LE FOYER ET LES CHAMPS
cautions sont à prendre tant qu'il y a chance qu'ils portent encore les microbes de la maladie infectieuse dont ils ont souffert. Voici_quelques indications qui pourront guider les mères de famille. l Fièvre typhoïde. Le microbe disparait d'ordinaire quinze jours après la guérison. Mais on en trouve encore ::.près des mois et (les années. D'après un médecin il en reste chez 11 pour 190. des malades guéris, au bout de hmt a onze semaines, chez 5 pour lOO après trois mois. Dans la pratique, il est utile de p_rendre se~ précautions pendant pluSieurs mois: isoler le malade au moins pendant quatre à cinq semaines après sa guérison; le tenir plus longt~mps en observation s'il présente des s1gnes d'embarras du côté de l'intestin; l'éloigner de la cuisine, de la lingerie; lui faire comprendre qu'il p~ut êtr·e un danger pour les autres; lm ~ecommander de bien nettoyer les cabmets chaque fois qu'il y va et de se laver les mains en sortant, car c'est surtout par les excréments et les urines que le microbe se propage. 2° Dysentm·ie. - Le microbe de cette maladie disparaît en général une ou deux semaines après la uuérison; mais il peut persister en~ore quatre ou cinq semaines dans les cas graves. Pour les dysenteries contractées aux colonies, le parasite peut vivre même plusieurs années. 3° Choléra. - Une épidémie récente a eu pour point de départ la contamination des aliments par des domestiques sains, porteurs de microbes. Dans un vaisseau, le choléra a éclaté vingt· neuf jours :~près le départ de Java. On trouve d'ordinaire des microbes du C~lOié~a_jusqu'à dix-sept jours après la dtsparthon de tout symptôme cho-
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lérique. Dans un cas très compliqué il y en eut encore après 57 jours. ' Quoi qu'il en soit, la défense est encore facile. 4° Diphtérie. - Le microbe peut se transmettre par la salive après la guérison. On l'a trouvé vivant encore 14 jours, même trois semaines après. Dans des cas tout à fait exceptionnels on l'a signalé après une année o~ deux. Mais, en général, après quarante jours, les convalescents ne portent plus de microbes. On fera bien de se défier des enfants qui restent anémiques après l'angine. 5° Méningite cérébro-spinale. Cette maladie fait aujourd'hui beaucoup parler d'elle, surtout dans les hôpitaux militaires, ce qui n'est point rassurant pour les mères des jeunes soldats. · Elle est due à un microbe qui se loge dans l'arrière-gorge, à l'entrée des fosses nasales, et de là passe dans les méninges ou enveloppes du cerveau. Ce microbe persiste chez les convalescents pendant plusieurs mois, et il se propage avec une extraordinaire rapidité. C'est par les expectorations que le mal se répand. Conclusion: Veiller sur les jeunes gens qui reviennent de casernes contaminées. 6° Grippe. - On a reconnu le microbe de la grippe ou de l'influenza après la guérison, et l'on a remarqué qu'il se propage rapidement dans l'entourage du malade, attaquant une personne sur quatre. Il en est sans doute de même pour la r ougeole1 la scarlatine et la coqueluche. 7° Oreillons. Des malades ont transmis le microbe onze, dix-neuf jours, et même six semaines après 1eur guérison.
tmatve ij~{~~l~J~ DE. LA
Soeiêtè valai~at)Qe ,
d 'édu~ aticn : ~
Moniteur du Musée industriel et pédagogique
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L'Ecola primaire donne de 12 à 14 livraisons de 8-1G vages chacune,~,.non~ .compris la couverture et autant de suppléments de 8 - 16 pages pendant l'année ordimtire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). ' Chaque mois il est en outre apporté un supplémeu: illustré de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.
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Suisse f:t'. 2.50 _ · Pa:t' an lJnion postale ft·. 3 Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout c~ qui conc~rn~ let publication doit être adressi à son gérant, M. P . PH~NAT , 1er secrétaire aiJ
dir~ct~m~nt
D épctrt.;m~nt d~ l'Instruetioo publiqu~,
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à Sion.
Marguerite de Saint-Genès· 1 'i'rlnC'.:'Ition est la
oréface de la vie.
Guizot.
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SION, 5 Avril 1910 :-:....==:
Sommaire du J•résent numéro L'école et la culture du jugement. • Bibliothèques scolaires (fin). - • Instruction civique (suite). - * L'agriculture à l'école primaire. - * Sphère d'activité du régent. - But de l'éducation physique (fin). - L'école et le caractè· re (fin). - La classe en action. - Un brin de morale. - L'arbre et l'eau. Partie pratique: Composition française, lecture et récitation. - Miettes pédagogiques.
-0Sommaire do supplément No 7 L'épargne comme remède contre l'ivrognerie. - La seule chose nécessaire. - L'école des grand-pères (nouvelle). - Comment on peut augmenter son revenu : les abeilles. - Salut, printemps! --. Variétés. -0-
Avlsimportant. Le prochain N° de l'Ecole primaire sera retardé de quelques jours afin de pouvoir apporter le compte-rendu de l'Assemblée générale du 21 avril, à Sion, de la Société val ai sanne d' Eclu.ca-
tion. - 0-
Soclété valaisanne d'Edoca· tion. Le Conseil d'Etat a délégué deux de ses membres, MM. Bioley et Burgener pour le r eprésenter à l'Assemblée générale du 21 avril.
xxx Malgré les démarches du Comité, la Direction des Chemins de fer fédéraux n· accorde pas de facilités spéciales aux narticipants qui se rendront à Sion pour le 21 avril. Lé règlement qui prévoyait des réductions de transport pour sociétés a en effet été abrogé l'année dernière. Il y aura lieu ainsi de se mu-
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nir de billets ordinaires aller et retolll' pour s'en tirer au meilleur compte possible.
L'ECOLE PRIMAIRE
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ORGANE DE LA
Monoment Chappaz. Rectification. - La souscription de la conférence de Martigny est de 25 fr.
SOCIITI YALAISA.I'liE D'EDUCATIOli
et non de 20 fr., chiffre indiqué par erreur. -0-
Conférences pédagogiques. Vendredi dernier, a été clôturée, au bâtiment du collège de Sion, une série de conférences pédagogiques organisée spécialement pour MM. les Instituteurs de la partie allemande du canton. Sur environ 90 régents, 65 avaient répondu à l'appel. Tous avaient leur quartier établi dans les locaux d'ordinaire réservés aux écoles normales, celles-ci étant en ce moment encore en congé- de Pâques. Pendant les quatre jours qu'ont duré ces exercices, les participants ont été très exacts et en ont largement profité. Ils avaient, il faut bien le dire, un directeur et conférencier di primo cartello en la personne de M. l'abbé Dr Beek, le distingué professeur de pédagogie à l'Université de Fribourg. Les instituteurs sont rentrés dans leurs foyers charmés et enchantés de la belle gerbe de conseils et directions utiles dont ils pourront faire profiter leurs écoliers.
Lo Valais pittorosunol) Dans la multitude des romans et autres publications d.e tous genres qui inondent les librairies et les kiosques des villes et des gares, il est heureux de constater, parfois, la venue d'une œuvre dégagée de toute prétention philoso1) Léon Martinet, édit, Lausanne.
L''cole et la coltur" do j agement
duirait: beaucoup juger. S'habituer à exprimer souvent ce qu'on pense à propos de telle donnée morale, de tel fait historique ou autre, peut développer ce que nous appellerions «l'audace» de juger, mais cela n'entraîne pas forcément la sûreté et la pénétration du jugement. Sans doute, est-ce à cette habi-
-On a coutume de dire que l'école doit exercer et cultiver le jugement. Et de faff on Y exerce les élèves à juger, en t'iûrale, en langue française, en histoire, etc. Mais à quoi se ramène, au fond, cette prétendue culture du 1·ugement? Le plus souvent, à l'adoption,· par les écoliers de notre manière de voir, qui est elle-même conforme à celle de tel ou tel auteur, ou à ce que l'on appelle l'opit nion publique. Dès que ce but est a · teint, nous croyons naïvement que l'en· fé:,nt a 1·ugé librement. En vérité, il n'y a pas de culture véritable du jugement à l'école primaire. Et pourrait-il Y en avoir? Juger, c'est en un sens restreint, discerner ce qui est vrai de ce qui est faux, ce qui est bien de ce qui est mal. Que cela soit possible, dans certains cas simples et frappants, nous n'y contredisons pas. Mais, dès qu'on s'élève un peu, la vérité apparaît comme singulièrement complexe, et il est difficile de la ramener à un criterium valable pour tous. Quant à ce qui est bien et à ce qui est mal, sauf en certains exemples très nets, c'est souvent vérité en deçà, erreur au delà, principe faux hier, aujourd'hui vérité éclatante. Cornment donc se flatter de faire juger en connaissance de cause, à l'école primaire, alors que les hommes sont loin d'être d'accord sur la valeur et l'excellence de ? . . 1eurs opmwns personnelles. C'est dire qu'on devrait renoncer, à ~otre avis, à cet idéal irréalisable: bien Juger, et au moyen trompeur qui y con-
tude scolaire prématurée que nous sommes redevables de tant de jugements précipités, téméraires et faux. Les facteurs d'un bon et équitable ju-
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gement sont, avant tout, le savoir et ta compréhension. Que de fois nous trompons-nous par T d · ·1 · manque d'information.1 e1 etat , tgnoré de nous, entraînerait une correction de notre appréciation. De mêm·e, notre impartialité et notre équité seraient plus grandes si nous comprenions toujours les hommes, et leurs paroles et leurs actions. C'est surtout au point de vue historique et social que l'incompréhension a de graves conséquences. Elle est la source du parti pris et de l'injustice. Aussi, nous croyons que savoir et comprendre devraient absorber tous les efforts de l'éducation. Lorsqu'on sait beaucoup et qu'on est apte à comprendre ce qui nous dépasse et concerne notre temps ou les siècles passés, on peut s'exercer à juger; si on te fait avec pmdenee, il peut arriver qu'on juge bien . Meublons donc l'esprit de l'enfant de faits observés ou appris. Habituons-le à ne rien trouver d'extraordinaire, de chaquant, mais à faire effort pour tout s'expliquer, tout comprendre. Ce sera très difficile pour le passé: cela demande une certaine imagination et il y faut des connaissances nombreuses et précises.
98 aimé des enfants. Petite donnée d'amour si pur qu'il n'y a pas à s'en inquiéter. En amusant l'enfant, jules Verne l'instruit, cultive sa volon té, lui communi· que de l'énergie. - Ecarter les ouvrages qui exaltent une sentimentalité fade. Aux récits d'aventures doivent s'ajouter des livres conduisant l'enfant daqs le monde intérieur, des livres lui montrant quelle est la conception de la vie la plus noble et la plus haute. Il croit qu'il est déprimé par un conseil et fera le . contraire; mais les bons exemples aguont • Bibliothèque• •colalres sur son âme. (S ui/r rf { in.) Les ouvrages de Francis Finn : Tom Nous vivons trop dans l'idéal, nous Playfair; - Percy Wynn; --:-.Claud~ croyons trop nos enfants indemnes. Ligtfoot; - Harry Dee; etc.? ]Otgnent a Les mères sont oarfois, à cet égard, d'un l'intérêt le plus vif tout ce qu'tl faut. pour aveuglement impardonnable. - Surveilaméliorer un jeune homme. Tradmts en lons activement les lectures et les relaallemand en hongrois, en bohème, les tions de notre chère jeunesse. Et puis~olumes le sont aussi en f~an premiers que nous ne pouvons pas déblayer l'exçais, chez Descl~e, De ~rou~er, Ltlle. térieur cuirassons l'intérieur de l'enfant : Tous les étudiants devraœnt ltre ces réfortifi~ns sa volonté. Que tout soit mis en œuvre pour développer dans les cits qui font les délices des collégiens ~a tholiques de l'Amérique, de l' Austrahe, âmes le respect de soi, de la conscier:c;. l' Ângleterre, et même.... « des papas de Donnons aux enfants une personnaltfe; amenons-les à ne pas vouloir lire les bro- et mamans». V ers l' 1dé al, de Jose ph Charles. chures, les livres dangereux. Saint Winefrfd, par Paillart') , chez. Une vie vraiment religieuse sera la Payot. seule sau11egarde contre les mauvaise~ Tous ces livres se distinguent par un futures. Sans elle, nous retournerons a la barbarie, à une barbarie plus redou- grand réalisme de détails. Le collégien table que la première par suite de toutes s'y retrouve. Chacun de ces ouvrages le~ armes qu'on a inventées depuis quel- donne la vraie conception de la vie du jeune homme franc , loyal. Sans prêcher ques siècles. en aucune façon, il fera le plus grand Faire lire: bien à l'enfant. Robinson. Cet ouvrage montrera à A 1 7, 18 ans, le calme se fait. Alors l'enfant le bienfait de la civilisation qui faire lire : Le blé qui lève, de René Balui fournit les objets dont il a besoin. zin. La roche aux mouettes de jules SanIci se terminent les indications de M. deau, publiée par Hetzel, Paris est une l'Abbé Dévaud. Aux livres énumérés histoire touchante. pouvons ajouter: Un intérieur de Les enfants du Capitaine Orant, de nous famille,: - Le bonheur dans la vertu; jules Verne. On y trouve de la science, de vastes et nobles causes. jules Verne ') Ce nom et celui de l'ouvrage ont été or· sait grandir l'émotion, il présente tou- ihographiés au ha sard , déclare l'auieur de l'ar· jours un personnage humoristique très ticle.
C'est diffici1e aussi pour le préser:t. ~i cependant on ne se rend pas apte a penétrer en autrui, on s'interdit du coup d'atteindre à l'impartialité et à l'équité. Voilà ce qu'il ne faut pas oublier à l'école. Travaillons donc à faire savoir et à faire comprendre. Notre labeur ne sera pas inutile. Après, mais après seulement nous dirons à l'adolescent: juge, si tu 'peux!
9!1
- Ce que peut la charité (couronné par l'Académie française), par Marie de Bray. Le Franc-Maçon de la Vierge; Les trois vierges noires de l'Afrique équatoriale, par F. Bouhours. Un vaillant enfant par Mlle de Martignat. Contes à ma sœur d 'Hégésippe Moreau. Contes et scènes de la vie de famille par Mme Desbordes-Valmore. Vrais manuels d'éducation familiale, très simples et très pieux. Jeté par les flots; - Valentin Daubray, par Gabrielle d'Arvor. Tous les ouvrages de Lucie des Ages. Pour les jeunes iilles: Edith; - La pro'7 étie de Maurice; - L a destinée; Le bonheur de Marthe, etc. Pour les enfc.nts: Les neveux de tante Germaine; - Le nid paternel, et les autres livres publiés chez Marne. Collection Fabiola publiée par Castermann, Tournai. Elle comprend une vingtaine de volumes très intéressants, pieux, et d'un prix modique.
xxx Puisque les ennemis de l'enfance multiplient les livres de perdition et emploient tous les moyens pour en propa~er la vente, il serait à souhaiter que les autorités compétentes fissent une démarche auprès de quelques libraires pour obtenir, en faveur des bibliothèques scolaires, une édition populaire à prix très modique des ouvrages qui font le plus de bien aux enfant~. Un a111i de l"ru(anc-c ct ries mctîfl·cs .
* Instruction
civique LA CONSTITUTION.
On appelle Constitution la loi fondamentale de l'Etat qui a pour but de régler la forme et l'exercice du gouverr'
nement, ses droits et ses devoirs, ainsi que ceux des citoyens. La Constitution d'un peuple libre est une chose sacrée à laquelle aucun citoyen n'a le droit de porter atteinte par l'astuce ou par la violence. Elle est la sauvegarde des libertés de tous et de chacun, puisque, si elle cessait d'être respectée, tous les droits qu'elle consacre seraient mis en question. Elle doit être conforme aux principes de justice, car s'il en était autrement, la nation ne pourrait vivre heureuse, mais serait constamment agitée et inquiète. Elle doit être appliquée avec loyauté dans toutes ses parties. Elle ne peut être modifiée qu'avec l'assentiment du souverain, qui, dans les démocraties, est le peuple. (Numa Droz.) Cependant il est bon de remarquer que le respect de la Constitution ne doit pas être poussé à l'excès. Un peuple a toujours le droit de chercher à améliorer son pacte fondamental ; au-dessus de l'acte constitutionnel, il y a les droits imprescriptibles des individus et des familles, des corporations, du peuple tout entier. Les constitutions ne sont pas fa ites une fois pour toutes, elles doivent s'adapter aux sociétés qu'elles régissent et, par conséquent, en suivre les m-odifications. L'esprit de conservation, poussé trop loin, est aussi dangereux que l'esprit révolutionnaire; le premier se fige dans la routine et empêche le progrès, le second prétend refaire périodiquement à neuf la société, sans tenir compte du passé. La société, comme l'individu, a le droit de se perfectionner, de travailler à améliorer sans cesse les formes sociales, de manière à les faire servir toujours davantage . aux fins légitimes de la vie humaine. A côté des devoirs de garder les institutions politiques qui sont bonnes, il en existe un second identique : c'est celui de réformer les institutions politiques qui sont mauvaises. Outre les droits, les devoirs et la
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100 forme du gouvernement, la constitution renferme deux points essentiels: les droits qu'elle garantit aux citoyens et ceux qu'elle établit. Il est des droits qu'une Constitution ne peut exprimer que pour les reconnaître et qui n'existeraient pas moins pour chaque individu s'ils étaient attaqués ou niés par une loi quelconque. Ce sont les droits inhérents à la nature de l'homme. On leur donne souvent le nom de droits primitifs, innés; ils ne sauraient être absorbés par les droits de l'Etat, car ceux-ci sont postérieurs aux droits de l'individu; avant que l'Etat ait pu se former, l'homme déjà avait reçu de la nature le droit de vivre et de protéger son existence. V ivre et protéger
existence, protéger l'existence de ceux à qui notre vie s'associe d'une façon légitime, c'est là le résumé de tous nos droits. HISTORIQUE DE LA CONSTITUTION FEDERALE. notre
L'ancienne Confédération d'avant 1.798 présentait un assemblage bien peu conforme à celui d'aujourd'hui. Il y avait d'abord les cantons, villes et pays liés entre eux par des contrats perpétuels; ensuite, sous la protection de ces cantons, des alliés plus ou moins dépendants; enfin de véritables sujets, soumis soit à l'ensemble des cantons, soit à plusieurs, soit à l'un d'entre eux, wit meme à leurs alliés. Avant la chute de la Confédération des XIII anciens cantons, on chercherait en vain une Constitution fédérale dans le sens que l'on attribue aujourd'hui à ce mot; elle é~ait remplacée pour la politique intérieure, par les nombreuses lettres d'alliance des ~III cantons, par les traités conclus avec les alliés, les libertés et les franchises des sujets pour les rapports avec l'étranger, par un certain nombre de traités traditionnels avec quelques Etats. Les premiers commencements de l'u-
nion remontent sûrement à une époque bien plus reculée que 1291, année où fut conclu le premier pacte écrit que nous possédions. Par ce pacte, les Confédérés se garantissaient mutuellement aide et secours en cas de guerre et de discorde. La charte des prêtres introduisit en 1370 le principe de la majorité pour l'adoption de nouveaux articles dans le pacte d'alliance; plus tard la souveraineté fédérale fut renforcée par le Convenant de Sempach, confinné lui-même par celui de Stanz. Cet état de choses se prolongea sans changements notables jusqu'en 1798. La prise de Berne par les Français eut pour conséquence la disparition de l'ancien système politique des XIII cantons. La Suisse fut régie par la Constitution unitaire de la République rielvétique; pour la première fois les trois pouvoirs furent séparés avec des attributions distinctes; seulement pour des raisons diverses, cette Constitution fut peu populaire, et en 1803, force lui fut de céder la place à l'Acte de Médiation, ainsi nommé parce qu'il est dû à f'intervention de Bonaparte, alors premier Consul. Après la chute de celui-ci comme empereur ( 1815), les puissances imposèrent à la Suisse la Constitution connue sous le nom de Pacte fédéral de 1815. Ce dernier ne contenta personne, les uns le jugèrent trop avancé, les autres trop en retard sur les idées nouvelles. Sous l'influence des partisans d'un nouveau changement, le Pacte de 1815 fit place, après des luttes longues et quelquefois meurtrières, à la Constitution fédérale de 1848 revisée et développée par celle dr: 1874 qui régit aujourd'hui la confédération.
* L'agrlcoltnre à l'éeole primaire J'estime que les questions agricoles devraient être traitées dans toutes les
écoles rurales. Il faudrait donner à nos enfants quelques notions théoriques sous une fo~e à la .fois simple et at~ trayante; mats ce n'est pas tout· on dev~ait,, à. mon ~vis, instituer des cltamps d :xpenence ou les fils de paysans pourratent se rendre compte des effets des engrais sur les diverses cultures. Je mets tous les ans à la disposition de ~es e~_fants un are de terre pour les essats qu tls font eux-mêmes sur choux, laitues, b~tterav~s, pommes de terre. je leur conh: a uss1 quelques pieds de vigne. I,ls_ hsent un journal agricole et, avec 1 atde de mes conseils, ils se charge!lt de mener à bien leur petite entrepnse. Tout marche à souhait. Tl ne faut pas laisser les enfants indifférents à tout ce qui touche la culture; ces essais, qu'ils font eux-mêmes les ~ntéressent. Ils font germer dans l~urs Jeunes cerveatL'< l'amour de la terre si généralement délaissée. ' Ayant eu connaissance de mes vues à cet égard, notre président est venu me demander quelques indications sur l'organisation d'expériences. Il y a près de l'école un champ de luzerne et son potager; des essais sont entrepris sur l'emploi du superphosphate sur les prairies et la luzerne. Un autre voisin propr~étaire a bien voulu mettre son champ de blé à ma disposition pour essais de nitrate de soude. , , Les engrais ont été répandus par les eleves sous la surveillance et la direction de l'instituteur. Il en sera de même au potager et tous nos bambins seront heureux de se rendre fréquemment sur les lieux des essais pour voir comment le blé, la luzerne, les choux, les pommes de terre, etc., se comportent. Il_serait facile d'organiser partout des essats analogues; nos écoles devraient avoir un petit champ d'essais. Les élèves ~asse:c;tient ainsi d~ la théor!e à la prahque, ds acquerratent le gout de la vie
rurale et apprendraient tout au ntoins- à soigner le jardin. Ces essais peu coûteux ne pourraient qu'attacher les enfants à la terre, développer chez eux l'attrait des nouveautés. Ils leur fourniraient des armes contre la routine et les moyens de faire produire à la terre tout ce qu'elle peut donner.
V n ptrt de famille.
* Sphère
d'aetivlté do r'cent (Su,te)
, Je suis certain que nombre de mes collègues ne partageront pas ma manière de voir et de raisonner, car il y en a sans doute qui s'exclament: < L'instituteur chez lui! chez lui l'instituteur! » Mais, tant pis, je me hasarde quand même à exprimer ici franchement ce que je pense à ce sujet, et je d irai tout de suite: Non, l'institueur ne doit pas s'enfermer, ainsi qu'un anachorète dans sa cellule ou un escargot dans sa coquille. Le peuple, surtout le peuple de la montagne, n'aime pas le régent qui ne sort que pour ses petites commissions et pour se rendre à son école, si son logeme~t en es~ éloigné; _il n'aime pas ces mattres tactturnes et d les accuse bientôt de sournoiserie ou de fierté. Mais disons-le aussi, il n'estime pas non plu~ les pédagogues qui se mêlent à tous les commérages. Comment donc faut-il agir? Eh bien tenons le juste milieu, car il doit y e~ avoir un, entre l'anachorète et la commère. . Ü": dit toujours, et avec raison, que l'mshtuteur est surveillé; qu'il est étu?ié, épié, puis critiqué ou loué. De œta, tl ne faut nullement s'étonner, car il est tout naturel qu'on s'occupe de la condui~e de cel~i 9ui _doit servir d'exemple aux Jeunes generations. Un maître vraiment pénétré de sa vocation ne s'enorgueillira point de voir applaudir sa conduite, ni ne se découra-
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Qu'il amène seulement avec lui le plus gera si on le passe au tamis de la critique. Celui qui se trouverait_ dans ce der- de citoyens possible, mais alors des cinier· cas ferait bien de touJours se rap- toyens qui ont besoin de quelqu'un pour peler qu'on ne peut, comme dit un pro· les encourager, de ces indécis qui ne saverbe, contenter en même temps tout le vent de quel côté tourner et qui n'attendent qu'un mot d 'une perso_nne est~ma monde et soJl. père. Nous ne visons donc ici qu'un maî- ble et estimée pour accompltr au mteux tre qui se mêle avec les jeunes gens de leur devoir. Quant à ceux qui sont bien son endroit, qui participe à leurs récréa- intelligents, qu'il n'essaye pas de le_s gations, à leurs réjouissances passagères, gner trop maladroitement, ce seratt les enfin qui s'intéresse à la plupart de leurs blesser, ce serait faire plus de mal que de bien. faits et gestes. En dehors de ces temps de remue-méEn ceci, le régent ne doit pas se transformer en maître, comme il le fait à l'é- naae qu'il travaille seulement pour le b ' de cette jeunesse qm. l' en toure, d e cole c'est-à-dire être impérieux, mais se bien mot{trer tout à la fois familier et sérieux. cette jeunesse si encline à suivre plutôt La société des adolescents peut être re- le mauvais chemin que le bon! gardée comme une école, mais une école « Le devoir de ceux qui espèrent, a dit A. où aucune individualité n'exerce un dè Melun est de se préparer pour l'avenir et commandement absolu, où chacun peut de pénétr~r de plus en plus dans ce milieu où exprimer et soutenir ses idées. Il ne fau- Dieu forge les générations qui feron! la lo1 au drait pas que l'instituteur qui se trouve monde. " dans un tel cercle se prévale de son insEt Viol eau: truction et en prenne texte pour afficher ., Soyez vraiment chrétiens, soyez de plus ostensiblement sa supériorité ou son asapôtres, [Ires. • cendant. Qu'il reste au rang d'ami, un Vous possédez la foi, vous la devez aux au· élève mais alors un maître élève. Ce Avant de terminer, permettez-moi n'est ' pas en voulant étaler sa vanité et sa moraue qu'on gagne à soi ses com- d 'exprimer ici un desir ; celui de voir, pagnon~, tout au contra_ire, car qua,t:d dans une prochaine livraison de l'Ecole on veut dominer les espnts, quels qu tls primaire, un ou deux collègue? y fai~e soient, il faut n'en rien laisser paraître part des idées que peuvent avotr suggeet toujours se rappeler que les paroles rées mes réflexions. Loin de leur en voun'ont poids qu'autant qu'elles ne sont loir s'ils ne sont pas de mon avis, je leu; en serai reconnaissant, et notre mopas prodiguées. deste revue pédagogique, qui n'est déC'est ainsi que l'on conquiert plus surement l'estime, la considération, c'est jà pas peu goûtée, sera encore plus inLee Oabello. ainsi que l'on est mieux écout_é. 11 ne faut téressante. jamais non plus oublier que les paroles, iwn appuyées par les actions ou les But de l'éducation physique exemples, sont aus.si légères que les bul{S11itC) les de savon. L'adresse et la souplesse sont la conLe maître doit-il s'occuper de la politique? Oui et non; plutôt non que oui. séquence de la meilleure utilisation de Car c'est ici qu'il risque bien de se dé- notre force musculaire dans les applicaconsidérer, s'il n'agit pas avec circons- tions; de là un résultat économique qui pection. A mon avis, il s'en abstiend~a S<.' traduit par un maximum de rendeà propos quand tout le monde en fmt, ment en travail utile avec le minimum c'est-à-dire, au temps des votations. de fatigue. A
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Ce résultat est obtenu par l'éducation de nos mouvements; on doit s'efforcer d'effectuer tout travail sans gaspiller ses forces âans des contractions superflues ou dans des efforts supérieurs aux résistances gue nous avons à vaincre. Cette mesure dans nos efforts est une des conditions les plus importantes de la résistance à la fatigue. Il est nécessaire de rechercher dès le début une exécution aussi parfaite que possible. La complication des mouvements leur vitesse viendra ensuite. Ceptnda'nt il faut veiller à ne pas compliquer ni précipiter les mouvements sans utilité. Il y a pour chacun d'eux une cadrnce favorable au travail et qui permet de continuer longtemps celui-ci. Le soin et l'attention qu'on apporte dans la bonne exécution des exercices priment à ce point de vue le nombre d'heures d'application· on devra même cesser tout travail dès que la fatigue et la raideur se manifesteront. Pour éduquer nos mouvements et les c<::ntres nerveux qui les commandent, o!l devra pratiquer les équilibres, compltquer peu à peu les exercice~ et les rendre plus difficiles; cependant tl ne faut ras confondre les exercices difficiles d'une utilité reconnue dans la pratique de la vie comme ceux qui ont trait au sauvetage par exemple, avec les exercices d~ffi ciles de pure fantaisie et sans apphcation utile. L'effet moral de l'exercice est obtenu en suscitant l'effort personnel. . Les exercices ëf'auâace mettent en actien la volonté et les qualités viriles. La direction de l'activité vers un but noble et élevé moralise et fortifie. La gaieté et l'entrai~ obtenus par un bon instructeur confribuent avec la variété des mouvements à la santé morale et par suite à un effet hwjénique plus intense. Fair_e aimer l'exercice c'est assurer sa vulgansation et augmenter la somme de ses bienfaits . L'effet moral grandit aussi beaucoup
par l'exécution collective des exercices, et en particulier des jeux et des sports, c~r la nécessité ~t l'obligation pour chaque exécutant de conformer ses efforts et de soumettre sa volonté au but commu~ développent au plus haut point les _sentiments de discipline, de camaradene, de solidarité et même d'abnégation et de sacrifi ce. ,_, PLAN DE L'ENSEIGNEMENT
Un enseignement complet comprend: 1o La gymnastique de développement; 2° La gymnastique d'application avec les jeux libres et les sports . La gymnastique de développement vise le perfectionnement du SUJet et le . prépare à l'application. . . La gymnastique d'apphcahon enseigne spécialement à utiliser s~s forces; le~ ieux et les ports donnent hbr~ cours ~ l'initiative et développent l'espnt de sohdarité et de discipline volontaire. La gymnastique de d~vel?ppe~ent ~t la gymnastique d'apphcahon s enseignent dans des leçons graduées et ~vec des moyens aussi variés qu~ poss1ble pour intéresser les élèves. Les Jeux e~ ~es sports doivent, dans des séances spe~ta les être dirigés et surveillés par un mstru'cteur compétent pour éviter les. excè~. En raison de ce que les effets btenfats<:mts des exercices doivent être complets et bien définis, la leçon sera né<;essai~e ment composée d'après un plan mvanable et nettement défini, malgré la variété des éléments qui la constituent. Mais s'il n'y a qu'un plan de leçon il y a une foule de manières de la composer; on devra en effet la modifier suivant les sujets auxquels on s'adresse, suivant les circonsümces de temps et de lieux, les conditions atmosphériques et aussi suivant le matériel dont on dispose.
L'école et le caractère (SuU t ct fln)
Il est important pour l'intelligence
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elle-même, dans ses plus hautes manifestations, que la conscience d'un homme s'affine et aboutisse à une victoire de sa volonté sur ses passions. Penser conformément à la logique suppose du caractère. Seul le caractère met nos pensées à l'abri des détenninations extérieures, des mérites ou des préjugés ; seul il brise toutes les servitudes grossières ou subtiles, qui naissent des rapports de notre pensée avec la pensée et le jugement des autres hommes. L'antiquité classique, qui prescrivait au véritable philosophe un temps d'épreuve et d'ascétisme sévères, savait à quoi s'en tenir sur les conditions morales de toute activité rationnelle vraiment libre. Elle savait que, pour pouvoir penser objectivement, il faut être arrivé d'abord à se libérer des influences de son tempérament. Le célèbre pédagogue anglais Arnold voyait dans la formation du caractère le but essentiel de son école, et il estimait que son rendement intellectuel, lui aussi, dépendait entièrement de facteurs moraux. Contracter une bonne habitude, se débarrasser d'une mauvaise, c'est écarter quelque chose de ce qui entrave l'intensité et la précision de l'effort intellectuel. L'aspiration incorruptible à la vérité entière est, elle aussi, tout d'abord, non un besoin intellectuel, mais une exigence morale. Liebig a raison de parler de la grande passion morale de la vérité sans laquelle une étude ne triompherait jamais des obstacles que les intérêts immédiats de la société ou du moment lui opposent. C'est dans le même sens que le physiologiste D ubois-Reymond a écrit: « La science contemporaine doit en partie son origine au christianisme. C'est la gravité terrible de cette religion qui, au cours des siècles, a imparti à l'humanité ce sérieux empreint de mélancolie qui, mieux que la facile joie de vivre de l'an-
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tiquité, devait la rendre apte aux recherches de longue haleine. » Un vers de Schiller exprime quelque chose d'analogue: Nur dem Ernst, dem keine Mühe bleichet, Rauscht der Wahrheit tiei versteckter Born')
En effet, ce sérieux et cette ard:ur sont des phénomènes d'ordre moral et religieux; ils n'appartiennent pas à l'intelligence comme telle. joseph de Maistre déjà avait mis en lumière ce fait que les sciences, exactes des temps modernes sont alimentées par des forces morales que la civilisation morale a fait n aître. Cette patience et ce soin, cette conscience et cette persévérance jusque dans les détails, sans lesquels ces sciences n'auraient jamais pu fleurir, cette précision extrême et cette exactitude qui ont leur fin en elles-mêmes, - tout cela l'antiquité ne le connaissait pas encore, et nos sciences exactes sont le fruit lentement mûri de tous ces travaux préparatoires. On .a donc bien le droit de dire que ce qu'li y a de plus haut dans l'activité intellectuelle a ses racines dans la culture du caractère. 1 )
F.-W.
fœRSTER.
J""a ela•se ea aetloa LES INONDATIONS (JOURNAL
DU
MAITBJ<;.)
L'eau monte, monte avec une persistance alarmante.... Elle est au bas du ~cu~g .... Au loin la cascade se précipite Impetueuse et violente; c'est là-bas un ') Celui-là seul dont aucune fatigue ne peut arrêter l'ardeur, verra couler pour lui la source cachée de la vérité. ') Pour le comprendre, il faut se souvenir aussi que toute attention véritable, toute con· centration de l'esprit est un produit de la volonté et ne peut se développer qu'avec elle. On connaît la distinction que les psychologues f?nl entre l'attention active et l'attention passtve.
choc formidable de l'eau contre les roches. Ce grondement sourd et cette fumée font penser à une bataille .... Et c'est bien une bataille en ce moment qui se livre: d'un côté le Rhône furieux de l'autre l'homme surpris. ' Lundi 1 heure. - Ce soir, je dois ·occuper mes élèves de calligraphie. Mais dès les premiers mots je sens que leu~ esprit est ailleurs. L'événement présent s'impose .... et je leur parle de l'inondation. Ou plutôt ce sont eux qui m'en parlent et ils ne tarissent pas. L'un - écho du grand-père - évoque une mémorable inondation, l'autre me raconte l'histoire d'un pauvre homme qui a été obligé de sc réfugier sur un toit. Pierre a vu des rats grimper sur les poteaux télégraphiques. jean m'explique comment son père, ·qui est boulanger, a pu monter sur un radeau, rapidement construit avec des portes de grange, pour ravitailler le voisin. Alfred m'assure que beaucoup de gens surpris par l'eau n'ont pas eu le temps de sauver ni leurs pommes de terre ni leur bétail. Quelques-uns affirment que trois maisons se sont écroulées. Ceci est exagéré sans doute. - · Aussi j'invite mes élèves à contrôler ces renseignements. Et voilà un bon exercice de langage. Les enfants ont parlé d'abondance. Je me suis contenté de rectifier quelques termes impropres, de corriger quelques phrases et de tempérer l'ardeur de mes orateurs. Elie - qui a l'imagination vive - a immédiatement fait sur son ardoise le croquis d'un radeau. Sur celle de Paul on voit un cultivateur qui grimpé sur le toit de sa demeure, ap_pelle au secours, et des amis qui accourent en barque; dans la bouche l'élève a mis ces mots: « Nous y allons! » - Un autre a reproduit de .son mieux cette scène pittor~s9ue qu'est un déménagement improVISe.
Et voilà des sujets de dessin libre que
les nouveaux programmes n'avaient eas prévus. Alfred est songeur .... «Monsieur, d'où vient gue le Rhône a débordé ainsi tout à coup? - Monsieur, s'écrie jean, mon papa disait qu'il y avait eu inondation à cause de la comète. Je l'ai vue hier, la comète! Elle ressemble à une fusée, elle a une queue comme un cerf-volant .... » J'ai cherché à faire comprendre à mes petits auditeurs qu'il y avait là une simple coïncidence et non une relation de cause à effet. je donne les explications nécessaires, je parle du vent chaud et de la pluie qui ont provoqué la fonte des neiges, du déboisement, du rôle protecteur des forêts, de l'arbre ami de l'homme. je distingue les terrains imperméables - qui ne font rien contre la rage destructrice des eaux - d'avec les terrains perméables, asiles des claires sources babillardes etgentilles. Et voilà de la géologie et de la géographie combinées. Tout en parlant j'ai écrit au tableau noir les mots nouv~aux ou difficiles. Je les fais épeler maintenant. Les enfants vont les copier sur leurs ardoises et ils pourront - en se servant de ces mots - décrire en quelques petites phrases une scène vue et dessi~ée. :rous font un effort, quelquesuns reussissent. 3 heures. - Le marchand de journaux passe dans la cour de l'école. j'en achète un. " Paris sous l'eau. - Tous font leur devoir. » - Et avec cela des gravures. 3 h. 15. - je montre mon journal aux enfants. (Que mon inspecteur me pardonne!) Ils paraissent vivement intéressés. En quelques mots, je souligne ce dévouement, cette bonne humeur, cette endurance dont tous - sinistrés et sauveteurs - font preuve. Les circonstances révèlent les héros. D'ailleurs nous conn_aissons ici des hommes qui ont fait auss1 leur devoir. Honneur à eux! Le monde civilisé s'est associé à nos douleurs; les jalousies et les haines entre
106 peuples s'évanouissent devant les colères de la nature. Tout homme qui souffre est un frère. Ils comprendront plus tard ce qu'est la solidarité. Ils sont trop jeunes encore pour se rendre compte de la portée de cette grande idée - qui est pourtant la base de la morale. Mais n'oublions pas que la mémoire «est un berceau où l'idée grandit». Ils me comprendront plus tard .... N'est-ce pas que j'ai trouvé un « centre d'intérêt » ? Durant ce jour, l'école a réellement été l'écho du foyer; au dehors et au dedans, on ~ parlé des mêmes choses. J 'ai pu réaliser le double but que doit se p.roposer l'éducateur : faire acquérir des connaissances d'une part; de l'autre, former l'esprit et émouvoir le cœur. Nous avons fait un exercice de langage. de la géographie, du dessin, de la rédaction. Nous avons observé, appris à voir par nous-mêmes, à contrôler les renseignements reçus, à ne r as établir une relation de ca use à effet là oü il n'y a qu'une simple coïncidence, à faire preuve, en un mot, de sens critique. De plus nous avons admiré ensemble ceux qui étaient bea ux en fais:.:tnt le bien .... Ft demain n ous parlerons d'hygiène, des mesures qui s'imposent pour prévenir les épidémies. Mes élèves et moi, n ous sommes allés à l'école de la vie. E. M.
avoir rien vu. Nous ne suivrons pas leur exemple. Sortons du train et faisons une excursion dans la région. Nous verrons chemin faisant les hommes se traiter entre eux de façon fort différente, et nous tâcherons de n ous faire une idée sur la meilleure façon de s'y prendre pour cultiver avec nos semblables des relations dignes d' eux et de nous, et dont on puisse espérer un bon résultat. En général on traite les choses et les gens selon l'idée qu'on s'en fait. Retenez cela . C'est une règle que vous allez comprendre nar des exemples. Quand vous entrez à l'école, vous saluez le maître avec respr.ct, sachant qu'il représente vos parents qui vous confient à ses soins ; la pntrie, qui l'a délégué pour vous instruire ; le passé, dont il vous conte l'histoire; l'human ité, dont il vous résume la sagesse et l'expérience. A vos condisciples vous dites bonjour aussi, mais tout autrement. C'est par un sourire, une poignée de main . ou d 'une façon familière et gaie, en leur tapant sur l'épau!t~ et en disant: « Tiens, te voilà mon vieux, comment va?» Vous adoptez donc deux formes de politesse différentes, mesurées à l'idée que vous vous faites du maître d'une part et des élèves, vos condiscioles. d'autre part. Chacun dr vous sentirait immédiatement ce qu, il y aurait de comique vis-à-vis du camarade et d'irrespectueux pour le maître à intervertir les rôles et à s'adresser il vos condisciples avec une salutation Un brin de morale pleine de déférence, tandis que vous taDe différentes façons de traiter periez sur l'épaule du maître en disant: ses semblables << Tiens, te voilà mon vieux, comment Nous a borderons aujourd'hui un sujet va? » important, puisqu'il est quesEt,r: de !a Tout le long du jour nous agissons manière de se comporter dans les rel a - selon les mêmes principes, nous traitons tions avec ses semblables. Passer ici lt>s choses et les gens selon l'idée que trop vite serait une g r osse faute. Il nous nous en avons. Ce principe qui exerce arriverait ce qui arrive a ux gens qui son influence sur tous nos jugements, traversent à grande vitesse une contrée. est à la base même de notre façon d'aC'est à peine si depuis le train ils peu- gir. On ne s'en rend pas toujours comp· vent déchiffrer le nom des gares. Ils te, mais cela ne change rien à l'affaire. toucheront au terme du voyage sans ]'entre da ns la salle pour faire une cau-
107 serie, je pose mon chapeau sur le pupitre et m'assieds sur la chaise. C'est tellement courant que je n'y fais même plus attention, et rien ne vous paraît plus naturel. Les chapeaux sont fragiles, il faut en prendre soin; )es chaises sont faites pour s'a~seoir dessas. Mais qu'arriverait-il si, distrait, je m'asseyais sur mon chapeau? Ce serait un éclat de rire à travers toute la classe Et ce soir encore, cette con fusion exciterait l'hilarité de tous ceux à qui vous la conteriez. Dans leur façon d'en user Jec: uns avec les autres, les hommes font journellement des confusions de ce genre. et bien plus étranges encore. Si le chapeau sur qui je m'assieds pouvait ptrler, il crierait: « Aie ! levez-vous, Monsieur, je ne suis pas un fauteuil!» Rapp_elez-vous les scènes nombreuses qui se r.assent entre hommes ou enfants, et qui provoquent des protesta tions toutes semblables. N'entendez-vous pas fréquemment des locutions comme celleci: « Pour qui me prenez-vous, Monsieur? vous me parlez comme si j'étais u1 ! chien ; vous me chargez comme si :'étais un âne; vous me faites travailler cumme si j'étais de fer. » Dans ces cris du cœur une plainte légitime se donne expression. Un homme est un homme pr a droit à être traité comme un homme. Cela paraît très simple, mais ils sont rares ceux qui le comprennent et le mettent en pratique. Notez que d'oublier cela n'est seulement pas un manque de justice, d'intelligence et de tact. C'est ~n très mauvais calcul qui ne peut condUire qu'à des erreurs et des déboires. Pendant combien de temps dureront vos souliers de cuir si vous vous en servez pour marcher sur les plages humides encore d'eau salée? Ils se brûleront au bout de très peu de temps, parce que vous l~s aurez traités comme des sabots de bOis ou des espadrilles de chanvre. Le cuir, lui, ne supporte pas d'être traité ainsi. Que deviendront vos limes, vos râpes, vos scies, vos ciseaux, si, éta nt ébéniste,
vous les suspendez à la pluie? L'acier se rouillera et vous aurez d'ici peu des outils hors d'usage Si le cuisinier ne prend pas soin de ses casseroles et de ses torchons, en peu de jours toute la batterie de cuisine a pris un mauvais goût. Il n'est plus capable de servir un plat qui n'ait quelque fumet douteux. faute de rincer ses bouteilles et de faire attention à ses bouchons, le tonnelier gâtera les meilleur~s pièces de vin . Aussi chacun en son metier se donne-t-il la peine de traiter selon leur nature, les instruments et les matières qu'il emploie. En cela consiste une partie de son savoir-faire. Un bon cocher ne connaît pas seulement les routes; mais il sait comment il faut soigner cheval et voiture. Un. bon chauffeur sait par cœur sa maclune avec ses défauts et ses qua lités. Si le ch~sseur ~.e rentre pas bredouille, soyez surs qu Il est l'ami de son chien et prend g arde à son fusil. Tous ceux-là nous donnent des leçons, mais nous ne les écoutons pas. Les hommes ont appris à traiter les bêtes, les plantes, les machines, les substances chimiques, selon ce que réclame la nature de ch acune, mais ils sont paresseux à apprendre la scjence de se traiter entre eux. Le momdre musicien n'essayera jamais de jouer d'un violon comme on joue d'une flûte; mais s'il vient à s'occuper de ses semblables il oublie complètement que chacun demande à être compris et abordé selon son caractère et son individualité. Nous sondons le fond des mers et scrutons les astres, mais l'homme demeure un mystère pour n ous. De toutes les sciences, la plus nécessaire est de se connaître soi-même et de connaître ses semblables. Il est intéressant de bien élever les poulains, les veaux, les moutons et la volaille; il est profitable de soigner les champs selon ce qu'exige le sol, mais si l'homme ne connaît pas l'homme et la façon de vivre avec lui a-
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fin d'arriver a ux meilleurs résultats toute notr~ ~rganisation pêche par la base. Conquenr la terre, les mers l'air lui-mê) si l'homme, n ' est que .d e l'enfantillage, me ne conqmert pas l'homme s'il ne parvient pas à s'assurer la bon~e volonté de son semblable, chair de sa chair o~ de ses os. Et alors même que nous au~ nons tous les moyens de communication les plus rapides pour nous rejoindre et nous parler d'un bout du monde à l'autre, à quoi cela nous servira-t-il si nous ne possédons pas le secret de nous entendre, d'agir favorablement les uns sur les autres? En voyant vivre les hommes à la ville .et à la camp':lgne, en famille et en pubite, dans le ctvil et dans le militaire dans la vie religieuse et la vie civile o~ a l'impression d'êtres qui sont étrangers les uns aux autres, inconnus les uns des autres. Ils se traitent entre eux en dépit de la justice et du bon sens. Et après ce13 ils sont aussi étonnés du résultat que l'est un enfant qui approche du feu un pétard et le voit éclater dans sa main. Alexandre le Grand dans sa jeunesse fiSsistait au dressage du fougueux coursier Bucéphale «tête de bœuf '' · Personne ne pouvait le monter, il ruait à décrocher les étoiles. Le jeune Alexandre remarqua que la bête semblait surtout en proie à la terreur. Placée la croupe tournée au soleil, elle voyait devant elle son ombre et les gestes étranges que faisaient autour d'elle ses dresseurs. Toutes ces formes fantastiques lui faisaient peur. Alexandre changea le cheval de position et lui tourna la tête vers le soleil. Et l'indomptable Bucéphale se laissa monter et devint même par 1 asuite un cheval fort docile. II faut savoir s'y prendre avec les chevaux, et avec les hommes aussi. Tout le secret est là. ______
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L'ucha rislie est Je point où Dieu et J'âme sc rencontrent: Dieu avec toutes ses grâces l'âme avec fous ses besoins. Jfor B esso11 . '
L'arbre et l'eau Les méfaits de nos cours d'eau. - La forêt régulatrice du débit des eaux - Reboisons. ' . Les récents désastres causés par l'eau ins. p1rent à un de nos lecteurs les réflexions sui. v.antes qu 'il soumet particulièrement à J'attea. ilon de nos hommes d'école.
L'homme accuse ici le ciel et les vents alors qu'il est le grand coupable. Qu'il rende a ux pentes dénudées la végétation dont son imprévoyante cupidité les a dépouillées, et il pourra apaiser la colère de l'eau. Les forêts, en effet, sont les grandes rég ulatrices du débit des ·eaux. Elles suppriment presque complètement sur les pentes les eaux de ruissellement, celles que les montagnards, pour les ra. vages qu'elles causent, _appellent les « ~aux sauvages » ; elles leur opposent nulle obstacles. les ralentissent et les divisent. De plus, l'épaisse couverture morte qui s'accumule à leur ombre absorbe en les imbibant de grandes q~an tités d'eau; celle-ci pénètre lentement dans le sol, pour n'arriver aux vallées que lorsque le flot de ruissellement des pentes nues est déià passé. Ces affirmations sont aujourd'hui incontestées. « Il est admis et vérifié par l'expérience.... que l'existence de l'état boisé sur les pentes tend à régulariser le débit des sources d'eau, à entraver la formation des torrents, à atténuer les crues et à en prolonger les effets. » En plaine, où le ruissellement est presque nul, l'action régulatrice des forêts semble moins nécessaire. Mais elles in· fluent certainement sur le régime des nappes et des cours d'eau souterrains, et ces courants mystérieux jouent un grand rôle dans certaines crues dont on s'explique mal la soudaineté et la oersistance. Là où peut s'exercer le pouvoir d'imbibition de la couverture morte et de l'humus des sols forestiers, les flots
109 souterrains et la rivière où ils aboutissent gagnent en régularité. Certes, il y eut toujours des crues, même lorsque les forêts couvraient la plus grande partie du sol. La Genèse et bien d'autres livres nous en ont transmis le souvenir. Il y en aura toujours, même si nos montagnes et nos collines sont normalement reboisées: une longue période d'humidité, une élévation brusque de température qui amène une fonte subite des neiges, une série d'orages, ce sont là des jeux de la nature contre lesquels l'homme ne peut rien. Mais il n'est pas moins certain que ces crues seront atténuées par les forêts, qu'elles perdront une partie de leur force dévastatrice. A ce propos le Touring-Club de france a déjà obtenu des pouvoirs publics que des « notions d'économie forestière et pastorale soient données aux élèves des écoles normales et primaires. » Surtout, il a publié et répandu deux magnifiques petits livres: le Manuel de l'Arbre et le Manuel de l'Eau') qui devraient se trouver dans toutes les écoles. C'est,. en un style qui allie l'originalité de la forme à l'élévation de la pensée, l'histoire de « la Selve » et celle de « l'Eve », sa fille et son amie. C'est la description captivante des beautés et des mystères de la nature; c'est le tableau des ravages causés par l'ignorance ou la cupidité de l'homme, lorsqu'il ne respecte plus la grande harmonie des choses, lorsque « ayant méprisé la selve, il s'est attiré l'inimitié de l'eau ». • Ce qu'on voit dans le haut pays, dit le • Manuel de l'Eau •, c'est un hectare de plus pour le pâturage aux dépens de la forêt, un hectare de plus pour le labourage aux fra is du gazon. Ce qu'on ne voit pas, c'est dans les bas pays les champs dévastés, les hameaux saccagés, les ponts croulés, les routes crevées, le fleuve envasé. Le déboiseur du mont assassine au loin la campagne. • ') Le Manuel de l'Arbre; le Manuel de l'Eau, par O. Reclus (Hachette et C).
Ces deux livres constituent donc une sorte d'évangile du reboisement. Et s' ils ont été écrits spécialement pour les écoles, c'est qu'on a pensé avec raison que cette œuvre féconde et patriotique pouvait seulement se préparer à l'école, par l'instituteur et par l'enfant. Et si tous les maîtres I)e peuvent activement s'occuper de reboisement, tous peuvent du moins faire aimer la forêt, donner aux enfants le sens des harmonies de la nature dont elle est l'un des plus puissants éléments, leur apprendre enfin qu'un arbre de moins sur la colline, c'est une menace de plus d'inondation et de dévastation pour demain. ----------··~·~·~·----·------
Partie pratique Composition fra••çalf!le Vous avez assisté à l'arrivée d'un train de voyageurs. Dites les observations que vous avez faites et les réflexions que ces observafions vous ont inspirées.
On vous demande des observations personnelles; évitez de recourir à des phrases toutes faites; laissez de côté les détails empruntés au livre. Le spectacle dr l'arrivée d'un train est chose commune. Selon toutes probabilités, vous avez vu vous-même ce que vous avez à décrire; faites appel, simplement, à vos souvenirs. Ne brodez pas, c'est inutile. Donnez au tableau de l'animation, de 1<~ vie,_ puisque la réalité est très vivante. Il y a là des types curieux; essayez de les distinguer les uns des autres. Des voyageurs attendent le train pour y prendre place; d'autres personnes attendent les voyageurs qui vont arriver. De là deux séries de détails à noter ; classez-les bien. La physionomie d'une famille qui va faire une partie de campagne ou visiter quelque ville ne ressemble pas à relie de l'homme ou de la femme qui voyage pour ses affaires. Sur le visage de ceux qui attendent, il peut y
til
110 é'tVOÎr de la gateté, de la gravité ou de
la tristesse: dites pourquoi. Si l'attente se prolonge, on s'impatiente. Enfin l'on entend siffler la locomotive, le train arrive; on ouvre les portes. L'animation devient bruyante, fébrile. Indiquez les incidents qui se produisent, presque toujours, sur le quai. Montrez ensuite la physionomie des arrivants; les uns, qu' on n'attend pas, se hâtent et partent seuls; décrivez l'accueil que l'on fait aux autres. Mettez en relief les contrastes.Viennent ensuite les réflexions finales: avantages de la locomotion à vapeur; diversité des a spects de la vie; on savoure certaines joies dont la sincérité n'est pas douteuse et l'on voudrait partager, adoucir, des chagrins profonds qui serrent le cœur.
dégoût, si naturel, pour l'eau bourbeuse et fétide des mares? Il est utile: parlez ici de l'âne qui porte au marché les légumes que la paysanne va vendre, de l'âne qui fait le service du moulin, de celui qui traîne le bazar ambulant du gagne-petit, etc. C'est au pauvre surtout à celui qui ne peut pas se payer un ~heval, que l'âne est utile. Ajoutez que cet animal ne manque pas d'intelligence, gu'il en a plus, en réalité, que le cheval ët que, par suite, on a grand tort d'appliquer son nom à l'ignorant, au sot.
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Dans une lettre à un ami, vo us prenez la défense de l'âne en faisant le commentaire de cette ph rase de BuHon: • Pourq~oi t~nt d~ mépris pour cet animal si bon, st pahent, SI so bre, si utile? •
Encore un assez bizarre sujet de lethe! Essayez de bien amener votre plaidoyer. Commencez par les gentillesses d'usage; une lettre ne doit pa~ être, ~'un bout à l'autre une simple dtssertahon. Vous pouvez supposer ens~*' pa.r ~x., qu'on vous a fait don d'un ]Oh peht ane qui doit égayer vos promenades d'été. Et vous vous étonnez qu'on ait tant de mépris pour << Messire Aliboron ». La phrase de Buffon vous indique à peu près le plan de votre devoir. L'âne est bon· il s'attache facilement à qui le traite a~ec douceur. Il est patient, car il supporte avec cour~ge de rudes fati~ues; si on le maHratte constamment, tl devient entêté, indocile, alors que, sans neine, par la hontéL on peut obteni~ de lui tant de services? Il est sobre: tl se contente, à la rigueur, d'herbe~ rudes, dont ne voudrait nul autre herbtvore, et de chardons ; il n'est délicat que sur l'eau : y a-t-il lieu de lui reprocher son '
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l'' Quelques taux proverbes: • Une iois n'est p:ls coutume. , - • La lin justilie les mo· yc·ns. , - " Il faut hurler avec les loups •, etc. - 2'' Qui a un intérêt à taire les proverbts de ce genre? - 3'' Q u'arrive-t-il à ceux qui les prennent pour règles de conduite ? 4" Explicwer le • sens moral ». - 5' Quel est \t> châtiment de l'homme qui cherche à étoul· 1er la voix de sa conscience? - 6" Implacabilité du remords.
!0 Vous entendez quelquefois dire:
V ne fois n'est pas coutume, comme ~i une mauvaise action n'était pas mauvaise lors même qu'on ne la commet qu'une fois; comme si une première faute commise n'amenait pas fatalement la répétition de cette même faute. Pour vous décider à faire une chose défendue, on vous dira: La fin justifie les moyens, ou bien: Nécessité n'a pas de loi, comme si nous ne devions pas être honnêtes et probes en toute circonstance. - Pour vous en· traîner au mal, on vous dira : Il faul hurler avec les loups, mais on n'ai pas que tôt ou tard les loups tombent sous le plomb du chasseur. 2° Les proverbes de ce genre ont été faits par des hommes qui voulaient faire taire la voix de leur conscience; ils se permettront bientôt toutes sortes d'in· délicatesses, promettront sans tenir mentiront sans embarras, prendront bien d'autrui sans grand scrupule. 3 11 Les gens qui s'abritent derrière
dictons appellent niais l'honnête homme qui dit la vérité quand un mensonge paraît plus profitable; ils traitent de 'sot le domestique fidèle qui s'interdit les bénéfices faits aux dépens de ses maîtres. le brave ouvrier qui veille aux intérêts de son patron. 4n Ceux qui règlent leur vie sur de pareilles maximes arrivent à ne plus distinguer ce qui est juste de ce qui est injuste, ce qui est bien de ce qui est mal; ils sont plus à plaindre que les malheureux qui ont perdu l'ouïe ou la vue, car ils ont perdu le sens le plus précieux, le
sens moral.
5° Il faut prendre en pitié l'homme qui cherche à étouffer la voix de sa conscience. Le remords le ronge; il rit des lèvres, mais son cœur est triste. Le remords est un implacable et terrible accusateur. Il finit par peser aux coupables les plus endurcis. 6° Maintes fois, des criminels se sont eux-mêmes livrés la justice. Ils ont voulu expier leur crime pour mettre un terme à leur souffrance.
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Développez cet!e comparaison : les quatre ages de la vie el les quatre saisons de l'année.
Il existe une frappante analogie entre le cours de la vie humaine et le cours de l'année. Le printemps n'est-il pas l'image de la jeunesse rieuse et de l'adolescence aimable? Comme l'enfant, 1,, nature en avril et mai plaît à tous par sa grâce et s0n charm~. Son ciel bleu ressemble at!X yeux bleus ùes fillettes, et les promesses que cachent les bourgeons des arbres, gonflés de sève, sont celles qu'on s'attend à voir tenir à l'écolier studieux. Viennent l'~té et l'âge mû~;. L'arbre s'est couvert âe feuilles, de fruits; les moissons s'étendent sur la plaine et tout don ne à celui qui observe une impression de ~oree, d 'opulence. C'est la même sensahon qu'on éprouve à la vue d'un tra-
vailleur robuste, pour qui l'effort le plus sérieux n'est qu'un jeu. Quinze ans, vingt an s durant, l'homme sera plein de vigueur, mais ses forces commenceront à décroître, ses facultés à devenir moins brillantes. De même, après les chauds soleils d 'été, viendront les tièdes journées d'automne. Tout s'efface et tout s'apaise; les violentes couleurs s'atténuent · on sent le déclin qui s'approche: ma is' comme l'homme au seuil de la vieiltess~ recueille le fruit de son labeur la nature recueille en automne le fruit 'du travail de l'année: c'est la saison des récoltes abon~antes, des vendanges joyeuses. Puts, les arbres perdent leurs feuilles la neige couvre la terre et la vie devient languissante; c'est le triste hiver saison de mort. ' Ainsi l'homme, près de la fin de sa vie, sent ses forces décroître ses cheveux blanchir et tomber et ~uivant la très forte expression de don Diègue c'est alors que << l'âge dans ses nerfs ~ fait couler sa glace ».' ' Il meurt; mais la nature est immortelle; elle renaîtra au printemps suivant pendant que des générations nouvelles pleines de v.ig;ueur et de force, rempla~ ceront les vteillards disparus. Paul C... 15 ans. (Co p. retouchée.) XX·X
Un meuble Choisissez un des meubles de votre chambre;_ faites en la description. Dites avec quels malenaux et par quels ouvriers il a été fabriqué. Usage et utilité du meu ble choisi. Terminez en indiq uant à peu près sa valeur.
Le meuble que je trouve le plus joli dans ma chambre, c'est une armoire à linge. Elle est très grande avec une haute corniche un peu éva~ée. Elle a deux portes tout unies au milieu mais avec des moulures autour. Cette armoire est en bois de noyer ciré et elle brille beaucoup, car ma mère la frotte et l'époussette tous les matins. Sur les panneaux des portes, les veines du bois font
112 des desse.i ns; c'çst comme dans les nua. ges, on y voit tout ce qu'o~ ve~t. A l'intérieur de l'armmre, 11 y a tro1s éragères: sur la pl_us haute so~t les draps de lit ; au miheu, les che~ms~s et en bas des vêtements et du peht hnge. Il y a aussi deux tiroirs qui ferment à clé. C'est un menuisier qui a façonné le bois et un serrurier qui a fait les serrures et les charnières des portes. Mes parents disent qu'elle a coûté à peu près 80 fr. - Elise R., 11 ans. ----------~~~-----------
Leetare ~ et Récitation LES CHAMPS Après vos sœurs et votre mère, . Enfants au cœur tendre et soumts, Que la nature vous soit chère, Les champs sont nos meilleurs amis. L'air des champs donne avec largesse Comme un autre lait maternel; Il fai t croître en force, en sagesse, L'enfant placé là par le ciel. C'est la voix du monde champêtre, L'éclat des prés verts, du lac bleu, Qui vous feront le mieux connaître Et chérir la bonté de Dieu. Aimez donc les bois, la fontaine, L'étang bordé de longs roseau_x, Les petites fleurs, le gra~d chene Tout peuplé de joyeux 01seaux. V. de LAPRADE.
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LE GENERAL Un bambin avait pris l'armure de son p~re. 11 traînait une épée immense, et· pourslllvant Les ennemis absents, il criait: «En avant! • Comme un foudre de guerre. Q uand le papa Dit: « Halte-là!» . , Tu pourrais te blesser: laisse:là cette _epee.1 , - Mais père ... - Pas de ma1s! Quoi! tu pre' tends servir, Et ton âme est si mal tremp~e? ,. Tu veux être soldat et ne sais obeir·1 _ Moi dit le marmot téméraire, . dans 1~s gen • éra JI· Je voudrais ' m'engager, mais Ayant mal obéi, tu conuna~dera_I~ l(lal, Et si l'on t'entendait, mon peh! rn:li~atre, C'est le rire crois-moi, qui serait general. ' RATISBONNE.
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Blette• pédagogiques Vertus de la femme Sincérité, amour du travail, tempérance, épargne, ce sont les vertus de la ~em!'"e non moins que de l'homme, vertus plus mdisp~nsa. bles peut-être encore pour elle, parce quelles s'accordent mieux avec sa nature et avec su11 rôle. De plus, les femmes ont mille occasions de montrer du courage dans les épreuves de la vie courage fait de patience et d'abnégation, et qui affronte, sans bruit, des douleurs. et des angoisses non moins cruelles que la_cramte du péril. Mais il y a d'autres vertus qui, sans être 1~ privilège de la femme, s'imposent à elle avec un caractère d'obligation plus pressante: c'est Je respect de soi-même, qui doit ~tre comme b seconde nature; c'est la modestie dans les manières, dans la tenue, ~ans les paroles et dans les actions; c'est enhn la douceur et la bonté, qui sont à la fois son charme. et sa f~rte, et qui assurent autour d'elle la pa1x de lmtê· rieur et l'union des familles .
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Renfermons dans les placards les cartes et tableaux qu'on étale toute l'année sur les murs L'action de la lumière et des poussières hâte leur dégradation, les hygiénistes voient en odre dans cette pratique un danger pour .la s;;nté des élèves: la pédagogie est, sur ce pomt d'ailleurs, en complet accord avec les prescriptions d'hyJ:"iène. . . • Sans doute, il est md1spensable que le nw· tre ait toujours à sa disposition les moye~s de situer sur une carte un lieu géographtque, lorsque ce nom de lieu est p~on~mcé au ~our:s d'une leçon quelconque ; mats, a cette ho, il suffit que, sur les murs, so!ent _en permanence exposés trois cartes : plamsph;~e, E~rope ~~ Suisse. Quant au reste du matenel geographt· que, son emploi est limité à l'ordre des con· uaissances spéciales pour lesquelles cha9ue ca rte a été dressée. Le maître fixera plus a196: ment l'attention des élèves sur une carte qw leur est présentée au moment de la leçon, plu· tôt qu'il n'v réussira en se servant d'un mati,riel que !'.enfant a coutume de voir tous les j()urs d'un œil indifférent. • Pour vous, docteur, qu 'est-c_e donc que la o-rippe? _ Je considère la gnppe comme un "sport d'hiver.
phique,_ de toute doctrine sociale, dont des meilleures soulèvent d'interminables controverses. - [a mentalité actuelle se nourrit trop de ces lectures dont la svbstance, pareille à celle des anciens alchimistes, se compose des éléments les plu~. hété~ogènes. C'est pourquoi l'appantwn d un ouvrage dont le seul titre est une g~1rantie, d'un livre consacré aux bea!-ltes d'un pays privilégié de la nature, a ses mœurs, à son histoire et à ses légendes, est assuré d'avance dans la masse des lecteurs de l' acc~eil le plus bienveillant. '
tes traditions, de son émouvante histoire. « Le V alais. pittoresque >> formera un beau volume in-quarto, d'environ 200 pages. Il rencontrera certainement dans 1~ public valaisan en particulier' l'ac~ue~1 c?rdial qu'il mérite; il a sa' place mdiquee dans toutes les bibliothèques. Pour notre part, nous lui souhaitons le meilleur succès.
Variétés
POUR l'HONNEUR! .. . . « Le Valais pittoresque» en est un 1J vient à son heure combler une lacu~ On raconte que feu le conseiller national ne dans la littérature de notre canton . Bahler eut affaire uu jour chez un syndic du C'est à l'écrivain valaisan Solandieu Seeland. Débarqué à la gare la plus proche, il demanda au premier venu où demeurait le que les éditeurs ont confié le texte de cet syndic. ouvrage à la fois descriptif et histori- Vous voyt:z cette maison? lui répondit qu~; l'aut~ur déià bien connu des « Cro- l'indigène. Eh bien, « cet imbéci le » demeure là. qUis valaisans », publiés par les jourStupéfait de cette irrévérendeuse épithète, uaux et revues de la Suisse romande fvl. Bahler fit quelques pas, puis, curieux de s'est assuré le concours de précieux col~ voir en quelle estime le syndic était tenu par laborateurs, hardis coureurs de monta- ses administrés, il demanda à un autre citoyen gt!es, ardents alpinistes et fins lettrés. qu'il rencontra l'adresse du magistrat. P renez ce sentier , lui dit le natif; il conRien ne sera négligé pour donner à ce duit- tout droit chez « ce chameau ». ~e~te une saveur originale, une valeur Tout à fait déconcerté par l'urbanité de ce I~eale et documentaire en rapport avec qualificatif et très intrigué, M. Bahler ne put ! Importance du sujet. se retenir, un peu plus loin, d'interroger un L'illustration, confiée à l'une de troisième passant: - Voyez, expliqua celui-ci en montrant la n?s ~eilleures maisons de phototypie, · ma ison du syndic, c'est là que « le veau , ded a pres des. photographies origina- meure. les, des ateliers Schnegg, à LausanM. Bahler ne poussa pas plus loin l'expéne, comprendra une cinquantaine de r ience et arriva chez le syndic, roulant des planches hors-texte et de nombreuses réflexions plutôt sombres sur une fo ule de vues, de tous genres, figurant dans le questions immédiates ou lointaines. Le maistrat le reçut avec bonhomie et l'affaire qui texte._ Le pro_spect~s ~e l'ouvrage, qui va gamenait le visiteur fu t promptement arrangée. paraltre auJourd hUI même nous disEntre deux verres de vin, M. Bahler de· pe_n~e de dire avec quel art ~t quel soin manda négligemment à son hôte: meticuleux, cette partie de l'œuvre a été - Est-ce que la commune, au moins, vous · traitée. paye bien pour vos peines? - O h ! répliqua l'autre, elle ne nous paye «Le V alais pittoresque » est une œup~s un centime, mais il faut bien compter vre bien valaisanne, elle est inspirée par «l'honneur » pour quelque chose! ... la plus louable ambition, celle d'élever à la gloire du «Vieux Pays "• un mo~ POURQUOI FEVRIER N'A QUE 28 JOURS Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi nument digne de s~ pittoresque beauté, février n'a que 28 jours et tous les quatre de ses mœurs austeres, de ses touchan- ans 29?
Supplément au 3-/o 1 de ,f &cole" (1910) C'est une question bien facile à résoudre 1 ue l'on ianore généralement. e ~e lut en 'f>an 46 avant notre ère. que Ju~es César, d'après les ca.lculs astronOimques, ltxa l'année civile à 365 JOurs. d . Cha ue mo is eut le nombre e ses JOurs •1 ~ • 30 et 31 selon les mouvements de d~ ermme, • t Je derla lune. 11 arriva naturel1erne~ que our atnier ne pouvait avOir que 2~ J OU~s Pies Roteind re le nombre convenu. r, c ez . d . s le mois de février était le dert~ter e r.:~:~ée, ce fut lui qui dorén.av~~t, devatt posséder un nombre de jours mleneur. . Pendant longtemps, depuis Jul~s C~sa\ 1~ régularité dans l'ordre des _mc:ts n .~xts :~ pas l'année commençant tantot. a No~~ t , qu (. ' ',1 Pâques. Ce n'est qu'à parhr de_ ~ o. ' ordonnance de Cl1ar1es IX .dectda que F' une . . commencer le 1er Janvter. el'année devait b de vrier aarda naturellement son no~ r~ jours, qu'i l a conservé ~epuis. et qut s augm~nte d'un, les années btssexttles.
C'est déjà bien répugnant. Eh bien! il y a . plus for! que c~~~~ de l'Isère l'instituteur Dans un . ~~ _,._.,e • le ~ délégué • communal a ete denonoc\pl~:xtravagant prélex· il y en a encore - s u ogra 1 to que cet instituteur pos~ède ~n. plOn ~ . . e des a 1rs clencaux • · phe qlll ne JOue ~u o·1r C"' que l'homme aux Et si l'on veu sav a prenom> -. • d . 1 es appelle des airs clencaux. p f1c1 · t 1 le . M 1serere • u T et qu'i l dénonce comme es « Trouvère • , la • Prière • de la • osca • les • Rameaux • de Faure .... •
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LE BOIS ARTIFTCIEL . ï. au capital dL mq million~ de Une Socte e . our la iabncafr·mcs vient de se constituer r é . l ti~n des meubles à l'~ide. d'un c~rt~n ps~t~~~~ Ce carton est fabnque avec e a bois ou des matière~ iibreus:t~da~~t~:n~~~~~~ auxquelles on peut aJouter' p t substanc~tion des sels ignifuges ou au r~s ua. dest'me'es ·a donner aux prodUits les q ces lités désirées. bles de papier Ne croyez pas que ces meu . ns plus de conststance que 1 s~ientSfur ~ed~ s:artes. Ils ne iléchiront pas ces cl a ea~ds des charges qui leur sont dessous e pot t smettre de tinées, et on continuera à se 1es ran père en fils. · t d ue le ausst en r~ q Le bois ·~rtiîiciel sera · d e l'acaJOU bois de sapin et ausst ure qu .· 0 n 1 nchers des c1otsons, d t en fera égalemen es Pa ' ï des des poutres fie charpente, des vot ures, bateaux, des wagons, etc. LE PHONOGRAPHE CLERICAL On lit dans le ,Gaulois": • Un instituteur du Sud-est disait récemment à un de nos amis: . • ~ J'allais jusqu'ici toujour~ a ~a messe, nais discrètement, sans ostentahon, a la mt.es· , d u ma t'n On m'a dénoncé, et. l'mspec s" 1 • d wn · a~adémique m'a !ail ct,~re. que Je ne evats plus mettre le pied à 1 eglise.
L'AFFICHE AVAIT-ELLE ~Adl~ON~ t'' ·d le souvemr une m e On na pas peL . u l'an dernier grand de Pa~is. On rcssante afiiche q~u eut, f ;;uccès dans certams quar •ers y lisait :
Uae'té perdu • entre la Chambre des d~putes et Je Palais de Justice UN MIILLIARD , . (le prétendu mill iard des Congregahous) promis le 2B octobre 1900 par Waldeck-Rousseau . ministre président du ConseiL
·Et du .milliard mille millions . . entendez bien, . qu'on nous aLvEa~l~~ms, NEUf MILLIONS SEU sont rentrés dans les caisses de .l'Et~. entre les mams e.s Le reste s'esl éaaré 1t des prétendus amis "'du peup1e, q~•· ol\1te fa leur caisse avant de penser a ce retraites ouvrières!!! L'information populaire par l'a!iiche et par l' tract (32 bou levard du Temple), a de n~~ ~eau fait placarder cette afiiche, dont les clarations se trouvent conîirmées d'une iaçon éclatante. LA CONCENTRATION DES RAYON~ X Une découverte importante pour la SCience vient d'être faite à St-Pétersbourg par uni'~~ vrier nommé Lantzevitsch, au servtce de pital Marnisk. t er Il vient de trouver le moyen de conc~n r les rayons X; avec un appareil de so~ mv~:~ tion on peut examiner promptement JUsqu moi;ldre recoin des parties malades du corps humain. . l'idie Malheureusement, l'inventeur avatt eu .. il d'essayer sa découverte sur s~n ~ras drotl, éprouva des douleurs et le medecm a constali Ul t commencement de gangrène.
L'EPARGNE
comme remède contre l'ivrognerie L'économie et l'ivrognerie sont deux ennemis jurés. Ils ne peuvent vivre côte à côte. Un des motifs pour lesquels l'ivrognerie est si répandue, c'est qu'on ~ désappris à économiser. On pourrait presque dire : Quel est celui qui économise encore actuellement ? Dans tous les états - même chez les pauvres on recherche avec avidité les jouissances et les amusements. Voici ce que dit à ce sujet Mgr Aichner, prince-évêque de Brixen: L'économie et la frugalité du foyer sont pour bien des familles des vertus inconnues. Le père de famille se livre à l'ivrognerie et à ses plaisirs, sans égards pour sa famille. La mère de famille introduit des besoins nouveaux dans sa maison; jadis ces besoins nouveaux étaient inconnus chez elle. Le ménage ne peut plus faire face aux dépenses, et après cela, on se plaint que les temps sont mauvais. Les domestiques ne font aucune économie; malgré leurs gages très élevés, ils ne sont pas capables d'épargner quelque chose pour les cas de maladie et le temps de la vieillesse. Il est vrai qu'actuellement il ne manque pas d'occasions pour dissiper son argent. Le nombre des auberges a augmenté et l'heure de police n'est pas observée, les nombreuses réunions de sociétés de théâtre, les danses, développent l'amour des plaisirs et font sortir l'argent des goussets. Il y en a même qui ne se contentent pas de sacrifier leur dernier sou pour de pareilles réjouissances, mais qui, dans ce but, mettent en gage tout ce qu'ils possèdent de plus cher et de plus précieux. Voici ce que dit aussi Westermayer, prédicateur et député, à Munich : Le luxe, le goût des jouissances et des
plaisirs sont devenus une mode tyrannique. Autrefois, il y avait une .vie de famille. Actuellement, elle a disparu de tous côtés; elle a été remplacée par la vie d'auberge. Voilà un signe des mœurs de notre temps. On vit sans réfléchir, à ce sujet, et le matin déjà, on dissipe ce qu'on gagnera r.enda~t le jo':lr, sans qu~ pe~son ne songe à economtser. Combien Il en irait autrement si la vertu chrétienne de l'économie était pratiquée. Si seulement la génération actuelle voulait se donner la peine de calculer ce qu'on dépense pour la boisson pendant une seule année. Les dépenses journalières montent à des sommes fabuleuses. Si on voulait se donner la peine de les noter pendant une année seulement, il arriverait souvent que, l'année suivante, on mettrait cette somme sur carnet d'épargne. Pourquoi, actuellement, ne veut-on plus économiser? Parce que cela demande des sacrifices et que, maintenant on ne veut plus s'en imposer. On ne se soucie plus des petits renoncements que réclame l'économie, bien qu'ils soient compensés au centuple par des avantages réellement bien précieux. Pour de· venir économe il faudrait renoncer à divers besoins qui sont devenus chers ; H faudrait surtout du courage, une fermeté inébranlable, et on ne peut pas s'y soumettre. Si, une fois, on pouvait se décider à aborder cette vertu, si on avait préparé le terrain, il est certain qu'on suivrait alors le chemin marqué; car l'économie a un pouvoir admirable; une fois qu'on s'y est mis, cela devient une habitude qu'on aime et dont on ne peut plus se passer; quand on la pratique ·avec sagesse, elle n'a jamais nui à personne; mais elle a apporté la prospérité à des milliers d'individus. Comme on vient de le dire, l'économie a un pouvoir admirable. Elle.serait capable, s'ils voulaient se soumettre à
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50 laire sou verainemenl grave. Il s'agîssa lt, eu son doux empire, de ramener une foule effet, du salut de l'humanité, du bonheur éterde buveurs et de pères de famille à la nel des hommes après ce!ie vie terrestre. sobriété et de les forcer à abandonner Les hommes, il faut Je dire, prennent ce!!e la vie d'auberge. affaire-là beaucoup moins à cœur que Dieu le Pour revenir à la pratique de cette Père et son Fils Notre-Seigneur ne l'ont prise. vertu il faut avant tout favoriser les Quand on y réiléchit, on reste confondu _en sociétés et les caisses d'épargne. C'est voyant que le sauvé s'inquiète beaucoup moms son salut que son Sauveur. une institution nécessaire et de la plus de L'homme léaer et frivole, est rebelle à l'efgrande opportunité. u~ ~conomiste dit fort qu 'exio-'e d"e lui cette af!aire décisive, Il en parlant de ces soctetes : Sur to~tes s'en occup~ le moins qu'il peut et si l'E~lise les chaires dans toutes les assembler,s, n'était pas là avec ses fêtes, pour lm rememoon devrait' parler de ces institutions et rer l'œuvre de la Rédemption, il y a longtemps éclairer le peuple sur l'épargne. Il fau- que l'homme aurait oubli~ que ~ieu v_int une drait surtout qùe la jeunesse ait ?n fois sur la terre pour hu ouvnr apres cette les portes du bonheur éternel. grand enthousiasme pour ces ass?cta- vieInsistons donc un peu sur la nécessité pour tions économiques et qu'on la form~t d~ le chrétien de mettre sous ce rapport, un peu très bonne heure à l'épargne. Celm qm d'ordre dans ses préoccupations et d'accorder ne commence pas à économiser jeune, à l'aitaire de son salut la place qui lui cons'y mettra difficilement plus tard. C'est vient c'est-à-dire la première. A~cun livre n'a exprimé ce devoir avec là pour les parents et les ~duca!eu~s une tâche importante. Ils dotvent evetl- plus d'éloquence que l' « Imitation '• qui est le commentaire parfait de l'Evangile. ~ous 11:e ler et fortifier dans l'enfant le sens de ferons ici qu'aligner un choix de maxtmes ttl'économie. De bonne heure ils doivent rées de ce livre admirable, trop peu lu par le leur acheter un coffret d'épargne et chrétien. tous les sous qu'on donne à l'e~fant Voici ce que dit l'« Imitation »: , . Que 11otre principale éh1de soit de medtter doivent y passer. Les parents qm ap. prennent ainsi l'économie à _leurs en- la vie de Jésus-Christ. Vanité des vanités, tout n'est que van.té, fants, préparent, pour une tres grande hors aimer Dieu et le servir lui seul. part, leur bonheur futur. La souveraine sagesse est de tendre au ro· On ne saurait trop le répéter, à notre yaume du Ciel par le mép~is du _mon~e. époque, il faut recommencer à . pratiVanité de ne penser qu'a la vte presente et quer l'épargne. C'est un des metlleurs de ne p;s prévoir ce qui la st~ivra. . . Vanité de s'attacher à ce qut passe SI vde moyens pour mettre un frein aux flots dévastateurs de l'alcoolisme, de l'intem- et de ne pas se hâter vers la joie qui ne finit point. pérance et de la soif des jouissances. Il y a beaucoup de choses qu'il importe pe:• XXX· ou qu'il n'importe point à l'âme de conna1· PENSEE. - Quelque loin que la science tre: et celui-là est bien sensé qui s'occupe d'autre chose que de ce qui intéresse son sapousse ses conquêtes, son domaine sera to~ jours limité; c'est tout le long de ses ir~~he lut. Ce n'est pas qu'il faille blâmer la science, res que Botte le mystère; et plus ce~ irontteres ni la simple connaissance d'aucune chose: _car seront éloignées, plus elles se.ro~t etend~e. elle est bonne en soi et dans l'ordre de D1eu ; Poincrwé, de l' Academte françatse. sEoulement on doit préférer toujours une conscience pure et une vie sainte. Parce que plusieurs s'occupent davantage de savoir que de bien vivre , ils s'égarent et ne retirent que peu ou point de fruit de leur traPour que Dielt ait env?yé sot~ F!ls sur 1~ vail. terre et que ce Fils se sot! soumts a end~ret Au jour du jugement, on ne nou? deman· les humiliations et les tortures de sa PassiOn, dera point ce que nous avons lu, mats ce que il faut, n'est-ce pas, qu'il se soit agi d'une al-
La seule chose nécessaire
nous avons fait ; ni si nou s avons bien parlé, mais si nous avons bien vécu. Celui-là est vraiment sage, qui pour ga: guer Jésus-Christ, regarde comme de la boue toutes les choses de la terre. Il faut veiller et prier, afin que Je temps ne se passe pas sans fruit. Nous sommes trop à nos passions et trop iuquiets de ce qui se passe. Asservis à nos passions et à nos convoitises, nous ne faisons aucun effort pour entrer dans la voie parfaite des Saints. Celui qui cherche autre chose que Dieu seul et le salut de son âme, ne trouvera que tribulation et ctouleur. Heureux celui à qui l'heure de sa mort es! toujours présente, et qui se prépare chaque jour à mourir! Maintenant le temps est d'un grand prix. Voici maintenant le temps propice, voici le jcur du salut. Tandis que vous en avez le temps, amassez des richesses immortelles. Ne pensez qu'à votre salut, ne vous occuprz que des choses de Dieu. Soyez maintenant plein d'appréhension, afin de partager, au jour du jugement la sé· curité des bienheureux. ' Alor s on verra qui fut sage en ce monde. Alors on s'applaudira d~s tribulations souffertes avec patience, et toute iniquité sera muette. Alors tous les justes seront transportés d'allégresse, et tous les impies consternés de douleur. Alors les vêtements pauvres resplendiront, et les habits somptueux perdront tout leur éclat. Alors la plus pauvre petite demeure sera jugée au-dessus du palais to11t brillant d'or. Alors une patience constamment soutenue sera de plus de secours que toute la puissance d~ monde; et une obéissance simple, plus élevee que toute la prudence du siècle. Alors on trouvera plus de joie dans la pureté d'une bonne conscience, que dans une docte philosophie. Alors le mépris des richesses aura plus de poids clans la balance, que tous les trésors d.e la !erre. Alors le souvenir d'une pieuse prière vous sera de plus de consolation que celui d'un repas splendide. Alors vous préférerez une vie de peine et de travail à tous les plaisirs de la terre. Revenez à Dieu de tout votre cœur, lais-
sez-là ce misérable monde, et votre âme trotJ vera le repos. Apprenez à mépriser les choses extérieure et à vous donner aux intérieures, et vous ve1 rez le royaume de Dieu venir en vous. Car le royaume de Dieu est paix et joi dans l'Esprit-Saint : ce qui n'est pas donné au impies. Cherchez Jésus en tout. Car l'homme qu ne cherche pas Jésus se nuit à lui-même plu que tous ses ennemis et que le monde entie1
* Méditons ces maximes toutes pleines d sagesse et puissent-enes devenir la règle d· vie de chacun.
L'école des grands-pères NOUVELLE - Adrien, viens donc! Adrien! tu ne m'en tends donc pas? Adrien, où es-tu? A-dri-en Ne battez les buissons, grand-père, mai: regardez bien en haut, juste un peu plus ba: que le ciel. - Toi! dans ce marronnier! Petit miséra ble! Comment as-tu pu grimper là? Qu'y fais tu? - Je fabrique une flûte en bois de sureau grand-père. Quant à avoir pu grimper là-haut cela ne m'est pas plus difficile qu'à vous dl monter l'échelle de votre grenier! - Descends, garnement! - Pourquoi descendre? Je m'amuse beau coup. - Je m'amuse beaucoup! Tu me répond: toujours cela quand tu fais une sottise. - Pour cela, grand-père, vous avez rude ment raison, mais, voyez-vous, les parent: traitent de sottises tout ce qui leur déplaît Moi, par exemple, cela m'amuse de cueillir de: violettes an printemps, des fraises en été quand je reviens de l'école à la ferme; pap~ et maman déclarent que j'ai autre chose 2 laire, et voilà votre petit Adrien puni quanc il rentre en retard. Pauvre garçon, va! Vom riez, grand-père! Oh! ne dites pas non! Te uez, vo~ts avez bien raison de ne pas nier, jt vous a1 entendu!... Les parents ne menlenl jamais. - J'ai plus envie de pleurer que de rire méchant enfant. - Oh! grand-père, à votre âge pleurer! - Adrien, j'exige que tu desce~des! - Grand-père, on ne peut pourtant pas S(
5'J servir d'une flûte sans qu'eUe ait des trous! Vous ne voudriez pas, n'est-ce pas, que ma flûte n'ait pas de trous? - Tu les feras en bas. - Ah! non, il faut que je la finisse avant de descendre! Une fois à terre, je m'occuperai d'autre chose et je ne pourrais jamais jouer de la flOte! Vous ne voulez pas m'en acheter une, grand-père? Dites, une flûte pour de bon dans laquelle je n'aurais qu'à souffler pour qu'elle fasse de la musique? - Oui, peut-être, si tu descends tout de suite sans te casser le cou. - C'est bien, grand-père, je suis votre homme! Tenez, me voilà en route pour la terre ferme! - Il faut pourtant que . je domine la situation, grommelait le bon M. Rousseau tout en suivant avec anxiété la descente de son petitfils. Si ce scélérat continue à élire domicile dans mes marronniers, un malheur arrivera! Je ne puis pourtant pas refuser à ma fille de garder Adrien pendant qu'elle est malade et rejeter ce garnement sur les bras de son père, occupé dans les champs, toute la longue journée, en cette saison. Je lutterai , oui, je lutterai ... et ferme encore! Derrière ses lunettes, le regard de M. Rousseau s'animait; il brandissait comme une arme de. combat le pacifique journal auquel il était abonné depuis quarante ans et qui réjouissait son âme de rentier en promettant que les • chosea s'arrangeraient à bref délai •. Ainsi laucé sur le sentier de la guerre, M . Rousseau pénétra dans la salle à manger, prêt à mettre sa femme au courant de la situation; mais Adrien, dont le grand air que l'on respire à la cime des arbres avait épuisé l'appétit, était entré derrière lui. Ce fut la trêve, non des confiseurs que nous ramène chaque fin d'année, si lamentable soitelle mais la trêve du beefsteak aux pommes! Adrien ne donna sujet à aucune plainte sérieuse, et comme tout être humain, du haut ~n bas de l'échelle des êtres, est porté à votr l'existence moins sombre après qu'avant les repas, M. Rousseau se prit à espérer qu'il rendrait à ses enfants son petit-fils pourvu de tous ses membres. La vie extraordinairement calme menée par M. Rousseau, excellent citoyen, très honnête commerçant, qui avait ignoré tout sport, m~ me rudimentaire le rendait craintif, l'alannatt pour des périls imaginaires, tandis qu' Adrien, élevé en rase campagne, allait à l'excès opposé.
53 Celui-ci sorti de la salle à manger et se démena dans le jardin, soigné, peigné, ratissé, comme il l'eût fait en pleine forêt, saccageant les massifs et la pelouse. Mme Rousseau s'en était aperçue, mais toujours souffrante, usée dans un continuel labeur qui avait aidé à constituer l'aisance du présent, elle prit parti des vaincus: la retraite, et fermant ses rideaux ... pour ne pas voir ce qui se passait. L'aïeul, furieux, et non sans cause, fit rentrer Adrien, ennuyé, ennuyeux, maussade, se refusant à toute occupation. Les pauvres grands-parents en arrivaient à cette triste conclusion que leur petit-fils était inaccessible à tout raisonnement, rebelle à toute ~entative d'éducation. Dans le but d'opérer une diversion, M. Rousseau se décida à amener Adrien à la foire du chef-lieu, tout en soupirant à la pensée de lui procurer un agrément si peu mér ité. Il n'est pas méchant! se répétait-il à luimême. Mais son droit bon sens de brave homme le forçait à ajouter : sa désobéissance a· mène exactement les mêmes résultats que la méchanceté. Il fallut passer deux heures dans le train omnibus qui ramassait des voyageurs à toutes les stations, et ces deux heures, certes, furent bien employées: elles mirent à la plus rude épreuve la patience du pauvre M. Rousseau. Adrien, installé dans uu coin, passait son temps à lever et à baisser la glace, à écraser les p ieds de ses voisins; son grand-père, assis à l'autre extrémité, n'osait déranger tout le monde pour accentuer les réprimandes qu'il adressait à distance. L'excellent homme était très inquiet de la façon dont s'écoulerait la journée. Dès que le train fut en gare, avant l'arrêt, Adrien ouvrit la portière et se jeta sur le quai; il alla tomber dans l~s jambes d:un, employé qui le menaça de fan·e un proces a sa famille. L'enfant devint pourpre et n'osa pas regarder son grand-père; dans la crainte d'une admonestation, il prit les devants pour gagner la sortie, et fut arrêté net.... on ne voulut pas le laisser passer sans billet. Adrien avait envie de protester contre une telle manifestation de tyrannie; décidément, tout n'était pas plaisir dans les voyages. Il dut attendre son grand-père qui avait retrou· vé tout un groupe d'amis et marchait lente· 111ent Cil causant avec eux.
Cette circonstance énerva Adrien. Si grand-père, au lieu de le promener, se permettait de se distraire pour sou propre compte! force lui fut, ne trouvant personne à qui parler, de suivre ou de précéder les vieux messieurs qui allaient, eux aussi, à la foire. Ah! c'était bien de leur âge vraiment! Mais l'un d'eux alla chercher un enfant de I'àge d'Adrien et l'engagea à entrer en conversation avec le petit-fils de son ami. Les deux garçonnets se regardèrent d'abord à distance, puis, peu à peu, se rapprochèrent quand ils virent que l'on ne cherchait plus à Jeur faire faire connaissance. En longeant les boutiques ils finirent par se trouver côte à côte en contemplation devant les mêmes objets. Ils échangèrent leurs noms. - Je m'appelle Adrien, et toi? - Alfred. -- Tu as de l'argent pour acheter quciq•.1e (ol05Û
- Juste 2 fr. 90, la moitié de ce que j'ai amassé; mes parents me donnent de temps en ttmps des sous quand j'ai passé mes récréalions à soigner le jardin ou quand j'ai beaucoup de bons points. - Si je n'avais que cet argent-là, je ne serais guère riche.... Mais pourquoi r egar deshl les poupées? - C'est que ma petite sœur serait contente si je lui en rapportais une! - Oui, deux, mais l'au tre est grande! Cellt-ci est souvent malade; elle s'amuserait avec u poupée, à la coucher, à la dorloter. Tout le monde est trop occupé pour la distraire, alors elle joue avec le chat, mais Minette la rriHe. "" - Tes parents peuvent bien payer des jouets à ta sœur! Moi, je suis fils unique, raime mieux cela. - Ah! par exemple, c'est vi lain de dire ! C'est triste d'être tout seul! Achetons des panoplies pareilles, veuxC'est amusant de jouer au soldat. - Je serai content d'être soldat pour tout bon, puis de revenir ensuite à la fem1e. Moi, j'aime mieux ne pas me donner de Allons, c'est entendu, acheton s des paPourquoi t'en vas-tu ? Alfred regardait les 2 fr. 90 entassés le creux de sa main. S'il avait pu augle nombre des pièces blanches et des à force de les considérer ? Mai s non,
toujours Je même chiffre! Et les poupées coû· laient 2 fr. 60! Sans répondre à son nou vel ami, Alfred s 'éloigna, retourna à l'autre boutique et revint avec la même boîte contenant la poupée dans une main et six sous dans l'autre. Il était content de lui, et pourtant deux grosses larmes lui montèrent aux yeux en voyant Adrien faire décrocher une panoplie. - Te voilà bien avancé, déclara ce dernier ayec un sourire railleur. Que vas-tu faire de tes six sous? - Payer un tour de chevaux de bols el manger un gâteau, il me restera deux sous! Papa et maman m'ont dit souvent qu'il ne fallait pas vider le fond de sa bourse, à moins que cela ne soit pour faire l'aumône. Après une séance devant l'éventaire de la marchande de gâteaux, Adrien monta sur les chevaux de bois. Il s'y amusa follement, et malgré les appels réitérés de son grand-pêre qui voulait faire deux ou trois visites, il resta juché sur un éléphant. A chaque tour, il donnait régulièremeul ses deux sous; au onzième tour, il s'aperçu t qu 'il ne lui restait plus rien. Le directeur du manège n'avait pas reçu une éducation très raffinée; il interpela grossièrem~nt Adrien et le fit descendre a vec tant de violence que celui-ci faillit rouler entre les jambes de l'éléphant. Adrien enjamba vivement les deux marches et se précipita dans la Ioule, s 'imaginant qu'il était poursuivi par le forain qui abandonner ai t tout pour lui réclamer ses dix centimes. Quand il fut un peu calmé, il chercha son grand-père de tous côtés, se faufilant entre les groupes, s'élançant vers tous les vieux mess ieurs qu'il apercevait. Lui qui ne doute jamais de r ien perd son bel aplomb, il commence à être saisi de frayeur! Son grand-père devait l'emmener chez d'anciens amis; il ignore même le nom de ces amis! Maintenant, il est tout pâle, il murmu re des paroles incohérentes, il s'adresse à tou s les sergents de ville qu' il rencontre en leur dépeignant son grand-père et en leu r demandant, avec des larmes dan:; les yeux et dans la voix, de l'aider à le chercher. Les bons agents promettent d'ouvrir l'œil, mais ils sont trop affairés à surveiller les pickpockets pour se charger d'investigations nouvelles ; ils en-
54 gagent Adrien à se rendre a~t commissariat, de police mais cette perspective cause à 1 et~ !<; nt ;me frayeur irraisonn~e, et , il s'enfuit d'un autre côté, passant bten pres de son g rand-père sans s'en douter. ,. M. Rousseau, qui , exaspéré de la d~so?et~ sance de son petit-fils, s'éhit d'abord elotgne, revint sur ses pas et guetta à chaque tour de chevaux de bois les visages des enfants montés sur les atùmaux plus ou moins féroces. . Plus d'Adrien ! Il se mit alors à parcouru ]a foule en tous sens, hélas! sans résultat. Une horrible inquiétude commence à s'emparer de lui. Le_ pauvre gran~-p~re. ~'afi~le, plus encore peut-etre que le p_~~!l-itls, Il pressent mieux les dangers que ltmprudence de celui-ci peut amener. . _ . Jamais il n'avait enc?re ressenh .a. ce poml les fatigues et les malatses de la vtelllesse. Il lui semble que ses jamb~s ~e!uset~t _ct: 1~ por: ter tant il a hâte de counr u'un cote a ~ autr~, t;mt les minutes lui semblent longues, Il crot! qu'il va tomber, car son c_œur bat à se rom~re. Tout à coup, un espot r lm vtent: peut-etr: son petit-fils est allé à la gare, pensant que la ils se retrouveraient sûrement. S'il en est ainsi Adrien est vra iment plus réfléchi qu'on ne 1~ croit. Et, déjà, le pauvre o-rand-père se persuade que, dans quelques ~Jstants, il va retrouver Penfant; se~ _alarmes s"apaisent, il reprend haleme et se_ dmge ve:s la station non sans se retourner bten des f01s. Il arrive 'enfin et l'émotion le reprend. Il pé· nèh·e dans le hall, le parcourt en tous sens, s'informe aux employés, à la marchande de journaux, à tous les allants et venants. Parfo is une demi-affirmation ou seul~ment une r éponse vague lu~ donn~nt une esper~nce toujours déçue. Mat~, apres ~out, ,Ad': ten a P~ faire nombre de ctrcmts avant d arnver, peut être s'est-il amusé à regarder les devantures des boutiques. (La f1 11 a·u tJroclw;" N•.J
Comment on peut augmenter son revenu : les abeilles Q uand ]es fleurs s'ouvrent. - L'abei lle et les · vergers. - Une ressource dans les pays pauvres. - Préparez vo_s ruches. La saison printanière faJt songer tout naturellement aux abeilles qui peuvent alors n;· noncer aux provisions d'hiver, pour aller put-
55 ser le suc des fleurs qui s'ouvrent de toua côtés. On ne sait pas assez tirer parti des Jes. Le produit du miel et de la cir~ est de~ plus rémun~r~te~rs. ~u 'on c?nnatsse, il n'exige qu'une mstgm!tante tmse de L'installation d'un rucher est peu Ol!;pendi-.R se une caise de bois, un tronc d'arbre w~ panier de paille ou d'osier que l'on sur une planchette élevée au-dessus du el voilà une ruche primitive que chacun s'offrir à peu de fra is. Tous ceux qui vivent à la ~ampagne vra ient avoir leur rucher, ce qUI leur tt ait d'augmenter sensiblement leurs rP~·- Aucune ressource n'est plus sûre; n'exige moins de ~ines, p~lisque • c beille elle-même qut , sans n en ~outer s~. nourriture, travaille ~ prodUit pour maître. L'abeille rend même de plus grands ces qu'on n'apprécie pas toujours à leur valeur. On a remarqué que les ver~er? n?.ienl butiner les abeilles, prodm fruits en abondance. Elles concourent fécondation des arbres fruitiers et cu'""'uuainsi indirectement à assurer de belles tes. C'est surtout dans les pays pauvres les abeilles devraient être le plus car elles se contentent de peu. Il n ct-ssaire qu'elles soient pl_acée_s à de riches prairies ou de Jardms Mais bien des gens ne se doutent ressources variées qu'on peut trOL!ver c&mpagne, en marge de la professiOn exerce. _ _ _ _ _ _. . . .t-1•. - - --
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El vers l'horizon polychrome Le roi Soleil se lève hautain. Son œil de feu rougit la terre, Son front d'or empourpre les Cieux, Il est d'une beauté si fière Qu'à tous il fait baisser les yeux. Mais dans les champs, dans la verdure, C'est lui qui fait germer les fleurs, C'est lui qui dore la nature Et met un prisme sur nos fleurs. Dans les bosquets, sous la charmille, )1 fait chanter les vieux grillons 11 met des ors sur la mantille Des oiseaux et des papillons. Tout Je monde a goûté son charme, JI a calmé bien des douleurs, JI a séché plus d'une larme, Et réchauffé combien de cœurs! JI fait épanouir la rose, Couler la sève dans le blé, Vibrer sur notre bouche close, L'aveu de notre cœur troublé. Et voilà pourquoi l'on t'adule, Oh! la plus belle des sai sons! Et pourquoi tu n'as pas d'émule Sous les infinis horizons; On t'a choisi plus d'un emblème: Jeune fille au front fleuri, Ou reine sous un diadème Ou bien un ange qui sourit. Mais le Printemps, c'est plus encore: C'est l'œuvre du Dieu que j'adore A qui je rends grâce, à genoux. Salut! symbole d'allégresse, Joyeux printemps de mes amours, Symbole aussi de la jeunesse, Oh! toi, que l'on aime toujours! SOLANDIEU
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Salut! Printemps Il est là! j'ai senti son aile, Et flotter son subtil parium, Il vient de prendre en sa main frèle Le sceptre de l'J:iiver ~éiunt. Dans les maronnters qut J'ai vu frétiller le Pri Les doux zéphyrs partout Ils sont partis, les noirs a_utans. Des Frimas le morne suatre A disparu 'd e nos guérets. . Le ruisseau roule son eau clatre En faisant chanter les galets. Des buissons un troublant arome Embaume l'air !rais du matin
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Variétés QUELS SONT LES PAYS OU L'ON ECRIT LE PLUS? paraîf que ce sont les Etats-Unis pour Mais pour les cartes postales c'est qui détient le record, grâce peut-être des touristes pendant la saison d'été. Je pays qui font partie de l'Union universelle, on expédie annuellement 40 milliards ou 40,000,000,000 d'en· Ce nombre comprend également les mandats postaux et les mandats remboursement; mais ces articles figu-
rent dans l'ensemble pour mt chiiire assez faible, tandis gue les lettres et cartes postales Y sont pour la plus grande partie. Quant au nombre des cartes postales, il est dans la plupart des pays inférieur et même de beaucoup au nombre des lettres, à l'exception toutefois des Indes anglaises où les deux sortes de correspondances se balancent à peu près, et du Japon qui expédie environ deux fois plus de cartes postales que de lettres. Voici en chiffres ronds le nombre des correspondances expédiées en 1908 dans les pays gui ont le plus grand tralic postal: Sur 11 ,733 millions de correspondances, tes Etats-Unis d'Amérique ont 5832 millions de lettres; l'Allemagne a expédié 5657 millions de correspondances dont 2!576 millions de lettres; la Grande-Bretagne 4967 millions avec 2913 millions de lettres; pour la France on compte 3309 millions de correspondances distribuées par la poste dont 1324 millions de lettres; vient ensuite l'Autriche avec 1461 millions de correspondances, dont 778 millions de lettres; en Japon on relève 1329 millions de correspondances, dont 358 millions de lettres; enfin la Russie comptait, en 1908, 1017 millions de correspondances dont 686 millions de lettres. Tous les autres pays ont moins de 1000 millions de correspondances postales. Si maintenant on prend comme chiffre de population les résultats dn dernier recensement de chaque pays, on obtient Je nombre suivant de correspondances par tête d'habitant: Pour les Etats-Unis, 75,6 lettres et 10,9 cartes postales; pour l'Angleterre, 66,6 lettres et 19,4 cartes; pour la Suisse, 56,3 lettres et 33,3 cartes; pour l'Allemagne, 42,5 lettres et 22,5 cartes; pour le Dan~mark, 45 lettres et 7,9 cartes; pour la France, 34 lettres et seulement 1,3 carte; pour l'Autriche, 29,7 lettres et 17,9 cartes; pour la Belgique, 28,1 lettres et 13,8 cartes; pour les Pays-Bas, 25,2 lettres et 14,5 cartes; pour la Suède, 23,4 lettres et 8,2 cartes; pour la Norvège, 22,4 lettres et 4,4 cartes; pour la Hongrie, 15 lettres et 7,4 car!t:s; pour l'Espagne, 11,1 lettres et 1,1 carte; pour l'Italie, 9,4 lettres et 2,9 cartes; pour le Portugal, 7,6 lettres et 3,1 cartes; pour Je Japon, · 7,4 lettres et 13,5 cartes; pour la Rou· m~nie, 7,3 lettres et 5,6 cartes; pour la Russie, 5,1 lettres et 1,4 carte; pour la Bulgarie, 4,1 lettres et 3,2 cartes. De tous les pays ayant acquis un important développement économique, ce sont les Indes anglaises qui viennent en dernière ligne avec 1 ,1 Je !1re et 1,1 ca rie pos· tale par tête d'habitan1.
Annexe EDISON PROPHETE (Ce que l'on verra dans 200 ans.) En ce temps de comètes errantes et capricieuses, de déluges et autres cataclysmes redoutés, il n'est pas sans intérêt d'apprendre d'un des plus puissants cerveaux de notre époque ce que nous réserve l'avenir, à nous et ~ nos descendants. Edison a résumé ses prophéties. Le célèbre inventeur fait observer, d'a· bord, que l'humanité sort de l'état animal et commence à peine à percevoir et à comprendre ce qui se passe autour d'elle. Elle ne con· naît pas même encore la totalité de la planète sur laquelle elle est fixée, tes phénomènes immédiats qui l'entourent, la troublent et la déroutent, à plus forte raison ceux dont la source se trouve dans les autres mondes. La vision d'Edison s'est portée. sur 200 ans en avant de l'heure présente. Alors, écritil, on ne connaîtra que le mécanisme automatique, le· radium, la plus grande puissance qu' il y ait dans la nature, aura été maîtrisée pour être asservie aux besoins de l'humanité. La torce des marées sera également u!ilisée très 1ar· gement. Des moulins à vent, reliés à des accumulateurs, distribueront de tous côtés, sous lorme d'électricité, la force actuellement per· due des vents et des ouragans. Notre prophète vit encore dans l'immense lointain des machines mues par ta force so· laire, qui donneront de magnifiques résutJtats. Il n'est pas jusqu'à'I'énergie des volcans qui, pour de vastes profits, ne soient utilisés. Des troubles assez graves seront, dans l'ordre économique, la conséquence de toute cette. gi· gantesque machinerie. Un travailleur ordmaire vivra alors comme vit aujourd'hui le for· tuné qui a un million de revenu. Edison ne prévoit pas que la mort sera vaincue. LA COMETE SUR LE CERISIER Une aventure du plus haut comique a eu pour théâtre, la semaine dernière, un gros village du Freiamt (Argovie). Profitant de l'obscurité, un mauvais plaisant avait pris sur la route une lanterne placée là pour indiquer quelque obstacle à la circula· tion, et grimpant sur un cerisier, il la fixa au bout de la plus haute branche. Un noctambule rentrant vers minuit chez lui du cabaret, ne tut pas peu surpris de cette apparition. Prenant le rayonnement de la lanterne pour la queue de la fameuse comète, il alarma aussitôt le voisinage et bientôt tout le village fut sur les lieux. Un savant de l'endroit s'avanç!l alors et
fil une intéressante description de ces astres errants qu'on nomme comètes. Bouche bée, les villageois écoutaient; ils étaient encore là. au petit jour. A ce moment, la supercherie fut découverte. On se hâta d'enlever la • comète • et de rentrer chez soi. Depuis ce jour, les villa. geois de X ne croient plus ni aux comètes ni à la fin du monde. Ils ont en outre pris toutes leurs mesures pour que la chose ne s'ébruitit pas. Ils y ont réussi! IL Y A CINQUANTE ANS. Une ménagère de Saint-Gall a retrouvé lea comptes de ménage d'une famille vivant ven les 1850, dans le Toggenbourg. Voici ce que l'on payait à cette époque, pour les denrées alimentaires suivantes: une livre de porc, 12 centimes; une saucisse, 4 c.; un cabri entier 1 fr. 60; une mesure de lait (1 litre 1/4), 2 c.; une livre de beurre 24 c.; 34 œufs, 48 c.; une livre de fromage, 8 1/2 c.; le reste à l'avenant. Il est vrai que les gains n'étaient pas élevés; la même ménagère avait payé 2 fr. li un jardinier pour une semaine de travail; une servante avait reçu 1 fr. pour la même durfe de travail; une lessiveuse avait retiré 1 Ir. pour deux jours de travail, levée depuis 4 b. du malin. VOY AGES AERIENS Pendant les représentations de la Passion,l Oberammergau (Bavière), l'on a organisé des courses de dirigeables entre Munich et cette localité. Le trafic des voyageurs par voie a6rienne est fixé dès maintenant du 15 mai au 1er octobre 191 O. Les voyages seront exécut& par Je plus grand type des dirigeables Paneval. Le prix d'un voyage de Munich à Über· ammergau et retour s'élève à 550 marks. D'autres voyages seront arrangés pour diven points du plateau bavarois au même prix. Oa pourra même faire de petites tournées dans environs de Munich pour 220 marks. La ciété des dirigeables Parseval loue aussi le lon à des sociétés pour des tournées durant ou plusieurs jours au prix de 5500 par jour.
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* A l'école.
- Par qui fut sauvé le Capitole? L'élève interrogé entend vaguement mots souiflés par un camarade. - Par les oies ... Et il répond bravement: • Par ves. »
a l'ECOLE
PRIMAIRE du 5 Avril 1910
Le présent supplément - dont on est prié de se munir pour le jour de la réunion générale - renferme : 1o l'appel et le· programme de l'assemblée du 21 de ce mois, 2° le rapport sur la question mise à l'ordre du jour.
APPEL à
MM. les Instituteurs et à leurs Amis --~~--c-
L'Assemblée générale de la Société ••alaisanne d'Education aura lieu à Sion, le 21 avril, à 9 h. du matin. Les jours de nos grandes assises sont regardés comme des jours de réjouissance publique par les localités où elles se tienn_ent, localités qui luttent d'émulation pour témoigner de leur sympathie ct de leur générosité envers le corps e~tseignant primaire. Aussi ne sommesnous nullement surpris d'apprendre que, malgré les nombreuses lêtes qui se sont déroulées pendant l'Exposition cantonale, un accueil tout de cordialité et d'éclat nous est réservé par Sion, la capitale du pays, le cœur où palpite notre vieille république valaisanne. Cette réunion plénière intéressera grandement les participants à des titres bien divers, que nous nous abstenons de relever ici; contentons-nous de dire qu'elle sera pour l'instituteur une première occasion d'exprimer sa reconnaissance aux autorités et au peuple qui, afin de rendre son pain moins dur et son existence plus sortable, a adopté la loi récente sur les traitements. Dans son désir d'obtenir que l'As-
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semblée du 21 avril sott aussi complète et réussie que possible, le Département a décidé qu'elle remplacerait, cette année, les conférences pédagogiques régionales; aussi demande-t-il à tous les
maîtres d'école d,'y prendre part. Le sujet, sur lequel il sera rapporté et qui sera mis sur le tapis de la discussion, est d'une souveraine importance. Chacun se félicite avec raison des progrès réalisés, en Valais, dans le domai'.le de l' Instruction, mais chacun, hélas! est aus~i obligé de reconnaître que la mentalité générale de nos adolescents devient moins bonne. A la suite des fâcheuses occasions qui se multiplient chaque jour, la jeunesse semble dépouiller son âme et dessècher son cœur à mesure qu'elle meuble davantage son cerveau, et plus elle augmente le trésor des connaissances intellectuelles, plus elle paraît vouloir s'émanciper de ces traditions et de ces règles de respect qui doivent diriger notre conduite envers Dieu, les autorités et le prochain. 11 y a urgence, grande urgence à étudier et à fixer les mesures énergiques, c2.pables de sauvegarder et de parache-
SOCIETÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION ver l'éducation de nos adultes de 15 à 2(\ ans. Que le 21 avril nous trouve tous à Sio.n, MM. les Instituteurs! qu'il vous y voie groupés autour de nos chefs et de notre cher drapeau, donnant à chacun l'impression que vous êtes vraiment les membres d'une seule et belle famille et que rien ne saurait briser les liens d'amitié et de solidarité qui vous unissent et sont votre force. Vous serez tous à Sion, afin de fournir la preuve que vous portez au cœur une réserve inépuisable d'attachement et de dévouement pour notre Valais et ses autorités constituées. Tous vous serez debout, le 21, au pied du château de Tourbillon et de l'antique sanctuaire de Valère, dans cette cité de Sion qui vous est restée chère et que vous aimez à revoir, puisque c'est dans son sein que vous avez surtout appris le _secret de façonner les ieunes intelligences dans le double moule de la Science et de la Foi. Et vous, membres honoraires et amis de la Société, messieurs les ecclésiastiques et les laïcs, vous qui savez qu~ 1'~ vmir et la prospérité de notre patne_ a trr.ée résident dans l'éducation de la Jeunesse, vous qui avez à cœur d~ vous manifester le soutien de nos regents, vous serez nombreux à Sion le 21 de œ mois. Pour aller vaillamment et joyeusement de l'avant dans sa voie si pénible l'Instituteur n'a pas besoin que de pain~ il lui faut nourrir et réchauffer le cœur par des témoignages d'affection et d'estime. Ces témoignages nous vous offrons l'occasion de les lui don-
ner! Oui, vous viendrez trés nombreux à Sion afin de bien prouYer aux formateurs des intelligences et des cœurs que vous appréciez !e~r ~u vre, qu'ils sont dignes de cons1dera_tton et que vos sympathies leur sont acqmses.
Massongex, le 4 avril 191 O. Au nom du Comité: Le Présiden t de la Société valaisanm. tf" Education: O. DELALOYE.
·X XX Programme de la fête : &h. 10 Arrivée du train de Brigue; ;3 h. 40 Arrivée du train ete SI-Maurice-Bouveret; 9 h. Départ du cortège (du sommet de •l'avenue de la gare à l'église du collège); 9 h. 20 Oifice divin; JO h. Conférence (au théùtre); 12 h. 30 Banquet. N.-B. "'i""" 1. Le cortège se formera au ~om me! de l'avenue de la gare (près de la ma1son de M. le Conseiller na tional Evéquoz). 2. l'vlessieurs les Instituteurs el leurs am is (autorités, délégués, invités, membr~s des Commissions scolaires, etc.) sont pnes avec la plus grande instance de prendre TOUS p<\rt au cortège. . . 3. MM. les amis du corps ense1gnant, qu1 sc proposent de prendre pa rt. à la fête, ~:en draient un vrai service en fa1 san! conna1tre leur intention par carte, adressée au s~mssi g-né AVANT LE 15 AVRIL, ceci ahn de permettre d'organi ser d'nvance •le banqu~l au ~si complètement, parfaitement que posSIble et de nous éviter ainsi des dépenses et de; soucis inuti les. O. DELALOYE.
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Nécessité et Moyens de continuer l'Education des jeunes Gens aux Cours complémentaires (Rapport présenté à l'occasion de la réunion générale du 21 Avril 1910 à Sion)
1. Nécessité La nécessité de continuer l'éducation ractérise. Dans nos familles chrétiendes jeunes gens sortis de l'école pr~- nes, l'enfant, jusqu'à sa sortie de l'école, maire, de développer leur cultu~e gene- est relativement préservé de la contaraie en tenant compte des besoms par- gion qui, ·dans les centres populeux, séhculiers du pays, et de former des ci- vit sur la jeunesse. Qu'il serait réjouistoyens capables de co~pren~re .et_ de sant si cette fleur ne perdait ni de sa remplir tous leurs devOirs, a msp1re au pureté, ni de sa candeur! Mais le pasConseil d'Etat l'heureuse idée de rendre sage entre la vie gouvernée de l'écolier obligatoires les cours complémentaires et la vie libre du jeune homme n'est pas établis par décret du 23 oct. 1876. Aux t0ujours sans danger: c'est une transisa<Tes et prévoyants promoteurs de cette tion parfois brusque dont l'influence se in~itution, nous rendons ici un homma- fait sentir très souvent jusque bien loin ge publi~ de la r~connai_ssance de, tout~ dans la vie. A cet âge, l'adolescent ne peut plus notre chere patne valaisanne: c est a eux qu'elle doit la marche ascendante r ester dans la tiédeur intellectuelle; la du canton dans les résultats comparés légèreté puérile, la paresse ne lui suffides examens de recrues. sent plus. Le calme de l'enfance a cédé Loin de diminuer, cette nécessité se b place à une activité fiévreuse; le jeufait sentir de jour en jour plus urgente ne homme pense mais sans règle; il réet plus impérieuse à mesure que les fléchit mais sans maturité, et. fier d'êcommunications, et par suite le choc des tre émancipé, il veut jouir de sa liberté idées, se multiplient, et que nos plus 11 et considère toute contrainte comme une profondes vallées même sont menacées injustice, comme un attentat à sa dignide perdre l'esprit de tradition qui les ca- té et à son indépendance.
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A cette époque aussi, les passions s'éveillent ·pour soulever bientôt dans l'âme ardente du jeune homme des tempêtes où sa vertu et son honneur risquent de sombrer; et le monde est là qui le n-uette pour éblouir ses yeux et fasciner ~on c~ùr par ses spectacles, ses exemples, ses maximes et sa théorie de la litre jouissance. Indépendance suffisante, réveil ~e~ passions, séductions du .monde, vo1la les dangers qüe court l'adolescent ; en face d'eux que deviendra-t-il s'il est abandonné à lui-même? C'est alors qu'il a impérieusement besoin d'un flambeau pour éclairer sa conscience, d'un stimulant pour aiguillonner sa volonté. Alors ou jamais l'autorité et 1!3- tendr~s se des . éducateurs doivent faire sentir, dans la plus forte et la plus douce action leur souveraine influence pour le guider dans la voie nouvelle où il va s'engager. «Nous ne voulons pas, disait Platon, faire comme la plupart des pères
qui, dès que leurs enfants sont devenus ({rands, les laissent vivre au gré de leurs folles humeurs. Nous croyons q_u~ c'est le moment de redoubler de Vtgllance et de sollicitude auprès d'eux, pour cette derni~re et plus importante éducation. » Plutarque parla it dans le même sens: « .f'ai souvent blâmé, d it-il, la conduite de ces pères qui donnent d'abord à leurs enfants des gouverllfurs, mais les aba!Îdonnent à eux-mêmes dans cet âf{e bouillant et emporté qui demande bien plus de précautions et de soins que la première enfance. » Malheureusement, combien y a-t-il de parents, même chrétiens, qui. on~ pa~ faite conscience de leurs devmrs Imperieux en des moments si opportuns et si gros de conséquences? Plus nom· breux sont les peres qui, comme ceux ql.ie blâma ient Plutarque, s'illusionnent sur leurs enfants , et, redoutant une œuvre toute cte Mvouement, affectent d'ignorer les dangers et abandonnent à
leur inexpérience des fils qu'ils devraient éclairer et conduire. A ce jeune homme au cœur noble qui ne demande pas mieux que de marcher tête haute dans le chemin du devoir que lui manque-t-il souvent? Une voix de vérité. Et à cet autre dont le cœur gé. mit peut-être déjà sous · le poids d'une faute, que lui a-t-il manqué? què lui manque-t-il encore? Une main secoura. ble qui l'eüt soutenu sur le bord de l'a. l.Jîme, une main qui te relève.
Les co11rs complémentaires peuvent et doivent être chez nous cette voix de vérité qui dirige l'adolescent dans le chemin de l'honneur et de la vertu; ils pt>uvent et doivent être retie main secourable qui l'y retient ou l'y ramène, si malheureusement il s'en est écarté. Les cours complémentaires sont autre chose encore: ils constituent des foyers d'instruction, où le jeune homme asseoit sur des bases solides les connaissances acquises à l'école primaire et les étend, en tenant compte des besoins généraux du pays et de ses besoins particuliers. Sans eux, bien léger serait le bagage d'instruction que le futur soldat apporterait à l'examen de recrutement, et l'on serait surpris du nombre de demi-illetttés dont toute l'ambition se bornerait à savoir écrire leur nom et à dechiffrer péniblement quelques lignes de lecture. Nous en avons une preuve irrécusable: nos compatriotes qui vont à l'étranger eL ne reviennent que pour le recrutement, ou ceux qui subissent l'examen dans un autre canton améliorent-ils notre moyenne? Le plus souvent on constate douloureusement que leur livret de service porte des notes inférieures à celles de lrur livret scolaire. Et chez nos voisins, les français où, soit dit en passant, les cours de répétition n'existent pas, on voit des enfants quitter l'école à 13, t 4 ans avec leur certificat d'étude et se présenter plu!'i tard au recrutement sachant à peinè lire encore. C'est chose bien explicable: à l'école
primaire, malgré les eiforts du maître, l'enfant confie beaucoup plus à sa m~ ITJOire qu'à son jugement; il en est émancipé avec passablement de notions, mais celles-ci ne sont pas assises, n'ont péiS un fondement solide: elles demandent à être plus raisonnées, plus approfc111dies, mieux assimilées. C'est l'œuvre des cours de répétition qui étendront encore ces connaissances élémentaires. Partout, de nos jours, est apparue nettement, aux yeux de tous, la nécessit.é de donner un lendemain à l'école rnmaire ; celle-ci suffit généralement p_o.ur a mener des élèves intelligents et laborieux à réussir honorablement leur examen d'émancipation. Mais répond-elle aux sages préoccupations de ces pères de famille qui, étendant avec raison leurs regards plus loin dans l'avenir de leurs enfants ne se préoccupent pas seulement de les voir émanciper à 15 ans, mais voudraient encore les faire bénéficier d'une culture intellectuelle plus développée, plus achevée, tant pour l'élévation et la solidité de l'esprit, pour la vigueur et la dignité du caractère que pour les besoins de la vie professionnelle? Que de notions utiles, nécessaires aux emolois aux devoirs futurs des élèves ne 'sont' pas et ne peuvent pas être at•ordées à l'école primaire! Pour triompher dans les luttes de la vie pour vaincre les difficultés actuelles' de l'existence, le jeune homme doit
prsséder un ensemble de co(lnaissance.s dont l'assimilation est seulement poss1· ble à l'âge de l'adolescen~e,_ à l'peyre où le cerveau s'ouvre aux Idees generales où l'on éprouve vraiment et forte· me~t le besoin d'apprendre, où l'on ve~t savoir et où l'on peut profiter du savou acquis. Les cours complémentaires répon· dront à ce besoin si les maîtres s'effor· -:ent de leur imprimer ce caractère d'~· lilité pratique qui doit être leur caracte· re d istinctif. l ci, un enseignement raiso~né, de~ principes d'agriculture ~id er a a f_econ· der le travail du cultivateur; la un cours de géom~trie pr~tique ou d.e des· sin procurera a l'ouvner une mt;Illeu,r_{ place dans l'atelier; ailleurs enfm , l e· tnde de la tenue des livres vaudra unE position à l'employé. Le cours complémentaire constitu.E aussi une école de civisme: le futur Cl· toyen y apprend à con~laître,.l'organi sation de l'Etat, les droits qu 11 pourré revendiquer et les devoirs qu'il au_ra ~ remplir envers la société. Cet enseigne ment s'impose à tous les membres d'unE démocratie appelés un jour à prendn une part plus ou moins importante ~ l'administration publique. Cette ques· tion ayant déjà été traitée à notre de~ nière conférence générale à Saxon, ]t ne m'y arrêterai pas.
II. Moyens de continuer l'Education des jeunes Gens Quand le sculpteur termine une ~ta-~ tue, quel soin minutieux, quelle attenhon délicate n'apporte-t-il pas. à ses derniers coups de c1seau pour fmre u~e œu~re finie, une œuvre ayant expressiOn et v1e! Plus noble et plus épineuse que la tâche du sculpteur est celle de l'éducateur qui
wut achever de façonner l'~me du jeu ne homme, mett~e .le s~eau ~ ~a cu~tun int~llectuelle, lm !~sp1rer a 1.ama1s 1~ gout de.s choses seneuses, le fixer dan. les habitudes d: travail, .et ~onnt;r e~ fin à ses pensees une d1rechon , e~e.vet el à son caractère une trempe deciSive
Mission infiniment importante et très difficile: « C'est alors, dit Monseigneur Dupanloup, que commence pour un ins-
tituteur le gouvernement des esprits; alors qu'il cultive, exerce, ennoblit l'imagination et la sensiblité de ses auditeurs; qu'il leur inculque cet élan, cet enthousiasme pour le vrai, le bien et le beau; qu'il Leur inspire une docilité généreuse, c'est-à-dire libre et réfléchie; une docilité non ·plus d'un être passif, mais d'un jeune homme ardent dont l'esprit est déjà assez fort pour sentir sa faiblesse et comprendre le besoin de bons conseils et la nécessité d'un ensei{!nement pratique. » Que de tact, de dévouement, de circonspection et de sens pratique de la part des éducateurs pour pousser ces jeunes gens vers le bien en lf.s occupant sérieusement et utilement! Pour assurer le succès de cette tâche si importante, le régent ne néglige aucun des moyens que l'étude et l'expérience lui ont appris à employer, soit dans ses cours, soit en dehors, pour acquérir la plus grande influence possible sur les jeunes gens.
A. DANS LES COURS. Le cours complémentaire s'organise an triple point de vue de la discipline, d1J programme et de l'enseignement éducatif.
La discipline: ,, L'ordre est le fondement de tout bien l't le désordre la source de tout mal;
suivant que l'un ou l'autre règne à l'école, le bien ou le mal s'y fait », affirme avec justesse un pédagogue. Or, qut engendre l'ordre sinon la discipline? Si elle fait la force des armées, elle constitue aussi la base de toute éducation. L'établir sera donc la première préoccupation de l'instituteur; cette pierre angulaire posée, il pourra édifier avec sûreté; il bâtira sur le roc. Mais la discipline, au cours compté-
mentaire, diffère essentiellement de celle de l'école primaire: là, il est en pre. stnce de jeunes hommes, il les traitera comme tels, ménageant leur susceptibi. lité, s'adressant à leur raison, à leur umscience, faisant appel à leur sentiment du devoir et de la dignité person. nelle. Que son enseignement charme passionne et en retour il obtiendra res: pect, soumission et travail. Ennemi du pédantisme, il sait, tout en restant digne, se montrer poli, affable, toujours pïêt à rendre service: telle est la recette presque infaillible pour avoir de l'au. torité.
Le programme: Le programme que nous nous traçons au commencement des cours rêpond aux besoins des élèves qui s'y intéressent d'autant plus qu'ils en comprennent mieux l'utilité pratique. Seules l'instruction religieuse, les matières demandées aux examens des recrues, les connaissances nécessaires aux jeunes gens pour remplir leurs devoirs futurs, traiter leurs affaires et exercer leur profession s'y inscrivent et se traitent pratiquement. Dans les régions agricoles, le maître développe les connaissances professionnelles de 1'agriculteur: il combat les pratiques surannées, routinières, parle des nouvelles méthodes de culture et surtout des institutions avantageuses pour le laboureur; syndicats, mutualités agricoles, assurances, etc. Il fera des ap~li cations pratiques de comptabilit~ agricole et de calcul : arpentage de propriétés, cubage du bois, du foin, évaluation du rendement de certaines cultures; dans les exercices de redaction, il fait entrer les lettres d'affaires, les con ven· tie-ns, les actes sous seing privé, etc. Dans les localités industrielles, même considération: les élèves calculeront le prix de revient d'un objet fabriqué; ils apprennent à évaluer la surface et le volume des corps afin que le menu·
le charpentier, le maçon sachent eux· des jeunes gens, en leur présentant de mêmes cuber leur ouvrage. Là où les nobles exemples qui tendent à les élever professions sont mélangées et les be- vers un idéal moral et à déterminer en soins multiples, ne pourrait-on pas for- eux un courageux esprit d 'initiative; mer pour certaines branches des grou2" développer leur raison par l'esprit pes composés suivant les professions? d'observation, par la recherche des cauDans l'application de ce programme, ses et des effets, par la discussion de l'instituteur choisit les méthodes et les qür;stions économiques et sociales. formes d'enseignement qui conviennent 3" fortifier leur volonté en les encoule mieux au milieu sur lequel il doit rageant dans le renoncement à eux-mêagir. Il ne perdra cependant pas de mes, en les poussant à un travail sévue que des adolescents sont plus capa- rieux, ten faisant valoir auprès d'eux le bles de soutenir l'attention et de suivre sentiment de l'honneur et de la respon· un exposé continu que des enfants de s.abilité et en les engageant à contracter 1'école primaire: dans certains cas, au de bonnes habitudes. cours complémentaire, la forme exposiToutes les branches du programme tive remplace avantageusement la forme contribuent à ce but éducatif: celle qui interrogative. Des devoirs à domicile s'imposent l 'atteint le plus facilement est sans doupeur permettre aux élèves de repasser te l'instruction religieuse. Toutes les et d'apiJrofondir les notions apprises ou vertus morales et sociales germeront du rEvues en classe: ils seront courts, bien grain qu'elle jette dans le cœur des adopréparés, variés et pratiques. Ainsi corn· lescents; ne découlent-elles pas des prinprises et bien exécutées, ces tâches don- cipes de justice et de charité que Jésusnent au ieune homme une certaine con- Christ anoorta au monde? «Aimez-vous fiance en soi, lui inspirent le goût du les ans les autres. Faites aux autres ce travail, de l'ordre et de la propreté; el- que vous voudriez qu'on vous fît. » le~ fortifient sa volonté en lui apprenant Sans religion, au contraire, pas d'éà vaincre les obstacles et l'habituent à ducation possible, parce qu'il n'y a pas 1;asser au foyer de la famiile les longues de moralité; voilà le principe proclamé veillées d'hiver et à employer utilement par tous les âges et tous les peuples deuu temps précieux consacré autrement à puis Platon, le philosophe païen, qui des futilités si ce n'est au mal: « Qui ne élffirmait que l'ignorance du vrai Dieu fait rien est bien près de mal faire. » est pour un Etat la pire des calamités, jusqu'à Napoléon qui disait: « Nulle L'enseignement éducatif: société ne peut exister sans morale, et la L'éducation prime !_'instruction; celle- morale impliqtte des croyances. » Nous ci est un moyen, celle-là un but, voilà la céderons donc avec empressement à M. pmsée _qui doit présider à toutes les le- le Curé Je temps que le législateur réçons du cours complémentaire: CeluH:i serve dans le programme à l'enseignec0nstitue pour l'adolescent un appren- ment religieux, persuadés que ces heutissage des vertus morales et sociales. res sont des mieux employées. Dans ces L'enseignement, voilà le plus impor- leçons de causerie intime, l'âme du prêt<'Ilt des moyens dont le maître dispose tre reprend contact avec celle des jeupour donner l'éducation: il sera donc nes gens : leur foi s'éclaire, leur conséminemment éducatif. Dans aucun de cience se forme, et ils sont mis à même ses cours, l'instittiteur ne perdra de vue de iuger sainement certaines théories qt~'il faut: q11'ils ont entendu ou entendront expo1" agir sur l'imagination et le cœur ~er, d d'apprécier à leur juste valeur les
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objections toujours renaissantes qu'on 1ette à la face de l' Eglise. ' Puisse cet enseignement religieux pén~trer leur ân!e assez profondément pottr la préserver de l'entraînement des passions, tremper leur esprit assez f~r tement pour l'abriter contre les sophismes séducteurs. Si les autres branches du cours compl~mentaire concourent moins directement à ce but éducatif, aucune cependant ne doit y rester étrangère: S~ns parler du cours de langue, vraie mme où l'éducateur puise des trésors de pensées nobles, de sentiments généreux, voyons comment l'histoire, par ex., peut servir 3 l'éducation intellectuelle, morale et sociale de l'adolescent. L'histoire, moyen d'éducation nwra~e. A ce point de vne, l'enseignement historique exerce le jugement des élèves par la recheïche des causes et des conséquences des faits qu'elle rapporte ; par les appréciations motivées sur les événeIIli:'•~s et la cuncluite des personnages en tenant c(nnrtt des circonstances de temps, de lieu, de mœurs; par la mis.e e'l relief des idées générales qui dominent une époque; erifin par des synthèses récapitulatives écrites ou orales. La mémoire se développe par l'étude sérieuse des sommaires qui servent à préciser et à fixer les connaissances hi~ toriques. L'imagination trouve son ahment dans la description saisissante des sites, le rappel des costumes, la peinture animée des combats, des fêtes, la mise en scène des personnages qu'on fait agir et parler. L'histoire, moyen d'éducation intellectuelle. Au cours complémentaire, on peut elire que l'histoire n'est qu'u~e morale en action. Que de leçons efftcaces elle donne et toutes fondées sur une expérience' éclatante, répétée et durable! A chaque état elle revien~ dicter. . Ce qu'il faut faire, ce qu'il faut muter,
7 Ce que chacun, suivant ce qu'il peut Doit pratiquer, voir, rechercher, co~lnaïlt..a
Au dessus des rivalités n au.dessus des glorieuses actions de ancêtres, elle fait a?mirer les ae:sseiU. de Dieu, le grand directeur des soc:Iét'• humaines qu'il élève ou châtie par conséquences mêmes de leurs "'·~·--- actes; sans violenter la liberté l'homme, il réalise partout son providentiel. Elle met c:us~i en. l'heureuse influence ctvthsatnce mission de l'Eglise catholique. N'est-elle pas par excellence 1 du patriotisme par les motifs q suggère et les modèles qu'elle propose, Elle forme le caractère, excite à l'acti par le spectacle des œuvres durabl qt!'ont pu réaliser l~s homf!les .de , lon té énergique; enfin elle ms pire 1 maur de la vertu et la haine du vi n' eût-il connu que des succès. Les pages glorieuses et douloureu de nos annales fournissent à l'él ce pareils enseignements. Lorsqu forment dans une intelligence d'ado cent, u~ corps de doctrines raisonn' n~ demeurent-il~ pas pour toute la une direction et une force? 0
" ' " - ·- •
L'histoire, moyen d'éducation soc· fnfin. en fournissant des noti ev.actes sur la. vie nationale, elle con bue à l'éducation civique et sociale ieunes gens qui Dans ce sincère et !idèle miroir Peuvent apprendre à lire leur devoir.
Le régent sait tirer une leçon de cune etes .manifestations politiques, ministratives et religietJses des péri historiques. L'histoire contempor est particulièrement fav:orable à l'éd tion sociale • on en degage des 1 toutes d'actualité quant aux droits ;mx devoirs du citoyen. Un moyen suggestif consiste à rapprocher le sent du D3Ssé, ~~ comparer l'époque tuelle à 'une autre antérieure. La
paraison est très instructive à condition ou'elle ne défigure pas l'une ou l'autre des parties et ne se résolve en un déni de justice à l'égard du passé. Les ieu11es gens concluront sans doute qu'il y a aujourd'hui plus de libertés politiques inscrites dans la constitution , plus de bien-être dans l'ensemble de la société. faisons-leur remar quer que certains progrès ne se sont opérés qu'avec une sage lenteur; qu'il n'était d'ailleurs au pouvoir de ,personne de réaliser, ni même de soupçonner, les transformations survetwes plus tard dans les coutumes et les institutions. dans l'ordre économique, les sciences et leurs applications. Enfin, audessus des batailles et des traités, pla· çons comme beaucoup plus important le tableau de la civilisation et de la vie sociale aux diverses époques. Cette éducation sociale par l'histoire SI' complète naturellement par l'instruc· tion civique. Celle-ci apprend au jeune homme ses devoirs et ses droits de citoyen et le familiarise avec le mécanisme du gouvernement: c'est chose excellente, ri'écessaire, mais ce n'est qu'une première étape et il faut aller plus loin. Par les heures de civisme, il s'agit d'élever l'adolescent à une vie supérieure à la vie personnelle, supérieure à la vie d'égoïsme et d'intérêt. Il doit apprendre à se considérer, non pas comme un être isolé ayant le droit de ne penser qu'à lui-même, mais comme un être associé qui ne peut rien, s'il n'est pas dans l'association, et qui ne mérite pas d'y être, s'il ne paie redevance des biens qu'il en retire. Montrons-lui qu'il y a urie vie sociale, comme il y a une vie de famille, et que dans l'une et l'autre, tous les membres sont solidaires dans le bonheur et le malheur. Après avoir étudié les grandes lignes qui orientent le maître dans son enseignement, voyons sur quels points particuliers il devra porter son attention. Dans les cours complémentaires surtout, l'école doit mettre en relief la vie
que nous vivons, envisager le présent et ses exigences, l'avenir et ses espérances. Cette pensée guide l'éducateur quand il s'agit de prémunir la jeunesse contre ctrtaines plaies sociales dont les ravages s'étendent de plus en plus: à notre humble avis, il nous paraît indispensable qu'il voue un soin spécial aux cinq points suivants : 1° A la lutte contre l'alcoolisme.
L'école faillirait à sa mission morale et sociale, si elle ne cherchait, par tous les moyens, à préserver les hommes de demain du terrible fléau de l'alcoolisme. A l'école primaire déjà, la lutte a dû être commencée: elle prend un tout autre cachet d'à propos et d'opportunité dans les cours d'adolescents où l' institnteur peut avoir affaire à des jeunes gens aux prises avec les passions et peutêtre près de tomber. C'est le moment favorable pour leur faire toucher du doigt les funestes suites de l'alcoolismi: ruine de l'âme, du corps, de la fortune et de la famille.
2'' A l'éparrrne. A considérer seulement la hausse des sc.laires, on dirait que l'aisance et le bJen-être doivent se généraliser. Il n 'en est cependant pas toujours ainsi; si l'ouvrier gagne plus facilement , il dépense 5ans compter: c'est le moyen de végéter dë,ns sa position, sinon de tomber de Charybde en Scylla. Il ne songe même pas à économiser pour ses vieux jours, où souvent il tombe à la charge de la société. C'est d0nc faire œuvre sociale q ue de montrer aux jeunes gens les avantages matériels et moraux de l'é· pargne, de les instruire sur les sociétés de secours mutuels, les caisses d'épargne et d'assurance. Pénétrons-les de la pensée que le seul chemin qui conduit au bien-être. c'est l'épargne, et qu'épargner signifie se priver de tout ce qui n'est pas d'une impérieuse nécessité. L'épargne . procure
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encore un grand avantage moral: l'in- soit un devoir inviolable et sacré, dépendance. Qu'il est doux de pouvoir seconde religion! répéter avec le poète : <je crains Dieu, Inspirons aux adolescents l'amour du cher Abner, et n'ai point d'autre crain- service militaire: qu'ils ne le considèrent te.> pas comme un fardeau dont les malins Mais celui-là seul parle ainsi, qui a se débarrassent le plus tôt possible, devant lui des économies, qui ne dépend mais comme la plus haute affirmation pas des autres. Engageons donc vive- de leur virilité. Le devoir de protéger le ment nos élèves à prendre un carnet d'é- vieux sol et le bon droit de la patrie doit pargne qui recevra toutes leurs écono- leur apparaître comme l'un des plus mies: les petits ruisseaux font les gran- grands honneurs que la vie puisse leur des rivières. réserver. 3° A la désertion de la campagne.
Le salaire plus élevé, la vie plus facile, la séduction des plaisirs qu'offre hl ville exercent une vraie fascination sur la jeunesse de la campagne et l'attirent vers les centres populeux et les agglomérations industrielles: trop souvent, hélas! elle y trouve les déceptions, la misère, la ruine physique et morale: tel un voyageur q_ui se fie au mirage du désert. A l'école complémentaire incombe le devoir de montrer à ces adolescents ce que les rues étroites des cités, les fumées de l'usine, l'air étouffant des ateliers renferment de délétère, et ce qu'ils abandonnent en quittant la campagne, avec sa lumière vivifiante, son air pur, ses beautés de toutes sortes; à elle à les engager à rester dans leurs coquets hameaux, à cultiver le champ que cultivaient leurs pères.
5" A la formation du caractère. Nous constatons chaque jour que les hommes échouent plus souvent dana la vie par défaut de caractère que par manque d'esprit. Aux éducateurs de la jeunesse d'apprendre à celle-ci à être constante dans ses idées et ses résolu. ti ons; à être ferme et persévérante dans ses desseins; à résister à la séduction et au découragement et à vaincre les obstacles gui entravent dans le chemin du devoir et de l'honneur. « Des habitudes, dit un pédagogue, des habitudes sérieuses, c'est ce qui manque le plus aux jeunes gens et à bea coup d'hommes faits, et ce dont l'ab. sence expose le plus une vie à se per dans l'oisiveté ou dans une agitatioll stérile. > Les cours compl~mentaires donnero au jeune homme l'habitude de gouverner son esprit et de dirig-er ses passions l'habitude de l'ordre, de l'économie, travail; l'habitude d'être en tout et paF t0ut fidèle à son devoir.
4" A La culture du patriotisme. Nous osons esperer que dans notre catholique Valais, l'éducateur n'aura iamais à lutter contre une autre plaie Education physique. sociale dont l'invasion cependant meL'intelligence la plus développée, nace. Pas loin de nous, après avoir dit: volonté la plus tenace demandent à ê « Ni Dieu, ni religion, ni maître», on servies par des organes sains et rob er est venu à ce cri sauvage: « A bas la tes: soins moraux, intellectuels et pb Patrie, à bas Je drapeau », et l'on s'at- siques s'allieront donc et marcheront taque à une institution de la plus haute pair pour former l'homme tout enti importance pour un Etat: l'armée. Que Le cours complémentaire applique 1 jamais tel blasphème ne s'échappe d'une mêmes règles d'hygiène, les mê âme valaisanne! que le patriotisme lut moyens d'éducation corporelle que l'
cole primaire. N'oublio ns pas que les faisoi'IS surtout comprendre aux jeunes examens de recrues portent aussi sur gens que bien lire est infiniment plus Jes capa~ités physiq1:1es: la gymnasti- important que lire beaucoup. Qu'ils le que y preparera nos Jeunes gens. f?.ssent avec attention et réflexion, qu' Ne serait-il pas très avantageux ils essayent d'analyser les idées de l'aude leur rappeler les principes d'hygiène, teur , afin d'en juger sainement et d'en 1es moyens de salubrité qui favorisent tirer profit pour la vie. ta santé des familles: propreté, tempéEnfin le maître ne marchandera pas rance, bon air, etc., ainsi que les causes son concours dans la fondation des œufréquentes de certaines maladies et les vres de jeunesse dont le but se résume prem~ers soins à y apporter? en deux mots: instruire et moraliser. Le souverain Pontife Léon XIII, de gloB. En dehors des cours. rieuse mémoire, signalant l'insuffisance de l'école primaire ajoutait: « A Pour agir plus efficacement encore moins d'impossibilité absolue, il faut sur la jeunesse, le maître cherchera à dans toute maison d'école, il existe, que étendre son action en dehors des cours comme corollaire indispensable, un par~guliers, et prêtera la main à toutes tronage de jeunes gens. ». Pénétré aussi sortes d'œuvres sociales. de la haute valeur des œuvres post-scoSi son âge et l'influence dont il jouit laires, M. le comte Albert de Mun s'ét'y autorisent, pourquoi ne donnerait-il criait naguère à un congrès de direcpas quelque conseil discret à certains teurs d'associations de jeunesse : « Des parents oublieux de leurs devoirs, afin œuvres, encore des œuvres, toujours des de réveiller en eux le sentiment de la œuvres. » Dans tous les pays d'ailleurs, responsabilité, d'obtenir leur concours on a compris leur importance: En Alledans l'éducation de leurs fils et de leur magne, les Vereine et les Cercles sont léapprendre à concilier l'exercice cre leur gion; en france aussi le mouveront atautorité avec l'usage de la liberté chez teint une grande intensité : religion et lturs enfants? C'est affaire de grande athéïsme y luttent à outrance pour acprudence et de tact délicat. caparer la jeunesse. En Suisse, les diJI lui en faudra moins pour créer des recteurs de patronages de la partie robibliothèques populaires qui s'imposent mande se réunirent le 17 ja nvier derde nos jours. La lecture est, en effet nier à fribourg, à l'effet de se grouper un moyen très efficace pour agir sur la et d'étendre leur action pour la sauvevolonté et le cœur da jeune homme. S'il garde de la morale et de la religion au en a pris l'habitude à l'école primaire, cœur de la jeunesse. il pourra d'aufanf moins s'en passer, Chez nous enfin, ces œuvres existent qu'elle constituera pour lui le seul mo- dans quelques communes et demandeyen de continuer sa formation. Procu- raient surtout à être créées dans les cenrcns-lui donc de bons livres, si nous ne tres industriels. Mais quelles œuvres voulons pas qu'il en trouve de mauvais. faut-il fonder? Ce sont, suivant les resQue notre bibliothèque contienne des sources et les besoins locaux, des patroouvrages utiles, où l'ouvrier, l'artisan, nages, des cercles d'étude, des mutualil'agriculteur, désireux de s'instruire tés, des caisses de prêts, des sociétés de dans leurs spécialités, puissent trou- chants, des conférences populaires avec ver abondante matière; les fivres tra i- projections où l'on traiterait des sujets tant de religion, d'histoire, de voyage y divers: hygiène, histoire, voyage, etc. auront leur place à côté de quelques roC'est une question d'initiative personmans choisis avec goût et prudence. nelle.
Lire dans ce N° 10
A l'actiotl générale, soit dans les cours, soit en dehors, l ~édl!cateur zélé a joute encore l'action individuelle, plus fructueuse peut-être que la première. Il connaît ses jeunes gens: il encourage celui-ci dans son effort, relève celui-là d 'une défa illance passagère, secoue la tvrpeur de l'un, donne un conseil amical à l'autre ; toujours vigilant pour le bien de tous, il a des attentions spéciales P.OUr les plus exposés, parmi lesquels les jeunes recrues qu'il a soin de prévenir "des. dangers que courent leur foi, leur vertu, leur honneur pendant la durée du service militaire. Educateurs, puisons dans notre intel- j ligence, puisons dans notre cœur, et, de
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29 8 année -::....
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ce grand. geste du semeur, pressé par la courte durée du jour, répandons à pleines mains la semence de la parole, mais prêchons plus encore par notre conduite et nos exemples. Sans souci des critigues, sans nous rebuter des insuccès, travaillons toujours à élever l'âme de nos jeunes gens, à tremper leur caractère, à en faire des hommes capables de procurer la gloire de Dieu, de nos treize étoiles et de notre croix fédérale.
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L'homme, aujourd'hui sème la cause, Demain Dieu fait murir l'effet. A~ettes,
et leM Clu-impa ; i2S Avril 1910
Mars 191 O.
.fean-jos. P/TTELOUD, inst.
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Soeiètè valai~at)Qe
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Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ce qui concerne let publlccttion doit être ctdress~ directement à son gérctnt, M. P. PIGNAT, xer secrétaire ct u Département de l'Instruction publique, à Sion.