longtemps, attentivAment, sans embarras comme sans hardiesse. Tout près de nous nos chevaux se délectent à brouter la verdure. A quelques pas plus loin, deux des moukres, courbés su1· un pt1tit feu d'épines, préparent le café ; les autres, étendus sur l'herbe, chantent leurs refrains habitut1ls, une mélodie arabe, lente, douce monotone, avec des accents de complaiute. Dans Je~ éclaircies de la rr•mée qui tombe jusqu'à tene, nous contemplons la ville pittor·esquement adsise sur le sommet d'une haute colline. Elle est fortifiée, et commande un ravin sur lequel on voiô les ruines des redoutes construites au siècle dernier par Dah1· el-Amr, gouverneur de St-Jean d'Acre; Chépba-Amr est l'ancienne Gaba mentionnée par Flavius Josèphe dans son histoire des Juits. Elle possède, comme toutes les anciennes localités, des tombeaux taillés dans Je roc. Sa populat.ion est d'environ 4000 habitants qui passent pour être très labo· rieux. Les Musulmans et les Druses sont en petit nombre ; la majorité se compose de chrétiens appartenant à diverses dénominations. Une antique église, dont l'origine remonte probabloment à l'époque des Croisade!!, a été restaurée en 1866 pour l'usage des religieuses de l'ordre des Dames de Nazareth, qui ont foiJdé dans la ville un institut renommé d'éducation pour les jeunes filles. Soudain un coup de sifflet nous arrache à notre contemplation et à notre repos. C'est le signal du départ. On entasse préc~pitamment la vaisselle et les restes du déjeûner dans d'énormes sac~. Les tapis et les nattes sont enroulés, ficelés, chargés à dos d'ânes, et nous partons. La route s'allonge sur un terrain accidenté, couvert de chênes verts et d'autres arbustes, et s'abaisse rapidement vers la mer qui s~ déploie devant nous. On tombe presque inopinément dans la région des sables, vaste étendue houleuse, avec des plis et des replis comme ceux d'une mer en furie, moucheté~> de lom en loin par quelques buissons desséchés, et par des massifs de roseaux secs At tranchants. Toute trace de senti~r ne tarde pas à s'y perdre. Nos chtwaux !Jvanç~ient péniblement sur ce sol mouvant qui avait des refla ts de fourna1se. - Mais la dernière ondulation franchie, je ne pus réprimer une exclamation de surprise : - nous avions atteint le ravissant golfe de Caïfa : I'OL'ient avec tout son prestige et le charme de l'imprévu, nous attendait là. {A suivre./
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SION
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L'ECOLE PRIMAIRE RŒVUE PÉDAGOGIQ UE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE L A
SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION L1COLE PRIMAIRE paraît chaque qui~zaine, de Novembre à Avril inclusivement, en livraisons de 16 pages. Prb d ' abonnement pour la 8uis11e, 2 .fr. 5 0. Union postale 3 .fr.
A.nnonees, pt·i:L 20 cent. la ligne ou son espace. Tout ouvrage dont l' Ecole p,-~·maire recevra deux exemplaires aura à une annoncr ou à un compte-rendu, s'il y a lieu.
SOMMAIRE : Résignat ion. Culture de la v olonté . - Ins truction et lichacatio1n. - Du D évouement. - L a gymnastique à l'éc ole. De l'affaiblissement des c aractères. P a rtie pra: Dictées, SuJet de Style. - Suppléments.
Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : M. P. PIGNAT, secrétaire au Département de l'Instruction publique, à Sion.
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Primes d'encouragement Tenant la promesse faite dan'> nott·e deroiet· N·, nous doun ci-après, dans l'ordre alphabétiquA, la list~> du personnel enseig au bénéfice du décret sur la matière pour l'année scolairH 189 Les noms marqués d'un astérisque sont ceux du pet·sonnel obtient la prime pour la première fois. Quant à la prime qu'eussent méritée les deux excellents i teura défunts, MM. Deléglise et Wouilloz, elle a été envoyée à veuve<>, tous deux étant mariés et pères de famille.
Instituteurs MM. Amacker Qairinus, d'Eischoll '[M. Gross Alexis, de Salvan * Bex Charles. de Veysonnaz Jo>~flph, Biederbost Otto. de Biel Guigoz Maurice, de Bagoea * Blat ter A ntoinP; d'O berwald Gutschenrilter Aloys, (F Blauchut Franç., de Colionges Brigue Bonnet Autoine, à Monthey IIagoauer Joseph, de Han Bonvin François, à S10n Henzen Etienue. de Lots BregyJos.-Mane,deLoèche- V. Jeuo;;chAbrahflrn. de Stei Brucbez Louis. de Volléges · lmesch bidore, de Mot· * Clémenz Camille, d'Erneu lrnfeld François, d'Ulnc Coquoz Ft·édéric, de Sal van lttig J eau, de Morel t: Louis, Juon Aloys, de Torbel « Maurice, LehnerThéophile, de Lo Darbellay Victor, de Liddes Lugon-Monnay Maurice, Victorie:l, Jeun; (Martigny-C.) t Deléglise Pierl'e, à Collombey Mabillarù Zach., de Grim1 Délez Pien·e-Ls, de Salvan Maret Franço1s, de Bagnes DietzigJeao-Jos .. deNiaderw.' Mathieu Victor, d'Albmen Dorsaz Jonas, de Liddes i Maytain Sympbor.,de N Dorsaz P"-N1colas, de Liddos Melilaud Joseph, de Pre-Jos Eggs V1ctor, d'Erg1sch de Liddes Elsig François, de Brtguo Métrailler Jean, d'EvolèQe E rpeu Eustache, d'Agaren Mëlroz JostJph, de Liddes Eyer Etienne, de Naters Piene, Fellay François, de Bagnes Morel Jos.-Mar1e, Fournier Maurice, de Neodaz j MoreL Eloi, de Charrat Gay-Crosier E., de Finshauts Maury Martin, rio Mase Gatien César. de Burchen * Murmaou Jean, do Wyler Genellen .Jean, de St-Ni::olus 1 Murmann Piene. de Lü Genouà Joseph, de Volléges Peter Joachim, d'Ayet· Germanier Louis, de Con they Pitteloud Vincent. dRs Gillioz Ignace, de St-Léonard Pochon Maurice, de Coll Giraud Joseph, de Choex 1 Putallaz Daniel, de Con Giraud Xavier, de Martigny Quinodoz Jean, d'EvolèLte
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SION, t•· Février
1892-93
L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA
SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION RÉSIGNATION (Dédié à l'Ecole primaire.) Dans la force de l'adolescence, j'espérais que ma tâche me serait répartie dans les rangs des braves et des for ts, et qu'avec eux j'aurais à Lravailler à un but pur et grand . Mais Dieu, sagement, m'a assigné une autre destinée, car 8~ 8 voies ne sont point les nôtres, et ses pensées et ses desseins sont bien au dessus de ceux des hommes changeants et mortels. Ainsi parlai-je le cœur saignant, la première fois que je dus me plier sous le joug de l'épreuve. Il me fallut pleurer pendant la nuit, et gémir pendant le jour. Mais ces journées de lassitude ne seront pas perdues, ni ees journées de souffrance, ni ces longues nuits ténébreuses battues des tempêtes de la douleur, si je puis retourner vers vous. Car par là, j'ai appris à supportet· avec une humble patience tous les coups de votre maio ; j'ai appris à tirer le courage de la souffrance, la foi et l'espérance du malheur . Ainsi laissez-moi vous servir de tout mon cœur, quelle que soit ma destinée écrite, soit qu'il me faille partit· déjâ, soit qu'il me faille attendre encore. Si vous consentiez à me rappeler à la vie, je serais encore plus humble, plus confiant, pl us fort pom· la lutte, plus prompt à m'incliner vers vous. Si la mort se tenai~ à ma porte, je serais encore fidèle à mon vœu. Mais quelle que soit votre volonté, Seigneur, laissezmoi vous adorer maintenant. (Imité de l'anglais.) Sierra, 17 janvier 1893. MARio**"'
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CUL TU RE DE LA VOLONTÉ (t'• PARTIE) Je vis un jour devant moi un homme à la fleur de l'âge dont les traits amaigris et les yeux enfoncés dana leurs orbites, annonçaient déjà les symptômes d'une maladie mortelle. Par des libations tl'Op copieuses et périod i· quement répétées, il avait, nonobstant sa vigoureuse constitution, ébranlé son système nerveux, affaibli tous ses sens, perdu sa forte santé, compromis sa réputation ainsi que le crédit de sa maison. Jusqu'à 25 ans, il s'était livré à l'ètude du français, de l'allemand, du latin, etc. ; malheureusement il avait négligé pendant ses études une des matières les plus essentielles, je veux dire l'étude de ses mauvais penchants et de son caractère versatile. Jamais il ne parvint ni à se dominer lui-même, ni à faire la guerre a ses défauts. Ses parents, très honnêtes d'ailleurs, ave: ient dépensé des sommes considérables pour les études de leur fils, mais ils avaient oublié de lui apprendre, dès le bas âge, à résister à. ses grossiers appétits, à vaincre ses tentations, à se garer contre les mauvais exemple:>, à affermir sa volonté dans le bien, à estimer la vertu plus que la science et les honneurs. Dans leur aveugle affection pour leur fils, ils négligèrent de cultiver sa faible volonté, de l'enraciner dans le bien, de la diriger vers la vertu. Cette éducation, ils auraient pu la lui donnat· beaucoup mieux que la plupart des professeurs de l'Université qu'il a entendus exposer leurs savantes théories. Parce qu'on n'a pas su diriger la volonté du jeune homme vers le beau et le bien, son malheur fut irrémédiable. Une volonté bien trempée et basée sur la foi est si nécessaire à tout le monde, que nous allons essayer un moment d'en entretenir nos lecteurs. Pour acquérir cette précieuse qualité, il est de toute né· cessité de s'y exercer de bonne heure, et de ne jamais discontinuer à le faire. Il importe aussi que les maîtres et les parents la possèdent eux-mêmes, rien n'étant plus pré· judiciable à la bonne éducation que leur faiblesse et leur irrésolution.
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On rencontre parfois des h?mmes bien doués, mais av~c ui les relations deviennent dtffiClles. Que leur manque-t~1l (j bien réussir 'l Sans doute ce ne sont pas les connalSpoures ni la bonne volonté, mais plutôt une certaine_sou· ~~~se de caractère qui leur fait ~éfaut et à laquelle 1~s ne p ~ont pas exer~és dans leur Jeunesse. Que de fots ne Ùge-t-on pas chez les enfants la c~lture ,de la volonté, eurtnre cependant bien autrement uttle .qu une .f~u\e de connaissances qu'on s'empresse de leur f~1re a~quem . Laisser l'enfant abandonné à se~ capnces nes~ pa.s cultiver sa volonté. L'entêtement ~rov1ent so~vent dune mau: vaise éducation, el reud lunattque, tandts que la volonte se base sur la raison. L'amonr-propre n'est qu'une s?tt.e résistan~e, un fâcheux entêtement, une aveugle cont~adt?hon, .a~ heu .que _la fert · de la volonté est le fr mt d une seneuse reflex lOn. ~~i~à un petit ga1·çon qui crie et trépigne de. tout-es ses. forces, sa sœur plus âgée chargée de s~ survetl_lance, . lm refuse un couteau tranchant dont. elle ~est serv1e un ms· tant. La mère, touchée par les ens stndents de so~ pet1t ebét·i, ordonne à la sœur de remettre le dangereux Instrument à l'enbnt volontaire pour le calmet•. Un autre jour son frèr~ aîné a .attelé un cheval pour chercher une voiture de fom, le ~et1t garçon ve,ut monter sur Je véhicule avec son frère qm trouve que 1 ?nfant serait serait beaucoup mieux auprès de sa sœur ;_!.enfant .se met à pleurer, à se lamenter et à. trépigner, auss~tot le pere attendri ordonne à J'aîné de satlsfa~re les capnces d~ petit Benjamin. Où est dans ce cas la f~rcc .de volon~e des parents? Elle brille par son absence n est-~1 pas vrat. 'l l~s cèdent à tous les désirs, à toutes les mam_es du ~etlt e:spiègle. Quelle idée ce petit sauvageon peut-li se fatre de 1~ volonté el de la fermeté de ses parents?_ Sans ~ou~?· tl ne faudra pas pousser trop loin les eugen?es a 1 egard d'un enfant il ne fant pas qu'il agisse umquem~nt par crainte, sin~n son obéissance devient purement. ~crv1le.
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Instruction et éducation 11
ln terdisant le tapage à ses frères quand sa mère souffrante, . marchant elle-même à pas légers pour lui ner des soms, cherchant vite la robe de chambre du et ses pantoufles; lorsqu'elle l'entend arrivet· du bureau ayant enfin ces mille petites attentions qui sont les de la vie commune. , Et,. pour les grand'parents, ce respect des tout peti n ~st-11 pas ~dorable! ~'est c~armant de voir une grand' mere soutemr ses pas wcertaws, non sur une canne _ Je. sout~en des isolés - mais sur les bras de sa fille lut cho~s1t les bons chemins, évite les cailloux, les oro afi!l quelle marche confiante et ouhlie son âge et ses mauvais yeux. Mais lorsque les enfants ont du dédain pour les vieillards, .lorsqu'Ils les appellent dédaigneusement des «vieux •. ne doit-on pas penser que l'exemple vient malheureusem des pare?ts? Si . les mots irrévérencieux étaient bannis da vocabu laire de la famille, les enfants ne les apporteraient pas du dehors, cr·oyant d'être réprimandés. On. leur di~ait qu'en parlant des gens âgés il ne faut pas drr~ .un VIeux, une vieille, mais une femme ou une dame agee,. un ho~me ou un monsieur âgé, nou pas ~.ue ce~t~. ctrc?nlocu twn enlève des .années, mais parce que ~; ~s.t .neltcat. d employer le terme qut atténue, adoucit une "fente,. au heu de celui qui la rappelle brutalement. La Jeunesse doit s'habituer aux égat·ds pour la vieillesse. Les cheveux. blonds doi~en~ respec~er les cheveux gris, car leur tour VIendra ausst d en avoir. Ceux. qui marchent alertes e~ légers ne doivent pas se moquer des pas hé3i· tan~s•. meme malheur pen t les atteindt·e. J at vu une fois Jans les rues d'une grande ville un aveugle, - de ceu~ qui ne sont pas mendiants, mais qui ne sont p..as assez r1ches pour être accompagnés, - marcher en tatant les murs avec sa canne. Arrivé à un3 rue transversale, ne sentant plus de maisons, il hésitait à tra''erser.
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Derrière lui de grandes fillettes sortaient de l'atelier; iluelques-unes riaient comme des sottes de la démarche bésitante de l'infortuné, mais une, plus grave, dont les conserves bleues disaient la vue faible, se détacha du croupe e~ vint doucement guider l'aveugle jusque sur l'au1re trottOir. Un commencement de souffrance des yeux lui prouvait que le malheur nous guette au détour du chemin, et cela, en la forçant à réfléchir, avait développé sa bonté. Faut-il donc attendre l'enseignement donné par la souffrance, et les parents ne devraient-ils pas faire germer en tous les cœurs des petits les semences de bonté qui rendent la vie meilleure ? · Lorsq ue nous étions gamins, on nous apprenait à l'école Je respect et la tendres~e pom· les grands-pat·ents avec des récits, el cet enseignement familier est bien celui qui frappe . le plus et s'oublie Je moins; aussi n'ai-je jamais oublié l'histoire suivante : C'est l'hiver. Le vent et la neige font t'age au-dehors. La fami lle entière entoure frileusement la cheminée, sauf l'aïeul auquel personne n'a fait place et qui grelotte dans un coin. Un tout petit remarque haut que le grand-père tremble. Le père, sèchement, dit à son fils aîné d'aller au galetas chercher une vieille couverture en laine et de l'apporter au vieux pour s'envelopper. Le fils obéit, mais est très long à revenir. Lorsqu'il est redescendu avec le lambeau de lainage : - Tu as été bien longtemps là-haut, qu'as-tu fait ? questionne le père. - J'ai coupé la couverture en deux, afin de vous garder l'autre moitié pour quand vous serez vieux. comme .grand-père.
DU DÉVOUEMENT Se dévouer, c'est faire avec générosité le sacrifice de son temps, de se~ intérêts, de ses forces, de sa vie même dans l'intérêt de ses semblables. Que d'exemples de dévouement
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ne t'apporte pas notre belle histoire nationale 1 L'originede la Confédération est due à trois hommes de cœur qui se concertent et ne craignent pas de faire le sacrifice de leurs biens, de leur vie et de leur liberté, pour arracher notre patrie au honteux joug autrichien. Ensuite, no111 voyons un Guillaume Tell, bravant la colère d'un célèbre tyran pour montrer aux peuples terrifiés, que la craint& du péril, dans Je moment suprême, dénote une âme faible, Plus tard, nos ancêtres, forts du secours de Dieu, affron. tent courageusement le danger sur les champs de bata.ill& de Morgarten, de Laupen, de Sempach, de Grandson, d& Morat, etc., et meurent en bt·aves pour sauver leur patrie. Que de héros la Suisse ne vit-ell e pas naître? Un Winkel· ried se précipite seul dans un ba taillon autrichien pour ouvrü· un chemin à ses compatriotes et sauver leur armé& d'un désastre complet! Un Thomas in det· Bund prêche 1& courage à ses concitoyens frappés de ~ tupeur, et quand le momeut d'agir est venu, il leur donne l'exemple de la bravoure, terrifie J'ennemi par sa valeur et délivre son pays; Un Barthélemy Walther ne sait fuir devant un ennemi implacable et révolutionnaire et préfère tomber au ci.Jamp d'honneur plutôt que de se rendre. De notre temps en· core, pour ne prenrhe qu'un exemple en dehors de nolr& patrie, les cuirassiers de Mac-Mahon ont fourni à la postérité un magnifique exemple de dévouement. L'armée française, après s'être défendue avec uue noble vaillance à Wœrth, est obligée de se replier devant un ennemi bieo supérietH' en nombre qui la serre de près et menace tle lui couper toute retraite. Elle était perdue si, sans hésiter un instant, les régiments de cui:·assiers ne s'étaient précipités sur les Allemands pom· les arrêter; sans s'inquiéter de la mitraille qui les décime, ces bt·aves redoublent d'au· dace à mesure que leurs rangs s'éclaircissent et donnen\ ainsi le temps à des frères malheureux. d'opérer la retraite. Ces intrépides défen seurs de la patrie ne se faisaient point illusion sur le sort qui les attendait ; n'importe. ils o& marchandent pas leur vie, ils courent au devant de IL mort, comme on marche à une fêle 1
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Les missiOnnaires, ce~ courageux athlètes de la foi, sontils moins braves, moins dévoués ? Non, c'est leur. apostolat qui nous fournit les plus beaux ex.emplP.s du devouement. Mom·ir semble glorieux, quand vous ~vez pour vo~s contemplet· vos frères, vos parents,, vos am1s, votr~ patne tout entière, tomber an champ d honne~r en. defenda~t son pays : voilà une belle mort ; vous en e.t~s .reco~penses par le juste tribut d'admiration de la postente .. M~1s quel courage ne faut-il pas pour aller prê.cher le vra1 _Dteu aux. tribus sauvages, pour aller leur ensetgner les véntés de la religion, étant )Jresque certain d'a~ance. de h·ou.ver une roort ignorée loin de tous ceux qu on atm.e. Om~ quelle énergie ne faut-il pas à ces c~amptons de. Je~us-Chnst pom· s'aventurer sur les plages lomlames de 1 Aste et de 1Afnque, à travers des déserts inconnus, pour amener les. sau· vaaes à la civilisation chrétienne, en n'ayant pour temom deë) leurs fatigues, de leurs privations, de leurs ::;ouffrances que Dieu seul ~ . . L'instituteur lui aussi a d'autant plus besom de devouement que la reconnaissance n'est pa::; la pri~cipale vert~ de ce siècle, et que souvent les mmlleures achons sont recompensées par une noire ingr.atitude. Cependant, pour se dévouer envers .ses élèves, ses JOUrs ne seront pa~ en danuer sa mission ne l'exige pas : elle demande simplement qu'il emploie au service de, so~ _j~une, pet1t .monde tout. ce qu'il possède de force, d actlvtte, d energte, de. con.nais;:;ances, de tact, de savoir-faire, et cela ~ans ped.anllsme, par pur amour pour ses élèves et sa vo.cahon ; qu.Jl ne .se laisse rebuter dans sa pénible tâche, m par les dtfficultes, ni par l'ingratituèe; qu'il soit avant tou.t l'esc~ave de son devoir. Semblable à ce bon père de famtlle qm s~ sacnfie pour se::; enfant::;, il supporte avec pa~ience les fatigues. ~e sa pènible vocation, v~ille. sur ses ~leves a~ec une solhct· tude maternelle, leur insptre le gouL du bten et du ~eau et ne se lasse jamais de les repr~ndre e~ de l~s c?mger. Eufin, il ne néglige rien de ce qm ~eut etre. utile ~ c~ux. qu'il a pour mission d'inst~uire et d élever; 1l ~ s,om d attirer la bénédiction du Ct el sur ses travaux a 1exemple
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de nos anciens Confédè1·és qui, avant d'engager le combat, tombaient à genoux et imploraient le secours de Dieu. L'instituteur lui aussi a un ennemi et certes, un ennemi bien redoutable à combattre : v'est l'ignorance jointe bien souvent à une foule de mauvais penchants qu'il faut chercher à étouffer dans le cœur de.s eufants, pendant qu'il pa1·court avec eux le programme de l'école p1·imaü·e et qu'il vise à en faire des membres utiles à la société. LATTION VIT AL. La gymnastique h l'école. Il Le .synode scolaire bernois, réuni dernièrement; s'est aussi occupé de la question de la gymnastique à l'école et l'a résolue dans le même sens que l'assemblée de Lausanne. Le rapporteur désigné spécialement par le Comité du Synode pour traiter ce sujet, M. Eggimann, a développé une série de conclusions visant toutes à ce que l'enseignement de la gymnastique soit dirigé dans un autre sens, dans uo sens a la fois plus hygiénique et plus pratique. Sans vouloü· admettre que cet enseignement, comme on le prétend de üertain côté, abuse des forces physiques et intellectuelles des élèves, en les soumettant a une tt·op grande tension de muscles et en anéantissant leur libre volonté et leur initiative, M. Eggimann reconnaît cependant volontiers que la gymnastique est génér·alement enseignée d'une manière trop pédantesque : c La V:ie tlt la gaîté qui devraient régner sur la place de gvmnastJque font défaut, disait le rapporteur dans une de ses thèses. On consacre trop de temps aux exercices libres, aux exercices d'ordre et à l'étude machinale et mnémonique d'exercices coillbinés ...
Un peu plus loin, M. Eggimann con~>tatait avec peine que le goût pour vette branche manque chez beaueoup de maîtres, et, partant, cbez une foule d'élèves; que plusieurs commt1oe3 se soucient fort peu de leurs obliaatious dans ce domaiue de l'école, et qu'enfin on peut a~ssi adresse1·
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· t'fi· aux autorités chargées de la surveil4es reproches JUS 1 es tance de ces leçons. Le tableau n'est pas trop so'!lbre et. nous pourrions telle école campagnarde, ou, au hen de 80 h. par le maitre en donne à peine 20 ou 30; telle commune ao, · · on n'a où les engins scolaire:> etant tomb'es en rm~e,, . pas core songé à les remplacer ; telle autre o~ l autorité lo80le ayant l'air de considérer la gymnastique comme la. C!' '01· ' me ruue du char, se désintéresse absolument de GIDq tl l • · t d eette b1·anche. Quant aux hal~e~, el es .n eusten qu~ ans un très petit nombt·e de locahtes, et la encore, elle::;. sont génér·alement insuffisantes tant sous. le rapport des dtmenaions qu'en ce qui concerne l~s engms. . On voit donc qu'il y aurait, chez nous en partlcuh.er, énormément a faire pour mettre l'enseignement su~ un pted passable. Il s'agirait uon seulement de donner· a ces 1~ çons une tomnure plus pratique et plus attrayante, . ~ats avant tout de lem assigner dans le pro~ram~e de 1e~;ole publique le J'ang que leur ga1·antit la l?.~tslatwn ac~uelle. De ce côté-là seulement nous aunons deja de g~and::; pr~ grès a réaliser et c'est à cela, croyons-no us, qu ~1 faud~att particulièrement s'apphquer tout en donnant. se~.ttsfactwn à ceux qui, si légitimement, demandent que la gymnastique cesse d'être une sorte de • scie " pour les enfants, et de'fienne au contraire une de leurs plus agréables distracti~ns. Au synode scolaire, a Berne, on a voté une résolutiOn tendant à ce qu'à l'avenir le no~b~e des heures het.domadaires de gymnastique soit porte a 4. Ne trouvez-,ous pas aussi ce r,biffre exagéré? Sans doute, .pendant trop longt~mps l'école publique a eu le tort. de neghger ~otale ment l'éducation r.orporelle de l'enfant; sans doute 1l tmporte que désormais l'enseignement de. la. gyrnnasttque Y prenne toute la place a laquelle il a dro• t.; maiS Il ne faudrait pas cependant que les leço~s de c~zcket, {~olball et de tennis empiP.tent sur le terratn ~e JOUr en .JOUr plu~ restreint, réservé aux. branches essent1elles et notammen,t a la langue et au calcul. Mens sana in corpore sano, c es! très bien. Mais en chargeant enc(lre les programmes qut
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succombent _déjà sou~ le faix, n'ira-t-on pas à eontre-fin p_roverbe latm, et lmn de fo•·tifier la santé de' écol" ~Isquera-t-on pas de la comp•·omett•·e sérieuse~ent ~~s Imposant de nouvelles oblio-ations? . ~1 y a certes d'urgente~ aroélio•·ations à apporter r_egime actuel de ~~ g~mnas t.ique scolaire, mais ces horatwns peuvent s operer sans modifier la loi et les actuel~. JI suffirait de les prendre au sérieu. )ment~ es fau·e appliquer strictement. x De l'affaiblissement des caractères. 16s ~ans_ un de ' ses . o~ vrages, le célèbre Dom Bosco a étud ,au~:~es de 1aiTaibhssement ùes caractère' Il 1 .· ~~ec d~~1e" sais~ssa?te clarté dans la !Jage su:~'ante,e~;i u e_ etrv meditee par les instituteurs et le:; parents . 8 ~ 071 ~lèv~ si mal les enfants, c'est un eu . ' ·
dt~-~n ~~!r: est
Ce qu'une
a_uss_i par _égoïsme et
tend 1~as/:at'~~te
aff~~~~~o~;~!er! e~{a~;t av~!~e~~~?s s;t s~frifier_ à
lui.
;:~~tr~~e~~ns r:~i~ ~~consci~rét égoïsm~. de,ma;~~ ~ ~te ~~~rê-
triomphe p~ur l'amo aveug ment aimé, c'est avant tout on se plaît ~r-f:i~~rf:lpa~~d~n ~égal .)our la sensibilité~ petit prodige. On boit évide t rs ~ ents précoces dQ donnés; on le loue jusqu'en s:m~.n ~es eloges qtli lui soot cevoir des r 'd · plesen.,e, 'lao~ même s' se changera~~ es progrès de_ sa vanité naissante, qui bi insupportables. une présomptiOn, unA suffisance et un
Pa~tout
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• On se délecte et se d tueuses du naturel de l' rerosP. oaos les démonstratioos de ses gr:\ces naïves 0~ am.. o est tout à la contemplatio comme l'oo fera•t d'~o jeu;Pço~. et provoque ses câlineries ammal . on le châtie av e c ten, on le tlltte comme cee o~ refu~e d'obéir ou d~ e:es~:~m~~~ e~llcolè~ lorsqu'il ~nou~e bten caressant. bien dressé bien ,. qtuJ .et. n, veut qu Il snal . ' ' ns rut , et c est tout Q 11 • ue e UJJprudence et quelle err 1 U d. ••• précoce de l'intelligence esL l'h flUr eveloppement tous les enfants dont lAs graude:ure~x et aCJ l ~ privilège de per... Mais ce u"il -n î· personnes daignent s'oceuc'est la nature et qla e aut pas perdre de vue un instaot Malheur à l'enfant si ~~~~~d=·~~~ mh utue,làle de nos facultés: ac e qu dévolopper en lai
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)a faculté de connaître et celle de sentir, que, par un~ confnsion aussi déplorable que commune, ou prend pour la faculté d'aimer; et si, pat· contre, on néglige complètem':!nt la faculté maîtresse, l'unique source du véritable et pur amour, dont la sensibilité n'est qu'une trompnuse image, la volonté. , Si parfois des parents insensés s'occupant de cette pauvre volonté, ce n'est pas pour la régler et la fortifier par l'exercice répété de petits actes de vertus Jflmandés à l'affection de l'enfant et. facilement obtenus des heureuses dispositions de son cœur. Tout au contraire, sous prétexte de la nécessité de dompter une nature rebfllle, ils s'attachent à réduire la volonté par l'emploi dfl moyens violents, et ne réussissent qu'à la détruire au lieu de la redresser. • Par cette erreur fatale, ils troublent l'harmonie qui doit présider au développement parallèle dAs puissances de notre Ame, et faussent les trop délicats instruments confiés à leurs mains inexpériwentéeE~. • L'intE-lligence et la sensibilité surexcitées par cette culture intflnsive, attirent à ~:~Iles toutes les forces de l'âme; elles absorbent toute sa vie. Bientôt . elles ont acquis une extrême vivacité, jointe à la plus exquise mais aussi à la plus dangereuse délicatesse. • L'enfant conçoit promptement, son imagination devient ardente et mobile; sa mémoire est fidèle et retrace, sans effort et avec une scl'llpuleuse exactitude, les moindres détails; sa sensibilité ravit. tous ceux qui l'approchent. • Mais déplorable manque 'd'équilibre 1 toutes les qualités brillantes couvrent à peine la plus honteuse insuffisanc~>, la plus inconcevable faiblessP. L'enfant., et plus tard, hélas, le jeune homm~> , emporté par la promptitude de ses conceptions, ne SSJit ni penser ni agir avec suite; il manque absolument de bon sens, de tact, de mesure, en un mot d'esprit pratiquE>. • N'allez pas chercher en lui l'ot·dre et la méthode. Il brouille tout, confond tout, dans le raisonnement r,omme dans la conduite. Il vou~ déconcerte par de brusques et impétueuses saillies, par d'étranges conséquence!!. Hier, il vous affirmait avec enthousiasme une prétPndue vérité ; demain, avec la même et irrésistible conviction, il vous soutiAndra précisément le contraire. Sa raison, obscurcie par la faiblesse de la volonté, ne lui permet pas de penser sét·ieu!!emt~nt par lui même. Il reçoit des autres, ou des circonstances t'Xf.érieures, tous ses j ugements, eL les adopte pour cela seul qu'ils ont séduit son imagination ou flatté sa sensibilité; la même légèreté les lui fait abandonner ensuite : ils ont cessé de plaire, ou d'autres théories plus brillantes ont fasciné cette intelligence mobile.
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~ Trop agité pour pouvoi1· lire clairement au fonil de SOJa âme, il n'en eonnait que la sul'face. c'est-à-dire les émotioo1 pas11agères. Prompt à saisir tous les mouvements de cette surface, il croit vouloir résolument tout ce qu'il lui S"mble approuver; iocapable de se résister à lui même, il exécute avec empressement, Agir autrement lui parait un manque de franchise; il veut se montrer au dehors tel qu'il est au de. dans; s'il domptait ses passion~, il s'imaginerait faire un acte d'hypocrisie. c Ainsi, croyant "ouloir ce qu'il ne veut pas il croit ne pas vouloir ce qu'il veut. La vertu le séduit-, mais comme elle répugne à la lâcheté de sa nature, il prend cette résietance intériem·e pour une volonté coutraire; dupe de sa sottise, il se désespère de ne pouvoir croire ou vouloir ce qu'aa fond il croit et il veut. c S'agit-il de décider s'il doit ou non faire une action importante : au lieu d'étudiet· cette actioo en elle-mêmfl, d'en examiner les motifs, les cit·constances, la fio, il interroge l'o. racle, c'est-à-dit·e sa sotte sensibilité. c Tout entier à ses impressions, il se demande : Q u'esL ce qu'il m'en t~emble? et selon l'inclination ou la répugnance qu'il croit distinlluer en son cœur, il agiL ou s'abstient. C'es' là ce qu'il appelle réfléchi•·! S'il s'est trompé, gardez-vous de le 1ui reprocher: il a fait pour le mi6UX, à sa façvn. J'ai d6 suivre ma conscience, vous dit-il, j'étais de bonne foi. • PluR tard. s'il faut, en des cit·constances difficiles, fairft preuve de caractère, n'attendez rien de lui. Capable d~s plus généreux élans, il est auRsi sujet aux plus étranges faiblesses. La violence et l'obstmation seront les seules manifestation& d'une volonté débile et vous les trouverez toujou1·s ex~rcéea à contre-sens. c Au moins les qualités du cœur rachèteront-elles toua ces défauts T La sensibilité si cultivée aura-t-elle fait de ce jeune cœur lo plus tendre et le plus ai01ant des cœurs T • Hélas! on retrouvera ici le même vide et la même incohérence que dans !'intelligence. Le jeune homme s'affectionne facilement, mais il est aasRi prompt à se détacher. Son cœur est, comme sa conscience, une mer bouleuse soulevée tour à tour par les courants les plus contraires. • Sans être positivement méchant, il n'a d'autre loi que son capl'ice. Il n'a jamais pu conset·ver d'amis, parce qu'il n'a jamais su se refuser, à leur endroit, les plus impardonnables licences: une allusion r.ruelle, un sans-façon méprisant, une pointe blessante, un soupçon injurieux et sans fondement. une insolente boutade 1 Et il s'étonoe que l'amitié méconnue,
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u'el\e a de plus délicat, se reLil:e de lu_i 1 froissée dans. ce q 1 t il se plaint d'être toujours IOcompns. pauv•·e êlr~ mcomt i~~onstance, voilà les traits fonda~en.tau~ • Promptlt~de e a voulu formP-t" un homme, on na reussi de ce cara~tere. ~~e intelligent et aimant, mais faible et dé· IP:'à prog~~·:e :no animal pel'fectionl!é. r&ISODD8 . ~ r ~--
PARTIE PRATIQUE DICTÉES LE RHONE. e tous les cours d'eau, a sa perCe fleuve, c?mme PJesq~ emeut Il est né à l'origine Iles 80noalité, s~ vt~dé~o~ pt:e ~f~raosfo~mé avPc elles. Il est_ la cboses et s est ve o de la vallée qui commence au Samt· route par excellenc~ , la Me· diterranée Un fleuve est un a richesse one defensP., ·. Got h at·d et se termme t t de une .,LOrce, moyen d~ tra:lspor el s fleuves d~ vieil Occident, le Rhôoe un bieofatt. De tous ~é 1 lus élégant le plus majAslueux T n'est-il pas le pl_us v_an , e ~êmr~ t•éhistorique de I'Europ~. C'est le flp,,uve hts_t~nJuelaei.réditerra~ée et directement orient~ Ouvert à l ext.ré,mtt t. le rand chemin des nations. Il a servt 'ers le Nord, ça péheé ~ ~ aux Grecs aux Romains. Sur aux mc1ens, • . d . l événements les plus Importants e tour à t our 118S riyes ont suFrgt es L'étude de ce fleuve magnifique est la rance. -1 l'h'IStoue de .. te'resoante qu'elle peut être ull e. " donc ausst ID FUMIERS CHAUDS ET FUMIERS F~OIDS. . h d x qui agissent tmméd•atement Oo appelle fumte~s c a~ sv~~u et celui de mouton sont de et avec fore~. Celm d: cré~érahles pour !es terres humides et ce\te caté_go~te, et son. culture forcée. Ou appe\la fumiers froides amst que Fou\~ est lente et peu énergique, ce sont froidi! ceux dont ac ton ore. ils sont excAllents pour les les fumiers de vache et de S·ne 'ou excréments de volatile et terrains c~aud~.. La co~~~e~ plus riches de tous les engrais. le guano dA~ rtqu~ ~o fumier il faut éviter: t• de le laiSSAr Dans le trattemen u 'u est nécessaire de l'arroser s'échauffer en tas:. po~~ ~el~~exposer à l'air et au soleil dans quand il en a besoinl ; ~s sous les eaux des gouttières; les champs et dans es cou_ ' s· de laisser perdre le pur!D. toujours il existe simultanéDans la ferme, ~ù, pr~sq_ue ux on ~élange généralement ment plusieurs_ espaces. d amman obtient ainsi un fumier mixte les fumi_ers qu'tls prohdubt~tenhe~ent celui des bêtes bovines. où domme le plus a t ue
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94 AMOUR ET PATRIE Le plus beau des sentiments qui parle au cœur de l'homme c'est, avec l'amour de la famille, l'amour de la patrie. Nouà aimons ce sol snr lequel nous sommes nés, nous aimons ce noble pays où nous avons été élavés; quelle gue soit la destinée de chacun de nous, notre pensée se reporte sans ces3e vers le pays natal, objet de nos premières affections, de noa pluR profonds etouvenirs. L'image de la patrie se mêle dana nos cœurs à celle de notre mère ; c'est d'un même respect, d'une même tendresse que nous les entourons. Ce sentiment d'affection pour un coin de terre a une cause prov~dentielle. Il semble qu'un aimant puissant nous attache au sol qui nous a vus naî tre, el, chose biao d•gne de remarque, plus ce sol est ingrat et stérile, plus son climat est rude, plus la loi de ce pays est sévère, plus il a de charmes pour DO liS.
LA FF.MME DE MÉNAGE La femme de ménage tient dans sa main, pour ainsi dire, chacun des habitants qui animent et chacun des objets qui composent son petit empire. Elle bannit de sa maison les paroles grossières, les actes violents ; elle améliore ses serviteurs comme ses enfants, et nul n'est frappé d'une souffrance qu'elle ne puisse aller à sou aide. Par elle, les meubles son\ toujours propres, le linge toujours blanc. Son eRprit remplU ceLte demeure, la façonne à son gré, et rien ne manque à ce gouvernement domestique, pas même le charme idéal. Qui de nous, passant le soir dans un village, devant quelques demeures de paysans et apercevant à travers 1eR vitres le foyer flamboyant, le couvert mis sur une nappe rude, mais sans tache, et la soupe fumante sur la table, n'a point pensé, avec une sorte d'attend rissement, que j'appellerai poétique, à ce pauvre ouvrier, bientôt de retour, qui, après un long jour employé à remuer la terre ou le plâtre, à frissonner sous la pluie, allait rentrer dans cette petite chambre si nette, et reposer ses yeux et son cœur fatigués de taut de travaux rebutants! Peut-être ne se rend-il pas bien compte de ce sentiment de bien-être, mais il l'éprouve. PRÉSENCE D'ESPRIT La petite fille d'un garde-barrière, sur une ligne de chemin de fer, regardai t venir uu train pendant que son pèr~ remplissait les devoirs de son service ; tout à coup elle voit son petit frè re âgé de trois ans qu'elle croyait endormi dans la maison s'avancer sur la voie au devant du train qui arri-
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95 · · ite sur l'enfant qu'elle saifait à toute vapeur. Elle ses·~~:~~~r Elle sentait déjà la locoai& . il étai~ u·op tard pour ct re la Ïête elle se CO'Jche à plat motive près d'elle; sans per u'elle maintient pour l'empêcher ,enlre avec le pLtl\r~~~çop~s;e an-dessus d'eux sans leur faire de st:~ débattre. e de mal. é d'esprit elle avait sauvé \a vie de son par sa pr .sance ' frère et la stenne.
STYLE d t vaux à t' 51 iguille qui vous Décrivez quel'lues-uoR 1 es sr~ots soit de leur agrément , t familiers en dtsant que que :~rt de leur ~tilité pratique dans le ménage. -
Développement• é de nonne neure par maman à me Ayant et? .ac~outum _e illée et encouragée par notre servir de l algmlle, . PUIS, ~o?ts~o nfectiooner différents genres bonne maitr~s~e q~n nous ~\out artlculiar à cet utile ex er. de travaux, J al pns :o lg?~ t ae faire les blouses de mon cice. Mon pluE' gran .P aH>lfdes a etite sœur; aucune autre jeune frère et les. servtette~ e ~ àpces parties de vêtements. personne que mOl ne met a mam lie a bien assez d'autres Maman est contente de cela, . car \ tout d'abord d'un léger occupations par ai\leu_rs. ' Ceci par~lombien les petits garçons secours, cepend~ot s~lll on d~en8seà 10 ans sont inattentio~né~ et même les petites es nd qu'il faille souvent revemr a sur leurs ha~lts, on l~ompre ent des parties endommagées. la .tâche, so1t pour a~~~~~=~u la serviette usée. Puis, ~our soit pour remp1acer 1a " s travaux là seulement. L entout dire, je ne d bornhe pas :Sede toute la famille est de mon trelien des bas, es c ausso , t as peu que cet entretien, ressort, et j'avoue que cet n estil· p l'ait1uille dans les talons. il faut souvent rentrer e sor ebute en rien. NaturelleNéanmoins, cett~ ~esogne ne ~e res mains et je l'aime, non ment, ai-je dlt, J aime le tr,av~tlu:e science indispensable à pas seulement parce que c. ~s is arce que je me rends une jeune fille de ma conditiOn, ma p là je lui rends utile à maman, que je la ~ou lage_ e~r2~e lè~~ d~ ce que mon la vie plus douce. J.e SUIS au~~~r de certains habits confectrère et ma sœur pu~ssent .;e v moi personnellement, les traLionnés d~ ~es D!a~s. t dour distractions qui ne manquent vaux à l'a•gn11le m ouren es pas d'un certain charme.
:MM. Rey-Mm·me t
Augustin, de MM. Tissiè1·es Henri, d'Orsières Va ld'llliPz Treyer André, d' Ausserberg Bey Pierre-Louis, de Lens Vanoay Remy, de Yioonaz Hichard Joseph, de Max Vœffray Eugène, à e Salvan .Kieder Etjenne, de Lot.:;chen, Wouilloz Edouard , MartignyRieder JosApb , de K 1ppP-I B ourg Roh Jean-Bapt., de Conlhey Wf'hrle Gasp .. (Frère). Brigue Rotf'n Benjamin. de Savièse Werleu Ado lphe, de Munster Rouiller pre Jos: de Martigny Joseph. de Lütschen Salzmann MIChe l, de Naters Wetzlt>r. C>1s imir. de Massongex * Studer Jean-Bapt., de Lens Zenhaü~ern Eug ., de Burchen Terretaz Joseph, de Volléges J
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Enfin, dans le ménagP, les travaux à J'aiguille l eur utilité pratique, on sait ce qu'est une maison rn énagère ne tire jamais ou prAsque jamais l'aigu~lle. Cesse Ob ligée de renouveler les VêtemAnts OU le lJnge, elle d épenRe beaucoup et se réduit à la ~èoe : Sans le travail 1 J'aisance devient impossible dans la ci:Jsse ouvrière.
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- Justifier celle pensée: • L'oisiveté est la mère l es vices. a
Développement Bien souvent on entend les gens oisifs pousser ce cri: • m'enuuie à mourir 1 , La raison pour la qurlle ils sont triste~ eL s'ennuient est biAn simple, c' est parce qu'ils ne font riea. Cependant les déHEuvrés ne sont pas toujours des p~>resseq Il en est de très act1fs qui veulent des distractions et dea. plaisirs artificiell'l, à qui il faut des lectures peu sérieuses qoi flattent l~>ur imagination, qui, en un mot, cro1ent avoir besoia de s'amuser c'Ast pourquoi ils s'ennuient. S '1ls allaient au de. vant d'un s~rvice à rendre, d'une peine à soulager; s'ils s'occupaient à un travail quelconque, soit travail inte llectuel oq ouvrage manuel, ils sentiraient vite la paix et la joie renaitra dans leur âme, car le travail mieux que le plaisir dissipe l'ennui. L'oisiveté néanmoins porte à la paresse. En repoussant SIUII cesse le travail, on s'habitue à ne plus travaillet· et peu à peq l a paresse apparaît avec tout un cortège de maux, qui toua mènent à la misère. Les oisifs sont égoïstes : les chagrins et les malheurs d'au. trui ne les touchent nuii Ament, mais ils envient ceux qui mieux partagés qu'eux. Ils sont or~ueilleux At vains. En tou~ ils se regardent comme supérieurs et se croient presque d'uoe autre nature que ceux qui les entourent. Ils sont enclins l la bonne chère: rien ne les satisfait autant que les délices de la table mais aussi rien ne contr ibue autant à les rendre JégPrs, fri~oles, étourdis. Ils sont colères; leur esprit étaol affaib li par les excès, un rien les exalte et ils ne se connaissent plus. On peut donc dire avec r:~ison que l'oisiveté est la mère de tous les vices: • elle les favol'ise tous également, et s'en voit entourée comme une reine de ses fidèles sujets. • Pour chasser l'oisiveté, il faut la combattre par le travail.
Institutrices :M11"
Abbet Adèlr. de Fully M11' 8 Gabu t(3. Valent in e). à \'ouvry Abbet-Vau dan Hort. de Bagnes Ga1 lland Adèle, de Bagnes Addy Julie, de Martigny-B. Gal'ln EllsH, de l\lart icro\·-B. Amoos Cécile, de Randogne Gau thier Ph1lom., de "vèx Aufdenblatten Carol. de Ta->ch' Gay-Balmaz Léonice. de Mat·Ligny-C. AufdBnbb.ttlen (S. Marguer1te), de Reckingflu GertschAn Créscuce, dA I\aters BaiiPy Mal'le, de B.-St-Pierre GracgA(S.Adelgonde)àVouvry Barberini Marit>, dA Bramois Gros d'Aillon (S. Marie-Rose), Baumann Amélie. de Chœx à St Mauriee * Bayard Madeleine, de Gampel lrnesch Cather1ne, de Morel Berthouzzo Eug., de Contbey lmhof Catherine, de Glls Bitte) (S. Augéle), à Ried-B. lmh of (S. Mfirie Euphémie), Blauchut Louise, de Collonges à Vioonn Bonvin Caroline (S. Thérèse) Imwinkel ried(SœurCharitas), de Lens cte Brigut> Briffod (S. Philomèn'3), à StJost Regine (S. Ignace) Sierre Maur1ce Jacqu1er Joséphine, de S·tlvan Bruttin 1\larie, de Grôoe Kalbermatten G., de T ürbe! Burtin Ma~ie, de Martigny- V. Lu y Math., de ?l'l:artigny· V. Chevallier (S. Marie-Léonce) Mariaux Augustine, de Rede St-Maurice vereulaz ( Vionnflz) Clausen Catherine. deBellwald Mariaux Reine (S. Josèphine) Delacoste Berthe, de Monthey de Revereulaz (Vwnnaz) Delaloye Eugènie, d'Ardon Mariétan Marie, de Vald'll!iez • Julie, Mathieu Jeanne, d'Aibinen Donnazolla Aurélie, d'Ardon Men gis Marie, rie Viège Ducboud Anne-Marie, du BouMercier (S. Elisab.), à Monthey veret MélraiiiAr Madel., d'Evolène Eibolzer Anna, de Betten Montaoi-Bellbod,S.à Salquenen Marie (S. BernarMuller Elisab .. de Grimisna t dine). à Brigue P1Lteloud (Sœur Xaverine ), a Furrer .Tosèph., de Staldenried Collombey 1
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n.. Putallaz Antoinette,d~Contheyi M 11 '" de Torren!é Math., de_ Sion
Riaod Catherine d'Avent Walpen-Ktechler Marte, de Bion de Riedmatten 'Dyon"ist>, de Sion Walpen (Sœur Théodosie) à de Riedmatten Madeleine de T roiston·ents ' Walther Marie, de Biel Sion Werlen <_S. Fébronie), à St. Romailler Martine, dA Lens Roten Elisabeth, de Savièl'e Léonard Seeberger Clem., de Lotschen Zimmerm_ann Léonie, de Visperterbmen Sierroz ~S. AnnflJ d'Hérémenee l Zufferey Elise, de St-Jean Terrettaz Henr., de Vollèges A propos de la prime d'e~couragement, ~ous avon~. le. p_laisir j'annoncer que dès cette annee entrera ~u Vl~';leur le ~ ~hnea de l'art. 3 du décret du 26 ~ai. 1~88. Celte dtspo~1t10~ est ams1 conçue: 1 • La prime sera portee a fr. 50 pour les mst1tuteurs _et à fr. 40 pour )Ps institutrices qui l'auront obtenue pendant cmq années ~o nsécutives, à moins d'empêchements légitimes. •
·OPÉRETTES NOUVELLES Par Jlll. l'abbé Aug. TBIBA UL1', à Breloux tDeux-Sèvres/ POUR JEUNES GENS
Net Les Vieux Grognards, 9pérette bouffe : : . . 3 L'Atelier de Maître .klu~, Opérette Mérovmg1enne . 3 La Fête au Colonel Gringallot, OpérettA-bouffe . 3 La Vengeance de Maitre Herbette, Opérette-féerie 3 Le Serin de l'Oncle de Valvert, Opéretta 3 Le Renard et la Cigogne, Opérette en 2 actes . . 3 fSO Le Petit Mousquetaire, Opérette . . . . . . . 2 50 Le Rendez-vous des Savoyards, Opérette . . . . . . 3 Le Sucre d'orge de Tonton Jean, saynète pour 2 enfants . 1 fSO N . B. Toutes ces opérelles ont obtenu le plus grand succès dans les collèges et !t>s penEionnats . POUR JEUNES FILLES La 1 irelire, ou la Charité récompens~e, Opérette . 3 .Fragile 1 Opérette pout· fête de supéneure . . . 2 ClO Les Bijoux retrouvés, Opérette . . . . . . 2 50 La Vengeance de Fée Odette, Opérette-féerie . 3 Le Serin de la Tante de Valvert, Opérette . . 3 Le Renard et la Cigogne. Opérette en 2 actes . 3 50 B1·ouillées à mort, Opérette . . . . . . • . . • . 3 La Ronde des Montagnes. Opérette . . . . . . . . . 2 50 Le Sucre d'orge de Ton_ton ~ean, saynèt~ p~ur 2 enfants . t 50 L'Atelier de Maitre Elot, Ope•·ette Mérovmgle!lne . . . :. 3 Cette opérette peut, en raison des costumes, être mterpretee par des jeunes filles .
Supplément AL'ECOLE PRIMAIRE /
De la protection des animaux Un. d~ _nos colla~orateurs, dont nous avons com-
m~nc~ 1hi~er d~rn~er sous le titre ci-dessus la pu-
bhc~twn _d UTie mteressante étude, nous adresse la contmuatwn de celle-ci. Après nous avoir parlé du cbeval et du mulet et des soins à leur donner il vient ~ujo~r?'hui nous entretenir de l'âne, ce se;vi&eur SI precieux et si méconnu :
L'Ane On .n~ C?nnaît ~as. précisément la contrée dont l'âne est ~r1g!na1re_; mats 11 para1t être venu d'Arabie, et avoir passe ~ Ara?1e ~n Egypte, d'Egypte en Grèce, de Grèce en Itahe, d ltahe en France, en Suisse en Angleterre en Allemagne et en Suède. ' ' L'âne s? l~ouve encore à l'état sauvage dans les dé· ~erts ~e l As1e centrale. Assez fort dans los pays chauds, 11, dev1ent plus pe~it à mesure qu'on avance vers le nord. ~~ne semble avo1r été apprivoisé et soumis à la domestiCité d~s la pl?s haute antiquité. Sa douceur, ses allures pactfi4ues l ?nt désigné naturellement aux premiers hommes . Il a du être leur premier serviteur. . • ~'âne, dit Buffon, ?'est . pas un cheval dégénéré, &I~SI que beaucoup se l1magment; il a, comme tous les ammaux, sa . famille, son espèce et son rang .• L'âne est un a_nimal do~x, patient, sobre, plein de eourage au tr.wa1I et, quo1 qu'on en dise, très intelligent et capable de réflexion. I?e tou~ les animaux à poil, l'âne est celui qui est le mo1~s SUJE-t à _la vermine; jamais il n'a de poux, ce qui prov1ent certamement de la duroté et de la sécheresse de sa peau. A taille et à poids égaux, l'âne est plus fort que le cbe_val, s~rtout pour porter . Il a le trot et le galop mo1_ns rapides et ne pAut courir longtemps sans être 6putsé. Il ne rend de véritables services qu'en allant
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au pas, ce qui lui permet de porter beaucoup et de pas. ser partout. Le pansement n'est pas moins nécessaire à l' âne qu'au cheval, et l'on ne comprend pas que, sous ce rapport, il soit complètement oubli.é. Aussi, pour soula~er les démangeaisons que lui font endurer la poussière et la crasse qui s'ar.cumulent sous son poil, il se roule par terre sans se soucier de ce qu'il porte. L'âne étrillé, brossé, lavé, soigné enfin comme le cheval, n'éprouvera plus de démangeaisons, ne se roul!:lra plus sur le sante, sur le gazon, dans la pt.mssière, et son fardeau ne sera plus exposé à des mésaventures. L'âne vit de 25 à 30 ans et est sujet à très peu de maladies. Celles qui peuvent l' atteindre sont les mêmes que celleg du cheval et se traitent de la même manière, Par suite du peu de soin qu'on a de lui, il arrive qu'il a souvent la peau écorchée par le bât. Il faut alors laisser repoRer l'animal, la~er la plaie, puis y étendre du saindoux et la couvrir d'étoupes; mais cetLe souffrance pourrait lui être évitée par la bonne confection du bât qui devrait, comme le harnais du cheval, être élastique et bien rembourré. L'âne est le serviteur du paysan trop pauvre pour avoir un cheval. Il est d'une sobriété extrême et sur la quanLité et sur la qualité de la nonrritlll'e. Il se contente des herbes les plus dures et les plus désagréables que les autres animaux dédaignent et lui laissent. Il broute les chardons qu' il rencontre sur les bords des chemins et les pousses d'arbrisseaux; il aime les fourrages secs et cassants. Pourtant il lui faut une nourriture abondante, et surtout de 1'avoine, si l'on veut le soumettre à un travail fatigant. En revanche, il est très difficile sur l'eau et ne veut boire que la plus limpide. Il n'y trempe que le bout des lèvres et n'en prend qu'en petite quantité. Il craint l'hu midité et se détournera de son chemin pour ne pas marcher dans la boue. L'âne a la vue bonne, Wodorat et l'ouïe d'une finesse extraordinaire. Il a surtout le piell d'une sûreté merveilleuse. Il marche sans broncher dans l~s montagnes sur des sentiers étt·oits, inégaux, rocailleux, bordés d'af· freux précipices. Dans ce cas, il ne faut pas chercher l le diriger; il faut laisser les guides pendantes et abandonner entièrement l'animal à son instinct. Agir autrement serait s'exposer aux plus tert·ibles accidents. L'l\oe sait se guider lui-même et éviter les passages difficiles
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en contournant les obstacles. Il refuse de s'engager dans les endroits qui peuvent offrir un danger et, par là, il montre une intelligence supérieure à celle du cheval qui, plus impétueux et moins doué d€1 t•éflexion, ne connaît ni ne calcule le péril. L'âne est surtout intelligent ; il s'attache à son maître quoiqu'il en soit le plus souvent maltraité; ille suit de loi n et le reconnaît au milieu de la foule. Tel est l'âne, cet animal si bon, si patient, si utile, et pour lequel oa a si peu de reconnaissance et, sott.ement, tant de mépris. Malgré tous les services qu'il nous rend, croit-on que ce bon cerviteur, cet ami de la maison, en soit mieux traité pour cela 'P Pas Je moins du monde . Ecrasé de travail, surchargé au delà de ce que l'on peut di re, toujours battu, il est le martyr de son maître qui, loin de le traiter avec bonté, n'a toujours pour lui que l'10jure à la bouche et le bâton à la main. De plus, par sa petite taille, par sa douceur, il est le souffre-douleur des enfants de la maison. La malheureuse bête, aussi humble que patiente, souffre avec constance, et peut-être avec courage, les châtiments et les coups. · Dans la première jeunesse, dit Buffon, l'âne est gai et même assez joli ; il a de la légèreté, de la gentillesse · m~is il la perd bientôt, soit par l' A.ge, soit par les mau: va1s traitements et par le peu de soin qu'on a de lui· ai.ns!, il dev.ient laid, indocile, lent et têtu. C'est grand~ p1 tle de vo1r la bat·barie avec laquello on traite CEIS pacifiques animaux et d'en tendre les coups dont les accablent à tout instant leurs barbares et stupides con. docteurs. Avec le bâton qu'ils portent, ces derniers frap. pent ordinairement leurs animaux sur la colonne verté· braie, sur les os du bassin, sur les articulations des cuisses. Il n'est pas rare de voir de malheureux ânes ainsi frappés, s'arrê ter court sous l'impression de la dou~ leur, et ne repartir en boitant et en traînant la jambe que pour échapper à une nouvelle grêle de coups assénés par un maîtrA impitoyable et grossier ne se doutant pas ou se félicitant du mal au'il vient de causer. Il se rencontre parfois d'autres bourreaux qui renchérissent encore sur les premiers en lardant les flancs des malheureuses bêtes avec un bâton pointu, en l'enfonçant même .dans une plaie vive qu'ils ont le soin cruel chose mcroyable et cependant vraie - de ne pas laisser se refermer. D es êtres capables de pareils actes, ne
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sont-ils pas la honte de l'humanité! Il est vrai que cea monstruosités deviennent de plus en plus rares deputa que la loi a pris les an i ~aux sous !1a protection, et que dans les écoles on inspire aux enfants la compass1on envers ces indispensables auxiliaires de l'homme ; m~ia cela ne suffit pas : il faut que ces actes barbares finissent totalement par disparaître, soit au moyen .de la persuasion et de l'adoucissement des mœurs, so1t par une répression sévère de tout mauvais pl'océdé à l'égard dea animaux. . , L'âne ne refuse pas le travail. Aucun ammal o est plus courageux Mais si on .le charge au-dessus de ses forces il se couche et se laisse battre à outrance plu' de se relever. tOt que . . Les coups donnés aux ammaux de trait surtout, sont un moyeu à' la fois insensé, injuste et barbare d'obtenir ce que l'on en exige, ~ar ils n~ P?uvent donne~ à la malheureuse bête la v1gueur qUI lm manque ; lom de là, le pauvre être ainsi battu sera brisé, exténué, et ne pourra plus rendre à s?n sot e~ cruel possesseur .les se~ vices qu'un animal bien traité et ménagé lm auratt apportés. . Ayons donc de la pitié pour cette bonne créature qu1 nous renj tant de servicfls. Imitons en cela les Orientaux qui l'élèvent avec un soin tout particulier et le traitent avec tant de douceur. Aussi, quelle différence dans l'attitude, dans le regard, dans l'intelligence 1 Que son poil est beau et luisant auprès de la robe sale, pelée et galeuse que nous lui voyons dans nos. contrées! A Damas et au Caire on voit ce boo •serviteur dana toute sa grâce. Svelt~, vif, léger, l'œil éveillé, il marche et trotte la tète haute. Toujours bien soig~é,. coq~ett~ ment harnaché les sabots propres et noircis, 11 fa1t plaisir à voir. 'Il y a au Caire environ 40,000 d~ cea animaux qu'on attelle à de petites voitures, ou qUI ser· vent de monture et que ne déd~i~nent pas les personnes les plus riches et les plus distiDguées. La gestation des ânesses dure au moins une année et, dans les pays de production les éleveurs ~reonent un soin tout part.iculier des jeunes baudets qUI son~ p~ur eux une source considérable <le bénéficeR. ~e lait . d âoeaee est très recherché; il convient aux ~uJels déheata et faibles de poitrine. Dans les, grandes vill~s ~t à ~a ris surtout, la vente du lait d ânesse est 1 objet dun commerce considérable.
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Uâoon demande les mêmes soins que le poulain. On doit le tenir chaudement et le rationner au besoin dans le cas où l'ânesse aurait trop de lait. On le sèvre généralement vers l'âge de sept mois, et on le tient encore longtemps dans une écurie bien chaude en lui fournissant une nourriture composée de bon fourrage et de
gr~~~ès avoir
utilisé les aptitudes de l'âne pendant sa vie, après sa mort nous tirons parti, comme pour le cheval, de sa peau, de ses os, de sa corne. Sa chair est très estimée; elle est plus fine et plus délicate que celle du cheval et sert à confectionner des saucisses justement renommées.
Le Mulet Le mulet, qui est le produit de l'ân~ et de lajument, est connu de toute antiquité. Il réunit la taille du cheval à toutes les qualités de l'âne. C'est le plus robuste et le plus sobre de tous nos animaux de trait. Il supporte la faim, la soif, les privations plus que le che· val, plus encore que l'âne. Il ne craint pas la chaleur et résiste aux plus dures fatigues. On use et on abuse de sa force, de son courage; rien ne l'arrête, il travaille toujours. La conform~tion du mulet se rapproche toujours plus de celle de 1 âne qne de ceJI(I de la jument. Il a la tête grosse et les oreilles développées de J'âne, mais il a les dents semblables à celles du cheval et les aplombs tout aussi régulièrs. Afin que son poil soit plus fourni pour protéger l'animal pendant la saison d'hiver, on tond le mulet un a ou deux fois dans le cours de l'été. La peau du mulet est épaisse, et ses sabots étroits et hauts sont d'une corne dure et solide. Cette dureté du sabot dispense quelquefois, dans les pays à sol léger, de l'emploi des fers. Son allure naturelle est le pas ; il trotte quelquefois, mais son trot est dur. Le mulet est un animal précieux qui rend d'immenses services à l'agriculture et au roulage. Il vit très longlongtemps et peut travailler jusqu'à l'àge de tJ·ente ans. Le mulet est très intelligent et., comme le cheval et l'àne, il s'attache à son maitre. Il n'a pas la vivacité ni la fougue du cheval, mais il n'a pas non plus la patiente résignation de l'âne. Si l'on est injuste envers lui, si on le bat mal à propos, il en garde la mémoire et devient rebelle et vindicatif. On obtient tout de lui par la dou-
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ce ur, rien par les mauvais traiteme~ts. Pas. plus gu'au cheval, les soins de propreté ne doivent lm être epar. . . gués. . . Le mulet n'est presque Jama~s !Da1ade;, ma1s s1, ~ar suite de fatigue ou d'ac~ident, 1\ VIent à,! etre, les soma à lui donne1· sont les memes que pour l.ane et le ch~nl. Les jeunes mulets sont. dél icats. et suJets à. de,s mdJg~>stions quelquefois mor~elles; c est ~ourquo1 1o.n devra, afin d'éviter ces acCidents. le1 ratwnn~r ~n PI.enant une partie du lait des mères. IIi! sont auss1 t.res fnleux, et il est essentiel de les préserver du fr01.d et de la pluie. On les sèvre lorsq~'ils ont 6,.ou 8 .mOIS ~.t. on les nourrit de foin at de gram. Quo1qu Ils so1ent de.Ja forts, on doit cependant les protéger encore contre les fortes intempéries de r'air jusqu'à l'âge de 2 ans. On co~mence alors à les dresser ot à les sotlmettt·e .à un, tra.~all trèsmodéré qu'on augmentera peu à peu Jusqu à 1 age de 5 ans , où ces animaux sont alors dans leur plus grande vigueur.
Le bœuf La race bovine constitue une des principales richesses de l'agriculture qui utilise son aptitude au travail pour le labourage des terres et spécule ~n même temps sur la production du lait, celle de la viande, celle des matières fertilisantes c'est·à-dit·e du fumier. Le bœuf est Je pr~mier animal qui ait !~aîné .la ~ha~ rue. Il est doux et docile: il accepte le JOUg mstJo?tivemBot et s'attache à son compagnon de fatigue. Il s attache aussi à son maître, il le voit et J'ent~nd avec plaisiJ'. Le bœuf ne devient indocile que lorsq~ Il ebange de maître, et si ce dernier ~st dur envers lm, I.e ma!· beurAuX animal supportera alors les plus mauvaiS traitements plutôt que d'obéir. . . Les veaux doivent èlre traites avec la. plus grand.e douceur. On ne peut mieux comparer ces mnocents am· maux qu'aux petits enfants: Sans fo.rce, sans volonté, ils se laissent traiter, condmre et d1r1ger sans .. opposer de résistance. Leur œil est doux, leur allure na1ve. pès qu'on les sépare ~e leur. ~ère, ils se Ja~entent et 1 appellent par des ens plamt1fs et prolonges _; .les Jarll?.es coulent de JeUl's yeux; mais aussi quelld JOie lorsqu Ils la retrouvent et quelles marques de t~ndresse ?e se dolJnent-ils pas l Rudoyer et fra~por ces. J~unes am maux est donc une très mauvaise actiOn, nuiSible en même
7 t~mps à leur ?ien·ètre ~t à leur dêveloppement. Le culllvateur ~umam et souc1eux de ses intérêts les soignera, au con.traJre, avPc la p lus grande sollicitude et se gar· aera b1en de les mallraiter, car il est de toute évidence q~'avec de. mauvais traitemen ts l'animal souffre. Or, t'a· n.1ma~ .éleva dans la souffrance ne se développe pas, ne s ameliore pas et ne saurait apporter à son sot et brutal ~ossesseur, comme travail et comme produit, aucun bénefice. Lorsqu'on transporte les veaux d'un lieu à un autre dans une voitme, ils ne doivent être ni garottés ni couchés. Il faut qu'ils soient debout, les memb1·es libres de !igatur~s, et qu'ils aient la place nécessaire pour se mouvoir. On usera des précautions nécessaires en les de~.cend~~ t do voiture afin qu'ils ne se blessent pas, qu Jls n epr~uvent .pas de souffran0es. Agir autrement est un acte mhumam que la loi punit. Les bœufs ne doivent vas être négligés sous le rapport du pansement. Il est nécessaira qu'ils soient comme le cheval,. l'âne et le mulet, tenus constamment' dans un état parfai t de pt·opreté. Il faut les ét riller, les brosser et les bouchonne.r, ~fin de tenir leur poil propre et lisse, et de fac1l1ter aiDSl la transpiration n:üurelle. Il faut surt?ut, pendant l'été, leur laver les yeux plusieu!·s foi; par JOUr pou r les délivrer des moucherons qui les tourmentent; à cet effet, le bouvier portera toujours une éponge avec lui. De même, pour éloigner les taons et les mouches qui les harcèlent, on ne doit pas oublier de leur frotter la peau en maints endroits avec de l'huile de cade. Le pansement devra avoir lieu de grand matin avant de mener l<'ls bœufs au travail. Le bouvier les appelle 1·a tou1· à !.our par leur nom afin de les faire lever sans les br·usquer. Il nettoyera leur mangeoire avaut d'y déposer la nourriture, et, pen dan l les grandes chaleurs il devra mettre du vinaigre dans leur boisson. ' . Le~ bœufs peuvent. travailler depuis la pointe du jour JUsqu à 10 h. du matm. On les ramène ensuite à l'étable. ou bien on les laisse pâturer à l'ombre dans tes bois, . pendant la grande chaleur. On ne le~ remet au lr~vail que vers 3 h. de l'après-midi jusqu'à 7 h. du so1r. Pendant l'hiver, la j ournée des bœufs se fait tout d'une traite, entre deux soleils. Pour les jeunes bœufs une attelée de 4 à 5 · h. sera leur maximum de travail' Du reste, on s'aperçoit que le travail est trop rude tou:
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Supplément AL'ECOLE!PRIIliRE
tes les fois que les sujets m~igrissent fo~tement. . Les vaches travaillent aussi avec énergie. Qttelquefots, vers le milieu de leur gestation, on peut les atteler pendant 3 ou 4 b. par jour, mais il faut les conduire bien doucement et ne les confier qu'à des bouviers très doux et très expérimentés qui les dirige~t ~vec précaution en leur faisant éviter .les \)assagus difficiles, et surtout qu'ils ne les frappent Jamais. En été, un excellent usage est de couvr!r d'une grand.e toile les bœufs qui labourent. Cette t01le les garantit des mouches et de la chaleur. Au retour des champs le bouvier devra de nouveau bouchonner ses bœufs, 1'eur laver les pieds et ôter les cailloux qui auraient pu s'introduire entre les onglons. Il s'assurera tous les jours si ses animaux ont bon appétit, si leut·s déjections sont régulières, s'ils n'ont reçu aucune contusion, s'ils n'offrent enfin aucun symptôme de maladie. Les étables à bœufs doivent être très aérées et la ventilation doit s'y opérer par des cheminées pratiquées dans le plafond et non par d,es fenèt.res qui exposent les animaux à des courants d atr coutmuels. Il faut que ces étables soient tenues très proprement, exposées autant que possible au levant et placées dans un endroit sec et élevé. Le sol sera pavé en chaux et ciment avec pente et caniveaux .pour !~écoulement des u_rine!l . qui, constituant un engrais préCieux, seront conduites dtreotement dans la fosse à fumier. La litière sera abondante et fréquemment renouvelée. Si les étables peuvent être un peu éloignées du bruit de la rue et _de la b~sse-cour, ceta n'en vaudra que mieux, car on sait comb1en le repos est nécessaire à la rumination des bœufs. Dans certaines contrées, on fait parqt,Jer les bêtes 1 cornes pendant la belie saison, lorsqt~'il n'y a plus de gélées blanches ni de nuits froid~s, JUsque ver~ la. fia d'octobre. Ces animaux engraissent par leurs déJeC~IODI les terres et les prairies qu'ils parcourent, ce qu1 eat une économie pour les propriétaire~, vu qu'ils n'o~t pas à transporter le fumier sur le terram avec des voitures, et ils bénéficient encore sous le l'apport de la santé de leurs animaux qui prospèrent et se développent e~ reapirant un air plus pur et plus vivifiant que celm dea étables.
1A suivre./
HORIZONS LOINTAINS pat· MARion*
A J'extrémité de la baie, et sur la droite, St-Jeanruisselaut de lumière, élevait sur l'onde bleue coupoles, ses bastions At ses tou~s . Ville de siège jamais il en fut., belliqueuRe et fière, elle semble ense dresser, frémissante, sur sa ceinture de bri1111ts, pour jeter un éternel défi non seulement aux •mmes, mais aussi aux flots qui viennent battre ses
Ptolémaïs, ou St·Jean·d'Act·e, peu importe 1 e de ces appellations nous fait remonter Jes sièen nous rappelant les noms fameux qui tour à tour issé leur empreinte sur ces vieux rivages. De saint à Ibrahim-Pacha, une chaîne non interrompue de souvenirs nous déroule les pages de ce livre où sont iuscrits côte à côte, les noms les plus illus· de la chevalerie chrétienne, el les litres de gloire héros de l'islamisme; - les hauts faits de Richard de Lion, comme ceux de Saladin; l'mvincible vadu monarque anglais, et la gl'andeur d'âme de son re. Voici la plage qui vit St·Louis ensevelir pieusement morts de ses propres mains, et où, à son ex<:Jmple, chevaliers de St-Jean de Jérusalem accomplirent àes de chilrJLé et de dévouement.. Voici les lieux des scènes les plus sanglantes de la grande époqui au XU• et au XIII• siècle, tiut en écbec I'Onent l'Occident, sièges, embuscade~, luttes à outrance, où part et d'autt·e on combattait comme des lions. Voici rivag'ls où aborda Bonaparte lorsque, voulant accroi· son p1·estige ct donner du lomtain à sa gloire. il de devenit· Alexaodre, et de porter ses conquêtes là dec; mers. Tous les peuples y ont passé, et, en rant, tous ont mêlé leur poussière à cell e de ce champ dAs morts. Sur la pointe op~osée, à J'autre extrémité de la baie, dressait le Mont Carmel, vaste promontoire dont les tes assises disparaissaient dans une forêt d'olitandis que la sévère silhouette de ses tl>tncs esse découpait toute noire sur un ciel embrasé par feux du couchant. A sa base, el dans i'snfoncame1 ~t Golfe, Caïla rangée en demi-cercle, sas maisons ro:>es
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et blanches égrenées dans les b~squals , nou~ :;~ouriait loin eL tout le lono de la mer JUSque sous .es mura St-jean d'Acre. de.,vigoUl'eux palmiers balançaient mot. lament leurs têtes chevelu~s sur les collines de sable rouge que le vent du désert amoncelle sur ces bords. Tableau merveilleux où à l'enchantement de l'heure pr6. sente, à l'attendrissement du regard, à l'éclat des leurs, se mêlaient les splendeurs du passé, les nirs chevaleresques, les ombres solenn~lles dl's légendaires, l'écho plaintif des .géoérat.wns I Mm• r m • • tout ce qui touche et tou\ c~ qm é~lomt., - .e~ liment ineffable, doux el tr1ste, qm nous sa1s1t tout ce qui est grand. . Laissant derrière nous St-JPan. d'Acre, nous 1 mes la mer jusqu'au Nahr el-Moukata, le Hébrl'UX, celui que Débora appe lle ~ans son ca.n le torrent ancien, le torrent de K~sçon, et ou, l'ordre qu'il en avait reçu de l'Eternel, Elie fit pé prophètes imposteuys de B~hal. A ~on em . a les proportions d une r1v1ère, et JI esl tres Comme on o'y trouve pas de pont, il faut. se rÀR•ru•ll.,. à le passer à la nage, à cheval ou eo vo1ture, ce dans aucun cas n'est attrayant, car cette t•;aversée s'opère pas toujours sans danger. Ce cours d eau guéable que lorsque la mer est calme, le ~oyen le sûr pour arriver sans acc1dent sul· l'autre nve, es t trer résolument dans la mer assez basse à cet en et de fane un circuit en passaut au-dessous du t.nrrAn,t·' pour éviter le 1·emous produit par la rencontre de courants opposés. Si, au contraire, la mer ~st ma on t1•averse le Kisçon en barque, et les ammaux sent à la nage, mais comme on est obligé de ,\&t•hD,..... les bêtes de somme, et desseller les chevaux, opération désagréable et qui exige beaucoup de La caravane arriva au bord d~ l'eau sans se des difficultés de la traversée. Pour la clarté de ce cit, il est bon d'ajouter qu'elle était composée en . majorité de cavaliers peu exer.cés et d'ama~ones 1 périmentée!l. Ceux qui marchaient 1~s pre~uers, geant pas nécessaire de pren~t'" ~e ,conseil des qui, dans ce moment, s" ti'OuValent tous à garde entrèrent bravement dans le torrent où leurs vaux 'enfonçant d& plus en plus, eurent .bie~ tôt jusqu'au poitrail. Effroi des bommes, - cr1s d a.uo;,v•-... des dames récriminations et roprovhes; - ce fut dant quelq'ues i ·staots une confusion générale. Ils
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L cependant tous quittes pour la peur, et arrivèt·ent
et saufs sur le bord opposé. Grâce à cet incident la terreur oubliée, nouB mit de belle humeur, nous ' gaiement, unE> demi-heu1·e plus tat·d, notre entrée Caïfa. Le charme de cette petite ville, serrée entre les contreforts du Carmel et la mer, est tout entier dans son •ractère semi-oriental, semi-Auropéen. C'est tout à la fois une ville et un jardin. Les roses et les plantes arimpantes débordent pat•- dessus les murs, la verdure •' la campagne font irruption partout. Les maisons et Je& rues éparpilléf'ls dans le feuillagA, retentissent condauellement du chant des oiseaux. Un curieux mélange de constructions di verses, le pèle-mêle d'une architectare de hasard, ajoutent encore au cachet champètre de 11 coquette cité. Kio5ques, eoupoles étincelantes de blanebeur, minarets, élégantes villas aux vitraux coloriés, aaasures arabes, maisons de bois avec leurs moucharallieds, couvents à la f1.1çade froide et nue ; une tom· séoulaire et des fortifications plus moderne11, sont jetées un luxuriant fouillis de lentisques et de figuiers, aur Jes~Juels se dresse çà et là qu~lque grand palmier. Caïfa, qu'on appelle aussi Héfa, est une des stations times desservies par les bateaux du Loyd autrichien. Son port, plus abrHé que les 1·ades de Jaffa el de Beyrouth, est, dans les gros temps, Je refuge habituel des paquebots qui font le servie~ des échAlieR du Levant. Le aommeree y est à peu près nul On y charge cependant blé, du coton et du sésamE>, mais en petite quantité. te ville est fort ancienne. Guillaume de Tyr nous apprend que Godefroi de Bouillon la donna en apanage l Tancrède avec la principauté de Galilée, et elle avait ID évêque suffragant de celui de Césarée. Saint Louis y 1\ aussi élever une église dont oo voyait encore les nioes en 1780. Les principales puissances de l'Europe y sont repré8 Diées maintenant par- des agents consulaires. L'émion allemande, qui p1·end une grande extension en e, a aussi ses représentants à Caïfa. Une colonie ..... n ...~ ..., s'y forme entre la Yille et le Carmel. Elle quinze familles américaines, et trois familles : les autres sont prussiennes. Nous passons sur le rivave vis-à-vis du débarcadè1•e af1 une rangée de cafés sont alignés sous les platanes. nous traversons gravement la ville, dont la dernière a été enlevée pou1· la wottre ou communication
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directe avec le quat·tier européen, qui forme espèce de faubourg à quelque!èl mmutes au-delà des Celui-ci se présente bientôt à nous avec ses ma,1sn1"" neuves et blanches, chacune au milieu d'nu j demi cachée pat· les arbres. On y voit une pet.il dont la coust ruction ·rappelle celle des chalets et qui p01·te sur sa f~çade des passagAs de la Bible langue allemande : lch bin ein guter Hirt, etc. (Je le bon pasteur). On la salue d'un air attendri une apparition de la patrie sous les couleurs de la ligioJ. Toute rencontre comme celle-là porte joie. La route, spacieuse au sortir de la ville, se ainsi au milieu des oliviers jusqu'au pied du La montée est raide. Un sentier jeté sur les flancs pés de la montagne, ou pour mteux dire, une passRge formant des d11grés inégaux, usé par et les pians des passants, plutôt que taillé par des bommes, conduit au sommet. Nous suivons ment, les uns après les autres, sur ce tracé incom les contours d'une arête dépouillée et brûlante. montures ex ténuées n'avancent plus que par sou et des efforts désespérés. Les chevaux de Syrie ont heureusement., comme les mulets de noR Alpes, un tinct merveilleux pour cheminer dans ces parages ciles, aussi on nous conseille de leur mettre la sut· le cou, et de nous lai~ser guider par eux. C'ea& qu'il y a de plus prudent en pareil cas. La nuit approchait, et nous avions bâle d'arriver notre gîte, car, malgré la beauté du tableau qui entourait, un arrêt dans ces conditions-là n'eût possible, ni même dési1·able. Le soleil qu'on ne plus, mais qui avait laissé derrière lui une ligne gée, nous envo) ait des transparences de ln mi ère. ombre bleuE:\ s'étendait tout autou r s ut· l'horizon. bleu du ciel, le bleu de la mer, ce reflet de l'azur les eaux, avec des tons métalliques qui p1·oduisai les yeux l'effet d'une plaque brillante, une sorte traclion magnétique. Enfin nous atteignons le de l'escarpement. Un détout· du sentiE:\r nous d le toil aigu du Phare, puis bientôt après les mu cieux du couvent, - et nous allons reposer sur la montagne où si souvent a t'etenti la p voix des Prophètes.
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Le Mont Carmel est la plus belle montagne de la Palestine, aussi sa beauté sert-elle souvent de
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de compat·aison aux écrivains sact·és. Il forme du S.-E. au N.-0., une chaîne d'environ six lieues de longueur qui se termine dans la mer par un promontoire d'un effet majestueux et pittoresque. Sa plus grande élévation ne dépasse pas 600 mèt1·es. On a peine à s'expliquer le manque de population dans une région dont la fertilité est p1·overbiale. Au dit·e des indigènes, on ne rencontre sur toute la chaîne que deux petits villages habités par des Druses. Ses pentes fl~uries sont désertes, et presque totalement abandonnées aux animaux sauvages, tels que les chacals, les sangliArs, les panthèt·es, les hyènes. On y voit aussi toute sorte d'oiseaux parmi lesquels les perdrix abonder.t. Le Carmel se montt·e au fond des âges. Il a été, dès les temps los plus anciens, consacré par la vénération des peuples. Non seulement lee Hébreux, mais aussi les Gentils le regardaient coml1le UDA montagne sainte. Il semblerait qu'il ait servi de rendez-vous à un certain nombre d'adorateurs très divers. et il n'est pas possible de préciser quAl est le culte qui y fut établi le premier. Nous savons d'ailleu1·s par Tacite que la montagne elle-même était révérée à l'égal d'un Dieu. • Entre la Judée et la Syrie, nous dit-il, s'élève le Carmel. C'eat le nom tout à la fois d'une montagne et d'un dieu. Ce dieu n'a ni statue, ni temple, ainsi l'ont voulu )As fondaleu•·s de son culte. Il n'a qu'un ante! où on l'ado•·e. • Suétone, dans sa vie de Vespasien , en parle dans le même sens. Au commencement de l'ère chrétienne, la ~ootagne se ~eup!a de solitaires. Pendant longtemps , tls vécurent separement dans les grottes. sans être astreints à aucune règle précise, ni soumis à un supérieur commun. Mais vers la fin du XII• siècle, un moine franc, SI. Bet·thold, que les Croisades avaient amené en Orieot, obtint de Baudoin III et de Fulcher, pat1·iarche de Jérusalem, l'autot·isation de fonder un monastère pour y réunir sous une même discipline, les ermites du MontCarmel. Ce fut le berceau de l'ordt·e des Pères Carmes. Histoire sanglante que celle de cette communauté nais· sante vouée par son cat·actère sacré et par son isolement à la baine du fanatisme musulman : 40 ans ne s'étaient pas encore écoulés, que la plupart des disciples de St. Bdrthold, at.taqués pat· les Sarrasins et massacrés pat· oux, scellèrent de leu1· sang la foi en JésusChrist. Le monastère actuel, un des plus beaux de la Terre Sainte, est d'un style simple et sévère. Sss murs sont
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épais comma ceux d'une forteresse. Outre l'église, la salle du chapitre, la bibliothèque, et le premier étage qui est réservé aux cellules des religieux, il renferme encore une bibliothèque complète et de nombt·euses chambres pour les étrangers. • Les fenêtre<> ont la vue du golfe et des montagnes, la brise de la mer, le parfum des collines, la contemplation de la nature et du ciel, cette p2resseuse volupté de la retraite. • Détruit et l'Abâti à plusieurs reprises, il a soutenu des sièges f>fft•oyableP, et a Rouvent passé par le fer et le feu . En 1799, lorsque Bonap~rte leva le siège de StJean d'AcrE\ les Turcs B'empare•·ent du Ca1·mel. Après avoir égorgé les blessés qui y avaient été accueillis, dispersé les •·eligieux et pillé ce saint asile, ils brisèrent portes et fenêtres, et n'y laissèt·ent que les quatt·e murs. Enfin en 1821, sur les instigations d'Abdallah· Pacha, gouvel'Deur de la provioct~, le sultan, c1·aigoant que les ruines du couvent oe servissent de retranchements à sqs ennemis, donna l'ord1·e de les détr•1ire entièrement. De nou~eaux religieux étaient v~;~nus remplacer ceux qui n'étaient plus. La vue d~s décombres encm·e fumants de l'édifice qu'ils avaient pour charge de reconstruire ne leur fit point perdre courage. C'est surtout à l'énergie de l'un d'eux, l'infatigable frère Jean-Bi:lpliste, que l'on doit sa restauration. Il partit pour Constantinople, et grâce au crédit de la Fraace et aux démarches de son ambassadeur, il obtint de Mahmoud un firman qui ordonnait au pacha da relever le couvent à seM propres frais ; - puis, sans perdre de temps, il se remit en routfl et parcourut toute l'Europe en quêtant pour le nouvel établissement. Ses efforts fure!ll couronnés de Euccès, et le 14 juin 1827, il eut le bonheur et la gloire de poser la première pierre du wooastèrfl que l'ou voit aujourd'hu i. Dans un petit enclo11 cultivé, vis-à-vis du couvent, une pyramjje entourée d'arbustes indique l'endroit où furent inhumés les franç<tis blessés devant SI-Jean d'A· cre. A quelques mètres au-delà, r,'élèvo un phare de construction moderne, construit sm· le sommet des pt>n · tes abruptes qui forment l'extrémité du promontoire. Le Mont Carmel étant à la dernière lirni~e de la Terre Sainte, c'est là qu'un grand uombt·e de pèlerins terminent leurs excm·sions. Les caravanes tJatholiques ont l'usage d'y chanter uo Te Deum et d'y célébt•et· un service d'actions de gt·âces pour l'heureux accomplissement de leur voyage.
7 L'église dos Pères Carmes est belle, vastP, et richsment décorée. Son toit recouvert en plateformfl, est une des terrasses du couvent dont elle occupe le centre. Sous le maître-autel , se trouve une crypte entièrement taillée dans le roc, depuis longtemps convertie en chapelle, et communément désignée sous le nom de Grotte d'Ehe, parce que, d'après la lt·adition, elle anrait servi d'asile à ce prophète ainsi qu'à Elisée. Les musulmans qui professflnt un grand respect pour la mémoire d'Elie' ' viennent souvent dt~ très loin pour vénérer ce lieu. Comme le Thabor, comme le Sinaï, le Carmel parle à l'âme. Pour le chré lien , comme pour l'intidèle c'est une montagne sainte. Son nom évoque tou& un' ordre de souvenirs qui se résument dans un seul sentiment : - l'adoration. L'Eternel y a fait resplendir sa gloire, et tous les âges ont élevé leurs regards vers elle comme vers la montagne d'où vient le secours. Depui~ le jour où, à la prière d'Elie, le feu du ciel consuma son holocauste, comme depuis celui où la Suoamitt1 dans l'amerrume de son âme, vint vers l'homme de 'Dieu en la montagne du Carmel, que de pnèrAs et d'actions de grât:es ne se sont pas élevées à l'Eternel de ce même lieu? Que de bénédictions 11'y sont pas descendues su1· la tète de ceux qui, de tous les bouts de la terre, y sont venus aussi, comme cette simple femme, te cœur rempli d'angoisse, pour implorer le secours du TrèsHaut t Sous le toit hospitalier du Couvent de St-Elie, la nuit. en réparant nos forces, avait ouvet·t notre cœur à 1~ joie, et préparé notre esprit à s&vourer les jouissances que nous réset·vait une joul'Dée qui s'ouvrait pour nous sur les magnificences du Carmel. Le voile de brumes qui à l'aube couvrllit l'horizon et la mer·, et répandait sur le paysage une teinte d'une douce mélancolie se dissipa peu à peu sous l'influence du soleil de ~ai. L'astrfl roi nous inonda de ses rayons, et en un iustant transf~r~a pa~ sa présence tout ce qui nous entourait. Une VJSlOO ortentale, une fantasmagorie, un spectacl" tel que nous n'aurions jamais pu le rêver, s'offrit à nou11 : L'azur sur notre tète, l'azut· â nos pieds· le ciel et l'océan . confondus, unis de nuance et d'a~pect ne formaient qu'une seule seule et même vaste nappe ~zu. rée dans laquelle nous étions plongés. On aurait cru être le jouet de quelque illusion d'optique. Pareil aux rochers qui, dans les jour nées d'automne surplombent parfois au milieu des brouillards, le sommet du Carmel
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dessinait son sombre profil sur ce food bleu. La limpidité de l'atmosphère était telle que nous pouvions distinguer un par un, !eR cyprès et les palmiers qui encad•·ent le golfe ; compter les unes après les autres, les flèches, les coupoles, les aiguilles de St-Jean d'Acre, et suivre les détails et les ombres de l'immense plaine qui, des murs de la ville, s'étend à perdre de vue ve1·s le nord. Pendant que nous subissions la fascination de ce coup d'œil inattendu, un vol de ces grandes sauterelles jaunes dont j'ai parlé plus haut, semblable à une nuée éclatante, passait sur nous en couvrant la m'>ntagne de son ombre, et se dirigeait vers l'Occident. A mesure que les cohortes serrées de cette multitude ailée se •·approchaient de la mer, elles se détachaient en pluie d'or sur cet horizon de saphir. Elles se succédaient rapidemeut et en boo ordre, sans jamais dévier de leur route, comme si, chassées par le vent d'Orient, et par la Parole de l' Eternel, elles eussent été envoyées sur une lene lointaine, pour accompli•· leur œuvre de dévastation contre quelque peuple rebelle. Une majesté sereine, un éclat d'un~ suavité incomparable, - une vraie gloire, en un mot, couvrait toute cette scène, et j etait ses rayons dans les profondeurs de ce dôme d'azur, et sur l~s ratiieuses beautés de cet horizon antique, qui transportait l'imagination dans un monde pour lequel not1·e langagA n'a pas d'expt•ession. C'était un spectacle capable de faire oublier tout ce qu'on avait vu jusqu'alot·s, et quA le silence et la solitude renaaient encot·e plus solennel.
Ill Notre projet étant de gagnat· Beyrouth par la voie de terre, et de ne pas manquer le départ du paquebot qui , de là, devait nous ramener en Europe, nous ne pûmes pour ce motif prolonger notre séjour au Carmel ; et ce mêmA jour, après une courte halle à St-Jeau d'Acre, nous vînmes, vers le soir, camper à Ez-Z1b, joli village musulman sur la côte de Syrie. Nos tentes sont dressées dans un site grandiose et solitaire, empreint de cette poésie grave et pénétrante, de ce caractère patria1·cal qui fait le cl.arme des pltysages de l'Orient. Dovant nous, le village couronne une petite éminenl·e. Ses maisons à toits plats groupées au milieu des palmiers, se profilent sur un horizon clair bordé de pourpre.
(A suivre./
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SION 15 Février 1 ~9 3
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