~f.a avec l'ancien système. Et le jour de l'examen d'étqde; cela est •mfeOSS1 .e d aminateurs ne diront· ils pas exactement les C4bïen Dtis.entr8 des f~'i':se~!!dantl'année et les progrès réalisés ~our la somme dU tra~a e a t le faire cinq minutes d'interrogatoire? cbaque élève! mieux .que ~e peuye~ntestable si l'instituteur a rempli cOD$· ~e montrent-Ils ~tâ un~·trf~itl~on devoir? C'est lui, en ~lfet, qui se trouve cieDde1JSement sa c e, s 1 t vail et dans l'ensetgnement.
i :~ea"~5~!;:;1~~;::Wi~fgf::i:.a~~i~o~t :;::~~t:~:~~~~~~a;!~é ,:
Départe.ment de l'lnstruft•on P~~~q;~èole, principalement les jeunes institu: n amve souvent que es ma• é our certaines branches. Les leçons qm ~~;;!.:t r:g:t~::!n~:!:;i:éfs ou é~urtées et n'occtupe~~1~'!sq~;l: ques mmules au lie~ de l'heure tmPfséed~ ~U:;:·q~Îf ~~r::drait. Et dans :\i~~~':!::'l:: é/~v:~:~~~~\fte':t réel~ement que les~r~nche~~':: de lebr maitre ; par eiemple ils elianlent b1en ou savent ss1ner
U,j ,
ment des cart~ géo~~apbiques au tableau noir, mais ils sont d'une ignorance en an!bmeuque, en grammaire. Ce fait est malheureusement COIJl.. mon a un certam nombre de classes. Voila un abus réprimé par le systèm nouve~n qu~ nous essayons de raire connaître. e .Est-Il possible, en effet, de passer une leçon inscrite au programme~ Non ~·mspecte~r ?u ~n membr~ de la commission d'éducation peut racilemeni s assur~r s1 l.mstttuteur so1t régulièrement le plan des leçons. Qu'il prenne un cah1er umque, un~ dat~ quelconque, qu'tl compare les objets d'enseignement avec les leçons 1oscrtles au programme. et voila l'abus découvert. 11 peut, .de la même racou. se rendre compte de la durée d'un enseignement en exammant les résum~s écrits par l'élève lui-même. Avec l'ancien système ce contrôle est tmposstble. ' , .Comment mai~;ttenant ne pas montrer de l'activité quand le cahier de 1elève don.oer~ .a la fln de la journée le résultat de tous les actes de la classe~ Qu un eleve .passe de longues heures a copier ou à dessiner, un père de famtlle est en drott d~ v~us demander compte de ces heures peut-être mal empl.oyées. Il peut savotr st la journée a été utile et si l'in~tituttmr a fait son de!.01r; ~n parcourant le c~bi~r de s~n enfant, il peut s'assurer des progrès q~ tl a fatts. L~ ma1tre est ams1 soum1s au jugement de la population éclairéA. S tl est pénétre de ce sage précepte que les meilleures journées ne sont pas celles pendant. lesquelles l'élève a rempli le plus grand nombre de pages. que l~s ~etlleurs ec:ole5 ne sont pas toujours celles où l'on use le plus de cahiers, lmstnuteur preparera ses leçons et cherchera a les remi re intéressantes. En t~~t cas, .elles s~ront fructu~uses, puisque le maitre doit arriver à une expoSitJ~n ~tatre, qut perme~te a l'élève de résumer ce qu'il vient d'entendre. St, dune par~. le manre est tenu a un travail de préparation qui ne peut êtr~ que salu1a1~e, d:un autre côté la correction des devoirs est pour lui plus f~c!le et plus. reguhère. ~ntre la classe du matin et celle du soir, il peut VISite~ les ca~1ers. de ses éleve~, su.rtout ceux d~s él~ves faibles, s'il n'a pas, c~. QUI vaudratt mte!JX eocore,l hab!tude d'exammer a tout instant, au hasard, n 1mporte q':le.l cahter. En résume, le système du cahier unique offre des avant_ages seneux, que n'a pas la méthode actuelle. Mallres, enfants•. parents, autorités scolaires, tous peuvent trouver leur profit dan~ rem plo! de ce système. Il oblige a la sincérité dans le travail des uns et faethte la ta~he des autres dans tes jugements qu'ils doivent porter sur une classe et qu1 seront l'expression de la vérité. On ne saurait donc que le re~ommand~r. Pour notre part, nous l'employons dans notre classe depu·s plusieurs annees .et ~ous n'avons qu'à nous en féliciter. Ces pages ne sont donc pas le pro~u1t dun entho~siasme p~sager~ d'un engouement pour une mode nouvelle, elles sont le re:>ultat de 1 expérience et d'un lon ... et patient exam~n du système du cahier unique. H. ELziNGBE. profo~de
DE L'ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE FRANÇAISE dana le cours supérieur de l'école primaire.
.on dit souve~t, ~~ ave~ raison, que, dans les classes élémentaires, l'enseignement qu1 d01t dommer tous les autres c'est celui de la langue maternelle. Pour .cela toute~ les études, de quelque nature ·qu'elles soient y sont acc?mpagn~es d:exerc1ces ~e tangage. ' S1 cette ne~1té ne se fau pa~ sentir d'une manière aussi impérieuse dans 1~ ~o!lrs super1eur, elle n'en extste pas moins en réalité. A11ssi, dans cette dtvtslon, comme dans les deux autres, l'enseignement du français doit former la base de toutes les études. Mais cette affirmation, par cela même qu'elle est très générale, apporte
a•ec elle de l'obscurité et peu~ faire. naitr~ dans le~ esprits ~e l'incerlitu.de; wilà
urquoi il es~ b~n de d~termmer d une ma~;tlère préc1se les exe~c.tces
110 ~alement destines a l'enseignement .~u .françats dans le. cours superteur
cle l'école primai~e, et en même temps d tnd1quer la proporttoo dans laquelle on doit s'en serVJr. L'enseignement de la langue maternelle, considéré dans toute son étendue, comprend l'la lecture, i•l'écrimre, i' la rédaction et la composition, ~·les exercices grammaticaux et ledcologiques, 5" quelques notions de littérature. Nous n'entreprendrons point ici l'étude détaillée de chacune des parties de ce vaste programme. notre but étant plutôt de fixer les incertitudes de la pratique que d'étendre ou de mr.ltiplier les aperçus de la théorie. Voyons Cl'abord quand comment et dans quelle mesure on peut se servir de la lecture pour l'enseignèment du français au cours supérieur .de ~'école primaire. 11 ne s'agit ici bien ente}ldU que ~~ 1~ lecture expliquee. No~s n'.avon~ pas besoin de dire quel merveilleux aux1ha1re elle procure a un manre tntelhgent el zèlé: Si pas un mot n'est lu sans être compris ; si pas un terme difficile, ne ~ saas avoir été expliqué, si l'on habitue les élèves à rendre compte Clairement des lectures faites ; si on les accoutume à rer.bercher la vraie pensée de ce qu'ils lisent, à la commenter, a en donner l'explication, on trouvera, dans une leçon de lecture, la meilleure, la plus riche et la plus féconde de toutes les leçons de français. Enfin, si l'on joint a cet exercice oral quelques exercices écrits du même genre, l'œuvre sera complète; car le travail écrit fixe les idées, oblige la pensée è se dégager plus nette et plus précise, en même temps qn'il existe une certaine perfection de forme dont le lan_gage parlé se passe plus facilement. Quant a l'écriture, nous n'en disons rien ici. Nous supposons les élèves du cours supérieur habitués dores et déja a écrire proprement et lisiblement, sinon avec élégance, et nous nous contenterons de faire remarquer, en pas· sant. combien il est utile de leur donner des habitudes d'ordr~: et de régularité, même pour ce très modeste travail. Nous avons hàte d'arriver a l'exercice le plus important, le !?lus délicat el le plus difficile de tous: la rédaction et la composttion françatse. - C'est à dessein que nous disons rédaction et composition, car il y a deux genres bien distincts dans eeue sorte de travail: La rédaction est le compte rendu clair, eue\ et méthodique de ce qui a été lu, appris ou entendu ; la composition, bien plus diMcile, est un exercice dans lequel l'imagination joue le principal rôle et fournit les éléments les I?los importants. Elle demande de l'invention, exige un chois scrupuleux des 1dées et on otdre logique dans leur classement On voit par là eombien sont diverses les facultés exercées par chacune el combien aussi peuvent être différents le:> résultats qu'elles amènent. U nous parait que l'on devra se servir alternativement de la rédaction et de la composition ; car, dans la vie ordinaire, nous avons aussi souvent à Imaginer pour exprimer nos pensées qu'a réfléchir pour reproduire celles del aQlreS ou ce qui nous a frappés. Ma1s, quel que soit de ces deux exercices eelui dollt on se serve, il faudra toujours que les sujets proposés soient sim pies, bien adaptés au milieu dans lequel Tivent les élèves, conformes a leurs occupations actuelles ou à celles qui les attendent dans l'avenir. Cependant que cene préoccupation, du côté pratique, ne soit pas poussée a outrance. L'ima· ginaUon ne mérite pas tout le mal que l'on a dit d'elle. SiDieu en a si large· m~nl doté l'bomme, c'est qu'il a voulu qu'il s'en servit pour son bien. Ne laiSSOns donc pas p9rdre, sous prétexte d'utilitarisme, tout ce qu'il y a cbe:r. l'enfant de délicat, de fort, de tendre et de puissant a la fois, et, sous prétexte de rendre stwtJice, n'étouffons pas dans son esprit ce qui ne demande qu'a ~~e bien dirigé pour produire les meilleurs résultats, c'est-à-dire le go\\t de l1déal. (.A 1uivre.)
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Maximes et pensées du Père Girard, Instruire l'enfance en ce qui lui importe de connaître, c'est le devoir de l'éducation ; mais vouloir lui prodiguer des connaissances que par incapacit6 et faiblesse d'esprit, elle ne peut pas encore s'approprier, c'est vouloir son bien et ne pas savoir le faire. Par la on chargera beaucoup la mémoire des élèves et ceux-ci s'imagineront être des savants, parce qu'ils ont appris et qu'ils récitent une multitude de mots sans y attacher le sens qu'ils expriment. Ceci n'est pas un bienfait, mais une séduction qui fait du mal à la jeunesse et accuse l'impéritie de ses guides (18n). Une école de village ne doit pas être une Académie. Introduisons dans nos éColes villageoises les connaissances nécessaires à une vie sage, utile, heureuse, mais gardons-nous des développements et des lumières dont l'babitant des campagnes n'éprouve pas le besoin. Que ferait·il après tout de notre science et de notre pénétration Y Elle le rendrait inquiet en creusant · dans son sein un vide profond que ses habitudes ne rempliraient pas. Il serait mécontent de son sort et nous reprocherait en toute justice notre boll1é cruelle. C'est sans doute la nature humaine qu'il faut éduquer. mais non pas l'homme idéal que l'on sort à plaisir des circonstances qui l'ont vu naitre et du poste oll la Providence l'a placé. L'envie démesurée de former cet homme de la théorie nous conduirait à déformer entièrement l'homme des champs. Les qu·atre arts, les plus ordinaires, parler, lire, écrire et calculer, seront toujours le véritable carré des écoles villageoises: nous voulons dire le cadre qui doit recevoir et enfermer tout le reste. Autour de lui se placera la religiou avee sa morale, et Je chant pour donner au cultivateur une jouissance innocente et pure. Nous le ferions aussi servir à la solennité du culte dans nos églises. A ce cadre restreint se bornerait l'école journalière. c'est-à-dire l'instruction élémentaire. Mais après l'école journalière viendrait l'école de répétition qui donnerait une instruction périodique aux grands garçons qui partagent déjà les occupations paternelles et qui ne pourraient plus suivre les exercices de tous les jours (i8l6). L'éducation ne doit pas seulement former l'homme en général, mais aussi en vue du rôle qu'il est appelé à jouer dans la vie. Elle s'occupera donc plus de l'avenir que du présent et se modifiera selon les circonstances (i8t0). Pour moi je ce sais point de spectacltl plus réjouissant que celui d'enfants entourés d'autres enfants qu'ils considèrent comme autant d'amis et de frères, aux progrès desquels ils sont conviés à travailler, et qui, bien qu'ayant à blâmer quelquefois, comme à louer en d'autres moments, demeurent patients et calmes, et leur tâche accomplie, vont à leurs devoirs d'écoliers comme de coutume (i825). ~
VABIB'S'BI ANECDOTES SCOLAIRES ***Jean, si tu as deux tartines et que tu en reçoives encore deux, com· bien en as-tu alors 1 - Alors j'en aurai bientôt assez, M. le régent. •** Que voit-on dans la plupart des éducations 1 Nulle liberté, nol enjoue· ment, toujours leçons, silence; posture gênée, corrections et menaces. - On demande souvent aux enfants une exactitude et un sérieux. dont ceux qui l'enseignent sont incapables. - Ceux qui gouvernent les enfants ne leur (Fénelon.) pardonnent rien et se pardonnent tout à eux-mêmes.