No 11 l'Ecole primaire, 01 avril 1884

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N· 11.

Sion, t•• Avril.

1883-84.

ORGANE DE LA

• SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION •

L'INSTITUTRICE L'institutrice et l'instituteur: n'est-ce pas le même rôle, le même but le même dévoùment, la même vie semée de sacrifices, d'etforts et de privations. L'un préparefhomi?:e, l:autr~, la femme: Et je ne crains pas de dire que l~ rol~. de .lmstüutnce est auss1 important et plus délicat qu~ c.elm del msht~.teur. . , L'instituteur s'occupe prmCipalement d~ lt~str~ctio?, c est-àdire des idées des connaissances et du sav01r. L mshtutriCe penche pour l'éducation qui embrasse les habitudes, les sentiments, les mœurs, qui est l'enseignement de nos rapports avec nos semblables, de nos devoirs envers la famille et envers Dieu. L'éducation trace le but ; !'.instruction indique les voies et les moyens de l'atteindre. • L'éducation, c'est toute la femme, a dit Mm• de Staël; elle triomphe là où l'instruction toute seule serait impossible. » • J'ai toujours pensé, écrivait Leibnitz, qu'on pourrait réformer le genre humain, si l'on réformait l'éducation des femmes. • « Partout où l'éducation a été négligée, dit. Aristote, l'Etat a reçu une atteinte funeste. » Montaigne estime que l'éducation fait plus d'honnêtes femmes que la nature, et Say prétend que c'est par l'éducation des femmes qu'il faut commencer celle des hommes. La première des institutrices, c'est la mère. Mais l'autre la complète ou la supplée : elle la remplace, appelée trop souvent à reprendre ou à corriger son œuvre. Le foyer désapprend quelquefois ce que l'école enseigne et la famille n'est plus une aide alors, mais un obstacle ; un obstacle qu'il faut toumer avec prudence, combattre avec respect. C'est un beau rôle, en vérité, c'est une bien grande et bien douce mission que celle de cette femme, souvent étrangère à l'endroit, inconnue des familles, qui devient comme la seconde mère de ses élèves, qui met au monde l'intelligence et le cœur des enfants. Mais combien d'efforts stériles, de dévoflments obscurs, de sacrifices méconnus, de bienfaits oubliés 1 Que de labeurs et de tristesses 1 Soumise à tous les devoirs, à toutes les exigences, à


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tous les caprices, à toutes les misères, la vje de l'institutrice s'écoule souvent nomade et tourmentée, fatigante, incertaine comme isolée au sein même des ér.oles et des familles. Surtout des familles. Auxiliaire dévouée et attendrie des mères mais le plus souvent condamnée au célibat par sa position même' l'institutrice sera le témoin résigné, éternel de l'orgueil et d~ bonheur des autres. ll y a chez elle du parent pauvre et de l'exilé. Pour seule société, pour distraction éternelle et monde invariable elle a des enfants ; des enfants qui sont le plus souvent sa consolation, mais parfois ses juges et ses tyrans. Il faut qu'elle prenne part à leurs joies, à leurs jeux, à leurs craintes, à leurs peines, à leurs espérances, qu'elle étudie leurs penchants, qu'elle guide leur esprit, qu'elle forme leur cœur qu'elle borne leurs désirs, qu'elle modère leurs caprices ; qu'eU~ apaise leurs colères, qu'elle essuie leurs larmes ; il faut qu'elle soit douce et ferme, insinuante et vraie, aimable sans familiarité indulgente sans faiblesse, et qu'elle témoigne l'affection sans jamai~ feindre la bienveillance. ll faut qu'elle sache tout et qu'elle enseigne tout: les participes et la couture, la tapisserie et l'orthographe, le catéchisme et la broderie, le plus grand commun divisent· et le crochet... Il faut qu'elle écrive comme un ange, qu'elle chante comme un rossignol, qu'elle lise comme M. Legouvé et qu'elle conjugue à toute vapeur les verbes les plus irréguliers. Et plus tard quand les enfants auront grandi, on lui mettra une gratification légère dans la main, el un certificat dans l'autre, et elle s'en ira, tout aussi pauvre, bientôt oubliée, frapper à une nouvelle porte, s'asseoir au milieu d'autres enfants. Si l'instituteur prépare l'homme en instruisant l'enfant, l'institutrice façonne la femme de demain qui, comme fille, comme épouse et comme mère, est appelée à exercer une triple influence sur la famille et, par la famille, sur la société. (Extrait de Voyage au Pays du Bien1 par FULBERT DUMONTEIL). JURISPRUDENCE AGRICOLE Nous n'avons pas la prétention, en écrivant ces lignes, de composer un ouvrage de droit, si minuscule soit-il. Un inspecteur scolaire ne doit certainement pas toucher seulement d'un bout du doigt à cette arche sacro-sainte que l'on appelle le code civil. Arrière, profane, vade retro, dira-t-on, et ce bienheureux livre, qui fait tant de malheureux, devrait être purifié 1 Et cependant,

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avons souvent entendu manifester le désir de vojr condenser quelques phrases les principales dispositions législatives qui 80 peuvent non-seulement intéresser Ja classe des agriculteurs, mais JBur être utiles. Nous ne pouvons mieux nous adresser qu'à votre tv~~~m 1w1c revue pour reproduire ces lignes, que nous intitulerons : r\.&. ....H:~ru.tlen1~e agricole et qui pourront être lues avec profit par du cours de répétition. A propos de ceux-ci, veuillez nous permettre une digression. Les écoles de perfectionnement ne sont pas seulement, à notre humble avis, établies pour faire obtenir à notre canton un rang plus élevé dans le tableau de la statistique fédérale de l'instruction publique, mais aussi et surtout pour achever l'éducation des jeunes gens qui n'ont pas fait des études complètes, pour les initier aux grandes et utiles connaissances, qui leur seront nécessaires à leur entrée dans la vie active et pour en faire enfin des citoyens utiles à leur pays, à leurs familles. Dans la pratique, il arrive fréquemment que l'agriculteur ne connaît bien ni ses droits, ni ses devoirs. C'est ce que nous allons lui indiquer aussi brièvement et clairement que possible. Prenons donc le livre sacro-saint, ouvrons-le, détachons en tout ce qui peut intéresser plus particulièrement les agriculteurs, et entrons en matière sans autre préambule, en éliminant tout ce qui ne se rattache pas directement aux droits et devoirs spéciaux de ceux-ci. Passons les articles du code qui traitent des droits civils, du domicile, du mariage, de la puissance paternelle, de la minorité, etc., pour entrer en plein dans notre sujet et pour traiter de la propriété. L'art. ~80 du code ci vil dit : « La propriétè est le droit de jouir ou de disposer de la manière la plus absolue, pourvu qu'on n'en fasse pas un usage prohibé par la loi ou par les règlements. • Le propriétaire d'un bien peut donc en user et même en abuser, pourvu ne pas causer à son voisin un préjudice interdit par la loi. Ainsi Bruno possède un verger bien arborisé, il peul même couper ses arbres fruitiers, i1 en a le droit, sans payer des dommages-intérêts à personne; il peut se causer un préjudice à luimême, mais la société, ne pouvant l'actionner par devant les tribunaux, aura toutefois le droit de faire interdire ce fou, qui peut être considéré comme un prodigue. Nous expliquerons plus loin ce que c'est que ce préjudice interdit par la loi. Qu'il nous suffise de dire, pour le moment, que si la propriété d'une personne est cultivée de manière qu'un changement de cuHure nu irait au voisin, le propriétaire n'a pas à consulter celui-ci, il peut parfaitement couper des arbres sans en demander la permission à personne, lors même que ses voisins en seraient contrariés. Par exemple


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il pourrait abattre un arbre dont l'ombrage ferait les délices du voisin, et ce dernier n'aurait aucune action contre le peu aimable btlcheron. (A suivre). Note de l'Editeur. - L'~tude dont nous venons de commencer la pubJi. cation a pour auteur M. le Préfet Emile Gross, inspecteur scolaire du distric& de Martigny. C'est en réponse à l'appel que nous avons adressé à tous les bommes de bonne volonté que cet honorable magistrat a bien voulu entreprendre à l'intention de l'Ecole primaire un travail qui embrassera une série d'articles.

DE L'INSTRUCTION CIVIQUE D'APRh LES PRINCIPES CATHDLIQUEI (Suite)

b) DEVOIR DES CITOYENS ENVERS L'AUTORITÉ PUBLIQUE i. Une autorité est nécessaire dans toute société pour maintenir l'union, le bon ordre et faire converger les efforts de tous Vl.'l'B un but commun. Les personnes revêtues d'une fonction publique ont le droit de commander, d'où résulte pour les citoyens le devoir d'obéir. Si les citoyens refusaient l'obéissance aux fonctionnaires publics, ce serait l'état d'anarchie. 11 arrive trop souvent que dea particuliers cherchent à se soustraire à l'obligation de l'obéissance, lorsqu'ils ne sont pas sous les yeux des autorités. (J'est un acœ coupable. Ainsi que nous l'avons vu, les autorités de l'Etat ne commandent pas en leur nom, mais au nom de Dieu de qui leur pouvoir est délégué. En désobéissant aux agents de l'Etat, c'esL donc à Dieu qu'ils désobéissent. - Au point de vue social, rien n'est plus funeste que l'esprit d'insoumission ; lorsque les ordres et les directions de l'autorité ne sont pas volontairement respectés, l'autorité publique est obligée de recourir aux mesures de coerci· tion, d'infliger des amendes, de multiplier les employés de la police, d'édicter des mesures de précaution qui, ayant surtout pour but de réprimer les désordres des mauvais citoyens, n'en ont pas moins pour effet d'entraver et de restreindre la liberté générale. Ainsi un Etat, où les lois ne sont pas respectées et lM autorités obéies, ne peut jouir d'une grande liberté, parce que cette liberté dégénérerait en licence et amènerait la dissolution de la société. La désobéissance a pour conséquence nécessaire l'assujetissement. 2. Si les citoyens doivent l'obéissance aux fonctionnaires publics, ce n'est que dans la limite des droits et de la compétence des autorités. Ainsi, un pouvoir exécutif qui s'arrogerait le pouvoir législatif, sortirait de ses attributions, et l'on ne serait point tenu d'observer ses ordonnances. Mais la limite la plus importante aux attributions des pouvoirs publics, c'est la loi de Dieu. Un gouvernement qui prétendrait ordonner des choses que la loi de Dieu

!65 exercerait une réelle tyran:·~lie i en !ui obéis~ant, on se coupable de désobéissance a DI~U ; Il ~audrait répon.dre les apôtres et les preiniers ~h~éhens : M_Ieux vaut. obétr à 'aux hommes. Toutefois, SI 1on ~e do~t pas obéir à .un qui veut contraindre à violer la 101 rle Dieu, encore moms révolter, parce que la révolte tend. à dét~ire l'a~torité 88 l'autorité est une institution nécessaire qm ne dmt ~as '-••nriim~•A à cause des abus. ll faut se conten~r de ce qu on résistance passive, c'est-à-dir~ de ne pomt ~xécuter de de ne t contraire à la loi de Dieu, mais subir tous les 1111 1 11 immérités que cette résistance peut ~n~raîner.. N~an­ observer que les châtiments ,étant IDJU~tes, 11 n ~ a obJiig11tio1n de s'y soumettre, lorsqu on peut s y soustraire IJa1turl11thm pour l'ordre public. . de grands inconvénients à ce que c.haque Cito.yen ~-"·hl';,. juge de ce qui est conforme ou co!ltra1re à la lo! de ignorance ou par préventio~, .des ci.toyen~ J:!OUrratent et désobéir, quoique l'autonte publique. a1t JUSt~ment Ce péril n'existe point pour Je catholique qm .a un tribunal dans les choses qui regardent la consCience Dieu. C'est le tribunal de la pénitence. Le confesseur tx»D8Ulté et l'on pourra sans craint~ s~ confo~.mer à ses que lui-même si Je cas est difficlle et s il manque p éce8811Ïl'eS, prendra conseil. auprès de ses supérieur~. que cette intenent10n du confesseur tend a l'Etat et l'autorité des lois sous le bon plaisir ce serait à tort : car ne vaut-il pas mieux Il importante, les citoyens prennent conilllimlle prudente et tenue par sa position à que d'agir par leurs seules lumières, et par paASion. n ne faut jamais -.&hoUques l'Eglise, par le tribunal de la tontes les questions qui regardent la foi et a donc que cette alternative: ou déclarer que lois et l'obéissance à l'autorité n'est point une ~,•me, - ou reconnattre que l'Eglise a son mot à relltic)DB entre magistrats et citoyens, comme sur les il81illllles parents et les enfants: et généralement sur tout llllre.•la conscience des catholiques. :tli!ÎÎ\iitlrr81ll8 doivent respecter et honorer les dépositaires de lllol•lpDbH<[Ue. L'expérience démontre que l'on désobéit aiséaolor11té que l'on ne respecte point. Les magistrats et .......-- sont des hommes, ils ont leurs faiblesses, leurs ~.aioJJa, ils peuvent commettre des fautes ou des erreurs,

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166 par surprise ou même par pression. C'est un malheur très-grand. mais l'intérêt de la société exige que l'on oublie ces misères, pou; ne voir en eux que les agents et les représentants de l'autorit& publique. C'est une grande faute de décrier les fonctionnaires de l'Etat, de les rendre odieux ou ridicules, car c'est ébranler la bliSe sur laquelle repose la société. 5. Lorsque les citoyens sont appelés à choisir les déposHairea de t'autorité, ils doivent faire abstraction de tous les intérêts pri. vés pour n'envisager que l'intérêt général, et faire taire leurs ::;ympathies ou leurs antipathies pour ne considérer que l'avantage commun et le bien de la patrie. Quaud on a contribué sciemment à la nomination d'un magistrat indigne de ses fonctions, on a jusqu'à un certain point la responsabilité des torts qui peuvent en résulter pour la société et pour les administrés. Ce que J'o~ doit considérer avant Lout pour le choix des fonctionnaires, c'est la capacité, l'intégrité, la probité, la moralité, la religion. Il faœ aussi se souvenir que les agents du pou voit·, outre l'autorité qu'ila exercent par leurs fonctions, ont une gl'ande influence par leur position, et que leurs exemples réagissent sur tout le corps social. C'est un ancien qui l'a dit avec raison: Regis ad exemplar totw componitu1· orbis j tout le monde suit les exemples des gl'ands.

Rendre l'étude aimable. Un maître qui désire bien réussir dans sa classe, s'efforce habituellement de rendre l'étude aimable à ses élèves, sinon, il s'expose parfois à travailler en vain. Son dévouement sera peu apprécié et tous les efforts qu'il fera pour la prospérité de sa classe, échoue-ront souvent devant l'indifférence, l'ennui ou le mauvais vouloir de ses élèves. Laissons du reste parler Rollin sur ce sujet si impol'tant; car qui oserait ajouter quelque chose à ses paroles si sages ? Il se trouve très peu de maitres qui soient assez heureux pour venir à bout de rendre l'étude aimable à leurs disciples. Le succès, en ce point, dépend beaucoup des premières impressions, et la grande attention des maitrea chargés d'enseigner les premiers éléments, doit être de faire en sorte qu'on enfant, qui n'est point encore capable d'aimer l'étude, ne la prenue point dès lors en aversion, de peur que l'amertume qu'il y aura d'abord sentie ne le suive dans un âge plus avancé. Pour cela, il faut que l'étude soit pour loi comme un jeu, qu'on lui fasse de petites interrogattons, qu'on l'anime par la louange, qu'on lui donne lieu d'être content de lui-même et de se savoir bon gré d'avoir fait quelque chose. Quelquefois, ce qu'il refusera d'apprendre, on l'enseignera à un autre; pour le piquer de jalousie, ou lui proposera de petites disputes où on lui laissera. croire qu'il a souvent le dessus; on l'a.mor· cera par de petites récompenses, auxquelles cet âge est sensible. « ~ais te grand secret pour faire aimer l'étude aux enfants, c'est que le maitre sache lui-même s'en faire aimer. A ce prix, ils l'écoutent volontiers,


i68 arrivées. surtout pour notre district, à produire tout le bien qu'on P01IJ1'alt réellement en attendre. Nuus con!ltatons même avec regret qu'il reste ene(l'e des lacunes assez sensibles à combler. En général, sauf quelques rares iD8ll· tuteurs indolents et pare~seux, qui n'ont pas le courage de traiter les sujets mis à l'étude, tout le monde assiste aux conférences avec beaucoup de rég11• larité. Chacun se fait même un devoir d'y apporter toute sa bonne volonlé et un travail présentable et que ses collègues apprécient et auquel ils applau. dissent aussi quelquefois. Comme il est d'usage de ne traiter dans la même conférence que d'nue seule question à la fois, on conçoit que les mêmes idées soient exprimées par la presque totalité des membres presents, sous différentes formes c'est vrai. De même qu'on connaît l'arbre à son fruit, c'est par ce travail surtout qu'on. se rend compte de la valeur, des capacités et du savoir-faire du magister. n règne même une salutaire émulation parmi les membres du corps enseignant. Bien qu'en général chacun ait une bonne opinion de soi, la comparaison des différents travaux et surtout la supériorité de quelques-uns parle assez bau& pour que ~ersonne ne puisse s'y méprendre, c'est pourquoi il arrive ici et là que les mediocrités ne se trouvent pas toujours à l'aise dans ces conférences, ayant au lieu de lumières à n'offrir que des ombres pour compléter le tableau. Ce qui a surtout contribué jusqu'ici à maintenir cett~ bienfaisante émulatioa c'est que (sauf toutefois dans la dernière conférence) tous les instituteurs devaient donner lecture de leur composition. Mais, si d'on côté il y a émulation en procédant ainsi, d' autre part on peut dire qu'il n'y a rien de ploa. fastidieux et de plus monotone que d'entendre continuellement ressasser les mêmes idées, surtout si les plus faibles sont appelés à lire les derniers, parce qu'alors l'attention est déjà plus ou moins émoussée. Ensuite il arrive souvent que cette manière de procéder absorbe tout le temps consacré à la séance si bien. qu'H n'en reste plus pour la discussion, les motions individuelles et le reste... · Voyons maintenant s'il n'y aurait pas moyen de remédier à cet état de chose sans annihiler l'émulation qu'il faut pourtant maintenir à tout priL Bien que l'Ecole primaire ait déja traité cette question nous pensons qn'U n'est pas inutile d'y revenir. Jusqu'ici on n'a fait que nous proposer de limiter la lecture des travaux à ceux désignés par le sort. Est-ce que ceci comblerait réellement les lacuaeB existantes Ynous en doutons. D'abord chacun vivrait dans l'espérance que le sort lui serait favorable et se reposerait sur l'espoir de sa chance pour traiter les sujets mis à l'étude. Or, pour que l'étude des questions proposées soit réellement profitable à l'instituteur et à ses élèves, il ne faut pas que le maitre se contente d'une étude superficielle dont le principal mobile soit de ne pas faire trop mauvaise figure devant la conférence ou d'éviter une amende. Voilà autant de choses que nous devons peser et méditer si nous voulons que notre corps enseignant se tienne constamment à la hauteur de sa mission et des exigences de l'école actuelle ; ce qui ne peut se faire que par une étude sérieuse et continuelle des nouvelles méthodes. Le meilleur moyen selon nous. pour arriver à concilier ces différents points de vue, serait que préalablement chaque instituteur envoyât son travail, quel· que temps à l'avance, à un rap(Jorteur qui aurait pour mission d'en extraire la quintessence et d'en faire un rapport général qui serait lu à la conférence. Pour le cas où l'une ou l'autre des compositions se ferait remarquer par sa supériorité, on pourrait aussi en donner lecture, selon l'avis de M. le Prési· dent. Les conclusions de ce travail annalytique seraient bectograpbiées (ce qui ne collte presque rien) et envoyées quelques jours avant les conférences aux instituteurs afin que ceux-ci puissent en prendre connaissance, les exa· miner et préparer les observations pour le jour de la séance. On powrail


f70 Nous insistons à dessein sur ce rôle essentiellement utile du maitre, parce que pour lui c'est le moyen le plus ~ùr de pénétrer dans la conscience de toutes ces petites âmes. Rien ne tend plus en effet à fausser cette conscience et à exciter chez des enfants des passions qui ne sont pas de_ leur âge, que le spectacle d'un maitre se faisant l'apôtre, du haut de sa chatre, de tel ou tel parti politique, auquel e~ fin de compte son je~n~ a~dit~ire ,ne peut ~n réalité rien comprendre. Aussi, pour qutconque a ete temolll d un enseignement pareil, il devient évident qu'il est destiné à produire à la longue des effets désastreux. Nous n'avons guère besoin d'ajouter qu'un maitre chrétien se gardera toujours d'entrer dans une voie si dangereuse pour lui-même et pour ceux auxquels il a affaire. . ,. . . . . L'instruction civique, avons-nous dtt, est l etude des lots, mstitutlons, usages qui régissent les membres d'une société politique. Fort bien. Mais alors s'offre à nous cette observation fondamentale : à la ba~e de cette société civilisée nous trouvons des règles de droit et de devoir qui sont invariablement les mêmes partout et toujours. La raison en est fort si_m_p~e: _suppri_m_ez ce fonds commun chez les nations et vous n'avez plus de CIVlltsatJon; vertté devenue plus évidente et plus saisissante que jamais dans la pleine lumière du christianisme. Ici, monarchie, république, uations disparaiss~nt pour faire place à cette vaste unité qui s'appelle le genre humain, et contient dans ses flancs féconds des variétés infinies, mais toutes obéissant, sous peine de mourir aux loi~ imprescriptibles de la morale éternelle dont le premier anneau' se rattache à Dieu. Il découle de ces lois que si nous nous pénétrons bien de cette vérité, Anglais, Français, Allemands. Russes, Italiens, etc., ne posent plus devant nous comme peuples, mais lai~sent la place libre a l'homme, dans la plus belle acception du mot, en face de son Créateur. Voila donc un point de vue hien vrai et .bien ~im~le en mê~e tem~s._que nous voudrions voir adopter par tout ma1tre mtelhgent, car 11 ne dtmmue en rien, absolument en rien, le sentiment si profond, si beau, et par conséquent si justifiable, de la nationalité. . La nationalité 1 c'est un très grand mot, parce que c'est une tres grande chose. Avez·vous jamais remarqué combien de ra_ci?es m~ltiples elle enf?nce dans 16 cœur humain? Pour nous, dans des peregrmauons renouvelees à divers intervalles dans plusieurs contrées de l'Europe, nous avons souvent étudié celle question avec un véritable amour. Le mot n'est pas trop fort. D'abord, c'est le pays lui-même habité par uRe nation quelconque qui a toujours son c~ractè~e propre. Qua~d vous entrez da~s c~yays. vo~s êtes singulièrl'ment etonne de trouver qu'tl a son odeur partiCultere. Ne nez pas d'une pareille affirmation, elle est plus vraie que ~ous ne pei?sez. Cett_e o!leur tient en général autant a la nature du sol qua la mamère de vtvre des habitants. Sept lieues seulement séparent la France de l'Augleterre entre Calais et Douvres. Eh bien, je l'ai éprouvé bien des fois, en abordant ~ Douvres, on est saisi sur le champ par l'odeur de charbon de terre qu1 envahit tout, prime tout, règne en souverain partout. en dépit de la rage des vents et de la tempête. Ce fait est tellement sensible que, si l'on me trans_portait profondément endormi de l'autre côté du détroit, je m'écrierais a mon réveil: Ah 1que m'arnve-t-tl donc? Je suts en Angleterre! . Tournons·nous vers l'Est, puisque nous sommes en train de voyager~ volonté et traversons le Rhin. Sur-le-champ, l'odeur du tabac vous sa1s1t dans l'~ir que vous respirez, dans le wagon qui vous em~orte! da~s les maisons où vous entrez et jusque dans les vêtements du votsm _a QUI vous parlez; rien n'y _éch~ppe; aucun coin ni r~coin n'en es~ affrat?cht, t_ellement tout en est impregne; c'est le parfum natiOnal, pourra1t-on dtre, SI tan~ esl que ce soit un parfum, Je suis parfaitement cou vaincu que l'Allemand y ttenl

171 à un des caractères propres à soi? pay~. et qu~ s'il est transporté

--·~··•"u'"" r!~~~~u~~tt:é7:i~~;c~~c!i~~~~~t~~~z!~~a{P!~r~!~s ses ~êves 'en ous sommes en Allemagne, nous f!OUvons pousser JUSQU en de steppes, de forêts immenses. let, la scène change et avec nous somm~;s en face de la gran•~e nature. Peu a peu1 11 "d''"a"n'"s"l'"·a'ir un e ~enteur universelle de ~apm et de boul~au, QUI d'un bien-être incomparable. Ce parfum _se comphque, en les vastes prairies, d'une odeur d'herbes fratches et de plantes vous enchantent. multiplier ces observations e~ les portant sur les c~raçtère~ de chaque pays d'où natssent des usages parllcuhers ~ mais iJ faut savoir se borner ; et ce que nous e~ avons,dtt en tirer une conclusion. Quelle est cette conclust_on? q est originaire de tel ou tel pa~s emporte par.tout avec lm ~ertames certains traits distinctifs, certam_s _chants qu 11retrouve t~uJours au son âme, et qu'il évoque a pla1s1r comme un tableau v1vant de la · s_e absente. ne reconnait le prodigieux effet prodmt· tout a· coup. sur.1e sms dans une lointaine région, quand le Ranz des vaches VIen t a retenttr ' on a vu parmi eux des homme~ de .fer ~on~ re en larmes! au seul souvenir de ce refram bten-a1me que répète st de leurs chères montagnes. sera bien autre chose, si. nou~ abordons, le. caractère moral o~ d'une nation; que de traits saillants et _ge_neraux, comme auss1 minusrules et délicats établtssent des differences fonda~entales v.....~,.;!!. et l'Anglais, entre l'Allemand et le ~usse, en~re 1h~mm~ ,.,.,,..,,m .. du midi 1 Minuties et caractères satllants QUI font 1, u~ute conséquent autant de patries diverses dans chaque regt_on. M'IU'QUOi en parler en ce moment? C'est qu'à mon sens le ma.ttre de l'enseignement civique pour montrer succe~s tve­ éléments divrrs qui consti~uent n~t~e caractèr~_n!'-twnal. et tout doit servir. Famille, rehgwn, pro1mete, cornsociale et politique sont c~oses que peut utiliser un maitre son enseignement et fatre na!lre dans le cœur de ses Il va sans dire que l'histoire et la puissants pour en allumer la flamme dans C'est une helle part faite au maitre. dans la plupart des pays européens, l'instruction inconvénient pour les élèves; seu_leme~t, on à part, comme en France, et surtout Ja ma t~. au l'objet de discussions irritantes. Depuis la by]p~r·boirbéeDJie en traversant l'Allemagne et l'Autriche jusqui confinent à la Turquie, vous la trouvez partout, de l'histoire. tantôt placée sous forme de récits dans Ml1trD.I~tA. tantôt encore sous la forme d'exposés propres Mlmalltre lois et cert~ines institutions du pays. Tout prétention; mais le maitre y joue un grand souvent, prend la place du livre, et son langage, Amit\ll'rll~•t quelquefois éloquent, touche profondément ses ,~~=~~ religieuse, jamais il ne l'aborde, si ce n'est pour lui ~ e& montrer la grande part qu'elle a eue parfois dans les

de l'histoire nationale. Aussi faut-il voir avec quelle cha· les enfants entrent dans l'esprit de ces entretiens et


s'éprennent peu à peu de l'idée, faite pour grandir avec eux, que leur pan est le plus beau et le plus puissant du monde 1 Sans doute, dans la t:Uile de la vie, ils seront obligés d'en rabattre. mais la plante du patriotisme, du vrai patriotisme, enfoncera dans leur cœur ses racines les plus vicaces. Voilà, selon nous, la part du maitre dans cette branche d'enseignemenL Nous verrons prochainement quelle doit être la part du livre. (Education). LA. LEÇON DE LE(JTlJRE

.Rans le coura supérieur et dam le cOUt"s moyen de récole pri1naire. Parmi les travaux entre lesquels se partage la journée d'un écolier, nous n'en voyons pas de plus utile et de plus fécond que la leçon de lecture. Non pas cette leçon froide, insignifiante et stérile qui consiste plutôfdans un exercice mécanique que dans un travail d'intelligence; mais la leçon de lecture bien comprise, qui est à elle seule tout un enseignement et de laquelle on se sert, non plus uniquement pour exercer la volubilité des élèves, mais pour leur inculquer une foule de connaissances qui ne trouvent leur place dans aucune autre section du programme. Lorsque les élèves parviennent au cours moyen ou supérieur, ils savent lire couramment, trop couramment même, pourrait-on dire, car ils atteignent au point de vue de la rapidité dans le déchiffrage des caractères une habileté qui ne laisse pas que d'étonner ~arfois. Cependant, peut-on affirmer qu'Us savent lire Y... Savent-ils donner a chaque mot l'intonation qui lui convient Y Comprennent-ils ce qu'ils lisent et saisissent-ils dans le détailla valeur réelle et le sens exact de chaque phrase, de chaque mot YEnfin, savent-ils trouver entre toutes les idées développées dans un morceau quelconque, le lien intime qui les unit, de telle sorte qu'ils puissent, une fois la lecture achevée et le livre fermé, raconter ce qu'ils ont lu en replaçant les idées dans leur ordre naturel et logique ? Nous ne le pensons pas. Nous ne croyons pas davantage qu'ils n'aient plus rien à apprendre en ce qui touche les sciences, l'industrie, les connaissances uselles. Et nous ne leur ferons pas injure en disant qu'ils ignorent encore la plupart des grands noms de la littérature française. Par conséquent, combien est vaste le champ à parcourir 1Que de choses à leur enseigner encore et dont la leçon de lecture seule peut fournir l'occasion 1 Mais pour obtenir de semblables résultats, il ne faut pas que la leçon de lecture soit et demeure un exercice routinier. Il faut que dans celle· ci, comme dans toutes les autres, le maitre fasse passer un peu de lui-même, c'est-à-dire ce qu'il a de savoir, d'intelligence, de vie, en un mot, pour activer et féconder un travail qui peut devenir, entre tous le plus intéressant ou le plus fasli· dieux. C'est ce que nous nous proposons de démontrer dans cette courte étude, en même temps que nous indiquerons les moyens les plus propres à tirer le meilleur parti de cette leçon. Cela nous conduit à parler i • du choix des sujets; i• de la préparation de la leçon; 3• de la part du maître durant cet exercice; &.• des travaux écrits qui peuvent l'accompagner. l • Choix du sujet. - C'est de celui-ci que dépend le plus immédiatement la valeur de la leçon, quant à ses résultats. Aussi n'est-ce point au hasard et à la fantaisie qu'il faut laisser le choix du sujet. Nous croyons qu'il serail bon de faire alterner des lectures d'ordre scientifique avec des lectures purement littéraires. La leçon de lecture est en effet le seul exercice qoi permette de donner dans l'ecole primaire quelques notions d'histoire el de

le redire: que le maitre choisisse à l'avance un mr les idées les plus générales de la lecture et oelles-ei que toutes les autres viennent, pour ainsi ee& exercice? Il nous semble que le maitre pour·

ltlot le morceau ou 1111e partie du morceau

ilt46lei'IIIIÏII181'a le ton à employer, fera sentir les nuances,

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Pois, ee sera le tour des élèves, qui on fragment. Il ne nous semble pas ann· au milieu d'un passage intéressant pour leur uu~R~Iuu, leur donner ou leur demander telle ou telle ,.,_..,......_ laisser embrasser à l'élève une certaine partie reofermer dans le détail. De plus l'intérêt que l'on .PU' disparaître si l'on coupe à chaque instant la riiPrit sur des points de vue nouveaux. Enfin, les ~nt être plus claires et plus complètes si elles d'aD passage que si elles n'ont rapport qu'à un

i:]i:1;:~ accompagner la leçon de lecture.

~

est terminé, la leçon de lecture est achevée ; les d'exeellentes choses ; tous semblent les avoir corn· que tous les reliendroot. Cependant nous n'osons


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point en être sllrs, car nous savons trop, par e~périence, combien est volage inconstante et légère l'attention des enfants. Pour que la leçon do lecturè soit vraiment profitable, il faudra la faire suivre d'un travail écrit. Quand la pensée n'est pas fixée par l'écriture, combien vile elle s'enfuit, et quelles impressions fugitives ne laissent pas en n?us les lectures et les conversations, même les plus attrayantes, lorsque les Circonstances ne nous forcent pas de les écrire et par conséquent de les coordonner et de les revoir dans le détail'! La leçon de lecture pourra donc donner lieu à divers genres de devoirs écrits. Ce sera tantôt une série de questions rappelant celles déjà posées et résolues à haute voix, re sera un récit, une narration rappelant les choses les plus intéressantes qui aur(lnt été dites. Les élèves pourront encore avoir pour tâche d'imiter le sujet en le reproduisant sous une autre forme, la forme épistolaire, par exemple. Ou voit dès lors que la leçon de lecture peut être un auxiliaire de l'exercice de rédaction, si difficile et si méticuleux pour le maitre. Nous ferons cependant une dernière remarquP. à ce sujet, c'est que nous voudrions voir tout exercice écrit, de ce genre, précédé de l'exercice oral correspondant. La leçon de lecture une fois terminée, et avant de dicter aux élèves le travail qu'ils auront à faire, le maitre fera reviser et coordonner à haute voix par un ou plusieur~ élèves tout ce qui aura été dit de plus important. Il pourra ensuite leur adresser des questions dans le genre de celles-ci : « Quelle est la chose qu'il vous semble le plus utile de retenir dans cette leçon'? » - Quelles conséquences morales peuvent découler de tel fait 'l • - Comment appréciez-vous telle action ou tel personnage 'l • etc. Ces questions pourront ensuite trouver lenr place parmi celles destinées à être traitées par écrit. Telles sont les observations les plus générales auxquelles peut donner lieu l'exercice de la lecture expliquée dans le cours moyen ou supérieur de l'école primaire. Ce n'est là qu'une sorte d'esquisse de ce que l'on pourrait écrire sur ce sujet aussi vaste qu'intéressant. Cependant, telle qu'elle est, et malgré sa brièveté, nous n'hésitons pas a communiquer à nos lecteurs cette trop courte étude. A leur expérience d'achever ce que notre plan peut laisser d'incomplet. Leur intelligence et leur zèle sauront, nous en sommes sllfs. se servir de ce;; remarques pour leur propre bien et pour celui de leurs (Education). élèves.

Maximes et pensées du Père Girard. La logique doit enseigner le chemin de la vérité et l'enseigner

a tous; car

il est une logique pour tous les états et tous les âges, logique de la vie qui

doit trouver une place dans l'éducation. Elle pourrait commencer par indi· quer aux élèvbS les trois grandes sources du vrai: l'expérience, le témoignage et la raison. Plus on insiste sur le calcul et la géométrie, plus il est nécessaire de les accompagner d'une logique lumineuse. Il faudra faire concevoir à la jeunesse que l'évidence ne saurait être partout, que les démonstrations rigou· reuses ont leurs objets et que la vérité se rencontre aussi sur un autre chemin. A la manie de tout démontrer, il faut opposer de bonne heure l'autorité de la conscience et du témoignage, et donner à chacun ce qui lui appartient (18i0). ,: ,., Une instruction qui ne parlerait que de la culture de l'esprit serait une véritable séduction pour les jeunes gens qui n'ont ni assez vécu, ni assez réfléchi pour sentir vivement que c'est par le cœm· que l'homme est tout ce qu'il est.

La chose que je regarde comme la pl~s i~portan.te, c'est de ~rayer

juvénile les idées élevées, d~ man~èr.e a en fa.•r~ leur patrm:ome inr.ulquer au moyen de l a~s~c1at•9n des 1dees pour quelles llllatssent dans la conscience. Je voudra1s 1mpnmer au cœur de 1enfant la chrétienne pour y maintenir le sens chrétien (:1.827). L'homme agit comme il aime et il aime comme il penst~. Les mots et les pensées pour le cœur et la vie. Voulez-vous savoir vous pouvez rendre la conduite des enfants bonne, régulière et inspirez-leur des inclinations pures, honnêtes, bienveillantes et nous agissons comme nous aimons Et ces inclinations, comment '! Familiariser les élèves avec les pensées élevées qui carresavec ces inclinations dans l'esprit des enfants, car nous aimons ____ _-- ·-c pensons; les pensées forment le cœur et le cœur forme la conlà la règle. Cette règle souffre néanmoins des exceptions, car on 110rait enlrainer la liberté, on ne peut que la diriger. Prévenir les fautes, c'est la sagesse de tout gouvernement, qu'il ait à conduire ou une école d'enfants. Les fautes des petits sont corn· uement l'inapplication qui dégénère en oisiveté, le mensonge, la mutinerie et c'est précisément ce que la forme de nos études (l'enseigne· tend à bannir de nos écoles ... La. petite société ne peut sans de peines et de r~compenses. Les meilleures précautions ne •~~~t-nr•~venir toutes les fautos dans une école publique qui reçoit tout pn:~~tant:, les enfants négligés des pauvres, comme les enfauts gâtés nous bannirons d'aborJ les peines corporelles, car elles et dégradent le cœur au lieu de le corriger et il faut en pour qu'elles aient de la force. Pour lt:s fautes graves, voler, frapper ses camarades, les dénoncer et se réjouir du rtor•nnrtr" insolemment à ses maîtres ou aux moniteurs et se eux, il y aura un registre intitulé le Livre noir. On y portera ..uu'l'"'"'"'; chaque semaine le livre sera ouvert devant toute composé des moniteurs et d'autant d'élèves choisis dans les connaîtra du délit. Le délinquant sera amené devant le trid8l'eoclra, les juges pronJnceront, et le mailre, ayant recueilli les ~;;:!~;1:~ la sentence, s'il n'y a pas lieu à la réformer. Ce dernier ~ rarement qu'on ne pense. Les enfants ne se trompent sur-le-champ le vrai côté de la question et le jugement est celui de l'impartialité; cet appareil est imposant et doit l'être imlll'l!!t!linn_Il décharge le maitre de l'odieux d'une sentence isolée opinion dans l'école et des mœurs sans lesquelles les plus belles ne dont que de vaines paroles. Les punitions à infliger par ce ""J~·...,..par un r.ode affiché publiquement et souvent promulgué. dans la réprimande, à porter un écriteau indiquant la nature mi& en réclusion. Quant aux récompenses, nous n'avons pas ~ en frais, l'organisation de l'école y a pourvu. L'élève d8Tlent moniteur, il a pour prix d'ailleurs le sentiment de -.lees rend et de sa dignité. C'est une récompense ~IIDtiiDID8llll humaine. Il est bon qu'il apprenne à la goû.ter L poreté au milieu d'une société où souvent le mérite "ll!l•llepllblNiqC1omos ne crain~rons c~p~ndant pas d'ajouter quelques 18 à ce témOignage mt1me de la conscience (1816). ..,.

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176 'V'.&BIB!I!'BS POÉSIE

La Crola •or la Montagne. Salut 1 aigne immortel, arbre dea blanches ctmes, Symbole rédempteur qui fais vibrer mon luth, Bois sublime et sacré debout sur les ablmea, Céleste pavillon, ô croix des monts, salut 1 Le pâtre aime à te voir, le jour, dans la lumillre, Suspendue à l'azur comme une clé dea cieux, Et le soir, à tes pieds, l'enfant de la chaumière S'en vient prier pour ses aïeux. Et lorsque le soleil à l'occident se plonge, Comme un ange de feu dans le gouffre béant, Ton ombre qui grandit dans la plaine s'allonge, Et ton bras dans les airs masque l'astre géant. Tandis qu'au fond des bois la nature sommeille Sous le dôme profond du ciel illuminé, Lampe du firmament, une étoile vermeille Brille sur ton arbre incliné. L'aube semble de toi faire jaillir sa iamme, Car ta face se dore à son premier rayon, Et dominant les cieux, tu parais être l'âme De l'immense réveil de la création. Quand le nuage ardent de pourpre te décore, Comme pour nous voiler le Christ agonisant, A travers ce linceul tu parais rouge encore Des chaudes gouttes de son sang ; Et du sein de la nue, auguste et solitaire, Tu sembles présider au sort des nations ; Tu vois l'homme, néant, s'agiter sur la terre Et sans cesse passer les générations. Mais à tes pieds la foi vient poser sa couronne, Sur ton bras doucement le passereau s'endort, La brise te caresse et l'éclair environne Ton front d'une auréole d'or. Quand près du gouffre sombre, où le flot noir s'ablme, Le pâle voyageur en tremblant vient s'asseoir, Si d'un regard d'envie il contemple l'abime, C'est toi qu'il voit briller dans les ombres du soir. Alors son cœur reprend l'espérance et la vie, Il se lève plus fort, disant tout bas : - Je crois! Et de la fleur des monts, au frais buisson ravie, Il te couronne, ô sainte croix 1

Note de l'Eàiteur. - La pièce de vers qui précède a pour auteur M. Louis Gross, ancien conseiller national et Crere de M. le préret et teur scolaire du district de Martigny. C'est un des épis tirés des tiques, nom donné à ce charmant recueil par un ami du défunt, ancien conseiller d'Etat.



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