No 03 l'Ecole primaire, 24 décembre 1887

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SIO~

VIm• ANNÉE

2<1 DéceDlbre 1886.

LÉCILE PIIMAIIE 1

REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA

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SOMMAIRE Attenti on.-- Bâtiments et mobilier scolaires (suite).- Enseignement de la composition (suite). - L'enseignement de l'orthogra phe. - L'é ducation des aens à. l'école primaire. - Mémorial d'un insti tuteur (suite et fin). - Des obstacles que les d éfauts des enfants opposent à. l'éducation. - Sujets donnés aux examens de recrues. - Variétés. - Annonces.

pour Orchestres, Fanfat·cs et Musiques d'.ha_m _on,...i_e_.-,--.--:--:'

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Tout oe qui oonoerne la pubUoaUon doit 6tre adressé i. l'éditeur : M. P. PIGNAT, seorét. au Départ. de l'Instruction publique, à Sion.


N· 3.

Sion, 20 Décembre.

1886-87.

ORGANE DE LA

• SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION.

Nou v"lle méthode de caliigraphie eu 5 cahiers rendue obligatoire pour toutes les écoles françaises des c~ntons de Fribourg, Berne et Vaud. Cette méthode, après avoir été remaniée par M Hopfner. directeur de l'école des élèves-instituteurs, à Sion, vient également d'êlre rendue obligatoire pour les écoles françaises du Valais. En vente dans toutes les lillrairies. On outre le même auteur oiTrc pour être vt>ndu à to cent. et dans toutes les écoles du caotou un exccllrnt eahier de 40 pages, ligné ou blanc avec buvard. Bonne remise au vendeur. J. Gun.LOUD, Lausanne. Carte de la Suisse occidentale, dressée par M.

géographe, à Berne. Dans cette nouvelle édili(ln d'une carte estimét:, M. Mülhaupt a fait figurer tous les nouveaux chl'mins de fer en exploitation; Il s'en trouve une jolie collection à la frontière du côté de Chambéry, du Jura français, du Val d'Aoste, etc.; le Pont-Vallorbes; il y a ajouté les tracés des projets actu~ls du Simplon et de la vallée de Zermatt, de Drigue à Airolo, du roi Ferret et Grand St·Bernard, de la Faucille et du Mont-Blanc, du pied du Jura vaudois avec embranchement sur Morges, de VPvey à Chillon, de Lausanne au Signal. Echalleos-Bercher, Val-de-Joux, de Bulle à Chàteau-d'OEx et le Simmentbal, du Brünig, etc, Cette carte se vend au prix modique de 2 fr. et peut être recommandée pour cadeau. Elle est non seulement remarquable au point de vue de son actualité, mais encore par la beauté du relief des montagnes, ~ans que la lisibilité des noms en souiTre, la clarté des lignes de chemins de fer et des projets, et les innombrables détails dont tlle s.e compose. L'éditeur de l'Ecole primaù·e la !)fOcure au prix ci-dessus. \\tULnAuPT,

Préparation aux examens. Conférences pédagogiques. Envoyer compositions et 50 cent. pour correction et renvoi à M. Charron, (Instituteur pourvu du brevet supél'ieur et du cer-tificat pédagogique), à Montboury (Loiret. - France). L'INFIR:t.IIER DE Li\. Jlt\.ISON ou Conseiller médical des familles, par le D•

LOUIS, un fort volume in-t2, - Prix 3 fr. !\ons ce titre, un ouvrage intéressant et très 11tile, vient de paraître à la librairie H. TREMBLEY, à G~nève. Ce petit traité de médecine domestique, fait sur un cadre entièremeoL nouveau, est le résultat de nombreuses observations, et le fruit d'une expérience de 50 années. On y apprend à tirer un parti souvent merveilleux, des remèdes les plus faciles et à la portée ùe tous. On y donne également d'excellents conseils pour la plupart des cas de maladies, même les plus graves, en l'absence ou l'éloignement du médecin. Enfin, et c.'est là ce qui fait le pri ncipal mérite de l'ouvrage, on y fait connaître plusieurs précieu~cs dêeouverles, sous le rapport de médicaments dont les uns ont été expérimentés réce.nment, tandis que d'autres. tombés dans l'oubli, ont été retrouvés . Nous croyons ce modeste ouvrage appelé a rendre de vrais services dans toutes les familles. En '/:ente dans tout~s les librairies.

ATTENTION Nos abonnés du Valais sont priés de réserver un bon accueil au rambours d'abonnement à • l'Ecole primaire» (pour 1886-87) qui sera lancé avec le N• 4 ou 5, lequel sera accompagné de la. prime.

Les bâtiments et le mobilier scolaires. (Suite.)

Ceux qui suivent la marche de l'instruction primaire de notre canton, ~nt pu constater un progrès lent, il est vrai mais réel dans ces d~rnH'rs temps. Depuis dix ans que les exam~ns de recrues sont Imposés, les écoles valaisannes ont constamment marché en ~'rant pou~. se mettre au niveau de celles des autres cantons. A 1 h~~-e qu 1l est, ~lies en sont assez rapprochées pour que nous pmsswns entrevOir le moment où la moyenne générale du Valais po~rra figurer_ avec honneur à côté de plusieurs cantons topographiquement m1eux placés que le nôtre. Nous ne craignons pas de h~sarder cette a_ssertion, dûL le résultat de cette année, qui ne laisse au_gurer nen de bon, nous valoir un recul momentané. Ce but seraJt peut-être déjà atteint si les districts dont nous avons parlé plus haut, avaient déployé le zèle de certains autres Mais malheureusement, il fa?t l'avoue: à leur hont~ et à notre ~egret: quelques-uns sont restes en arnère, ne se lmssant stimuler ni par l' ~onneur national, ni par une légitime ambition d'occuper de meilleures places, ni par Je bien général du pays. Trop de communes se sont montrées peu empressées à suivre le louable mouve!llent qui poussait les autres à améliorer l'in:struction popula1re. Si l'on parcourt les rapports de MM. les inspecteurs on constate avec peine que ces mêmes communes n'ont en out~e rien fait ni p~ur les bâtiments, ni pour le matériel, ni pour les fournitures scolaires. Grâce à cette négligence impardonnable des autorités locales, de grandes communes se trouvent dépourvues de maison d'école. ~Ile~ se contentent de cherchee chaque année, chez tel ou tel particulier, une salle quelconque qui n'est qu'exceptionnellement


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S4 assez vaste, toujours trop basse et le plus souvent mal éclairée. Les alentours de ces salles ne préoccupent pas non plus les édiles de ces villages. Qu'elles soient entourées d'étables, de granges ou de jwmassières; qu'elles se trouvent au rez-de-chaussée ou au second étage; qu'elles soient facilement abordables ou non ; que des escaliers commodes ou de véritables casse-cou y conduisent ; que ces pièces soient ou non favorables à la santé des enfants : ce sont là des détails qui échappent facilement à ces élus du peuple. S'inquiète-t-on des dimensions que doit avoir une bonne salle de classe pour que le maître puisse tourner autour des tables, placer les élèves en cercle devant les lableaux, donner aux bancs la direction exigée par la disposition et l'orientation de la salle? Pas davantage. Rarement des chambres louées et improvisées réuniront les conditions que la loi prescrit pour de bonnes salles de classe. Raison de plus pour l'Autorité supérieure de veiller avec soin à l'application stricte d'une loi dont la sagesse n'est plus à démontrer, loi qui veut des locaux sains, éclairés et spacieux. Elle n'aura qu'à se féliciter, dans un avenir peu éloigné, de cette vigueur tardive, et les communes averties, morigénées, mises à l'amende au besoin, lui sauront gré de cette paternelle sévérité : car elle leur aura valu une recrudescence d'énergie, et partant un nouvel effort vers le bien. Il est facile à chacun de voir les inconvénients que peut amener cette exiguïté des locaux. Non seulement les enfants en souffrent au point de vue de la santé corporelle, mais encore sons le rapport du développement intellectuel. Faute de place, M. le régent renverra une partie des élèves après un exercice de lecture. L'enseignement intuitif, le calcul et surtout l'écriture seront complètement négligés ; les élèves ne commenceront à écrire que fort tard, quand déjà ils seraient en âge de faire des devoirs. Dans d'autres communes le défaut de place ne permettant pas de réunir tous les élèves à la fois, on les partage en deux divisions , dont l'une fréquente le matin et l'autre le soir. De cette façon, les enfants n'ont jamais plus de trois mois de classe au lieu des six réglementaires, qui, comparativement aux autres cantons, devraient être au moins le nec plus ttltm des concessions à faire à notre situation. Comment le mobilier, le plus souvent, est-il ajusté à ces salles improvisées? Chaque année celles-ci changent de dimensions, et il est impossible de renouveler le mobilier toutes les fois. Les bancs seront tantôt trop longs, tantôt trop courts et, cela va sans dire, on les placera comme on pourra, sans trop s'inquiéter de la

85 direction de la lumiP.re qui, d'après les prescriptions pédagogiques devrait toujours venir aux élèves du côté gauche.

_ _(La fin au prochain nwnéro.)

ENSEIGNEMENT DE LA COMPOSITION (Suite).

Nous allons donner pour exemple de ces compositions telles qu'elles devraient être.faites par les élèves; ensuite nous i~dique­ rons ?omment elle doit leur, êtr.e exposée et expliquée, et les exercices auxquels cet expose, fait au tableau noir 'doit donner lieu. Voici cet exemple. '• LES PLANTES

Les plantes, appelées aussi végétaux, couvrent la surface de la te:re. Il Y. a plusieu~·s espèces .de plantes. Il y a les plantes alimentaires, qui servent a la nourriture de l'homme et des animaux· les plantes médicinales. avec lesque_lles on fait, des remèdes pour les'malades; les plantes ligneuses qm servent a la construction des maisons, à la confection des meubles, des outils, des instruments agricoles, au chauffage des appartements, à la cuisson des aliments · les plante.s textiles, avec lesquelles on fait de la toile, comme le cha~vre et le lin ; les plantes tinctoriales, qui sont employées à teindre les étoffes, et. l~s plantes vénéneuses qui sont un poison, mais qui servent auss1 a combattre certaines maladies.

Les mots principaux de ce travail sont écrits au tableau noir :

Ies.no~s au. singulier, les adjectifs et les participes passés au mascul.ll!. smguhe~,.les verbes des t.emps simples au présent de l'in-

.fimtü, le partiCipe présent, tantot au présent de l'infinitif tantôt sans chan9emen~, selon le degré de clarté que le cas p~ésente. Ce~ ~xpose 0onshtue ce que tout Je monde appelle • un canevas .• VoiCI donc le canevas de la composition ci-dessus. LES PLANTES

. Plante, appelé aussi végétal, couvrir surface terre avoir plusteurs esp~ce plante - avoir plante alimentaire, servir nourriture homme ammal - plante médicinal lesquel faire remède malade plante ligneu servir construction maison, confection meuble outil instrument agricole, chauffage appartement cuisson alim~nt _: pla~te textile, lesq:uel faire toile, comme chan~re lin - plante tinctortal, employé tcmdre étoffe, et plante vénéneux poison mais servir aussi combattre certain maladie. ' Cet exercice devant servir le lendemain de dictée à toute la c~asse, sauf. la 1,. section, e~t aussi eopié par la division supé-

neure; mrus a,·ant de se hvrer à cette copie il est fait sur ce canevas, les exercices qu'il réclame. ' ' L'école étant attentive, les yeux fixés sur le tableau noir le maitre lit, jusqu'au premier trait, les mots tels qu'ils se trou;ent


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au tableau. D'un trait à l'autre les mots forment un sens complet. dans la composition et la dictée, le trait sera remplacé par u~ point, un point-virgule ou deux points. Le maître forme ensuite avec ces mêmes mots, une phrase correcte, telle qu'elle sera die~ tée le lendemain ; il en explique les parties, le sens, et la commente même au besoin. Après cette phrase, le maître lit les mots qui suivent jusqu'au 2" trait, et il procède comme la première fois, et ainsi de suite jusqu'à la fin. Il revient de nouveau au commencement en formant les phrases du premier coup, mais lentement; il s'arrête aux mots variables et à ceux qui ne figurent pas dans le canevas, et il en demande l'orthographe à un élève de la 2• section. A chaque erreur il corrige, fait les explications voulues, et rappelle au besoin la l'ègle grammaticale. Cet exercice terminé, le maître relit posément et intégralement la composition, et l'élève déjà désigné la répète après lui. A chaque expression ou tournure fautives, le maître corrige. Ce canevas copié proprement par les élèves, est suivi de la leçon d'écriture pour la 2• section, afin d'occuper aussitôt les plus habiles, tandis que la division supérieure peut prendre uu autre travail. La c.omposition est faite à la maison, par la 2• section, la division supérieure ayant un autre sujet à traiter. Elle est remise le lendemain, au moment de commencer la dictée, dont le texte est le même pour les trois sections supérieures, c'est-à-dire la composition de la 2" section. Le lendemain matin, la dictée est faite d'abord à la division supérieure, après avoir déposé les cahiers dans lesquels se trouve le canevas de cette dictée. La 2• section profite de cette circonstance pour corriger les fautes de style, en même temps qu'elle s'occupe d'un autre travail, comme le calcul ou l'écriture. Cette correction peut être faite d'une autre manière encore. Le maître lit lentement la dictée, mais sans arrêt ; les élèves saisissent au passage et corrigent, sans précipitation, car le maître revient à peu près au commencement et répète la lecture, ensorte qu'après quelques répétitions, toutes les fautes de style sont corrigées: c'est là une manière prompte de corriger un grand nombre de compositions à la fois, lorsqu'elles sont faites d'après un canevas facile, ce qui est le cas des commençants. Les fautes d'orthographe sont corrigées lorsque l'épellation se fait, après échange des cahiers à la division supérieure. La 2" peut encore se rendre compte de ses fautes, lorsque la critique en est faite, ce qui a lieu immédiatement après l'épellation, où le maître lit lentement la dictée et est interrompu par la répétition du mot fautif aussitôt (A suivre). qu'il vient d'être prononcé.

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L'enseignement de l'orthographe. L'orthographe ... une ennemie sans doute et une ennemie redoutable, car elle a été attaquée avec persévérance et avec toutes sortes d'armes. Un jour, la cour de Napoléon III crut y trouver un sujet d'amusement : on fit une dictée au palais de Fontainebleau · l'empereur commit 8 1/2 fautes, l'impératrice 26, les ducs comtes' maréchaux, je ne sais combien, et l'on plaisanta M. Ro~land o~ M. Duruy de n'en permettre que trois aux aspirants au brevet de capacité. Plus tard, ~·orth?,gmphe fut prise .à partie par la presse, de hautes personnalltés hnsultèrent. Les mgrats 1 ils oubliaient que l'étude de l'orthographe avait jadis développé chez eux l'esprit d'observation, avait contribué puissamment à leur donner l'intelligence de cette langue dont ils se servent si bien. Ils oubliaient aussi que, quand ils reçoivent une supplique émaillée de fautes d'orthographe, ils la jettent dédaigneusement au panier. C'est que, voyez-vous, une faute d'orthographe ne se pardonne pas .. A-t-on jamais reproduit l'abdication de Louis-Philippe sans souligner la faute de participe que le pauvre roi éperdu y a laissé échapper? Telle est l'importance de l'Mthograpbe. Pourquoi 1 Mon Dieu, parce qu'elle donne tout de suite Ja mesure, sinon de la ~aleur .d'un homme,du moins de sa culture d'espt•it et de son éducation: c ·est pour cela, et non, comme on le donne à entendre, par étroitesse de vues ou par une affectation de pédanterie qu'on lui fait une part si large dans les examens et concours. ' Il faut sans doute savoir parler sa langue maternelle mais il f~ut aussi sav~ir l'écri:e .: la langue français~ ~st une coquette qui n entend pas etl'e habillee de loques ou co1ffee de travers ; elle sent que la moindre faute d'orthographe la dépare, la déshonore en quelque sorte, et l'auteur en est cruellement puni par l'opinion. Seulement c'est une bien rude tâche que de former les enfants de nos écoles primaires à satisfaire toutes ses exiO'ences nous po~ ~ons dire toutes ses fant.aisie~ sous ce rapport, tl et icl, plus qu 111lleurs, nous avons besom d appeler à notre aide toutes les resso n~ces q~e peuvent n~us fourn.ir notre propre expérience et celle d autrui. Nos de\'ancwrs avruent une grande foi dans les exercices cacographiques, dans des dictées composées ad hoc c'est-à-dire dans des dictées où les difficultés étaient accumulée~ à plaisir, le plus souvent sans respect pour le bon sens et le bon goût. Ces procédés sont considérés aujourd'hui comme barbares et le temps en a fait justice: les cacographies n'ont plus cours · et l'on se défend de recourir aux dictées laborieusement accom~ modées pour l.es, besoins de la règle on de la technologie. Quelle méthode ou, SI 1 on veut, quel ensemble de procédés convient-il


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de substituer à tout cela pour faire mieux et plus vite s'il est possible? Telle est, il me semble, la question qui nous est posée et que, pour ma part, jr vais chercher à résoudre, en faisant appel à mes lectures et à mes quelques années de pratique. Tout une qu'elle soit par elle-même, l'orthographe se dédouble en orthographe d'usage ou orthographe des mots, et en orthographe des règles ou orthographe grammaticale. D'une manière générale, il y a pour l'une les yeux et la pratique: l'orthographe des mots est une science d'aspect, une routine, une habitude. Pour l'autre, il y a un code de lois sinon toujours rationnelles, du moins assez nettement formulées et sur lesquelles l'entente a fini par se faire à peu près. Ce code, on le devine, c'est la grammaire, qu'il faut, à tout prix, savoir et savoir appliquer. Ces deux orthographes, nous ne les séparons que par la pensée et pour être plus à notre aise quand nous spécifierons les procédés qui conviennent particulièrement à chacune. En fait nous les conduisons de front et nous les amenonR à s'entr'aider: Cependant, logiquement, le mot précède et Jes règles auxquelles il est soumis ne viennent qu'après. Pratiquement, il vient aussi le premier et c'est par lui que nous commençons. Ici, nous avons à constater un progrès sur le passé. Nos élèves apprennent simultanément la lecture et l'écriture... l'orthographe, par conséquent. Oui vraiment l'orthographe : en écrivant la syllabe, le mot, la petite phrase qu'il vient de lire l'enfant apprend à représenter par J'écriture cette syllabe, ce mot' cette petite phrase; c'est autant d-'acqnis; c'est, dirions-nou~ volontiers, autant de pris sur l'ennemi qui, pour le moment est notre ignorance native. Et quand la méthode de lecture aur~ été ainsi parcourue, que de mots usuels il~ saura déjà composer ou reproduit·e d'une manière correcte! En outre, rien n'aura empêch_é que, .chemin faisant, il n_'ait été mis en possession des prem1ères regles de la grammrure : règle générale de la formation du pluriel, de la formation du féminin dans les adjectifs, d'accord de J'adjectif avec le nom et même du verbe avec son sujet. Oui, du verbe, car, à nos leçons de lecture, nous aurons mêlé des exercices de conjugaison: nous aurons fait conjuguer de vive voix d'abord, puis par écrit, le verbe é~re, le verbe avoir; et au moins quelques temps des grands verbes donnés comme paradigmes, comme modèles par toutes les gt·ammaires. Ceci obtenu, nos élèves sont en état de faire des petites dictées appropriées, de copier quelques passages bien expliqués et bien compris de leur livre de lecture, des listes de mots ttsttels dûment choisis ef'offrant quelque chose à leur intelligence. Nous soulignons le mot usuel

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parce que nous posons dès maintenant comme principe que, dans leurs prëmières années d'école surtout, nos élèves doivent se familiariser particulièrement avec la langue qu'ils auront à parler et à écrire dans le milieu où s'agiteront leurs petits intérêts et où, selon to ute probabilité, s'écoulera leur modeste existence. C'est pour cela, disons-le tout de suite, que nous appréci011s médiocrement les dictf>es - comme les autres devoirs du reste - envoyées de loin par la poste et empruntées à n 'importe quel auteur. Ces devoirs exotiques ont du bon : ils donnent la note; ils contribuent à maintenir, peut-être à élever le niveau des études; ils fournissent d'utiles points de comparaison , ils sont des sources où l'on peut puiser. Mais employés tels quels, ils favorisent la paresse, privent nos maîtres de toute initiative ct deviennent une véritable plaie pour notre enseignement. • L'instituteur, dit quelque part M. Gréard, sans se priver des ressources que lui offrent les recueils spéciaux, doit s'habituer de plus en plus à chercher luimême ses textes de dictée dans les œuvres classiques, à créer ses exemples ou à les faire créer par ses élèves avec les matériaux que fournit l'enseignement de sa classe. •

(A su-ivre.)

L'édueati4•n des seu8 à l'école primaire. L'éducaticn des sens comme base de l'enseignement primaire prend de jour en jour une place plus considérable dans les préoccupations des spécialistes les plus autorisés. A cet égard on signa le un mouvement marqué qu i entraîne dans cette direction la pédagogie danoise, suisse, allemande, américaine : la Contemporm·y Review donne sur le même objet un important article de sir Philip Magnus, avec ce mot pour épigraphe: " Le travail manuel est l'étude rlu monde extérieur. • Le but premier de l'éducation étant de mettre l'esprit humain, en relation directe avec ce qui l'entoure, nous dit M. Magnus, et cette communion n'étant possible que par l'intermédiaire des sens, on ne saurait trop insister sur le soin qu ïl faut prendre de les cultiver. De ces sens, à l'aide desquels nous connaissons le monde extérieur, il en est deux, celui du toucher et celui de l'activité musculaire, qui jouent un rôle particulièrement essent.iel dans la détermination des grandeurs, des formes et des résistances : on devrait donc s'attendre à ce que l'exercice de la sensibilité tactile de la main et du bras sont un des facteurs notables de toute éducation. Il n'en est rien encore, et c'est à peine si l'instruction primaire commence à se dégager de la coutume traditionnelle qui consiste à farcit· de mots et d'opinions toutes prêtes la cervelle des enfants, au lieu de leur apprendre à faire connaissance per-


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sonnelle avec les choses. • L'introduction du travail manuel dans nos écoles importe, a dit sir John Lubbock, non seulement à raison de l'avantage qui en résultera pour la santé des enfants non seulement parce qu'il développera l'adresse de la main consi~ dérée comme instrument, mais surtout pour ses effets directs sur l'intelligence même, • C'est ce qu'il importe de bien comprendre. Par travail manuel dans les écoles, on entend communément l'usage des principaux outils, du fer et du bois. Il ne faut pas se lasser de répéter que le véritable but de ce travail, introduit dans l'éducation générale, n'est pas d'enseigner à l'enfant une profession donnée, mais simplement de développer ses facultés intellectuelles et physiques, sa connaissance réelle des choses et son adresse. L'établi du menuisier, l'enclume du forgeron peuvent être employés à cette éducation sans qu'il s'agisse pour cela de faire un menuisier ou un forgeron ; leur effet doit être surtout de familiariser l'élève avec les propriétés du bois et du fer, d'habituer son œil et sa main à travailler de concert, de l'accoutumer aux mesures exactes, enfin de ~ui apprendre à exécuter avec ses outils un objet dont on ne lui fournit que l'image dessinée. La discipline de l'atelier doit en ce sens être considérée comme complémentaire de celle de la classe de dessin ; elles sont inséparables ; l'une donne la connaissance de la forme, l'autre celle de la

prendrait probablement pas plus tard, tandis que l'objet véritablE> de cet enseignement doit être de lui inspirer le désir de compléter par lui-même les connaissances à l'école, En d'autres termes, l'école primaire doit être autant que possible, le noviciat de la vie active, et les maîtres doivent par dessus tout ~'attacher à faire que la transition de ru~ à l'autre soit aisée et naturelle. Pour cela il importe que les méthodes par lesquelles nous nous procurons l'in formation et l'expérience soient les mêmes sur les bancs de l'école que dans le combat pour l'existence.

substance.

Il est inutile de démontrer que ce développement de J'adresse manuelle peut être utile dans tùutes les circonstances de la vie. Mais combien il doit l'être plus encore quand il s'agit d'un enfant destiné à l'exercice et qui n'aura vraisemblablement pas d'autre éducation que celle de l'école primaire 1 Du coup, il sera fixé sur ses aptitudes, se trouvera tout prêt pour l'apprentissage: pourra en abréger le temps et devenir plus vite un ouvrier utile. On objecLe parfois que les enfants des classes laborieuses quittant l'école de bonne hem·e et devant précisément consacrer leur vie au travail manuel, il vaudrait mieux ne pas réduire, pour le donner à ces exercices de la main, le nombre des heures qu'ils peuvent consacrer à la lecture, à l'écriture ou au calcul. Cette objection repose précisément sur une fausse appréciation du véritable but de J'éducation et aussi sur une connaissance imparfaite de ce qui se fait ou doit se faire dans les ateliers annexés aux écoles. Tenir pour démontré que le meilleur enseignement est celui qu'on puise dans les livres, c'est se cramponer à un préjugé contre lequel protestent tous les maîtres de la pédagogie moderne. Mais il y a encore, au fond de J'objection dont nous parlons, une autre erreur plus flagrante. On considère trop souvent l'éducation primaire comme destinée à enseigner à l'enfant ce qu'il n'ap-

MÉMORIAL D'UN INSTITUTEUR (Suite et fin.)

Lundi, 23. Hier dimanche, les devoirs religieux n'ont pas ab'3orbé ma journée entière. J'ai fait quelques bonnes lectures; j'ai copié quelques modifications, et j'affiche aujourd'hui dans ma classe un règlement disciplinaire qu'on nous a donné à l'école normale; j'en attends de bons effets. Au lieu de cette discipline négative qui consiste à toujours reprendre, gronder, punir, voici du moins un mode de tenue de classe plus actif, qui doit exciter au bien en encourageant les efforts et en faisant consister les punitions dans la suppression des bonnes notes. L'emploi des bons et des mauvais points a un peu étonné mes élèves; les plus jeunes, qui les reçoivent en nature, c'est-à-dire en petits carrés de papier rouge, ont paru très-contents de les porter à leurs parents ; les plus grands s'inquiètent des bonnes et des mauvaises notes que je vais marquer et qui doivent se compter le samedi, ponr déterminer le classement dans chaque division. Je me suis montré un peu facile aujourd'hui dans la distribution des bons points et des bonnes notes. Mais je me réserve d'en être plus avare quand ils auront pris cours, afin d'en maintenir le prix à une certaine hauteur. Plusieurs de mes confrères disaient avoir essayé ce système sans succès; mais on leur répondit que, par défaut de mesure, ils avaient sans doute donné beaucoup de bons ou de mauvais points à la fois, et qu'ensuite ils avaient négligé d'attacher une sanction à ce mode de discipline en le rattachant à un ordre plus élevé de récompenses, comme le classement hebdomadaire, les bons billets aux parents, les bons petits livres de Rion, pour 50 ou 100 bons points, etc. En tout cas j'essaye et je me rendrai compte jour par jour, de l'effet produit et des précautions à prendre pour seconder l'action de ces moyens usuels et faciles de discipline journalière. Mardi, 24. Je reconnais de plus en plus qne les difficultés matérielles sont presque toujours le point de départ des difficultés morales. Ainsi des élèves de taille differente se trouvaient assis à la même table; plusieurs d'entre eux étaient gênés; j'ai trouvé moyen de proportionner


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la hauteur du siége à la taille de chacun, et ils ont mieux écrit ; de plus quand les plumes sont fraîchement taillées et les pages bien blan~hes, les enfants sont tous portés à s'appliquer; toutes les premières lignes de page sont mieux écrites qu? les autres; :fen ai ~iré cette conséquence, qu'il serait bon de substituer les petlts cah1ers aux grands, car l'envie de s'appliquei\ se renouvelant .plus f~équem­ ment on évite de faire couvrir en pure perte des pages mtermmables, toujo~rs salies et brouillées avant d'être au quart r emplies. Mais, après avoir ôté tout prétexte à ~a négligence d~s.e?fant~, il r?s~e encore au maître à faire preuve d une gr ande activite et dune v1g1lanee infatigable. Malgré mon désir de gouverner paternellement n;es. élèv?s, j'~voue que j'ai été 'démonté aujourd'hui par un enfant tres mdoe1le : 1l est constamment en mouvement et il dissipe ses camarades par ses taquineries. Je ne sais com~ent le contenir; aussitôt l'~~serva~ion faite il r ecommence de plus belle. Cet enfant semble auss1 msens1ble aux 'menaces qu'aux promesses. Les punitions ne produisent aucun effet sur lui . Que faire~ . . . .. , Je trouve dans mon cahier de notes cette réflexwn qm repond deJa en partie à la difficulté quo je viens de consigner ici : Chaque enfant a un côté sensible, quel que soit son caractère; obse1·v~z-le, vous trouverez le point vulnérable, et vous le tiendrez en cramte qnand vous~ voudrez. Mercredi, 25. J'obtiens bien difficilement que les élèves n? parle~t pa~ ~n ~l.as~e sans ma permission ; je croirais cette réforme Impossible Sl Je n eta1s réconforté par ce conseil fort sage : Il ne faut pas accepter comme obstacle serieux une mauvaise habitude,· il faut (aire prendre une habitude contraire, en usant d'autorité pour l'établir et de patience pour la~(aire adopter.

moment où sa raison est assez éclairée et son énergie assez développée pour repousser ce qui est mal. Remontons à l'origine, et nous reconnaîtrons que, trop souvent, les défauts les plus graves de l'homme ont leur cause dans son éducation même. Ce jeune homme, par exemple, quoique excellent au fond, est brusque et même dur; on dirait volontiers de lui, comme d'un ancien Romain, qu'il a embrassé la vertu pour la faire haïr ... Est-ce surprenant~ Son père, som bre et violent à la fois, tenait continuellement sa famille dans la crainte : le morne silence qui régnait autour de lui n'était i nterrompu que par les éclats de sa colère, souvent injuste. Cet autre manque de franchise ... Ne vous en étonnez pas : dans son enfance, on se faisait de ses aveux une arme contre lui, et on le châtiait pour avoir été sincère. Ce troisième est atteint d'une timidité incurable.. . Pourrait-il en être autrement ~ Dans son jeune âge, on accueillait ses naïves questions par des risées ; il était obligé de refouler tous ses sentiments en lui-même ; et ainsi s'est établie entre sa pensée et ses organes une barrière qu'il ne peut plus rompre. Cet autre enfin est vindicatif jusqu'à la perfidie ... Sans l'excuser, je le conçois : à l'école ou au collége, il était livré en proie aux moqueries de ~es camarades, qui mettaient leur joie à le persécuter, et qui, vaillamment, se réunissaient tous contre lui seul. L'énumération des défauts dus à l'éducation serait interminable, et elle serait inutile : car tous ne s'étant produits que par suite de notre imprudence et de notre mauvaise direction, ne sont en r éalité que les effets, infiniment variés dans leur forme, d'une cause unique. Il ne s'agit donc pas de chercher, comme la médecine, des r emèdes pour chaque maladie, mais d'établir les r ègles d'une bonne hygiène morale qui empêche les maladies de naître, et qui, sagement appliquée, procur e aux jeu nes âmes une constitution robuste. Cette hygiène, c'est une éducation sensée ; cette constitution robuste de l'âme, c'est l'amour et l'habitude du bien. Tout découle de là. Et de même que, à tous les défauts, quelle qu'en soit la diversité, il y avait un préservatif unique et souverain, de même quand, par notre négligence ou malgré nos soins, ces défauts se sont produits, il y a un unique et souverain remède. Quel est-il1 Remonter à la source et raviver fortement dans le cœur l'amour du bien. Cet amour donne des clartés pour discerner les penchants nuisibles, et en même temps de l'énergie pour les vaincre ; et alors la volonté généreuse de l'enfant étant secondée par les soins intelligents des parents et des maîtres, les défauts disparaissent et font insensiblement place, non aux qualités qui leur sont opposées, mais à celles qui leur sont congénères et dont ces mêmes défauts n'étaient qu'une exagération ou un affaiblissement. L'amour excessif du plaisir se règle; la curiosité, l'indiscr étion ne sont plus qu'un légitime désir d'apprendre ; la prodigalité se change en une libéralité louable, et l'avarice égoïste,

Ce journal~ne~saurait être un recueil complet de direct~ons. pédagogiques; c'est un modèle du cahier de notes que,cha,q~c m.shtuteur devrait tenir pour son instruction personnelle et l amehoratwn de sa classe. Nous souhaitons que cet:échantillon puisse ~ncourager les instituteurs vraiment consciencieux à se rendre auss1 compte de leurs pensées, de leurs désirs, des besoins de leurs écoles et des moyens d'y satisfaire peu à peu en multipliant les .ressour?es par les effor.ts, e~.le bien déjà obtenu par l'ardente poursmte du b1en encore poss1ble.~ Des ôbstacles que les:défauts desJenfants opposent à · l'éducation. Les obstacles que les défauts des enfants opposent à leur bonne éducation ne viennent que trop souvent des torts et des er reurs des parents, car le naturel de l'enfant peut se résum~r en ces deux mots: sympathie et imitation; et, si nous savions voulmr fortement et, avec persévérance, il ne pourrait s'assimiler que ce qui est bien, jusqu'au


44 plus commode à cet âge qu'on ne croit, en une sage économie · les dispositions 9ui menaçaient de devenir pusillanimité, témérité, ~io­ lenc~, orgueil, deviennent prudence, intrépidité , énergie, noble fierte. C'est ai~si que, grâce à une éducation forte et sensée, les penchants qm pouvaient dégénérer en vices se déveloopent en vertus S~ns qu'il soit n~cessaire de s'occuper de chacun d'êux séparément: d emonder, de tailler, de couper dans le vif, d'avoir sans cesse le sécateur à la main, l'arbre prospère et se couvre de fruits . Ces réflexions générales ne nous dispensent pas d'étudier en particulier les défauts et les maladies morales qui entravent la marche de l'éducation. C'est .ce. que n~us al~ons faire, après avoir r épété que, très probablement, SI 1 éducation des le commencement est bien dirig~e, c~s défauts e~ c~s maladies ne se produiront pas, ou que, du moms, Il sera peu diffic!le de les guérir dès qu'on en aura vu poindre les premiers symptômes. Avant tout, distinguons bien les défauts qui sont naturels à l'enfance de ceux qui sont imputables à l'enfant. Les défauts naturels à l'enfance doivent à peine nous occuper · ce ' n.e son t pas, a' proprement parler, des défauts; ce sont des imperfections que le progrès de l'âge fera disparaître. Un enfant est léger, inconsidéré, étourdi ; vous vous en plaignez, e.~ vous .a~ez ~ort: .~e n'est . pas à lui, qu'appartiennent la légèreté, lmconsJderation, l etourderie ; c'est a l'enfance. Peut-il se séparer de son âge~ · A en croire cer~ains parents, la raison devrait pousser plus tôt que la barbe, et un Jeune garçon devrait savoir se maîtriser aussi bien qu'un homme. Cette extrême vivacité, cette mobilité continuelle, dont on se plaint, sont inhérentes à cet âge ; s'en fâcher, c'est se fâcher de ce que le ruisseau coule, sautille et babille. Aimeriez-vous mieux une eau croupissante 1 un enfant sournois ou toujours endormi dans un coin~ «Mais il faut sans cesse veiller sur lui· son bruit continuel me fatigue. » C'es~ grand dommage, en vérité ! Voilà un père bien digne de ce nom, qUI, pour le développement de la santé physique et morale de son enfant, ne sait pas supporter un peu de tapage 1 Si au lieu de marcher, il aime mieux courir, s'il ne sait entrer dans ~ne chambre qu'en sautant, s'il se roule sur le plancher, s'il se cache, pour vous surprendre, derrièr e les meubles ou sous les meubles, si tout l'amuse et l'attire, si la gaieté dont son petit cœur surabonde é~late sans cause p~r des rires imprévus, savtlz-vous ce que cela veut dire 1 Cela veut d1re que son enfance est heureuse. Ah ! laissez-le p~einement savou~er ce miel des premiers jours ; les jours d'absinthe VIendront assez vite. Légèreté, irréflexion, étourderie pendant l'enfance et même au commencement de I'adolescenc~, n'ont donc rien qui m'inquiète, tant que. la sagesse des parents veille, tant qu'elle contient tout dans de de JUstes bornes, tant que l'enfant léger ne devient pas un enfant · espiègle.

45 Car, pour l'espièglerie, loin de l'encourager comme on le fait trop généralement, je ne saurais même la tolérer . Que de personnes cependant se divertissent des espiègleries plus ou moins malicieuses des enfants 1 Elles y applaudissent, elles en rient en leur présence. Je prendrai la liberté de dire à ces personnes si gaies que l'enfance n'est pas destinée à leur donner la comédie. L'éducation est chose sérieuse et sainte. Ce qui les fait rire m'attriste ; et je ne saurais trop recommander aux parents, tout en autorisant les innocents badinages, de réprimer sévèrement tout acte, toute parole qui blesserait la charité ou la bienséance. Quand, à l'âge de dix ans, un enfant qui devint ensuite un auteur célèbre, condamné (c'est lui qui nous le raconte) à aller au lit sans souper, dit adieu successivement aux personnes réunies autour du feu, et que, s'inclinant ensuite vers la cheminée où la broche tourne, il dit avec un soupir comique: Adieu, rôti, » tout le monde rit, et moi aussi, et comme ses parents, je lui fais grâce. Mais, quand un j eune garçon, encouragé par une indulgence déplacée, joue quelque bon tour à un camarade ou fait quelque niche à un ami de la maison, l'on peut rire tant qu'on voudra, moi j e m'afflige: car ces jeux, à les bien considérer, tiennent de la moquerie, et au fond de la moquerie il y a toujours quelque chose de malicieux et de cruel. Quant aux défauts qui sont réellement imputables à l'enfant et qui mettent de véritables obstacles à l'éducation , les plus fréquents sont le mensonge et l'indocilité. Disons-le franchement : quand un enfant devient menteur, il y a presque toujours un peu de not re faute. L'enfant est naturellement très expansif; il pense à haute voix; il lui paraît aussi naturel d' exprimer un sentiment que de l'éprouver , et de raconter une action que de la faire ; et si de bonne heure ce penchant était habilement secondé par nous, si jamais sa sincérité ne lui était nuisible, jamais sa parole ne déguiserait sa pensée. Mais si, à un âge où il n'a ni assez de discernement pour distinguer le bien du mal, ni assez de force de caractèr e pour préférer toujours le bien, sa véracité est pour lui une occasion de punitions et de r eproches ; et si, à l'idée de la sincérité et de la franchise s'associe une fois dans son esprit quelque idée effrayante ou même seulement pénible, le voilà devenu menteur, et je crains qu'on n'ait ensuite bien de la peine à le g uérir. Pourquoi ce même enfant, menteur avec ses parents et ses maîtres, ne cache-t-il rien à ses camarades~ c'est qu'il n'a rien à craindre des suites de sa confiance en eux. Eh bien, qu e cette observation nous éclaire : veillons à ce que sa sincérité ne lui soit jamais nuisible ... Voici un e autre règle: il ne faut jamais induire l'enfant à mentir. • Or, c'est l'y induire que de l'interroger sur des choses dont nous ne sommes pas sûrs. Cette manie de questionner ainsi les enfants constitue une véritable tentation. Nos menaces, qui, dans ce cas, demeurent souvent sans effet, affaiblissent notre autorité sur lui, et, quand une fois il nous a menti impunément, son respect pour nous n'est plus le même. Voici donc ce qu'on peut faire pour le préserver de ce vice: quand


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46 nous sommes sûrs de la vérité et quand, en même temps, il ignore que nous la savons, interrogeons-le ; s'il dit vrai, ne le louons pas : car de quoi et pourquoi le louerions-nous 1 Mais s'il ment, mettons l'occasion à profit; faisons en sorte qu'à l'idée du mensonge s'associe très fortement dans son esprit l'idée de la honte et de la douleur et qu'il ait peur du mensonge plus que les enfants à qui l'on a fait des contes de revenants n'ont peur des ténèbres. Cela nous sera facile si nous savons profiter de l'occasion favorable ou la faire naître, et si nous avons assez d'empire sur nousmêmes pour nous résigner à ignorer quelquefois ce que nous voudrions savoir. TI est mille moyens, mille ruses innocentes dont nous pouvons nous aider. L'enfant ne manque pas d'esprit ; mais nous en avons plus que lui ; et il ser-ait bien étrange qu'il remportât la victoire dans cette lutte de notre intelligence contre la sienne. Si les précautions que je viens d'indiquer ont été négligées et si l'enfant est devenu menteur, que faire 1 Etre sans pitié lorsque le mensonge sera évident, et faire parler l'honneur lorsque ce sentiment commencera à s'éveiller. Mais n'y comptons pas trop : car le sentiment de l'honneur, qui est le résultat de l'éducation, ne saurait guère être un de ses éléments, du moins dans les premières années, et ne peut que bien rarement contribuer à la fortifier, puisque c'est à elle à le produire. Surtout n'exagérons rien. « On méprise les menteurs. » Disons cela à un adolescent, je le veux bien, mais ne le disons pas à un enfant, qui ne nous comprendrait pas. « Un menteur est aussi coupable qu'un voleur. » Fi donc! Un calomniateur, passe ... Mais parce que, pour échapper à une punition, un enfant aura dit faussement : « Je ne l'ai pas fait exprès, » ou : «J'avais oublie, » doit-on lui présenter en perspective la cour d'assises 1 N'est-ce pas là mentir pour corriger BARRAU le mensonge~

Sujets donnés aux derniers examens des recrues. CALCUL ORAL I. 4. Une pièce de drap mesure 5001 . ; une seconde mesure 49m. Combien mesurent-elles ensemble 1 3. Combien coûtent 24 kg. de savon à 72 cent, le kg.1 2. Combien coûtent 12 1/2 kg. de sucre, si le i/2 kg. coûte 48 cent. 1 1. Quelle serait, pour une somme de 12000 fr., la différence entre deux impôts payés, le 1•r à 1 1/2 et le 2" à 2 1/4 ·;•• 1 II. 4. J'achète 3 objets dans un bazar où chaque pièce se vend à 50 cent. Que dois-je payer pour le tout 1 3. Pour une paire de bas, on emploie 250 gr. Combien con 7 fectionnerait-on de paires avec 1 kg 1 2. Quel est l'intérêt de 84 fr. au 4 i/2 Ofo l'an 1 i. Un billet simple course de Bienne à Soleure coûte 1 fr. 40.

Que payera-t-on le billet double course, si la compagnie accorde un rabais de 25 O/o sur l'aller et le retour. Rodolphe achète des marchandises pour 8 fr.. 60, e. t donne. III. 4· une pièce de iO fr. en payement. com b1en dt 01 -on 1m rendre~

. 3. Un jardin mesure 45m de long et 21m de large. Quelle est sa surface 1 2. Dans une faillite où les créanciers perdent le 25 0/o, A. intervient pour une somme de 960fr. Quelle perte devrat-il subir~ 1. Un quintal de café coûte 180 fr. A quel prix faut-il vendre le kilog. pour gagner 25 0/0 ~ IV. 4. Henri a dépensé 76 fr. de 95, qu'il avait, combien lui reste-t-il ~ 3. 132 font combien de douzaines ~ 2. Pour 2 chemises il faut 600 1/2 de toile. Combien pour 24 chemises~

1. Une personne qui gagne 3600 fr. économise le 25 •;•.de son revenu. Quel est l'intérêt annuel de ses économ1es à 4 i /4 OfO. V. 4. 5 kg. de raisins à 90 cent. ~~ ~g: = 1. . .. 3. Pendant 5 jours de voyage J a1 depense 65 fr. Comb10n al-JO dépensé par jour? . . 2. 5 ouvriers font un travail en quinze jours. Comb1en de JOUrs faudrait-il à 3 ouvriers 1 . . , 1. Une vigne achetée à 3000 fr. a prodmt i~ hectol._ de vm a 60 fr. l'hecto!., les frais de culture s élevant a 21!0 fr., combien a-t-elle rapporté pour "/o1 VI. 4. Un kilog de fromage coûte i fr. 50. Combien 2 kil. 1 m 3. On paie 56 fr. pour 8m de drap; combien collteront 6 du même drap 1 2. Combien pourra-t-on acheter de chapeaux avec une somme de 81 fr. si un chapeau coûte 4 fr. 1/21 . 1. Calculer l'intérêt de 3200 fr. au 3 "/ol'an pour 3 1/2 mo1s. VII. 4. Combien font 34 kg. plus 43 kg. 1 3. Quel est le prix de 9 litres de vin, si 3 litres colltent 1 fr. 20. 2. Les pommes se vendent 3 fr. 50, 4 fr. 30 et 4 fr, 50 le q. Quel est le prix moyen 1 . 1. Un marchand achète l'hectolitre de blé pour 25 fr. ; ll le revend à 28 fr. 75. Combien gagne-t-il pour O!o ~ VIII. 4. Combien 3 pièces de 5 francs et 4 pièces de 20 francs fontelles de francs 1 3. 3m de drap coûtent 54 fr. ; combien en aura-t-on avec 68 fr. ~ 2. Si l'on paie 36 fr. l'are de terrain, combien paiera-t-on 8 i /3 ares~ 1. Quels sont les 3/5 de 6750011 1


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VARIÉTÉS OUVRAGES ET MATËRIEL SCOLAIRES

Wl<DŒ!b (Dédié à l'Ecole primaire.) Noël est revenu. -TI a blanchi la terre, les toits, les sapins, les hauts monts. Dans le lointain apparaît une étoile, - c'est l'étoile des bergers. Noël est revenu. -Avec lui la froidure, l'biver et ses frimas; mais là-bas1 de l'Orient nous vient une belle étoile, - c'est l'étoile des rois Mages. Noël est revenu.- Cieux réjouissez-vous, nations prêtez l'oreille : Gloire à Dieu, paix sur la terre. L'étoile qui brille au firmament,- c'est l'étoile des croyants. Noël est revenu. -TI apporte la bonne nouvelle: Un sauveur nous est né! Devant nous marche une étoile, - c'est l'étoile de Bethléem. Noël est revenu. - Rien ne l'arrête. Sous son haleine chacun frissonne. La nuit est sombre, mais sur nous luit une étoile, - c'est l'étoile de Noël. Noël est revenu. - Chaque année décembre nous le ramène couvert de neige et de glaçons. TI arrive toujours avec l'étoile, - l'étoile de l'enfant Jésus. Noël eBt revenu. - Il sourit à tous, riches ou pauvres, grands ou petits. C'est le vieux Noël et son étoile, - l'étoile de la sainte nuit.

MARIO...

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