XXIII 0 année
1904
48 iiment la main à la visière de son képi. Je 1 voudrais parler au colonrl. - An colonel! s'exdama la soubrette. Eh ben, vous n'avez pas peur. En v'là Ullle .santé! Mais il n'est pas levé, le colonel. - Comment, pas levé? Y a cependant longtemps que le ~·éveil a sonné. Que peu1t-il bien fichm· dans 'Son lit à c'te heure? Y va se faire coffrer. Dites-lui que le soldat LaJouette, matricule 16,459, désu-e lui parler. C'est pressant ! - Si c'est vraiment ,ru·gent, déclara la femme de chambre, je veux bien l'éveiller. Ma t'ois, tant pis pour vous. - Quand je vous dis qu'on ,attend la réponse pour l'apéritif, le déjeuner au XXXe siècle et le reste. S'agit pas de blagues, je suppose! Devant cette insistance, la bonne fit entrer Lalouette et alla trap,per à lai porte de l a chambre à coucher de l'officier. Celui-ci, qui avait quitté de.puis peu son édredon, était justement en train de se faire la barbe: Volontiers, il eüt ,envoyé au diable l'impoil"tuD, mais comme la servante affu-mait qu'il s'agissait d'un message important, il donna l'ordre .d'introduire le militaire. Lalouette s'a>"ança gauchement, son képi à la main: - Pru·don, excuses, mon colonel, dit-il, je me inomme Lalouette, je venais ... A cet endroit de son discours il s'arrêta .net. - Et apr~? questionna le commandant. - Après? Ben, mon colon.el, .sauf vot'respect, je veinais, j 'étais venu ... je voulais . . . - Mais parle donc, animal! rugit l'officier, qui dans un mouvement un peu brusque, venait de se taillader la joue droite. Que veux-tu ? Qu'y a-t-il? - Ben, mon colonel, voici la chose ... Je venais . . . - Encore! - Je venais pour apporter à mon colonel mes vœux cle bonne année et' lui .s ouhaiter, ainsi qu'à sa clame, cles jom·s n'heureux, d'la santé, et le bonheru· dans le ménage. - Tiens, tiens, fit le colonel, touché. C'est très bien cela, mon garçon. Je te remercie ... - Y a pas de quoi! répondit vivement Lalouette tout heureux de la tourntu:e que prenaient les choses. - Mais 'Si, mais ,si. C'est très gentil de ta part. Aussi voilà 20 fr. pour boire un verre à ma santé avec les camarades. - Oh! c'est trop, mon colonel. Lafond m' av.a,i t parlé d'un demi loujs, 15 fr. me ,s uffisent amplement pour fau-e la fête, voit· la ména-
gede, etcepte1·a, etcept era. J ' veux pa s vous filouter, moi! Tenez, reprenez les cent sous cle surplus. Faut être juste, que <liable!
---------·-···-----Variétés
* Avec l,a, mauvaise saison nous avons moins souven t la facilité de nous retremper au grand air. Vivant davantage chez nous, nous devons aérer nos appartements, le plus fréquemment possible. Pendant la nuit, il serait e,xcellent de laisser entr'ouvertes les fenêtres de nos cham· bres afin de renouveler constamment l'.ajr que .~ ous respirons. Et si nous ne voulons pas recomir à ce procédé en honneur cbez les Américains, les Allemands, les Anglais, etc., gardons-nous en to,us cas d·encombrer les pièces où nous dormons. Tapis, tentures, rideaux de lit, etc ... , sont contraires à l'hygiène. Les courtes-pointes et autres housses qui recouvrent le lit, empêchent l'aération et conservent les miasmes et microbes. Autant que possible, il faut garnir nos chambres de plantes vertes qui aseptisent l'air et n'épandent pas une odeur violente. Essayez et vous vous en trouverez à met·· veille. C'est une recette simple et :tia.cile, qui vaut bien des élixirs de longue vie!
HONTEUSE EXPLOITATION. - A l'Hô· tel-Dieu dé Reims, les Sœurs Augustine,s soignaient toutes les mis,êres humaines depuis l'année 882. On les a vait ainsi supportées penda,nt 1022 ans! C' était donc temps d'en finir. Aussi, profitant des bonnes dispositions de Combes le maire cle Retms, socialiste plus que millionnaire, en a ordonné la prompte et brutale expulsion. Elle s' est accomplie le 14 novembre. En vain, les religieus es ont supplié d'a.journer jusqu'au 16 l'exécution de La tyrannique sentance, pour n'être pas obligées de voyager le dimanche ni exposées à sei trouv,er sans mobilieI" •s ur la terre étrangère. A cause du danger que courait la patrie, elles ont dü s·ans retard débru·rasser de lem· présence la France épouvantée. Et le bon peuple a laissé fair e! * LE PETIT TOMY. - Papa, j 'ai ramassé aujourd'hui 1 fr. clans la rue. - Et tu l'as r endu à son possesseur, naturellement? Oui, père. - C'est très bien ça, mon enfant. Il faut dil·e aus si que je pouvais <lifficilement faire autrement; H me tenait par l'o· reille.
DE LA
SOCIÉTÉ VALAISANNE D ' EDUCATION
L'Ecole primaire d onne de 15 à 18 li vraisons de 16 pages chac une, non compris la couverture, et autant de su ppléments de 8 ù 16 pages pendant l'a11née ord inaire de 12 mois.
PJ"ix cl' abonnement : S u isse fr. 2.50 Union Jtostale fr. 3 Tc-ut cc qui cc-11cc1,nc let publicetticn dc it ~tre "dressé directement èt M . P. PIGNA T , 1r 1• sccrétetirc 1t l'lnstructicn publique, èt S ion.
App1•en e z t ontes choses e t 1'etene z ce qui est bon.
(S . Paul/
2
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* ne J'Pnco111brnnent des lib(>ral!,s et admiui stL·,ative s. l'indol<-'ul'e l'lt<,r, lel'l enfa.r its . petits relJelles 0suite et fin).
<:.11-ril•rpi; - .'.'· J)e - -~ J:es - •· Uue vi.site dans les écoles primaires cl'Y verdon. - .,. La volonté à l'étole. - ~- Deux mots de l'enseignement par intuition. - * L'lüstoire à l'école prima.ire. * Autori tt.> du maître. - *.\.. l'école. L'épuration du laugage popt1l_ai1·_P; Les promenades s colaires. - \ a n et és : Petits pas dans la neige. Le langage tcclmiqn P Pl l('S rné tn.ph o1·e s en1prnn1éPs à la natnrl', faits div e rs e t aue cdotes. - o---=-
jS0n11nah·e du Sup1llément
- u-
Ecoles no1·males. Lf• eour·s d e rPpétitioo pour institut e urs s P ti<'ndr;t en mai et juiu pl'O· ebaiu, cumwc l'année dernèJ'e. L P nombre des ins criptions pour le s11 1vre esr. déjà a t teiut, sin011 d é pa s s {> :-mi "_an t t·hiffrp des places qui seront dlspom-
1:
lJJe,s. Ponr ~\llll·s Je:, lnstitnlriœs, s i un t e l l'<.mr s s' on vre c ett e ann é e. il ne p ou na t1•f'8 jH·oba lJ IP111e 11t qne se 1euir e u a11 tomof', <·0 01 1111 · j11s q11'i\'i. l·11 c dh· i silJu offieielle l:'t pl'éci-sP .'1 l'L' sujet paraîha ici nltérietuf'ment. -0-
Personncl enseignant. L<· tablN111 d11 ]Wl'S01lllf'I C' JHWigmwt priwai1·< poul' h (·ou1·s s colnire l!l~3~ HJOJ ra sortir de presse. Il ,s era JOlllt: 0
-0-
SiON, Jer Février 1904
XXI1Ime année
L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA
Cours d'lnst1·uc tion 1•001· maîtt·es de dessin
SOCIETE VALAISANNE ])·E»UCAT'ION
U.u 11ouYeau eours ,l'instrue tiou p ou,r maî -
tres d e Lle1;,;in :1ur:1 lieu au 'l'ech11ir11u1 llr F r iLJomg1. du 14 avril au 30 juillet lUOJ. Les lJa rti cipants ù ce com·,; ::;011 t s ulJve n tionnés pa r leur can t on e t par la Co11fé ,léra· tion. Us cloi venl r e mplir le::; u mclitious s ui,aut es: 1 E t re :1~(·,; Ll e 18 nus au 111 oins . Four11ir la p reu ve qu' il,; ont a econ1 1'.li le programm e Ll'tmc d C\':; écoles s uiv nnte,s : ccol e iud11 sl riellc . g,nnnao;c, (•col f' 11orUJ:1lc-. etc-. vomTa :rn><:-;i Pxceptiottnf'llemc 11 t :1<11_11l' I tre _a e l'•::: co1m,1. Llt's nrlisa.ns capalJlc::s, 1mus pus,;: · dani an 11win:s lïustrudion qu·ou peut acqll e· rir Lhllls une é cole ::;ei::ondair e. Le 11l'Og ra 111111 e compre nd -Ki lwure,; _il e tra va il 1):1.l' semain e . l'é l):ll' t ies <.:Ollllllf' sui t: l~l'O· je l'l ioJJ , li 11. ; dessin :'L Yn e. S li. ; tlP:-sm tl OI'· ; 1cmt.•11 I. :ipJJli,Ju(• :\ lï11tlu,-tril', (i l1. ; i:;tude <l e formes o n1 L•11 1eulales , 8 !J. ; é tude Li e,; ,; l)·le:, et tk s c·oulcu'I_·:;. :_; li. ; 1110,l elage. ·l 11. ; l)C'l'S· [Jcc:tiY e lin(•nire. :.l li. : ITn cé d'owùres. :.l h. ; 1_ee hnologie ,et r (·s i::; l:rn c:e tle>< rna t(•rim.1x, l h . ; uot ious gŒu (•ralcs d e rn éeaniquc, 1 li .: clcs "iu profps~iornu e l po u r vciu(res. gy psenr,; et JitliogntJJh ll" , -1 J1. ' L es Î!l,<('J'ÎlJ'tiOUS JJOIIL' l'l' ('Oll l'>< ~oul l't' •:11(':S a11pr è ,-; tle 1\ (. le Uiredt-•ur tlu ' l\ ll'l111 k uu1 il.
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I a eom rn un ion fi-éq ueu 1P. - ·LI' ÙPpa rt des) religit>ux. - Ce qne dit l_'lt<'.rlo,ge. - Chant et urnsique. - Le XIX e SJC· cle. - En pa.}'S sierrois \ \' eno~·in) . [tilan 1-{éograplüque de 1903 ~smte). ( ·oosdl aux agriculfr111·s. - Co1111nabilité al-{1·it·ole. L ' 1•us1.•ig,H'IIH'llt _<1t· l 'al-{ric11ltm·c. Le . d1'.'}x des saprns \\'01Jte de ~oël). - \ ar1etés.
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.·, uotn· peo\'bai n e lin.iis on CX0 -!), laq uf'l lP appm·tr1·,1 (-g-nle 11wu(, po111· 1111(· p.1.r!iL· dP 110s alJoun rR. un p1·08pL·l't11 l'l sph·ial .r e lat if i, 1'011 nag-e 11 .\..n tliolo. ;.;fo dPs poètPs ntlnisans. >>
l·'riliour;.:·. _iu :s1111·,111 :!::i mars 1!10~. J•; llf' ,101 n•11t. Mn• :l t"c·o rn p :1gu (•e:-; tl e:; tliplt>wt':; e l cer· t il'i eals et d e::;,; in H tic s earnlid :11 ::;. -
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Cahiei·s s ous-main. . \.. la dPniandc for.w111 <1(• p:u· J\Jl\1 . l eR Iuspf'd1 ·111·,i; S l'O l. ti1·v:-:, q1H' Il' 1)(1pôt d t>~ liHes J '<'l'o le ~oit t•µ; ;ll1' llll' u l ,tpprnn· sionné en f o ul'nil ure i- d1· b11rea11 Pt 1LOtam1111•ul Pli papie1·, le dit _ü é11ôt a f~1i !
l':1l'q11is itiou ÙI'
cl' lllH' \'.l'dame quanti! ~· \'.tliif> l'S· S OUS·IJl.tÏll, do nt llll Kp éCL·
llll'U fot aù1·('·s sé l'nnuél' Ll e l'ui i're ù tou L le p t·1:su11nl'l l'Hrs Pig·na11 t. La 1.1~ 11 ,·elle pro,·i sion qui eu Yienl d'être faite, d e
* De l'encombrement des ca1•1•iè1•es libérales et administratives
ehrétiens d'éclairer l es élèves et Jes fa. milles de discerner les aptitudes et ' . . les vo,e a.tions, en un mot de ne Jamais perd1·e de vue le bien individuel, celui de la sociétP el· l 'honneur de la religion. li faut qu'ils sachent arrêter à temps et diriger ,·ers des écoles d'.agricuHure, de commerce on d'industrie, les jP1mes g-enR qui ne lenr paraissent pas a11lt·~; ù 1wofiter <l'une <:ultul'e ljttérail'e p l us déYeloppée. Ils ne doh-eint non plus jamais perdre de vu e que Dieu a.ppel! P. nn <·ertain uolllbre de Jeunes g-eus ù un déYouement plus abs ol u dans l'étllt t•c·c· léi,,ia1stiqtH' 011 dan,s la vie reli g-iPu:,;f', ('(· qne l'impossibilité de fr o u11•t· nue l,ll'l'ière con 1·enrLbl<' peut tenit· à te r111e b, Yoix de Die u u'a pas été
li semble quP, ile uos joun1, lt,s jenue,s g-Pnénition.s sont fatJalPment emportées ]J,W un courant .irrésistible ,ers l(~s (';11·1·ièePs libéntles el .1,1hninistra.ti1 ,.,,, n1 a lgT1; lt•s 110J11b1·1•nx i.rn.:o,u-,·éni\'nts indiyi1dueJ.s ,et soeia11x qui 1·en1kn l qnm!i inexplieable l 'engonPmL'nt do,n t t>llC'S :,;ont l'objet. <.'P t (~tat de chose,s nécc·ssilc dorn· une 1 ig-0111·PtJ8<' 1·t>n.dion qui l'Onsiste .'t 11e p:t·R ,·onloir, 1·oîlt1~ qut> l'OÜlP , an·aehel' :1 la h·n1• <1f,s j,eunes g-c>u::i mPdiocl'e· 111, ·1fft 1lo11és pour les él ndP,1s l'i: 11 ni, an l ien (lp fafrc• rnloir a,-cc :-:11t·eès h• sol entl'ndu(•. 1lt•:,; ::incp11·p:-;, n'nbo,uLi,ssent qu'ù augE11 R01nmP, faire la guerre ù l'imlivi1nt•ntt>1· la multitude dt•s l'alés dt> l'édualismr, insi,stel' sur tout CP qui peut coh- <'t des <lé('la s sés. ~ans mfronnaî- déve loppèr (:bez les je11nes gPn.s l 'hom1i·t· l c,fl :1 ,·au!<1ges q m· veuveut offrir les me <:omplet, établir, si p oss,ibk, de,s ;1 utrc·:-: t',Hl'iè res en Ylll' ,l'une action confé1·e11ees ù'études 11ouyant les aider s,,cinl1· bi0n en.h~mluP, il irnp01·1-e de ;t fain, ]pur choix, ,13oit en appelant leur s'tH:c,1p1°1· rrnetou t ;'t l mll·t>I' L1 jnrneisse uttP11ti o11 sur kR c·01Hlitions s1wiak·s d:11rn .([pi:, n1niè1·(•,s p1·od11ct ives: ngl'i- actuPll es, soif en les habituant à la ré1·11 ltu1·1·, industri1·, comuw,i·el', Pte. flexion per,sounelle, voi là dans cette 011 c-ousülte hélas! qu,e le plus sé- impo1·lan te question, le l'ôle ,les éducal'i•<•nx obst,:l.l'I(• ;111 dé l'Ploppenwnt dl· t c• m·s chrétiens. 1·e,s lJ1·;rntbP:s 11<..- la ,·ip müionalt> est ,J . M., insrt., Haudère~. da11:4 i<'s p t·étentions exagé1·é.es <JUL' l'on iuspÜ'L" de holllw hem·P, mème aux fils Ùt> paysau,s, et qui font dé]Jl'écier l'a.* De l'indolence gTicnliure, m é pri sèr lP eo101nerce, surchez les enfants 1ont lP pPtit commercP d l'industl'iP, et 11référn la donc:P !JuiétndP du foncL'indolenC'C est l e mnnque d'énergie_, 1 ionnairl· :'t l'aléa. de la ,·ie des champs. de courage, de volonté, qui no,ns rl:'-nù [l ,11,pnl"li1' 11i s 11rl o n t anx maîtr<'8 cornmp ine1'tfl et impas1sihle. Y n-t-il dPs
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34 t>nfants yérîtablement indolents? Nous ne le pens·ons pas. Il y a, sanJs doutP, des Pnfants non ehalants et même pal"l'sseux; mais tous out un point sens ible et n1lnérable, par où ou plè'ut les atteind1·e. Si, da.u s nos classes, il nous paraît que l'élève est teop passif, c'est (}llle nou,s n e lni faisons pas aissez pren· dre de 1mrt ;\ la leç:on, c'e st que nous n'éyeillons pas as,sez ses sens et son espl'it. En un mot, notre en,seignement Pst tr-op abstrait l"t n'intéresse q u,e peu nos pPtits auditeurs. C'est d'abord sur les sens qu'il faudrait agh· afin que lei impressions fussPnt plus durables. Il y a longtemps qu'on l'a dit pour la première fois, c' est l'ens,e ignement p.ar l'aspe·e t, par la form e·, pai· les coukurs q II i, surtout dans l<' premier i\,ge, <lonm..' le plus de 1·ésultnts. Ooménius., Ralwlais, 1fon taigne, Pt>Htalozzi, l'a bbé Gau ltier et, d( no s joms, F réd éric Fl'œbt.'I. Octavi e .\Jas.son, ·11nw Pap(' -CarJ>Pn t ier, Rousse lot, ~\. ng-ustin G rossPli11 , :\DL Gré.nd, Bnü;son d lwaneoup d 'a ntr<·s l'ont p1·éc:oni,s,('i avel' ra.is(m. .Ua,.i s la routine ·est une 1mis1s a,n ce aussi tenace qu'aveugle, et beaucoup d'instituteurs n' ont pu encor-e s'en débarra.ssel' ; ils enscigneut froidenH'ut-, le li v1'P à la main, sans interroger l'enfain t, sans intél'e1sser ses ,sens quand ils le peuvent. Aussi ne faut-il point s'étonner si l'élève ne retierut pas un.e leçon faite de la sortie. Comment pour 1·ait-il se l'a,ssimiler, vuisqu'il ne la sa,isit pas, qu'il ne la comprend pa,s. Il y aSiSist e impassible, en pensant à autre ehose. Si, au contraire, il avait devant lui les chosPs qui font l'objet de la ler,:on, si au moins il en a:vait l'image, il n.c pourrait faire a.utrement que d' obse:rre1·, de r eimarq uer, surtout s i lL' maître aceornpagnait cette exhibition de q ueistions sur la fornH·, la cou lenr, le poids, la prnvenance i>t l' us.age <les c1l10se,s présentées. C'e,s t oe que les Anglais et les Amérirains appellent t( objets lPs0
,sons >> et ce q1w no,u:s appe lon s r( 10r,:ons de cb0S1es. >> C'est \.a méthode intuiiti.e imaginéP pa1· Pestalozzi. Non seulement ell P agit sur les sens, mai,s c'est par (•ux qu'elle éveille l'intelligenee. Leis <Jlllestions d e l' in stitut eur fo1·epnt l'enfa11t à parler et à raLsonn e,r. Cette méthode, r éritablenwnt ne! in•, n'est-Plle pa,s bi011 lH'éférabl,e à la méthod e pur,em<:'nt expositive et didactique? L'enfant, d'ailleurs, n'ainw poi n: les abstl'af·tions, biPn qu'il en fasse lmmême déjii. Q1w nos Jp~ons so.ic>nt clone l'int.n ks P1 conl'rMes, Pt q ne . nos éli>ves, autant qne pos1s iblP, ~· p:n'lllH~nt une part active. Le plus sonVl'ut, ce que cert ains maîtJ-pi:; eon s id èn•nt t,omm<> d<' l'indol0nc0 nattn'<'II<' proviPnt ton! simplPmt>1Ü cle ln düürn<.:tion t·a nséP par le ]J<~n d' iniérH qui· les l<·çons ont von1· l'enfant. C'est pourquo,i il faut bien se gardn dt> fa irP des l<>(,'.ons pure-men;t expositives d dida.d iqueis, au eontrairP, snrt ont dan s les divi,sions infh·iem·<'·S, ,i l faut lPur fairP J)J'Pndre part à la ler,:on par dt>s quesüons aid1·o i,tes grnduéP-s. C'e quP nous peenons anssi q rnelquefois pour d P l'indo lence n'1°,s t qu'un<:> srn't<' d 'étourderiP prove.nant uatnrPllem<'nt de l'inapplication de l'esprit de l'élève, qui, s'il p,st dtstrait par une cause q nelconque, ne p rêtP point son attention. à la. leçon ,clin ma'lfre, ni aux <>xe1·c·icP-s qni la suiv1·nt. E n outre, ,s i l'institut1,nr n'a pas l(' so;in de prépa.rer l'él èYe à. la rédaction des d evoirs , il ien r ésulte lP plus souvPnt que l'enfant les rédige sans aucune r•éflexion. Ainsi l'étourdPrie natun· ll <· finit par devPnir un défaut grwve dont l'élève a beaucoup dP peine à se corriger plu,s tard. Il faut don t accoutumer l'enfa nt, dès son entrée à l'éeolP, i'l r!'>fléchir avant de pal'lcr. avant d'écrin'. avallit d'ap;jr. ÛL' sera lù. lui l'end1·P un gTa,nd ,servü:t> Pt le prése.1·vt>l', dans l'a,t>ni1·, d e bi<-'n dPs déeonyenue.s et de bien des s m•,p ris,Ps (lés,n.grén hlcs.
Pom- Ya,incre l'lntlolf"nC<' tJe l'élève Pt (,vcille.1· son aiten t:ion, il faut snrtont frappe1· l(,s sPns. C'est Je p1·0:p1·1• d e la 111PN1od1 · iulnHiv r, qui a.cC"Outnnw l'n1r.1nt il 1w11He1·, ù. obsl'r,·1•1·, h 1·6fléd1il·, it t enir <·nrnpte deH dreonstancl's. l'om· cela, .i l 11't>s l- paR bC'soin d ' exercices spéeia.u x, 1": 1 r t o uü~s le·s ma.tières d,e l'l'llSPig-rn'llll'llt lJCll\'ent SC p rêtier à cctk éd ucation pa1·ti culièl'e de l'élèn:>. 11 s'a.git toni simplPment de l' habituer à faire tons ses exPrcicPs avee soin, en réf lfrhiss:1nt Pt en raisonmrnt. 1M.:üs si l l' maîtr (! va, vient, ge·s,ticu lt», 1:rie, tempèt-P, :,,e laürne a ller il l'<:mpo1·temeut et ù la. co lère, comment ven l-on que l' élèYP He soit poiut d istra.it en présP ncP rle ioutes <:N; exagé1·atiou,s Ù'e celni qui do it lni domw,· 1·,·xr•rnplP cl<· l'.a.ltPU· tio11. L PR Pnfau t·H qui :;o,ul indolt ,111ü,, mons, lég-t· t·1s, saris persé l'ét-an<:P, ont lwsoi11 d'ê11·p stimu lés, mai'S avee do11<·1•u1·. 11 h•m· fnu t uu e•nHeignement qni soit atha.yant pou1· l'UX et qui }eur plaii-<·. Employons pon1· <·l·h t l ps ta1,l<•aux Pt IC'l'l images, ag-i,ssons sur leurs svus, uH,tton:-i en u:;ag-P la mét hod1• so1:1·al iqrn! <>t inte1·1·oga.tiw·, ,et sontcnons l,•m· a ttt>111tion p:u· des explfrations con\'(•na bles ,H'(·ümpn.gnées de leç·ons d e ('h<Jse11. P)'(1n>quons leurs réflexio n,s, IP111·1; 1·éponisl'S, leurs n~clwrches po u1· ln l'P<lactiou des df'voirs, Pn nn mot, facil itous t·n Pnx k• tntYail vra.i mcut pnso1mel. ~'employons point ,surtoul, pour Yaiucee la n onchalan,ec fü, l'élè,e, ùei,; m oyf'ns lrop coe1·c: itifs. Plu,s fait tlmw<· m· qut' violente, e,t beaucoup de (·;1r;1c1è1·(•s sont pPu sensibles fülX puni tion s, qui ne font que les aigrir et a ugnwnt(·'Illt leu·1 · dégoût de l'étude. ·L es lomrngt·s Pl l Ps eécomp<:',nses prnduiRt'ni C'f'l'l a iu !:'mcnt plus d'effet . Il c,i,t vrai qu'il esi 1·xtrf>menwnt diffieih· dP triompher de l'indolence de,s P11fo uJs, Pt 1011s lPs maîtres so,nt <l'a,cCOl'Cl su i' c<' point. •Sa.cliollls intéresser nos élèves E't nothS varyiendrons, au m oins rlanR llll P ep1·fa i1w mPs tn e. ;\ lPs 1
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fail'e so1,tir dP leur torpeur naturelle ou aC:(Juise. DaITTS l'en,seignemen<t: de la. l l·ci u1·e, employo ns les ca,ractères mobiles, lei" a.pJ1a1·dl " cirt:ul.lil'es, la méllJOdl' p lwnétiq ue; dans celui de l'énj tun•, ser vons-nons de modèles gra1·és destinés à être imités par les élèves, ou écrivons nou,s.-mêmes les modèlPs nu tableau noir. Poul' la langue franç:ai,se, .servons-nous, surtout pour les commen1ç;.a.n ts, des grammaires illustrées; pour le calcul et l,e système rn(ltdq ue, du boulier compteur et nurnérate111·; c1Ps ea illonx, dus bûch ettes, d Ps balles de laine tei nte, des mesures et des poids réels, du compendium métt-iq ue, des tableaux des vo,ids et mesnl'es; p oue les sciences p·hysiq ues et na' t111·PIIP.s, l'agricultm•e (~t l'horti culture , t11,:,; t.1b lt·a ux 1'! des collections de Dey1·o llcs, du nrnsé< sc.;olaire, des ouvrages i 11 nsfr és; pou,· l 'h istoirP et h1 géo,grnplli'e, des tabl ea u x, d es cartes et des ob:jetis antiques; enfi11, pour la morale Pt l'instr-udion <:iviq,1w, de gr·a vnres et d' o 11 n-ngcs ill nstrés. En un mot, c'e1i!t Pn fn.ü ,nnt pal'le1· (]Ut' nou s pai·vit·nd 1·011 s ii incre l'indol,ence de l'élève. 0
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, llfred (' lta1ï'(m, a11rir11 pr1,fcRsr.11r, fJ/1icier d' Ar.adémir.
--------·-·--·-----* Les petits rebelles (Suite)
Poul" sP com,1ln cre d u sentiment d e justiee qui s'empare s i fortement de l'Nn' p ~ychique dt• l' t~nfant, il [a.ut surt out l'ét udier dans sa. vie seolail'e et là où il se cro,i t et est trop souvent lésé dans ses droits. A lors il devient un petit rebelle; i l est de sa nature hardi, il proteste ra à haute voix, il ira jnsqn'à l'insolence formelle; s'il e.st timide, la rébellion aura un effet tout intériéur; la snrface ,sera calm e, mais au fond il au ra de la haine, un désir de yc,ngc•nnee qui ne elter ch era qu'une occasion pour s'a.ssou ~'fr. Pauv re maître, q ui c1·oit avoir <Jpvant l ui de petits Ben-
37 36 jamins soumis parce qu'ils ont peur et ne bougent pas., et qui ne forment Pll réa.lité que des traitres, de petit s hy]_)Onitf's ! Mnlhem·eux éducaieur qui, sous l'apparence de la discipli n e, sème l'anarchie! S'il est injust e - et il suffit d'un seul acte pom· être co ndamné par les écolier,s - il au ea fomenté des instincts té,olntionnaires parrui ses Pl è,es. M. Lino Feniani a fait une enq nête s1ur JOO enfants d e difffrt>ntes conditions soci a lL·s, et il en résulte que tous a,aie nt u n e l0ndance ù l a rébl'llion et que 25 étaiPnl plns indiscipli nés que les autn•s. Or , ces :2.5 n.wüent eu chez eux ou ù l'école ù s·ouffril' de 11uel q ue ioju.sti cc. Sut l e1s répo111s,es obt e,1111Ps d'Pnx, M. Ferria11i non s en donne douze particu lièrement i.}'piques, qui f.-on t d<'i:i espèee,s d<' deYises, de pl'intipes fondamentaux de petits révoltés. Les ~-oi ti: 1. ,J'aime mi l' UX un soufflet qn'mw i njustice. .-, A l'écol P tous doiYPnl êtr<' égn nx. i. Je détestP l'i nj rnsiti<.:e. 4. Prappe r un enfant est une liù:he1-é. Le maîtr.e est heureux que jP Il<' puir,;s<· paR ln i n ·ndt·r: son coup dl• 1>ied. 5. Quand jP Sl'ta i gnrnd, j <: me VPllg·erai fü,s injustices quP l'on uw (ail maintenant à l'école. G. J'aim e la justieP. 7. Ce q ne e'<"St <1ue la jus fü:e , je l '.ignon', m,üs je ,o,ais q n P j e m ' s npportf• 1>as l 'injusti<:e. S. Mon camai-ade Louis supporte to ut; moi pas, paece que l 'injustice m 'éeœn re. !). Quand jf' i,;cnti 1::-rarnl, je Sf'eai r<'.'1·1il11t ionnaire. 10. ,Je me S<·ns en rage quand on 11w <lonn e to1-t lm·sq ne je Rai,-; n voir 1·;1iflüll. 1 l. Qna u d l e rn aîl l'<" l'St injnst<:>, j' ai e11Yi.e de d éc!Ji 1·e1· t ons m e,s 1i Vl'l'•l:l et d'e1woyer au diable les études. 12 . Quand je ,·ois qu'on m e maltraite
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injustement , je me sens un courage d e lion. Non moins cai-,a ci éristiques sont l h, 1·éponses de quatre enfants, fils dP crimine l•s Yiolent1s. On y voit bl'i ll e r l1· facte m· hérédit..t.irf' p erfectionné pm· lt· milie u ambürnt. 1. Ail! non, jP n1· ,snppo1·t e pas l' i·n just i<·<· ; j<> ,snii,; capable de ca.sS·l'J· ht g .... à qui. Yeuit m'en fa.i re; 2. Jp suis petit, mais j<~ gnrndirai et je mP ,·,engn·ai d e tom; ks mnuntiis trait <-'ments <1 n e U1l' faii" subil' m:o n gT,rnd frè1·e ; :J. Ou me mall1·aitt>, j 'ai ll' deoi t ùe m e 1·éyoll n , de me défrndre i\. cou vs dr p ÏPlTe; 4. Qmu1d j 'ai affoi1·e it de,-1 indusl'es, .i<> YOtldnti~ H\'Oir· \Ill fn,-1 il 1)0111' l tll"l' cd u i qui commet une injustÎ<.:l'. Le dotmuenl est ù méditer. li }Jl'OnVl' le ra,·ng-P que peut fair·e nne i11juslite dam, l'.îu1 P des enfants. LPs édnt' n1-<>m·s prnfession11Pls ,sont ti-op If'Dtés µ:1'r fois d l· 1·é]J r-imt, 1· pa1· la fon·e les idées de l'évolk , de séyjr, d e mate1·, dl' dowvtel'. E u eé,tlité, on ne mate pas un e yolonté 1m s p lns qu'on enfeune un (· i<l ?l' . C'<"s t pa r la douc<·m·, pn r l ':1mou1·, R!' HIP liaSP fléi·il'lHH' (ip 1'6du cntion, (Jll'il b m t p1·otédt'1·. Il fa nt dirigl•1· ye1·s le bien, n·1·s les nobles <:anses, la pa,ssion d<' j ustice qu i t'st dans l'ftmP de,.: Pn fnnts. On 11e s,1.nr.:i if· Monff<··1· l;,,,.: Plans 1lP lPUl' ( ' CPlll'J./édutaÜ'lll' qui fait /ï. de CPS pl'Ïncipes, co01wet une lourde faute. Il manque df• plus it sa mi ssion ,social<:' en pl'épar,a nt dl·s r éYo ltéê\ <1ni i ront plus tard g1•0,-1sil' l'ar1111:~l' du l'J·inw o n c<.:l k d1· la r éyol nlion. Sandor.
* Une visite tians Jes écoles primah·es d 'Yverdon Yverdo11 p,-1f· nui> g-l·1iti ll e p t>li tt, \'Ïll ,· rnudoise ass ise trn.n qni lleme n t i:L l'exil·ém it(> du lac dr· ):e 1wh:itel. L<' pn~:~n-
~<· s ur le ,Tnl'a (•,st 1l'<'S pilto1·esq ue et g;f•npt eons idéi·abl ement; l'aiguille qu ' l es IJrouillal'ds qui vons tagui - l'lles do i 1·en.t c nfile1· ell Pl:l-rn(•nws pauent souYcnt, on n e se p laind1·1ait pas raît n u i nstrument b ien compliqué. <l'y rilTe .. \u een1re de la ,·ille ,s 'élè ,·ent E lles s'appliquent ; l'nfin Pn Yoiei nue les constn1d ions 11rnssi n's d' un rieux qui a réussi :\ pufiler son aignill<>; tond1.îtt>an, datant du 12rn e ·s ièt le et a·u- te joyeuse elle commence à bâtir une qnPI des tours, flanquées aux quaü e band r de ca licot bl anc sur la.quelle ('Oins, .s'cffon·ent de donner un a.ir sé- <'llc frra un surj1,t , avec dn beau fil rour è1T. I l n e parYient pas ii. l e p l'endre, le ge. L:1 main , malhabi le encore, fa it des <·lln Yin1x d1fdea.n ! ea1· eomment :woi r points trop longs et q u elquefois n'en l'afr morne Pt sé.-ère quand on a brite fait pas du t out . . \.vcc pati ence l a petons le1s jours dans sPi:; mm·s dt·s cen- tite fille , la tête p e nchée, r pprcnd son taines d'·enfanü1. (\0 ux-c,i vieunent y ouHage e t un gent il sou r ire vient éclairliercher ln bonne petite :,;cienee qn'c 1·er le Yi.s age dP cl'llP qui a réussi. Les d·e nx maîtresses pai·courent les rangs JJOS tOllllllUlles SUlSS('S distrib1wnt li.bé1·::tkment ù t on,S le111·s fntm·s cit'o- p1·p,;;sé,s dPs élèvE"S, et pc•udan t q ue près .w ns . LPs mm·ailles extfrieu1·es sont ta- de l'une d'elles, elles exp liquent la le pi·s ,s éPs d<' Ji('l'l'l', C>t, s ul' h1 plan'. se çon, lf's autres, a.tt<,ndnnt l enr tm1r, trid l'PSse bir·n en nH' la sta hw de l'es- eotpnt 1111P la rge· bande en coton blanc. fa l ozzi, qui ainw tant l es enfr111ts. et Ca r tontes ont ,1ppris e n même temps à tricok1·; it l'end1·oi1' d'abord et à l'ena illu stré Yverdon. On a ni ,·e au p1·emin · (> tagP a.pl'ès n•r,s ensuite. L'om·rage n 'est plns bien blanc; il tém oigne de l.a peine et du ,1 rnir monté un simple e,senli.cr de p in·1'('. Nous .-oici denrnt la log·p dn con - la b e m de la pctitP tricoteuse; d' au('iei-ge. }fa compagne, unl' a\mable ù-a- tres font dn point dP marqne. et sorlll<' dt• la rille qni s'on·111w beaucoup t·p11 t d'nn pP I it ·Rfl(' dP toi lP m arquée ù. dt's é('Olf'fl, s'expliqur : « :\.ladam(~ <"St lPur· nom lt> mOJ'CC'an dt· ca n e ,a.s br od1~ d<' pn:.;sage Pn n otl'c Yil l<' et drsire YOir Pn <·ofon rnugi, 0t ble u. Toutes les p eles (']HRSes dl•s rwtifrs filles Ji. Lt, D i- tites tNl'S sont conrbées attentives ; ou r ,·dem·, }I. Bettex, n ous rP~oit dans fa it s ilence et on écoute la. voix fü, la. son b nre·an ei' nou,s donn<· ('ark blan- maît1·esse qui cxplifp1e la théori e de l n eoutur0. <'11e pom· Yi.siü' t' t o ntt'fl les salles. On lllOnk un t'sca·l ie r. o n eu rt'de,s cend :Xous ·!:iortons, d 1·<monto11s nul' anclenx, on passe au trayc•rs de hu-g-es cor- ht> 1·;1,mpl' d'escali e1·s; la por te à I.1 t·idors Yoîit'és qni d oi n>u[· Nrt> ;o nvcnt qnelle n o us frappons s'ouvre, et nous bien étonnfs dr niir tant ck br nü et niici daus une aut re classe. Les f illetde ,·ie entre len ps Yienx rnn n;; pn[in on tes de 10 ans, assises gravement dans a n.i,·e dl·Yant nue> u01•t e qui s'o un·e, ku r bant, cou,sent proprement. La ,Joneemeni, et n ous Y;Jilù dmÎi,; la. cl::i.sse. main ,a plu·s Yi te, l 'aiguille pl us agik (1'e·s1 l'lwurt' {1(' 1'<111\Tët!!:C' mannPl. g·J isse plus régnlièr<'ment, e t Jp p antn43 ù :m pp,ti tes fill<'fl de 7 :; t< am1, 1rn- lou <l'Pnfant qn'ell<>s eonfe!'tionnent C'St 1,1illn ut sous la dir<'dion de Jr,111· mnî- hi<>11 nchevé; c:ependa,n t kH boutonni?>( re s,w de elasse <' t dt' la maifress<· d'ou- 1·es sont difficile,s ;L exécute1· mais on nagP adjoiutP qui p:tssc d' une diYi sion arrivP ~t bont. Le tritot non plus n '<'st thrns lllll' nntrr pom· ai d Pr i'l la nwî- pas oubl ié; id Ir bai- se t ricote en cntn•ss<· µ rin cipa le. E lles n ppre unPnt tie1·; ù rôt<> on ù l'endl'oit ; on commenl'art i;,i <liffi <'i le cl<' la conh11·l' ! Lem· te à 1·a.<·rnmmode1·; les élèv<:s sont apminuscule dé d'acier sembll:' bi1'n lom'd pliquées C't tr,1vaillent aw·c al'deur. pour leul' petit d oigt et a l'air de les "'C n e troisième classe, celle d es e n;1·(,tait
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38 fants de 12 ans se trou 17 e ensuite snr .notre chemin. Là on raceomwodait des ba,s. Des talo.n.s retricotés avec soin remplaçaient les vieux talons hors d'usage, et les pièces d'étoffe ueu·ve lraJ.1chaient vivement sur les teintes défraichies du vieux sarrau, qu'un long usage avait troué. Nous quittons le bon vieux chàteau qui abrite tant de jeunesse pour a ller au collège où se trouvent iu:s.tallés les cours professionnels. Les jeunes fille•8 du dernier cours de l'école primaire reçoivent là un complément d'enseignement ayant trait surtout a,n ménage. Chaque lundi, pendant qne le reste de la clas1se coud sous la direction de la maltre.sse d'ouvrage, les beureuse,s de semaine s'en vont pendant 5 jours de 2 à 5 h. de l'après-midi suivre des cour~ de ménage, de blanchissage et de repas.sage. Une cuisine, simple et cependant bien aménagée les reço·it et, sous la direction de Mm<' Collet, maHressP expérimentée, elles prépar,ent un l'Ppas au menu simple dont on l<'ur a Pxpliqué la confection et indiqué le prix de revient. Le 1~epa,s est ensuitP mangé par les jeunes ménagère,s qui s'installen;t gaîment autour d'une grande table placée dans la cuisine. Pui·s le ,·epas neh<>vé, elles lavent, frottent, l't remettent exactement en ordre leur petite euisine avec un eutrajn qni fait pla,isir à voi·r. Le jeudi. ou laTP, le wndrPdi. on repasse, et la semaine s uivant<· nnP Hill· tre section de la classe remplaee la premièrP qui reviendra danis trois s0rnai nes. Le cours si intérP.ssant est dû surtout à l'initiatin• d(• 1L lp Diredeur Bettex, qni a s,n bien cornprend1·e rnmbien il était utile a nx pt>tite8 filles de la classe ouvrièrP d'YvPrdou, d.'a:µprendrP awc plaisir il faire l<'s trnvaux du ménag<'. 0Pt Pssai a si bi0u réussi que Je voilà dorfoavant établi. Yverdon n'est pas la senl<' ruodesœ ville où les petites filles pauYl'es quitteI1Jt l'école sans connaitre bien la cou-
tu,·l', mais grùce à l'enseignement et au dérnuement de son directeur, e lle ,sera l'une de-s premières qui aura cherché à remédier à c,e malheur-eux état dl' chose, en apprenant à la jcu1w fille pauvre de 14 ans à aimer la prnpret·é et k, ménage, et il connaitr(' la belle science de la couture et du raccommod1a.ge, choses tonjonrs ,n écessaires, non pas SP·ulement ü la f ille de l'ouvrier, mais à toutes les mains féminines, qni restl'nt sou vent inoccupées, fa.u te de sa voir employer leurs doigts et leur temps. Puissent les direc:tions des écoJ.e,s l e coruprendre partout et suivre lf' bon exemple dP la. genrtilll• villP d' Y rerdon. Sion, Je 17 ja.nvier 1904.
minéP par l'aignille aimalJJtée est ponr le p ilote : le moyen supérieur a uq ul'l l' on snbordonnp ses moyen d' action. ' <( La fonte ('a11itale de notre édu.('ation, écrit avec raison le poète Jbs,en, ('•St d'a voi,· mis tout le poids ,sur ce c1u 'on S(lÎt, au lil'u de le meth-e s.ur CP qu'on est». Former de.s individualitéiSi, t elle esit la. grande préoccupation de . msp1r · · é-s à l'é g,ar d t 011s Ie,s parent s b l(•n ·1 Ieuris en f an t s; t e JI e l'S t auss,· la me1·1ue leur orientation que l'éroJ.e puisst' donner à son activité. Alvhonsina.
* La volonté à l'école
L't>n-seig1wmen t doit être n.ttra,Ya.nt, intéres,sant, pi-atiquP et surtout profifab,10. Or, le moy011 k• plus efficace pont· arri1·e1· i'I CP but, c'est de procéder pa,· intuition . Enchaînée dans les li ens dn eorps, noil-e intelligence nP saisit (ptP diffic·ikrnPnt l<'s iMP·S qui ne pen1·<:'nt lni N 1·<' diJ·(>denwnt transmise-~ JnH ll's sens. L'int uition. <'Il plaç-ant l<'s ohjt ts sous les yPux, ·supplée aux explications Iongne8 et diffnsPs, •s ouvent impuis,s antes ù donner nue idée juste des objets tant soit pPu compliqués. En l'ffd, les facnltPs dl' l':îmP dt> nos jc·uues élèves 1w sont poiut en(·ore sol'ties de leur engourdisst>nwnt ; leur première a<:tivité s'exerce sur l0s objets Pxtérieurs par le moy<'n des sens. L'imag·ina tion, a lors dans sa pn•mi.ère fraîclieur, se forme immédiatement de.s imagPs très nettes C't fournit an jugernent nn aliment féc-ond sm l<q uel il fait de-s at(Juisitions nouvelles. De là , la néees,sité de l'intuition. De plus, l'ensc•ignement intuitif développe l'esprit d'obsetTation. L'homme obserYateur s"instruit tons ll's jours, de lavie; e lifü]Uf:' paysage, C'baque phénomène est. pour lui un ,sujet nouveau de réflexion et d'examen. Celui-fa ne
L'objedif d' une vraie t:ulltll'l' mo1·,llc de dél'l'loppl'l' le :,;en,tirnent de la respousa.b ilité pt.>rsonne11c, dP fortifier la. volocU,Ü'. de dou,ner l'esso1· ,1 ux bonnes c1,spii-ati0Tus du cœur en su-scitia.n t de bonnes ,1rn bitudeis ... tr ois éléments connexes d'une ,s otn-l'rainc impo1\t ance dans la ·de de chacun. La volonté, d•ans la YÎt' pratique, <:Oru pt P. pl us l-'llll'Ore que le sa voi1·. De-stiné s urtoni à ·l'iadion, l'homme doit ètrP de caractèrl' Pnfrept'<'nant, d(>eidé. Si sa volonté (•,st a trophiée, que peut-il être, ,sinon le jouet de sps passions et de ,ses semblable,s? Sans douü-, à la f:unil!(• iucombe spécialement la gntYe LesoguP de fa~onTuer le ui·rat:tère, de st-hn ukr l'énC'rgie; Plie est èt.dwital~h'mC:'nt coustituée pour t:Pla. :\fais son auxiliairP, J'éeolc, pent ici enco,·e lui Mre nn utile t•t précieux secom·s , part:e (}U(' l'in stru<:tion .se combine ti,è,i;; bien an·t les effort,s ten dant ù. améliore,r le eœur, ù éelairn· la t:Onsciencc et pal' là à inspirer 1Je.s meilL.' U· l'l-!IS volitions. Et même, cette direction de I'enseignemeD1t devrait être p our l'irnstituteur ee que la. direction •<.I étert>,:,;t
* Deux mots de l'enseignement par intuition
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connaîtra jamais l'ennui, ,les pensées mauvaises n'envahiront point son esprit; ehaque instant de ,sa vie sera mi,s à profit pour le développement de son instruetion qui s'enrichira toujours de con.naissances nouvelles, ,solides et durables. !::-'\'il v a dans le monde tant d'hommes qu i ignorent les lois des phénomènPs les pins ordina.ire,s, c'e,st peutêtre J>arcl' qu'ils n' ont appris qu'à reg,11-d"t' · . . san s voir ni penser. - L'inf1uooce de l'enseignement intuitif est donc très précieuse. « La. mère, dit le Père G ira rd, inculq ut' d'abord à son enfant de,s idées intuitives. Elle montre l'un après l'autre les objets, elle en prouoncl' en même temps le nom et l·e répète ,souvent, en ajoutant ainsi le signe de rappel à 1a thost•, a.fin qnc tous deux s'unissent étroitement dans l'cspl'it de l'enfant et ()n'en l'absl'n.ce de l'objet, le nom puisse J,e remplac-er. >> Ainsi, que nos <( petHs >> connaissent aussi , dès le premier jour, lP nom <l'es l'ffets qu'ils emploient. CommPnçons par les idées simp:le,s et concrètl'S a.,Ynnt rappo1·t à notre eorps, a·ux organes, à la nature physique et surtout aux objl'ts matériels qui se trouvent à la portée df' nos élèYPS. Lorsque lPs objets nous manquent pour rendre notre enseignement intuitif, suppléons-y par des dessins,, des tableaux faits sur la. planche noire; faisons s:ouvent appel à l'imagination des élèves, et, au besoin, conduis ollJs-les sur le lieu où Hs peuveut voir <·e dont nous leur parlons.. L'enfant est ordinairement avide dP eonnaitre: i 1 est eul'Î'eux ; aussi pa:r·fois nlllltiplie-t -il lPs 1< pour-quoi>> et les (< comment H. Exl"iton~ cettp heurP u·se disposition m garnissant ll' plus possible les mnrs dt· l'école dP plantes dP·ss(>cl.tPcs, dP tableaux rPprPscnürnt lPS oniils ('( ](':- IISÜ·n~i!lp,- PU \IK;lg'<' ùans le pays. ~os ('l<'·YPS passeront frnctueusement leurn molllents de lui si ri-5 à le1:1 examiner et à les (tudiier. To11 0
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elle nous re~race, nous pon rons toujours tirer des règles de ·sagesse qui nous font 1n-atiqnn la yertn. J\fais elk ne portera ces beui·eux fruits q u ·aut ant qu'elle sera étudiée sensément, je veux dire que nous ne devons pas en faire un pur exercice de mémoire. Il Yous aniYe de voir nn enfant qui vous récitera n' importe quel cbapitrP de l'histoire na.tionale. Que la curiosité vous pousse de l'ar-rêter et de l ui poser une que,stion à propos de son débit, il restera là bo·uche bée, ne sachant plus que dire. C'est qu'il avait étudié son histoire non d' une manièn· intelligente, mais pour ainsi d ire automatiquement. Pour réagir C"Ontl'e ePtt,e détestaùl P méthode, il faut apprendn· l'histoire aux enfants c~n tableaux-plans. Ceux-ci ,seront plus 011 moins id éveloppé.s ,suivant la division ù laque.lle on s'adrnsse. Les sujets ne se prêtent-ils pas à, ce s_ys1 ème, établi s,s ez a l ors un q nes tiounaire. Dans l'ét nde cle,s guerres-, µai- exemp le, faites décou,rir les caus<'s, les fait s, puis les résultats; mais pour ceia, opél'on,s Pn eommun, en classe. C'est aux élèv1!s à rer.herc-her (;c,s trois parties essC'niielles de toute le~on d'histoire. -Lorsque leurs <·onnaissances S{_'ront épuisées, alors ·s eu lemcut non's Jpm· dirnns notre pensée. Un élèYe • L'histoire à l'école primaire écl'ira. a.11 tablea.u noir an for et à mesure que l'on dictera. Ce tableau achevé, Cultiver chez l'enfant l'amour dt> la on eu fait la c-orr-Pdion, t oujours e11 patrie, lui former un jugement juste eommun. On peut anssi le leur donner et bon, lui inculquer les vertns héror sons forme· de de,oir. Lo1·sq ue nonR ques de nos grands l.10mmes, lui faire leur aurons app1·is l'histoire de cette connaitre lf's point,s im.i!lants qui les manière, nons t·P viendrons aux premien; distinguent, tel e,st le but de !''histoire tableaux, et nous en dévelop1_.1erons suc-ct>&SiYemPnt les trois parties: cauà l'école p·rimaire. L'étude logique et régulière de l'his- ses, faits, r<5sultats, ,sans onwHrP ln; toire contribue beaucoup à la formation commentaires. éiait-ellP juste cPtte morale de l'enfant. C'est une éducatdce guerre? cette cause était-elle a:ssez forqui lui servira dans la vie de conseillè- te pour justifier l' agre,ssion? commerut re et d~ guide; des faits généraux qu' l'action a-t-elle été menée'? quelle fut
tes les matières du pr ogramme s'enseignent, aut ant que possi ble, par l'intuition. Les exercices de lang ue ne seront pas de vains exposés de mo>ts, mais des deYoirs int el:ligibles. Ainsi, nou1s ne ferons pas conjuguer les verbes « arroser)), <<planter», <<transplanter», tout seuls, ce qui ne dit rien à l'intelligence de l'enfant, mais nous y joindrons un complément qui rend l'exercice intuitif, plus complet, pl us avantage'llix; ex.: j'arros.e un rosier, tu plantes un cerisier, il transplante un pommier. La numération, lPs quatre opérations fondamentales, s·enseignen t aux .commen~·ants a u moyen de bfttonnets, die haricots, etc.; toute l'arithmét ique s'inculque par l'intuition, de même que la géographie et l'hisit:oire. L'enseignement religieux est rendu intuitif pa.r les images dont nous avons soin d'orner les parois de notre chambre d'école. Mais, dans le domaine moral et religieux, la meilleure intuition es.1" l'exemple du maître; les Pnfants ,sont imitateurs, ils ne feront mieux que ce quliJs ont vu fa.ire. Concluons que tout enseignement, pour être rationnel et profitable, doit f>tre intuitif et qu'un maitr<' habile, zélé et ingénieux trouve toujours le moyen de procéder .intuitivement . P. Pournier, inst . à Enseigne. 1
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la conduite' dPs ,goldairs? .ses eonséqucn-
ces, quelles sont-elles au point dl' nie matéri<>l? m1 point ,de vue moral ? Par ce moyen, pl us ieurs oha.pitres se réuni,s,s ent en un seul; et, outre qu'ils :c:e compPcnnent p lus aisément, la suite des faits, l'enchaînement de l'aotion plus régulière, en rend l'étude plus fa. cil<>. De plus, oette méthode, en n·jetant l'étude du mot à mot, con-s1 itne une excellente leçon de diction et de style. C'est ainsi qu' on pourrait procéder pour les guerres de Zurich, de· Bour/!;Ogne, d'Italie, etc. :N''oublions jamais de lier intimement l'étude de' l'bistoirP à celle dt> la géographü·: elles ,se complètent l' une l'antre. D'ailleurs, l'hist oire nie se c-omprend pas sans la géogra-phie et la ehJ'onologie qu'on a. appelées 'Dvec raison « les yeux de l'histoire JJ. :N'e fatiguons pa,s nos élèves de fai ts trop nombreux: CP s-e rait les ég-arer dans unP PJJa.i sse forH. Snivo,ns les grands seutiers, afiu que les étap<'s demeurent aisément dans l a mémoire. 11Pttons en relief le,s g-randes ver·tus, dtons les belles paroles: n'oublions jamais que notre 1111i<1ue hut est de rcndrP l'enfant meiJJcur; la science nuit, lorsqu'elle (•nflP au lieu d'édifiel'. EviLous de r-Ppr<'Senh-' t· le,s hommes mérlrnnts. J/pufaut a besoin de crnire à la vertu, dès qu'i l est jeune; ne lui inspirons pa8 la défiant<' des hommPs et ne l II i peignons pai:; le vice sous de vives eouleurs. Je ne di,s pas de le tromPf'r. Mais raeontons-nous aux enfants ton,s les sc-anclales dn village? non , le respc•d qn<> nout- leur devons l0s me,t à l'abri des od01irs fétide,s d<:> la pourri( ure, et nous leur faisons respi1·er le pat·fum de la vertu. Donc, q uand c'est possible, écai·tons le ,scandale pour j0ter tout l'ér.la t- possible sur le bien que nou,s savons. Aloës.
* Autorité du naître ru ins tilîtfrnr l'St mTi,·é à établir l'or dt-e et la discipline dans ·sa classe: il s'agit de, la maintenir. Or, on a dit avec rn i,s ou que l'autorité du maitre est la gardienne de la dils,c ipline. Qu'est-ce donc que l'autol'ité en é.ducation? Par autorité, il faut entendre ici l' ascendant qu'un instituteur peut exerecr sui· l' espi-it et le cœur dl-- ses élève1s1. 'GnP personne a de l'autorité sur une autre, quand, paT l'influence de ses fonctions, la supériorité de ses qualités, l'importance des services renidus et l'affec-tion désintéressée, elle détel'miJJ1-· cette µers onue au eespe ct et à l'obéissance. L\,xereit:c de <::ette autorité ,,n-ie a_v<>r. les pPrsonnPs. Les fonctions impod;rntes <'t délicate,s de l'édu.cateur ne _peu,cnt être remplies sm1s nutor-ii1é. L'éduc-.lteur a deux graude,s sourn-'s }Jom· acquérir l'autorité s1m' ses élè,es, eP soin,t: ses fonctio-ns <'t s:~s cpmlités. Aujourd'lrni lPs fonctions dt> l'instituteur .sont considérées comme, elles ll1(~1'itent de l'être, c',est-àdire rnrn1rn• une tioi·te <le urngi;striature. Da,11 s toutes les localités on lui témo.ig-n(' mw p;r:rnde \'OllRidh·ation pourvn (Jn'ttrn-' mn11vai:S(' eon'fl.n itP rne vil'nne pas détn1 it·e cette heureuse disposition. Tonte a ntoti1 (' ::rnppo,s1' 11 11e snp1c•r10rité ; or, quelle supéi:inrik le maître doit-il avoir ,s ur ses élh·es. 11 serait à ;;onlin iter qu'il ,ü t 1rnf• triple autorité snr- 8\'S élt•vc·s: nne sup<-l'ioi-ité physique,, intellectuelle et morale. Lorsq uïl déhu tC'. l'institnteur a 1s;ur seis enfants la ·suvJr-ioirité d'âge et de force dout l'empire' <•st générnlpment accepté. )lais il 1frst pa,s donné i\ tout le monde d'u mir nnr grande taille, une noble figu-re, nnP voix imposante; ce sont là des ùons de Dieu. Ce que l'on peut ,soubaitel', c'est q ne l'instituteur n'ait rien dans son 1
42 phy,sique de repoussant et de ridicule. D'aillPm\S, il dépP-nd toujo u rs de lui de SL' distinguer pa.1· une graude provn:té et une mise déœuite, d'avoir de la diguité dans les manières et Jp laugage. A j out ons (I1H' su r l<a phy,s iouornic de l'how rne Yertueux et ill!telligeut, si imparfaits que soient ses tra its, se reflèt e tonjours quelq ue chose de la noble18se de sou âme Pt dt' la dfo;rtinction de son t•sprit. Un institn tem se montrP-1-il toujours à la. hantent· de ,sa tâelw, c'est-àdire, connait-il son progeamme à fond? prépa.re-t-il toujours conscien cie us emPnt sa classe pour que les élève,s le,s plus iutclligent,s ne puissent jamai,s constüter jusqu'où s'étendenrt sers cou n.ais,sances? Son einseignt'ment t>st-il bien do,nné'? Connait-il e,t emploie-t-il les meilleuri>1S méthodf's, et obtie1Dt-il du sut<·i's dans les examens·! A-t -il aussi certaines qualités de caractère, q u'on appelle qualii és profe,ssionuelles, comme la fernwté, la pntience et la per1sévér auce'! Si l'iDJsrt:itut eur possède tou te,s ces q ualités, il al'rive qne les farnillPs et les enfants conçoi n ~nt µour lui une haute t•stime d un grand respect. L'i nstrudioin , le bilent mêmi>, et la science professionnPlle portée à un très haut degré, t out eel1a est en,cor e moin1s puis-sant qu«' la bonté, l'affel'tion pour acquérir de l'autorité. Qua.n d les enfants ·s~ sentiront aimé.s de leur maitre, ils ne feront rÎ('n pour ]ni dépl aire. Cette crainte> de lui désobéir est donc posée sm; l'affection dn maitre et non sur les punitions. Si un instituteur n'a pas d'autn' llJ o.ren que les pnnit io111s pou r acq uérfr dP J'an torité sm· S('IS élèves, on peut dire q ue ces moyen1,1 sPront bien tôt épuisés. Quand on veut être respecté, il fant se respecter soi-même et respecter les autres. Un enfant r·espec-tera 1s on mait r e, parce que lui-mêmP en est respecté. Demando·ns-nou,s, ce qu'est l'enfant
pour la famille, pour la patrie, pour la s·ociété tout entière, et ce qu'i l est pnr lui-même. Pour la famille, c'esrt l'espérance; c'est l'orgueil du père, c'est l'objet de touteis le,s pensées et de i ous les ,soins ·«le la mère; c'est en l ui quP se eoneentn•nt les plus p uissantes t> t ks plus .sainte<s affections. 1;enfant , c'est ln lJatrie qui rena:i t et se p~rpétue. L'enfant, enfin, c'e8i: l'aYenn·, c·eis1t la société de demain; selon que l'éducation ~énér,ale sc>ra bùnne ou nrnuv;lis-e, l'hurnfmité avancera. dans la voie du prngrès, ou elle retournera H''l'S ln barbarie. Pour affermir tt'ttt• autoriü~ rnoralP, il faut qne l'instituteur mette d' a.ceord ses prineipes ,avec sa doetrine. Telles sont les ('Qil!ditions générales qu'un ins1tit uteur doit rempJi,r pour ae(J uérir l'a u tor.it«s snr S(...S élèvr•s. Il peut perrdre s,on au,t orité, lorsqu'i l y a. absence de l'uu0 ou de l'autre de ces conditions. Il la perdra eneore, s 'i l desct'nd de son rôle d'instituteur pour devenir un homme d'intrigueR, pour prnndre part aux lutte,s polfüquc~s. Aussitôt. dans le village, tout u n parti, a:veuglé par 1'a passion, oubliera les q ualités de l'inst it uteur pou1· ne plus voir que le côt é fai.ble de l'homme. Un instituteur réfléchl n'o ubliera jamais q ne toutes lers autorités ,se• tiennent. pt qut> montrer un respect médi ocre pou r l'une, c'es,t comvrometüe l'autre, surtout quand on le fa.it voir deva!Ilt lm;, enfants. Dans ehaq ne ('Ommuue il v a trois autorités: l'a ntorité religic>u~e. l':rntoi·ité patc•·rnc>ll<' <'t l'autoritt'> th-ile. L'instituteur doit 1·espeeter toufos ees autoritéis. Enfrer en lut t e sans néces,sité absol uP avec- l'autorité l'("lig.ien,se, l'autorité paternC'lle, ou l'antorirté civile, ('e ,serait absnlument manquer sn vocation, et l'on donnerait - en rnt'>rne t emps - un mauYaiR l'X('mple nnx (•nfants. Il y ra. encore une autorité dont l'iu1stituteur regretterait d'avoir affaibli. le
43 prestige: c'e,sl la sienu epl'Opre, qu'il peut compromettre dans la per,sonne d'un prédéeesseur ou d'un ,rnti-e collègue. On ne g,a gne absoluuicilt rien il dfinigrer son S'€mblab1e, qnaud même ou a nrait nlison; on ne peut q ne p(',r,d're ~a réputation et donner le man vais c•x<·mple d 'une médisance l't ù'1me uwsquine j:-llousie. 11 est dont à déilirer qne l'in,gtitutem· 11 c penk autunr d(· (·('8 (JU<llités qu(' uo11s veuons d'énumél'et· \'t alor.s il anra un<' granclc autorité sur S!.'s t'> lèves. P.-J. 1lf ichellod, inst., à Pr.
* A l'école 11 ne snffi t pas d'ê( t' t' zélé, p:.üil'nt, <·xaet ; cc qui n' importe p,as moius à l'iu1stituteur. c'est de prendre <le l'autorité sur lt!s enfant::; et de rS'C faire obéir. L'obéi1ssa11ee des enfau l·s résul k de deux st•utimt•nts (1ue nons ,d'evons leur inspiJ·pr ù la fois e1 qui Sl' pt·ête111· 1111 mnlnd apvui: la crainte t•t L1rnon r . l'ne sa.ge 1s!évérité produit la c1·1;dilte; nnc bouté paternelle fait naître l'amour. C'es t~ ce dernier sentjment qui doit dominer dans l'éducation, pour qut: la séYél'itt'> ait sn s·ourci> et sa cause dans la bonté. Jngl'z, lee1.eues, ll'après r·e 1,rin.cipe, «-es maît 1·es dur.s d g,ro,s;,iers qui, n'osant ,::;GUsfakc pal' des 1:oups la fur·eur qui lers anime. écrasent. i't fore(' de hrnta les invec-tivcs, la 11<1 ïve i irnidité drs enfant1s. Malhl'ur à l'i11stihœrur qn i eutl'e dans eette voit'! il ue pom-ra plus <'n sortir. Ce ,sera là. nu IJl'<'mier eh.î.timent. Lorsqu'on s'er,;rt laissé a.lier à de tels l'mportemcn,t s. on t!u contra et(~ !'lia bitude; Oil est inc;.1pahle de se co11tenir. on rn, sait p 1us l'ien dire an~c douceur, 011 d(~,-ient de plus (•n plus grossier, Pt l'on ne s'en aper(;oi t même pas. Qu'nrri,·e-t-il t.101·,s? Lei~ c·nfants s'acc-o·u tu ment à ces dehors gros,siers q u,'il,s 1 ..
croient nu accompagnement nécessair ê df' la peine qu'on 1se donne pour les instrnil'C·. Il ('il 1•é,s111tc q uP, si l'on ve1tt agil- dom:em<'nt et naturellement avec eux, on DP prod uit aucnn effet, ils sont dcvenns ·s1p111l) lu.l>lt':,; ù dr,s geni, som·füi cpw le bn1it du tonnerre i:ieul peut révf'ille1·. Leur SPnsibi lité est émon,SS(~e et JJP pe11t pent plus t•1 1·e (•xcüée q ne pai· ùes mots piquants, par des parole,11 IJlcs,suntes. Fidi'le1s1 imihttPmS de lem· mnître ils sont brnta ux les uns envers ' les auifres, grossiers e,nYer~ lm.. Q uo1. d<' plus hideux qne 10 speetacle d'une te llc classie? L'inistitnteur pt•nt a nssi tomber d:ins un ex('ès non moins dangf'reux, quoique d 'nne niatun' toute différen~ <' , s'il pousse la bonté jnsqn'à ln familiarité. Sachons-nous met,frt' ù ln portée des pins petits <'nfants, maiis ,ne redevenons pas enfants non,s -mf'mes. N'ayo>JJls, point pour c nx dl' puériks eomplais.nnces. Un père peut se les permettre que.lquefois, mai s un instituteur jnruais. L'antO'l·ité d ' un pi'l-e es,t tellement inllérente à .sa pe11S'on11P qu'il 1w peut g ui're craindre de la ('om1n·omettre; cPlll' de l'instituteur n'est qn'emprnntée : il ,s'expo·serait à la perdre, s'il s'o11bliait u n seul instant. QuelcJIH:',s c·olJègut'S auront peut&fre lu que Henri IV, pom· amuser ses petits enfants. conrait aYPC eux dans sa d1a.wbt·e, ù <·h e,·al rs m· un bâton. Loin ·d'affaibli r sa gloire, cette faiblessP de l'arnom· patPrn<·I <''11 l'ehausse l'éclat. On a.ime· à voir 1111 si bon père dnns nn ,!'.i grnnd ro i. ·~dai:- nous, nous SOUlllll' :-\ f 011jo111·,K ('XJJ08P,::- a .ll rSIOUp(,'011 de 11dites,se d,ans les idées. l'on r que l'on ne nous confonde J)'as avec les P.nfont.:; quP nous instruison1s1, ro ur qn'i.,ls ne nous noient pas eux-mêmPs semhlnbl(•S ~ l'llX, ronsc•rvons toujonr,s la digni,té da11s la bonté. · Cette bont é ellP-même n'a de rnéritt> qu·autant que la. sévérité lui donne dt' prix. Les enfant1s. n' aime,nt guère SIÎncèrement que celui q_ui sait ,se faire 0
44 craindr·e. Jls 1w sa veut gn.' de> sa dont:Pur qu'à cel ui qui a fait p1·euve d'énetgiP. C'<:•,st donc une grande en·eur que d'agil' sans cesse aYcè ks eL!lfants comme aYe(' le,s. perrsonnes r:üsonnal>l<>s. CettP (·ondu:itP, séduisnnte pentütre dans ln, théorie, est détcst:iable dans la pr.1tiq1w. Si l'enfant comprenait 1outes l es conséquencPs fü, sa condui te, qu'il l'éfléchit anrnt d'agir, qn' il sùt i mmoler une jou1ssance présent l' ù. un aYnntagP à venir, en un mo l-, r.;,lil axait. ('Omrne nons, dl· la ,·aison, son aimable inno,cpnce, '1a puret{- de ses jeunes idées le rendrai1 sup{>rieur à n o us. F'rnnçois Pcrrcwdin. inst.
L'épn1•ation du langage populaire Ce sentit s'abusn· i'.itrangelllt-'Ut qnl' de faire fond sur les 1iratiqnes scolaires usuelles ponr .l.JU(•ne1· les l'nfant,s dn 11euple à la pmPté et à la L:O tTPct:ion du lang;i.ge. :'.'ifi l'étude du Yot:abulaüe, 11i celle tle la syntaxe, ni la ('Omposit:ion frarn,:aise, ni la ledUI'(' elle-même, m· sont capables d<, C'Ondnire à ec 1·ésnltat, qn' il Pst pourtant possible d'obtenir en s'y prenant bien . Il s'agit tout sirnplt>lllent d'in:stit1U'r mH' lutte méthodique c·o11ti-e l'nsaµ:c popn la in· lol'al, en ce qn'iJ 1wnt avoir dt' 111<111Yais, ec qui <·omvotk dPnx opé1·atiou,; di,;lind<'s: 1° rec:ueillir l es foutes ,t'Jp lang-.igc faHes clans dia<1 ue l ocalité; :!" le,s i11tcrdin', d, par dl's moyens nppropriés, en ernpt'·ehcr le retour. Dam, diaqlH' c·o111111mw, l'instituteur doit rel'ueillir t(>nlt's les fa ntes commises contre la pnn•ré du YOcabnlail'e et la em·r·t':'dion grammaticale; et, afin que 1·it•n ne soit omis, il fant qu 'il coni:;igne snr n u t:a hi <•r spéci al les fa utcs faite,; dans les dc>rnirn i'.icrits des />lèves et qu'il nofr sur uu 11dit tarnet: wl hoc, dont il doit toujours être por0
tenT, h>s fa 11 I es <·ommiscR en sa préS<'llèC par le:,; e11fants, dans la r écitation ides le1,;ons <·t pendant la récl'éation, ainsi que par leurs parents. J'es time qu'en une année, ce travail veut ê·üe mené ù lJien, à la condition d'être fait d',une manièl'e suivie et avec beaucoup de soin. Il y a ensuite à classer les obsenatio11s faites et à l e,s partag<>1· en d<•ux groupes: 1° f,wtes contre le vocabulain· (barbarismes, improp1·iétés, archaïsmes, mots locaux); 21 fontes conh€' la grammaire (fa utes de ,·oujngaison et fauks de construction). En regard dP tout mot fautif, on plate le mot com,,:,nable correspondant, avec exemple ;) l'appui; <'t, pour un solédsme dP eons(rnr-1 ion, on donne, à c·ôté dl' ln phrnK{' fanti Ye, la pbrase conette <·t l'énoue(, dP la 1·?>gl c viol ée. Le retne:>i l et le> cla,sscment des fan1Pl'I étrrnt- terminés, la première pa rtie de la. t:ichl' est 1·empli<'. Reste à tirn· de c·e tra--.-a,i I toutes les n pplications pfdag-og-iqnes qu'il est susceptible de fonl'nir·. . \ l'l't effet, il fa ut d'abord fail'e l'opic•r aux t'il?>,·es la listc, des fauh•s, aY1'e <·onection en 1·egard, établ ie dans l<·S conditions que je ,i l•ns dP fairt) connaître, et qui doit être soigne nrwitwnt eonsernse par eux. Et puis, -ions Jps mot:;; et 1onlc·s l<',s ph1,tSPS s ig·w1 lés commP f,tutif:;; sont 1·iç,-011t·p11senwut intl'i'flits, sous peine de pnnit ion s, dans }<, l;iugng<· pnl'lé el· l'l'l'it des <·nfan1·!".. Lors de l'étude <lP l,1 gn1mm.1i1·p, on i11::1istt· uniqu(•ment Hur lC'H 1·rgl1·s dol<'.'t·s par les p<•1·sonnes dP ln lo<·,, lit<\ Et. pom· ce qni est dl's fa,utPH <·omulis('S pnr l P.s él?>vPs postérieurc•uwnt f1 la ropil' ,op l,1 liste des fautes. (•llps entmînent Je,s puuitions sniVilllki'.: 1° fan(·e c·ontrc l<--' vocalJ/ll<t il'c: le mot fa ut.if t·opi é nn e fois et le mot t:orrrct dix fois; de plus, la définition dn wot c·o1·1·Pl't, avec exemple à l'appni, ,·opié mw fois <'t apprise par eœ.ur; 2° faute con t re la conjuyaison: ln forme verbale fautive eopiée une fois, et h1
45 forrue \'Prba le col'recte, aYec eX'emple ù l'appui, copiée <lix fois et n;pprise; :--1° faute de ,·onstrncl io11: ln pln·:i.sf' fauli\'P copié<~ une Cois, la ph1·a8e correcte dix fois, et h1 règle dolée, une fois ei:
npprisP par cœur. L'Pmploi de l a méthode qne j 'indique Î(' i lW jJl'éSl lll(> :111Cllll ill('OllYPnient, et, p;t t· 1·011t t··l', il offre de' m ul tipk>s ayaurng-vs: I'' étude plus rapide d ]Jlus f.rucl t1l'USP c!P ln conjugaison et <1Ps règles de la. S.)'JJtaxe; 2° diminution ,du nomb1·e d0·s <:>xcrcices de compos.Hion frnn çniKP; :J 0 l't•dl'l'SS('l11<'Ut des Prn· m·s Pt de,s ,ices <fr ln(·11l ion <hlns lt> lang·age tlPH <11f.t nts. .T osPpli PO l'l' EYIK _. 0
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Les 1,ro1neuade~ scola,h•es Lt• L<•u1p;-; 11\·st _[J,1S Pn co1·l· bi en C-loigué tll· nous où les 1n·ornenadPs scolaiJ,•s ét,tiP11I l·nvisagéc·s comme de ,sirnplf't'l <l{>Jai:,;.;l'llll'llts, dollt rnaîtn·s et é lè1 <·sa r,1i<·11t b<·soin pont fail-p dil·p1·siot1 a 11x lo11g-m·s lwLn·es passées { 'li class e. Oiïït;eilPllH'Dl, <:P 11 'es1- guèt·<· q1w de1,u is mw trentai11e d',llllléPs <1 ue l'enK(:ig11P111<•nt pi'Ïn1:1ire a t·c·1·Hu u11P for11w (·ODl'l'l'lt_, J)OUl' s',Hliîl)[l'l' :\ 1ontPS lt•f.: 11éePssité:, d(• la YÎ<'. :\'ou.s <Hsous: offi t i('ll<·lllt'llf, cnr il y a 1.onjouni <·u tll's t~rnîfreH :rnsC>z in_tC'llig-r,uts pom· ,sort i1· de·,.: bonws Ct1'oites (]li i leut étaipnt asi,;ig11(;(•·s p,11· ll',i:, prognmtmPs. 'L'ot1tf•foiH, Pll ckho1·s <l'<·xc·e11tious pl•u t-f> tL'I' moiLJs 1·a1·es qu'on ne le pPn8e génél'ai<>meut , l'enst>ignemf-'nt faisait a,pprl :1nrnt tont ,'t ln mémoire de,s élèves pt l'.11·itLmétique était ù µ<'11 p1'ès h1 seulP b1,111{'he qui se1Tit ù <1é,doppn l l·ll l' inî c·llig<•nce. La métl1otk i11 tuiti l'e ne l><Jtt ,·ait dt'.'p loy<-•1· to·ns SPS <·ff,t>ts saus ln, l'('RSOUl'(:(',H d,n 111atétiP I SèOlaiL'e, qui n'a pn Sl' constituee qu'à la longue d'ullL' 11 1:lllit>t'<' plu.~ ou moins <·Om])lPtP. La 111ouotonil' <l'm1 l'llS<'ignPlllPllt a hstrai1, qni ne parlait ui anx st•us ni Ù ]Ï11j4s]lig·pn(·(•, <lOlllJii Îl 1111l' S'.11·e111·
particuliète aux rares occasions que l'on a ,·ait de se tetremper en cornnrnn, dP i'\'él>atiH ;Hl grand ail' sans souci de h1. di::;cipliue. Cd atfrait, tout extérieur à l'école, ne pouY:.tit laissel' chez les e nfants g u e des imp ressions fugitives et même fâclJeuse,s pour cette dernière, pnisqn'ellN1 mei.taiPnl PU opposition ces dPnx clJoses y_ni semblent incon cilia ble~, le dt•1·oit· l't h· p l aisir. Aujourd'hui, tout a cha.ng·é <le f'nce: l'école, pour qui k•s p1·omenades s colaires étnic,nt ,s onn•nt une P1ltraYe, i.1 j o11te maiutenant à l'infc>sistibk a tüail q u' t>llei; ;waieut déjù pom· les enfants, celui dl' la s<.:ic~n('e, e t ninsi se tl-OU\'l' rédnile mw antinomie qui p1anlissait i r1·édndible: t.·'(•s! qu e, 111<'.,rne en s'.am nHant, on 1w11t s'instrilil'e. C'est ~t l'·intl'odudi(rn Ül"S lt•<.;on:,; <1c eho,8<"·8 dans l'école qn'il font ;1tll'ilinc'r <·Pt hf>lll'PIIX résultat:. Ell<·s ont donné ~t l'enseig.l lf•nw11t. nllt' Yi<' n on\'vlk, tontt• faite· ü'adualiti~S. On nïnsiste1·n jmm1is l1·op sm· lt' JH·o.fir q1w 1t,s Puhrn1 s penvenr l'Ctfrei·, cowwe appli<·a f-ion d'unl' kçou de <:110sr:1;;, de la Yisite d'une fabrique, d'une llfÜIH', d'uu ·site pitton·sqite. Lo c:L11·io,silé, si nnt111·<'l ll' ù. l'éSJWil ,Jt, l'<·11fa1ü, a été 6n•il lée pat ht pn·spectfre dt-' eette Yisilt', d<· c<-'H<' JJrom<-•1iade, <l P c·1•ttf> e:x<:,H'Siou. l"né fois qu'elle a élé siltisfai1< Ilom· l 'œil, par la \'Ue des d10iw1s qu',m l ui n lllOHtl'é!"S, pnm· l'intellig('lltl' p.11' l<>·S C'xp li('nfiou,s qni o tL1 été dounéPr-:, ll'8 ll'~·ons de r·ompo,sitio,11 s e rout singu lirrement fac ilitées pon,r IP mnît1·e. HoilPnn a dit: 0
0
Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. :iilt les mots pour le dire arrivent aisément.
C'est vrai pour <1ui tonnait les mo t s d'unv lang1.w et leur va leur exacte. :\'!ais, si de <·t· 1wéèepte Y oui:; vouliez fail'l' nnc maxime· 1a11ssi infaillible pon t· l'<>nf:mt <pie pour l'homme de lpttres, il ,·01H; rPpon<hair qn'il a bien des idées, seulement les mots lni manquent 111>t1t ](,,; exprimP1'.
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46 L'eufaut a 1·aiso11, <..t ce fray·,1il pl'é1m1·atoin: a besoin d'êtl'e complété par Ja lectur(• t't l'étndc intelligente du vol'aLulain-'. JI fant lui 'apptendr<~ avec t 1uch, 11wu,, an:'<.: quelles touruure:; de pin·m,t,l:l ou p e nt reudn, le::; imprest,Ïon,:,; qu 'il a 1·e(,'ues et lui woutrel' t·1.nu1u<·nt l('S meilleuTs é('J"i nüns oul traduit des imr 1·('SS ions a1wlogu<'S o n déc,·it t·c 11u'oI1 1·.iL' lll de lui foire Yoü·. ~olte JJU.)'S esl 1·iche en site;,; cfonl h.1, ,·arid!i et le pii.tol'ers.q ue ont été mir. PU l'l·li!..f a.Y(· <· 1aleni pal' uo:,; rncil1P u1·8 éc·1·i r:dns 1·t 110s pins g1·ands poèi<'S na1io11n11 x. ;:o;am; doute, par le fail 1fk l'lla1,ituiJ~·, 1w11s s oillllH-·8 moins seu:sil,le:,, a ces beautés 4. ue <.:l'UX lJUi le,s \'oient JH)IIJ" la. !)l'(; UlÎPl'(-' foi:; ; llOUS e 1·-oyo11s <·L'JJl'lldant q1H· la lt•('tm·P <l'm1e de n·1::, <il·snipt.iorn,, faill' sm· les lie1n:. même i-t a1·cornp,agné<· (k t outp:,; lt-s expli ea1ion::1 que le rn,1îti-e jng!:'nt util e ùe dou11e1 ·, 1,wra i1 puur· nol::i élèl'l':,; du de,.;ni s11pfrü,11t n11(• le\'ou Ul-' eornµo,sit ion wod~l<·. Outn· qu'elle~ :wnt l<>s meilleure:,, le<.,ons <le olloses que l'on J}UiSS(~ douner, le:s 1·0111':se:,; s<;olairt's, qui out 1JOU1· o\.Jj!'t la ,·is·ite d'nne exploitation indus.t1·i<'llt.. , 0 111 , l'll plus de km· a v:rntageintell ectlll·I n u anu1tage moral qu e 11ous Yuu lorn; irnlique•r eu termiuan.t. <,lu,tud ou I,°l•sl une fois l'eudu cornple di, 1·onlt>:,; leH difficnltPs qn'il hrnt :-111·rnon h•1· pou 1· t-'XP1·<;e 1· nn art, 11n<' 1a·ofr,flsio11, pour· l'Xploite1· nu(j entre]Jl'ise iu.dnshiPllP on cornmen:inle, il Sl·mhlc que l'on ùoiYP ôtJ'l' moin:s porté it uitiq11p1· sans ména.gPmPni les pn:-;01nw,s it pt0pos dP la moind1·e faute ('()mrnise. C(· man que d'indulgen ee proYienl le plus aouYent de tl' <pie l'on n e <·oun aH absoluuic·nt l'i<-11 en dl•llors ùe Km, 111é iil'1· ou de sa p1·ofl...s·siou. 1
Petits pas dam; la neige Petits pas, chers petits pas d'enila•nts marq11(>~ dans la neige, avec qnel attendrisse-
ment j e vou!'l a.i contf'mplés l'autre mittin ; et vous. 1levinant eu moi un ami , von ~ m'avf'z raconté votre histoire. IJa, bonne neige blancbe était descendue en t:.rp1nois pendant la nuit, et les lueurs grises rl'tm jonr imlé<'is s'éclnirèrenl. k matin ~euu, en rencontrnn t snr le sol nn tapis rnœ!leux, imma<:ulé .. . Elle est bien il. plaindt·u. lapauvre neige, da.11s les rnes ('troites où lf'H baliü:- la pour<:lmssent, oit les pie<ls la foulent, où les roues l' écrasent: elk dPvient bien yite une sorte de fa nge noirâtre et g laciale, dont les meilleures drn.ussures ont p!'ine à préserver les pieds. i\Iais, dans la campagn e a n x vastes l.10rizons il en est autrement: la neig.e demeure longtemps clans .sa c:andeur clP. viergP.. D é.iil. clans la banlieue. autour tles villes, elle met plus de temps à. perdrP cette <:,aime et pure bJ.ancbPtn· qne toujours les poètes out chantée.
M1ais pour ln voit· a in8i, il faut la voi1· ùe 1,oune lleure; il fanl fleva.uc er les clrn..r,; des laitiers, les pied8 flps passants }Jressés par leurs affaires; - il faut la voü· Hlors qu'elle ne porte d'autres empreintes que celles qui, sans la souiller, s'y révfileut, innoc-eutes Pt candides comme elle-même. Voici, mPnues et gTai:ieuses, fle petites pattes d'oisea.ux: lii., et lii., et puis li1 encorP, les mignolliiles créatures ailées out passé, tour iL tour voletant et .Sfltltillant, eu quétc de quelques miettes, et redisaut à leur façon 1m Pater uostcr matinal. Elles sont bien gentilles, ces minnsctùes empreintes d'oiseaux sur la neige : Jeun; trois brancùes forment comme d es rless1ns iua<:hevés de fleurs on ù'étoHes. . . !\lais COll)bicn plus touchantes et plus ,s uggestives sont. tout à cûté, d'autres empreintes: celles des pieds, des mignon s petits pieds clc n os cufants .. . Il y a tout un monde rl' écoliers dans ces maisons. chalets rustiques ou vmas de ba11lieue, et cela fait chaque ma.tin, un pe? avant huit heures, penclaut les temps de neige, toute une légion de petites empreintes qui, de l'est et de l'ouest, dn midi et du nord, se dirigent toutes vers la. vme procbaine. On dirait une vaillante petite armée de lutins espiügles et cle gentilles fées, dont la cercle .se ressene peu à peu autour ùe la vieille cité encore mal évei.ll(>e - pour y faire une triple conquc,te : celle de l::i. science, cPll è cle l'avenir, et cellr d u lJonhem, la plus diffi cile des trois.
J'ai suivi l'ia•utre matin dans la neige les traces de quatre petits pieds - et ils m'ont dit beaucoup de choses naïves et touchantes. Ils m'ont raconté le réveil, clans la petite villa rustique, un petit nid douillet où on les gâte à foJ· ce de les aimer - et le g,arçon. l'aîné, autant que la fillette plus jeune et plus frêle. Il y a bien une domestique - une volontaire allemalllle, dont l'empreinte plus massive se verra tout à. l'heu1·e sur le cllemin quand elle ira faire ses commlsslous - mais la mère, une vrnie mère, de la toute bon.ne espèce, tient à présider elle-mêm e au réveil et a u déjeuner de ses enfants. Donc. à G 1/2 heures, quana. tout est noir encore, le réveil-matin fait: crrr d'un air grog non. Quelques instants après, un pas lége1·: c'est la mère; puis, un peu après, un pas plus lourd: c'est la domestique. Quand la mère éve.ihle ses enfants, d'un baiser, il fait déjà bon cba'l1d : le poêle ronfle, la lampe lJrille - ;,t bientôt le café au lait fume sur la table avec une bonne odeur 1:baude, qui s'a.c corùe si bie.u ayec le pa.,rfum du bon. pain et du beurre dont la ma.man. Fait d'épaisses tartines: - une vra.ie mi'.re, vous dis-je ... .Tetant nn châle sur ses épa ule~. elle a-ccompagne ses enfants jusqu'au seuil de l'enclos. le long du petit sentier poudré à frimas: - voici., sur la dernière marche de l'escalier donnant sur la route, la trace d'une élég,ante lJottine cle f e mme ; - elle les su it encore du regard jusqu'au contom·, où ils se retournent µour un dernier salut de la main: cela, j e ne le vois pas écrit sur la n.eige - mais j 'en suis sûr quand-même: ne vous ai-je pas dit que c'est une bon.ne mère? . . . Ici commence l'odyssée des petits pieds. Il est faciJe de voir que les enfants sont cieux et que l'un d 'eux est nn garçon, l'autre une fillette. Les empreintes ne sont pas pa.rallèlP.s: eJles se suiv,e nt. Les unes sont plus Ja·rges, plus décidées, plus viriles; les autres . . . c'est nn trottinement de petite souris blanche au museau rose, qui efflem·e le sol sans pmsque y enfoncer. Le garçon, en bon frère, fidèle à son rôle d'aîné et de cavalier, a ma·rché le premiea:, afin de frayer le passage à sa petite sœur. A un moment donné, celle-ci disparaît pour rpparaître un peu plus loin. Quel est don <: ce mystère? ... Ah! j'y s u.is : la fillette s'est amusée à a llonger ses jambes fluettes ponr po.ser se.i
pieds dans les empreintes mêmes ~3'1ssées pa.r M. son frère ;; de là cette éclipse . . . Cette fantaisie n'empêche pas les deux enfants d'être dociles et cl'obéit· à la petite cloche argentine qui, de là-bas. les convie aux devoii·,s sco.Jaiires. Un peu plus loin, les petites empreintes quittent le milieu du chemin et, sans s'arrêter, elles passent... sur un vieux ba·nc, lui aussi couvert de neige e1 qui, pour ces imaginations enfantines, a figuré sans doute quelque pont hardi fl'anchi.ssant un large fleu ve - un Niagial'a peut-être. Et en effet, de l'autre côté du «pont)), il y a de.;;; éclaboussures au-devant des empreintes : les enfants ont trainé lem:s pieds m1 faisant: Isch .. . tseh . .. pour imiter la locomotive . . . P uis tes petites empreintes reprennent une a llure bien sage ... Quand je vous disais que ces e nfants out une bone mère, qui sûrement économise sur sa toilette pour mieux les vêtir, et plus chau. dement! ... Voyez plutôt : voici, plus creusée, entre la semelle et le talon, la marque d'une courrnie. et voici les tra.ces la térales d'un rebo.rd qui dépassait la cbaussure ... Le frère et la sœur, pour leur route dans la n eige, avaient de bonnes petites guêtres bien chaudes - et je vo-is les mains de cette mère les mettant elle-même à s·es cbérubins, afin de prêservet· leurs petits pieds roses de l'humidité et du froid ... Mia·i s voici la ville, et, m'ayant révélé leur touchante histoire, les traces des deux enfants .se perdent clans un entrecroisement inextricable de low·des empreintes et de -sillons pleins d'eau lai.ssés par les roues. PIERRE.
J...e langa~e teclmique et les métaphores emp1•m1tées à la nature Un journal ·s <:ientifique fait remarquer le grand nombre d e termes que notre langue a pri1s aux choses naturelles, pour désigner des objets indus,triels; et bien .souv.e ut le 1·apport entre les uns et les ,a utres est cl·i fficile ù cli'stin!{uer. Ri l'on commence par l'homme et le corps humain, on trouve que le paveur utili,se m1P. « clame» ou une «demoiselle>), U1nrlis que le tou.rn1eur trava.ille avec une << poupé.e >> . 'l'outes les parties clu corps se1·Vlmt ù. désigne r également des parties de ma. clliue,s plus ou moins correspouda.ntes. Nous nvon,: ~insi Je « co,rps)) cle la pompe, la, « car-
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48 veu:t et d 'effacer avec la lang u e les taches d'encre qni tombent sur lenrs ea,hie~·s. Si l'on con sid ère que la p iqO.re d'une plume trempée clans l'en cre a quelquefoi,; c-nusé l'empoisonnem ent ,et la mort cles pe tit,s imprudents, ou fr émit en songeant que les écoliers s'e1xposent jom·Jlellemeint à de tels danger s. Il faut donc les corrigel' ile cett<' fuBC'Ste habitude. C'est la mi:ssion quC' s·e:st tlnnnée l'Institut badél'iologique d e \ïc une qni , rh1us des circulaires en voyées a1ux directeurs d'école, c·onjure les institutem·s d'em,eigner aux en f,ant,s que l'emcre n 'est pas une boiisson h ygiénique et qu'il fau t .e n u ser encore moins q u e d e l'alcool, .sou!'l l)eiue des plu s terribles acciclen tis. Kous croyon.s qne cet cmseJguemeut lronverai.t .sa place n on seulement en Autriche, majs aussi ch ez nous, car le mail 1·év élé est universel. Nos (>coliers l'affrontent avec t rop d' inconsciente brfl,YOUl'<'. AY is a.ux nrn.îh·es et nu x parents. ,:, LES E COLIERS ST A'l'IS'l'I CIENS. L'institu teur tln y illag,e <l'Yvouand (V:wcl) a fait ü énornbr er. J>ar les pins j e unes élèves de sa cktsse (1le;;ré m oyen), les atbres fruitier s, les animaux dome1stiquoR, les m achine.s agricole;;., les fontaine s, IPR poteaux (•leetriq ues qui se trou vent daus le t.en i toire ile l a (·on1mune. n s ont tTouvé 251G uoyers . 1150 ('eri.sie,r:,;, 1002 poiriers. 873 pommiers. 1280 pt·uniers, 89 pêchers. 24 abdC'O•tiers, plus lû2 peuplier~ rl'ltali.e. Comme :rninrn nx tlomes tiquci'l: 101 che,,a,u x, -1 pouh1i11s. 7 ü1url.'anx. 28 bœufs , 300 vach es, 8ü gén isse.s, 2G yeain:, 37 mou tons, 45 chênes, 28-1 porc:'I. 1!)1 lapin s, 2G clliens. 2G3 chats, !)4ü poules, IGG pigeons . !) pinta<les. 17 c:inarrls. En fait cle m achines agricoles, l'P.nquf,t.f' a révélé l'exist en ce cJianR In commuuf' d e 30 f:rnche11scs (22 D uring, 5 Corrnid~. 5 \Vood, -1 V ictor, 2 Ac1riem1e, 1 llelvétia). G fnueu ses, 2 rîtteleu ses, 3 se moi,r-s. Ensuite !)3 fontniueR dont 4 publiques; 163 poteaux téléphoniqu es o n télégraphiques. et 35 poteaux pour Lumière ülech·ique. * ENFANT PRA'l 'lQ UE. - .Eh b ien . Charlo1l. au joul'Cl'hui tu n' as pas besoin ù 'uller ft l'école. Tu diras ii. )I. le régcut que tin, ma. m an a trouvé tleux petites sœu rs clans un ~~~~~~---~~~~chou . - Olt ! füs pnpa. e.st-ce qne j e u,e pour1·aü; pn :,; lni <lire qu'on ;1. tro11v(> qu·nue p etite ,;;œnr CONSEIL AUX E COLIERS. - U n grand et garder l'a utre pour la ,sernai-ue prn<·b<ll<i ne ; nombre d'enfants out l a manie de, porter à <;:t W {' fernit d('nX jours tlC' C'ougé! leu r bonch P 1:i. plum e nYeC la.q nrllP il s éeri-
easse )), l' « os·sature ». Ja, << membrure ll, la « tête » e t le << nez » dt- tour, la. << honC'h e >> d'un canon , l '« œilleton i>, la << languette» de boü1. l'écrou il << oreilles», le « brns >> de lcyier, l'arbre << eondé, >> la « m a in ,> de papier , la << ml[lnivellc », Ja « manette >>, la a p é!lnl e », le « doigt i,, l'« onglet». le ,, cœur 1, du bois, la ,, culass e>> , la «jambe >> de force. le joint à «rotule », le « pied n il C'Ouliss(•. l'" flme" d'un -canon, la ,, "l'"eiue >> d'un fil on, l'« aL"tère >> d 'un e canali1sation. t,a !<dent,, d'e ngrenage, la << mâchoire >l d'un étau. etc. . . .Parmi les an.imaux, nous tt·otivons: le cc ch eval >> unité d e pui-sS<ance mécacl1Ïqu e. le << petitch eva l " !l'alimentation, le << lonp >> p1ece m anqu ée, le «renard>> des trav aux hydrauliques, le « mo1vton >> qui se.rt il enfon.cel· les pieux, la « ch èvre >J, le crapautl >,, le « serpentin ))' l e « cllien >> cle fusil, la vis en << queue de cochon >), le « 1•at » de ,senures, le pied-de<< biche >>, le ,, lnpin" lle;s s ignanx électr:iqu cs1, la ,, trompe » ,i enn !'t le « b(>Jiel' » hytlraulique. Les ois.eaux ont fourni le col tlu «cygne», ht «grue», le « rossignol >J des c·ambriole urs, le mât de <{ p en ·oquet ii, l'« épervier >l cln pécheu11. le ,, martinet », ,e t , dans le urs parties, la « plume >l, Je « b ec », le « cou ». IL' << penne >l, la « crête >>, la « griffe», l' « ergot >J , etc. Ou pris a ux inse,ctes 10 <( pa.pillon >l qui règl0 les machines il vapeur et la « pnm1'i·~e » il dess iu ; aux mollusques, l'« h élice >J, le << lima\:o.n >J (l es escaliers, hl « coquille ll et la « y alve >l; aux poissous, la << torpille J>. Le régne végéta l a été n1i<s i\. cont ribut ion pour l' t< arbre Jl cle conCll(', le cc piv ot », le « 1 ronc "· la « hra.uchL' », I a << feu ille >J, l'« (>pi >>1. l e « mr aiu >) le « noyau i>, la ,, pomme " tl'anole'« marron l> de c·ontrôle, la ,, lentille i> d'optiqu e, l'« œillet ». la "frai.se>>, la l< poire >> à pomlrn et la " r ose n Lles yents. Il n ·est pas jusqn ·au fantnstiqtw qui n' ait été utili•sé. Ex,emples : le « diabl e J> cles cui,sinières et la «sirène>> cles u ayigateurs .. , . D'ailleurs, les langues étrangères ,en font autnut que la lang u e franç aise; elles !loun.ent des noms analogues, mais nou corr espomlant,:; au x m êm es ma,d1ines, outils ou instrument:;. Or l'abondance et la -cli veJ·sité de ces métaph ores füut a.isistes t•s.t une ùt•s prin cipnl es tliffieultC·s qu e rencontre.ut les trndutte11r8 ll'ou"l'"rnges scientifiques.
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Variétés
nw ill f> m ·c (]llrtl.it!' <.>t .'t de•:,; e<llH1il i())u; p ln:,; f;i \°1)1,l lJI P,S !' lll'Ol'P !{Il l' jll'l'e(' Üt'IU· 111t:nt , pel'met a11 l){>pôt clc lin-Pt ees l,llJÏ PJ'S aY(:'(; 1111(' plus fo1·jp 1·euiiFlt'. Sllil' lt·s ct1H'Ïf'11 :,; 111·ix. (Voir l ' nllllOlll'l' ,s v é· <·iak fig-u nw t ù la eo u 1·erlurP pout pl us dl' üé l ai!,s.) * li 1· p,s l <' qnelqm•s c:olledio n s dispo· uil1h,:,; dt' l',, E <·ok p1·irnai1·e'' (l!JO:.l/03). E lll'~ JH: n H'lÜ 0üe l'édéc·s a II ul'ix ré· tlu i t dl' :.l fr. au lil'u de 3.50. L e lextt, <les la pnbliea t ioll l'Olllpt\:' lT:! pagl'Si le::; s 11pp lP111PHts (y eo 111pri s J.1 11urtie oJfiC'icllc) :!;{:! pagr•:,;, ('<' qni fo 1·1uP 1111 ,·olutnc' tlP pl11s dP 100 pngP::; .. \ 11C·1111e pnblien ti o11 :si milait·e 11' offr<' 1111 L' t<•llt• abonda.11n• de mati Pr Ps po111· 1111 prix d 'auo llll l'llH'll( ,lll s,s i mini1u e.
Chroniq·ue scolaire Neuchâtel . -
J' H-(<~J LU(<;~ l>E )101'8. - ("e::; t · 11 u e l'Ùose s i11 gu lii.• r e que lv s pn' j11gé::; q 11i s'.i11 ad1 ent it l'C1·laÜ1::; rnot:,;. ll y a <p1dqt1L~s jours, ks p rol'ci:,;.~wnn; d11 Gy mnase ùt· )ieuehùll'l. dau·s 11ue leth·L· r enün e pnl>lüi ue, p~·otesta ient t·ontl' e un Jll'üjl'L dl' loi où il::; so11L quali fi é s üe ,, 1n,llt 1·t·s JJ . Comm ent, d i:,w11 til s, llon s :-;t•r 011::; Llt·s <( mal1.1·l'S .J> se nll'meut. ,.tlor ::; q 11 'ù l 'Ecule ea11 t o nal e de eurn tltL' LT t', n os eollt>gne·s Sl'ron l dl'S <! profr:,;·s eur,s >J ! En <J u oi li' \'Ol',Üile de• t<profrs::w nr >i P-St.-il p J11 s nol.Jle que cel11i <le te waît1-e '!H En .\ 1IPmague. le mol de prnfesse nr e st dP1·l·nu 1rn titre honol'ifi11ne, confr1·é par l'Etat. )lais, t1ans le::; lJa.)'s de langue 1'1·aut;ais0 où re11:,t•ign e1uent l's l li b 1·p, :ùtppelll' 1n·ofl'sse11r <Jlli Yenl. Le· nwilre de dau.se Pst ull professcm· (lt• mailll i l'll . ::,,\all:,; le 111oind1·e di]Jl (nnl', YO lls ]JO ii rp;r, 1·ons in ::;titul'l' lJl.'Ofesseut d e I ottle sl'it•111·L· ,·i:;iule o u o tc ul te. Le plus gu1nd eomvli111l'nt q1l' on 1mis::ie fail'e ù. 11n li ltératem· ou ~l un
cornpos ite nr éminent, e'cst de Jp qnalit'in de << waît1·e >J. E L ni ie i des meruL11·c s d11 l'Ol'JlS e•wwigm111t qu i 1·oieul üarn-: n· lit1·L· 11111' tlirnirn1tio11 de le 11r . siluatiou ])l'tsonne lle ! ~'- Ue11i•n•, ùe·pnis lll'H s i è ek::,, le titre de r égent est eo11l'éré a ux 1n·ofesse m s du Collège classiq uc; dans les cant on s de ,·a nd l't du \'.dais, i l est r ésern ' aux instit11te1 u·s pl'i111ai1· t'S. Hégen1 (pti \"Ï l' nt <ln latin (( r ege1·c, )) ' r erbe qni s ign ifip cl iri gP r, µ:on ,·e1·m·r, est l~tyrno logiq 11ewcn t: padan t, une a ppellatiou très fla ttc 11se; on l 'a.ppliq ue e n co r e à ecnx qu i g:o u1·e1'nPnt nn Etat pPudant nnc t utt'lle ou un inl érirn ; et (·e p eu 'da nL il al'l' ÎYe fréquemment que dans le• t·o q1s c11scig-Hn11t p1·imai 1·P, on préfèn' ù l'd k q ual i f'it·a t i o ll q n'ou t rnn,e Yi l'illie <"('ll t•. pin s m oül'!'u c, d'iusl i"lut l' Lll'. X'a tta e h ons pa,s nu e trop g raude int· JIOl'ta 1H·e ;1 C'l'S q11es tiorn, d e titi·es. L n bon régvll l ,·:111 t mi e u x qu ' nn mau vnis im;t.itn le 111·. d un rnnîtn· disting ué est ù t'l'Hl e·oudét-•s a11-cl es::rn::; d ' un profe::,::;t·u1· m édioere.
U1•i . - ~UU\.ELLE LUI ~COL.\.IRE. L t' Lmdn1.t h <'St 1Ja 11ti cru nprnj et d e loi seo la iec. L'frolc priwnfre sera déso n11a is ob li gato i1·e pou r tout l!nfau t d t>s l'ùgp ck 7 ù t:~ an s r él'Olus. L'an · ll\'l' sL·o la i l'1' 11uit <·0 1n pk1· au llloins J U :S(:'Jlla ill l'IS d °L' II Sl' ig-1.1Plll('ll t, l't Chaque se ma ine . 111 rnoi us :!ï lte11 1·cs ll'éeol e. Le u om b l'e mn x i1uum d'c"'1 è rP s pa1· C'lasst' Pst fixé ù 50. Le trai tement d e::; régenls es t c11• 100{1 fr. a 11 min im 111n p o ur les réµ\'lll s ù raisoll d(' ;JO ::;e 111ai11es de da s·se p,11· ,Ill. LP llliUÎlllllUl l'St ékl'é ù 1JUO fr. :,;i l'année :seolaite eo111 pte 40 semaines . - Uf:ClEYl'H \ ' UL\<rEURS. - "'G u inspedeu1· scolaitl' Yil'll t ü',no i1· une irl é(' ingénit•usc•. C'0111me l' ou sait, les euf,111ls hauit.rnt la m ontagne doiv e nt so11 r e nt fa it·e d e Jougs parcoun, pom· aller ù l'él'ole, e t s 1.11·rno11ter Lien des
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ol.,stacles lJOUl' aeqn érit- uu pen d ' iustt-udiou. 11 peuse qu'il y aurait anwtagl' ù. C L'ét>l' des iustitutenrs itiuérauts, qui 1·éunil·aie11L tani.ôticiettantôtlàles t•nfauls dl' plmlie11rH drnkts isolés et leur ÎlH.: ulquenti ent la science indispen saule à quico11que Ye ut faire aujourd' ltni ,:;on dwmin dans le mond e. · L'idée est exc ellente. Que lles intéresH,rnfrs et prnfita bles le~ons, en effet, q 1w edles q ni s0n1 ient do nuées en IJle ifll' alpe. l'll face des rocs sublime!'l. au sein même de la gl"ande nature YiYaJlte et magnifique! ~fais a u ssi quel maitre il faudrait pom· les expliquer!
Lucerne. CORPS E)ISEJG~A_:NT. - Le C onseil mnuicival de Luceme Yient de v oter une augmentation des traitements tln corps enseignant. ( 'es traite m eut,s ont été fixés comme suit, pour la µériode 1904- 1907: fostituteurs 1nirnaiN'S Fr. :2G00-3400 Iustituhices secondaires :n00-2800 lnstitnfriccs primaire,s 1800-3500 ln:;titutrices auxiliaires H00-1800 Voilà des é trennes qui ont certainem e nt dû être bien accneillies par les intéressés.
G 1·amrnnirt> Larhe (pré.p.) <.hamn1a,ir( L:wi rre (FC' année) (.-ka:111111::iin• Larive (;3wc année) ::\Iét li ode ana lytique .Je style par Je F. l'., dh-isée en 3 vol. comme suit: Ann ée prépairatoLre, Fe anuée, 2me année( clla,q ue vol. sépaeé'me nt) Kou,veau, dic:.:tiornuai:re L a rousse D ictiounafrc com1plet Larousse
0.50 0.60 0.90
----------~Bibliographie
L'Eglise fut de to ut
0.95 3.:.lU
3.70 0.1:W
0.60 0.15 0.50 0.80 0.80
0.60
0.75
,.:;()
Liste des livres d'école. l:t g-oureri-ne d11 person.Tit'l PU· seigna:ut, d(,s .rcl:rninistr-ations comwunales et (les commissions scolaires, 11<~11 i,; moyorn, deYoii- .i'a-p,peler d-ap1'è,s la. liste d es classiques e u usage d ans nos écoles Pt qu 'ou ;peut -se procn,r er aux JH' ix iudiq ués au Dépôt ca nto1Hû des licres scolaires, m aisolll Ga.uioud, S:ion. POU L"
Religion <"a técbisme cl II iliocèsL' Fi·. -.40 0.70 Bih1e illnsb·éc Houn1uai-d Hi,stoi1·e s aiThte ~ 0 1 (S. 11) 0.35 IIistoire sainte ~ 0 3 (S. ::\1.) 0.50 !Jœ/Hf 1w inatenwlle 1I6tbode de lei'.tme S. M. 0.40 Ami de reufan ce 0.50 G u,ya u, ire année 1.20 Gralllltmai•r e du Valais 0.65
l'HOBLF.M JD:-: ff.\lU'l'ID1BTl!ffE. 11:11· l'au! l•'C·lix . - La.usa1111l', 11 :1 11t l'i C ie'. lihrn ilvs-(,1lill'lll's. L<'s prohli"•111l',; ,l(,n I il s·a ;.:;lt. snu l. 1L1·,.i i 11 ,,.~ aux .Î<' lllll's fill <'s d es (•codes priu1:1irC's. ,..,.,·uJltl:iin•~.
:-:upPric 1 u1·(,~.
111tJ11ng-l•n"'~.
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La communion fréquente I)
Géogrnphie et Histoire Eléments de géographie Abcr·é,gé d' histoire de la Suisse ave-l: p,i·écis instruction ci.vique Ca[·te de la Suisse surr pa:p,ier éc. c~uie de la Suisse sur toile Carte dn Valais Car11be de la Suisse (so us PnYeLo,ppe) J1ou1• cours die ,ré pétition _lritlu11{:t ique .\ri1l1méüqne des écoles primai•r es: Co,un; élém. et lJ,r épar. Co,urs moyen et Sllipél'ÎCllir
Supplément au ~ 3 de f ,,&cofe,, (1901t)
1>1·ol"l'1.,-..h,11-
11ellf's l't 1k,; [!Pusio1111,1ls. 1:a11l,1·ut·. d(·~ i1·1 1x (1,, f.:I Îl'l' !\'IIYl'e p,;,;(•ll'licll!• llJ('lll ]>l':I I i,qm•. :1 pri:,; 1,011r hase 1lC' ses l>L'ohli:·urns I<',; l'Îl'l'UII lau c·p,; <lil"l'l',;e.,- <h• la Yic journalif>re. è\os fu i Ul'1!>8 111 é11a;.:;i"•rf',: :ll)Jll'PHllroul niu,-i ii ,-e tirer l'l'OIJOllliillll'lll <'llt d '.iffail'l' !' Il Cl' !Jlli !'(),IJl'el'JJl' la 1·uisinC'. l'J.1al>illc1uent, le ilug1~. 1'1•efairag,,, le ,,1J,.1urt'a;.:;e. k '>' :1 t l1at:- et k s ,-pul ns. Pll'., (' i'l'. · l><·s l':l knl,; <l'iut('r(•t leui· lll'C'lllc t tron t ll"an t n, part <l"(•ta.hlir facilemPul l e reYeHu lles (•parg 11Ps <Jli' PH Ps auroul rbd isées. Enfiu Plies se fa1niliari ;;nout aYee la ro111vtaùilité lle rn0 naise. cloJJt. l'ou,-.rage offn, plusieu r s 1110!1/\lp,; iJJ tér c~.s;i,n.t,,-_ Uu ta hlea u tlel:' JJOiLls el Wl'sll l'l':< Ht01ri(Jlll\-; (·owplf>h:- ('e volume !]\If' lJOUS l'Cl"O)lllll1lll(iom; tout Kl)0<.:ialelllL'llt ,1 l'a t tentiou du corvs euseiguant.
Ü'lllJJS
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à la communion fré quente: te.Ile est l' imp1'l'f-,don qui xe dégng<· 1wttement de 1011 te (, ude bi f.\to1·ù1 ue de, la sainte
<.:OllilllUllion, HUS!>Î uien <1\le lÎPS dO(;U111en l s dogmatiques et diseiplinafres (lans lesqn<> J1s J'Eglisr a formulé sa pensée d'une fa~on offir·iPll e. ~a taefüJn e L'St toujo m·s l a même: 1-ont<>s le,s fois quP smgit un semblant de ronflit Pntre l'bomwur de l'Encbaristi e et JJ0:,1 inlé1·êts spiritue ls, l'·lle n'bésitP pas; et avPe la cf'tti l ndP q n' ellP fraduit fidèl e 11 1t•u t la Jl(•m,(,,. (1:! :\i;: Jn,·. c·(·st 1v !Ji+- n tl es fu1ws ,!:!'ellL· se p i-éo(;cnpP a ranl 1out d~ JH'rH Lli'(.'!', au risq ue (l e pa1·aîtn· pnl'fois 111dtr,, l'll oubli le n'spPct dû an saf'J'(·mPnt. <"<·st b ie1, la pPnsée intinw (lP ,TPsus1 ' lil'i:-;t, par c·,msé(111eLLt , qu'<'lle nons li1-raii d ..111R ( ' P t exte si S0UYP11I t:ité: (( l,p l'OU<'Ï lt· s'ad •··e,s sP nffednPn"t'rne11t c't palP1·1ie lle11 w n1 ù tom:; il es r:l1t·éti(•11s, pom· 1,.i;i t>xhort P1', les 1w ie1·, les c.:onj ure r , p.ir leR Fnt 1·a illl's dt> b miséricm·dp dt• not1·e Di r'u, cl e rest(·l' uni s dans <·<, li1·n ,11 · cha1·i1é, dans ce syrnhole dl• c·on(·01·ÜP. Qu' il·, se ,souYÏL'nnt•nt (le <·t· rnf>r' <' il l1•11x :Ull<>111· de Notre-t-,pigfü•11e, qui, nprès avoil' <lon ué sa Yi< · p ou1· nous rn <·hdPr, no11;-e :l. douné en<·on' sa ehai 1· l' n nourritun•. Qn'ils croieJJt ù. <·<· mys1<'J'P ,1,· so11 Sa.nµ: a ,·et tontf> l'énc•rg ie ,le J.Pu t· foi: c1n'ils l e 1•éyèrent aYre h1u')
Extrait
cl' un
des
derniers
o u,ragNl
(le :'IL l'abbé Lej e u ne. Les pnblie:,a 1.ious \le c·e pieux prêtre. ellnno iue (le Tieim,: . Ko1ü <le pl u s en pl us ,a11pr éciée.; dn der~C· d tles laï ques fC'1·yc•n1.s. O r tbo(loxi c de ia doctrine, ~ag(>SR<' cles co·useils, aeccnt ll'nue loyal e lléyo1ion. i;i,wpUcité C't r lnrté rl n laugagc, ou tro11ve1i:-1. tout dans: t t'iS 01n1,sc 11l C's. Le;:; <'urés f<>ront tl ouc: bien th' les pro,pag:er pn1·U1i ln jeunesse. (P:iris, r. Letbielleux, étlite,11r, 10,
rue Cassette.)
tP l eur piété l't l enr dévotion, et qu'ainsi (( ils soit•nt e>n éktt de ref"ev ofr fréquemment ce pain dn del. J> La po,s sibilit é d' unP modification venant à s'inhodni1·e un jour dans cet cnseignemen l ne saurait Hrf' cHscutée. Nons ne s0Jtrn1t's 1>:+s en présence d'uBe de ees règl es d'intérêt secondaire quP l'Egl ise juge opportunes aujourd 'hui , p t_ qn' Pl len~mani erademainpent- · Ptr-e. Nous touel10ns :\ l' nne des conditions essentie ll es de la Yie chrétienn'e, Pt il n'.v a rien ici qui •soit à l a merci des c i reonstn nces. La doe:trine de l'Eglise eoncenrnnt la -eommnnion fréq m•nt (~ doit donc:.: Mre rpg·a r<lée comme fai,;;1111 :;;11·ti1• 1Îi! c1Ppù l inlangihle qtw ,Jésns-<'ln·ist lui a c:.:01ifié.
Le départ des religieux Le flot pa,SH<· 1·011lau(· (' l t uu hnnentit· ble et p;loriPnx mélange, 1 t'l'H tes ellPmins olts(· u1·s Lie ln prnsniptiou, de la eonfi sc,il'ion d de )'Px il, où d'autres (1Pjù ks on l J•t'('(·tidés, q1H- la tcmpC,t1·' ,t Y:ti1 tl u pi-cmie1· coup d 0rnc:.:inés, t on le lllll' fo nlv d'innoce11ls, d'hollilUPS (1,• 1011;:: k •s :î.ges, l'Onpahl es f((·nlement dn JJ 011l qu'ils podt·ut d llP ! lia.bit qui 11,:. ,·on l'l"l'. Jls 1s<nir li\, <111 i : ,,\P ou yingt rn illt>, hi t)1· t-> n<·oi-e Pt j11~11,1 'au dPr11i<•r m orueHt-, tous occupés 11(• scrYir leu 1· Dieu, ùe l e pti(•r, d'en,st·ignn· s a loi, d'él evl'1· le.s eufants du J><·nple, dP soig·n<>t les nutlnfü's et de Yisiter les pau\'l'<·s, 011 de pol"tn a n loin . ,-ons t ous Jp,s cieux, l e nom dr J"ésus (' T cel ni de hl li'1·an(·P: fil,f.\ dr s:1int Rlïluo, anacl1éR ::n my:;lt'·te tlu désc·rî alpt•::;tre, où se ca.t'lrnit Jpm· s iJt,n (·i <•us,p C't bPn1·en se féc·01H1 i1P, l1Pri1.ie1°s 111c' c"c·s viemes as,soc·ia t ions momtstiqu(•R ,·JlH', j:Hhs, la société llt~SOL'ganisée Yi1 ,lpJJaraîtn:' ,lll mi l iP 11 d' elle, r·onm1 e 1rn111· dfr,, aux gPné1·ations qui pnssaie11t : \'ose?. et fa i -
50 tes! disciples du doux et mystiqu(l amant de la Pauvreté chantée par Dan,. te en son Pa,railis, qui, les pieds nus, la corde autour des reins, annonce-nt eu. core au peuple, suivant Je précepte du Maître, la grande fraternité de l'E,vangile ! ceux-d chargés, comme d'un illustre et redoutable fardeau, des grands souvenirs de Dominique et de Thomas d'Aquin, paŒ'és du nom de Lacordaire co":1111~ d'une gloire rajeunie, apôtres, écrivains, éducateurs, dont la 1·obe blanche est encore marquée dn ,sang versé, sous Ja Commun<:', pai· l es ma1·tyrs d' Arcueil ; ceux-là, nés d'un acte d'amour divin au pied des échafauds <le la Terreur, destinés eux aus,s i, comme par un retour de leur tragique origine, au ,sanglant sacl'ifi<:e de 1871, et dont le monde entit>r apprit à cout11aît i-e Ja vertu, quand lui furent révélées la Yie et la mol't héroïques du P. Damh:n; ceux-lù encore, qu'un pauvre vicaire du diocèse de Belley destinait au modeste apostolat des campagnes françaises, et qui, poussés par l'appel de Dieu vers les terre,s océaniques, donnèrent un jour ù ·la France Ja NouvelleOalédonie; et ces prêtres, graves et savants, qui rendent à notre temps, et portent jusque da.us l'Institut de France, le,s grandes traditions de Pierre de Bérulle, de Malebranche et de Mass.illon; et combien d'autres encore, d ivel's de nom, d'habit, de vocation, mais tous sais,is un jour par ce besoin de l'fune que Bos,suet appelle « la triomphante folie», qui les jette en quelqu'un de ces asiles << dont la srtructure, comme ilit Taine, est une cbef-d'œuvre et dont les bienfaits sont infinis >>; et, mêlés av·ec eux, tous ces humbles eufa11ts du peuple, qui se uomment ses Frè1·es, et lile consacrent à son service, comme ce ux-ci, que la Bretagne entière, couverte de leurs écoles, connaît et ré,ère, et en qui le grand nom de Lamennais fait éclater, à la fois, par un frappant contraste, la stérile mémoire du prêtre apostat et la féconde activité du prêtre
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fidèle. Le flot passe, roulallt avec lui ces miHiel's d'hommes, sans paI"ler de,s humbles rel igieuses. Ces hommes, ces femmes, tous soumis aux loi,s, qui ne sont coupables d'aucun délit, s'en vont eepe.n daut, au supplice! Le mot n'est pas hop fort: supplice de la vie brisée, vie de l'âme et du cœur, brusquement arra chée aux joies p1·ofondes de la vocation choisie, aux douce111'.s intimes des ch1'é1·ienncs tunitiés; s upp1lice aussi <l<·R œnn·Ps anéanties, du dévo11e11wn,t interdit; demain, sans doute, pom· la pluva1·t, s.upplice de l'exil, s 'ils penn~nt foudel' ailleur•s un foyer no11Yea n; s11pplü:P de Ja misère s'ils dPmenre,nt ici sans pl'Ofession, puisqu'ils n' en avaient pas d'antre que l'ensPignemeni on la prédication, sans u10ye11 d'existence 1misqu'ils ne soutenaient leur modeste vie qne par cette peofossion même! Pom·quoi? Ils le dPmandcut, et M. Cornbl'S leur 1•époud: << A ll Pr., ,·nus Hcfl la UongI"égation ! >> Ménwra.ble aveu de la passion sectnire qui sacrifie à ,s a haine po111· le nom et l'habit religieux, jusqu'aux malades_. anx infirmc•s N anx miséreux ... Réel. - La helle et émouva ntp pag-e qu'on viept de lil'c n. été tirée d'une brod1111·p publiée par )f. le comte Albert dP .\fun, le ntillant ùépnté catbolique ù la Cbamlwe et mPmbre ùe l'Acaùém.ie frauç-n.ise. Cl'tte ci ta tion revN un cantct-ère partieulicr de douloure n,se actualité ,en ce moment encore.
Anecdote scolaire : * ,l l'frolc. - Pon vez-vous mP ,lire ù qu'ellP époque David tua Go liath ·t Dame, 1\1. le professeur, ça. doi,t êtrP. jt> pPnsP. ù l'é1Joq ue de la Frowlc.
••• Ce que dit l'horloge Il est peu d'habitations qui ne recèlent ce meuble étrange, si remarquable
c·ntre tons et pourtant si peu remarqué. Nous disons étrange, parce qu'il est le seul qui ait le mouvement, le sen! qui ait nne rnix. Quand tout le reste t'St immobile, l'horloge marche; quand tout le reste se tait, elle parle. Et sa marche n' est pas un mouvement sté1·ilP, nue agitation sans but; sa, pa1·ole n'est pa,s un son v iùe, un b1·uit inr;iguifot.nt. Tous ses pas ont leur via.leur; pa:s un de SPs soll's ne se perd inui.ilement. Elle compte, et rien ne dérange ses calculs; elle assigne à cbaq ue chose: se,s liwites et l'.ien ne les recule. Elle n1Psme la vie à chaque membre de la fa111ille, e lle sonne à tous le glas funèbre, et antune puissance ne saurni1 rendl'e •ce qu'elle enlève, ou accor1l<'r ('f' 11t1' elle r efuse. Elle se môle à ! ouh·f< les octll}J::ttiom; dt-> la journée <·t au repos de Ja nuit. A elrncuu elJe nq,pelle le <le voit à remplil', el le repro<:he la faute commise, elle dénonce le tf•111ps pNd11. }1oniteur infatigable, elle Ill' laif<St· l'it->n oublier. Le 111atiu, el,le n i<· au 11.11·1•sseux. « Voilà l'heure de t 'ana<"h<:r au sommeil; lève-toi!» Le f<oir, l'ile dit à l'ouYriet fatigué: « 'l'a (;î,d.1P 11t10titliPn11e est acheYée; va rép,ue1· tl~S fol'C:cs <lans le sommeil. » A ti-oi:s ou qua.! 1·e n·]Jriscs, elle l' avertit IJ u'il a be,.~oin <le nounitun.!. Enfin, qu'il faille agil' ou s e reposer, sol'tir ou 1·0ntr-er, l'l.10dogc est là, divisant la jou1·née, fraetionrnmt le temp·s, émietiant la vie; toujours ·sou ti111bre argPntin ,ien1 , aYec une inflexible régu larité, frapper l'oreille, et par là même évei11er l'attention et tenir en baleine les puissances de l'homme. Me nble éJ"rn.nge, encore une fois, mais bi<•n mal (·ompris. Témoin di,scret de tout ce qui r;e passe dans la famille, l'horloge maeque l Ps naissauces, les malad ies, le1s mol'i s, }('s tristps,ses. Ies joies, toujours calme, toujours sévère, 1nnjom·s inflf'xihk. Qu<' l',Pil qui la regai·dl' soit ill m uin (. pai· la joie ou obscm·ci par les Janne:,;, c'est tout un pour elle; elle indique ù chacun le point du
temps où il a ri, où il a pleuré, et c'est tout. Quand la maison en deuil ,se lamente sur la perte d'un être chéri, elle sonne; quand une jeune épousée entre ivre de bonheur et d'espérance, elle sonne encore; mais sa voix est la même, ni plus tri<ste là, ni _plus gaie icii s on pas l:'st le même, ni plus pressé, 111 plus lent. Le malade la contempl~, et se plaint q ne sa ma.l'che est horriblement paresseuse; l'homme heureux lui jette un coup d'œil rapide et dit qu'elle a des aile.s. Ni l'un ni -l'autre ne sont dans le uai: l'horloge n'a hâté, ni retardé son pa,s: c'est le pas du temps, ferme, inexorable, ne reculant jamais. Et c'est le pas qui nous mène vers la tombe, vers l'éternité! Oh! que de gTaves enseigne.ment,s se i-attachPnt à cet inséparable compan·non de notre vie! Jusqu'où ses ave1·· tissements s'étendent, jusqu'où sa grêle voix retentit! Il n'est pas seulement charo·é de mesurer à l'homme les heures de sa vie mortelle, de lui servir de gnide à travers le dédale du temps. -Sa mission est plus haute; c'est le messager d'outre-tombe, l'écho anticipé de la trompette qui réveillera les mort:s. Et l'Eglise l'a bleu compris ainsi, elle qui s'est emparée de l'horloge et l'a installée au sommet de ses tours. Du haut de nos clochers, l' horloge parle à tous et leur t ient le même langag·e; elle sème dans les air.s ,ses averüssement,s tou)·ours araves, toujours sérieux, a.fin que "' . le labourenr à la campagne, ·1e citoyen dans la ville, l'artisan dans l'atelier, le voyageur sur la route, le malade dans son lit, se souviennent que leur vie ici-bas est un pèlerinage; que leurs benres sont comptées, et que toutes les existences, comme de faibles ruisseaux, vont ,se perdre dans ce gouffre immeil'se qui s'appelle !'Eternité. JJhorloge .sert à diriger toutes les opérations dP l'homme dans le temps. Elle marque toutes ses étapes dans le chemin de l.a vie; elle 'l'excite au travail ; elle ,J'appelle aux réjouissances ;
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52 elle l'invite au repos; elle lui rappel'le le passé; elle lui donne le présent; mais elle lui cache l'avenir; mais elle lui dissimule l'heure où il ira heurter cette borne fatale qu'on appelle la tombe. Combien de fois l'aiguille fera-t-elle encore pour nous le tour du cadran '( Combien de foi8 ce timbre argentin frappera-t-il encore nos oreilles? Mystère profond, problème impénétrable, que Dieu sait, mais que l'horloge, sa fidèle messagère ne ,sait pas. Une seule chose est certaine, c'est que l'heure actuellement commencée peut être la dernière pour nous et qu'il e n vienùra uue où notre fune quittem cette tenP d'exil pour paraître devant son Juge. UUimci lutet, la dernière heure nons est inronnne. Si cette i' Prité si simple était moins oubliée, quel changement elle opèrerait dans la eonduite de la plupart des hommes! Comme leur âme se détacherait des ,choses de la terre et aspirerait aux biens de l'éternité! Elle comprendrait qne c'<>st folie de po'.11'stüvre avec tant d'ardeur CP qui d01t passer et de négliger ce qui doit durer toujours. 0 mortels, êtrf>s d'un jour pourquoi . ' a1JJJI"é c1er.-vons si pen c0 grand, ee rielw trésor- qu'on appelle le t<>mps'? Vous n'avez en réa lité pas d'autre bien qiw celni-là. Et il appartient :\ tous, an pauvre comme an 1·iche, au petit f'.omme au gnmd, à l'iguorant comme au savant; au rebours de tous les trésors terrestres, il n'y a pas de différence ici: la part de l'un ne fait point de tort à la part de l'autre. Mais c'est aussi le seul dont le compte sera rigoureusement exigé. On ne vous demandera point un jour quelJe étendue avaient vos domaines, quelle hauteur avaient vos maisons, à quel chiffre se montaient vos affairt•s; mais bien quel empl oi vous aurez fait du jour des heu. ' ayantres, ,] es mmutes f)ne l'horlog0, coureur de fa mort, aura marqués à votre nom. Eco-utez donc, si vous êtes sages, ce timbl'e mélancolique; suivez du
regard cette intrépide voya(J'euse l'ai" ne ' recugm·11 e, avançant toujours et lant jamais; et dites-,ous à vous-mêmes : Ne perdons pas une de ces heures, car toutes ont une valeur éternelle, et la dernière nous est inconnue ·
Ultima latet.
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Chant et musique , S_. S. Pie X vient de promulguer un Yer-1table code dout la fidèle exécution f"Ontribuerait heauc·oup à rehausser la dignité et le caractère sacré du culte pt~blie dans les églises. Ces sag·es presenptions~ 1]i,stribuées en neuf chapitres, d_o 1vcnt eti-e connues de quiconque dinge des Sociétés ùf> chant re ligieux ou <le musique saerét•. C'est dire que tout presb:_ytère ·aunt soin de se procurer d'étudier et de conserver un tel docu'. ment pontifü·al. Vu sa longueur, nous ne pouvons le reproduire; il nous suffira d'0H signaler quelques points, préci::;hnent et>ux qui peuvent mieux inté1'P8se1· nos lecteurs: Fidèle protectrice du progrès artisti<J nP, l'Eglise adnwt la musique modern<'. à l'0xelusion de celle dont l 'allure SPrait profane e t surtout théâtrnJe; Dans l<s offices liturgiques solennels, tout ehant 0n langue n1lg-aire est int ncl it; L'iu l (•nention, dans J<, clrn nt des tPxtes I iturgiqucs, est e,rndanrné~; Les chant,s d'ensemble doivent être préférés aux soli; LPa femmes ne peuvent êtrp admis0s com10<> membres dn cbœur ou de la chap0ll<> musi·()t\le: lf>s parties df' soprano et de conti-a lto df'vront être chantées pa 1· des enfants; Les chantres ne doil'ent êfre choisis qu; parmi lf>s fidèle!'! honnHes Pt pieux fiu.1, pnr_ lt>ur tenue <'t leurs mérites, l'IOJent dignes de ee s,:iint office· Lf>s autres instruments de mu,siq ne que l'orgue peuvent être autorisés en 0
'
des cireonstances particulières, avec pPl'mission spéciale de !'Ordinaire; Les intrnment;i ne doivent pas couvrir le ehant, mais seulement l ',accorn)lagner; L€s longs préludes et intermèdes sont interdits; L'usage du piano ou des instruments bruyants ou frivole,s (tambour, grosse caisse, ett), est inkrdit dans l'église; Dans un cas spécial, avee consentement de !'Ordinaire et après sérieuse 1·églementation du choix des instruments et des morceaux, les fanfares peuvent jouer dami les églises; Les morceaux de musique ne doivent pa.s se prolonger de manière à faire attendre le prêtre à l'autel ; Enfin, les évêque,s devront éfa blir dans leur diocèse une Commissi on d 1argée de veiller sur la musiqu e usitée dans les églises.
Le XIXme siècle Voici, sur l e siècle dernier, une belle page de François Coppée, le distingué écrivain catholique, membre de l' A cadémie fra ll(; ai se: Le XIXe siècle sera eertainemeut appelé l e sièele de la science ; car toutes se.s g lo ires, pourtant ,si éclatantes dans l'ordre de,s faits et de la pensée pure, pâlissent en face des prodiges scientifiques dont il fut témoin. Les voies ferrél~S et les navires à vapeur ont rapproché les distances, l e fil électrique le8 a, pour uinsi dire, supprimées, et bt>ancoup de forces de la nature, notamment les rayons du soleil, ont été 1·éùnites en esclavage. Certes, eela est fill•rveilleux. Il suffit de compal"er les cartes de géographie récentes avec celles d'il y a quarante ans, pour reconnaître ql).c la face du monde a été changée, daus cet espace de tC'mps si court. La mystérieuse Afrique est pénétrée de toutes parts. Sm·
les haut s plateaux de l'Asie, d'où partaient jadis les invasions barbares, les ingénieurs russes et leurs équipes de travailleurs posent, à l'heure qu' il est, des traverses et des rails, et il y aura bientôt une gare à Pékin. Il faut être juste pom· i;,on temps, et admirer sans réserve c,e qu'il a 'de vraiment admirable. Que ne peut-on pas espérer d'ailleurs des découvertes modern.es? Aujourd'hui, je cause avec un ami, bien que j'en ,sois séparé par des centaines de lieues. Qui sait ·si, demain, je ne verrai pas son image en même temps que j'f>ntendrai sa voix, grâce à quelque nouYeau prodige de l'électricité ·e t de la photographie? Ouj, ce siècle est gr·and ! Le plus grand de tous, osent même dire les savants infatués. Mai,s alors notre cœur proteste, et ce cri d'orgueil n'y éveiUe pas d'écho. Car, au milieu de ce bien-être matériel, dont la plupart, hélas! ne profitent guère, nous sommes tourmentés comme auparavant par le mystère de not re destinée, nous ne nous sentons ni meilleur-s ni plus heureux. L'astronome nous montre au firm::iment des milliards de mondes, mais il ne nous dit p,as s'il en est •m où nous revivrons un jour e t où nous saurons enfin la vérité. Dans tous les bouillons de culture de son l aboratoire, le chimiste ne trouvera jamais un ,sérum contre le doute et la tristesse. On a purgé de la peste cette grande capitale en l'embellissant de frais jardins et de larges boulPvnrds, mais on n'en a pas chassé la ha.inc Pt l'envie qui entretiennent la di,scorde entre l es citoyern,. Quelle force utile et bienfaisante n'aurons-nous pas entre les mains, quand nous nous serons rendu~ maîtres des explosi fs! Mais, jusqu'à. présent, nous n 'avons su que les m~ttr,· a.u service de la guerre et du crimf'. C'est sans doute après le bonheur, mais sans aucune chance de l' atteindr<', que nous courons, furie usement emportés par
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nos bicyclettes et nos automobiles· et les clairs de lune de. tout un été ~ue n?us co~centrons dans l'ampoule d'Ed1son, n ont pas rendu moins obscur un seul des problèmes qui sollicitent l'âme humaine. Non, le XIXe siècle n'est pas le plus grand de tous. Elle a justement échoué cette tentative du calendrier révolu '. tionna.ire qui avait la prétention d'inaugurer une ère nouvelle et ' t avec raison . ' ces que nous nous obstinons à compter les années depui,s l'avènement de J ésus-Ohrist. Certe.s, nous as,sistons, dans notre temps, à des spectacles extraordinaires; mais l'époque où naquit !'Enfant de Bethléem a vu bien d'autres prodiges: elle a été témoin de faits su rnaturels, elle a entendu des pa.roles divine·s. Que valent toutes les inventions acientifiques dont la ,s,ociété moderne est si fièr~, mais qui, en somme, ne changent rien au cœur humain. auprès des a,ct~s accomplis et des mots prononcés, 11 y a 1900 ans, par le Mes,sie de·v ~nt quelques pauvres gens de la Galilée, _auprès des miracles et des paroles qm ont semé et fait croitre sur Je monde de si abondantes moissons de justice et de bonté? Souffrir avec résignation et monrir av~c espérance, voilà le gr·and secret qm nous fut révélé sur le Calvaire et il est bien plus indispensable à n~tre bonheur que l'acétylène ou Je phonographe. La science orgueilleuse et bornée des incrédules s'acharne en vain contre la croix; on peut les mettre au défi de confectionner une cartouche de dynamite capable de détruire ees deux fragiles pièces de bois, ce gibet sacré par la mort d'un Dieu! FRANÇOIS COPPÉE.
••• En pays sierrois Vercorin
Si la montagne est ravis.sante en été elle ne l'est pas moins en hiver 'a lors' }
qu 'el.le est entièrement drapée dans sa robe virginale. C'est l'impression que j'éprouvais l'autre jom en escaladant le mont de Vercorin. Comme la nature, le ciel était pur. Aussi l'âme avide de savoir, de connaître l'inconnu francl~issait-e'lle ces espaces, dépaS1s; 11t les pics les plus élevés, montant toujom's po_ur se recueillir enfin dans Celui qui sa1t et qui voit tout.
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, ~'ercor~n ! quelle position enviée pour l ~iver! bien exposé au soleil, vue splen. d1de sur la majeu r e pat·tic de Ja vallée du Rltône, population ayenante et sympathique, village enfin su ivan t les· caprices dn tenain montant, descendant, formant presque une smte de croix. C'est bien le ('as ici de dire q t H, ,i;on clocher le domine. En effet l'antio ue . ' ' ., ég l1se s élèvP coquette au liant et à l'extréwité E,st du village, qui dort daus une sorte de vallon fermé d'un côté l?ar la montagne, de l'autre par le monticule de la Creva.sche. Vercorin est très ancien, dn moins par son église qui était déjù bâtie vers 1270. Autr efois il fonnaii: commune seul, a.ujonrd'.hui il se trouve être une propriété pre.sque exclustve ùt.>s Chalaisards. Comme paroisse, par contre, la séparartion existe toujours. C'est le 17e siècle qni a dû voir 1a réunion de Yercorin à Chalais. Appartenant souvent à un 111iême seigneur leur,s rappo1-ts ont dù même avoir été un moment très tendu.s. Qua.nt ~l l'acte rappela nt· cette uni_on; il e.st introuvable. On suppose qu'il a.nra disparu, ainsi que d'autres docn ments importants dans l'incPndie qui détruisit Vercorin, vers cette mème époque. La date de cette jonction, fa utl' de papier ou acte le prouvan1 , est donnée par le,s croix de pierre des t ombes du cimetière, qui portent depuis lors le nom de « Chalais et Vercorin ». Ce qui étonne à Vercorin, c'e,st de trouver daus certains endroits d'excellent sable à bâtir. Dans les fouilles
55 nio ns dis.ions que, « persévérant dans l' application de la doctrine de Monroe, l' .,Amérique aux Américains", c'est-àdire aux ,,Yankees", ceux-ci ne ,sont pas plus tôt pos,s esseurs des Antilles espagnoles, qu'ils cherchent à acquérir l'isthme de Panama. » Et voilà la chose faite, non plus cette fois d'une manière déguisée, sous le prétexte d'y construire le Canal interocéanique, mais en fomentant une révolution ou plutôt un coup d'Etat, qui détache adroitement et brusquement le fruit mùr de Panama de l'arbre Colombien, qui le portait depuis des siècles. Et pourquoi? Parce que la Colombie, trop peu accommodante, ne voulait pas céder aux exigence,s des Américains, marchandant la concession du canal de Lesseps prolongée jusqu'en 1910, et surtout parce qu'elle s'inquiétait d'une domination étrangère redoutable, les Etats-Unis étant déjà maîtres du chemin de fer de Colon à Panama. En effet, les négociations traînaient en longueur, lorsque tout d'un coup, Je 3 novembre dernier, la révolution éclate à Panama, où un gouvernement provisoire érige en république indépendante l' isthme et son département. Une canonnière colombienne, la « Bogota l>, essaie de bombarder la ville pour rétablir l'ordre, mais un navire de guerre américain, le « Boston », qui se trouve là bien à point, l'en empêche sous la menace de s'en emparer. En même temps. l'administration du chemin de fer interdit aux t r oupes colombiennes réunies à Colon de venir au secours du gouverneur de Panama. Deux jours après, le gouvernement de Washington reconnaissait la nouvelle république, et nul doute qu'aucu••• ne puissance européenne ne pourra s'y opposer; tandis que la Colombie est hors d'état de reprendre son bien, d'auA~fÉR.IQUE tant pins que les bâtiments de guerre La républi<Jue de PANAMA.. - L'an américains ont l'ordre de bloquer les dernier, dans notre bilan américain, ports colombiens et d'empêcher tout
d'un fondement de grange on a même découvert le squelette d'un homme enterré dans le ,sable. Une opulente noblesse lia.bitait dans le temps ces beaux parages. Beaucoup de ces demeures, à part le château, sont actuellement la propriété de quelques habitants de Chalais. Le château, dont le;s ruines se Yoient encore se trouvait à proximité de la cure. Un peu au-dessous, on remarque encore aujourd'hni le << raccard » où se faisait la mense, c'est-à-dire où les sujets apportaient à leur seigneur la part qui lui revenait de leur récolte. ·en autre château, propriété des de Chastonay, domine la partie Oue,st du village. Vu de loin, Vercorin est bien le village de montagne, tant aimé et chanté par Mario, mais combien l'aurait-elle il'ou Yé plus beau et plus attrayant en l'ette saison. Quel contraste frappant entre la robf' immaculée qui recouvre les pàturages f'nvironoants et le villag-e dont h"s maisons, noircies par le temps et bdtlées du soleil, paraissent des pl us pitto1,esqnes. Çà et là cepen<la.ut se rf'ncontrent quelques taches de blanc pftle, ce ·s ont des demeure.s, en lJierrc de construction p lus récente. Que le soleil mourant1d' un soirdeja1n YiC::'r est 1·ayissant à Ven:orin! Le.s de1·nie1·s rel'lets de Phébus ,s·en vont se perdant, se jouant dans ces mille va1lons, ca1·essant ct•s points culmina.nts où scintillent la neige que le froid du matin a hérissée et durcie. Aussi estce aYec un douloureux soupir qu'il faut Je quitter et rentrer dans ce.s parages où Je soleil est .si aYare en hiver de ses bienfaisan1 s rayons. .ALOÈS.
Bilan géographique de 1903
56 embarquement de troupes ... Voilà le P.-S. - Par le traité du 22 novembre, tonr joué. les Etats-Unis garanüssent l'indépenLa (( nouvelle répub lique )l, soi-tlisant dance de la république de Panama. En indépendante, est de fait sons le pou- rctonl', ils obtiennent tons les droits mir d( S Etats-Unis. Elle se compo,se de souvnaineté snr une double zone de du territoire de !'Isthme, qui dessin<' 8 kilomèües de chaque côté du canal 11ne languette recourbée de l'ouest .'.t à tPl'rniner_ Le canal, racheté à la Coml'est, six fois plus longue que large et pagnie française, sern, américain; mais, d'une superfü:ie d'Pnvil'on 85,000 kilo- sauf le péage, ou droit de passage, il mètres carrés: presque a ntant <pie l<' sera lib1·cment ouv<>l't à toutes les nations, conformément aux conditions JJû· Portugal. sées dans un trailé antérieur avec l' AnSa population est ü. peine de 400,000 habitants, de races mélangées d'Espa- g leterre. gnols, d'indien:;; indigèn es et de nèAl\IÉRHlUE CEN'fRALE. E,n gres: métis, mulâ1.r<'s, quartei·ons, avec :;upposant stable le nouvel E tat de Pade nombreux .Am(,ricains et étrangers, uama, cP s era une sixième république faisant le commp1•ce on Pmployés au à joiudre aux \·inq autres, qui eonstichemin de fer et au canal en construc- tnenr ce que l'on est convenu d,-appeler tion. l' « Amérique cPntrale 1). De cette fa<<Panama)), la <'.apitalc de la nouvdle <;on, il ne sel'a heureusement pas nécesrépublique, est nne ville de 30.000 saire, dans nos classiq nes, d'on ni1· de àmes, assez malsnine avec un port mé- ce chef un cha.pitre supplémentaire. diocre; mais elle est située a vantageuYoici le tablea n comparatif de ces G sement au fond d'une baie, à rendroit Etats contenus dans cette région istllle plus étroit de l'isthme (56 km.), le- mÎ(Jlle, longue de plus de 2000 kilomèquel correspond à un col r elativement tn~s et qui rattache les deux « }Jresqne bas (83 m.) de la chaine côtière, qui sé- continents )J amét-icaius. pare les vPrsants atlantique et parifiJ,Jtat1; et Capitales Populati(m qne. De là, la préférence donnée au pro- Panama. tPanama ), 400,000 jet de son canal interocéanique. On ,sait Costa Hiea (San José) 375,000 que les travaux ina ugu rés par Ferdi- ~karagna (Managua) 400,000 nand de Lesseps il y a vingt ans ont Sall-adot (San Salvador), :-!30,000 amen<- un krach de plus d'un milliard Hondums (fegu('igalpa) 400,000 dt' franrs, ne lnissant pour actif qne la Guatérnala (Guatémrt la) , l ,U00,000 pa.rtie uord du canal, creusée dans la On y trouve en oufre, J l'o uest, la <·oplaine du rio C'hagres ctabontissant à lonie de Bcli:;:c, <.:omptant ;t lJeine 35,000 Colon. habitant,s, et l'lll:la vée da111s la presqu · Libi·e désoi·mais aux Etats-Unis de île dn Yueatan, qui fait partie du ~ler Ppreudre activement rt'tk entreprise, xique. <Jni, sans laisser l'Enrope indifférente, En totalité, c' est pt·i:·s de 4 millions pl'ofifrra surtout aux Américains; car d·ümes sur un 1erritoire égal à eelui de il Jenr ouHil'a l:ci voie la pins courte de la li'ranee, faw,risé en produits tropiNew-York ve r s lPs côt<>s occidentales caux et qui pourrait a,limenter un comde Jç,111· contineut, en même temps que merce beaucoup plus rnnsidérable <Jne vers la Chirn>, le Japon et l' Australie. celui qui .s'y fait at'tuellemeut (500 milLe eanal sera-t-il à niveau, ce qui serait lions de fra.ncs), n'<~tait son climat trop préférable, ou comprendra-t-il nne sé- chaud 1Jou1· un travail industriel norrie d'écluses géantes ei gênantes? On mal. le saura bientôt. Ces divers Etats formaient jadis, 0
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sous la domination espagnole, la capii ainerie générale de GUATÉM:ALA, dé-
pendant de la vice-royauté du Mexique; affranchis en 1823, ils ont es·sayé plusieurs fois de se confédérer poui· mil'ux se protéger mutuellement contre l'é- ·tranger; mais les révolutions politi(!llCS, fomentées par la rivalité de géuéraux de parade, les affaiblissent fréquemment, et il est à prévoir qn<', tôt ou tard, ils tomberont sous la tutelle üe l' impérialisme américain. En ce moment même, le NICARA(i UA semble vouloir attaquer le H0.1~. DURAS; l'agitation gagrn~ le G"GAT~}MLA et même le COSTA.RICA, d'halJitnde p lus pacifique. D'autre part, l'Etat de NICARAClUA ne peut qu'être mécontent de l'alJandon ùu projet de son canal. Projeté depuis vingt ans par les Yankees et patronné par le milliardaire Pierpont l\:forgan, pour suppléer à celui ?P Panama, le canal de Nicaragua avait pour avantages de profiter d'un col moitié moins élevé (42 m.) que celui dl' Panama (83 m.), d'utiliser les eaux de denx laes et de raccourcir de deux jours le Lrajet de New-York à San-Francisco. Le .l\1EX IQUE prospère en paix, car il fait µeu parh'r de lui depuis la chute de l'empire d(! Maximilien. A signaler l'abandon d~1 famPnx p rojet du Téhuantépec, qui consistait à faire transport~r .i t traver,s l'isthme de ce nom les vau,seaux même chargés, au moyen d'un immense hac métallique entrainé sur une s(irie de voies ferrées parallèles. C'eùt été pou naut commode et pittoresque. ÉT,\TS-L:NIS. - La question de:, « lrusts 1> oecn11e d(! nouveau le monde des finaneiers et des spéculateurs, affe(·tant même• l'équilibre politique du vit>ux et du 11011Yeau monde. M:ai,s, au lieu d'un ,suce-ès sm· toute la ligne, qui semblait r ?sPné aux aud,aces américaines, ce sont plutôt des faillites colossales, les « krach des trusts 1> et les
scandales d'agiotage qui retentissent dans la presse d'outre Atlantique. Hie n que dans une seule journée, la ju~tice ,l pl'oclamé la faillite de onze trusts, sans compt er la déconfiture, à Baltimore, <ln :uaryhrnd 'rrnst Compan.r et eelle de l'lulernational Bank Tr~st Cornpa.ny of American, dont les opératio11s s'élP11dail'nt jnsqu'au Mexique. A rappeler aussi les fâcheux prunosties qui accompagnèrent la démissiou Ùl' M. Sdt wa b, président du trn·s t de l' Acier. Depuis, son successeur, le milliardaire M:?rgan, ne passe "Uère pour être en merlleure posture, d'autant plus que le projet du canal de Niearagna, qu'il patronnait, est aujourd'hui ('li défaveur. D'autre part·, M. Schwa.b est poursuivi par le trnst des chantiers maritimes, auquel il a.mit cédé avec une majoration excessive, de 50 % dit-on, ses aderies dl• Bethléem. Le remboursement r éclamé à M. ~('.hwab atteint la joHe snmmP de deux ('ents millions de dolla i·:::, soit un milliard de francs! Le trust de l'acier a vu depuis deux ans se::,; actions ordinaire,s et privilégit;('S baisser des deux tiers, et cette d0pré<"iation atteint nombre d'industrks 11t<;tal lm-giq U('S. Ce qui est plus rassurant en core pour notre Yieille Eul'()pc•, e'est que k Trnst de l'Océan, à 1wiw' f,JrnHs. ::;e fü,sa;.(r1:g(--'. Les .deux ai-and es Uom [•:tgnies transatlantiques ~llemandes, la lfarubo1ng-Américaine et le Lloyd, -re}-Jl'('llllL'lll leur Uberté. L€ h11.st n'a pn rPmplir ses (•ngageruents ni ::;a,::;::-;u1·1'J' le co utrùl8 du trafic de l' .\.Uantique, ear la Compagnie anglaise· l 'unard, qui s'est réorganisée, <>xercc u ,w c·oncurrence dangereuse. Le::1 pl·rtcs du trust s'élèveraient à 200 millinns de• fr:1 !\t'S, dont lt>s Compagnies a 11 enrn udes ont eu leur large part. l'rir cont n·, on parlP d'un nouveau trnst iks filatures <le coton, du Sud: les 60 filatures de coton les plus importantes s'y sont fait inscrire. New-
58 York sera le siège centra l du n ou.eau trust, q ni prend Je 1-itn• de Southern Textil Company. C'est là que seront les magas ins généraux, chargés de la vente des produit,s dn trust, qui supprimera a insi, ou réduira tout au moim; à sa limite extrême, les frais de !'ommiss ion et d'interméùiaires_ Les Etats-Uni,s, <Ju.i produisent 70 % dn ('oton · brut employé dans le monde cnt.icr, et qui rêven t d'être les maîtres absolus du marché universel, a nssi bien an point de vue dn prnduit fabriqué que de la ma tière brnf e, bâteraient leur organisation dans le bnt de couper com·t aux tentatives faites par les Etats européens afin de trouver dans le urs r olonies le coton qui leur est nécessairP, et de cesser ainsi d'être so us la dépendance absolue de l'Amérique. Il faut espérer qnc les projets amér icains sont encore loin de lPui· complète réalisai ion ; mais l'on est payé pour savoir par qn el,s bonds pffrayants <'e pays s a it marcher à s on but , qni est la domination absolue d n vieux monde et son absotption a.u point de vue industriel. Le jo ur où les Etats-Unis seraient parvenus à truster le coton, dont ils sont, quant à, présent, les détent Pnrs prinripaux, on pourrait dire que l'industrie rotonnière e uropéen ne aurait Yécu. A u point de vue politique, on a remarqué plus haut comment s 'y prend C'Ptte puissance, - qui c01nptP déjà plns de la moitié des habitants de l'AmPriqne (80 millions sur 150), - pour étendre son empire de par le monde. De plus, lP nombre dPs émigrants européPus, s urtout italiens, allemands, r ussPs mênws , s'y est a ccru dans ces dernières années. Du reste, il est clair que tout n'est pas rose aux E tats-Unis: les faillites de trusts en témoignent assez; en outre, voici que les tribus de la réserve indienne de l'Etat de Wyoming ont proclamé la guerre contrP les blancs, accapareurs incorrigibles de leur pa-
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trimoine. Dans nne première escarmouche, les blancs ont eu deux officiers et einq s oldats tués. Comme exemple d'auda ('e industrie lle, signalons la con struction à NewNork d' un nouveau pont j,eté sur l'East River, comme celui de Brooklyn, m ais beaucoup plus important. H est à trois étages : le ta blier inférieur, de :.W mètres de latge, contient cinq voie,s distinctes pour voitures, trams et piétons ; le second tablier est à deux voies; sur le troisième passe un chemin de fer. Long de 48() mètres, ce pont géant est i-; uspendu par quatre câbles d'acier, de 0 m. 46 de diamètr1°, à. 45 mètres andessus dn détroit séparant New-York de Brooklyn d qn e t raver sent à tout ins tan t de nombreux navires. (A sni\Te.) A. -M. G .
••••• Conseils aux agriculteurs L'agrieulture fait des pas de géant. Qu'on abandonne la. routine. Qu'on n'entende plus dire: « P ont cultiver nn domaine il n'est pa,s besoin de posséder de vast es connaissances! . . . >> ou en core: <c Dans le bon vieux temps ils faisaient ainsi, nous faisons de même!>> Cela est absolnmcnt faux. IJiutelligenee, l'instruction ont leur place partout, n e gênPnt nulle part. Entre travailler et trarnillPr intelligemment, il y a une belle marge. "Nous ne sommes plus au t emps des « craïsns >> fumeux ou des lampes vacHlant es; nous avons de la lumière éclatante, q n' on ne dise pas de nous que nous en avons partout sauf... dans la têt e. Comme il est plns facile de l'edress er nn jeune a rbre gu'un chêne centenaire, c'est sur la jeunesse act uelle que nous devons veiller; c'est elle qui doit donne1· un nouYel essor, imprimer un plus grand élan aux méthodes modernes. Par les moyens d'instruction que nous avons de nos jours, la jeuness€
devra it être fière, denait avoir à cœur de redoubler d'efforts pour arri rnr à des résultat s sinon brillant s, du moins acceptables. Comme on le. dit communément, les jeunes gens nnt tonte:-; l Ps cartes en main pour bien faire. A n lie u des cartes :,;all:'s et 1•nf11mées des aulle1·gcs rp ti n ïnstrnii;ent ni n'édi fient , nous ai me l'ions Yoir l P:,; fufurs défense111·s d<~ la Patrie lnl\'nillcr poul' un b11t détenuirn\ préeis, certain. Pendant les longues i;oitéPs d'l.ti ve1· où, comm<' no11s l'arnns déj à, dit, le i'OJ'JHl se rPpose, mais où la vie i1itc•llcl'tuelle ut· doit pas thômer, 11uc· l'e:spri t s·eutonre, :,;'01·ne de tout cP q11i 1wnt Jp perfe<·tiounrr, l'1•nseigner. Il y a tant 1k pu blka tions q11 i ouvriraient dei:, horizons uoun,a ux à eeux 1p1i déla i·ssent, hé la8 trop, les sainPs e1· bonnes Ject m·ps,
Je uuPs ge11s. m~ craigne11 pal:l le llien, li-' rna 1 vil-'11t a:,;sez. :N'a vnnu•z pa8 dam, l,t yj p tow 1m• la fP11ille q ni tou rl>illo um•, q ni s ',11>.i t b<1 1<'DlC'lll 8 1ll' lf' so 1. EntOn' lllll' fois, ..l~' CZ llll but, IID ('Hj)l'it l'ol'tt'ment trempé, un cœur ferme, urnis bon.
Comptabilité agricole ~ous sorn m es .'t la motte saison; les trn ntnx de l'nltm·l· 8ont a 1TêtJs; les jom·,s de pl uit>s on de nPige r etif'nneut l'agl'iculkm· à la mn ison. ~ous cstim~ns <JUP C'elui-('i doit profiter tlc ce tepoR l'l'la tif pom· p,enser à, ses affaires et j Pter nu coup d'œil rétrospectif St}r la rna.rl'b1· de> ses i1:av,a11x et s 11r lcu l'S l'éHnltat,s..\ <·Pt 0ffet, il Pxaminera sa \'Orup f:ibilil é et f('ra son inYentaire ef· ~on bilan ])Olll' l-tn-' sùrenu=·nt fixé sur sa position financière. 1Tais, s'il n'a tenu aucune écriture, nons l'engagPoU$ fortement à dresser l'inYeutail'(' dP ses immeu blPs, dn prix coiHmlt de ,son bétail, de ses récoltes PU grange, au g renier et ~t ]a. ca,e, éYa·
lués an prix du j our, et de ses instrument s agricoles t axés à leur juste valeur. II dressera aussi 1c compte de ses dettPs. dl's inttsrHs, fe1·magPs et impôts à pa.rn. l'al' ce lllOJt'n, il co11ua.îtn1 mieu x l'état de iws affa ir es; il vernt :,;' il aYa1H.:t· on :,;'il n •c11 le et pourra uüenx lH'cndn° Sf'S dispositions JJOUr a.rri\'er 011 se mnintenir dnns un êta t lll'OSllt'l'e. Les frais généra11x ont plus que üouhl(' en agL"icultun· C't, ck nos jours, le tarnpagua nl doit Pn<:01·t• lutter COiltre la cOUtlll'l'l'll C'P élt·nngi>r e; il Pst dolll.: nécessaire, ru{:>mp urgent , qu'H s1° ren ùe uii>u compte du rés nlta t d1~ ses suc~nrs, d, po ur cela, il faut 11n'il ait un<· rnmpb1 hi lité: ec• guidon, ce miroir ùu ti-arnil <·t tlP l'nYenir. )fous sanmi-; q tie bien des paysans i>stil1le1it n'a Yoi 1· p n s besoin d'une eomptabilité, m\'.•melllent, ils prétendent q 11 'e ll t• n'eRt pas nécPssnire en agrirnlttn·e, PKtiruaut q lle kurs pères n'en ,naicnt pas l'i qu' ih, viniiPnt mieux qn 'Pnx. A ceux là. nous l<~nr 1·<'-ponÙrn!l>s: Si vos pè1°Ps n'n vaient fait a utun p 1·ogrès, on Pn scricz-Yous a njourd'bni? Ne na iguez rif\n, chers lecteurs, ee m ot n' imp liquf' pa s l'id<-e de l'installa tion ù'nn lrn1·Pau de paperasserie, vous n "êt es pas fai t s pour cela et vous n' cu a n-'11 pns lf' h·rnps; <'l' n'est pas d'une com1Jtabilit é rigo un• nsl" q ne ·n ous voulons pader, mai.s d'une f:ompta bilité ,si mp le, peu roùtenSl' ('t qui ne vous prendrait que très peu de temps. Un simple agenda, où ehaq ne jo111·, à la veillée, l';1gTicultt> 111· insnil.'è1ii' ses dépen ses pt ,;es recettes, !Pis échéances des som m0s q n'il doit ou qu i lui sont dttels, )es sn lnil'es des domestiques, les journées dt·s ouYrien ;, l<>s trn vaux eff ectués, la quantii é de cbaqtw c,;pèce de récoltes 1·t> ntrées, de semences Pt d'engrais eruployés, lui serni.t d'nm' incon l·establc utilit é. Puis, chaq ue mois ou chaque trimestre, ou a u moins à la fin de l'année, ne
60 pourrait-il pas faire ,s a caisse c'est-àdire, additionner ses dépense~ et ses recettes et faire la différence? Le second livre serait un ,Ji.vre des inventaires, un simple cahier suffirait où_serait inscrit en détail et évalué au prix d'achat et au prix de vente du Jour, tout ce qu'il po,ssède: immeubles bétail, cbédail et récoltes . ' L'agenda-journal et le livre des inventa.ires suffisent à l'agriculteur et lui r sont, aujourd'hui, indispensables. ' oyons leurs avantages: L'agenda, ou livre journal, relatant toutes les opérations du cultivateur lui rappelle les prix d' achats et de ven'. te d'un aninrnl quelconque, d'un ins~rument, d'1.me récolte, d'un engrais; comme a ussi la date d'une ét:héance. 1 ) . Il lui permet de faire son bilan à. la f~n de l'an1;1-ée; de voir, en uD clin d'œil, BI son avoir diminue ou augmente s'H avance ou s'il recule. ' :f.:e livr_e des inven,taires n'est pas moms utile qne le journal. . !:'inventaire oblige l'agriculteur à v1s1ter, en les estimant à leur juste valeur, son mobilier, son bétail, ·s on chédail et ses récoltes. Cette visite permet de ranger, de ne~toyer, de réparer les outils et machmes souvent laisséi, à l'abandon. Fait exactement et régulièrement chaque année, à la morte saison l'inventaire compare et indique la m;rche g-énérale, bonne ou mauvaise de l'expl?itation; l'état de fortune 'de la famllle et ,s es espérances en l'avenir. E~ résu~é, la comptabilité simple, pr~tique, s impose à tout agriculteur sérieux: c'est l'ordre dans les travaux la régularité dans les dépenses, la m/ thode dans les cultures, l'aide mémoire sérieux, le miroir parlànt, la boussol~ du marin, le guide du sage. Jules REY. (,,Sillon romand" du lf>r janvier 1904). ') L'.,Agenda du Valais" peut rendre de t-rès bons services dans ce but.
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L'enseignement de l'agriculture L'agl'iculture est la branche de l'enseignement qui apprend l'art le plus aucien et la science la plus nouvelle, qui fait aimer l' état le plus paisible et le plus noble. L'agriculture est en effet, l'art le plus ancien, car éest au travail de la terre que nos premiers parents s'occupaient dans le paradis terrestre, alors que la terre leur était une ami(~ dévouée, et c' est encore au travail de la terre qu'ils s'occupèrent après leur condamnation, quand la ter1·e leur fut devenue ennemie. La Bible ne parle qu'avec respect de cet art créé par Dieu. Et, sans trop insi,ster sur cette remarque, disons que la Bible ne parle de l'industrie qu'en nous traçant l'histoire des fils de Caïn qui furent mécbant,s ·comtne leur père. L'agriculture est aussi la science la plus nouYelle. Par les applications que no·s saYants modernes ont su faire des sci_en.ces naturelles et physiques, de la ch1m1e surtout, l'agriculture a cessé d'être nn art p11rement manuel, n'exigeant aucune étude préalable. Elle est devenue actuellement une science, ou plutùt nu eomposé de sciences ou . encore, une application de ' toum1eux tes les sciences. Dès lor,s, il devient compréhensible que l'enseirrnement agricole soit nécessaire aux futurs cultivateurs dès leur jeune âge, et nous ne pourrions que nous réjouir de voir les programlllles ,scolaires lui donner droit de cité. Tons les grands éducateurs des siècles passés ont déjà exprimé le désir qu'il en soit ainsi. Cependant ces maîtres n'ont connu l'ag~ic1~lturc qu'à l'état manuel; aujourd hm elle est élevée a u ran..,. de sc'ience ce qui rend i~füspensablf>, notre épo~ que, un ense1gnement qui jadi8 n'était que _désirable. D'ailleurs, donner cet enseignement à l'enfance est le seul bon moyen d'enrayer la routine et de
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l'endre l' a.griculture intelligente et prospère. A qui pourrait regretter son temps et sa peine, nous répéterions le mot de Sully: « Tout fleurit dans un pays où fleurit l'agriculture. ». Il est slll'tout très important que le,s instituteurs inspirent à leurs élèves une grande estime pour la profession agricole. Il l'St fort à désirer qu'ils tâchent, par tous les moyens, de convaincre les enfant,s de cette vérité que l'agriculture est .le premier et le plus respectable des arts, que c'est le plus honnête, le plus ntile et, par conséquent, le plus noble qu'on puisse exercer._ C'est d'aillelll'S sans grands efforts de la part du maitre que l'élève prendra en affection ,sa future profession, car, sr~on la. remarque du vieux Virgile: « On est heureux dans les champs, la jeunesse y es,t laborieuse et sage, on y honore Dien et respecte ses parents. » La grande ville perdra alors aux yeux dP l'enfant ses c,harmes trompeurs; il restera fidèle aux champs qui l'ont vn nnître; autant vaut dire qu'i l restera fidèle ù son Dieu. ca1·, dans son bon sens naturel, il senti ra ce qu'a si bien dit Lamartine: c< C'e,st Dieu qui fit les champs, c'est l'homme qui fit la ville. l> L'agriculture <>st pa.r-des sus tout un art mo ralisateur. C'est là un axiome reconnu par tous les mornlistes et par tous lt>s penseurF: ce que J.e-s poètes en ont dit se trouve ré,sumé dans ce cri d'admiration que l'auteur des « Obant,s du pays.a n» jette au laboureur: 1
0 croyant des vieilles croyances. La terre à qui tu te fiances N'épouse pas les mécréants, Car ce sont les espoirs immenses Qu'il faut ù tes efforts géants.
Qui n'a pas constaté que c'est au sein des populations vouées à l'agriculture que l'on retrouve surtout ce,s solides eh1·étiens qni, par l'innocence de leur Yie, font honneur à l'Eglise, comme c'est là encore qu'on retrouve surtout ces familles nombreuses et robustes qui font la richesse et la force des
Etats. Comment d'ailleurs en serait-il autrement Plus que toutautretravailleur, l'agriculteur Yoit de près les merveilles de Dieu. On pourrait dire que sa mission est d'aider à l' accomplissement de ces merveilles. Puis, tandis qne la ,ertu apparaît, dans bien del!! ét ats, comme un bagageencombrant,ici la vertu devient un puissant élément ùe succès; de même qu' une famille nombreuse, trop souvent regardée ailleurs comme une cause de ruine, est, an contraire, dans l'agriculture, une source de richesse. Acluc A.gricola..
•• Le choix des sapins (Conte de Noël.) Sur les flancs de la montagne, la grande forêt de sapins, silencieuse, toute noire sou1 la nenge blanche, dormait ,s on long ,sommeil de l'hiver. Chaque a1'bra, recueilli a1u plu11 profond de soi-même, méditait ou rêvait. Ni les bourr:isques, .ni les ternpête.s ne faisaient sortir de son calme impassible la grande forêt noire, qui livrait p,assivernent Sei'! bnrnches aux rudes assauts des vents du nord, sa.n.s rien perdre de sa sérénité. Et ainsi. depuis les premiers frissons de novem 1.>1·e, la gr.ande forêt dormait. Même le trav.a.i.l des l>ficherons aurtacteux1 dont la hache nttaquait ses flancs, la hüssaît indifférente et morne .... Ainsi ,s e pa,ssa.ient les heures et le.s jours, et à chaque dimanche montaient doucement du fond de la v,allée, comme un alpestre tintement de dochetteR, les carillons des clochers lointains. Le chant des cloches devenait de plus en plus triomphal, car elles fêtaLent l' Avent. le temp.s béni qui précMe Noël; elles se fa,t. sa1ient vibrantes pour porte1· bien loin,, bien haut, de siüutes rumeur,s pleines d'espérance.
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Ainsi vint la veille de Noël. Chaudement vêtus, les pieds solidement plantés dans de gros souliers ferrés, avec des guêtres montant jusqu'aux genoux, trois robustos montagna1·ds, un pêre et ses deux: fils, vinr_ent choisir, pour l'emporter sut· leur traînea;u léger, le sapin de Noël de la .parolsse la plus voisine. Le père avait une longue barbe grisonnante: les deux fils êtaient de beaux gar.s aux
62 yeux fiers et vailla nts. T ous trois fuma,ient de courtes pipes, dont la fumée se mêlait à leur haleine que l'air vif transformait en buée. Graves; échangeant de brèves pa,roles - car les montagnards ne sont pas grands causeurs - ils contemplèrent plusieurs sapins j eunes et touffulS'. sa111s se décide1· pour a·ucun cl' eux. - Gar(:ons-, s'écria tout à coup Je 11ère. cC'luici fera notre affaire ! Le montagnard avaH bien jugé. D'u n coup cl'<eil, il avait discemé le jeune i;;arpin, l'élu de Noël , au milieu de ses frères a.n po,11: moi ns uoble, ù la forme moins gr:1.cieuse; et le<s deux fils, ap1·ès avoir reg-anlé, ,aQipro uYèrent d'uu signe de tête le C'hoi x paternel. Quelques coups de hach e r etentirent, e t doucem ent ret(~nu par la col·de que manœuvraient des main,s expérimentées - douc·ernent, bien doucement, car il s'a~issrut de ne pas froisser les branehes - le jeune sa,pin se coucha dam; la neige. Quelqlles fastanb; après, il ?tait chargé sm le tr.a jneau. ·et le g,roupe des bûcherons Re pPrdait sous les nrbrr s, recle;,eendant vers la va liée, fier de sa couquête qui allait faire la joie de tout le village, cl,an!': la vieille église pnr(•e et resplendissante. Alors le ,soir vint, puis La· nuit. la sainte nuit de Noël. E t, sous Je regnrd des étoiles qui, par millions, brillaient comme des cierges clans le ciel pur, les grands sa,pins commenc:êrent à sec:oner leur torpeur hiyemale. Comme la onzième heure sonnait gl'avement à tous les clochei•s de la vallée, des frémissements coururent dans les branch es, fles craquements secouèrent les troncs couvert,;; de mousse et cle lierre, des brui sse ments ,ntnimèrent la forêt tout entière; p uis,. il demivolx, les sapins commencèrent à parler. - Bonsoir, frèr es, dit l'un d'eux, comme un rêveur qui sort d'un long 1·ên~ profond. - Bonsoir, frère, répondirent ies autres ... Et de proche en proche, comme un .s ignal mysté1ieux., toute la forêt redit à. son tour: Bonsoir, frères! . . .
*
* *de Noël. il est permis ... Car, dans la nuH aux smpins de cau.ser ... Et .ils causaient, mais lentement, à voix basse. sachant que cette nuit est u.ne ,s ainte nuit dout il faut J'{'S])ecter les mystères. Lei!! voi sins du jeune arbre qui venait rl'être emporté pour servir de ,s apin de No/il clans la vieille église, ,<s'entrd,e n,:inent de ce t événement. - Ce n'est pas moi, dit l'un, q ui voudrais pour moi-même un sort pareil.
- Ni moi . . . ni moi. . . rlipondirent plusieurs voix à ht ro.nde. Et alors les snpins, jeunes et vieux, petits et grands, firent des projets cl'avcuir et formèrent rles vœux, cha cun e:q10.sant lu. destinée qui lui semblait ln. pins enviu.ble. Et tons plll·laieut franchement, car les sapins ne Ravent m entir, et l e sauraient-il~. le voudraient-ils, qu'i1~ ne le pourraient pus dans la .nuit de Noël. - Moi rlit le premier, j e suis n.mbitieux, je l'avoue..Te voudra is servi r à fair e le trô11e cl'nn roi. être revi"tu cle velom·s cramoisi E't de somptueuses tlra,peries, et passer ma vie clans la ;,oeiété des grands de la terre. au m ilieu des cérémonies et des festins snns ces;,e renajssants. Je voudrais Lœ gloire. et clans mou sommP-il .ic rêve cle triomph es et je me vois à la premièr e pla<·e. Jllll ne s'a,pprochaut de m oi qu'à genoux ! - C'est tenter Dieu, frèl·e, ne dites pas cela. munnur:i. saisi d'horreur, le cl1œ11 r fle;, ~a.pins de la grande fo,rêt. - F1·è1·e, rep1·it une seconde voix. vo tre rêve est déraisonn~.ble: ce n 'est pas avec le ùois d'un sapin qn.e l'on fait le· trône d'un. roi. Notre race est. D ieu merci, démocratique et républica.inc. D'ailleurs vous éga-rez étr:iugement l'objet cle votre ,aii11bition. La pnissanC'e n'es.t plus clans un palais royal; elle réside en ces palais moclerues qui sont les banques, où les millions sont brassés comme aillcun; la monu,aie . . . C'est là - car j e suis ambitieux, moi ansssi, à ma manière - c'est lii qne je vonclrnis passeL' ma vi e au C'ontact de l'or, de l'argent, des billets. voyant sains cesse ù mes pieLls la fonle des tlépositaires et des solliciteurs. La v1·aîe gloil'e moderne est dans ln fortun e. ,Te voud1·ai,s sel'vir ù faire un coffre-fort pour renfermer dans mou sein des tréson; en gnaud noml>re. des :,;ommes folles, capables de rendre fous le~ plus ;,m. ges . ... - C'est tente1· Dieu, fr ère, ne dites pais cela, murmm,a, saisi d'honeur, le chœm· des sa pins de la g ra.ncle forêt. - Frère, r eprit une troisième voix, :1. votre tour vous erœz, car ,si l'on ne :fiaôt pa s un trône royal avP.c no tre bois, ou n'en fait pas davantage un coffre-fort: pour ceilui-ci, il faut uu m étal c,a11Jable de b1·aver la pince cln volem· et la flamme de l'incendie . .. Pour moi, mon ambition va plus hant. je l'a youc. La fort une n'est qu'un moyen. m a i,;; la n aie gloire motleil:llf\. c'e~t l'ill(lustrie . .Te votHlrais t.rio1upher a u faîte rl'une imwPllSP tom et planer fièrement dnus les airs, plus ha ut que le plus haut cloch er de nos pan-
vres vallées. Je voudr.ais voir à mes pieds les édifices les plus beaux et toutes les maisons d'une immense cité, et dominer un horizon sans borne~, fait de campagnes fertll es et de villages prospères, oü passent les sillons d'acier des voies ferrées et les sillons d'argent des fleuves. - C'est t enter Dieu, reprit le cbœur dels sapins ... - ]'rère - c' est uue qnatrième voix qui parlait - votre rêve est le reflet d'une ,armbition coupable: Ce n'est pas au sapin que l'on demande - oh ! non! - de couronner le front tles édifices tels que ceux rlon t vous parlez; i.J faut pour cela la pier re ou le m étal . . . A quoi bon d'ailleurs une telle destinée? Pour moi, je mettrais ma gloire à servir de s iège on de table à quelque grancl savant. à quelqne écrivain de génie - les plus riches eill La-lents, on le sait bien, sont souvent les plus pauvres d'argent - et je me tl'Ouvemis h eureux de partager ainsi les p rivations, les fa. t igues et les veillées de l'un des futurs bienfaiteurs cle l'humanité. J e voudrais êh·e l'humble pupitre sur lequel une plume éloquente est posée, s ur lequel une m ain d'homme d'é tude s'appuie pour travailler, - sur lequel enfin tnnt de pages 'blanches .se couvre.nt cle caractères mystérieux, qui donnent à tant d'âmes la force, la paix et Llll joie ... Si je pouvai,s choisir, telle Rerait ma destinée ... - Voilà qui esrt bien parlé, mmmura le chœur des sapins. - Pour moi, frères, dit till e cinqu ième vois;. je me contenterais d,c moins encore: je voudra.i.s être la barque du pêcheur et lui servit· longtemps de g,agne-paûn, qua:ncl il s'en va s ur les flots demander aux profondeurs tlu lac bleu la subsistance rle sa famille ... Et je crois que nulle pa.rnre ne vautlnrnit la parure blanche qui se déploierait ù mon grand m1i t, la voiJe blanche ta.nt aimée des peint.l'es et des poètes, et qui semble une aile immense et bénie ... C'est bien dit, approuvèrent les sapins. Et moi, frères, dit une s.ixiême voix une voix jeune et vaillante - je me tro·uve11alis ùien heureux clans qneilque chaumièr.e tln plus prochiain villa.ge. Je voudrais ê tre ut1le aux pauvres gens, et je me prêterais bien volontier.s à tous les usages domestiques . .Je serais à leur gré la charpente du toit, la bûche du foye,r, ~a crèch e ,rle l' étable, mais j e mettrais toute ma Joie ù de venir. soit le berceau de l'enfant. soit le fauteuil du vieillard .. .
- Bravo, jeune frèr€\ dirent les grands sapins. - Et toi, p etit frè re, tu ne dis rien? deml!Jlldèrent-i1s enfin en .s e penchant .01vec bienveillance. Il y avait là, tout petit, tout frêle, . à leurs pieds, un sapin, presque un nouveau-né, qui écoutait tout cela , bien ,s,age et sans mot dire. - Oh! moi - et s1a voix était menue comme un .souffle - j e voudrai s grandir seulement as,sez pour étre choisit, comme notre frère l'a été aujourd'hui, par les bûcllerons du village. et pour servir, comme lui, d'arbre de Noël. .. - ]J-;h quoi, petH fr ère. tu smcrifierais toute ta. vie pour tlonner amc enfants dn village uu e heure de joie, ca.r, sitôt les lumières é teintes, elle est fini.e la vie du sapin de Noël. . . . On le coupe. 0111 disperse .ses branches, et il finit clans l' âtre de queJque v ieillard nécessiteux et morose ... Tu accepterais ce1111 de bon cœur, petit frère? - Oui, répondit s implement le petit s apin. je voudrais être un ,sa pin de Noël. Puis il se tut. Tous se talsa.ient d'.ailleurs, car en cet instaŒlt minuit sonnait partoul rlans la vallée.
* * *
Minuit sonnait partout dans ta. vallée. Une lumière blanche descencl,alit en même temps du ciel, comme tille pouss,for-e d'étoiles. Le cortèg,e des anges, qui cha;Uta it hosanna e..n a1lportant aux plus humtnes hameaux les trésors de No-ël , s uspendit un instant son vol au-dessus de la grande forêt noire, l'ecueillie e,n un reJigiem:: sil~e. ,et l'un de~ message·rs du paradis fit entendre ces mots : - Sapins petit;; et graucls, adieu: vous av,ez choisi vos clestinêe.s. et vos destinées s'accom pliron t . .. Et les {lestinées des sapins s'accomplirent. Celui qni avait youlu deve nir uu trône royal, fut un trône roy.a,l, en effet, mais daus nn théâtre. Il vit la foule à ses pieds. Mais il connut J.es cléboir-e s des pauvres acteurs, leur vie à la fois active e t fiêvreuse. Il subit les rudes manœuvres des machin!s tes, qua,ud à chaque acte un chang,m1ent de déCOT S 1 : w.ait lieu ... Et comme U ·é tait humilié, quand on le reléguait dans l'ombre, pêlemêle avec d'autres accessoires, entassés précipitamment, avec brutalité.. . Un soir de « premiè1'e, >> comme il figurait 1a,u beau milieu cle la scène, da.ll's une féerie éblouissante, des voix effarées crièrent : Au feu! Au feu! ... Uue fumée épaisse, des flammes ardentes envahirent la snlle. . . Les 1a1:;teurs s'enfui rent... Le public s'écrasait aux portes. o n
1904:
XXIII0 année
foulait aux pieds femmes et jeunes fiLles .. . Le thêîttre brilla ... Le trône royal f ut r êduit en cendres, q ui se mêlèrent à des débris lugubres: co,iips carbontsés, oss=ent,s calcinés, cadavres méconnaissiables et hideux. Celui qui avait voulu devenir le coffrefort d'u n banquier devint le pupitre d'un agent d'affafres, usuri.er louche, avar e impitoyable. Il entendit les supplications des pauvres gens, les Mlllglots des veuves,, les refus secs de son maitre. Il reçut ·en dépôt - non pas l'or et les bi,llets, cachês dans un coffre-fort ·scellé dans la mura ilJ.e, - mais une foule de papiers se rapportant à des aff,a.ires où ni la compassion,, ni même l'équité, ne bridajent la plus ra.pace- convoiüse ... Mais, une nuit, des malfiaitteurs s'introduisirent par la fenêtre, et Je pupitre, à défaut du coffre-fort inviolable, fut fracturé .. . L'a. "\"are, entendant du bruit, accourut de-m i-nu pom· déf.enctL·e son bic-n. . . U n eoup de couteaJU l'égorgea, l't il râ.l::i\ inondant de son 8ang le meuble que ses mains crispées ne pouvaient ,plus défeU<.lre, et su.r lequel, quelques heures plus tard , la police vint mettre les .scellês, comme pièce à convi ction dans l'affreux drame de cette nuit maudite. Le sa.pin, qui voula it tout dorniuer ,:m faîte d'une ~our géante, entra dans la construction d'un gigantesque échafaud::ige pJacé à une hauteur vertigineuse pout· réparer la ,c heminée d'une usine ... Et de là le sapin vit à ses piads la Yille entière ... Mais l'écha.fiaudagei. mal consolidé, f::t<;onné a yec trop de bût e, se rompit ; les planches furent p·récipitêes sur le sol, et avec .elles deux pauvres ouvriers qui f urent tués net. Des débris ftu·ent jetês dans un coin, vendus /1 un memüsier qui, d es planches les moins gîttées, fit un cercue il grossièl'emoot bmcligeonné de coul em· noire. Ce cercueil reçut, à l'amphithéâti-e les débris de deux ou trois cadavres et fut enfoui dans la fosse com mune oil vont les pauvres gens. i\fais les a utres sapins, humhles et bons, Yirent leurs vœ ux .s'accomplil' sans ::iucune ironie veJJg,eresse de lo, des tinée. L 'un devint la table de travail d'un jmme savant, qui devait être l'un des h éros de la .science, en même temps que l'un des porte-voix de la philantropie. . . L'autire devint La. bai·que d'un pêchem\. son fidèle i.u~h'umPnt de travail, son g:agnc-p::iin journaiiel', et le jouet de ses .e nfants qui, s ur Je sable du rivage, escaladaient, ,e n chanta.nt et en l'iant, les flancs de la bonne vieille barque 1.tnmée.
que l'orage n 'effrayait pas et dont la voile blanche flottait si bien sous le ciel bleu. Le troisième fit la joie d'un j eune ménage de bûche'ron: il fut, selon .ses vœux, ~a, charpente du toit, la bflche d u foyer, la table de fa;m ille où f ument les pommes de terre à côté du pain noir; il f ut a ussi le fauteu il de l'aïeule et le ·oerceau du petit-fils ... Et tous trois furent parfaitement heureux .. .
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Enfin , le tout petit sa.pin g11a1Uùit. Il s'a,ppliqua à fa.ire pCJ>Usser .ses branches bien d1·oites et bi,en régulières. Et il fut à son heure l'élu de Noël. Pm·é de fl eurs et de bougies, il 1·ép::inclit l a j oie dans la vieille ég·lise, oil les vieilla.rds ava ient 1'1a'it· aussi heureux que leurs petits-enfants . . . Autour de lui, on chanta des cantiques, on pria et l'EYangile de !' Enfant Jésus fut prêché ... Au pied du ,sapin de Noël, un enfant infirm e était wssis fL l a place d'honneur, parce qu'il était le plus pauvxe et que la mort lt• ~ueitt::iH. Il regarda le .sa.pin a.vec une petite figure pâle oil deux grancls yeu x noirs bril1::iient. Pour l'enfant, comme p our le sapin, une heure de joie, uue heure de vie heureuse. .. . Le petit infir n,e mourut creux Jom·s après en disant: - Maman. je veux, s'il t e plaît. le b<'au sapin de Noël! ... Et, il la dflmande de la mèr e. on le lui clollJ.l:a., le beau sapin de Noël. Les branches verdoyantes couvri ren t la petite tom be et le tron c .servit ii. f,1ire nu e petite croix qni se "î'Oya.it de loin ,l aus la neige ... C'est ainsi que le sa.pin de Noï::1 dev int la croix llu cimetière et continua, sons cette l'orme F>:llcrée. à parler d'espérance: Car lfl-bia~1t, !il-haut dam; le Ciel, C'est toujonrs, c'est tou jours No(:J.
····-
DE LA
SOCIÉTÉ VALAISANNE D'EDUCATION
L'Ecole primaire donne de 15 à 18 livraisons de 16 pages chacune, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8 à 16 pages pendant l'année ordinaire de 12 mois. Prix d'abonnement : Suisse fi', 2.50 Union postale fr, 3 Tout cc qui ccnccr,nc let publiccttlon doit être adrcssi directement
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PIERREl.
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En histoire, pour les enfants, il faut que le plaisir fasse tout. Fénelon.