No 09 l'Ecole primaire, 10 Décembre 1914

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80 d'héroïsme, et par là même, apporte des élénents de guérison dans le grand combat entre a vie et la mort.... Tous 'les conflits ne se résolvent pas en 1armonie sur cette terre, loin de là·! Les choieS accessoires doivent souvent être sacrifiées L la chose principale, et dire toujours I'en:ière vérité entraîne un certain martyre toul :omme l'amour qui ne se recherche pas, l'honlêteté incorruptible et la pratique de toutes les autres vertus. D'aiheurs, est-ce que le mensonge dénouerait les conflits humains? N'exige-t-il pas ses sacrifices? N'immole-t-il pas le principal à J'accessoire, le caractère à l'avantage du moment. la vaillance à t'amour de l'aise. la fidélité à la pressioo des circonstances? Et combien sont néfastes de tels sa· cri fi ces pour notre âme! La vérité absolue est un symbole pour tout ce qui est grand et fort; elle comporte. donc aussi la croix, sans laquelle il: n'y a pomt de progrès moral! D'après F.-W. FŒRSTER. l

Variétés LES MISERES DE LA GRANDE VILLE Parmi les petits métiers, il en est de lamentables qui constituent le triste ~e~ord d.e la misère et de ,)a pauvreté. En VOI CI un, tl est peut-être le plus navrant. . . II s'exerce le soir, à l'heure ou les astles de nuit vont s'ouvrir. Ils sont là quelques douzaines de pauvres diables attendant dans la rue, et plus gais, semble-t-il, à l'idée d'une nuit de répit dans leur vie de détresse. Mais l'asile ne pourra jamais contenir tous ces malheureux.... Les derniers venus vont encore être réduits à passer la nuit à la belle étoile. Non car dans les premiers rangs de cette cohort~ de deshérités, quelques voix s'élèvent qui crient: • t.J'ne place à vendre, qui veut ma place? , Un peu de mouvement, quelques marchandages, et pour deux,. trois, quatre ~us, parfois six lorsque le ael menaçant la1sse prévoir des ondées nocturnes, un des retardataires, dont la journée fut bonne (?), achète à un plus pauvre que lui le droit de coucher dans un lit. Et l'autre s'en va, ses décimes en main, chercher un abri moins confortable sous les ponts ou sous un banc.... oooooo

LA TELEPHONIE SANS FIL On a expérimenté la semaine dernière, entre Paris et Voves - 105 kilomètres - et entre Paris et Mettray - 200 kilomètres - des appareils de téléphonie sans fil dus aux recherches du capitaine de frégate Colin et du lieutenant de vaisseau Jeance. . Ces expériences ont, paraît-il, merveilleusement réussi. La voix humaine a été entendue très distinctement, sans la moindre • friture ~ . et dans son timbre naturel. L'invention du capitaine Colin repose sur le principe de la télégraphie sans fil. Un éclateur crée autour de !"appareil transmet· teur des oscil1ations continues d'intensité variable et des microphones font varier l'inten· silé d~ l'osdllation de manière à enregistre.r et à permettre de percevoir la J?3role huma•· ne. Les osciUations sont transrruses ~t reçue.s au moyen d'antennes. Les arcs de 1apparetl transmetteur brillent en vase dos dans un g~z qui permet, par sa composition, . de nournr les étectrodes de charbon; il s'ag1t, sans aucun doute d'un hydrocarbure. Ajouto~s que, conu:ne p~ur la télégraphie sans hl, deux 21ppare1ls, 1 un transmetteur. l'autre récepteur, ne peuvent ~e mettre. en communication que s'ils e"'plment lia meme longueur d'onde, si bien qu'en employant des longueurs d'onde différant entre elles de très peu de chose, des postes très n~reux peuvent causer ensemble sans se gener aucunement. · 11es ,d ~ l'·n Telles sont les données ·essentte 1· vention du c-apitaine Colin. Des ex:penences vont se poursuine sans relâche entre les postes de Paris, de Voves et de ~ettray. 00000

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Les enfants terribles: . , . L'invité. _ Quel dîner el«}UIS... J at rarement aussi bien mangé .... Le fils de Ja maison (dix ans). - Et nous aussi.

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• Chez le chapelier. - Je vous demande un chapeau huit reflets . et je n'en vois que sept? . _ Que Monsieur me la1sse son adresse, 1e lui enverrai le huitième. 000000

vtmatve COJ ~{ ~1\lfJJ ~ DE LA

Soeiéte valai~af)Qe d ·édu~ation Publication au MUSBB PEDAGOGIQUE L'Ecole primaire donne de 10 à 12 livraisons de 8-16 pages chacune, non compris la couverture, et autant de snppléments de 8-16 pages pendant l'aunée ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre).

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Tout c::e qui c::onc::erne la public::ation doit être adressé direc::tement à son gérant, M. P . PIQNAT, S ec::rétalre au Département de l'Instruetloo publique. à Sion.

t Le suffrage universel e~t un esclave qui chôisit ses maîtres et congédie généralement ceux qui font la meilleure besogne.

t Dieu ne fait rien que pour i'éternité. I .P r~lrnl rnPnt~l tlnit P.trP 1~ h~o;:p tin r~lrnl Prrit• il Pn Pd IP rnrnn2dnnn


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Sommaire de cette livraison L~dle

du village. - ·Précis d'instruction civique (suite). - La composition française Vivante. - Gymnastique et santé. - Partie pratique: SUJjets de composition. Miettes .pédagogiques.

SION, 10 Décembre 1914,

le chanoine Jos. Mariétan, élevé à la diImité d'Abbé de ::;t-Maurice.

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L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

Mon Almanach.

Je viens d'en acheter deux exemplaires. L'un est destiné à un ami qui, depuis plusieurs années. monte la garde. Sommaire du Suppldment Jfo 9 sous la bure blanche des Dominicains, (Ce supplément a 16 rpages.) devant le tombeau du Christ à JérusaDevoir du chrétien. - Prêtre et soldat. lem. Déjà plusieurs années, je le lui enLe premier miracle. - Bois, mon gosse! voie en guis~ de carte de visite, et c'est L'Eg.Jise, mère des patries. - La dernière dijour de fête quand il lui parvient. ligence. - L'art de se gêner. - Poules saAppelé par Dieu et par son enthouvantes. - L'âme du pauvre. - Eléva1ion sur siasme sous le ciel sacré et si plein de les hauteurs. - L'appel à la frontière. _ Ce souvenirs de la Palestine, il a conservé qu'il faut pour s'établir. - Variétés. de sa petite patrie valaisanne un souve--enir très viv.:ace. et son culte pour le visage aimé du pays natal s'accroît avec l'éHos Coll~ges. loiJ;!nement et l'écoulement du temps. Nos trois établissements d'instruction Aussi, quelle joie à la yue de la cousupérieure de BriQ"ue. Sion et St-Mau- verture toute neuve et toute flamboyante rice, comptent pour le cours scolaire de mon almanach. de son almanaèh, de 1914-15 l'effectif d'élèves ci-après: l'Almanach du Valais. Car c'est lui le Val. Du dehon Total gracieux messager qui apporte là-bas, Brigue 114 dans les vallonnement~ arides et sans S~n 121 16 137 arbres, un morceau de l'Alpe blanche St-Maurice 140 131 271 oè les chalets brunis s'entassent pour Soit au total 522 élèves. se réchauffer autour des sapins et des • arolles brillamment poudrés pour la * "1 · 'I . _'~J;'1 A Brif!ue, 57 *élèves appartiennent au N oe. J;!ymnase. 49 à l'école industrielle et 8 Et le cœur de l'exilé bat plus rapideà l'école allemande. 65 élèves sont ex- ment encore en p~courant ces pages ternes. cl' .)Ù se dégage le parfum concentré de A Sion, le collège classique comprend re oui fut l'âme et la vie. les soucis et 113 élèves et l'école industrielle supé- les ioies de ses ancêtres, de ses parents, rieure 24. de ses compatriotes du vieux pays. 40 étudial).ts prennent pension, 9 la Rappeler les faits gJorieux, les coudemi-pension soit au Séminaire, soit en tumes humbles ou brillantes. les mœurs ville; les autres ont leur famille à Sion. simples et rudes de nos arrière grandsA St-Maurice, le gymnase compte pères, leur conduite héroïque ou leurs 179, l'école industrielle 55, le cours des U:gendes naïves: retr:1cer les événements Allemands 25, et le cours préparatoire sa illants de l'année. ceux dont l'écho 12 élèves. roule jusque dans les plis de nos valDans les 271 élèves de ce collèJ:!e ne lées les plus reculés: tel est le programsont pas compris une dizaine encore me que s'est tracé l'Almanach du Va· retenus sous les drapeaux. Lais et qu'il remplit cette année pour la C'est M. le chanoine F-ythoud qui quinzième fois. Honneur à lui ct à ses remplace, au cours de philosophie, M. dévoués et fidèles collaborateurs.

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SOCIETE YALAISAlllfB D'BDUC.ATIO:B' ~

. L'Ecole de village Qu~lques semaines avant la terrible guerre ell!opeenne, les ,Annales politiques et Jitté:m•res'' nous· offraient- un délicieux tableau d'~ne humble classe de village. Nous reprodUJsons cet article, parce que le poème attach~nt ~e l'éco!e d~ Montromant, dans Je LyoO. na•s, c est l'histOire de milliers et de milliers d'écoles de France et d'ailleurs.

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ne sais rien de plus attachant ni

~neme, pour une âme simple, de plus

emouvant que de suivre, à travers Je Passé, l'histoire de nos écoles de villaP"e Plusieurs de nos braves instituteurs Qilt eu l'idée, dont il _faut les remercier, de consacrer leurs vacances ou leurs loisirs à de pa1ientes recherches dans les archives communales. Grâce à l'un d'eux ie puis savoir comment l'instruction est née, sur un modeste coin de la patrie et _c'est - vous allez voir - un petit poeme assez attacha nt. Le village de Montromant, que nous prendrons pour type, _s'est installé sur un rameau des monts du Lyonnais. en. tre plusieurs vallées; il s'étqg-e a ti flanc de coteaux escarpés, de collines ?:! pente raide. Malgré les résistances du terrain le sol en est admirablement cultivé pa; une de ces populations agricoles si ard~mment laborieuses, comme il ~ en a tant dans notre cher pays. Là des vignes ; ici, le froment, le èhanvr~, les arbres fruitiers ; les parties ha utes vêtu ès de tai~lis et de pâturages, sont réservées au setgle et à la pomme de terre Chaque_ année, les fruits, fraises, ~erises, abncots sont transportés en . quantités immenses vers la ville. Laborieux, commerçants habiles mes •

villaQ"eois ont. de tout temps, fait preuve d'un goût décidé pour l'instruction. Dè_s le début du Jsme siècle, je les vois pr · d l'éd t' d eoccupes e uca IOn e leurs enf.:mts. Mais ouel début! Les maîtres d'alors, ce sont des colporteurs venus du Dauphiné, de la Savoie ou de l' Auvergne. Ils apparaissent avec les premiers frimas ; ils viennent pour ]es foires et. pendant l'hiver. ils se loueront ainsi que des domestiques. Des signes naïfs les recommandent à l'attention p11 blique: ceux qui savent lire seulement nortent une plume d'oie à la ganse de leur chapeau ; ceux qui savent écrire en portent deux ; les plus instruits, ceux oui neuvent compter, en arborent iusou'à trois. Ainsi. dans nos foires actuPtles. les valets qui désirent s 'enga{!er mettent à leur chaoeau le sarment ou l'éni. s"iV;Jnt qu'ils sont cao~blec:: de cultiver Ja vigne ou de labourer. Un Jrrouoement des pères de famille choisissait le mattre et fixait le salaire. Le maître désigné, il faut installer l'école. Rien de plus simple. Sur un mur blanchi à la chaux, les ·lettres de l'alphabet, précédées de la « croix de par Dieu», sont peintes d'une couleur vo:.. vante. Vous vous rappelez, sans doute, la phrase de Molière. dans Pourceauf!nac : « C'es-t un homme qui sait laméd(cine à fond, comme ie sais ma ~roix de J;ar Dieu "• ou la ohrase dé P;:~ul­ Loms Courier : ~e. siècle de Loui" XIV est, en tout, supeneur au votre, denuis l'~stronomie !usqu'à. la croix de par ~teu. :. On dtt aussi : la croix de par Tesl!s. C'est l'alohabet du temps. Point de hvres : les. en~ants aoportent à l'ér-nl~ quelques gnmotres que le maître les

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122 lide à déchiffrer. Pour apprendre à ~crire. on utilise des planches, des ar:loises ou de vieux parchemins sommai:ement lavés. Le maître est, en même temps, un narchand; il débite de la coutellerie, de ,a mercerie, de la bonneterie. A l'occa;ion. il se transforme en barbier, en sa::ristain, en ~tameur, e~ marc4_and d'allumettes. Certains font da11ser des marnoUes et pratiquent le métier de ramoJeur. L'enfant, parfois, s'effraie. N'y at-il pas un vers de Ratisbonne ou le petit élève s'écrie: Mais le maître est tout noir et je n'osepas rire!

Au reste, le pauvre savant vit co~me en chemineau donnant sur la patlle; l'hiver fini, la 'première communion terminée il reprend sa balle et regagne son pays. 'Pour l'instruction des filles .. ~Ile paraît avoir été étrangement négllgée; vers le milieu du tsme siècle. sur les acte~ de catholicité de notre village, elles s~nt portées avec la mention: illetrées. Cependant, le clerg~ e!}t~e ~ scène. La ville voisine a des semmatre!'. Sur une partie aband~nl}ée du_ ci.met}ere, un curé, instruit et genereux, fatt ?ah_r ~ne véritable école; avant de mounr, tl mstitue les .pauvres. s~s hériti~rs s~u~ condition que son home sera ,resen:ee a leur instruction. Après la Revolution, ~ous l'Empire, c'est une. viei!le ~~Ile QUI se voit chargée de fatre reguherement la classe aux enfants. Le village a conseryé son nom· elle s'appelait Jeanne Gatllard · ell~ exigeait une rétribution mensnell~ de un franc; mais, s'il faut en croire la légende. elle restituait, en partie cette somme, achetant, pour s'en no~rrir, les couleuvres que lui é!-PPO~­ taient ses élèves. Le bureau de btenfatsance se charge de fournir à 1~ maîtres~e d'école son mobilier: elle reçott une paillasse remplie de belle avoine, _une. c_ouverture, une marmite et une crematl!ere, un poêle. une lanterne, quatre chms~s, quinze aunes de toile pour ~raps de lit. une table. Et ne riez pas. Pour que le

bureau de bienfaisance d'une petite commune consacre, d'nn seul coup, 135 li· vres 3 sols au mobilier personnel de l'institutrice il faut que l'instruction anparaisse dé{à comme un sp-vice p~blic. La maîtresse ayant gagne la confiance des familles le Bureau lui offre, en 1808 une an~ée de vin et des « nippes ". ' . Les enfants commencent à recevotr des livres ; il y en a trois dont. le titre revient sans cesse sur les regtstres: La Bible. La Conduite et Le Cantique. D'année en année, le progrès s'accentue: une maîtresse d'école institue. dès 1810, une garderie de petits enfqnts. P~ur les 600 habitants de la commune, tl V a même, maintenant, deux classes. avec un jardin. Les dons deviennent de Plus en plus fréquents. La ~li~cipline apparaît encore assez fantatstste: le mattre d'école ne s'interdit pas de frapper ses élèves; parfois. ce sont l~s élèves _qui font subir au maître la peme du talton. Le succès appelle la concurrence. Un marchand drapier s'offre~ révéler à ses concitoyens. movennant rétribution, les secrets du style épistolaire. Le ,rrouvemement de louis-PhiliPpe tenta de mettre un certain ordre dans cette confusion. Jusque-là, le roi ne s'était guère occupé que des collèges et des écoles militaires. On cite bien deux ordonnances de Louis XIV, en 1698 et 1699 et une de Louis XV, en 1724, pour 'faire r.emor:ter jusqu'à e~~es l'in~­ truction obltgatotre. Erreur d mterpretation; il s'agissait seulement d'édt;cation catholique. Seules, les congre~a­ tions enseignantes ~'étaient préoc~~pees du problème; dans la seconde mothe du 17e siècle, J.-B. de La Salle, que tout~s les opinions doivent respecte~,. avait fondé les Frères des Ecoles Chrehennes. La Révolution veut établir, pour toute la France, un plan rationnel d'enseign~­ ment national (qui, du reste, nous fmt encore défaut). Talleyrand et Condorcet présentent aux Assemblées des pr~­ jets remarquables. Romme demandait

123 tlne école au moins, par commune de 600 habitants; il fixait les programmes qui devaient comprendre, o.utre la géographie et les éléments des sciences, les exercices militaires et « l'histoire des peuples libres». L'argent manqua, le temps aussi. Daunou abandonne les hautes ambitions et les larges idées de la Convention. Les paysans eux-mêmes s'opposent souvent à l'établissement d'écoles, Les habitants d'une commune de la Nièvre écrivent à la Convention: « Nous n'avons vu disparaître de nos campagnes la bonne foi et l'union que lorsqu'on a voulu nous rendre savants et philosophes. » Napoléon néglige tout à fait l'éducation populaire ; son . budget de l'instruction primaire se monte à 4250 fr. La Restauration ne voit dans l'enseignement qu'une œu\rre de « charité». C'est Guizot qui a, le premier, libéré nos communes de l'ignorance. Sa grande enquête lui révéla que certains instituteurs communaux ne savaient pas lire; il y en avait ,:un qui venait, en droite ligne, du bagne ; un autre, dans sa classe, entret~nait un pourceau. La loi du 22 juin 1833 organisa l'instruction populaire; c'est elle qui a rendu possibles les progrès merveilleux que la deuxième moitié du siècle a réalisés. Il serait amusant de suivre, dans l'histoire de notre village, les conséquences de ces faits généraux. Aux en\lirons de 1840, je vois que l'instituteur d.e Montromant joint encore à sa fonction de maître d'école les métiers de ferblantier et de raccommodeur de parapluies. En mars 1853, il reçoit par l'intermédiaire du préfet 15 fr. pour son « zèle, lors des élections relatives au rétablissement de l'Empire». Zélé (par bonheur) pour d'autres causes, il offre au Conseil municipal d'ouvrir un cours gratuit d'adultes; l'assemblée refuse. Il perçoit régulièrement la rétribution scolaire mensuelle (1 fr. 75 par enfant de 3 à 7 ans, 2 fr. par enfant de 7 à 10, 2 fr. 25 par enfant au-dessus de 10

ans), ce qui lui assure, en 1867, un re-venu de 293 fr., et, en 1868, un revenu de 203 fr. Depuis la loi bienfaisante de M. Guizot, l'histoire de l'école primaire est trop connue pour qu'on la rawelle longuement. Ensuite est entrée en vigueur la loi de 1867, qui assurait, au moins, aux tnfants pauvres la gratuité. La troisième République a fait le reste.

Précis d'Instruction civique (Bmte.)

Chapitre XIV NOTIONS DE DROIT USUEL Etat civil C'est le clergé c~tholique qui a été le véritable fondateur des actes de l'état civil. Dans les registres particuliers et facultatifs d'abord, puis rendus obligatoires par les prescriptions du concile de Trente, les prêtres des paroisses constataient les baptêmes, les mariages et les décès. Les; pouvoirs publics voulurent utiliser cette organisation au profit de la société civile et les extraits de çes ré.sristres devaient faire foi devant les tribunaux civils. En Valais, une loi datant de 1852 chargeait les desservants des paroisses de la tenue des registres de l'état civil. Mais c'est la Constitution fédérale de 1874 oui a établi chez nous ce qu'on appelle la sécularisation des actes de l'état civil. Une loi sur la matière, entrée en vigueur le 1er janvier 1876, rè. gle d'une manièr_e unifq__qne, pour tout le pays, la tenue des registres de l'état civil. Cette loi prescrit que l'état civil ne peut être aux mains que de citoyens laïques. Toute naissance doit être déclarée dans les trois jours, tout décès dans les 48 heures. Le mariage n'est. permis qu' aux hommes âgés d'au moins 18 ans et aux filles âgées d'au moins 16 ans; jus.


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u'à 20 ans, il faut le consentement des fait que les commerçants font surtout ments ou tuteurs. I.e mariage est inter- appel au crédit dans le sens vrai du it aux personnes déjà mariées, aux pa- terme, en la confiance que le prêteur ents jusqu'au 3me degré (oncle et nièce, peut avoir en leur activité, en leur traeveu et tante), ~ux alliés en ligne di- vail, en leur savoir-faire. Contre les ede, par ex., beau-père et belle-fille; non-commerçants, une teU.e rigueur ne 1elle-mère et beau-fils, et aux parents serait pas de mise. S'tls font appel au t enfants par adoption, aux personnes crédit, ils ne subsistent pas essentiellement par celui qu'on leur accorde. Ueintes dedémence ou d'imbécilité. Pour obtenir la mise en faillite d'un Les promesses de mariage doivent tre publiées au domicile et dans ta commerçant non inscrit au registre du ommune d'ori!Zine de chacun des époux commerce, le créancier peut requérir l'inscription. Ensuite, il agira valable.u moins 14 jours à l'avance. La cérémonie religieuse du mariage ment. le doit jamais précéder le mariage ciPoursuite par voie de saisie 'i l; mais l'ecclésiastique est tenu de se Toute poursuite commence par un aire présenter le ce_Ij:ificat de mariage commandement de payer; la notifie<~· .élivré par l'officier d'état civil. tion en est faite par le préQosé aux pourLa loi contient enfin des dispos_itions suites. Le débiteur doit s'acquitter dans ur le divorce et sur la nullité du ma- le délai de 20 jours à fi!Oins qu'il ne iage qui ne peuvent résulter que d'un conteste le bien fondé de la réclamation ugement de tribunal. dans le délai de 10 jours. A défaut de payement, en cas. de non Poursuites pour dettes opposition, le créancier peut ou doit, une Une loi fédérale sur la poursuite pour tettes et la faillite est en vigueur dès le fois expirés les 20 jours, et dans le délai d'une année requérir la saisie; et si er janvier 1892. le débiteur laisse libre cours à la saiSon but, son nom le dit, est de sie il devra ensuite requérir: la vente. Le 1ermettre au créancier d'obtenir, cas délai pour cette 3me réquisition expire 1chéant par la force, soit avec le con- au bout d'un an. 'OUrs de l'autorité, payement de ce que Lorsqu'il y a OOJ?osition, le créancier ui doit le débiteur. peut demander la main levée de l'om~o Cette loi range les débiteurs en deux sition si le commandement de payer est :atégories, 1° les commerçants inscrits fondé sur un jugement exécutoire cu sur zu registre du commerce contre lesquels un acte authentique ou SOJlS seing privé. a poursuite aura généralement lieu par Dans le cas contraire, il doit ouvrir w~e roie de faillite; 2° les non-commerçants action en reconnaissance de dette. :ontre lesquels est autorisée la poursuite Toutes les saisies faites dans un rl ,; · >ar voie de saisie. lai de 30 tours dès la 1re concourent La différence est énorme entre les avec celle-ci. La loi déclare un certain nombre d'obleux systèmes: La faillite enlève la totalité des biens jets insaisissables, c'est-à-dire qu'ils delu débiteur, elle lui enlève la propriété vront être laissés au débiteur par humalour la transférer à l'ensemble des Ilité, quel que soit l'état d'insolvabilité :réanciers qui se payeront sur le pro~ dans lequel il se trouve. 1. [es vêtements et autres effets perluit de la vente. La poursuite, au consonnels et le coucher nécessaire au :raire n'affecte qu'un objet ou qu'un débiteur et à sa famille, ainsi nue rertai~ nombre d'ohiPt~ déterminés. les objets et livres de culte; Cette différence est justifiée par le

125 2. La batterie de cuisine indispensa- dat si la majorité des créanciers repréble et les ustensiles de ménage les sentant la majorité des sommes dues plus nécessaires; sont d'accord. Au moyen du concordat 3. Les outils, instruments et livre'> n_,; le débiteur paye ou garantit payement cessaires au débiteur et à sa famille d'un tant '% de sa dette. Dans ce cas la pour l'exercice de l~ur professio ~ · liquidation n'a pas lieu. 4. Une vache laitière ou 3 chèvres ou A défaut de concqrdat les opérations 3 moutons, au choix du débiteur, de liquidation suivent leur cours. avec le fourrage et la literie pour Pour la répartition des deniers, les un mois, lorsque ces animaux sont créances sont réparties en 5 classes. Celindispensables à l'entretien du dé- les de la 2me classe n'arrivent au conbiteur et de sa famille; cours qu'après celles de la Jre et ainsi 5. Les denrées alimentaires et les de suite. combustibles nécessaires au débi1re Cl. Les créances des domestiteur et à sa famille pendant deux ques pour -leurs gages de l'année qui mois; précède la faillite; des commis et em6. L'habillement, l'équipement, otes ar- ployés de bureau pourleurs traitements mes. le cheval et la solde des mili- de 6 mois en arrière; des ouvriers jourtaires; naliers pour leurs salaires · de 3 mois 7. Les rentes viagères constituées i q - en arrière; les frais funéraires. saisissables; 2me Cl. Les créances des personnes 8. Les pensions des citoyens deve~us dont la fortune se trouvait sous l'admiinvalides au service de l'armée 011 nistration du tribunal. (A sutvre.) de la police du pays; les pens!ons allouées à la famille d'un citoyen -- qui a perdu la vie à l'un de ces services; La Composition française vivante 9. Les subsides alloués par une caisse ou société de secours en cas de maHabituons les élèves à l'observation ladie, d'indigence, de décès, etc.; directe. 1O. Les pensions et capitaux dus ou C'es.t la première neige de l'hiver versés à la victime ou à sa famille, à titre d'indemnité pour lésions cor- dans notre région montagneuse. Je dis porelles ou pour préjudice à lR à mes grands élèves d'aller à la fenêtre, d'observer la neige qui tombe. l'assanté. pect des iardins et des maisons qui sont Poursuite !Jar voie de faillite. là sous leurs yeux, et je les invite à noter Les préliminaires de poursuite par correctement et avec précision ce qu'ils cette voie ne diffèrent pas sensiblement ont vu, uniquement vu, à propos de cette de la poursuite par voie de saisie. 20 première neige. Les élèves se regardènt, jours après la réquisition de poursuite étonnés. j'en entends un qui murmure: le créancier fait une 2me r~uisition ap- .. C'est facile, on l'il déjà fait l'an derpelée commin a tion de la faillite; c'est nier. » - Silence complet! les têtes sont à-dire menace de faillite. Après un nou- baissées; les fronts se plissent et les pluveau délai de 20 ;ours il peut requérir mes courent, courent .... la déclaration de faillite. Cette réquisi. Je lis les copies. Quelle abondance! tion est adressée au président du tribu- Que de pages! Et pourtant, sur ce sujet nal. . . \ simple et familier, les grands élèves n'éLe débit~ur peut obtenir un concor- crivent rien de « caractéristique »; ils

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126 1'ont rien vu ou ils ont mal vu•. Voici, oin du suW. la sortie des ouvriers d'uiine par un jour de neige ou de pluie : F Les ouvriers commencent à sortir de 'usine. Beaucoup n'ont pas de pèlerines. Les hommes ont relevé le col de la veste ~t marchent la tête baissée et les mains lans les poches. Les femmes ont 13 tête !nveloppée dans une frileuse ou mar~hent à deux sous le même parapluie. ~ - Voici les enfants qui sortent de l'éwle: « Les enfants sortent de l'école et se rendent à la maison. Ils sont brurants et querelleurs. « Est-ce remarquable? et leur animation tient-elle à la neige? - Ailleurs : « Les arbres semblent morts. car on ne voit plus aucune feuille»,- même quand il ne neige pas. Un élève oublie qu'il doit noter ce qu'il voit, et il écrit: «Un silence inaccoutumé régne dehors. On n'entend plus le roulement des voitures sur la route, ni le bruit des sabots des chevaux. » Un autre regarde à travers ses souvenirs,, parle de « l'épaisse couche moelleuse » et développe la série des clichés rabattus et usés : «le tapis moelleux, d'une bjancheur immaculée; la terre qui se couvre de son manteau blanc; la nature qui devient blançhe; la neige _qui tombe à gros flocons ... ,. Dans l'ensemble, peu d'observations précises et vécues. Les élèves regardent, sans voir. Cette neige qui tombe, qui est là, sous leurs yeux, qui les réjouit, elle ne les frappe pas. Ils ne remarquent pas combien elle change l'aspect de la nature et des choses. et comme elle modifie les formes et les couleurs; ils ne la voient même pas tomber; se pose-t-elle doucement? ou est-elle chassée en un tourbillÔn fantastique par le vent d'hiver?.... Ce qu'ils écrivent est pauvre et souvent fauX:. Il me semble que cet enseignement difficile et délicat de la composition française s~rait plus _vivant et plus profitable, si l'on choisissait toujours des sujets simples dans le « monde réel » qui

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entoure les élèves; si on amen aH ces élèves, quand cela est possible, à observer directement les choses, non à u~iliser de vagues et lointains souvenirs; si on les habituait à regarder et à voir la nature par eux-mêmes, non à travers les livres et la mémoire. La composition française y gagnerait - et les enfants n'y perdraient rien.

Gymnastique et santé Dans son Guide pratique de l'Instituteur, M. Homer, le pédagogue fribourgeois de regrettée mémoire, s'exprime de la manière suivante sur le but et l'importance de la gymnastique: « Elle n'est point une sorte d'école d'acrobates destinée à produire des prodiges d'agilité et de force. La gymnastique est la culture régulière, progressive et normal!! des forces physiques; c'est l'art de développer graduellement, d'assouplir et de fortifier les membres de l'enfant. Nous lui assignerons un triple but: Celui de corriger certains défauts corporels, tels que la déviation de la colonne vertébrale, raideur des articulations, poitrine rentrée, et celui de prévenir les infirmités et les maladies qui en résultent ordinairement: c'est le côté hygiénique de la gymnastique; Celui de donner aux enfants, dans une mesure proportionnée à leurs aptitudes naturelles et à leur âge, un peu de cette agilité, de cette adresse si nécessaire dans les travaux et dans les efforts que les circonstances peuvent leur imposer 1 plus tard; , ç:nfin, celui d'initier les jeunes gens et de les préparer à la carrière militaire. :. Il est certain que la vie moderne provoque des déviations, des déformations du corps, et que la gymnastique scolai· re doit être à même .de redonner au corps sa forme normale.-

Il ser~it donc utile de procéder chq.que annee, au moment où les nouveaux élèves sont admis 3 l'école, à leur examen préalable au point de vue corporel e;am.en qui §erait fait par le médecin et 1mshtuteur et dont les résultats seraient portés sur des fiches individuelles avec indication des exercices correctifs à exé· cuter. .Ne vous est-il pas arrivé plus d'une fOis de rencontrer sur votre chemin ou même dans votre salle d'école des déc::héc rités de la nature. de pauvres victimes de quelque accident. d'une maladie ou m~me de la barbarie des parents qui ex11rent de leurs enfants un trav::til audessus de leurs forces? LPc:: rlp"htions de la colonne vertébrale (scoliose, cvphose, dordose), une poitrine comorimée, sont des cas très fréquents. bes exercices de g-ymnastique voulue, suffiraient presgue toujours à rendre A ce corps sa forme norm::.le et les fnrres nécessaires à son avenir. Tout éducateur vraiment digne de ce nom, ne saurait refuser s.on aide à ces malheureux. Nous ne saurions oublier de faire remarquer a.ue c'est dans les grandes agglomérattpns (plutôt qu'à la campagne) que les enfants souffrent de certaines infériorités physiques. L'enfant de nos villages ruraux vit dans un milieu plus favorable que celui des grandes -centres industriels où l'air est souvent vicié par les émanations malsaines des usines. Chez nous, ce qu'il importe avant tout étant donné le milieu généralement fa~ vorable où se développent nos ieunes g-énérations, c'est de populariser l'enseignement de la gymnastio..ue. n y a encore beaucoup de préjugés à vaincre· ils disparaîtro!lt peu à oeu quand par~ tout on appliquera cet enseignement avec tact et qu'on en fera comprendre l'utilité aux parents, qui commencent toujours par s'opposer à ce qu'ils n'ont pas pratiqué eux-mêmes. A. BRASEY, inst.

Partie Pratique -

Sujets de corn positon • Regrets », Qui éprouve ces regrets? Que regrette-t-on? Pourquoi? Nouvelle promesse. 0'isite non faite. Impossibilité de prêter l'ob. )et demandé, de donner la somme demandée, etc.) • Mettre une chose ou une personne à l'é. preuve.» Ouelle épreuve faites-vous? Depuis quand? Résulfat de l'expérience La provenance. (Un ustensile. un remède populaire. une sorte de fruits, un engrais, un fournisseur.) • Vous êtes dans J>embanas. » La personne la chose qui vous met dans cet embarras. Demander assistance. La cause. (Créanciers clients; surcroît de travail.) ' • En retard ». PouiTquoi? Obtenir une aide. (Travaux des champs, paiement d'intérêts ou' vrage à livrer.) • Un conseil suivi. • .Pourquoi? Quel conseH? Deipuis quand? Succès! Remerciements. (Conseils, directions, dans l'intérêt de votre santé: excès de boisson, de tabac, etc.) • Une crainte •. Qui a cette crainte? Que craint-on? La cause? Demander conseil. (Pourra-t-on subir un examen, exécuter un tra. vail. obtenir une place, conserver sa santé?) • Une rencontre, un événement. • Qu'arrive-t-il? A qui? Qui se rencontre? (Evénement :?CTré:tble ou désagréable. Rencontre d'une ancienne connaissance. Impressions) • On assiste à une manifestation. » Qui? QneJle m~nifestation? Ouand? (fête. réunion, consécration Teligieuse; une arrivée, un départ. une audience au tribunal.) • Tracas, préoccupations. • A quel sujet? Pour quelles raisons? (La santé, le travail.) • Demande d'explications. » A quel sujet? _(Refus de payer; marchandise non livrée; pourquoi n'être pas revenu?) • Explications. » De qui? A qu-i? A quel sujet? (Retenue sm un payement. On cesse de livrer. Retard, etc.) • Compassion. • A quel malheur prenezvous part? Vous venez en aide à autrui. (Décès chez Je voisin, incendie; ami hors d 'état de travaiiler.) • Une erreur. • Comment? Les causes, les mites. (Achat, vente, commande, envoi; choix d'un employé.) • Egaré. • Quand? o\1? pourquoi? Conséquences. (A ra montagne, en ville, en allant à la gare. Le brouillard, la neige, .la nuit.) • Une chute. " De qui, de quoi s'agit-il?


128 Conséqtœnces. (Tombé de bicyclette, d'une auto. du tramway, du train. Rupture d'un cercle de tonneau. Les secours.) • Pour avoir ri du malheur d'autrui. • Ob. servez: un incident au patinage, au bain, à la gymnastique, etc. (Celui qui en rit, victime de la même més:wenture.) • Donner de l'espoir à quelqu'un. • A qui? pour quand? (Une visite, un envoi d'échanti~ lons, un travail à faire, une part aux bénéfices d'une entreprise, d'un travail, d'une vente.) • Sans espoir. • Qui? Pourquoi? Requête. (Manque de travail, santé atteinte, perspective d'une mauvaise récolte.) • Plein d'es,poir .• Pourquoi? Que ferez. 'lous, cet espoir réalisé? (Perspectives: une bonne situation, une récolte abondante, un travail bien payé, etc.) • Châteaux en EspRgne ou cruelle déception. • Comment cela? (Les belles espérances mises dans une bulle de savon.)

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Miettes pédagogiques AUX MAITRES 1 Votre tâche paraît souvent ingrate et dure, Maîtres de nos enfants! attelés chaque jour A la même besogne; et, malgré votre amour, Vous éprouvez parfois au cœur une morsure. On vous accusera, peut-être, avec aigreur, D'une sévérité que n~n ne justifie, l' opinion publique aisément ampl'ifie LorsqueUe croit pouvoir vous trouver dans J.l'erreur. Si vous voulez tenter, en dehors de la classe. D'exiger des enfants un geste plus poli, . Et si. oour effacer de leur cœur querque ph Vous faites, en passant, un reproche à voix basse. Aussitôt on viendxa vous contester ce droit: c Que le maître à l'école, enseigne l'écriture, Le dessin, le calcul, comme aussi la le~, Mais son autorité se borne à cet endroit. • Si, par contre, il se tait, en croisant dans la vi~te Des enfants paresseux, qui rôdent tar~ le s~1r, S'il poursuit son chemin sans parattre neu voir, Lassé de son effort aussi long qu'inutile. 1 Ces vers ont été lus au dernier, souper offert rpar la Municipalité de Moud?n aux autorités scolaires et au corps enseignant.

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Quelque parent dira: • Mais que pense-t-il donc? {fanee? N'a-t-il pas pour devoir de veiller SUIT l'en· Puisqu'il n'enseigne pas un peu de bienséance, Nos petits sont livrés au plus triste abandon.• On ne sait pas toujours mesurer votre peine, Pour libérer une âme et lui donner l'essor, Pour enrichir l'esprit d'un pré~ieux trésor, Comme on sème le grain aux sillons de la plaine. Quand l'enfant mal doué, et ptus mal sutrVeillé, Grandit sans rien savoir, - comme un arbre qui pousse [rouee, Contre le Maître encor voilà quJon se courA cause d'un cerveau qu'il n'a pas déroui.:Jé. ... Maîtres! ne cédez pas par dépit ou caprice; Restez bons et joyeux au milieu du combat, Et, gardant un espoir que jamais rien n 'a~<~t. Avec la même ardeur demeurez dans la hce. CaT vous n'avez qu'un but, mais ce but ~st lointain : fv1e. Sans craindre l'insuccès, sans remarquer l'enMontrez à ces enfants à bien remp11r-leur vit:; Rendez forts et plus purs les hommes de demain. Et pe0tt-être qu'un jour, - récompense ~uprême! [vnra En songeant au passé plus d'un cœur. s'ouEt vous rendant justice, avec amour dira: . • Mon Maître m'a donné le meilleur de lUImême. » Roger BORNAND.

* *

LA REFLEXION CHEZ LES ENFAN [ S La Schweiz. Lehrerzeitung" souligne l'exl\gérati~n souvent commise dans l'emploi de )a méthode socratique. Tous les enfants n'ont par fe même powvoir de réflexion. Les uns ont besoin d'un certain temps pour trouver la réponse à une question posée à l'ensemble de la classe. Si le maître n'y prend g-arde, toute une partie de ses élèves, à Jresprit .un pe~ len~. risaue d'être sacrifiée à ceux qUt ont l"inteth. gen'ce plus vive. Ce qui i~porte. c'est que _chaque élève en particulier a1t un temp~ suffisant pour réfléchir. Il en résulte que « 1 mterro~a­ tion écrite • doit avoir sa place dans tt11 s\ sième de pédagog-ie qui vise avant t~t au d~­ veloppement individuel de chaque éleve. Ou!. mais comment faire une place à ce nouvel exerCice d·ans nos classes si chargées?

Certes. il existe Jes almanachs plus cossus, au format plus volumineux au papier plus glacé, aux signatures plue; académiques. A quoi bon! Ils ne sont pas de chez nous. ils ne vivent pas de notre vie, de nos deuils. Dans la chambre boisée. dans les vieux bahuts ou sur les lourdes tables de chêne, dans la cendre du tabac et les flaques de fendant. ils mourraient dépaysés. Seul mon almanach v est à sa place, et dans la demeure valaisanne il est bien partout. Ne doit-on pas l'avoir sans c~sse sous la main? Et c'est parce que, aux premières neiges. aorès la fièvre du travail, ie trouve de la fraîcheur dans ses anecdotes, du charme dans ses récits. de nombreux renseignements indisoensables à la vie courante; c'est parce que j'y inscris, comme dans un carnet de famille, les événements qui coupent la monotonie de mon existence. de celle de ritei> amis; naissances, décès, mariages, départs, que sais-ie; c'est à cause de tout cela q·Je j'app_elle, que tout Valaisan devrait appeler mon almanach, l'almanach créé ei mis au monde exprès pour nous: l'Al-

manach du Valais.

Continue. cher Almanach, d'accrocher ton sourire cordial et discret à la paroi de bois du chalet valaisan. Tu es né avec le siècle. marche avec lui. Réserve-toi un coin de l'armoire ancestrale et là, bitn empilé, année oar année, tu garderas jalousement, pour les générations fniures, l'histoire de la famille l'histoire d1t vieux pays. ' .f. L.

Bibliographie =-

CAPITAINE A. CERF. - CHANSONNIER MILITAIRE. - Chansons de route et d'étapes. -::- Fœtisch frères (S. A.), éditeurs. à Lausanne. · . En réunissant dans un petit recueil, qui hendra très peu de place dans une poche de tunique, de vareuse ou de capote, 55 chants de marche et 35 chants d'étape choisis parmi

les plus a1mes, les .plus alertes, les plus vibrants de patriotisme et d entrain, fv1. 1e capitai_ne Cerf a rendu à notre armée un si2Uéllé service. On trouvera dans ce volume quantité de mélodies dignes d'être connues, les unes d'auteurs ignorés, transmises de génération en génération par le gofit popukoire (le seul qui soit sûr et durable), d'autres écrites par nos meilleurs compositeurs du cra. Cet ouvrage ne peut manquer de conquérir d'emblée la grande popularité et de figurer désormais non seulement dans la valise ou dans le paquc:age de tout militaire, gradé ou non, mais aussi dans la bibliothèque d~ tous ceux qui chantent quelquefois en .::ommun. Or, il n'y a ,pas un seul vrai Suisse qui ne soit dans ce cas. 00000

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Le chrétien est en même temps citoyen. Ces deux qualités ne se séparent pas. On sait avec quelle fierté saint Paul revendiquait sa qualité de citoyen romain. Nous avons, à ce double titre, des devoirs à remplir. Chrétiens, vous avez été baptisés, vous avez fait votre première Communion ; vous vous êtes engagés par sennent à observer les commandements de Dieu et de l'Egf.ise; vous voulez que la ·religion intervienne dans les actes importants de votre vie ; elle a béni votre berceau·_ etle bénira votre tombe ; cette religion a été la reli~?ion de vos ancêtres: elle sera ceUe de vos enfants. Vous êtes pour eJie pleins d'affections, de respect et de reconnaissanoe. Citoyens, aurez-vous le droit de fouler aux pieds les sentiments 'du chrétien? Au jour où vous faites acte de citoyen, lorsque vous déposez un vote qans. l'urne, vous sera-t-il permis de choisir des hommes notoirement hostiles à la re1i~?ion? Y a-t-il deux hommes en vous? L'un fidèle au Christ, à son Evan!!ile. à son cyl ise; l'autre. ennemi iuré de Dieu. de la ref il!ion? L'un oui croit_ aime. espère; l'autre qui nie, repousse, maudit? Ce serait plus que de l'illogisme, ce serait une trahison. Il n'y a pas d'acte plus sérieux dans la vie que le vote, parce qu'il n'y en a pas qui ait des conséquences p1us graves. Il en est qui objectent que le vote n'intéresse pas la religion, qu'il touche à la politique pure! Ce raisonnement n'est ni loyal ni sincère. Voter pour les conseillers municipaux, pour des maires, pour des députés, pour des sériafeurs ennemis de la religion, c'est voter contre la religion, puisque la religion en pâtira. Ne le voit-on pas par l'expérience faite en France depuis trente ans? Combien trafiquent de leur vote, le mettent à l'encan, l'accordent au plus offrant! On escompte une faveur, un avancement dans la carrière, un honneur; afin d'obtenir une protection, une plaoe bien rétribuée, une grasSe prébende pour soi, pour un parent, on prostitue son vote, on trahit sa foi. Ames vénales que ne touchent ni le bien général ni les grandes causes de Dieu et de la

de ,t' &cole', (1!J1lt) patrie; âmes vénales qui subordonnent tout à l'intérêt personnel d'un jour! Quelques-uns se réfugient dans une abstention prudente pour échapper, croient-ils, aux res.ponsabilités de leur vote. Un électeur de plus ou de moins, cela n'a pas d'importance... Ce qui importe. nos très chers Frères, c'est de faire son devoir. Mgr Freppel écrit: Est-il besoin de montrer combien une pareille insouciance est coupable? C:est un principe de morale que chacun est tenu de concourir au bien général dans la mesure de ses forces. Quiconque s'y refuse manque à son devoir et charge sa conscience. Si le mal triomphe par suite de notre négligence à la combattre quand il y a espoir de Je vaincre, nous en portons la faute et Dieu nous en demandera compte. Mgr GIEURE, évêque de Bayonne.

•••• Prêtre et Soldat Le prêtre et le soldat ont pour première loi l'obéissance, pour premier devoir le dévouement, pour principale habitude le sacrifice. Ils ne s'appartiennent pas: iLs appartiennent chacun à ·u ne chose qui mérite un amour sans borne, l'un à l'Eglise, l'autre à la Patrie, et tous deux en même temps à ces deux choses à la fois. Ils oot tous deux une règle haute, noble, inflexible. qu'ils n'ont pas faite, qu'ils ne peuvent défaire, qui les soutient et les relève. Leurs intérêts propres, leurs affections privées disparaissent devant l'intérêt g-énéral. en vue duguel est exclusivement tracée cette règle sainte. Qu'est-ce qu'un soldat? C'est un moine par la régularité, par la sobriété, par les privations, par l'abandon à la volonté du supérieur. Que le soldat soit chrétien, il n'y a pas d'état qui se rapproche ptus de l'état monastique. Ils ne savent pas toujours ce qu'ils disent, ceux qui parlent de la • licence des camps »; ils n'ont guère vu de camps! On s'y couche de bonne heure, à la belle étoile ou sous une tente légère; on se -lève de grand malin, on travaille tout le jour; on se prépare à la victoire et on l'espère, mais en présence de la mort. Voilà la licence des camps! Cela ne ressemble pas au bal de l'Opéra; et l"on peut même y trouver quelque chose de plus rude qu'aux labeurs du négoce, de la politique ou des sciences.


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82 Qu'est-ce que le prêtre, surtout le moine, .c'est-à-dire le prêtre élevé à toute la hauteur d;abnégation que comporte la vertu huma~­ ne? C'est le soldat des postes difficiles et des grands dangers, que l'on jette en pionnier de la civilisation chrétienne dans les &"laces du pôle, dans •les déserts de l'équateur, dans les savanes de l'Amérique; que l'on envoie attaquer les sauvages, les hérétiques, les incrédules. Et il y va et i1 y meurt. Quand il est mort ou par les fatigues, ou par les supplices; quand il a été lacéré par les fouets, consumé .par les flammes, dévoré, d'autres accourent à sa place, ambitieux du même sort, jusqu'à ce qu'enfin, sur les ruines de ces tribunaux sanglants, sur les cendres de ces bîlchers. ils élèvent la Croix, comme le soldat, sur les décombres de la fortt'resse ennemie et sur les cadavres de ses frères. plante son étendard vainqueur. Louis VEUILLOT.

r ·

Le Premier Miracle La poésie est plus vraie que l'histoire. Aristote.

Il est consigné dans les 'lllinls Evangiles que le premier miracle du Dieu fait Homme eut lieu aux noces de Cana, .pour plaire à la Vierge Marie. Mais dès le berceau, ou plutôt dès la grotte même, ie Nouveau-Né de Bethléem manifesta sa putssance, non d'une manière éclatante, mais d4ns la simplicité de sa vie d'enfant; les pays où il passa, le témoignage des poétiques tJ:aditioos nous en ont conservé la mémoire; et elles ont inspiré d'habiles poètes, commentateurs très fantaisistes c'est vrai, mais qui ont essayé d'entourer de grâces et de charmes l'enfance de notre Dieu. Ce Messie tant espéré, qui vient, annoncé par des anges, dans une nuit pure, sous une voûte d'étoiles scintillantes, a toujours eu, à côté des humbles lavoris de sa cour, les artistes qui, sous bien des formes, ont chanté les merveilles de cette naissance, des premières adorations, de la fuite et du retour. Certain Monsieur Jules Le Maître, que Pon pourrait sans injustice et sans adulation anoblir d'une épithète: Le Maître Conteur, a dit des choses délicieuses sur le départ de Bethléem et sur Je séjour de Nazareth; certain autrt artiste peignit un merveilleux t~­ bleau de la problématique nuit passée en vot-

sinage du Sphinx par la Sainte Famille; à Matarieh, le peuple égyptien, ce poète à imagination subtile, trouve mielleuse, encore à notre époque, l'eau du puits où furent lavés les langes de Jésus. Après d'aussi délicats poèmes, on ne devrait pas oser conter ou mieux traduire une imagination qui a souvent inspiré la peinture; mais c'est pour être agréable à des amis (que d'erreurs on commet pour l'amitié!) qu'on a joint à ces contes un miracle apocryphe de l'EnFant-Dieu. En ces temps, Jésus, Marie et Joseph traversaient le désert d'Idumée. Après de longs jours de marches précipitées, les provisions prises à la grotte touchaient à leur fin; eJies ne comprenaient que les pains, les fromages et les fruits offerts en la nuit de Noël par les bergers. La Mère sainte du Sauveur avait bien prévu que les somptueux présents des Mages ne seraient q).l'un encombre dans la fuite; cependant, malgré son économie, sa tempérance héroïque, elle vit diminuer peu à peu les galettes de seigle et les tomes séchées. Joseph, en gardien prévoyant et plein d'amour, songeait bien le long de !a route à lous les soins. dont commençait à. manquer la Mère pure de l'Emmanuel; et le vénérable artisan, en pressant le pas., demandait tout b,1s au Seigneur en d'ardentes invocations, de ,prolonger la :narche du soleil et de diminuer l'immensité du désert aride. Le petit ânon gris, celui qui dans la grande nuit aya.it caressé de ses • babines de velours » le dtvtn Messie, conscient œr miracle de la glorieuse charge qu'il portait, se contentait, dans ~e.s haltes. de mâchonner des pousses de rachitiques tamarins ou de chiendent coriace. Il arriva qu'au bout de deux jours à travers •le désert, le pain et l'eau manquèrent: l'outre en peau de bouc se balançait informe et sèche au côté du patriarche et la couffe penda·it vide sous le bât de l'ânon. Le jour était bralant; un soleil clair, presque blanc, tombait sur les voyageurs fatigués; et le long du chemin. on ne voyait :~ucune oasis, aucun arbre· seul l'horizon profond se teintait du bleu -~hatoyant des nappes d'eau et à cet enchantement trompeur. Joseph reportait sa nensée comme avec regret sur les rives de Tibériade, si fraîches, si pleines de murmures et de lumière. La lassitude gagnait ce vaiHant ouvrier; ~es pieds étaient brûl~s par le - sable, son visage hâlé et sa gorge sèche. mais il ne vivait que pour la mère et l'enfant vers lesquels il

se retourna'it de temps en temps en dissimulant sa douleur. Marie subissait aussi sans la trahir, Ja souffrance .affreuse de la 'faim et d~ la soif; elle :nveloppa!t d'un regard plein d amour son bébé, et lu1, protégé de voiles blancs, dormait aussi. paisiblement dans les bras de sa mère que les fils des rois dans l~rs berœa~ ~orés. De son côté, le petit gnson ralenhssa1t son pas berceur· il poussa~t des hennissements navrants et' cela avivatt la douleur des voyageurs silencieux. . Enfin, au loin se dressa un paPmier; son shpe desséché par les simouns n'était plus pourv~ que de bras jaunâtres et effilochés. La samle Famille avait hâte de se reposer sous ses palmes; hélas! sous cet arbre presque mort, il y avai! à peine un nuage d'ombre e~ un amas d~ cailloux calcinés. Joseph pensait avec angotsse à la Mère affaiblie et sans réconfort, et Marie pleurait silencieuse~enf sur l'enf~nt qui n'aurait plus son sein Sl. ell$! mourat.t. A ce moment,. le petit s'évetlla et se nut à gazouiller· ii souriait au beau solei.l, à. l'azur sans nuaie. aux eaux pure~ e~ lomtames, et son œil profond s'emphss.att de lumière. Cette gaîté insouciante fendait le cœur de ses parents. • Oh! soupfra Joseph, si nous trouvions un peu d:eaul • A . quoi Marie répondait en écho: _• St nous av1ons quelques fruits!,. Et ~ n'y av~it rien dans cette solitude que des p1erres seches, un arbre sans vie du sable ~oré et du bl~u à _l'infini; i'ânon gr~ttait en van1; ce sol ande, JI n'y trOuV'ait pas la plus mmuscule touffe d'herbe, et il soufflait bruyamment pour chasser la poussière brûlante qui emplissait ses naseaux. Et Joseph murmura en lui· • Dieu d'Abraham. pour elie! • Et Marie soupira: • Père puissant, pour lui!» A ce moment le nourrisson tabillant sans cesse: tendit ~on petit doigt ~ers une pierre et son vag•s.sement harmonieux semblait chanter: • U, ma bonne maman, là, sous ce caillou.,. Marie, comme elle devait le répéter plus tard à .Cana, attira .l'attention de son époux: « Faites comme tl le demande. soupira-telle, portez-lui cette pierre. » · Et le bon patriarche se pencha aussitôt pour satisfaire le désir de l'enfant· mais ô pu iss~nce divine -.entre deux gr'anits, une eau cla1re commença1t A couler, pleine de glougloufements.

Pendant œ temps, Jésus tendait ses menottes vers le vieux palmier· il semblait ap. peler à lui les sq':'elette,s des' palmes, ouvrant .et fermant ses. rrugnonnes paumes et soulignant son geste de désir du « ma.. : ma ... » si musical et si cristallin que le cœur de la mère en saignait de tendresse· alors Marie saisie d'admiration, vit s'incliner au-<lessu~ d'elle une palme verdoyante avec un régime de dattes dorées, manne providentielle pour tout le jour. La io.ie ~es deux él~s ne se contint pas; ils reconnatssatent la pu1ssance de leur Dieu et ce fut avec une grande vénération qu'ils se prosternèrent devant Jésus et l'adorèrent enc~re une .fois. Ils ne s'étaient pas relevés que l'an~n gns entonnant son tapageur hihan vint rennler doucement aux pieds du doux enfant puis alla se rouler tout joyeux dans un tapi~ d'herbe tendre qui venait de pousser à l'entour du palmier; et dans le ciel, Marie qui se connaissait en bruit d'ailes, croyait e~ten­ dre s'envoler une nuée d'anges. Aussi elle dit à Joseph: • Homme, désormais nous obéirons à tous ses désirs. • Puis, avec les pédoncules du régime, elle tressa pour son Fds une petite couronne qu' elle entrelaça de folioles: Jésus babillait et sautillait comme un gracieux passereau et s'amusait avec la longue barbe de Jo~h. Quand sa mère l'eut couronné, elle le pencha sur la source pour qu'Il y vît son image ~Jais etle fut douloureusement 9Urprise: a~ lieu de contempler le profil du mignon petit être qu'elle serrait dans ses bras, elle aperçut dans la source transparente le beau profit d'un homme triste, au chef couronné de branches sèches. ...

...

C'est ainsi que Marie vit Je premier miracle de Jésus et eut la première vision sensible de la passion du Sauveur. René LA HOULETTE.

Bois. mon gosse

r

, A l'angle. d'une longue table de noyer, le pere est ass1s. Devant lui une bouteiHe et un ver~. Vis-à-vis, un jeune bébé de 2 ans ~ ]a ,physiOnomie intelligente, au regard car'tdide, ca.resse les cheveux de sa jeune maman qui lu1 répond par _des baisers. T.a bouteille est


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84 presque vide. Le père fixe tour à tour sa compagne et son enfant, puis versant le dernier verre, il Je tend à la mère en disant: Pour Iè petit. Elle prend ce verre, en boit une gorgée, puis Je prés~nte aux lèvres inuocentes de Venfant qui, à l'odeur d'abord, au goût ensuite de la liqueur, a répondu par une très vilaine grimace qui fat! rire la maman, Bébé s'obstine et son refus seTIL'-lle implorer la pi· tié des aveugles parents. M'ais ce refus. .le père ne le comprend pas: il se lève, et se donnant des airs de docteur, il empoigne J'enfant et Je verre et vide cebi-ci dans celui-là. Pendant cette opération, b mère, en guise d'encouragement, a dit à l'enfant: « Bois, mon gosse, ceci te fera grandir! • Et l'enfant a bu son premier verre. ... Trois ans après, Bébé n'est plus le petit chérubin qui délicatemertt caressait la chevelure de sa maman. C'est un ragettr, un enfant terdble. Du reste, sa figure le dit : une face nan· pas rose et gracieusè. mais rougeaude et tachetée de boutons, des yeux déjà rouges, une bouche oit se devine la révolte et la lâcheté. Il court derrière sa mère, tire le pan de sa robe en r épétant: • As-tu encore une goutte? » - Tu en as assez, à présent. Moi, _j'en venx! dis marna~, donne ~'en! ,Soi t, méchant garnement, Je veux bten t en donner encore une toute petite goutte.... Et l'elt[ant de sourire triomphalement pendant que ses pe1its yeux pétillent d'impatience... ... Le gosse a g randi et ses ~éfauts pl~s encore que lui. Il a atteint ses dtx-sept pnn· temps. Emancipé de l'école, de. ce~te école où Je maître a dû sans cesse pumr, tl veut également s'émanciper du gouvernement paternel surtout maternel. Ah! sa mère! l'a-t-elle assez ennuyé avec ses remontrances toujours les mêmes! Heureusement cm'il n'est ms to~­ jours attaché à ses jupes, comme lorsqu tl était petit, il a l'âge de raison ma!nt~ant; oui, il l'a et même plus que deux fms;. tl e~t bientôt majeur, tantôt libre; c'est-à-dtre 1l l'est aujourd'hu i s'il ose l.li~n_. Pourquoi ne se moque_ratt-tl pas ?e la surveillance ridicule de .sa mere qm dev1etlt soupçonneuse depuis deux ans surtout? ~t son papa? Ce n'.est pas ~ui qui J'eftrai~,; ~'at lieurs, il boit ausst papa· tl peut donc ltmtter... Un silence pendant lequel ~e _jeune homme sem~le hésiter.... En~in, c'est dectdé!... Au bas de t,escalier un camarade !"attend, et maman n est pas 1~. Dans Je tiroir où il sait r~nfer~ées les modestes économies de la famtlle, ~-~doles­ cent plonge la main, en retire un~ ptece d:.. vingt sous, juste pour ql!e la mere au r

.tour ne s'aperçoive de rien... Puis, les voilà tous deux, avec des figures ressemblant vaguement oà celtle de Caïn, qui filent, par des sentiers détournés, jusqu'à l'auberge voisine où ils entrent juste à l'a nuit tombante. Ils s'assoient comme des geus émancipés, puis: Un litre, entonnent-ils en chœur. Pour se donner des airs, ils achètent un paquet de cigares,. Et leur orgie commence. Au litre, en succèdent deux autres; en outre, l'aubergiste qui soupçonne de futurs bons clients d~rrière ces deux jeunes têtes, leur paie un Ittre et ajoute l'amabilité jusqu'à venir causer avec eux. Dix heures sonnent. A ces dix coups, nos jeunes gens, quoiqu'engourdis par les vapeurs de l'alcool et les fumées de tabac, se lèvent comme d'instinct et veulent s'en aller. Au dehors, au contact de l'ai~ frais de la ' nuit, i,ls semblent avoir consctence de l_eur misérable état, mais pour. rester braves JUsqu'au bout, sous le bleu de la voûte céleste piquée de points d'or, ils entonne~t, pour rentrer chez eux, un de ces chants tgnobles entendus au cabaret et qu'i1s ne comprennent pas bien encore, mais qui nous laissent voir un coin de leur pauvre âme... A la maison, une mère sanglot_e. De quart d'heure en quart d'heure, elle sort avec une lanterne sur la r oute et regarde aussi Jailli qu'elle le peut: • Mon Dieu! se dit-elle, où sera-t-i~ à présent mon en[ant. Peut-êlre son mauvais compagnon l'a-t-il mené au cabaret? Non, ce n'est pas possible! Puis elle r_entr~, elle voudrait prier, mais elle est trop dtstratte alors eUe fait courir l'aiguille sur l'étoffe. cbmme ce soir, plus que j::tmais, elle décharO'Crait volontiers son cœur dans cellui de son ~1ari mais elle le sait au cabaret, dormant à cÔté '<ie sa bouteille .... Alors un immense dégoût de vivre s'empare d'elle. Cet homme, pour lequel son cœur de jeune fille avait battu s~ souve~t ,,dont les mains s'étaient unies aux stennes a 1 autel, eh bien, ce jeune homme d'hier, c'est aujourd 'hui ce mari endormi par l'ivresse. Oh, ses beaux rêves de jeune fille. où . so~t-ils ~ , pr~sent? Ah! si elle avait su! Out, st elle. n c~att l?as chrétienne son corps se trouverait tres bten dans la ri~ière qui gronde ià-bas! Et pendant que de ses yeux fatigués, des larmes_ brülantes tombent sur la .toile, des pas r~sonne~t lourdement sur les marches de 1/escah~r pms on dirait une chute suivie de gros Jurons; la balustrade vibre, la porte gri!llce sur ses vieux gonds et .ians la chambre un adolescent vieilli entre! Du sang sur la ltgure, les

habits pleins de boue, la bouche et Je nez exhalent une odeur qui fait reculer la mère à l'aspect de ~on e!Üant qui a voulu goûter les. charmes de 1~ vie d'auberge et qui, ce so1r, sans un pe!tt bout de prière va s 'étendre sur son lit.... Mère, pleure bien à présent! Si ton enfant boit, s'il devient un jeune homme perdu, si, ,plus tard, il va faire le désespoir de l'épouse qui aura le malheur de l'associer pour vie s'il devient la honte et la ruine d'une famille' d'une génération peut-être, à qui le doit-ii? A celle qui, lors de sa grimace d'enfant. devant le . premier verre, lui disait en ria111t: « Bois, mon gosse, le vin te fera grandir !. ... RHODANIA.

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L'Eglise, Mère des Patries L' Eglise, notre mère, vit, pour ainsi dire, notre vie. Elle sait, dans son maternel amour, se pencher sur nos douleurs pour les adoucir; eHe sait pleurer avec nos familles en deuil et leur am><>rter les consolations du Ciel. ELle sait souffrir avec ses Hls aux jours des calamités publiques, quand ce coin de terre qu'on appelle la patrie, se trouve menacé, frappé, _humilié. L'histoire est là pour nous dire, en de telles circonstances, les prodiges de son inépuisable te111dresse et de son héroïque dévouement. Mais aussi l'Eglise sait com· prendre, partager et bénir le bonheur de ses enfants, aûx jours de leurs joies patriotiques ou des glorieux anniversaires, lorsque avec Jes magistrats, avec les soldats et avec tous ]es dtoyens, elle chante et fait monter vers le Ciel l'hosanna national, remerciant Dieu d'avoir conduit la patrie, comme par miracle à la délivrance et à la liberté. Catholique, c'èstà-~ir~ universeLI.e, divin~ par son origine, sa mtsston et sa fm, ,l 'Egltse est établie au milieu des hommes et pour les hommes. Elle est vér~tablement mère, mère des individus qui crment en elle, mère des nations chrétiennes qu'elle a moralement enfantées et éduquées. Oui, Nos Très Chers Frères, laissez-nous vous Je redire, car c'est un fait historique : l'Eglise catholique romaine aime les patries terrestres, parce que, à l'origine, sur tous les points de .notre vieilile Europe, c'est elle qui les a pétnes et façonnées par la doctrine et la morale de son divin Fondateur JésusChrist; c'est elle qui leur a enseigné les let-

tres, les sciences et les arts· c'est elle qui a présidé à leur renaissance 'après les désastreuses invasions des barbares· c'est elle qui seule, . enfin, au cours des âg~s, les a vues grandtr sur ses genoux et leur a appris à marcher résolument dans la voie du véritable progrès et de la vraie civilisation. Aujourd'hui, hélas! il est des nations oui oublient trop ce qu'elles doivent à l'Eglise: leur mère. Celle-ci pourrait se plaindre parfois de l'ingratitude de certains peuples qui furent ses fils; mai~ elle ne désespère jamais, parce qu' eUe a reçu pour elle des promesses d'immortalité et qu'elle conserve l'inépuisable vertu de guérir et de sauver les nations comme les individus. Monseigneur BOVET.

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La Dernière Diligence Le 30 juillet a eu lieu l'inauguration du premier tronçon du Brigue- Dissentis. Chaque chemin de fer de montagne qui s'ouvre, supprime généralement une diligence. Aussi l'événement rend-il d'actualité les lignes suivantes de Louis Veuillot: LA DERNIERE DIUOENCE _P renons les diligences pendant qu'il en extste encore. Nos neveux nous plaindront de n'avoir connu que J'enfance des locomotives. Sur des machines perfectionnées ils fourniront en un clin d'œil des courses où nos pères mettaient un mois et qui nous demandent encore un jour. Ils parleront des diligences comme nous avons parlé du coche, avec une compassion mép.risante. ~ous comprendrons alors pourqum les vrats voyageurs, race disparue, ont tous regretté le coche. Quel était donc le charme du coche? Sur un chemin montant, sablonneux malaisé Six forts chevaux tiraient un coche. ' ' C'était cela; c'était le charme du voyage. On voyait du pays. Trente .lieues faites on était en pleine nouveauté de costume, d~ mœurs, d'us;tges. On ayait joui du chemin on s'était fait des amis. ' Sur les anciennes routes une fou.le de gens


86 ient du voyageur. Les uns arrachaient de ompassion quelques oboles, les autres lui laient un 5ruit de leur climat, un objet de industrie. Le chemin de fer a mis tout ·égie et eo ,monopole. Vous n'avez plus la ~alation de donner un sou il l'aveugle et estroprié; les singularités qui amusaient 1rit et les yeux dispa~aissent, comme _les ls spectacles qui attendrissaient le cœur. · la plate et uniforme commodité de la on remplace mal les j)iltoresques diver; du relais! Vous étièz libre dans la dili:e; en prenant votre biHet au chemin de vous · faites un pacte d'esclavage. Vous ~gez sous la loi de deux geôliers, Je règlet et Je tarif, avec une main-forte d'emplopartout. Vous ne descendez un inst.1nt pour retrouver Paris, la boutique de Pal'employé de Paris, la librairie, l'imagerie, Jâ1isserie et la fourberie de Paris. Vous condamné à ne plus sortir de Paris.. Il a plus de grandes routes, il n'y a que des es d'omnibus démesurées. ,_Jus de compagnons de voyage! Des gens rmés dans un wagQn, bien à leur aise, tt pas besoin de se gêrrr les uns pour ]es ·es et ne prennent pas la peine d'être polis. cun tire son journal ou son livre, et adieu onversation. Que de bêtises gaies noyées s la bêtise morne! •

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L'art de se gêner 1\. l'église: on arrive en retard, on dérange t le monde pour arriver à la place que 1 veut prendre. ~n chemin de fer: on prend le bon coin, encombre ·les iilets, on ne se remue qu'en Jmmodant les voisins, on ouvre la pore, on baisse la ,gJace à temps et à contreps, on fume. on crache, on parle haut!.... En vis ite: on arrive trop tard ou trop tôt, parle trop et trop haut, on reste trop long-

tp s. En famiUe: on pourrait, sans frais, sans gue, sans peine, rendre service, faire plaichasser un ennui être agréable, calmer : souffrance, apporter un rayon de joie; is on ne trouve à dire que: • J'y suis, j'y te! Ce n'est pas mon affaire! Chacun pour ! Je ne peux pourtant pas me gêner! Qu' s'arrangent! • Comment s'étonner, après cela, que l'on JS redoute, que l'on nous évite, que !'on

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nous déteste? Mais franchement, à qui la faute? Vous aurez beau a1ler à l'église, vous occuper de bonnes œuvres; dès lors que vous ne voulez pas ou ne sav~z pas vous gêner, vous serez fatalement mis de côté, blâmé, s2ns compter le scanda·le de faire attribuer à la religion vos, défauts, peu graves peut-être mais trop visibles chez un chrétien. L'art de se gêner n'est pas inscrit dans les beaux-arts. Il est moins brillant, moins attrayant que la musique ou la peinture, m;lis mieux que Jes beaux-arts: il embellit la vie. Se gêner, c'est faire du bonheur. Se gêner est une nécessité de la vie, et n'est-ce ~as parce qu'on n'a pas appris à se gêner qu'on souffre tant, qu'on se plaint de tout et de tous, et qu ' on rend maliheureux ceux qui nous aiment? Se gêner c'est: Se taire sans affectaf!ion, pour ·laisser la parole à un auke. Supporter une contrariété pour l'épargner h un autre. Ne pas trop se plaindre pour ne pas importuner 1es autres. Se gêner, c'est: • Se renoncer, accepter en paix les petites croix de chaque jour et les porter sans trop les montrer. » C'est, comme le veut saint Paul, • se iaire tout pourr tous ~.

Poules savantes Quiconque possède une• basse-cour s'éton· nera que des dresseurs aient eu le talent et la patience de transformer des poules en ~ animaux savants •. Consultez éleveurs et termiers, et ce sera un cri général: il n'est point de bête au monde aussi stupide que l'inut·ile pondeuse. Elle n'est bonne qu'à produire des œufs: n'attendez pas d'elle des traits d'inteUigence. M. Toreai a voulu battre en brèche cette théorie: il a formé une troupe de 70 coqs et poules qui exécutent, au commandement, des tcurs assez compliqués. Nous citerons les principaux: Un petit coq de combat, de l'a race d ite naine anglaise, s'installe sur un gt:and cerceau de bois et fait avancer en déplaçant adroitement ses pattes; une manœuvre analogue permet à une poule de se tenir en équ ilibre sur une sphère qu'elle fait_rouler. Accroupie su·r le cadre d'une minuscule

bicyclette, une autre poule sait parfaitement

achonn~r lai roue motrice, et un coq de la

r_ace crevecœur exécute les acrobaties sur un hl de fer. D'amusantes pantomimes entraînent la col· labo~ation de plusieurs acteurs. Attelée à un cha:not, une poule en véhicule une autre cependa~t _qu_'un coq de Padoue, dont les 'plumes henssees donnent à sa tête embroussaillée un aspect étrangement comique court deci, de-!à, en feignant d'aider ses 'camar~des C'est le down de la troupe, c'est son • Gu~ gusse! ~ Le. dres~e~r a mi-s à l'épreuve plusieurs centames d Oiseaux avant de .p orter son choix sur c~ux qu'i'l a dressés. Ils se montraient réfract~ues à ~o~te éducation dans une proportiOn considerable. L'œuvre de sélection devint plus aisée quand M.. Torcat euf re; marqué que les coqs de races pures faisaient preuve d;_pl~ grandes aptitudes que ceux de races mehssees. L'observation esli déconcertante. N'avons-nous pas constaté, bien souvent, autour de nous, que les chiens de races pures s~nt loin d'être aussi intelligents qu' un vulgaue • roquet » à J'ascendance obscure et compliquée? • ~utre observation intéressante: pendant la penode de Ja mu~, les oiseaux, quand ils ne refusent,, pas obstinément de travailler. ne le font qua contre-cœtLr, si l'on peut dire . ils sont distra its. comprennent de travers' les ~o~~ndement~ coutumiers, manifestent un mvmcJble besom de repos. Aussi M Toreai s'est~il décidé à accorder des vacàn~s à ses • ar!J.stes • pendant cet~ période· mais pour ne pas chômer, il a enseigné les 'même~ tours à plusie~s animaux. Les • premiers sujets •, les • étoiles •, ont chacun trois • doublures . toujours prêtes à les remplacer en scène. ' . A notre co~naissance, c'est ~a première fo1s que les ~ra-lhnacés font leur apparition au théâtre - sans tenir compte naturellement du traditionnel • poulet de càrton • . Ces dé: buts de 1~ basse-cour dans un monde pl\is relevé valaient la peine d'être signalés. Ils nous donnen~ un nouvel exemple de dressage et n_o~s rappeUent, en somme, que tout animal, SJ tnféneur que nous apparaisse son intelligence. est susceptible d'éducation.

:t Nos espérances et no~ craintes, nos joies et nos. douleurs ne sont presque jamais que des faiblesses d'une âme qui oublie sa fin. .:t Dieu a ordonné au. lemps de consoler les ·malheureux.

Variétés ==-=-===-== LES LIMACES DANS LES JARDINS Les ravages. causés dans les potagers par les limaces de toutes espèces s ont parfois tels que les jeunes semis sont complètement détruits. La voracité de ces mollusques n'a d 'égale que leur collan.te ass.iduit~, favorisée par la sécrétion de ce ~iqu ide visqueux qu i laisse sur le sol, sur les p lantes, partout où la limace a passé, des traces que tout le monde connaît. Par Jes temps humides surtout. et au voisinage des plantes qui présentent un feuillage tendre et abondamt, tes invasions de limaces ~e montrent nombreuses et fort dommageables. Il y a un moyen bien simple de s'en débarrasser. Il sulfit de placer, le soir, un peu de son ou, mieux encore. d'en entourer les plates-bandes à préserver. On sera bien surpris, le lendemain ma•in, de voir les limaces et autres mollusques réunis par masses en train de dévorer le son. On n'a donc plus qu'à les_ capturer; pour cela, on adopte une grosse éping'le au bout d'un morceau de bois quelconque et on s'en sert pour piquer les limaces que l'on met au fur et à mesure dans un pot à fleurs contenant un peu de sulfate dE' cu ivre qui a la faculté de les tuer presque in stantanément. ODi s'évite ainsi de les écraser sous les pieds. C'est surtout le matin de bonne heure, ou principale-ment par une journée de pluie, qu'on peut opérer avec un succès vraiment surpren1nt, même inattendu. On peut donc, rpar ce moyen si peu coQfeux. noo seulement sauve:- ~es semis et plant~fionr-. 111~ i s encore. si l'on veut y mettre un peu d'assiduité. se défaire à fout jamais de ces bestioles pour lesquelles chacun éprouve une répu-:nance bien justifiée. 000000

VICfiME DE LA SCIENCE Le docteur Droba, professeur de bactériologie à l'Université de Cracovie, vient de mourir victime de son ardeur pour fes recherches scientifiques. Le cas d'un homme atteint de la morve l'avait particulièrement intéressé. Il avait reçu le malade à son hôpital. l'avait complètement isolé des autres hospitalisés et était resté constamment auprès de lui. Par son traitement et ses soins il était sur fe point de guérir complètement Je mala-


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88 lorsque fui-même fut atteint par la conta.on. Se voyant perdu sans rémission il fit :s ~dieux à sa fa~lle et à ses élèves. '11 prit rsulfe toutes ·Jes drspositions pour empêcher le son corps ne propageât la terrible madie. Conformément à ses insbructions on •ait préparé deux cercueils. Celui qu; 'était estiné à être emboîté dans l'autre devait être >urré de gazon. Ces pré.paratifs faits l'hé>ïque médecin attendit tranquillement ~a fin supporta avec stoïcisme Ies douleurs atro~ !S qui précédèrent son dernier soupir. !,

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LE GRAITE-cŒL DE VERRE La dernière nouvelle de New-York est un ratte-ciel modeste (car il n'aura que douze lages) mais qui présentera cette particulari!, après son achèvement, d'être aux troisuarts en verre et tota•lement fermé. II n'aua point de fenêtre. La transparence des murs lllffira à résoudre la question de l'éclairage; uant à l'aération elle sera assurée par un avant système de ventilateurs. Ce système 1rend l'air dans la rue à la hauteur du second tage, parce qu'on a observé qu'il y est moins 1a•l sain qu'à des altitudes supérieures; il le onduit par un réseau de tubes dans les cham•res de bain qui le lavent et le filtrent, pour ~ débarrasser de toutes ses impuretés; pas Ill germe nocif ne survivra, dit-on, à ce traiement. L'air distribué par des tuyaux, dans les livers étages, y arrivera sous une pression •églée qui chassera par d'autres canalisations 'air déjà respiré. Un calorifère à eau chaule assurera, .au plus fort de l'hiver, une tem>érature constante et sans humidité. Cette naison de verre et d'acier. construite avec rrand luxe, coûtera en tout 1.500.000 dollars. ;on roof, disposé en promenoir. orné d'arJres et de fleurs, permettra aux locataires de >rendre de l'exercice sans sortir de chez eux. &.yant à domicite l'atmosphère •la plus salubre ~t le bienfait de yivre en plein soleil. ils ne regretteront poin~ les fenêtres qui n'apportent ~ue des courants d'air, du bruit et de la sa,eté. 00000 ~OMMENT

L'INDUSTRIE FAIT CROITRE LA VALEUR D'UNE BARRE DE FER D'après un statisticien spécialiste en métallurgie, une barre de fer valant 25 francs vaudra, transformée en fers à cheval, 60 francs; en couteaux de table, 880 francs; en lames de canif, 15,928 francs; en aiguiUes,

1776 Œrancs; en ressorts de montre, 425.000 francs. Par ailleurs, d'un lingot de fer pesant 10 kilogrammes et demi, on .peut tirer un fil de 68 kilomètres de longueur, si fin que l'on pourrait en faire des perruques. 000000

UNE INSPE.CTION SCOLAIRE EN ANGLETERRE L'inspecteur en tournée interroge le petit Sammy. l'aigle - et la terreur - de la classe. - Quel est le genre de leçons que vous préférez, mon ami? Sammy répond par un silence contempteur. - Aimez-vous les mathémathiques? -Pas trop! - Ah! ah! nous allons voir! Et, certain de produire un eifel de rire, l'inspecteur continue: - Pourriez-vous me dire combien un cercle a de côtés? - Deux! répond Sammy. - Et :esquels. je vous prie? - Le côté intérieur et le côté ext~rieur. L'inspecteur devient cramoisi. "tandis que la classe applaudit et que l'instituteur essaie d'enfoncer son mouchoir dans sa bouchl' pour ne pas rire. Mais l'inspecteur veut avoir sa revanche. Il dit à Sammy: - Passons à la philosophie morale. Que savez-vous des causes et des effets? - Tout ce qu'on m'a appris à cet sujet. - Ah! ah! Eh! bien, dites-moi si l'elfet peut précéder la cause? - Sans aucun doute! - Vraiment? Je voudrais bien que vous mc donnassiez un exemple de ce phénomène. Alors Sammy, avec un accent de mépris indicible: - Vous n'avez donc jamais vu un homlll'! pousser une brouette? 00000

MOT DE LA FIN • Comme on a invité des amis à dîner, on a recommandé à Mlle Lili d'être bien sage et de ne rien demander. La conversation est très vive, et on sert un pjat dont on oublie de donner une part à l'enfant. Un instant après, la mère demande une assiette au domestique. - Maman, veux-tu, la mienne? dit timidement Mlle Lili, ü n'y a rien dedans.

L'Ame du Pauvre

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Je sais de ces âmes devenues des martyrs, des saintes . . . . elles ne sont plus pauvres. Et le Maître Divin qui a créé l'âme oauvre, qui a aimé la pauvre âme malgTé tout, attend de ceux qui sont les siens qu'ils deviennent un cœur semblable à Son Cœur. Marie-Josèphe d'Héricault.

, Il sem~~e, à certains, que le pauvre na pas d.ame, qu'il se rapproche de la br~te, qu'~l ~st «.animalisé» par le besom de v1vre qUI le tenaille le besoin de vivre matériellement! Et pourtant l'âme du pauvre, si elle apparaît farouche,, combien elle est prenable quand veut 1;>1en. la prendre un être qui croit et qu1 mme! Quelle délicatesse sous ~ctte ~nvelo~pe grossière qui n'est pas e~1!quee, .mms qui possède la louche infi.me1 et meffable de la délicatesse diNous montions à pied la côte, plaisir que vme. On ne joue pas avec l'âme du pau- les chemins de fer nous vont enlever et que vre, on ne s'étonne pas de ses suubre- ne connaîtront pas les voyageurs futurst A Sduts de révolte, on ne s'âmuse pas de droite, de belles collines ver!es et bleues · ~ lies m~la?~~sses: .elle est respectable, gauche, une vaste plaine avec des arbres' et elle fmt p1he. Et, s1 gravE doit être cette de l'eau, un ciel paisible, un soleil couchant. Pi.ti~,. qui .est de l'amour indulgt'nt et point de maisons; et là-bas, bien loin, un tmsencord1eux, qu'elle apaise toute ré- charmant clocher. Mon Dieu! que la terre "p~te, calme toute fièvre: elle est ta cha- est beille, et qu'il faut que les hommes soient sots d'_çmployer 'les trois C'Uarf.s de leur vie rue. De ces âmes pauvres le monclr est à se haïr dans ce lieu d"eTil où vous avez composé. Si on allait à eUes. pleine- laissé pour eux tant de richcs!les, où ils pourment, elles diraient comtne l'humble raient encore trouver tant de bonheur et jouir ~~11~1me: ~ Vous avez été bom:e pour moi, de tant de repos! Autour de nous tout est grave, majestueux, r a1 ,sf:Iltl que vous m'aimiez ... » I? atlleurs, . le J?lus P.auvre n'est pas pacifique. Une harmonie quasi-divine règne touJours celu1 qUI a fatm de pain il y entre ce que nous voyons. L'arbre donne son a d'autres affamés qui sont plus-' pau- ombrage, et le thym son odeur; !leau répand en courant la fertilité sur ses rives; la terre y~e~ encore! Teurs âmes attirent aussi, delicatement il faut les toucher .... l'é- se féconde au soleil qui l'embellit; les troup~e~ve, l'abandon, l'isolement .... que peaux paissent sans discorde. foutes ces cho. sa\S-Je, ?nt sensi~ilisé tout en elle~ jus- ses se donnent et se renvoient mutuellement qu au .v1f . . . elles saignent . . . . âmes la vie et la beauté, et les nuages sont une pa~e petits enfants, âmes de ieunes filles, rure dans le ciel. Mais ce clocher nous indiames de femmes, âmes d'hommes leur que les demeures de l'homme, et, là où depauvreté fait trembler, aussi elle· ~ttire vraient être plus qu'ailleurs l'union, l'amour, • On ne j0ue pas non plus avec ce~ le mutuel support, là sont les rivalités, les "'mes, on ne passe pas auprès d'elles guerres, l'ingratitude envers le Créateur. Oui; ~ans les. voir . . . . Car, lorsqu'elles ont hélas! voilà ce qu'un clocher indique; mais, rencontre, palpé en quelque sorte la grand Dieu! si le clocher n'y était pas! H~nté divine sous une enveloppe qui Dans ce triste séjour où la ja.lbusie comd01t mourir . . . . elles sont capables à plote, où l'envie ment et blasphème, où la pasleur tour, de sauver en pleurant, 'de sion ourdit ses trames méchantes, il y a prosauver en souffrant, de sauver en s'ou- bablement a ussi plus d'Ùne âme, il y en a une bliant. au moins qui vous connaît, Dieu bon, et qui

Elévation sur les hauteurs


90 us aime! Et celle-là, quelles que so~ent. d'~i~ trs ses misères, sUtrpassc en _pnx mfmt~t ce soleil et toutes les splt>ndeurs terresIS que nous admirons. Vous l'ave~ aimée vous l'avez dtoisie de toute étermté pour -e l'objet de votre amour. Vous l'avez créée IUt vous connaître, vous l'avez animée de tre souffle vous l'avez achetée par les uHr;;-ces ~t :par Je sang de votre til~ unie et du haut du ciel vous veitlez sans cesse qu'elle mérite d'entrer un jour dans ~ ~ éternité. Toute cette forme de la terre dtsraîtra, sera rejetée comme un vêteme~t •iiH s'évanouira comme une vapeur; mats ~e' qui vous aime et que vous aimez . en~ra pour jamais dnas la gloir~ de vos eteux i ne passeront point. • Exstcatum est ~a.~ rn, et cecidit flos : verbum autem Domtnt stri manet in leternum •. • 0 chrétien! sache ce que tu vaux • , a l.lit . grand pape. Et voilà donc en eifet l'étonnante et l'incomprénsible dignité de cette âme, qui est là bas, 11le peut-être, ernprisoonée d'un ~orp~ i~irme revêtue de haililons, dans ce petit guepter des ~ancetés humaines. Et non seulement elle t en possession de tant de grandeur, mais core elle Je sait. Reine exilée, elle sait qu' ,e retrouvera sa couronne et son empire, et t'il n'y a point de frontière, !li de distance, d 'armées ennemies qui l'en éloignent pour ngtemps, :;i seulement elle y veut entrer. le le voit, son royaume divin; et chaque pas t'etle fait l'en rapproche; et toute douleur ti tombe sur elle, toute humiliation qui l:attDt, lui prépare un surcroît plus ~pleodtde 1 puissance et de gloire, et ~Ile satt enco~ la. Et elle sait aussi que nen ne peut lut wir tant de biens: pour les perdre il faut un te libre de sa volonté; pour être détrônée faut qu'elle abdique. En attendant, c'est une créature de Dieu ti souffre! _ Sans doute; mais en !'OUHr~nt elle méle, elle espère, elle aime. Louis VEUILLOT.

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L'Appel à la frontière Sur ce versant de la vallée d'Hérens, d'uo accès difficile où les connnunications sont très lentes, pÜsoone ne croyait l l'approche de la guerre. Les montagnards atlirmaient, entre deux silences: _ Cela s'arrangera.... conune les autres fois. Et tirant une bouffée de leur pipe, ils repreu~ient leur ~e. Les foins l rentrer, l dos d'homme et de mulet, le long des peu· tes rapides où les chars. ne ~ssent po!nt, la moisson qui commençatt enhn à milnr. _les prontesses du beau temps, les préoccupatent davantage. Cependant, depuis deux jours, ils J?arais· saient soucieux. Quelques-uns nous srretatent pour s'informer des nouvelles. L'instituteu~ vint demander des gazettes, ces g3Zettes qut arrivaient vieilles de trente-six heures. Le derrtier jour de juillet s'acheva dans un coucher de soleil plus beau que. tous les au· tres: les cimes des Alpes bernOises se dr~s­ saient aiguës et d'un b1eu doux sur .Je Ctel rasséréné. Une ombre transparente enveloppait les vilages: Mase tout proche, au flanc des pentes vertes Hérémence en face, dont on distinguait la bl~cheur de l'église parmi le troupeau sombre des chalets. Vex dans le lointain sur le dernier épaulement de la mon\agne abaissée. Les rayons suprêmes. du soleÏil s'attardaient sur les pentes fieurtes, _sur les pailles des blés c~uchés. par. des ne1ges tardives et d'où se ·levatent pele-mele des boil· quels de coquelicots, de bleuets, de grandes campanules violettes. Par les sentiers qui zigzagueot !lU milieu de profusions. d'églantin~s polJ!Pl'es et r~s, on sentait vemr cette patx radteuse des s01rs d'été précédant l'universel sommeil des choses ~t des êtres, cette paix 9ue !es notes. de l'angelus imprègnent soudam dune asptra· tion confiante, et comme d'une tendresse supérieure. Et l'on oubliait presque les menaces con: fuses de plus en plus affirmées: l'heure qut nous ' est donnée est si brève... si brève pour s<:ntir et pour aimer toute cette beauté du monde.... Les hommes commettraient-~ls la folie de la troubler, de l'obscurcir, de la transformer en heure d'angoisse? . La nuit vint, pure et claire. Et l'on pensatt, en regardant les rampes sombres, à tous tes

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feux de joie qui se préparaient, et qui, le len· demain soir, illumineraient la montagne de la base au sonvnet. Il faisait trop beau pour dormir, cependant il faJiait bien ai:Jer dormir. L'illumination qui se préparait fut tout autre. Elle eut 'lieu cette nuit même, en avance de quelques heures seulement. Un réveil en sursaut. Une voix appelle. Il [ait noir. - Qu'y a-t-il? - On bat la fénérale.... Un bruit sourd et rythmé monte de la vallée. Des coups brefs, répétés, comme haletants, et qui se prolongent et troublent lugubrement. Un appel jamais entendu jusqu'alors, et qui fait résonner toutes les fibres de votre être, et qui s'impose si impérieusement qu'aucun autre bruit ne saurait être perceptible à cette minute. -La guerre! L'évidence est Il. C'est la catastrophe à laquelle on refusait de croire, et que, hier encore, on affinnait lointaine à l'horizon. -La guerre.... .Pendtés sur le balcon, nous écoutons l'appel précipité du tambour. C'est de Mase qu'il monte, Mase proche dont on devine l'emplacement dans les ténèbres. Le battement profond ·grandit, semble remplir toute la pais.ible nuit. Presqu'aussitôt un battement semblable et plus faible répond comme un écho. L'appel réveille Hérémence à son tour. Et bientôt retentit le son affaibli d'un tambour plus lointain: c'est à Vex qu'on bat la générale. Et l'on eotend d'autres apo pels encore qui semblent venir du haut de la monta.l!lle et dont le vent apporte des lambeaux: Vernami~ peut-être. Toute la vallée, si bien endormie dans la pure nuit canicuJaire, tressaille en même temps. Au ilanc des monagnes noires, on entend passer l'ordre. Le roulement de tambour qui, trois semaines auparavant, rythmait des marches triom· phales, .p rend cette nuit un autre rythme, un son sinistre. Nos cœurs se crispent doulo.u· reusement: - la lointaine et terri bile perspective est devenue soudain immédiate et concrète: l'appel aux annes... Je départ. C'est le brusque contact avec cette chose atroce qui semblait impossible à notre génération élevée dans l'horreur des batailles: la guerre. Déjà des lumières s'aiiument aux chalets réveillh en sursaut. Des lumières march~n~, disparaissent un instant, avancent, se re)Ot· gnent et l'emplacement des villages, que l'on devinàit dans l'obscurité grâce aux notes brè-

ves du tambour, est brusquement dessiné par ~es pauvres points de feu tremblants. Une clarté se répand dans le ciel au-dessus de la vallée du Rhône. San9 doute, Sion veille làbas. Il est une heure et demie du matin. Dans les :ténèbres des ·lumières intennittentes marchent sur des rou.tes invisibles, à des hauteurs différentes, s'en vont rejoindre des ha· meaux lointains, haut perchés dans les replis de terrain au-dessous des forêts. Des lanter· nes coure~t horizontaJemcnt dans la direction d'Evolène. La nouvelle se répand du haut en bas de la montagne. Dans ces espaces noirs, toute une vie frémissante s'agite et soutire, si loin, ~ dont cependant nous sentons la palpitation monter jusqu'à nous. Sans doute éclairent-elles des scènes de désespoir, ces vacillantes lumières: la séparation est imminente la bataille aussi, peut-être. Une angoisse qu'on ne peut !"upporter étreint res cœurs; car on ne sait rien de ce qui se passe, rien, sinon que l 'alanne e~t don~ée et. que les hommes, réveillés en pleme nmt dOivent se tenir prêts à partir. Ainsi cette val~ retirée, si étrangère A tout ce qui se passe, où les échos du monde ne parviennent qu'amortis et lointains, fut brusquement tirée de son ignorance heureuse. Les événements de Serbie et d' Autriche s'Y prolongent désormais en lugubres échos et elle partage à présent l'angoisse de cette heure. L'angoisse de cette heure.... Toutes les mères toutes les femmes d'Europe, en cette nuit du 'ter Août, ne peu<vent donnir et dévorent en secret leurs larmes.... Comme elle est lente à venir l'aube de la courte nuit d'été! Le ciel demeure obscur. La Grande Ourse étincelle sans merci. Sur toute cette anxiété et cette douleur humaines, la nuit garde inexorablement sa sérénité. Des étoiles filantes comme des raies de lumière, s'en vont à leurs destinations mystérieuses. Le tambour s'est tu dans la vallée. Les lu· mières s'éteignent l'une après l'autre. Et les ténèbres apparaissent moins noires. Seules les maisons conunurutles laissent leur lampe al· Jumée. Cependant nos neris surexcités croient toujours saisir dans le silence le battement accélére. Au petit matin les cimes glacées s'éclairèrent sur le ciel. Les villages apparurent blottis le long des pentes, ayant leur paisible as· pect quotidien. Et nous aurions cru nous


92 iller d'un ,Jong cauchemar si nous n'ans entendu en nous-mêmes continuellent, l'irrésistible appel, J'appei que, désorls, nous ne pourrons plus oulblier. t\ Paube, Je village de Suen dont les toits chistes si pr~hes se touchent, également rés par les hchens roux semblait mort t bruits de œ monde. ' :::ependant Je président de la commune parLrait les ruelles, accompagné du facteur , télégramme~, monté cette nuit de la plaine. présente l'ordre: une dépêche intimant la bilisation immédiate du landsturm à deux 1res à Evolène, et la mise de piquet de te l'armée. l..es hommes se rassemblent, silencieux et

- Oui... j'achète des souliers pour aller à la guerre. Je pars ce matin .... Dès onze heures, le tranquille village de St-Martin avait une physionomie toute chan'Î 'l! r~ gée. Des soldats le fusil en bandowlière .des~e~­ daient la grande rue, naguère si ;ouriante avec ses hauts cltalets aux fenêtres fleuries et sa. fontaine à trois bassins ombragée de peupliers. . Les femmes regardaient, silencieuses, Immobtles, ayant l'air d'avoir reçu un coup de massue. Les hommes devant la cure buvaient un verre de vin doré et serraien't les mains tendues. Quelques-uns étaient très émus. D'autres plaisantaient, faisant bonne contenance. Mais pas un ne songeait à récriminer. Sans doute ·f'objet de cette guerre leur ISfemés. demeurait obscur. Ils n'avaient pu suivre la A Prazjan, un hameau tout au fend de la marche des événements, les démêlés de l'Au~. sur la route d'Evolène b nouvelle nt d'arriver. les ouvriers des mines de triche et de la Serbie... la Serbie qui apparaît, dans ce cadre valaisan, singulièrement loinmb argeUtlifère qui commençaient le trataine.... Mai·s , à cette heure, il s'agit bien de 1, s'arrêtent, se groupent et se concertent. la Serbie! le pays a besoin d'eux et les apPlusieurs d'entre eux, devant partir tout de 1e, réclament 'leur paie. Les ingénieurs ne pelle. Et ils vont, sans rien dire, attentifs seure!lt où donner ~e la tête. Il faut régler les lement à être exacts au rendez-vous. - U ne faut pas être en retard, dit l'un la1sans, congédier deux cents Italiens .... d'eux. C'est une affaire très sérieuse. If-être fenner l'usine.... Et de leur démarche lente, chargés dureVoici la diligence, venant d'Evolène, où ~nt, le soleil de midi chauffant leurs képis, if entassés des étrangers. suiv,ie de voitu1ls se sont mis en route. et de charrettes surchargées de voyageurs . Nous les avons regardés s'éloigner par pede bagages. C'est le sauve-qui-peut. Ces !Jts groupes, le 1ong du sentier d'Evolène. tmes emmitouflées, ces honunes, ont des Leurs dos un peu courbés .leur démarche Jres ahuries,, des yeux pleins de stupeur. alourdie, leurs cheveux· gris~nnants, leurs viont bouclé leurs valises à la hâte. Hs resages marqués par la vie nous émouvaient ent sans œsse leurs projets bouleversés, n incertitudes et leurs craintes, tandis 'l'l' d'une façon singutière. Ceux-là, laissent dergrand trot les chevaux Jes emportent vers rière eux les pesantes charges de l'existence, plaine. D'autres suivent, intenninablenient: dont le souci les poursuivra tout le long du chemin. · ~ .•·l 1jours les mêmes figures anxieuses parmi Après leur départ, le vi.Jiage, un moment, •tassement des sacs, des piolets des corsemble mort. I; tous ces objets apparaissent à' cette heuPuis, le travail quotidien recommença. On souverainement inutiles, presque un peu · icules. Quelques étrangers n'ayant pu trou- vit passer l~s mulets, guidés par les femmes, . de voiture s'en vont à pied, lourdement et portant de lourdes charges de foin qui osciUent. On vit passer les· gamins avec leur lrgéS. hotte, et les hommes qui s'en allaient comDans la petite boutique où l'on vend un mencer hâtivement leur moisson. 1 de tout, un nùneur, qui venait de toucher Et le 1er Août s'écoula. œ salblire, essayait de gros souliers neufs Ah! les illuminations, comme elles furent mis de clous. manquées, le soir! Nous avons voulu plaisanter afin de réagir Mais qu'importe? le Val d'Hérens, le pays lfre cette angoisse ambiante, qui al'lait tout entier, avait mieux fait que célébrer l'anmdissant, tandis que nous attendions la diniversaire en illuminant ses montagnes! II ence de Sion apportant des nouvelles. l'avait célébré douloureusement par le sacri- Des souliers pour aUer à la guerre? fice accepté. U avait ratifié le serment de 1291 Mais le Valaisan, relevant la tête, a répar l'action la plus significative: il se levait ndu gravement:

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à l'appeJ au drapeau pour couvrir .Jes fron- Moi, j'a~ sept e~fants.... E~ j~ serai seu. tières. le.... Et la m01sson n est pas faite... les foins Mais œ fut le lendemain dimanche à SI- ne sont pas rentrés... Et l'on va nous prendre Martin• après la messe que' nous avo~ pris encore le mulet.... Qu'allons-nous devenir? un contact plus poignar{t peut-être avec la réaEt d'autres étaient si suffoquées de lannes lité de la guerre. qu'elles ne pouvaient même pas formuler les hommes et les femmes sortaient de J'éleur douleur. glise, dont le long clbcher blanc se profile Et lorsque nous essayions des paroles d'essur le cadre étincelant du glacier. Et ils de· pérance, elles nous regardaient défiantes et meuraient immobiles, au milieu de la place, ' secouaient la tête sans rien dire. sans parler. - Non, non, affirma une vieiHe ferrune, Bientôt touf le village fut ainsi rassemblé. avec un calme effrayant. Lis ne reviendront Le~ hommes se tenaient ensemble devant la .pas. Ni les hommes, n.i les mulets ne reviendront.... ~ISO'! comm~ale, où, sur Ja porte, on vo• yait deux pap1ers nouvellement affichés. Les Ils sont sous 'l 'impression d'une catastrofemmes se groupaient d~rrière eux· elles phe, fondue sur eux à l'improviste une catasavaient leurs belles jupes amples à pÜs sertr.ophe o?scure, qu"i~ ne com.pr~nnent pas rés, l~ur c~urt mantelet à pointe. leurs fichus b1en, qu'1ls ne s'expliquent point, dont ils ne de so1e claire; ,leurs figures étaient anxieuses c~erc~ent pas à. entrevoir les conséquences sous les chapeaux plats aux ailes noires tous lomta1nes, et qu'1ls subissent avec douleur. pa~~ ' Majs pas une parole de révolte pas une le président de la commune étant parti pro~estation ne s'élève. Tous sont 'prêts. Ils co!"me ~ldat. du landsturm, ce fut Je juge obé1ssent à l'appel. qm se Dllt à hre à voix haute .la nouveiJe dépêche ordonnant la mobilisation de la land** wehr et de l~lite, la réquisition de tous les mulets.... Et le suJ'Ilendemain, de grand malin, sur la route d'Evolène, la route de Mase, la route Un silence profond pesa sur tous ces hommes immobiles. de Nax, sur toutes les routes de la vall~e on vit descendre les soldats. ' Puis la voix du juge s'éleva de nouveau. A l'aube, ils avaient entendu la messe avec Il lisait la ·belle circulaire du Conseil fédéral. leur famille. Et maintenant, par petits groumots de confiance et de courage tompes, i•ls allaient, de leur pas allongé de monbaient .lourdement sur ce public atterré qui tagnard, portant allègrement re sac et le fusil. semM'a1t ne pas comprendre n'avoir conscienD'autres avaient chargé les sacs sur des muce que d•une chose: l'agg.ra~ation des nouvelJets que le vieux père ou la vieille mère conles déj~ si mauvaises, le départ de tous.... duisaient par une corde. Des femmes, des jeule JUge se tut. Et le silence continua. nes fillesJ des petits frères descendaient avec On .aurait voulu leur expliquer les cltoses, eux. Des fiancés se tinrent par la main jusleur. d1re 9ue le danger n'était pas immédiat, qu'à Sion. Un prêtre allait voir sa mère dont sera1t conJuré peut-être.... les quatre fi>ls partaient. Mais personne n'osa prendre la parole. L'étrange défilé continuait, se reformait touMors on entendit les sanglots des femmes jours; les mil'lets balançaient leur charge inata~ssitôt réprimés. Toutes pleuraient silentendue, les sacs et .les capotes roulées, entasCieusement, et quelques hommes aussi se désés dans les bâts. Et i'on eût dit l'exode de ~ournaient. ~i~ les pliJs jeunes femmes, par 1nstant, n'arnv3!1ent plus à contenir leur cha- familles entières, des tribus qlllittant leur mongrin. Et leurs brusques sanglots, crevant J'in- tagne, comme autrefois, pour allier se battre. En passant à Mase, il y eut un arrêt des terminable silence, faisaient mal. ..AJors d'une voix frès basse, respectant instinctivement saluts échangés, des adieux. la rencontre des camarades qui partaient aussi, un verre bu cette poignante douleur collective et muette, des femmes plus âgées essayaient quelques en- à la hâte debout au milieu du chemin et des couragements. Des colloques chuchotés s'en- groupes de femmes et d'enfants, qui regargagèrent. Et nous entendions des lamenta- daient, entouraient ~es soldats, soupesaient les tions navrantes: fusils, puis des embrassements très brefs et - J'ai cinq petits enfants, disait l'une. Mon sans paroles. mari .part. Et je reste toute seule dans un Et l'on se remit en route. chale~. Il-haut.... Des jeunes gens de l''élite riaient et plai- .

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94: mulets. Tout ce flot passa le pont et vint grosantaient. L'\ln .d 'eux, montrant sa joue gonsir d'autres flots humains stationnant devant ée par une fluxion, disait: - Si un projectile entre là, i,l faudra bien la ligne du chemin de fer. ue la fluxion me passel Tout de suite, Sion nous apparut avec une Mais le plus grand nombre demeuraient figure nouvelle et inatendue: à lia fois morne, 'raves, emportant avec eux la tristes;;e de ~ ayant tous ses magasins fermés, et étrange,e rnière étreinte. Quelques-uns, souc1eux, dl- ment agitée, envahie par une foole qui a~­ aient: menait toujours. Certaines de ses mes éta1ent - C'est bien sûr qu'on va se battre.... désertes, gardées .par une sentinelle; il fallait, Et ils pensaient à leur jeune lemme, à leurs pour les traverser, un ordre écrit du com· etits enfants. mandant de place. D'autres étaient enco~ brées de sdl'd ats qui cherchaient à rejoindre Les nouvelles les plus invraisemblables cirulaient dans les groupes. Des hommes, re-- leur bataillon, de charrettes et de mulets qu' ·e nus de Sion la veille, avaient affirmé que on emmenait se mêler à l'immense troupeau de bêtes parquées attendant avec résignation ~s Allemands envahissaient lfa France, qu'il r avait une révolution à Paris, et qu'on ne sous les torrents de pluie. Des montagnes de foin s'élevaient sur une rouvait plus un seu} pain dans la plaine. Il avait plu toute la nuit. Des brumes blan- place. Et sans cesse, de nouveaux contingent arih es montaient sans fin de la vallée. rivaient. Ce fut celui de Savièse. Ce furent les Nous pensions, en regar~ant .les herbes Anniviards qu'on vit descendre en gr~pe~ rempées, que_les ~ulets de-va1ent etre amené~ compacts, avec leurs petits fifres dont 1ls tl1 Sion le lendemam, et ql!.e les femmes qm raient des notes aiguës. Et dans la rue, tou· :omptaient sans doute les employer cette derlière journée, à rentrer les blés coupés à la jours des femmes qui pleuraient. Neuf heures approchaient. 1âte, seraient eneor~ déçues. Peu à peu !''ordre se fit. Les groupes déNous étions sortis de la forêt. Des fleurs tachés se fondirent dans les compagnies rérissonna ient sur tous les rochers, festonaient le sommet des vieux murs, couvraient gulièrement alignées .Je long des places, le long des rues et des promenades. Et rien l'or et de violet toutes les pentes. ~jà dans a plaine rapprochée, on voyai~ :;e Je~er le 'n'était beau comme cette foule qui s'ardon· :locher de Bram~. Et l'on d1shngua1t sur naît avec tranquillité. la route' de Vex •les contingents d'Evolène et La petite capitale, si paisiblement adossée l'Hérérnence qui descendaient en même te~ps. à ses collines, dominée par sa forteresse déNous croisions sur le chemin des v1eux mantelée, avait pris subitement un aspect marplus matinaux qui remontaient à leur village. tial, une allure résolue. Energiquement, avec :'étaient alors de rapides serrements . ~e méthode, elle se préparait. main. Un père rencontra son fils et le saiSit, De plus en plus s'imposait à nous la senui gardant un instant la figure serrée contre sation intense de cet ordre nouveau, renver;a joue. sant toutes les perspectives, de cette situation - Conserve-toi en bonne santé! formidable et oppressante: l'état de guerre. Et très vite ils se séparèrent. Noëlle ROGER. Une femme à cheveux gris S"en revenait (,La Revue des Familles".) toute seule, ass•ise sur son mulet. Elle pleurait. Nous nous sommes arrêtés et nous avons ;uivi des yeux cette détresse solitaire qu'aurune parole ne pouvait consoler. Sur ]a route de -la plaine-, les groupes de soldats se firent pkis denses.. Toutes sortes A tous ceuJC qui veulent s'établir commerde véhicules nous dépassaient à chaque insçant, je recommande la prudence et la circonstant, ,portant des famiJ.les entassées parmi les pection., dit un collaborateur du ,,Moniteur sacs des soldats. A l'entrée du ,p ont du Rhône, une senti- oificiel du syndicat des négociants d'horlogerie en gros en Belgique.'' nelle veillait, la baïonnette au. clair. Le premier point pour celui qui veut ouIci les deux rouies du Val d'Hérens et la vrir un magasin est bien d'examiner si la route de Nendaz se rejoignent. Elies étaient noires d'hommes en marche, de voitures, de force de capital est suffisante pour assurer la

Ce qu'il fant pour s'établir

bonne marche de ses affAires; car nombreux sont les désilllusionnés qui, dans le désir de se rendre indépendants, de devenir « patrons •, s'établissent avec un fonds de roulement trop faible et marcltent en peu de temps à la débâcle! J'estime, ·p our ma part, qu'une affaire r~ sistera diffici'iement si elle se trouve dès le début aux prises avec des difficultés résultant du manque de capital; ou si elle résiste, elle devra avoir recours à ·lfemprunt dont les charges annihileront en grande partie les résultats qu'on était en droit d'attendre. Trop souvent pour les petites entreprises le montant de ces capitaux est évalué avec t~ gèreté et inexactitude. L'employé qui veut s'établir • à son compte •, -l'ouvrier qui veut devenir c patron •, sont .impatients d'arriver à ce qu'ils considèrent comme une Ji,b ération dès qu'ils ont quelques économies, soit qu'ils trouvent un bai11eur de fonds, ils chiffrent plus avec leurs sentiments qu'avec lieur raison. Ils se font des idées fausses des bénéfices commerciaux, ils voient Jes bénéfices bruts et sont générale. ment imparfaitement renseignés sur les charges. Lorsqu'on veut établir une maison de détail, il faut bien supputer d'abord quels seront les frais d'agencement pour la mise en marche. Ensuite faut-il songer qu'un grand choix de marchandises est nécessaire pour réussir; en plus, il y a des frais généraux, loyer, contributions, éclairage et parfois .personnell, tout cela sont des dépenses qui reviennent régulièrement et ne se paient qu'au comptant. Parfois faut-il faire crédit à un client si on veut enlever l'affaire et ces crédits se règlent régulièrement à la fin de -l'année sans qu'il puisse être question de faire traite sur eux, il faut au contraire se garder de les indisposer par des demandes réitérées de règlement. Il est donc nécessaire ~que le capitaB soit non seu1ement suffisant pour les frais d'éta· blissement, mais aussi pour assurer la bonne marche des affaires. Pour l'achat de marchandises, quoique le fournisseur accorde généralement de grandes facilités, ce sont bien souvent ces facilités la cause fondamentale de la débâcle, parce qu·' elles tentent 1t débumnt à dépasser de beaucoup la force de son capital. Les fonds de roulement représentant donc la différence entre Jt'acti:f disponible : mal!'asin, dé6iteurs, espèces en caisse et le passif en· vers les tiers, fournisseurs, créditeurs. Que ceux qui désirent s'établir. ayant fort

peu d'argent en poche, mais au cœur l'espoir de réussir, méditent œs développements Jud icieux. •. L'ouvrier qui veut devenir c patron. doit avoir en suffisance le nerf de la guerre, èar le commerce est une lutte qui demande, le jour d~aujourd'hui, beaucoup de capital pour pouvoir attendre que la capacité ait porté ses fruits.

Variétés = LE HEROS Le héros n'est pas celui qui , sur les champs de bataille armé de la lance, de l"épée ou du fusil, s'élance avec impétuosité sur l'ennemi armé de même, et l'emporte, ou meul't.... Sans armes, le héros se dirige seul au.devant de toute une armée dont il connait pu avance la fureur destructrice, et ·la somme de s'incliner devant le Droit. Je ne connais pas de héros plus gr:tnd et plus complet que Adolphe Max, bourgmestre de Bruxelles. De son loyal regard, il a forcé l'envahisseur à baisser les yeux; par son courage moral, il en a imposé au générat allemand, qui n'a pas osé le retenir, lui, bourgmestre, comme otage; avec sang-froid et dignité; il a refusé de serrer une main souillée de sang belge; sans peur, il s'est présenté les mains vides au gouverneur étran2er qui attendait de lui 200 millions, déclarant que le trésor était à Anvers et qu'il fallait l'y aller chercher; avec une incomparable présence d'esprit, il a su répondre au 2énéra1 furieux et menaçant de dévaliser les Musées, que Napoléon, chez tous les auteurs allemands, est traité de voleur pour avoir emporté d'Italie ·les chelsd'œuvre de l'art. D'autres peuvent, dans une minute de fo. lie ou d'exaltation, faire le sacrifice de leur vie en se précipitant en ,plein danger. Mais celui qui, de sang.froid, jour après jour, expose sa liberté et sa vie, qui à lorce de fermeté d'âme, prof~ une vi.lle P.t un peuple de l'anéantissement, celui ·là a droit combien plus au titre inunortel de Héros! Pour être moins brillant, son héroïsme est plus haut et plus noble, et digne en tous points de Plutarque. Il n'était ,pas nécessaire que l'Amérique '{?l'Ît des mesures de protection à l'égard du bouŒ"gmestre Max. Un tel homme se passe de


ssm•

année

25 Décembre 1914,

96 lrotection: il a con~uré tout péril, il a domité toute lorce brutale; sa magnifiquè person· nalité renouvelle le mythe d'Orphée: les ions altérés de sang, à !''écouter, courbent 'échine et viennent lui lécher les 1~ieds! Honneur et respect à qui a vaincu le vainjueur! Bessières-Fleury. o-o-o-o-o-o-o

SAVOIR RECOMPENSER La correction est un art. La louange, ou plutôt la récompense, en est un aussi, et non moins difficile à exercer; car elle devient une arme dangereuse, si l'on ne sait pas la manier. Il y a plusieurs mauvaises manières de récompenser. NoUJs en citerons deux seulement pour aujourd'hui. 1. Récompenser à tort et à · travers. Agir ainsi, c'est manquer la raison d'être de la; récompense. Il ne faut récompenser qu_'à bon escient, quand l'enfant a vraiment mérité. Pas de compromis. avec ces petites natures; ce serait les tron~per grandement que de leur faire croire qu'ils n'ont agi, peut-être, que sous l'empire de la peur ou de l'entrainement. Quand .le petit mutin ou la petite mutine, après forœ supplications. a enfin cédé à vos ordres, ne soyez pas assez faibles, chè· res mamans, pour vous extasier et pour répéter à qui veut l'entendre: • Comme il e~t gentii mon petit garçon! Comme elie est mt· gnonne, ma petite fille! Vite une dragée. un gâteau!... Que veux-tu mon chéri? Que désires-tu ma fillette? ... ~ Ce sont 1~ des ma{adresses plus que re· grettables; elles sont souvent irréparables. Louez ce qui est louab1e, récompensez ce qui est à récompenser. Mais ne jetez pas vos largesses à tort et à travers. 2. Récompenser au-delà du mérite. - Ne donnez jamais une récompense disproportionnée a.vec ·l a valeur de ]~acte accompli. Il faudrait même arriver à faire pratiquer le devoir pour te devoir, et, pGu conséquent. n'avoir nunement recours à la récompen•se. Mais nos enfants n'en sont pas là; on peut donc les aider les stimuler dans leurs efforts. par l'espoi~ d'une marque de satisfaction. C'est alors qu'il fau~ récompenser sobrement et avec une certaine nuanœ. Ne dites pas, chères• mamans: • Si tu es sage. Je t'achèterai un beau chapeau. Si tu me dis la vérité, je te paierai un beau che· va~. • Cette façon de ré<:ompenser n'en est pas une; car un acte moram ne peut trouver sa ré-

compense dans une satis.faetion absolument matérielle. Si vous récompensez l'obéissance en favorisant la coquetterie; ou bien, si vous louangez la sincérité, en la comparant au seut plaisir de posséder un jouet, vous faussez totalement le jugement de l'enfant, et voos risquez même de museler, en apparence, un vice, pour aider ~e développement d'un autre. ooooo LA SOLIDARITE Rappelez-vous ce petit chef-d'œuvre de Tolstoï: • Maître et Serviteur~. • C'est la nuit, l'hiver, au milieu des steppes; la neige couvre le sol et le voyageur erre à tâtons dans l'obscurité de cette nuit noire, sur cette surface blanche, sans jamais trouver une borne qui lui indique le chemin. Eh bien! il me semble que, depuis des siècles, l'humanité est comme ce voyageur à la recherche de son chemin. P.taçons donc une borne sur la route qu'elle a ,parcourue, marquons fortement le point où nous sommes arrivés; je crois que nous tenons un point fixe, une notion certaine: celle de la solidarité des hommes et de la dette sociale de chacun de nous; si nous savoos bien placer cette borne le long du chemin e:t l'a laire apercevoir à nos successeurs, nous n'aurons pas perdu notre journée. • 000000

LES POMMES COMME .MEDICAMENT Au point de vue chimique, la pomme se compose de libre végétale, d'albumine, de sucre, de gomme, de chlorophylle, d'acide ma· lique, de chaux et de beaucoup d'eau. EHe contient, en outre, un ryour cent de phosphore beaucoup plus que n'importe quel fruit ou légume. Ce phosphore convient admirablement pour renouveler la matière nerveuse, la lécithine, de la cervelle et de la moel'lle épinière. Les acides que contient ~a pomme sont d'une grande utilité aux p<>.rsonnes d'habitu· des sédentaires dont le foie est paresseux; ces acides servent à éliminer du corps· les matières nuisibles, qui, si elles y restaient, rendraient l'esprit lourd et lent ou amène· raient la jaunisse ou des éruptions ou queJI. que autre maladie. Enfin, ,Ja ·pomme crue, bien mûre, est un des ali-ments les plus légers, car il ne faut que quatre-vingt-cinq minutes, pour que s~ digestion soit complètement tem\Ïnée.

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Souhaits de sainte et heureuse année 1915


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