No 05 l'Ecole primaire, 15 Janvier 1892

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Dictionnaire des Dletlonnalres Encyclopédie universelle des Lett,·es, des Sciences et des Arts Rédigée par )es savants, les spécialistes et les vulgarisateurs contempol'&ÎIII les plus autorisés Sous la direction de Mgr PAUL GUÉRIN, Camérier de S. S. Léon XUI

Agricultu1·e. - Archéologie. - Astronomie. - Administration Armée et marine. - Arts et métiers. - Beaux-arts. - Bibliographie. - Biographie. - Economie politique. - Géographie. - Histoire. Histoire natu1·elle. - Langue {1 ançaise. - Législation. - Littérature. - Mathématiques pures et appliquées. - Médecine. - Mythologie. - Phtlosophie. - Physique et chimie. - '1. héologie.- Travaux publt'cs, etc:. Six beaux volumes grand in·4·, de chacun 1.200 à 1.300 pages. PRix: 180 FRANCS. Par l'étendue des matières, par la nouveauté des renseiguements, par la correctiOn du texte, enfin par la modicité du prix qui en fait, avant tout, une œuvre de vulgarisation, un outil à la portée de tous, le DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES offre, aux gens du monde et aux gens d'étude, la substance de tous les dictionnaires spéciaux, l'équivalent d'une bibliothèque complète ; c'est la SOMME des connaissances humaines à la veille du vingtième siècltl. Il y a dans ce vaste recueil la contenance d'environ 80 vol. in 8• ordinaire. Il est trés complet, très exact, très riche pour la langue (lexicographie). Cette pattie, traitée avec autant de méthode que d'érudition, constitue un des monuments les plus précieux pour l'histoire de notre langue. La partie encyclopédique ne laisse, non plus, nen à désirer : chaque science y est traitée avec autant de compétence et de précision que dans les livres spéciaux, et avec plu11 de sincérité, d'impartialité que dans beaucoup d'autres recueils encyclopédiques. Chaque at ticle est mis à point, à jour; ainsi les biographies des contemporains sont conduites jusqu'à 1889-1890. Aujourd'hui, cette œuvre capitale a atteint son couronnement. Les six volumes dont elle se compost: ont paru. Avant peu, toutes les {amüle1 posséderont cette bibliothèque complète, cette encyclopédie modèle qui, à la minutP, fournit à chacun le renseignement dé~;iré, avec tous les détails nécessaires, utiles, complets , mais sand tomber dans le fatras des com· pilations qui rendent les recherches si difficiles. Pour un ouvrage qui sert journellement, on désire une reliure solide: les personnes qui n'auraient pas un bon relieur à proximité n'ont qu'l demander l'ouvrage relié : la reliure demi-chg,grin vert foncé, tranches iaspÊies, plats en toile, co\lte 5 fr. le volume; elle est, à la fois, élégante ~t solide. Tous les souscripteurs recevront à la fois les six volumes, · l'ouvrage :omplet, de suite, avant d'avoir rien versé. Le Dictionnaire des Dictionnatres est, de tous les ouvrages du même ~enre, Je plus complet et le moins cher, car l'encyclopédie la plus en rogue cotlte près de 800 fr., une autre qui n'est que commencée 500 fr , JUant aux autres dictionnaires, ou bien ils ne sont que lexico,qraphiquu; 1e contenant que la laugue, n'ayant pas la partie encyclopédique, qui ~omprend l'hi1toire, la biographie ancienne, moderne et contemporaine,

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SION JG Jaa-vie r 18 92

l'ECOLE PRIMAIRE REVUE PÉDAGOGIQUE P UBLIÉE SOUS L ES AUSPICES DE L A

SOCIETE VAL!IS!NNE D'EDUCATION VÉCOLE PRIIAIRE paratt chaque ·quinzaine, de Novembre à Avril

inclusivement, en livraisons de 16 pages.

Pris. d'abonaemeot poar la 8nl8~te, 2 fr. 50. 1JDIOD po8tale 3 fr. "-••ooee8, pri:L 20 cent, la ligne 0" son espace. . t l' Ecole pn:maù·e recevra deux exe':nplaues aura Tout ouvrage d on . t d s'il y a h eu. droit à une annoncr ou a un comp e-r en u,

SOMMAIRE : . . ortant - La gratuité du matériel scolaire ( Suite) A VlS lmp ( c- · ) L exercic es - Placement des instituteurs .Jmte es . . d mémoire. -De l'éloque nce pédagogiq~e - Reflexlons Partie pratique: Su;ets de style e . et compara1sons . . n . r • , • _ Calcul oral- Vanétes : Le rater Exerczce ptzraseo~ogzque Versifié. - Supplément. Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : M. P. PIGNAT, secrétaire au Département de l'Instruction publique, à Sion.


Conférences d'instituteurs de 1891-92 Nous croyons devoir rappeler que le sujet à traiter dans les conférences d'instituteurs pour l'année scolaire ·18~:1'1-92 est le suh•ant : Installation de l'école, ses abords, l'intérieur de la salle, tenue de l'im:tituteur et de ses éléves . .&brégé d'bi•toire de la !Sui••e, 8uivi d'un précie d'io8truefioo civique, ouvrage adopté par le Département de l'Instruction publique, pout· les écoles primatres du canton du Valais. 1 vol. cartonné. Cet ouvrage, actuellement à sa 2"'" édition, St! trouve enrichi de 5 cartes et tableaux synoptiques, qui correspondent aux division!!! dont il se compose. C'est là une innovation qui donne à ce classique un cachet "Pécial et en augmente considérablement le mérite. Ces cartes et tableaux, d'un de~;sin ot d'une combinaison qui témoignent de l'habtlt!té de leur auteur, offrent un aperçu général desdifférentes phases de notre histoire natiOnale. En voici l'énumération .

I. Depuis les temps p1·imitifs Jusqu'à l'établissement de la Confédération. Il. La Confédération suisse, depuis sa fondation Jusqu'aux guet·res de Bow'"{Jogne (129t.-1474). ill. Depuis les guen·es de Bou1·gogne jusqu'à la Réfo1·me

(1.474-1517)

IV. Depu'ls la Réforme Jusqu'ù la Révolution française (1517-1. 789). V . .Depuis la Révolution {t·a,tçaise à nos Jours (1789 -i873) Voici comment le Bulletin pédagogique (de Fribourg) apprécte ce classique sous la plume compétente de son rédacteur, M. le prof. Horner. • Ce charmant volume de 90 pages e~;t enrichi, dans 8a nouvelle édition, de jolies cartes avec des tableaux synoptiques. C'est là un résumé incontestablement bien conçu. Nous ne craignons pas de ranger cet Ab1·égé parmi les meilleures histoires que nous possédions. • La Concorde (de Lausanne) dtt d'autre part: • Voici un volume que no:1s recommandons sans hésiter. Il est à la portée de jeunes intelligences; sans détails inutiles ou arides, il I'elate cependant tons les évènements principaux qui s" sont succédé dans notre patrie, depuis les Lacustres jusqu'à la constitution tédl'rale qui nous régtt. Ajoutons encore que les tableaux synoptiques et les carte:s surtout rendront à J'élève de trés utiles services. • L'ouvrage, ainsi que son sous-titre l'indique, se termine par un précis d'instt·uction civique, qui embrasse un" tr\!ntaine de pages. Ce résumé, trè~:~ bien fait, complète avantageusement le livre et contient également un tableau synoptique.

SION, 15 Janvter

1891-92

L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCft.TION Avis important Prière à nos abonnés de bien vouloir rés?~ver un bon accueil aux cartes de remboursement qu 1ls recevront, tant pour règlement de I'ECO~E PR.IM~IRE que, S échéant pour fournitures scola1res hvrees. ca Pour le personnel ' · · éfi ce de enseignant vala1san au ben la prime d'encouragement pour 1890-91, ~éd~ction sera • ·te de son dû éventuel sur le montant a lUI adresser. ,al t t . . de Simplification d'écritures, d'une par , e econom1e frais de poste d'un autre côté, résulteront de ce mode de procéder. , .. L'envoi de la prime s'effectuera dans la deux1eme quinzaine de Janvier, et le pro.chain N~ de_ I ' E~ole pu: bliera la liste des instituteurs et des mstltutr1ces qu1 l'auront obtenue. LA GRATUITÉ DU MATÉRIEL SCOLAIRE (Suite.)

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Enfin, l'enfant du pauvre vient à son tour, san~ ~ah1ers, sans livres, en un mot dépourvu de tout_. Celm-c1 a un prétexte plausible à opposer à vos obse~vatw?s : s?s parents ne peuvent subvenir aux dépenses qu eotrame 1achat des fournitures. Trè~ bien , direz-vous. Le~ .communes sont tenues de par la loi à fournir le ma_tenel a~x enfant~ pauvres; je m'en vais donc, ave~ la lot en mam, trouver M. le Président; je lui réclamerai un bon en faveur de tels et tels enfants. et je le présenterai au m~rchand d.e la l?calité avec prière de me livrer les fou~~1tures necessat~e~: Patience, mon jeune homme. M. le _Pre_stde~t ne va pa:> :st vite en besogne; il aura bien ses obJections ~ vous opposer. Pour tirer son épingle du jeu, il vous representera que la


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pauvreté a des degrés, et que les pareo ts que vous lui dé. sig nez ne sont pas assez pau vres pout· bénéficier de la dite loi. Il me semble que je l'entends déjà vous dire, avec sa voix grave: «Voyez un tel, il est aussi bien mis que le fils du conseiller; et la sœur de cet autre, elle ose porter une fleur au chapeau le dimanche 111 et dire que ces gens ont besoin de l'assistance publique! eh, eh! comme vous y allez. Qu'ils commencent par· se défaire de leurs snper. fluités et par aller pauvrement vêtus, s'ils veulent qn'on les secoure. » AiMi, pour M. le Président, la pauvreté exclut la propreté; selon lui, n'est véritablement pauvre qu~ celui dont la mi. sère se montre manifestement et sur les habit~ et sur la personne. Que faire pendaut que l'autorité çootrôle, distlDgue, ét1blit des castes? Attendre, attendre long temps, les bras croisés, jusqu'à ce que, pour vous enlever enfin tout espoir, on vous présente une échelle de pauvreté avec les échelons tous au sommet. Daus ces circonstances, jeunes instituteurs, qui désirez conserver vos postes, ue vous lais~ez , pas persuader trop tôt par l'idée de recourir directement à l'Etat: cette mesure bles~erait tellement l'amour-propre de messieurs les conseillerf1, qu'1ls ne vous la pardonneraient pas, même après vous avoir mis depuis longtemps déjà à la porte de leur école. Ce qui vient d'être dit ne peut heureusement pas s'ap. pliquer à toutes les communes, et il faut reconnaître le ménte là où on le trouve. Si telle est, en effet, la situation faite à l'élève pauvre dan3 bien des localités, d'autres, au contraire, s'inspirant de notre bP.lle devise nationale: Un pour tous et tous pour un, entendent mieux la solidarité, et font tout leur posstble pour venir en aide aux écoliers indigents. Ces communes délivrent d'abord les fournitures, sans distinction, à tous les enfants qui en font la demande. L'instituteur tient un registre où chaque élève a son eompte ouvert; les objets fournis y sont inscrits avec leurs prix et la date ùe la livraison. A la. tln de l'année scolaii·e, le maître présente le registt·e à la municipalité qui l'examine, écarte les pareo ts les plus né ~ess1teux et prend

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les mesures vonlues pour se faire rembourser par les autres les avances faites. Ce système est celui qne t~utes l~s commun'es devraient adopter pour se conformer a la !01; c'est du reste celui qui s'harmonise le mi,eux. ave.c .notre , législation Il a l'avantage d? p:ocurer l u~rformtte, de permettre à tous les ~nfants d avmr _leur malene! .au c?mplet dès les premiers Jours, et au ~attre~ de pouvmr s?rvre un plan méthodique. Cependant, J~ . dors av?uer que .3e ~e le trouve pas t.rès logique parce qu Il constitue un 1mpot dont lei riches sèuls ont l'entretien. 11. a ,en ou.tr.e le des~­ vantage de procurer des désagréments a 1autonl~. ~ref, Je n'en serais partisan qu'autant qu'on ne trouver:J.lt nen de mieux. . Pour trancher la question, je propose tout stmplemen~ la gratuité complète du matériel scolaire, ai?si qu'elle eXl,~te déj~ dans plusieurs cao tons, r.omme coroll;ure nat.urel de Ir~· struction obligatoire. .Te pne tous ceux. qm,, de pres ou de loin, s'intéressent à la grande cause de 1 é~ucat10n et de l'instruction : instituteurs, commissions scolarres, autorités administratives, législateurs, etc., de s~occupe~ de la question. Quand il s'agit d'ua progrès à réaliser, il faut u~ peu de désintéressement de la, part de ,tou~ le monde. Sr chacun y apporte sa pierre, l e~1fice s ~chevera plus tôt. Non seulement les pères de familles, ma1s le pays tout entier a intérêt au développement intellectuel et mora.! de la jeunesse, intérêt imposé par la forme ~émoc~~tiq ue de .~os institutions. En efiet., dans un pays a sufftage umvet:sel, comme le nôtre, chaque citoyen est appelé à ~xercer la souveraineté par le moyen du vote, et a co?str.UL~e, pour sa part, l'échafaudage législa.tif. Or, la p:osperlle d un pays dépend to ujours de la sage;;se de ses !ms, ?t, u_ moment que celles-ci soot l'exp•·ession de la. volonte. g~neral~ formulée pat la majorité de tou:> les citoyen~, Il sen. smt _que plus le peuple sera b_ien élevé,' plus JI sera a m~me de dis~erner le bon le JUste et 1 ut1le, en uu mot, mteu:r. il saura se prép~rer' un heureux avenir. N'oublions pa:; que la jeune:>se d'aujourd'hui sera le .peuple Je dema10; qu ~ ce peuple ne s'élèvera, ne deVlenclra grand que grâce ·

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l'impulsion communiquée aux talents naissants de chaque individu et à la culture intellectuelle et morale donnée à la jeunesse; qu'un jour sa voix se fera entendre pour juger notre œuvre, et qu'alors il nous remerciera de lui avoir, par un décret libéral, facilité l'accès des voies qui rendent les nations plus· aptes à l'agricultnre, aux arts, à l'industrie et au commerce, sources du bien-être général. Je conclus donc que la nation entière est intéressée au développement de l'instruction , de l'éducation, et que, par conséquent, c'est à elle à fournir gratuitement le matériel scolaire. ~ (A suzvre.) PLACEMENT DES INSTITUTEURS (Suite.)

Nous admettons bien que l'observation des lois scolaires rencontre plus de difficultés dans un district que dans un autre; mais croire ces difficultés insurmontables, ne seraitce pas faire injure à nos honorables députés qui ont voté ces lois? La. plupart de nos écoles ont continué à progresser depuis une sér·ie d'années; s'il en est encore qui restent stationnaires et dont les élt:ves ' sont toujours également ignorants, ce sont bien celles qui n'ont pas \'Oulu se mettre au pas et faire fréquenter régulièrement leurs classes. Une autre grande cause du retard de plusieurs lo· calités, c'est le coupable laisser-aller de leurs instituteurs. N'y en a-t-il pas qui se font nommer juges, président!! ou receveurs, et qui ne craignent pas de s'occuper de leurs états à remplir ou de donner audience à leur clientèle pendant les classes, qni laissent ainsi leurs élèves abandon· nés à eux-mêmes pendant des heures entières, complètement perdues pour leur formation? D'autres, sans scrupule, commencent d'habitude la classe après l'beure fixée par les règlements, mais par contre ils n'oublient pas de la terminer avant le temps réglementaire. Que d'heures précieuses pflrd ues de la sorte pour les élèves, en l'absence d'nn conhi>le sérieux 1 D'autres instituteurs font mieux que tout cela : ils s'autorisent sans rime ni raison de donner congé quand bon leur semble. N'est-il pas arrivé déjà souvent à des prési-

dents de commissions scolaires de vouloir visiter des das1 ses d<tnt ils ont trouvé les portes fermées ? Pas plus tar~ que cette dernière année scolaire, u,n régent s'e:;t anog.e le droit de fermer sa classe et de s absenter de chez lut pendant huit jours pleins pour aller ailleurs faire le recouvrement des impôts communaux. D'autres régents, trè:; adroits pour leurs affaires, ue craignent pas, certains jours de foire, de donner congé à leurs élèves. Nous nous demandons ce que peuvent être en pareilles circJnstances, des classes dirigées par des hommes si peu soucieux de leurs devoirs? Faut-il s'é tonner, si avec un personnel semblable et un si grand souci, certaine:; communes, 'comme celle rle Fully par exemple, ne parviennent pas à se mettre à la hauteur d'autres communes voisines ? Combien de temps encore MM. les Régents se permettront-ils de donner vacances de leur propre chef et sans même en prévenir MM. les Présidents des commissions sr.olaires ? . Il nous semble, sauf erreur, qu'il existe des règlements qut le leur défendent formellement. D'ailleurs ne suffirait-il pas de signaler ces abus à notre Département de l' Instructi~n publique pour les faire cesser bien vite? Outre les causes déjà i nd iq nées, mention nous encore le pet! d'entrain de cert:tiues comm.issions scolair~s q~~ négligligent de faire les visites presentes pa~· la lOI, n m~e.rro­ gent jamais les élèves, ne donnent potnt de compositiOn~ dans la classe, ne cherchent pas à établir d'émulation parmt les élèves et les maîtres, ne comparent jamais entre elles les classes de la même commune pour se rendre compte de la force des élèves, du dévouement, et du savoir-faire des maîtres. Est-ce que de pareilles commissions ont leur raison d'êt.re ? Une commission z~lée comme il y en a un bon nombre, Dieu merci, ne craint pas de faire de fréquentes visites à l'école, afin d'exercer un contrôle sérieux et efficace sur le personnel enseignant aussi bien que sur les élèves r.onfiés à ses soins. Elle veille d'abord à une exacte fréquentation des elasses, à l'inscription consciencieuse comme à la répression des absences non légitimées; elle n'.en autorisera dans l'intérêt des élèves que dans des


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cas impeneux ; elle ne tolère aucune inexactitude, aucune négligence de la part du personnel enseignant, nt' per·met pas de vacances inutiles ou non prévues pJ.r la loi; elle s'assure du bon état du local, du mobilier scolaire. Elle a soin de procurer aux enfants pauvres le matériel scolaire nécessaire, exige qu'une bonne discipline règne en classe. Pour s'assuret· du progrês des élèves, elle fait au moins chaque mois une Cùmposition différente : tan tôt elle es~ aie si les élèves ont une ie~ture com·ante, agréable et correcte; tanlôt elle visite les cahiers pour s'assurer de l'écriture, de la correction et de la variété des devoirs. D'autres fois, elle donne une composition de style pour vérifier si la. matière est bien enseignée; elle n'oublie pas le calcul oral et écrit; afin de tenir le maître en haleine et de l'èmpêcher de négliger l'une ou l'autre branche, elle donne des compositions sur toutes les parties du programme. Les mêmes compositions peuvent se faire dans plusieurs classes pour les Cl•mparer entre elles; le résultat de ces. compositions peut sans le moindre inconvénient être communiqué aux maîtres et aux élèves ; il servira à les stimuler dans l'accomplissement de leurs devoirs. Voilà comment les commissions zélées et intelligentes s'acquittent de leur pénible mais très importante mission ; voilà comment elle.; contribuent à la bonne marche de leurs classes. Ne feraient-elles pas bien quelquefois de s'informer des résultats des examens de nos recrues afin de connaître les raisons du retard de leurs jeunes gens. Pourquoi les recrutables des communes déjà. citées n'auraient-ils pas une aussi bonne moyenne que ceux d'autres localit.3s placées dans des conditions identiques? Pourquoi la commune de Fully resterait-elle toujours inférieure à Charrat et à Riddes, par exemple? En suivant de près les résultats obtenus jusqu'à ce jour, on se rend compte de la marche des écoles, et l'on finit par se convaincre que lès examens se font dans les conditions désirables, dès lors les préjugés contre les personnes chargées de les sm·veiller et de les diriger n'ont plus leur raison d'être. On pourrait ajouter à toutes les causes

-71de faiblesse de nos écoles déjà énumérées, les changement'il trop fréquents de notre personnel enseignant. Mais comme ce potnt a déjà ér.é traité dans un des précédents articles, nous nous dispen~ons d'y revenir aujourd'hui, et nous nous bornons à ajouter une dernière cause à celles que nous avons signalées jusqu'à présent. Nous voulons parler de la direction d'une école mixte nombreuse confiée à une jeune iu$titutrice qui souvent n'a pas l'autorité voulue pout· bien réussir avec les grands gar·çons. Par les lignes qui prét:èd,mt, nous n'avons voulu blesser personne, mais u niq uemen t re ndre les autorités co;nJDOnales attentives aux causes ci-dessus, afin de les déterJDiner à prendre toutes les mesures nécessaires en vue d'obtenir un meilleur résultat el de nou s rapprocher de plus en plus de la moyenne générale de toute la Sui~se. Nous avoris aussi la persuasion que nos jeunes gens plus astreints, dès leur bas âge, à une fréquention régulière de J'école, à une appliûation souteune, à une soumis:Sion pleine et entière, acquerront une meilleure instruction, une éJucation plus complète, qu'ils prendront de bonne3 habitudes pour le reste de leurs jours ; leur a venir sera moins compromis ; ils se frayeront d'autant mieux leur chemin à ti·axers les difficultés de la Yltl, qu'ils auront été plus laborieux et dociles en classe et qu'ils se montreront plus h0nnêtes et plus assidus à leurs devoirs à l'âge mûr. LES EXERCICES DE MÉMOIRE Les exercices de mémoire doivent consister en mor-ceaux. faciles, simples, courts, à. la porté des enfants, dans l'étude de maximes, de sentences morales, de préceptes d'hygiène, de fables surtout. .Mais il faut faire comprendre aux élèves Je sens et la substance des mots, afin qu'ils en fassent leur profit et que leur intelligence soit exercée. e: Scavoir par a cœur n'est pas scavoir, a dit avec raison Montaigne, c c'est tenir ce qu'on a donné en garde à la. mémtlire. » D'un autre cô té, il faut éviter d'encombrer cette précieuse faculté intellec tuelle, si développée et si puissante chez l'enfant, tQujours avide de connaître, et se garder de fa-


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ti.guer son intelli.gence. Il vaut. mieux qu'il ait, comme dit encor~ Mont~1gne, « une teste bien faicte • plutôt qu'une « teste b1en pleire •. Choisissons donc soigneusement ce que nous voulons lui faire retenir . . Les petit~ enfants que n~us voyons citer comme des prodiges ne do1 vent nous msp1rer que de la pitié. Ils récitent tout .d'u~e haleine des mots qu'ils ne comprennent point, ou bien Ils y attachent des idées fausses. Leur mémoire surmenée sera plus tard incapable de continller ses effort11 Nous n'avons que faire, dans nos écoles primaires de ce~ PICs de la Mirandole au petit pied qui puissent 'discuter de omni re scibilt et quibusdam aliis. A. C. DE L'ÉLOQUENCE PÉDAGOGIQUE u~ pré?epleur qui n'a qu'un ou deux. élèves peut ne pas etre eloquent: ses leçonil sont des conversations. Un r~gent .qui s'adre~se à 20 o.u 40 élèves doit être éloquent. C est la la prem1ere condition de succès dans la transmissiott de sa science. Or, pour êt~e ~loquent, il faut se donner; non pas seulemen~ donner froidement ce que l'on sait , mais le commumquer, de loin, avec une certaine chaleur et .sous des fo~ntes variées ~t saisissantes. Telle forme qui n'est pas ~atsJe. par tel éleve est sympathtque à tel autre; tel geste, IndiCible, atteint, inconscient, telle ou telle autre intelligence; telle iufiexion de voix. réveille un enfant qui dès lors, prend intérêt à la leçon. ' Pour a~prendre l'alphabet à de petits enfants, il faut lJ ue le mattre montre et prononce la lettre observée avec le vif désir de se faire comprendre. Cette maniè~e de parler,. ce souci d'être compris, ces répétitions de la vérité montree donnent un grand travail au maitre· il est forcé de devenir éloquent. ' De nos jours nous n'aimons pas nous donner; nou.s craignons de nous dépenser, de nous extravaser comme disait Rivarol. A J'enseignement vivant nous a~ons substitué l'ense.ignement mécanique, par les leçons. On lit les leçons, (ln ht les cours, et depuis l'enseignement de l'alpha-

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bet jusque aux plus sublimes leçons de philosophie , du droit ou de la théologie, la lecture a remplacé la parole vivante. Cela se comprend. Un professeur qui se donne, se fa tigue; il prête parfois au ridic.ule, ca.r le r~dicule touc.he le sublime. En lisant ou en fatsant hre , Il reste froid, compassé, à l'abri de toutes critiques. cr Voilà ce que j'ai dit, voici ce que j'ai enseigné, ni plus, ni moins; c'est écrit. » L'écriture, le livre ne produisent que l'oubli; rien ne peut remplacer l'enseignement par la parole, par la parole vivante, vibrante, émue, intéressée. Quand un maitre ne se donne pas dans son enseignement , quand il demeure froid, les yenx fixés sur son manuscrit ou les regards planant sur des écoliers qui balbu· tieut ou gribouillent , je dis que ce maîtra n'est pas à la hauteur de sa mist~ion. En pédagogique, en sciences, en lettres , en droit, · ~n philosophie, en théologie, il faut se donn~r . Il f~ut prouver sa conviction par une action oratOire qm ne sOit pas une comédie ou une hypocrisie, sinon l'école est vaine. Construisons des monuments bien aménagés, que l'air ~ircule, frais en été, chaud en hiver ; que les bancs soient bien espacés , que la lumière soit répandue à pleins flots sur les visages de3 écoliers; dévensez des millions; - vous n'avez encore rien fait, car la lumière véritable, celle qui . part du cœur du maHre, manque. Maîtres! soyez éloquents; donnez-vous; - et SI vous n'en avez ni la force, ni le talent. ni le vouloir, descendez de vos chaires glacées, soyez épiciers. Vous y gagnerez plus et tout le monde aussi. RÉFLEXIONS ET COMPARAISONS (Correspondance)

Le premier N° de l'Ecole primaire contient un article sur

la lecture qui ne manque certainement pas d'intérêt, et les

réflexions qu'il émet prouvent qne Ron auteur connaît le cao· ton aussi bien que nos écoles, Il nous cite les communes d'Ayant, de Grimi!luat, de Vex, de Fully, d'hérable, de Trois· tonents et de St-Gingolph comme fournissant annuellement un nombre de recrues d'une Ignorance crasss et révoltante.


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La chose a Mjà été f!igna lée depuis longtemps et il en sera encore longtemps ainsi si l'on ne prend d'autres mesures pour sortir de l'ornière et désempêtrer notre honneur cantonal. La cbuse est pénible à constater, mais le fait existe, personne ne saurait en disconvenir. Qu'on nous permette cependant une comparaison flntre IP-s deux derniè"·es communes p1·écitées. Troistorrents et St-Giogolph . Dans cet te dernière localité, la durée des classes est de dix mois et demi, maître et maîtresses d'école sont très zélés et fort capables, ils remplissent consciE'ncieusement leurs devoirs selon l'attestation du rapport de M. l'Inspecteur scolaire. De plus, les élèves y sont intelligents fit, malgré cela, ils figurent toujours en quflue du district et presque du canton. A Troistorrents par contre la durée des classes n'~'st que· de six mois, et les enfant~ ne peuvent y aRsister qu'une fois par jour, comme c'est du reste le cas pour toute la vallée. (Nous prenons note de cet humble aveu.) Les bahilations, au lieu d'être groupées en village sont très dissèminées, en sorte que la presque totalité des élèves ont une demi-beure, une heure et ruême deux h ~> ures de route à faire pour aller et venir de leur db me ut·e à la maison d'école. Bien plus, il en est encore quelqu.-s uns qui se trouvent si éloignés qu'ils doivent forcément, une partie de l'année scolaire, rester à la maison . Il en est gAnét·alemeot ainsi, pour ceux qui ne sont âgés que de sept ans. Puis, les jours de tempêtes et de bourraE~que& Hont aussi la cause de bien des absences. En somme, on peut dire que les enfants de cette vallée, qui n'ont qu'une classe par jour durant six mois, n'ont · que la moitié des heures de classe d'une école ordinaire du premier degré. Cela équivant à ::>eine à trois mois par an, si l'on en déduit les congés inévitables dus à l'éloignement et à J'inclémence du temps. En comparant ce tAmps si court à celui de dix mois et demi consacrés aux écoles à St-Gmgolpb, on reste étonné de voir que presque chaque année lea jeunes recmtables du val d'litiez dament le pion à c~ux des bords du lac. Nous ne prétendons point par là affil'mer que tout soit pour le mieux dans la vallée, non, mais ce rapprochement n'est pas sans intérêt. Si dans la vallée on n 'avait pas quelques têtes bargnAuses, .que souvent les autorités communaltls ne peuvent mâter, les classes se soutiendraient au niveau des notes movennes du canton. Nous devons ajouter que là il y a aus;i, comme c'est malheureusement le cas dans beaucoup de localités, trop de laisser-aller. Il arrive par exewple souvent que les élèves s'émancipent eux-mêmes, lorsqu'ils se croient suffisamment savants pour

ïo er au cours de répétition. Malgrè bien des lacunes, nous pass talons cependant que les autorités communales s'i~té~esse~t ~o~:ur jeunesse, tandis qu'à St-Ging?lph, la commiSSIOn na a ême pas le loisir d'aller faire, les ~tslti3S. mensutllles d? ses ~ es res autorités y sont dune wsouCJance telle quelles 63 • ~t pas "leurs pareilles dans la vallée du Rbôue. De là ~i~nt le dèsarroi de ses classeR et le peu de résu ltat obtenu · qu'à ce jour . . . . . . . J08Ab 1 si l'Etat établissait une bonne fot~ une ecole centrale our les renHentn, dont on ne satt pas que fa1re dans les P munes comme la face des choses prendratt v1te un autre :~~ct 't .• : L'autorité de St-Gingolph se. metlt·ait .à ra~er ps le devoir et les grincheux de la vallee mordratent bte~ :~t~ aux livres; ceux de Fully et de Grimisua.t feraieu~ b~tJr des saliAs de classes convenables pour. leur J.eunesse, '\ex s'est déjà acquitté, aussi son thermomet re doit montet· peu à peu. Isérab les est plhcé trop h aut et trop perpendtcui~H·e­ lllent pom qu'on charge les petites têtes d~. ce~t~ localtte de tant de savoir. Il y auratt. dan~er. pour 1 equll1bre. Ayent 8 complaît dans sa gloire tmagiOatre. P asso n'l l 11 • • . Vtve ~a démocratie et la liberté qui seratent en\Jore bten plus ~elles eL aimables, si elles étaient dégagées de:s '?asqu_es de ,ltguorance et accompagnées de l'espnt de sohdante et d amour propre! ~~ !GNOTUS.

PARTIE PRATIQUE SUJETS DE STYLE I Inviter, par lettre, un débiteur à régler un compte déjà vieux. · · Idées à développt>r : l' Rappelet· que ~epms p1us1eurs années on a livré diftérentes fourmtures qm. ne .son~ pas en~ore acquittées. - 2• B.esoin d'~rgen t p~ur sat1sfatre a, s.eA. creanciers, prière de vemr s'acqUitter. - ù 0 Regr~ts de 1?1 t appele~ Ja chose, prudence, contest'llion~, bonne fot. - . 4. Pourq~ot il lui faut avoir de l'argent , engage~ents, credtt. - 5 Il l'attend et compte sur lui. 6• Salutatwns. X ... le ... t892. Monsieur, Vous savez que, depuis plusieurs a~nées, je vous ai l~vr~ différentes fournitures dont je ne suis pas encot·e a~quttte._ Comme j'ai besoin d'argent pour payer m.es créanciers, Je vous prie de bien avoir l'obligeance de vemr dans la quinzaine me compter les valeurs que vous m~ devez?


. Je regrette d'être obligé de vous rappAier la chose· m · e ne s · 1· • • a1s J . a~;ll:'s a1sser. trawer plus longtemps ceLte affaire; car quoique J a1e 1es_ ';Uellleures Intentions d'obliger, et que d'ail: leurs ~otre prob\te so~t connu~ de tous, il pourrait cependant survenir des con.estahons so1t de l'un, soit de l'autre, tout en étant tous les deux de bonne foi. Du reste, dans ce cas, c'est le besoin qui me force d'agir de 1~. sorte, car vous comprenez qu'il y va de mon '"honneur de faire fa?e à mes 6ngagements afin d~ maintenir mon crédit . ~ersuade que ma demande sera la bienvenue, je vous attends. et Je compte . que vous ne me mettrez pas dans l'embarra~ par un re_n_vOJ de payement qui me placeraH dans une mauvalse pos1t1on. En attendant agréez, Monsieur, mes plus sincères salutations.

x ... .

Il 1. Température et état des récoltes en 1891. Idées à développer: 1• Dire les effets que lee rigueurs de l'hiver nnt eus sur le pnntemps; 2• gelée de vers la lin mai· 3• vi nes a~bres, h~rbes; 4• température froide et humide jusqu~ vers 1~ fi~ d aoùt; 5 septembre et octobre beaux et chauds· 6• blé ma·· pomme~ deterre,noyers,chataigniers etc ... · 7' plaintes' gène éc~uom~~ Le ngou~·eux hi ver de _1890 à 1891 ~ous a val~ un 'printemp~ tar~tf et_ frotd. De plus, 11 y a eu de fortes gelées vers Ja fin de mat~ qu1 ont causé un_ préjudice énorme aux plantes' en anéantissant les Jeun~s pouss~a qm n'avaient déjà que peu de vigueur et bien de la pe10e à pomdre. _ La vigne, surtout a I>articuliérem€mt souffert, et l'espérance des vtgnerons s e~t _pour ams1 dtre évanouie en un<~ ou deux nuits. Les noyers, a1ns1 que bien d'autres arbresprécoc:es, ont subi un sort semblable. Même certams arbres forestiers comme les hêtres oot eu leurs feuilles gelées ~i fortement qu'elles' sont tombées pour 'faire place à_ u~e- nouvelle poussée. Il n'est pas jusqu'aux barbes des prés _qm n a1_ent souffert et ne se soient rtlssenties de ce retour de froid. La temperature, _à pa~t quelques jours d'exception, s'est maintenue humtde et fraJChe JUsque vers la fin du mois d'août. Heurehusement que, depuis, septembre ('t octobre ont êté superbes et c auds, autrement nous aurions eu une trés mauvaise année sous tou~ les rapports. Grâce à la chaleur de oes deux mois les récoltes Pd?n antes ont pu _achevl'r de bien mûrir et ont été re~trées dans excellentes condlttons. La récolte de blé, de maïs et da pommes de terre a été en gé· néral passablemen~ bo~ne, tandis que les noyers, les châtaigniers et le~ arbres à frmts n ont donné que fort peu et dans b;en des localités absolument rien. ' · Tout le ._monde se plaint et se trouve à la gène. Ce sera donc le cas de viser â l'économie et de revenir à une vie plus fruaale et moinii chére. R.-M..,

(

77 Décrù·e l'hive~· de 1890 à 91. Idées à développer: 1• Commence et finit tard; 2• trés rigoureux et dur; 3• le troid pénêtre dans les habitations, caves surtout, pertes; 4• animaux; 5" oiseaux morts; 6" thPrmomêtre, l~>s gens obligés_; 7• sources, ruisseaux, etc. etc.... ; 8• laboureur; 9• indigence des pauvres, charités; 10• le sol, température du printemps - les plantes, vigne surtout. En cette année 1890 à 1891 l'hiver commença de f0rt bonne beure pour ne finir que bien tard. Le frotd fut si vif et dura si longtemps que de mémoire de vivant on ne se rappelait avoir vu un hiver aussi rigoureux et aussi dur. Malgré les préca.utions qu'on avait prises, le fro id pénétrait si profondément, et avec tant de force dans l'mtérieur des habitations, qu'une vartie des provisions emmagasinées dans le3 caves ou celliers fut gelée et perdue, entre autres beaucoup de pommes de terre. Les animaux ne pouvaient maint"nir une chaleur suffisante dans leurs étables. Dans quelques localités, il en est même qui ont péri victimes du froid. Beaucoup d'oiseaux engourdis tombaient sur la neige pour ne plus se relever et devenaient ainsi la proie J'autres animaux sauvages. Le thermomètre descendait souvent de 20 à 30 degrés au-dessous de zéro, ce qui obligeait tout le monde à se renfermer dans ses foyers que l'on ne quittait que dans le cas d'absolue nècesslté, après avoir pris les précautions nécessaires pour se garantir du frmd. Le labourtlur dut suspendre, durant plusieurs mois, ses travaux extérieurs. Les familles pauvres, qui se trouvaient sans pain et sans combustible, obligées à vivre au jour le jour, furent bientOt réduites à l'indigence la plus complète. Aussi, dans beaucoup de localités vit-on, sous l'impulsion de la charité, se former des comités de secours pour venir en aide aux nombreux malheureux. Partout où les sources n'avaient pas entièrement tari, ce n'étaient que monticules et paysages de glace. Les ruisseaux, les torrents, les rivières et les fleuves pouvaient partout être franchis à volonté, tellement la couche de ~lace qui les recouvrait était épaisse: Le sol gela si profondément que ce n'est que tard au printemps qu'il pùt complètement dégeler. Il en résulta que cette saison fût tardive et froide. Beaucoup de plantes, là où le sol était découvert, ne purent supporter ces épreuves , entre autres la vigne dont une partie des ceps séchèrent, tandis que le reste eut beaucoup de peine à reverdir, tellement ils avaient souffert du froid. Cette composition pourra être corrigée en commun en procédant ainsi: le maltre fera lire à haute voix et à plusieurs élèves la phras11 exprimant la première idée. Il rectifiera, s'il y a lieu, ce qui lui paraitrait trop défectueux, comme d'autre part il fera ri!marquer ce qui est le mieux. On continue ainsi pour la 2~· et 3m• idées jusqu'à la fin. Inutile d'ajouter, que chaque élève dQvra suivre exactement le plan tracé du canevas, et numéroter les idées au fur et à mesure qu'il les développe. La correction finie, le maitre dictera le modéle et le fera relever au propre à la suite de celle que chaque élève aura faite. Il vaut beaucoup mieux insister davantage et


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bien travailler les mêmes sujets de style que d'en faire faire beau. coup et à la hàte. Peu et bien: telle est la règle à suivre si nous voulons obtenir de bons résultats. . R.-M.

EXERCICE PHRASÉOLOGIQUE Faire avec les mots suivants des phrases à plusieurs pro. positions, et ayant au moins deux lignes chacune. On aura soin de placer à la fin de la première phrase le premier mot dicté, le second à la fin de la seconde st ainsi de suite. Pour la correction, il suffira de faire, par exemple, lire la première phrase à pln!'lietus élèves et de dicter la meilleure de celles qui auront été lues. Ce procédé flatte et récompense ceu1 qui ont le mieux fait. On exige toujours que les élèves ne parlent que de chosea connues, existantes, et n un d'affaires inconnues, fausseR ou irréalisables. t• Créanciers. - 2• Débiteurs. - 3• Crédit. - 4° Conte. stations. - 5• Engagements. - 6• Intentions. - 7• Pl'obité. s· Honneur.- 9• PayemPnls.- 10• Exactitude.- 11• Ordre, - 1~· Prospérité. - 13° Réputation. - 14• Exploits. - t5• Faillite. - 16• Acte de Carence. - 17• Confiance. CALCUL ORAL

Xl. 4. Une femme reçJit chaque anuée fr. 560 pour l'entretien de son ménage. Les dépenses annuelles se montant seulement à ft·. 528, combten aura-t-elle ea caisse au bout d'un an t 3. r.orobien coûte 1 kilogramme de fromage, si 100 grammes se pèiient j 5 c.? 2. A., B. et C. ·se partagent une somme de fr. 24.00. A. en reçoit le •;s, B. le •;6 et C. le reste. Quelle est la part de chacun d'eux 1 1. Uoe salle d'école mP-sut·e iO m. de long. 7 de large tot 3 de haut; combien d'enfants trouveront place dans cette salle, eu calculan t 3th m3 par enfant! XII. 4. Pour faire •1ne chemise, il faut 3 m. de toile. Combien de mètre~ de toile pour 9 chemises ? 3, Un p::~ysan achète chez le jardinier 15 jeunea pommiers à fr. 1,:20 et lU poiriers à fr. 1,80, Combien aura-t-il à payer? 2. Sur la ro!.lte de A. à B. on a planté 150 arbres fruitier~. L'Etat suln'Pntionne à raison de fr. 1,10

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par arbre ; les propriétaires paient le reste, soit ft·. 2,20. Combien chaque partie a-t-elle à payer! 1. Au printemps, on a payé un essaim d'ab(}illes fr. 25. L'année ayant été bonne, le propriétaire ratire dtj sa ruche 15 kg. de miel à fr. 2,\!0. A quel taux 11-t-il placé son argent t XIII. 4. Trois Assaims d'abeilles fournissent 15, 17 et 18 kilogrammes Je miel. Combien les 3 essaims ensemble 'l 3. Dans les R hodfls-Intérieures, to us les élèves qui quittent l'école reç"ivent un arbre fruitier. Le nombre de ces élèvtl~ étant en moyenno de 80. combien d'arbres am·a-t-on distribué au bout de 20 ans 'l 2. Dans une commune qni fait détruire les hannetons, on en a recueilli 1200 1. Le litre contenant en moyenne 250 de ces insectes, combifln en tout 'l 1. Des élèves qui se sont coltsés pour faire une excursion ont réuni la somme de fr. 67.50. Leur excursion n'ayant absorbé que les 80 % de cette somme, que reste-t-il en c~isse 'l XIV. 4. L'étoffe d'un habdleme nt coûte fr. 47 et la confection fr. 19. Combien en tout? a. Mon fils a rPÇU un livre de < 36 pages et se propose d'en lire 12 chaque soir. Eu combien de temps aura·t·il terminé sa lecture'? 2. Un commis-voyageur s'est rendu 59 fois, durant l'été, dans une locali lé voisine. S'il avait fait usage du chemin de fer, son b11let lui aura1t coûté chaque fois fr. 1 ,2b. Il a fait toutes ses courses en vélocipède. Comb1en épargne-t-il 'P L Un agricu ltt>ur assure aup1·ès de la Société suisse d'assurauce contre la 6rêle sa récolte estimée à fr. 4000. La pr1m., d'assurance est fixée à 1 1)4 pour fr. 100 Comb1en l'agriculteur aura.- t ilà payer, l'Etat lui remboursant 20 •jo de la prime payée 't XV. 4. Dans un verge1·, il y a 18 pommiers, ~1 poiriers et 9 pruniers Comhien d'arbrAs en tout 't 3. Un agriculteur offre à vendre 12 quintaux de pommes de terre. A. lui offre fr. 66 pour le tout, B. lui offre fr. 5t;2 du quintal. Laquelle des deux offres est la plus avantageusfl 't 2. Un jeune homme économise 25 c, sur son gain de chaque jour. Combien aura t-il ruis de côté au bout de l'année, en dét;omptant 52 jours fériés!


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Dictiouuaire des Didionuaires

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1. 4 tireurs s'en vont. au stand un dimanche aprèsmidi. Pour 1 coup que tire A , B. en tire 2, C. S et D. (l. A. ayant tiré 20 coups, on demande combien les 4 tireurs ensemble ont fait de cartons, 8 •;o des coups n'ayant pas porté ! XVI. 4. Un jardinier a greffé en un jour 100 rejetons (scions) Combifm recevra-t-il pour sa journée, s'il demande 5 c. par rejeton ! 3. Un éleveur d'abeilles possède H ruches. L'année étant bonne, il retire en moyenne 25 kilogrammes de miel par ruche. Combien de quintaux en tout t 2. Une société de chant comptant 2(l membres prend part à concours musical. La carte de banquet coûte fr. 2 •;~ par personne; les autres menues dépensbs de la société se montent à fr. lal,50. Avant la fète, la caisse de la société accusait une fortune de fr. 100. Combien après la fête 'P 1. Une commune a fait l'achat d'une pompe à incendie pour lA prix de fr. 8500. La caisse communale en paie le 60 •;o. ~eR a;s du reste sont payés. p~r les propriétaires d'Immeubles et les llJs par les differents ménages. Calculer ces trois parts respectives.

un

,.&BIÎiWÎIS LE

PATER

VERSIFIÉ

0 Père tout-puissant, qui demeurez aux cieux,

Béni soit votre nom, à toute heure, en tous lieux 1 Que votre règne saint parmi nous s'établisse 1 Que votre volonté sur la terre s'accomplisse, Ainsi que dans le ciel. Veuillez, dans votre amour, Donner à nos besoins le pain de chaque jour; Comme nous pardonnons leurs offenses aux autres, Daigne votre bonté nou!l pardonner les nôtres; Dans nos tentations écartez le péril, Seigneur, et gardez--nous du mal. Ainsi soit-il. Cale mard nE LA FAYETTE.

Poème des champ1.

Encyclopédie universelle dPs Lett,·es, des Sciences et des Arts Rédigée par les <~avants, les spécialistes et les vulgal'iaateurs contemporains le!! plus autorisés Sous la direction de Mg1· PAUL GUÉRIN, Camérier de S. S . Léon XIII

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_ . . Le présent No contient un supplément.

Supplément de l'Ecole primaire.

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De l'esclavage africain Nous appelons l'attention spéciale du corps en~ei­ gnant sur l'étude .ci-après, que son auteur a b~en voulu · destiner particulièrement à l'Ecole primatre, afin que par cette voie les enfants des écoles soient portés à coopérer à l'œuvre chrétienne et civilisatrice qui a pour but de combattre l'esclavage. L'Afrique n'est pas tom de nous, et. cependant jusqu'à ces derniers temp!'l on ne la connaissait pas. Ceux qui ont appris ·ta géographie il y a 4:0 ou 50 ans, peuvent se l'appeler ce qu'était la carte de ce co~­ tinent. Tout à l'entour, au bord des mers, on y voya1t des rivages bien tracés avec quelques ports et l'embouchure des principaux fleuves, mais au mili_eu. c'était une immense surface blanche sur laquelle on hsa1t ces mots: déserts, pays inconnus. En un mo t, c'était po~r les h~­ bitants des autres parties du globe, une contree myste· rieuse autour de laquelle circulait. l'ange exter,min~te_ur de la fièvre et des maladies, et ou personne n ava1t Jamais pénétré. Cet état de choses a cessé. Depuis un demi-siècle l'Europe a eu ses intrépides voyage~rs, - Livingst~ne, Cameron, Stanley et d'autres poUl' 1Angleterre; W•ssmann, Peter, pour l'Allemagne ; de Brazza, Trivier_, B~n­ ger, et bien d'autres pour la France, Tous ont nvahdé de courage pour pénétrer toujours plus avant, p~n~ant que d'autres hommes non moins vatllauts, des mls~Ion­ naires de toutes les nations, appartenant. aux sociétés apostoliques qui .évangélisent l'Afrique, suiva~ent _leurs traces, et plantaient de loin en lom ~es prem•e.rs Jalons dA la civilisation, dans toutes les parties de cet 1mmense continent. En résumé, nous avons aujourd'hui la carte de l'Afrique. Il y a là des cbaîoes de montagnes, de grands fleuves des lacs magnifiques qui dépassent beauco up en gra~deur et en ' beauté tous les lacs de la Suisse, ~ne végétation luxuriante, des terre~ ferLiles. où tout cr01t à souhait, et où l'homme peut v1vre famlement presque sans travaillet·. Ce serait le paradis terrestre sans l'esclavage. Dans ces vastes contrées que l'on cro_yait désertes, on compte cent millions de nègres. Ce sont des


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enfan~s ?rédules et naïfs, tout disposés à reconnaitre la su~ér~or~té des blanes, et qui une fois convertis au chnshamsme, sont fidèles et courageux jusqu'au martyre. Si apr~s la. ~uer re d~ sécession en Amérique, comme lors d~ 1abolitiOn de 1 e~elavage au Brésil, nous avons pu crOire, et beaucoup d autres avec nous, qu~ ce hont~u:x trafic avait reçu le coup de mort, cette illusion na ,P&S été de longue d.urée. L'océan AtlantiquE>, il est vrai, a été purg~ de traiteurs, mais la Méditerranée et 1~ centre de l'Afnque en sont infestés. Prohibée en Amérique, la vente de la marchandise humaine a trouvé d'autres. débou~h.és ; les marchés ont été déplacés, car il Y a touJours gibter e~ marchandise, que dis-je ? devant la reerud~scenee de 1 hlam, la chasse à l'homme a redoublé d'mtensité. La polygamie et l'esclavage, voilà la base la raison d'être du mahométisme... D'autant plus redo~table que chaque .an,née, de gré ou de force, le nombre des nè~res. qUI. 1e~brassent est proportionn~ à la crainte qu'il 1nspue, tl fatt des progrès considérables. En veut-on un exemple? Prenons le Soudan, où des chefs esclavagistes se sont pe~ à, peu emparés de tout le pays, depuis l'Egypte jusq~ ~ 1Océan, et y ont formé les petits royaumes qui dt visent cette e~ntrée. Tous les nègres y étaient païens. Ils les y ont fatts en grande partie musulmans par la foree~ et dès lors ils sont devenus maitres sans retour, car s~ les musulmans sont réfractaires à la civilisation chrétienne, tout nègre qui se fait musulman devient par là ennem.i irréconciliable de l'Europe. Les ch1~res S<?n~ parlants. Depuis un quart de siècle, plus de vmgt mtlhons de victimes ont été livrées à l'esclavag~ et à la plus horrible mort.... et l'on a pu constat.er d ap~ès le~ récits d~s Axplorateurs et des missionnatr~s, qu en. ratson de 1 accroissement acharné de ces razzia~ h~mames, deux millions da créatures disparaiss~n~ amst chaque a?né~, ce q~i P?rte, si l'on compte les Vt~tlmes de toute l Afnque, a ctnq mille environ les notrs massacrés, enlevés, vendus chaque jour.... Ce n'est pas assez.. Le massacre et l'incendie sont partout. C'est la destt·uctton de tout un continent L'histoire a-t-elle jamais enregist;é un tel excès d'infamies t

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Ainsi qu'au temps de Pierre l'Ermite, une voix élouente, celle du Primat d'Afrique, a remué l'Europe. ta chrétienté s' est émue, une cr01sade a été prêchée. Dans cette lutte. ouverte pour .l'affrar.chisseme~t de la race noire, la Suisse, terre de liberté, ne saurait rester à l'arrière-garde. · Ecoutons ce qu'écrivait Cameron peu après son, retour en Angleterre : . . . • y en a-t-il parmi nous qUI se fasRe~t une , t?ee exacte dA ce qu~ signifie l'esclavage en Afnqu.e t .~ atme à croire qu'il y en a très-peu, ou autrement 11 ,.s e~ève­ rait d'un bout à l'autre du pay.s une te.m~ête .d tndJgnation et d'horreur, telle qu'on n en auratt Jamats vue auparavant. » . , Je ne demande pas si nous savons ce qUI se passe en Afrique, mais si nous ,avons .véritablement consCience des crimes d'incendie, d assasswat .e~ de rapt que .l es négriers y commettent, et quelle misera et quelle ruu~e ces crim~s enlrainent ~ J'espère que non ... autrement JO craindrais de voir Je courroux céleste. s'abattre sur nos têtRs pour nous punir de notre. a.pat.h1e. • On connaît ces paroles de L!viDgRtone.: , • Quand j'ai rendu compte de la tratt~ de ~homme dans l'est de l' Afnque, je me suis tAnu très lom de la vérité, ce qui était nécessaire pour ne p~s Mre ta~é d'l:•xagération, mais à parler en toute franchise, le SUJet ne permet pas qu'on exagère. Amplifier. les ~aux de l'afft·eux commerce est tout simplement Impossible. Le spectacle que l'ai eu sous les y~ux, incident~ cotpmuns de ce trafic est d'une tell~ horreur que JO m efforce sans cesse' de le chasser de ma mémoire, et sans Y arriver. Les souvenirs les plus pénibl~~ .s'effacent avec Je temps, mais tes scènes atroce~ que .J ~~.vues se représentent, et la nuit me font bondtr, horrifie par la VIVacité du tableau. • . , On le voit de ce qui précède ressort clatrement 1 évidence de 1~ nécessité d'une coalition chrétienne "POUr mettre un terme à l'abominable commerce, et à ses égorgements monstrueux. . . r_ Déjà de plusieurs côtés, a Parts, à Brux_alles, en An· gleterre comme en Allemagne, des hommes de bonne volonté, répondant à l'app.el du ca~dinal I...~vigerie, ont formé des associations antte<;clavagtstes. D autres, e~­ rôlés sous l'étendard de la solidarité fraternelle, ont pr1s les armes, et messagers du salut,~ sont partis pour fon-


-'der, d'étape en étape, des refuges destinés à recueillir les enfants fugitifs. L'œuvre est lente et ardue, elle est colossale. Prêtonslui l'appui de notre plume, celui de nos aumônes, de nos dévouements personnels. Mais pour la servir efficacement, pour provoquer des offrandes, suscger des missionnaires, solliciter des prières, il importe surtout de la rendre populaire, d'appeler l'attention de toutes les classes de la société sur les atrocités sanglantes de la chasse à l'homme, et d'exciter leur sympathie en faveur de la grande œuvre humanitaire dont le déclin de notre siècle voit naître l'aurore. N'est-il pas du devoir des puants d'en instruire leurs enfants, comme il appartiAot aux instituteurs d'apprendre à leurs élèves que l'Afrique, ce continent dont à l'école on leur fait étudiet· la géographie, est sous l'action des traitants le théâtre de cruautés inouïes t Il faut qu'au cri d'alarme qui déjà a été donné, répondent d'autres cris. et que ceux-ci se répercutent de Tille en ville, de village en village, de hameau en hameau. Et quand cette œuvre éminemment chrétienne sera devenue populaire parmi nous, qui pourra lui refuser son obole! - Les enfants eux-mêmes, cette armée de l'avenir, émus de compassion au récit des tortures infligées à leurs petits frères noirs, ne prélèveront·ils pas spontanément sur l'argent destiné à leurs plaisirs le sou, qui multiplié par les oftl'aodes de mi lliers de leurs semblables, coutribuera au rachat de l'âme et du corps de ces innocentes victimes t Car la question est double. A l'œuvre de l'abolition de la traite, vient s'unir celle de la destinée des âmes noil:'eS. Ainsi que l'a dit un des généreux promoteurs de cette mission de miséricorde et d'amour: c Il ne s'agit pas seulement d'arracher aux Arabes musulmans leurs vic· times humaines, il faut encore contester à Mahomet les Ames de ces noirs pour lesquelles s'est aussi levé le Soleil de la paix. Loin donc d'être hostiles l'une à l'au· tre, comme des bommes imprudents ont voulu le prétendre, l'œuvre de la mission et l'œuvre de la protection et de la libération des esclaves doivent marcher la main dans la main; elles doivent se soutenir, se corn· piéter, non se combattre. Il faut aller au noir, non avec le fer et le feu comme l'Arabe, mais avec l'amour qui relève et conserve; il faut que le nègre sache et voie

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ua l'Européen ne vient pas pour massacrer, pour pillet·,

~our torturer mais avec la sécurité des personnes et

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sécurité des biens. Il faut venir ~à lui avec l'Evangt ~ tout entier, avec l'Evangile qui pans~ les b.lessur~s, qm cicatrise les plaieA, et avec l'Evangtle qm appm te les parolea de la vie éternelle. • (1)

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J'ai parlé des enfants. Voici pout· finir un réci~ à leur portée l'histoire d'un jeune noir racontée par lm-même. Elle donne un exemple des traitements barbares. que doivent subir les enfants qui tombent au .pouvoir des chasseurs d'esclaves, et par son horreur. meme se gravera mieux dans les jeunes esprits. Pu1sse-t-.elle tomber en bonne terre, et inspirer à tous ceux, Jeun~s ou vieux qui la liront le désir et la volonté de cootnbuer dan~ '1a mesure de 'leurs moyens à cette grande œuvre dtl sauvetage, qui est le relèvement de toute u~e race. Le jeune nègre se n')mme Faraghit. Il ava1t ~ ans, lorsqu'un jour étant allé se promener. avec s~ me.~e et sa petite sœur âgée de 2 ans, aux env1rons d ~n v1.l~g~ voisin de leur demeure, une bande d'Arabes q111.survmt s'empara d'eux, ainsi que de toute la populat10n. 0~ prit d'abord la mère, et on la sépara de s?s enfants, qut n'on ont plus jamais eu de nouvelles; pUis on emmena le p~tit garçon a-çec la fillette. Celle-ct marcha le premier jour, mais le lendemain elle s'arrêta en pleur,ant, ne pouvant plus avancer. Son frère resta ~ côté delle pour essayer de la consoler. Les Arabes s approchent, ils assomment la petite, et frappant le garçon à coups de bâton l'obligent à rejoindre la carav~ne. Deux ou trois jours après, comme lut-même ne pouvait plus suivre ses bourreaux, ils le jetèrent dans un sac avec cinq autres enfants du même âge, ot l~s pla cère nt sur le dos d'un chameau. Un peu plu.s lom, 5 esclaves furent achetés au passage par ~n rm .nègr~. n. voulait les offrir en sacrifice au mauvats espr1L qut lut avait envoyé un gros accès de fièvre. Il les acheta et les fit égorger. Faraghit vit les têtes de ces malheureux, enfilées avec 50 autres tê tes d'esclaves égorgés q~elques jours avant, formant un sinistre chapelet autour de la tente du chef. . , · t h 11 continua son voyage, fut vendu stx 10ts, e c. ~que marchand lui faisait sur la figure une marque speetale,

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(i) LB. Rut!et.


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sorte d'entaille comme on fait chez nous aux bestiaux. Quand il parvint en Algérie, il était complètement tatoué. . C'~st par miracle qu'il érhappa à la mort. Il se nournssal.t des os que les Arabes jetaient, et sur lesquels il resta1t quelqueR débris de viande, ou cueillait. quand il le pouvait quelques dattes dans une oasis. Enfin il ren· contra pour son bonheur à Ouargly, des Péres blancs du cardinal Lavi(.;erie. Ils furent frappés de sa pauvre petite figure toute meurtrie, tonte maltraitée, mais déno tant cependant une certaine intelligence. Ils l'achetèrent pour peu de chose, l'élevèrent et J'instruisirent. Cet enfant accompagne maintenant dans leurs courses lointames les missionnaires qui l'ont sauvé. Ceci n'est qu'un ~xemple pris, non entre des milliers, mais des millions d'autreB encore plus horribles. En regard de tels supplices, pouvons-nous rester inertes ou inJiffél'dnt~ 't - Ne nous efforcerons-nous pas au contraire d'obt~>ni1· une part de la rllcornpense invoquée sur la tête de ceux qui tra vailiPront à l'affranchissPr;nent de la race africaine 't • Je ne puis plus rien fatre, ér.rivait LivingstonP la veil le de sa mort que de

s~uhaiter que les bénédictions les plus abond~ntes du etel. descend~nt_ sur tous ceux, quels qu'ils soient, Ang~ats, 4méncmns ou Tur,cs, qui contribueront à fatre âtsparattre de ce monde l affreuse plaie de l'esclavage. •

Ces paroles, les dernières que le grand missionnaire a tracées, ont été gravées sur sa tombe à Westminster.

MAruo***

Ce qu'on entend par un enfant gAté. Il y a des bonnes gens qui s'imaginent qu'il faut avoir cent mille livres de rente et peut·être plus, pour pouvoir se passer la fantaisie de gâter ses enfants; et lorsqu'on parle devant eux d'un enfant gâté, ils sont t.out, prêts à dire : Cela ne regarde pas le pauvre peuple, û na pas de qum gdter ses enfants. Il n'en n'est rien pourtant, comme il est facile de le prouver. Il y a dan; cies familles d'ouvriers, de cultivateurs, autant d'enfants gâtés que dans les familles plus riches et plus aisées. . ~n eftet, gât~~ un enfant, ce n'est pas lui donner de& JOUissances léglt1mes, et en rapport avec la position qu'il

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aura probahlement un jour. Ce n'est pas se dévouer à lui, à la santé, à son avenir; ce n'est pas se priver pour qu'il ait suffisamment à manger, pour qu'il puisse apprendre un état honorable. Ceci c'est de l'amour paternel, ce n'est point de la gâterie. Gâter un enfant., c'est lui laisser un mauvais penchant, sans chercher à le corriger : c'est lui passer de l'égoïsme, par exemple, de l'indocilité, de la pente au mensonge, de la fausseté; c'est ne pas faire attention à lous ces défauts, ou même lestrouver charmants, comme cela arrive à quelques parents aveugles. Or, pour faire cela, il n'est pas néces<:~aire d'être riche, et cette propension funeste, qui a été un peu de tous les temps, et qui aujourd'hui est plus que jamais générale, est commune au riche et au pauvre, à l'homme instruit et à l'homme ignorant; la manière de s'en servir seul diftère, suivant les positions. Ainsi, l'enfant qui répond mal à sa mère, et qui n'est pas remis à sa placP, est un enfant gdté. L'enfant, auquEl! on donne un ordre et qui n'obéit pas, celui qui crie et auquel on cède, est un enfant

gdté. L'enfant qui gagne quelque chose en apprentissage et ne le rapporte pas à ses parents fidèlement, est un enfant gdté, et dans une bien mauvaise voie. L'enfant qui ment, qui trompe ses parents, et qui va à la maraude, et qu'on ne reprend pas sévèrement, est un enfant gdté et tout près de faire un mauvais sujet. L'enfant qui veut apprendre un état malgré ses parents, et qui à 14 ans se moque d'eux sur ce point capital, est un enfant gdté, en attendant qu'il soit un ouvrier tapageur. Le jeune ouvrier qui a conquis par son salaire de quoi nourrir ses parents, et qui ne le fait pas est un enfant gdté et sera toujours un mauvais cœur. Que dire enfin de ces jeunes gens qui ne songent qu'à eux, et qui, demeurant chez leurs parents, prennent le meilleur, quelqut'lfois l'unique morceau au logis, sans s'inquiéter si le père, la mère, les petits frères ne jeûue· ront pas le soir; que dire d'eux, si ce n'est qu'ils sont

des enfants gdtés? La race, hélas 1 de ces enfants se multiplie chaque jour ; ell~ s'accroit par la faiblesse des parents, l'amollissement des mœurs. Chacun en gémit pour les enfants des autres; il serait temps de ne plus gémir, et de corn-


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mencer à faire cesser le mal pour les si~ns et dans sa propre famille. • •

V4.RIETE8 - Le Journal de la santé publie un article importa~t sur la valeur alimentaire et hygiénique du café au latt si répandu aujourd'hui dans tout_e~ les classes A~ dans tous les pays. Voici cet article, qUI mtéresse très directement la santé publique. , Le café au lait, quoique contenant du lait et ét~nt associé à quantité de pain, est extrêmement peu nourrissant· c'est au contraire un parfait débilitant ; il résulte d'expériences que le café quitte l'estomac à demi digéré, ~ntraînant avec lui le lait et le pain ; or l'éco!lomie ne fait rien des matières élaborées à moitié, et c'est predque en pure perte qu'on boit du café au lait. On y gagne de l'anémie, voilà tout. On ferait bien plus sagement de remplacer le café par Je \}afé de gland doux, Je café de ma~t, ou autres succédanés moins excitants, mais cent fo1s plus nutritifs. • Parmi les expériences faites sur l'influence qu'exerce le nombre de traites sur le r~ndement et les qualités du lait, en voici une qm sembl_e décisive . Pendant onze jours, on a mesuré le la1t d'une vache que l'on trayait trois fois par jour: le produit de ces 33 traites a été de 147litres: puis, pendant les 11 jours suivants, on n'a trait la même vac~e que deux fois par jour, et l'on n'a obtenu que 139 htres de !l2 traites. Il y a donc (lU une différence de '!:a .Jitres, soit de 2 litres en moyenne par jour en faveur des 3 traiteR joul'Dalières. D'autre part, on a trait 7 vaches soumises au même ré~ime pendant tout le temps de l'expérience, d'abord pendant dix jours 3 fois par jour, puis les dix jours suivants, on n'a pratiqué que deux mulsions par jour. Pendant la première période, on a obtenu 756 kil. 300 de lait, et pendant la seconde période, 70~ kil. 900. Différence, 51 kil. ~00 en faveur des trois traites journalières, soit 5 kil. 140 par jour pour les 7 vaches. L'avantage des trois traites est donc évident sous _le rapport de la quantité du lait, et ill'e11t encore au pomt de la qualité, les analyses faites avec les laits obtenus ayant indiqué chaque fois une plus grande richess~ en beurre daus le lait des trois traites que dans celu1 de deux traites seulement.

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XI•• ANNÉE

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SION lt-r Février 1 K92

L'ECOLE PRIMAIRE REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOCS LES AUSPICES DE LA

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