No 12 l'Ecole primaire, 10 Décembre 1910

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LE FOYER ET LES CHAMPS

Une recette Encore une recette pour le~ chausallez-vous exclamer. Hé oui, il en a déjà paru des quantités dans ce journal, mais il en est des r ecettes comme des remèdes, chacun croit détenir la bonne formule, et je n'échappe pas à la loi générale: j'ai très grande confiance dans la graisse que je préconise. Pour 1 kilo d'huile de pied de bœuf prendre 300 gr. de gutta-percha. Faites chauffer l'huile a-vec précaution sur un feu doux et faites dissoudre dedans la gutta-percha par petits morceaux et successivement en agitant constamment avec un petit bâton. Cette graisse se conserve très longtemps dans une boîte en fer blanc et s'étend sur la chaussure avec un pinceau, avant le départ matinal (car chasseurs et pêcheurs doivent voir lever l'aurore) . Si elle se durcit par le froid, on la ramollit en la faisant légèrement ehauffer.

matin. Elle en sera récompensée par une constante bonne humeur et la satisfaction rle voir que tout va bien.

surE-s~

Savoir vivre Levez-vous de bonne heu1·e. Qui veut devenir vieux se lève tôt, c'est la santé; mais c'est aussi la ~atisfaction du devoir accompli, car, en se levRnt de grand matin, on a le temps de faire tout son travail dans la journée, et on n'a nul besoin d'empiéter sur les heures de la nuit. De toute façon, c'est à la maîtresse de maison de se lever la première; si elle a des domestiques, c'est souvent elle qui doit les appeler et leur distribuer leurs tâches; si elle est seule, il faut qu'elle prépare le premier déjeuner pour les membres de la famille qui vont travailler au dehors. En un mot quelle que soit sa condition sociale, la ménagère qui veut faire son devoir ne peut -~n ~.. a,.,. rio lAvAl" la nremièri le Q ..

Mme M . Sage. ---~

CUISINE

vtmatve

Côtelettes de porc aux fines herbes Faites sauter dans le beurre, avec sel et épices, des côtelettes de porc; retournez-les. Quand elles sont cuites, dresse?: les côtelettes sur un plat, ajoutez le jus de cuisson, beaucoup de fines herbes bâchées et un filet de vinaigre.

Lapin de garenne aux fines herbes Hâchez très fin quelques échalotes, des champignons et du persil; passez ce hâchis à la sauteuse, avec un bon morceau de beurre; ajoutez ensuite le lapin, que vous avez coupé en morceaux de même grosseur; assaisonnez de sel, poivre et bouquet garni. Mouillez d'un verre de vin blanc ou de vin rouge, et laissez cuire pendant une demi-heure environ.

CroOtes aux fruits frais Prenez de petits pains mollets a uxquels vous enlevez la mie, et que vous fendez en deux ou en quatre, suivant leur grosseur. Disposez ces morceaux de pain sur un plat allant au feu, et, sur chacun d'eux, rangez les fruits que vous voulez employer, et dont vous avez enlevé les noyaux : prunes, abricots, pêches, etc. Ajoutez du sucre pilé, quelques petits morceaux de beurre frais et mettez au four très peu chaud. Saupoudrez de sucre ava nt de servir. -

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valai~at)Qe d ·édu~ation

Soeiétè

Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecole primaire donne de 12 à 14 livraisons de 8-16 pages .chacune, non compris la couverture et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Chaque mois il est en outre apporté un supplémen: illustré de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.

Suisse fr. 2.50

~· Par

an :~· union postale fr. 3

Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ce qui concerne le~ publlce~tion doit être <:~dressé directement à son gére~nt, M. P. PIGNAT, che!! de Ser1t'lce ~·;;'Dip""arte~ëiït -dë - l;I~ru-~Ion pulÏnq:e:""~sÏon."-=----...

- : K·- --

Celui-là est riche qui ne désire rien.

Apprendre n'est pas comprendre, comprendre sert à apprendre ; apprendre sert à comprendre.


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LE JEUNE CATHOL-IQUE Recueil mensuel illustré pour nos enfants Nous rappelons que cette petite publication, déjà annoncée par l'Ecole primaire, va lancer dans quelques jours sa livraison d 'essai. Les membres du personnel enseignant en recevront plusieurs exemplaires pour les distribuer à leurs élèves avec recommandation de s'y abonner. Il importe que chaque famille de leurs écoliers puisse en prendre connaissance; aussi en sera-t-il mis dans ce but à disposition la quantité nécessaire au cas où celle reçue serait insuffisante pour cette propagande. Que nos maîtres et maîtresses d'école n'oublient pas qu'ils sont tout particulièrement intéressés, au point de vue de l'éducation et de l'instruction, à voir leur petit monde prendre goût à la lecture et y trouver un aliment sain pour son cœur et son esprit. L'existence et le dé· veloppement du Jeune Catholique dépendent, pour la plus grande partie, du zèle et de l'activité que déploieront dans ce sens MM. les Instituteurs et Mesdames les Institutrices. Il faut, nous le répétons, qu'une feuille de ce genre et à ce prix ait un tirage élevé pour faire ses frais; à cette con dition seulement elle pourra subsister. Et qu'on se le dise bien·. faute d'appui suffisant elle courrait donc risque de cesser de paraître, ce qui serait fort regrettable, car il est manifeste que sa création répond à un besoin réel et qu'elle vient à son heure combler une vraie lacune. A ce sujet voici l'appel qu'apportera la livraison premièr~ du Jeune Catholique: Sion, Décembre 1910. Chère Jeunesse des Ecoles, Voici un petit journal fondé spécialement à votre intention.

Son programme est simple et peut se résumer dan s ces troi s mots:

Edifier -

Instruire -

Récréer

• Edifier • , c'est-à-dire vous porter au bien. el à la veriu par de sages con~eils et de bons exemples puisés dans la religion et la morale. " Instruire •, c'est-à-dire conserver et augmenter le petit savoir que vous pouvez avoir déjà acqu is au sein de la famille ou sur les bancs de l'école, grâce à vos chers parents et à vos maîtres et maîtresses capables et dévoués. • Récréer •, c'est-à-dire mêler l'agréable à l'u tile, pour vous laire trouver, après le trava il, un délassement honnête et permis, une récréation saine par une lecture appropriée ~ votre âge et à votre intelligence. Tous. jeunes garçons et gentilles fillettes , qui maintenant savez lire, vous regarderez ce petit journal comme un conseiller, un guide et un ami sûr. Il a voulu s'appeler LE JEUNE CATHOLIQUE pour deux raisons: d'abord parce qu'il vous est particulièrement destiné. II se glorifie ensuite du beau titre de • catholique •, car il s'adaptera à votre foi et à vos croyances. A ses côtés vous serez et resterez, toujours et partout, des enfants aimants, soumis et respectueux de notre Sainte Mère l'Egl ise, dans laquelle vous êtes nés et où vous voulez mour ir. Ainsi, chers enfants, ce petit journal sera pour vous un aimable compagnon qui viendra tous les mois frapper à votre porte. Ouvrez-la lui toute grande et ne vous contentez pas de le bien accueillir, mais tâchez, en actifs zélateurs et vaillantes zélatrices que vous devez être, de le taire connaître et de le répandre autour de vo1.1s. Par là, tout en contribuant à une bonne action, ce sera affirmer que le JEUNE CATHOLIQUE est venu à son heure prendre sa place au milieu de vous tous. P uisse-t-i l l"y occuper toujours, s'il nous est donné d'atteindre le but proposê. Pour l'Administration et la Rédaction: P. PIGNAT.

Sommaire de la présente livraltlon Notre Musée industriel et pédagogique. - De l'Education. - Sur l'enseignement du calcul. - L'attention. Le croquis au tableau. - La description dans la classe. - Autour de l'enseignement technique. - L'éducation physique. - Sur l'exactitude. - Partie pratique. - Echos des conférences (Martigny et Entremont).

-aSommaire do supplément No 12 Vers le berceau du Christ. ..:._ La vigne et les (}iseaux. - L'Interne. L'Hiver. - La réforme du calendrier. - Variétés. -0-

Don an Dosée pédagogique. De M. de Werra, ancien· Présiden t, St-Maurice, un cahier de classe (collège) de 1828. L'Ecole primaire, comme Moniteur du Musée industriel et pédaKogique, publiera désormais tous les. dons qui parviendront pour cette institution.

-aNotre personnel enseignant A notre N" du 25 Décembre sera: joint l'Annuaire du Département de l' 1nstruction pub!iq ue ( 191 0-11 ) pour nos abonnés du Valais qu'il intéresse spécialement. - 0· -

Conférences d'Instltnteors

Hérens Les instituteurs de ce district auront leur conférence annuelle aux Agettes le jeudi 29 de ce mois à 9 h. du matin. Ob jet à l'ordre du jour: conférence sur le dessin par M. le prof. friedmann. Le présent avis tient lieu de convocation. -0-

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D. Ch. Rey, inst. à Cottens.

Nous apprenons avec regret le décès d'un de nos nombreux abonnés fribourgeois à l'Ecole primaire. C'est le BuUetin pédagogique du 1er décembre qui nous en fait part en décernant des éloges justement mérités à cet excellent maître d'école, enlevé à sa jeune famille et à ses collègues à l'âge de 26 ans seulement, laissant à tous le meilleur souvenir. Ses funérailles eurent lieu à Autigny au milieu d'un grand concours. R. I. P. -0-

Pour l'Institut de Géronde. A l'approche des solennités de Noël et de Nouvel-An, un vieil ami de l'Institut de Géronde se permet d'en recommander chaleureusement les petits pensionnaires pauvres à la générosité et à la sympathie du public valaisan. Cet établissement philantropique si digne d'intérêt abrite actuellement 71 enfants, dont la plupart ne sont pas seulement des déshérités de la nature, mais encore et surtout de la fortune, attendu que 57 d'entr'eux ont besoin de bienfaiteurs directs, leurs parents n'étant pas en mesure de payer les 100 ou 150 fr. de pension annuelle à leur charge. Pour 24 même il n'y a aucune participation financière. et 11 seulement paient la pension entière. La contribution de tous les autres varie de 20 à 150 fr. 40 élèves reçoivent de l'Etat une subvention de 150 fr. et 3 bénéficient d'un subside de 30 à 100 fr. alloué par la commune d'oril:{ine. Ainsi, comme nous le disons plus haut, 57 enfants sont entretenus plus ou moins par des bienfaiteurs directs et des amis de l'œuvre. Mais leur coopération n'empêche point cependant Que, Pour la seule dernière année scolaire. il reste encore plus de 5000 fr. à attendre, pour pension, de la divine Providence.


SION, 10 Décembre 1910 Encore à ce propos, rappelons que du 1er janvier au 31 déc. 1909 la Direction de l'Institut avait reçu 412 fr. sans destination particulière, 1500 fr. sous le titre Sou de Oéronde et enfin 382 fr. 80 pour cartes de Nouvei.-An, avec mention: Pour les besoins actuels des sourds-muets. Cette somme fut exclusivement appliquée à payer la pension d'enfants indigents et dans l'impossibilité de verser les 150 fr. qui leur incombent, ainsi qu'à contribuer pour d'autres exclus du subside de l'Etat parce que les 40 places de faveur étaient occupées. A l'heure présente une vingtaine d'enfants doivent à de généreux bienfaiteurs le bonheur d'être placés à Géronde. Les noms des petits bénéficiaires ne sont naturellement pas publiés pour des raisons de convenance et de âélicatesse, mais au besoin on en peut prendre connaissance auprès de la direction de l'Institut. Disons enfin que l'intéressante œuvre scolaire du Sou de Oéronde a donné en 1910 (soit jusqu'au 1er décembre) le joli résultat de 1800 fr. en chiffres ronds (contre 1500 fr. en 1909). Les âmes compatissantes et en mesure de faire du bien continuent donc à avoir ici un ·beau champ d'action. Puissent-elles y travailler toujours pour la plus grande gloire de Dieu et le salut de leur âme, se souvenant de la belle parole divine : Ce que vous aurez fait aux plus petits des miens je le regard~rai comme fait à moi-même. X.

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P.-S. - Les dons peuvent être expédiés simplement à la Direction de l'Institut. Quant aux valeurs, il est toujours possible de les envoyer sans aucuns frais en réclamant à la poste un Bulletin pour envoi d'argent par chèque postal (à adresser tout simplement comme suit: Sou de Oéronde, Sierre Il. 482 ).

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Agenda do Valais 1911. L'édition de l'an futur vient de paraître. Nous y remarquons avec plaisir une innovation utile et qui sera dès Iors appréciée comme il convient. Il s'agit de l'adjonction de 4 pages de papier ardoisé pour inscriptions d'un caractère passager, et dès lors effaçables au fur et à mesure. Le crayon ordinaire permet de prendre ces notes qu'un doigt légèrement humecté peut faire disparaître tout à fait. Les pages blanches, pour notes d'un caractère durable, n'ont d'ailleurs pas été supprimées ni diminuées pour autant. Ainsi, l'amélioration introduite n'en sera que da11antage goûtée des possesseurs toujours plus nombreux de l'excellent vade-mecum qu'est l'Arzenda du Valais, toujours élégamment et solidement cartonné. -0-

L'azote et les plantes. Nos lecteurs qu'intéressent tout spécialement les questions agricoles, liront certainement avec plaisir et profit, dans l'Almanach du V alais de 1911, une étude très instructive et documentée parue sous le titre ci-haut. Son auteur, M. le or H. Wuilloud, bien connu par sa compétence dans la matière, y traite en effet dans une série de pages de l'importance pour les plantes de l'acide phosphorique et de lé.l potasse, soit de l'azote. Après avoir défini la nature de cette substance, notre agronome montre successivement comment l'azote agit dans la végétation, à quelles plantes on doit donner des fumures azotées, dans quels terrains et comment employer ces fumures, les engrais· azotés à utiliser et la quantité de ceux-ci. Il conclut en formularit le souhait qu'on établisse de nombreux champs d'expérience avec ce produit, surtout que · nous avons en Valais, soit à Martigny, une fabrique de chaux azotée dont la production, de 30.000 qm à cette heure,

29me ann6e

L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIETE VAL.AISAliB'E D'EDUCATION Notre Musée Industriel et pédagogique En 1884, M. Gremaud, ingénieur à fribourg, écrivait ce qui suit: • Pour obtenir la supériorité du travail, il faut vouloir aussi la supériorité de l'artisan, de l'ouvrier. A cet effet, il importe de présenter à ces derniers tous les moyens possibles de s~ perfectionner, non-seulement dans le ~~ava1~ ~nuel, ma~s encore dans la ~ompos1üon 1deale o~ techmque des œuvres qui !~ur ~ont d_emandees. Un Musée et une B1bhotheque mdustriels seraient certainement l'institution la mieux appropriée à ce but..

La parole de ce praticien fut écoutée et une expérience de 20 ans a pleinement confirmé ce qu'i1l avançait. Aussi, en 1904, lors de la mise en vigueur de la loi sur l'apprentissage, la Commission cantonale proposa, àès sa première séance au Conseil d'Etat la création d'un Mu~ée de ce genre, institution qui serait appelée à épurer le goût de nos artisans, à faire pénétrer chez eux l'esprit pratique moderne, à leur faire connaître les nouveaux procédés de fabrication et l'outillage perfectionné à leur fournir des renseignements industriels en un mot à relever les métiers et à d~ velopper les industries du pays. Par suite de circonstances diverses, la bibliothèque et le Musée industriel ne virent le jour qu'en printemps 1909, et peu après le Conseil d'Etat y annexait une bibliothèque industrielle et une bibliothèque pédagogique. Ces deux institutions, en effet, ont bien des points communs, car toutes deux ont un b~t. d'enseignement et de renseignements reciproques.

Depuis la date indiquée, le développement, tant du Musée que de la bibliothèque, fut rapide. L'Exposition de 1909 a permis de recueillir de nombreux et intéressants objets, tant au point de vue pédagogique qu'industriel, et la bibliothèque s'est enrichie de plus de 1500 volumes récemment édités et pour la plupart de grande valeur. Son catalogue d'ailleurs vient de paraître j tout récemment. Nous ne saurions trop insister au, . , pres de ceux qUI sont charges de la formation de la. jeune:;se valaisann~ P?Ur l~s enga~e_r ~ profiter de. cette .mshtutwn destmee ~ relever le mveau mtellectuel de notr~ }eune~se. . _Les condiüons economiques du lais se transfoiiDent avec une :apidt!e surpren_ante, _et la concurrence etrangere est la, touJours plus menaçante pour no~ population~. Si nous voulons lutter efftc~ceme!lt, sr nous. voulo.ns que le Valazs sott aux Valatsans, Il faut que c~acun, dans sa _sphère, travaille ét?-ergiqu~ment a~ . developpement de l'ms: trucüon en utilisant tous les moyens qm sont pour cela mis à sa portée. La bibliothè_que et le Musée industriels et pédagogrques sont de ce nombre. Il est heureux de constater que des citoyens dévoués, comprenant l'importance de ces nouveaux moyens d'instrudion mis à la portée de tous, ont dès le début collaboré, soit par leurs travaux, soit par des dons, à cette œuvre qui, à l'heure présente, est vraiment digne d'intérêt. . Le règlement concernant plus spécialement le Musée pédagogique, régie-

Y.a:


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tnent ad9pté par le Conseil d'Etat le 14 octobre 1910, prévoit que le dit Musée renfermera: a) Les plans et modèles de bâtiments scolaires; b) le matériel scolaire; c) les ouvrages pédagogiques; d) les objets relatifs à l'enseignement intuitif; t) les appareils et instruments ayant un intérêt au point de vue scolaire; f) les travaux féminins; g) les objets à l'usage des jardins d'enfants (école Frœbelienne)_; h) la littérature pédagogique; i) les lois, règlements et statistiques scolaires; j) tout ce qui se rapporte à l'hygièscolaire. On voit que le champ d'action d'un pareil Musée est vaste, mais pour que l'institution porte tous ses fruits, n. faut le concours des spécialistes principalement. Aussi, ne doutons-nous point que les instituteurs du canton ne s'y intéressent soit par leurs dons, soit par les renseignements divers qu'ils pourraient fournir. Un point que nous tenons à signaler, parce qu'il présente un très grand intérêt au point de vue des renseignements mutuels, est celui qui est prévu par l'art. 7 de ce règlement. En effet, le Musée pédagogique, dès ce jour, ouvre ses portes à des expositions temporaires, se rapportant à l'enseignement, tels que travaux d'élèves ou d'objets industriels ayant une valeur au point de vue pédagogique. C'est dire qu'à la fin de chaque année scolaire, les instituteurs pourront déposer temporairement dans la salle du Musée les intéressants travaux qu'ils auront fait faire à leurs élèves, ainsi que les nouveautés pédagogiques qu'ils auront introduites dans leur enseignement. Nul doute que, grâce au zèle dont fait preuve notre personnel enseignant, cette exposition ne soit des plus fournie et des plus visitée; elle se-

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ra d'ailleurs une nouvelle démonstration de l'aptitude et du savoir-faire ~ nos instituteurs, qualités qui ne seront jamais trop appréciées. Chers instituteurs et institutrices, intéressez-vous au Musée pédagogique, et que celui-ci soit un point de ralliement pour vous tous.

De I'Educatloa L'éducation c'est le travail qui consiste à cultiver les facultés de l'enfant afin de développer en lui la vie jusqu'à son plein épanouissement. Platon disait, et depuis on n'a pas trouvé de définition meilleure, qu'elle a pour but «de donner au corps et à l'âme toute la beauté et toute la perfection dont ils sont susceptibles». Or, nous affirmons que pour accomplir cette œuvre et pour atteindre ce but, l'éducation doit être religieuse: il faut que la religion y préside, l'inspire et la dirige. La vie qui se manifeste la première dans l'enfant, c'est la vie physique. La . religion ne s'en désintéresse pas: par son influence, elle préserve l'éducation physique de toute négligence et de tout excès. A ses yeux, ce corps délicat et frêle, qui a besoin de grandir et de se fortifier, c'est un ouvrage fait de main divine, c'est un sanctuaire abritant une âme, et, à ce double titre, digne de tous les respects et de tous les soins; c'est aussi un organisme destiné à servir cette âme, non à la dominer, et dont il faut faire pour elle un instrument vigoureux et docile, non une molle et tyrannique idole. Dans son corps, l'enfant porte une intelligence avide de connaître, et qui réclame pour aliment la vérité. Mais, à sa vie intellectuelle, la vérité qu'enseigne la science humaine ne suffit pas.

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Ce n'est pas assez pour l'enfant d'acquérir les connaissances qui lui permettront d'entrer en relations avec ses semblables et de pourvoir aux besoins de son existence terrestre. C'est trop peu qu'il soit instruit des principaux phénomènes de la nature, des faits sail~ lants de J.'histoire et même des grandes lois de la raison. Si jeune soit-il, son esprit se pose des questions dont ni 1~ nature, ni l'histoire, ni la raison ne lm donnent ·la solution. Il veut savoir le pourquoi de toutes choses, et surtout de lui-même, le secret de son origine et de sa destinée. Vous lui dites qu'il doit l'existence à son père et à sa mère, mals de qui l'ont reçue son père et sa mère, le premier père et la première mère? Souvent l'enfant voit la vie s'éteindre en d'autres qui la possédaient comme lui: comment ne se demanderait-il pas quetle est cette puissance mystérieuse et terrible qui s'appelle la mort, et ce qu'elle fait de ses victimes? On ne peut lui cacher qu'un jour il sera frappé par elle à son tour: qu'adviendra-t-il al<>rs de lui? A ces questions la religion seule peut répondre avec assurance. Elle fait connaître à l'enfant le Père que doit adorer son père; elle lui montre en Dieu le premier Auteur et le Maître souverain de toute existence humaine. Au delà de la vie présente, elle lui en révèle une autre, dont la mort n'est que la porte, et qu'il dépend de lui de faire heureuse ou malheureuse. Lui laisser ignorer ces, grands enseignements, ce serait refuser à son intelligence la lumière qu'elle appeHe; ce serait enchaîner ses ailes et comprimer ·son essor. Au dessus de la vie intelrlectuelle, il y a la vie morale, qui consiste dans l'amour et la pratique du bien. C'est surtout pour celle-là que le secours de la religion est nécessaire à l'enfant. Sans doute les principaux articles de la Jo~ morale sont écrits dans la conscience; mais, outre que la religion aide puis-

samment à les y lire avec clarté, seule elle peut leur donner un caractère obligatoire et en assurer efficacement le respect. On est forcé de l'avouer, la morale a besoin de l'absolu, elle ne trouve de point d'appui qu'en Dieu. Sans Dieu, dont t'autorité impose la loi et dont la justice se réserve d'en récompenser l'accomplissement ou d'en punir la violation, il n'y a qu'une morale sans obligation ni sanction, c'est-à-dire une morale dépourvue de toute efficacité, surtout pour des âmes d'enfant. Ce n'est pas assez de leur montrer par des exemples ce qui faH l'honnête homme et l'honnête femme : il faut encore leur apprendre pourquoi on doit être honnête. Or, qu' on dise à une élite d'esprits cultivés: « Faites le bien parce que la raison le veurl:, parce que c'est l'ordre, parce que c'est la beauté, parce que c'est la condition du progrès individuel et social •, peut-être obtiendra-t-on quelque succès tant que des intérêts trop puissants ou des passions trop vives n'y feront pas obstacle. Mais qu'on tienne ce langage à des enfants, il n'aura sur eux aucune prise. Qu'on leur dise, au contraire: « faites le bien et évitez le mal, parce que Dieu qui vous a créés vous le commande, parce qu'il vous voit et vous entend, parce qu'il vous jugera un jour et vous traitera selon vos actes:., alors on sera écouté et obéi. L'expérience, d'ailleurs, en est faite. Les juges les moins suspects le reconnaissent : depuis qu'on a voulu, dans un grand pays qui nous avoisine, bannir la religion de l'éducation populaire, l'enseignement moral y a été réduit à l'impuissance. On avait annoncé qu'on continuerait d'enseigner « la bonne et antique morale de nos pères •; mais on s'est vite a perçu qu'elle est inséparable de la croyance au Dieu de nos pères. Et parce que bientôt on n'a plus voulu oti l'on n'a plus osé prononcer le nom de Dieu, la vieille morale a été délaissée


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180 ~omme lui: il en est même qui sont al- Sor l'Enselgnemeat da Caleal és jusqu'à la renier, déclarant que 1~ 1ien se confond avec l'utile, qu'on ne Mettons nos élèves aux prises avec les ait pas à coup sûr ce qui fait l'honnête réalités. omme, et que le maître doit « éviter de J'ai constaté par une expérience main1oraliser ». Les résultats sont là. Or, tes fois répétée, qu'un élève d'intelligen'est un magistrat qui a écrit dans un apport officiel cette phrase souvent ci- ce moyenne, habitué à résoudre en clas!e: « Il ne peut échapper à aucun se des problèmes pratiques ou suppoomme sincère que l'effroyable augmen- sés tels, se trouve souvent embarrassé ~tion de la criminalité, chez les jeunes dès qu'on le met en présence des réaliens, a concordé avec le changement tés. Habitué à raisonner sur des données pporté dans l'organisation de l'enseinement », c'es•t-à-dire avec la suppres- dont il n'a pas eu à chercher l'origine ion de l'influence religieuse dans l'é- ni le rapprochement, il ne sait pas, plus tard, réunir entre eux les rapports qui ucation. Il est pour nous, chrétiens, une vie les lient. Ainsi - et cela paraîtra palus haute et pl:us précieuse que celle radoxal, malgré l'authenticité absolue e la nature, si éclairée et si vertueuse du fait- je mis un jour dans une saHe, u'elle puisse être. Par des puissances une boîte de craie; je conduisis devant Juvelles et mystérieuses, ajoutées à nos eLle, isolément une douzaine d'élèves, tcultés natives, Dieu daigne nous ren- ~unis simplement d'une feuille de pare aptes à le connaître, à l'aimer et à pter et d'un crayon . Je dis à chacun: servir, dans une lumière, une intimi- « Déterminez le volume de cette boîte et une perfection dont l'intelligence la et venez me t·rouver quand vous aurez .us élevée et la plus pénétrante, le cœur fini. » La plupart ne surent rien faire . plus pur et le plus ardent, la volonté Un ou deux indiquèrent sur leur feuille . plus droite et la plus ferme, laissés qu'on trouve le volume en faisant le leurs seules forces, ne sauraient être produit des trois dimensions. Un seul tpables. C'est là ce qui constitue la vie vint me dire : « Monsieur, il me faudrait tmaturelle, communication de la vie un double décimètre pour mesurer les ême de Dieu dès ce monde, prélude et dtmensions de la boîte. » Aucun n'eut tge de la participation à sa béatitude l'idée d'évaluer à vue d'œil ces dimensions. . l'autre. Tel, qui n'ignorait aucune des règles Cette vie surnaturelle, l'enfant chrépour 1~ calcul des surfaces usuelles, se 11 l'a reçue en germe par le baptême. mr subsister, grandir et fructifier, ce trouve mcapable, quelques années après !llllle requiert de toute nécessité une sa sortie de l'école, de déterminer la surlture spéciale, qui ne peut être que face du champ paternel s'il présente la ducation religieuse. Sans elle, la vie moindre irrégularité et s'il exige qu'on le décompose en plusieurs figures. Tel ~ine de l'enfant serait fatalement conmnée à languir atrophiée dans l'igno- <;!Utre_, livré à ses propres forces, ne peut nce, à périr étouffée par les passions. etablir le revenu net de sa vigne parce tr l'éducation religieuse au contraire, qu'il ne sait pas réunir tous les éléments foi s'affermit, la charité se dilate, de ce calcul. ttes les vertus se développent, la grâDe ces faits d'expérience, on peut dés'accroît et produit des œuvres sain- duire qu'il ne suffit pas de donner à ~ l'âme s'embeHit pour la vie éternel- r_ésoudre ~es problèmes traitant de ques( A suivre). ttons pratiques avec des données vrates.

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Il fau( faire mieux et placer l'élève dans la réalité. La chose est-el·le possible? Une pratique déjà longue de l'enseignement m'en ô donné la preuve. Voulons-nous, par exemple, exercer pratiquement nos élèves, déià initiés aux règles, à calculer les volumes et les surfaces? Proposons-leur simplement des questions dans le genre de ceUes-ci: Prenez une feuille de papier. Découpez-la de telle façon. Cette feuille ainsi découpée représente un champ. Calculez-en la surface en suppos·ant que chaque centimètre de la feuille représente un mètre sur le terrain. Calculez le nombre de briques qu'il a fallu pour carreler votre salle de daS'se. Trouvez le volume de ce plumier. De combien de mètres cubes d'air dis· pose chaque élève dans votre classe? .... etc. Veut-on. au contraire. les exercer à résoudre des problèmes de la vie courante? La difficulté n'est pas plus grande. Au lieu de leur donner ces problèmes fictifs: Une vigne a produit.... Une famiHe dépense .... , etc., proposons-leur des problèmes réels, dans le genre de ceux-ci: Calculez la dépense annuelle de telle famille connue pour l'achat du pain. Déterminez le revenu net de telle vigne, de tel champ de M. X.... (père d'un des élèves). Indiquez ce qu'il vous faudrait connaître pour calculer le prix d 'un costume que vous voulez faire confectionner en fournissant l'étoffe. Votre père vous demande d'établir le prix de revient de la fumure d'une vigne. Quelles données vous faut-il? Supposez-les et résolvez le problème .... etc. C'est ainsi que l'enfant, mis aux prises avec les réalités, apprend à faire application des connaissances théoriques qu'on lui donne et qu'~l se rend compte de l'utilité de ces connaiss(l.llceS.

Les parents eux-mêmes apprécient davantage le savoir de leurs fils, car ils en aperçoivent mieux la valeur pratique. On ne saurait croire d 'ailleurs combien les procédés que j'indique rendent en quelque temps les élèves industrieux et habiles à se tirer d'affaire, ni corn· bien s'accroît leur compréhension des questions usuell'es. Et c'est ainsi que réellement nous les préparons à la vie, en utHisant le concours du mHieu où ils viven.t. E. M. L-'o~~ttention

A Généralités sur l'étude de la plda;zoJ?ie. - Toute science, avant de p_os-séder une méthode rationnelle, commen· ce par l'empirisme et les observations pratiques. Il en a été ainsi de la médecine et de la pédagogie. Toutes deux de nos jours ont trouvé leur base logique. Pour la médecine, c'est l'anatomie et la physiologige. Pour la pédagogie, c'est la psychologie. Sans cette dernière science il est impossible de connaître l'âme de l'enfant, on risque de fausser ce souple et délicat mécanisme. - La méthode expérimentale appliquée à la pédagogie a dooné naissance à une science nouvelle: la pédologie ou science de l'enfant. Toute science se constitue à l'aide de faits dont on dégage une loi. En Amérique, à Stanley Hall particulièrement, on s'est livré à de longues et ntinutieuses enquêtes qui ont permis de résoudre un certain nombre des problèmes proposés. La Belgique a créé rapidement cinq laboratoires de pédologie (Mons, Anvers. Charleroi, Bruxelles, Gand). L'Allemagne, la Suisse et la france ont suivi aussi le mouvement. - La pJupart des questions sont encore en étude, car elles présentent un caractère de complexité bien opposé à la conception des anciens traités de pédagogie, beaucoup


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·op simplistes. A côté des grandes li- est passive et dispersée; ainsi que pour nes directrices et théoriques, une lar- nous dans la rêverie, les images se dée place est réservée au doigté et à la roulent mécaniquement devélll1t elle; il )Uplesse dans un art aussi délicat. lui faut une excitation sen'Sorielle forie, :et art, dans les débuts de sa carrière, pour provoquer un mouvement rapide oit être l'étude permanente du jeune de l'attention. Bientôt cependant la 1aître. Que ses hésitations cependant conscience devient active, la curiosité :happent à l'enfant s'il veut conserver apparaît. C'est le grand facteur nécesm autorité, et ce dernier point est es- saire à l'apprentissage de l'attention, ~ntiel. leur cu·lture sera donc commune au déSi notre orientation scientifique est but. Enfin une attention plus durable se référable à celle qui nous a été léguée ar le passé, sachons cependant ne pas développe. L'enfant prend intérêt aux 'r·e injustes envers lui et prendre le choses, certaines sensations absorbent sa ~ns de la tradition. C'est l'ensemble des conscience et, progressivement, se débservations lég-uées par ceux qui nous g-ageant des impressions visuelles, au1t précédés qui nous a permis d'établir ditives ou motrices, n s'élève jusqu'à es principes généraux. Pour être à la l'attention sur des sujets abstraits dès auteur de notre tâche nous devons donc le début. A la classe enfantine, les leçons de rendre aux méthodes anciennes et nou~Hes ce qu'elles ont de meilleur, nous choses sont un précieux moyen éducatif. :nir toujours au courant des questions L'enseignement doit être concret et ob;centes et nous échapperons ainsi a jectif. qu'il puisse toucher et voir les ob(A suivre). •ute routine dans notre enseignement. jets dont on lui parle. B. L'attention. - a) Nécessité de attention. - Nous abordons un proLe croqol• tableau lème capital en psycho-pédagogie; car :s progrès d'un enfant, soit au point Ce genre d'exercice est réservé au e vue de l'instruction, soit au point de maître dans les petites classes, où les 1e de l'éducation, sont déterminés par enfants reproduisent sur l'ardoise, er :tttention. peut être enseigné quelque peu aux élèII importe d'en connaître le mécanis- ves du cours supérieur, afin que le tra.e chez l'enfant pour la faire naître, la vail leur soit déjà familier quand ils artHiver ou la guérir. rivent à l'école supérieure. b) Etude de l'attention. - Trois parA quoi est destiné le croquis au taes dans ce travail : bleau? A donner, sur-Ie-champ, à toute 1o Description psychologique de l'at- la classe, la vision précise de la région ntion. étudiée; à éclairer l'exposition ou la ré2° Procédés modernes pour son éva- ci:tation de 1-a leçon, en permettant de placer, au fur et à mesure de la parole, ation. 3° Programme de culture ou de ré-' les notion\S indiquées; à fixer l'attention 'rme de l'attention. de l'auditoire; à intéresser utilement 1° Description psychologique de l'at- tout un groupe au travail d'un seui. ntion. - Etudions la question d'une Pour répondre à ce but, on voit tout tçon concrète; ce procédé est préféra. de suite que le croquis du tableau doit e à des considérations abstraite>-. être rapidement exécuté, juste, lumineux. our les tout petits, les mettre simpleOr. ces qualités indispensables résulent en présence d'objets extérieurs à tent elles-mêmes de procédés de confectx. A cet âge, la conscience de l'enfant tion qui s'apprennent.

Certes il se peut que, de mémoire, un maître ou un élève bien doué, par simple justesse du ~oup d'œil ~t ha?i~eté de la main, pmsse reprodmre fidelement sans le secours d'un livre, les contour; d'un pays; mais c'est !à un t~lent d'exception, sur lequel la pedagogie ne peut pas compter. . D'ailleurs, il n'est pas rare de vo1r les plus forts en dessin témoigner d'une grande maladresse à la leçon de géographie. La position du corps n'est plu~ la même. il faut tracer debout, le bras e nl'air, à contre-jour souvent, avec l'ap. préhension de sentir se concentrer sur ~on œuvre les regards et les critiques de l'assemblée. Alors on se trouble, le bras s'énerve, tremble, la ligne s'en ressent. on ne la dirige plus à son gré. on ne sait plus où la faire aboutir: alors on allonge. on invente ou bien l'on efface. ce qui est désastreux; la crai~ tale. le tableau se brouille. on ne dtshngue plus les traits, on perd du temps et surtout on se fie. pour la fois suivante. au secours de l'éponge complaisante et réparatrice; sans compter que le dessin, composé et rectifié par petits morceaux, risque fort de donner, au total, ouelque chose de faux, de malpropre et de disproportionné. Il y a donc nécessité abs~lue de recourir à des moyens graphtques, permettant d'obtenir, du plus grand nombre et le plus vite possible, le croquis. désiré. Tout d'abord, qu'on s'astreigne à une étude antérieure, il ne s'agit pas de faire n'importe quoi, pour induire en erreur ceux qui regardent. Qu'on s'exerce sur un cahier de brouillon ou, par économie, sur l!ardoise, puisqu'il faut recommencer cinq, six, dix fois au besoin, jusqu'à ce qu'on ait pu, le livre fermé, faire sans hésitation le tracé qu'on pourra, sans crainte et sans danger, esquis.. ser en public. Ensuite, plus de tâtonnements lorsqu'on est au tableau; on ne dispose que

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des craies; l'éponge, le chiffon sont confisqués et il est interdit de faire servir à cet usage son mouchoir ou son tablier. Si l'on se trompe, tant pis, on le remarquera, on en sera confus comme d'une faute d'apprentissage et l'on se préparera mieux la prochaine fois. La règle également est absente, mais on peut, à loisir, faire usage de ses mains; c'est une mesure qu'on emporte partout avec soi et qui rend de précieux services: ainsi l'écart entre le pouce et l'un des doigts peut être considéré comme une unité, d'après laquelle toutes les dimensions sont prises, comme d'après le centimètre de la règle. On ne commence pas par amorcer des lignes, mais par placer des points A. B, C, etc.; ces points marquent les principaux accidents de la côte, de la montagne. du fleuve; ils sont convenablement disposés les uns par rapport aux autres. suivant des observations qu' on a faites au préalable. Celui-ci au nord, celui-là plus à l'est, un autre au sud du premier, sur une oblique s'écartant de tant de fois l'unité considérée de la direçtion verticale, etc., etc. Les intervalles entre les grands points A, B, C peuvent admettre des points secondaires, désignant les accidents de moindre importance. Les différents points sont réunis par des droites qui donnent l'armature JJ_é· nérale, une fissure géométrique se rapprochant, autant que possible, des véritables formes. Alors il n'y a plus qu'à suivre, à peu de chose près, en décrivant à gauche et à droite des lignes directrices, les courbes nécessaires, indiquant une échancrure par ici, une pointe, une saillie par là. Tout le détail est éliminé, pas de dentelures, de caps, de presqu'îles et de golfes de fantaisie, rien que ce qu'on pourra retenir. Si la mémoire et la main trahissent un peu, les erreurs sont légères et ne détruisent pas l'harmonie et l'équilibre de }!ensemble.


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Ainsi le croquis est relativement vite fait et suffisamment ;uste. Personne ne

La discipline dans la cl•••e

s'est ennuyé puisqu'on a agrémenté son dessin de la parole et décrit en le traçant. Quelles sont maintenant les conditions qui contribuent à le rendre lumineux? On peut les ramener à trois: la grandeur, la couleur, le mode de figuration. Qu'on emploie toute la surface dont on dispose sans avoir peur d'étendre le bras ni de se hausser, au besoin, sur la pointe des pieds. Que les côtes se détachent bien en bleu, les limites conventionnelles en pointillé rouge; que les fleuves soient pris logiquement par leur source (la tentation est grande de les commencer par l'embouchure); qu'ils débutent par un mince filet et aillent en s'épaississant jusqu'à leur cours inférieur; que les montagnes soient représentées par une masse bistre (faite avec le plat de la craie), d'autant plus foncée et plus large que le massif est plus important, et coupée, par endroits, d'espaces limités par deux traits blancs, pour simuler les passages et les cols; que les villes soient désignées par un rond plus ou moins grand suivant leur valeur économique; que les noms des régions naturelles et des productions ressortent en couleurs et en caractères différents et le croquis sera plaisant à l'œil, facile à l'entendement, profitable à tous. S'il s'agit de le faire servir à la leçon d'histoire, les formes pourront être encore moins détaillées et toute l'attention portera sur les lignes pointillées, les flèches et les croix, indiquant l'itinéraire et les étapes des anmées. En tous cas, on n'oubliera jamais, que la carte murale ni l'atlas ne sauraient remplacer le croquis simplifié du tableau.

Dans presque tous les manuels de pédagogie, la discipline est ce qui vient en dernier; on parle d'abord des méthodes et l'on finit par les qualités re. quises pour se faire craindre et respecter. - Sans doute, il y a du bon dans cette manière de procéder et nous aurions mauvaise grâce à critiquer nos maîtres; mais, quand il faut aller au plus pressé, comme c'est le cas ici où nombre de débutants attendent des conseils rapides et pratiques, il nous paraît OP.POrtun de parler d'abord de ce qui laisse ordinairement le plus à désirer. parce que c'est le plus difficile à réaliser, nous voulons dire l'art de se faire obéir, de faire régner !!ordre, d'imposer son autorité par le prestige qui émane de ·soi. par ce je ne sais quoi de pénétrant qui subjugue les volontés en appelant la confiance et en imposant l'estime. Est-il vrai que certains soient nés pour commander, d'autres pour obéir? Et l'effort personnel est-il impuissant sur les natures hésitantes et timides? Nous ne le croyons pas. - Nous sommes d'avis que tous les caractères peuvent réagir plus ou moins sur la nature et que tous aussi peuvent arriver à s'imposer, .Quoique avec des moyens différents. Tel qui est doué de fermeté, de constance et d'un puissant esprit de décision est porté vers le commandement et a soif d'autorité ; tel autre hésitant, irrésolu, craint les responsabilités et recule devant la résistance. A celui-ci il faut évidemment pour réussir d'autres moyens qu'à celui-là; mais tous les deux peuvent arriver aux mêmes résultats. La bonté, le tact, la prévoyance doivent remplacer l'énergie avec la vigilance et l'intelligence des situations qui préviennent les difficultés ou les tournent, car l'éducation est bien plus u:ne affaire de doigté que de rigueur: et nous avons mine fois plus confiance dans un mai-

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tre diplomate et clairvoyant que dans un pédagogue autoritaire et intransigeant. Ayez donc des yeux « tout autour de la tête ». Que votre présence soit effective, vivante, agissante; ne permettez pas à votre esprit les distractions ni à votre volonté les hésitations. Pas de fausses manœuvres, pas de violences ni de dures répressions. Conduisez vos enfants comme vous feriez de fiers coursiers qui obéissent à l'impulsion de la main sans supporter d'être blessés par le mors. Evitez. d'autre part toute familiarité et que l'amour des enfants, qui est le srage de votre vocation, se traduise surtout par le souci de leur avancement. - Soyez enfin animés d'un profond esprit de justice et d'une scrupuleuse pr()bité et vous ven:ez crottre votre influence comme aussi votre autorité. Mors seulement vous enseignerez avec goût. . Mais l'enseignement. direz-vous, ne dépend pas seulement de la discipline: c'est une œuvre de longue haleine et de patientes recherches. - Sans d oute. mais c'est aussi une œuvre vivante qui doit être sans cesse modifiée, corrigée, complétée et vivifiée par le zèle. - 11 faut s'y_ intéresser, vouloir mieux faire aujourd'hui qu'hier et demain qu'aujourd'hui. Il y faut mettre de soi toujours pour que l'enfant sente toujours la personnalité de celui qui enseigne. Ce n'est pas un compte rendu livresque qu'on attend de vous, mais un enseignement éclairé, fondé sur les bases solides de la réflexion . Vous devez savoir beaucoup pour enseigner peu, car il faut être sûr de soi dans les plus petites choses et craindre l'erreur plus encore que l'ignorance. Avec un esprit cultivé seulement, vous pourrez établir un courant ininterrompu entre le3 intelligences et les cœurs, pour qu'ils en arrivent à se comprendre, à se pénétrer les uns par les autres. Et nous disons les uns par

les autres parce que l'enseignement ainsi compris est aussi profitable à celui qui le donne qu'à ceux qui le reçoivent; t>t c'est encore un signe caractéristique de la vocation dont nous parlons plus haut que de vouloir devenir meilleur et plus habile en vue de faire plus de bien à ceux dont on a la charge. Et quelle plus noble pr:éoccupation pourriez-vous avoir? Aimez donc votre classe; aimez votre travail u.our qu'on sente en vous l'ardent désir de perfectionner sans cesse et vos procédés et vos méthodes. - Ne craignez pas toutefois, à l'occasion, d'avouer votre insuccès ou votre inexpérience: Ce n'est pas l'infaillibilité qui séduira votre petit monde. Encore une fois l'enfant ne s'y trompera pas qui sentira au-dessus de lui cette autorité d'apôtre insinuante et forte ou cette droiture calme et résignée. suivant les circonstances. car c'est une carrière noble et insrrate à la fois que la nôtre! Il n'y faut pas chercher trop de satis· factions d'amour-propre, mais plutôt s'y cuirasser contre les déceptions et les ingratitudes, s'armer de patience et se revêtir de dignité. Que votre vie soit exempte de défaillances et surtout de contradictions: prêchez d'exem'ple! Si: vous voulez obtenir l'obéissance au règlement et la ponctualité dans les exercice3, soyez vous-même exact et ponctuel : Les fonctions d'instituteur ou d'institutrice conviennent mal à ceux qui ne savent pas l!upoorter la gêne d'une vie régulière. Que si vous êtes bien dans votre milieu et incliné à correspondre aux directions et aux conseil<S de ce journal, appliquez- vous à vous bien connaître pour développer vos aptitudes professionnelles et ayez confiance en Dieu qui pèse toutes les· bonnes volo~ pour arriver à la réalisation progré!isive de l'idéal que vous vous êtes tracé. Nous développerons la prochaine fois les moyens en quelque sorte méca-


186 ques auxquels il faut avoir recours .ur achever ce merveilleux instrument ~ succès qui s'appelle la discipline. (A Bttw re.}

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sus de toutes les misères et donne une beauté à la douleur même. Voilà comment j'entends l'éducation d'une jeune fille. Anatole fRANCE.

Aatonr de I'Ea•elgaemeat technique

L'Education physique

Une éducation qui n'exerce pas les vontés est une éducation qui déprave les nes. Il faut que l'instituteur enseigne vouloir. On n'apprend qu'en s'amusant. L'art enseigner n'est que l'art d'éveiller la triosité des jeunes âmes pour la satisire ensuite, 'et la curiosité n'est vive et .ine que dans les esprits heureux. Les nnaissances qu'on entonne de force ms les intelligences les bouchent et les ::mffent. Pour digérer le savoir, il faut woi·r avalé avec appétit. Je connais :anne. Si cette enfant m'était confiée, ferais d'elle non pas une savante. :r je lui veux du bien, mais une enfant ·mante d'intelligence et de vie, et en quelle toutes les belles choses de la tture et de l'art se reflèteraient avec 1 doux éclat. Je la ferais vivre en symtthie avec les beaux paysages, avec ; scènes idéales de la poésie et de l'hisire, avec la musique noblement émue. ' lui rendrais aimable tout ce que je 1udrais lui faire aimer. Il n'est pas squ'aux travaux d'aiguille que je ne hausserais pour elle pa rie choix des ;sus, le goût des broderies et le style :s guipures. Je lui donnerais un beau .ien et un poney pour lui enseigner à mverner des créatures; je lui donne.is des oiseaux à nourrir pour lui ap·endre le prix d'une gouHe d'eau et une miette de pain. Afin de lui créer te ioie de plus, je voudrais qu'elle fût .aritable avec allégresse. Et puisque douleur est inévitable, puisque la vie t pleine de misères, je lui enseigneis cette sagesse qui nous élève au-des-

Mettre en valeur et utiliser au mieux les ressQurces naturelles dont nous disposons, apprendre à se connaître, à agir et à se maîtriser en toute circonstance de ~ta vie pratique, développer nos forces morales et obtenir l'harmonie de l'être humain, tel est le programme d'une éducation physique bien comprise. Le principe qui doit dominer est que toute éducation est la préparation à la vie et à l'action. Il y a des aptitudes physiques à acquérir et à cultiver dont l'utilité est indiscutable: Santé et vigueur, adresse et agilité, beauté corporelle, initiative, audace, volonté persévérante, habitudes morales. Il faut choisir les exercices. capables d'obtenir les qualités dans le plus court espace de temps possible, sans s'attarde{' aux petites choses minutieuses et superflues. Tout enseignement de l'éducation physique exige deux conditions: 1o Un choix et un ordonnancement des exercices d'après leur triple valeur hygiénique, artistique et sociale. 2° Une instruction et un choix du maître qui rend l'enseignement réellement efficace et aide à sa propagation en faisant aimer l'exercice. Les indications relatives aux âges sont connues, elles peuvent se résumer en quelques mots : Ménager la croissance chez l'enfant, c'est-à-dire pas d'exercices de force ni de causes de fatigue. Préparer l'adolescent à sa fonction sociale, à la vie militaire par l'effort volontaire poussé très loin et par l'habitude de vaincre des difficultés réelles.

Conserver chez l'adulte un état d'entraînement modéré lui permettant de faire face à un travail soutenu sans altérer sa santé. Combattre chez le vieiUard, par l'~ xercice, l'atonie générale et le ralentissement de la nutrition. Les données de l'anatomie sont . insuf~ Usantes pour servir de base à un système d'éducation physique. Il faut en~ core tenir compte des connaissances modernes sur le mécanisme de nos mouvements, des rapports du physique et du moral, de nos devoirs sociaux, des liens qui unissent la beauté à notre valeur physique et à la perfection de nos mouvements. C'est, en définitive, la connaissance complète et synthétique de la vie que nous devons avoir pour nous prononcer sur un système d'éducation phvsique. Il n'y a que les mouvements. naturels exécutés dès le début, tels qu'ils doivent être utilisés, qui soient des mouvements éducatifs. On ne peut appeler gymnastique respiratoire des mouvements à vide où l'on se contente de faire passer de l'air dans les poumons, comme dans un soufflet, sans production de travail mécanique, pui'sque les phénomènes diffèrent totalement dans le cas de l'acte respiratoire complet. L'exercice éducatif doit perfectionner les centres nerveux .qui président à la coordination de nos mouvements en même temps qu'il développe les muscles. Il est indiqué de ne jamais séparer le mouvement servant au développement du muscle de la meilleure utilisation de son travail. Evitons surtout l'effort statique et exécutons le mouvement complet en étendue et en direction, en demandant à chaque faisceau musculaire tout son raccourcissement et toute son élongation possible; de plus, mettons en jeu tous les faisceau:x de muscles situés autour d'une articulation, en faisant décrire

aux extrémités des membres des trajectoires curvilignes, planes et gauches, ouvertes et fermées, symétriques et dissymétriques dans tous les plans et dans toutes les directions. Nous cultivons ainsi simultanément, la force et la souplesse au moyen de l'indépendance des contractions musculairres et en évitant la participation des muscles inutiles au mouvement. Toute action isolée d'une partie du corps doit être accompagnée de l'actio!'l harmonieuse du corps entier et pratiquons, de préférence, avec ces principes, les exercices synthétiques où toutes les parlies du corps concourent à un effet résultant bien net. en associant toujours la beauté à l'utilité du mouvement. En résumé, les mouvements continus, suivant des traiectoires curvilignes\ avec étendue complète dans tQUS les plans et dans toutes les directions. sont un moyen assuré d'obteni~r l'indépendance des contractions musculaires en même temps que la meilleure condition de nutrition des muscles. Ils délassent tout en étant très énergiques grâce à leur action intense sur la circulation. Ils affirment le seris de l'équilibre avec le sens de la direction et de l'orientation dans l'espace, en donnant une grande netteté aux images motrices. Les mouvements coniques ont pour cela une supériorité éducative réelle sur tous les autres.

Sur l'exactitude Il peut sembler superflu de recommander l'exactitude. C'est un fait pourtant, et un fait f!rès regrettable, que beaucoup d'enfants arrivent en retard en classe. C'est aux maîtres à prendre les mesures nécessaires pour que l'exactitude soit observée. On peut certainement l'obtenir avec de la sévérité et de la persévérance. Mais que dire aux en-


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fants quand ce sont les maîtres qui ar- herbes, à qui je ne fais jamais de mal. LAMARTINE. rivent en retard? Inutile d'insister. Tout le monde comprend la nécessité, l'obligation de l'exactitude pour le maître; Qu'entendez-vous par la vie de famille? c'est lui qui doit attendre ses élèves, car Ses bienfaits. Ses dit!icultés. Ses joies et ses il est là pour eux; qu'il ne l'oublie ja- douleurs. mais. Il est là pour tous, et il doit l'e1ndications. - La vie de famille est xemple à tous. S'il se permet de man- celle qui résulte des rapports nécessaiquer l'heure de la rentrée en classe, peu res entre les membres d'une même faà peu les élèves ·le feront. Et comment mille qui ont besoin les uns des autres réprimera-t-il, lui qui fait la faute? ou qui comprennent bien leurs devoirs, Dans votre école, maîtres et maîtres- réciproques. - Bienfaits de la vie de ses, vous n'êtes pas chez vous; vous ne famille. 1° Elle seule donne le bien-être pouvez pas faire ce que vous voulez; parfait: on ne trouve pas ailleurs les vous appartenez à l'école et au devoir petits soins empressés et délicats qui profes·sionnel. font savourer les plus exquises douceurs Le maître ne doit pas non plus quit- de l'existence. 2° Elle multiplie et parter l'école pendant les heures de classe, tage des joies morales dont le souvenir car il doit répondre de tout, veiller à ne s'efface iamais. 3° Bien comprise, tout, et il est seul responsable,· les élè- elle élargit l'esprit, forme le caractère, ves marcheront d'autant plus droit qu' habitue à remplir de nombreux devoirs ils auront en lui un modèle vivant, et et prépare ainsi à la pratique de toutes seront d'autant plus exacts qu'ils le ver- les vertus civiques et sociales: famille, ront toujours le premier à la tâche. patrie et société sont mutuellement insé· parables. - Difficultés de la vie de fa•• mille. Tâche souvent oénible du père et de la mère. Réciprocité nécessaire des concessions, des sacrifices, pour maintenir entre tous les membres de la f<tOrthographe et Bérlaetlon mitle l'union intime qui, seule, fait le Tendresse pour les animaux bonheur. Tl v a là ~ouvent bien des susTe me sens une tendresse que je ne ceptibilités à ménal!er, des iné~ralités de puis vaincre pour toutes ces créatures caractère à supporter, des erreurs à exanimées, qui vivent à côté de nous sur cuser, des fautes à pardonner. Parfois, la terre, qui voient le même soleil, qui il faut se faire violence po11r sourire, respirent le même air, qui boivent la pour paraître de bonne humeur, ou pour même eau, qui sont formées de la même se taire devant une douleur qui réclame la discrétion et le silence. Quand on chair sous d'autres formes. Je veux parler de ces animaux, de ces s'aime bien dans la famille, les joies y chiens si fidèles et si dévoués; de ceSJ sont fréquentes et elles y revêtent un cachèvres, de ces chevreaux, de ces brebis ractère spécial, qu'on trouve rarement qui mont~t le soir jusque sur la crête ailleurs.: elles sont plus expansives, plus des rochers pour me voir revenir de plus douces et restent mieux dans la mémoiloin à la hutte; de ces oiseaux qui ga- re. Un rien suffit pour rendre heureux zouillent autour de moi; de ces mouches les amis « donnés par la nature ». Et à miel dont je prends la nourriture d'hi- puis, que d'occasions de se réjouir: fêver; de ces lézards qui s'étalent au so- tes de parents, naissances, mariages, leil; enfin. de tous les petits insectes, etc. - A vrai dire, les souffrances mohabitants des feuilles, des pierres ou des rales sont plus vives aussi dans le mi-

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Partie pratique -

lieu familial. A quelles douleurs comparer celles qu'on éprouve quand on perd de bons parents, un mari modèle, un frère une sœur, un fils, une fille qu' on ado;ait? Mais c'est là, par contre, que l'on trouve les consolations les plus efficaces, quand on peut, avec l'aide du temps, reconquérir le courage et l'es_Eérance.

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Les altérations de la vérité Vous avez souvent remarqué que les gens n'expr iment pas la vérité d'~_ne manière exacte, soit qu'ils rapportent ce qu !los ~:mt ente~du ou lu. soit qu'ils racontent w1 fait d~mt I~s ont été témoins. Chercher les causes qui expliquent ces altéra lions de la vérité.

Plan. Défaut d'observa1ion. - Désir d'émouvoir. - Imagination. - Vanité. - Fausseté naturelle.

Sujet traité J'ai souvent remarqué, chez la plupart des gens, un manque d'exactitude dans le rapport qu'ils font d'une conversation, d'une lecture ou d'un fait dont ils ont eu connaissance. Quels motifs expliquent cette altération de la vérité? Souvent ces narrateurs ont mal vw ou mal entendu ce qu'ils rapportent, ils disent des erreul1S et croient être dans la vérité. D'autres veulent rendre leurs discours très émouvants, et transforment les petits faits en affaires d'importance. Celui-ci raconte un accident. Il y a eu quelques blessés; à l'entendre, des centaines de victimes ont succombé ou sont en danger de mort. Un autre a entendu parler d'un incendie; il en fait une catastrophe, les dégâts sont considérables; en réalité, rien n'est brûlé, les pertes sont insignifiantes. Quelques-uns ont l'imagination très vive, ils inventent certains détails pour embellir et colorer leur récit. Souvent, ils finissent par croire eux-mêmes que les choses sont comme ils les imaginent,

et leur accent y gagne une sincérité c<>nvaincante. Beaucoup altèrent la vér~té par v~­ nité; ils veulent paraître mieux renseignés que les autres et éblouir leurs auditeurs. Ils se donnent le beau rôle quand ils le peuvent, ils ont eu tout le coura~e ou bien tout l'esprit. Us se vantent, 1ls se font écouter, ils sont contents. Enfin, il y a des gens qui ne peuvent dire la vérité. Il faut qu'ils la transforment, qu'ils induisent les autres en erreur. On finit par les connaître et on leur retire toute confiance. Ce sont là des défaut-s contre lesquels nous devons être en garde dès notre plus jeune âge, car ils nous menacent tous. Lorsqu'on a pris l'habitude d'altérer la vérité, il est très difficile de se corriger, et l'on glisse insensiblement de l'inexactitude vers le mensonge. (Yvonne B ...., 13 ans.)

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La mémoire La mémoire, c'est la lampe du soir de la vie· quand la nuit tombe autour de nous quand les beaux soleiJ.s du prlntemp~ et de l'été se sont couchés derrière un horizon chargé de nuages, l'homme rallume en lui cette lampe nocturne de la mémoire. Il la porte d'une main tremblante tout autour des années, aujourd'hui sombres, qui composèrent son existence. Il en promène pieusement la lueur sur tous les jours, sur tous les lieux, sur tous les objets qui furent les dates de ses félicités du cœur et de l'esprit dans le meilleur temps, et il se console de vivre encore par le bonheur d'avoir vécu. On peut dire que cette résurrection des jours, des choses, des amitiés éteintes à la lueur de cette lampe de la mémoire, est d'autant plus douce que le présent est plus amer. On se réfugie dans les souvenirs pour échapper à ses angoisses. A quoi servirait la mémoire, si ce n'était qu'à pleurer? Elle sert aussi à jouir; par un don de la Providence elle


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190 perpétue le plaisir comme elle éternise la douleur. Tant qu'un homme se souvient, il revit. C'est encore vivre.

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Lamartine.

Un de vos parents, malade, vous a écrit pour vous demander de venir passer l'aprèsmidi du dimanche avec lui. Vous aviez projeté pour ce jour-là une promenade avec des camarades. Répondez à eette lettre.

1ndications. - Vous devez surtout faire preuve de tact dans cette lettre. Parlez à votre parent de l'emploi que vous aviez fixé pour l'après-midi qu'il vous prie de passer avec lui, mais que ce soit pour lui montrer la préférence que vous lui accordez et l'empressement que vous mettez à vous rendre à son invitation. Lui faire sentir le sacrifice que vous faites en renonçant à votre promenade prouverait un mauvais cœur · H vaudrait mieux nettement refuser. '

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Développer et justifier cete fonnule: Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. » - Avantages de l'ordre matériel. - Inconvénients du désordre. Application d'ordre moral. - Avantages d'un règlement, qui assigne une place à chacune de nos actions et met chacune de ces actions à sa place. Ex.: le règlement de l'école - et aussi le règlement que vous vous proposez d'adopter après votre sortie de l'école, pour n'omettre aucun de vos devoirs essentiels et afin que chacun de ces devoirs soit accompli en son temps. «

Récitation LE BAISER. Ninette a mis fine chaussure, Robe blanche avec rubans bleus, Un large nœud à sa ceinture La joie éclate dans ses yeux...: Elle rencontre une fillette, Pâle et maigre sous ses haillons,

Qui reste immobile et muette, La suivant de .ses yeux profonds. • Oh! maman, la pauvre petite! .... • Permets-moi de la consoler.... • Et Ninette s'en va bien vite Sécher les pleurs qui vont couler. Mais l'enfant détourne la tête Repousse sa main et se tait. Ninette surprise, inquiète, Lui dit: • Mais que t'ai-je donc fait? • • Je te donnerai ma ceinture, • Mon beau ruban si tu le veux.... • Hélas! la pauvrette murmure: • Pourquoi faire? • et baisse les yeux. • Veux-tu mon mouchoir de batiste, • Veux-tu des gâteaux ou du pain? ... . • Oh! seulement ne sois plus triste! .... • L'enfant répond: • Je n'ai pas faim .... • Elle tient dans sa main fermée Une croûte de vieux pain bis.... Elle n'est donc pas affamée.... Ninette a l'air triste et surpris.... • Je vois que rien ne peut te plaire • Et je ne veux pas te forcer.... • Mais tu voudras bien je l'espère, • Au moins me laisser t'embrasser. • Le regard de l'enfant s'éclaire: Quelle joie un mot peut causer! • Ah! depuis la mort de ma mère • Je n'ai pas reçu de baiser! • Mme de PressensE,

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BRAVE PETIT HOMME! On avait dit: • Lis une page~, Et, sur son alphabet penché, Demeuré seul, Pierre, très sage Suivait du doigt le mot tracé. ' Mais voici que, par la fenêtre L'appelle un brillant rayon d'~r. ... L'enfant va regarder peut-être? - Non, cinq lignes restent encor ! Puis un oiseau, par la fenêtre, Joyeusement chante bien fort .... L'enfant va écouter peut-être? - Non, trois lignes restent encor! Puis le pommier à la fenêtre, Montre sa pomme tout au bord, L'enfant va la cueillir peut-être? - Non, deux lignes restent encor! Enfin, voici la page dite.... Plus de livre pour aujourd'hui! Et Pierre, le replaçant vite, Se redresse tout fier de lui.

Faire sa tâche, dure ou belle, Grande ou petite comme on doit C'est plus qu'être écolier fidèle C'est être le maître de soi! Mlle S. Brès.

Eeho8 des eonférence• == Martigny Jeudi 24 Nov., l'enceinte du vieux château de la Bâtiaz ouvrait toutes grandes ses portes aux pédagogues du grand district. C'est pour répondre à un appel de l~ur Inspecteur qu'ils sont accourus et, malgr~ les ngue~rs hivernales si précoces cette annee, tous les mvités ont lait acte de présence. La maison d'école disparaît sous les guirlandes et ~es oriflammes. Notons en passant la suggestive inscription sur la porte d'entrée : • Soyez les bienvenus •, avec un livre, ouvert, par un artiste, portant en gros caractères notre belle devise • Dieu et Patrie •. A 9'/, h., M. l'Inspecteur ouvre la séance en souhaitant la bienvenue à MM. les membres honoraires qui ont bien voulu s'arracher un moment à leurs occupations pour venir nous honorer de leur présence. Disons que, de ce nombre se trouvent : M. le Chan. de Cocatrix, préfet des Etudes, MM. Luisier et Gross, recteur et vicaire de Mar,tigny, M. le préfet du district, le Conseil municipal et la Commis· sion scolaire de la Bâtiaz. M. Friedmann, professeur à l'Ecole normale de Sion, nous entretient ensuite de l'enseignement du dessin. Joignant à sa parole claire démonstrations et exercices pratiques, il a réussi. en 2 h. trop vite envolées, à nous convaincre de la médiocrité de l'ancienne méthode graphique à laquelle on s'est borné jusqu'à présent dans nos écoles primaires. Avec sa compétence incontestée il nous a démontré le besoin de dessiner d'après nature et nous a tracé un programme à suivre pour le cours scolaire 1910-1911. Qu'il nous soit permis ici de remercier M. le conférencier qui, en quelques instants, a si bien su nous tracer la voie à suivre. Resle encore à étudier une question que tout instituteur vraiment soucieux des pro~s de sa classe s'est posée à maintes reprises et que notre Inspecteur formule ainsi : Comment, avec l'extension donnée aux trois nouvelles branches du programme (dessin, chant, gym·

nastique) arriverons-nous, vu la durée si restreinte d~ nos cours scolaires, à ne pas entraver la bonne marche des branches mères, lan· gue et arithméiique? Après une courte discus· sion et un exposé des moyens à prendre, la conférence admet les conclusions: suivantes: Bonne préparation des leçons, garde-à-vous constant à éviter toute perte de temps, ponctualité, ardeur au travail, consciente et intelli· gente distribution d(l temps : voilà la règle à suivre, le remède à employer. 12 1/ 2 h.! les régents, hommes d'heures précises, se formalisent-ils déjà? M. l'Inspecteur croit s'en être aperçu, il clôt la séance pour ne pas s'attirer des reproches.

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La deuxième partie de la journée se passe avec l'entraîn habituel de nos réunions; c'est qu'un délicieux dîner est bien de nature à dé: lier les langues les plus rebelles. Notre amt Thomas, l'indispensable autant q~'incompara· ble boute-en-train, est acclamé major de table. La • Chorale • y met sa note gaie. M. le Préfet des Etudes, en termes bien sentis et élevés, encourage les humbles régents; il boit à la bonne marche de l'enseignement dans le dis· triel de Martigny. Nous avons encore le plai-· sir d'entendre no~re dévoué Inspecteur dont l'expérience et l'affabilité se donnent une fois de plus libre carrière. Mais déjà il faut son· ger à se séparer. Encore quelques poignées de mains et chacun rentre dans son foyer empor· tant le meilleur souvenir de cette réunion ainsi que des autorités de la Bâtiaz. Le sccréta·ire.

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Le jour de la conférence de la Bâtiaz, un collègue a pris pa.r erreur ma pèlerine tout à fait neuve. D'entente avec M. l'instituteur de cette commune, j'ai fait une annonce par circulaire, avec des indications suffisantes pour la reconnaître. Comme elle ne m'a pas encore été retournée, je suppose que celui qui la détient n'ose plus s'annoncer. Je réitère cepen· dant mon invitation à me la faire parvenir. Je compte sur sa probité, comme il peut compter sur ma discrétion la plus absolue. Martigny-Ville, Je 7 décembre 1910. Mee F ARQUET, inst. - 0-

Entremont C'est le 23 novembre que les instituteurs de l'Entremont se réunissaient au Châbles (Bagnes) pour leur conférence annuelle.


5 . Malgré le ~nteau hivernal dont s'était pré.oc_ement r~vetue la terre, malgré surtout le rotd excesstf du jour qui recouvrait de givre es moustaches des pédagogues de la vallée 10tre réunion n'eut pas une seule absence à l~plorer.. To~t le personnel enseignant du disnet avatl repondu avec plaisir à l'appel de '?n clt~r Inspecteur M. de Cocatrix, le regrete cure de Bagnes et de son dévoué auxiliai·e M. ]os. Meilland de Liddes. Après la prière et une excellente allocution le M. l'Inspecteur, on procède à la lecture du tr~tocole qui n'a donné lieu à aucune obser'a twn. Il a été d'ailleurs bien rédigé par le ~crétaire Mee .Joris, que nous regrettons tous 1avotr vu quttter la carrière pour occuper ~n poste sur l.a nou~elle ligne du M.-O. M. >In specteur l_lll témotgne, ainsi qu'à M. l.s .elluchoud, egalement employé sur la même tgne, toute la sympathie toute l'estime du ~ersonnel enseignant de i•Entremont. Vient ensuite la nomination du Comité qui : !rouye, composé de M. ]os. Berthod, comme tce-prestdent, et votre serviteur secrétaire. Nous n'étions pas, cette annk dans les :anses d'être appelés à lire un sujet car nous 'avions qu'à écouter M. Friedmann' conféren· ier trè~ a~torisé qui a grandement intéressé on audttOtre par sa bonne mais renversante êvo!utionnante méthode d~ l'enseignement d~ essm. Si les instituteurs étaient enchantés de n'aair rien à produire ce jour-là mais de n'a?ir qu'à écouter, le secrétaire ~e peut pas en tre autant: car où faut-il qu'il glane pour édi· er son compte-rendu? Pour essayer de suire le conférencier, il va assurément se fouroyer; c'est pourquoi il ne le fera pas, d'autnt plus que la conférence de M. Friedmann ~ra imprimée et envoyée au personnel enseinant, ce qui, au surplus, nous donnera comlète satisfaction. Tous nous avons été enchantés de la manée et nous en sommes très reconnaissants M. le professeur conférencier. Nous l'auons encore volontiers écouté si l'heure avan!~ ne l'avait pas forcé de précipiter..... les 1enements. C'est 1 h, et notre second • nous-même • >us invite par certain tirailiement à sonaer l~i. Voilà .J?ourquoi, M. l'Inspecteur, ap~ès rotr remercte M. Friedmann au nom de tous >tts invite à nous rendre sa~s arrêt à • l'Hô~ 1 du Oiétroz », où une seconde conférence ti avait bien aussi ses bons côtés doit nous nir encore en éveil!

. Bientôt M. Fr. Perraudin est acclamé ma· ]Or de table. Sous son habile direction chants et. toasts se succèdent avec un entrain rnervetlleux. Je me borne à les passer rapidement en revue. M. l'Inspecteur de Cocatrix nous parle du beau ~ôle des instituteurs. Il est applaudi par un tnple : • Qu'il vive! » M. Cyr. Tornay salue l'administration de Bagnes. M. Ed. Felley nous régale par sa charmante production vocale. La patrie a l'honneur d'être chantée par M. ] os. Max et l'Eglise par M. Louis Oailla~d .. M. Ach. Michelod, membre de la Corn· mtsswn scolaire, nous entretient des bons rapports qui doivent unir celle-ci à l'instituteur .. A ces paroles, M. F. Perraudin répond en dtsant que la fonction de membre de la C?m. scolaire e.st avant tout un poste tout de devouement, putsque leur rétribution est presque nulle. II propose donc de demander l'augmentation des honoraires des Commissions scolaires. Cette motion est justement applaudie. N01~s entendons ensuite M. le préfet Troill~t . qUI, se demande s'il n'y aurait pas possibtltte. d augmenter d'un mois la durée du cours scolatr~. Tout. en invitant le personnel enseignant a exammer cette question, il fait des vœux. po.ur que c~aque commune, sinon chaque msfttuteur, att une bibliothèque fournie en ouvrages pouvant intéresser les jeunes gens. Il serait ainsi possible à l'instituteur de ne pas aban~onner complètement l'élève qui vtent de subtr son examen d'émancipation mais ~e 1~ s.uivre au mo~e.nt le plus oppor~ fun, c est-a-dtre le plus cnftque de la vie à cause des lectures malsaines qui lui arriv~nt sa~s bo~rse délier et des mauvaises compagntes qlll se présentent à lui comme le paradis terrestre! Ensuite, c'est M. Meilland inspecteur qui porte une santé à M. le Chef' du Départe'ment de l'Instruction publique. ~a ~artie humoristique avait été dévolue à ~n u~shtuteur dont le nom m'échappe, ce dont Je lu1 demande excuse. ~Mais hél~s! Josué ~'est plus, et personne 11:;, peut arreter le soletl! Nous sommes malheure~tsement forcés de nous séparer. C'est donc a regret que nous devons nous serrer la mam et nous dire au revoir. Lee OAILLAND, secrét.

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pourrait s'élever à 150,000 qm annuellement. -0-

Le Valais Pittoresque.

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L'ouvrage de notre collaborateur Solandieu, sur le Valais alpestre, illustré par les ateliers de phototypie jeanneret et Kern à Clarens, va incessamment sortir de presse. Sa parution avait été annoncée pour la fin de novembre, mais à la suite · d'une notable augmentation des vues phototypiques, et, par le fait, d'un remaniement partiel du texte, l'ouvrage a été retardé de quelques jours; on compte qu'il paraîtra vers le 15 dé· cembre, soit assez tôt pour pouvoir servir de livre d'étrennes. L'iHustration, d'après quelques spécimens que nous avons eus sous les yeux, promet d'être une véritable œuvre d'art; l'ouvrage comprendra environ 250 vues, dont plusieurs hors texte. La souscription a réuni le beau chiffre de plus de 600 signatures, et l'ouvrage a été tiré à 700 exemplaires seulement. -0-

Le recenRement de 1900. Le recensement de la population suisse, effectué le 1er Décembre, nous fournit l'occasion de rappeler quelle était, il y a 60 ans, celle du Valais. En voicil l'effectif par décades: Ali née

Hnbitn11t8

1850 81 .559 1860 90.742 96.722 1870 1880 100.190 1888 (au lieu de 1900) 101.985 114.438 1900 Nous ignorons encore, bien entendu, quel sera le résultat du recensement de 191 O. Mais nous ne croyons pas être bien loin de la réalité en évaluant à 130.000 env. l'effectif de la population qui sera attribuée au Valais. Depuis 10 ans, en effet, de nombreuses fabriques

et industries nouvelles se sont implantées un peu partout sur notre territoire, en augmentant de façon sensible la population. Quoi qu'il en soit, il sera intéressant d'enregistrer, dès que connu, le résultat des opérations qui viennent d'avoir lieu.

xxx jadis, au début de l'ère chrétienne, lorsque fut ordonné un recensement, chacun dut se rendre dans sa commune d'origine pour se faire inscrire. On se représente facilement J'importance de l'événement et les perturbations qu'il amena dans la vie de populations qui ne disposaient que de moyens de transport encore très primitifs. De nos jours, un recensement passe presque inaperçu: malgré les chemins de fer, personne n 'est obligé de se rendre dans sa commune d"origine ; il suffit de remplir un formulaire envoyé à domicile par l'administration . Les recensements suisses ont lieu tous les dix ans ; exceptionnellement celui qui devait être fait en 1890 fut organisé en 1888. Il n'est pas sans intérêt de consulter les chiffres fournis par les cinq derniers dénombrements faits dans notre pays. En cinquante ans, la population de la Suisse a passé de 2,392,7 40 habitants à 3,315,443, accusant ainsi une augmentation de 922,703, soit du 38 1 /~ %. Cette augmentation considérable se répartit de façon très inégale entre les diverses parties du territoire de la Con~ fédération : tandis que la population de Bàle (ville et campagne réunies) a augmenté du 135 1o, celle de Genève du 106 ·%, les chiffres de Glaris et Argovie n'accusent une augmentation que du 7 % et du 3 1 / 2 %. Entre ces extrêmes se placent tous les autres cantons, dans l'ordre suivant: Neuchâtel 80 %, Zurich 72 %, Sairnt-Oall, Zoug, Soleure, ,Valais et Vaud entre 40 et 50 %, Un, 36 %, Berne, Fribourg, Thurgo-


7 6

vie, Appenzell, Schwyz et Schaffhouse entre 20 et 307o, Tessin, Grisons, Unterwald. et Lucerne entre 10 et 20 %. La population de sept cantons seulement dépassait, en 1850, 100,000 habitants: Berne, Zurich, Argovie, Vaud, St-Gall, Lucerne et Tessin. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, huit autres cantons ont, à leur tour, franchi cette limite: Fribourg en 1860, Bâle en 1870, Neuchâtel et Valais en 1880, Genève et Thurgovie en 1888, enfin les Grisons et Soleure en 1900.

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Un premier pointage du recensement pour la ville de Sion a donné le chiffre de 6659. Il y avait, au 1er décembre 1900, 6059, d'où augmentation de 600 âmes, très exactement. Il va sans dire que ce premier pointage est sujet à des modifications mais qui ne sauraient être que très légères et ne pourront modifier le résultat indiqué que de quelques unités.

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Berne. Le recensement a donné les résultats suivants pour la ville de Berne: maisons habitées, 5850; ménages, 18,912; habitants domiciliés, 85,095. (Chiffres de 1900: 4385 maisons; 13,917 ménages; 64,227 habitants.

Bâbe-Ville. La population du canton est de 135 mille 163 contre 112,246 en 1900. L'augmeRtation est de 22,917. Soleure. Le recensement accuse pour la ville de Soleure 11,576 habitants contre 10 miHe 023 en 1900. Lucerne. Pour la vil·le de Lucerne on annonce un chiffre approximatif de 38,720 habitants. Le canton de Lucerne a donné : 165 miHe 950; étrangers 11 ,552. La popu-

lation au augmenté depuis 1900 de 19,431. Appenzell. Le recensement du 1er décembre a fait constater dans le canton d' Appenzdl (Rh. Ext.) une population de 57 miUe 706 habitants contre 55,281 en 1900. Sur les vingt communes du canton, dix présentent une diminution de la population et dix une augmentation. A Hérisau, on comptait le 1er décembre 15,257 habitants. Le 1er décembre 1900, il n'y avait que 13,472. Zurich. La ville de Zurich fournit les chiffres suivants : ménages 42,401, nombre d'habitants 188,930; population de réEn 1900, Zurich sidence 190,930. comptait 150,703 habitants. L'augmentation est don<: de 38,227 soit du 25,4 pour cent. Lausanne. Résultats de 1910 (les chiffres entre parenthèses indiquent les résultats du recensement de 1900). Nombre de maisons, 3667 (2903); ménages, 14,215 (10,038); personnes domiciliées, 64,142 (46,848); personnes recensées, 66,275 (47,532).

L'Avenir de l'Aviation Dans ses mémoires que publient les Annales, le grand savant Thomas-Alva Edison expose en ces termes l'avenir réservé, selon lui, à la conquête de l'air. • Dans dix ans, les machines volantes serviront à la poste. Elles porteront aussi des passagers. Elles iront à la vitesse de 160 kilo· mètres à l'heure. Il est impossible d'en douter. Tout ce qui n'est pas déraisonnable sera accompli. La machine vàlante qui réussira au po int de vue commercial n'est point une absurdité. Elle viendra. • Ces machines postales seront petites, aus· si petites qu'elles pourront l'être pour faire leur travail. Plus elles seront petites, moins elles o!friront de r ésistance à l'air. Mais elles

seroni pourvues de moteurs puissants et atteindront une grande vitesse, 160 kilomètres à l'heure au minimum. Il est · même possible qu' elles aillent beaucoup plus vite. Un voyage aérien ne ressemble pas à un voyage sur terre. L'air offre comparativement peu de résistance. Donnez la force motrice à un appareil et vous pouvez atteindre presque n'importe quelle vitesse. Mais, si rapide que soit la machine volante, elle ne portera jamais de poids très lourds. Elle servira à la poste, mais non pas au transport des marchandises. • Ce que je reproche au type aéroplane de machine volante, c'est d'être une machine de sport. Le problème de l'aviation, à l'heure ac· tuelle , comporte 75 % de machine et 25 % d'homme. Cela ne devrait pas être. L'appareil oui doit réussir au point de vue commercial doit être un appareil que tout homme intelligent doit apprendre à diriger dans un temps raisonnable; quand il aura appris, l'action de l'appareil doit être certaine, sûre. Peu de chose ou même rien ne doit être laissé à l'habiletê personnelle du pilote. Et ce doit être une machine qui puisse sortir chaque foi s à l'heure fixée, sans s'occuper de l'état de l'atmosphèr · • Je crois que l'on parviendra à découvrir un moyen de transmettre sans fil l'énergie électrique de la terre au moteur d'une machine en plein vol. Je ne sais pas comment cela se fera, mais il n'y a aucune raison de le croire impossible; donc, ce sera fait quelque jour. Naturellement, si cette découverte était faite demain, la question de la force motrice pour le vol aérien serait immédiatement résolue. Il n'existe pour ainsi dire aucune limite à la force dont l'on pourrait doter un appareil, donc aucune limite à la vitesse que l'on pourrait atteindre. Mais, jusqu'à cette découverte, les aviateurs devront se contenter d'un moteur quelconque à explosions. Mais, même ces moteurs à explosions sont susceptibles de perfectionnements. Actuellement, on se sert d 'essence. L'essence explose bien, mais d'autres substances lui sont supérieures sous ce rapport. J'ai entendu dire, l'autre jour, que quelqu'un expérimentait l'acide picrique. Si l'on réussit avec l'acide picrique, ce sera un grand pas de fait en ce qui touche à la puissance des machines volantes. Et, un de ces matins, en ouvrant nos journaux, nous lirons que quel• qu'un a réussi avec l'acide picrique ou une autre substance, et a exécuté quelque petite chose qui transformera la machine volante, et d'un joujou sportif en fera un succès commercial. •

Varîétés UNE SINGULIERE FAMILLE On parlait de différents degrés de parenté, et alors un monsieur assez jeune encore se met à raconter la chose suivante: Je me suis marié avec une jeune veuve qui avait chez elle sa fille. Naturellement, elle resta chez nous aussi après le mariage, et il arriva que mon père, qui avait fait sa connaissance chez nous, s'en éprit et l'épousa. Ainsi ma femme devint la belle-mère de son beaupère, ma belle-fille devint ma belle-mère et le beau-père se changeait en gendre. Ma belle-mère, la fille de .ma femme, eut un fils qui est mon frère, car c'est le fils de mon père et de ma belle-fille; mais, puisqu'il est le fils de notre belle-fille, ma femme devient sa grand'mère et moi le grand-père de mon frère d'un autre lit. Plus tard, ma femme me donna aussi un fils; et alors cela s'embrouille encore davantage. . Ma belle-mère, la sœur d'un autre lit de mon garçon, est en même temps sa grand'mère, tandis que mon père est le beau-frère de mon enfant, puisqu'il a pour femme la sœur de ce dernier. Je suis ainsi le frère de mon propre fils, qui est l'enfant de ma belle-grand'mère. Mais je suis en même temps le beau-père de ma belle-mère, ma femme est la tante de son propre fils, mon fils est le petit-fils de mon père, et moi-même j'ai le malheur d'être mon propre grand-père. Epouvantable! ! ! xx ~

• A l'Hôpital, le docteur interroge un malade : - Quelle est votre profession ? - Musicien .... Le docteur aux assistants : - Messieurs, les cas si fréquents de l'affection dont souffre ce malade me donnent encore une fois de plus l'occasion de vous prouver que les efforts causés dans l'appareil respiratoire par l'acte de souffler dans les instruments de musique sont on ne peut plus déprimants. Au malade : - De quel instrument jouez-vous? - De la grosse caisse. • - Vous savez, ce pauvre Zède, il n'a plus la tête à lui. Je crains fort qu'avant peu, il ne déménage complètement. - Oh! il n'aura pas grand'peine. Il n'a jamais eu l'esprit très meublé!


Une révolution dans la librairie romande

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60c.ts .. '

L'Eglise pendant l'Avent, nous remet sous l~s yeux les grandes prophéties messianiques, depuis leur éclosion jusqu'à leur épanouissement «dans la plénitude des temps ». . Parmi ces prophéties, celles de ~~­ chée et d'Isaïe méritent une attention particulière. En effet, elles insistent plus que les autres sur les circonstances merveilleuses qui accompagneront la naissance du Messie. Impossible d'imaginer une lecture plus en hannonie avec l'époque présente. Michée désigne, en termes fort remarquables, le berceau du Messie futur. Il naîtra dans la cité de David, Bethléem Ephrata, et il deviendra le libérateur du peuple élu. «C'est de Toi (Bethléem) que sortira Celui qui do_it être d_omin~­ teur en Israël.... Il se tiendra la, et Il paîtra ses brebis dans la force de Dieu.» Telle est la prophétie de Michée réduite à ses lignes essentielles. Elle est belle. Pourtant la figure même du divin Libérateur n'apparaît que dans la p~­ nombre · ses traits ne semblent pas revêlé au 'voyant de Morasthi. Ni son enfance ni ses humiliations ne sont passées devant les yeux de Michée. Pour le dépeindre sous cette forme, il faut la plume éloquente d'Isaïe, ce cinquième évangéliste. Isaïe, en effet, voit le Messie lui-même, dans la gloire de sa jeunesse, comme, plus tard, dans l'opprobre de la souffrance rédemptrice. Et il prophétise même son nom, dans une circonstance mémorable : « Que la Vierge conçoive et enfante un fils; qu'elle l'appelle Emmanuel (Dieu avec nous)." Une seule Vierge a enfanté, c'est Marie; et ell~ a enfanté un Dieu qui a demeuré avec nous Jésus-Christ. Le sens messianique de c~t oracle ne peut faire le moindre doute.

Ailleurs Isaïe voit Emmanuel vainqueur et libérateur de son peuple. « Un Enfant nous est né; un Fils nous a été donné. Il a sur son épaule la souveraineté, et on lui donnera pour nom: Merveilleux Conseiller, Dieu Fort, Père à jamais, Prince de la paix. " A côté de l'affirmation que le Messie restaurera le trône de David, remarquons cette série de noms singuliers que Je prophète lui attribue. Ils sont caractéristiques du rôle et de la mission de Jésus-Christ. C'est la préface de l'Evangile. huit cents ans avant que l'heure en ait sonné. Le tableau s'achève sur la description d'un âge d'or que les poètes profanes ont imitée. Elle doit être entendue dans un ~ens évidemment spirituel. Mais l'ensemble est si nettement messianique que les critiques, même protestants et rationalistE~s n'ont pas hésité à le reconnaître. C'e~t ainsi qu'à travers le voile des paroles prophétiques, nous distinguons nettement la naissance d'un personnage surhumain, surnaturel, qui sera appelé Dieu Fort. Prince de la Paix, qui règnera dans là justice. Sa vie sera marquée par une évolution saisissante: la conversion des nations.

La Vigne et les Oiseaux S'il y a des malheurs inévitables, il y en a d'autres qu'on peut modifier ou atténuer. Je veux parler des parasites qui, dans les années humides font subir à l'agriculteur des dommages presque aussi grands que les inondations, si terribles cette année, et où le vigneron voit sa récolte diminuée de moitié par le ver de la vigne. Après une sortie assez favorable, l'humidité a favorisé le développement des nombreux parasites de la vigne: tortrix, cochylis, pyrales; cette légion de micro-lépidoptères qui ne compte pas moins de 2700 espèces en France et en Suisse, a eu tôt fait d'envahir les ceps et de se nourrir à leurs dépens. En quelques jours, la fleur a été ravagée, et ce


122 qui a fructifié a été envahi par le mildiou de la grappe. Et alors ce n'est plus seulement le petit propriétaire qui est atteint, c'est tous ceux qui,· ayant des vignes au soleil, voient leurs sacrifices de culture devenir inutiles. L'angoisse gagne le propriétaire, dont la grosse part de ressources vient du vignoble. Les frais de culture sont déjà énormes, ses revenus peuvent être supprimés en quelques jours. L'oïdium et le mildiou peuvent être combattus par les sulfatages et les soufrages: c'est une dépense qui va s'ajouter aux frais de culture, mais au moins elle est efficace. Devant le ver, le vigneron est complètement désarmé. Tous les moyens proposés jusqu'ici sont sans effet. Il faudrait visiter chaque grappe et, délicatement, avec une pince, aller à la recherche du parasite ; autant dire que la chose est impossible, et qu'une fois installé, le ver peut tranquillement accomplir ses r avages sans que l'homme pu isse se défendre. Seul l'oiseau est capable de lui venir en aide et de diminuer dans une forte proportion l'invasion des parasites de la vigne et des cultures en général. Si l'homme voulait voir et reconnaître les services qu'il peut attendre des oiseaux en général, et des insectivores en particulier. il ferait tout son possible pour protéger et propager ces ~t ifs ouvriers échenilleurs qui ne lui coûient rien, et Qui cependant font une besogne incomparable. ne pouvant être accomplie que par eux. Il ne faut pas oublier que si l'on peut ch >ser les oiseaux adultes en insectivores, granivores et frugivores. à un certain point de leur vie ils sont tous insectivores. A leur éclosion , tous les petits oiseaux sont nourri s uniquement d'insectes ou de leurs larves, comme les petits des mammifères et de l'homme en particulier, son t nourris de lait. Et la quantité d'insectes nécessaires à l'élevage des couvées est énorme. Il faut avoir l'occasion d'observer une couvée de mésanges, par exemple, pour se rendre compte de la quantité prodigieuse de ces insectes apportés par le père et la mère à leur progéniture. Tous les printemps, j'assiste à ce spectacle, grâce aux nichoirs répandus autour de moi, et je pui s même· dire autour de ma table de travail, car j'en ai placé à deux et trois mètres de celle-ci, et qui sont habités chaque année. Ce printemps, j'ai eu le p laisir de voir un de ces nichoirs, placé sur une galerie et à portée de ma main, habité par une fam ille

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de torcols, dont les petits ont été nourris d'insectes de toutes espèces pendant quinze jour s Sans un instant de repos, le père et la mère se relayaient pour suffire à la voracité de leurs enfants. Où allaient-ils chercher cette nourriture? Presque uniquement dans la vigne, et sur les arbres fruitiers qui entourent ma maison de campagne, et dans la proximité immédiate des nids, car il ne faut pas oublier que les oiseaux nicheurs sont des propriétaires très jaloux de leurs droits . Je ne sais où et comment ils enregistrent ces dr oits de propriété, et si même ils ont la faculté de les hypothéquer; mais il n'y a qu'à observer une famille de mésanges établie pour la couvaison et vous vous rendrez de suite compte que leur zone de propriété exploitable pour la chasse est si bien délimitée, qu'une autre famille située p:us loin n'a pas le d roit d'y opérer. Même le moineau si voracement granivore en été et en h iver eBl forcé de nourrir ses petits avec des in sectes et des larves. Et à quelle époque ces oiseaux ont-ils le plus besoin d'insectes? Juste au moment où œux-ci vont eux-mêmes se nourrir aux d~­ pens de nos vignes et de nos arbres fru itiers, c'est-à-dire au printemps, depuis le mois d'avril au mois de juin et de juillet. La nature a ainsi des moyens de rétablir l'équilibre, mais nous devons l'y aider, et dans notre cas particulier nous le pouvons en protégeant les oiseaux. Dr BOURGET.

L'Interne On était en classe. La porte de la huitième s'ouvrit. Trente ou quarante têtes, étagées sur cinq rangées de gradins en lignes d.J:oites, se tournèrent ensemble vers moi. En face de ces têtes, au milieu de la salle, se dressait une chaire où trônait un pr ofesseur en robe de juge. Le professeur me regardait aussi. - Monsieur, d it le censeur au maître, je vous amène le nouveau que je vous ai annoncé. Le censeur s'étant retiré, la porte se referma, laissant dehors toute la lumière, toute la liberté, tout ce qui est le bien commun des fils des hommes. Quatre fenêtres aux vitres ternies, touchant le plafond, soupiraux plutôt que fenêtres, lais-

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saient voir le haut d'un ciel morne. Le ciel, trop loin de nous, ne s'humanise qu'en descendant sur les horizons terrestres où il semble qu'on pourrait le toucher. Je regardai les fenêtres, puis les têtes toujours immobiles qui m'épiaient avec malice. Le professeur me considérait aussi. De part et d'autre, on s'observait curieusement. Je restais là, ne sachant que faire. Si j'avais été libre de moi-même, si j'avais pu parler selon mon cœur, j'aurais dit: - N'est-ce pas, monsieur, que vous serez bon pour moi? Je vous aimer ai bien, si vous voulez. et je tâcherai de bien travailler. J'aimerai bien aussi mes petits camarades. Je viens de quitter mon pays, qui est loin maintenant. là-bas. tout là-bas. où c'est plus ga i qu' ici. le ciel et les arbres et tout. ]'ai envie de pleurer. parce que i'ai laissé là-bas Tienne! et Léon, et surtout la grande Lise ... Mais je vous aimerai fous... je veux vous aimer et travailler aussi, de tout mon cœur. De tel!es paroles feraient pouffer de rire toute une classe. si un professeur pouvait les écouter. Mais elles seraient interrompues dès le prem ier mot. Je ne les prononçai pas. Je sentais qu'elles n'étaient pas de mise. Je les rêvai seulement. Un éclat de rire univer sel répondit à ma rêverie. C'est que sans doute je devais avoir l'air bien sot, avec mes bras ballant, ma mine d 'oiseau sauvage poussé pour la première fois dans la cage aux serins savants. Je regardai le maître. Il n'avait pas l'air méchant, mais rien de ce qui me troublait en ce moment ne pouvait entrer dans sa tête; je n'étais que le nouveau, un de plus, un être sans personnalité, un enfant, rien... Encore une copie à corriger! Si j'avais surpris dans son regard un peu de cette bonté parlante que je connaissais pour l'avoir vue dans les yeux de Lise et dans les gros yeux de mon âne, j'aurais été peutêtre sauvé de bien des douleurs. Mais, dans ma détresse, aucune sympathie humaine ne se dégagea du maître pour me secourir. Les enfants commençaient à chuchoter en se poussant du coude. Les rires reprenaient plus bas. - Le premier que je prends à rire sera privé de promenade dimanche... Vous, le nouveau, allez vous asseoir. Le troisième banc, à droite, contre le mur.

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Je tâchai de m'orienter. Je pris, entre les cinq r angées de tables, le sentier, la coupée montante. L'escalier de bois résonna sous mes petits pas d'une façon terrifiante... Je faisais trop de bruit ; je le sentais! c'était défendu ici ... J'étais au beau mi lieu des têtes moqueuses. Un des élèves, quand je passai près de lui, souffla : - Comment t'appelles-tu? Une voix gouailleuse répliqua, tout près de moi : - C'est M. Peau de Lapin 1 Mon père. la veille , com~1e j'avai.s froi.d, m'avait acheté, assez maladrottemcnt, Je crots, des poignets de fourrure. T'étais tremblant de timidité, de honte et d'effr oi. - Où allez-vous donc? J'ai dit le troisième banc. à droite. J'étais tout en haut des gradins; je me retournai vers le maître. Grâce à ce mouvement, sa droite devenait ma gauche. De plus, le troisième rang devenait pour moi le second. Je redescendis deux marches et m'engageais entre les tables, à droite. - J'ai dit: le troisième banc à dro.ite! .reprit la voix du maître, avec une ~ertame unpatience. La droite, c'est votre drotle en montant... Le troisième rang-en-mon-tant. Il pesait sur les syllarn;s. Les. rires ~ede­ vinrent bruyants. Les platsantenes parhrent de tous côtés. Je perdis la tête et je fondis en larmes. - Voyons, mon petit ami, reprit l'honm1e, adouci brusquement, ne pleurez pas... et suriout ne dérangeons pas la classe. Vous, Robin. conduisez-le. Un élève se leva , me prit par la main, sans rire, me montra ma place... Oh! celut~là, je l'aimai tout de suite. Comme les r ires ne se calmaient pas: - Lenoir, vous me <::opierez cinq cents vers et vous, Bonnet, allez vous mettre dans le c~in, au piquet, et rondement. .. Messieurs, passons à la grammaire latine. Première déclinaison.

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La classe entière parut calmée. Les récitations commencèrent, monotones, bourdonnantes, coupées par l'observation sèche du maître, qui donnait sa note, puis l'inscrivait. Des voix s'acharnaient autour de moi à répéter ironiquement: - Peau de Lapin! Peau de Lapin!...


1:24 - Eh ben, quoi? Il a mis les fourru res à sa grand'mère! Je regardai les soupiraux. Le ciel semblait plus morne, plus nuageux que tantôt... Je me mis à pleurer silencieusement, étouffant mes sanglots, me mordant les lèvres pour ne pas faire de bruit... 0 Tiennet! hélas! où étiezvous? Où était-elle, l'école où l'on était battu par les professeurs de musique, mais que du moins on quittait le soir pour r etrouver les éta hies de sauterelles et le petit âne à 1'écurie? Où était-il, l'enfant de troupe, le grand camarade qui, à la sortie, par les soirs d'hiver et de pluie, vous emportait, entre ses bras. roulé dans son grand manteau? Oü étaient mes consolations naturelles. 0 mon Dieu! Tous mes chagrins d'avant, toutes mes misères de là-bas, comparés à ceci, c'était du bonheur véritable! Oh! comme je les regrettais! Quels élans vers mon pays! Mon cœur d'oiseau pris au piège battait à rompre. Souffrir en liberté, souffrir des peines naturelles, voilà ce que demande l'âme d'un enfant pour l'indépendance, la fierté et les nobles énergies en la faisant mordre ainsi par un engrenage sans pitié et sans conscience. Entre les dents de la machine, elle n'apprend que l'avertissement plat ou la révolte haineuse. - Le nouveau! comment vous appelezvous? II le sait bien : mais il fallait le lui dire, de· vant tous ces autres, qui se moquaient. - Raymond, monsieur. Mon accent provençal me perdit une fois de plus. Les rires redoublèrent. - Votre nom de famille? -Martel. - II est de Marseille, pour sûr ... - Non, c'est un Gascon! - Non! c'est un Auvergnat. - Vous savez • rosa », la rose; récitez « rosa », la rose. Je récitai au milieu des rires qui se dissimulaient derrière les cahiers et les livres .... Mais tout à coup, Lison m'apparut, et, distrait, infiniment malheureux, je me mis à ânonner : « 0 rosa •, ô rose .... ô rose! • avec des sanglots de plus en plus forts.

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Heureusement, le tambour retentit. La classe était finie ... Oh! le tambour de Léon comme il disait autre chose, là-bas, dans la lumière et les fleurs, quand nous faisions, drapeau

flottant, l'escorte d'honneur à la grande Lise! « Rosa », la rose. Un jour de sortie, j'avais apporté une rose de mai, et, pour la garder vivante le plus longtemps possible, j'avais apporté aussi un verre. Je la mis dans l'eau , au fond de mon pupitre. A chaque instant, je la contemplais. C'étai s très mal, je le sais. Il n'est certainement pas tolérable que les internes aient des roses. Songez donc! Les roses parlent! Et elles ne parlent pas en latin. Elles disent, · quoique bien bas, des choses tout à fait contraires à la discipline du silence. Elles font venir de coupables pensées, rien n'est plus certain. Elles in· vitent les petits enfants comme les grandes personnes à courir les sentiers qui reverdissent, à aller voir, au-dessus des collines, se lever l'aurore qui, si l'on en croit Homère, porte leurs couleurs... J'étais donc très coupable, je l'avoue. Dans sa maison , l'externe est libre d'avoir, sur sa table de tr avail, un bouquet de fleurs ct de feu ill age qui peut-être lui sera le meilleur commentaire de Virgile et d'Horace. Mais si quatre ou six cents petits Françai~ , captifs des prisons de l'Etat à leur usage, ca· chaient tous un jardin dans leur pupitre songez-y bien - quelle abomination! Un par· fum subversif se répandrait dans les salles d'étude, s'échapperait par les vieux judas condamnis, circulerait dans les couloirs et mettrait le désordre au cœur du petit peuple qu' on veut élever par l'ennui et pour l 'ennui. Tant qu'il y aura des internats, les roses y seront et resteront condamnables, inadmissibles, car elles sont la négation triomphante et divine de tout artifice, de tout utilitarisme, de toute froide autorité ... On n'a jamais vu un censeur au lycée, marcher en respirant une rose. Il ne pousse pas de fleurs sur les férules... Je possédais une r ose; j'étais donc secrètement en état d'insurrection. J'avais une rose comme un conspirateur a, chez lui, une bombe. Ma rose se trahissait par son parfum. 11 s'échappait de mon pupitre et faisait flotter dans toute l'étude une surprenante bouffée de rêves et d'espoir. On voyait sourire de belles dents blanches, entre les lèvres rouges. Les meilleurs élèves s'accoudaient un instant pour regarder, à travers les barreaux, le bleu lointain du ciel de mai ... Et c'était sur le conseil de ma rose. Quand j'ouvrais mon pupitre, un fin rayon

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de soleil venait jusqu'à elle, la baisait, la baî· gnait, l'enveloppait toute. Comme j'avais pitié d'elle, j'ouvrais souvent. Je découvris au cœur de ma rose un petit scarabée. Il dormait, confiant, et je me disais que là-bas, chez grandpère Martel, les rosiers de mai, devant la mai· son , devaient porter des fleurs aussi belles, peut-être plus belles que celles-ci. Et ma petite âme rêveuse se blottissait, à côté du scarabée d'or vert, au cœur le plus secret de ma rose, sous les rideaux du petit lit féén que aux re· plis transparents et fins, pénétrés de fraîche lumière. Une ombre soudaine intercepta le joli r ayon. Une énorme main entra dans mon pupitre, prit la fleur magnifique dans sa prison de verre, - et, par une fenêtre qui n'était pas grillagée, parce qu'elle donnait sur la cour, je vis disparaître ma rose... Elle tournoya dans le vide, sur le bleu du ciel, et retomba, la tête la première, comme un petit être éperdu ... Jean AICARD, de l'Académie française.

terrible angoisse pour une aïeule au seuil de la tombe de laisser une enfant sans défense, seule, abandonnée à toutes les . malsaines suggestions de la misère. La grand'mère voyait arriver la mort avec effroi. Elle appela l'enfant et d'une voix affaiblie: - Ecoute, lui dit-elle, je vais bientôt mourir; tu vas te trouver sans appui, sans un ami ; les pauvres n'en ont pas. Tu n'auras mê· me pas, dans un coin du cimetière, une tombe sur laquelle tu pourrais venir pleurer, les gens comme nous, on les jette dans la fosse et c'est fini par là. J'ai connu de meilleurs jours, et si j'avais été moins fière, j'aurais pu entrer à l'hospice; outre qu'il me répugne de tendre la main, il aurait fallu me séparer de toi; ce sacrifice était au-dessus de mes for ces. Tu es le rayon de soleil à la chaleur duquel je réchauffais mon cœur endolori; tu étais mon seul bien, ma seule joie et j'ai préféré manquer de tout, cher petit ange, plutôt que de te quitter. La mort m'effraie, oh! non pas pour moi, c'est la délivrance: pour le pauvre. la vie est --------------·-~·~·----------un lourd fa rdeau , et la tombe est légère; c'est pour toi, chère petite. Je voudrais t'emporter! Pardonne-moi, je blasphème; mais c'est que je t'aime et que j'ai peur, peur de l'avenir. 1\\es forces s'en vont; adieu, mon enfant, La neige couvrait la terre; c'était l'hiver, · un hiver rigoureux, avec tout son cortège de courage... Je vais retrouver ta mère, nous pauvres en haillons, de loqueteux grelottants, veillerons sur toi . que le froid fait sortir de leur galetas sans feu Après cet effort, elle tomba dans ia pros· et qui viennent, pâles et hâves, implorer la tration qui précède l'agonie. pitié des passants. L'enfant la croyant endormie, sortit sans Dans une mansarde mal close, ouverte à bruit et descendit dans la rue. Jamais la mi· tous les vents, une fillette de quatorze ans sère ne lui avait paru plus hideuse; elle conétait agenouillée auprès d'un grabat, sur le- çut le projet de mendier pour venir en aide à sa grand'mère. quel sa grand'mère malade reposait. La nuit était venue. Elle se décida à demanElle. la contemplait d'un regard attristé. La misère était grande dans le taudis; petit der l'aumône sur le trottoir. Elle n'osait pas: c'est dur de mendier quand on n'en a pas à petit, la grand'mère avait tout vendu: les meubles, puis les hardes, les matelas, jusqu'à l'habitude. C'est en tremblant et la voix basse qu'elle un médaillon, unique souvenir de sa fille, mor· te en donnant le jour à cette blonde fillette accosta un passant. - Monsieur, mon bon monsieur, dit-elle, que la grand'mère avait recueillie. Le propriétaire que l'on ne pouvait plus faites-moi la charité; ma grand'mère est bien payer, avait prévenu qu' il fallait solder le lo- malade et nous n'avons pas de feu, nous n'avons rien à manger. Je vous en prie donnezyer ou partir. moi quelque chose. « Je partirai bientôt, avait dit la grand'mè· Le passant fit un geste et continua son che· re. » min. Mais l'enfant qu'allait-elle devenir? La pauvre vieille songeait, non sans ter· Elle recommença, se fit plus suppliante. reur, au sort qui l'attendait. Quand elle ne - Monsieur, monsieur, ma grand'mère se serait plus là, qui la protègerait? C'est une meurt, donnez-moi un sou, rien qu'un! Si

L'Hiver


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126 vous saviez comme nous sommes pauvres! j'ai faim j'ai froid; laissez-vous attendrir. Mais 'tes passants ne l'écoutaient guère; sanglés dans leurs habits, le col de leur pardessus relevé ils marchaient à grands pas courant à leu~s plaisirs ou à leurs affaires, et nul ne faisait attention à la pauvresse. - Des mendiants, on ne voyait que cela! :- Même, l'un d'eux menaça de la faire empo1gner. La douce créature, sans se décourager, gagna les boulevards; songeant à sa grand'mère, elle s'enhardit; tendant sa main rougie, elle suivit les passants. - Monsieur, je n'ai pas mangé, j'ai froid; ayez pitié de moi. Vous vous sauvez? ... Madame, je vous en prie, écoutez-moi! Vous ête~ belle, vous devez être bonne; donnez-mOl quelques sous et je vous bénirai. Un seul de vos bijoux rendrait la vie à ma grand'mère. Vous ne m'écoutez pas? Vous ne me donnez rien? Oh! mon Dieu, je ne sais pas m'y prendre! Comment faut-il faire? Comment faut-il faire? Prise subiiement d'une sombre énergie, elle s'accrocha aux habits et la voix pleine de sanglots: - Monsieur entendez ma prière. Je n'ai jamais mendié, {e vous le jure! Je ne sais pas, c'est pour ma grand'mère. Je ne suis pas une menteuse, je ne mens jamais. Rien qu'un sou, s'il vous plaît... Ma belle dame, vous me d~n­ nerez, vous? Vous avez peut-être une peüte fille comme moi... cela lui portera bonheur ... Rien ... rien ... Ils ne m'écoutent pas! Et la fillette tordait ses petits bras de désespoir. Il gelait; la neige s'était mise à .tomber; elle tombait à aros ilocons; un vent vwlent la soulevait en t~urbillons, un vent qui vous glaçait jusqu'aux os. La pauvre petite, presque nue, grelottait sous ses haillons, ses dents 'S'entrechoquaient, tout son frêle petit êtr.e tremblait; elle n'y prenait pas garde; elle allait toujours, l'enfant sublime, ne pensant qu'à sa grand'mère qui souffrait, sans feu, dans leur triste mansarde. Elle implora de nouveau. Un homme ivre l'accosta. - Qu'est-ce que tu veux? lui demanda-t-il. - · Un sou, lui dit-elle, j'ai faim. - Suis-moi, dit l'ivrogne, je vais te payer à boire. Voulant l'entraîner, il chancela et roula dans la neige. La fillette, effrayée, s'enfuit.

Elle se trouva à la porte d'un théâtre à l'heure de sortie; elle recommença son manège. Chacwt la repoussait comme on fait d'un être importun; à la fin, un passant la renversa brutalement. Elle se leva, le front ensanglanté; dès lors, elle ne mendia plus. Un revirement se fit dans tout son être; dédaigneuse et hautaine, ~ile vint s'adosser contre une porte; elle cr01sa ses petits bras bleuis par le froid; elle demeura longtemps immobile. On eut dit l'Ange du désespoir. Qui sait les sombres pensées qui agitèrent son cerveau? Pour la première fois, dans son regard limpide, brilla un éclair de haine II était deux heures du matin lorsqu'elle se décida à regagner la mansarde. Elle entra sur la pointe du pied. A tâtons, dans l'obscurité, elle s'approcha du lit. - Grand-mère. dit-elle. pardonne-moi de t'avoir laissée seule; pour te procurer du feu , j'ai imploré la charité. J'ai mendié; ne m'en veux pas, nous sommes tellement abandonnées ! Ils ne m'ont rien donné. Ils sont tous sans pitié! Les pauvres sont ~1au~its! ~e suis revenue! Si tu savais comme Il fall fr01d! La nei)!e tombe. le vent souffle; j'atlais défaillir. Mais tu ne me réponds pas? .... Tu dors? .... La arand-mère n'entendait plus. Sa tête grise. ine~te. reposait sur le j;!'rabat, l'œil fixe, la bouche entr'ouverte comme pour donner un dernier baiser; la mort était venue exerçant son ravage, délivrant de ses liens l'âme rivée à ce corps décrépit. L'enfant reprit: - Grand-mère, c'est moi, ta petite-fille; ne me reconnais-tu pas? - Réponds-moi je t'en prie! j'ai petJr, parlei Rien qu'un m~t, un seul. Parle ou j'appelle! Un bras de la grand-mère pendait au dehors du grabat, un bras rigide et glacé; l'enfant le toucha du doigt. Elle demeura atterrée. Elle voulut crier, pas un cri ne sortit de sa gorge. Elle comprit que la mort avait passé par là, et elle tomba à genoux. Le lendemain, au jour, quand on vint pour les expulser, on la trouva morte de froid. Eugène FOURRIER

La Réforme du Calendrier

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On sait que le Conseil fédéral songe à prendre l'initiative de la réforme du calendrier grégorien. Il a déjà consacré une séance, dernièrement, à l'examen de cette question, qui soulève de nombreuses difficultés. Le gouvernement helvétique a parfaitement conscience de ceG dernières, mais, s'il ne renonce pas à la tâche, c'est parce que, si la Suisse refuse de s'occuper de la réforme du calendrier, la Hollande s'est offerte, dores et déjà, à la remplacer. Ce rsont certaines chambres de commerce et, notamment, celles qui avaient envoyé des délégués au Congrès international des Associations commerciales et industrielles, en juin dernier, à Londres, qui réclament une modification de notre calendrier. Voici le texte de la résolution votée par le Congrès de Londres le 21 juin 1910: «Il est désirable d'arriver à l'établissement d'un calendrier fixe international. » Il est désirable de réaliser, par accord international, la fixité de la date de Pâques. » Le Congrès charge le comité permanent de provoquer l'initiative d'un gouvernement, qui convoquera une conférence diplomatique officielle, aux fins de réaliser la fixité de la date de Pâques et l'établissement du calendrier fixe· international. » Les inventeurs de nouveaux systèmes de compter le temps sont légion. Beaucoup d'entre eux ont déjà envoyé au Palais fédéral l'exposé de leurs théories. Nos autorités auront quelque peine à débrouiller toutes ces paperasses. Toutefois, on prétend que le Conseil fédéral aurait déjà à peu près arrêté son choix. Ses préférences iraient au système du mathématicien genevois Orosclaude.

Nos lecteurs veulent-ils apprendre à connaître ce système? Le voici expliqué brièvement: La terre faisant son évolution autour du soleil en 365,242217 jours solaires moyens, il en résulte que l'année est une unité de temps qui s'impose d'elle-même. On pro_pose de la partager en quatre trimestres de 91 jours, nombre divisible par 7, en sorte que chacun d'eux aurait un nombre entier de semaines, soit 13; les deux premiers mois de chaque trimestre auraient 30 jours, le troisième 31. L'année aurait ainsi 364 jours; le 365me n'aurait pas de date; il s'intercalerait entre le dimanche 31 décembre et le lundi 1er janvier, et s'appellerait I.e jour de l'an. Pour les années bissextiles, on intercalerait un j0ur, nommé jour bissextile, entre le 31 juin et le 1er juillet. De cette façon, toutes les dates deviendraient absolument fixes, et en particulier celle du dimanche se calculerait très facilement-; elle serait toujours égale à un multiple de 7, diminué de 30 ou de 60, suivant que l'on serait dans le deuxième ou le troisième mois du trimestre. Soit par exemple 42; on aura 41-30= 12, c'est-à-dire que le 12me jour de février, mai, août et novembre serait un dimanche. De même 77 -60= 17 : les 17 mars, juin, septembre et décembre seraient aussi des dimanches. Un autre moyen fort simple serait de se rappeler les nombres 7, 5 et 3 qui représenteraient respectivement les dates du premier dimanche des mois successifs d'un trimestre. Une particularité intéressante est que le dernier jour de chaque dernier mois du trimestre serait un dimanche, puisque 31 +60=91, multiple de 7; commercialement parlant, on pourrait donc dire que tous les mois auraient 30 jours, ce qui simplifierait considérablement le calcul des intérêts et des comptes-courants. Mais il y aurait encore à ce système


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bien d'autres avantages. En particulier les fêtes et les foires iixées, ainsi que les jours marquants de l'année, tels que commencement et fin des cours, rentrée des tribunaux, anniversaires nationaux, etc., auraient toujours lieu le même jour de la semaine et à la même date; par exemple Noël serait un lundi, l'Assomption et la Toussaint un mercredi, le 14 juillet (multiple de 7) un dimanche, la Saint-Martin un samedi, et ainsi de suite. Au point de vue religieux, le dimanche serait conservé comme par le passé; il y aurait, il est vrai, au commencement de l'année, une semaine de huit jours, mais le jour supplémentaire étant celui de l'an,_ jour presque universellement consacré à d'autres occupations qu'au travail, n'introduirait pas la semaine de sept jours sans repos. Pour la semaine bisextile, l'objection serait plus importante, mais il faut remarquer qu' elle ne se présentera que tous les quatre ans et que chacun sera libre d'utiliser le jour bisextile comme bon lui semblera. Telle est, dans ses grandes lignes, la réforme proposée par M. Orosclaude. jusqu'à ce qu'elle se réalise dans le domaine de la pratique, il se passera encore sans doute quelques années.

cipale ambition était de découvrir le pôle Nord. Il continue: • j'ai passé dans les régions arctiques deux années pendant lesquelles les souHrances et les privations que j'ai endurées eussent amplement sufti à déêéquilibrer n'importe quel cerveau. • Il serait impossible pour n'importe qui de prouver indiscutablement qu'il est allé dans la région polaire. Lorsque je me suis rendu compte de la sensation énorme qu'avait produite la nouvelle de ma découverte, je fus complètement affolé. • Pendant les mois de ma disparition, je ne me suis jamais caché sous aucun déguisement. Pendant une partie de ce temps, j'ai vécu avec ma femme et mes deux enfants et pres· que toujours à Londres. Je n'ai jamais été recmmu. Je dé3ire maintenant retourner dans mon pays. Le souci d'être compris par mes compatriotes efface pour moi tout l'honneur d'avoir découvert le Pôle, ce qui, pour moi, ne signifie plus rien si j'ai perdu la confiance des Américains. Je veux qu'ils sachent tout ce que j'ai souffert pendant mon séjour dans les régions arctiques. •

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LES MERVEILLES DU MONDE. Des sept merveilles du monde. dont parlait l'antiquité, le colosse de Rhodes, le phare d'A· lexandrie, les jardins suspendus de Babylone, le temple d'Ephèse, le tombeau de Mausolée à lhlicarnasse et la statue de Jupiter à Olympe, ont disparu et il n'en reste que de vagues et informes débris. Seule la pyramide de Chéops a résisté partiellement à l'elfort des siècles et au vandalisme des hommes. Aujourd'hui les merveilles du génie humain ne se comptent plus et il est bien dilficile d'accorder la palme à l'une au détri~nt des autres. Cependant le LE Dr COOK N'EST PAS ALLE AU POLE réputé ingénieur anglais F.-W. Emerson s'est Le Dr Cook, qui prétendit l'an passé être livré à une étude critique comparative des ouallé au pôle Nord, publie aujourd'hui dans vrages d'art les plus remarquables de l'époune revue américaine, une rétractation de ses que moderne, et il a ainsi dressé la nouvelle lisle suivante des sept merveilles du monde: précédentes assertions. Il dit entre autres: 1. Eglise Saint-Pierre à Rome. - 2. Arc de • Après mûre réilexion, j'avoue que je ne sais pas si j'ai atteint le pôle Nord. La con- triomphe de l'Etoile, à Paris. - 3. Canal de fiance de mes compatriotes est la seule chose Suez. - 4. Tour Eiifel, à Paris. - 5. Pont du dont j'aie maintenant besoin. Des mois d'iso- Forth, en Ecosse. - 6. Tunnel du Saint-Gotlement et les souffrances de la faim m'avaient hard. - 7. Les deux transatlantiques Lusitaen partie déséquilibré, et je crus vraiment à nia et Mauretania. un moment que j'avais atteint le pôle. » Le docteur Cook dit ensuite que toute sa vie il ne rêva qu'explorations ,et que sa prin-

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