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elle l'a appelée Marie-Caroline en souvenir de N. Très-
Rda Mère; les parents ne sont pas chrétiens, on espère qu'ils le seront bientôt, priez à cette intention ; ce ne sont pas des gens de Mhow mais des Bhils tous païens qui ont fait 4. lieues pour venir trouver les Pères et leur faire soigner leur enfant; si elle ne meurt pas, je vous en donnerai des nouvelles. Ici, nous vivons parmi les Païens, Brahmes, les Pres. bytériens, etc. ; le démon est le roi de tous ces pays, le bon Dieu y ost gravement offensé . Sur la route qui conduit à l'église du Sacré Cœur, qui n'est autre quA celll) des Capucins, nous voyons deux pierres de moyenne dimension, elles soLt peintes en rouge et c'est là que les Brahmes font leurs sacrifices, les Pères nous disent que ceci se rencontre assez souvent. Quel aveuglement de prendre ces roches pour des dteux. Combien l'hom· me, même le plus ignorant, a besoin d'amour; quand ou ltmr demande pourquoi ils offrent ainsi des sacrifices à ces pienes, ils répondent qu'ils n'en savent l"ien; toat est machinal chez eux. Depuis que nous sommes ici, les PèrP.s ont fait sept bap!êmes, enfants, adultes; il faut que Dieu nous donne des chrétiens, c'est pour cPla que nous sommeR ici ! 1 ... Monsieur le Curé, la première adoration que nous avons faite ici a été pour les Bhils des Monts India; ce sont des sauvages qu'on espère amener à la vraie foi, ils sont tout-à-fait bien disposés pour les Pères, ils les reçoivent très volontiers. Le bon Dieu nous envoie de la consolation: jamais je n'ai fait d'aussi bonnes adorations comme celleg d'ici ; est-ce peut-être parce que j'en ai été privée pendant un mois. Je me trouve as8PZ bien ici, le bon Dieu bénit nos premiers commencements, nous avons eu de la chance que les Pères Capucins nous aient pt·écédées, car ils peuvent nous renseignet· sur une foule de cboses que nous ignorons complètement. Le Père Préfet Apostolique est notre professeur d'anglais; . dès les 8 b. 112 il est déjà là pour sa leçon et jusqu'à 11 b. vous nous voyez attentive~ à loutes ses explications . Que c'est laborieux l'anglais, c'est notre cauchemar 1 il faut bien que nous ayons aussi ceLte épreuve, et puis avec cette langue il faudrait savoir encore l'indoustan; mais patience, en attendant apprenons d'abord l'anglais et le reste viendra en son temps. Enfin, Monsieur le Curé, je finis mon journal. Mais permettez que je prenne l'avance pour vous offrir mes meilleurs vœux pour la nouvelle année ..... Adieu, au revoir, priez pour nous et écrivez à voire exilée au delà de.'3 Océans. Au revoir 1... Vetre très humble Sœur MARIE·BAPTISTE. ___.
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XII"'• ANNEE
SION §0
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J 5 lanvier 1893
L'ECOLE PRIMAIRE REV~E PÉDAGOGIQUE PUBLIEE SOUS LES AUSPICES DE LA
SOCIETE VALAISA~,~] D'EDUCATION L'ÉCOLE PRIMAIRE paraît chaque quinzaine de N b · ' ovem re à Avril Inclusivement, en livraisons de ~~ 16 P . ~ pages. ru d'abonnement
pour Ja 8 oisl!le <) C "' Union postale 3 .fr. ' - r .... o. ~nnonces, P•·i:L 20 cent l l' Tout ouvrage dont l' E l · a agne ou son espace droit à une annone,, ou co e primaire recevra d eux exemplaires · à un · a . Ula compte-rendu, s'il y a lieu.
SOMMAI RE: Gouvernement d'une 1 c asse. - Nos r" . st ttuteurs. _ Quelques 'fi . con,erences d'incation. - La gym . re exiOns. - Instruction et éduà l'éc 0 1 Style. v anetes: ·, , nastique , e. - P a rtie p t" L entonnoir d. Vi ra tque: scolaires - E e 1 ztrelllber<;. Anecdotes . rratum. - {uppléments. ,
Tout ce qui concerne 1 b· . à l'éditeur : M. p PIGN:/u hca!'0 ? doit être adressé d ' . . ' secretarre au Département e 1lnstructron publique, a' s·ron.
CHRONIQUE ET AVIS SCOLAIRES
SION. 15 Janvier
Conférences d'instituteurs 1892-93
L'ECOLE PRIMAIRE
Le Département met à l'étude le sujet suivant pour les confére~c!'IS du cours scolaire 1892-93. De l'enseignement du style à l'école primaire et au cours de répétition. lmpurtance de cet enseignement.
Procédés pow· obtenir des résultats meilleurs que jusqu'à présent.
Calcul écrit et calcul oral Nous avons le plaisir d'annoncer à MM. les Instituteurs, principalement à ceux chargés d'un cours de répétition, que no!ls avons réuni en un fascicule de 8 pa~es les problèmes dA calcul écrit et ot•a! parus dans l'Ecole primaire (No 2 et 3) e t donnés an recrutement de cet automue. Ces fasch:nles pPuv•~nt leur êtrH four · ois à 5 cent. l'ex. ou 50 cent. la Jouzaine.
Pdmes d 'encouragement Le personnel enseignant au bénéfice de la pt•ime d'encouragement pour le cours scolait·e 1891-92 recevra la valeur due jusqu'au 31 Janvier 1893, sauf dé · duclion pour le pet·sonoel e nseignant intéressP. du moctant qu'il devrait soit pour ahonnement à l'Ecole primaire, soit pour fourmture<> scolaires non encot·e t·églées. Les bénéficiaires sont toutefois pt·iés d'accuser réception du montant entier de la prime sans mentionner la déduction qui aurait été faite. Le tab'eau des primP~ pstraitra avec le pt·ochain N•. PUBLICATIONS RECOMMANDÉES
Tom T U, ou la f!ijcience amusante Cet ouvrage, qui a obtenu un wccès extraot·dinaire en France et à l'étranger (il est ll·aduit en 9 langues) comprend 2 volumes in s• contenant chacun tOO nouvelles expériences et plus de 100 gt·avut·es. Les expériences de Tom-Tit, amusantes et instructives, sont devenues le passe-temps favori de toutes les familles. On peut se procurer chaque série (P• et 2••) séparément au prix de 3 fr. chacune.
1892-98
ORGANE DE LA
SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION Nos abonnés sont priés de réserver bon accueil au cartes de rembours qui vont être incessamment lancée~ pour perception de l'abonnement de 1892-93. Gouvernement d'une classe DEUXIÈ!I[E PARTIE
. VI. L'instituteur fai~ très bien de se placer de manière a .observer to~s les éleves de sa classe, à les voir et à controler !eurs faits et gestes. Cette surveillance active devient ~mpos.sJbl,e, SI le maître. se promène d'une extrémité de la :s~ll~ a .l autre; ces deplacements continuels favorisent la ~IS~Ipatwn des élèves. Kellner, excellent pédagogue, ne cr~InL. pas ~e comparer un pareil maitre à un plantigrade qm va et VIent sans cesse dans sa cage. Non seulement le maître devra s'habituer à une stab~e, mais les élèves aussi ont le devoir de restet· caf:!: e~ ~~ anqmlles et de ne pas se déplacer à volon té. Mis à co.te l~s uns des .~utres, ils occupent un certain temps les memes places qu Ils ne changent que de temps en temps. VII. Pour fa vor1ser la discipline il est encore nécessaire que le tei?ps . fixé pour le3 rentrées, les sorties, même pour 1~ pau~e a f~1re pendant la classe et pour le changement d exe_rc1ce soit exactement observé. Un bon maitre est le premier_ et le dernier à l'école ; son exemple consciencieux et s~ ng~urouse exactitude, aussi bien que son amour du devo.Ir agtssent av~c efficacité sur ses élèves. Un maître attarde perd le droit de reprendre des élèves qui arrivent trop tard . Il est entendu que les pauses au milieu des class?s pour permettre une sortie générale ne s'abrégent ou ne s allongent pas à volonté. Même les maîtres qui par un
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faux zèle commencent la classe trop tôt, P?ur ne la terminer qu'après l'heure, ne mér~tent pas . d'el?ge ~om· c~s ex.cès de dévouement propres a contra.ner 1 exactitude rigoureuse des familles. Vlll. Autant que possible, l'instruction s'adresse à tous les élèves au moins d'une division; sans doute to~tes les questions ne peuvent être à la porté~ ~e tous .. Les repons~s ne suivent pas de trop près; les eleves qm ve~lent ~e· pondre s'annoncent, mais sans dérangemen~. Inuti!~ qu da lèvent tout le bras, qu'ils claquent des d.mgts, qu 1ls parlent Ces laisser-aller occasionnent du desordre et ne se tolè;ent pas dans une classe bien disciplinée. IX. 11 est aussi du devoir de l'instituteur de veiller à ce q u" tous les élèves de la di vision prennent. part au travail, s'occupent de questions à résoudre et reponde~t a~ ternativement afin que les mêmes, peut-êt~e les plus mtelhgents, ne fassent pas t~us les .rrats. Il, Importe beaucoup que tous participent à lmstructwn et ~efforcent. de parler à leur tour. Les plus faibles ont. besom de menagement, de plus de temps aussi pour trouver quelque réponse com~e les premiers. Est-il par exemple ques.ti.on d~ reprodUire une histoire on commence par un eleve fatble, un dea plus forts p~urra r,oniger et complète~ le récit ; s'agit-il. a11 contraire de faire comprendre des regles de grammatre, l'application de quelques principes•. on commence par les plus forts qui les saisissent pl~s v1te que les autres;. les plus faibles profiteront des ~epouses des P.lus avances. et finiront par les comp~endre a. le~t· t.our. ·,81, au . contraire, le plus faible, le moms doue n a Jamats occaswn de se mesurer avec ses camarades, d'essayer ses forces, de ré· pondre, il perd .tout intérêt. à la, leç?n· Sans doute q~'on peut interroger a tour de rote, d apres les places des élevea ou l'ordre; cependant la monotonie alphabétique dé~lait au1 élèves et n'est guère propre à so utenir leur attentiOn. X. Que les ex.ercices varient ainsi que les q~e~tions ,e.t se snccédent sans tl'Op long intervalle, afin que les eleves n a1ent pas le temps de s'ennuyer ni de se dissiper; cependant le
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demantie à être étudié sous toutes ses faces et rendu préhensible aux élèves. XL Le maitre ne tolère ni la malpropreté ni le désordre, pourquoi tous les jours il fait la visite de propreté et ne souffre jamais que les élèves arrivent en classe mi· vêtus, mal peignés, avec des habits déchirés et malpropres. 11 inspecte même leurs effets classiques, comme livres et cahiers, qu'il visite à peu près tous les jours et n'y permet aucune négligence comme restes, taches, oreilles. Les ~or rections elle~-mêmes ne défigurent pas le cahier, mais prouvent le contrôle. L'ordre devra régner dans toute la classe par le silence, la tenue et favoriser ainsi l'application iles élèves, leurs progrès, en un mot, la bonne édutation qui en fera des membres utiles à l'humanité. Voilà, 181on nous, quelques règles propres à favoriser un bon gouvernement d'une classe. Nos Conférences d'instituteurs. Parmi les progrès réalisés par le Valais dans le domaine de l'instruction, l'un des principaux est l'institution des conférences de régents. Depuis la sortie de l'école normale, bien rares dans leur vie scolaire étaient les moments où deux instituteurs ~ rencontraient pour parler pédagogie. Chacun vivait isolé dans son étroite sphère, inconnu souvent de la plupart jes collègues du district; cet état produisait ordinairement la rou tine, l'indolence, l'oubli des bons principes pédajogiqu es et des connaissances péniblement acquises. Par llonbeur, cette institution est arrivée à bonne fin ; due dans \iotre Valais à l'instigation de deux instituteurs bas-valailans, et chaudement patronnée par le Département de flnstrnction publique, elle a fait son chemin, et aujourd'hui, nserait bien long d'énumérer tous les heureux fruits qu'elle a produits. Depuis les instituteurs ne vivent plus eu inconnus fun à l'autre, mais comme en une sorte de communauté ayant ses chefs, ses statuts et ses assemblées. Le sujet traité lans chacune est l'aiguillon de l'amour-propre qui stimule, éebauffe le zèle des indifférents. Ces sujets et l'in.stitution
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~es bibliothèques d'instituteurs leur
. lisent des ouvrages péd . ont force la main; bué puissamment â agogiques et autres qui ont con où trouver un meille augmenter leurs connaissances cipes d'éducation? ~Ir moyen de répandre les bon~ la force, elles ont ino:O~e eni toutes choses l'union instit~teurs sur les élèves sur 1 e prestige, l'ascendant autontés de la commune et . es .Parents par J'appui d~légués honorent souve~t d~ ditnct et. du canton dont reunions. Elles ont sce1Ié en:re e~r pres.ence nos mod tori tés un pacte d' .t.. es mshtuteurs et les Mal . . ami Ie. , gre les resultats heureux dé'' . . 1a obtenus, Il me qu on pourrait en obt . d 1acunes qni ont èlé plemr d'e meilleurs . .encore. Il existe primaire; mais rien d'hus .une 'fois Signalées dans l' pas s'étonner si nos co~~am n est parfait: il ne faut Plusieurs lacunes attire t erences lais~ent encore à d Apres le n notre attentwn. 1 compte rendu de la co ~· a nomination du ~ice-président t d n eren~e pr~cédente lecture de huit à di. . . e u secretaire, il y a A x compositiOn~ s · · d . c, UlVIe e la critiq cette del'Diére partie qu'il est dans une réunio~I~,_In~?nnu ne se douterait que les membres ho . Jns Jtuteurs, car il n'y a noraires pour faire d b d . es o serva re resser les travers 1l est . tuteurs auraient en~ore b. a /rOire que beaucoup d et où trouver plus d'à ~~~ u neu~ et du pratique à d donc? Est-ce inditfé p pos? Qu est-ce qui les re . accusons point. l'emrence ou manque de savoir? Ne et la bonne rédactionpresse~e?t qu'ils m.ettent à y preuve du contraire. C' e~ gene~al des SUJets traités sont les membres honoraire:s e~eu~-e~re plus pa: déférence . ~leneral, plus Instruits et plua orateurs qu'eux. Selo B · n mot 1 y a enc d' eaucoup sont placés da d . . ore autres motifa. ils sont obligés de parle n~ rs milieux . où, sauf à l'école, qui le~r fait perdre beauco~ ~~~ aneg:ge, lo~al, le patois, ce ~ranç.aise acquise à l'école pnor p d ha~Jtuda de la langae Ja~ats arrivé, lecteurs de lir tm~~e. Pu~s, ~e vous est·il fots certains passaaes' pour e ~?Iô et ~.erne Jusqu'à quatre !!) en •en saisir toute la portée.
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peut-on demander que par une seule audition chacun saisisse bien des pensées souvent noyées dans un flot de paroles. Dès lors, il est facile de comprendre pourquoi les wembres du corps enseignant s'abstiennent de faire leurs réflexions. 11 y aurait moyen d'y remédier. Ne pourrait-ou pas suivre l'exemple des collègues de Belgique qui, quand ils traitent des sujets relatifs au mode d'enseignement, cbargeut on de leurs membres de faire clas~e dans le lieu de la réunion et d'y traiter le sujet en question ? L'exercice terminé les enfants se retirent, et les instituteurs, sous la pré· sidence de M. l'inspecteur, font la critique de la leçon. Cette manière a, ce me semble, un grand avantage sur la nôtre. Un deuxième moyen, tout aussi fructueux et plus applicable pour notre pays, ce serait la critique écrite. La moitié des régents de la conférence désignés par le président on par le sort traiteraient le sujet dans un laps de 1emps déterminé : il devrait être envoyé assez tôt au pré· sident ou à son secrétaire pour qne les régents chargés de la critique eussent le temps de bien l'examiner. Les sujets traités seraient rendus pour le jour de la réunion et une criliq ne juste et impartiale sui vrait chaque lect nre. La lumière jaillirait des points les plus obscurs, et les pensées couchées sur le papier souvent avec beaucoup de peine, au lieu de ne frapper que nos oreilles et ensuite de s'envoler avec la rapidité de la flèche, s'incrusteraient dans notre mémoire, dans notre intelligence pour produira d'heureux fruits. Il ne suffit pas d'indiquet· les bonnes méthodes, il faut encore faire saisir la manière de les appliquer. Par cette critique tout s'expliquerait naturellement; les procéJés surannés tomberaient, tandis que ceux reconnus le:; meilleurs se répandraient de plus en plus et les fruits de longues '{)bservations ne tomberaient pas sans lever. Cette manière dt3 procéder ferait sortir les instituteurs de leur mutisme ordinaire pour leur plus grand avantage, les remarques y abonderaient, nos conférences prendraient un cachet d'in·
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timité et d'utilité, de plus et plus nombreux nous verrions les membres honoraires y prendre part. existe encore. u~e lacune. Que deviennent les sujets trait~s, .auxquels mstlt~teurs et rapporteurs ont mis leur apphcahon .et leur savo~r? Ne sont-ils pas jetés au panier ou du moms quel fru1t en retirons-nous? Il me semble qu'ils po~rraient avoir un meilleur sort. Ne pourrait-on pas .en. fair~ un rés,umé général chaque année? Ce résumé seratt 1nsér·e dans l Ecole primaire ou imprimé à l'égal des rapports. du Département de l'Instruction publique et un exemplaire envoyé à chaque instituteur. Quelques exemplaires déposés à la bibliothèque de chaque district forme .. raie.nt dans quelques .années des recueils de conseils péda. gog1ques des plus utiles pour notre canton. Puis, les instituteurs semblables au Vieillard de La Fontaine, auraienL le doux espoir :
!1.
De se donner des soins pour le plaisir d'autl'ui.
Les sujets traités dès l'établissement des conférences (1869) ne formeraient-ils pa~ déjà un volume important où nous pourrions puiser les meilleures directions? Je fais aussi des vœux pour que les secrétaire5 des districts rendent les compositions aux instituteurs après en avoir fait le résumé. C'est le premier tour de roue qui coûte ensuite tout va de soi-même. Que les fondés de pouvoï'r prenneut la qbu~stiodn en main et espérons le, dans peu de temps, nous o hen rons une solution conforme au désir d'un arand nombre d'instituteurs et d'bommes dévoués à J'iustru~tion. M. S.
Réd. - Excellentes idées dans l'article ci-dessus. Nous souhaitons qu'il en soit pris bonne note.
Quelques Ré.ftexions. ~'Ecole primaire vient de publier quelquP.s intéressants ar.tlcles sur la lecture: elle nous a fait comprent.lre une fms de plus que nos élèves sont réellement faibles sous ce rapport. Nous Je constatons tout !Jarticulièremen t dans les com·s de répétition. Le travail élant la condilion es-
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sentielle pour obtenir quelques progrès, il. importe .de se mettre r·ésolûment à l'œuvre afin d'obtemr de merlleur·s résultats que jusqu'ici. On nous l'a dit maintes fois, notre prononciation variant suivant les localités, tient exclusivement des idiomes en usage chez nous, et les efforts des maîtres ne seront couron~és d'u11 plein succès que-le jour où l'on parviendra à reléguer la patois dans le domaine du passé. Et c'est afin de travailler à cette œuvre colossale que dans quelques localités on veut former des sociétés do~t. le~ m~mb.~es s'engagent à parler exclusivement le français ..L enhep11se est g1·ande, même téméraire, mais quel bienfait pour les écoles et pour la société si elle pouvait about1r! En attendant que ce grand progrès soit réalisé, chaque instituteur devrait exiger que pendant la durée des écoles les élèves ne parlassent que françai~, même en dehors de la classe. Ceci s'est pratiqué, il y <t quelque vmgt ans, dans certaines localités; pourquoi ne pourrait-on pas le faire aujourd'hui? Il est bien entendu qu'avant to~It le maître doit se faire lui-même un devoir de parler touJours français, sans crainte encore de manquer de respect au patois, ce monument national 11? , . Outre c:.ela, chacun sait - et les :tuteurs pedagogiques nous le disent - que le succès d'une école dépend presque exclusivement des aptitudes, du travail et de la conduite du maître. Le t·éaent doit être avant tout un homme de travail et son perfe;tionuement sera l'objet de soins pai'· ticuliers. Qui n'avau ce pas recule, dit un proverbe qui est surtout vr·ai en matière d'instruction. Que penser alors de celui qui, se fiant. ~xclusivement au~ c.onnaissances ac~.uises sur les ban(js de 1 école normale, neghge totalement 1etude journalière, et qui sor·t de la salle d'école en mêm~ te~ps que le dernier élève, n'y rentre que lorsque les ecoliers sont déjà réunis devant la porle. . , . . Que deviennent alors la prépai'atwn, taot elOignee que prochaine, et l'étude personnelle si néc~5saire quand on veut remplir wnscienciensement ses devOirs?
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La conduite extérieure et l'exemple du maître, avonsnous dit, exercent une grande influence sur· l'avenir d'une école. S'il est vrai que l'enfant est naturellement imitateur lui_ maître doit pouvoir lui être proposé pour modèle. Îl doit donc avoir une conduite exemplaire et autant que possible à l'abri du so upçon; il doit aimer la prière et la retraite et l'amou1· du travail s'imposera naturellement. L'instituteur fuira scrupuleusement les réunions bruyantes où son honneur et son autorité rencontreraient bien des écueils; il sépargnera ainsi d'amers reproches et de cruels déboir13s 1 Telles sont en résumé les règles sur lesquelles doit être basée la conduite d'un maître soucieux du progrès de ses élèves. Les suit on généralement? Trop souvent hélas 1 la réponse est négative 1 Que de fois aussi, s'endormant sur des progrès illusoires, on néglige la classe pour q nelques satisfactions person nell es! Voilà. la grande cause de la faiblesse qui ca1·actérise bon nombre de nos écoles! N'onblions pas que toute œuvre humaine est susceptible de perfectionnement, et que uous devons travailler sans cesse à répandre l'instruction dans les hameaux et les villages de nos montagnes sans nous laisser rebuter par les difficultés que l'on y rencontre: le succè3 de no~ écoles et l'honneur du canton sont à ce prix! B***
Instruction et éducation (Voir Ecole prtmaire au 15 uovembre 1892) Dans un grand nombre de familles, il est à remarquer qt~'o_n soigne .beauc?up l'~nstruûtion des enfants et qu'on neghge leur educatwn, û est-à-dire cette direction morale qui doit les rendre aimables et bons ou ... tout le contraire. Les parents ne se mettent pas assez dans l'idée que l'enfant est une plante frêle. A la moind1·e déviation, on redresse la plante dont on veut faire un bel arb1·isseau on lui met un tuteur, on élague les véaétations inutiles' on éloigne les mauvais voisinages: herb~s ou insect~3. Lorsqu'il s'agit des enfants, la sollicitude devrait être la même,
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tandis que bien souvent, par bonté, apathie ou aveugleot on les abandonne à leur nat.ure, on encourage leurs IPB ' . inclinations en 1es acceptant, bonnes ou . mauva1ses, comme une chose toute natur·elle. N'entendons-nous pas quelquefois, entre mères, des b•·ïbes de conversation dans le genre de celles-ci : _ Ma plus jeune fille est gentille, mais d'une gourœandise dont on n'a pas idée. Elle ne sait pas résister à ces envies. _ Mon gamin n'est pas ce qui s'appfllle un menteur, dans le mauvais sens du mot, mais il est très porté à J'exagération , et lorsqu 'il voit que so n récit étonne, alors il amplifie et brode sans mesure. _ J'ai ma petite qui est méchante, impossible de la corriger 1 elle est née comme ça; aussitôt après sa n~issance elle égrati gnait; quand elle a pu marcher elle don~aJt~ des coups de pied ; maintenant tous ses camarades lm cedent, par peur d'elle. Espérons que ça lui passer~ en, gran~iss_ant. Parmi les travers des enfants, celm qu on repnme le moins, parce que bien souvent on le partage, c'est leur penchant à la moquerie. Une gamine ùit une chose drôle aux. dépens de n' impor·te qui, les parents en r·ient . Eh bien, au lieu de rire, )es parents devraient faire la morale à la fillette, une belle morale sérieuse qui lui ôte à jamais l'envie d'exercer sa verve malicieuse aux dépens du prochain; lui dire d'abot·d que la moquerie est le contraire de Ja bonté, surtout si l'être raillé a'en aperçoit, ensuite, que ce genre d'esprit, qui est à la portée des plus .sots, n~ convient_ ni à s?n ~ge, ni ~ s?n inexpérience de tout. L enfant qm ne salt r1en de leXIstence a, plus que personne, ùesoin d'indulgeuce. L~isser une petite fille devenir une moqueuse c'est lui préparer une fie pénible, cat· toules ses malices lui seront rendues au centuple. L'habitue~· à être bonne c'est préparer son bon· heur. La bonté, l'affection, les prévenances gagnent tous les cœurs. Si elle est laide, cela fait. oublier sa laideur et lui donne le cha1·me qui vient de l'âme et que n'ont pas toujours les beaux. visages. Si elle est gentille, la bon té
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l'embellit encore davantage. Du reste la bonté n'a qu'uQ temps et la bonté va toujours progressant chez ceux qui en ont pris l'habilude. Je ne c1·ains pas de dire que, si tous les enfants ne sont pas bons, la faute en est aux. parents qui les laiss~nt pousser comme il.s venlent. Une pet1te morale venant. a propo~ ouvre les yeux et l'âme de l'enfant. Si on ne lui dit rien, il copie au hasard autour de lui et. parfois, ne choisit pas bien ses modèles. A-t-on rien remarqué de plus touchant, de plus gracieux, que la petite fille attentionnée auprPs de ses parents, sachant. deviner leurs désirs et les prévemr, n'attendant pas qu'on la commande, prévoyant ce que~ son père cherche, lorsque son regard va autour de la chambre: - Tu venx lon journal, papa? - Oui, flUette. (La fin au prochain numéro.) La g·ymnastique à l'école Les amis de la gymnastique se plaignent généralement de ce que l'école ·néglige le~ exercices corporels. A la réunion annuelle de la Société wisse de3 maîtres de gymnastique, qui s'est tenue dernièrement à Lausanne, on a présenté des rapports concluant à la nécessité de donner à cet enseignement une plus grande place et une meilleure direction. Voici à ce propos ce qu'éct·ivait, il y a quelque temp~. M. le D' Combe aux deux. maitre::; de gymnastique de Lausanne: c L'hygiène nous apprend que la gymnastique scolai1·e ne doit pas être une gymnastiqnfl ~th!étique, ealqué~ sur. les exercicfls des sociétés de gymnasllqu!l. Soo but est b1en dtflê· rent. Elle doit, au contraire, proscrire tout effort vio lent. tou& mouvement bmsque et tous les exercices que seuls les gymnastes de profession peuvent exécuter. Son but n'est paa, comme on l'a cru trop longtemps, de développer l'audace el la force des écoliers. , Elle doit uniquement. chercher à développer la j!rlce, l'aisancE> la souplesse des mouvements et surtout (c'est là aoa but prin~ipal) elle doit servir de dérivatif au surmenage cé-
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rébral et produire une diversion à la position fomée et à }'immobilité des heures de classe. , C'esL asspz dire que, surtout quand i l s'agit de jeunes filles. les engins ne doivent avoir qu'une place secondaire et servir uniquAment à des manœuvres de redressement,, et que, par contre, les exercices d'ordre et de marches, les exercices libres, les préliminaires avec le cerceau et la massue légère, et les jeux scolaires doivent prendre une place de plus en plus importante dans la gymnastique scolairA. •
Dans la réunion qm a eu lieu le 2 octobre, à Lausanne,
M. le D' Yersin a présenté un rapport des plus intéressants sur l'enseignement de la gymnastique aux jeunes filles. Ce travail, ainsi que celui de M. L. Rochat, ancien maître de gymnastique, sur l'éuucation physique, se1·ont imprimés et répandus abondamment. Le comité a été chargé d'élaborer un plan de travail pou1· les leçons de gymnastique des écoles de la ville P.t de la campagne. Le temps consacré actuellement à cette branche paraît tout à fait insuffisant. La Société fera son possible pou1· que la gymnastique soit admise comme branche principale dans les programmes scolaires, et elle attirera l'attention des gouvernemen ts cantonaux sur l'importance à donner aux examens de gymnastique subis par les candidats à l'enseignement. On le voit, les maitre:> de gymnastique s'accordent à recouuaître main tenaut qu'ils ont fait fau5se route. L'école a un autre but que les sociétés de gymnastique, elle doit \'iser surtout à l'hygiène, en même temps qu'au développement ha1·monique des diverses parties du corps. On avait tort, dans les classe:;, d'imiter servilement ce qui se faisait dans les fêtes ou sur les pillees de gymnastiqne des casernes. Tels qu'ils sont exécuté:; dans la plupart des écoles, les exer~ices corporels constituent un tourment plutôt qu'une distra~.;tion . pout· les petits infortunés qui y sont assujettis, et il n'y a nullement lieu de s'étopner que le goût de la gymnastique aille en s'affaiblissant ~.;hague jour chez la jeunesse scolaire. Les Anglais comprennent mieux que nous le vrai rôle de cet enseignement, auquel ils consacrent dans toutes leurs écoles et jusqu'a l'université deux ou trois demi-journées par semaine.
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En Angletel're, peut-être mieux qu'ailleurs, l'on comprend que l'exercice corporel est nécessaire a tout homme, et surtout à celui dont l'occupation est el)sentiellement intellectuelle. Il y a peu de pays où le sport soit en tel honneur et cela sous les formes les plus variées. En Ft·ance, en Allem~tgne, en Suisse, le seul exercice qu'on offre à notre jeunesse est la gymnastique militaire ou celle des tours de force. La première ennuie bon nombre de nos enfants, la seconde est dangereuse. L'Anglais, plus pratique, s'est dit : Si nons voulons voir notre jeunesse développer ses forces physiques, procurons-lui des exercices amusants. D'un autre côté, un jouroa.l américain a relevé les faits suivants d'après une statistique médicale. Dans l'espllce de cinq mois le thorax a augrneo té de 25 mm. chez le 76 o;o des gymnastes ; dans le même laps de temps et chez le 32 °/0 le tour du bras, soit le développement musculaire a augmenté de t3 mm., celui de l'avant-bras de 8 mm. Une conséquence forcée du développement musculaire est une augmentation de force; ainsi on a constaté que chez le 86 °/0 la puissance élévatrice a augmenté de 28 kilos, celle du poignet de 9,75 kg.
PARTIE PRATIQUE STYLE - Décrivez quelques-uns des travaux à l'aiguille qui vou sont familliers, en disant quelques mots soit de leur agrémeoi1 soit do leur utilité pratique dans le ménage.
Développement Ayant été Rccoutumée de bonne beure par maman à me servir de l'aiguille, puis, conseillée et encouragée par noire bonne maîtresse qui nous faiL confectionner dlff~rents genres de travaux, j'ai pt·is un goût tout partJculiet· à cet utile exercice. Mon plus grand plaisir est de faire les blouses de moa jeun~ frère et les serviettes de ma petite sœur; aucune autre personne que moi ne met la main à ces parties de vêtem~:~otl. Maman est content~ de cela, car elle a bien assez d'autrll
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occupations par ailleurs. Ceci parait tout d'abord d'un léger secours, cependant si l'on pense combien les petits garçons et même les pAtites filles de 8 à 10 ans sont ioatlentionnées sur leurs habits, on comprend qu'il faille souveut revenir à la tâche, soit pour l'arrangement des parties endommagées, soit pour remplacer la blouse ou la serviette U!:lée. Puis, pour tout d1re, je ne borne pas mes travaux là seulement. L'entretien des bas, des chaussons de toute la famille est de mon ressort et j'avoue que ce n'est pas peu que cet ent.retien, il faut souvent rentrer et sortir l'ail;~uille dans les talons. Néanmoins, cette besogne ne me rebute en rien. Naturellement, ai-je dit, j'aime le travail des mains et je l'aimt>, non pas seulement parce que c'est une science indispensable à une jeune fille de ma condition, mais parce que je me rends utile à maman, que je la soulage et que pa,· là, je lni rends la vie plus douce .. Je suis aus~i très fièr.e de c~ que mon frère et ma ~œur pUissent se vêtn· de certa10s habits confectionnés de mes mains. Pour moi personnellement, les travaux à l'aiguille m'offrent des distractions qui ne manqutJnt pas d'un certain charme. Eofin, dans le ménage, le!'! travaux à l'aiguille trouvent leu r util ité pratique, on sait ce qu'est une maison dont la ménagère ne tire jamais l'aiguille. Sans cesse obligée de reoouvelbr les vêt~>ments ou le linge, elle dépense beaucoup el se réduit à la gêne. Sans le travail, l'aisance devient impossible dans la classe ouvrière.
,ABI:iiPâS L'entonnoir de Nuremberg. Le garçon au StPffenmarti, le petit Mathias, a la tête terriblement dure et le mallre d'école, J érémie, ne sait souvent à quel saint se vouer quand il a une !Pçon à donner à ce garçon. Le petit bonhomme est c?mplèlemPnt bro~illé. avec les chiffres et an jour l'â~ene .de ~atb1as fut poussée s1 lom que le pauvre Jérémie lui cria lDlpatienle: • Garçon, d1s à ton père de t'acheter un entonnoir de Nuremberg, .(on disait que parmi les nombreux objets fabriqués à Nure~b<!rg 11 se trouvait des entonnoirs par lesquels la science se versait dans les tête1:1 les plus obtuses) et ne reviens pas à l'écol~ sa~s cela: • MatbiaR avait déjà fait de la musique avec un entonnoir. Mats quant à ceux de l'espèce de Nuremberg il n'en avait pas encore vu. Mathias sait que le maitre d'école ne plaisante pas, il trotte à la m~1son ~ et,. pour ne pas oublier le nom de l'instrument magique qu1 do1t a1der aux enfants à apprendre, il répète tout le long du
78 chemin: • Un entonnoir de Nuremberg 1 un entonnoir de NurembPrg 1 • Il rPncontre en chemin son camat·ade Gaspard qui lui crie : • Mathias, vieus-tu aux cerises? • Matbias n'aimait rien tant que les cerisPs, mais celle fois il continue son chemin en donnant à son camarade pout· toute réponse: • Un entonnoir tie Nuremberg., Enfin il arrive à la maison et il se précipite dans la chambrd en criant: • Un entonnoir de Nuremberg. • Le père secoue la tête, carJl n'a jamais entendu citer cet objet comme moyen d'enseignement. Cependant, pense-t-il, il y a de nos jours toute espèce de choses. Il se rappelle qu'on a fait tout deroièt·ement pour l'école l'acquisition d'une grande boule · ronde peinte en biPu et en rouge qui a coüté plnA de 20 fr.; à quoi elle sert, Je Steffenmarti n'en a pas plus l'idée que son petit Mathias. Celut-ci a Btlulement raconté que le maltre d'école descend souvent la boule du rayon et la fait danser en disant par plaisanterie que c'est la terri!. L'entonnoir de Nuremberg sera sans doute quelque chose de ce genre, et s'il ne fait pas grande avance, il ne nuira pas non plu" bea~coup. Le Steffenmarti ntl regardera pas à donner pour cela 20 ft", 1l en a laa moyllns. Le lendemain, il se rend en char au marché de Bâle et comme Je petit Mathias ne peut plus rentrtlr à l'école sans entonnoir, il l'emmène avec lui. Lt> petit garçon est dans une joyeuse attente. Il a rêvé que l'entonnoir de Nuremberg est aussi grand que la baratte de sa mère, qu'il est tout rempli. de gâtea?x aux. cerises et que l'anse est f~ite d'une immense sauc1sse à r6ttr. Aprea que le paysan eut termmé des affaires, il demanda: • A présent, ou trouverons-nousl'entonno1r ?• • Il y a là •, dit le garçon, • tout prés d'ici un boulanger, il. en vendra certainement •, car il avait toujours les gAteaux aux CPnses devant les yeux. Mais Je père fut d'avis que l'entonnoir célèbre ne pouvait se trouver qu'à J'endroit d'où provenait la boule bleu·roug.e de l'école et ajouta qu'il en avait vu une semblable dans une librairie de la rue Franche. On s'en va donc à la librairie. • Nous voudrions un entonnoir de Nuremberg, mais le plus grand que vous ayez • dit le père dans son patois badois. L'apprenti, qui était justement occupé des livres,. crut ne pas avoir bien entendu le paysan et demanda : • Que désuez-vous? • • Un entonnoir de Nuremberg pour faciliter à mon fils les opédatious d'arithmétique et pour lui fourrer dans la tête les belles fi. gures de rbétonque que notre régent a tant de peine à lui fair~ apprendre. • - L'entonnoir dt> Nuremberg? Il faut que c~ so1t un ouvrage tout nouveau. Qui en est l'auteur? - Je voudra1s ac~eter un en1onnoir de Nuremberg pour mon garçon, car notre mag1ster ne cesse de répéter qu'il est le plus bête de la localité. . Le garçon libraire commence à comprendre la farce J?Uée au brave paysan. Je regrette, cher homme, de ne pas pouv.ou vo~a servir, dit-il. Il n'y a paa une heure que j'ai vendu le dermer. Mals si voua descendez deux rues plus bas, vou~ trouverez dana la rue des tailleurs, chez le ferblantier Sandreuter, les plus grands et les meilleurs t>ntonnoirs de Nuremberg. Dites-lui seulement que vous venez de ma part.
79 Steffenmarti enfile la rue des tailleurs, et le pèt'e et le fils entre· oient déjà à travers !es vitres d'! f:landrt>uter une.qu~nti~é de grands "t de pètits entonnOirs. Et Mathias se d1t: mals 11 n y a pas de e Ateaux aux cerises là-dedans et je ne vois pas non plus la sauiciese a. 1·6'1.1' • · On entre et on expose sa demandP: Savez-vous,. dit Stt>ff,mmarti, 'al besoin d'un entonnoir de Nurembf:rg pour mon g~uçon,, et le J oosieur qui vend la boule bleue et les beaux. hvres, Je cro1s I{Ue ";;est un de vos cousins, a d1t que je r/avais qu'à venir chez vous, 0 ne vous aviez les plus beaux. . . . q Le mattre ferblantier sourit, il connalt son farceur, le hbrau·e de la rue Franche, il étale devant le paysan "es plus pl.us heaux ~n · t nooirs et en pose quelques-uns sur la tête de Math1as. Eufin 1 on ~ trouve uu sous lequel le petit homme disparalt presque . coulelétement. Le père se décide pour celui-là, mais il caille st peu pue le Steffenmarli devient méfiant. - Est-ce que c'est pourtant aes vérit~bles? demande-t-il. Et le ferblantier répond: s'li ne COD· vient paR, voua pouvez me le rapporter. . . . On ne pouvait dire mieux. Stefft>nmartl se co1ffe de l'entonn~1r our essayer l'effet sur lui-même. Et réellement la vertu merv_ellfeuse du mystérieux entonnoir fait na1 1 re en lui une vertu gémale comme il n'eu a pas eu de longtemps. Il se dtt :. pu1s.que mon;ne~r le ma1lre d'école a pris tant soin de mon M~th1as, 1! faut q.ue Je. lui fasse aussi un pla1s1r, un de ces entoon01rs ~e Nurembe1g lut causera certainement aussi une grande 11atisfactwn ~t peut-être pourra-t-il aussi s'en servir. Il achÀte donc deux '?ntono01rs, les paye largement et reprend tout conte:tt le chemin de son village,. après avoir encore réalisé le rêve de son pe~it Mllth}D:s de la sauc1sse ~n forme d'anse, en consommant avec lm uue ventable saucisse rOlle dans la brassene de la SteinPn. . Arrivé à la maison, le petit Mathias put à peine attendre le lund.l, jou~ de sa rentréll à l'école. Le dimancht>, il place son entonnou aur sa tête, s'assied dans un coin, il apprend ses verse~s et fatt ses addttions avec une persévérance et un z~le qui exClte.nt au plus haut point l'admiration de sa mère. Enfin le lundt matm, 11 court ll'école. Devant la porte, il se coiffe de son entonnoir, prend l'autre t. la mam et entre ainsi chez le maitre. Le père vous fait bien saluer, dit-il, à présent j'ai un entonnoir et il y en a aussi un pour vous, vous ponrrez peut-être vous en servir. Le maUre regarde tant6t l'entonnoir, tantôt le garçon. Enfi.n la chose lui dt~vient claire et il dtt à son écolier en ayant peme à s'empêcher de rire: c'est brave de ta part, Mathias,. d'avoir é.té si obéissaut, à présent va à ta place et fais bi~n attentt~n. E,n dtsan.t cela il place l'entùnuoir-cadeau sur son pup1tre. Mat~1as s en :va a ea place et pose le sien à c6té de lui. Il est persuade que mamtenaot tout ira pour le mieux, il fait de sérieux efforts et ~et to':lt son cœur à la leçon. De son c6té, le maitre d'école a auss1 appns quelque chose de l'entonnoir. Il n'enseigne plus comme auparavant, mais il instruit d'une manière simple et claire et se doon~ ~a peme de présenter les choses avec toute la netteté et la prèctslon pos-
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sibles. Et réellement cela marche. Mathias n'est plus obligé de en classe après les autres. Au comble de la joie, il rentre parents et brandit son entonnoir comme une épée ICl<>I'Hmse, Eb bien 1 demanda Je père, cela a-t-il fait de l'effet ? - Pour que cela a fait de l'effet, père, et le maltre d'école a dit que n'avais qu 'à continuer ainsi. Le soir Steffenmarti parle à l'auberge du nouveau moyen seignPment et raconte quelles merveilles il opère et où on peut le procurer. Le vendredi suivant, Steffenmarti retourne au marché de Bâle, en se rendant à la ballA au poisso n il passe devant le mag<Jsin Sandreuter; celui·ci est justement debout devant sa porte et se à rire en voyant le bonhomme. Eh bien 1 l'entonnoir de NnrP·mh.a · t-il produit son PJiet, demande-t-il au paysan? - Oh 1 bien, dès le prt>mier jour et je vous apporte des complim toutes les personnes compétentes qui l'ont examiné; la couom11111 de Spiezneimèkatopistein va vous proposer une grande '-'ULuw.t&ua pour l'amano et MM. les conseillers comwunaux qui comme fils ont de la peine à rassembler leurs 1dées. J. B.
Anecdotes scolaires. ,'. Le professeur à l'élève: dites-moi ce que c'est que les p1aux? - Ce sont des animaux qui o11t une po<..he sous le - Pourquoi? - Pour se fourrer dedans quand ils sont pou , ,'. L'instituteur à une élè~e. - Ça, qu'e~:~t·ce que c'est ? C'est e ouvert. - Et ça? - Un e fermé. Un éternuement oblige l'instituteur à s'interrompre. Et l'en de s'écrier alors : - Ça, c'est un nez déb,ouché. • •• A la l~çon d'histoire naturelle, le professeur de Bob lui de l'araignée et lui dit que cet insecte sans ailes possède huit - Alors, réplique Bob, ce doit cotltrr joliment cher a ux artiu"'•• qui sont myopes... :. Charles. Quelle différence y a-t-il entre les verbes réguliers les v'lrbes irréguliE'fB ? - C'est pour les verbes irréguliers que suis le p lus souvent en retenue. ; • Jeanne a eu le prix de persévérance. Sa vieille bonne la nouvelle dans le quartier en disant: mon Dieu oui 1 cette enfant 1 qui n'a que 6 ans. Elle a eu le prix d'ostination.
Erratum. - Dans l'article de l'Elocution et de la daction (No 4 de l'Ecole) une omi!:"'sioo qui s'est ~;lissée a figuré un passage A la page 56, sm• alinéa, la phrase mençant à la 21me ligne par « Or comme la monotonie, peste des écoles, etc. , doit être rétab lie ainsi : Or com monotonie, cet:e peste des écoles, est lo résultat de la et des préjugés, la variété el l'attrait sont le résultat de tude et du travail : de là la nécessité de la préparation.
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valaisan et accueilli également avec faveut· dans diverses écoles d'autres cantons) entr'autt·es appréciations. celles émises par deux illRpPctenrc: c:cnl::~irA s étr·angMs an Valais: '' Ce manuel
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Le régent de Neuilloz
(fin)
Profitant du dérangement qu'exigeait de lui la vendange d'une petite treille qui lui restait dans la plaine, Anselme Maubant, ravi d'une offre qui lui arrivait si opportunément, profita d'un dimanche pour monter au Neuilloz pour s'entendre avec la population ; il avait vu , Je matin, le chef de la municipalité qui lui avait dit tout simplement: • Je vous félicite, pour mon compte je ne peux rien vous dire si ce n'est que la commune alloue un subside de 20 fr. • Les habitants de Neuilloz n'ont oas l'absurde manie de récomp9nser les services réels ·au moyen d'un vil métal; le régent devait, pour tout numéraire, se conten · ter de l'allocation communale ; en revanche, les NeuilJerins lui fourniraient la pension, le logis, plus, à la fin de la campagne, une quartanne de seigle et, un habit à pan en bon drap du pays. Benjamin Rossier, qui possédait la plus bPile maison dEl l'endroit et se trouvait en toute manière le plus à l'aise dans son chez soi, cédait son étare du mûieu pour la classe et le logis du régent à la condition d'être exempté de la pension et de toute autre charge, sauf que, par défére:Jce vo lontaire, il offrait à Anselme de l'inviter à chaque graude fête, telles que Chalandes, Bon ao, les Rois, la Chandell"ur, la Saint· Joseph, Carnaval et Pâques. Pour le chauffage, c'était, comme pour la pension, à tour de rôle . Les cours durai~ot de la Toussaint à Quasimodo. Malgré les hésitations de la première heure et une certaine humiliation qu'il éprouva à la première idée de changrr chaque jour de table, Anselme Maubant dut à son aoux et jovial caractère de s'as~imiler rapidement les coutumes, le tempérament E~t les modestes aspirations des Neuillerins. Bientôt, plus heureux là-haut qu'un coq en pâte, il se faisait aimer des élèves par son esprit familier, en même temps que respecter par son âge avancé. Il ne changerait pas son salaire pout· celui d'un de ces blancs-bAcs da régeuls o0uveau-modèle, a11ssi encombt·ants que prétentieux, avec leurs 400 fr. de traitement, et qui ne sont pas plus en état de vous
tr~sser
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une chanson grivo~se ou bachique que de discipliner une école 1 Il y a eté retenu, une fois pour toutes, pour tant d'années qu'il y voud1·ait venir. Avec sa bonhomie, il est chez lui parmi ses divers maîtres de pension qu'il a tous _amenés au goût de la lecture, des belle~ choses, du chant de la g aîté , dt~s vers, d e l'instructiOn sous toutes ses formes et surtout de celte na~ure_ si bella ~t ai clémen_te pour le pl atea~ de Neuilloz; 11 vtent, dep uis lo r~. tro1s gaz11ttes dans le villagP, Ce pPuple est sien, il lui a co mmuniqué ses goûts de rbéteut· montagnard, d'ancien élève de prédilection il' uo curé d'attaque! il a partout tait saisir le sens exact de ses proverbe'!, d1~ ses axiome~, de ses pél'ipbrases et de se11 sentences latines; s'éloignan t, même de son rôle essentiel, il leur stipule des ac les de vente, de cession ~·emprunt et, bien que la renommée soit généralement wgrat~ à la pédagogie, il jouit là d'une célébrité géographlq~l:'ment restrPmte, mats du moins abso lue dans son petit carde, assurée, inébra nlable. Benjamin R ossier se sent ravi des résultats obtenus · • N'avait-il pas préd it tout cela le premier 'P N'avait-ii pas proclamé la chose tout haut dès le début 'P , Le conseil_l9r d'u~ ha~ eau voisin un peu plus grand ost veau ~awtes fo1~ _fair~ à Anselm~ des_ offres importantes pour l e~mene1·; 11 aJoutait à 1 hab1t une paire de souliers ma_Is Anselme n'a pas capitulé e t a bi~n agi, les Neuil~ lerms ne se sont pas fait tirer l'oreille pour lm accorder tout cela. . Dans les maisons où naguère on faisait la moue le JO~r qu? 1~ tour anivait de nourri r Je régent, on l ui fait auJourd h u1 du chocolat et mille gâteries, afin de ne pas rester en arrière des au tre ~, el., Je scieur de long de l'endroit, ayant indirectement été informé qu'An"elme n'était pas po~·té pour la soupe aux J'aves, so garde soigneusement d en remettre sur la table en sa prés<ance. Com_me chacun sait que, malgré sa fo rte instruction il n'a JaoJaJs dû apprendre qu'il existait à Sion et dans '1ea grandes vill tls, des particuliers asst'z • bons e nfants • pour fonder des sociétés de tempérance, un ne lui ména~a pas le vin; les é l ève~, eux-mêm es, accoutuœés à V?Jr les pare~~s t~o_ll~r à la cave dès l'app» rition du regent, on~ d eJà her1te de cette coutume qui leur vau& tout ~e smte une classe plus animée que les aut res, ornée d un plus profond entrain et de plus nombreux dé· veloppements sur la gé':lgraphie et l'histoire suisse. Ima·
3 ginez-vous qu'un jour la leçon de géographie tombait sur l'Asie, il a conté un tas de choses très d rôles sur les éléphants blancs du Cambodge et, après, sur un faiseur de grimaces japonais qui se passait la lèvre inféri eure an ·d ei!sus du nez, si bien que celui-ci était comme dans une pocho, Après quoi il tel'lniuait tranquillement Jpçon en disant que !'Asie était t rvis foi s plus grande 438 qu e l'E ur ope e t qu'ell e avait été, avec l'Egypte, le berceau des civilisations primitives 1 Et, eo fait d'histoire suisse, en tsavait-i l d es petites choses qui n'étaient pourtant pas dans le livre 1 Grâce à Anselme qui, âgé de 56 ans la première fois au'il est venu à Neu illoz, en est aujoUI'd'hui à sa seizième campagP.e annuelle, le petit hamea u est arrivé à faire bonn'~ flauro d<los tout ln pays sous le rapport de l'instruction "Pilr surcroît, l'infatigable éducateur vient de s'j cha1·ger d'un cours d'adultes pendant les veillées des trois grands mois d'hiver, mais a ussi la population ne néglige-t-elle rien pour lui exprimer la gratitude publiquP · il va recevoir, à tit1·e d'augmentation de gagos . .. un cb;peau de feutre tlt un pantalon en drap pa reil à L. CoURTHroN. celui de l'habit à pan annue l ! <>~e
L E D E V Z N. (LÉGENDE DE L'ENTREMONT.) Charbonné est un chalet du b~l alpage de la Chaux, au-deasu~ du vil111ger de Sarreyet· dans la commune de BilgnHs. L~, une maladie cu l'ieuse et inconnue faisait aonuE~ll e ment périr 30 à 40 pièces de gros bétail. O,n désigna cette étrau ge aff~ction du nom de charbon no~r (charbon né) d'où ln nom de la localité. Seule!\ deux persounes pouvaieo t sans danger écorcher le bétail péri; toutes les autres étaient infectées au moindre cou tact et en moura ient; une seule goutte de sang tombée sur les habits !?Uffi :~ait., paraît-il, pour am ener la mort.. Ayant perdu les doux vaches qu' il possédait., un des dllux bommes quo la maladie n'JDfectait pas les dépeça et mit fumer la viande à la cheminée. S a femme se !ameutait. - Bah, fit-il en souriant, ne te chagl'ine pas; regarde un peu no tre cheminée 1 Nous ne sommes p:.ts si mal-
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heureux que ça puisque nous avons assflz de viande 'l Instincti~ement la fAmme leva les yeux; une goutte de sang lm tombe sur le nez; la figure lui enfla instantanément. On lui prodigua les soins les plus empressés · un médecin aussitôt appelé lui découpa un large lam~ beau de la face, mais tout fut inutile : ell9 succomba dans les plus atroces souffrances . Devant cette effroyable contagion, le consortage de la montagne fit appeler un vieux capucin très expert dans les cbo!ies saintes. Il arriva sur le sommet de la montagne du côté de Neodaz, mais quel ne fut pas le désappointement général lorsqu'il s'écria : ~ M~s e?f~nts, je ne puis rien faire pour vous; il y a déJà du bem dans les quatre coins de la montagne 1 •... Bref, ap1·ès maints pourparler!l, on se rallia à l'idée qu'il serait peut-être utile de consulter un devin célèbre, domirilié à St-Tripboo, dans le Pays de Vaud. Une commission fut chargée de l'amener. Le ~evin opposa d' abord un refus catégorique aux prop.os1t1ons des Sal'reyens (1), puis pAu à peu il consentit à mettre • ses pouvoirs » à lem· disposition. Il se fit conduire de St-Triphon à Sarreyer à dos de ~ulet. - C'était la seule façon de ne pas voyage1· à p1ed à c~tte époque reculée - mais au lieu de se placer à califourchon comme tout le monde il s'assit de manière à marcher le dos en avant. ' Cette étrange posture du devin, ainsi que l'énorme bouquin dont il s'arma troublèrent un peu l'imaginati on des braves paysans; loin de leur inspirer le moindre doute! ces singularités ~ranclirent à leurs ytlux la valeur, la pUissance, le savoir · faire du personnage t!n question et leur inspirèrent une grande confiance. • Aussitôt que J'entrerai dans votre commune vous m'avertirez, avait dit le devin à ses guides. , ' • - Nous vous avertirons, répondirent ces derniers 1 • Mais, réfléchirent ceux-ci, et si nous ne lui disions rien, nous verrions s'1l peut deviner lui-même· ils disculèJ·ent entre eux le pour et le contl·e de cett~ idée et décidèrent de ne pas souffler mot. · - Mais je suis sur vos terres et vous ne me dites rien, s'exclama l'homme de Vaud, après avoir fait quelques pas sur le territoire de Bagnes. La commission fit ses excuses. - Eh bien, répliqua-t-il, aussitôt que j'entrerai dans (1) Habitants de Sarreyer.
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les terres de votre village vons m'en avertirez 1 Nous vous avertirons 1 lui fut-il répondu. Mais encore une fois les hommes de Sar1·e) er se conconcertèrent à volx bass~ et résolurent de ne rien dire. - Vous oe me dites rien el pourlant je suis sur vos terres s'écria avec indignation le devin, après avoir fait quolq~es pas sur Je territoire de Sarreyer. Nouvelles excuses de la commission. - Conduisez moi dans une maison où il y a trois escaliers pour entrer, dit le cgrand Vaudois• en pénétrant dans Je village. La maison • aux trois escaliers • était la plus sale de Sarreyer; la commission j~g~a à propos de ne pa~ y introduire un personnage s1 1mportant; on condmslt celui-ci dans l'habitation la plus proprA. LA devin y entra mais ne voulut absolument pas y coucher, et bon gré mal gré on ~ut lui. laisser passer la nuit dans la maison • aux !J'OIS escaliers •· Le lendemain, le devin partit pour la montagne. Aussilôt arrivé, il monte sur une énorme pierre, découvre sa tête, ouvre son grand bouquin, lit .un i.nstant., puis examine terre et ciel dans les quatre d1rect1ons. c Vous allez bientôt savoir ce qu'il y a •, dit-il aux nombreux assistants qui l'avaient suivi, puis il disparut subitement. Son absence dura longtemps. Quand il reparut, il était tout en transpiration, il monta sur la même pierre et s'écria : • Si vous voulez m'apporter du bois et allu~er un grand f~u, j~ les fera.is tous venir comme une nuee de ~orbeaux et 1ls se precipileront dans la flamme 1.• • • La commission demanda de quoi il s'agissait 1 • Ce sont de méchantes gens, répondit Je devin, qui t~mpoisonnent J'herbe ; si vous voulez les brûler, beaucoup de pe1·sonnes disparaîtront dans la valléA. • Les assistants, dans la crainte de voir disparaître des leurs, repoussèr<>nt la peine du feu et prièren.t l'hom~e de St-Tripbon de guérir la montagne sans fa1re mourir des gens. - Eh bien 1 leur dit-il, vous ne perdrez plus à l'avenir que les deux plus belles vaches du troupeau. Mais pour cela je vous défends: 1• d'habiter le chalet de Charbonné avant la disparition des fleurs jaunes; 2• d'alper par un lundi ou un mardi.
7 Puis, monté à rebours su1· son mulet, il redescendit pa1· un autre chemin qu'il avait suivi en montant. Au villagE~, il refusa d'abord toute rétribution pour ses services, refus intér~>ssé qm lui servit sans doute de réclam~, pa1·aît-il , puisqu'il s'eu alla cba1·gé de cadraux. Depuis cette époque mémorablP, le charbon noir n'a plus infecté le pâturage de la Chaux et, malgré la dia. parition pref'que complète tie la foi attx devins, les Saneyens, dit· on, sA coufùl'mPtlt Pncore stricternent aux ZoRA. prescriptions du devin de St-Tiipbo::~.
IJa couronne des jeunes a•·b•·es doit-elle êtr·e taillée de suitP. a.prés la plantation ? Toutes les années, au moment de la plantation, on me demande quand il faut tailler, question fot·L compréhensible si l'on considère que des traités d'arboriculture consE>illent dA taillOI' de suite aprèa la plantation eL d'autres seulPment une année après. Examinons d'abot·d la première mélbodA, celle con . sistaot à tailler fortement à la plar.tation. En traitant ainsi les jeunee arbres on ~e vott rlaus l'obligation d'enlever tous les forts rameaux qui ont pour mission de reformer la couroune sur des yeux plus ba~, plus faibles et ne poussant que plus tard. Conséquemment, on r.'aura que des feui lles taràives, restHnL petites et <lPmandant, pour leur végétation, autant de suc nutritif que de feuilles normaiM. Cette manièt·e de procéder n'llst pas toutà-fait logique. N'oublions pas que plus vile nous aurons des feuilles bien formées, plus vite aussi notre arbre (point esse11tiel~ formera de nouvelles t·acines, et cela grâce aux feuilles précoces et bien venues, lesquelles favorisent la radicatioo. Eo ne taillant pas du tout on commet aus!si une faute. La tbéorio nous apprend qne le;;~ yeux dea extrémiles des branches se dévc.loppeut en p•·ernier lieu; il semble dès lors IJU'en retardant ·la taille, la prospérit é de l'arbre doit en être accruo, grâce à son feuillage précocP. Lfl pratique contredit ici la lh~orie. Cela ne serait poseible que si l'on pouvait ::.rra0her un arbre avec toutes ses racines et sans lPs endommager; mais avec la meilleure volonté du monde on ne peut y
arriver. Même les arbrfls ayant été transplantés deux 0 0 trois fois en pépinières prospèrent rarement si l'on n'a pas la précaution de leur taill er les branches. En ne le faisant pa'1, on s'<>xpose à en voir sécher quelqueR· unes, souvent fort nécessaires à la formation de la couronne. Pou1· obvier à ces inconvénients, le soussignA a loujour<> cbDisi, avec snccès, nn moyen terme . Partant, il ne taille pus les bt·ancbos qui sont absolument néce~ saires à la bonne formation d'une couronnt>, au mornAnt de la plantation; wa1~ il enlèvCI tout ce qui est inutile. 11 va sans dirr qu r. c ttn opération doit être faite avec intelligence et proportioooé11 à l'éta t des racines. Les !lUCS fournis par l1~s racinoa suffi.sl'nt. au développement des bonrgf'ons, l•·squ r ls activent. à leur tour la formation rapide dt>s J'ad tcell.•s. Les jeun es arbn''l qui ont pr u ou pas de branches pour la cout·or.nn devront êl t'f\ L1illés à quatre ou cinq yeux au-dessus d colni où l'on désire avoir les branches pour le couronn ement de l'année suivante. Cette taille ~e ra éga lement pt·oportionnée aux avat·ies des racines. Lorsqu'on taillA un jeune arbre il ne faut pas seulemAnt lPnit· compte des rac:ioe:> et de la variété, mais encore du tenain. D ans )Ps l'3rrains humides et riches en bnmus, les arbrefl, pP-u ou point taillés. poussent rte forts rametlux, après une taille de seconde année. Par eontre, dans un so l légM et sablonneux les branches non taillées sèchent souveut ou, eu tout cas, restent daus un état so Lfft'llteux et stationnaire. Au lieu de pousser des rameaux à bois les yeux se tram:forment an boutous à fruits. Si l'on plante, comme cela arrive souvent, eu un printemps tardtf, fin avril ou commencement de mai, alors que la végétation a déj}\ commencé, il est à consei ller de tailler très court et de snite après la plantation. Je croi8 pouvoir me résumer en conseillant de ne pas tailler les arb res plan léa en au tomne et de propor· · tionner la taille du prinlemps à l'état des racines lors de la plantation. Saxon, 27 décembre 1892. J. BoLLIN, jardinirr pépiniéristP.
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Supplément à L'ECOLE PRIMAIRE .r-
Recettes et conseils utiles La Neuvaine de la St-Sylvestre - Prenez garde à la qualité de vos aliments; car sana sortir des habitudes ordinaires de la vie, une même per. sonne, dans une seule journée, peut avaler, à petites doses tout un assortiment de poisons. Avec les anchois, Je~ crevettes, Je howard aux sauces rouges, elle avalera de l'ocre rouge el du minium; aveu le poivre rouge, du sulfure de mercure; avec les cornichons, du cuivre. S'il y a des bonbons au dessert, elle absorbera de la gommegull~. du ver·t de Brunswick, de l'indigo, de l'outremer, de la céruse, suivant les couleurs. Si après le din~r. elle prend du thé ou de la bière, elle court le risque d'absorber lies couleurs vertes nuisibles, de la strychnine, de la coque du Levant, de l'l'ssence de poivre de Ca. yenne. Nombre d'analyses démontrent que ces faits exi· stent, que l'empoisonnement à longue échéance par lea fraudeurs est un mal latent, que l'hygiéniste doit si· gnaler et combattre. Plus de coups de pied ·perulant la traite. - Voici un moyen pour empêcher les vaches de donner des coupa de pied pendant la traite. Une corde de la grosseur de celle qui sert à attacher la bête suffit; on la passe sous le ventre, par devant les mamelles et on rattache les deux extrémités sur lea reins, en ayant soin de la placer dPr·rière l'os saillant qui forme la hanche. Point n'est besoin de serrer forte· ment; il suffit que la vache se1.1te simplement qu'elle est gênée dans ses mouvements. Dès qu'elle aura seoli la corde, elle ne pensera plus à envoyer des coups de pied. - Lorsqu'un malade a le sommeil très léger, pour prolonger son repos, il suffit de lui mettre un peu de ouate dans les oreilles. N'y étant pas habitué, il s'en trouve assourdi et dort avec la sensation du silence complet.. - D'après la statistique, l'Italie aurait produit en 1891 832,365,000 hectolitres de vin. Cette quantilé énorme vient naturellement nous faire une concurrence très sérieuse, Les vins de Barletta sont offerts à des prix dérisoires, ceux de Toscane, bien supérieurs comme qualité, sont offerts à 25 cent.
(Légende de la vallée de Bagnes./ l'époque des vendanges de Fully, Michel du avait enfin songé à faire plaeer une porte neuve cave: l'ancienne n9 se laissait plus fermer, non t que la vétusté l'eût détraquée, puisque c'était .son père, Jacques du Sommet. dont tout commumant encore souvooance dans Bruson, et dont on ne jamais sans dire: • D ieu le soulageât! •, qui construit .a maison de la terre aux ardotses du aussi fraîchement Ol:luve de tout que l'œuf levé tout derrière la poule. y avait rles mois quP Michel ne trou"ait pas le de fermer colle porte et, malgré que les Brusooe soient pas gens à se ser·vir sur le bien d'autrui, fois il oe faut qu'un coup .. . quelque simple farce jeunesse, surtout cette a'lnée·là que le vin é.tait crât bon ; et puis, enfin, une porte est farte pour d'être fermée. charpontier appelé avait pris bien exactement la du châ3sis, mais une fois la nouvelle porte ree dans ses gonds, il ne fut pas plus facile de la que la prècédentEl. Les choses en restèrent là ; on pria beaucoup dans la du Sommet, ne sachant jamais quelle âme en ou quel méchant esprit se mêlail de cette rnet. on fit des neuvaines, on promit de Re livrer à r~fioité de bounes œuvres, de donner des haillons pauvres, on redoubla de charité sans que rien n'y faire. Tout cela ne dE:~vait pourtant pas alle1· jusqu'à empêque Michel du Sommet se livrât à ses occupations es et p1·ofi1ât des courtes heures où le soleil les plaques de neige durcie au revers des bois conduire les engrais dans les champs et alléger· l'affluence des travaux qui surgissent avec le prin-
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la jour J e ia Saiot-Sylve::: tre, l'an deux de l'i-
no~ dation du torrent et son JOUr de mulet (1) il fit pett~ voya~e d:après-dîner, à son champ de Piam Apres a~o11· fatt arrêter sa bête au haut du cha pen~e ratde, renversé les bissaches, versé leu r con re~ts le t~ut en ordre sur le bât, t·epris Je chevêt.re se. Jeter lut-même en croup~. Michel vit sortir de
stere de la forêt escarpée un énorme tronc al'l'aché ap~ès. avoir franchi les branchages nus des coud qm decoupent les champs supérieurs, s'arrêta net son ~ulet, ntalgré l'extrême décli vité du terrain à peme recouvert d'une mince carapace de neige Voyant. c~ tronc immobile sur un de ses a comme ptque en terre p~r une tige de fer Michel t•ifié, s'écria instinctivement : ' ' - Qui êtes-vous de non part Dieu 1 - <?b 1 délivrance prochaine 1 exclama la massl'l te, .Putsque tu parles comme il faut 1•••• Eh bien, ~ot, tu. ne te feras pas peur; moi, ton intime ami, ~~nd re de. Vers la Chapelle 1... Depuis mon trépas tue mes, p~m es. flt., de tous ceux qut prient pour au cu~ na _Jamats eu le secret de me porter secou Ou.e Je suts heureux de te pouvoir parler 1... J'ai che par toutes sortes de moyens à me faire corn mt~u~ que, to~t a~tt·e mes pensé~s de j>tdis, mais qu tet tu ~ as Ja~ats su répondre à mes appels que de ma~vatses ratsons... Te ~ouvieos-tu de ce sapin tu allats couper là haut, un moid après ma mort dont la t·amure restait debout, quoique détachée' tronc 'P -Oui ... - Eh bien 1 c'était moi, mais tu t'es écrié· c d~ diable 1 qu'est-ce qu'il y a donc t , . . . Je n'ai rn exphquet· avec quelqu'un qui parlaiL si mali . . . Te souviens-tu d'avoir trouvé tes deux Taï la et. Cuoadzon, attachées à la même chaine ?
-Out. ..
::- Eb bie,n.r c'était moi, mais tu as juré comme pa1en 1 Je nat pu te répondre. Et de ce fantôme blanc que tu vis l'an deroitP de nuit en pl.eine forêt de Pazay, que tu évitais de contrer en cr1ant: « Nom de sot·t 1 une âme d" l'eof~r 1 •. ~lors que pourtant, je n'étais pas damné poo 1 étet•otle 1... (~) Il y a. des mulet<! qui app~rtiennent à plusieurs cuhers eo disposant chacun un JOur par semaine.
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C'flst moi qui retenais depuis plusiem·s mois la p~;ie de ta cave, Pspérant toujours que tu fioirais par pariPr comme il faut, mais en vain. Eufin je ~uis arrivé au but. Main te~ant .lu peu~ me délivrer, si tu consens l faire ce que Je vats te dtre. , Pour que je puisse allet· au paradis, il faut que tu trouves neuf vierges qui iront, habillées de blanc, un cierge blanc à la main, cette nuit, au seuil de la nouvelle année, p1·ier le chapelet pour moi à Notre-Dame des Veroays. Mais il faut que toutes soient pures et diali de leur voile blanc et qu'elles s'arrangent à ti·arerser la Drause sans passer sur un pont, c'est-à dire 80 traçi\ot une ligne droite dans la neige blanche comme
elles. •
_ Mais c'est difficile, d'ici à ce soir, de trouver neuf persouDAS, je ne pourrais paa discerner les vi~rges des autres, dit Michel. - Tu as le temps 1 dit l'ombre, va vite, je sais que tu fo>rais tout pour me Houlager et pour reconquérir ta tranquillité que j'ai si longtemps troublée. Sois malin dans tou choix, ne r.het·che qu'à plaire à Dieu, et à l'a-venir, parle comme il faut. Je te souhaite longue vie et boo salut! Sur ces mots, Je tronc reprit sa course vers le fond do ravin où, brisé en morceaux, il disparut dans Je torrent. Michel alla voir la plus jolie fille du village et lui fit part da sa miE>sion. Elle rougit et rE< fusa. Il courut de maison en maison, toujours chez les plus jeunes, les plus jolies et les plus gaies, suppliant, t•éclamant l'intercession paternelle pour assurer le succès de eetle bonne œuvre. Le'3 unes rougirent, quelques-unes pleurèrent, toutes rêpondir<-<nt par un refus ou par des prétextes qui ne lignifiaient rien. L'beure avar.çait et il fallait délivrer la pauvre âme qui avait si longt emps souffert à cause de lui, et, faute d'au li es jolies, Michel all a chez les laides, les vieilles, les ~impies, celles qui n'avaient jamais eu de quoi plaire. Eo moins de temps qu'il n'en eût fallu à Michel pour 88 transporter d'une chaumière à l'autre, la pieuse déléption était composée, car à Bruson comme pat·tout, rien DA ::;e trame de si secret que les vieilles virginités D'en soient informées.
- "Les douze coups de minuit se détachaient un à d~ !'horloge du clocher quand les neuf âmes de la fr~r~ e de Ste-Catb~ri ne, vêtues do leur habit b lanc pem~entes, traverserent la Dranse, alignées une par 0 un c1erg~ à la. main, les pieds dans l'eau glacée, tentes n~anm?JDS de cette occasion marquée de ce parad1s qUI les déilommagerait des vaines attentes des humiliations de cette terre d'exil. LA Jour de l'An. dfl l'an trois de l'Inondation ~~ Sommet, levé de bon matin, alla fermAr sa ' JOie, ma1s pour la rouvrir aussitôt devant. les neuf ges et ses nombreux amis, tous invités à célébrer la gaieté l'anivée d'un Brusonin dans le paradis. L. CouRTHro~.
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HORIZONS LOINTAINS
par MARio*** . Par~i les différentes étapes de mon voyage en hne, 11 en est une, la dernière, dont tous les d sont restés gravés dans ma mémoire en traits i biles, et sur laquelle j'aime tout particulièrE:'ment à poser mes peMées; - c'est le Mont Carmel Les pressions que la vue de ce lieu a éveillées en moi encore toute la vivacité, toute la fraicheu r du p ' moment, car, pour parler avec un poète oriental: c son~ comme autant de perles dans l'écrin de mea soavemrs. • ~ous y at·~·ivâme~ au déclin d'une belle journée mat. Le sole1l vena1t de se coucher, et ln nuit •vu.•u••·•· lorsque nous mîmes pied à terre à la po1·Le du cou de S t-E iie. le seul abri que l a montagne offre au voyageurs. La route avait été longue ce jour-là. Le matin même nous avions d it un demiPr adieu à Nazareth, et le soir nous retrouvait sur les b ords de la Grande Mer aioai que l'appelaient les Hébreux. Nous ét1ons b~rass6t comme on l'est ordinait·ement après avoh· pendant plusieurs heurfs conséculives sous l'ardeur da soleil, et pou; plusie~rs de mes compagnons, la fatigae du moment 1emportait sur toute autre se nsation. Bien que la vie sous la ten te ait son charme il n'en est pas moins vrai qu'après quelques jout·s d~ vie errante, on retrouve avec délices les agréments de la
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vilisation, lorsque derrièr~ les murs épais d' un monastère. celle-ci se présente sous la forme d'un bon souper et d'un log~ment confortable. Jamais peut-êh·e nous n'a· vions été plus disposés à en apprécier toutes les douceurs; jama is peut-êtro aussi, ne s'était· elle offerte à nous sous ua tel prestigE". Sur les lieux consacrés par la B1ble l'l10spi!ali1é emprunt~ un cha1·me de plus, et celle qui nous attendait au Carmel s'offrait à noufl corn· mo le dernier sourire d'une contré11, que bien certainAroent la plupart d'entl·e nous ne devaien t jamais revoir. Tout ce que le monastère possédait do meilleur fut mis à notre disposition avec une cordialité et un empressemen t qui rappelaient les tt·aditions patriarcales et cette hospita lité de~ premiers âges immortalisée par les poètes an tiques et les écrivains sacrés. S'éveiller à Naz~re th, s'endormir au Carmel, est sans doute tout un événement dans la vie d'un chrétien. Pou1· le plus grand nombre, cette perspective demeure à l'é· tat de rêvfl, mais lorsque ce rêve devient une réali té, il vous prend de ces étonnements naïfs, - on a peine à y croire, on regarde autour de ~oi, en se demandant si l'on est bien éveillé. Dans un premier voya ~e en Orient, ce pays où tout est spectacle pour l'étranger, les impressions sont si nombreuses qu'il eqt impossible de les conserver toutes, et souvent même de s'aJTêter à aucune en particuliel'. Cette variété de choses ét.1·angos, le chatoiement des couleurs l'abondance des souvenirs. produisent parfois aussi su~ l'imagination une sorte d 'étou rdissemPnt dans lequel l'œil voit machinalement, et comme dans une lanter ne magique, défiler devant lui les types les plus saisissants et les sites !eR plus merveilleux. Lorsque le soir an·ive, l'esprit fatigué se refuse à recevoir des i mpressions nouvelles . On est accablé, écrasé. ahuri. C' est comme si en un seul jour ou eût fait le pèle rinage des siècles : - le regard et l'espt'lt sont vaincus; on se sent vieilli. La roule de Nazareth an Carme l est des plus intél·essautes. Elle nous montre la Galilée sous ua nouvel aspe r.t. Les sommets chauvAs, les plateaux sauvages et déserts ont dispa1·u. On n'y voit pas comme daus l10s environs de T1bériade de ces vastes plaines où la solitude s'étend pat·tout et que recouvre un éternel silence. C'est une contrée en pentes douces qui ft•appe tout d'abord par l'attrait du paysage et la variété des si ~es.
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Elle est entrecoupée de plaines fertiles, de vallées de peu d'étendue, de collines botsées et l'iautes, de pâturagAs étoilés de fl~urs que sillonnent de longs troupqa~x de cbèvt"es noires ct de moutons blancs; - contree agreslt', vPrdoyante, où le cœur se trouve. à l'aise e.t retrouve ce qui toujours fait battre le mten: un a tr de famille avec la Suisse. Des chênes verts couronnent les so::cmets les plus éll3vés; des bois d'oliviArs que le vent argente, et sous lesquels jaunissent les blés, couvrent les pentes des .collines. De tous côtés, on apercevait dans les ondulatiOns de ce tapis doré, le turban blanc de ceux qui coup~ient. et liaient les gerbes. Les femmes e.t les eufants, ecartant les blés qui s'élèvent jusqu'à hauteur d'homme, s'avanç~ient jusqu'au bord du chemin, et passant l.eur visage b1·onzé à travers les épis, ils nous demaod~te~t le backchich, expression qui dans leur langue ne ~•go t fie pas précisément aumône, mais phJlôt récompense ou cadeau. Parfois dans les pâturages et les bas-fonds, le sol disparaissait sous une épatsee couche d'énot·mes sauterelles jaunes, ce fléau de l'Orient. A n?lre approche. elle~ sortaient de leur assoupissement, s elevatent en tourbtllonnant, el toutes affolées venaient se heurter à notre visage. Il y en avait uoe si grande quantité que par moments l'air en était obscurci. Elles voyagent par vols comme les hirondelles, car on n'en rencontre pas isolément. Quand el les ont achevé leurs ravages sur un lieu, on les voit s'élancer dans les atrs, et suivre toutes la même dtrection. f;:'De grands villages d'apparence monumentale, s'appuient sur Je versant des côteaux. Bâtis ~o pierre ~our la plupart, ils se composent de coostructtons masstves, hautes et carrées, avec des toits en plateforme, et n'ont pas de fenêtres extérieu res. Ces murs épais, gt·is et nus, ont quelque chose de farouche. A distance, on les pren· drait pour des remparts démantelés. lis jettent comme une ombre sut· cette fraîche nature. A lliesure qu'on s'avance vers l'occident, la plaine~se creuse> l'horizon s'élargit. Des teintPs plus chaudes, une végéta't:on plus riche, révèlent uoe autre zone et un cli · mat plus ardent. Des figuiet·s au tronc tortut~ux étendent leurs branches vigoureuses sur un sol mevassé pat• l'ardeur du solei l. Le grenadier, l'olivier, le sycomore, rem· plissent les prairies et couvrent les cô~eaux. Le nopal
envahit tout. Il borde les chemins, sert de clôture aux propt·iétés, et déploie ses feuilles épmeuses depuis le m desséché du torrent jusq•t'au sommet des rochers. De jolies bourgades étagées autour de quelque forteresse abandonnée, ou hardiment campées sur la crête des collines, purtent déjà l'empreinte d'une civilisation plus avancée. On pressent le voisinage des côtes avant de les avoir aperçues. Le plateau s'abaisse pat· degrés; et comme s i ses pentes voulaient opposer un rempart à l'élément qui les menace, elles deviennent plus abruptes, plus e~carpées, en se rapprochant des rég~ons maritimes. VArs le milieu du joUI', nous p û. mes dJSltuguer au nordouest, et encore dans le loi ntain, le sommet du Carmel, arête bleue se dessinant nettement sur un fond bleu; et au-dessdus la ligne azurée de la Méditerranée, sur laquelle on voya it étinceler les tours et les minarets de St-Jean-d'Acre. Lorsqu'on arrive en Palestine, les baltes pour les repas se règlent d'après les sources ou fontaines d'eau douce qui se trouvHnt sur la route; et comme on peut chemin ~ r plu~ieurs heures saas renc~ntrer un se~l !iiet d'eau potable, il eu résulte que le~ etapes sont tr~egu· lières et souvent fort longues. Nous nous arretons sous les murs de Chépha-Amr, la balle habituelle de ceux qut de Nazareth vont au Car!D.el. Il y a là ~e beaux vergers avec des oliviers sécu1a1res, et un pmts à peu d e distance. La caravaüe met pied à terre. Nos gens étendent des tapi~ sur fl>erbe e~ y étalent les provisions de bouche. Ass1s ou accroupts tout autour, nous faisons honneur an repas qui se compose invariablement d'œufs rturs, ;de volailles froides, de fromage, de café noir et d'oranges, celles-ci à profusion. L'eau manque de fraîcheur, le vin, quG l'on traospor~e ùans des outres et que l'on boit dans des ve!'l'es d'étato, a un goû.t saumâtre. N'importer - C'est un rég3:l pout· les ye~x ~oro me pour l'intelligence que de déjeû.ner en plem atr, à l'ombre de ces granits oliviers qui .?pposent leur ~mbre épaisse au ruissellement cie la lumtere, tout en latssaat voir çà et là un coin de ciel bleu: - c'~st un bonh?ur de se sentir vivre au milieu de celle exuberance de seve et de couleurs, et de toutes les splendeurs d'une natut·e en fète. Dos jeunes filles, venu~s pour puiser de l'eau, s'approchrnt avec leurs amphores sur la tête, et nous .o~rent à boire. Elles demeurent ùobout, eL nous constderr.nt
longtemps, attentivement, sans embarras comme sans hardiesse. Tout près de nous nos chevaux se délectent à brouter la verdure. A quelques pas plus loin, deux des moukres, courbés sur uo pfltit feu d'épines, préparent le café ; les autres, étendus sur l'herbe, chantent leurs refrains habituels, une mélodie arabe, lente, douce, monotone, avec des accents de complainte. Dans les éclaircies de la rf• mée qui tombe jusqu'à tene, nous contemplons la ville pltloJ·esquemeot adsise sur le som· met d'une haute colline. Elle est fortifiée, et commande uo ravin aur lequel on voit les ruines des redoutes construites au siècle dernie1· par Dabt• el-Amr, gouverneur de St-Jean d'Acre; Chépba-Amr est l'ancienne Gaba mentionnée par F lavius Josèphe dans son histoire des Juits. Elle possède, comme toutes les anciennes locali· tés, des tombeaux taillés dans le roc. Sa population est d'environ 4000 ba bi tants qui passent pour être très labo. rieux. Les Musulmans et les Druses sont en petit nombre; la majorité se compose de chrétiens appartenant à diverses dénominations. Une antique église, dont l'origine remonte probablflment à l'époque des Croisade'l, a été restaurée en 1866 pour l'usage des religieuses de l'ordre des Dames de Nazareth, qui ont fo[Jdé dans la ville un institut renommé d'éducation pour les jeunes filles. Soudain un coup de sifflet nous arrache à notre contemplation et à notre repos. C'est le sigoal du départ. On entasse préc~pitamment la vaisselle et les restes du déjeftner dans d'énormes sacE~. Les tapis et les nattes sont enroulés, ficelés, chargés à dos d'ânes, et nous partons. La route s'allonge sur un terrain accidenté, couvert de chênes verts et d'autres arbustes, et s'abaisse rapidement vers la mer qui s~ déploie devant nous. On tombe presque inopinément dans la région des sables, vaste étendue bouleuse, avec des plis et des replis comme ceux d'une met· en furie, moucheté~'~ de lom en loin par quelques buissons desséchés, et par de'! massifs de roseaux secs At tranchants. Toute trace de sentiflr ne tarde pas à s'y perdre. Nos chevaux llvanÇ>'~Jent péniblement sur ce sol mouvant qui avait des reflats de fourna1se. - Mais la dernière ondulation franchie, je ne pus ré· primer une exclamation de smprise : - nous avions atteint le ravissant golfe de Caïfa: l' Orient avec tout son prestige et le charme de l'imprévu, nous attendait là. (A suivre./
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SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION L'ÉCOLE PRIMAIRE paraît chaque quinzaine, de Novembre à Avril inclusivement, en livraisons de 16 pages. Prix d'abonnement pour l a 8ol81!1e, 2 Cr. 50. 1Jnlon po8tale 3 Cr. &nnonee•, p 1·i:~, 20 cent, la ligne ou son espace. Tout ouvrage dont l' Ecole primai1·e recevra deux exemp laires aura droit à une annoncP ou à un compte-rendu, s'il y a lieu.
SOMMAIRE : Rési g nation. Culture de la v olonté. - Instruction et éducation. - Du Dévouement. - La gymnastique à l'école. ·- · De l'affaiblissement des caractères. Partie praDictées, Sujet de St)'le. - Suppléments.
Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : M. P. PIGNAT, secrétaire au Département de l'Instruction publique, à Sion.