No 04 l'Ecole primaire, 15 Avril 1919

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n'esl-ce pais,? ... A:lors ,j'ai [)rie de l'eau qu'il y avait justemell't là, dans notre trou de marmite - da1me! ,j e ne sais pas irop si elle était pl"OIJ)re, vu qu"i,! faisait nuit; .mais, comme c''é'tait pour YouŒ), ça ne fait rien, il n'était tpa.s regardant à ces ohoses,là, - et je J'ai lba,ptisé ... . C'est-il ça qu'il fa!fait faire, Monsieur '!·'aumônier?. . . Oh! ouii, je sai,s la formule, soyez ira'111quille, fai bien a,ppris m:m catécü1isune autrefois .. . . Mais ça ne dui a ,pas sulffi, à ce .paul\lre YoulP. 1111 I\IOU!lait absolument que je :le confosse. Ce que fétais embêté! ·E nfin je me s1,1is dit ,qu'i,1 vaùait mieux ne pas 'le chagriner, que ie ferais semblant, et puis qll!e je vous en p,u lerais après. J'ai dit à Marœl de se boucher les oreH,les, vu qu'H ne IJ.)OUJVait pas bouger, raippor't à !a mitraiù.leuse, et que j 'ai dit à YolJ!P: - Vas-y mairutenao:t que tu es dhrétien, ça tPt;Ut mardher, Alors, il im'·a ,s orti tout son .fourbi. Ce qu'y en avait! Je comprends que ça lui ŒJCSait sur le cœur, ,Je l))awvre type! Moi, je ne 5avais pas q,uoi llui dire aJPrès; alors j'ai récité tm « Notre .Père • et puis .je ,Jui ai dit d ''a,voir bien confiance dans ,Je bon Dieu, qui est ~owt œ quïl y a ùe mei:lileur. · Ah! .ce qu.ï,l était theureux, ce pau'Vre Youp! Il m'a embraissé sur ,les deux joues, et ,je crois qu'il pleurait. Moi, je me tenais à quatre pour ne pas en faire autant. Nou•s a,vons attendu quelque te1111Ps encore pour 1r0imper la m itl"aiUeuse et nous avo111s tout de même pu, avec iM.arceI, ramper jusqu'à aa tranohée en traînant Youp. Mais dame, là, quand nous a,vons regardé le pauvre 'tyipe, il était mort. Ça m'a fait un couip! Je· suis encore tout chose, comme si c'était mon hère qui était mort .... • . . . Mais d'aibord, dites, qu'est~ce qu.'il faut que (en fa~se, de ses ipédhés? Louis L(15NOIR), Awmônier de la . . . division colonià1Je. (Mort au chamip d'hom1eur.)

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Variétés

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.CONV•E RSIONS EN ANOI.;ETERRE :Le R ,P. Martinrlad, bien renseignê sur choses d'Angleterre, évalue à 40.00() de no bre des .cOIWersions survenues .parmi les dats qui ont IParticijpé à la dernière guer Beaucoup sont devenus cathoLiques bien :pour avoir «vu• que IPour a:voir • atppris C'est g,11âce au dévoûment admirable dép! IJ1ar .Les aun:nôniers catiholiiques que ces ,v ersions ont surtout été obtenues. Voilà, à tre d'exception, l'un des beaux ~ruits du füt mondial.

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DBVOTION TROP COURTE Une dame se ;plaignait à Mgr de ,la Mothe évêque d~ Amien1S, de fa. longueur de la du dimanche. « Ce n'est pas la messe, [ui répondit rpre!at, qui est trop longue, mais votre d lion qui est trop courte. • Combien rall:'mi les chrétiens et les tiennoo de nos jours qui doi,vent !Prendre pour eux œ1tte spirituel<le re.ponsel

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.Soeiêfé valai~aQt1e

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Publication fondée en 1881

• Manquant de notions sur un auteur venai<t de lui enrvoyer un de ses ouvr Dumas dema:rudait oo ,jour à Arsène saye: - Co!llilars-tu un tel? - Cei,tainement. - Q uel est-il? - C'est un écrivain qUli ·s'est lait dans leitlres un nom Olbscur.

L'Ecok• pTimaire donne une dizaine de livraisons de 16 pages, la couverture y comprü::e, et autant · de supplé· ments de 8-16 pages pendant l'année ordinttirn (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Suisse fr. 3. Par an: Union postale fr. S.50

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Les abonnements se règlent par chèque postal IIe 56 ou à ce défaut contre remboursement. Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur

* De nouveau un sans-métier?

sauriez justifier d'un moyen d'existence?, - J'a1Vais voulu installer un magasin bi,cycleties à Venise; mais la configura· du terrain m'a obligé de fermer. · * Qu'est-ce que tu réclames encore, ton, le petit Jésus t'a apporté un cheval bois? - Le petit Jésus n'est plus au courant. voulais une auto ou un aéroplane,···

Tout c:e qul ecnc:erne lCI publlc11tion d.olt être e1d.ressé :Hrectement à sen géri.mt et J!cnd.œteur, M. P . PI('jNAT, Seerétalre au Dépe1rtement d.e l'Instruetlon publique, à Ston.

n'y a personne qui n'ait en soi

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Sommaire de cette UvratsoP 1Pensée. - Le divin Maître (sa mission) . - La routine. - Dieu à l'école. - Pêcheur d'hommes. - A propos d'émulation. - Derrière la porte. - Chan. son d'avril (poésie). -0-

Sommaire de la couverture ·l

1Décisions du Conseil d''Etat. - Examens d'émancipation. - Cartes postales des districts. - L'effort éducatif qui s'impose. - Que faire de nos enfants? - Joyeuses Pâques! - Autour du Carême. - Variétés. - Annonces. -0-

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Sommalre du Supptement N° 4 Cette annexe a 24 ,pages.) Avis d'une mère là son fils. (Suite.) _ Ah! cher ami, que je vous pla,ins ! - Le vœu du jeune prêtre. - A Jesus crucifié. - Utilité des souffrances. A l'hôtel des deux clefs. -- Pour les jeunes filles de la campagne. - Les Pâques du général. - C'est mon caractère. - Le prêtre. - Variétés. -0-

Décï'stons du conseil d'Etat - 11 est arrêté en raison des circonstances actuelles, 'de maintenir pour le cours scolaire 1918-19. le prix de pen: sion des élèves des écoles normales a fr 600 alors même que la durée de.s co.urs a' été réduite du fait de l'épidémie de grippe, et d'appliqu 7r en plein le subside de fr. 30,000 prevu au budget. - I,1 ,est décidé de prélever sur le fond des nécessiteux un montant de fr. 1000 ,pour placer à l'Institut de Géronde quelques enfants anormaux. pauvres. - Consulté par le 'Département de I' Instruction ,publique, le Cons~il d' Etat estime qu'il y a lieu de faire ab~traction d'une prolongation de la duree du cours scolaire 1918-19 pour les écoles primaires, bien que ceHes-ci aient

m été considérablement écourtées par sJe de l'épidémie de grippe. Cette décision est motivée par des considérations d'ordre financier et pratique. - Sur la proposition de la Commission cantonale de l'enseignement primaire le Conseil d'Etat décide que, à l'aven'ir, ,pour les examens des élèvis des écoles norma,les - dans les branches qui comportent à la fois un examen oral et un examen écrit - les notes se combineront dans la proportion d'un tiers pour les notes de l'année et d'un tiers également pour chacun des examens écrit et oral, les notes de l'année et celles de l'examen entrant à parts égales. -0-

Examens d'émancipation Ils sont fixés aux dates et lieux ciaprès, selon publication du Bulletin officiel , à consulter pour plus amples détails.

District de Sierre

A Vissoie le 7 mai, pour la vallée. - A Sierre.' le 14, pour Chalais, Chermignon, Orône et Lens; - le 15, pour Icogne, Miège, Mollens, Mont~na. Randogne et Venthône; - le 30, pour Chippis, St-Léonard et Sierre. 1

Districts d' H érens et de Sion A Vex le 1er mai, pour Evolène, Hérémence ,èt St-Martin; - lei 2 mai, pour Agettes. Mase, Nax, Vernamiège et Vex. A Sion, le 2, pour Arbaz, ,Bramois, Orimisuat, Salins, Veysonnaz et la ~an. lieue de Sion; - le 3, pour S~l.Vlèse et Ayent; - le 14 juin, rpour la ville de Sion.

District de Contfley

A Plan-Conthey, le 8 mai, pour Conthey, Nendaz et Vétroz. - A Ardon, Je 2 juin, pour Ardon et Chamoson.

District de Martigny A Leytron, le 2 mai, pour lsérables

teytron, Riddes et 'Saillon. - A Saxon, · . de sa part la carte postale des districts Je 3 pour FuHy et Saxon. - A Marti- à 10 cent. la pièce (au lieu de 20 cent. gny:Ville, le 7, pour Bovernier. Char- prix du début). Il sera en outre loisible, rat. Martigny-C_o~be et Tr!ent; - le ou bien de se procurer la collection des 31 pour La 'Bahaz, Marhgny:-Bourg 14 cartes ou spécialement celle de tel · ou tel district, en autant d'exemplaires et Martigny-Ville. qu'on le souhaiterait. District d' Entremont :fin vue de favoriser l'écoulement. il A Bagnes, le 7 mai, pour Bagnes et n'y aura donc qu'à s'enquérir auprès de Vollèges. - A Orsières, le 8, pour -Bg- la jeunesse écolière de la quantité à lui St~Pierre. Liddes, Orsières et Sembran. réserver et à verser le montant au chècher. que postal (He 56) à l'adresse de l'éditeur de l'Ecole primaire, à Sion. Il sufDistrict de St-Maurice A Salvan, le 2 mai, pour Finshauts fira d'indiquer dans le bulletin de veret Salvan: - A St-Maurice, le 20 , pour sement (fourni gratuitement par la poste) le genrè et le nombre des cartes, le reste du distritt. sauf (à ajouter 10 cent. pour chaque District de Monthey commande (frais d'envoi et de chèque). A Monthey, le 21, pour Champéry, Ainsi, pour obtenir, par ex., 20 cartes, Collombey, Monthey, Troistorrents et il se verserait au chèque postal 2,10 Vald'llliez. - A Vouvry, le 22, pour pour recevoir franco et par retour du :Port-Valais, St-Gingolph, Vionnaz et courrier la quantité désirée, à préciser au dos du coupon restant au destinaVouvry. taire. -o!Nous espérons que vu la facilité accartes postales des districts cordée ,d'acquérir à si bon compte la Nous avons déjà entretenu nos lec- carte postale illustrée des districts du teurs de l'une ou l'autre initiative heu- Valais, nombreuse sera la jeunesse qui mise mise en avant pour venir plus ra- voudra la posséder, surtout si le perpidement et efficacement en aide à l'Ins- sonnel enseignant lui fait bien comprentitut des sourds-muets de Géronde, très dre qu'en se la procurant c'est à une tprouvé, on le sait, par les ·conséquen- bonne œuvre qu'elle participe au prix œs de la guerre et du r~nchérissement. d'un bien léger sacrifice. '( Bien s'en tenir aux indications ciAu nombre des moyens à prendre dans ce but, nous rappelons aujour- dessus, cela pour éviter de part ou d'hui la diffusion de la carte postale il- d'autre frais et correspondance inutiles Etrée consacrée à chacun ,de nos dis- et coûteux.) tricts et dont la série, qui forme 14 car(avec celle du Valais), constitue un L'effort éducatif qui s'impose IDrt joli souvenir. Or, l'auteur et dessieur de ces cartes, M. A. rBauer, à (Simples réflexions accompagnées de lion, nous informe qu'il est actuellequestionnaires, par un ancien t disposé à céder le solde de l'édiinspecteur scolaire.) en abandonnant en faveur de OéTel est le titre d'un gracieux et subsde le bénéfice pouvant lui en reve- tantiel opuscule de 85 pages qui, par . Pour mettre à profit son idée gé- les soins et grâce à l'initiative de notre euse, l'administration de l'Ecole pri- Département de l'instruction publique, . e prêtera son concours en offrant vient d'être adressé aux autorités sco1


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laires de surveillance ainsi qu'à toutes produit de son travail, le bon ouvrier (pas le manœuvre) a également le prinos bibliothèques d'école primaire. Après l'avoir examiné, nous n'hési- vilège de pouvoir créer quelque chose. tons pas à déclarer que, médité et sé- Avantage précieux que ceux qui trarieusement mis en pratique, ce petit gui- vaillent dans les bureaux ne possèdent de est appelé à rendre les plus précieux pas. « Apprenons à nos enfants à profi. services, étant l'œuvre d'un de nos hommes d'école à la fois des plus expé- ter des années d'école pour que plus rimenté et des plus compétent en la ma. tard ils puissent faire un apprentissage tière. C'est le fruit bien mûri d'une lon- sérieux et complet. Il faut chercher à gue et féconde carrière professorale que supprimer la catégorie des gens oui sal'auteur offre ici modestement, s'esti- vent tout faire et qui ne savent rien mant suffisamment récompensé de son faire du tout. » travail s'il a pu servir par là plus efficacement encore la belle et noble cause de l'éducation chrétienne de la jeunesse. Joyenses Pâques ! !Nous saluons avec uile réelle satisfaction l'apparition de cette excellente Le rayon de soleil paraît plus brilbrochure, dont le contenu de 85 pages nous permet de passer successivement lant au sortir\ d'un nuage, le sourire de en revue ses 4 chapitres dont voici l'é- la joie plus doux après les larmes et la numération : 1. Education. - 2. Orga- tristesse. Plus belle est aussi la fête de nisation scolaire. - 3. Enseignement. Pâques après un carême scrupuleusement observé et plus douce la joie d'une - 4. Appendice. bonne conscience après les larmes 'du Autorités scolaires, comme institurepentir. teurs et institutrices, auxquels il s'aVendredi, nous étions dans le deuil. dresse particulièrement, 1'le sauront manquer de profiter des précieux ensei- Nos églises, transformées en chapelles gnements ,que renferme chacune de ses ardentes. abritaient un tombeau près duquel nous soupirions avec le prophèpages réellement vécues. (Gazette.) te Jérémie. Le tabernacle était vide, le -0sacrifice avait cessé. Les cloches étaient muettes. Mais aujourd'hui, quel conQue faire de nos enfants M. le Conseiller national Maillefer, traste! Quelque chose de nouveau a syndic de Lausanne, a donné récem- changé la face des choses; une lumière ment, sous les auspices de la Société inaccoutumée donne au lieu saint un aspect différent. L'autel, couvert de ses « Les amis de la Pontaise » une conférence ayant pour titre: « Que devons- plus riches parements, brille de mille nous faire de nos enfants? La person- feux ; les cérémonies sacrées se dérou· nalité du conférencier et le choix du su- lent dans tout leur éclat. Les cloches jet avaient attiré plus de 400 personnes, ont retrouvé leur voix et lancent dans qui ont souligné par de longs applau- les airs de joyeux carillons. Les cris a~allégresse éclatent de toutes parts et dissements ses conclusions. font retentir les voûtes sacrées. Qu'est· M. Maillefer a exposé, avec beaucoup il donc arrivé? de persuasion, l'avantage qu'il y a poùr Le Christ est ressuscité! Alleluia! nos jeunes gens (filles et garçons) à apprendre un métier. Si, dit-il, l'agri- Réjouissons-nous et tressaillons d'al~ culteur a la satisfaction de récolter le gresse ! Il est ressuscité : donc il est

' ECO.LE

. ~ PRIMAIRE ORGANE DE LA

80.CIETI VALAI8A1'lll D'IDUCA TI01' SION, r5 Avril 1919

celui qui toujours ,prêcha d'exemple avant de le faire de bouche, voulut que 0!' peut avoir longuement pratiqué sans cette mission fût officiellement proclaavoir a aucun moment expérimenté. La durée mée. de la routine n'est pas l'expérience. Ne renEn quelle circonstance le sera-t-elle? contre-t-on pas souvent de vieux praticiens dont -Dans le moment où on l'aurait le moins l'experience est moins formée que celle de jeune~ n:iaître~, observateurs sagaces, psychologues attendue: « Alors que tout le peuple se avises, qut font profit de tout ce qu'ils voient faisait baptiser, Jésus ayant été lui-mêet entendent ? me baptisé . . . » Voilà le premier stade: t François Guex (ancien directeur de l'école Jésus est confondu parmi la foule des normale du canton de Vaud). baptisés. c'est-à-dire des pécheurs, puisque le baptême de Jean était un baptême de pénitence. Rien jusque-là ne Le divin Maître l'a distingué de cette multitude qui se presse sur les bords du Jourdain. A la La Mission vérité, il y a bien eu entre Jean et lui Avant de commencer l'EvanCTiJe Jé- cette lutte de deux humilités où celle du fils de Dieu a fini par l'emporter; mais sus veut recevoir sa mission "' ' 1. Sa mission? mais il l'avait reçue cela s'est passé entre eux deux sans dès longtemps; c'est même l'une des af. que les Juifs présents aient paru s'en fi_rmations sur lesquelles le Sauveur re- apercevoir. Pour eux, Jésus a été baovient le plus habituellement au cours tisé; il est donc semblable aux autres. .Mais << il prie » , et voilà le trait qui de sa vie publique. Dans toÙs ces pass~ges, et beaucoup d'autres, il est ques- éclairera tout. Inclinons-nous devant tion d'une mission donnée par le Père cette première prière de Notre-Seigneur et qui se réfère à des temps antérieurs. rapportée par 1~Evangile. Souvent nous Et cependant, pour notre instruction, le retrouvons en prière, le Divin Maî-

Pensée

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tre · mais il importe que nous consta-.. « Ecoutez-le. » Nulle hésitation possi1 tio~s que son âme est orientée vers le ble: « Votre Maître, le voifa. > 3. Jésus nous donnera le..~remier l'eCiel au moment même où le Ciel va xemple de la docilité ~ux di~ms a_ppels. s'ouvrir. Tout au long de sa vie .pubhque. Il_pro2. « Et le ciel s'ouvr:t; et l'~sprit testera qu'il dépend dans son enseigneSaint descendit visiblement sur lm_ sous ment de son origine. comme un fleuve la forme d'une colombe. Et une voix ve- de sa source, et, tout Dieu qu'.il est il nant du ciel se fit entendre: << Tu es voudra n'avoir d'autre do~tnn~ que mon '.fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes celle qu'il a reçue de _son P.e~e _cele~te: complaisances. » « Celui ,qui m'a envoye est vend1que, et Telle est la scène, pleine de gra~1deur je ne fais q~'annonc_er au monde ce et de simplicité tout e~semble, o~. l'E· que fai app~is de 1~1. » « Les paroles glise catholique ~ tou10.u~s, vu 1,m~e~- que je vous a_1 adressees ne ~ont p~s 1~ vention de la Samte Tnmte et d ou Il miennes. mais celles du Pere qut ma nous importe présenteme!lt _cle dégag~r envoyé.,, . la proclamation de la m1ss1on du SauAussi S. Paul décrira-t-il ~x~ctement les étapes de la révélati_on div1~e da~s veur. Pourquoi l'Esprit Saint se repose-t- le monde en disant: (< D1e.1:1, apres ~vo1.r il sur lui? L~Es~rit de Die1:1 est à, la jadis, en plusieurs _mamer~s et a dibase de toute action apostolique. C est verses reprises, parl~ aux peres. par le~ lui que Notre-Seigneur _enverra à se,$ prophètes. sur la fm. de ces Jours-ci, . apôtres « pour leur enseigner toute ve- nous a padé par _le Fil,~ . · · » C'est donc ce :f Ils qu il nous faut suirité, ... P?Ur leur suggérer l~s ch~se~ que lui-meme leur aura apprises >~, ~t vre et écouter. Nul risque d'.erreur ~u d'imperfection: le Ciel l'en:7oie. le _Ciel la •Pentecôte est là pou,r ·prouve~ l cacité de son action. Jesu~ ~eçoit 1 Es: l'assiste. le Ciel se complait en lm. Eprit 'Saint et se trouve amsi consacre coutons-le. pour sa vie ,publique, comme le seront 4 Mais du même couo. f":lisons sur les roi,s pour leur ~o~lV~rnement et les nous-mêmès un retour salutaire; et demandons-nous si nous n~avons pas prêtres pour leur mm1stere. parfois une attitude inverse de celle de 1Et la voix se fait entendre: .« Tu es Maître. . . ,·1 mon Fils bien aimé .. . » ou. ~mvan~ 1~ notre n'avait qu'à enseigner puisqu ! 11 formule déclarative de ?· ~at~ieu · était la vérité même; e~ cependant 11 « Celui-ci est mon Fils ~1en aime, ~n veut que sa mission soit dument proqui j'ai mis mes complais~!1ces. » _s 11 d parle de Fils. c'est donc qu 11_ e~t Pere. clamée. Nous contentons-nous seulement e Et c'est lui qui donne la m1ss10n, ou recevoir les missions qu'on n:ous propo· plutôt qui authentique la mi_ssion reçue se? Ne sommes-nous pas tres promQtS dès l'origine. Po?r donner a ~es paro: à ies refuser, et. par contre, à. nius en les du ,Père, le 1our du bapteme, lem drautres de notre choi~ · pleine signification, rapprochons-les ~e donner 'Et nous nous étonnons, apre_s coup, celles qu'il prononcera. quelgues 1~101~ de certains insuccès, de certams m~ après, au jour de 10; trét?sfig1;1r~h)n. comptes, de c~rtain~s ép~euves? mais « Celui-ci est mon Fils bien aime .... c'est le contraire qut serait su11prenant. ,Ecoutez-le. » Il n'est que ju~te d'ente~- Celui qui trouve l'épreuve .clans u~e dre dès le moment du baptei:ne de. Je- · mission reçue est sûr d'y vo1r la main sus, ce Cons eil de la transf1gura~1011:

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de Dieu et sa grâce; dans le cas con-

monotonie, se déroulent les exercices de la classe: comment un tel maître pour~ rait-il faire aimer l'étude, alors que luimême prend si peu d'intérêt à son travail professionnel? Et comment pourrait-il 1être un éveilleur d'esprits. lui à qui répugne tout effort de pensée? 1Nul, il est vrai, - et il faut bien le reconnaître - n'est peut-être plus prédisposé que l'instituteur, s'il n'y prend garde. à devenir routinier. N'a-t-il pas, chaque année, à répéter Ies mêmes leçons, à faire écrire les mêmes devoirs, à parcourir la même route? S'il n'a pas toujours l'esprit en éveil, en vue de donner un constant attrait à son ensei· O. Audollent. gnement. il ne trouve bientôt plus qu' •••• un médiocre intérêt là faire la classe. le plaisir intellectuel éprouvé par lui La routine au début de sa carrière décline. puis = La routine, si l'on se reporte à l'éty- disparaît. Peu à peu, il accomplit d'une mologie du mot, est la petite route, tou- maniere toute mécanique une tâche que jours 1a même, que l'on suit par habi- ,l'habitude, d'ailleurs, lui rend aisée. L'habitude facilite notre travail quotude, sans se demander si d'autres voies. plus larges et plus belles, ne con- tidien, mais elle a sa tyrannie, et nous duiraient pas plus rapidement au but. trouvons là une première cause de la Combien de personnes suivent - au routine. Une fois établie en nous, l'hasens figuré - la petite route! C'est le bitude y règne en maîtœsse; elle est paysan qui cultive son champ comme hostile à touti changement. à toute innoil l'a vu faire à son père, sans tenir vation. compte des améliorations qui, depuis :Par elle, notre activité cesse d'être rédes années déjà, ont rendu le travail fléchie, tourne dans le même cercle et agricole plus facile ,et plus rémunéra- s'immobilise dans l'automatisme. Voteur. C'est le petit industriel qui, l'es- yez ce maître occupé à la correction prit fermé au progrès, continue à em- d'une dictée. Bien qu'on se soit attaché ployer des procédés aujourd'hui vieillis à lui montrer que l'épellation de tous que déjà d'habiles concurrents ont les mots est un exercice aussi peu proabandonnés. C'est l'instituteur qui, peu fitable que fastidieux. il laisse épeler soucieux de se tenir au courant du mou- les le, les la, les pour, les avec, etc., où tement pédagogique, fait la classe jamais aucune faute n'est signalée. Cet d'une manière uniforme et machinale, autre. en dépit des directions données, sans chercher à se renouveler, sans lit dans son recueil de rédaction-modèfaire effort pour perfectionner ses mé- les le développement du sujet que ·doithodes et ses procédés. . v,ent traiter les élèves. L'un et l'autre L'enseignement d'un maître routinier continuent ,à faire ce ,qu'ils ont tou~ sec, banal et ennuyeux. Il n'offre jours fait, tant est grande la force de nen qui vienne solliciter l'attention ou l'habitude. tiquer la curiosité: chaque jour, avec Un instituteur devenu esclave, à la

traire, il peut avoir des raisons d'inquiétude. ,puis, même dans ,le cas d'une mission bien authentique et acceptée, ai1110ns à nous reporter, de _temps en temPS, par la pensée, vers « Celui qui nous a envoyé», c'est-à-dire, à travers q~elques . in!ermédiaires. vers JésusChrist lm-memeJ Enfin, persévérons silencieusement i)ans la fonction qui nous a été confiée. A l'âme ainsi fidèle une voix douce, 111ais pénétrante, répète inlassablement: , Tu es mon enfant bien aimé ... Courage, bon serviteur. »


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longue. de procédés surannés pour.rait, s'il était énergique, recouvrer sa hr-,rtê Mais la routine - et nous indiq ~ons ici une autre de ses causes - dérive, en grande partie, de la faiblesse de la volonté. Ne la voyons-nous pas toujours s'accommoder du moindre etfort? Les améliorations proposées sont désirables, sans doute, mais il faudrait, pour les réaliser, tout changer, tout bouleverser dans la classe; il faudrait surtout travailler soi-même davantage, afin de rendre l'étude plus agréable et plus féconde. Mais on réfléchit, on hésite et finalement on recule devant la série d'efforts qu'exigerait la transformation demandée. «-Bah! - se dit-on, en manière de justification. - - j'ai toujours fait la classe ainsi; pourquoi, à mon âge, commencerais-je à la faire autrement?» Ajouterons-nous que la routine résulte également de la paresse intellectuelle? Tout instituteur qui a l'esprit ouvert et curieux se demande fréquemment à lui-même s'il obtient des résultats suffisants. cherche, par la réflexion, par l'étude. par des entretiens avec ses collègues, â connaître de nouveaux procédés et à perfectionner les siens. Mais il n'en est jamais ainsi du maître qui s'est laissé gagner par la routine: son intelligence engourdie est impuissante devant l'effort, et d'ailleurs rebelle à toute réaction rénovatrice. Bien plus, elle n'est pas toujours exempte d'eQtêtement et de morgue. Un esprit routit11er est un esprit borné, qui n'a nul souci d'élargir son horizon. et qui, trop aisément, se déclare satisfait. A quels moyens peut recourir.le maître pour échapper à la routine? Il contractera, dès son entrée dans l'enseignement, l'habitude si précieuse de chercher la raison· d'être de toute méthode et de tout procédé. Il s'efforcera de remplir ses fonctions avec intelJii;?;en-

29 ce, et, incessamment développera en lui l'amour du mieux. , Toujours préoccupé de donner un enseignement précis et clair. il prépa. rera soigneusement sa classe. Il recevra aussi un journal pédagogique dont l'aide lui sera précieuse. Il trouvera. en effet, dans ce journal, avec d'utiles sug. gestions, des devoirs variés et bien choi. sis. qui viendront renouveler son fonds habituel des articles ,qui le tiendront au courant du mouvement pédagop-j. que. II aimera à lire de bons livres. de ceux qui instruisent et ,qui élèvent. Il lira surtout les œuvres des grands éducateurs ainsi que les ouvrages des pédagogÙes les plus autorisés. Ces _lectures contribueront à éclaircir et à VIVifier son enseignement, en même temps qu' elles lui donneront une haute idée de sa tâche, et le sentiment très net de sa responsabilité. En toute circonstance, d'ailleurs, il s'appliquera à assouplir son esprit et à accroître son énergie, car il redoutera par-dessus tout l'inertie inteltectuelle et l'affaiblissement de la volonté, qui, tout droit, conduisent à la paralv· sante routine. Récemment, dans l'Ecole de la Vie, l'Education nationale était représentée debout vêtue d'un riche manteau traînant sÙr le sol. Elle disait: « Je ne demande qufa avancer, mais la routine a planté des clous dans mon manteau.• Et elle demeurait sur place. malgré ses efforts son manteau fixé au sol par des clous. 'Que l'instituteur. humble serviteur\ de l'Education nationale. n'entrave ipas sa marche. Qu'il l'aide. au contraire à sortir de la petite route. d'une vue si' bornée et d'un parcours si monotone, pour qu'elle cherche à se frayer, clans des directions différentes. de nou· veIJes voies conduisant à de larges horizons de lumière et de beauté.

foumal des Instituteurs.

Dieu à l'école Dans une ·lettre pastorale adressée à l'occasion du Carême aux fidèles de son diocèse, s. O. Mgr Colliard, évêque de Lausanne el Genève, après avoir indiqué queis so11t • Les vrais fondements de la paix », rappelle le rôle que doit i_ci rernp!ir l'~cole . . Le. ~rsonnel enseignant hra avec profit et mteret ce passage du document épiscopal.

1Mettons Dieu dans la Société, mettons-le aussi à l'école, où se forment les futurs citoyens. Nous devons réprouver. comme catholiques, non seulement l'éducation positivement athée, mais aussi l'éducation soi-disant neutre. U y a des domaines où la neutralité est une lâcheté; c'est le cas pour l'instruction des enfants. 'Les élever sans leur parler de 'Dieu, c'est méconnaître les droits du Créateur vers qui doivent tendre toutes les facultés de l'intelligence, de la volonté et du cœur. 'Pas plus que les parents ne peuvent faire leur devoir en dehors de •Dieu, les instituteurs, qui sont leurs mandataires, ne doivent instruire leurs élèves en dehors des lois de la religion. L'école est sortie des cloîtres. Les religieux ont été les premiers éducateurs de la jeunesse. L'Etat s'est emparé du monopole de l'instruction: il a incontestablement un droit de contrôle pour favoriser .te développement intellectuel et la formation morale des futurs citoyens; mais il ne peut se substituer entièrement à la famille; il ne peut ravir aux parents le droit d'élever et d'instruire leurs enfants d'après les lois de Dieu, lorsqu'ils sont capables de le faire. Sans doute, le prêtre a une grande part de responsabilité dans l'éducation chrétienne des enfants qui lui sont confiés, mais l'instruction religieuse est intimement liée avec les différentes branches du savoir humain. On niera le rô-

le de la religion dans l'histoire, par exemple, et même si l'instituteur est chrétien, dans toutes les autres parties de l'enseignement? D'ailleurs, les maîtres trouveront dans la religion une force extraordinaire pour accomplir digne. ment la mission qu'ils ont choisie. Que de pensées nous aurions encore à développer sur un sujet aussi vaste et aussi important! Mais Nous devons Nous borner. Puissiez-vous retenir de cette instruc. tion pastorale la nécessité de mettre Dieu à la base de votre vie tout entière pour obtenir de /Dieu la paix dans le miiJieu où vous vivez Chefs d'Etats, vous devez , dans la société, sauvegarder les droits de Dieu. ·Pères et mères de familles, Dieu doit être le centre de votre foyer. 'Vous tous, Nos Très Chers frères, réservez à Dieu la première place dans vos cœurs. A la condition que Jésus-Christ, Prince de la iPaix, soit mis à la base de la vie des individus, de la famille et de la société, mais à cette condition seulement, nous pourrons espérer jouir d'une paix durable, telle que les nations entières la souhaitent et s'efforcent de la réaliser à l'aurore du monde nouveau qui se prépare.

Pêcheurs d'hommes « Comme Jésus passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André son frère qui jetaient leurs filets dans la mer. car ils étaient pêcheurs de poissons. Jésus leur dit: << Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d 1hommes. » Cette parole du Christ ouvre à Vintelligence des horizons sans bornes. Suivez-moi, c'est-à-dire marchez sur mes traces; que les pierres qui ont bles. sé mes pieds meurtrissent aussi les vôtres; que les épines qui ont ~nsanglanté


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mon front déchirent votre visage; que les humiliations et le fiel qui furent mon breuvage vous soient également réservés . . Suivez-moi, allons au devant des fatigues, des affronts. de l'ingratitude, de la calomnie; aHons vers la souffrance, vers la croix ; allons vers la résurrection, vers la gloire, vers le ciel ! . . . « Je vous ferai pêcheurs d'hommes.» Vous travaillez pour un gain matériel et périssable. Je vous enseignerai à conquérir un trésor mille fois plus précieux, un trésor immortel : des âmes à Dieu. Jetez vos filets , la moisson sera abondante. Cette même voix qui appelait Pierre et André ne s'adresse-t-elle pas à nous aussi Educateurs chrétiens? Comme eux nous nous sommes levés et nous avons suivi Celui qui est devenu le grand .Pêcheur d'hommes. Mais avons-nous toujours été de bons ouvriers. d'intrépides marcheurs? ,Le chemin du devoir est étroit et tout hérissé d'obstales. Combien. hélas! ne font que le côtoyer. Ils ne se rendent qu\à demi à l'invitation du Christ: «·Suivez-moi! ... Trop souvent aussi nous jetons nos filets d 'une main paresseuse et nous les retirons . . . vides, hélas! 'Educateurs, comprenons notre tâche! Elle est vaste. immense, comme le monde! file ne se limite poii1t aux murs de notre école, mais s'étend aussi loin que notre devoir d'apôtres. Nos élèves, sans doute, seront le premier objet de nos efforts. Que nos enseignements, nos paroles, nos exemples soient autant de moyens à notre usage pour attirer ces jeunes âmes sur le chemin du ciel. Cela est encore le plus aisé de notre tâche. L'esprit de l'enfant n'est point circonvenu; il cherche la vérité et se réjouit de la trouver. Son cœur est un terrain neuf où nulle semence ne demeure improductive. Ma is notre activité

doit s'étendre plus loin: « Vous serez pêcheurs d'homm·es ! « Passerions-nôus notre vie entière à tisser les filets qui devront ramener un pécheur à Dieu que nous l'aurions bien remplie. Tra: vaillons-y donc par nos prières, par de petits renoncements quotidiens. par l'humble acceptation des ennuis et des souffrances. Qu'au jour de gloire nous puissions dire : « Seigneur, de tous ceux que vous m'avez donnés je n'rn ai perdu aucun. Et voici de plus nne brebis inconnue que j'ai trouvée errante sur L. L. inst, . ma route. »

A propos d'émulation La guerre, cause de tant de bouleversements et de restrictions. nous a privés, depuis quatre ans, des examens de recrutement. Cette suppression n'est que temporaire, disent les uns; elle sera définitive. affirment les autres. iles ,premiers considèrent ces épreuves comme un stimulant nécessaire; ils leur attribuent la grande part des progrès réalisés dans le domaine scolaire depuis un quart de siècle. Les seconds les accusent. au contraire. d'avoir fait converger tous les efforts de l'école vers un seul but: l'obtention de notes flatteuses, d'avoir provoqué un développement superficiel et factice des esprits, d'avoir ravalé ainsi les fonctions des éducateurs. La plupart des reproches adressés aux examens des recrues. tels qu'ils étaient organisés avant la guerre, me ,paraissent fondés. Les progrès indéniables que nous leur devons au point de vue instruction ne compensent pas le déchet qui en est résulté dans la formation morale de notre jeunesse. Ce n'est pas la science qui manque à notre génération, c'est la conscience. Aux heures g raves où nous vivons, la patrie .:1

besoin de cœurs vaillants de volontés tés et finalement provoque des injustiénergiques, de caractères bien trempés ces. de citoyens sachant agir et mettant au~ 'Les examens pédagogiques des redessus de tout l'honneur et le devoir. crues, s'ils arrivent à refleurir, devront Les examens pédagogfques consti- être renovés et organisés sur des bases tuaient des concours purement intellec- plus sérieuses. La guerre nous a fait tuels, où l'entraînement, le gavage entrevoir de nouveaux dangers comme jouaient un rôle prépondérant. Ceux qui aussi de nouveaux devoirs. L'époque des matches scolaires est périmée; qu' ont été mêlés de près à la préparation on mette au rancart les vieilles rende ces matches et qui ont connu ou gaines qui faisaient du maître d'école peut-êtr~ pratiqué quelques-uns des trucs mis en œuvre 1pour assurer le un vulgaire bourœur de crânes. La tâche des éducateurs n'est pas de prosuccès, n'ont pas tardé à être dégoûtés duire inlassablement des notes pour le de ces épreuves. Que penser de ce ch~u!fa~-~ intense et abrutissant qui plaisir · des amateurs de statistiques, precedait le grand jour? Coûte que mais de préparer la jeunesse à la vie coûte, en ,s erinant les mêmes formules . active par une formation solide et proX. en multipliant les mêmes exercices il fonde. ( Bulletin pédagogique de ,Fribourg.) fallait ingurgiter le minimum de c~nnais~ances exigée$ par les experts. Quel -·-- -stup1-de dressage! Je ne sais ce qui était Derrière la porte le plus admirable: la bonne volonté des élèves, .acceptant une si indigeste pâture -En entrant dans le bâtiment d'école j'aou 1mcommensurable patience des perçus, derrière la porte de ,Ja 3me clas~, uu maîtres se résignant ,à rabâcher sans garçonnet (8 ans environ) .placé là en pénitence. Je n'aime pas ce genre de pu-.1i1io,ni q ui, merci Ies mêmes matières. Les moins enthousiastes. les plus renitents fai- du reste, es! ,c ontraire à la loi. Mais disposé saient assaut de zèle et s'attaquaient à la bienveillance et ue voulant pa; débuter avec ar,d eur à ce monstrueux rocher de par des observations, je lis seniblant de ne pas le voir el j'entrai dans la classe voisine. Sisyphe. Il y allait de leur avenir. ComJ'en ressorHs une heure après. Le petit ment n~ pas emboîter le pas ,q uand vo- pfoitent était toujou,rs à la même place, transi tre ,petit honneur professionnel est en d.è iroid car M ' US étio n, à la lin de novembre. j~u? !De terribles comptes rendus offiJ'allais m'occuper à Je faire rentrer en ciels. dans lesqueJ,s vous étiez classés classe, lorsque la -s onnette donna le signal de la récréation. Les enfants sortirent comme et catalogués en noir et en couleurs arune trombe. Le jeune coupable prit alors son rivaient périodiquement et menaça'ient en cas d'échec. de vous refouler bruta~ bonnet et, instinctivement, se mêla au ilot de ses camarades, heureux de pouvoir se donlement là la queue de votre arrondisse- .n er du mouvement. ment. C'était une perspective si redouJ e pénétrai dans la classe et j 'eu.s, avec t?ble ·q u'à cette pensée le dernier des l'institutrice, fa conversation suivante: hre-au-flanc se sentait pris d'un zèle - D'où vient que Maurice Bernard ait dl'.t magnifique et s'élançait d'un pas allè.. rester aussi longtemps derrière la porte? - Vous m·y faites songer! Je Vavais comgre, à la conquête des m'oyennes rêvées. plètement oublié! L'émulation est, certes une excellente - - Quelle faute grave avait-il commise? chose, mais dès qu'elle ',est poussée à - Il ne cessait de babiJller tan,dis que je outrance, dès qu'elle dégénère en une faisais l'appel. Je 'l'ai r appelé plusieurs fois roncurrence effrénée et souvent peu lo- à .J'ordre, puis, énervée, je l'ai envoyé der• yale, elle engendre de fâcheuses rivalirière la porte.

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32 - Où il est res té 2 heures environ! - Mon intention n'était pas de 1l'y laisser aussi l011gtemps, mais, comme je vo~s l'ai dit, je ne me suis plus souvenue de IUJ. _ C'est là le danger d'envoyer les enfants derrière la porte. On ne tes voit plus. Il _arrive donc qu·on ·!es oublie el que la punt!1011 se prolonge au delà de notre intention. _ Mais comment faire lorsqu'un enfant, sans avoir commis une faute grave qu i permette son expulsion, ne cesse de d1istraire ses camarades? ~ Le Règlement a prévu le cas. Il vous autorise à mettre le coupable en pénitence dans un coin de la sal'!e où il sera toujours strictement sLtrveillé et occupé. - N 'est-il ,pas préférable de l 'envoyer derrière la porte? On est au moins débarrassé, pendant quelques instruits, d'une présence devenue insu1pportable. _ Vous avez pu vous rendre compte du danger de ce mode de faire. On risque d'oublier l'enfant et de l"y laisser trop longtemps. En outre 1 il ne proiite pas des leçons. Mais il y a en core d 'autres inconvénients. - Lesquels? Le coupab:e peut partir. Jugez de volre ennui en ne le retrouvant pas. -Ce sera une enquête à faire, une nou,velle punition- en perspective. Il peut aussi dessi·n er sur les murs, les dégrader. entaiJ.ler le cadre de la porte :ivec son couteau, détériorer ·les vêtements de ses camarades, prendre ce qui e~t dans les poches des man{eaux, etc. Parfois même - en hiver surtout - il court le risque de s 'enrhumer. de pincer un coup de froid dont vous seriez responsable. 'La température des corridors n 'est pourtant pas très basse. - C'est ce qui vou.s trompe. Une fenêtre peut être ouverte; la pmte d'en.trée n'est p~s souvent fermée. Il s 'é'ablit des courants d 'air , et, comme l'enfant reste immobile, il est exposé à prendre froid. J'ai connu un garço,nnet qui pour être resté trop longtemps derrière porte, a eu une pneumonie. Pendant p!usieurs jours, il a été entre la vie et la mort. Pensez aux craintes de l'institutrice et au cha<Yrin qu'elle aurait eu si l'enfant étaii décédé! " - Ç'eût été en elfe( une terrible sih1atio11, sans parler des en.nuis que cela lui au.rait créés. · - Vous le reconnaissez vous-même. Ne vous y exposez donc pas. Enii,n , et c'est làdessus que j"appuierai, ce ienre de punition

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es! contraire à la ·L oi. En l'appl iquant , vous vous mettez dans votre tort. - Je vous remercie de vos renseignements et de vos bons consei·ls . Soyez sûr que je les mettrai en pratique , car vous m'avez convaincue. Lorsque vous reviendrez, vous ne trouverez plus jamais un enfant en pu nition derrière la porte de ma classe. - Je vous félicite de votre résolution: el:e vous honore. Savoir reconi1aître ,qu'on a tort, c·est faire preuve d'intelligence. . . . ( Eclur·cif('11r.) I..,c vieux· l'n::.s,dcnt. _ _ __

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Chanson d' Avril Je suis l'Avri-1. Je vous a.pporte Tous les sourires du printemps. Me voici : ouvrez votre porte, Vous m'attendez depui s longtemps. Sur mon iront, .j"ai mis des guirlandes De liserons, de bla,nc muguet, Je suis gai, je parcou.rs les landes, Dansant un pas de menuet. Ma tu.nique a des reflets roses Sur un fond d 'émeraude clair. Les aubépines soot écloses. Et •leur parfum Hotte dans !"air. J 'ai .pris, pour me faire une escorte, De ravissarnts papillons bleus. Sur cette brilla·nte cohorle Le soleil passe en !rails de feux. Et nou,s courons dans la campagne, ·Butiner les !leurs du mat in. La brise vient de -la montagne En caresser le doux satin. C'est mon pinceau qui les colore 0-un rose pâle ou de bleu ciel, Chaque ,f leur que je lais éclore A la hnesse d'un pastel. Je fais l'aube plus lumineuse Et les midis plus éclatants , La nuit pl'Lls pure et plus soyeuse Sou s ses longs voiles frissonnants. Je suis l' Avri'l, et mort sourire S'épanouit comme la Heur. Qui dans l'onde, oit le ciel se mire, Jette un reî-let de sa blancheur. ( 'é<:ile Parchct . inst.

Dieu et son œuvre est divine. Il est ressu'scité comme i( l' avait dit avant sa mort : donc, tout ce qu'il a dit est vrai; et les promesses d'immortalité qu'il a faites à ses disciples et à son Eglise sont assurées. Il a triomphé de la mort : nous en triompherons aussi, et son Eglise en triomphera comme Lui. Réjouissons-nous! Nous qui avons souffert avec Jésus-Christ, qui sommes morts avec Lui, selon l'expression de S. 1Paul, qui nous sommes mortifiés pendant ce carême; qui nous sommes ensevelis avec Lui dans le tombeau de la pénitence où nous avons laissé nos péchés; qui avons ressuscité en communiant à son corps glorieux. en nous appropriant sa vie divine pour devenir des hommes célestes; réjouissons-nous, non seulement pour Jésus-Christ, mais aussi pour nous ; car s'il est mort pour nos péchés, il est ressuscité pour notre justification. Sa résurrection est la cause efficiente, formelle et exemplaire de la nôtre. ~

Le Christ. dont nous allons chanter la glorieuse résurrection. est le symbole et la cause de notre Pâque spirituelle. Les -Hébreux passèrent de l'Egypte à la Terrie( promise; le Christ est passé de la mort à la vie; passons à notre tour du péché à la grâce. Voilà pourquoi le fils de Dieu s'est incarné, est mort, puis est ressuscité. Notre résurrection doit comme couronner la sienne, de même ,que le matin de Pâques a couronné Noël et le Vendredi-Saint. Unissons donc nos supplications aux prières liturgiques de l'Eglise et redisons à Notre-'Seigneur: « Vous qui êtes né autrefois de la Vierge, vous naissez aujourd'hui du tombeau, et vous ordon. nez, à nous ensevelis, de remonter avec vous d'entre les morts! Pasteur éternel, qui lavez vos brebis dans les eaux baptismales, voilà le bain des âmes, vollà le sépulcre du,1 pêché~ 0 Jésus, pour que

vous soyez l'éternelle Joie pascale de nos âmes, délivrez de la mort affreuse du péché ceux que vous avez appelés ù la vie spirituelle! » Tels sont les sentiments dont nous devons être animés en cette consolante solennité. en songeant au tombea~ vide du Crucifié, le seul qui n'aura nen à rendre là la fin des siècles. parce qu'il a, dès le troisième jour, laissé échapper sa proie divine. Si toute la nature _sel!!ble se réjouir -et renaître à l'anniversaire de cet événement unique dans l'histoire du monde, c'est nous surtout, pécheurs. qui avons le motif le plus rrrave de tressaillir d'allégresse, puisque c'est pour nous que l'adorable Victime a voulu traverser les souffrances du Ca lvaire et le silence du sépulcre. Mais comment nous associer à)a joie univ~rselle comment chanter d'un cœur content i'Alleluia du triomphe, si nous restons encore enchaînés par les liens des passions et enveloppés des ténèbres du péché 7 Par la sincérité d'une bonne confession élançons-nous donc hors d'une si honteuse et dangereuse prison. échappons à la tyrannie du démon et recouvrons par le retour à l'état de grâce la sainte liberté des enfants de Dieu! Alors, ressuscités avec le Christ, nous vivrons avec Lui et pour Lui, en attendant d'entrer dans la bienheureuse éternité.

Autour du Careme ,Bien que nous touchions à la fin du Carême. puisque nous voici là la veille de Pâques, on prendra connaissance avec une douce gaieté de la pancarte ci-après ,qui remonte au 17e siècle. On y verra que nos ancêtres savaient souhaiter de la façon la plus savoureuse la bienvenue à la Sainte Quarantaine. «

Arrêt de Monseir::neur Carême Cal'ême, par la grâce de Dieu, Em-


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,pereur .d u Jeûne, Ro~ . _d' Abstinençe, Prince des Mers. R1v1eres, Etangs poissonneux; Ardriduc des Courb?uillons · Duc des Saumons et des Trnites; Bar~n des J,o.urs-Maigres; Vicomte. des Quatre-Temps; Comt,e des. Sardines; Marquis des Compotes; Se1gn~ur des Collations · 'Protecteur des Leg;umes, etc. A tou~ ceux qui ces présentes verront. salut! » Savoir faisons qu'ayant été informé que pliusieurs habitants du Carnaval malgré les ordonnances que nous do~nons entretenaient tou,jours commerce :a~ec les ennemis de nos droits et dignités, ce qui nous a ,porté. de l'avis de notre chère et honorée Epouse la ·oiette, d'y remédier ; :. A ,ces causes et autres désirant mettre les ordres nécessaires. nous avons banni et bannissons, à ,compter du jour daté des présents. les susnommés: » Antoine le Bœuf. 1Robert le Veau, Blaise te Mouton, Jacques Aloyau, Bonifaœ l' Agneau, Claude Dindon, Alexis Poulet Georges Chapon, Anne La Caille Rdch Cbchon, Hubert Sanglier, Simor{ Pâté Marguerite Fricassée, Joséphine L' Andouille, Fiacre. Bou~in, Elisabeth Perdrix, Jean Lapm, Oilles Le Lièvre Nicolas üi:got, etc . . . . » AuxqiÙels enjoignons de se retirer, pendant le temps du Carême, dans les cantons de Mardi-Gras, sauf à être rappelés le dimanche de Pâques: mandons à nos amis et féaux intendants le Marquis de Beurre-1f rais, le Baron de Beurre-Fondu ·le Vicomte de BeurreSalé de tenir ia main à l'exécution de ces présentes et de les faire Hre, afficher et partout 1p,ublier où besoin sera. » -Donné au ch'âteau de la Purée, le jour du mer,credi des Cendres. :. (signé) Carême.» Comme on le voit. nos ,pères entr.aient joyeusement en Carême. 11 est vr~1 que le jour de :Pâques leur aooorta1t des

compensations que nous ne connaîtron1 ,point ,cette année encore. ·

Variétés UN BON CONSEIL En ces temps où les consciences vont a'fl. xaminer pour accuser ensuite leurs fau(ee. beaucoup 1pourront profiter du sage avis reafor rué dans cette anecdote: ,Une dame se présenta un jour devant Phi,. liil)pe de Néri, en s'accusant de mMisanœ: « Tombez-vous souvent dans œ péché? • bu demanda-t-ih. _ Oui, mou Père, très souvent, répondit la ,pénitente. - Ma chère enfant, dit Philippe, voire p6. ché est grand, mais la miséricorde de Dieu est plus graruie encore. Pour votre pénitenœ, voici ce que vous aurez t faire: allez acheter au marché le plus voisin un pou!~! fraîch&ment tué et encore couvert de plumes. Parcourez ensuite w1e certaine distance en pkt, mant l'oiseau pendan~ votre marche. Cela fait, venez me trouver. Ainsi tut fait. La dam~ alfa au marchf, acheta la volaiUe et se mit en route en: la p!umanl selon l'ordre •qu'elle avait reçu. Elle revint bientôt avec le désir de dire combia exactement elle avait accompli sa pénitence et l'espoir que la singularité lui en serait Œ pliquée. - Ah! dit Philippe, vous avez été tout l fait fidèle à la première partie de mon or. dre. Exécutez maintenan-t la ,seconde, et vod serez guérie. Revenez sur vos pas, suivez Ill endroits que vous avez traversés, et r sez une à une toutes les plumes que V avez jetées à droite et à gauche. - . Mais, mon Père, s'écria fa pauvre me, j'ai qeté ces plumes de tous côtés, y !aire attention; le vent Iles a emportées toutes les directions. Comment faire pour retrouver? - Bien mon enfant, r~n.dit-il. Il en de toutes vos paroles de médisance co des plumes que :le vent a éparpillées: ont été di5:persées dans ions les sens. Ra 1

Jes maintenant, si vous pouvez. Allez, et péchez plus. EGI.:ISE ET TBMPLE ,Un pasteur ;protestant de notre ,p ars ,a bien irné .Je contraste qui ex-iste entre nos égli,catholiques ioujours ouverte.s à la piété fidèles et les terriples sans tabernacle, fer. comme des maisons inhabitées. Voici ues strophes de la pièce ,intitulée • Le le fermé.• Dans une égLise catholique Chaque fois que je suis entré, Une paix immense et mystiq~ Profondément m'a pénétré, En voyant après les offices, Ces fidèles qui, chaque jour, Font au Seigneur Jeurs .sacri[ices De foi, de larmes et d'amour. !Mais a,près Ja sublime extase Lorsqu'ils s'éloignent de l'autel,

On sen~·que 1Ieur cœur,commeun vase, S'est empli d 'un amour immortel. ,Ecoutons maintena_n t la contre-partie doufoureuse: J'ai vu naguère un simple temple A tous Jes regards el<iposé, Qui de la coHine contenip!e Un beau petit lac irisé. Et le ·c œur plein de mille choses, Qu'on ne raconte qLt'à son Dieu, Oubliant nos règles moroses: « Entrons, me disais-je, au saint ,lieu! » Sous ma main fa porte résiste. Et rien ne me répond, hélas! Qu'une voix i[)tofonde, un peu triste, Qui me disait : « Ne sais-tu pas? • En vain sur moi ton front ,se penche, • Un seul 1jour 011 franchit mon seuil: • Je suis l'église du dimanche, • La semaine, je suis en deui,l ! »

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paisisotts aux devoirs de ,la société. ,Les 'hommes ont .trowvé qu'i'l étai:! ué(:es· .. ire el a12"réaJl:)Je de s'uni,r ipour Je ,bien com·mun; ils ont fait des Gois pour punir les mé'Chanils; ,iJ.s sont colt'venUJs entre eux des devoir,s de fa société, et ont attaché l"idée de la gfoire â fü pmhque de ,ces de·voirs. ,Le J)ilus bonnét"e 'holl1ime est ~lui qui 'les obser:ve avec ,ph.11s d'emcl.Hooe: on ,les muil.tÎij)Üie à mesure que IJ'on a plus dl/honneur et de tdiêli:catesse. 1Le• .veintUJs •se tie.rune!nt, et ont entre eilles une e51Pèœ d a!ltliance; et 1c·est fünion de toutes œs llerfUJS qui fait les !hommes extraordinaires. Après aivoir prescrit les devoirs nétes·saires à leur sûretë ,conmtune, i'i's ont clterché à rendre 1leur comme,r œ agréa:b'le : iJs ont ~afbili des ,règnes de poilitesse eit de :sa~oir,yi·vre. Ou ,n'a 1poinrl: de IPréJœjptes à donner aux personnes bien niées contre certains délfauts. H y a des vices qui sont inconn.us aux honnêtes gens. La probité, la füdêlité à tenir s•a !Parole, .l'amour de ,la Vérité; ,je ,croi•s n'avoir rien à vous 'au:1J)I'endre sur fou.t cela: vous .sa,vez qu' un ihon,nête !homme ne connaît ,poinrt le naensonge. Qùe!llles 'louanges ne donne-i-on point l .ceux qiui ,aiment ~,a vérité! {:e1'ui~là, dit-on, est semilllaJbile aux (dieux, qui fait du bien et qui dit .la véri.té. Sï~ ne fau:t (XlS tou~ou:rs ~lire ce que 'l'on i1,e111se, ill faut toufou·rs penser œ que l'on di.t. Le véritailJ!e UJsage de la cr,aro1e, c'est de servi,r 1la ,vérité. Quand un homme a acquis la réputation '<le vrai, on jurerait sur 'sa pa,rolle: ell!le a tou1!e l'autorité des serments; on ·a l))Our ice qu'il!' dit un .respect de religion. 'Le faux .d:a111s 'les actions lll'est pas m'oins O[JIPOSë à ll'amour de iJa vérité, que 'le faux lfa.rus ·les pa,roae,s. ,Lers hon,nêtes gens ne soul point faux: ,qu'o111t-ils à ca.ciher? •Ms ne so11t 'J)as même, IJ)lressés de se mooit.rer, -sûrs que tôt ou tarti ,Je vrai mérifo se lfait jour. SotWenez.J\'ou,s qu'on vows pa,rdonnera µ1utôt vos défauts, que .l'ia.lffectation à vous

parer des v:er.tws que vous n'aiVez pas. La faus. Jseté est 'l'imifation du vrai. L"homme faux \paie de mine et de diS1cours; 1"1,o,mme vrai (paie de condwte. U: y a 'longtellllfPS qu ·on a dit que ll'ihypoorisie est un hommage que le 1 viœ riend à la vertu. Mais H ne si.ufüit ipas d'a· \'oir les vertiu•s pr,in:ciipalles pour p1aiire; iu faut encore avoir les qualités agréa1b1es et liantes. Quand on a:s(Pire à se faiTe une grande ré· putation, on est toujours ,ciêpendant de .J'qpinion des aulires. Il est dilfücile d'arriver aux ho1111eurs par les ,services, si Œes manières e! 1 Ies a,mis ne Ues font .va1o1r. Je vous a~ .d~ijà dit que dans les emgjlois ·sulballternes,. on ne ,s e soutient que par savoir (Plaire: dès qu'o,n se 111ég.lige, on est d'un 'très petit /Prix. Rien ne dé1p 1'aît tallit que de mooirer un ,amour1J)l'o,pre trop dominant, de !l'aire senHlf 1qu'on se ,prefère à tout, et qu·on se f,ait 1e ce1DJt:re de tout. On peut beaucoulP déplaire avec beaucoup tfesprit, forsqu'on ne s'awique qu'l cher· 'cher ~es d'éfaurbs d'autrui, et à les e}GJ)Oser au •gu·and jour. Poor .ces sortes de gens qui n'ont éle ~''esjpll'~t qu'aux dê,pens des autres, Hs doi'Vent souvent ,penser qu'i[ n "y a IPOirnt de vie assez pure pour avoir diroit de censurer celle d1autrui. la raillllerie, qui fait une partie des amll• sements de fa conrersation, est cliff.ici'le à ma. nier. Les pe11sonnes qui ont besoin de médire, et qui aimenlt à raiuler, ont nrne mallignité secrète dans le cœur. De fa ipllus douJCe nillile'r·ie 'à l'offensive ih n·'Y a qu'un /Pas à faiire : souvent le faux ami, abusant du droit de plai!!an'ter, 1vous b lesse; mais :la [)erisonne que lvou:s ·at11a,quez a seule le droit de juger si 'Vou,s pllaisantez: dès qu'on fa b1esse, e'tle n'est !plus rai:llée, elllle est oilf&lll'sée. 1 I}ci!:ajet de 1a raiOOierie doit tomber su,r des âéfuuts si !Eégel'ls, que [la ipersonne irntéressée en p laisa11Ae ell1e.,même. ,La railleirie d.êlicate est un conl})Ols'é de 1ouanrge et de lll:âme: elle ne toucthe l~èrement su:r de petits dêfaurts, que pour mieux alPIPUyer :sur de grandes qua~i:t~. !M. de La Rodhefouœuil:t dit, ~ que le 'déshonwaa1t o~ense moirn5 que 'le ridirule •·


Je penserai comme ,lui par la raison qu'il n'est -au pou1Voir de rpcnsonne d'en déshonorer une autre: c'est -nofre IPrQPre conduit'e et 11011 les disrours d'au~rui qui nous âéshonorent. us causes du dé~onneur sont connues et certaines; ,le ridicuffe est pwrement arbitraire. l'i d'éjpiend de Ua manière ,q ue les objets •se iprésen~ent, de fa manière de penser et de sen.tir. li y a ~s gens qui mettent fouàours les lunettes du ridiculle: ce n'est ,pas la faute icles Olbljebs, c'est !la faute de ceux qui 1es rek'a.n:lent; œla est vrai, que teJ!es pensonnes à qui on donnerait du ridiœle dans cerfa-iues •sociétés, seraient ,akJ.mirées dlains d'-aul!res, oü il y aura de ·l 'esprit et du mérite. C'est aussi par l'humeur qu'on ,plaît el tiu·on dé;pilaît. 1Les humeu!'s sombres et ohaifi1tes qui pendhent ve11s la misanthropie, dépla,î,sent fort. !Llhumeur est [a di~ition avec \laquelle Pâme .r eçoit 'l'inij>ression des objets. Les hun1eu11s dbuces ne sont ljj[ess'ées de rien: leur 'indu1lgearce les sert, et prête a,ux autres ce qui leur manque.

Ua plUfP3.rl des hommes s'i,maginent qu'on ne peut tra1VaiHeir sur 'lhwmeur. Hs disent: • Je suis né c01111lme cella •, et croient que cetfu excuse ·leur donne te d:roit de n'a.voir au.cune aitenlion sur eux. De ipareiUnes humeurs on~ assmêmet1t le droit de d~'a ire. Les hommes ne •vous doi!V'eil1t qu'autant 1que vous leur pl<aisez. iles règ,les pour ·~aire sont de s'ou'blier soi-même, de ramener les autres à ce qui les intéresse, de 'les remire contents d'euxmêmes, de les faire valoir, et de leur ,p asser 1re~ )quia1i1ës qui ~eur son1 cootesll&s. Hs croient que vous leur do1mez ce que le monde ne Jeur accorde: c·es:t en quelque sone créer Jeur mérite, que de les rehausser dam 1 1'ïdtt d'autrui; mais il ne faut pas pousser œla ,jusqu'B 1fladu,la1,ion. Rien ne plaît tant que les persom1es .sensibles, qui clherd1ent à se lier aux at1lres. Faite;; en sorle que vos manières offrent de l'amitif et en demanden't. Voue ne sauriez être un ,homme aiimabJe ,q ue vous ne sachiez étre auni, que vous ne connaissiez l'amitié; c'est elL'le qui cor,r ige les ·vice.s de 11a société.

t:Jl'Je adoucit \es hu,meurs farouches, el.le raba.isse les gJo.11ieux, et les remet à leur ,pla~. Tous 1es devoins .d e l"'hoonêteté sont ~ mês daillls les devoirs de !la partai~e amitié. Pa.nmi le turnu!lte du monde, ayez, mon fi I's, quelLque ami 'Sûr, qui fasse couler dans votre ârr,e ,les paroles de la ~rité; soyez docille aux awi s de vos amis. L 'a·veu des fautes ne coû1ie guère à ceux qui sentent en eux de quoi réparer; oroyez donc n'a.voir jamais assez fai't, dès que vous sentez que voùs !pouvez mieux faire. Perso1U1e ne souffre ,plus doucement d'ê.tre reipris que cel ui qui mérite te ip1111s d'être Joué. Si vous êtes assez heu·reux pour aivoir !rowé un ami ·vertueux et 1idèUe, vous a,vez trouivé u01 trésor: sa répuia lion garantirn la •vôire; il ré!Pondra devou 1 ~ vous;inême; il adoucira vos ·peine.;, il dou. 'blera vos ipl,aisir,s. Mais i()OUr mériter un ami il! fauit saivoi r J'être. Tout le monde se 1~!,aint quï1l n·y a point d 'amis, et presque personne ne se met en peine d'aworier les dispositions nécessaires pour s'en faire et ,pour les conserver. Les jeunes gens ont des sociétés , rarement ont-ils lies amis: les iPl~isir.s nes Ltnissent; et les plaisirs ne sont pas des liens dignes de L'amitié. 'Mai-s je ne iprétends !Pas faire une disserta, fion: je tou.dhe légèrement les deivoirs de la vie civ:ik Je ·voUIS renvoie à ,votre cœur, qu, vous dem111dera Uil1 ami , et qui vous en fera ,sentir le 'besoin. Je 1la:i&se â votre d~icatesse â vous in"Struire des IC!ev;o.irs de l'amitié. 1

•es

V Si vous. voulez être parfaitement 11onnête homme, songez à régler votre amour-propre, et fl lui donner un bon objet: L'honoêteif consiste à se dépouiller de ses droits et l respecter ceux des autres. Si vous voulez être heureux tout seu il vous ne le serez ja· mais: tout le monde vous contestera votre bonheur. Si vous voulez que tout le monde !e soit avec vous tout vous aidera- Tous Jes vices favorisent l'amour-propre, et toutes les vertus s'accordent à le comba1tre: la valeur l'expose, la modestie {abaisse, la générositf le dépotLille, la modé1'.ation le 111écontente, el le zèle du bien publi c l'immole.

6'1 L'amou,r-propre est une préférence de soi aux autres, et 1'1honnêteté est une préférence des autres à soi. On distingue deux sortes d'amour-pr?pre: l'un naturel, légitime, et réglé par l'a ~ustice et par la raison; l'autre vicieux et corrompu. Notre premier objet, c'est nous-mêmes; et ,nous ne revenons à la j ustice que par la réflexion. Nous 11e savons pas nous aimer: nous nous aimons trop, ou nous nous aimons mal. S'aimer comme il fau t, c'est ai1t1er la vertu: aimer le vice, c'est aimer d'un amour aveugle et ma) entendu. Nou,s avons ·vu quelquefois des hommes s'a,vancer par de mauvaises voies; mais si le vice est élevé, ce n'est ,pas ,pour longtemps; ils se détruisent par les mêmes moyens et avec les mêmes principes qui les ont établis. Si vous voulez être heureux avec sûreté ;J faut l'être avec innocence. Il n'y a d'em~ire œrtain et durable que celui de la vertu.

11 Y a d'aimables caractères qui ont une con,venance naturelte et délicate avec la vertu; pour ceux â qui la nature n'a pas fait ces heu· reux présents, il n'y a qu'à avoir de bons yeux_ et connaître ses vérita!bles intérêts, pour corriger un mauvais penchant. Voilà comme l'esprit redresse le cœur. ,L'amour de l'estime est aussi l'âme de la société: il nous- unit les uns aux autres. J'ai besoin de votre approbation, vous avez be· soin tle la mienne. En s'éloignant des hommes, on s'éloigne des vertus nécessaires à la société; car, quand on est seul, on se néglige. Le monde vous force à vous observer.

La politesse est la qua li té la pl us nécessaire aUJ commerce: c'est l'art de mettre en œuvre les manières eJC:lérieures, ,qui n 'assurent rien pour le 'fond. La politesse est une imitation de l'honnêteté, et qui présente !homme au dehors, tel qu'il devrait être au dedans; elle se montre en tout, dans l'air, dans le langage et dans les actions. Il y a la politesse de l'esprit et la politesse des manières; celle de l'esprit consiste à dire des choses ffoes ~t délicates· celles des manières, à dire des choses fl~tteuses et d'un tour agréable. Je ne renferme pas seulement la politesse

dans œ commerce de civilité et de compl iments que l'usage a établi : on les dit sans sentiment, ou les reçoit sans reconnaissance; ou surfait dans ce genre de commerce, el on rabat par l'eJGpérie-nce. ,La politesse est un désir de plai,re aux personn~s avec qui l'on est obligé de vivre, et de faire en sorte que tout ,le monde soit content de nous: nos supérieurs, de nos respects; nos égaux, de notre estime; et nos inférieurs, ~e notre bonté. Enfin elle consiste dans l'atdire à chacun ce qui tention de plaire, et lui convient. Elle tai t 'Valoir leurs bonnes qualités: elle leur fa it sentir qu'elle reconnaît leur supériorité. Quand vou,s saurez les élever, ils vous ,feront valoir à leur tour· ils vous donneront sur les autres la place ' que vous ·voulez bien leur céder: c'est l'intérêt de leur amour-propre. Le moyen de p laire, ce n'est poÎJ!lt de faire sentir sa supériorité, c·est de la cacher. C'eit habileté que d'être poli: on vous en tient quitte à meilleur marché. La plupart du monde ne demande que cl.a manières qui p laisent; mais quand vous ne les avez pas, il faut que vos bonnes qualit~ doublent. Il faut avoir bien du mérite pou.r percer au travers des manières grossières. Il faut aussi ne ,point laisser voir trop d'atte-ution sur vous-même: une ·personne ,polie ne trouve jamais Je temps de parler de soi.

de

Vous savez quelle sorte de politesse est nécessaire avec les femmes. A présent, il semble que les jeunes gens se soient permis d'J manquer: cela sent l"éducation n~ligée. Rien n 'est plus honteux que d'être groasier volontairement·1 mais ils ont beau Taire ils n'ôteront ~amais aux femmes la gloire d'a: voir formé ce que nous avons eu de plus honnêtes gens dans le remps passé. C'est à el!es qu'on doit la douceur des mœun la délicatesse des sentiments, et cette fine e-a'lanterie de l'esprit et des manières. Il est vrai qu'à présent la galanterie extérieure est bannie. Les manières ont changé, et tout le monde y a perdu: les femmes, l'envie ~e plaire, qui est la source de ,Jeurs agréments; et les hommes, la douceur et cette dé-


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68 licate politesse qui ne s'acquièrent que dans leur commerce. C'est une chose assez rare que de savoir manier la ,l ouange, et de la donner avec agrément et a'VeC 'justice. Le misanthrope ne sait pas louer, son discernement est gâté par son !humeur. L'adulateur, en ,l'ouant trop, se discrédite, et n'honore personne. Le glorieux ne donne des louanges que pour en recevoir : iL laisse trop voir qu'il n'a pas le sentiment qui fait louer. Les petits esprits estiment tout, parce qu'ils ne connaissent pas la valeur des choses: ils ne savent placer ni l'estime rirTe méprit. ·L'envieux ne loue personne, de peur de se faire des égaux. Un honnête hom· me loue à propos: il a plus de plaisir à rendre justice qu'à augmenter sa réputation en diminuant ceUe des autres. Les personnes attentives et délicates sentent toutes ces différences. Si vous voulez que la louange soit utile louez ,par rapport aux autres, et non par rapport à vous. Il .faut savoir vivre avec ses concurrents. Rien de plus ordinaire que de vouloir s'éleYer au-dessus d'eux ou de chercher à les dénigrer; mais ill y a une conduite plus noble, c'est de ne les attaquer jamais, et de ne son~r qu'ià les surpasser en mérite; il est beau de leur céder 1a place que vous croyez 'leur appartenir. · L'honnête homme aime mieux manquer à ta fortune qu'à la ,justice. Disputez de gloire avec vous-même, et tâdhez d'acquérir des vertus qui rerhaussent celles que vous avez. Il faut aussi être retenu sur la vengeance. li est souvent utile de se faire craindre; mais presque touJours dangereux de se ,venger, Rien de plus faible que de faire tout le mal 11u'on peut faire. La meilleure manière de se venger d'une injure, c'est de ne pas imiter celui qui vous l'a faite. C'est un ,spectacle digne des honnêtes gens que d'opposer la patience à l'emportement, la modération à lïnjustice. La haine outrée vous .met au-dessous de ceux qui vous haïssent. Ne justiiiez poin.t vos ennemis, ne faites rien qui puiss~ ,les absoudre; ils ,vous font moins de tort que yos défauts. Les petites âmes sont cruelles:

les grands ,hommes ont de la clérneuce. /2,é-Mr disait que le !Plus doux 'f ruit de ses victoires, c'était de ,pouvoir donner la vie à ceux ~ui avaient att~nté à la sienne. Rien de plus / glorieux et de p1us délicat que cette sorte de vengeance: c'e st ,la seule que les honnêtes gens se permettent. Dès que votre ennemi se repent et se soumet, vous perdez le droit de vous venger. J..a plupart des hommes ne mettent dans le connnerce que les faib!esses qui servent à la société. Lei honnêtes iens se lient par les vertus; 1e commun des hom1œs, par les plaisirs; et les scélérats, par les .crimes. La table et le jeu ont leurs excès et leurs dangers : l'amour a les siens. On ne se joue pas toujours avec la beauté; eHe commande quelquefois impérieusement. Rien -<le plus honteux que de perdre dans le vin la raiSÔ11 qui doit être le guide de l'homme. Se livrer à la volupté c'est se dégrader. Le plus sQr serait tlonc ·de ne pas s'appri·voiser avec elle. Il ,semble que l'âme du ,voluptueux lui soit l c'harge. Pour le jeu, c'est Lm renversement de tou• tes les bienséances; un prince y oublie sa dignité, et la femme sa pudeur. Le gros jeu renferme tous les défauts de la société. On se donne le mot à. de certaines heures pour ae ruiner et pour se haïr: c'est une grande épreuve pour la probité; peu de gens l'ont conservée pure dans le ,jeu. (A. a11i-vre.)

est en colère, ou ,elle est en train de devenir une •sainte femme ....• Et ipourtant ~e vous Jure que la femme de cet 'homme n'était ni en col!ère, ni même fortement en train de devenir une sainte femme : elle était tout ·simplement triste. lis n'étaient pas pauvres tout t fait. N'eston pas r iche u~ brin: quand on ne fait pas de dettes ou qu on ,Jes paie à la sen1aine ou au mois, sans faillir?, De:puis quel.que temps, i'l fal1[ait combiner combiner ipour tenir! pauvre petit budget! Oh! comme ils eurent 1peur les deux cet homme et cette femme! Ne p;uvoir plus' donner à leurs enfants la ration de pain! Devoir envoyer à l'église et à l''ét~e les fillettes mal mises, les garçons mal chaussés! 'L'homme, uu jour de mai, dit à sa femme: • La Mère de ,Oieu nous aidera; je vais dimanche à Noire-Dame des 'Ermites ....• . Il pensait. sans doute: .« La Sainte Vierge n est pas chrche; elle est galante assez, la Notre-Dame, .pour me faire retrouver l'&u du voyage ... . • Et ill s'en alla prier NotreJI>ame.

II

I

Notre~Dame aime beaucoup entendre un homme la prier, non pas avec un cœur de lemme, mais avec un cœur d'homme, avec un cœur fort, ,plus rebelle aux expansions mystiques. -Quand w1 homme fort et rude 1a prie avec fe!'Veur, il est quasi certain que la Mère en a plus de joie qu'aux prières de toutes les lemmes, ses filles, (es filles de Notre-Dame. Cet homme ,s avait prier ainsi. IL savait ce que c'est 1que la prière, étant de ceux qui aiment, sans mensonge, ·le fils divin de NotreDame, et défendraient au prix de .Jeur vie et le Fils et la Mère. Il allllait tous les jours à la messe, voire à la communion (en un pays de foi), avant de se :rendre sur le théâtre ardu des quotidiennes sueurs.

Sa ~emme était moins vaillante que lui, moins vaillante de corps et d'âme. Ellle ne murmurait pits, mais elle se tûsait trop. « Une femme qui ,se tait trop est un signe: ou eUe

. H pria, ce dimanche de mai, comme IPJ:η aient les chevaliers du bon ,vieux .temps et retourna chez lui avec assez de courage et de confiance pour sa femme et foi-même . ..•

« Ah I

1 ... C . .

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cher ami, que je vous plains ... » Il est des poèmes si beaux et si simples que Oieu seul peut Ues in• venter. Wensée de Veuillot.)

Ml . Il ~itait dans le coin du cou.pé. Un mottszeur vint s'asseoir près de lui. Comme fo~t certains me.ssieurs ,lorsqu'ils veulent « étudier » des types d'hommes simples, ce monsieu,r questionna cet homme simple. Voyant ·que ce simple était vraiment un type d'hormne, qu'il avait un beau front et d~ beaux bras, et des épaul.es d'acier, et un air de santé sèche et 'franche, it se prit à penser à la raœ du pays, et de la race sa rapide :pensée se porta sur la famille et la famiHe, cette rapide pensée passa 'aux enfants, qui sont le tout de Ja fam~lle . . .. Voilà comment ce monsieur demanda soudain à l'homme simp1e: - Vous êtes marié, je pense bien . .. : un homme comme vous . .. ! :-- E'h! que oui; Monsieur, depuis tantôt qumze ans. - Et vous aivez U11 fils? ~ Grâces à Dieu, ij'en ai plus d 'un ~t des , filles avec. ~ monsi~ur ~ntendit que l'homme simple avait plus d un fzi!,s et quelques fi lles avec· il s'exclama: ' - Vous avez dionc beaucoup d'enfants? Beaucoup? Oui et non; c'est sept e11 tout .. .. - Sept enfants ... ! par des temps !Pareils! · · · sept. enfants? Ah! cher Monsieur, que je vous plams!. Ainsi s ·exclama le monsieur, très sincèrement, .. apitoyé sur le sort de l'homme s,imp1e, de ce beau t.YJPC d'homme ... . Mais 1homme simple répondit qentement, gravement, avec l'a'ccent d'une coDNiction plus forte que les convictions des sciences positives et des mat'hématiques: - Monsieur, il ne faut plaindre que les pères et les mères qu:i font Je mal dans fus maisons . . . .

de

IV Le • monsieur » ,n'a 'jamais de sa vie en· tendu un mot plus profond, plus courageux, plus chrétien; iL me l'a voue dans une rencontre fortuite, aiprès le récit que je viens de vous faire.


71

'70 « L'homme sirnple • ,j'ai pu me renseigner personnellement - a réussi à louer un petit domaine où il tra,vaille loin de l'usine et du scandale, dans la paix des champs et dans la paix de Dieu. :Février 1919. S. HENRY,

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Le vœu du jeune prêtre I En cette veille de la 'Nativité ou Christ, l'ordination venait d'avoir lieu. Avec plusieurs autres, Emmanuel Palmeau avait été ·oint par le pontife; il était prêtre pour l'éternité. Les incomparables cérémonies du rite sacré s'étaient tléroulées dans la cathédrale jusqu'après 11 heures. Les familles et A.es amis avaient accompagné ensuite les ordinands au Séminaire, Dans les iparloirs, pendant plus d'une demi-heure, les premières bénédictions des nouveaux prêtres étaient descendues sur nes têtes courbées, appelant du ciel les grâces les meiHeu.res. U'n marin reçut seul, pour tous les parents, cernes d:"'Emmanuel. C'était son oncle Timothée. Le père et la mère, et ,!es 'irères e't les sœurs n'avaient pu venir de si loin, mais ils l'attendaient là-bas, avec quelle impatience et quei bonheur! ile marin était ici, justement, avec son sloop à deux mâts, pour prendre le jem1e prêtre et l'amener au port natal, le soir même. Depuis quelques semaines on caressait ce projet: Emmanud chanterait sa première messe dans l'église de son :baptême et de sa première Communion, et cette première messe serait celle de minuit, ,E t l'oncle lui disait combien -toute la po· pulation catholique avait applaudi à cette idée; les pro1estants eux-mêmes s'étaient promis, par sympathie ,pour les Palmeau, de jouir du spectacle Ide la fête. 111, annonçait la joyeuse activité des préparatifs, et que de bras et de mains agiles et habiles s·étaient offerts ipour donner à l'église son ornementa1ion des -p!us beaux 'jours! Tout ému, :Jes yeux fermés, le jeune prêtre revoyait par la pensée le vieill édifice décoré,

comme au temps où lui-même s·y employait aux gra·n des solennités, sous la direction d~ même curé. Le clocher était pavoisé du drapeau national ; de petits pins maritimes, enlevés à la forêt des dunes, apportaient la seule verdure du pays qu,i pût faire Te,ssortir les ors défraîchis tlu bois de 'l'autel; sur leur lit de mousse .sèche des fleurs en étoHe raidie gamissaient le retable ·s'élevant . entre les chandeliers de cuivre vigoureusement reiourbis; et, sur la muraiJ.le, des ori,flammes de couleurs vives, avec des inscriptions pieuses et1 leuilles d'étain, couraient des deux côtés de la ne1, mariant •leur éclat ~ celui des flammes multicolores qui Hottaient au gréement des minuscules navires suspendus l la voûte, ex-voto de naufragés sauvés ipar un vœu à Notre-Dame .... Tous ces menus détails se présentaient à sa mémoire comme s'i'ls les avaient revus la veil1:e, et cette vision du pays natal qui s'aJ.),prêtait à le recevoir avec t.mt d'honneurs ajouta encore à la joie intime de son âme. [a figure radieuse il prit congé de son oncle quand sonna !'Angélus de midi et lui 1pro. mit d'être fidèle au rendez-vous du départ. En hâte, il rejoignit au réfectoire la communauté. Le déjeuner - maigre - fut rapide. Les émotions de fa matinée avaient enlevé l'aippétit. Avoir plané dans ces hauteurs, s'être ainsi élevé jusqu'à Dieu pour participer à sa puissance sur son Fils et sur les hommes, pour devenir en quelque sorte un autre lu imême dans les mystérieuses !onctions du ministère sacré, et puis, après avoir vécu ces heures surhumaines et divines, re\:lescendre sans transition aux vulgaires occupations de la terre, aux matérieJr:es satisfaction-s du corps! .... Heureusement, les conversations tinrent en haut les esprits, car elles ne pouvaient être que :pleines du su~e'l qui débordait des cœurs. ·les souvenirs du matin. se précisaient et se comipléta,i ent par les remarques de cha.cunEnsuite, c'était l'avenir ouvert devant ces jeunes hommes. En queflle partie du champ le Seigneur allait-il par la voix de leur évêque, les envoyer travailler? Us tremb1eraien'l de1

vant les responsabi lités futures, s'Hs ne sentaient déjà en eux la grâce qui fait les apôtres. ,Le repas s'acheva. ·La prière de reconnaissanœ récitée, -Emmanuel fü ses adieux à ses maîtres et à ses condisciples, et se dirigea vers le quai, où i!, éiait attentlu.

qui restaient au foyer du feu qui avait cuit tout à l'heure le frugal souper, et essayant de gar~er- son équilibre dans l'agitation extraor~ma,re, ~ombinée de roulis et de tangage, qui secouait la pauvre harque sur la mer en furie, le jeune prêtre pensa et pria . ...

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- Seigneur, disait-il, est-ce une image de ma nouveKe vie que cette tempête déchaînée au .premier ,jour de mon -sacerdoce? Mon ministère doit-il être ainsi en butte aux fureurs des éléments? Mais vous êtes le Maître du ciel et de la terre, et des océans. Avec vous je ·n·ai rien à craindre. Vous aurez beau son: meiller comme ,j adis sur le lac en courroux. ma foi vous réveililera, Seigneur. Et puis, n~ m'avez-vous pas donné ce matin 1e pouvoir merveilleux de vous appeler oit je veux, de vous porter avec moi et en moi partout où je le désire! Où puis-je aller, où ipuis-je rester sans que vous soyez avec moi? Au dehors, la tempête augmenta de violence. La foi du prêtre n 'e n fot pas éblanllée. - Il y a, continua-t-il en son oraison quelque chose de plus à craindre que les éll ments bouleversés, c·est la méchanceté des hommes. C'est e]l!e, soudoyée par Satan, qui vous a mis à mort, Seigneur Jésus! C'est elle qui nous poursuit, nous nos ministres en haine de voire nom! C'Elsf elle qµe je reù~ute pour le succès de mon apostolat. Elle peut n~'~mpêcher de sauver mes frères ; elle peut, si Je n'y prends garde, m'entraîner à ma perle. Mais, Seigneur, vous serez mon réluge, mon secours ma force, et, avec vous, je ne crains rien .... Un coup brusque îit trembler le sloop: un des mâts venait 'de s'abattre. Sa voile, cette !ois déchi rée, gisait sur le IPOnt, mouillée par ,es embruns et les lames; eJile avait des soubresauts terribles, quand le vent, passant pardessous, la gonflait et 'la soulevait pour la faire retomber par paquet, en brui t sec. L'ond!e accourut. - E mmanuel, cria-t-il ,par l'ouverture prie le bon Dieu, nous somme$ perdus! ' Et, pendant qu 'affolé, le marin courait sur le pont , aMant avec son matelot au, plus pres-

Sur Je pont du sloop, où se trouvaient réunis l'onde Timothée, son neveu et le matelot qu_i aidait ~ la manœuvre, on était en grande peme. .Parti à 2 heures de l'a.près-midi sous un ciel assombri, on avait, deux heures plus tard, « essuyé un grain . qui s 'était changé e11 .bourrasque, et la tempête était maintenant décha~née. Les vents contraires, le bateau n 'avan_ça1t que péniblement. L'ouragan semblait se Jouer de lui comme d'une victime assurée. - Ayons conliance en Dieu mon oncle! disait le je.une iprêtre, qui supp~rtait mai:gré tout avec VIgueur les fatigues de la mer après celles des émotions du matin. ' le mari.n ne répondit pas. li avait peur de ne pas arriver au port. Que dirait-on de lui? L'accus~rait-011 de n'avoir pas pris toutes se~ précautions, et, partant tl'avoir fait manquer la fête? ' Comme pour augmenter ,ses craintes la tempête redoubla. Les vagues déJ!erlaient 'sur le pont, menaçant d 'emporter hommes· et choses dans leur s caresses glacées et sous leurs couronnes d'écume. Le vent faisait craquer les mâts et les vergues, et le 'b eaupré. Les voi!es, ~!gré les ris, claquaient sous ses coups; 11 fallia1t qu'elles fussent neuves et solidement cous~es pour ne pas se rompre et s'en aF!er en miettes! La nuit était venue, et le traijet n'était pas à moitié parcouru. - Mon füs, dit l'oncle, rentre dans ta chambre. Tu prendrais mal ici .. , L'ab~ o~it. Avec l'agilité et Ja pratique d autrefois~ tl, se laissa glisser adroiterr1ent pas l'écoutille, qui béait au-dessus de ce que ::onde avait appelé la « chambre •: il y avait a, en effet, deuoc cadres 1pour couchettes avec a~t fond, ~ne ,petite cheminée. Et là, en ce « car~ re », a.ss1 s sur 'les bancs de bois qui en font le tour, remuant un peu les cendres chaudes


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72 sé ,pour parer au da:nger, le ,jeune pre•tre ii t une prière et un vœu. _ ·E h quoi! Seigneur, murmura son an:1e endolorie, eh quoi! ma dernière ~eu:e ser_aitelle venue? Les grâces de l'ordmation n ~uraient-elles été ipour moi qu'une préparation à la mort? Ma première messe ne doi~-e'.l~ être ,q ue pour l'éternité? Ce sacriiice qui rejouit les anges et les saints, qui r~~~nfo~te les vivants et libère le.s défunts, que J a1 puissance d"o!frir depuis ce malin, ne l'oHrirai-je donc pas une seule fois ici~bas? Ce gran? bonheur, auquel je me préparais et pour mo'.même et ,pour iles miens qui m'atiendent, Seigneur! Seigneur! ne dois~je p~int y compter? Le nouveau prêire que Je suis et q1:1e vous avez fait aujourd'hui n'en avez-vous plus be· soin pour votre moisson à venir? Et si m_a place est inutile en ce coin d: ~rre pl11s privilégiée n'y a-t-il pas des reg1ons ahando~nées oê1 vous l'avez marquée?. , . A'h ! Seigneur Jésus, votre volonté avant tout, mais si vous me permettez de crier vers vous ma misère souHrez que ,j'y soigne ce vœu de vous ~ervir au loin, et daignez l'agréer· ···

m Le vœu tut exaucé. A minuit moins dix minutes 'ia barque arrivait au port. Dans une accalmi; elle avait pu, avec son mât et sa voile udiques, regagner le temps ;perdu. La foule anxieuse des amis et des parents att~ndait sur Je quai, malgré les ténèbres et le froid: Une ovation fut. faite au jeune prêtre st providentiellement sauvé des. ff,ot~. On.. 1'~ccompag11a avec des cris de 101e .1,usqu ~ 1~glise iHuminée, et, pour la prem1ere fois, _il' consacra Je pain et le vin, pour s'en nournr et en nourrir les autres. Son action de grâces dura depuis lors jusqu'à ces derniers jours, où, épuisé par quarante ans d 'apostdlat dans les missions de Chine il vient d'y mourir à la peine et à 1a gloire' Ch, d'AVONE.

----@ • ·----··t Si !je connaissais une personne qui n'eut ja1~is médité, de la canoniserais. (Ste ,Marie-Madeleine de Pazzi.)

Variétés =

• La scène se passe dans la chambre de Schiller, à Weimar, entre un Allemand et un Danois. Un gros Allemand, avec beaucoup de fierté: _ Oui, c'est bien notre grand .poè!e allemand. 1Le ll',ionsieu.r danois: - 11 me semble que SchiHer fot p!utôt un auteur intt:rnational. _ Comment! Sc'hille,r international? le grand génie allemand .par excellence! _ Pardon, monsieur ce n'est pas mon avis et pour vous convaincre du contraire, je 11'.ai qu â vous nommer les titres de ses drames· La Pucelle d'Odéans pour les Français; Marie Stuart pour les Angla_ïs; Gui\. Iaume Tell pour les Suisses; ,La Fiancée de Messine, .pour les 'Italiens; Don Carlos pour les Espagnols., , _ Alors, H n'a peut-être rien écrit pow tes Allemands? _ .Mais si! Les Brigands,

• A Lille, des otticiers français interrogeaient que.lques -0ff_iciers a1l~mands prîsonniers qui avaient 1'aJ1r fort tr·1s.\e et si abattu que certain officier frança"is leur adressa quelques mots <le réconfort: · . _ Voyons, vous êtes malheureux, ~1s vou, n'êtes ipeut-être .pas encore rperdus; ü. voua reste des forces; et :puis, vous avez Hmdenbuirg. , . L'un des AUemands repond1t : ~ Hindenburg est un soleil : il ,'est !tri en Orient; il se couche en Occident.

. .e t La jeunesse d~ visage _est t?ute _hultltillD , donc fragile et fogitwe, s,uljette a. mille et un acciJdents ionprévus, mais fa Jeunesse du cœur, tou1e spirituelllle, iPreoant sa so~ a~ plus pur de fânne, est une !Parœlle d'egpr~t dÎlvin, dont le rayonnement peut ·s\ttténue ' non s'étein:dre, et iŒ d~nd t!le nou,s en î!1lnde pa·rtie de le con~erver ,Jumineu'X,

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A Jésus crucifié Ste Thérèse d 1Avüa, la célèbre mystique, dédié à • }€sus crucifié » un sollllel {!Ui a 1 passé dans toutes les langues. Mais la meil· Jeure version en est celle donnée par le comte de Puymaigre, l'ililustre écrivain qui a faii si ira11d honneur à Melz, .sa viHe natale. Sa traduction du sonnet thén~sien est ceUe qui suit de plus près le texte espagnol et se rapproche le plus~de l'original. Cest celle qu'on trouve ici. Ce qui me fait t'aimern'est pas la récompense, N'est pas le ciel, promis, mon Dieu, dans ta bonté. Slje crains envers toi de commettre une offense, Ce n'est point par frayeur de l'enfer redouté. Ce qui me fait t'aimer, Seigneur, c'est ta souffrance; Ce qui me fait t'aimer, c 'est ton corps insulté, Meurtri, sanglant, cloué sur l'infâme potence, C'çst ta mort, son angoisse et son atrocité. Voilà comment est né cet amour dont je t'aime, Tel qu'il n'a pas du ciel besoin de s'inspirer, Et tel que sans l'enfer je te craindrais de même; Si je n'espérais pas ce que j'ose espérer, Sans rien attendre, enfin, de ta bonté suprême, De cet amour ardent je saurais t'adorer.

Avis d'une mère à son fils VI ,La disposition la rJJus nécessaire pour piler les .plaisirs, c'est de savoir s'en pastel', la volupté est étrangère aux personnes llisonnables. songez qu·auprès des plus r,ands plaisirs vous attend un chagrin pour lts troubler, ou un dépit pour les finir. iLa sagesse se sert de l'amour et de la gfoite pour se défendre des ibassesses oit jette la IOlupté. iM'ais il faut s'y prendre de bonne lleure pour se ,préserver des passions: dans suite, elles commandent; ellJes sont :plus aisées à vaincre qu'à contenter. Défendez-<Vous, de l'envie; c'est la passion ta monde la rplus, basse et iJa plus honteuse: tlle est touJours désavouée. L'envie est 1'001.de la g loire, comme la gloire est J'ombre la vertu. 'La plus grande ,marique qu.'..2!J

est né avec de grandes qualitis, c'est d'être sans envie. Un homme de qualité ne peut être aimable sans fa libéralité. !L'avare a droit de déplaire: il a en lui un otbstacle â toutes 'les vertus; il n·a ni justice ni humaiaité. Dès qu'on s'abandonne à l'avarice, on renonce à la gloire: on a dit qu'il y aJvait d'illustres scélérats, mais qu'ill n"y avait ,pas d 'illustres avares. Quoique la libéralité soit un don de la nature, cependant Si l'on avait de la disposition au vice opposé, avec de l'esprit et des réflexions, on pourrait s'en corriger. L'avare ne jouit de rien. L'on a dit que l'argent était un bon ser• viteur et un mauvais maître: il n'est bon que par l'usage que 'l'on en sait faire. :L'avare est ,plus tourmenté que Qe pauvre. L'amour des ·richesses est le commencement de tou·s les vices, comme le désintéressement est le principe de toutes les vertus. Il s'en 'faut beaucoup que dans l'ordre des biens les richesses méritent le premier rang, quoiqu'elles ·soient le premier .objet des dé-sir.s de 1Ja plupart des hommes; cependant la vertu, la gloire et la grande réputation sont bien au-dessus des présents de la fortune. ile iplaisir ,Je :plus touchant pour les honnêtes gens c'est de faire du bien et de soulager les misérables. Que!Ue différence d'avoir un ,peu plus d'argent, ou de le savoir perdre pour faire plaisir, et de le changer contre la réiputation de bonté et de générosité! Ces't un saori1ice que vous faites ~ votre gloire. Prenez Je fonds de votre !libéralité sur vous· même: c'est un excellent manège qui tend à vous élever et à faire dire du bien de vous. C'es1 un grand trésor qu'une grande ré· putation. Il ne faut pas s'imaginer que ce n 'est que dans les grandes fortunes qu'on peut faire du bien; tout Je monde le peut dans ·son état avec de <l'attention sur soi et les autres. Ay~z ce sentiment dans le cœur; vous trouverez de quoi le satisfaire; 1es occasions naissent sous vos yeux, et il n'y a que trop de malheureux qui vous sollicitent. La libéralité se caractérise paT la manière de donner: le libéral double ·le mérite du pré-


74 sent par le sentiment: 'l'avare le gâte par le regret. La libéralité n'a ,jamais ruiné personne. Ce n'est pas l'avarice qui élève les maisons: elles se soutiennent par la justice, par la modération ef par Ia bonne foi. La libéralité est un des devoirs d'une grande naissance. Quand vous faites du bien, vous ne faites que payer une dette; mais il faut que la prudence vous règle. 1Le,s principes de la prodigalité ne sont pas honteux; mais les suites en sont dangereuses. Peu de gens savent vi1Vre avec leurs inférieurs. La grande opinion que nous avons de nous-mêmes nous fait regarder ce qui est audessous de nous comme une espèce à ,part. Que ces sentiments sont contraires à l'humanité! Si vous voulez !Vous faire un grand nom, il faut être accessible d affable: la profession des annes n'en dispense point. Germanicus était adoré de ses soldats; ipour savoir ce quït:s pensaien~ de lui, le ,soir il se promenait dans le camp; il écoutait ce qu'ils disaient dans leurs petits repas, oü ils se donnaient la liberté de juger de leur général. « Il aillait (dit Tacite) jouir de sa réputation et de sa gloire.• Il faut commander par l'exemple, et no1t var l'autorité: l'admiration force à I imitation, bien p'tus que ·le commandement; vivre dans la mollesse el traiter rudement les soldats, c'est être leur tyran, et non pa'S leu·r supérieur, Apprenez dans queU!e vue on a i,nstitué le commandement, el de quelle manière 011 tloil s·y conduire; c'est la vertu, c'est le reS;pect naturel qu'on a pour elle, qui ont fait constntir les hommes à l'obéissance, Vous êtes un usurpateur de l'autorité dès que vous ne 11a possédez pas à ce prix. Daus un empire oi:t la raison serait maîiresse, tout serait égal, et !'ou ne donnerait de distinction qu'à la vertu. L'humanité souf!re de l'extrême différence que la fortune a mise d'un, homme à un auire. C'est le mérite qui doit vous séparer du vulgaire, et non la dignité ni l'orgueit Ne regardez les avantages de la naissante et des rangs que c01m11e des biens que. la fortune vous prêle, et non comn~ des distinctions attachées à voire être, et qui fassent partie de

,vous-même. Si votre état vous élève au de sus du peuple, songez combien vous ten,: au commun des hommes par vos faiblesses qui vous mêlent avec eux; que la 'justice arrête les mouvemenis de votre orgueil! qui vous en sépare. Sachez que les premières lois auxquelles vous devez obéir sont celles de ·l'humanité: songez que vous êtes hormpe, et que vous commandez à des hommes. Le fils de Marc-Aurèle ayant iperdu son précepteur, les courtisans trouvaient mauvais qu'i1J le pleurât. Marc-Aurèle leur dit: • Souffrez que mon fils soit homme avant que d 'ê tre empereur.• Oubliez !ou.jours ce que vous êtes, dès que l'humanité vous le deimnde; mais ne l'oubliez jamai·s, quand la vraie gloire veut que vous vous en souv.eniez. Enhn, si vous a,vez de l'autorité, que œ soit uniquement pour t'.e bonheur des autre·s. Approchez-les 'Cie vous, si vous ·êtes grand, au lieu de les abaisser: ne leur faites ,jamais sentir leur infériorité, et vivez avec eux comme vous voulez que vos supérieurs vivent avec vous. 'La p lupart des hommes ne savent ,pas vivre avec eux-mêmes: ils ne songent qu'à s'en séparer, et à chercher leur bonheur au dehors. Il faut, s'il est possible, établir votre félicité avec vous-même, et trouver eu vous l'équivalent des biens que la fortune vous refuse: vous en serez plus libre; mais il, faul que ce soit un princi:pe de raison qui vous ramène ~ vous, et non ,pas un éloignement pour les hommes. Vous aimez la solitude: on vous reproche d 'être (rop singulier. Je ne condamne pas ce goût; mais il' ne faut pas que les vertus de la société en souffrent. « Retirez-vous en vousmême •, dit Marc-Antoine, Pratiquez souvent cette retraite de l'âme; vous vous y renou· vellerez. Ayez quelque maxime qui , au besoin, ranime voire raison, et qui fortilie vos :principes. La retraite vous met en sommerce avec les bons auteurs. Les habiles gens n'en· tassent p:is les connaissances, mais iis les choisissent. Faites que vos études coulent da11S vos mœurs , et que tout le profit de vos 'leC'luree

15 te trouve en vertu. ,Essayez de pénétrer les premiers principes des choses, et ne vous !lissez pas tro,p asservir aux opinions du yu1gaire. Votre lecture ordinaire doit être l'histoire, is 111 joignez-y la réflexion .Quand vous ne ,ensez qu'à remplir vo'lre mémoire de faits, l orner votre esprit des pensées et des opiaions des autres, vous ne ferez qu'un magalÎO des idées dautrui. Un quart d'heure de ,e1exio11 étend et forme ,plus .J'e$prit que beaueoup de lecture. Ce n'est pas la privation des connaissances qui est à craindre; c'est l'e rieur et les faux jugements. La réilexion est le guide qui con'duit à la yérilé. Ne considérez les faits que comme des autorités pour appuyer fa raison, ou comme des sujets pour l'exercer. J.. histoire vous instruira de votre métier; •is a,près en avoir 1iré l'utilité qui convient l votre profession, i'l y a un. usage moral à en faire, 'bien plus important pour vous. La première science de l'homme, c'est l'homme. :Laissez aux hommes d'Etat la politique, et aux princes ce qui ap'partient à la ,randeur; mais cherchez l'homme dans !e prince; observez-le dans le train de la vie commune: voyez dans queij avilissement il k>mbe quand il .s'abandonne à sa passion. Une conduiie déréglée est tollfjours suivie d"événements malheureux. Etudier l'histoire, c'est étudier les pas· sions et les opinions des hommes; c'est les approfondir; c'est démasquer ces actions qui ont paru grandes étant voilées et consacrées par le succès, mais qui souvent deviennent méprisables dès que le motif en est connu. Rien de plus équivoque que les actions des hommes; H faut remonter aux principes si OIW veut les connaîf.re. Il est nécessaire de nou< assurer de l'esprit de nos actions, avanl que de nous applaudir. Nous faisons peu de bien et beaucoup de anl, et nous avons encore trouvé le secret de riler et de faire mal le peu de bien que nous faisons. Voyez les princes, dans l'histoire et ailleurs; comme des personnes de théâtre, ils ne

vous intéressent que par les qualités qui, nous sont communes avec eux. Cela est si vrai, que les historiens qui se sont attachés à peindre les hommes plus que les rois, et qui nous les montrent dans leur foyer domestique, plaisent bien davantage. Nous nous retrouvons en eux; nous aimons à voir dans les grands nos faiblesses. Cela nous console en quelque façon de ·n otre modeste origine, et nous élève en ,querque sorte à leur hauteur: enfin regardez Phistoire comme le témoin des temps et le tableau des mœurs, pous pourrez vous y reconnaître, sans que votre vanité en soit blessée. Je vous exhorterai bien plus, mon fi ls, à travailler sur votre cœur, qu'à perfectionner votre esprit: ce doit être là l'étude de toute la vie. •La vraie grandeur de !"homme est dan:; le cœur; il faut l'élever, pour aspirer à de grandes choses, et même oser s'en croire digne. Il est aussi honnête d'être g lorieux avec soi-même, que ridicule de l'êlre avec les au-· tres. Ayez des pensées el des sentiments qui soient dignes de vous. La vertu rehausse l'état de l'homme, et Je vice le dégrade. Si l'on était assez malheureux pour n'avoir pas ie cœur droit, H faudrait, pour ses propres intérêts, le redresser. !L'on n'est estimable que par le cœur, et l'on n·est heureux que par lui, puisque notre bonheur ne dépend que de ia manière de sentir, Si vos sentiments ue se portent qu'aux passions frivoles, vous serez le jouet de leurs vains attachements. Ils vous présentent des fleurs: « Mais déliez-vous, dit Montaigne, de la trahison de vos plaisirs .• Il ne faut que se p1'êter aux choses qui plaisent: dès qu'on s'y donne, on se prépare des regrets. ·L a plupart des hommes emploient la première partie de leur vie à rendre !l'autre misérable. Il ne faut pas aussi abandonner la raison dans vos plaisirs, si vous voulez la retrouver dans vos peines. Enfin g,ardez bien votre cœur; il est !a source de l'innocence et du bonheur. Ce n'est pas payer trop, cher la liberté de l'esprit el du cœur, que de l'acheter par le sacrifice des plaisirs, comme l'a dit un homme de beau-


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coup d'esprit. N'espérez donc jamais pouvoir choses dont il se glorilie! Rieu de si 11111 allier la volupté avec la gloire, le cham.ie de sorti que sa dignité et la vanité qu'il tire la mollesse avec la récompense de la vertu; infinité de choses frivolles; une gloire si mais, en abandonnant les plaisirs, vous lroùfondée marque une grande disette de verez d'ailleurs de quoi vous dédommager; Les .personnes qui ont mte véritable gr il en est de bien des sortes. La gloire et la ne sont pas sujettes aux éblouissements dt vertu ont leurs délices; elles sont la volupté vaine gloire. de l'âme et du cœur. Il faut, s'il est possible, être content de Apprenez aussi à vous craindre et à vous état. Rien de plus rare et de plus esli respecter. Le fondement du bonheur est dans que de 1rouver des personnes qui en la paix de Vâme et dans le témoignage secret satisfaites; c'est notre faute. Il n'y a de la conscience. Par 1e mot de conscience, de condition si mauvaise qui n'ait un j'entends ce sentiment intérieur d'un homme côté: chaque état a son point de vue: il délicat qui vous assure que vous n'avez rien savoir s'y mettre; ce n'est pas la faule à vous reprocher. Encore une fois. qu'on es\ situations, c·est rra nôtre. Nous avons heureux tie "Savoir vivre avec soi-même, de se plus â nous plaindre de notre humeur que retrouver avec plaisir, et de se quitter avec la fortune. Nous irnpu~ons aux événementt regret1 Le nombre alors vous est moins nédéfauts qui ne viennent que de notre cessaire: mais prenez garde que cela ne vous Le mal est en nous; ne le cherchons pu rende trop dégoûté. Il ne faut pas faire se11leurs. En adoucissant notre humeur, tir de 1éloignement pour les hommes: ils nous changeons notre fortune. Il noU vous échappent dès que vous leur échappez. bien plus aisé de nous ajusler aux Vous en avez besoin; quand on sait vivre que d'ajuster les choses à nous. Souvent avec soi-même et avec Je monde, ce sont deux plication à chercher le remède irrite le p'aisirs qui se soutiennent. et l'imagination, l'intelligence avec 1a d Le sentiment de la g1loire peut beaucoup l'accroît et le fortifie. L'attention contrib~er à votre élévation et à votre bonheurs Ues rapproche, en les tenant p heur; mais il peut aussi vous rendre malheul'âme. Une résistance inutile retarde 1 tude qu'elle contracterait avec son reux et peu estimab!e, si vous ne savez pas le gouverner, c'est le plus vif et le plus dufaut céder aux malheurs. Renvoyez-les l rable de tous les goîlh;. L'amour de la g1loire patience: c est 'à elle seule à les adoudr: est le dernier sentiment qui nous abandonne; Si vous voulez vous faire ,justice, vo111 mais iJ ne faut pas le confondre avec la varez content de votre situation. )'ose dire nité. La vanité cherche l'approbation d'au· a.près la perle que nous avons faite, si trui; 'la vraie. gloire, le témoignage secret de aviez eu une autre mère vous seriez la conscience. Cherchez à satisfaire Je sentip'.us à plaindre. Ayez de l'attention aux ment de gloire qui est en vous: assurez-vous de votre état, et vous en sentirez moiu de ce témoignage intérieur. Voire tribunal est . peines. Un homme sage, à condition plus de biens et moins de maux. en,vous-même: pourquoi le chercher ailJeurs? Vous pouvez toujours être juge de ce que Il faut compter qu'il n'y a aucune vous valez. Qu'on vous dispute vos bonnes tion qui n'ait ses peines, c'est l'état de humaine. Rien de pur; tout est mêll. qualités où l'on ne vous connait pas, conso+lez-vous-en: a est moins question de pavowloir s'affranchir de la loi commune, de prétendre à un bonheur constant. raître honnête homme, que de l'être. Ceux sonnes qui vous paraissent les plus qui ne se soucient pas de ['approbation d'autrui, mais seulement de ce qui la fait mériter, ses, si vous aviez compté avec leur ou avec leur cœur, ne vous le obtiennent l'un et l'autre. Quel rapport entre la grandeur de iJ'homme et la petitesse des guère. Les plus élevés sont souvent •

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!heureux. Avec de grands emplois el des imes vulgaires, ou est toujours agité. cest la raison qui ôte les soucis de l'âme, et pas les places. Si vous êtes sage, la fore ne peut ni augmenter ni diminuer voire

eur. Jugez par vous-même, et non par l'opi·on d'autrui. Les malheuts ei les déréglets viennent des faux jugements; les faux ments, des sentiments; et les sentiments, commerce que ['on a avec les hommes: en revenez toujours plus imparfaits. Pour lblir l'impression quïLs font sur vous, et pour modérer vos désirs et vos chagrins, z que le temps emporte et vos peines vos plaisirs; que chaque instant, quelque e que vous soyez, vous enlève une partie vous-même; que toutes choses entrent con tiauellement dans ï'abîm~ du passé, dont elles • sortent ~amais. Tout ce qu'il y a de plus grand n'est pas mieux traité que vous. Ces honneurs, ces di· 'tés, ces préséances établies parmi les homs, sont des spectacles et des cérémonies 'ftdes de réalité: ne croyez pas que ce soient qualités attachées à leur être. Voilà co,nvous devez regarder ceux qui sont auus de vous: mais ne ;perdons point de un nombre infini de malheureux qui sont essous,. Vous ne devez qu'au hasard la érence qu•n y a de vous à eux; mais l'or, il et la haute opinion que nous avons de s-mêmes, nous font regarder comme u n . qui nous est dû l'état où nous sommes, comme ,un vol tout ce que nous n'avons s: vous voyez bien que rien n'est plus in· . Jouissez, mon fils, des avantages de état; mais souffrez-en doucement les s. Songez que partout où il y a des hom' il y a des malheurs. Ayez, s'il est poste, une étendue d'esprit qui vous fasse rer les accidents comme prévus et connus. 'n, souvenez-vous que le bonheur dépend nnurs et de la co11duite: mais que le comde la félicité est de la chercher dans l'innce; on ne manque jamais de P'y trouver

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Utilité des souffrances . ~était le 29 juillet 1877, Mgr de Ségur chsait_ la messe à la chapelUe des martyrs, rue de Sèvres, pour obtenir la guérison de Ja pel'ite Cécile de X ... , charmante enfant de huit ans, paralysée depuis longtemps déJà i la suite d'une grave maladie. , Neuf jours de suite, le père de la petite

i.nfüme avait apporlé son enfant sur la tombe du Père Olivaint et de ses compagnons el il avait demandé à Mg1· de Ségur, ,s on a~i de célébrer la sainte messe pour la clôtur: de la neuvaine. L'enfant, étendue sur deux chaises près de l autel, suivait la messe avec recueillement et contemplait le saint officiant. La messe dite, le père essaya de soudever sa chère fille el de la faire tenir debout mais ce fut en vain. !La paralysie subsistait t;ut entière. L'enfant fut reportée dans sa voiture et voici le dialogue qu i s'établit entre elle et son père: - Eh bien! ma chérie, lu n'es pas guérie? - Non, papa. - Tu l'as pourt·an t bien demandé au b~n Dieu? L'enfant ne répond pas, ~ Comment, dit ,le père étonné, n'as-tu pas demandé au bon Dieu de te guérir? Non, papa. Que lui as-iu donc demandé? Je Œui ai demandé cie guérir Mgr de Ségur. - Mais c'était pour ta guérison à toi que la neuvaine avait été faite et que la mesSe a été dite. - Oui, papa; mais en voyant Mgr de Ségur aveugle, cela m'a 'fait tant de peine que je n'ai .pu .m'empêcher de demander à D ieu de le guérir plutôt que moi. Le père ,ne répondit rien. n essuya une larme d 'émotion et il embrassa sa fille avec une tendresse mêlée de respect. Mgr de Ségur fot vivement ému quand il apprit ce qui s'était passé; il écrivit à la petite infirme une lettre que ses parents ont


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18 précieusement conservée ,et .~u~ est un admirable enseignement sur ,l utihie des souffrances en même temps qu'un précieux témoigua!re 'de la sainteté de celui qui L'écrit.

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• Château de Livet, le 23 :juillet 1877 •. Ma bonne petite Cécile, Votre excelllent papa a raconté à mon frère ,qui me 'l'a écrit à son tour, que le 29 juin,' pendant. la messe que je_céléb~ais pour vous sur ta tombe de notre .saint ami, le martyr ,Pierre Olivaint, votre bon cœur vo~s. a poussée â parler au bon iDieu .de mon mhrmité en oubliant 'la vôtre. Quoique cela soi\ tout simple de la part d'une bonne petile ~hrètienne comme vous, je ne puis m'empecher de vous en reme·rder, sans vous cacher .ce· pendant quei vous ,vouliez me ,jouer, sans vous en douter un vilain four. ' ' • Voyez-vous, ma petite enfant, il n y' a rien de plus excellent sur la ,t erre que da· voir à soufüir avec le bon Dieu et de por• ter avec lui la .croix des privations. En_ un sens, c'est un peu dur; quelquefois me1:'~· c'est très dur; mais en un autre _sens, mü.e fois plus élevé, mille fois plus sa1~t et plus exceHent, c'es•t très préférable, pu1s~ue. ~ela mène au cie1 et ,nous airle beaucoup a evder ne péché et à ressemb!er à ~ésus-Chr~st. ,. '" « Aussi n'aiJje pas la momdre envie _di et_r: . • de la sainte et sancfüiante iniirm1te d.e•1ivre . que Notre-Seigneur a daigné ~l'e1~voyer, t 1 y a plus de 24 ans, dans ·sa m1séncorde adorable. « Et vous, ma petite Cécile, je vous enga&:e très for t à désirer, non votre ,guérison, ~1s votre sanctification. Vous me direz peut-et_re que l'une llli'empêche pas l'autre. C'es~ tres vrai. U est cependant encore plus ~rai ~u~ la sanctiïication est plus diUicile d un cote que de l'autre, et que, lorsque ile bon Dieu_ lui-même nous cloue à côté de lui et avec lm sur la croix, il est plus sO.r pou: nous .d'y .rester •que d 'en descendre. Sur mtlfo_ pers~nnes qui sont auJourd'hui en enfer, Je pa~1erais qu'ib y en a 990 qui ~eraient au moms en purgatoire si dies avaient eu ,la chance «

d'être aveugles ou sourdes, ou paralytiques, ou attligée-s de quelque autre bonn: gross~ infirmité et que, sur 1mille pauvres ames qui souHren; énormément en purgatoire, i,l y en a au moint. 995 qui jouiraient depuis longtemps des éterneHes et sai.ntes _béatit~des. d~ paradi·s, si quelque misén~ord1euse mhrm1· ,té très désagréable ·les avait retenues sur la pente de la 'frivolité, des plaisirs mondains, de la vanité, de Oa coquetterie, de la gour, 1 • mandise, etc. « Adieu, ma chère petite. La1ssez-mo1 ~ous bénir et vous embrasser comme u11 vieux compagnon d 'infortune. Je bénis mille foi_s tous ceux qui vous aiment et que vous a1·

mez.

« ·L.-0.

de SEGUR ,

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A l'hôtel des deux clefs Jadis, à l'époque où, dans un pens!onnal, je me préparais aux importants devoirs de la famille et de la société, ·les méthodes d'éducation, trèS' bonnes dans leur ensemble, laissaient à désirer all ,point de vue de la pratique. Là où il aurait fallu des exercices d'entraînement, il n'y avait que de ·belles théories. Les artistes brevetées qui pétrissaient la ci~e moble de nos âmes, en faisaient de iolis petits édifices destinés à l'ornement de 1~ cité, mais qui n'étaient guère habitables et. ou sou· vent iraême il n'y iavait pas d'escaher ,pour donner accès aux étages supérieurs. Des éco!es ménagères, uMes prolongements. du pensionnat, iI n'était pas encore question. Sans doute, nos maîtresses, doctes personnes glissaieint au mil'ieu de leurs savantes thé~ries de subtiles considérations sur la nécessité d'être pral~ques, .sur la gloire de l'aiguille à tricoter, sur l'éminente dig~i~é. ~~ la maîtresse de maison, sur la poss1b1hte de conserver noble cœur et maintien digne sous la 'blouse de l'ouvrière. Jamais la femme fo~te ne trouva plus éloquent panégyriste. ~is nous ne sentions pas de conviction derrière ces périodes bien arrondies. Il nous sein-

bilait y voir de simples variations sur des thèmes suggérés par nos mamans,, demeuranles d'un autre âge, qu~ auraient eu besoin d'une cure à la fontaine de Jouvence pour voir un ,peu clair dans notre époque. Notre vaniié se cabrait contre la perspective d'œuvres serviles accomplies par nos blanches mains, des mains de pianistes, et, s'il, faut tout dire, quelques semeuses d'ivraie avaient acclimaté parmi nous les mots de « chic•, de • fashion •, de « high-life > et d'autres e"i· pressions qui formaient la ,Jangue des Pré· cieuses au iXIX. sièdle, avant que fo.t introduit le biscornu vocabulaire des sports. Pour l'unique chose né:cessaire -ses tenants et ses aboutissants, nous étions' d'une doc.iiiié parfaite et ,notre dévotion était de bon aloi. Dès quïl était question <l'avenir ,profane, ,nous pratiqa·ions le libre examen et les sots préjugés reprenaient le dessus. Explique qui pourra ~n dehors Ide la doctrine du :J)éché · originel, ces cloisons étanches. de l'âme juvénile. Ainsi ·se passèrent cinq années. Quand, à l'âge ,de 17 ans, j~ us à reprendre ma place au logis paternel, j'étais une déracmée. Autour de moi tout était mouvement coordo11né vers un but utile; chacun se soumettait à la loi du travail. Le spectacle n'était pas pour me déplaire: j'aimais Oes ruches bour· donnantes, les fourmilières afilairées, les ,allées et venues du petit oiseau occupé à ra· masser brins de laine. et menus filaments pour ,se construire un nid, [es ,coups redoublés de la hache du bûcheron acharné contre les géants de IJa forêt. Plus d'une fois - riez si vous voulez - faisant les cent pas dans ootre jardinet au clair de la June, j'allais jusqu'à reprocher à l'astre des nuits son inutilité. La poésie du iravail me charmait; sa néœssilé ne s'imposait pas à ma volonté. Sell· le je demeurais oisive, jouant à la grande da· me, allant de mon piano à rrÎes livres et de mes livres à mo11 piano, Mon père .et ma mè· re, voyant où le bât me blessait, ·essayèrent de me guérir: leur parole saine et ,onctueuse n'atteignit pas mon cœu r. · · 1

Un jour mon père m'invita à l'accompagner dans un voyage. De queL côté? Mystère: l'attrait de }'i,nconnu et ne plaisir de la surprise devaient s'ajouter au charme de l'excurs ion. Nous allâmes dans une ville assez éloignée et descendîmes à I hôtel des Deux Clefs. Dà, dans une chambre confortable, mon père me découvrit ,son dessein : • Ma fille, nous t'avons fait donner une exceLlente éducation dont tu n'as pas su profiler. Au Heu de rapporter à la maison une âme ~rande, prête à tous les devoirs et à ,tous. les sacrifices, tu es venue avec l'esprit farci de chimères et avec Je goût idu farniente. Ton oisiveté est un mauvais exemple pour tes sœurs. De plus, tu es en train de gâcher ton existence, car nous. ne pouvons fassurer un avenir qui ré· pon'de â tes prétentions. Ta mère et moi, nous avons résolu de fra![)per un grand coup pour ,te ,sauver. J'ai apporté 600 fr.; iLs. ,serviront à te défrayer à -l'hôtel pendant deÙX mois. Tu utiliseras ce laps de ,temps pour con•q uérir le Prince Charmant; car, ,vu la modicité de nos ressources et tes habitudes de patricienne, tu ne peux compter trouver U11 autre époux. Ou .bien ô ma fille, envi$age avec caDJne cette proposition ou bien j'offrirai 1œtte somme au patron de l'hôtel pour qu'il te prenne en .apprentissage. Au bout de six mois tu seras devenue une fen:,. me pratique. Naturellement, Mlle Margueri· te Trois~Etoiles ne descendra ;pas au .rang de fil!e de service. Ne dérogeons point. Tu rem-· pliras successivement tous •les emplois, mais sous un nom supposé. L'hôtelier, f!Ui est un de mes amis préservera Ion incognito tout en veilfant 'Sur toi con1111e sur sa propre fi l!!!· As-tu ,remarqué fenseigue de son établissement? Deux clefs, l'une en Hligrane dorée, l'autre en solide fer [orgé Vois-y un symbolé de ce que je mels à ta disposition. Les deux mois de vie oiseuse, c'est la clef de pùr ornement, fa c!ei jolie, finement ,ouvragée, bonne ,pour le ,pays d 'Utopie; les six lll10is d'apprentissage, c'est la cleï normale, la clef utile qui t'ouvrira s ur noire planète une si· tuation honorable, adaptée à nos moyens et à notre ,position sociale. Réfléchis. Dans


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81'.> deux heures, je viendrai m'enquérir de ton choix.» A peine 111011 père n,·a vait-il laissée que la .lumière se fit dans mon esprit. Aussi, de~x heures plus tard, 'lorsque, anxieux, il me demwda ma décision, je me jetai à son ,c ou en disant: « La clef solide, ~a ,clef en fer forgé. • Oncques ne me repentis ' d'avoir opté dans ce sens. Vite et facilement je fus initiée à tous les secrets •de la cuisine, du cellier, de L'of· fice, de la lingerie, du ménage. feus même à !faire le •.marc'hé, .mission de confiance. j'appris en outre à ·subir des eXigences et à nie montrer aimable envers tout ,le monde. Je n'ai pas à vous raconter queHes ont ,té depuis lors 'les ,péripéties de mon existence; mais je vous déclare 1que toujours je serai reconnaissante à mon père de m'avoir conduite à l'hôtel des ()eux Clefs. (Ca11scries.J MaPg, TROIS-ETOILES.

Variétés iLA :Dl&l'RACTION DANS LA PRIERE S. Bernard s'entretenait un ùour de la rprièr~ avec un homme qui se vantait de prier comme il faut. - « Priez-vous avec attention •, lui demanda-t-il? - « Oh! jamais je n'ai de distraction •, répondit celui-ci. Bernart:I, voyan1 'qu'il avait affaire à un homme peu ré'll~chi, et voulant lui fai re reconnaître à -lui-même sa légèreté, lui ldit : « Eh lbien! ·si vous pouvez me rédter l'oraison dominical~ sans distraction, je vous donne mon cheval.» - « C'est dit! • répond notre homme. -Et i1 commence aussitôt. Mais il n'avai.t pas dit :1a moitié de celte prière qu'il s'arrête et demande -à Bernard: « 'Me donnerez-vous aussi la bride? » ·- « Ni fun ni l'autre, mon ami, !Puisque vous voilà distrait. » Héla's! que de millions de fois cette prière est récitée dans de semblables conditions! 1 La con·dlusion de ce trait, c'est quïL ne faut pas s'alarmer des distractions dans les

prières, mais les comballre de son mieux, pour qu'elles ne soient pas volontaires.

,L'ES OOUZE COM'MANDEMBNTS DE 'L'HYOlENE On distribue en ce moment à Paris des cartes postaqès, que Fon peut appeler hygi~ niques. Elles portent en eUet L'inscription que VOICI: / « Les Comman<lements de la Santé Je m'engage à essayer : 1. .De respirer de IL'air Irais partout où je travaille et joue; 2. De rester au ·grand air aufant que possib1e; 3. De dormir avec les fenêtres ouvertes; 4. De respirer rpar le nez et non par la bouche; 5. De prendre un bain au moins une lois par ·semaine; 6. De conserver mes vêtements propres et bien tenus; 7. De me tenir ,tou,jours droit à l'éco1e; 8. De ne pas 'safü ma classe; 9. De brosser mes dents, surtout le soir :ivan't d'aller me coucher; 10. De ne rpas cracher dans les endroits publics; 11 . De ne pas porter à la bouche ies of>. jets sur lesquels ,1a salive des autres a pu se poser; 12. De me laver les mains avant les repas et en sortant des w .-C.; Lisez-le s chaque jour jusqu'à ce que vous les sachiez par {:œun. • Ces cartes postales ne sont pas distribuées par les autorités françaises. C'est la commission américaine contre la tuberculo'Se qui les a lait imprimer et les répand de son mieux.

~: Toutes mes études m'on~ ~men~ à avo!: la loi du paysan bretm1; si 1· 1ava1s étudie plus encore, j'aurais la foi de la paysanne bretonne. (Pasteur,} ·· - - - -· -

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Pour les jeunes filles de la campagne

les se meuvent certaines personnes qui présentent des dehors brillants. C'est ici que se vérifie plus d'une fois le proverbe: «Ventre de son, habit de vell est généralement admis au,jour- lours ». d'hui que, si la profession d 'agriculteur Cependant nous ne voulons pas inoblige à des travaux pénibles, elle of- sister davantage là-dessus, mais surtout fre, par contre, des avanta,ges considé- sur le fait que, dans les milieux agnrables, dont les citadins ne sauraient coles même, on inspire, sans le vouloir, jouir et que ne peuvent même pas s'of- aux jeunes filles le goût des travaux frir ceux qui ont réalisé de beaux bé- des champs. P our les fils, l'agriculteur néfices d e g-uerre. s'impose volontiers des sacrifices; les Il est donc naturel, que les agricul- jeunes gens sont envoyés au dehors teurs tiennent à garder, chez leurs en- pour compléter leur instruction; ils fréfants, en partioulier aussi chez leurs quentent des écoles d'hiver; ils suivent filles, le goût des travaux. des -champs. des cours d'agriculture. Ils trouvent Mais cela est-il possible, si les parents ainsi l'occasion de développer leurs ne sont pas plus clairvoyants, si les connaissances, d 'élar~ir leur horizon, sans pour cela devenir étrangers à la mères de famille de nos villages contimaison paternelle, sans se .désintéresnuen.t à se laisser éblouir par l'extéser de la profession de leurs parents. rieur plus brillant des femmes et des Les jeunes gens reviennent chez eux jeunes filles de la ville et si elles en tirent la eonclusion que le sort des parfois avec des idées nouvelles. Ces idées sont une source féconde de pro« dames » et des « demoiselles de la ville» est ,beaucoup plus agréable aue 1grès. si le .père est assez clairvoyant le leur. Derrière -cette 'habitation plus pour sacrifier une part des vieilles élég ante, ce vêtement plus coquet, der- habitudes et des vieilles méthodes, rière cette façade plus brillante, en un afin ·que le fils puisse faire l'expérience de la science acquise, ou mot, se cache le plus souvent le gros souci du pain de tous les jours. Tout, fout au moins, risquer de temps en jusqu'à l'objet de la moindre importan- temps une innovation ,à titre d'essai. ce, - même le brin de fleur du corsage S'il réussit, son intérêt pour le métier que la .paysanne cueille en passant aux paternel augmente et le fils restera, branches du chemin - tout doit être comme -son père, un agriculteur ; il n'apayé avec de l'arg,ent péni'blement ga- bandonnera pas la terre. gné. 'Le mobilier élégant, les divers Les jeunes filles par contre ont à plaisirs extgent des économies, des res- peine 1quitté l'école, qu'on les envoie, trictions, dont la femme de la campa- soit dans la Suisse allemande pour gne n'a aucune idée, ,qui enlèvent à nous autres Romands. soit apprendre l'existence tout son agrément et, à la vie le >français, ainsi que cela se prati,que de famille, toute sa cordialité. Car il dans la Suisse a llemande. ·Mais cela faut bien avouer que la plupar t des ne se fait pas de telle façon, que les ménages de la ville dépensent au-delà ieunes filles restent dans le milieu qui de Jeurs moyens, et nos braves paysa n- est 1e leur, chez des paysans. On les nes seraient bien sur.prises si elles pou- place dans un pensionnat, ou dans une vaient se rendre compte de l'exiguité bonne famille de la ville. Les jeunes des r essources de certains ménages et filles, ainsi dép,aysées, sont encore tron de l'étroitesse des limites da ns Iesqu el- jeunes et trop inexpérimentées pour dis-


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tinguer, dans ce milieu nouveau pour elles, les apparences de la réalité; les choses nouvelles exercent sur elles un tel attrait que, lorsqu'elles rentrent à la maison, c'est parfois contre leur a-ré'. elles ne s'y sentent .plus à leur place. Ce n'est pas que les occupations intéressantes leur manquent, mais les -parents ne leur ont pas donné les encouragements nécessaires; ils n'ont pas fa_ cilité leur développement dans le sens voulu; ils ne leur ont pas donné l'intelligence des choses de la campagne; il-3 n'ont pas éveillé leur intérêt pour le:; occupations d'une ménagère villageoise. Les parents n'ont pas compris qu' il ne suffit pas de considérer et d'utiliser les filles comme des travailleuses, sans donner à ces travailleuses l"occasion de dévelop.per leurs connaissances ménagères et agricoles. de façon à éveiller en elles l'intérêt et l'intelligence de leur travail. Cet intérêt et ces connaissances s'acquièrent par la fréquentation d'une bonne école ménagère, d'une école de iardinage, de cours de conserves. de culture potagère, de couture, de raccommodage et aussi par des lectures appropriées. On n'estime pas à leur valeur, dans nos campagnes, l'influence de ces cours; c'est peut-être la raison pour laquelle il ne semble pas facile aux parents de trouver le lien qui rattachera la jeune fille à leur profession, de manière, à ce qu'elle trouve la Sdtisfaction dans son travail. Un autre écueil est aussi fréquemment l'extrême dépendance dans laquelle se trouvent les jeunes filles de l3 campagne au point de vue économiqu~. Les cas ne sont pas rares où elles ont été obHgées de travailler péniblement, sacrifiant pendant des années leur force et leur personnalité tout entière et où, étant devenues superflues après la mort de leurs parents, elles ont dû qmtter la propriété familiale sans recevoir aucun dédommagement et se sont trou·

vées, en fin de compte, dans la néces. sité d'entrer au service d'étrangers Qu'une jeune fille entende parler d'u~ pareil cas, ou ait l'occasion d'en obser. ver un dans son voisinage, n'est-il pas naturel que, considérant son intérêi elle renonce. pour l'avenir, à une situa: tion qui lui offre si peu de garanties? N'est-il .pas évident que les filles d'a. griculteurs devraient être traitées différemment? Elles resteraient alors fidèles à leur profession; elles ne renonceraient pas aux travaux des champs· elles deviendraient par la suite. dans' le milieu où Dieu les a plàcées, des fem. mes capables et. des mères de famille modèles. Si les jeunes filles et les. femmes ont l'occasion d'acquérir des connaissances dans les cours et les écoles de ménage, il faut aussi, à leur retour à la maison paternelle, leur accorder une certaine latitude pour appliquer ces connaissances. soit qu'on leur confie le soin de la cuisine ou celui des fr.uits. des légumes, ou encore du poulailler. Qu'on leur permette même de donner à l'une ou l'autre de ces spécialités un certain développement, d'en faire comme une petite exploitation à part, que la jeune fille ou la ;eune femme sera fière de diriger et dont elle s'efforcera de tirer un bon résultat. Qu'on leur accorde aussi un salaire équitable, juste rétribution de leur travail, et qui leur soit un encouragement à accepter une part de responsabilité. C'est ainsi qu'on maintiendra chez elles l'intérêt des travaux du ménage et de la ferme, intérêt qui produira des fruits abondants pour le présent et pour l'avenir. C. B. ( Btdletin de l'Union suisse des maitresses professionnelles et ména~ères.)

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:~ Allons toujours en avant et Joujours le cœur eu haut, et quand le5 éprettves montent jusqu'à nou 5, monton s jusqu'à Dieu.

Les Pâques du général Mmt de Gers apporte à son mari le courrier; il y a une lettre de leurs petits-enfants. , - Tant mieux, gronde le vieux général: féiait en mal des mioches! Voilà huit jours qu'ils n'ont pas écrit, les brigands! Mais donne-moi la lettre, que je lise œ quïls racontent, ces • petits sa/J)risti » . Le général lut tout haul: « Cher grand-papa, il faut que nous t'annoncions une grande nouvelle. Celte année, nous faisons nos Pâques. Notre Saint~Père le Pape le veut. Suzie et Mimie communieront le Jeudi-Saint avec maman. Moi, je con~ITIUnierai avec papa et avec les • hommes » le jour de Pâques. Si tu savais, grand-papa, combien nous sommes heureux! Seulement, voilà, nous ne viendrons en vacances que le lundi de Pâques .. .. » - Mme gargousses! hurla le vieux mililaire, qu'est-ce qu'il me chante, le ga~n? Viendront que le lundi de Pâques? Seront pas là le Mercredi-Saint au soir?!!! Pour faire leurs Pâques?? Qu'est-ce ,qui leur prend?? Le Pape!! Je m'en liche de tout ça! Voyons, Geneviève, toi qui es du bâtiment, est-ce que ces gosses von! !aire leurs. Pâques? - M'ais oui, mon ami; le Saint-Père veut que !out enfant sage, instruit et pieux, communie aussitôt l'âge de discrétion . . .. - Alors, pour faire plaisir à ton SaintPère, mes petits-enfants planteront leur grandpère la moitié de leurs vacances??? Eh bieu, voilà la lettre, emporte-la. ,Ois à Lou!ou de ma part que s'il n'a ,pas d'autres nouvelles à me dire, il peut se coucher. Ma parole, vo.1,1s êtes lous, dans cette histoire! Et le voilà qui prend son journal. La générale: - Heureusement que tu n'as pas tout lu, la fin de la lettre t'aurait fait sauter. - Voyons ça. Le général lit: • . . . . Et t>uis, cher grand-papa, toi, les Pâques, il y a longtemps que tu ne les as pas laites. li faut les refaire, cher petit grand-

papa, comme nous, avec nous. C'est sûr que tu les feras Signé: Tes trois petits gas: Loulou, Suzie, Mimie. » Le général regarde sa femme. - Ils ont du col,' hein, tes trois • petits nom de nom »! Vous gênez pas, mes agneaux; poussez votre vieille baderne de grand-père dans la bondieu~erie jusqu'à la gauche! ... C'est ça: à la messe! au chapelet! au TiersOrdre! à tout pendant ,que vous y êtes. Et hue, bidet? La baronne mit la main sur l'épaule de son mari : - Jacques, dit-elle doucement, ces petits n ont pas tort; Hs sont meilleurs que nous. Leurs âmes sont limpides. Quelqu'un a dit avec raison que la voix des enfants, c'est la voix de Dieu. Mme de Gers se retira là-dessus. Le général se leva et se mit à se .promener dans 1~ bureau, nerveusement. Les paroles de sa femme : • Les enfants ont l'âme limpide; leur voix c'est la voix de Dieu•, se mê'aient dans sa tête, et plus encore dans son cœur, aux paroles de ce petit moineau de Loulou qui se mêlait de le convertir. Malgré toul, quelque chose l'avait touché au bon endroit. .. .. Il resta pensif toute la journée. - Exactement, se demanda-t-il, pourquoi ne fais-je pas mes Pâques? Est<e qu'on sait jamais? . .. Au fond, je ne vois pas pourquoi je l'ai laissé.. . Se Iigure-t-il au moins ce mioche, que son grand-papa est un mécréant? Je crois en Dieu ... . Mais Dieu, me pardon· ne! un soldat n'est pas un type comme tout ie monde .... Le soir arrive. La baronne n'avait plus parlé de l'affaire depuis le matin; elle se borne à demander si elle devait répondre aux petits. - Tu m'embêtes! s'écria le vieux soldat. Me crois-tu ramolli? Ne suis-je pas capable décrire mes lettres? Et patati, et patata .. . C'est donc lui qui écrivit la lettre su.ivan-

te: • Mes enfants, entendu: communiez à Ver-


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84: non pour grand~JXlpa et grand-papa commu• uiera pour vous ici. AJ)rès quoi arrivez « i!li co ». Vous m'apporterez la lbonne odeur de votre première Communion. Et moi mes petits, je vous embrasserai comme ja~ais je ne l'ai fait. Signé: Grand~Papa . • Quand il eut fini, il tendit gracieusement la lettre à sa femme: - Générale, voulez-vous lire? Mme de Gers lut, puis pleura douce· ment . . . . de bonheur.

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C'est mon caractère • Je n·y puis rien, je suii ainsi fait . . . , c·est mon caractère. • C'est en ces termes trop connus que maintes personne,s cherchent à se justifier, si l'on essaie de 1eur !aire comprendre qu'elles de· vraient s'efforcer de se corriger de certaini défauts, partais bien criants. Nous voudrions en quelques mols, montrer que celle excus~ est mal fondée, et qu'il est d'une souveraine importance, surtout pour la jeunesse, de tra· vaiNer à la r~onne de son caractère. L'animal sans raison ,suit, à l'aveugle, l'impulsion de sa nature, On peut le domestiquer, le soumettre à un certain dressage; mais, à la première occasion, 'l'instinct ·se réveille, violent et irrésistib!e. Méîiez-vous du tigre apprivoisé. La vue du sang excitera sa fureur, et malheur à celui qui se tient à .portée des griffes de la bêle cruelle! L'animal sans raison n·est ni libre ni res· ponsable de ses gestes. Il en est autrement de l'homme, créature raisonnable. Doué d'in· telligence et de volonté, il peut et doit dominer ses instincts et ses convoitises. Gest donc s'abuser étrangement que de vouloir excuser ses man,quements et ses défauts en les mettant sur le compte de son caractère. Par caractère, il faut entendre ici les traits distincfüs d'une personne, l'ensemble des inclinati-ons bonnes ou mauvaises qui consti· tuent ce que l'on pourrait appeler sa physionomie morale. 1

Tout caractère a, d"ordinaire, . . ,é M . son 11,?auva'.s . co, . . a,1s, ~vec le ra grace d1vme qui 11 est ,1amais .. c'h acun peut, s' il le veut, pr.1ere, meme transformer complètement tère.

son bo n et secours de refusé à 1 modifier eta son car . ac-

A ce propos, il serait 'facile de citer de mu'. 1 tiples et i!Luslres exemples. . S. Ignace de Loyala était, auoc jours de sa 1 eunesse, un ibouifümt soldat, un fier genti.homme espagnol; mais la grâce de Dieu opère • en son ame une telle transformation, qu'il accepte, . .non seulement avec .patience, mai·.:, avec ~01e les mépris et les mauvais traitements. Il veut que ses !fidèles disciples poussent l_a_ ver tu_ ,jusq~'au •troisième, degré d 'hurrnhté, qui consiste à 6e complaire surnaturellement dans les croix et les humiliations pour ressembler plus parfaitement à Notre-Seigneur. s. Vincent de Paul, avec le tempérament bilieux que hü attribuent ses historiens devait être passablement porté à la colère'. On s_ait cependant qu'il devin! un modèle de pa· t1ence et de charité. Les contemporains de S. François de Sa· les ,ont admiré son aménité et sa douceur. Pour acquérir ces vertus, il avait dû réagir contre la vivacité de son tempérament. Il avouait qu il avait travaillé 24 ans à s'exercer à la patience et que souvent il devait selon son e~ression, tenir son cœur à deux ' mains l.'hi_st~ire profane elle-nlême p.ous fournit de prec1eux exemples. On sait l'admirable changement ,qui, g râce à t'hahi!e direction de Fénelon, son précepteur, s'opéra dans le caractère du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XLV. 1Ecoutons son historien: .

• Mgr le duc de Bourgogne était né avec un natureJ. à faire trembler. Il était fougueux jusqu 1à vouloir briser ses ,pendules lorsqu' elles sonnaient l'heure ,pour l'appe:er à ce qu'il ne voulait pas . .. . La résistance le met· tait en foreur. . . Tout ce qui est plaisir il l'aimait avec une passion violente et tout cela avec plus d'orgueil et de haut~ur qu'on n'en peut ·exprimer. . . . Un pareil caractère ,ne présageait r ien de bon, mais Je ,jeune duc

profita si bien 'Cles ,leçons de son illustre maître qu'il dev}nt le modèle des princes, et que la France ~.eura, _c<,mme un malheur pu,blic, sa mort prematuree . . . . Le prodige est qu'en très peu de temps la dévotion et la grâce en firent un autre 'homme, et changèrent ta.nt el \ de si redoutables défauts en vertus parîaife. ment contraires. , Ces exemples renferment une leçon ~1 un encouragement. Ils se- recommandent particulièrement à !"attention des éducateurs et êdu· catrices de la jeunesse, e1t leur montrant que les caractères les plus di'mci les peuvent s'améliorer par l'emploi !judicieux des mo~ens naturels et s~rnaturels. D'ailleurs, un des plus grands services que l'on puisse rendre à un jeune homme, à une jeune fi lle, c'est d'éveiller charitablement leur attention sur leurs défauts de caractère. Sans par:er des fautes uombreuses auxquelles il entraîne journellement, un défaut de caractère non combattu peut stériliser les p\.us brillantes qualités, compromettre tout un avenir et faire le mal~ heur d'une vie entière. •Et qu'il nous soit permis de le ldire, l cause de sa .très grande impressionnabilité, la femme est tout spécta· lement tenue de veiller sur son caractère. Si, comme cela doit être, ,elle se montre douce. dévouée, charitllcble, elle est .pour une maiso1~ un_ véritab;e trésor; mais, si elle s'abandon· na,t aux caprices d'un mauvais tempérament elle deviendrait facilement, pour son entoura~ ge, un redoutable 1léau.• 1Mieux vaut disent les .Livres. saints, habiter dans u11' désert qu·avec une f~mme querelleuse et colère . • Enfin, et te1'le sera notre condu,sion, que nos lecteurs se demandent, en (oute charité et impartialité, quel e~ le défaut qui leur dèp!~ît le iplu: chez les autres. Est-ce la paresse qui est tow1ours en retarti, et ne sait jamais se mettre à l'œuvre? Es(-ce !:'orgueilleuse !US· ceptibilité •qui ne peut supporter aucune observation? Est-ce I égoïsme :jaloux qui ne pense qu'à lui seul? Tous ces défau1s paraîtront peut-être également détestables. Mais gardons-nous de fes considérer uniquement' chez les autres, de

peur qu'on ne puisse nous appliquer les vers du Fabuliste : ùynxenvers nos pareils, el taupes envers nous, Nous nous .paridonnons lout el rien aux autres . , hommes : . [prochain. On se v01t d un autre œ1 l qu'on ne voit son (,,Semaine cafüoli'q ne·}

L.D.

•• Avis d'une mère à sa fille . On a dans tous les temps négligé l'éduca· lion des fiLles: l'on n ·a d 'attention que pour le~ hommes; el, comme si les femmes étaient u~e espèce à part, .on les abandonne à elle~me~e~, sans penser qu 'el les composent la moitie du monde; iqu·on est uni à el'es nécessairement par les alliances· qu'elles font le ?onheur ou le malheur de.s' hommes, qui t-0ll,J.ours sentent le besoin de Ies avoir rai• s?.n!tables; que c'est par elles que les maisons s elevent ou se détruisent; que l'éducatiou leur est confiée dans la première jeunesse, temps oü les impressions sont plus vives et pl us profondes. Il ne suffit pas, ma fille, pour être estimable, de s'assujettir extérieurement aux bienséances: ce sont les sentiments qui forment Je caractère, qui conduisent l'esprit, qui gou· ~e:nent .Ja volonté, qui répondent de la réahte et de la durée de toutes nos vertus. Quel ~ra le principe de ces sentiments? la religion. Quand elle sera gravée dans notre cœur alors toutes les vertus cou!eront de cet\; source, tous les devoirs se rangeront chacun dans ·~eur ordre. Ce u·est pas assez pour la con~mte. d~ jeunes personnes, que de les olbhger a faire ·l eur devoir· il faLLI le leur !a1·. 1'_autorité est le tyran ' re _aimer: de l'extérieur, qui n _assujettit point le dedans. Quand 011 pr~scnt une conduite, il faut en montrer 1es raisons et les motifs, et donner du goût ponr ce que l'oü conseille. Nous avons tant d'intérêt à pratiquer la vertu, que nous ne devons jamais la regal'der comme notre ennemie, mais comme la


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88 source du bonheur, de la gloire el de la paix. Vous arrivez dans le monde; venez-y, ma fille, avec des principes: vous ne sauriez trnp vous fortifier contre ce qui vous attend. Ap· portez-y toute votre religion; nourrissez-la dans votre cœur par des sentiments; soutenez-la dans. votre esprit par des ré!lexions e r par des lectures convenables. Rien n'est plus heureux et plus nécessaire Olle de conserver un sentiment qui nous lait ;imer et espérer, qui nous donne un avenir agréable, qui accorde tous les 1emps, qui as· sure tous les devoirs, qui répond de nous h nous-mêmes, et qui est notre garant envers les autres. De quel secours la religion ne vous sera-t-elle pas contre les disgrâces, qui vous menacent? car un certain nombre de malheurs vous sont destinés. Un ancien disait « qu'il s'enveloppait du manteau de sa vertu. » Envelo,ppez-vous de celui de votre religion: elle vous sera d 'un grand secours contre les faiblesses de la jeunesse, et un asile assuré dans un âge plus avancé. Les femmes qui n'ont nourri 1eur e,sprit que des maximes dLt siècle, tombent dans un grand vide en avançant dans l'âge : le monde les quitte, et leur raison leur ordonne aussi de le quitter. A quoi se prendre? Le passé nous fournit des regrets; le présent, des chagrins, et l'avenir, des craintes. La religion seule cah11e tout, et console de tout; en vous unissant à Dieu, elle vou,s réconcilie avec 1~ mon.de et avec vous-même. Une jeune personne qui entre dans le monde a 1me haute idée du bonheur qu'il lui prépare: elle cherche à la remplir; c'est la sow·ce de ses inquiétudes: elle court après son idée; elle eepère un bonheur pariait; c'est ce qui [ait la légèreté et l'inconstance. __ Les plaisirs du monde sont trompeurs; ils promettent plus qu'ils ne donnent; Us nous inquiètent dans leur recherche, ne nous satisfont point dans leur possession, et nous désespèrent dans leur per,te. Pour fixer vos désirs, pensez que vous ne trouverez point hors de vous de bonheur solide ni durable. :Les honneurs et les richesses ne se font point sentir longtemps; leur

possession donne de nouveaux désirs: l'habitude des plaisirs les fait disparaître. Avant que de les avoir goûtés, vous pouviez vous en passer; au lieu que la possession vous a rendu nécessaire ce qui était superflu. Vous êtes plus ma·! à votre aise que vous n'étiez au. paravaut; en les possédant, vous vous y accoutumez· et en les perdant il,s vous laissent du vide ~t du besoin. Ce qui se fait sentir, c'est l'intervalle d'un temps malheureux à un temps ,h eureux. Dès que l'habitude est formée, le sentiment du plaisir ·s'évanouit. On y gagnerait, si on pouvait tout d'un coll/P tirer de sa raison tout ce qu'il faut pour son bonheur. L'expérien~e nous renvoie à nousmêmes; épargnez--vous ce qu'eile coûte, et dites-vous de bonne heure, d'une manière ferme et qui vous fixe : « La vraie félicité est dans la paix de l'âme, dans la raison, d&ns l'accoITTQlissement 'd e nos devoirs. » Ne nous croyons heureuses, ma fille, que lorsque noui sentirons nos plaisirs naïtre du 'fond de no• tre âme. Ces réflexions sont trop fortes pour une jeune personne, et regardant un âge plus avancé; cependant ,je vous en crois capable, mais, de plus, c'est moi qui m'instruis. Nous ne pouvo11s gra,ver trop profondément en nous des préceptes de sagesse, la trace qu'il$ font est toujours légère; mais il faut convenir que ceux qui s'occupent de réflexions et qui se remplissent le cœur de principes, sont plus près de la vertu que ceux qui les rejettent. S.i nous sommes assez malheureuses pour manquer à notre devoir, au moins faut• i.l l'aimer. faisons-nous donc, ,ma fille, de ces préceptes, une aide con1inuelle pour la vertu. Ne vous relâchez point sur ces principes; ne regardez pas la vertu des femmes comme une vertu ordonnée par l'usage; ne vous accoutumez pas à croire qu'il sufiit de se d~rober aux yeux du monde, pour _payer le tribut que vous devez à vos obligations. Vous avez deux tribunaux inévitables, devant 1esquels vous devez passer: la conscience et le mon· de. Vous pouvez échapper au, monde; mais vous n'échapperez pas à la conscience. Vous

vous devez à vous-même le témoignage que vous êtes une honnête personne. Il ne faut Pourtant pas abandonner l'approbation publique, parce que du mépris de la réputation naît le mépris de la vertu. fi y a de grandes vertus qui, portées à un certain degré, font pardonner bien des dé· \ fauts: la suprême valeur darts res ·hOmtœs, et l'extrême pudeur dans les femmes. On pardonnait tout à Agrippine, femme de Germanicus, en faveur de sa chasteté: cette princesse était ambitieuse et hautaine; mais dit Tacite, • touies ses passions étaient cons?.· crées par sa chasteté. • Si vous êtes sensible et délicate sur la ré· putation, si vous craignez d'être attaquée sur les vertus essentielles, il y a un moyen, sûr pour calmer vos craintes, et pour contenter votre délicatesse: c'est d'être vertueuse. Ne songez qu'à épurer vos sentiments; qu'ils soient raisonnables et pleins d'honneur. Songez à être contente de vous-même, c·est un revenu de plaisi.rs certains; et vous aurez en, core la louange et la bonne réputation de plus; ayez de vrai.es vertus, vous trouverez assez d'approbateurs. (~ iwivre.J

........

Le Prêtre 1> Nous voyons parmi nous un homme qui ne ressemble pas aux autres hommes. Il est habillé autrement Il est seul sur cette terre. Sa famille ~·est la Société humaine. De tous côtés, on le demande, comme juge, conseiller, pacificateur. C'est lui qui reçoit le nouveauné, afin de l'introduire dans le monde. Sans lui .on ne peut vivre ni mourir; car il bénit le berceau et le cercueil. Sur les épaules d11 curé repose ie christianisme, l'Eglise; c'est la racine qui fait pousser à l'infini l'arbre éternel qui a été planté au Golgotha. C'est lui le jardinier, qui garde cet arbre et 1 ) Extrait d'une étude parue dans la ,,Gazetie du Va·l ais" sous le t itre « Etapes d'une conversion > .

qui le soigne afin qµ'il porte des fruits. Ainsi que son Maître il nous donne l'exemple, nous montre comment on observe les commandements, car les actes . parlent davantage que les paroles. Le prêtre connaît à fond l'âme de I'h0mme, c'est pourquoi il est choisi pour distribuer les dons reçus : les sacrements et faumône. Il donne ce qu'il a reçu et . ajoute encore du sien. La porte du prêtre est ouverte à tout le monde, riche ou pauvre. Pour lui, tous sont des enfants de la grande famille unie par la souffrance et l'espérance. Rien ne l'arrête afin de porter le Sauveur à un mourant. •Pluie ou vent, chaleur ou froid, maladie contagieuse, il brave tout. Le curé se donne toute la peine possible afin de décorer son église, avec les moyens restreints qui sont à sa disposition. Mais la plus belle décoration de l'église c'est le curé même. Le curé est l'homme le plus occupé de l'humanité; il n'a pas une heure pour lui. Mais, le soir il va sur le monticule d'où il voit sa commune récite le bréviaire et à l' Angélus, il' recommande ses paroissiens à Dieu. et le remercie pour sa sainte vocation. Et plus tard, alors que tous ses enfants sont dans la tombe. Sans lui, point de bonheur dans , monde ni dans l'autre. Les enfants 1 aiment et le craignent; ils l'appellent: père. Les chrétiens, à genoux, lui confessent leurs péchés ; les pensées les plus secrètes lui sont dévoilées. C'est lui qui est le médecin des âmes, un conducteur sûr. Il appartient à tous les rangs de la Société; souvent il est inférieur par sa naissance, mais toujours supérieur par son âme et son éducation spirituelle. C'est un érudit universel qui a le droit de parler de tout, et tout le monde l'écoute volontiers. C'est le pont qui relie pauvres et riches. Les riches lui donnent l'aumône pour ses pauvres, et les pauvres l'acceptent de ses mains sans rougir. Cet homme c'est le pr,être.

C:


li> Mai 1919 88

Il vit dans le célibat selon les paroles du Christ: Nul ne peut servir deux maîtres. et il ne peut et ne veut disperses ses forces entre sa-famille et la graQ.de famille que Dieu lui a confiée, la communauté. Il veut servir Dieu, il veut devenir son semblable. Personne ne peut faire tant de bien que le prêtre. 'Il a !'-Evangile dans le cœur et vit d'après l'Evangile. Il parle aux heureux et aux malheureux, c'est pourquoi tout le monde honore en lui le Sauveur qui a dit: qui vous écoute m'écoute. C'est pour cela que le prêtre est le meilleur ami de l'homme. - -- - -lollH•• ..- - - - -

Variétés LES ANGES 'PA,R 1LBS CHEMINS Une jeune montagnaroe habitait une ferme isolée, très haut, à la lisière d'un pré, qui était comme une émeraude en été, comme une grosse perle ronde en hiver à cause de la neige, et que la forêt de sapin, de tous côtés, l'enveloppait. Chaque matin, portani le lait de ses vaches dans un grand vase, elle descendait jusqu'en ville où elle avait ses clients Il fallait partir avant l'aube, traverser les bois, longer des torrents, marcher si vite qu' elle arrivait souvent devant la première maison de la ville avant que 'les volets en fussent ouverts. - Claude Henriette, lui demanda quelqu 'w1, est-ce que vous n'avez pas peur en desœndant de !a ferme? - Jamais. - Vous êtes toute seule pourtant; vous ,partez même avant le jour. - Mais ,11011, Monsieur, je ne pars qu'après que l'Angelus a sonné. Et après l'Angelus les anges sont .par les chemins. Joli moi, n'e.st-il pas vrai?

EIN GALILEE Les Turcs ont indignement ravagé ce pays, si cher à tout cœur chrétien parce qu'il {ut

la patrie de Notre-Seigneur. Durant toute la durée de la guerre. ils ont campé dans cette contrée, après avoir 'iixé à Nazareth même leur quarlier général. Quand ils ont entrevu !_issue des hostilités, ils ont donné un libre cours ,à leur rage. Aiusi l'archevêque de GaJi lée rentré d'Egypte après quatre a11s d'exil n'a 'trouvé partout que ruines el désolation'. A Caï[a, 3000 chrétiens, ayant tout vendu pour sauver leur vie, sont réduits à la dernière extrémi:é. Aux scènes de pillage on\ succédé la di selle et les épidémies: plus du tiers de la .popui.ation a disparu, mais it s'agit maintenant d'habiller et de nourrir des milliers de veuves, d'orphelins et de vieillards. Aussi l'infortuné pasteur du _malheureux diocèse adresse-t-il un appel à toutes les âmes croya-ntes et compatissantes, et il le termine ainsi: Chrétiens, la patrie de votre Sauveur, de voire rM ère du Ciel, des saints Apôtres, est bien aussi votre ,patrie: pitié pour la Galilée.

• Un brarve homme se prése1111e ohez te phanmacien de son v~tia.ge. - Mes rats ne sont p,as morts, ru sieu Pai~tbou·âk - Avez.volbs s,ui,vi le ,procédé que je vous ai indi•q ué en ,vous remeltanrt :le remède? - ou,i, mlsiieu! - L'awez-vou;s éled1du su•r du pain irais? - ou~, m'sieu! - L'a1Vez-vours posé dcvan~ ,les trous, dans , un en\tlroit sec? - Oui, m',sieu! - 51 .\es ra1s 1re sonit p,as morts? - ]ils n'y OIL! seUJ%ment pas toudhé! . A[ors, 'te ,1,harmaoien, a,vec ,J'acœnt de la co1wiction ·le pl',u,s ahsOIJue: · - Quesl[-ce ,q1ue ·,VOUiS rvoullez que je vous dise, ,mon braive! AlloJ'is, c'est que vos rats ne vailernt rien.

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(Q) 5{{ ij~l OE LA

.Soeiété valai,aQtJe d ·édu{tation ·

Publication fondée en 1881 L'Ecole primaire donne une dizaine de livraisons de 16 pages, la couverture y comprise, et autant de supplé· ments de 8-16 pages pendant l'année ordinilire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Suisse fr.

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t Il faut !aire tout le bien ,que nous pouvo,;s là tout le monde, mais n'attendre notre récompense que de Dieu seul. (B- Curé d"A rs.)

La contagion par le livre ou le journal n'est pas moins dangereuse que contagion p-ar l'exemple.


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