No 02 l'Ecole primaire, 15 Janvier 1902

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XXXI0 ANNÉE

15 JANVIER! 1902

24 Critique Protocole. - Le compte rendu de la dernière séance est lu et approuvé à la satisfaction générale. Calcul oral. - La leçon est trouvée fort bonne. La récapitulation a peut-être été un pFm longue, mais elle était justifiée, vu son importance. Lecture. - L'l:!xposé par le maître a été bon . Les observatio~s qu i suivent snnt plutôt générales. Dans les comptes rendus, habituons les élèves à trouver l' idée principale de l'alinéa. Il faut encore insister sur un point. Les leçons de lecture ne doivent pas être consacrées à des e'!(:ercices de grammaire. Laissons cette branche complètement de côté pendant lc_s heures affectées à la lecture. Dessin. - M. Monnard ne reç.oit que des éloges pour son attrayante ~~n.

~e <§ulletin pédagogique el

L'Ecole primaire ORGANE DES SOCIÉTÉS FR/BOURGEOISE & VALAISANNE D'-ÉDUCAT/ON p/ d11

Musée pédagogique

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La méthode de dessin - dite genevoise - paraît excellente, mais plusieur s maîtres ne sont, pas suffisamment préparés pour l'appliquer avec fruit. 40 DIVERS . - M. !'Inspecteur a été édifié de la bonne tenu_e de la classe. Il nous rappelle encore qu'il faut procéder s~stémat1q uement. Faisons une différence entre la lecture express1 ve et la lecture courante; ne donnons pas trop d'explications abstraites. Le principe: Du concret à l'abstrait ~oit être rigoureusement ;i:ppliqué. Le programme devrait être affiche dans toutes les salles d ecole, ou - tout au moins - se ti·ouver dans le Journal de classe. M. l ' Inspecteur recommande aux maîtres la collecte en faveur de !'Orphelinat de Montet, ainsi que l'établissement des Caisses d'épargne scolaires . . . . Les instituteurs du Ive arrondissement qm ne traiteront pas la question mise à l'étude _par le Co_mité de la Société fribo,urg~oise d'éducation pourront traiter celle-ci : Emploi du manuel d agr"tcUlture au cours de perfectio'Ylnement. Modèle d'une leçon. Pour faciliter l'enseignement du dessin, M. !'Inspecteur . a l'obligeance de nous r em_ettre q_u~l9ues fe°:illes contenai:it les, _mot1fs suivants, qui pourront etre !,ltlhses cet hiver : 1re feuille, Niche de cliien (vue de face et vue ae profil). - 2me , Table et . tabouret. Commode et glace. - 3100 , Figures géométrique~ basées sur le r ectanglfl. - 4me, Obélisque. Monument funéraire. -:- 5me, Tableau noir. Porte vitrée. - 5me, Lavabo et glace. Armu1re double. 7me, Cafetière. Poêle de fonte . - _sme, Palissade. Grille et clôture de parc ou de jardin. - 9me, Rabot. Ciseau. Hache. Martea;u. - lQme,.Pot. Verre à pied. - 1taie, Feuille de harico t. Feuille d'acacia. - 12me, Motifs divers pour décoration. M. Crausaz - dont le Musée scolaire est le fruit de sa constante sollicitude - nous donne lecture d'un travail in~éressant, q~oique inachevé ùivisé comme suit : Quelqu es réfl-ex wns a u su;et ~e l'étabJ,i,«s~ment du Musée scolair e. Etablissement du Musée. Essais de classement des collections . Collections diversei:; : bois, minéraux, instruments agricoles. Règne animal. Tableaux mura~x, etc. M. l'lnspecteur remercie les membres de la conference de leur attention , et particulièrement M. Crausaz pour son ex_cellent travail. La partie récréative _succède. B~le est, des plus gaie~ . Il ne, nous reste plus qu'un devoir à r~m;phr : c est de rem_ercter M. _l lnsti: tuteur de Noréaz et les genereu x et sympatl11qu es a~ns . qui nous on t ménagé une agréable surprüie. J. Gn.F:MA Un, 1n st1t..

paraissant les 1" et 15 de chaque mois lll~O.\f:'l'ION \I.

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de HauteriYt'. p rt'·s F1·il,ou1·g-.

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AllOI\NJ,~IE'i'l'S R: ,\'1'101\CES ~l. f. . nn,rn.Hm. scr,n'•t.airc b l a Direc tion· de l'Inst. pu hl. ,111 conl.. rle Frih.

Ahonnement pout• la Suisse, fr, 3 -

pour !"étranger, 1iort en i.us.

SOMMAIRE : Enseignement cle la langue maternelle au Collège (suite). - Bilan géographique de l'année t 901 (suite) . - Un peu

d'histoire du Valais. - Aux jeunes instituteurs (suite et fini: · ~ Tm~r cle Babel. - Notes de voyage d'un pèlerinage pestalozzien (suite et fin). - Les cou,·s du soir. - Pour gagner du temps . Népression des fraude s dans les examens el concours publics. en F1·ance. - Examéns des 1'ecrues en 1902. - Avis officiels. Chronique scolaire.

Enseigoemtiut .de la )angor maternelle AU COLLÈGE (Suite.)

Maintenant, passons rapidement en re vue les divers éléments de la langue maternelle : lecture, déclamation, ortho-· graphe, grammaire, parole, rédaction , rh étorique, ek, pourrappeler le but à atteindre et les règles à observer dans l'enseignement de chacune de ces parties. Commençons par la lecture et la déclamation .

Lecture, parole, déclamation Dans la plupart des Collèges, on néglige les exercices de lecture et la culture de l'organe de la parole, de cet instrument si important qui no us sert d'intermédiaire dans tontes nos r elations. Cette éducation de la parole est généralement ab:rn donnre à l'écol e primaire. Si l'on a occasion d'ass ister


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parfois à des exercices publics . de déclamation où to~t est appris : accents, pauses, gest~s 1 11 est,_ p~r. contr~, assez ~~re dans les classes de trouver des eleves qm recitent d une mamere distincte et intelligente et parlent avec expres~ion. L'étude de la lecture doit porter sur tout, dit Legouvé. I_I n_e s'agit pas de bien faire lire aux élèves !ln morce~u détache; 11 faut exiger d'eux, impérieusement, q?'1ls_ ne ré~_ltent pas une page, qu'ils ne donnent pas une exphcat10n, yu ils ne fassent pas une réponse, qu'ils ne lisent pas un devoir sans observer les lois primitives de l'art de la lecture. . ., Les qualités d'une bonne lecture ~o~t la correctio_n, 13: v~rieté et l'expression. Chaque syllabe d01t etre prononcee d1stm_ctement sans accent de terroir. D~ns uh mot, le ton de certames syllabes ser:-i plus accentué. On app~ie généralement sur la dernière syllabe, à moins qu'elle ne s01t muette. La variété demande que l'on apprenne à ·a spirer et à respirer de manière à ne pas s'essouffler et qu'on évite une trop grande volubilité, qui est le défaut le plus commun . . Un lecteur habile sait, comme l'orateur, proportionner sa voix à ses propres forces, aux dimrnsions de la salle et au nombre de ses auditeurs. Lire avec expression c'est approprier le ton aux idées et aux sentiments exprimés dans le morceau lu. . La première condition pour arriver à la lecture express1v~, c'est de comprendre partaitement ce que l'aut~ur :1- voulu exp1:1mer c'est d'entrer dans l'esprit du texte, pms c est de savoir acce'ntuer les termes qui ont le plus d'importance et rendre les nuances de la pensée par les modulations et les intonations de la voix. . Les règles concernant la pronon~iatio~ . se compl_iquent de s1 nombreuses exceptions et anomalies qu ü vaut mieux n~ p3:s chercher à les enseigner théoriquement. Le professeur, qm ?OJt connaitre sa langue maternelle, indiquera. à chaque occaswn, la prononciation des mots difficiles; il montrera,_par son exemple, comment on doit lire, parler, déclamer, et 11 ~era ~ouve~t lui-même le premier la lecture des m_orceaux des~m~s a servir d'exercice. De temps à autre les éleves seront mv1tés à préparer à domicile les lectures à faire en classe. . Un professeur ne doit jamais donner un texte classique à apprendre par cœur, sans l'expliquer ~réalablement; or ~e sera une occasion toute naturelle de se ltvrer à des exercices de lecture et de déclamation. Les pièces de théâtre que l'on jouait autrefois da~s beauco?P de collèges constituaient une excellente gymnastique de diction· malheureusement les élèves appelés à participer à ces représentations n'étaient jamais ceux qui. en avaient le plus besoin. On peut se demander, en outre, _s1 les av~ntages 9ue l'on en retirait, compensaient les graves mconvéments q111 rn résultaient au point rle vue éducatif et rlisciplinn.ir0.

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Nous ne devons pas oublier que l'homme est appelé à exprimer ses idées, ses sentiments bien plus souvent par la parole que par écrit; il convient dès lors de former de bonne heure Je jeune homme à l'art si difficile de la parole et de la conversation. Compte rendu des lectures, récits historiques ane0dotes répétition d'une leçon quelconque, mille autres e~ercices s~ prêtent à cette formation sous la direction d'un professeur capable et dévoué. Il faut que peu à peu nos élèves arrivent à exprimer leurs idées, à rendre compte de leurs connaissances d'une manière correcte, avec aisance et d'un ton naturel et agréable. Toute faute de langage, prononciation défectueuse fausse liaison, accent vicieux, sera relevée par le professeur. Comme nous le dirons plus loin, on pourrait diversifier très utilement les exer cices de langue en assignant à chaque élève la lecture de quelques chapitres d'un ouvrage ou de quelque brochure, avec l'obligation d'en rendre compte de vive voix en classe. Tout en enrichissant la mémoire de connaissances et de termes nouveaux, cet exercice est très propre à habituer les élèves à parler. Le programme répartira tout ce qui concerne l'art de la parole, de la lecture et du débit oratoire à travers toutes les classes. Dans le degré inférieur on apprendra à parler à lire et à réciter avec intelligence d'abord, puis avec expressi~n; dans les cours supérieurs on initiera les élèves aux règles et à la pratique de la déclamation et de l'action oratoire. Jeu de la physionomie, gestes, mimique, cette éloquence du. corps comme l'appelle Cicéron, si propre à donner à la parole tout~ sa valeur, sera l'objet d'une étude spéciale et de nombreux ex_:rcice~ pratiques, mais dans les classes supérieures seulement.

L'orthographe et la grammaire A son entrée au collège, l'écolier devrait connaître l'ortllographe. Il est censé l'avoir apprise à l'école primaire. Cependant il n'est pas rare de rencontrer des élèves, même dans les classes supérieures, qui l'ignorent presque totalement. Ce n'est donc pas sans raison que tous les programmes prévoient l'enseignement de l'orthographe. Du reste, la connaissance de la grammaire générale et de l'analyse est indispensable à l'étude du latin, du grec et des langues modernes. Pour pouvoir traduire une phrase quelconque, il faut savoir dépouiller les idées des formes souvent irrégulières et idiomatiques qui servent à l'exprimer ; il faut être à même d'en analyser les divers éléments pour les faire passer d'une langue dans une a utre; en un mot, il faut connaître la grammaire. Comment apprendrons-nous donc l'orthographe? Rappelonsnous d'abord la distinction toute naturelle entre l'orthographe d'usage et l'orthographe de règles. Pour apprendre l'orthographe d'usage il existe une méthode· j'njouter:1.i qu'il n'en existe qu'une seule vraiment rationnelle'.


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C'est celle des dictées préparées, consistant à faire étudier l'avance, par les élèves, la dict~e même qu'on.se prop,ose de leur donner ou mieux, un texte trois ou quatre fois plus etendu que celui qu'on leur dictera.. . . Le meilleur ouvrage a employer à cet effet serait un recu01l " de dictées graduées où toutes les difficultés, toutes les règles sont successivement appliquées; mais, à défaut d'un pareil manuel on peut se servir du livre de lecture, du recueil de morcea;x choisis ou même du manuel d'histoire. Une fois que le texte déterminé a été examiné de près par les élèves au point de vue orthographique, on en dicte une partie seulement. , , . La correction peut s effectuer par I échange des cahiers ou à l'aide du manuel. Ce qui est essentiel. si l'on veut que les élèves préparent soigneusement leurs dictées, c'est que ces exercices soient bien corrigés, toutes fautes contrôlées, enregistrées, et qu'elles deviennent l'objet d'une sanction sérieuse. Nous avons dit que c'était la seule méthode rationnelle, parce qu'il est absurde de faire écrire par les élèves des mots dont ils n'ont pas eu occasion d'étudier l'orthographe. Ils les orthographient au hasard et s'ha?ituent ai~si souv~nt à faire des ~au,tes. D'ailleurs nous ne saur10ns l'oubher, la dictée ne saurait etre qu'un co~trôle et non pas un exercice propre à apprendre l'orthographe d'usage. Gardons-nous bien d'obliger jamais nos élèves à improviser l'orthographe des mots. Dans les classes inférieures où l'on donne cet enseignement, le livre de lecture Qu un recueil de morceaux choisis peut suffire à la plupart des exercices de langue maternelle : exercices de lecture, de déclamation, de dictées, de rédaction, etc:...; mais il ne saurait que difficilement servir à l'étude de l'orthographe de règles . Une grammaire a l'avantage de présenter les règles dans un ordre logique et gradué, tandis qu'un enseignement grammatical purement occasionnel expose le professeur à perdre beaucoup de temps en répétant cent fois la mème règle, tout en laissant des lacunes plus ou moins nombreuses. Du reste comme nous l'avons déjà dit la grammaire française étudiée surtout au point de vue des lois générales du lang~ge, formera la base et le centre de toutes les études grammaticales dans l'enseignement du latin, du grec, de l'allemand etc. car dans toutes les langues nous trouvons des élém~nts dommuns qui tiennent aux principes mêmes de ta pensée humaine, tels que la distinction du nom, de l'adjectif, du verbe l'accord de l'adjectif avec le nom, celui du verbe avec le sujet.' la nature de l'adverbe, de la préposition de la conjonction' ne varie pas d'u~e langue à l'autre, non pl~s. Voil_à pourquoi une étude théorique quelque peu approfondie et_ raisonnée de la grammaire, avec l'aide d'un bon manuel, facihtera l'intelligènce des autres grammaires et servira d'introdnction aux autres langues .

Mais, ùaus la praLique, convient-i l d'apprendre pat· cœur les définitions et les règles du manuel? Nous ne le pensons pas , car il n'y a aucune utilité à exiger des élèves de grands efforts pour graver dans la mémoire des formules qui n'ont aucune importance en elles-mêmes. Que l'on comprenne bien les règles, qu'on sache en rendre compte et surtout les appliquer, voilà l'essentiel. Nos manuels de grammaire pourraient ètre considérablement simplifiés, d'abord en en élim'nant toute théorie qui n'a pas de portée prati<lue et en substituant le raisonnement aux moyens mécaniques dont on fait trop souvent usage dans l'application des règles, par exemple dans la série des cas particuliers du participe passé accompagné de l'auxiliaire avoir, alors que tous ces cas peuvent, par le raisonnement, être ramenés à la règle générale. · L'étude du latin contribuera à élucider la plupart des anomalies de la langue française. La g.rammaire historique sera, à cet effet, souvent mise à contribution dans nos explications. La raison de l'enfant éprouve une satisfaction bien naturelle à savoir pourquoi, par exemple, les noms prennent s au pluriel, pourquoi le mot gens offre de si singulières bizarreries dans son genre, etc. ; mais il l'aut que l'élève ait qéjà une certaine connaissance du latin pour profiter des explications tirées de l'histoire de la langue. Quelle importance et quel temps faut-il attribuer à l'analyse grammaticale et logique? On ne saurait le contester, pour faire passer des idées d'une langue dans une autre, pour se livrer à cotte gymnastique de la traduction d'une manière vraiment rationnelle et fructueuse, il est nécessaire que l'on sache analyser un texte, c'est-à-dire en décomposer les phrases en propositions et les propositions en leurs éléments premiers, indiquant la nature et le rôle de chaque mot. Mais gardons-nous de tout abus , n'allons pas exiger de longues analyses par écrit. Les analyses complètes ne seront faites que de vive-voix; mais on pourra demander parfois des analyses partielles par écrit, analyses qui auron t pour objet la règle spéciale qu'on vient d'étudier. C'est par cet exercice que l'on fera voir surtout comment on peut traduire les idiotismes en dégageant la pensée des formes anormales dont l'auteur l'a revêtue. Comment enseignerons-nous la grammaire ? Si les règles sont faciles, ou en partie connues déjà, nous nous contenterons, pour gagner du temps, de les expliquer sur le manuel; si elles sont compliquées, plus ou moins difficiles à saisir, telles que les règles sur l'emploi du subjonctif, sur quelques cas complexes des participes, il est préférable de les exposer au tableau noir. On écrit des exemples renfermant la règle: si ces exemples sont identiques, à l'exception du mot ou de la lettre sur lesquel, porte la difficulté, les élèYcs les saisi-


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1·01it mieux; ou :souliguc, au besoiu, les l'ul'mes sur lo:squclles ou veut appeler l'attention, puis on expose la règle ou, mieux encore, on la fait trouver par une série de questions bien cuordonn6es et allant droit au but. La règle une fois bien comprise de tous les élèves, ou en lira la formule dans la grammaire; puis, immédiatement après, ou passera à des exercices d'application, consistant d'abord à retrouver la règle dans une série d'exemples, puis à forger des phrases de même nature. Ce dernier exercice d'invention. que l'on pratique rarement, est cntainement des plus profitab:es et·des plus propres à contrôler le savoir dfl nos élèves. A défaut d'un manuel d'exercices, on pourra, comme devoirs écrits, faire trouver et copier, dans quelques pages déterm inées, des morceaux choisis, toutes les phrases renfermant l'application de la règle expliquée ou transformer un texte donné, de manière a y l'aire entrer la règle en question Mais ce qu'il y a de plus important dans l'étude de l'orthographe, c'est d'obliger les étudiants à la soigner dans tout ce qu'ils écrivent. Ne leur passons aucuue faute, aucune négligence, pas plus dans la copie d'un problème de mathématiques que dans une dictée. Un professeur zélé ne se contentera pas de contrôler les cahiers de relevé et de mise au net, mais il examinera fréquemment même les cahiers do brouillon et n'y tolérera pas plus les fautes d'orthographe que la mauvaise écriture, le gribouillage et les caricatures. Ce n'est qu'à cette condition que les élèves s'habitueront peu à peu à ohservcr les lois d'ortl10grapllc, de calligraphie et de propreté. (A suivre.) ___ H.. 11.

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BILAN GÉOGRAPHIQUE DE L'ANNÉE 1901 (Suite .)

Afrique Depuis la délimitation des sphères d'iufluP,nce politique en Afrique, opérée do 1890 a 1898, le domaine de l'impré, u .r e:st devenu très restreint. D'autre part, l'ère des grandes découvertes a pris fin avec le x1xc siècle, car le Continent mystérieux n'a plus aujourd'hui d'importants secrets géographiques à nous livrer. Reste aux politiciens, aux colonisateurs, à tirer parti des territoires possédés. I,a France et l'Angleterre, en première ligne; l'Allemagne, la Belgique et le Portugal au second plan ; l'Italie, l'Espagne, sans oublier la Turquie, au troisième, telles sont les lrnit puissances européennes qui se partagent, fort inégalement il est vrai, cette partie du monde qui, il y a seulement 25 ans, était presque sans maîtres, sinon sur quelques points du littoral.

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ï'outel'uis, il reste cinq Etals mildiocres, <1ui pouvaient nag·uère encore se Cl'oire tous indépendants; ce sont l'Abyssinie le Maroc, Libéria, le Transvaal et !'Orange. ' . Parmi eux, l' A_byssinie s~ule est en vrospérité. Le roi Ménéhck cherche A vivre en pa1x avec ses voisins les Italiens de Massaoua, le.:i Franç~is de.J?ji~outi et les Anglo-Egyptiens qui trafiquent sur le Nil ; ma1s 11 ne néglige pas les occasions d'~gra_nd ir son territoire au sud et à l'est. Il a envoyé le comte Leontief ex_pl~rer et occ?per la région nord d u lac Rodolphe, que les cap1tame~ anglais Wellty et Harrisson ont également parcourue. La pornte nord tiu lac Rodolphe, sous le 5e parallèle paraî~ a_voir été désig~iée c<;>mme limite de.s sphères d'in fl uenc~ abyss1menne et anglaise, bien que cette dernière devait remonter j?squ'au 6° parallèle. Le Ha_rrar et le pays des Gallas sont aussi réoccupés par les Abyssms, de même q ue la Somalie dont les côtes relèvent de la France, de l'Angleterre et d~ l'Italie. En Egypte, ce« don du Nil », les Anglais achèvent surtou t les trava~x de barrage du fleuve à Assouan et a Syout, de façon à créer d'immenses réservoirs pour la fertili sation de la vallée par l'i rrigation régulière et perm;1nente, nécessaire surtout P?ur les cu ltureS' du C?ton et <le la canne a sucre. Le barrage d Ass~uan est une digue de 2û00 mètres de longueur, sur 20 motre~ de hauteur, 25 mètres d'épaisseur a la base et 8 a u sommet; 11 est percé de 180 arches a portes de fer. Ce travail g!gantesque, qui a occupé plus de 500J ouvriers pendant plustem·s années, coùte 100 mil lions de francs; mais on escompte une plus val ue d'un demi-milliard sur les terrains irrigués. Dans le Soudan égyptien, les Anglais réédifient la capitale Khartoum , détruite par les Mahdistes; ils s'établissent forte ment à Sobat, au confluent du Nil et du Sobat; mais ils abandon nent Fachoda, reconnu trop insalubre, pour aller s'établir dans le Bal~,· el Ghazal, dont ils viennent de réoccuper les principales stations. . Passons rapidement sur la Tr i politaine, dernier lambeau mco~t~sté ~e l'Emp_ire ottoman en Afrique; de même, sur la Tum_sie, ou n?us signalerons la prospérité du port militaire de B.1zerte, qu i ~rée des sou~i~ à Malte, et sur l'Atgi'rie, qui co~tmue à se devel_opper pa1s1blement, sans que toutefois il soit fortement question du fameux chemin de fer transsaharien dont on parlait tant jadis. Les préoccupations des Algérien~ sont plutôt du côté du Maroc. Le Maroc, lui , n'est pas en progrès: il y a des insurrections et, d~ plus, ~es difficultés extérieures. L'Espagne lui réclame la m1~~ ~n hb~rté de plusieurs de ses nationaux capturés par l~s _Rtffams, pirates du Rif ou rivage méditerranôen. De son cote, le Portugal a vu un de ses navires de commerce pris par ces écumeurs de mer. Le Sultan se déclare impuissant à corriger ses sujets et il l'onde sa sécurité sur la rivalité des p uis-


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sauces européennes: Esp~gno, France, ~nglcLerre eL Allemag~e, qui escomptem la success10n de cet Empire malade de corrupt10n musulmane La France et l'Espagne se sont mises d'accord pour la délimitation : 1° de la colonie espagnole clel Oro, qui occupe la .. cùte saharienne, du cap Bojador au cap Blanco et jusqu'au 12° de longitude Est Greenwich - 2° de la colonie espagnole du Mouni, enclavée entre le Gabon français et le Cameroun allemand, la mer et le gc de long. Est. , Le Soudan français, qui tormait un vaste territoire militaire . indépendant des colonies maritimes voisines, a été disloqu6. Sauf Je district de Tombouctou et le Mossi - au nord des · colonies anglaise et allemande - lesquels restent sous l'admiuistration purement militaire, le~ autres régions sont rattachées aux quatre co lonies du Sénégal, de la Guinée, de la Cote d'Ivoire et du Dahomey, qui possèdent une base d'opération sur· la mer, et qui sont dotées désormais d'un budget particulier d<mt elles sont responsables. , Des chemins de fer de pénétration sont projetés ou en construction: 1° au Sénégal, de Kita à Bamako, sur le haut Niger; , 20 en Guinée de Konacry vers la Fouta Djalon et le haut Niger; so d.ans la Côte d'Ivoire, à partir de Biogerville, qui remplace -· Q-rand-Bassam, abandonné !)Our cause d'insalubrité; 4° au Dahomey, de Kotonou vers Say, sur le Niger central. Les. Anglais ont aussi leurs lignes de pénétration : l O dans le Sierra Leone, de Freetown vers Je haut Niger; 2° dans la Cule d'Or, de Sel<.undi à Coumassie; 3° dans la Nigéria, de Lagos sur Abéokuta et Ibadan. La République nègre de Libéria, mal délimitée et inorganisée · d.ans son hinterland, est menacée d'être réduite au seul littoral. En effet, peu à peu la Côte d'Ivoire française s'agrandit du bassin du Cavally et de la région intérieure, où, de son coté, le , Sierra Léone anglais prolongera le chemin de fer de Fr~eto:vn. D'autre part, les Allemands, qui sont les plus forts creanc1ers , du· gouvernement insolvable de Monrovia, ne manqueront pas de se payer en territoire lorsque le temps sera venu. Le Togo et le Cameroun allemands, ~omme les colo_ni~s anglaises précitées, prospèrent commercialement, sans mc1dents politiques notables. Le Congo français, prolongé aujourd'hui jusqu'au delà du Tchad, est divisé en deux colonies avec budgets particuliers : la colonie du Gabon, chef-lieu Libreville; la colonie du Congo, chef-lieu Brazzaville. Le reste constitue le territoire militaire du Tchacl, compre• nant le bassin de la Kerno, affluent du Congo, le bassin du Chari, avec Je Bilghirmi, le Kanem et, éventuellement, le Wadaï. C'est dans le Baghirmi, à Koussouri, que, le 21 avril l!.J~O, l~s trois missions militaires françaises ayant le 'l'chad pour obJect1f,

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ont opéré leur jonction, savoir : _la _mission du Sud ou du Char, , commandée par Gentil.; la m1ss1on Foureau-Lamy, venue d'Algérie par la Sahara; la mission Voulet, venue du Sénégal par Sav et Sinder. Elles arrivaient à point pour combattre le fameux sultan Rabah, qui avait précédemment détruit les missions Crampe! et Béhagle. Formées en colonnes sous les ordres du commandant Lamy, elles comptaient 700 soldats armf's de fusil s, 1500 auxiliaires du Baghirmi, 30 chevaux et 4 canons. Rabah, malgré ses 5000 hommes, fut défait, blessé et décapité. Malheureusement, Je commandant Lamy rut tué, ainsi que le capitaine de Cointet. Le capitaine Reibell p~it la dir~ctiOJ? de la mission Lamy et rebroussa chemin vers Smder, qm d_evie_nt chef-lieu d'un territoire militaire, au nord de la N1géria. M. Gentil, avec les auxiliaires du Baghirwi , organisa le territoire militaire du Tchad ou du Chari. Congo belge. Les Chambres belges vienne1;1t ,d'adopter à une forte majorité le projet du gouvernement, qui regle les rapports de l'Etat du Congo avec la Belgique. C'est un acheminement vers l'annexion pure et simple, annexion différée pour laisser au Roi-Souverain le temps de continuer l'ùrganisation qu'il a si bien commencée. Le commerce congolais s'est é levé l'an dernier à plus de 80 millions de francs, dont 54 millions i,our l'exportation du caoutchouc, de l'ivoire, des huiles de palme et d'arachides, etc. Les frais d'administration civile, judiciaire, militaire et autres se sont élevés à 31 millions de francs, et les recettes des domaines, douanes, etc. à une somme équivalente. La Belgique aura donc son ministre des coloriies, et chaqu_e année il sera présenté aux Chambres belges, au n?m du Rot, un rapport rnr l'administration du Congo. - D'a~ll~urs, le• explorations scientifiques se poursuivent sur ce terr1to1re, dont la carte est la plus complète parmi celles des régions africa •nes nouvellement partagées. Le chemin de fer de Matadi à Léopoldvill~ fait un jraflc énorme, q,ui rapporte plus de 13 millions de francs par an, et l'on projette de nouvelles lignes qui relieront Stanleyville ou Je haut Congo aux r ives des lacs Albert et Tanganika. L' An(lola et le Mozambique portugais, pas plus que le Damara et le Zanguebar allemands, ne nous offrent de faits notoires. Mais dans l'Afrique australe anglaise, se continue depuis deux a~s Je spectacle de scènes sanglantes et horribles. Les Boers du Tra'flsvaat et de !'Orange, petits en nombre, mais grands par la valeur personnelle, soutiennent une lutte à mort contre leurs c·onquerants anglais, non en batailles rangées, ce qui serait leur perte immédiate, mais en ~u~rillas, pa~ d'inces~ santes surprises et des coups d'audace, smv1s de retraites aussi promptes que déconcertantes pour l'adversaire. Tout le monde


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connaît les péripéties de cet1e guerre par le récit des journaux, qui ont su éveiller et maitenir une !\ympatbie universelle pour ce peuple de héros. Mais pourquoi l'Europe officielle n'intervient-aile pas au nom de l'humanité? On avait beaucoup compté sur le tribunal de paix dP- La Haye, et sur telle ou telle puissance, et cependant toutes s'excusent, parce qu'elles ont d'autres intérêts ail leurs. Peut-être reprochent-elles aux Boers d'avoir pris imprudemment l'offensive, d'où découle leur responsabilité? . . . li serait difficile de prévoir l'issue de la· lutte. Mais, arns1 que nous le disions déjà il y a deux ans, quoi qu'il arrive, soumis et jouissant de l'autonomie administrative qui leur est offerte, ou complètement indépeJ?dants comme ils le_ veulen\ les Boe1:s ne périront pas : l'avemr est à eux. tandis que les Anglais auront perdu plusieurs milliards et ne retrouveront jamais la préponrtérance et l'autorité morale qu'ils avaient ci-devant dans l'Afrique australe. En attendant, les progrès semblent paralysés dans toutes les régions australes et orientales de l'Afri(]ne: la Colonie du Cap, la Rhodésia ou Zambézie, le Nyassaland, l'Est africain a ll emand et anglais. Tout au plus, sigMlerons-nous i'achèvement du chemin de fer de Momba7.a au lac Tanganika. Quant à Madagascar, la paix y règne; son commerce ::!e développe et sera bientôt favorisé par une voio ferrée re liant Tan anarive à la côte orien tale. ( A suivre.) F. ALEXIS.

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UN PEU D'HISTOIRE DÙ V ALAIS Deux mots sur la guerre de Rarogne (1415-1420)

La vallée du Rhône fut, au moyen ùge. lP th{·ù tre de nombreuses guerres. On peut considérer ce lle que les Haut-Valaisans soutinrent contre l a puissance toujours croissante de la famille de H.arogne, sinon pour la plus sanglante, du moins pour la plus opiniâtre. · Les luttes contre la Maison de Savoie avaient fait connaître la val eur des soldats improvisés qu'étaient les patriotes ; la guerre de Rarogne devait montrer leur dévouement à la patrie, leur fermeté au moment du danger. mais aussi leur acharnement à poursuivre ceux qui portaient ombrage à leurs libertés. Persévérants dans leurs entreprises, les montagnards ne se lnissent point. rebutPr pnr I<'~ dirficnltA~ L11 ville de BPrne a

épousé la lJUerelle de Guischard de Rarogne, leur adversait·e et, pour soutenir la cause du J?roscrit, met s~r pie~ toutes ses milices. N'importe; cet appareil guerrier ne fera point reculer les hommes des dizains; ils ne déposeront les armes qu'après avoir llumilié le fier baron qui en veut à leurs usages et à leu rs coutume~, qu'après avoir abattu sa puissance qui est une menace pour leur indépendance. Les Valaisans, il est vrai, traitèrent avec trop de rigueur une famille superbe, mais infortunée. Peut-être ont-ils exercé trop de ravages, commis des cruautés à réprouver dans leurs expéditions sur le territoire ennemi 1 Mais les partisans des Rarogne n'ont- ils pas à se reprocher de semblables excès? Les invasions qui couvrirent notre Valais de ruines et de deuil, et le pillage de Siun par Guiscbard en personne ne furent-ils pas de dures représailles? Tout en regrettant l'animosité des partis et les violences auxquelles ils se portèrent dans l'arde u r de la l utte, nous ne pouvons qu'admirer la grandeur d'àme dont nos ancêtres firent preuve et le courage qu'ils dép loyè r ent au moment du péril. Loin de moi la prétention de donner au lectem· une étude complète sur cette question. Pour entreprendr e un travail de longuP. haleine, i I ne suffirait pas de con su I ter les archives du Valais, il faudrait visiter celles des cantons voisins, la guerre de Harogne ayant, en effet, occupé la Confédération entière. C'est quelque chose de plus modeste que je r éserve aux abonnés de notre petite Revue, c'est une esquisse des principaux événements de notre histoire au commencement du xve siècle. Dans ces page~, je prendrai pour guides nos écrivains nationaux : Jean de Müll er·, le baron .d 'Alt, le chanoine Boccard, le P. Furrer, Hilaire Cray, l'abbé Gremaud, l'abbé Ra·meau, de Gingins et le chanoine Anne-Marie de Rivaz. Avant de chercher les causns de cette longue guerre, avant d'en suivre les différentes péripéties, jetons, pour l'intelligence des faits qui vont suivre, un coup d'œil rapide sur l'état du Valais au début de la lutte. A cette époque, on distinguait dans notre pays trois pouvoirs: celui du prince-évêque, celui de la noblesse et celui des communes. 1° En vertu de la donation de Rodolphe Ill, dernier roi de Bourgogne (9991, l'évêque de Sion était souverain temporel du comté du Valais. Mais le prélat ne pu. jouir auss itôt de la plénitude de son autorité : les comtes de Savoie qui, outre le vieux Chablais, possédaient de nombreuses seigneuries dans le Haut -Va lais, exerçaient une certaine hégémonie sur toute la vallée du Rhône. Ils s'attribuèrent même le droit d'investir le prince-évêque des régales. Pendant trois siècles, les possessions de la mense é!Jiscopale furent bizarrement enchevêtrées dans celles de la Savoie; de là nombre de démêlés qui tournaient l e plus souvent à l'avantage d u plus fort. Un trait6 conclu entre les deux parties intéressées, en 1392, vint mettre


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Un à cet état de clloses; la Morge ùe Conthey servit de limite

entre le Valais épiscopal et le Valais savoyard. Dès lors, toute la vallée supérieure du Rhone releva du siège de Sion, ce qui ne contribua pas peu à consolider le pouvoir du prélat. Ce n'était pas le seul adversaire des droits de l'évèque, qui vit souvent dans son territoire des fendataires coalisés prendre les armes contre leur suzerain. Mais ces félons échouèrent toujours dans leurs noirs projets, et leur révolte, loin d'ébranler l'autorité épiscopale, ne fit que l'affermir. Résumons ici les attributions de l'évêque. Il était le seigneur dominant des terres du comté et recevait, en cette qualité, l'homm age des tenanciers de tous les fiefs ; il administrait la justice, percevait les impôts At se réservait la levée des troupes dans les cas urgents, soit qu'il eût à soutenir une guerre contre les ennemis du dehors ou à réprimer, à l'intérieur, la révolte de quelque vassal turbulent. 20 Immédiatement au-dessous du prélat se trouvait la noblesse. Le régime féodal était en vigueur dans notre pays, mais il n'était tias poussé aux excès q~e l'on rencontr~t ai lleurs_. Dès le xnc siècle, la vallée du Rhone nous apparait morcelee en un nombre considérable de fiefs; presque toutes les localités avaient leurs seigneurs laïcs ou ecclésiastiques. Le Vldommat, le majorat, la métralie et la saltérie étaient autant de charges inféodées à des vassaux. C'est dans l'exercice de ces offices lucratifs qu'il faut chercher l'anoblissement des anciennes familles du Valais, des de Martig·ny, des de Viège, des de Raro()'ne des de Montheys, des de èoiombey, etc. Les soixante chàte"à.u~ dont les ruines dominent notre vallée, étaient le siège de l~ puissance d'une noblesse remuante, qui ne che· chai t qu'à étendre ses droits. Heureusement pour l'évêque et ses sujets, ces nobles, ~rop con~a_nts dans leur for~e, ~e surent vas voiler le ur~ desserns amb1t1eux et furent impitoyablement sacrifiés à la vindicte populaire. Leur armée, sous le commandement de Pierre de la Tour, fut battue à Loèche par les paysans rangés sous la bannière de leur prince. Un siècle plus tard la féodalité humiliée releva la tête, mais elle essuya un nou;el échec au pont de Saint-Léonard. Après cett~ défaite décisive, pouvait-elle espérer de recouvrer son _pres_t1ge et de rétablir ses affaires'? La g uerre de Rarogne devait lm porter le dernier coup. . 3° Autrefois, la population de notre pays se composait en grande partie de serfs. Il faisait bon vivre suus la ~rosse, ~t le servage disparut peu à peu, comme dans les contrees environnantes. Dans un nombre_ assez restreint de localités, le peuple resta bien de longues années courbé sous le poids des taillabilités, sans être pourtant trop durement traité. Cons tamment menacé par les empiétements de la noblesse, le prélat sentit le besoin de chercher un appui dans cette classe

de la populatiou et favorisa ùe tout son pouvoir les co11m1u1ws naissantes. Après la victoir e d'Ulrichen (1212), ces dernièrns obtinrent des privilèges, et le peuple, dans le cours du siècle suivant, commença à prendre part aux affaires publiques. Sou s l'épiscopat de Guischard Tavelli, l'évêque consultait les représentants des communes et tenait déjà compte de leurs demandes. Cette politique ad roite ne tarda pas à porter des fruits. Gagnés par ces concessions, les patriotes se montrèrent les défenseurs dévoués des intérêts de leur prince et lui prêtèrent main forte contre les menées des nobles. Que serait devenu le pouvoir du prélat sans leur- secours? Il eût été battu en brèche par les assaillants. Si les paysans coururent aux armes pour défendre les droits du siège épiscopal, ils surent se faire paye r de leurs services. Leurs exigences augmentaient avec leurs succès. Conscients de leur force, ils ne craignirent plu s de marchander l'aide qu'on leur demandait. L'abaissement de la noblesse accrut encore la hardiesse des hommes des dizains qui formèrent bientôt une puissance redoutëtble avec laquelle on devait compter, une puissance qui finit par écraser la féodalité et menacer l'autorité du prélat lui-même. Voilà, brièvement, l'hi!>torique des trois pouvoirs dont les intérêts. furent en jeu dans cette guerre. L'évêque jouissait encore de tous ses droits, la noblesse avait Jéjà perdu de son prestige et le peuple travaillait à ouvrir la voie au triomphe des idées démocratiques. (A suivre.)

Un collaùorateur du Valais . - ~0 0 0 0 -

Aux Jeunes instituteurs (Suite eL fin.)

Parlerai-je d' un autre poison de l'âme que de mall.teureux jeunes g-ens poursu ivent en quelque sorte partout, dans les romans, dans les compagnies douteuses, dans les visites clandestines? Ce poison que, suivant eux, il est surtout nécessaire de connaitre, c'est celui qu'on appelle te rnat. celui qui menace qu i flétrit la pureté du cœur, celui qu'on peut regarder comm ~ )e centre des passions, des agitations, des égarements de la Jeunesse, centre d'où tou t part et où tout revient. A ce sujet il est ~crit : « Ce qui a commencé par l'esprit, finit souvent par la chair. , Et ne dites pas que ces agissements ont pour but d'achev~r l'érlucation et consolider la roi ; d'assurer la bonne conduite et le succès, ou de conserver l'honneur, la dignité, les relations · éducation, foi, conduite, succès, honneur, digt1ité, relations ; tout est par là compromis.


gg EL <l'a illeurs, depuis quand est-il nécessaire de connaitre le

mal pour m ieux s'en garantir'? Malheureusement, cette science ex périmentale n'est que t.rop répandu e auj0urd'h ui ; on dirait que cette connaissance du mal est une condition requise pour être homme : c'est ce que les mondains appellent .. Se déniaiser I Et, comme s i l'on ava it une autre nature que ceux qui ont succombé, on prétend s'ex poser au péril impunément parce que l'on sait se conduire, qu'on est sur ses gardes, que l'on sait s'arrêter à temps ... Hélas l combien de t'ai.blesses, combien de chutes regrettables et malheureuses n'ont eu d'autres causes qu e cette folle préso mption. P ermettez-moi de citer un exemple. Voilà un pa uvre j e une homme (vous le connaissez sans doute) jusque-là si bon, si pieux, si pur! On jour, il fait une rencontre funeste. Une de ces sauterelles sorties du puits de l'abime, qui ont la puissance des scorpions et dont le venin donne la mort, se trouve sur son chemin. li regarde, il écoute ..... La tête lui tourne . .... Hélas! quel désespoi r bientôt! Il savait se conduire, il était sur ses g ardes, il voulait s'arrêter à temps ..... E tes-vous plus fort que lui'? Non, ne songez pas à vous arrêter à temps quand tant de séductions vous environnent, quand l'entrainement de l'exemp le s'impose à vous, quand de mauvais amis vous pressen t, q ua nd les passions frémissent au dedans, quand le respect hum~.in et la vanité vous persuadent qu 'il est de votre honneur de ne pas rester en arrière, quand surtout vous vous exposez au <langer volontairemen t et de parti pris! Vous ne ferez pas mentir le Saint-Esprit qui a dit : « Qui aime le péril y périra. > Vous n' imposerez pas à Dieu l'obligation de faire en votre faveur des mira.des de grâces ! Non, mon cher ami, il n'est pas nécessaire de tout connaître, ni même de connaitre un peu de tout. Et je ne vois pas qu'il soit si glorieux de s'attabler dans un cabaret pour apprendre à vivre ave~ les ivrognes .. de se vautrer dans la boue pour se rendre com pte de la joui ssance des pou rceaux ... de hurler avec les loups pour se taire une idée de la vie des bêtes fauves!. .. Mais il y a plus : le caractère spécial dont l'instituteur est revêtu et son rôle dans la société, lui imposent une grande réserve et beaucoup de prudence. Dans les choses qui tendent à la religion , il a l'obligation de se soumettre entièrement a u critère de l'Eg lise, et même de s'entourer de renseignements sî1rs dans les mom ents de doute : l'examen tt la condamnation des doctrines dangereuses appartiennent aux Evêques et au Souverain-Pontife ; l'instituteur si éclairé qu'il mit, qui prétend s'arroger ce droit, est souverainement imprudent et téméraire. Pat· contre, l'instituteur a, plus que tout autre, le devoir de mettre en pratique la recommandation de .Jésus-C hri st à ses apotres, la veille de sa mort : « Veillez et priez ... >> La vigila nce ou la fuite des occasions ... Nous sommes ~i

faibles par nous-mêmes et nous sommes envfronnés de tant d'ennemis acharnés à no-tre perte; si nous avons le malheur de nous exposer au danger, nous sommes si1rs de trouver la mort. La pr ière. Il faut p r ier avant la tentation, et p r ier s urtout ù l'IJ?u re, du_ danger. Et c'est déjà une grande sagesse, dit le Samt-Es prit, que de demander à ê tre sage, puisque nous ne po~vons l'être sans un don particulier de Dieu, sans sa gràce. Oui , sans le secours du Ciel, c'est impossible; les gens du mond~ _le savent bien. Il s pensent donc que tous les hommes sont la1 bles comme eux, fous comme eux; ils le disent et ils refusent d e croire à la sagesse, à la vertu, à la chasteté mê me des prêtres et des épouses de Jésus-Christ. Mais s'ils savaient, comme nous, ce qu e peut la priè r e, s'ils savaient la g r âce , la force que. donnent les sacrements, i ls ne seraien t pas si incrédules, et ils pourraient eux-mêmes en faire la do uce expérience. De plus, l'instituteur doit être un homme de travail et de mortification Par un travail constant on peut é lo igner , ~(·tourn er toutes !es pen sées du mal, et fermer l'entr ée d e notre a me aux suggost10ns du perfide enn emi. Saint Jé rôme dit : « <Jue le démon vons trouve toujours occupé, et vous serez pur. » Par la ~ortification, on c hasse également ce genre de rJ é~ons. Quiconque a parcouru la vie dos sain ts ot cherché avec sorn le secrOL de leurs ver tus ne pourra douter un seul instan t d e la vérité de cette proposition : La mortification est un puissant remède contre les illusions de la vie et les faiblesses do la chair. Ajouterai-je que l'instituteu r doit se faire une sainte habit ud e de la confession et de la communion fréquentes'? Cette nécessitP est t rop évidente pour qu 'elle ait besoin d'être démontr ée ici· et certaineme1;tt, il n'est aucun ma ître d'écol e, vraimen t dign ~ de ce nom, qui ne sente le besoin de s'unir souvent au premier Anteur de l'l'ducation, à Celui qui a dit: « Lai ssez veni r à moi les. petits enfants )>, pou r Lui pr6senter so n adoration, s0s actions de graces et ses prières. Cette pratique est le moyen le plus efficace de préserver .~ otre. cœur .~t notre intelligence de l'influence pernicieuse rie 1 esprit du sieclo ot de ses fau sses maximes. S***, instituteur du Valais. ---o@o---

Anedocte scolaire L'oncle Robei·t. - Eh bien, Pierrot, je suppose que tu es le favori Ju régent, hein 1 · Pie1-r~t . - .Te le croi s aussi, sans quoi il ne ticntlrn.it pas !t me garder~, so n vent nprè~ (Jlle le~ a u1 r es sont p::irti~ .


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TOUR

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N~TES DE VOYAGE D'UN PÈLERINAGE PESTALOZZIEN

DE BABEL

(Suite et fin . ! 1

Sous ce titre, le N° 22 (novembre 1901) des Blœtter reproduit le passage suivant tiré d'une publication allemande (W. Schefl'ers, Zeit- und Streitfragen, Leipzig, Seemann): « Depuis bien des années déjà, il existe une grande divergence d'opinions au sujet de l'enseignement du dessin. On n'a pas même pu se mettre d'accord sur le but de cet enseignement. ni sur le nom à lui donner. Tandis que les uns attribuent un grand rôle à l'intelligence, les autres ne veulent pas en entendre parler. Pour les uns, le dessin est donc un travail et, pour les autres, une affaire de sentiment, une distraction. Les uns sont partisans de l'enseig11ement simultané, les autres de l'enseignement individuel. On discute pour savoir s'il faut traiter de front les différentes branches de cet enseignement, ou les aborder les unes après les autres. Les uns préconisent le fusain et la craie, les autres, le pinceau, le crayon ou la plume. On ne sait encore, ni à quel âge l'enfant doit commencer à dessiner, ni si, au début, il faut donner de l'importance à rexactitude du dessin ou à la légèreté de la main. Commencera-t-on par la ligne droite ou par la ligne courbe, par le dessin à main levée ou le dessin géométrique? Tandis que les uns demandent une ébauche large, artistique, les autres ne veulent qu'un dessin reproduisant les contours. La discussion reste ouverte sur les questions suivantes : faut-il préférer, pour les premiers exercices, les figures géomf'>triques ou la reproduction schématique d'êtres vivants? L'ornement a-t-il sa raison d'être dans l'enseignement et, dans l'affirmative, faut-il le mettre dans les programmes des classes inférieures ou des classes supérieures? Faut-il préférer l'ornement d'après la nature ou d'après des motifs classiques? On est loin d'être d'accord sur l'importante question de savoir, si le sentiment du beau doit être éveillé par de simples remarques faites quand l'occasion s'en présente, ou par une suite de conférences; il en est même qui prétendent qu'on rabaisse le dessin en le faisant servir à mieux approfondir le sujet de ces conférences. » Les Blœtter ajoutent : « De ce qui précède, il ressort clairement que MM. les réformateurs eux-mêmes ne sont pas encore d'accord. Il ne reste plus qu'à discuter s'il est possible d introduire l'enseignement de la composition (il s'agit du dessin) dans les écoles primaires et les écoles moyennes, et la confusion sera complète. » P. P. 1

Organe de la Société des maîtres de dessin de la Suisse. ~

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Les cours du soir octobre raisait souiller une liise déjà f'roide da11s les :-u·bl'e~ c11cvre l'cuillus qui bordent la roule. Enveloppé d'un manteau, je suivais lentement le cbcmin éclairé par quelques rayons de la parcimouicui;c Phébé. Je songeais aux cours du soir. Je me livrais à des réf1exions mélancoliques, que je me permets de présenter aux lecteurs du Bulletin pédagogique. L'école du soir est une tâche pénible pour l'instituteur, plus pénible mèmc que l'école du jour, si ardue qu'elle soit. Le maitre a déjà passé la matinée et l'après-midi en classe. 11 a dépPnsé beaucoup de forces; ses poumons surmenés ont respiré un air inévitablement vicié et malsain, chargé de poussière, malgré tous les progrès de l'bygiène scolaire. Il a besoin d'un repos bien mérité. Comme il oublierait vite ses fatigues, s'il pouvait passer la soirée dans une joyeuse causerie, au milieu des siens! La paix dome·stique calmerait bientôt les nerfs surexcités par le labeur du jour. Mais non, il faut s'arracher à la famille et reprendre la tàcbe à peine abandonnée. Bientôt les élèves arrivent, souvent à la débandade. On les entend Lléjà au fond de L'escalier, heurtant des pieds et des poings toul ce riui a le malheur de se rencontrer sur leur passage. Ils entreru lt' llll pas lourd, ~ans se presser, saluent le maître en rechignant, et vont s'ahaUre, enfin, sur un banc, au risque de le renverser. D'autre;;:, caractères bruyants et éclrnutrés, ar!'ivent en chantant, en sou filant dans une musique à bouche, et, certains lundis soirs, en titubant it qui mieux mieux. Voilà les dispositions extérieures. Les dispositions intérieures vont à l'avenant. L'élève, fier Lie ses 16 ans, riui vient de quitter l'école avec cahiers et livres dans son sac, se croit libre et indépendant, et tente fiévreusement son premier pas dans la vie. L'oiseau qui commence à prendre son essor revoit ~o n nid avec plaisir. Combien d'élèves, aussitôt émancipés, oublient l'école qui fut le nid pourtant 0ü ils ont grand i et oü ils se sont Lléveloppés. Mais octobre arrive et apporte, un beau matin, une convocation pour l'examen préalable. On n'y pensait plus. Il faudra pourtant s'y rendre et fréquenter les cours tout l'hiver, sinon gare aux amendes et au gendarme. Ah 1 que c'est ennuyeux / On arrive donc à l'école le premier soir, ayant déjà en grande partie oublié le peu de connaissances acquises pendant les longues années oü l'on a soupiré sur les bancs de l'école, attendant le jour de l'émancipation comme une heure de délivrance . Nos classes du soir, qu'on appelle des cours de perfectionnement, ne sont, à proprement parler, par le fait même, que des cours de répétition. Comment asseoir des connaissances nouvelles sur des bases qui n'existent déjà plus? · Allons plus loin. Certains élèves sont assez bouffis de sot orgueil pour se livrer aux railleries et à l'insubordination. Comment, moi, obéir, rester tranquille en classe, arriver à l'heure, ér,outer les leçons du maître? Mais pour qui me prend-on? Je su is un homme (jeune imberbe !1 et l'on n'a plus à me commander. De là le parti pl'is de causer au maître tous les ennuis possible11. ln.utile de dire qu'à cela s'a,ioute une fatale indifférence en ruatière d'instruction. D'autres élèves, peut-être mieux di sposés, mieux partagés au

43 poiut de vue inlellecLuel, n'en aurouL pa,: moins l'écu[(' ,1 - ·, ., clt·11·n-P, . ,un t l'1ava1·11e· 'aoute la .)OUl'llée; . 11 "à , b ,. Eux. ,_ a ussi ils se sv11luli sv vl'és des _oc?_upa_t,~ns pe1?1bles _et ardues, dans les champs, dans la roi·èL ou_ à l ,tL~l1e1. Ils aimeraient se reposer le soir.. Part'ois encore il. doivent lranr.h1r de grand_es distances, par tous les chemins et ' -1~ Lous les teml!s, dans la nlllt obscure. C'en est assez pour leur inspi~·~r srn_~m l'avers1011,au moins la répugnance de l'école. Et_ ce sont ces.Jeunes gens que le maître doit instruire irnur la vie pratique et preparer à affronter les examens pédatroo-iques des rc~rues. Avouez-!~, la tàc_be n'e_st pas facile, surtout da1f.., les loc:;11 tes populeuses ou le maitre a Jusqu'à trente élèves. Bon courage, chers collègues! J.-M. GR~MLON, inst.

Pour gagner du temps à l'école Un gagr:e du temps en n'en perdant pas. Le Monite·11,r des Jnstitute-urs belges montre qu'on en perd : 1° En ne préparant pas avant l'heure de la classe tous les objets l 1onl on aura besom pendant les leçons· , t pas un b on classement ' . ,-lu -;- F.n , ne ra1san_ des élèves d'après !eut· lorce et leurs_aptitudes i à_.cause de ce mauvais classement, l'inslitu_teur est oblige de se repeter, pour être compris des élèves l'·tibles · .'l 0 En _u~ 1~1 etta_nL pas l'en,seignement à la portée du plus' gra,;d uombre, s1 1 cns~r~nement n est pas en rapport avec le développe ment a?tuel des eleves, les mêmes leçons doivent être reprise~ plu:;lelll'S lois et 1'111stiluteur n'avance pas· '· ' outillé, ce qui le force à , ·10 1,or~que l''ms l'1lu l eur n ' es~ pas ~ien e?1plo,Yet ~es moyens lents, delournes pour faire entrer la vérité dans l esprit des enfants; .: fio En ne donn_a~t pas, quand c'est p~ssible, des leçons communes et pl~s1eurs, dr v1s10ns , (Cette observat10n s'applique spécialement aux eco_les dune seule classe.) Parmi _le~ leçons qui peuvent être communes il faut citer les leçons d'ec1•1ture, de lecture, certaines leçons-de ca'l cul mental et des sCJences naturelles ; o· 6° En exag_ér~nt l'i~portance de Lelle ou telle branche du ro,,ra~me au deti'1ment d autres br~ncbes dont l'u tilité est plus graiide; , 7 En d~nnant des leçons ma igres, peu nourries qui devraient ~t!s ~ppelees des occupations, plutôt que des Jeço;is proprement 8° En donnant des leço ns qui n'ont pas un but bien défini et qui ne sont pas une préparation directe à un enst'io-nP.ment pltis complet; ' o , 0° Lorsq ue les élèves ne sont pas dociles bien disciplinés ou qu'ils so!1t trop nombreux. ' '

Répression des fraudes dans les examens et concours publics en France Le Sén~t. et la Chambre des députés ont adopté. Le Pre_s1dent de la République promulgue la loi dont Ja teneur suit : · Article premier. - Toute fraude commise dans les examens


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et les concours pul!lics qui out pour objel l'entrée ùaus uue administration publique ou l'acquisition d'un diplôme délivré par l'Etat constitue un délit. Art. 2. -- Quiconque se sera rendu ~oupable d'un ùélit de cette nature, notamment en livrant à un tiers ou en communiquant sciemment, avant l'examen ou le concours, à quelqu'une des parties intéressées, le texte ou sujet de l'épreuve, ou bien on faisant usage de pièces fausses, telles que diplômes, certificats, extraits de naissance ou autres, ou bien en substituant une tierce personne au véritable candidat, sera condamné à un emprisonnement de un mois à trois ans et à une amende de 100 francs à 10,000 francs ou à l'une de ces peines seulement. Art. 3. - Les mêmes peines seront prononcées contre les complices du délit. Art. 4. - L'art. 4.6::S du Code pénal est applicable aux fails prévus par la présente loi. Art. 5. - L'action publique ne fait pas obstacle à l'action discipli11aire dans tous les cas où la loi a prévu cette dernière. La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l'Etat. Fait à Paris, le 23 décembre 1901. Emile LOUBET.

Examens des recrues de 1902 I

Composition N.-B. - a) Tous les sujets peuvent être traités ::;ous forme de lett1·e; b) Lors du choix des sujets, on aura égard à la posi lion sociale des recrues ; c) Avant d'être traité, chaque sujet fera l'objet d'une courte ex plication. 1. Un beau jour de voyage. 2. Un jour de voyage par la pluie 3. Moc occupation préférée. 4. Un travail que je n'aime pas exécuter. 5. Bonnes nouvelles de la maison. ô. Nouvelles peu réjouissantes d'un ami absent du pays. 7. On accepte un travail offert. · 8. On doit refuser un travail offert. 9. Description d'une fête populaire. 10. Invitation à chercher du travail en ville. II

Calcul oral Jre Série l. Dans un pùturago, le bétail peut paître pondant 115 jours, dans un autre pendant 98 jours seu lement. Quelle est la différence. - Rép . 17 jours.

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3. Une vache donne 8 litres de lait par jour. Combien pendant Rép. 920 litres. 2. On dépense 2750 fr. pour l'amélioration d'un pâtura()'e. 0 L'Etat paie les 3/:; de cette somme. Combien cela fait-il? _ Rép. 1650 fr. 1. Combien de quintaux de fromage gras peut-on fabriquer en 100 j?urs si ~·on emploie journellement 375 kg. de lait et que celm-c1 contienne 8 %de fromage gras? - Rép. 30 quint. 115 jours'? -

JJe Série 4. Un négociant reçoit 100 quintaux d'avoine et en vend immé~iatement 74 quintaux. Combien lui en reste-t-il '? - Rép. 26!qmntaux. 3. Combien 9 l!illets de banque de 50 fr. et 35 pièces de vingt francs font-ils de francs? - Rép. 1150 fr. 2. Si 50 kg. d'une marchandise reviennent à 12 fr. , que coù: teront 9 1/" quintaux? - Rép. 228 fr. 1. On achète un commerce pour 24,000 fr., dont on paye le 37 ½ % comptant. A combien se monte l'intérêt :rnnuél <111 reste à 4 ½ %'? - Rép. 675 fr. JJJe Série 4. Un' patron demande 310 fr. pour un travail, un autre 285 fr· Quelle est la différence Rép. 25 fr. 3. Qt:e colite le travail de serrurerie pour 12 portes à 5 rr. 75 la pièce'? - Rép. 69 fr. i . Quel est le poids de 250 barres de fer de 60 cm. de longueur si le mètre courant pèse l ½ kg.'? - Rép. 225 kg. 1. Un fourneau de cuisine avait été devisé à 150 fr. mais il a coûté 180 fr. De: combien % le devis a-t-il été dépass·é? Rép. 20 % JVe Série 4. Nicolas gagne .3 fr. par jour à la fahrique. Combien g-agnet-il en 12 jours'? - Rép. 36 fr. ' 3. Combien Jean a-t-il àiretirer pour 150 heures de travail à 45 cent. W- Rép. 67 ½ fr. . 2. ~enri t~uche 1_ 1/" fr. p~r pièce. Que gagne-t-il par jour si, en 12 Jours, 11 termme 38 p1eces? - Rép. 4 fr. 75. l. Jean. a économisé 650 fr. ; il dépose le 80 °/4 de cette som~e à la caisse d'épargne et envoie le reste à ses parents. A combien se monte chacune des deux parts ? - Rép. 52 fr. et 130 fr. III

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Calcul écrit fre Série 4. Un cultivateur vend du bétail pour 873 fr., des pommes de terre pour 284 fr. et des fruits ·pour 379 fr. Quelle est sa recette? - Rép. 1538 fr. :1. Pendant le moi s de juillet, Isidoro a livré chaque jom'


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35 litres de lait dans nn asile. Combien a-t-il à retirer si le litre se paie 15 cent ? - Rép. 162 fr. 75. 2. Thomas paie l'intérèt de 8465 fr. au 4 °10 et celui de 18,270 fr. au 4 ½ %- Combien en tout? - Rép. llô0 fr. 75. 1. Un tas de foin de 10,75 m. de long, 6 ,48 m. de largo et 3,25 m. de haut a été fourragé en 96 jours. Quelle a été en moyenne la consommation journalière? - Rép. 2,368 m~. JJe Série 4. Auguste doit toucher 1220 fr. pour un .travail. Il reçoit 675 fr. à compte. Que lui doit-on encore? - Rép. 545 fr. 3. Que coüte une conduite d'eau de 158 m. de longueur, si le mètre courant revient à 2 fr. 35 cent.? - Rép. 371 fr. 30. 2. Une balustrade en fer, longue de 28 m. 75 cm., a un poids total de 243,8 kg. Que pèse le mètre courant en moyenne? Ré(\. 8,48 kg. . . 1. Combien faut-il de m2 de fer-blanc pour couvrir un toit plat de 18 3 / 1, m. de long sur ~ 2 / 5 m. de large en ajoutant 8 1h % pour les rebords et les rognures? - Rép. 170,620 m1 . JJJe Série 4. Un négociant expédie 675, 850, 435 et 1625 kg. de marchandises. Quel est le poids total? Rép. 3585 kg. 3. Pour un achat de 105 quintaux de marchandises, il y a 288 fr. 75 de frais divers. Combien cela fait-il par quintal? Rép. 2 fr. 75. 2. Quelle est la valeur en francs de 4800 kg. de marchandises si 50 kg. reviennent à 22 ½ marcs et que 100 marcs valent 124 ½ fr.? - Rép. 268~) fr. 20. 1. Une traite (dette) de 584 fr. est échue le 10 avril, mais on la paie déjà le 25 janvier de la mèqie année avec 4 ½ % d'escompte. Combien paie-t-on? - Rép. 578 fr. 52 à 3G0 jours, 578 fr. 60 à 365 jours. J ve Série 4. Quatre cantons fournissent 275, 256, 152 et 124 hommes à

une école de recrues. Combien d'hommes cette école comptet-elle? - Rép. 807 hommes. 3 . Que coùte l'équipement de 152 recrues à 144 fr. 75 par recrue? - Rép 22,002 fr. 2 La Confédération paie aux cantons pour l'entretien des effets militaires le 12 %des dépenses raites pour l'équipement. Combien reçoit, de la Confédération, un canton dont la dépense pour équipement se monte à 34,985 fr. î - Rép. 4198 fr. 20. 1. Un champ rectangulaire figure sur le plan à l'échelle de 1 : 500 (l/soo), et a 85 cm. de long et 52,6 cm . de large. Il a été acheté pa~ l'autorité militaire à raison de 42 fr. par a. Quel est l<' prix d'achat? - R(>p. 46,945 fr. 50. Communiqué par A. P.

. .fi

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A vis officiels - Les instituteurs et institutrices du canton de Fribourg qui ont droit_aux primes d'~ge pour l'a?née. 1901, sont avisés par la' Feuille officielle que ces pr1mes sont deposees chez les Receveurs de district oü elles peuvent être encaissées. ' -:- Le 8 janvie~, le ~éparte1;1ent militaire fédéral a donné la réponse smvante à la D1rect10n de l Instruction publique du canton de Fribourg: c Vous nous avez demandé, dans votre lettre du 31 décembre 1901 s'il n'y aurait .pas moyen de renvoyer l'inspection de l'enseignement d~ la grmnast1que à l'Ecole normale de Hauterive, qui, d'après notre c1rcu)a1re du Jer novembre 1901, devait avoir lieu avant la fin d'avril 1902. c Quoique cette inspection ne soit pas précisément un examen et qu'elle ait pour seul but de nous renseigner sur la méthode d'en~eignement de la gymnastique et qu'ainsi elle puisse se faire en tout temps, nous avons l'honneur de vous informer que nous souscrivons à votre désir de renvoi, à condition toutefois que cette inspection ait, lieu au mois de juin au plus tard.,

--------Chronique scolaire .

Confédération. - Inspection de la gymnastique. - Le Département militaire suisse a porté à la connaissance des aut?rités scolaires des cantons qu'il fera procéder, avant la fin avril 1902, à une nouvelle inspection de l'enseio·nement de la ~ymnastiq_ue dans les établissements cantonaux "qui préparent a l'obtent10n du brevet primaire. Voici le tableau des Ecoles normales avec les noms des experts choisis par l'autorité fédérale : Canton Etabliuement Inspecteur Zurich Kussnacht. Guggisberg. Unterstrass Id. Berne. Hofwyl. Wœffler. Muristalden Id. Porrentruy A. Michel. Lucerne . Hitzkirch . Flatt. Schwyz . Rickenbach . . . Gelzer. Zoug . . Collège Saint-Michel. Flatt. Fribourg Hauterive Matthey. Soleure . Soleure. . , . . . Wœffler. Bâle . Cours spécial à l'Université pour instituteurs primaires . : . Id. Saint-Gall Mariaberg près Rorschach . Guggisberg. Grü,ons . Coire . . . . . . . Gelzer. Schiers . lei .


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In1pecteur Etablissement èanton Id . ·wettingen. Argovie Guggisberg. Thurgovie Krenzlingen Brecbli. Locarno Tessin Matthey. Lausanne Vaud. Ici. Sion . . . Valais Neuchùtel Neuchâtel, gymnase, section pédag. A. Michel. Trl. Peseux, école normale . Id. Locle, école second., section pédag. Chaux-de-Fonds, école secondaire, section pédagogique . Id. Genève . Collège des garçons . . . . Matthey. Berne. - Ecole normale de Porrentruy. - Une situation irrégulière existe à l'Ecole normale de Porrentruy au point de vue de l'enseignement de la religion. Les élèves qui appartiennent à la confession catholique sont contraints d'y suivre un cours do religion donné par un maître protestant et francmacon. P-our mettre fin à cette situation intolérable, à cet abus criant , contre lequel la députation jurassienne a réclamé déjà trois fois au sein du Grand Conseil, M. Boinay, député du Jnra, propose de confier l'enseignement religieux à un prêtre catholique pour les élèves catholiques et à un pasteur protestant pour les élèves protestants. D'ailleurs, aux Ecoles normales réformées de Hoffwyl et de Hindelbank , les cours de religion sont donnés par des pasteurs. Pourquoi y a-t-il exception pour l'Ecole normale de Porrentruy? M. le député Boinay a demandé que cette étrange situation prenne fin et, à cet effet, il a proposé d'augmenter de 800 tr. le crédit affecté à l'Ecole normale du .Jura. Quoi de plus raisonnable, de plus justifié? Le croiraitou? il s'est trouvé une majorité au Grand Conseil bernois pour refuser cette élémentaire satisfaction. Valais. - Décès. - L'instituteur de l'Ecole élémentaire des garçons de t,ion, M. André Bonvin, Frère de la Congrégation de Marie, vient d'être enlevé par une méningite, à l'àge de 25 ans seulement. La perte subite de ce jeune maitre très apprécié est bien sensible à la Communauté de Sion. - Brevet de capacité. - La liste des brevets définitifs délivrés à l'occasion de la clùture du dernier cours de répétition des institutrices de langue française doit être complétée par le nom de M11• Ursule Terrettaz, de Vollèges, qui a été omis dans le tableau apporté par la dernière livraison de l'Ecole primaire. Fribourg. - Promotion. - M. Emile Gremaud, instituteur et gérant de notre organe, vient d'être nommé I{e secrétaire à la Direction de !'Instruction publique. Dans son nouveau poste, [ nous sommes assurés que M. Gremaud continuera à rendre les meilleurs services à la cause de l'instruction populaire et à notre Revue pédagogique. X. ... , prof.

XXXI• ANNtE

1er

FÉVRIER 1902

~e -<§ulletin pédagogique L, Ecole primaire ORGANE DES SOCIÉTÉS FR/BOURGEOISE & VALAISANNE D'ÉDUCATION ,,, r/11

Musée pedagogique

paraissant les 1" el 15 de chaque mois llÉDACTJO!\'

!

.\l. DE:-:smormc, Di recteur de J'F.colr no.-n1JI(~ de Huu1Pri, c . pn.'·s Fl'il,ou1·g. ~~~~/ 0

Abonnement pou1· la Suisse, fr. 3 -

AllONNEl\Œl'iTS ll· A~NOl'iCES i\l. E. (;n ,rn,H., 1>, secrétaire il la Directiou

de. l'Inst. pul•I. du cant. de Frj}1011rg .

~~~

SOMl'.9'AIRE : [,a mlthode pédagogique. -

La nouvelle carte de la Suisse. - Bilan géographique de l'année 1. 901 (suite). - Conseils du_ P. Ganganelli à un maître d'école (suite). - A t1·avers les sciences. - Les récréations scolaires. - L'enseignement des lf1:ngues vivt1;ntes. -. Examens des recrues en 1902. - A vis offtczels . -Bibliographie. - Chronique scolaire. - Correspondances.

LA MÉTHODE PÉDAGOGIQUE La méthode! ?'est l'art ?e trouver et d'enseigner la science, ou, plus exphc1tement, c est la connaissance de la meilleure marche~. suiv:e. ~t l'emp_l<?i des morens les plus efficaces pour déco~vr u la ve:1te et la faire connaitre à ceux qui l'ignorent. Agir avec methode, c·est mettre de l'ordre dans ses pensées et dan~ ~es actes, en vue d'atteindre un but préalablement détermme. Da~1S ce sens plus étendu, ilya, outre la méthode par excellence q_ui conduit ;:i.u vrai, des méthodes pour le développement des forces corporelles, comme aussi des méthodes pour l'acquisition de la vertu. S'il n~ faut pas confondr:e _la marche que suit le savant pour découvr:1r de_ nouv.elles véntes avec celle que le maître observe pour faire penétrer les connaissances dans l'âme de ses élèves, 11 faut pourtant-reconnaître que la méthode scientifique et la méthode pédagogique sont étroitement liées.


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