L'Ecole primaire, 30 Avril 1926

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sui te commen cera. La colonn e s'ébranle à. Lravers le jal'Cli.n, foudroyée de la !errasse de l'Eatt, du l'on! rtoyal, d e La CùlU' d u manège ct d lL Café ùcs ~liants . .En qu elqu e~ min utes, elle 1-ercl nue trentain e d 'hommes. Reding, déjà bl es~, reçoit deux coups de sabre sur la tête; il s'affa isse. Gibelin, pour adoucir ses souffrances, lui appuie la lètc Slli le sac d'u n soldat mort. Dürler qui semble inYuln érabl e a son cl'aJ•Ci.lLl traversé p;u- u ne balle. Diminué de 50 hom:mes, la p etite troupe a tteint enfin la ten assc du manège, accueillie pa.r les cris: , Bcmrrcaux du peuple, rendez les armes l" Le dernie11 espoir de défendra le roi s'évnnouit; les déru lés prononcent aussi le mo t clâ désarmement. D'Hervilly rccoo nait alors son rrreu r: c'est tlan5' leurs ~ase rncs et n on r as à l' A~·~embl ée, que les Suisses devaien t se retirer. Les ollici·crs\ la ra.gc an cœur, pénèh·cllt dans Ja salle de l'Assemblée. A la vue de CeS' lwmmeSJ cou verLs: de J:onssière, l'épée nue à la main, une ])a· nique se l•roduit. Üll cri e : ,Voilà. les Suisses l" Déjà. plusieurs d6putés de l'ex lrême·g:mch e cherch ent à s'en fuir par les' fenê tres. Dürler et de Salis! se: font conduire au près du roi: ,Sire, d éclare Dürlc'r, on veu t q u~ je po~e l e~ armes, je n e le ferai que sur Ull ordre d e votre Majieslé." Lou.i~ dans sa fair bles:se répond : , Rendez vos arme:> il. l'a garde nationalo, je n-e veux pas q ue de si brave'> gen s que Yous J)(jrisseo.t." C'est l' arrêt d e mor t 'des Suis'Ses. BouÀe-versés, les officiers ron t ann oncer à leu rs h ommes la Ia lal() nou velle. , Le R oy ordonne au..x Suisses cle déposer à l'ins tan t. lellis armes et de se retirer dans leurs cas·ernes." Il livre ai nsi des soldats désarmés à la j:Op ulac() en fureur. Quant à la seconde partiE' de l'ordre, elle est inexécutable. D t~ Yie'ux soldats pleuren t s ilencieüSelJJen t : ,Xo u ~ avons encore nos bayonncttes", supplient -il's . Mais il fmlt ob éir, c'est le dernier sacrifice qu-e le roi lelli demande. De Sal.i:> fait mettre les !uSiils en fai sceaiL'( et déposc1· les car touchières; le peuple s' en empm•e Ïllstmllanf.'lleni. Le~· bra1·es sont conduits .à l'Eglise d es F euillanfs, d'où on 1'\e l es sor tira que pour les traîner au supplice. Les officiers sont enfermés clans la salle cle;; inspecteurs de l'Assemblée. En traversant le~ con·L· dors, ils son t accablés d'injures: , Voità les vra is coupables, ils on~ tin'i s ur n os l'rèr es, livr ()z-les ;:nt peuple l" Plusieurs d'en tre eux furen t transférés à l'Abbaye et ma~sacrés Je 2 septembre. D'Erlacl1 eu t une mor t a troce. Il ré us~ i t tl'aùorcl à s'é~happer ; sru retraite fu t ])ien tôt décoLLI' eTte. Des t édérés t rouvèr ent dans: u ne maison u n jeune ct bel officier sui~se. ils le traînèrent dehors et ordonnèrent à son ordonnance cle le coiffer. L'ordonnance obéit; un des patriotes lui remit alors nne scie et l e pria de scier lenlemenl le cou de l'ol:t'icier, car, ajoula Je brigand, cette bei.lie tête auxa du succès au bou t d 'une! pique et il 'ne fa.ut pas' déranger la coiffiu,'t"e. Le soldat 1·efusan t un e r·areille besogne, Iut immédia tement mis en pièces. De'UX femmes oom].lai&'a ntes s'otf.rirent alors et, apr ès avoir lentement scié la tête de l'officier, ta plantèrent au bout d'une picrue. Au riiili.eu de ces atrocités, l'Assemblée n ationale discute de "Lib er té. el d'Egalit6", met sok nn cliement les Suisses sous la: sauvega1'C'Ie de la loi et sous la protection de la Nation Française 1 De 5 à 600 h ommes périrent le 10 août, 200 furent ma::>sacrésr en sep tembre dans les prisons, 200 à peine revirent leur patrie. Ai.nsi fut clélruit le p1u;:, ancien el le pins beau 1·égiment .suisse de France. Fully, 20 mars 1926. S***, inst.

46me Année

No 8

30 Avril 1926

O rgane de la S ociété V'alai sanne d'éducation Mes six prem iers mois! .. - D u ch oix des die lés . La ng ue fran çaise. La com p tabilité rurale. Calcul de l'escom p te. - · Instruction civiqu e. - Les Conférences. - Dieu f a il bien cc qu'il f ait. - Le premier Missel. - L e mois de Marie. - P our déla sser . -

Summ ui l'(:. -

mes six premiers mois ! ... . Quel sera mon p rem ier contact avec mes élèves? ... jusqu'au debut de cette année scolaire, je n'avais que sué sur des livres, beaucoup de li vres; j'avais lu et relu force théori es; consulté des maîtres éprouvés; réfléchi ; coordon né leurs données · dressé un plan, où tous les détails avaient été passés par te' cri ble d' un e critique mûrie; et je n'aurai certes pas honte de l'avouer : j'avais cherché à intéresser le Ciel à mon so rt.. .. Eh! bien, touchant à la fin de mes six premiers mois d'enseig nement, j'ai tenu à faire mon exame n de conscie nce, et à me rendre compte de mes premiers pas dans la vie pratiqu e. J'ai constaté que les théories, même les plus parfaites, ne nous suffisent poi nt : il faut l'expérience et l'expérience personnelle, que ri en ne saura jamais remplacer. L'enfa nt est b on en général. Cire très malléab le, il se laisse fa~ile ~e nt imprimer tel o u tel pli. Pendant les 15 ou 20 premters JOUrs, nous nous tro uvions en face les uns des autres, cherchant à nous étudier mutuel lement, à pénétrer nos caractères. Tout était calme ; seu le de temps en temps d e petites escarmouches de quelques élèves plus turbu lents, faites pou r tâter le te rrain , se son t laissé apercevoir. P ui s tout est re ntré dans le calme, et la classe a défin itivement p ris sa marcl1e en avant. ~ous nous co~p ren ion ~ : je les avais sentis gentils et bons; Ils ont vu que Je vo ulats leur b ien . O h ! le comprend-o n assez? Il faut que le maître et les . élèves ne fo rment qu'une fami lle; q u'ils s'aiment dans une mutuelle confiance! Les élèves veulent sentir chez leurs éducateurs ~es h ~ rrym es dévo ués et supérieurs ; s upérieurs pa r la science, 1auto nte, la vertu . Tout est observé, même les mouvements les plus in sig nifiants : un · sourire do nné à u n de leur camarade, un compliment, moins de sévérité dans un e re mo ntrance seront assez facilement regardés com me des signes de partialité. L'élève est un ju ge d'une rigueur extraordinaire; il a un sens très affiné de la justice, surtout si elle paraît vio lée à son détriment. -


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L'Ecole primaire, 30 Avril 1926 by Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne - Issuu