No 06 l'Ecole primaire, 15 Février 1903

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îo Ceux qui ont déjà subi (hme manière sa tisfaisa:nte l'examen pédagogique flans une aunée antérieure. Art. 6. - Les recrues ro:bligées de su·ivre ce eours peuvent y être astreintes de la part 'des autorités communalrs par des mesures de police. .Art. 7. - Chaque recrue présentera, lor-s de l'examen, à l'expert pédagogique cantOIIla.l, une déclaration indiquant le nombre des leçons .suivies, et signée par le Prr.ésident de la Commissi,otn scolaire et la personne qui a d\>nné le e0t1rs. Les reerue1s q n;i ne présenter·aient pa1s· cette déclaration seront pu' nies deB arrêts par le Commandant fl'a;rrondissement. Art. 8. -Avant le <cours, ou au ·plus tard les premi.er:s jours aprèJS l'•OIU~'er­ ture, toütes les ·recrues de l'année seront réunies par districts pour subir on examen ·p édagogiquP préparatoü·e. L'absence non ju.~tifiée à cet examen srr-a punie d'une amende de 5 francs. La con1VOŒÜon en sera fixée par M. l'Inspecteur qu.i •présidera cette réunion, assisté d:'nn expert pédu.go,giq)Ue fé<déi'al. Art. 9. - Les autorit-és •communales qui ne .se <:onfo•r meront pas aux d'ispo8itions du présent all'r-êté .seront passibles d'une amende de 5 à 50 fran1es. La même amende sera p-r-ononcée conh-e les a.utorités à la négligenœ d-esquelles .po•u rrait êü·e imputé le mauvais résultat des examens snbi1s pa.r leurs r-essortissants. Art. 10. - -L'a:rrêté du Conseil d'Etat sur la. matière, du 11 Juin 1884, ef'lt r·ap·p orté.

•••• Observations diverses Officialité. li wrrive encore fréquemment, malgré tous J.es avis déjà parus à ce su'jet , que des lettres ·parviennent taxée.s à l'Etat, par.ce que leurs c>xpé-diteu rs :n'o.nt pas te>mpli tontes les forrnal·ité-s r·equi-

ses poUl· jouir de l'officialité, c' est-àdire de la franchis·e de port. Nous r•a.ppelrOinS donc ici q u.e le mot « officiel » sur l'enveloppe ne suffit point, .comme_ beaucoup se l'imaginent, mais ri[ y faut r·nco•r e le nom et la qualité du; conSl gna taire. L'adress·e du destinataire doit, eu outre, ne pas •rEmfermer -de nom propre, sous peine rd.e fa.ire c01nsidéTer l'envoi 'cJOmme r e vêü1nt un caract~r-e versonnel. Ainsi, en s'adressant au Dl5._ pat'tement de l'Instruction p-ublique, libeller ainsli. la susc:ription, suivant qu'il :s'agit de :M. le Chef du Dépa.rtement ou de son personnel: (( M. le Chef du Dé·p<tl'tement, ete.», ou « Au Secrétariat du Département, etc. J>. Si ces foTmalités, exigées par le 1·èglement }.~Ois·toa.l , ne sont point remplies ou le sont incomplètement, les lettres arrivent taxées et sont -r•efnsées à destination, clr'où il peut résulter parfois des mécomptes et même un préjudice grave pour ceux qui attendent une 'l'épouse, dans l a. suppo. sitio.n où ils s on t lll ille leur- nüssi l ' <' est arriyt5e à hon ·p(wt ...

~ ORGANE DE L A

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION

L'Ecole-primaire donne cle 12 à 15 livrais-~ns d~-.16 pages ~ha c une, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8

16

pages pendant le cours scolaire.

Prix d'abonnement : Suisse fi·. 2.50 Union postale fi·. 3 _ èt. M Tout ce qui conceme lo: publi cettion doit être ctclr essé directement · P. PIGNAT, 1er secrétctirc èt l'Instruction publique, èt S ion.

Publication pédagogique. A U ' sujet, il est ra:p pelé a u personnel euseignant :primai·ee le pa.ssage suivant de la eir culait·e du Départem<:nt, du 23 j.anvier 1880: 1< No,u s d evons enclOre exhortee not-~ instituteu-r s et no:s institutricCis à. s'efforcer d'étendre, par l'étude et la le<'ture, les connaissances qu'Us ont acquises -pendant le t emps r elativement <:ourt qu'ils 1p a.ssent à. l'école normale. Lem· instruction peut se compléter notamment pa-r l'abonnement à une feuille ti•aitant des questions éducatiyes. '' Bien que le choix de cett e feuille .ciOII'ttinue à rester parfaitement libre, le devoir du per sonnel enseignant valaisan est cependant de soutenir, aYant toute ·autre, une publicat ion spéCJialement fondée à son. intention : !',Ecole pdmaire", organe de la Sodété ralaisanne ù'éduc-a t jon.

Le meilleur livre c'est la parole du maître. L homond.


2 A.-vis à nos abonnés

Somlllaire de l'Ecole du 15 fév.

Ll' 1·emboun; p01n· l'al>onnt>mPu t it l',Ecole primaire" s eta mis E>-n eircu~<l· *Jean Gerson.-* La bonne humeur. tion d'ici an tt>J· :Mars. N os sonSCl'lP· - * L'instituteur et le; respect humain. teun; sont priés d'en prendre not e et de lui rést>n ·el' hon nü:neil. - De l'ut'ilité des lectures. - Causerie C't>st le D~]Jôt d t>:s li ITL' S scol a.ires su1· la 1·é{orme orthographique (fin). qui est t'hU q,\·t> de la. 1·en (t ée de~ ~bO~· Davantage de lectures, moine de dictées. UPlllf'll ( H et P11 f':S t COJH}.Jl 11 l.>l f' \ lS·R· YI!! - Partie pratique : Composition, ortho- d P la. (( Sol'itSté l'a l aisr111ue d'Educagraphe, agriculture, récitation.- Variétés. ÜI:ll Il , })l'Opf'ié( (lÏJ'(> df' l(l, feuille . -o-

SION, Jo Février

* Aux jeunes maUres (suite). -

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{)altiers sons-main

Sommah•e du Sup}Jlément Le cuTé cle campagne. - B.istoire du Valais (suite). - Paysages d'hiver. - Une mèl'e. - L'adoption. - La jeune Sibérienne (suite).

Conférences d'instituteurs Dl~'L'HH'T l>E ;-:;Il~HHoE Pour ]p::; in~ l itutem ·!-! dt> c·t• distric·t

ln conf~teut:t' amJuelle am·a lien à (hô· ne. l P J~ ~fnrs l ll'O'<;haill , à !) 1/:2 h. lln ill<; tin. .\..RRO~ I>l~~E~.K~T DE SIO'K LE-s in:;titutt>m·s de l'C r ;n•roudissemcnt Mll t t·on•oqués en l'éunion <Ill· nuelle, ;t ~inn. h• 32 a:nil}W<wbaiu, it 8 1/2 b . du m. Dl~'l'RH :'!'

l)E ( ' 0Nrl'HEY

L<t· p r ochaine conférence des institn· t e urs de e<· di:,;( J·ict r:;e tit>ud ra ù V6·

tror., l t> mardi :1 m ars , à!) h . d n m.

l'u ,.(o ..ent d u Bas. \ 'alais nous th· t' . . ' ma nde l'iu>H"ttiou df's ligne s .Cl·a.pres : I.Jt> D 6pôt du mHtéJ·it>l scolnite a t'té rPellemr M bien inspit~ p n R'a.pp tO\'i· ~ionnant de l' ~u·ticlP papie 1·, car jnsqn· i('i la plu:s grandP bigon·m'(;! régnait 1wrm i 1<>:> (>e oli en; son.~ ~·e. J·a p.pod.. En partku.Jie1·. JHillK ] P fda·J!ons de. s on ]JelHf'U S(' id t'l:' (l'aYOi J· (:'il ma.gaSlU lt >, qui se tronw 1·allier d it 11 ~ ons·um.in > devuis lu r.en ( rée déjà ;\ dopté pour le~ écolf's de no t1·<> commune . on t éellPlllellt i l r en d cl.e t el:s Keniees qne l'on r egrt>t f(' de u'ayoit pn~ r·onnn plu:s t ôt ce geu· r e de cahie1·. Il t~s t m€-me Ri hieu PlÜI P ~1 eettP lH' lll'P d·ans )Ps Jmbii.uÙIPs de uc~r; 1 ~lèves qu'ou 11eut l'euvisa gel' c·iHUUII' 1 défini1iYemt->nt n c~·liuHI~é danH nos é.t·u· l es. o ·es l à !'ouball e J· nYeme1l1 que Kou 1 infl'odnttion dan~ les (·lM\ses se géw· ralisc. et nous p eu s m.JK ains i ~ne. lt• Dépôt du mn l6riel KC?'laü•e ferait b1eu 1 d'-en cl€die1· un sp& 1m eu à tons le· 1 membres du eoq)S cn :,;~ignn;u~. n~n t~~ lcnr permettre de m1 e ux sc l f'lldi• compte que pat· nut> siwpl.e .~'nuont·1 : ilt" l'exoellL'11l'e d.n nom·eatl! cah1er el th 1'\a. supPl'iorit(.i même sm la plnpal'l d1•

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• * * L P sujpf des conférentPs e:;t indiqué 1 ceux que n ous voss!-lldon_l'\_.------dans le n° :2 -dt' !',Ecole" .

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1902-03

L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIETE VALAISAII'E D"EDUCATIOR

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* Aux ,jeu n et( maîtt•el!!l

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(Suite.)

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Pour q ue nos c:o-nclusions relatives à. la nécessité d'un progr amme·type soient bien comprises, il est indispen~ a blt> de mettre son s les ye ux le progra mme i ntégral d 'une spécia lité s colaire an moins pour deux degrés consécntifs. Comme le n° 5 de l', E cole pTi· maire'' a déjà reprod uit le progt a m.me de lan g ue m aternelle du deg ré infétieu·r, il suffi t d'exposer encore .celui l1U degr.é m o.y en , d!'::~bo1rd tel qu 'i l existr danrs notre P lan d'études, p uirs tel qu'on le ron r:oit d a n s un enseignement donn~ pa1· coors concentriques.

Degré moyen Programme de langue maternelle (tiré du plan d'études du Valais) .\. Lectur e : Lec:tru·e counaute. Nombreux exercices, tant :: n1 _p oint de "ue d' une b onne in· tonat ion que de l'intelligence <lu t exte. ~om b rense.s l'Opies. Exer cices d'orthographe.

H. Exer-cices jnt ellPctuels ou i n t ui tifs: Suite des exer cicef; nu degr{o

inf~ri eu r.

C'. G ra mmair e : :'\otionfl générales. Différ entes espèces de noms. Articles. Adjectifs. P ronoms. Verbes. Conj ugaisons d'un grand nombre de yerbes par propositions, d'abord avec t emps simples, puis avec temps composés ; 1r e, 2e, 3e, 4e conjugaisons. - E t ude de la proposition simple. Propositi on incompiexe t>t complex{'.

Même programme rédigé en cours concentriques _-\ . Lectu·r e: Lecture de ruorceaux d'un gent•e s imple : récits et p réceptes morau x; 1lrubles et pot:sies faciles; sujets divers se rapportant aux choses de la fa mille, de la nature, cle l'hygiène, de l'agriculture, ole l'industrie, de la d e u su elle. NOTA. Les explica tions. toujours sim ples, cour·tes et intui tives, porteL'Ont sur La· suite des pen sées et sur la ::~ignification des mots peu connus des enf a[lts.

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li:xet·cices de vocabulail'e et d 'élocuNon: Reproduction libre, de vi>e voix, (\e m orceaux ùe lecture et dt> récits faits par le 1·êgent. :!. Cornp tes rendus de petites lectures conseillées a ux élèves et choisies dana le livre de lect ure. "l. Récit ation expressive de morceaux appris de mémoire. .4 Ent re ti eu : a) s1w l.es ehose8 do lu 'lia· tm·e: HEGNE ANIMAL: animaux domestiques; basse-cour; boucherie, viande; oiseaux insectivor es du J)'!IJ}'S; garenne ; rongeurs nuisibles; ch enille et papillon (échenillage); ver-blanc et hanneton; chauve-souris, ta upe et hêris· son ; carabé doré, sauterelle et a.roruignêe; grenouille, crapaud ; lézar d, or vet, vipère et sangsue; poissons. REGNE VEGETAL: Organes de la plante; germin ation et fru it: arbres fruitiers !émonda ge\: jardh!. j ardi1.


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66 nier et ses outils; tMvaux usuels (sarclage, éclaircissage, artosage, repiqLage); fleurs du printemps; potager et légumes; champ et pommes de terre; céréales; pain; plantes foul'l'!llgè· res; plantes textiles (tis.> age, papier, librairie); plantes vléagineuses; plantes vénéneuses (ciguë, champignons); .a rbres forestiers (menuiserie, charpentier). REGNE MINERAL: Piel'l'es (maçonnerie); poterie; verre; combustibles ; pétrole; m étlaiUx usuels (forge); alliages (monnaie); sel; terre; lune; soleil; étoiles. b) sur l'hygiène: Salubrité des habitations; air; eau; chauffage; vêtements; hygiène de la vue et de l'ouïe; aliments; boissons; alcoolisme; hygiène de 1ru bouche, de la chevelure et de la peau ; récréations et jeux; brOlures (soins à prendre); morsures (soins à prendre). c) sur la civique: Famille; commune; école et paroisse; districts et cantons; confédération, pouvoirs constltutio:Inels du canton; de 1:1. Confédération; patrie, impôts et service militaire.

C. Exe·rciœs de ·r édaction:

1. Récit s moraux, hlstoliques ou

ane~-

dotiques très simples. Petites descriptions sur des sujets empruntés de préférence aux exercices de vocabulaire. s. Comparaisons portant sur des animaux, des plantes, des minéraux, des faits de la vie usuelle, sur la. conduite et les devoirs des enfants, sur les occupations des hommes. 4. Lettres familières. 5. Comptes-rendus et plans de lettres ou de leçons. 6. Rédaction de notes, de mémoires, de factures, de quittances, etc.

D.

Ortho~raphe usuelle : 1. P rofiter des exet·cices de lecture, de

rédaction, des leçons de toutes les matières, pour attirer l'attention de!. élèves sur les particularités orthogra-

2.

3.

4.

5.

phiques des mots: Le mattre dit ces mots, les écrit au tableau noir, ·les lire, épeler et écrire. Copie d'un morceau de lecture ou transcription d'un te~te appris par cœur. Occasionnellement aWrer l'attention des élèves sur les homonymes, les synonymes et les antonymes des mots d'un usage fréquent. Exercices élémentaires de composition (préfixes) et de dérivation (suffixes). Conjugaison de vive voix de verbes fréquemment employés et remarques importantes sur l'orthographe de ces verbes.

E. Grammaire et orthographe grammaticale: J. Revision, au moyen de lectures et de

dictées, des matières enseignées au degré inférieur. 2. Revision des termes essentiels de la proposition. Exercices pratiques et journaliers sur les comp:éwents dé· terminrutifs, explicatifs, directs, attributifs, indirects et circonstanciels; sur les vocatifs et les explétifs les plus communs. - Etude de la ponctuation par ces exet·cices. s. Notions très simples de chacune des neuf parties du discours. 4. Règles et remarques usuelles sur la formation du féminin et du pluriel dans les noms et les adjectifs. - Règles stlres et fondamentales de J'accord de l'adjectif et du verbe avec le sujet unique et multiple. 5. Syntaoce élémentaire: a) mots liens dans la proposition (verbe logique et préposition); b) mots liens dans la phrase (pronoms relatifs et conjonctions); c) Distinction des différentes espèces de propositions; d) exercices pratiques et fréquents s ur les verbes et les conjonctions qui régissent le subjonctif. 6. Exercices grammaticaux en phraee9 Isolées portant sur les règles étudiées.

offrant une suite ùe leçons et de de· yoirs progressifs, de suivre sérieuseruent les progrès mensuels de.s élèves, d de se faire une idée vraie des aptitudes pédagogiques et du zèle dea membres du corps enseignant; 2) les elèves qui quittent une école pour en Vous vous demandez sans doutE' où fréquenter une autre doh·ent être déj'en veux venir avec ces programmes. paysés, déroutés: ce qui n'existerait Le voici. Si le maître veut avoir un en- pas si l'on suivait parto,tt le même proseignement véritablement organisé, H gt·amme officiel à chaque degré de l'enest fo,r cé par la nécessité d'arrêter lui- seignement primaire; 3) l'enseignement même au commencement d.e chaque an- le plus important, cellli de la rédaction née et pour l'année entière, e.n s'inspi- et de la oomposition est et doit être rant du programme-type, le program- anarchique dans son ensemble, puisme particulier des leço!ls qu'il fera cha- qu'aucune entente ne peut avoir lieu que mois, chaque sema.ine et !presque entre les régents,; dans ,c haque école, jour par jour. Autrement il s'attardera puisque l'instituteur ne s'entend pas ct donnera plus de temps qu'il .ne doit avec lui-même: les sujets de composià. des chOiSes de médio,·re importance, tion sont choisis au hasard .et selon pour courir ensuite et ne faire qu'ef- l'inspiration du moment. fleurer les points sur lesquels il aurait Taudis que dans l'enseignement d'adû insister. Il lui faut donc un pro- pi·ès un botn programme-type, l'étude gramme-type qui lui indique une mar- de la langue commence dès la prernièehe régulière et 'de nombreux points de J'è année de l'école p.ar les leçons de repère. A cette condition s eu'ement son choses, 1q:ui consistent à faire connaître enseignement formera •m tolllt progres- à l'enfant les objets les plus usuels, à sif et ha-rmonique. Or, ceux d'entre l es décrire dans leur ensemble, d'ana vous qui m'ont lu avec attention, ont le urs parties, dans leurs qualités et pu constate1· que notre Plan d'études clans leurs JJarties, dans leurs qualités est loin de nous tracer u.n plan d'ens em- et dans leurs usages. Ainsi l'eS!Pl'it se ble, une idée d.irect.Tice pour l'enseigne- meuble d'un 'riche trésor d'idées acquiment de la langue; et quant aux polint,s ses directement par les sens, avec les de repère (A. B, C,) il nous lajsse dans termes propres à les expl'imer; il se faun vague désespérant qui force tout ré- miliarise de cette manièt•e avec tout le gent à élabox·er soi-même d'abord un vocabulaire qui se rattache soit au moprogramme-type, puis le programme bilier swlaire, soit à la maison patervarticulier de l'année; r.e qui revient à nelle, soit aux alentours de la maison: dire : «autant d'instituteurs. autant de jardin, village, campag:ae; soit aux vêprogrammes différents. n Donc, pre- tements, soit aux paTties du corps, et.c. mière con cl usioo: l'absence d'un pro- Ces leçons de choses sont entremêlées gramme-type 'Uniforme aboutit, dans de récits instructifs et moraux qui c().n. l'enseignement, à une organisation di- tribuent à compléter le ,-ocabulaire die dactiq1ue anarchique. l' enfant, t<Jut en formant son cax·actère COROLLAIRES. Dans ces condi- et en le corrigeant de ses défauts naistions : 1) il est fort difficile, sinon im- sants. - Ce premier fond de la langue possible, aux commissions scolaires et maternelle se complète dans les divers aux inspecteurs d'e~iger· de-s régent21 ro.Ul's par les exercices de vocab1l laire des journaux de prépm·ation dte clas~>~ et par l'é1nùe tle tout~s les branches lJi<:têes danll le même genre; puis, comme récapitulation, en texte suivi, mais sans en torturer et gâter le style. 7. Explication grammaticale et orthographique de morceaux qui ont fait l'objet de leçons de lecture.


88 d~t programme scolaire. Ce qui est dit ici de la composition s'applique à toutes les matières qui se rattachent à la langue et à to•utes les s1pécialités de l'école ,rprimaire. Nous sommes donc obligés de couvenil' qu'un programme-type détaillé et rédigé pa.r cours rCOncentrl·ques est indispensable aux ma.îtres et au~x élèves. Ceux-ci y trouveraient le gage d'une éducation progrerssi ve, harmonique et complète; ceux-là, la voie lumineuse qui leur ind.~q;uerait nettement leurs ·obligations et les points de re-père leur perrr.ettant de par.rrourir l'enseignem"rnt de chaque branche sans fair-e d'écarts ni ~·exposer à des pertes de temps déplorables; ils y p•uiseraient en grande partie la force qui imprimerait à leur dé" vouement une direction sûre dans l'œu" vr·e de l'éducation. Comme '0!11 préiPare la revisiün de la loi sur l'instruction primaire, comme nüus nous trouvons dans la période des conférences pédago~giques, Je moment est venu pour tous les membres du corps enseignant de solliciter avec instance des autorités supérieures, à qu~l degré qu'elles appartiennent, un programme-type pour l'enseignement primaire dans l'intérêt de nos enfants et pour l'honneur du Canton.

(A sutvre.)

••••• *Gerson Dans un pvécédent article intitulé «Une nrQible vocation n, je me suis efforcé d'e mettre en 1·eiief la grand0ur morale de l'instituteu•r. Le sujet que je veux trait.e r aujourd'hui, sans en être précisément la suite, le co·lll1Plétel,'a en quelque sorte en montrant ·q ue nous aurions to·r t de rougir du rang que nous oc-cupons dans l'échelle sodale. Est-ce que les g•rands éducateurs qui , furent Gerson, Rollin, Pestalozzi, ne s'en sont ;pas fait une d(' leUJ'S gloirPs les plus p-ures? ...

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• Je ne m'arrêterai point ù vous pa,r1er de Rollin. Cet homme célèbre par sa vertu, sa dou,ceur et ses talents, n'a plus besoin d'éloges: son <<Traité des Etudes)) et ses travaux historiques l'ont immo·rtalisé. Qu'aurais-je c\ dire de Pestalozzi'? ... Le ,Bulletin péd:ago.giq ue'' et !',Ecole primaire'' (alors qu'ils faisaient ménage ensemble), en ont parlé plus éloquemment que je ne saurais le faite. Il est une autre figure, non mO<ins a'(}. mirable, dont on n'aura peut-être pa:; eDcOl'e entendu parle1· ici. Ne soyez point surpris que je veuille ressusciter un homme qud vivait il y ~t ·quelques siècles: il est des génies dont on ne saurait tl·o·p ratppeler la mémoire et le t•ôle bienfai,sant. et Jean Gerson en est un. Doué d'une haute intelligence et d'une vertu ù toute épreuve, ce célèbre orateur possédait en outre une érudition profonde, fruit de l•mgues études E-l d'une a:rdeur au travail peu rC'O'illmune. Il fut chancelier de FUniversit~ de Pa ris; ses .s uccès oratoûres furent brilhmts; autour de sa chaire, les peuples et les grands se pres:;aient, aima.nt à eutendre cette voix forte et émue, q1ui faisait parfois trembler les mo·i ns ti· mîdes. Au milieu des troubles de son époque, il •r éclamait justice et vengeance pour les victimes; il flétrissait les désordres de la S•otciété, nvec cette noble énergie que montre l'homme d·e cœur en face du mal: eu un mot, Gerson fut un gra,nd homme! ... Eh bien, ee génie qu'a-t-il fait"? .. . LP .c roirez-vous si je Yons le dis'? .. . L'histoire esi. là: je n'inveute rien: cé· dant à une voix intérieure que beaucoup qualifieraient d'insensée, Gerson l'illust•re Gerson <descend des hautes rPg.ions de la science po.ur aller s'enseveli!' ù Lvon dans une G:,;vlt> d'en fant>~ p:: t1H'P;;. ~'Il v n e de SP cr,nsacl'l>J· en1-iè<e·

ment à leur éducation et à leur instruction. En d~isant: <<il descendit >l des hautes régions, je me trom1pe évidemment; 01r s'il avait cru s'abaisser en se faisant maitre d'école, dit-3s-rnoti, celui qui avait fait trembler les foules et les grands de la ter re, se Sl'ra.it-il fait petit a.vec les << tout rpetits >l'? ... De tels exemples, avouons-le, sont clairsemés. (~u'est-ce à dire'? Devons-nous en conclure gue ceux qui nous les donnent unt subitement perdu les lumières de la raison. Notre conclusion serait fausse. A ceu~x-là qui seraient tentés ct.Jy trou·;er un grain de folie, je dirais qu'il est des folies sublimeR .c omme eelle {1e la cro.ix, que les f.:mes vulgaires ne sa ura.ient eomprendre. 'fout étJ·ange que ··oas paraisse la conduite de l'ex-chancelier de l'Université de Paris, elle ne laisse pas •q,ue de nous toucher jlJ squ'aux fib1'es les plus intimes de 1'1\me; elle nous est une haute leçon de philosophie, que nous dev.rions méditer aux heares de lassitudP et de déc01ura.gement. .Ne semble-t-il pas qu:à la suite d'un tel homme, nons, éducateuTs, nous pourous avancer le front haut, fiers de penser que les semences jetées dans l'aride sillon germeront un jour et deviendront es gerbes rtue le << Père de famille ll entassera daus ses greniers. Nous n'aur~o.ns pas <·wpli le monde du bruit de notre n0-m; ma,;s nous lui aurons laissé not•re âme; qua.nd nous ue serons plus, notee œuvre subsistee ra ... Ne sommes-nous pns, si je puis m'exrpr-imer ainsi, les moules dre la so(·iété de demain'! Les gouvernements et les veuples ue t~ont-ils pas attentifs à uotre œuvre et à Hes ouvriers'? :Ne mettent-i1s ras, dans 1~ choix des instituteurs et des institutrices, une attention que je serais tenté d'appele:r· méticu·l euse? N'est-ce pas h.t JH"f:'uvc• la, plus eo·n vaincante que• no-

tre mission est importante entre toutes'? ... Gersolll l'avait bien compris. Celui que les ~enfants pauvres de Lyon appelaient leur père m'a!l)1parait comme un de:. humanistes qui ont Je mieux compris la saine philosophie; et ·q uand je le vois ainsi ,s emer le hien au se ·n de la misère, je ne sais distinguer la quelle est la plus belle d es auréoles rqlu i entourent son front: est-ce celle ~de la s cience, de l'éloquenc<>, de la grandeur'? ... Est-,c'e celle du sublime dévouement? ... Ces deux auréoles s•~ confond:e nt dans une harmonie si douce que je dois, renoncer' à vouloir l es distinguer. La p1·emièr~ est plus brillante et la se('Onde plus belle ; posées sur le même front elles forr ment un omement divin. De tels hommes ne doivent point, comme je le disais en commen~ant, rest er muets dans leur tombeau, car même disparus de ce monde ils lui parlent enco·re. D efwwtusadh'tWloq1titm·. En rapc pelant leur souvenir, l'on trouve matière à de grandes leçons. Heureux si, en évoquant cette belle figme, j'ai pu réveiller d a ns le .c œur de quelques uns de mes col1ègu€s un enthousiasme affaibli pour la belle mission dont tous (~nsemble nous nous a.cquitto.ns parce qu'on nous a trouvés dignes de la remplir!... Alfred PERRAUDIN.

* La

bonne humeur

A C'e titre, plus d'un se dira peutêtr·e : Pour le coup ça pourrait suf.ire, on nous a bien assez entretenus sur ce sujet sans que déjàonyreviennedenou\cau. Cf' q1ui me pousse à ce mo•uveruent, e:'est que je considère cette qualité - j'allais dire ce don, vu l a, diffieulté · à l'acquérir si ·la nature nQous a créés revêches - comme une des rpl us belles et des plus précieuses f:eurs à coltiVt>T' dans le partene de l'enseigne-


·ro ment; et, n'en déplaise aux grincheux, une des plus hygiéniques, ceci de l'avis unanime des Esculapes. De plu.~, n'en ('Sl-il pas un peu, de ·~ertai.nes leçons qui nous sont données, fussent-elles pa:r la plus aimable des conseillères, telle l',Ecole primaire", comme des réclames de la 4e page: elles ne produisent réellement leurs fruits qu'à force dé s'imposer, pour ainsi dire, par leur tenacité, leurs ret()lurs réitérés? J'aime !Parfois à .s uivre certains détours pour me transporter à l'école. Encore une faiblesse, que voulez-vous, l'éitoffe de nortre vie e n est tissée. Je consens volontiers 'à m~ laisser jeter la pierre par celui qui toujours se sera rendu à sa tâche par le sentier le plus court . Et aujourd'hui enc-ore, si vous a vez la patience de m'accompagner, nous arriverons à notre but par le chemin ·d es écoliers. Traversons d'a.b ord ce quartier .. . Qu'est-ee que ces cris? <:es clameurs?... (::'~;>st madame qui renvoie sa femme de chambre après 8 jours de service, et la mégère en est à sa quatrième servante en moins d'un mois. La pauvrette, excellente fille pourtant, !!!'en va toute triste en murmurant ces pa1·0les: « Qui pourrait viwe dans un ,pareil enfer'! ·Du réveil à la nuit, une humeur massacrante». So·uhaitons pour la brave domestiqllle que son étoile la dirige mieux eette fois-ci, et, la laissant à la garde de Dieu, continuons notre route . . .. Voici un ·atelier de menuiserie. Les abords nous le disent, mieux que le bruit qui en sort ne ressembfant que de bien loin à celui de la scie o-u du rabot. Une voix criarde et injurieuse domine tous les a utres sons: c'est Je patron aux prises avec un nouvel apprenti qu'il apostrophe en ces termes: «Cent millions de moulures! Est-ce ainsi, tête de ,c hên:e, que l'on pousse le riflard?» Et su.r .ce, arraché av-ec violence des ma.ins inhabiles, l'outil vole

dans un coin. L'infortuné en est quitte pour l'aller ramasser, >3e disant à part soi que la réalité est bien loin de répondre aux beaux rêves qu'il avait faits de la vie d'artisan·, mais suortout trouvant étrange qu'on dfit savoir quelque chose avant de l'avoir appris. Et là -dessus, le marteau de l'ennui com. , menee à frapper dans ce jeune cerveau trDJP tôt désenchanté ... Nature forte et courageuse, le malheu-reux rep·r end néanmoins pla.ce a uprès d'e ses compagons de travail dont la mine renfrognée fa.it pen-s er à ces arbres sans cesse battus par les orages. . . Tel ma~­ tl'e, t el valet. Voici la troupe qui passe. . . Nous avons q,uelques minutes encore, juste le temps de jeter un coup d'œil à nos milices. «Bataillon, halte! crie une voix de stentor; reposez armes!. .. Re· pos! » Le ma.jor r engaine et toos de pousser un soupir de soulagement. J'entrevOiis un ancien camarade. Approehon.s·. « Eh! bonjour, l'ami! se pla't. on au service? - Oomme un poisson sur la paille . .. C'est-à-dire, ajoute-t-H en se ravisant, ça dépend tout des chefs. Vois, par exemple, là-bas, mon. copain Sa cadouille; en voilà un qui peut se flatter d 'être tombé en d.e bon!lCS mains. La section au complet se félicite de pOisséder un lieut.enan t doux comme miel, aimable comme une jeune vjerge, sou ri~nt to ujours. Aussi ne viendrait-il à aucun de ses hommes l'i· dée d·e lui causer la moindre peine, et, df' son côté, jamais un murmu,r e ne sort des rangs. Mais pour nons la vie est insupportable. Comme la casquette d'offic-ier n'est pas un ]}réservatif suffisant contre les « 1piqfires de mouche», il arrive parfo·is à aes galonnés, comme au commun des mortels, de sauter hors des gonds ; mais notre chef d-e section, ce gros rougeaud qui s'a.pproche, pique la mouche beaucoup plus souvent qu'à son tour: sa mauvaise humeur est ha· bituelle. Jamai!r il ne donne un ordre

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sans l'ass·a isonuer de quelque juron, ronflant ou sonore suivant la ch·constanoe. Faut-il s'étonner dès lors si tous r-.o.us ne manœuvroos qu'avec dégoût et si nO'Us maudissoos, dans notre for iutérieur, quand ce n'est pas tout haut, Je service militaire. - Je regrette, mon ami, lui -dis-je à mon tour, de ne pouvo-ir mettre un peu de rose au tableau IJ.Ue tu vien.s de m'esquisser son1s des cou leurs si s·ombres. J e dois te 1q1Uitter; bon courage! le devoir m'aJ>pelle à l'écol·e ; j'y cours ... » Me voici installé à mon vieux pupitre; je reste un moment rêveur: lês scènes successives auxquelles j e viens d'assister me donnent à réfléchir . ... K'ai-je pas devant moi les dQmestiques et les maîtres, les artisans et lEs s~J dats de demain? Quels souvênirs veux-je laisser de l'école à. tous ces petits qui, -confiants, viennent à moi pouT faire l'apprentissage de la vie? Que1le impression garderont de leur m aitre toutes ces petites têtes blondes ou brunes qui bientôt seront appelées à jouer chacune leur rôle sur la scène d.u monde? En face de tous ces futurs citoyens, me laiss·erai-je encore aller à l'impatience, à l'emportement? ou m'efforcerai-je d'imprimer sur mon visage le calme et la douceur? Oo~pierai-je l'cffi· cier violent, le patron brutal, la maitresse de maison ha rgneuse et acariâtre, ou ferai-j e de co-nstants efforts pour être l'éducateur •lui règne, sans d1fficulté aucune, sur les esprits et sur les cœurs par la fOiree merveilleuse de la constante bonne humeur? La réponse n'était pas douteuse. CAMELIA.

ficaees d'o nt se servent le monde et le d-émon pour arriver à la conquête des âmes faibles. Ces deux ennemis exploitent la pem, et ils règnent sur l'armée des lâches. Et dire que cette lâcheté retient a.ujourdJhui des milliers de chrétiens l®n de leur devoi·r: ils r ougissent devant les hommes du Christ qu'ils confessent dans le cœur. Il importe donc q u·e l'instituteur fasse des efforts constants pour c·n combattre le germe dans les enfants. Le respect humain en général, ses effets et les moyens de le combattre, t els sont les trois poonts que nous n ::us proposons de d évelopper ici. Le respect humain n'est qu' une fausse honte, une faiblesse; -c'est la peur qu'on a de faire une bonne action ou une bonne œuvre, parce •qu'on en cr aint la critique. C'est ce terrible «Qu'endira-t-on » qui semble suspendu au-des1 sus de nous, comme une épée de Dam oclès. Un exemple fera mieux ressortir la nature de cette triste lèpre de l'âme. Voilà un groupe de jeunes gens qui sta... tionnent devant l'église p.<mdant fes offices divins. VQIUS gémis sez en s ecret d'en faire partie, vous voudriez bien pénétrer dans l'enceinte sacrée; ceuendant vous ne l'osez à canse d es railleri<'s, des sarcasmes qui a rcmnpagneraient votre bonne action. Malheur à >ous! si v-ous n'avez pou vous vaincre cette fois, le ~poourrez-v<ms une seconde, une troi.sième fo.is? Les tentatives qui suivront, pl us fort·~s que la première, rencontreront au contr-aire une résistance plus faible. Peu à. peu la volonté, déshabituée de lntter avec victoire, se ramollira et, bientôt, ce ne sera plus par com.trainte que vous négligerez vos devoirs ·r eligieux, mais par conviction, par manque de foi. Les L'instituteur méchants et leurs pernide u·ses maxiet le respect humain mes ne vou s gêneront plus, V'ÜUS deviendrez pires que .c eux qui vous ont Le respect hUIID.ain est utne véritable perdu. Spirituellement comme mat éplaie; -c'es.t un des moyen~ les plus ef- r·i ellem~nt, l'homme ·q·u i s'e.st laissé do-

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73 autant de profit sur les bords du Rhône qu'en pays fribourgeois: . L'homme est un être ensetgné: t~l E'St le fait sur lequel le Père Laoord'a li'E.' avait élevé tout l'édifice de se_s célèbres <Conférences. L'homme reçoit d u dehors l'enseignement religieux, et il lui est même impossible de 'S~ so u~­ traire tà. ~cette loi. Toute sa vie l'ens€1g-nement lui vient du dehors par les différ ents organes des sens. Il apprend par les yeux, par l'ouïe, par la paro~e, par le toucher, et par toutes les Influences extérieures qui s'exereent sur son corps. L'homme commen·ce, dès les pren;liers jours de sa vie à rece~oü·. l'e_nselgnt-'ment de la famille, qUI lu1 v1cnt pa.r son père et sa mère, par ses fr~res et sœurs, et par tous les êtres ra1son'nli· bles qui l'entourent, et même par les animaux domestiques, qu'il apprend de bonne beure à connaitre et à ()bsen'"er. Plus tard, tous les ra.pports de l'homme avec la société, avec ses se~?la­ bles lui deviennent un moyen d m stl'uction. Les gens qu'il voit travailler, ceux qui lui parlent, tous les êtres humains, en llD mot, .contribuent à son iD stru ctio.n. La nature vivante a pour lui de constantes le~ons. Il apprend de l'animal domestique et aussi de l'animal sau v~­ ge. Pour peu qu'il sache observe~, 11 s'jnstruit en considérant les êtres mférieurs de la création, l'insecte qu,i étale ses brillantes couleur·s, l'abeille qui fait le miel, l' oiseau qui bfttit so.n nid: Il s'instruit par la vue de l'arbre qm sc couvre de veroure, de fleurs et d~ fruits par la vut> cle l'herbe des ptruries ~t de l'eau des J·oisseaux. En un mot il n'est rien dans la. nature qui ne ' à l'instruction de l'homme, r1en sE'rve dont celui-<:i, avec un peu d'uttentio!l. ne puisse -retirer des ens eignement~' De l'ntilité des lec tnres toujours nouve3Jux. . . Mais c'est à. l'école que letS J annlleK L'excellent art icle paru !:!OU!:! t:e titre et la soeiété demandent principalement . I" c->s1 t ir~. d(' la ,Lihede'. On le li1·:1 avec d 'instrnirP !eR je:nn{"l-l génPJ'll twn~. ·l'·

mi ner par le respect humain est malheureux. T els sont les tristes effets de ee mai, incurable si on ne le prévient à t emps. . Les écoliers pris de respect bumam auraient un grand désir d'être vertu eux m ais ils n'osent pas être seuls contr~ tous; quand ODJ }(>s consulte, il~ tai s~nt le ur avis et se rangent au pa~h des pl us b a\l"dd.s ; en facf' du ma 1, ils d ent avec les .coupables. L'inst ituteur ·q ui doit non seulement travailler à 1'inst ructio111 de ses élèves, mais en core à leur salut, s'efforcera de Mtruire à tout jamais enez les enfants cette fausse bonte du bien. Trois prilllcipaux moyens sont à cet effet à sa disposition. Le premier moyen, c'est son propre exemple. Soyons avant toot des maitres sachan.t braver le t·espect h umain faisons le bien, accomplissons cc que 'nous prescrit ?ott'e ~onscie?ce, sans nous inq uti.éter n1 de P1erre ru de PauL Ne craignons ,pas de t·emplir noh e enseignement des idées de_ notr~ foi et des sentiments dE' notre p1été. S1 notre vie est en h armonie tparfaite avec les maximes évangéliques que nou s professons, n ou s a urous grâce ~'état pour farmer n os élèves à ne crramdre que Dieu. Deuxièmement, amenons les à détesteT, à mépriser rt-tte faiblesse humaine par des devoh·s et des lectures ap propriés. Enfin, stimulons leur -eourage en louant ceux qui ont su la vain cre et en blâ.mant ceux qui s'y .sont laissé prendre. Ainsi nous préparerons dans n.a s classes des armées de braves, qui oseront confesser Jésus-Christ df'vant des étran gers, devant des ennemis. Oui, dans leur jeune- âge, ils sont susceptibJ'es d.e ptendre .ces allures de franchise. Un régent valaisan.

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cole a deux principaux moyens d'enseignement, qui sont la parole du maitre, et la lecture des livres. Mais remarquons que, pour ne ·pas se pel'<iro dans le vague, les leçons du maitre doivent s'a·ppuyer constamment sm· l'observation. Telle est la t·aison psychologique de ce que les pédagogues appellent «les le~:ons de choses ». L'instituteur qui instruit tSes élèves sur la forme d'une feuille, sans mettre des feuilles sous les yeux 'des écoliers, qui Ieu1· indiq u,e les I>rincipaux genres de racines, Sa.P.s en étaler les spécimens devant la classe, perd son temps. Il n'enseigne rien du tout. 'Sa patole est un vain bruit qui ]Jasse par les organes de la per·ception, sans y laisser de traces. Les maîtres qui pèchent par ce défaut sont malheureusement trop nombreux. Ce ~:ront tes IDêrnes Ulaîttes qui, trop :;ouvent, ne savent pas fail-e concourir la lecture ù l'enseignement. Il y a. en effet, deux choses dans la lectun•: la partie mécanique, c1ui consiste à J'econnaître rapidement les sylhtùes et à les f'xprimer par des émissions de- voix. '!'ant qu'elle n'est q1ue cela, la l ectme n'est 'd'aucune utilité, pnisqu't.>lle ne donne aneune connaissanle. Entre deux maîtres, dont l'un fait lirt- le chapltr e clt: la r,:enure, san~:~ aucune démons1Tation ni explication, et tlont l'antre ne fait vus lire ee chapitrf', mais montre une sHrure, f'n en expliquant les org-aues et le mode d~ fon ctionnement. quel tst, en réalité celui qui enseigne? Po:ser la question {·'est la r·ésoudre. Ce qui ut- veut pas dire que le maîtrt- ne dohe pas rccourit· anx ùeux vroctsdés. Pt les "ompl~ter l'un 11a1· l'autre. On reconnaît que la lecture n'a p~ls c:té instructive, lorsq u.c l'écolier n'est 11as eapable de rendl'e c·ornpte de ce 1tU'il vient de- li l'e. Alors le compten'ndu nf' cont;iste pa~ rlaus l't:>xplication lilH'<" dn Rf>ll14 du passage lu, mais !lan~; la J·edite d'nn bout clt' phl'~I<!:W uo

de quelques mots pris au hasard qui ne donnent aucun sens. On reconnaît encore la lecture défectueuse au ldégO!Ût qu'c11e inspire à hi jeunesse, si bien que, l'émancipation obtenue, le jeune homme n 'ouvre plus un livre en dellol's des -co urs de répétition, où force est bien de r epren dre l'ennuyeuse besogne. Inutile d'ajouter que ta lectut·e purement mécanique n'apprend rien, et n 'est d'aucune utilité pou r la. vie pratique. NOIUs ttvons des ma.nuels de lecture dont les hommes comp étents font J'éloge. Le jeune homme qui saurait, au moment de l'émancipation, tout ee qui est enseigné dans ces livres, aurait une instruction t rès é-tendue et très précise. dont il pour1·ai1 tirer profit, chaque jom·, paur son plus grand bien matériel et moral. Or, sont-ils nombreux les jeunet> gens qui tSOrtf'nt d~ l'école ainqi armés des connaissance::; ùont ils auJ·cmt l'emtploi plus tard? Hélas! Il résulte de nos observations, en divers 11lmeux, que l'influence df's 1J1anuels scolaües <L été nulle presque pa.rtou.t sm· la vie pratique. D'où rient c;e vice fondamental ùe la Jec·ture? C'est <t'hue l'on a l'habitude d~ JiJ•e pour lire, et non po.ur s'instruire. Les livres ·dont on peut tirer profit pour son instruction ne sont en général pa!:! cFune lf't:i me 1écréative. Du moment qu'on ne lent· demande ·pas un euS<'iguement. pourquoi s'imposerait-on rinutile pénitence de !eH lire? On ne fèli1 dont: paA df' le-ctures séi'Ïeusf's. Si parfois, plus 1:1['(1, on ouvre un livre, ce sem quelquf' t·oman; si l'on prend un jûUJ:nal, <·t- Hf'l'<l pom· -r eherc~ùer le fenilletOID. Ainsi, non ~->enlemeut, la lectUite ne Jll'ddu.it au<' llO des résnlt<t i!,l moraux et matér·iels, q ni aug·menter·aient la ptospét"Ï té d'un pays; mais c> Ile engendre des effetA funestt-'s. en disttaya.nt le lecteur ,d es con ditions ch· la vit' r éelle }JOUr- lancer son esprit t'1 s on c·œur dans


75 des aventures imaginaires à la suite d'un romancier. La lecture est don.c !Jolllne QU mauraise, profitable ou nui.s ible. selon qu' <'n en fait un moyen d'instruction, ou nn ·e xcitant de nos fa.cultés inf,érieures. Il ne faurt pas avoir peur d€ la lecture, eneo1re mo,ins· la ·cond,a mner. Elle a pris de nos jours une importauce telle que l'avenir est aux .p euples qui lisent, à la condition qu'ils fas,s ent d-e bonnes lecbu·es, à la condition que le livre et le jom~nal d-eviennent un moyen d'enseignement moral et éconO'Illique, à condition que le livre et le journal élèvent l'âme vers les idées nobles et génére.u" ses, q:u'ils nous servent à mieux satisfaire à nos protpres besoins et aux be8oins de notre famille. Pour arrive'r à ce résultat , 'ce n'·e st 'pas trop tôt, d ès l'école, 'd 'habituer l'enfant à ne jamais rien lire qu'il ne comprenne, et dont il ne trouve l'explication et la couforma.tion d'a ns les enseignements de l'Eglise ou dians d es observatio•ns bien d irigées, · autant que possible même, dans la mise en pratique immédiate des enfleignements du livre.

••••• Causerie tmr la t•éforme orthographique ( S·uitc et fin)

Que diT'ai-je de l'apostrophe'? Voüà un signe qui a eu la chance d'être co.n servé là où il est rcomplètement inutile, sous prétexte qu'il t ient la ·place d'une lettre qui a complètement dis paru dans la prononciation, comme da ns les mots cc aujourd'hui, d'abord, d'emblé~, d 'ail1nu rs ,, , pend:ant que lt:> mot cc d:a:vantage ,,, formé de la même manière, en a été débarrassé. Il en est de même ;pour lP.s mots << en.tr'acte, entr'ouvri·l' ''· Da.n s ·plu:sieu•rs ·n oms c:omposés commençant par l'adjectif << grand ,, comme cc grand'mère "• c'est l'ignorance qui a conservé ce signe comme si on llvait voulu le mettr-e à la plae<:> dt'une

lettre swpprimée, la. lettre e marque d u féminin; car d·a ns le vieux français, l'adjectif <<grand>> rest ait féminin aussi bien que masculin. En outre, comme l'usage a pour ainsi dire soudé les deux mots, on devrait écrire « grand mère '' et par suite « grandmères » au plu riel, au lieu de « grand'mères '' qui contras. te :d'unre manière si bizar re a.vec << grands-pèr es» a u plurieL L'a·ccent circonflexe aussi n 'est pas exempt d'irrégularité. Il est t o'llt naturel que celui qJUi se trouve sur le nom <<tête », par exemple, soü ·COnservé dans les dérivés « têtu, entêté>>. Pourquoi dans les verbes <<dégainer, rengainer, n'a-t-on pas gar<dé celui qui est sur le nom <<gaine » d'où ils viennent? Revenons au trait dr'union. Quelle hi· zarrerie il y a à écrire « poirte~plume, porte-voix, porte-drapea.u n, mots t out à fait 'S emblables aux mots cc portefeuille, porteerayon, portefaix! n Qu' on fonde les deux mot·s en un seul paT la suwression du trait d'union; on s'upprimera par là même les distin ctious subtiles par lesquelles les grammairiens décident s'il faut dorn:ner ou non à cee mots la marque du pluriel. Quand il s'agit 1du mot « garde-malade n, u n d'entre eux, le grammairien Lavea ux, pousse la prodigalité jusqu'à mettre un s à eharcun des deux mots, ce qui ·donne le mo·t cc g·arrdes-malades », •dont l'aspect fait naître l'idée que ce sont des gardes eux-mêmes malade's'. Il faut reconnaître cependant, que la suppression de ~ces irrégularités n'est pas sans rencontrer des difficultés. Prenons, par exem'Ple, le mot << eau·devie >>. Il est tellement évident, que l'i· dée du pluriel appartient exclusivement au mot << eau ))' que personne ne songera à J'appliquer au mot <<vie "; mais comm e '(:es trois mots sont regardés comme ne fowmant qu'un nom, on pourrait y conserver le trait d'union, afin de rpouvoir donneT à cc eau» la marque du pluriel: <<eaux-de-vie». On pourrait citer d'autres noms composés

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auxquels •S'a;pplique la même remarq ue. Cette question de la l'éforme ·otrthQIgraphique, qui a été agitée si bruyamment dans ces derniers temps, ·est tro'P Yaste e t trop compliquée pour qu'elle puisse êh·e résolue à la satisfaction de tous, même dans les étroites limites indiquéés dans ·cet ·e ntretien. Elle a été étudiée avec une grande compétence par un des membres éminents de l'Ac;adémie française, M. G1..éard. Tout réeemment, d 'après un court 'rapport ·d 'un autre Ide ses membres, M. Hannotaux, elle a sancüolllné, O·U plutôt autorisé quelques modifications. Eussent e' les été plus nombreus.es, elles n'a uraient jamais s uffi à 'cnntenter ces r éformateurs e xaltés qui voudraient dépouiller les morts• d e toutes les lettres qui ne sonnent pas dans la prononciation, et les rédui're pour •ainsi dire à l'état de squelette, en l es privant de t oute mal·que d'héritage étymologique. Une r éforme si radicale qui choquerait les yeux autant que la raison a p eu de ehance rd.e succès. · G. BOVIER-LAPIERRE.

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Da,·antage de lectures, moins de dictées :M. Devinat écrit d•a ns l ',,Ecole nouYelle'' que, dorénava nt, à. l'Ecole annexe -d'Auteuil, dans les co-urs é lémentaire, mo;yen et supérieur, l'ensei gne~ ment du français se compo·sera, chaque semaine, d'un e •seule leçon de gram. maire, d'une seule dictée, d'un seul exerdce de rédraction, mais de cinq heures de lecture expliquée (vne ou deux Ièçons pm- heure, suivant les cours), sans compter la récitation. Chaque heure _de lecture sera e mployée, po,u r les t rms quarts., à la lecture et au com'!lentaire du texte, et, pour un quart, à oe~ exel'ciees oraux ou écrits de conju~a.Isons, d'analys.e ou d'orthogr·ap•he.

Ces exercices devant port er sur le texte déjà lu et expliqué, on s'écartera ainsi le moins poosible de la pen.sée. Il se poULera, ajoute-t-il, que J'01·tho· graphe en souffre, mais ainsi, la lecture expliq-uée sera bien a u centre de !'-enseignement de la langue maternelle et y occupera la pla,ce p répondérante à laquelle elle a droit.

Partie pratique R~daction

PIŒMI ERE DI VISION UTILITE DU SER VICE MI L ITAIRE (StJ;lc péri odique)

Aujourd'htù toutes les patious ont besoin d'une armée pour se défen dre contre les ennemis du dehors et du dedl!ltns, -pour repousser les attaques extérieures et m aintenir la paix et la tranquillité intérieures, pour conserver l'indépendance et la liberté, sauvegarder l'honneur et les instit utions politiques elu pays, et maintenir Iar ;;t abillté d'un gouvernement sage contre les assauts de la démagogie et des ambitions présomptueuses . Ma is le courage, le patriotisme, la force mug,. culaire, même le nombre, ne sont pas toujours suffisants pour assurer la victoire sur les ennemis d'un pays ; il faut encore que cett~ armée soit instruite, disciplinée et bien équipée: de !il vient l'absolue nécessité du service militaire, sinon un peuple n' est jamais certain àe jouir longtemps de son indépendance, de ne pas deYenir un jour la proie de l'étranger ou des ignobles ambitions intérieures. Si le service militaire était facultatif, un pays serait contraint de confier ses destinées il. des mercenaires étrangers qui. au moment du dJalllger, pourraient trahir la cause <Ju'ils auraient cependant juré de défendre, et plonger la nation dans des malheurs incalculables. La· pays a donc besoin de pouvoir compter sur tous ses enfa nts que des liens plus puissants que la promesse d'un mercenaire attachent tL la. pa trie: c'est pour' quoi. celu i qui cherche ft se sou~tra.ire , sans


'i

76 misons légltlwe,;, au service militaire de son pays, est un lâche, un tt~Jtre, ou uu Yil égo'lste, et n'est digne que fln plus profond mépris de ses concitoyens qul de\'l·ont. cas échéant, se dévouer aussi pour sauvegarder •·ependant, même les propres intérêt~ de ce citoyen indigne, lequel devrait êttE' llrlvé de tous ses droits ciYils et politiques. .lean

PRALO~G.

iust.

-oMEME SUJE1' {SI]J/o ton11r),)

De nombreux ennemis menacent J(.>s nations au dehors et au <lPdam:1: Ici, c'est la. paix et ln tranquillité intérieures qu'on veut tl'Oil· bler: liL eest l'indépendance ct la. liberté du

1

~

1\tre privé de tiques.

droitR civils et poliJ. P., inst.. Remarque. - Dana l'enseignement prlm·Mrt>. le style coupé rloit être préfér~ à la p~­ riode. ton~" S!'S

---oDEUXIEJME DIVISION LE PUISON!\'IER Un magistrat distingué avait été rait prisonnier par ses ennemis qui l'enrermêrent Llans un souterrain où jamais le soleil ne pénétrait. Il était chargé ùe clloMnes et ne l'eceYait qu'un pen de lumière par une étroite ouverture gru·uie cle barreaux cle fer. Il était très gras, mais comme on le uounissait fort ruaL il devint exeessivement maigre. Cette maigreur fut lru cause de son salut. Il put dé~aser ses mains et ses pieds des anneaux qtù y étaient fixés: Il parvint aussi. 1wec ùe patients efforts, il arracher les barreaux de ~a ffneh·e, ii twuvers laquelle il put passer. Se trouvant en plein air, il ne perdit pas un instant. et sut si bien d~joner les poursuites qu'au bout de quelques jours, il était en sureté sur une tea·re hospitalière, au sein d'une famille heureuse de l'avoir retrouv~. J. P.

pays qu'on tente <lP remplacer pfll' l'escLt' age; c'est son llouneur •ln'on Yeut 1'1Hrir, H'S institutions politiques qu'on Yeltt abattre; c'est la démagogie et !es oambitlous préHomptueuses i\ l'assaut .h1 gouvernement, fllt-11 le plus sage. A toutE's ce.: dangereusE-s attaques, les nations ne sauraient mieux fuit·e que d'opposer l'armée. Collrage, patriotisme, force musculnirE', nombre même, tout cela ne peut pas toujour:; gamntit· la victoi-~ I'C sm· les ennemis cl'uu pays : il faut encore TROISIEME DIVISION l' armée instruite, flisciplinée E't bleu éq\li!'ée. De là vient l'a hsoluc uéces~ité du lierLA. JAMBE. vice militaire ponr un peuvle qui vent cou1. La jambe est une partie du corps. servet· son indépendance et ne pas llevenit· :!. Elle sert il mal'cller, à courir. à sauter. un jour la proie de ses ennemis. Le service 3. Se.;; principales parties sont: La cuisse. militaire facultatif, un pays sera contraint le genou, le mollet et le pied. de confier ses destinées à des merceuairel'J 4. L'os de la cuisse s'appelle fémur et C('· Hrangers. Cenx-ci pourront trallir. an molui de la jambe proprement dlte se nomment du danger, la cause qu'ils nurout cerue tibia. pendant jmé de dHeudre et plonger la nu- , :;, Les blessures et leH conps aux .1.\'enoux tion dans des malhem·l:l iuoaJ.culul>leR. Le ~ont très dangereux. pays a doue besoin de 110nvoh· compter sur r;: La jambe cie l'bomwp est plus c:mndt• • tom; ses eufauts qne llCs liE'ns plus puissants que celle de l'entant. l(ue la promesf'e d'un mct·cenaire atwcbent , . L'homme a elen x jambe,.: C'): c'est nn l>i:1 la patrie. Des l'!li::!OUs J(·giUmes ~euJe,; penpè_de. vent nous sonsta·aire nu service militatit·e de b. Les oiseaux ;.ont aussi <les bl{lède;:. uotre pays. Lâcbe. traître ou vil é;;oïst(• c, t fi. Le~ quadnapècles !iOnt des animaux li ~ <!elui qui refuse 1le sPrvia· militairement la quah·e jambelS, telR sont le cheval, la va- • tmtrie sans motif grn.ve. Il E'st diJ~:ne dn plus ehe, la. chèvre, le mouton. le lapiu, le rat, profond mépri:;; de sc::; coueitoyeus qu' il obllle lièvre, Je ren·a~·fl. g<:, cas éeltéant. iL (lHenfll'('. :w prix tle leur '<!llJ;!. H'S j)l'O]Jr('~ int(•l'(o("'. .\ \l'<!'j Cl!'Yntit-il !'1 La. .iawllt• tlt·oi!t> et 1:11 ja1ubc• ;.:artdtP

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un ,·oit de... peu:;oone, qui ont une jambe plus longue que l'autre. Lit jambP rlroltE' PSt p lu~ fortf' que la jambe sauclae. Le chirurgien arrange l e11 j.ambPs cassées. On E'St estroplG <l'une jamhe IJUanrl on ne peut plus l'employet·. Ce qui reste ù'une jnmbe l'Onpé(• :ùl.lppelle le moignon. La jambe se fatigue en uous 110rtnnt. Celui qui a Ici:! jambes tou 1·ufc~< en dedans prt>utl le nom <le cn~neux. .T. P.

Rcmarqur. - Pour faire cette composition, maftl·es et é lèves se trouvent eu pr('seuce de l:t planche noiJ·e où l'on (•crit d'abortl le sujet. 1'ous les élèves sont charg<!s Ile trouver •les idées quE' l'instituteur approuve. châtie. ou repousse comme fausses et inopportunes. Le.;; bonnf's sont corrigées a.u point fle vue pht'a.Réologique et. écrites ::w tableau pat· un t'lève. La dh•ision fait obsel'\'er les fautes tl'orthographe Pt il :;.on incnpacité le mMtre ~uppl éE'. Il intel'l'ogl..', conduit doucement et n.vec intelligence l'enfant dans la vo:e de l'obseryation <>t tlE' la réflexion, Ctlit chercher l't trouver. LE's idées jaillissent. s'entrechoqt;ent, se pressent dans uu harmonietu: dé~orllre et l\1ct·outremE'nt 1(' phu; biznn·P. Le tnaitre choisit Lle nom reau, écarte, (•pure, c·omplête, cool'(lonne et fait écrire. Quanù le $ilcnce est profond, que l'élève ne trouve plus rieu, l'instituteut· ajonte ses idées personnelles qui peuvent être gontêes et comprises pru· sou jeune auditoit'<' et lui rapporter ainsi des fruits précieux. La composition finie, le tableau el:lt tourné; on questionne de moaruère à faire trouYer de• rechef les idées émises, le maitre corrige le style des réponses Rur le:; mod~leR mis à la _~;lanche noire, puis le sujet est à traiter par ~rrit. La petite t'édaction, qul se fera d'abord sm· l'anloise, reçoit naturellenteut les honneurs de la. conection soigneuse et expliqu!'e a.u double point de vue du style et de l'ortbogt·nphe; ensuite, elle est copiée proI•rement et calllg11arpbiquement dans le enhier <lP devoir~:~. Elle constituera lia di'·(('<• flu lt'lHlemaln. on I'C' qui <•st mieux Pl;(·ore, com.

me elle el:lt un pe-u longue. elle fer:t l'objet I ll' tlic:tées cou!lécutives. .Jenu PH.\LONG. iust., ù Brnmols.

d·~ux

P.AUYRl!: PETIT li'Rl!:HR

Pourquoi f:wt-il uimer pluR qut' le>! autres un petit fi'PI'(' infirme'! Comment Yous y prNlCZ-vous pour lui faire oublier Ml peine, lui moutrt>r 'I"Otre affec·tiou <'1 lui rt>ndt·e la Yie pin~ dmlCe '! N11i6t t-raiU Mon Jlet.it frère .Jacques e~t iulïrme: ses [;au v res .hunlJf'!'! tontes tordues Ill' peuvent le J;Orter. ct, bien qu'ng-é lléjà Lk six ans, il ne p<>nt marcher. A ln. tnadson. il ne bouge pas de !lOD peUt fauteuil: !"'il veut sortir, il fa.ut l'lrunaller claus nnP voiture faite e:s:prê.-< pour lui. CettP vie monotone le rend som·ent triste: YOir l<:>s eufantK cout·ir et jouer lui fait enYiE'; son immobilité lui est pénible et douloureuse; JI s'nper<,:oit <lêjit que 1:1:1 faiblessE' et ~a. pùleut· nous donnent enviE' <le pleurer. qu'il est pom· t•eux qui l'f'aJtourent un objet de pitil'. li a. cepeuùaut Re:s moments de gaiete. mais il faut hlWoir l'nmuset·, ct c·l'st moi qtti m'en

cllal·ge. Quauù on le prom~ue, je l'accompagne, je lui cueille des fleurs et des fnlits. je riipondr; t1 toutes >:es question~. et je fais tout ee qu'il Yeut. A. la maL3on, :ie poa•rta.ge ses jeux tmnquilles, dé!<, pantins, dominos. constrnctlons en bois ou en ca rton: je lui l'aconte des histoires, nous II.Yons même organlsê uu petit thiiûtt·e sur lequel ,il' lui représente des comédies aVf'E' des persohnages de uoh·e fRbticntion ..Je <!ommence :l lu1 apprendre à lire. il. écrire, à dessiner. Gril.ce à ces distractions diverses, il oublie un peu ses maux, il rit même souvent ùe bon cœur. Mes pal'l!ntR ont moiu" de cha ~trin quanrl ils le Yoleut joyeux et je suis moi-m~me heureux dE' leur fuit·<> tln blen :l tous. J. M. ~

Orthographe r~E

RHONE.

Cl' n ' e~t rpr 'aprèf: nvoir ron!'ll t\ l:1 pointe Ü\1

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78 auX Cévennes. Mals !"espace eilt encore lrop ?tr oit pour qu'il prenne l'allure· paisible d'un fleuve de pays de plaines. Les hautes montagnes qui J'entourent ne lu; envoient que des rivièl"es torrentueuses et lui-même garde toujours tm ca~·actère capricieux et terrible. De Lyon à la mer, il fuit avec la rapidité d'une flèche; en quinze hemes il arrive â. Beaucaire. En v,ain les digues s'amoncellent sur ses bords, il les franchit et porte au loin la désol'art;!on. Qu'un vent du midi passe sur les hautes. cimes et y fonde en quelques heures les neiges de l'hiver, ou que des pluies abondantes tombent sur les Alpes déboisées, aussitôt le long de leurs flancs dénudés se précipitent mille torrents qui entraînent les sables et les rochers, comblent leur ancien lit, en chet·chent un nouveau et vont grossir les rivières, puis le grand fleuve, de leurs eaux troublées et impétueuses. Le limon que le Rhône reçoit ainsi, il le porte le long de son cours qu' li .sème de nombreux bas-fonds, et jusqu'à ~a Méditerranée, où Il jette dans les grandes ernes, en vingt-quaüe heures, plus de cinq millions de mètres cubes de matières solides. Ainsi s'est comblée l'Immense embouchure que la nature, aux premiers âges du monde, lui avait formée, .a-lors que tout ·l'espace qui s'étend d'Arles à la mer n'était qu'un vaste golfe. Un delta de sable <•t de cailloux roulés, de soixante-quatorze mille hectares, la Camargue le force à se diviser en plusieurs bras qui, comme ceux du Nil, ont souvent changé de position et de nombre. V. DURUY. -

(}-

LA CAMPAGNE. La campa1gne nous offre deux sortes de r•laisirs: d'une part, l'agrément de ses spec· tacles, la douceur de ses parfums, la pureté de .son atmosphère, la douce poésie et les ineffables enchantements de la nature; de l'autre, les travaux rustiques, les mœurs. des paysans et les vicissitudes des biens de la t<·rre. Tous les hommes, même parmi ceux qui aiment la campagne, ne sont pa'S également capables d'en goûter les deux aspects. Pour les uns, pom· ceux-là surtout qui ont toujours vécu il la campagne ou qui y ont

vécu de bouue heure, c'est 1~ côté utile qni leur plaît et les charme. Ceux au contraire qui n'ont connu que l'existence des vnes, y clJerchent de préférence un &ttra!t poétique ou un charme de délassement. Les uns aiment les champs, les guérets, les bestiaux, les charrues, tout l'att irail de la culture; lei': autres, le ciel bleu, les ver tes forêts, les ruisseaux qui coulent, les collines et les vallons. Pour se flatter d',admer vraiment la campagne, il faudrait l'aimer de ces deux manières , non seulement par l'imagination, mais par les sens, le cœur et l'esprit. Mais pour s'intéresser à ce spectaiCle, comme à une chose qui nom; touche de près, il faut avoir cCinnu la campagne de très bonne heure, et s'E"'•tre familiarisé dès l'enfance avec ses bleufaits et ·ses tl"\3JVaux. JANET. - 0-

NECESSITE DE L'INSTRUCTION Quelle que s.oit la condition qui vous est réservée dans le monde, vous ne devez rien dt'\daigner des connaissances qui vous sont enseignées: on n'en .saurai t jamais trop acquérir. Il impor te donc que vous traW11:lllez avec toute l'ardeur dont votre âge est capa· ble, que vous déployiez toutes les ressources de votre Intelligence, et cela indistinctement dans toutes les branches de l'enseignement pour acquét•ir autant de conna.issances que possible. Si vous n'étudiiez pas consciencieusement, vous vous prépareriez des regrets, que vous vous seriez f·a cilement épargnts. Le peu de peine, an contraire, que vous vous serez donnée pour acquérir de l'Instruction, produira des résultats, qui vous dédommageront amplement des sacrifices qu'ils vous auront contés. Mais que faut-il entendre par l'instl·uction ? Le mot instruction s'entend ici du savoir acquis par l'étude, la culture de l'esprit. L'instruction diffère de l' éduoaJtlon en ce que celle-ci suppose l'idée d'un bon u!lage de celle-là: on peut avoir de l'instJ'UC· tion et une mauvaise éducation. -(}-

LA LOI DU TRAVAIL. Que tu fasses une chose ou une autre, que tu sois avocat, médecin, artiste. Ingénieur, caissier, employé, cultivateur, ouvri<~r . le pre·

r

mier de tous les devoirs envers ton pays, comme envers toi-même, c'est de trav,a,iller. Qu'on le fasse de ses mains ou de son cerveau, il faut que tout le monde t ravaille, et ceux qui tra vaillent de leurs mains ne sont pas toujours ceux qui besognent le plus rudeœent. Tous les travailleurs sont également honorables. SaŒs-tu quel est l'homme méprisable? C'est ·~elui qui ne fait rien; c'est l'oisif. Il se bor· n(' à profiter du travail des autres, sans en •1ccomplir lui-même aucun. Dis-mol à quoi il ressemble mieux. sinon à la bête à l'engrais, i\ laquelle on apporte la mangeaille dans son ,a,uge et qui n'a r ien fai t po:ur la ga)l:ner . --{)-

CULTURE DU JARDIN Je ne connais qu'un moyen économique pour la culture du jardin dans une ferme, c'est que la maîtresse de la maison en prennr elle-même la direction. Personne ne connait mieux qu'elle les besoins du ménage en légumes divers et pour chaque saison de l'année, en sorte que personne n'est plus il. même de diriger l·a· culture de manière à nssnrer un approvisionnement constant. Aussi, ;:i l'on rencontre une ferme qui se fait distinguer par un jardin potager plus étendu et mieux soigné que les autres, que l'on prenne des informations, et l'on reconnaîtra toujours que c'est la ménagère qui dirige ta c:ultnre. A toutes les femmes qui voudront prendre ce soin, je promets la plus a gré•a.ble distraction, un.e source de bien-être dans le ménage et de jouissances pour elles-mêmes; t-nfln, l'occupation la plus douce et la plus attrayante. Mathieu de DOMBASLE. -(}-

LA VERITABLE EGALITE Il y a entre les hommes bleu des inégalités; il y 1ru aussi bleu des ressemblan.c es senBibles, frappantes, dont les unes saisissent les yeux et les autres l'esprit. S'ils sont plus c:ou moins grands, plus ou moins forts, plus ou moins beaux, les hommes ont tous un même corps, pourvu des mêmes organes; s'Us sont plus ou moins intelllgents, plus ou moins

~ens!bles. plus ou moins énergiques, ils ont tous une même 1tme, pourvue des mêmes fa-. cnltés. Il y a donc entre eux des différences de degré, mais leur nature est la même, même auss i est leur condition. To-us naissent et meurent; tous ont la même origine, 1ru mê· me fin; tous les mêmes joies, les mêmes peines; tous une famille, une patrie, tous sont hommes enfin.

_____________._...____________ Agriculture

SOINS A DONNER AUX ARBRES l!'RUITIERS Votre père a de beaux arbres fruit iers: décrivez les soins de toute nat ure qu'Il leur donne a u cours de l'année (à l'exclusion de la tai lle). .Sujet tnJité Mon père a dans son j ardin de magnifiques nl"bres fruitiers qui lui donnent chaque année de beaux et de bons fruits. Mais aussi il ne leur ménage pas ses soins. Au début de l'hiver, il bêche la terre sans tou<.her aux racines et y répand des engrais bien consommês. Dès le printemps, il enlève du tronc les mousses et les lichens qui le recouvrent; il lave, il nettoie les crevasses et les trous qui servent de reu·a ite 1a11.1X insectes et les comble ensuite. .soit avec de l'argile hien délayée, soit mieux encore avec un onguent spécial. Il racle le t!•onc si l'écorce en est trop rugueuse, puis il le lave au lait de chaux. Cela fai t, Il détruit avec le plus g11anù soin tous les nids de chenille, tous les animaux: qu 'il u ·ouve, soit en les brOlant, soit en coupant les branches auxquelles ils sont attachés. Enfin au cours de l'année il ent retient la terre toujours propre et bien meuble J8JU p:ed de l'arbre; Il ne négllge pas les arrosages lorsque la saison est exceptionnellement sèche. On le voit, mon père passe beaucoup de temps autour de ses arbres, mais Il est bien dédommagé de ses peines par l'Importance et la vowlem· de fla. récolte de fruits -()--


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Récitation LA PRIERI!J Ali BON ANGK Ami de l'enfance, Bon an,c:e gardien, Devien1:1 ma défense, Et sois mon soutien. C'eflt ton aile blancbP, C'est ton front si beau. Qui sur moi se penche .·\ u bord du berceau. c·e~t ta main, je pense. Qui, le soir encor. Doncement bal-ance r~·cufant qui s'endort.

.Te vois dans mon rllvf' To·n hean voile bleu: 11 me prend, m'enlêl' t', 1Ie porte ver~ Dien. 'l'on tloigt me réveillf 0{!s QnC' le jour luit. T:1 voix me couscillt•. Ta malu me co nduit Qunurl mu. bonn<> mère Unit mes deux llltlins. Dis-mol ln prière

Qnt> font tous les Raints. (Jnanll tu vois Marie. 0 mon beau g.ardien. Dis-lui, je t'en prie. Qut' je l'aime bien. Offre ma louange A mes SRints pah·ou;;, Elt dis-leur, bel ange, Que j'lli lem·s doux noms. J. GENNE.AU.

- o-NE 'fOUOHEZ PAS AUX NIDS! [,orsqu'an printemps le soleil sème An ciel ses rayons infinis, Si vous \' Onlez que Dieu vous aime, Enfants! ne touchez pas nux nids! ... Sur la branche flexible et douce Qui plie au vent comme nu roseau. He8pecre~ ill mai::sou ùe mou.<!le Où s'entlol't le petit oisenu! .. .

Que pour .son berceau solitaire Votre cœur ne soit pas cruel! Laissez-lui son nid sur la terre Et Y0\1H nurez le vôtre au ciel.

Variétés

Almanacll do Valais JDL lt->R Pditt>m·R de eettc vuhlication onl J'lwmwnr et lt> })laisit- d'inf(Wffier IP il.Jl'l't'Onnel enseignant ])l"Ïmaire y;~­ lail-laJ~. et )J<lr sou in1 ermMiah·(! la. poJmlatwn s<·olain~. ~::~oit l a jeunt'SR~I:' de!> .~~·t~leR, qu'Us lllett<->nt à lelll· cü s po!>ition j oOll l' ],t> prix l"P·d ni 1 de

~in~nw l'app<tJ·i t ioJt, ù l'nunH·t· elu .XXe s ih ·l e. <1<· l',.\ !Jn:twtdl '<ln ,r,alai~". Cett· e vubl il<-ltion. <Pll\TP n•11ionalt'. a teçu nn s.,11l]!ilthiqnp acent>il d;ms t ous les fo;re1·s. et, ù l't'xewple du nona n·tina.ire ' b ' p l ns d nn en fant l'lent ÙP tOUlll1<'llce r

ila 1·ollPctiou ch• l',Ahmllia<"h dn Valni li!". (\ Toil· 1 ~ng-ek ~3 pt :W.)

lb ct. l'exemplaire. U n instituteur du Centre vient de nous pr&1 senter la « perle » ci-après. Le héros en cause est un bout d'homme de la. seconde division . Ce petit chef-d'œuvre de galimatias déridera :>ans doute les fronts les plus moroses. C'est le développement d'un sujet proposé sou~ le même titre clan:;; un précédent n• de l'.,B· cole primaire": Pr ...... , le 22 Janvier 1903. LES PIERRES ET LE MORCEAU DE PAIN L 'antre jour un prophête de l'an sien 'l'eb· t~lment q ui s'appellait le prophaite Elisée il dit a ses compagnonts; venéz avec moi doan~ la forrêt mais prener chacun une grose pler· re pour mettre su votre tête pour vous rE>· posez avant de pa.rtir. les autres ils obêin· tous mais moi Comme j'était un pitit parresseux Je nez prix q'tm petit caillou dan~ hlo main; arrivé dans la fon·et il etait venue l'heur un diné; le saint se mis tas genou.; f't changa les pierres en caillou. alors mois je n'ai zn qu'une bouché de pain je suis. mor< lle faln et pui~ aprês les u.utre y non r;en ·voulus me donnez a mauger, ils ont pas fllll6 sa proché de mol pasque javais un cai:lo1t dans la main; Depis aujord'uit je serai p lus parressem:: et des obeiss.am.s et je getteêr plu~ des pièrrs au z'olseaux. Reçevez, l\ionsieur, les salutations de ton saint qui t'al mes? (Voir n' 4 <le l' ,.Ecole primaire". Partie pratique. -0DEVINETTE On partag<~ 100 fr . ent re 100 persounes de ma.uière :i. <·e quE' les homm•~s reçoivent 5 fr, les femmeS~ 1 fr. et les enfants 5 centime!\ C'l1acun. Combien y a-t-il d'homme><. lle fc:>Dl· ows et d'enfants'( ·~ ;.mrn'1 f[

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l<' Ko lde de l'~dition de l'annét> <:om·an· i•' tl!JO:I). Désü ·e ux qnP 1',-ihn nnach du \'a.laü;" n>ste nntant que possible d11ns ]l' J!<l)'S

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tontt>~ ll:'s înm illE:'s Ya la,l"sannt>~. <: 'e 8 t

m1 :o;n<·dfice •qu'i l s sïmp()sent en lt• cédant ù 1·e~o: conditions. Qup c-eux qui e n yondrun t j oui r se h:îten t tou t.efoi s . afin !l'Î'l I'P HSRLU·é~:; de l't'CCI'Oi l' l".llj)idelllPUt Lt qnant.ifé né'ee~saiJ·e, JIOU'l· autnut tpl e 11:' nombn:: df's e.X:PlUplaire;; Pu•·otl:' 11i~­ ponibles l E' pe1·metün.

Cours de gymnastique. "lu (·ou r s norJ.Ual poue in~Li f ut<.. ur~:; a ét(' 1-t•nn ù ln. C'll<lnx ÙP Fo·ud~ l'automn e de1·Uit>l'. J I ,~ ét-é sLli,·i par q-uatre part ieiTJant s Ya l ai sans qui 1on~ y ont ob1enu d'excellt•uft>H not(•s. Yoid.lPnrs n oms: G eno u d Lonil'!Eug., de Bag-ne~. ITPri t iet· U e1·main cle Sa;nès(• La ltion Jule~. de en !laz. ' Thomas l'rOS]l t't·. ùE:' ~axou. 'l'ou;; quaüe our l"f'<,:U llll ~l1U!4ÎÙP du canton et de la <'onfédération. po nr les 11r f1·n.YPr· d es d ('ppuse::; de ce cou1·~.

X

Lt•H d PmandPs ·d oiYPn1 Hre <Hlrt>s~ées au J>(•pîd. d'P~ lineR d'école, où les édiÜ'ili'H mlf J·emi;; ln J.li'O\"Ïsion dout ils l't•nn•llt disvo~f'J · claus l'intr l'H (l:t<s Liste des livl'es d'école. m;tîhes et de ll•urH lSJèves. 1 Potu· la gou1en·ne du personne l en f'Oill' l:-lÎOll Pt elli'Îl'OllS il l!St 1't'tOIDseignarnt, d'e.s a-dmi.nisLt-ations COllllllU· l11:1Jlclp dE' se pom·,·oiJ- directP1Ut'n1. s m· ]IlHet> p at· ocea;;ion.- Lrs ~>nro is piU' la 1 na.leA et des commissions s oolakeB. poste ut> penn·ut aYOit lieu afîntJlellis n.ou~ oro.rons de voü· 1·appel er ci-après q u'm1tant q Ll'C.• la tl cmande p otte sur 15 ' la hste des d a ssiqu<>s en usage dans j nos é.c?lt>:s et qu 'ou ,peut 'S'e p.rocwrer 1111 :~~J. exemplain·~. l es paquetA éta n t a:ux pr'i.x. m~iq. ués au D épôt cantonal des wuùt honnés pom· 2 1/~ ou fi kgs. 1 lnres srola ll'(:s. maison Gabioud, Sion. \'oir la table Iles matiè reR de l', AlR eligiou nl:llHlCh du \'alais H)03" à la page Hi du Uat6chisme du d l o·cèse F1·. -.411 .. l"np").lléwc•ni df' l', E cole primaire'' du Biblr e illustr r ée Bon•·quard 0.70 1ii ~éC'em bre l !)02, f't à la ·cou ver t ure 1 Histoire f':ai.n1t> K " 1 (S. :\f) 0.35 1lu :\ " 2 de ln feuille pdnciva.J,t>. Histoü·c sainte 1\0 :! (S. ::H.J 0.50

D<Lns nu inté:J·eRKaJ11 m·tielt' iutitn lé " lnf'lneu c1" de 1'.\.lruanacll sur l'éd u,catiou <lu V·alais<l.ll >> pa.J' ll dans J'édition tlP 1!10!1 de eetü• r.m blication lU. Louis C'oqn~1z,. instii.nteu l' à ·~ah~a~, s' exprilllt• a tmn en tel'minant: .."Le Y a,Jnis. JongtemJ>S t r.i butaite !le lt't J·nngt•r. Yi ent ·de saluer a.Yec eutllou-

.ua 11 fJ 11 c mater nelle l\I.étlwcle <.le lectme 1'4 . ::\L ;\.,wi de l 'enfance 1 Gu,y au, Fe alllll.ét· G•raiWIJllaüe du Yalais GoJ.·aJD.Ill:lire IJ<tti re (prép.) GJ.•ammaüc Lall'i•lle (1re année) GNWlil.laire L a:rive (2llle annlée) Mét b odie :ma,J y.t iqœe d.e style pa,r

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0.60 0.90


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f•··

Supplément à f &cole du 16 d'éorier 1903 Le curé de campagne Il est un homme dans chaque paroûs-

mis la clef. Mais, (;omme celui du Chr ist, par la v1e et par la parole; sa vie doit êtr e, / a utant que le comporte l'infirmité humaine, l'explieaticn sensible de sa dloctt·ine, une parcle viva11te. L'Eglise l'a plHcé là comme exemple plus que comme oracle: la pat•ole peut 1ai f aillir si la nature lui en a refusé le don; m'ais la paro•l e qui s1e fait entendre à tous c'est la vi <'; aucune langue humain~ n'est si élo·qu<'ni·e E't anssi persuasive 1 qu'une vertu.

! son :enseignement doit être double,

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se, qui n'a po-int de fa.mil1e, mais qui Pst de la famille de tout le monde, qn' on appelle comme témoin, comme conseil on commt> agent dans- tous les actes les plus solennels de la vie eivile; sans lequel on ne peut ni naître ni mourir, qui prend, l'homme du sein de sa rnèr.e, et ne le Jajsse qu';\ l.a tombe, .qui bémt ou consx'irre le berceau la cou. ga le, le lit de mort et ' le cer1·he conJu t:ueil; un homme que les petits enfants 1 Le curé est enco·r e a.dministrate·ur :s'accoutument ù aimer, à vénérer, à i spirituel des sacrements de son église traind r e; que les inconnus même a.ppel- et des bienfaits de lachat•ité. Ses devoirs Je.nt <<mon père>>; a.ux pieds duque-l les c·n cette qualité, se rappro·cllen t d() (·brétiens YOnt répandee leurs aveux les ceux que toute administration impose. plus intime.s, leur s lrtJ"ffit>s les. plus se- Il a affail'e :mx bommes, il doit eonna.ît·J·ètes; un homme qui est le eonsola- tre les homme.s. Il touche auxphssions ùnmaiue:;:. i l doH avoâr la main délicate l <'tH·. par état, d.e toutes les misères de /';î.me Pt '!] ur01·ps, l'intel'Tnédiaü·t> o.bli- et d onC:e. pleine de prudencP d de meg·p tl(' lrt l'ic·heRse Pt ·de l'indigence, qui SUJ'C. Il a duns S(-'S attl'ibntiont,; les fauroü l (~ riche ct le pa.uvn~ frap!·Cr tonr tes, li.>!-< rPpentirs, les misères, les néces ù. t om· ;) sa porte : l!> l'ielte pout y vers:=or sités. les iHdigences ile l'humanité· il !'anmôn€' .l'<'fnète, l <' panl're ]}!);1'1' la 1·e- doit avoir l1· cœur rirbe et débor·l1~nt de> tolérance, (lr· misérkorde, de man. N'YOÎI' san)'; tou gir; qui, n'f'ltant d'aucun suétnde, d0 eolilpasRion, de charité et 1·ang social, tient égn.lement ;). toutes les ~lasses: anx classes inférieures, par clP pardo;n. Sa pŒ·i'e doit êü·e ouverte la v1e pauvre t't Rouvent par l'ùmnilité il toute lleut•e :\ .cel uï qui l'éveille>, ~.a 1le la naiRsan(·e; aux classf'o~ ?>leyét?R, lampe toujom·s. nllu:m ée. son ùàton tou.iours S(}US la main; il ut' doit connaî])al' l'édneatiou, ln. seir'n(·L' t't l'éléraÜ(' ni Raisons, ni distitnces, ni cont alion de ~:Pr1ti ments qn'un<' J'rlig-ion phigion, ni soleil, ni neige, s'il s'agit dl' porl:miJ·op-i'JUe im;piJ·p Pi- eonnmuHie; nn ter l'llniJe au ble>lsé, Jp paedon au conhon.JUl<' enfiu. qui sait to11t, qu i a le drott de tont ilire, ei dont la parole pable, <:11 son Dien au monr·ant. Il ne tombe de haut sut· les int<:'lligences Pt doit y avoir d evant lui, (;Omme devaCJt su1· les cœnr s avec l'anto·r ité <l'une mis- Dieu, ni ri.cbt', ni pa.u vi·e, ni petit, n i Hiou f1ivine ef J'f>mpÎI'f' fl'Ull(' foj toute grand, mm~ rles hommes, c'est-àodire (1Ps f1·èrPs e11 misères: Pt eu espé.ran·cef'!. raitE> ! Cei· Lomme, c'est l<' (:nré .' .. Comme homme, ie curé :1 encore qneJLa curt" a t oute mora le, tou te ra.isou toni r> civilisation, toute politique dan~ ques ~eYoÜ's purement hnllllains, qui lui Na main \};mmd il t ient l' Evangile. Il sont llllpORéR seulement par le soin dP n'a qu '"t~ OHVl'll', . qu'à lire Pt qu';\ verSPl' ln bonne renommée, par CPtte O'râee de uutou l'. fil' lni le trésor lle lumière d de jla Yie (•i vile Pt domestiq ue qui ~st .com flel'fection dont la Proyiclence lui a re- 1 me l.a bonne c;deur de la vertu. Retir é dans qon humble presbytère, à l'ombre


de son église, il doit en ::;ot·tir 1<1rement. Il lui est permis d'avoir une vigne, un jardin, un verger, q~elquefois un petit champ, et d<e les cultiver de sPs p~opres mains d'y nourrir quelques antmaux dome~tiques, de plaisir et d'utilité: la vache la chèvre, la brebis, le pigeon, des a;.umaux chantants, le chien surtout, ce meuble vivant du foyer, .cet ami de ceux qui sont oubliés du monde, et qui pourtant ont besoin d'être aimés de quelqu'un! De cet asile de travail, de silence et de paix, le curé doit peu s'é· loigner pour se mêler aux soeiét~s bruyantes du vo0isinage; il ne dmt que dans quelques occasions solenuell es tremper ses lèvres, avec les heureux du siècle dans lacouped'unehospitalité ' . g,e somptueuse; le reste de sa vie dOit passer à l'a.u tel, au milieu de~ enfants auxquels il apprend! à balbut1er le catéchisme, œ cod·e vulgaire de la plus haute philosophie, cet .alphabet d'une sagesse divine; dans les études sérieu. 'Ses parmi les livres, sociétts mort~ du solitaire. Le soir, quand le murgmller a pris les clefs de l'églis·e, quand l' cc ;\.n. gelus » a tinté dans le clocher dru hameau, on peut voir quelquefois le curé, son bréviaire à la main, soit oous les pommiers de son verger, soit dans le~ sentiers élevés de la montagne, respl· rer l'air ·suave et religieux des champs et le repos acheté du j our, tantôt s'arrêter pour lire un verset des poésies sacrées, tantôt regarder le ciel ou l'horizon de la vallée, et redescendre à pas lents danS! la sainte et délideuse contemplation de la nature et de son a uteur. Voilà sa vie et ses plaisirs; ses cheveux blanchissent, seSJ mains tremblent en élevant le calice, sa voix cassée ne remplit plus le sanctuaire, mais retenth enco.re dans le cœur de son troupeau; il meurt, une pierre sans. nom marque sa place au cimetière, près de la port e de son église. Voilà une vie écoulée! Voilà un homme oublié à jamais! Mais cet homme est a.Ilé se re-

uoser dans l'éternité où son â.me vivait d'avance et il a fait ici-bas ce q u'il y avait d·e ' mieux à faire: il a continué un dogme immortel, il a servi d'anneau à une chaîne immense de foi ~t de vertu et laissé aux générations qui vont n3'ître une G'I'Oyance, une loi, un Dieu. de LAMARTINE.

···HISTOIRE DU VALAIS

(Suite.) IV. - MARTYRE DE LA LEGION THEBAINE ET INTRODUCTION DU CHRISTIANJS~E

Le christi·anisme commençait à répandre ses lumières sur l'humanité, et le sang des martyrs féconùarlt la parole de l'Evangile. Saint Eucher, évêque de Lyon, relate la fin mémorable de la Légion thébaine. qui, composée de chrétiens de la Thébaïde ou Haute-Egyptt>, r·efusa de sacrifier aux faux dieux Pt de paursuiVJ:e ses coreligionnaü·es. La légion, forte de 6600 hommes, campait près de Tarnade, ~ons les ordres du pri· micier M:aunke et de ses lieutenants Exupère et Caudide. L'empereur Ma. ximien, irrité de la résistance des légionnaires, ordonne qu'ou les 1déci mt·. Ce sanglant exemple ne fait que fo·rti· fier, d-ans leur héroïque résoluti on, les chrétiens que le fer épargne. A cette vue, Maximien, dans un transport de rage, fait égorger la légion entière. Les Thébains. soldats valeureux, auraient facilement pu défendre leur vie, mais ils aimèrent mieux mourir. Ils laissent tomber de leurs mains ces armes redoutées, gui, sur vingt champs de bataille, ont ajouté de nombreux et écla· ta nts lauriers aux aigles impériales, et, docilement, sans un murmure, présentent la tête au glaive des bourreaux (302). Les martyrs arrosèrent de leur sang les lieux sur lesq:uels s'élèvera plus tard I.e plus ancien monastère de I'Hel v~tie et de l'Occident, qui tra.n•

mettra à travet,s les âges le nom du chef de la Légion ·ch-rétienne. J.-~e massacre d'Agaune (1 ) ouvrit en Valais l'ère dn christianisme: ses habitants abjurèrent le paganisme et reconnurent le vrai Dieu. Les empereurs versécutèrent la religion naissante: i1s s'efforcèrent vainement d'étouffer, par de sanglantes hécatombes, la voix. è.es disciples du Christ, qui annon~ait au monde un nouveau règne de paix et de liberté. Oonsta utin ,et CJUelques-nns de ses success,eurs pr<01tégèrent les chrétiens. Sous la domination, de Gratie'll, Ponce A.selélpio-dote, préteur des Alpes Pennines, reconstruisit les églises que le faronchP ~faximien avait fait détruire. IJ~dàfi.ce qu'il éleva n. Sion, en 377. portait l'inscription swivante : 11 Inspiré par la piét é, le préteur· Ponce a rebâti ce temple avec une nouvelle magnific-ence. )) Ce mo;nument non'!-'! montre clairement que le christianisme avait déjà. pénétré, au lYe siècle, dans la vaJié(> dn Rhône. Le premier évêque que nou·s eonnaiRsons en Valais est saint Tbéod.or e 1er ou Théodule. Il choisit la ville d'Oetadure pour sa résidence. Il déconvrit les reliq o.es des martyrs thébains et les déposa dans nue •Chapelle CJU'il ·c-OIJlsat'ra, à Agaune, à la mémoirP de l'héroïque Légion. l1 mourut •ers 391. Dè>s cette époque, les évl\ques SE' suœPfl<ent sur If' siège d'Octof!ure. -o~

Le

moyen-â~e

V. -

INVASlON DES PEUPLES BARBARES Plus de quatre siècles s'étaient écoulés depuis que la. puissance romaine pesait BUJ' le monde com1u, lorsque au rommencement du Ve siècle, les Suèves, les Vandales, les Burgu.ndes, les Goths, les Hnns, les AlémauPs, les Francs, hordP.s innombrable:-: de barba(!) Ancienne désignation de St-Ma'1rice qui remplaça celle de Tarnlllde.

res, sm·gis du Kord et de l'Orient, envahirent les régions de l'Europe centrale, pillant les villes, ravageant les campagnes, massacrant le.s habitants: changeant en ruines et en déserts des contrées naguère prospères et heureuses. Le& Barbares s'établirent dana les pays conquis, et Rome assista à l'effondrement de son vaste empire. La, vallée ·d u Rhône vit apparaître les hommes du Nord: elle fut occupée par les Burgo-ndes.. Ces derniers l'annexèrent au roya ume qu'ils fondèrent dans la Ga nie, et qui eut pour limiteR, à l'est, la Reuss, et, à l'ouest, !Ps Yo<8gPs jusqu'à la Méditerranée. Les Burgondes s'établirPnt pa:t·ticulièrement da.ns les parties centrale et occidentale •du Valais, tandis fJ u·e l'ar.. ciE"'l territoire des Vibériens, comme celui df' l'Hel véti.e orientale, se voyait envahi par· une horde d'Al émanes. Ce nom désigne une üonfédération df' n rtions germaniques• qui campaient, au Ille siècle, sur les bords du Danube et du Rhin. Les Alémanes sont les ancêh'es des Allem:uwls, comme les Bnl'· gondf's Je sont des Bourguignons. VI. - LES BURGONDEF\ I.e~ Burgondes, p euple originaire ·~ ~e la Germanie septentrionale, fixèrent définitivement leurs demeures d,B.n.s les cont1·ées situées sur les deux >ersauts du Jura (413-435). Les Romain--:, espérant que les terr·itoires habités par ce peuple guerrier formeraient un bou' leva.rd puissant eontre les incursions des Barbal'es, qui inquiétaient continuellement l'empire, favorisèrent la création du royaump d(' Burgondi!'.i?U df' Bonrgogne. Les nouveaux h-H"bitants partagèrent entre enx la contrée et ne laiss~rent aux indigène:-: que le tierR de~ terres et lf'S deux tiPrs des serfs. T~es historiens anciens nous représentent les Burgun. des comme des guerriers distilngués par leur vama.nce, de hautp taille. vêtus de peaux d'anima.ux. se servant de flf'>. ches e-mpoisonnéPs. Pt animés d'un ar-


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4 dent amou,r pour la ÜLH::, "" _· , ... :· · vée dans les Gaules, le.s Burgundes em- 1 brassèrent le christianisme. Ils adop- ' t èrent les restes corrompus de la civilisation romaine, et confondirent insensiblement leurs mœurs et leur langue avec celles ·des populations au milieu des:q uelles ils s'établirent. Leur caractère, moins barbare que celui des autres peuples venus du Nord, facilita aisément cette fusion. Les Burgondf.s distinguaient trois cla<J·ses d'hommes: les nobles, les hommes libres et les serfs. Après le partage d'es terres les habitants de la vallée du Rhône se livrèrent à. l'agriculture, à l'élève du b étail, au. défrichement des forêts; la vigne commença à l'efleurir. Mais le pays, dévasté pendant ·de longues années par les hordes barbares se relevait lentement de ses ruines. L'es produits de la civilisation romaine, le commerce, l'industrie, les seiences, les arts et les lettres avaient complètement disparu et ne devaient pa.s renaHrP nvant longtemps. (..! suivre.)

••••• Paysages d'hiver L'hiver musicien Le Génie de l'hiver partage avec Sa Majesté l'Empereur alleman'd la ·r are faculté d'un talent multifo.r me. Autrement dit, le Génie de l'hiver renferme en soi le don de plusieurs génies. Nous l'avons vlli dessinateur merveilleux, au trait net et précis, a u relief vigou reux; nous l'avons vu coloriste admirable, ayant le secret de la -plus r iche polychromie des a urores et des crépuscules. Et maintenant, le voici qui se présente à nous comme mus;ieien, et ici encot·e il convient de rendre hommage à une saison trop méconnue, en réhabilit<ant son mérite, en révélant ses trésor s. - L'hiver musicien ! Quel par&d o·xe! dira-t-on peut-être .

.. .:Hl eni' : Himple t éalité e l· simpiP jus ti ce. - )lais l'hiYer ne condamne-t-il pas toute la nature au silence? Point du tout. Et tout d'abotù, pour rendre à chacun ce qui lui est dû, conRtatons .q,ue ce n'est pas. au printemps. mais en p.lein hiver, dès le.s premiers jours un peu clairs de janvier, que s't'veillent les premiers chants d'ois eaux. Et par chants d'odseaux je n'entends pas me rabattre s ur le cri sauvage •des corneilles ou sur le bavardage familiet· des moineaux. Non: les oiseaux s'ont des prophètes, et l'on sait que les prophètes viennent avant les temps ensoleillés dont ils apportent l'heureux message. Dam; les comp·o sitions de petites pensionnaires on peut dire enco. re : « LP printemps est de reto·u r, la yerdure ·e t les fleurs reparaj>;sent, le~ oiseaux chantent>>. Non pas: pl us courageux, ces lY:tit:chanteurs qui ont la fo·i deva.nceJJt les sourires ·du printemps, et <·'est dans 1'austérité des r·ameaux -ou des hajefl sans feuillages qu'ils nbritent l·em·~>~ nids et leurs amours. · S'il en est qui nous q uittent enautomne pour revenir au pr·intemps, il eu est d'antres fJUi nous a.rriv.e nt en 'automne pont repartir qua.nd il fera chaud; tel est, nous dit-on, l'a.(;centenr alpin ou fauvette des Alpes; tel est aussi le pinson de montagne. Il Pu es1' d'autres enoore qui nous restent fidf:>. les p-endant toute l'année et pendant tout l'hiv·er. Le mo1ndre petit manuel de sciences na.tut•elles raconte m'lint poème d€ tendresse, de courage ~·t de fidélité. A côté des migrate ur:;;, il est des amis qui n'émigrent jamais. Mo-ins poétiques, moins ehantés q1uP l'hirondelle, ils sont plus qu'elle no.s amis; elle revient, c'est vr ai, mais eux n'ont pas ù rerenir: üs ne sont pas pal'· tis. Leur petite v'oix humble et gair est, sous les rafales de p.l uie ou de neil g;e. l a. rouso·l ation et J'espérance.

Blottis clans les haies cléyouillées (} ui mes, .Y cherchent leur Iwurriture . .. les abl'itent mal, et leur pl umage tout Et précisément n'oublions pas le pinc héril;sé par le souffle aigre dn vent son, le gai chanteur devenu proverbial il~:~ chantent, ils s a u,t illent, et de loin <.:emme synonyme de bonne humeur l'ou voit briller leu r petit œil noir, qui inaltérable. Et dire qu'on l'a appelé :-wrnblc dire, lui aussi: «Bon courage !)) « cœlebs », <.:élibataire, prétenda.n t que 'l'el est le gentil rouge-gorge, qui 110n les mères et leurs petits passent l 'hiseulement t evient -de bonne h eure a u ver dans un climat plus doux - et q11e p1·intemps, ma.is qui souvent s'oublie ll>s :\fessieurs Pinsons nous eestent l'hez nous en automne, et, pendant l'hi- seuls fidèles en hi ver! J~eur joie vien· yer, s'approche des maisons, devient fa- d_ra.it donc de l'absence totale des belmilier, pénétrant parfois jusque da ns les-mères âpres et jalouses! IL· logis du laboureur, auquel il s'est Leurs chants seraient des chants de accoutumé en le snivant dans se-s la- délina.nee! . . . Et le proverbe .c,omplet dira it: heurs rustiq nes. La. grive nous abandonne après les Gai c01mme un pin son Quand il est garçon ! ... vendanges; ivt'e de raisins, elle s'en vole au mitdi. En reva.nche, le merle noir N'oublions pas non plus l'aima ble au bec orangé est un robuste et gai chardonneret, familier comme le rouchanteur que le froid ne met pas en fui- ge-gorge, ni la, gentille mésange charte; aux p r emiers rayons, on l'a bien dit, bonnière qui, nous d.i,t-ou, n'émigre pU>s il est le .soliste vigoureux que l'or·ches- devant le froi d, mais devant la faim tre des petits o·iseaux plus timides a c- seulement, ce -qui lui permet de rest er r ompagnP en sourd.int> d'am; ses pré- chez ncu·s , si, en hiver, elle teouve a.uIndes printaniers. 1 tour des fermes sa nourriture: elle sait Et le twglodyte, un humble petit alors remplacer par des graine.s les inoiseau beun qui ca.che son nid. d.ans sectes absents. quelque trou de muraille! On dirait une L'agile et solit ail'e petite sittelle enpetite souris emplumée qui ·Se glisse, fin hante les bois et lem• lisière : elle avec frôlement furtif, da.us le.:;. haies f ait d' un trou d'arbre à la fois son ni d; aux i.nextlieables labyrinthes de l'a.ci- ét ~->on ga.J'd e-manger, bien pourvu de ues et de lmmches. Ce frêle petit être noisettes et de graines po LW l'hiver. craintif est un b1·ave, qui suppo•de le·S ... En feuilletant q,u elques pages de frimas comme un héros des explora- s ciences naturelles, nous avons glau'é tiontl polaires. <<Dès qu'un 1·ayon ·de ces éléments ·d'un plaidoyer pour l'R isoleil, a-t-on: d!it de l'ni, se glisse à. tra- vel', qui dispose d·o111e d 'un orche>Stre vers le ciel brumeux, il fait entend:J:e qui n'est point méprisable, La rauque sa jo:yeu.se chansonnette, doublement <.: ontrebasse des corbeaux n'en est p oi nt hienvenue par le contr aste qu'elle of- le seul vrai, ·p eu connu -on dirait que fre avec la mélancolie dn pay.sage hi- le seul l"ossignol sait chanter - ma:s, l'l'rual. J) parmi ces mo-destes seconds violous, il Et le roitelet, le roitelet mignon, mi- est cependant des artistes de V'a leu> r. nuscule, sait braver lui aus~d dans les Le nat uraliste les connaît mieux que taillis et parmi les ~.apins, l es' froids ri- le poète. Chacun a. son cri, sa voix, son ~.:oureux. Parmi nos hôtes d'lliver voi- chant, et Je concert de c:es p etites âmes ' es- candides révèle dans l'hive1' austère de·s c·t. encore le bruant, do:nt quelques Jlèces se familiarisent avec notre cli- coins charmant s de douceur et -d'har-· mat et se mêlent aux mnineanx et aux rno·n ie, cle gaieté même et d'ullègre Viusons qn~. voletant ~toto-ur dPS fer- hon té.


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M·ais il s'en fau t de beaucoup que nous ayo!Us tout dit sm· l'hiver mu.sicien. Nous y reviendlwns. PIERRE.

UNE MÈRE 1.

L'église est là-bas, au loin, dominnnt la colline. Sur l'horizon bleu la flêcbe se dêtuche, portant vers le ciel ·sa belle croix dorée. . Elle est toute neuve, l'église. Le vieux curé, qui au chevet sommeille, en laissa le prix en mourant. C'étaient ses économies iJconomies de soixante ans de pauvreté. A la flèche, une croix manquait. En 1793, année de malheur, les chenapans l'M'aient tirée bas. Depuis lors, comme c'était haut, personne n'avait osé monter jusque-là. Jeannette, née à l'ombre du vieux cloc:her, l'année d'avant, s'Mait mariée dans l'église neuve. Elle n'avait point encore reçu lle Dieu de quoi garnir un berceau. « Aussitôt mère, dit-elle, je donnerai la croix. » Dieu, qui voulait là une croix, bénit JeanJJette et le berceau de Jeannette. Le clocher eut sa croix. - <<La faut-il dorer?» avait demandé l'architecte venu de la ville. - « Si c'est un fils, répondit Jeannette, je 1a ferai dore1·. » - On dora la croix. Le fils de Jeannette s'appela .Jean. «C'est triste un baptême sans cloche!)) dirent les gens venus en foule. » - « C'est vrai )), fit Jeannette. Et Jean ne savait pas encore :pal·· ler que déjà le clocher, muet près d'un siècle avait recouvré la voix. II

- Jean, quand tu sel'I!S grand, que ferastu? - Je me ferai prêtre. - Pourquoi veux-tu être prêtre? - Pour être comme M. le curé. -- Au moins, aimes-tu le bon Dieu? - Oui, j'aime le bon Dleu de tout mon cœur. - Ma mère, quand m'enverrez-vous au séminaire? - Jean , mon cher enfant, quand tu voudras. - Dieu, ma mère, semble me dire que j ' y dois aller dès la rentrée prochaine. -'l'u iras pour la rentrée prochaine.

Et Jeannette dêpo~a sur le front de Jean un baiser brO.lant d'amour. Puis deux grosses larmes montèrent de son cœur jusqu'à ses yeux. l\fais ce n'étaient point des larmes amères. Toutefois, au jour de la séparation, lor~;­ que, après avoir conduit sur la route rléserte, aussi loin que "les jambes déjà flécbissantes le lui permirent, son Jean, son unique enfant, elle revint, et dans la maison v•ide ne trouva plus son fils, il lui fallut un rude ressaut de l'âme pour que, >wgenouillée devant ce lit où, chaque soir, elle venait le signer de la croix sur le front, et de ses lèvres lui dire combien elle l'aimait, son cœur ne se brisât point. Silencieusement elle pleura. La nuit arrivée, on la trouva encore là. Elle se leva, détacha le crucifix qui, depuis le jour où elle œvait mis Jean au monde, protégeait la couche de ce fils bien-aimé, le plaça Iii où, la veille encore, reposait doucement la tête de son enfant, puis, ayant embrassé les pieds transpercés du divin Crucifié, d 'une voix ferme, elle dit: «Qu'il soit à vous tout entier, ô Jésus! ll Le sacrifice raiVait été dur à faire, mais il fut fait et resta fait. III Quellf: est dans les airs, cette allégresse tles cloches? Pout· qui ces guirlandes, ces arcs-de-triomphe, ces fleurs? Le soleil est ra,.. dieux. A travers le ciel, il y a comme u nr. joie qui ch<mnte et qui répond à la joie de la terre. Le village s'éveille et s'agite ainsi qu'au matin des grands jours. Tout travail est sus· pendu. Snr la route qui vient de la ville, on attend. 'l'out à coup une rumeur: <l Le voilà ll. C'était Jean - Jean, diaJCre hier, prêtre aujourd'hui. Il descend le vallon, traverse la rivière, gra.· vit le sentier qui monte. Une femme s'avance à sa rencontre : Jean· uette . De longs habits de deuil la couvrent. Epouse et mère elle a voulu que, dans ccttt! fête, par ce souvenir du moins, son époux fut présent. Elle va vers Jean. Sans lever les yeux. elle s'agenouille. Dans la foule un frisson a couru, Jean s'est arrêté. De ses yeux, de brfùantes larmes ont l>OUdain j>a.illi. Il abaiose sur sa mère un long regard. Etendant les mains, lentement il la bénit. Puis, l'ayant relevée, il l:l tient prt>s· sée snr son eœm·!, . , ,

n monte à l'autel. Le saint sacrifice commence. Cependant, autour du ciboire d'or, les an· !"es en couronne vivante se sont prosternés. - « Seigneur, je ne suis pas digne que vous <,ntriez en moi )) - Jeannette prend place à la Table sainte. La divine hostie, consacrée, portée par les mains de son fils, est par ces mêmes mains déposée sur les lèvres tremblantes de sa mère. IV Depuis lors, vingt ans se sont écoulés. La vie et ~a. mort ont fait leur œuvre, ouvrant les IJerceaux, fermant les tombes. Jeannette rt Jean n'ont point été rappelés par Dieu. Les anciens du village qui jadis avaient connu le ll petit Jean>), enfant d'abord, puis aspil,a.nt du sacerdoce, s'étant souvenus de sa vertu, voulurent un jour que, revêtu d'honneur et d'autorité, il reprit place au milieux d'eux. ,rean ne put se refuser à leurs désirs. Le fils est donc revenu près de la mêre, non plus dans la demeure paternelle, là où il était né, où il avait grandi, mruis plus près du sanctnaire, dans le vieux presbytère tout encadré de vignes. Qui aurait pu prophétiser au petit Jean, lorsque, souriant, il disait: ((.Je veux être cùmme M. le curé ll, qu'un jour viendrait oil son désir serait si entièrement ex·a ucé? Autour de lui rien n'est changé; ce sont toujours les mêmes arbres.; il les connaît et le~ reconnaît tous. Ce sont les mêmes chemins couverts; c'est la même goutte de ros ~e sur le même brin d'herbe. C'est le même insecte qui fuit. Ce sont les mêmes oiseaux qui chantent. Ce sont les mêmes gaietés d u SO· !cil sur les moissons dorées. C'est la même prière, le même amour, le même enthousiasme vers Dieu. C'est l'biver. Les branches des ,a~·bres, dépouillés de leur parure, ploient sous le givre. Un linceul blanc couvre la terre. Dans l'air, ni chant ni voix. La neige seule crie sous les pieds du passant. Cependant, sm le chemin qui mène à l'égli· ee, des groupes se forment. La nuit déjà tombe. et à travel'S la brume, les sons esporucés de la cloche arrivent, à longs intervalles, A.u loin, une lumière a brillé. L'on entend tomme des appels d'agonie. Au loin, une lumière a brillé. L'on entend les faibles tintements de la clochette qu'un fDfant balance.

De La: maison de Jeannette une femme est se bâtant. Elle court vers le prêtre: « Yite, elle se meurt. J) La femme qui se meurt, c'est Jeannette. Le prêtl'e qui porte Dieu à Jeannette mourante, c'est Jean. - <l Ma mère, voici votre Créateur qui vient vers vous. >l A la voix de son fils, Jeannette ouvre les yeux. Un sourire, sourire qui déjà tient du ciel, . agite ses lèvres décolorées. Dans un suprême effort, .elle s'est soulevée. « Donne-moi le crucif ix, mon enfant. ll Ce crucif ix, c'est celui dans lequel son amour a comme résumé toute la vie de son fils. Il est là, à cette même place qu'autrefois. - Jeannette ayant voulu mourir où si souvent elle a vait prié et pleuré. ,Jean détache le crucifix et le donne à sa mère. - « Embr asse-le, mon enfant. » Jean embrasse les pieds sacrés. - <<Embrasse-le encore une fois, Jean, au uom de Celui qui est là, que j'adore, et que, par tes mains, avant de mourir, je vals recevoir. ll Jean obéit aux désirs de sa mère. Derechef, il couvre le crucifix de ses lèvres tremblantes; et les larmes qui tombent de ses yeux baignent le bois de la croix. J eannette brisée, est retombée sur sa couche. Après quelques moments: - « Mets-le sur mon cœur, continue-t-elle; qu'il n'en bouge plus. Morte, je veux qu'il soit ainsi placé sur moi, dans le cercueil où j<• dormirai, attendant la résurrection. >l J ean hésite à répondre. - l<Ma mère, puis-je vous exprimer un désir ? - Parle, mon enfant. - Oe crucifix ne pomTais-je donc le conserver en souvenir de vous? -Non. Je le veux pour compagnon de ma tombe. D a ns le silence de la mort, il me parlera de toi. Quelque froides que soient les pierres d'un sépulcre, je sentirai encore la thaleur de tes lèvres qui vienneut de s'y poser. Je le veux. Promets-tu de m'obéir? - Je le promets, ma mère. -Merci! l) Elle l'attira sur son cœur. Comme elle fai~ait jadis avant qu' il fut prêtre, elle le mar<}ua de sa croix au front, y posa ses lèvres mourantes, puis d'un e voix qui d'instant en instant s'af faiblissait: (< Mon enfant, une dernière fois, j'ai vou· ~ortie,


9 !il que t\1 fusses mou fils, et moi que je fu~­ semble, je lus le!< paroles <l'amour de la dise ta mère. Dieu a permis que mou désix s'ac- viue agouie : compllt. Qu'il en soit béni · et remercié!» Mal-&1', ecce fililus tuus, Jeannette laissa retomber sur .Jean un F'ili, CCCG Mater tua. long r egard; ayant joint les mains, elle pri<ru; <<Mère, voici votre Fils; Fils. voilil. \'otre puis détournant de lui les yeux pour toujours, , Mère. » et les tournant >er s le ciboire, d'une volx plus • .Je compJ'is alors pourquoi deux larmes assurée: étaient tombées des yeux du prêtre il cheveux << E t maintenant, mou fils, dit-elle, ne 1 blancs, tandis qu'il ptiait. sois p lus qu'un prêtre . >> _ _ •• Ce f urent ses· derni èrès paroles. Et lors·----- - qu'elle eut reçu le Viatique divin, elle ferma les yeux et ne les rouvrit plus.

l'Adoption

v

Jeannette motie, Jean fit selon lrs désirs <lH sa mère. Sur sa poitrine, le crucifix. resta a insi qu' t!Ile-même J'avait placé. Par défense de Jean, personne n'y toucha. Avant qu'on étendit Je dernier linceul, il se pencha sur le front de celle dont il avait reçu la vie, à son exemple, y tra.ça le s'gue de la croix, l'embra.ssa longuement et pleura.

VI J.Jôglise est là-bas au loin, domin a.nL la colline. Sur l'horizon bleu, la flèche se détache, portant vers le ciel sa belle croix dorée. C'était un dimanche que, passant par là , j'entrai. A l'autel le curé, vieillard à cheveux blà.ncs, célébrait. Les trois nef s étaient pleines. La messe fi nie, la foule se répan dit au debors, emplissant Je cimetière, et pleura.nt sur les tombes. Le prêtre parut. La fotùe aussitôt se rassembla, et le suivit. Sur Je côté droit, juste en face de la porte du presbytère, au pied ùn Calvajre, A. l'~m­ bre ùes statues de Marie et de J ean. une pterre, plus gt·andc que les autres. se dre ssa~t. Le vieillanl s 'y agenouilla. A haute YOtx il pria; tous répondirent. Un enfant se trouvait à mes côté~: ·- Est-ce qu'il en est ainsi tous les ditmmches? lui dema.ndlaj.je. -- Certainement, tous l e8 ùimau(·hes. - Et quelle est eet.te tombe? - Moi, Monsieur, je l'ai toujour~< con11ue (;Ommc ça; mais maman m'a dit une fois q ne c•'était la. m ère de notre vif>ux cnr6 qui ét.aH enterrée là . .. Je m 'approchai. Sur le marbre aucun nom. Simplemeut un crucifix avait été gravé, et clessom;, comme si ces mots fussent tombés des lèvres dn f'hri;::1 <lout J'imng-<> domin nit tout cH PU-

r:harmant oontc dG Fnmçoi.s Coppée

Depuis vingt ans, Jean Vignol écrivait des romans-feuilletons pour les joUl'n aux populaires, des romans où il n'éta:it question, na.· ture1lement, t]ne cl'ass&~sinats et d'enfants substitués à. d'autres dès Je berceau. Il n'é· tait vraiment pas plus maladroit q ue ses rivaux d ans cette spéciuJité. Si jama is vou8 faites une dangereuse mala.d ie - ce don~: Dieu ~-ous garde! - et si vous ne savez Ct)ll1meni remplit· les heures d'ennui ü'une longue convaJescence, lisez les << Mystèret> d<:> Ménilmontant>>. Vous retrouverez là tous les ingrédient>< a.c:coubtmés de cette cuisine littéraire. Pourtant le Jmuvre lwmme ue réus,;issait guère, la~· ait b<:>aucoup de mal à placer . ~a <<copie "• vivait J'ort chichement. Ah! voila. C'est d'abord qu'il n'a.vait pas de chance, et puis q u'il était modeste, un timide, ne sachaut pas jouer des coudes. faire ;:on chem lU à la mode .al!lléricaine. Bi'm entendu, il n'avait pa:> délmté da.ru; les lettres par le roman-feuilleton. Il conser''ait toujours, au fond d'un tiroir, mais sans espérance de le~;; mettre a u jour, ses ~eu:-. unvragcs tle jeunesse, composés par lm du . temps où il .awuit encor e tous ses eheveux et. l'ambition du gr and a.rt. C'était œaùord le manuscrit ù'uu volume d'élégies, où le poète , se plaignait notamment des infidèlités d'une 1 jeune personne qu'il désignait sollS le r_oman· 1 tique pseudouymP. de Fragoletta, tandis q u_e i aanl:l Ja. r é,alito des fails, l'incoust.'lnte clemoJselle se 11ornmait Aga.tlJe. L'autre manuscrit, vlu::; vol uru iueux, coutenait uu drame très horrifique et tout le lon"' dnquel des gens eoiffés ùu chaperon et t:hn~~séfl de Rouliers à la poulaine se pas· >'<l i f' nt récipro(]uement au trav~·;: thl C'Ol'I,J~<

l

des épées à deux malins et des tirades à n'en' plus finü·. Malheureusement, les dt·ames en vers ne sont pas comestibles, et il fallait vivre lil.baut, à Belleville, dans le petit logement, an cinquième, où Jean Vignoi habitait avec sa mère, tordue de rhumatismes et gémiossa,ut du ma·tiu au soir. Pour gagner quelque ar''ellt- oh! très peu - le poète devint romaJ1~iet' populair e, à peu près comme un peintre raté se fait photographe. Doux et résigné, il aecepta le métier, y mit tous ses sou1s, mais comme nous l'avons dit, saus grand succès. C'était assez juste, après tout, car il mauquait de eonviction. de sincérité. Le d irecteur d u << Petit Prolétaire », où .ICllll Vignol publiaH stls histoires ii. dormir debout, le lui disait tout crftment: " Mon eller, on sent que vous n 'y croyez pa.s », et ue le payait que deux sous la ligne. Le pau\'l'e g:trç;ou :savâit qu'il était supérieur à sa ~;"rossière besogne, en ~ouffr.aH, poussait sou~-ent uu gros soupir. Mais quoi? c'était sa <les tinée, et pour faire b(}uillir son malgre pot-au-feu. il s'épuisait ii. inventer des aventures de plus en plus extravagantes. L;ue fois, p::u· exemple, il n'aurait pu patyer •lNlX termes en retard, et il eût sans doute ~tait saisi, s 'i l n'a vait, au dernier moment, obtenu une avanee du directeur du « Petit Prolétaire, >> süduit par le s.ujet d'un roma.u, tlout voici en substance le prèmier feuilleton: "Uu m11sicien de l'orchest re de l'Ambigu, ., qui est d'ailleurs, sans s'eu douter, l'enfant ,, naturel tl' un pair d'Angleterre, rentr·e cltt!:t. ,, lui a.près le spectacle et d1\couY!'e un sque,, lette dans l'étui de sa. con trebasse. >> (La s.11ite aru proehain numéro). 'l'aut que la maman avait vécu, .Jeau Vignol, moc1èle de piété filiale, avait assez bien supporté la vie. Mais, depuis deux ans qu'il ét3Jt seul au monde - point de parents, peu tl'amis, rles habitudes casanières - il s' ennuyait ùaus !'lon haut logis de Belleville. Il était, à présent. un petit homme de -!7 ans avec tm commencement de bedaine, une lar~e barbe noire, ml nez socratique, des reu::t ~e bon chien et l'épi de S.a~ut- Pierre sur uu crâne beurre-fntis. Ayant peu de santé ~t nu estomac de deuxième elass·e, H avait même dû r~noncer aux consolations du tahat· .LJIJJ>~ is Je~ pen;onnag-<:>$ orctinq•ireR de

ses fic tions - toutes les m a ri(}unettes de son guignol mélodramatique ne lui avalent semblé plus fastidieuses. Positivement, le ma l· heureux se dégoûtait de son métier. - Quelle scie! - - se disait -il un soir de veille de Noël, en montant awec lenteur ses cinq étages, car il devenait un pe.u a.stltmatique, - Quelle scie ! Voilà qu'ils trouvent encore, a u journal, que ma dernière machiue, « :M:azas et Compagnie n, manque de coups ùe couteau. Il va falloir q ue je ressuscite BouffeToujours, mon forçat, que j 'ai fait précipiter, jl y a ltuit jours, du haut de la tour E iffel, et q ue je !ni folll'nisse des victimes . .. E t, après cette complaisance, vous verrez q u'ils · refuseront encore de me mett re à 20 cen t imes Lai ligne . .. Ah! la chienne devie! Rentré citez lui, il éprouva plusieurs menus désagréments. Après un regard de mélanc:olie à son râtelier de pj·pes, bientôt Jean Vignol s':tperçut que son feu de Ct)ke, qu'il avait pourtant bien couvert de cendres a va nt de sortir, était complètement éteint. Il dut. pour le rallumer, se sali,r les malins au mâchefer. S:t·lampe avait été mal préparée le matin, par la portière; il fut obljgé de changer la mèche; alors setùemen t il s'a!perç;ut qu'il n 'y avait plu s que deux allumettes. dans sa boite de <<suédoises >>. - - Tonnerre de brindezingue! - s'écria-t-il, en lâ chant son juron favori. - Me voilà fra is, si mon feu ou ma lampe s'étejgnent encore . . . Car il fu11t que j e passe· la nuit poul' ressusciter mon forçat!. . . Un joli ré· veillon, entre parenthèses!. . . E t cinq .é tages à descendre et à remonter, d'abord, pour ces a llumettes ... . Ah ! mais n on ! je vais en de mander quelques-unes à la Vt)isine. L a voisine c'était la mère M•lthieu, une pMtvre vieille, dont la fille, récemment abandonnée par son mm·i, H ait morte en couches. Le petit av.ait cinq mois, et l'ateule, couturière à la mécanique, l'élevait au biberon. Bien de la misèr e dans ce taudis-là . Le romancier, qui ébaiit un brave homme, Y était entré quelquefois et y avait laissé sa pièce de cent sous, n!en qu'il n'en eût pas de t<·op pom· lui-même. << 'l'oc. . . t oc . . . Bonsoir, mère Mathieu. Donnez-moi doue quelques a.llmnettes. n :M:âis il s'arrêta. sur le seuil, tout interdit. A 1:1. Ju eur d'un bout de bougie, la vieille femme, accroupie, roulait et fieclait son unique matelas. Près d u méchant lit d_e bois rouge, où ne l'estait plus que la palliasse. . . I'Pntaut <lormuit clnnn un be;·ce;lu Ll'o:;;i<'l'.


10 Eh! mèœ M:•wthieu, qu'est-ce que yous faites donc là? - Vous le voyez bien, M. Vignol, - répondit la vieille toute pleurnicbante. - Je ''as porter ça au Mont-de-Piêté, et il faut que je me dépêche; car le bureau ferme à 8 h .... On me donnera toujours bien 10 fr . ... C'e:;,t de la bonne laine, allez ... - ·Comment! Vott·e seul mate!JaJS 'f ... - Il faut bien ... Jj~igurez-Yous que ma sœur cadette, veuve comme moi, celle qui reste nux Lilas et qui fait des ménages, vient encore de s'aliter, et qu'on ne veut pas d'elle à l' hôpital, rapport ù. ce qu'elle a une maladie chronique ... Alors, je dois l'•aider un peu. Elle a été si bonne poUl' moi ... Je coucherai quelques jours sur la paille. Ou n'en meurt pas ... Car j'espère bien dégaget· mon matelas, quand je toucherai ma quinzaine ... Ce qui m'inquiète, c'est le petit Il me faut au motus une heure pour aller au Mont-de-Piété et chez ma malade. D'ordinaire, je le confie :l la concierge, qui est une bonne femme ... Mals vous avez vu? Ce soir, veille de :Noël, ils ont un repas de famille, dans la loge, et ils en sont aux chansons du dessert ... Comment que je vais faire pour le gosse? Vivent les p!ll\lvres gens! Jean Vignol n <les larmes plein ses yeiu: de bon chien. -Pas de ça, mère Mathieu . . . Laissez votre literie. J'ai encore 15 fr. IDn 'I"OÎÜI. 10 ... Et courez chez votre sœur. . . Quant n.u mi\lche, eh bien! portez-le chez moi. Il dort comme un bienheureux; il ne m'empêchera pas <le travailler. . . Et puis, s'il se met il faire de la musique, eh bien, ce n'est pas si malin de le bercer et de lui donner à boire. C'est la vieille, maintenant, qui est coutente. <<Ah! mon brave, mon gentil 1.\I. Vignol. » Et l'on installe le ber<:eau près de la table i'i écl'ire du romancier, et la mère lVIathieu se sauve en marmottant des bênédfc.. tions. Et, resté seul avec le petit, l'écrivain ~e met à rire tout bas dans sa grande baebe. - Allons! rue voilà nourrice sèche. Tout regaillardi par sa. bonne aetion, il s'installe sous la lampe, prend la plume. Car, bigre! ne l'oublions pas, c'est demain matin qu'il doit envoyer à l'imprimetie son fE-uilleton. Tout le roman est modifié par la. résm·rection de ce Bouffe-Toujours. Me~s. ce soir, U est en train, le conteur. Sou forçat, précipité du deuxième plateau de 1a Tour Eiffel r.mr un Glégant gredill, un vicomte <lesceu-

dant des Croisades et membre du JokeyClub, attrape une barre de fer à la volée et dégringole jusqu'au quai avec l'agilité d'un ouistiti. Après-demain, il poignardera trois J-Jergents de ville. J'espère que les abonnés vont en avo·i r des émotions. Soudain le petit commence à piauler. Jean \ ignol, amus.é par ses nouvelles fonctions, •rend le biberon et fait boire l'enfant, pas L trop ma•ladroitement, ma foi! pour uu début, puis le berce et le rendort. Mais le romancier ne retourne pas à sa table. Il reste là, pensif, à regarder· ce pauvre petit être, la tête au fond de l'oreiller et serrant ses deux poings mignons sur la poitrine emma.Ulotée. Les berceaux? Les enfants'? S'en est-il lli:S· sez servi, Jean Vignol, dans ses absurdes romans! Comme il les trouve stupides à cette heure,. toutes ces invmisemblables histoires d'enfants volés et substitués les uns aux autres! Un enfant! En voilà un, pour de bou un orphelin, un fils de la misère! Que deviendra-t-il? 8111 gmnd'mère est vieille, épuisée de travail et de privations; elle n'ira pas loin. Alors il sera un de ces petits malheureux que l'assistance publique é lève par milliers et qui tomnent mal le plus souvent. C'est pa11.·mi eu."Y. que se recrute l'armée des malfaitem:s, des futurs forçats, - les vrais, ~ ceux-là. - Ce pauvre mioche! Qu'est-ce que ) la vie lui réserve? La vie! Un mystérieux roman, qui del'ient plus incompréhensible à cl1aqne feÙilleton et dont le monotone dénouement n'explique rien! Jean Vignol tombe dans une ùouloureu<e t·ê;erie. Il n'est pas tout ù fait mort en lui, le poète qu'il a rêvé d'être, quand il était jeune. Voilà, maintenant, qu'il se souvient que c'est demain Noë l, et que, devant ce bert·ea.u, il songe à l'enfant qui dormait sur la paille, ùans l'étable de Bethléem. Il est venu au monde, celui-là, pour ordonner aux hom· mes de s'l31imer les un-s les autre!', et, bieu que les églises où l'on prêche sa doctrine depuis deux mille ans soient encore debout, lt mal et la misère existent toujours. L'enfant matériellement et moralement al>andonné, l' enfant dt!<lié, par une sortP de fatalité ~oclale, au vice et 1an crime, voilil le livre qu'il faut écrire, en y laissant couler toutes les charités, t outes les tendresses, toutes les indignations, toutes les colères ùe son cœur. Voilà le roman que Jean Vignol de· vralt faire, si. .. 2\Iais à quoi pense-t-il? Jean '\ïgnol n'•a pM de talent, n'en :1 jamais eu.

11 Bt ille salt bien. Et si des larmes l'étouffent en ce moment, il pleure à la lois s ur l'infortune de ce pauvre enfant et sur sa propre impuisE<ance. Cependant la porte s'ouvre. C'est la mère i\fathieu qui revient tout es,;ouflêe. Ob ! qu' elle est_fatiguée et caduque! Et quel lamentable VIsage aux mille rides, entouré du lai· nage noir! ~ant pis! le brave homme cède a.u désir qm le tourmente depuis quelques minutes. - Ecoutez, mère Mathieu, j'ai réfléchi pendant votre absence ... Du temps rte maman je gagnais assez pour deux ... Elh bien! j~ vous prends avec moi, voulez-vous1 .. . Vous vous occuperez du ménage, et je vous aiderai ù élever le petit La pa~vre femme pousse un cri, tombe sur une cba1se, se voile la face de ses mains; et, com~e l'enf~nt se r éveille en ~;ursaut, se met aussi à gémn·, Jean Vignol le prend dans son berceau, le regarde de près et pose sm· sa joue molle et tendre un baiser ùéjà paternel.

* .. * Mais ce n'est pas tout Sa\'ez-vou:,~ que la généreuse conduite de Jean Vignol a été pour lui-même, très avantageuse? II conti: nue, bien f?O.r, à servir les mêmes balivernes à son public spécial. Pourtant il y a dans son dernier roman, << L'Orphelin de Belleville » on ne sait quoi qui n'était pas tlaus les au: tres et qui a fait sangloter. Le t irao-e du ,.Petit Prolétaire" en a monté, et l'~c;ivain a désormais ses quatr e sous la ligne. . L'ouvrag~ a même été reproduit dans pluSieurs famtlles de province; et comme, l'a:ntre jour, .Jean Vignol était yenn touch~r ses ùroits à la caisse de la Sociêt~ des Gens de Lettres, il a eu la seule joie de sa vie littéraire. Le plus illustre, le premier romancier de ce temps, lui a touché l'épaule <le'l"ant re guichet: - Dites-donc, M. Vignol j 'ai lu deux ou trois fe uilletons de vous, ~es jours derniers · · · et j'ai trouvé là des choses très bien très sincères, très émues, sur les enfants .. : Le pauvre homme enrougi t Jusqu'aux oreilles. -. Merci bien, mon cher maitre. - répon•llt-Jl en bégayant de plaisir. M~is c'est que ... •oyez-vous . . . maintenant. . . quand j'écrie q~elque chose sur les enta.n t·s ... je travallle •lapri\s natu:re.

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.FElJlLLETOK

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La jeune Sibérienne

.Munie de sa supplique, notre intéressante s olliciteuse >iC rendit un matin nu Sénat montJa le granù escalier, et péné tt·a jusqt1~ dans une ùes chanceller~es; mals elle sc tr ouV'<!. fort e1ubru.Tassée parmi tout ce moudc, ne sacl1ant il. qui ~:~'adresser. Les secrétaire,.: dont elle s'approchait avec sa supplique. luÎ jetaient un coup d'œ!l, et !le remettaient froidement il écrire; d'autres personnes qui la rencon traient dans la. chambre, a u l:eu ùe l'écouter ou de rece'l"oir ~a supplique, r, e d ( . tom·naient ù'elle, comme on ferait d'un mcuùle ou d'une colonne qui barre le éllemiu. Enfin uu des individus, gardes de la chancellerie, qui traversait rapidement 1a salle, l'IIIJ· yant rencontrée, se détourna sur la droitt: potlr passer, tandis que Prascovie en f aisait autant ùu ml'me côté pour lui ta ire place. de maniè1·e qu'ils se heu rtère~lt rudement. Le vieux ;;-arde, ùe mauvaise humeur, lui demanda ce qu'elle voulait. Lu. jeune fille lui présenta la supplique, en le priant tle la donner au Sénat. Cet homme, la croyant une mendiante, pour toute ré ponse la prit pat· le bras et la mit ll la porte. E ll e n'osa plus rentrer, et demeura le reste de la matinée '>'Ut' l'escalier, dans l'intention de présent er sa supplique au premier st'n·ateur qu'elle rencontrerait. Elle vlt plusieurs personnes descendre de voiture et monter l'escalier, ayant ùes étoiles sur la poitrine: elles avaient toutes une épée, des bottl"s et un nnifot·rne· quelques-une~:: avaient des (lpaulettes. Ell~ pensa que c'étaient des officiers et des généraux. a.ttE>ndant touj o ur~ (l e voir arriver nn sénateur, qui, d'après l'idée qu'elle s'en était formée, devait avoir quelque chose de particulier qui le ferait reconnaître, et n'off rit sa supplique à personne. Enfin, vers 3 heures aprês midi; tout le monde s'écoula: et Prascovie, se voyant sen.le, se retirn. la rlerniflre. fort étonnée d'avoir 'I"U tant de monde au Sénat sans rencontrer un sl'nateur. A son retour elle fi t part de son observation à la rn~l'Cbaude, qui l'Ill be-:mcoup ·de pei ne à lui


12 fnir€ comprendre lln'un st>nateur ôtait fnit ln mit dans lu ~lllJllllque. et, rendant le tout colllmc uu autre homme, et que ceux qu'elle à hl. suppliante, rentra. dans l'appartement ovo.it Yus étaient précisément les sunnteurs et disparut. Prascovie, toute déconcertée, serauxquels elle atwn:lt clO remettre ~n. suppli- ra l'assignation et se t'etira.. que. <<Je suis sùre, disait-elle un jour il son hôLe lendémaiu, il l'heure ùe la reutrf:c du te:;,;c, que si uu frère de 1\Ime Mllln se trou~<'nat, elle se trouva sur l'escalier, et présenta vait parmi les sénateurs, il aurait pri, llla >lOU éerit à tous les arrivants pour ne pas supplique :-:ans wc conna!tre. » manquer les séuateurs, :sur La nature desLes fêtes ùe Pâques, pendant leSlJUellcs Je quels il lul restait encore quelques doutes; ~l!nat ne s·a1;:;emùle pa~S, lui donnèrent quelmais personne II C voulut Je recevoir. Elle vit que repo:>: l'Ile en profita pour faire se.; dé· enCln arriver un gros monsieur avec un cor- \'Otions. Eu se livrant H. ce pieux exerc1cc, don ronge, un uniforme rouge, une étoile de elle renouvela llPS prlères pom· le succils de dHJ.quc côté de la poitrine. ct l'épée au côté. sou entreprise; ct telle était la sincérité tlc ,, Pom· cette tois, se elit il elle-même la sol- sa foi, qu' atm~:; sa communion elle r evint liciteuse, c'est un sénateu1·, ou il n'y eu a persuadée qu'on prenLlr.a.it Stt supplique au point dans Je monde! » ~énat la première fois qu'elle s'y présenteElle s'.approcha de lui et lui présenta sun tilH: cc qu'elle n'llé:;ita point d'annoncer il. In vapler, en le suppliant de \'Ouloir bien lui marchande comme une chose certaine. Cette donner cours: comme elle barrait le chemin, llemière était bleu loin de partager sou esp(•un laquais du sénateur l'éea1'ta. doucement rnuce, et lui conse!ll{l. ù'abandonnet· cette ùu passage; ct son maitre, croyant qu'elle voie: cependant, comme, le jour ùe la t·eudemandait l'aumône, lui elit: tt·ée ùn Sénat, elle avait des affaires au quai << Dien yous l>énisse! >> et monta l'e:scaliet·. .\.nglais, voyant l:'rascovle s'acheminer à Pra.sco>ie retourna. pendant plus de quinze vled, elle lui offrit ùe la. conduire en drosrlljom·s au Sénat sans obtenir plus de snccè!':. 1,~-. (Petite Yoiture basse sur quatre roue.-;; Souvent fatiguée de rester debout dans un elle remplace l'usage ùu cabriolet chez nou~.J (( Je ne sais, lui disait-elle en chemin, COlll· Hsca.lier froid et humide, elle s'accroupissait sm· une des maTelles pour réchauffer ses ment ,·ous n'êl<'S pas découra;;ée cle tant ùe pieds ;lacés, çherclmnt dans la phy~;ionomie tl6marcltcs inutiles! .~ votre place, je lalsdes passants et del:' employGs qnelqt1e:s si- ;;erais là Je Sénat ct lel:l s6nateurs, qui ni! fegnes de colllp<tssion et de bienvellla.ncc, qu' . ront jamais l'ien pour vous; c'est tout comelle y aurait certa.lucment trouvés s'ils 1 mc, ajouta-t-elle en lui montrant la statue dt• Pierre-le-Grancl qul ~e trouvait pr•:ls d'elle, avaient connu ::;a situation. Telle est la const.itntion de hl ,;oclété ùan:; c'est tout comme si vous offriez votre surl· vlique il cette statue cjoe voill1: vous n'en ohle~; grandes villel:l: la misère et l'opulence, le bonheur et l'infortune se <:roiseut san;; tiendrez rien de plus. cesse, et se rencontrent sans se voir; ce sont - J'espère, répondit Prascovie, t!llC Ill& foi deux mondes séparôs qui n'ont aucune ana- me sauvera. A.ujourù'llui je reral ma dernière logie, ma.is entre lesquels uu petit nombre démarche a.u Sénat, et l'on prendra sQremeut d'âmes compatissantes, warquées par la nm supplique: Dieu est tout-puissant. oui. Providence, établi~!>cnt des points rares de 1ajouta-t-elle en desceuclaut du <lroscllky, eommunication. Dieu est tout-puissant. et peut. s1 telle est Uu jour cepeudanl, uu de,; employés, qui sa volonté, forcer cet homwe de fer il !'e bal•·l'avn.Jt sans doute remurqnée précMerument, ser et à prendre ma supplique. " !-.'arrêta près d'elle, prit la supplique. et sorLa ma1·chanéle, a ces mots, fit un gr:wd tit de sa poche nu paquet de papiers. La wo.l- écla.t clc rire. et Prascovie, revenue de ~on beureuse conçut un iostaut d'e~poir; mais le cnthousia:;me, eu rit ellc-mên1c; cepenclaot pA(]ltet étajt tlne 1-<omme d'ass.igll.!ltions, pur- elle n'avait exprimé que sa pensée. 'fandis qu'eliP Pxamlnait Jo. s tfl.tlle. ~a c·<HIIml lesqnE>lle~ il <'Il prit une 1IC' cinq ronbles.

pa;;ne lui fit ub>en·c1· quu le pont uc la ~é . .:, .,,,u\'ht•s arrh"i:H·ent peu à peu et lui témoi1 ;;nèrt>Pt le plus ylf intérêt.•\.u moment ou 11 ni Nait tout prè>', c?tait r<'t) Bt'é; •les ,·oitures sans nombre se rendaient à \Vnssili-Os- l'on alln.Jt se mettre il. table, le parent dont on a. parlé se présenta tout il. coup dans la trO\Y et eu revenaient. salle :l manger, en disant << Ohristos vosct A. vez-vous la lettre de recommandation pour :Mme de L ... ? lui demanda-t-elle; je ne cres», suiYant l'usage au temps de P!l.ques. suis pas pref'si•f', «'t je puis Yons conduire ii. (Il est d'usage en Russie d'embrasser ses amis et ses connaissances la pt·emière fois sa porte.» 11 était de bonne heure encore, ct Prasco- qü'on se rencontre dans la. semaine de Pâyfe y consentit. Elles passêreut le pont: le ques: le plull empressé dit en embrassant: fleuve, qui n'était quinze jours auparavant Cht·istoR voscress (le Christ est ressuscité); <Jn'une plaine ùe glaçons mouvants. dégagé l'autre répond: Volstino voscress (en vérité, il maintenant de toutes ses neiges ct couvert de est ressusclt<!.) Il n'y eut point d'autres exvaisseaux e t d'cmba1·catlons rle toute espèce, plJcations que les embrassements les plus 13. surprit agréablement. Tout êtalt en monsincêres. M. de r... ... , profitant de la. bonne ,·ement autour d'elle; le temps était superbe; disposition ùe sou purent, lui présenta la elle sentait t·edoublet· son courage, augurant jeune Slbél'ienne. On s'entretint de son afhien de ln visite qu'elle allait faire. faire pendant le dlner, et tout le monde concc 11 me semble, dit-elle en embra~;sant sa V"int qu'en lui con&eillaut de :;'o.dresser au <compagne, que Dieu est avec moi ct qu'il ne Sénat ou lni nv3it indiqué une mauvaise m'abandonnera. pas.» voie. La révision du 1n·ocês de son père, en Elle O'ouva Mme de L ... déjà. pL·évenue ùe suivant toutes les formes de ln. justice, aurait pn durer bleu longtemps: on pensait qu' ~ou at·rl>ée par une lettre tl'Ekatherlnemllourg, et reçut d'obligeants reproches lors- il serait beaucoup plus nvantageu:s: de s'aClu'on apprit qu'elle était depuis s1 longtemps dresser directement à la bonté de l'empeà rt'ltershonrg. La réception affectueuse et rem·, et l'on promit d'eu cbet·cher les mocor Jale qu'elle éprouvait lui roppela. vive- yena U\'CC le temps. Enfin, tous les convives ment la maison et la société de l\fme :.\filin. l'avertirent de ne plus s'expoSCL' aux avenI,orsquc la connnlssnnce fut fn.Jte et la fa- tures du Sénat, dont le récit ava.it fort -a.musé miliarité !lien établie, PrascoviC? d~veloppa la société. Vers le soir, Mme de L ... la fit le plan qu'<'IIC avait formé pour obtenil' la · reconchlil'è t'll<'z le marchanll pot ~ou dornes' rlélivrnnce ùc son père, et conta les démar- tique. cheR infrnctueuses qu'elle avait dl>jù. faites En revenant chez son hôte, Prascovie a.tlnu Sénat. 1\f. cle L ... examina ~<a !'luppüque, rnira.it comment ln Pt·o,•iclence l'avait cont•t tt·on'l'a qu'clic n'êlait pa <: rlresRI'c clam; les duite chez M. de L ... m1 moment de la rêro,·mes. conciliation des deux parents. l"! comme pour • Personne mleux que moi, lui dit-il, n'au- le~ lui rendre fnvoraùles: et lorsqu'elle passa rait pu vous aliter dans cette affaire : un de d!'vant Je Sénat. elle se rappela la prlilre qu' mes proches parents occupe un emploi cl'a.<:- elle avait faite à Dieu de ne plus y retourRPr. grande Importance au S(lnat; mals je vous ner qu'une fols. nYonel':ti, comme je le ferais ù unC' n.ncien!le " Sa. bonté, pensait-elle. a fait plus que je tonoaif:sauce et ù une amie, que nouH !'Om- ne lui -avais ùemand~: car je ne serai plus mes hrouiiiC>s rleptùs quelque tem11s. Cepen- obligée d'y retourner; et cet homme de fer rlllllt l'occasion est trop belle, et la brouille- aus~;i m'o. rendu service, pat la grace de rie• de trop peu d'importance, pour quP j' hé- Dien, dit-elle en t·egardant la statue de Piersite Il !aire les premiers pas; nous voilà d'nil- l'e le Grand: sans lui, je u'am·o.is peut-être lc.>m·s nu ter.ups des Pliques, ct je se1·ni~ cbar- pas vu que le pont était réoo bli ; je n'aurais llli· que \'OUf< ~oyez la ransP clc notrC' réconpss fait la conna issuuce de ces ùons a.mi01 c·il!a Ilon. » . qtJi m'out vromis leuL' secours, et paJ.• la proOn ~llrdrt ln jPnnco tï!IP i'1 cUuer: plt1Rieu1·s tc>rtlou deflquel!'l j'E.>spêre obteni r la llbertê 'de


1~ mon père. » Telles étalent les réflexions de Prascovle, dont la fol la plus vive dirigeait et soutenait toutes les démarches. Cependant, malgré tout l'intérêt que prenaient à elle Aes amis de Wasslli-Ostrow, son bonheur elevait avoir une autre source. L'hôte de Prascovie, revenu depuis queltJues jours de Riga, avait 8tê surpris de la trouver encorè chez lui, et s'était mis aux enquêtes pour trouver la maison de la princesseT . _., pom· laquelle la jeune fille avait une lettre de recommandation; cette dame, prêvenue aussi de l'arrivée prochaine de la jeune voyageuse, l'attendait chez elle. Le marchand la vit et reçut l'ordre d'amener Prascovie. Celle-ci quitta la maison qu'elle avait habitée pendant deux mois, et surtout sa bonne hï)tesse, avec beaucoup de regre:s; mais la protection d'une grande dame fa vol'isalt· tellement ses espérances, qne ce puisfiant intérêt l'emporta bientôt sm· sa tristesse. Lorsqu'elle arriva chez la princesse avec son conducteur, le portier lui ouv1it la porte. Prascovie, le voyant tout galonné, crut que c'était encore un sénateur qui sort,ail cle la maison, et lui fit la révérence: « C'est le portier de la princesse )) 1 lui dlt à voix basse le marchand. Arrivée au haut de l'escalier, le portier donna deux coups de sonnette dont elle ne comprit pas bien la raison; mois comme elle avait vu quelquefois des sonnettes a. la porte ùes boutiques, elle pensa que c'était une prêcautiou contre les voleurs. En entrant dll.ns la salon, elle fut intimidée par l'air de cérémonie et par le silence qui y I'égnaieut: jamais elle n'avait vu ù'appartement si orn~. et surtout si bien éclairé. La société était nombreuse et disposée en groupes: les jeunes gens jouaient autour d'une table dans un coin de la chambre, et tous les regards étalent fixés sur elle. La vie!lle princesse était il. une partie de boston avec trois autres perI!Onnes; dès qu'elle aperçut la jeune fllle, elle lui ordonna de s'approcher. " «Bonjour, mon enfant, lui dit-elle. A.vez· V (lUS une lettre pour moi? » :\falhenretu~ement Prascovie avait oublié de

la. préparer, elle fut obligée de tirer un petit sac de son sein et d'en sortir péniblement la lettre. Les jeunes personnes présentes chuchotaient et riaient tout bas. La princesse prit la lettre et la lut avec attention. Pendant ce temps, un des partners qui avait arrongé son jeu et que cette visite ennuyait fort. jouait impatiemment des doigts sur la table en regardant la nouvelle arrivée qui VE'nait troubler son plaisir, et qui crut reconnaître en lui le gros monsieur qui avait refusé sa supplique au Sénat. Lorsqu'Il v1t lA princesse replier sa lettre, 11 dit d'une volx formidable: «Boston!» Prâscovie, déjà déconcertée, voyant qu'JI la regardait fixement, crut qu'il lui ad•·essa1t la parole, et répondit: «Que vous plart-ll, monsieur?>) ce qui fit rh·e tout le monde. La princesse lui dit .qu'elle était charmée dt> connaître sa: bonne conduite et son amour pour ses parents: elle promit de lui être utile; et. après avoir dit quelques mots en françaia il. une dame de sa mruson. elle la congMIR d'un signe de tete. Penoont les premiers jours qu'elle pas~a chez sa nouvelle protectrice, Prascovie se trouva fort isolée et fort embarrassée; elle aurait préféré être retenue chez ses amis de Wassili-Ostrow, ou même chez le marchand. Cependant, après quelques jours, elle fut plus à son aise dans la maison, et fit connaissance avec les personnes qui l'h>abitalent Les domestiques étaient aussi obligeants que leur maîtresse êtalt bonne et généreuse. Elle mangeait à la table de la princesse, que son grand âge et ses infirmités empêchaient souvent de paraître, et n'avait jamais l'occasion de lui parler en particulier. Bientôt les per· !'onnes de la société s'accoutumèrent Il sa présence et ne s'occupèrent plus d'elle. La jeune étrangère avait souvent fait parler A la princesse du but de son voyage et de sea espérances; mais soit que cette dame en regardât le succès comme impossible, soit que 1eR personnes qui s'étaient chargées de lul parler l'eussent négligé, ses prières n'eurent aucun résultat, et tntltf"' ~'~'~ " p,.,,.nn~eA étaient uniqllf'lllenl ron<lét·,: snr ls pt·otE-C-

l

.,

15 t1on de ses amis de Wasslli-Ostrow. \!U'elle voyait assez souvent. Pendant qu'elle était encol'e chez son premier h ôte, un officier de la chancellerie, M. V ... , secrétaire des comma.udements de S. M. I. l'impératrice mère, lui avait conseillé de présenter une requête pour obtenir des secours, et s'était cbargé lui-même de la faire parvenir, M. V .. . croyant secourir un pauvre ordinaire, lui avait destiné 50 roubles, et lui fit dire de passer chez lui. Elle s'y présenta le matin lorsqu'il était eu ville, et fut reçue par Mme V ... , qui l'accueillit <'lmicalement, et qui entendlt le récit de ses aventures avec autant de surprl~e que de plaisir. La jeune fille était enfin sur la r oute qui devait la conduire bientôt ll. l'accomplissement de tous ses vœux. Ume V. . . la pria d'attendre le retour de son mari; et, dans la longue conférence qu'elles eurent ensemble, cette dame sentit redoubler l'intérêt qu' elle a.v.alt conç;n an premier ahord pour Prasrovie. Lorsque les personnes d'un v1·:ti mél'ite, lorsque les bonnes âmes se rencontrent pour la première fois, elles ne fout point connai ~­ sance; on peut dire qu'elles se reconnaisseut comme de vieux amis, qui n'étaient séparés que par l'éloignement ou l'inégalité des conditions. Dans la première heure que Prasco1•le pas~a chez cette dame, elle reconnut avec transPOli: cet accueil simple et cordJal qui ne l'avait jamais trompée da.us ses espérances, et pressentit son bonheur; elle trouvait dans son cœur plus de confiance qu'elle n'en avait jamais éprouvé. Ses prières, écoutées pat· la bit>nveillance et soutenues par J'espoir, eurent toute la chaleur qui devait en assurer IP succès. A son retour, M. Y. . . partagea les sentiments de son épouse, et ne voulut point offrir i\. la jeune fme le secours qu'li lui a vait destinê saus la connaître. Comme Il devait retourner â la cour incessamment, il promit de la recommander à Sa Majesté, si le temps et les affaires le permettaient, et la pria de dîner chez lui pour recevoir sa réponse. J./impêratrice ordonna que Prascovie lut t6t Prt'qPotl'e le même soir il. six heures. La

\·oyageuse ne s'attendrait point à tant de bolllleur. Lorsqu'elle en reçut l'assurance, elle pâlit et fut prête à se trouver mal A.u lieu de remercier llf. Y ... , elle leva ''ers le ciel ses yeux pleins de larmes. « 0 mon Dieu! s'écria-t-elle, je n'Ill donc pas mis en \'ain mon espoir en vous! » Pleine du trouble qui l'agitait et ne S<Jchoant comment témoigner sa reconnaissance à son nouveau protecteur, elle baisait les wains de Mme V . . . · q Vous seule, lu! disait-elle, êtes digne de faire agréer mes remerciements à l'homme Nenfaisant dont j'attends la déllvrnncP de mon père!» Vers le soir, sans rien changer à son cOf!tume simple, on donna quelques soins à sa toilette, et M. V. . . la conduisit à la cour. En approchant du palais impérial, elle pensait à son père, qui lu! en avait représenté l'entrée comme si difficile. u S'il me voyait maintenant! disait-elle à son conducteur; s'il savait devant qui je vais paraître! quelle .1oie n'éprouverait-il pas! Mon Dieu ! mon Dieu! achevez votre ouvrage!)) Sans faire la moindre demande sur la manière dont elle devait se présen ter, ni sur ce qu'elle devait dire, elle entm sanA trouble dans le cabinet de l'Impératrice. Sa Majesté la reçut a vec sa bonté connue et l'interrogea sur les circonstances de son histoire, qu'elle désirait connaître, d'après le précis que lui en avait falt M. V .. .. Prascovie répondit avec une assurance modeste, comme aurait pu le faire une personne possédant J'usage du monde. Elle parla du but de son voyage; p11rsuadée de l'innocence de son père, elle na demanda point sa grâce, mais la révision de son procès. Sa Majesté loua: son courage, sa piété filiale; elle promit de la r ecommander il. l'empereur, et lui fit remettre aussitôt trois cents roubles pour ses premiers besoins, en attendant de nouveaux bienfaits. Prascovie sortit du palais tellement pénétrée de son bonheur et de la bonté de l'im1 p~ratrtce, que, lorsqu'à son retour Mme v .. . lui dema.uda si elle était contente de sa prêl sentation, elle ne put répondre que par un torrent de larmes. j Pendant son absence, une dame de la mai; ROll de la pl'iocesse T . . . , ne 1:1 'l'oyant pas re-


xxne année

1902/03

.lü i·erur depuis le matin, intetTogeo, le uvùl~~L- · que qui l'avait accompagnée, et apprit de lui qu' Il l'avait vue monter en voiture avec M. Y .. . pour se rendre à la cour: ou était donc informé de sa présentation. Lorsqu'elle renlra, vers les neuf ·heures du soir, elle fut a.ussitôt, et pour la première fois, appel<!e au salon: le succès qu'elle venait d'obtenir avait opéré une petite révo lution dans l'esprit de tout le monde. Son bonheur fit le plus grand plaisir à ses •amis, et parut en frtire davantagt'l encore a.ux personnes qui ne lui avaient témoigné jusqu'alors que de l'indifférence. On observa qu'elle avait une jolie tournure <>t de beaux yeux. Lorsqu'elle raconta les promesses de Sa Majesté, et les espér'llnces qu'elle.en avait conçues pour la délivrance rte son père, on trouva cela tout naturel et fort :ûsê. Plusieurs des membœs de la société >!'offiirent généreusement de parleJ.' au m iuistre en sa faveur et de la protéger; enfin, le contentement parut général, et le jouem· de boston, après que les remises fm·ent acheYées, donna lui-même des marques sensibles tl' Intérêt. Elle sc retim bientôt dans sa chambre pour I!P mettre eu prières, et pour remercier Dieu !les faveurs inattendues qu'elle venait <l'en recevoir. Son bonheur lui Ota. pendant plu~lenrs heures le sommeil qui l'avait fuie si ~ouvent pour des causes bien différentes. Lorsqu'elle f>e réveilla le lendemain, et que le souvenir de tout ce qui s'était pa.ssé ln 1·eUie rentra clan ,. !<Il mémoit·e, e lle fit un <'l'i de joie: u. N'est-ce pas no songe trompent' qui m'abuse? est-il bien vrai que j'al vu l'impératrice? qu'elle m'a pnrlé ttvec tant de bonté? 'l.l Les transports de sa joie a ugmentaient à mesure que ses idées plus claires ~e débarr!lssaient des vapeurs du sommei L Elle s'habilla. promptement: et, afin de s'assurer eucore de la rê:ùitfl des événements de la veille, (·lie com11t aussitôt ouvt·ir un tiroir dans 1Pque1 se trouvait l'argent qu'elle oavait reçu par ordre de Sa Majesté. Quelques jours après, l'Impératrice mère lui fit assigner une pension, et voulut bien Plie-même ln présenter il l'emperem· et :l l'ltnpllratrice régnante, qui l'accueillirent aussi

1:~vorablemeut.

Elle reçut de lem· générosité

uu présent de cinq mille roubles, et des o:-

dres furent données pour ln révision du procè~ de son père. ,-,c vif intérêt qu'elle inspira bientôt ù. 1\1. de K ... , miniro;tre de l' intérieur, ainsi qu'à toute sa famille, aplanit toutes les ditflcultl>s. Cet homme respectable possédait deux nvantages qui se trouvent rarement réunis clans le~ personnes en place: le pouvoir et le désir d'obliger ; et plus d'une foiR les set·viceb qu'il l)imait à rendre prévinrent les démarches des malheureux. M. de K. . . mit toute l'obligeance qui lui était naturelle il terminer la révision du procès dont il était chargé; et, depuis ce moment, l'intéressante solllctteuse n'eut plus aucune inquiétude sm· son sort à venir. Connue à la cour et favorisée elu ministre, Prascovie voy::üt avec plus c'e surprise eneoœ que de jote l'empressement subit que 11.' publie lui tl'moignJtit. Les ministres étrangers et les persounes les plus considérables cle ln ville voulurent la. voir, et lni donnèrent des marques ùe bienveillance. La prince>t>"e Y. . . et Mme W. . . lui a.ssn. rt\rent l'une et l'antre une pension de C<'Dl roubles. Cette faveur générale u'iufluu. point ;;ur sa manière d' être, et ne lui donnn jamais le moindr~ mouYement de vanité. Elle illV81t ùaus le monde cette assurance que donne ln simplicité, j'oserai dire CP.tti> hardiesse de l'innocence. qui ue c·roit p;c>; :1 ln m~rlHHl · ceté rlcs autt·cs. l/étude approfondie ùu monde r:unèlle t.ou· jours ceux qui l'ont faite :tvec• fruit 1'1. p:t· rartre slmpleR et sans prétentions: en sorte que l'on travaille quelquefois longtemps ponr ani1er au poillt par oü l'on devrait rommeu · cer. P r nscovie, simple en effet et sans pri'· tentions, n'avait besoin d'aucun effort pour l•~ p ar attre, et ne sc trouva.it jamais déplacée dans la bonne société. Un j ugement sn in, nn esprit j uste et uatlll'el, suppléair il !:!On ignll· 1·ance profonde ne tonte chose, ct f;ouvent sPs répon se~ inattendue~: r•t fl.'l'mc~'< clér·nnN•t·h~· rent le~ indisrl'etA. ( .4.

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