No 04 l'Ecole primaire, 15 Janvier 1903

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xxue année

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8 frontières du gourcl·ucllHmt ùe •.rotJOlsk, üvant avec sa famille de la modique rétribution de dix kopecks par jour, assignée aux prisonniers qui ne sont pas condamnés aux travaux publics. LaJ jeune Prascovie contl'ibu ait par son tJ:avail il la subsistance de ses parents, en aidant les blanchisseuses du village ou ll's moissonneurs, et en prenant part à tous les ouvrages de la campagne dont ses forces lui permetta·ient de s'occuper : elle rapportait du blé, des œufs ou quelques légumes en payement. Arrivée en Sibérie dans son enfance, et n 'a.yant aucune idée d'un meilleur sort, elle s e livrait avec joie à. ces pénibles traYaux, qu'elle avait bien de la peine à s upporter. Ses mains délicates semblaient avoir êté formées pour d'autres occupations. Sa mère, tout entière aux soins du pauvre ménage, sembla it prendre eu patience sa dêplorable' situation; mais son 11ère, accoutumé dès oo première jeunesse :l la vie' active des armées, ne pouvait se résigner à son s ort, et s'aba.ndonua it souvent à des accès de dêsespo it• que l'excès même du ma!J1eur ne saurait justifier. Quoiqu'il évitât de laisser voir il. P rnscovie lrs chagrins qui le dévoraient, elle' avoit été pins d'une fois témoin de SPs la·r mes ù tnlVPI'S les f~utes d' une c·lolson qui sGparait flOu réduit de la chambre de se'S parents, et elle commeucait depuis quelque temps it réflllchir sm· lem· cmeiiC' destinée.

Loponloff avait •:Hlrcssé depnis quelques m ois une supplique au gouverneur de la Sibérie, qui n 'ava.it jamais répondu il, Res demandes précêclentes. Un offi<:ier, pns~ant par lscllim pour des affaires de service•, s'é1ait chnrgé cle' la dépêche et Juj avait promis d'appuyer ses réclamations a upt•ès du gom·er neut·. LP mnlhcm·eux exilé en avait con!)u quelque espoir; mai s on ne lui flt pas plus rle réponse qu'auparavant. Chaque voyageur, chn.que comri er venant de Tobolsk (êvf'neme:nt bien rare), njoutait le 1ourment de l'esPél'unce clilGUP aux maux dont il 6ta·it aerablé. Dans tm de ces triStPs moments, la jeune tille, revenant de la moisson, tt·ouva sa mè-

n' IJaiguec ùc l;u•mc;:, ct fut effr.a·yiÎe de la pâlem· et de:; sombres regards <le ::;on Itère, q ui se livrait ù tout le délire de la douleur. « Voilil., s'écria-t-il, lorsqu'il la vit paraître, le plus cruel de tous mes malheurs !! voilà l'enfant que Dieu m'a donnée dans sa colère, afin que je souff re doublement de ses mra'llx et des miens, afin que je la voie dépérit· lente<mC'nt sous mes yeux, ôpuisée par de serviles tJ'Ii vaux, et q uc le titre de père, qui fait lt• bonheur de t ous les hommes, soit pour moi seul le dernie1· terme de la malédicüou du ciel. >> Pmscovie épouvantée se jeta dans ses bras. La mère et 1aJ fille parviment à le tranquilliser en mêlan t leurs larmes aux siennes ; ma is cette sct'ne fit la plus grande impression sur l'esprit de la jeune fill e. Pour la première f ois, ses pnrents avaient ouvertement parlé eleva nt elle de leur situaHon dtssespérée; twm· la première fois, elle pnt se former une idée de tout le malheur de sa famille. Cc fnt ii cette époque, ct clans la quinzième a nnée de son il.ge, que la première idf'e d'allet· à Saint-Pétf'lrsbourg demander la gr:l. ce de son père lui vint ii. l'esprit. Elle r::lC'ontait elle-même qn' nn jour cette hc nren~e prn sée se présenta· il. elle comme nn éclair, au moment oi\ elle achevait se::; pr ièl'l'IS, et lni causa un 1:ronùle inexprimable. E lle a tou. jours Hé persuadée que ce fut une iuspimtion de lrr Pl'O"''idcnce, et cette ferme confhmce la soutint <lnus ln. suite au milieu des ci rcoustn nces le.s plus décou rageantes. .Ju1;qu'nlor s l'espérance de I:t li berté n'élait point entrée dans sou cœnr. Cc scutl ll ll'.llt nouve·nn pom· C'Jie la remplit d'nue grande! joie: elle se remit aussit<it en prière; ma is ses iclC-es étaient Ai confuses, que ue oocù ant elle-mérue ce qu'elle voulait demaui1et· A Dieu, elle le pria Reniement de ne pas la priYer du bonbenr qn'elle I"J1ronva it ct qu'elle ne savoit définir. BiE-ntôt rependnnt le pt·o;et d'allet· il Saint-Pétersbonrg se jeter aux pircla rlc l'PmpC'renr ct lui dem~nder la· grilcc de ~<on pi're se Mveloppn. danR son E-sprit et l'occupa llOi!]ucment.

ORGANE DE LA

SOCIETE VALAIS ANNE D 'EDUCAT ION

L'Ecole primaire donne de 12 à 15 livraisons de 16 pages

~ha~une, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8

a 1" pages pendant le cours scolaire.

Prix d'abonnement : Suisse fr. 2.50 lJnion postale f•·· 3 Tout cc qui c.::-ncerne Ill publlc~:tticn doit être ndressé directement

èt M. P . PIONAT, 1er secrétaire èt l'Instruction publique, èt S ion.

(A. B1tivre.)

C'est la bonté seule qui pal'le au cœur de la jeune et•éature et à laquelle elle t•époud par la gt•atitude qui est aussi la bonté. S . Fran çois de Sales.


SION, 16 .Janvier 1 b is par llt.S l'C('J'lll'S l'autollllJC del'Dll'l' En publiant <:t·s nithes, uous de,·ons tion. - * l'one les l 't' l its. - Enseignt•ment tlE> la géogTa- tt.utefcis f<tÜe t·Pntarqut•t· qu'ils n'out lJhit•. * ('onùi lioux rl'nn t·u~ei~IW­ pas la p l'étell t iuu d'(·tl'e rigOltl'ciiSPlllent uœut hndtwux. - • Df' la leetor·e (finJ. 1 exad:s, attellllu qu'il a lll<tUquP, pout - 1n ~tr·lll1:i ou Pt ~~ùrl'c·ati('n_ - *Lethe t:Gmpléter t·t• tr·aynil, les noms et les uoil nn clNmtanl. - Ln r·eligion, sa Y<l- tes·dt!sjeuueK \·alaisans qui out dû pilslt·nr !;(lnrntin•. - (';HHH·J·ip snt la l'P- ser le t·eerutement daus d\tuttes ~:an fm·mt- nt tlw.gt·avllilllll'. - La tubetcn· tons, indi<·nt ioJH; qui out fait ainsi d'~­ lw·w il l'ét.oh>.- Portie pmtiquc: Rédne- 1 fa u t ro ur fouruil' un taùh•a11 !'Omplt>t tioll. - 1(/riélés: ~ur l l:'R bancs Jr l'é- tel q11e peut l'dfr-it· (tlaus quL•lqu~s mois Sl-'n iPlU<'llt) il' bure an fétl'l-tl tl de (·ole. - Lt• p r·ix 1l'nnt' ;lpustr-oplw. 1 statistiqut·, J(.. quel, c·c111l'alisa n t les n>1't' ll S!~('S. j sn ltntl:i pour· tonte la S uis:se, t'!:il l:ieul · t:m me~ut·e d'établir nu e cl<lssificatir.n Les ar·t ielPs ptùt'dl-s d'llllf' * p t olien- a1·cc tonte l'exal'litude désir·able. 'l'd lll'lÜ d1· l'Ollabcwa1 t•u r·s on !'OJ·r·espcn- 1 qu'il fignrf> l'i-Je::;~;ons, le tableau ue f'e ùants s11t1danx de r..Eco le 1n·im;lÏ1'P". tapproeJ1e pas moins ùe très Jlrès de la 1...es n n tl-t·R sont rPpr·odn i fs cl<• fPnille~ 1 Yérité, lf>s note:-; d'une dugtai ue ù e nos sen 1nil-es. t·t•ssor-tissants qui ont s ubi les exauten~ -opt~nagog iqn es ;üllenn; qu'eu \·alai:s n·l;· 1 tant pas de nat m·t> ;\ iuflueneer ~ensi­ Scnnmait·e du Sua•J•lément blt•ment uotn· llluyeune générale lllli t 'aHst•r-iP s<'Î<'nf ifiqne (fin). <'onl uc doit <lt-s lors s'é-cattet· que pour qu('l sPils lH>~U· hi1•u ptofiter· de la Jpctrn·P. 1 q nes telJtil•nH's llt'Ut-êln: dn l't~·s ultat - Xo>~ a r·br·f•s. - La jt'lllH.~ ~i bé;·if'une j tléfinitif que l'on eonun.ilra plus lat·ù. t "l1 i tl'). Ce~ l'ésPl'\'f's et explic:ations four·uit:s, YOici lu no1uenclatnre de nos 1:1 disInst•ectenl'l!l scolah•es 1 tl'itts tl'avrès le t•nng obtenu: La. Co11.férencE> ;tuntH• II v dt-' .\DL i t-'~> Districts Notes In Kft>c:ü•n r·s Rrol ai l'C'R 1le 1n p<u·tie ft·au1. Eut.t-emou1 7.01 •:nif>P cln r•a n ton anl'a lit'll i't l' lftJiel du ., Cuncllcs 7.H go n Yl'l'lll'111Pll t lt• m Prcr·Nli :!,"'( <le cr :l. :::-t-:'\[aul'itL' 7.3:2 moi:; ù H h. dn m. ~o u:.-~ l it prPsiclt•nc·p ùe J. RaJ·og-ue ï.üï :JI. ](' < 'hpf ùn Dl~ lJ<Il'tl.·ment. 3. Sion 7.8ti \' oid lE>s tractandas: (i. llétens 7 .~!.1 1. < 'nuséqtwut·es de la loi tln :!ù mai ï. Coull.wy 7.!)1 1:.10:! (·llllt't'l'llHllt );\ sU]I]H't'sRion dts 8 )lon t JJ .. , 8.~7 ,;c·oiP::- dt> :-;P<:tious. H. Sieue · 8.4t::!. Ü P\'O iJ·s ·tles NJUJHliK8ious ~r·o-laites. lU. .\[il l'tigny 9.H ::. !4talil'ti(]1H' deK t'llfHUt~ ;tll0l'111HUX. 11. Drigtll' 9.11' ~- ) lotions indiviclurlles. l :!. \ïègt• 9 3:.: --o-1::. Lot•the 9.71

1902-0S

Sonunail•e du N° 4

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L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

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Examens tle,.; •·ecr·ues, 1902. J l l't'snlt(' d'un e ~tati;;tique hasée sur lt':' regi;; t rt>f> tple J>Ossèdcul l es autorit •1 :-; e;r ut ou a les t:Olltt'r·nant ll's opération~ ùn ree r·ull'llWJlt, q.ue uos disüicts obtienuent IL• m.ug- et l n uo tc suiYnnts tl'up t(•s les t'X a nwns pétlagog-iq nes su-

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SOCIETE VALAISllliE D'EDUCATION

* Une noble vocation Savez-1·ours où se trouve l'idéal dea belles â.mes? Oh ! ùe gl'â~e. ne le cherchez point parmi les gt·and.<~ noms q111e uo·u s a transmis l'histoil·e; il est bien plus près de vous. Descende? plutôt au fond d-e l'âme d ' u,n ami, d'un frère, d'un roi!lin; étudiez-la de pr~ dans ses r elations, dans Res œuvres; saisissez au vol les nuances de cette belle [Lme quli nf' dt q•u e pOIIll' accomplit· so.n dewh· et ~t' dévouer pour autrui. Oh! combie:u voo!-1 serez étonné <le sentir si pl'ès de yons cc q ue VO'US n e croyiez voir que dans le lOtintain di:.'S ftges het'<>ïq ues! ... C''t>st ·que les bt>lles tune:; sont encore très nombreuses; vins nom brooses même qu'on ne le pense généralement; mais ell Ps se -ca;aheut comme les violettes de ma,r s. . . Elles n!ont pas besolin, Jl(lur acc:ompl i r lem· œu Vl 'l' idéale, du rain bruit des clail·ons uc la tenommée; elles font le bie n, ]JOU.t· le plaisir de le faire et J}O'Ur répondJ't:' à la v<Xix impérieuse de leur cœu1·. Ces âmes-là t~'ignorent, et ouvrent de gra.ll'ds yeux quand o:n a~ur dit ce qu'on pense d?e-J1('1:!.

~ayez-vous maintenant quel est leu![' idéal'? Je l 'ai dit: c'e.st le dévouement: t'est là l'idéal de toutes les belles â.mea: des mères -chrétiennE>S', des chefs de famille, des bons fils. On sait jusqu'à. queU degré d'héroi:mH! peut être porté le dév<J u~men t d'une mère; on n ï gnor·e pas tout ·ce que fait un bon père; on admire un Yertueux jeune h o.mme et nn<' dé,rouée jenne fi lle qui se sacJ'i-

fient rpa.rfois à. un grand p l a.isie poU:r le 1 devŒi'r d'aide!' leuTs pa,rents. Mais ce dont o-n ne se doute peut-être pas, c'est du dévouem ent d' un véri_table éduc:ateur de la jeuneHse; du mo1ns on n'en a qu' nue •b ien faible idée. A lui sŒrtout, IJ.'i déa l d.e'l belles âm.es, le sublime dé>ouement! Voilà pourquQ!i (o.n ra dit a.vant moi) la. yocation d'é· ducateur est, •ap.rl>s lP sa.ce.rdo-ce, laplus noble pt la. plus méritoit·(· cles vocations. Penché ,sut· la tête blonde d'Ulll cht::... rubin, guidant sa main inhabile, le ma:ttre, igoot•é de tous, sent son cœur d éli c-ieusement r·emué pa~· la pensée que celui dont il guide les ooigts hésitants spra pl us tal'd l'homme qu'il a.u:ra for· mé à son mou le et a uquel il am>a donn é ,qnelq,ue ch01se d!• son ft me: le ml:' il leur, dirai-je tout bas. . . Que lui impo·rtent les L'icllesses, l es p laisirs, le . bien-être matél'iel, la soif d" jouir, et de jouir encot·e!. . . Tout ce miroitement enchanteur <l'une v:ie faf;i l e u e parvi.cut pas à détourner son cœt<r df' l'amour de son devoil' m·du et peu J'émunérateur. D 'où vient cel a? Il est des gens, ct .o'e.st le g·ran'd nomb re, qui ne voient dans l'institut e ur q u•un homme d(' métier, débitant l~s règtles de la grammaire ou f"USeignant l'ar.ith métique afin df' sf' procurer le pain d e chaque jour. Alors ils s'étonnent que des gens intelligents e mbrassent un métier si p eu lucrati f; ils se demandent avec effroi, (smi:01wt les "gt'and'mères >l) comment on peut se plaire en la eoropagnie J e petits polissons qui n'ont d'o.nh'e sou·c i que cellui 1


Il n'est 1lue twp vrai, hélas! que, dans un sens, ces pa.rolcs tr0ouvent parfois une applkaüo;n dans nos écoles . Voyons, chers amis., franchement, ne nous est-il jamais a-rrjyé d'envios1ager e t de traiter tous nos t:'lèvt:>s, même les plus jeun es, comme des êtres très raisonnables? Ne nou s sommes·- uous jamais permis d e grondea:, peut-êt re même de punir, un de ces petits pour -des écarts inhérents ù leu·r âge? En tout!:' occasion, nous sommes-nous contenu!-: da ns nue h umeur égale, ·de façon à Ilil' jamais Joaisser une mauvaise impre~­ sion dans ces esprits sensibles et délicats? Avous-nous 1·éellemeut ré ussi :~ .nou a faire petits avec ces -petits? Avonsnous a.cquis 'ce tact à sai•sir jusqu'aux moindres difficultés qtti les a rrêtent et à deviner en quel que ::;orte leurs peusées, leurs ·r éflexicn!:l, leurs fam1ses t'onceptio.n::~ d'idées? Car, si D!OIUS o·bservons de bien près l'enfant q u:i commel!ee à lir-e, nou.s remat,q,ue1·ons sans p eine que toujours il veut comprendee ce qu'il lit; et si nous avons !l'éussi à obienir à nos interrogations de!! réponses autres que« o-u i >> ou << non>>; mieux que ça, si nous avons acquis la c'Oonfiance de ce petit au point de le vol r nouN poser lui-même des qu-estions, nous s·Prons convajncus que to·ujours l'enfant pt·ête un sen!! à. ce qu'il lit ou enteutl. Il ne s:ai,s üa pas toujoln·s, tant s'eu * Pour les petits fau t, la juste Aigniîication d'u·n mot, à ' une ex;pression ou d'une phrase; illell Vous me permettrez, chers collègues comprendra alors ~ _s.a fu.çon. Pour n ous dans l'enseignement, de venir aujour- 1·n fai re une idée, tran sportons-no10s d'h ui plaidei ht cause des tout petits, par le souyenir dà.ns ee pa·ssé lointain, de ceux qui, dans leurs moments de pe- où nous bégayio·ns· à grand'peinc les t its « revers l>, n'ont ;pcUJr tout moyen premières pages de l',Ami rle l'E nfaude d·éfense que leur innocence. Cett~ (·e". Quelles idées originales, baroques. arme, à elle 'seule, dev-r-ait a mplement biscoJ•u-ues ne lai-ssent pas dans nOU't' suffire, mc direz->ous, à les pnté6er imagination, et po.nr longtemps peut· contre les or ages ·qui peuYent surgir êh e, un passage O'll un mot insuffiRam· dans le ciel rrudieux d<"' l'enfance; ce- ment expliqués. pend·ant il n'en est vas toujours nins;, C'est ici que le maîü·e doit uset ue et souvent encci·e de nos je urs «les pt!- tact et de ~agacité pom· é.vlter à la pentits o;nt à pfitir des folieR deR grantîs ,,_ :-H~e cle :-;es petits une fansse dLectioJt, de fa ire le p·lus ·de niches et d'ajJprerudre le m ain s possible leurs leçons. . . . «Hum! si du moins l'on devenait a.rchi-rentier a œ bout de quelques années! mais t ou•s ces p·auyre-s régen ls blanchissent souvent aran-t l'heure et descendent a u tombeau sa:ns avoir pu j ouir on seul jou r du ft·uit de leur travail .... Ceux ·qmi .r aiso-nnent a insi .sont n i plus n i moins des gens assoiffés de p laistrs matériels, ceux pO<ur qui le d ésint éressement n'est ·plu s qu'un e arme rouillée bonne à être jetée deh ors. Tout. aut res sont les appréciations de l esprit élev~ de l'homme de cœlll' et de convictions: lui 1Seul comprend to ut ce que la. vocation d'éducat eur renfer me, je ne dirai pas de plaisirs, mais -de do,ucem· et c1e cha rmes; et il aura, poru· les humbl es travailleurs de l'intelügen<:e, to-ute l' admiration que mél'Î.te l'accomplissement d'un noble clevoü· et d'u.ne sainte tache . ... La issez-moi don c être édu•cateu1'; ne me plaignez paiS ; ne me lou ez pas; je fais mon deYo-ir, rien de plus, et je sens planer s m· ma t r istesse, que de nombre1lx malheurs ont rendue quotidienn e, une•do·nce sérénité q ue je n'éclhangerais pas con h·e un va in bon1eu•r. A lfred• PERRAUDU\.

en pxévenant toœte e.nrem· qui pour rait se faire jour dans ces jeunes cerveaux. Exem ple: Petit Paul donne une tépon se pitoyable; le maitre autoœi!le ou se pel·met même de l'accueillir p ar des 1·iY1-s malveillants.: il condamne, d u coup, à un fatal silence la bou che de petit Paul, jusq u/aJors miroir fidèle et p:ula.nt de sa. pensée. Comme preuve de la con séquenc'e fü. <"heuse d e llJareille attitude du ma'îtte., ou me pet'mettra de ra-ppelee ici un rrait, in.signifi ant en l u.i-même, mais ~i important par les effets, qu'i l fit époque d an s ma vie d'écolie,r. Je pouvais avoir H ans. C'était l'hen..e de la l ecture. J 'ét ais dans le gl'oupe .Jps «petits», accu.Jé 1)tès d'u n fourneau lwûlwnt, d·a.ns un e misérable ]Jetite c:lmnrbre d'bcole. Le maitre, par t>xception, düigea:it la le~oln . C'était un tei'l'ible régent, à mine sévère; il n'aimn.it pas les <<.Petits t apa geu rs>>, commE> il nous appelait en bloc; a ussi, quand il daignait « 1·empla(·erl' J\ aupr ès dt> nous « son lllO'nii eur '> et no.us gratifier d'une visite, - ce qui arrivait à. peu près, 'dans la semaine, autant de fois que le jeucll, - pouvion s·- nous I·ent·ontrel' sur sa figure bea.uco·up plu s S0Uient UID ·c:oup td'œil foudroyaut qu' uu bienyeillant sourüe. Avec cela, nons le •cr<lignion.s à l'éga.l d·u fetl'; et t·omme H n'était pas ·prodig·ue de na.lot•hes, nous l'aimi ons a ussi, bien qu'à u·n clegré nu peu lll'OlÎ.ndre. Je me figure qu'aujouTd'hui il n'en doit ]Jiu•s f'xister de eette trempe-là, et que tous doivent aimer les pe tits, .fuss.e·nt- ils f'ne:o·re ]Jlns nu·hulen.ts que j ama..is.

veut ni Ure, ni écrir-e ou peu s'en faut. Ce lte objection qui, ~~ première vue, présente une apparence de vél'ité, parait pJus ~pécieus·e que réelle: la leçon de géographie ne doit-elle pas êtr1• avant tout une leçon d'intuitioo et par suite n'est-elle pas de mise au cours inférieur-, a.ussi bien que toute autre matière'? L'instituteur peut, en effet, la transfo:rmer eu nne leçon d·e .c hoses, inculquer pax· ce moyen à l'e11f ant des notions SUJJ' une foule d'O'bjets qui jow·nellement excitent sa œriosité et l'initient peu à peu à leur re-présentation par -des images. C'est dans n:a belle nature qui s'étaie a·e vant les yeux de l'c:'lève, avec ses m-ontagnes escarpées, ses torrent s encaissés, ses étangs p ittoresques et ses riants villages, qu'il faut lui doll!ner les p1'emières idées de cett e science. Après les exerdces d'orientation, la première chose i't faire, la première carte à dresser, c'est le plan de lla sallP de classe, puis de la maison d'école a1ec toutes ses dépendances. Viendra ensuite la t01pogr·aphie de la .c ommune que l'on habHe, avec ses hamea.ux, se~> fermes isolées. Ce plan sel'a d'abord traoé par le maître at11 tableau noir placé devant les ~lèves, et tourn~, autant que -possible, de manière que le::: points carétinaux, qui ·d evront y être iniliqués, <S'y trou vent dans le-m• di·rt"Ction réelle. San s cette pré.cantion, le<S enfants JJOurtaient m·oire que ces points varient selon la position du tableau ou de la carte-, ce q l1i. détt•u.i:raü en eux les no•t ioos qu'on lem· a d!Oinnées dt> !J'orientation. Il serait même nécessaire que, pour ces :premières le~ons, ( .d s•tûvre.) le tableau fut dans une po·s ition hoo".i---------~~----------zontale, a'fin qu'ils ne s'imaginent pas le Nord eSJt au'-ldPssus -de I.eurs tê* Enseignement de la Géographie que tes et le Sud sous leurs pieds. Rien n'est à négliger il.vec des intelligences A entPnd t•e c:ertains institu t eurs, il'a encore si fa.ibUes. lt>çon de géo'graphie ne sanra.it êh'tt Toutes ces précautio.ns étant prises. dom1ée au com·s inférieur pom· ln t•ai- les enfants seront appelés à trou:11er IOtt hien si.rnple que les élères n-e st1eux-mémes sur le tableau tous les ·dé-


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La superficie du sol étant étudri6e, ta ils qui y sont figUl'és: la maisL11 d'éeole où ils se trouvent, l'église, les au- le moment est venu de dire quelques tres édifices. Il s:era même bon que mots de sa ·oolmposition, d•es 1différe'lltes chaque élèv·e indique la p-osition de cel- cultures a.uxquelles• il se p>I'ête, ·selon le qu'il habite. La pwl ongatbn des q:u'il est a,rgüeux, calcaire ou sablonrues formera ordinairement les routes neux, de fa.ire sentir :J•es •Cii.\.uses po•urr· ou les chemins qui couduisent dans les lesquelles il est fertile id et a illeurs hameaux et qui s1llonn.ent le terl'itoire stérile; d'ind;iquel' ce qu'il fau drait y de la commune. Les enfants reconnaî- ajouter po·u·r l'amélio·r er, là où il ut tro·n t également, par leurs noms, ces donne que de maigres produits, etc. Ce n'est pa.s t out: peut-être trouve-tgroupes d'ha.bita.tio:ns, en -disant dans quelle direction ch[t)came se trouve par on sur le ter,ritoire de la commune hat•appo•rt à la ville 01.11 au village dont il bitée p ar l'élève .des. eaux minérales, des carrières de pierres à bâtir, de piers'agit. Cette l e~on terminée, les élèves au- res à cha.ux, d:es ardoisières, du marront cO<mme dernier devoir à reprodui- bre, etc .... Toutes ces ressource~ dere, soit sur l'ardoise, soit s.ur :I.e cahier vron t être mises en évidence, ainsi que (au crayon), le plan qu'ilE> auront a ins1 les industries et le tra:vail qui en sont étudié, ce q•ui co·nstit ue an bon exercice la. eonséq ll,enc:e. Aucun de ces déta ils de dessin. Une premièr e fois, ils co- n'excède la portée de l'intelligen,ce d.es pieront; une seco•nde fois, ils essaie- élèves ·du cours élémentaire. Ce n' est d'ailleuœs jusque là qu'une esquisse ; ront de le des:sine:r de mémnire. Le même procédé sera ellliPloyé pour plus tard, Oill y reviendra en donnant l'étude dBs communes ciT•c!on.voisines, pJ:us d.e diévelo,ppernent, avec les élèves puis d' u·n e partie du distri-ct nu du dis· des cours llloyen et su-périeul'. (A suivre.) N*** trict entie1·. V oH à un premier pas de fait dans l'étude de la géographie proprement dite. Les enfants connaissent les nollls et ll!a * Conditions position des lieux qui l·E'S intéressent Je d'un enseignement fructueux plus et ils sont à même de les représenter :d'une manière, sinon très exacte, I. L'enseignement est peut·ètl'e cc· a.u moin.s approximative. Mais jusqu'ici, il ne s;'est agi que d' un pla n; il faut qu'il y a <de plus difficile a·u monde. La maintenant leur fai•r e comprencke les valeur pro.fe ssiorn.neJl:le d' un inst ituteut a·ccidents géog-rap•hiques qui se TI' OU· n 'es·t pa s toujours en rais on dir·e cte des vent à la su.r faee de la terre, par l'étu- capacit és qu'il peut po<~s éde r. Autre de de ·c eux que ~'on rencontre sur· le cho:se est de savoir pou 1· 's oi et de sa· voir pour autr ui. S'il suffisait d'excelterritcüre de la commune. I/un des meilleurs moyens serait d:e ler da ns la pra.tique d'une spéd alité faire quelques petites excursions a u pour être un jns.tituteur de ha.u t méri· deho,r s, pour faire saisir aux enfants, te, on irait demander au.x grenonillea p:ar les yeux, ce q tle l'on entend par des leçons de natation , aux singes ·d é s montagne ou colline, vallée, plaine, leçons d·e gymna-stique. P.a.r maa heur, ce qu'on fait a V•eC plus t<>·r>rent, ruissea.u, fleuve, etc. Les termes géo·g raphiques pel'dront ainsi ce d'habileté, n'est pas toujours ce qn'on qu'ils ont d?rubstrait et ne seront que ens eigne ie mieux. On a vu des s,a vants jeu pour les· enfants, r avis •d e voir de si d'un mérite i·ncout·esté, ·d es artistes près et de comprendre si faciJelllent les éprouvés f ailli·l' à la tâ:ehe à.u prof essu· r at et ue p n.t''I'Pnir q n·' à partaget· à 1Pur8 choscs qn' il s'a.glt de leu!' expliquer. 1

élèves le dégoût dont i ls étaie nt euxmêmes remplis. L'ens·.e ignernent es t chose difficile, parce qu'il dépend de la ·réunion dJes condiüo:n s suivantes: 1. Les a,ptüudes de celui qui le donne; 2. Jl es dispo:sitions de celui qui le re ~,;oi t ;

3. l'énergie et l'efficacité des moyens employés. · Il est évident, pour quiconque 'l'eut se donnee la. rpeine de ·réflée:thir, que le suecès d'un en<~eignemenrt quel qu'il soit, est a.ttaché à chacun de ces trois points. Ce succès sera complet si l'·é qui· libre est :éita.bli entre eux. Il sera pa.rtiel, si une ou deux des conditions seulement so'llt remplies. Il sera, négatif si les tro-is fout défaut. Et en effet, un instituteu.r capable peut obtenir de tbo:n s résultats indépendamment d~ l'aptitude des élèves. De leur côté, des· élèves magnifiquement do•u és fewnt des pll'ogrès en déput ùe l'inca:p.acité diu maître. En troisiè· me lieu, :a.vec des moy ens dé.fe-otueux, un instituteu1· intelligent, actif, zélé, conduira d:es .élèves à un· degré satis· faisant . Mais, encore une fois·, l'ensei~'llement ne sera profita.bllte •et complet que si ces tro~s ·COin ditions s01nt reiDr 11lies: Yaleur tprofessi·o nnellc ·du maitre, dispositions des élève s, efficacité des moyens .. .. IL Noos attachons beaucoup de prix aux dispositi-ons d'esprit et de cœur que le maître apporte à la. leçon. S' il vien.t au milieu d!e ses élèves l'âme sa~ tisfait e et la joie sur le visage, la Ue~on ne manque•r a, p as de s'en ressentir. ~'il apporte un esprit roO'fose f.•t un front l'embruni, les élèves ne prendront aucun goût à sa pa.r'o'le e t t o•utes> ses f.K!illes seront perdue s. Le prernie1· conseil que nous donneront; donc, est celui d 'allier la solidité ~s principes à la grâ ce de loor exposition. Vouloir aUrl er au b ut , c'e st être presque assm·é de l'atteindre ; y all er

a ye.c <:alme et .aménité, c'est rappro•c he,r les •d istan ces et rendt·e à t ous la l'O'Ut e facile. 1 Ill. A'V a1lt d"entreprend:re une omn e de pédagogie, il fau t se pénét rer de cette vér ité: que c'est la faute du maître si l'élève ne comprend p:as. Un instituteur intelligent n'a ccuse ja mais que lui du peu d e suc.cès1 d e ses d émonstrat ion s. Ia se dit q ne la vérité n 'a pas pris dan s sa bouche une form e assez claire; que l'impropriété d' un t erme a p eut-être gâ.té ce que son- raisonnem ent avait de bon : Il r eco'l.ll1Ilence à no.u· veaux frai s et t âche de se fajre mieux comprendil·e, il p r ésente son idée s ,a us un aut re jour, il cherche des anal ogies saisissables; il sim,p lifie, étend, développe ou restreint ses: t héories, suivant le besoin du moment. Il ch erch e quelle est la 'p Otrt ée •d'es intelligen•c es auxquelles :il s'adi'esse, quel est Jeu•r degré tde oulture et quels so•n t les aliments :qui leur {lonviennent le mdeux. S'il s'a git de pratique, là encor.e il ne croit jamais qu'iü· p ui sse .avoir raison lorsque les rés ultat s 1ui d o.n nent tort . Vingt élèves son t devant lui, f ai· san t tous leurs effor t s pour le conten· ter. L oin d?y par veuir, ils excit ent sa, colère en r éponda nt t ou t 'd e trruver s, en eonfond•a nt le pa rt i cipe présent et l'adject if ve1~baJ, le mètre de longueur et :Je mètre ca.r ré, le ba l'l()m ètr e et J.e ther momètr-e. Eh hien , il se dira que c'est en cotre l·ui qui a t ort ; que t elle no·tio11' doit êtr e étudiée a•ut rement ; qu ~ tell e autre exi,g·e ait une étude p réa.la ble qui n'a. pas été f ait e ; qu'il a ma~cb é trop vite et qn'il n'y .a. rpa s eu g.rad~­ tion ra isonnable d:ans le cours d es leçons. En se bâtant tde réparer se faute, il p r ofitera de ~ a leçon qui Ju:i est d·onnéf'. Une a ut re fois> , il ira ave·c plus de wudence pou:r ne pas se heurter à d es diffi-c,ultés inswrmonta bles. Sa leçon n'en sera q ue mieux faite, et les élèves n'en appor teront que p lu s de courage, d'a s s:idu ité et de goùt aru travail, B , E . P, B. 1


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* De la lecture (Suite et fin.)

JI

Insistons un peu sur les fables de La Fontaine, qui set•vent s·ouvenl comme exen:ice de lecture. La Fontaine a beau pl'êcller la mot•ale, il ne la !prêche pas tonjo·urs avec toute la cla1·té désü·able. Ainsi on peut erainda1e que <<Le co'l·bean et lt' te na11:d )) ou <<Le lo-n:p et l'agnPa.u )) n~ laissen t à J'enfant d'autl-e impress·ion. qne cPlle diU triomphe remporté pat~.• ~e rusé l'enat•d et la force du lOJup. Le mattre dena donc constamment éclait·er et compléter lu pens?e du fabuliste. La Fontaine a voulu simpleluent l'appol'ter cPrtains faits dont il avait été le témoin, mais qu'il (tait loin d'a,pprouver. En éierivant, ·par exemplf>, }(' vers fanu~'l1lX: << La rai.>® 'dru plus fort •Est toujoUJ·s la meilleure >1 il n'a pas Youlu dire que la raison du plus fort del'ait to·ujours être la meilleure, mais que dans la sodé-té elle a nne trop fr-équente application. A côté d·C::! faitR constatés il ,. cl ehez le faba.Jiste ùes p!l'é(:eptes' d·oniH::::>. )fais ('es préceptes il faud-ra parfois les rom:pléter. De la fable: «Le corbeau et I'e renatd » il ne suffit Jh'1S .q,ue l'enfant t·t>til·e Ct'tte leçon, qu'il ue fau-t Ptil"' ~conter les flatten·r-s, s'ji n'en retire <tus si cette autre, qu'il ne faut pas ~tre flatteur soi-m.~me_. Et de la fable: <<La t:igale et la fo'ltJ"mt », !' 1C1St peu qu'il the eet PD· seigncment, rtn!on n~ doit pas <·tl'e inHO·uciant et pal'(>Sscux comme la. cigale, s'H n'y puise cet a utr~> enc()l't', qu.' on ne doü pas manquer de cœur ('OID· mr> ln. fonnni. Quelquefois il y a. lieu d'aHe1· a.u d<:là du p1<6ccpte fol'mulél par le fabuliste. Prenorus la fable intitulée << I.~e lion et le rat>>. Le preruier \'Crs est magnifique; <<Il fau·t autant qu-'on );eut obligel' tout le· monde.

Pourquoi fa ut-i'l qu'il soit gâté par le suivant: <<On a souvent besoin d'un plus petit que soi. >> La Fontaine donnait un conseil trèt-~ moral: Il faut obliger son prochain. Et yoilà q uï 1 en n~str-eint la valeUI· en invOI(Juant des (·onsidérations utilitaires! Le maH•re aura donc à rectifier le fabuliste, en dü;ant à. Fenfant qu'il faut obligm· son !}Ncha.iu pa•J· -devoir, sans a.rriète-penl:lée de téci.lnociié, sans préoccupation du senice qu'il peut un jour no·us rend're. L'enseignement de la. lecture, tout humble qu'il paraît, est de la plus hau. te im.potrtanœ puis>qu'elle es1 la. clef de toute instruction et qu'ainsi les im. titu.t eurs ne sauraient s'en OCC!lllJet· avec trop d1e soin. On peut en tire1· un gtand a vantag~ pour :J'enseignement des anh•es matières. Je dis en premier lit• a, que c'est par la lecture qu'on app-rendra l'orthogr;;. phe aux enfants, tout a ussi bi~n sinon mieux que p-rur la dictée. Pour cela, 1~ maître rendra les élèves attentifs sur 1'ortho1grnphf' des m-ots, il fera d~co m­ pose.r les mots difficiles, cherehera lt>nr étymologie, et en fera h-ouver ~es com· posés et les dérivés. Pour s'assuter que l'élève a bien saisi, il fe1·a épf>ler ]'at cœur les mots difficiles et au besoin il les fera (ic··J"ÎJ·e au tableau noir. TJa lecturt> ('St en second! lieu un puis· sant secours po·u r apprendre à comp.• ser. Le maitre fe1·a dégager ~t l'enfanl l'jdée généralle ùu mwceau, il lni mon· trer-a comment l'auteur s'y prend en marquant avec J·oute la précision l)()M· sible les dherS('s partiel:! d'll M,·eloppr ment, et ainsi l'enfant se;ra amen.~ tont doQucement à <·omposer lui-même. lJn bon livll'e de lecture donne égale meut aux enfantA des notions ::;u r la vie, les ol'igines, ·les infortunes et les grandeurs de la famille humaine. Pin· sieur!': n'atll'ont jamais, pal'mi leurs li vr-e~S c·i<1ssiques. n'Il eours d'bistoit·P t't

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surtout un ~:ours d'hislo~rc uniYers:!lle ! n'a [ait que coutinuer l'œune des sièqui leur expose c-es notions fondmnen- cles précéclents. En réallité-, l'école eut tales et embrasse d'un seul <;oup d'œil sa raison d'être po.ur les masses dès toute il'étendue des temps bistor·iq1ue::;. q,u e l'imprimerie eut. mis l'achat <fus H La lecture supplée à la :stéi'ilité de textes à po1·tée de la bourse d:Bs gens J'esprit et lui fait tirt>r d'ailleuvs ce qlti 1 du peuple, et à. mes'Ure que se pe-rfeclu i manque. Elle étend les connaissa.n- tionna l'art typographique, la lecture ('CS et l·es lumières par des secours put St' l"éjpandre da.vantnge dans les étrangers, ellie multiplie les idées et masses. les rend plU!S variées, plus distinctes et Xous voyous saint Josep·h Cttlasan.z JÛUR vives n, .a. dit Rollin. fonder la p1·emièrE" école gratuite en Mais l'utilité de la lecture ne se bor- 1597. Saint Jean-Baptiste dl':' La Salle ne pas à. ce qu'on appelle la science, muWplia en France les écoles gratu:ielle donne aussi de la <:apacité pour :les . tes à. la fin: du XVIIe siècle. Un grand affaires et pour les· emplois. De plus la nombre de bénMices e(:clésiastiques imlecture adoucit la ;peine, elle sert à ar- posaient au bénéficiaire l'obligation de rêter et à fixer la légèreté de l'esprit, donner <>u de faire donner aux enfants elle remplit utilement les 'ides de la du peuple l'instruc.1i.on élémentair<'. journée qui pèsent si fott à tant de pt-·l'· Eu outre, il y avait en gran-d nombre sonnes. . des instituteurs la'iques qui répanc Elle met en état d0 prenùte part 1 d.aient l'enseignement -contre de moaux entretiens, de fo.nrnir· de son côté destes rétributions. it. la eonver~ation où, sans celu, on d-eLes agitations revolutionnaire~ et meurerait muet, de la rendre plus uti- les boul-eversements de Ja fin du le Pt plus agréable en mêlant les faits XVIIIme siècle, puis les b"llerres de aux. J·éflexio.ns et en relevant les unes 1 l'Empire, bien loin ·de ma.rquer l'origipm· ~es antres. ne des -écoles populaires, les firent disPuisque la lecture nous f<JI.IJI.'nit dP si pa-r aître en bien des contrées pav la précieux a.van.tages, a.imous-la. et fai- sup-p,ressi1m des maîtres et la eonfis-casons-la aimer. Mais ra:ppelons-no·us que tion des fon-dations en faveur de l'enlire -ce n'est pas pa.rcourir rapi'deme--t seignement élémentaire. Il ncms faut des livres pour satisfaire une curiosité aller jusqu'en 1840 avant d'f' retrouver fri'nlle, c'est tecueillir ee qu'il y a de une o1·ganisation scolaire comparab'e bon et de beau dans les éori vains, c'est à ce1le qui existait en Franre à la fin se l'app-t·opt'Ïer -par le moyen d-e la mé- dn XVIIIe siècle. moire et de hL téfle:xion. Enfin, selon Et cependant, un ne se trompe pas la remarque de Pline le Jeoo~, ce n'est en disant que le XIXe siècle a été le pas en lisant beaucoup ·de livres que siècle de l'école, si par là on entend dJil'ou s'instruit, mais en !Jsant beaucoup re qu'en ce siècle l'é'C()le .a acquis un tel quelques bons liv1~es. Non rmûta sed prestige et a ét:é l'objet d'un tel enrtw7twn. gouement, que l'on attendait tout de son infJuence. L'école, en. vulgarisant les connaissances -élémentaires, devait Instruction et Education réformer les mœu-rs, ct po·rter l'huma' nité à un degré de civilisation que l'on On a dit que Je dix-neuvième sièCil·.! n'a•va.it pas encore connu. On attendait f~t le siècle de l'éco.le. Cela ne ve ut lHlS de la science, même répandue à fajbles due <1ue les écoles populaires nlexil:i- doses, une action infaillible sur la contal('nt pas avant l'an 1800. Il est prou- duite des hommes, et s.'exerçant dans \'~, au contraiTe, que le derniet· siècle h· sens des uspiraüons les plus élie-


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vées. La Science (avec ma.juscule) ·devenait la religion deSJ temps mod'e rnes. Elle aspirait à condui re les hommes. dans les vOiies d' un perfectionnement illimité. Sans doute, c'est la Science plus haute des Acrufumies et des Lycées (LUi a v ait cette vertu; mais soo action bienfaisante ne pourvait manquer ·de se propager >dans tou,tes les couches de rr.a population, par auta:nt de cana.u x qu'JI .v a v ait d'écoles p.r imaire•SI. L' expérienlce a-t-elle justifif> cette vrétention? Bien loin de là, et ~f. Brunetière a pu écrire la phrase fameuse dans laquelle il proclamait la banqueroute de lla seience. On a Iiépandu de cette parole une ve'rsion tout à. fait fausse. L'illustre a~aidémiden n'a pas prétendu nier leS' progrès des sciences d'observation; ce qu'il a. relevé, c'est l'impuissance de la science dans le ·dO· maine de la rnQlraie. Et en effet, quel pl'ohlème mol'al la science 'c ontemporaine a-t-elle résolu? L a science, par elle-même, n'est pa·s un principe ou une fin; elle est un instrument, d.ont chacun peut faire u·n bon ou mauvaü; usage. La padaite e:.onn'ais~,;ance des mécanismes servira à l'un pour faire de dlélicates inventiOIThs, t->1. un a.u.tre en profitet'a pour trouve!' de n:ou:veaux mo:y ens ·d e croch et er un coff'.re-fort. La comt~aissance de la <Chimie est nécessaü·e au médecin pour traiter avec succès des maladies jusque-là in~uériss ables; elle four-nit au malfaiteua· des pois<>ns perfectionnés, ne laissant pas de traces d'ans Qoe COl'PS die la Yictime. Ou tHt communément que les gens J e~o~ plus instruits SO'Illt .aussi .ce-nx qu.i c·ommettent les plus grosses sotbseR. Cet a phoTisme est né doe l'expérience. Véquilibre n 'existe plus dans les facultés humaines lorsqu e, à une ascension d.e l'·esprit, ne cor.respond p as une ascension égale ou su:Périeure des 'délicatesses de ~ a c~nsci ence. Dans cet &tuilil)re se t rown:• ce qu'on <Lppelle 1\:

bon sens. L'homme 'd.e bon sens roit juste: c'est le rôle die 1'instru.ction; il marche droit: c'est loe J·ôle de l'éducation. tA ISuivreJ.

* Lettre à un débutant

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(A mon ami G. M.) 'Moiiii cher ami, Vous n 'ignorez pas l'affect ion que je vous porte; par conséquent tout ce q,ui vO'us concerne m'intéresse au plus haut point. Vous entrez, mon .c her ami, d'ans une vie lll()luvelle où les d'ifficultés surgissent à chaque pas, et déjà vous c:ommenocez à en .senti~· le poids. Aussi voh'e de·rnièr·e lettre ne m'a-t-elle 1pas bien sur·pris. Vous en convenez, TOus manqUJez d'expér ience; Yous savez que son flambeau consume en éclairant. Je comprends vos hésitations et votre incertit ude sur· la m:runiète de vons conduire; mais ce qui m'étonne, c'est que vous vons laissiez dominer par le découragement. RappeU·ez-voQus que le dPcouragement est la pi'l'e des ten.tations pour n ous: c< Fais ae que tu doos et advienne q1ue pourr a.! » Vos élèves, rne dites-vous, ·s ont légers, causeurs, peu '3!ppliqués, mais bons dans le fond. C'est ·dolllo une terre incul te que des s·oins assid-us et intelligents powrrO'Ift fair'e fructifier. Ces d(.. fauts, qllli. vous affligent si fo,r t, cher a mi, sont colTilllurns à l'enfance, et je n'ai trouvé à cette règle que de ·rares exceptions. Mais vo us me ·d emandez des remèdes à cette épidémiemoraJe. Ces remèdes sont nombreux: il y eu il qui tiennent au caractère même du maitre, ·d'autres sont tirés de U1a. m·anièJ'e de do·Mer l'enseignement. Voici quel q t:~~es conseils que m'a sug· gérés l'eXipérience de qu elques année<~ d'enseignement et qui ·l'és ument les remèdes que l'instituteuiJ' tl'Oruve en Juimême. Il faut absolument réagir contr1• ces te-nd•a nccs à l.a légèreté, a n bavar'dngv,

J'inattention, et arradter J'ivraie ava:nt qu'elle étouffe le froment. D 'abord, sO'yez ferme sans raiderLr, tenez au 1•èglement et exigez doe vo·s élèves une grande exactitude. Cette qualité Pst essentielle pour éca.rtet' le désolrdre toujours prêt à. se glisser dans une elasse nombr euse; <lès que le désordre a rucq uis p.ou'l' mnsi dire droit de cité dans une é cole, tout :r souffre, tout se fait mal. Soyez indulgent sa.ns faible·sse pour les fa,urt:es d'étour•derie 'd' un enfant qui reviend:rait su1r 1le -champ; mais usez 1d e sévérité pou1· celles qui sont le fruit de liai préméditation et d:e l'obstina.tioo, viaes assez r~wes à oe.:Jet âge. Alprès cela., soyez bon vour ces enfants qui rv011s son.t eonfiés ; t émodgnezlem de l'intérêt et du dévouement: l'affection est un d es secret s des bons maîtres; ces sentiments, du Teste, sont pl"Ü'pres à votre cœur. N'oubiNez jamais qu> ~~n édu cation S·t wtout, plus fait douceu.r que violence. Je résume ma lettre par ces quatre mots: Coura.ge, patienre, fermeté et affection. Adieu, moo ami, p uissent ces-cons,e ils dictés par l'affection vous être de qu'elque utilité : c'est le pJu s vi f d ésil' de celui qui sera tou~jours ' Votre ami entièremen t dévoué Jules BORNET, inst.

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_____...

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La religion.. sa valeur éducative (Su-Ue.) De~:;

hommes ; j'ai -ùit en second lit•u,

IJ UÏ l faut des hommes.

Quels h ommes? Des hommes qui , ,LJén étn:\-; de ces beaux principes, s'en servent, le!S appliquent, les mettent en bon lieu pour réaliser l'œuvre éduiC~ltorice. De ce labeur, ai-je besoin de le dire? je n'exclus p ersonne, ni un indliv:idu. ni une ca tégoTie de cito.y en s. Il fa,udra:it avoir l'esprit mal fai t pour songer à raI'Ït à f)U(>lqu'un l'honneur de s'employet au noble m étier d'éducateur. Le

Christia.nüsme, ouvert à tous, est assez n,·aste po:m· contenir tous iles ouvriers d'éducatioo: maih-es, surveillants, précepteurs, particuliers, q,u i, aimant l'enfan ce, se préo.ccu pent de la fah'e grandir da111s le culte de cet idéal fa.it de douceur, de fo·r ce et doe réserve, qui remplit l'E'VaJDgile: grande-u..- de li! mystères, po.ésie de Dieu, sanctification et non plus seulement moralisat ion de l'homme. Non, encO<r·e une fois, per.sonne n'est exdlu. Mais il me .sera petmis dt! faire remarquer que le pt·être est dan s une situation privilégiée; il se trou.v e bien placé p<>ur conduir e cett e difficile entreprise, qui s'a.p~ne l'éd.ucat ion ·de l'enfanae, la fQirmatioQn de l'adolescence, la dil-ection de la jeunesse. · D'abm·d ce qu'i:l est, il l'est pa.t voca.tion; appelé, il a. NSpond u à la voix qui lui a dH de sortir de sa famille pour entl'er d ans l a. patrie d es ârnes. Il a l'en,oncé ;wx espél<ances que le monde lui offl-.ait, il l'a quitté; il s'e st renoncé, il s'est séparé de tout et de tous; il a pris plruce dan~ la cité idéale ùu bien. Som obé issalllcc, l'abnégation personnelle Œnn t il a. fait preuve, sa vie •e etieée, loin de tout plaisir sensib-le, sont un exemple, une le~on g;rave, nn enseignement. Voilà. pour l'enfant. Quant à lui, s'il est .a ppliqu é à une tâche, ·c 'est en principe par vocation;, il a mi:SSJion, iJ· le sait; i 1 le professe; il est d'autant plu's fort qu'il en a le sentiment plus vif. Il ne co.nnaît pas le d:écouragement. Il ne réussira p·as toujours ni tout de suite. Mais il salt sur qui il s.'appuie; il .attend <>t il continue l'œuvre sa;cerdotafe. Ensuite, p:u· état, il p-ratique e xc~­ lemment c:e qu'il enseigne. La Religiou est un l{lQigme, elle engendre une foi; pa.tce qu'eUe n'Pst pa s .u ne philosophie, elle d·o nne autre chose que des opinions. Mais elle est aussi. nne movale, la morrule la plus bau.te possible; eu 1


50 .

fait. elle n'a encote été dépassé<' ui même atteinte par <tucune des écol es qui se ùif:;ent indépendantes. Sa transcendance est tous les joma démonttée. ElUe ptésente la 1·ègle pratique de~ mœurs, e-lle gouYetne la '~e de tous, d'ab<)ll·d du ptêtt•e. J 'ai déjà di1 quelle est la va.leur de l'exemple: il peut beaucoup. il persua.de, il entralne. lt n'est p3!S1 raTe d~entend1·e Jps éCQoliers t'U'Contel' les traits d'austérité de l'éducateur prêtre. L'a ction J'elllJPortetorujom·s sur la pa;r·01le; en voilà la preuve. Le p-rêtre, parce qu'il PSt prêtre et }Jaree que, étant prêtre, H va jusqu\w bout <le sa foi . .pe11t être un éduca.teut ex<:ellent, d'un ·n·ai mérite. <le 1)r·emier ot<li·e. Voyez plutôL Il aTcnoncé à tout; il ne s'appartient J>l us; il est tout entier, c·orps et ft me, à ::;a tâche. Ehlwc-atcur, professeur dans uu colllège libre ou Ull1 vent sémiu'aire tomme ilr::i, maltre ou su.rveillan1, il nt voursuit <1'a.utre intérêt •rJue celui de l'enfant; il n'a d'aut'l'e t>Ouci que sou bien; il pense sans <·esse à lui ; a,près l'amnur de Dieu, il ne co1nna.ît que .cet amo·ur; unit el jonr. il l e port<' dallJS son cœur; pou.1' lui, ill ne aompte pas; il s.e dévoue sans ·mesut'E'. Optinùste ou pessimist('>, il nr le ~Sera que difficilPruent; cm' sa foi le guide. Il s'emploie à faire rn-river jusqu'au point dr pPrfection qu.i lui parait po•ssible chacun des enftmtR qui lui sont confiés. En ce qui regarde la fOtrmation, il ne distingue p<R:~ entre le fort ct ;le f<lible: il ue ''oit qu(' des enfant::; à élever, ù-es f<wultés à faire .ê<:lore, des âLUes ù susdter_ Si jamais il pouv~it a.v oir une pr-éférence, elle se1'<1Ü plutôt pouT l'enfant moins bien -cloué, plus revêche et pl'ivé de l'encoutagement qui ,-ieut du suec:ès_ Car le Christianisme inaline l'ftme vers ile faible et le 1nalheureux. C'est ain si que l'on voit duns nos collèges libres et nos séminaires ~les mira c!es de tr-ansfol'matian ~ 'accOmJJlir.

Ou s'y occupe de c.IJrLque enfa.nt en pm·ticuJiei-; bien que les résultats soient aussi divers q.ue les dispositions natives, les tempéeaments mmanx d les bonnes YQilontés, 1eependant i.l est Vl'ai de elire qu'il n'.r a pas d'enfant dont on n 'obtiennP quelque chose, grâce à ces soins assid.us; car nous tenon:>, et c·ette d'Octrine s'inspil'e réellement du plus pur espl'it chrétien, nous tPnons qn'il n'y a. pas de •natu,re qu~ ne soit ·capable de bien, qu'il n'y a pas d'enfant qui ne puisse être rendu meilleur, dont la raison ne puisse devenir 1Jlus édairée, le cœut· plus droit et la l'Qns-cience plus fe11ue. L.a grAce pe.l'fe<:tionne la natUI'e et le rayon de l'Evang-ile traverse toutes les llmes. L'éducateur chtétien s'attache dOillc à. chaque enfant en p<u·ticulier, qu'il espère beaucoup ou qu'il attenùe peu; C'e peu est un bien, et •Cf'la suffit_ Il vante celui-L-i, il puni~ celui-là; il encourage eet a.utte malgt·é tout, il soutient cet autre en(·ore; il souffle nn pf"u d'énergie d•:rns le •cœur de tet indol~nt; il rend à ce vicieux l'estime de lui-mê· me ; il d()IIlne à cet insouciant le Rentiment de f>il, rf'spo-nsahili té; il fail cs1imer le devoir ,pa1 cet écoliet• habituellement révolté. Il finit pa1· <JMenil· quelque •C<hose, parrce qu'il ne désespèI'e jamais, q:iu:'il airue tou~ours et quand même, qu'il se d~\·ouc jusqu'au bout vonr faire œu.vre d'éducateur. Il ne sait pa.s, il n.e veut J>'US savoir ee qu'est un «cancre», mot barbare, c.ruel souvent, marquant plus d'une fois la banqueroute dn système employé. Il va de l'arv ant. J'ai elit à Senlis, la ~:~emuine derniè· re, que l'enseignement libre et c:brétien a maintenu et sauvé de quelque manière l'éducatiofJl. Je le ·répète i<:i, pom· ajouter qu'à mon humble avis, il l'a sauvée deux fois. D'abord, il a maintenu le principe, l'oblig'ation, la nécessité. Instruction ne signifie pas éducation. Sans ùoute, les lettres·, l'h is toire, la <:ulture scien·

51

tif.ique, les rurts ont une \'aleur édu.cati- counacissan<:e des tègles h,rgiéniq ues, ye à la condition cependant que le des pr(Scantions, d'aillem·~> asser;; simm~itre ou les progtrumm.es ne pensent ples et de tous 'lt>s LUoyens capables pas exclusivement au eer:eau. L'édu- d'enrayer le flé~.u. cateur prêtre n'a pas négl1gé le cœut, l'our cel•a l'institutem· se procurera au contraire; il s a porté tout son ef- des affi<:hes ct des tablt>aux incliquant fort; il y a r.éu·s·si, plaçant a.insi, var sa ·les notions élémentaires lelati,·es à la péd·a gogie, 1'éducation <tu-dessus de pl'ophyla:xie de la tnbet·•culu.se, l't il aul'instruction. ra soin de bien '1~~ mettL·e en vue. Il C'est sa.n s orgueil que nous <lisons ouvrira largemell'l, rnê.m r> drans les ces choses; le chrétien reste d-oux. et jours lf's plus ftoids, les ,p ortes et les humble_ Mais nous ne pouvons les tmœ. fenêtres d!f' la. classe lJendant l'intetCar il fa.utqJU'au moment où taJJ.t d'ho~­ val,Je des leç.oos; il défendra à tous ses LUes de cœlll· combattent pour le droit élèves -dt• crache1· par tt"l'l'e, eomme cerdes pères de famill-e, la liberté des mai- tains ù'entre eux oni la. mauvajse l!atres et les écoles où l'éducation reli- bitude dt> le faire, et lenr ex11liquera gieuse est d'onnée, on Sil.Che •C'e q,ue nous le:> incon'vénients q ai }JelJ n_nt eu tésulsommes, ce que nons avons fait, ae (~ue ter· il len1· recommandera de se laver ' nous pou •ons faire encore pom• le bten les mains avant chaque 1·epas, car un trop aral1d nombre ne le font -pas toucommun. (,Education chrétienne''-) jours~ Ce lavage, ou.t•t{' qu'il est néce~­ sité pa1· la propreté, est Il!D -préserv.a.t1f les germes malsains contenus * Lutte contre la tuberculose à l'école coutre dans la poussière qui peut :>ouiller les mains_ La prophylaxi~ de la t uberaulos.e Les erayons et 11:':> pottc-pl·umes q 11~ dans les écoles primai re~ exige certa~­ servent personnellement aux élèv:es ut•s mesm·es que les maitees de l'ense:t- doivent fltJ·e r<:>nfeormés dans un plun·nement l.HjmaÜ'(:' ne doivent p-as né- J~-ie·r en deh'Ol··s des classes, ct ne doigliger de prend1·e. D'abord :le balayag~ vent, sous aucun lYrétexte, être 11ortés nt• doit pas être fait pat· les élèves, a à la. bouche. Dans toutes les classes l·au.se des pous·si~1·es d.at<gereus~s qu' les ct1fants' seront munis d'nu petit torils respirent en faisant ('e travall. Eu chon humide pour es·suye1· letll' al·doioutre H faut adopter un système de ba- Ae et il leur sera expressément déff'nlayage a rt>c le tol'Chon mvuillé, qni n e du de la laver a.v et leur salive et enproduit p-o1nt de poussièr~:. La dé~ense, core plus d'y passet· ,dh•ectement ln. Janmalheureusement, est asse~. considéra- guE'. I:ls t·ec("v'l·ont également l'o·1·d~e de ble, et ne peut s 'élever ù moins de 120 ne point tourne1· les page~ des .ln-rPs fr. }Jar au .vour le gage de la femme d e avec les doigts humectés de salH'e. :ll'l vic-e. Quant à l'éducation et à l'e~­ Il arrive parfois que lE':; élèves se seignement anlituberc:ulenx. on. do:Lt prètent leur -moruchoil·; <:'€st une comessayer d'exvlique1· clairement aux enf<lnl-s ce que c'e~:~t q oe 1<1 tuber <:ulose, plaisance dangereuse qu'il ne fant ph1s l ai~ser s>aecomplir. e<tmment elle est contagieuse, comEnfin il faut essuyer le mobilier scoment on -peut l'éviter, la c:ombattre et ))arfois la. Yain<:re. Il faut mettre en lu- lai·r e avec un torchon et non l'épOllli&t·mière Ua funeste influenN' de la maJ- ter avec un: plUJJ1eau qui ne fait qne l.H'Opreté, de la nonchalanCL' ignol'ante déplac:e,. la .poussière. Pt de la •rOIUtine sur le développement ToutPI:! ees pré-camtions peuvent yaIle la tubt>t·cul-ose; il faut répandre la r·a.Ltre puériles ,a ux es\)rits superficiels,

••••


52 qui semblent inutiles pour l.a prononciation. Mais n·e se trouver.a-t-il .p as un peu déconcerté, quand ii apprendra que ces deux morts pt'ennent l'un a, .e t l'autre c, maJgré leu!!'· grande •r:es·semblance'? causerie sur la réforme orthographique Les accents et l'UJpoMro:phe apportent aussi leur ,part de trouble rd ans Un instituteur, homme d<e savoir et l'ortbog:miPhe, par leur ·présence ou d' expérieillee, me parlait un jour rdes leur absel11ce en plusieurs mots ou par bizarreries de nos règles o•rthog·r~phi­ la substitution d 'un accent à l'autre qu.e•s et de l'em'barra.s qu'elles causent, contrairement à ce qu'exigerait l'oreilnon seu.Jement aurx élèves da.ns l'é-cO<le, le. Par exemp·l e, jusqu'à présent, on quelquefois même à des personnes ins- avajt maintenu un accent aigu ·sur Je truites. E t , en effet, ajoutait-il, ù ·q1ui premier e de <<collège », quoique la pŒ'On'est-il pas aerivé de s'arrêter, par ex., nonciation fa,sse tü'ujonrs entendre utn au moment cl'éarire <c rcrh ar'iot », en se son fort , ce qu'on appelle l'e oruv·e!l't. demandant si ce mot ne doit r1as pren- L'Académie a co·rrigé cette biza.nrerie. dre deux n·, comme les ·autres déJ'ÏY1és Comment n' a-t-elle pas décla;ré que, de <<char», tels que « chaN'ette, chrr.r- d·ans les deux noms «évènement » et rne, <:lJarroll' >>, etc.; puis· en ouvrant <<avènement J>, Fe .de la deuxième sylled ictiotnnaire il apprend' ce qu'il avait labe est une ouvert, et doit port et' dans momentanément owblié; c'est que l'iL- l'un comme dans l'aurtre l'accent grasage n'a lais·sé qu'uu ,. à <<chariot>>. ve? Ge qui est ;p lus bizar;re, •c'est que, Et si, dans une composition, un élèiVle dans plusieu·r s mots, tels que « papetevient à éerire deux 1·r dans ce mot, sP- rie, bonneterie», où Fe de la secontàe m.it-il juste de lui compter comme fau - syllabe est forcément auveTt, l'c de cette, ee que le bon sens lui avait indjqué? te syllabe reste écrit comme rm c muet Que d'anomalies JHLreilles déparent a u lieu. de po~-ter un accent grave ou notre Jang·ue, répotnrdis-je! Prell'ez le d'être suiv.i d'e rdeux t qJUi, dans l'usage, mo:t <<canton» qui a plusi e m•s dé['ivés dünnent à oet c I.e so'll ouvert, C()lmme munis de deux nn: << cantonnel' canton- Je mot <<coquetterie>>: u'y a-t-il pas là nier». Pour·quo~ n'y a-t-il qu•u~ n dans de qno·i déc 0IU rager un élève en p r ésenees .autres dérivés <<cantonal cantona - ce de ces contradictions que rien· n'aude >> '? Pom·quoj l'a:dj eetif <<imbécile:» torise? (La fin au proehoJn N"J n'a-t-il qu'un l, quand ·o;n en donne !d'eux au nom colïresip:O·ndant <<imbécillité»? Les v.erbes << so•uffler >> et <<siffler>> ont deux f. Est-il rai·~onnaible qu'ils p~r­ dent un f •q uand: ils entrent dans les Rédaction composés << 'bom·soufletr, p~rsifler n, penU:'lS PIERRES ET LE l\IORCEA U DE dant que reet autre dérivé (( insuffler)) PAIN l'Onserve les deux f. Qu'on dicte à un élève les verbes << as- ~OMMAIRE: Un saint conduit ses compagnons ùans la solitude. Il leur recomman· treindre» et << coutra ind1·e ». D'.abmd, ùe de prendre cha.cun une grosse piene il n'a pars enco1re fait conna.iss·ance pour se reposer. Tous obéissent sauf un avec eux, il ·sera tout naturellement qui ne prend qu'un caillou. Le saint chanporté à ·r eprésenter le SO!Il; <<in >> par ces ge les pierres en pain. Le paresseux n'a deux lettres sans y jo:i ndre un e 01,1. u1,1 dles sont pourtaut de la plus grande imp()Jrtance sanitaire. A. C., ancien professeur.

Cb

•••

1

rien à ma.uger. Leçon <\Ül' liii donne le saint. Conclusion. Sujet traité Un grand saint conduisit un jour ses eompagnons dn.ns une profoode solitude. Il leur recommanda de prendre chacun une grosse pierre pour reposer leur tête. Tous obéirent, ù l'exception d'un qui trouva it le f::Lix trop lourd, le déposa et ne prit qu'un petit caillou . .\.ussi tanrlis que les m:tres marchaient a1vec peine, il marchait allègrement et s'estimait heureux d'avoir laissé la grosse pierre (]ll'ou avait commandé de prendre. Quand vint le moment üu repa~. le saint, apr ès avoir adressé à Dieu une fervente prière, changea les pienes en p11rin. Or, celui qui n'avait pris qu' un caillou n' eut qu'une bouchée de pain. '' Que mang-erai-je donc, mon père, demanda- t-H au saint? - Eh! mon frère, répondit celui -ci, vous marchiez légèremeut et .sans peine tandis que les .a.utrcf.l ployaient sou, lfur pesant fardeau; n'est-il pas juste qu'ils ,üent maintenant de la nourriture pour rép:ll·er leurs forces épnisées, tandis qne yous u'avez rien A manger. >l Vous ressemblez â ces solitai res, jeunes écoliers ; ceux d'entre vous qui prenn.ent maintenant beaucoup de peine, récolteront plus tard les doux fruits de la science. Ceux, nn c:ontraire, qui passent tout leur temps à s'amuser, se préparent d'amers et inutiles l'Cg'l'etR.

•·

1

·------------Partie pratiqne

fi0~1l\IAIREJ:

Une dt> vos amies vient de perdre son petit frère. Dan s une lettre vous lui dites que vous prenez une la.rge part à. sa peine. Vous souffrez de ne pouvoir l'adoucir. u~ cher petit ange qui vient de mourir ne scHJffre plus nans le beau paraclis. Vous voudriez être près cl'elle pour lui prouve1· votre affection . Vous lui d itPs ete vous écrire. Sn jet traA.tii

::via chère Marie, 1l a clone désertü, ce cher petit ange que !e bon Dieu vous avait prêté! La séparation a êté pénible, chère all:uie; oui, certes, je derlne ta. peine plus grancl e qu<.> t u ne saurais

me la peindre. N'eu aJ-J e pa.s éPl'Onvê ul:ie semblable lorsque notre regrett~e Noémie s'est envolée elle aussi dans le beau Paradis

Je pa.rt.alge largement ta doulem· et celle de

ta bonne maman; je souffre de ne pouvoir l'ad(Htclr. Oh ! mais lui, le charmant Bêbê, il ne souffre plus et il ne vot:drait sûr ement pas revenir sur la terre. Toi-même, chère Marie, tu ne voud1·ais pas le r.a·vir a.ux embras.s ements du bon J~sn.s . Oh! non, tu l'ni· mes h·opl Aussi clis-tu, en pl(~ura.nt sans donte, m ais bien sincèrement: cc Mon Dieu, que votre volonté soit faite. )) Combien j e voudrais être en ce m om ent près de toi pour te témoigner mon aff ection! .l'éprouvet·.a\is tant de bonhelll' à t'entendre parler du cher petit .Maurice. Mais je snls loin. Ecris-m oi donc, amie chérie, et parlemoi de tout ce que tu nimes; tout ce qui t e touche me to11che. 1\dieu, chère petite :.Jmie, re<;ois ~es plus tendres baisers. .\DELINE.

..

"

i.\Ll. DESOl:IEJISSANCE

SOl\IMAIRE: Petit Jean a désobéi. - Il a t ouché a ux allumettes. - Il en a. fait partir et s 'est bn"'lé les mains. - Sa m.nnnan le pnn.it - Réflexions de Jean. Stfjet tmit6

Maman m 'avait défendu de toucher aux a llumettes, et je .savais qu'un petit garçon doit €t1·e obéissant. - Cependant, lorsque j 'ai été seul clans la cuisine, j'ai ouver t la. ùoîte d.a.ns laquelle éta.ient les allumettes. Je n'eu faisais partir qu'une seule, mam a.n ne le saurait pas? .Je frotte, f rott e, elle ne s'allume pas, alors j'en réunis t rois ou quatre, et j e frotte si fort que cette. fo·i s, eu un moment, un.e grande flamme s'élance; j'ai si peur q ue je tourne maladroitement les allumettes cont.re la boîte qui prend feu. J e yeux éteindre, pas moyen, je me brûle les malus et maman entre au momen t oü les allumettes achèvent de s'éteindre par terre. Maman n'a rien elit, maJs elle m 'a emmené dans une petite ch ambre, m'a placé devant ma table en me clJsant d'écr ir e cent rois : Je snis un r>et it dfsobtllssnut.


- Qui sait. pen&üt-elle, les mêrlecim; pensnc<:~s faisH.ièul. la joie de ses maîtres et 1 vent se t romper. l'admirati.on de ses camarades. .Mais hélas! l'i mplacable maladi e le reprit, 'l'o·urmentê déjà par la soif du mieux, il lui arrivait souvent de recommencer le mêtordant ses pauvres membres, conv ulsant me t.I·.a!Vail plusieur s fois. Ses exercices de son doux visage et il s'en alla, sans une plaincomposition surtout, remaniés, élagués, mis te, sans une larme, gardant à tra.vers ses et remis au net , témoignaient du besoin de sonffl·ances, son espoir et l'OU ambition: - Qu;ailld j e serai grand . . . balbutia-t-il en perfection qui était eu lui. Il y mettait de la posant sa tête sur l'oreiller pour mOLlrU· .. . passion, c'était sa gloire aussi ! Son imagiuatiou savait colorer le su jet le • plus baual,. eu tirer tm parti inatteudu et LE PR IX D'Ui\'E APOSTROPHE. - On franchir d'un coup d'aile les Hmites étroitea n~ saurait trop r ecommander a u~ enfants, du .sommaire i\ développer. pour qu'Us prennent l'habitude, d'être soi D'une vo·ix cla.il'e et nette. 11a.ns nu silen- gneu x, même scrupuleux dans tout ce qu'ils ce f latteur, ii lisait son travail si laborieuseécrivent. Une négligence, bien petite soitment ciselé. Son fro n t rayonnait, sa taille elle, peut il. l'occasion jouer cle bien vilains semblait t·edressée et gr.alllClie comme si quel- toms. Le fait suivant en f'St la pr euve: que instinct l'eut averti, lui le pauvre peLe juge de X e ut un .iou L' à homologuer 1m t it bossu, q u'il é tait supérieu r il tous ces en- testament qui coutenadt, ou à. peu près, enott'e fants robu s tes et bien port:1nt s, dont il sa- autres clauses, la déclaration suivante: vait forcer l'attention. << .Je lègue à mon neveu A. un champ, sis ... ; Ces jours-là, il rentrait triomphu.lemeJJt à à mon neveu B. tm pré ·s is ... ; en outre à la maison. cha.cun d'eux (c:'est nous qui soulignons) mille -· Bon.ne, très bonne ma composition, <li· francs. '' - r,a question s.e posa de savoir si hltJt-il :l sa mère en l'embms,sant. le testateur avarit voulu léguer 2000 f r. à chaP uis il pl'enait ses lhTes, ses amis tle tons cun de ses 2 n e veux, ou si le legs n'était que les jours, .se couchait sur le tapis t>tcomrnen- de mille fr.; u ne malheureuse apos t rophE> <;ait une lecture à haute voix. cachait évidemmen t la difficulté. De temp.s il autre, il s'interrompait pour Les légatairés eurent beau alléguer le fait clemauder des explicati on ~ ou manifestN' son que le testam ent contenait des faiU tes d'or •tdmiration: t' t hogmphe et que le m ot « deux '' n'était pas - C'est bea1u, disait-il, les yeux pleins de non plus écrit correctement, le juge ne t roularmes. :Yioi -aussi. quand je serai .~tand. j'é- va pas la raison suf fi sante, et faute d's.ucrira j d es li v.res! tres p reuves les neveu x durent se contenter Sa mèr e h och ait la tête. cle mille francs. -- 'L'u ne crots pas? demandait-il en s'ani?I'Iaudite apost rophe ! elle ét arit \'l'aiment un mant. Et bien! .ie vais te dire une hist oh·e, pen chère ! nne histoire de moi -même, tu salis! Ellf' le prenait alo·r s s ur ses genoux et, (l'une voix monotone et basse, lentement, <:omme s'il eüt .répété des mots soufflés à son o:o Cel ui qni croit pouvoir tr ouver en S()ioreille, il lui faisait quelq ne merveillt>ux t>t mème de quoi se p asse r- de tout le monde, s• na ïf récit. E lle serrait contre elle ~on fragile trésor, trompe f ort; mais celui qui croit qu'on n!' peut se passer de lui, se trompe encore d3fi ilre et craintive tout à la fois. La ROCHE FAUCAUJ,D. - 'l'n vois ! disait-il, c'est 'be:1.u. .n'eRt-ce V!tntage. pas? Et quand j e serai gr:a[ld . .. * Faites toutes choses comme si vous voIl retournait à ses livr es et, malgré la l' criyiez réellement Notre Seigneur p ré~ ent deson, malgr é !'éYidence, sa mèr e bâtiSsait de vant vous ; l'âme a cquiert aiiBi d e g n:uuls c·him{>riques et brilhmts projets d'avf n ir . trésors de mérites. Ste THEHEFlE.

Pensées

fa it bénéficit:> 1· d'une t·Plllisc du 20 %, il , :,;ent possible de le·s obtpn.i r du D épôt à JI ne te s tP p lu::> au dé<jJùt des l i n !:'s raison d e 1 fr. :w, ,-a,lenr q u'on p,eu t l ui ,re,>eo-le q11'nu n ombre .H"strc in t <l'ex. du ;uh·«>sse t eu timbres-pos te et en retour 1-rtit li·nc r< .\ ritllmétiqu e des f•o.m mr n- d e laqnellt• il ex;p é'Client aussitôt I' Opti-

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Bdi.gion

F t·. - .40 Catéch isme d u divcè tlP 0:70 B i ble .ill us t•r ée B om·!Jll<trd H istoire saint e ~" 1 (S. :\[) 0.35 0.50 Histoire sainte 1\ 0 2 (:::'. :\l. )

Cahiet·s sous main. Il es t nl,pp e l é que ,Je D épùt d rt ma tériel s·colaire, à Si.on·, po~sède ees cahiers, des plus a vant a gcu::;ement co~­ uu s . On peut se le s p r ocmel' an ']H.JX de 1 f r . la douza.ine. Les paquets conditionnP.s en reufermen t le nx douzaines . On lf's obt'iPn1 pom· 2 f r. p·J r t com p ris. -

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1 <le l' ~'ctJie JI'I"Îtnai.J•e

CP ~·' étn111' é]mis{'< Pt de n omb1 emws llPm a n ù Ps d 'ai.Joune ment attPnd nn t d'êtl'e Sl"l'Yies, let; p e n ;onneg qn i l'on t l'P•·u t:>t ont N•fnsé l·es s n inm ts ~ ont Jrl·i('es •de l e l'<.'l1Yü,Yel' a u blll'C<lll CXlJPtl itf'Lll', la possessio·n d' une geu le livnti:-;ou n e p Hn a ut I E'Ll'l' êt l'(~ ü'a nn m e utilitl~ a lon; qn'ell ~> p eut Ht·e nécessa ite l'utn· fm·m e1· nu e t:o llef'tio·n \'Olil]ll~te.

Reliure de l' I!JctJie pl'illtail'e Xon s aYOn s le pl aisir cl\ tnnon(·er a ux lt>ct e m ·N dt> l ,,E<:Ol P p titnail'e'' qu'il s

l·l·n n·n 1 tî l ' ]Jl'O'ttuc r a n ,d'épôt des li n l?s d ' \~Co l p des !< Opt imns l> ll:'lll' ver lltPttan t d t> eolleeti on n et ü e ux anuéf's ile N'tt!:' p ublicati on. Ces \( o~ptilllU S )) •·<~ Îli. P nt 1.50 ch ez l'éclitem. 3Llis 1':1tilai

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GrrfliD!lmüre dn \'al a is Ga·ammaite Lal'iYc (pré.p .) GJ·nlllruaü·f' Lm·il 'l! (Fe anué e) Û't'HJnmttin' Ln:rive (J me année) l\:Îfitho·ùf' aualytiq ne de style pal' Je F. P .. di,-itléP l"U 3 vol. comme suit: .\nnée pL'élJH•t a l. oirc, Fe a nn ée, 2me a·11née( c lm q ue · vol. sépmé'Jueut) NourYPn u dil:limm;üre Laroutlse Didiom wil·c comp-let Lar ousst:

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nw 1· i, il t·<~:-;nltt- t1uc lt'i:l ùeux pro~fe~-;. ~ions lt>s pln:s fa.Yotü;(oe~:~ sont la gal'lh·maladP et ht lypo-d:tcl.rlognqJhe. Eusuit<• \'iemwu 1 1les fr mmes adonnée~:~ à Ùes lJl'Oft'H~Ïül l~ lll<lntlt'llt>H: emvloyo,·l! tl€' magn~i.ns. onn·i i>J·PR, domes1it1U t'!ôl qui Yienueul sm· la liste. Quanl aux peiutl'es. mnsidcllnP-;, institn1t·ic·es, fem'lnes lie lettrPs l't jo·nl'ua lis tf'~:~. Piles ont les plns gt·nurh>l! . (( cltnu rl•f; >> de llemeul·ct· ~·élibntnil'l"'S. Qn't•ll e:-; :se Jp clisPnt! 1

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* 100.000 habila.uts. - S<1il·on <·oJubiPn lp;; t·inq llal'l it'l:: elu monde ]'(.'Il fet·mf>nl Ùt' \'illt>f-1 n.yant plu~:~ d<' 100,000 hnbitauh'! F.:xactenwut H~6. w.us appr<>nd Hnt' ~tatistiquP. Da.n:s 1·e ti e loug-ue lisle <le~ g1·au<le~ <·ité:< du monde se tl-oun• au ptenlil'l J'ang Londt•es a1ec ±,!i86,000 habitautt-:;

;!me aunéP ::.'llllthodc de :-;tyle L~'. P .. lilï'e pO'U•r dt<ll] Ut' COUl'!:i :!.70 ~olutions t·nüwnnér:s <.1l' i tltlllétique 1.~5 -\ lJ!Peillli ct• nu mêmp oun·ag-e }YUUJ' (;011'1'}; lllOJ't'll et !:!Upét·Ïf>Ur tl.:lO ( : U ,l«liU (FI' <lil.LilP€' l

:!.20

.\..rithméliqut• des (>(·oies pt<illlai1·e:s (coll~ ·:-. (~ l(>meut-ilire et prépru·atoü·e) (sous pn·sse) Lt> jeuuc citoyen 1.-Ht•tn'f'il llP lE> 1tJ:es. pa L' Hocbud 0.60 ( 'o·rurs ù 'étutlPI'. par Ra pet (l11'.) 3.:i0 <.'on-rs de dici•Pes, pn:t· Heinrkh 2.:30 Lec;ou s de t•ho,:se~. pat· ~onnner O.RO l•'ul ure )f~nagèt·e (ca1·t.) 1.1)0 Tablenux ù' houneur (le cent) 1.'l'émoignagt>s dl" ~atisf. 1le reut) o.:::;g .lfobilier scola ire

HéJ·je dt• tal>leanx e;otresponda:ut i1 la rné1 hoüe Ile lectUJ·e n.C'aa·te mWl·ale de la Suisse ( 'all'i:e mlJil'<1l<• ù'Eurapc n.Carte mural c ::\Iappemonùe 18.'l'n.bleau dn ~:~ysièmc mé11:ique 9.'l'ablenu tl<'~> oiHenux ü. ,.. ntil c:-;

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Vadétés * S'l'ATŒ'I'l QGE COK,TUG-~l.I.E. D'une enquête faite pnr une l'enle aillé· ric-aine vout· saYoir q-uelle p1·ofession f:H·ilite ù IIDP ft•mme la l'eclteJ·r·lJe d'nu

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le i.ro-i;;iènw J·nng ""~''' ;lpt?>s 1\ew-Yod:.. qni eom pte

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Bibliographie LE~

.\ YK~"Tl l RE~ HE PINOC< 'Ir! O. p;,u· <'. <'ollotli. HY<:'C 84- illm::t,l'.J· lioH~:~. 'l'n1clit.l.Ït <le l'ita.lien. E·ùitr nt· 1 L . •\... \" oumanl, iwp1·imrut· ù Tnt· mPlm1 l-Tn rn-Rel'n.L - Pl'ix.:! fl'. ;j(l_ ('.fotte IJi~loiL·e pouJ· enfants :-;'ps i ,j,;. j;). YPlldllf' ;'] Ùl'll•X ('t'Ut mmJe t'Xt'lllplai1 l'eS t·tl ll<tli(•. Elh· ''t fail'e la joi<· <l<'M f'nfanis et dt-!4 parPnls de langue fl',JII· <;aise Hlll'èl-1 n ,·olJ· <~tt' tm !luite eu <tn 1 ~laiR, eu allt•m;,tnd et Pu espagnol. Char mant lh·t·f' (l'(otrenn ps •lJom· bambin!! tlt> 8 ii H nus fit pou1· g1·;mdes pet•sonnt·f! a.nmt at1 einl 1'âgt> où l'on goflte l'hu lUOUr !)0111' 1']l111110Ul'. ~

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~upplémenf à

f &cole du 16 Janl1ier 1903

Causerie scientifique (fin). - Conseils pour bien profiter de la lecture. Nos arbres. - La jeune Sibérienne

C'est la rouille paJ·asite s'a.tt.a.cha.nt à l'acif'r qu'elfl.e ronge par une t rans· formation intime appelée acti'On «chi· mjqJU.e ». , (suite). O'~t enfin un fluide mvstérieux fai••••• sant ·l'ibrer la parolle bu{·naine à tous 1 les co-ins du monde, mettant en relnr t ion les bommes de tous les pays, énet:L es trans, ormations de l'énergie gi·e merveilleuse dont les innombrables (Fin.) effets sont 'Prodigieux, et que tout le Tout dans le monde est dans tm per- monde ronnalt sous le nom cl' << ~lectt·i­ pétnel travail. Oenesontpasseulement cité». les êtres organisés qui agissent; nous 1 1Ion.vement, chaleur, lumière, transyoyons ln. matière elle-même animée de formations intimes <les corps, électrimouvemeuts dâvers, de puissancrs pa.r- cité, t~s .sont le-s principau-x mod.es ticulièl'es, opérer des œuiTeR surpre- J œaction de la matière. nantes surtout lorsque la Œ.a~n inteJli. Mais ces .f'nergies ne sout pas absogente de l'homme la dïr~e. Jument d·i stinctes. Elles nnt entre elLa cascad-e tu-ma.Itueune i oml>ant les d es relations tL-ès étroites. Sans a,·ec frncas dans le fond de l'a.bime, IJ,a cesse nous les voyous se üansforme-r, goutte d'Pnu minant peu .l v.eu lt! mar- se }>l'odn.ire mutuellemeut. <l<> fa~on bre le plus -dur, les globes embrasés du qu'Piles semble11t n'être quf' les déveriel se précipitant dans ces oourses fr~- loppements d'une même 1:nissance. IJl nétiques auxquelles nous fait a<lsister j est intérE>ssant ·d e pénétrel' tons ces la science, tout cela n 'est-ce pas la ma- ~ rapports int imes et de consta.t et· l'unitière en action? Ses tra.ntax :ue sont té merveilleuse q.n'ils font C>rla.t<.>•· clans pas toujom·s visibles. mais il n'<>n est l'ensemble des f-orces physiques. pas moins ITai qn'ellle agit !'lam; relâ- 1 Considérons un boulet de canon venrult frapper une plaque de blindage. Il l'be. Cette facuJté de travail rle la matiè- s'arrête brusquement; il üusse tout au t·e, sous quelque -mod-e qu'tm la 1·etrou- plns l'obstndl€, mais il devient brillant . re. a. été désignée par le nom « à'éne.r- Jje mouvement qui le proj·::!tait a u lOO.n gie, >> par ce nom quj au St ns moral si- est bien une force réelle, utt P ~11ergir gnifie la puissance d'actio<t de l'hom- qui lui t>st propre. Mais dès l'instant me. où elle ne peut plus s'excrcet·, ne po.nLa matière est donc pleine -d'ér.ergie. vant Nre pas, cl'ailleUl·s, anéantie, elle Cette énergie se manifef{te Mus une estobligéedesetraduire sous une autre multitude de formes. f()'rmc, ct ectte forme c'est la chalem·. lei c'est la meule d'un ~noulin tour- Voilà pom·qu<>i tout frottement eRt Ruinant avec rapidité sur le ~rain qu'ellie Yi d'un dégagement de chaleur. broye; énergie c< mécanique>>. Dès les époques primitiv,·s ()n tt·ouva L:1 c'est le foyer brülant rougissa-n t là un moyen facile de se urocŒret· du noR fltres de ce pouvoir <t ~:al orique >> feu , et encore en notre vingtième -s ièdont la vertu est si fécon""e. · ·1·1sa t'wn et s i tl cl e, s1· avanc é d a.n s 1a C'JV,t Ailleurs la flannme pure qui nous wp- riehe en découvertes scientifiques, on porte au milieu• des tP.nèhres ln bie-n- ne se Rf'rt guère que de la transformafaisante " lumière l>. 1 tion du mouvemeut pour obteniJ· la cha-

Causerie scientifique


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lem et le feu; nos youdrt'S et nos dynamites foudroyantes el:lt>s-mêmes _;e H'enflamme-nt q,u e par le choc. Si les énergies mécaniq,tes e1 caloriques manifestent des !'app()rts si étroits, il semble tout n aturel qu'il d oi>e exister entre ell es une corrélation parfaite, qu'à une tel~e quantité ·de trJvail doit correspondre nne qua.n1 ité tiéterminée et toudours constante {l't> ohaleur. C'e·st là ce que le·s exp?rienees scientifiques ont établi avPc~ nne précision mer>eilleuse. II semble naturel aussi qu'à son touT la chaleur puisse donn~L' le mou remeut. Mais pl'écisémeut nous lP constatons encore de tous cOté-s. Considérons ces prodigieux chariots que !l'industrie humaine a. J ane~ :\ travers les espaces, entraîna nt des poids incompréhensibles, ces immenses usines où les ~éments sont modelés, trit~rés de toutes l es façons. D'cù prov~ennent toutes ees forces mécanique~:~ smon de ces foyers emb1•asés qui en sont co·mme le centre? : ei cependant la transformation de la chaleur eu m él uvement n'est pas aussi directe; elle se fait par I'jntermé<diaire d'antres co·rps. La chaleur, en effet, a our lla matière une puis·sance très considérable. Les éléments ne s c·nt pas absolument fixes dnns l'état où nonJS les voyons. Les liquides, sous l'influencè de la chalem', se d'i latent tout cl'abotld. Puis au moment où la. tempéi'ature devient trop considéra•ble, le urs m.cj)écules se disjoignent encore davaur.a.ge, deviennent plus ténues, plus lé-gères, se séparent totalement, et semblent mème se 1·evêtir d'une force qui les repousse les m~es loin des autres, qui tend à leur fa1re occuper le plus grand volume P.ossiblle et ll'n.r fait exerc<>r une ,p resSlon ~mr ton;s les obstaclt~s. Si l'on ICOtiltinut> à les chamffPr. leur volume devient t 1·ès co~nsidérnb l e et pour lç>s retenir il fant des P.nve!Oippes dt> plus en plus ·r ésistantes. C'PElt prériAémPnt <'ette fMce til~sti-

que des \'apem't> que l'on utilisE' pour produire •l'énergie mécamque. En faisant arriver successivernPnt snr lei!! deux faces d'un piston une yapeur fortement chauffée et comprimée, on imprime à ce piston un mon'\"ement; et par les modjfications diverses de ~,;e mouvement on parvient aux innombrables travaux que le génie dP l'homme multiplie tous les jours. La chaleull' a donc sur Je co•rfJS une a·ction puissante qu~ se traduit 'fl<ar des changements d'état, et lni. permPt de se transformer en mou·vement. Ce ne sont pas encore •l à tous ses pouvoirs sur la matière. Elle va jusqu'à présider à ses modification!~ intimes, à régir en quellqne façon les diverses actions chimiques dont elle est l'objet. Si nous chauffons fortement d'a ns un Cl'eUset quelq nes fl•agments dE' marbre, au bout de ·q•uelques instants, ntJUs les voyons tout transformés. Il a. suffi de leur faire a.b sorber de la c·haleU'l' ponr séparer les éléments qui les C'ompo. saient, pour d étruire la force de liaison, l'énergie <l'affinité lJ ai lPN tenait unis. Dans ·d 'autres circo'llstances au contraire, deux .corps se co•n tbinent SO'Jfl l'action de la chaleur. [l n'est mêmë pas un seul phénomène chimique où l'énergie ca.lcrique n'ait qu r lque rôle à jouer. Les compoRitioos rt les déc-ompositions se font toujours tlVE>C absorption ou déga.g ement d'E> chaleur. Elevons tant s:oit pen par nn ciJoû la tempéra.t ure d'un petit tas de poudre. d'une gO"utte ·ilE' nitroglycP.rine, immédiatement une Yi>E' déflagration se produit, nne Yiolente clétonn.t ion échtr. Une qu.antité né~lig-ea ble de cb:1leur a déteTlniné la décomnosition de re11 matières explo.sive!S, Pt n mis PU jen des forees foudroyantel'l pou~,Tant tont brisee et porter nu loi11 la deRtrnc1 ion et la moort. Bon nombn' des p·lus bellt>s décon· Yertes de la Chimit> mod~emP sont dues :1 ln fa.eilit<' nnc laquelle pli<• ~~Pter-

roine les réadions chimiques, témO'in · lors ll'élecnicité devient énergie lumila dO"rure, l'argenture, la galvanoplas- neuse. Le -charbon volatilisé de l'arc voltaïque jette des éclats d'une lumiètie en général. L'industrie a trouvé là un moyen de re très mve. On .utilise oe phéinomène dans les dé<'omposer des éléments qui jusqu'ici avai·e nt paru inséparab les, de rom- lampes élPctriqnes qui offrent bie'Th pre des affinités qui avaient résisté à pins d'a.vantages que les flammes gala violenœ des plus vuissants creu- :;o;euses auxqnetl.les on lE'R Rubstitu•e tous sets. Aussi art-elle pu déliv'l'eJ' d~ tout les joUJrs. M·a.is ce n'est pa~s t()u.jours u•ne lunJ_Iiage des métaux qui offrent une très précieuse :ressource pour l'utilité prati- mière brillante •<l!U'<>Ill' nous donne. qne. Les €1léments qui s,e romposen1· o·u Dans f'es 'd ernières ramées, on lui ·a fait se .d'éco1Diposent S()U•s l'action d'un ~ou­ pradnire d.es rayon A d'un p()u r·oit· vrairaut électrique, peuvent eDFnlite don- ment men·eilleux, ùes rayons qui ont permis, da1n s une certaine mesure, de n!'r naissance à •u n autre ~oura.nt en voir et de photograph ie!' l'invisible. rrvenant à. leur état premier. On peut ainsi, grflce à cette trans- Pour e ux, en effet, lE' bois, le diamant, formation , emmagasiner et conserver les cllairs et la plt1part des cor,ps opasous forme d'énergie chimique de gran- ques aex radiations lumineuses ordides quantités d'énergiE' ~lPotrique. naires, sont devenus: transparents. (''est là tout le principE> des ruccumula- Malgré les a ,·antages précieux qu'ilR tcors aujo•m·d~hui d' un e mploi si fré- nous ont déjà fournis, nous ne soupçonnons pput-êh•e pas non plus to.u.tes IJOent. Plus faciles ~t constater et à admirer les df'convertes qne l'a.veniJ· nous rP1 ~ont les effE>t!S que nous fo.11rnit l'~IN'· sene dans les études od<•s tra.ns(OI'm.atricité par ses tranRfor.mati o·n s Pn cha- tions de l'éneq~ie élecüique. !fluJ' Pt en •l,untièl'e. Il y aurait PDICûre :\ mentioDJJPI' h·R C'est ·elle CJ·Ui ::t. produit les plus llao:- acNon:s chim iqnes de ln lumière, gui ff'S tempé1·atures q·n' on ait obtenu·e s et sont tout le ·princip.e d l' la photo,graIJUi a permis dP fondlre et de volatili- phie Pt pr.ésid.ent :'t la nLt·t r·itio•n ùes ser les cocps les 1-JIUR ·r éfractaires dans plantes danslafonction chlorophyllienr!'s fours électriques où nn savant ne. Ma.i s nous nvons pu suffisrtmment: français, M. Moissan, croit même avoir constater qne les di·rcrses ~nel'gies doe prodn·i t dP.S d~amants. la matière ont entre <>lll'es cles rappor ts TI est à remaœquer q.ue la eonversion étroits et penvent se tl'ansfot•mer. s'end'électricité et de forœ mécanique en gendre-L' mutuellement. thaùenr présente des analogies. Un C'est là t out ce que l'apparenct> des rorps en mouvement bt•nsqnement ar- phénomènes nous ens(>i~ne. C'Ppend:mt ~té on gêné ·dans sa course par le frO't:si l'ou Yent pémétJ·eJ· ln nature intime lement d'autres corps s'écbaufft>. De de ces L't>lations. no<· qnestiOJI se p.os<'. m~me un cou.rant qui oppose à son pasY a-t-il dans les effet s physiques de lllgl' une grande r(Ssistan.ce, dégage de vé'rita blPs trans for UJa.t ions, ou d-e simla <'~ll.lenr. Cette cbn leuT va jusqu'à ples transmissions d'é-nergies? Si l'on volahhser le char-bon dans U?arc voltaï- a:d.opte la tbéoriP méeani•q:ne de ~J:a chaQ,nP. L'·é nergie électri·q ue ne pou•,·ant le ur, si l'on .ra.ttache l t'S pbt'uomèneR •exercer. ne peut s'anéantir· eJl(> se caloriques H- d.eR mo•nvenwnts molée,utraduit simplement Rous une ~{u1Te for- laires, la conversion cb1 tl'a.v ail <m chu~. . leur apparaît comme nn p tl'ansmissil)n TT . . . n corps ~ha·u~ffé pa.r nn c-ourant at- iœ monrvement. 1~'1n1 hien10t l'incnnùe-scencf' et dès On ;-Hlmet que les pa 1·tieu l e~ d'un '


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t·orps n e sont j<tmais eu •·epoo, mais qu'elles exécutent des exc ursions très rapides autour de leur position d'équilibre. L'amplitude de ces excursions croît avec le degré d'échauffement ou avec la température du corps. Ces mouvements nous échappent à .cause de leur extrême petitesse, majs, en venant se communiquer aux term.inaiso·ns nerveuses de la peau ou à un thermomètre, ils produisent une sensation de chaleur ou u111e élévation de température. On conçoit dès lo•r s •Comment un travail mécanique est converti en chaleur. Supposons un forgeron la;issnnt tomber son marteau sm· une enclume, le mouvement du m a rte.a n est brusquement interrompu, mais sa force vive n'est pas anéantie, elle se distl'ibue aux parti0wloes du fer forgé et de l'enclume dont elle accroît les excurs ions et élève la tempérnture. De m ême, dans le choo d'un projectile comtre un obstacle, un mourve.ment d'elllsemble fait encore place à un mouvement moléculaire. Cette théorie pourL·ait également s'étendTe aux autres éne1·gies et J·es expliquer pardesmonvemeuts présr ntant sans donte des différences, mais conseJ.·vant t oujom·s le c-aractè·re mécanique. Objectivement la. lumière est considérée comme produite -par les vibrations de l'éther, et les ondes électriques, qui offrent tous les caractères des ondes lumineuses. nous f ont entrevoir l'électricité comme d ue elle a ussi à un ébranlement de ce fluide mystérieux. De talles hypothèses, il est vroi. ne -peuvent que difficilem~t trouver à leur appui des 'Preuve~ péremptoires; mais les faits et les découvertes de la. science viennent tous les jours les confirmer de plus en plus. Si nous ne pouvons encore considérer tous les pouvoirs de la matière comme identiques., du moins devons-nous ad· mirer entre eux Ullle pnrfa.i te un.ité et un jour peut-être, p-énétrant plus avant dans les secrets de ln untnre, nous .se-

ra·t-il ·permis d'udm irc>r de plus près encore l'harmonie merveilleuse dans laquelle le Sourernin M'llitre a créé le monde.

•• Conseils pour bien profiter de la lecture Pour Urire avec fruit, il fa.ut tout d'abo1r-d lire .avec attention. C'est l'attention qui n ouos fait pen. ser, q•ui fait travailler notre esprit, qui nous fait à~oouvrir les beautés ou les défauts d'uu livre. A quoi servirait de lire de belles pensées si on ne 1les fixr dans l'lon esprit pa~ l'attention. C'est nne bonne <:bmw de lire avec une autre personne, car de cette façon on réfléchit plus .particulièrement sur ce qu'on lit, et -des réflexions que l'<m fait de p.ar t et od'au•t re il se fo1·me une conversation ag~éable et utile tout à la fois. On ·• ·etire les mOrues avantage s en causant d e ce qu'on vient de lire, non pour faire pa,rade de sa ·science et •par pédanterie, m ais po•n1r la. communiquer ~ ql1ell'qne membr e de la, famill e, à ·des amis qui n'ont pas le temps de lire, ou po-ur ém~ttl'e ses doutes. C'est du cboc des idées que jaillit la lumière; on peut ainsi rectifier une impression fausse, comprendre mieux soi-même ou faire comprendre certains passages qui paraissent peu clairs. Quel que 'soit le genre de liv11·e que vous lisez, rappelez-vous que tout écri· vain est suj et à l'erreur, et ne cToyez pas aveuglement tout ce que vous lisez avec ce qu'un autre auteur a. dit ou ce que vous avez pu apprendre :\ ce sujet-là; gu.i dez-vous surtout s ur un. raison, et sur Je ju-gement de 'J)CJ.\Sonnell compétentes que vous consulterez. Ayez l'ha bitude -de pr· C~n.dre des notes sur vos lcctut•es; ponL' cela, ayez un petit ca met sun· lequoef \'OIIS inscri l'f>l

)es remar ques que la lecture vous a suggérées, les points saillants. un passage qui vous aura frappée, etc.•\.. défaut de carnet, on peut écrire ses remarques au ·ürayon, en marge sm· le U•i,-re même, ou bien souUgner le passage, afin de se le .r appeler en temps opportun. Il est des li rres spécialement fa.its pou.r rend•r e la lecture rp:r·ofitab le, IUO• tamment un Dictionnaire bi·e n ·COIIllplet, un Dictiounaire biographique, his· torique, géograpbiq·ue, un Atlas, qu'il est born de consulter 1lo:rsqu'on se t·rou· re emball"rassé da1ns ses lectures; sans de tels guides; votre marche serait souvent entravée. On a bonne opinion d 'une jeune personne q 1ue l'on voit interrompre sa. lecture pom· ch erch er dans son dictionnaire un nom qu'elle r en contre pour la première fois, ou s uivre sur la carte l'itinéraire d'u11 voyageur. On est -sûr qu'elle lit non pour passer le temps, mais pour OJ.'Der et cultiver son inte!l'ligen ce. Enfin, si voua n'avez pas beauüoup Ile temps à donner à la lecture, lisez peu à la. foi·s, JUiais lis.ez bien, avec attention, et en tenant compte des quelques conse.ils q uJ ·viennent de vous être donnés.

-----------·-.---------Nos arbres

L'hi ver a dépo uillé nos arbres d e leur verte frondaison. Semblables à des squelettes, ils d ressent vers le ciel leurs ramures désolées, desquelles ont disparu les hôtes ailés qui y chantaient pendant la belle saison. Après nous a voir abrités pendant l'été, après s'être dépouillés pour nous de leurs fruits savoure ux, U·e s arbres ont commencé à ·prendrre leur repos d'hi·\'e'l", et dans 2 ou 3 mois, l•o.rsque nous verrons poiru:k ·e des bout ons s ur leurs branches, le •doux prtn.ten1.ps n e sell''a pas loin d'·appa.raître. Qui comptera les bienfaits de l'arbre, ce sniJ>erbe omement d e la nature?

Ron ombl'e cu été, ~;on boill eu hiYer; ses feuilles qui aspirent l'acide cru·bonique et 1·endent notre air sa.in et fortifiant, ses fleurs qui embaument, ses fruits qu.i nourrissent; parfois 1800 écorce, utile à notre industrie; même ses racines et tout son ensemble, sorte d'épO'llge qui retient rres eaux d'e pluie et les laisse filtre!." goutte à goute, pures et limpides. Ainsi c.ontre l a sécheresse, coiD.tr e la odéso·latioo et les tor.r ent s dévastateu1r s il n'y a qu'un préservatif ou un remède: les forêts . Des forêts d la ns les montagnes, odes vergers dans les plaines, c'est la richesse et U'abonodance. Comment donc CŒllprellld.re que dans certains pays, l'on détruise les arbre.':! et l'on s'en prive volontairement, prépa;rant a.insi la sécheresse et les inondatioms? On lit que dans une grand'e étend'lle de l'Espagne, il n'y a plus d"arbres; on les a coupés ou Hi'rachés, jamais replantés. Quelle tristesse! •c'est un signe de dlécadence entre milrre au· tres! La loi de Mo'ise, rw co·n trair·e , pres· c:rh "ai t d'épargne1· les a.rbres, et n0111s liS()ms dans le Den tét~·nome, 'Cill. XX,19: « Quand tu t iend1ra.s ume vm e assié· gée plusieurs jours en la battant pour la premlre, tu ne gâteras point ·s•es arbres à co11p de cognée; parce que tu en pourras manger; c'est pourquoi tu ne 1es couperas point; car l'arbre des chamjps est-il un homme j){>'ur venir contre toi dans le siège?» Il y a une trentaine d'années, U'Eta.t de ~ébraska, dans le Nord des EtatsUnis, était célèbre par son sol :tride et son aspect désolé; son vaste territoire n 'était qu'une lande dépouillée où nul obstacle n'al'T'êtalt l'effort des Tents impétueux. E n 1872, le gouve:rneu•r Motrton résol ut de reboise·r le pays et d'·entoureT les viJJ·J ages e t les ferme s d'une cei·n ture d'arbres protecteu.r s. II institua p'Oiur y arriver une « fête dies a rbres »; 1c e jour-là fut déclaré de chômage ; le A -a ut m-i tés communal-es allè-


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rent en g.r·ande cé1rémonie pla.u tet des arrbres sur les routes, les élèves des écoles en firent ll!utant dans les jardin·s scola.ires et SUl' aes p:romen:tdles publiques. La veille, des conférences leu.r avaje:nt été faites sur l'l1tilité des '<H'bres dans la dJéc()l]:ation du sol et l'hygiène de la -vie humaine. Ce fut une grande réjOitüs·sance publique, oont l'écho ·r etentit au-delà des limites du Nébraska; dix-sept Etats su,ccessiYement ' adoptèrent cette coutume, devenue .populaiJ·e, et c'est par miJBioos que se cru:tljptent les jeunes plants confiés .UŒlnuellemeut à. la terre ; c'est de la vraie ~;olida.rité, une mail-que d'intérêt et de sollicit·u de pom les g.énératio·n s futu1-es. Plus récelll!llleut, cle semblables ruesures {l'lÜ été pl"ise.s en Italie, où oertain~s co:n·trées, complètement ù'éboisées, brùlées par le soleil, souffre-nt {le la sécheresse, soot dévastées par la (( mala!ria » et pa.r des vents violents. SuiYons cet exemple •chez nouos, où l'on coupe, à. tort et à travel's bœu" c:oup trop d'arbres. Pro.pageons toutes sortes d'a.r'bJ:'es, _pour l'ombre, l'o[·nement, le cha:uff~lgc; a imons et entou.rons de soins les arbres fruitiers. A.il~)homse Kal'r raCJonte que parfois·, doos les bois, l oin de chez lui, il se faisffit un 'Plaisir d'insérel' s.œr des sauva.geons, quelq.ues-unes de ses meilfeŒres gr·effes de !POiriers QoU d:e censiers, jo•u issant, en imagination·, ·àe la surprise diu voya:g€u.r·. L'écri va.in-jaJrdinier aVlait raison. L'amour éclairé pou'r tout ce qni vit, pour toute Clréature de Dieu est mol'a.lisant, et l'amou-r <l-es· .arbres n)est pas étranger ni indiffél'en.t J. la bienveillance enyers ùes homrmes.

·-----FEUTI,LETON --....... _________ ...

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la jeune Sibérienne

(Suite.) Elle avait choisi, dans la lisière d'un bois •l~ houle!lux qui l'!! trouvait près de la mai-

7 son, une plal-e .favorite où elle se retirait sou vent pour faire se8 prières; elle fut plu exacte encor·e a. s'y rendre clans la suite. U tout entière tL son projet, elle venait prie Dieu, :wec toute la ferveur de sa jeune âm de favoriser son voyage et de lui donner la force et les moyens de l'exécute1·. S'abll!ndoll. nant ii cette idée, elle s'oubliait souvent d le bois, au point de négliger ses occupa:tio111 ordinaires, cc qui lui attirait des reproche, de ses parents. Elle fut longtemps aviiJl• d'oser s'ouVLir à eux a.tl sujet de l'entreprl~! qu'elle méditait. Son couroH·g e l'abandonnai• chaque fois qu'elle approchait de son pèn pour commencer cette explication ba<sarden. se, dont elle prévoyait confusément le !Jet de succès. Cependant, lorsqu'elle crut avo~ suffisamment mtlt·i son projet, elle dêtermi na le jour où elle parlerait, et se propoa fermement de vaincre sa timidité. A l'époque fixée, Prascovie se rendit ~~ bonne lieure au bois, pour demander il. Di~ le courage de s'exprimer et l'éloquonce n~ cessaire pour persuader ses parents: elle Jt. vint ensuite ii. la maison. résolue de parler au premier des cleux qu'elle rencontrerait Elle désirait que le hasard lui fit trouver sa mère, dont elle espérait .plus de condes. cendance; mais, en approchant cle la maisoD, elle vit son père assis sur un banc près de la porte et fumant une pipe_ Elle vint à lui cou. rageusement, commen~a l'explication de 801 projet, et demanda, •:~>vec toute la chaleur dont elle fut capable, la permission de pat· tir poUl' Sa.int-Pêtersbourg. Lorsqu'elle eut terminé son discours, son père, qui l'avait écoutée sans l'interrompre et du plus grlllld sérieux, la prit par la m:~i11, et rentrant avef elle dans l::t cl!ambre où la mère apprêtait 1t diner: <<Ma femme, s'écria-t-il, boDIII nouvelle! nous avons trouvé un puissant p!'lltecteur! Voilà notre fille qui va partir nr l'heure pour Sa.int-Pétersbourg, et qui veat bien se charger de parler elle-même à l'empereur. n Lopouloff raconta plaisamment el suite tout ce que lui avait dit Pra.scovft. «Elle ferait mieux, répondit la mère, d'être & son ouvrage que de venir vous ccmter cee 1!1livernes. » La jeune fille s'était armée d'arance contre la colère de :::es parents. md

elle n'L•ut point de force contre le per, i1'1uge, qui semblait anéantir toutes ses espérances. Elle se mit à pleurer amèrement. Son père, qu'tm instant de gaieté avait fait sortir de son caractère, reprit bientôt toute sa s!'r vérité. Tandis qu'il la grondait au sujet de ses larmes, sa mère attendrie l'embrassait en ria.ut. «Allons, lui dit-elle en lui présentant un linge, commence par nettoyer La table pour le dîner; tu pourras ensuite partir pour Saint-Péterbourg, à ta commodité. » Cette scêne était plus faite pour dégo\lter Prascovie àe ses projets que- des reproches ou des mauvais traitements; cependant l'humiliation qu'elle éprouvait de se voir traitée cornme un enfant se dissipa bie;n.tôt et ne la découragea point. La glace étai11 rompuQ: elle revint à la charge à plusieurs reprises, et ses pl'ières furEmt bientôt si fréquentes et si importunes, que son père, perdant pa·tience', 113< gronda sérieusement, ct lui défendit avec sévêtité de lui parler là-dessus davantage. Sa mère, avec plus de douce·ur, taclJa de lui faire compre;n.dre qu'elle était trop jeune encore po11r songer à une entreprise si difficile. Depuis lors, trois ans s'écoulèrent sans que Prascovie osât renouveler ses instances à ce sujet. Une longue maladie de sa mère la contra~gnit de renvoyer son projet à des temps plus favorables; cependant il ne se passa pas un jour sans qu'elle joignît à ses prières ordinaires cclle d'obtenir de son père la permission de partir, bien persuadée que Dieu l'exaucerait un jour. Cet esprit r eligie't.l:x:, cette foi vive ùws une si jeune personne, doivent paraitre d'autant plus extraordinaires qu'elle ne les devait point à l'éducation. Sans être irréligieux, son père s'occupait peu de prières; et quoique sa mère ffit plus exacte à cet égard, elle manquait en général d'instruction et Prascovie oe devai t qu'à. elle-même les sentiments qui l'animaient. Pendant ces trois dernières années, sa r aison s'était formée; cléjil. la jeune fille avait acquis plus de poids dans les conseil.; de la famille: elle put, en conséquence, proposer et discuter son projet, que ses parents UE' rega.rdaient plus comme tm enfantillage, matis qu'ils combattirent avec d'ilu-

tan t plHH Je J'oree qu' elle leur tltail deveuue plus nécess-adre. Les empêchernents qu' ils mettaient il son départ étaient de nature il. faire impression sur son cœur. Ce n'était plus par des plaisanteries ou par des menaces qu'ils tâchaient de la dissuader, mais par des caresses et par des larmes- ((Nous sommes déjà vieux, lui disaient-ils, nous n'avons plus ni fortune, ni amis en Russie : aurais-tu le courage d'abandonner dans ce désert des pare11ts dont t u es l'unique consolation, et cela, pour entrelH'endre seule un voy,!llge périlleux, qui peut te conduire à ta perte et leur co\lter la vie, au lieu de leur procurer la liberté? n A ces raisons Prascovie ne répondait que par <les larmes; mais sa volonté n 'était point ébranlée, et chaque jour l'•ad'fertnissait dans sa résolution. Il se présentait une difficulté d'une autre nature, et plus réelle encore que l'opposition de sou pêre: elle n e pouvai t partir qu'avec un :Passe-port, sans lequel il ne lui était paiS même possible de s'éloigner du village. D'autre part, il n'était guère probable que le gouverneur de Tobolsk, qui n'avait jamais rêpondu à leurs lettres; consentit à. leur accorder cette .faveur. Prascovie fut donc forcée de remettre son dépa;rt à un autre temps, et toutes ses idées se portèrent sur les moyens d'obtenir un passe-port. Il y avait alors dans le village un prisonnier aommé Neiler , né en Russie et fils d'un tailleur allemand_ Cet homme avait été pendant quelque temps domestique d'un étudiant à l'université de Moscou, et il avait tiré de cette ch·constaillce l'avantage de passer pour un eRprit fort à Ischim. Neiler s'imaginait être un incrédule. Cette espèce de folie, jointe au métier plus utile de tallleul' qu'il possédait, l'avait fait connaître des habi· tants et des prisonniers, dont les uns lui-faisaient raccommoder leurs habits, et dont les autres s'amusaient de ses impertinences. Au nombre de ces derniers était Lopouloff, chez lequel il venait quelquefois. Neiler, connaissant l'esptit religieux de la jeune per sonne, la persiflait au sujet de sa dévotion, et l'appelait sainte Prascovie. Celle-cl, le croyant plus babile qu'il n'êtadt, projetait de s'adresser a. lui pom· en obtenü· la snppllque qu'elJe


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Il

Le ieuùemain. elle s'empressa de consulter ;oulait adresser au gouverneur. dans respoit· que son père, n'ayant plus qu'à la si- l' homme qu'on lui avait indiqué: elle apprit de lui que la supplique devait être signée gner. s'y déciderait plus facilement. Elle venait un jour d'nche;er son blanchis- par elle-même. L'écriv.a.in se chargea de la >"age à la rivière, et se ùisposa.lt a retour- dresser dans les formes requises; ct, lorsqu• ner a.u logis. -lvant de partir, elle fit, ;) sou elle fut achevée, Lopouloff, après quelque ordinaire, plusieurs sigues de croix, et se résistance, consentit à ce qu'elle fOt expê.. chargea péniblement de sou linge mouillé. diée, et profit.'\. cle l'occasion pour y joindre Neiler, qui passait pa.a: hasard, la vit ct se une nouvelle lettre relative à se.<; affaires moqua d'elle. «Si vous aviez, lui dit-li, fait personnelles. Dès ce moment, les inquiétudes quelques-tmes ùe ces simagrées de plus, de la jeune personne cllspa.rurent, sa. sant(: vous auriez opêrG un miracle, et votre Jtnge se t'lltffermit, et ses parents furent cbarmlia serait allé tout seul à ln. maison. Donnez, de lw voir reprendm sa gaieté naturelle. Cet ajouta-t-il en s'emp..'U·ant ùe force du fardeau, heureux changement n'avait pas d'autre cause que la certitude où elle était d'obtenir je> vous fero:i ;oir que les Incrédules, que vous h:Usscz si fort, sont atlSSi de bonnes son pa.sse-port, et sa confiance sans bornes en gens. » Il ptit eu effet la corbeille et ltt por- la protection de Dieu. Elle allait souvent se ta jusqu'au village. Chemin faisant, Prasco- 1 promener sur le chemin de Tobolsk, dant vie, qui n·avait qu'un désir, celui d'obtenir l'espérance de '' oir aniver quelque courrier. Elle passait devant la s tation (terme russe \tn passe-port, lui parÙIJ de la supplique et du !!ervice important qu'elle attendait de lw. pour reloads) de la poste aux chevaux pour l!alheureusement, le philosophe ne !lavait parler au vieil iuvalide qui en avait la. diécrire: il avoua que depuis l'instant où Il s'é- rection, et qui distribualt le peu de lettree tait voué à l'état de taillem· il avait totale- adressées à Iscbim. Mais depuis longtemps ment n égligé la littérature; mals il lui Indi- elle n'osait hli en demander, parce qu'il In! qua dans Je village un homme qui pourrait avait parlé avec brusquerie, ct c'était moquê remplir son attente. Prascovie revint toute de son projet de voyage qu'Il connaissait. joyeuse, se proposant de mettre à profit ce Six mois s'étaient presque écoulés depuis conseil clès Je lendemain. En rentrant che;r, 1(' départ cle la supvlique. lorsqu'on vint ton père, où se trouvaient quelques person- avertir la famille· qu'un com-riet· était à la nes, Neiler se va.nt11. hautement du service poste avec des lettres pour quelques personqu'il avait 1·enùu à sainte Prascovie en lui nes. Pmlscovie y courut aussitOt et fut suine épargnant la peine de fa.lre un miracle, et fit de ses parents. Lorsque Lopouloff se nomd'autres mauvaises plai&8lllteries de ce gen- ma. le coun-ier lui remit un paquet cachet6, re: mais il fut bientôt üéconcerté par la contenant un passe-port pour sa fille, et prit réponse de la jeune fille. « Comment pour- un reçu de lui. Ce fut un moment de joie rais-je, lui dit-elle, ne pas mettre toute ma pour la famille. Dans l'abandon total où ils confianœ dans la bonté ùe Dieu? Je ne 1'181i étaient depuis talnt d'années, l'envoi de ce prié qu'un instant au bord de la rivière, et passe-port leur parut une espèce de faveur. Ri mon linge n'est pas venu seul, il e.~t du Cependant il u·y avait dans le paquet ancomoins ven u sans moi, ct porté par un incré- ne réponse du gouverneur aux demandes tlule. .Ainsi le miracle a. eu lieu, et je n'en pet·sonnelles de Lopouloff. Pour sa tille, elle tlemande pas d'autre :1 la~ Providence. » A était libre, et l'on ne pou'Valit, sans la plo• ()ette réponse, toute la société se mit à rire grande injustice, la retenir en Sibérie contre aux dépens du tailleur, qui se retira très pi- sa volonté. QUé de l'aventure. On verra dans la suite Le silence absolu que l'on gardait avec plusieurs exemples de cette aimable présen- son père était plutôt une confirmation de sa ce d'esprit, qui n'ab&ndonna jamais la jeune ùisgrâce qu' une faveur. Cette triste réflefille daus les circonstnn<'es les plus embar. xion dissipa bientôt l'impression de pl&illlr t·assanteR, fine lui n·vait fait éprouver 1:1 conqescendln·

ce du gouvernet1r. Lopouloff s'empara da passe-port, et déclara, dans le premier moment cl'humeur, qu'Il n'avait consenti il. le demander que dans la certitude qu'on le luJ refuserait, et pour se clélivrer des persécutions de sa fille. Prascovie suivit se~ parenlt: it La, maison sans rien demander, mals remplie d'espoir et remerciant Dieu Jo long du chemin d'avoir exaucé l'un de ses vœux_ Son père serra. le passe-port parmi ses hardes, après l'avoir enveloppé soigneusement daus un morceau de linge. Prascovie t·em~w:qua cette prêcatltion, qui lw parut de bon augm-e, car il aurait pu le déchu·er; elle n'attribua le refus rle son père qu'à un dessein particulier de la Providence, qui n'avait pas encore marqué l'heure' de son départ. Bientôt !&près, elle se rendit au bois, où elle passa deux heures à prier, se livrant il toute la. joie que son ardentE: imagination lui inspirait, et n'ayant plus :\ucun doute sur le succès de son entL-eprise. Ces détails pourront paro.ître :l quelques personnes puérils et minutieux; mais lorsqu'on verra les projet<; de cette jenne fille réussir au delà de ses espérances et de toute probabilité, malgré les obstacles sans nombre qu'elle avait il. surmonter, on se convainera qu'aucun motif humadn n'aurait suffi pom· la conduit·e au but qu'elle se proposait, et qu'il fallait pom· une telle œuvre cette " foi qui transport.e les montagnes». Dans tout ce qui lui arrivait, Prascovie voyait toujours le doigt de Dieu. Aussi disait-elle: << J'<lld été quelquefois éprouvée, mais jamais trompée dans ma confiance en lw. » Un incident qui eut lieu peu de jours après vint r.a~imer son courage, et contribua peut-être à déterminer ses parents. Sa mère, sans êtL·e absolument superstitieuse, s'oa:musait parfois à chercher des pronostics de l'avenir dans les plus petits événements de la via Sans croire aux jours malheureux, elle évitait cependant d'entreprendre quelque chose le lundi et n'aiJUait point à voir renverser la salière. (En Russie, le lundi passe pour un jour malheureux parmi le peuple et les personnes superstitieuses. La. répugnance: pour entreprendre quelque chooe, mais sm·tout un voyage le lundi, est si universelle, que Je très petit

nombre de per1:10nnes qui ue la partagent paa s'y soumettent par égard lJOUr l'opinion générale et pt-esque rell gie~e des Russes.) Quelquefois elle prenait la Bible, et l'ouvr&Di au hasard, elle chercha.it dans la premlêre phrase qtù lui tombait sous les yeux quelque chose d'analogue ù. sa situation et dont elle pOt tirer uu bon nugure. Cette manière de consulter le sot·t est tt·iis usitée en Rùssie: lorsque la phrase est insignifiante, on recommence, et en taillant un peu le sens on finit pur lui ùonner la tournure qu'ou désire. Les ma.Jhcuren..'C s'attachent à tout, et, sans ajouter beaucoup <le foi il. c-es prédictions, ils ~prouvent un certain plaisir lorsqu'elles s 'accordent avec leurs espérances. Lopouloff était dans l'usage de lire le soir uu chapitre de la Bible it sa famille: il expliquait aux femmes les mots slavons qu'elles ne comprenaient pas, et cette occupatiou plaisait inl'inimc.nt à su. fille. A la fin d'une triste soirée, ces trois solitJadres étaient auprès d'une table sur laquelle était le livre sniut, la lecture était a.chevée, et le plus morne silence régnait entre eux, lor,;que Pra.scovie s'adressa à. 1>a mère, sans autre but que celui de renouer la convers.a.tlon: «Ouvrez, je vous pt·ie, la Bible, lui dit-elle, et cherchez dans la. page à droite, la onzième ligne. n Sa mère prit le livre avec empt·essement ct l'ouvrit a.vec une 8pingle; ensuite, comptant les lignes jusqu'à la. onzième i1 droite, elle lut à haute voix les paroles sttivantes: « Or, un ange de Dieu .appela Agar du ciel et lui dit: Que faites-vous là? ne craignez point->> L"application ùe ce passage de l'Ecriture sainte était tt·op facile à faire pour que l'analogie fru.ppante qu'il présentait avec le voyage projeté pOt échapper à personne. Prascovie, trnnspo rt~e de joie, prit la Bible et en baisa les pages :\ plusieurs reprises. « C'est naiment singulier, » disltit la mère en regardant son mari. :\Iai.s celui-ci, ne voulant pas favoriser leur idée à ce sujet, s'éleva fortement contre ces ridi cules divinations. <c Croyez-vous, ctlsaH-11 ltux deux femmes, que l'on puisse ainsi interroger Dieu en ouvrant un livre avec une épingle, et qu'il dai· gue r~pondre ù toute,; YOS fo lles p(>nst>es1


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10 Sans doute, aJouta-t-il eu s'adressant à sa fille, uu ange ne manquera pas de vous accompagner dans votre extravagant voyage, et de vous douuer à boire quand vous aurez solf! Ne sentez-vous pas quelle est la, folie de s'abandonner :l de semblables espérances?» Pra.scovie lu i répondit qu'elle était bien loin tl'espéret· qu' un ange lui apparilt pour J'aicler dans son cnh·eprise. « Mais cepenùant, disait-elle, j'espilrc et crois f ermement que mon aJJge gardien ne m'abandonnera pas, et que mon voyage aura lieu, quand je m'y opposerais moi-même. >> Lopouloff était ébranlé par cette persévérance inconcevable· rependant un mois s'écoula sans qu'il ro~ question (ju départ. Prascovie devenait silencieuse ct préoccupée: toujours seule dans les bois ou dans son réduit, elle ne donnait plus nucune marque de tendresse à ses parents.. Comme elle avait souvent menacé de partir sans passe-port, ils commencèrent à craindre sérieusement qu'elle n'accomplît son projet, et ils preuaie.nt cle l'inquiétmle lorsqu'eUe s'absentait de la maison plus longtemps qu'à l'ordinaire. Il arriva même un jour qu'il::; la crurent cléciùément partie: Prascovie. en ri:!Yenant de l'église, où elle était ali~ seule, :woait accompagné de jeunes paysannes daus une chaumière voisine et s'y était arrêtée quelques heures. Lorsqu'elle revint à la maison, sa mère l'embrassa tout en larmes. « Tu as bien tardé, lui dit-elle. Nous avons cru que tu nous avais quittés pom· toujours! - Vous aurez bientôt ce chagrin, lui répondit sa fiile, puisque vous ne voulez pas me livrer le pRsse-port: 1·ous regretterez alors de m'a.vuir privée de cette ressource et de votre bénêdic. tion. » E lle prononça ces paroles sans réponrJre aux caresses de sa mère et d'un ton de voix si histe, si altéré, que la bonne mère en fut vivement affectée. Elle lui promit, pour la tranquilliser, de ne plus meth·e cl'opposi· tion à son départ, qui dépendrait uniquement de la permission de son père. Prascovie ne la demandait plus, mais sa profonde tristes~e la sollicitait plus éloquemment que n'aur~ient pu le faire les s.upplica.tions les plus nves: Lopouloff lui-même ne savait à quoi se résoudre. S'ol femme le priait tm matin d'aller pren-

dre quelques pommes ùe tene dans un peUt jardin qu' il cultivait près de la maison. Immobile et plein de ces tristes idées, il pe.rais. sait ne faire aucune attention ii cette demau. cle; enfin, re,renant tout il coup à lui: cc Allons, dit-il comme pour s'encomager, aiùe-toi, je t'a4derai! » En achevant ces mots, il prit une bêche et se rendit au jardin. Prascovie le sulvit. <c Sans cloute, mon père, il faut s'aider dall! lE' malheur, et j'espère aussi que Dieu m'ai. dera dans la; prière que je viens vous faire, et qu'il touchera votre cœur. Rendez-moi le passe-port, cher et malheureux père! Croyez que c'est la volonté de Dieu. Voulez-vous forcer votre fille à l'horrible malheur cle vous désobéir. ll Eu parlant ainsi, Prascovie embrassait ses genoux et tâchait de lui inspirer la même coufiance qui l'animait. La mère survint. Sa fille la conjura tle l'aider à fléchir son p~rc; la bonne femme ne put s'y résoudre. Elle avait eu la. force de consentir au départ, mais l'Ile n'a.vait point le courage de le demander. Cependant Lopouloff ne put résistee plus longtemps ii. de si touchantes sollicitations: il savait d'ailleurs sa fille si décidée, qu'il craignait de la voir partir sans passe-port. c< Que faire avec cette euta.nt? s'écria-t-il. Il fa ud ra ùien la laisser partir!» Prascovic, h·a.nsportée cle jole, s' élan!;a au cou de son pèt·c. "Sorez sQr, lui disait-elle en l'a~:cabla.ut des plus tendt'es caresses, que vous ne vo u~ repentirez point de m'a;voir écoutée: j'Irai, mon père, oui, j'ü·ai à Saint-Pétersbourg; je me jetterai aux pieds de l'empereur, et cette même Providence qui m'en inspira la pen· sée et qui a touché votre cœm voudra bien aussi disposer celui de notre grand monar· que en notre favem. - Hélas! lui répondit son père en versant des larmes, crois-tu, pauvre enfant, que l'on puisse parler à l'emperenr comme tu parles à ton .Père en Sibérie? Des sentinelles gar· dent de toutes parts les avenues cle son pg,. lais, et tu ne pomras jamais en passer Je seuil. Pauvre et mendiante, sans habits, sans recomm:llld<iltjons, commenl oseras-tu p&·

rattre et qui daigne1-a le présenter? >l Prascovie sentait la fot·ce de ces observations sans en être découragée: un pressentiment secret l'emportait sur tous les rnisonnements. - Je couçois les craintes que vous inspire >otre tendresse pom· moi , répondit-elle; mais que de motifs n'ai-je pas d'espérer! Réflé· chissez, de grâce! Voyez de combien de favenrs inespérées Dieu lll' a déjà comblée, parce que j'avais mis toute ma confia1Jce en lui ! .Je ne savais comment avoir till passeport, il a forcé la bouche cle l'incrédulP à m'indigner les moyens de l'obtenir; c'est lui qui a fléchi l'inexorable gouverneur de Tobolsk. Enfin, malgré vo·t re invincible répugnance, ne vous u-t-il pas forcé vous-même à ru'uccorcler la permission de partir'! Soyez llonc certain, ajouta-t-elle, que cette Pro>i· denee qui m·a fait smmonter tant d'obstacles, et qui m'a si visiblement protégée jusqu'ici, ~aura me conduire aux pieds de notre emperetll'. Elle mettra dans ma bouche les paroles qui doivent l e persuader, et votre liberté sera la récompense du consentement que vous m'accordez. » D~s œt instant le dépoart de la jeune fille fut tléciùé, mais on n'en détermina point enl:orc l'époque précise. L oponloff espérait tirer quelques secours lle ses amis: plusieurs prisonniers :naient des moyen s: quelque!!uus même lui avaient fait, en d'autres oc(:asious, tles offre::; que sa cliscrétiou ne lui avait pas permis d'accepter; mais en cette occasion il se proposait d'en profiter. li ùél'irait aussi tronvc1· quelque voyageur qui püt llccompaguer sa fille peud:mt les pre· mières m:~rcbes. Il fnt trompé dans (:ette 'lon ble :1 ttente. Cependant Prascov!e pressait sou départ. Toute ht fortune de la famille consistait dans un rouble en a rgent. (Valeur ll'environ 4 francs.) .à.près avoir r-ainement tenté d'augmenter cette modique somme, on fixa le jour de la cr·uelle sépaJ·ation, d'après le désir cle la Yoyageuse, an 8 septembre, jour ll'unc fête de 111 Vierge. Aussitôt que la nouvelle s' en répandit dans le village, toutes leurs connaissances vim·ent ln. voir, poul'l11ées p:u la curiosité plutôt que pat· un

véritable intérêt. Au lieu de l'aider ou de l'encourager dans sou enh·eprise, on désapprouva généralement son père de lui avoir accordé la permission tle partir. Ceux 4ui auraient pu lui donner quelques secours parlèrent des circonstances malheureuses qui empêchent souvent les meilleurs amis de se rendre service au besoin; et au lieu de l'as· sistance et des consolations que la famme en attendait, ils ne lui laissèrent en la quittant que tle sinistres p résages. Cependant deux des plus pauvres et des plus obscurs prisonniers prirent la défense de Prascovie, E't l'encouragèrent par leurs conseHs. « On a vu. disaient-ils, des choses plus difficiles réussir contre toute espérance. Sans parvenir elle-même jusqu'au souverain, elle h·ouvera des protectenrs qui parleront pont elle, lorsqu'on la conn~ltra et qu'on l'aimera comme nous. » Le S septembre, à l'aube elu jour, ces deux: hommes revinrent pour prendre congé d'elle et pour assister ii. sou ùépart. Ils la trouvèrent ùéjii. toute disposée pour le grand voyage, et chargée cl'uu sac qu'elle avait préparé depuis longtemps. Son père lui remit le rouble qu'il lui desti nait, mais qu'elle ne voulait point accepter; elle représentait que cette petite somme ne pouvait pas la conduire jusqu'à St-Pétersbourg, tand.is qu'elle pouvait leur devenir nécessaire. Un ordre absolu de son père put seul la lui faire acce))· ter. Les deux pauvres exilés voulurent aussi contribuet· au petit fonds qu'elle emportait pour le voyage; l'un offrit trente kopecks en cuivre, et l'autre tille pièce de vingt kopecks en argent; c'était leur subsistance de pinsieurs jours. Pt·asc<YVie refusa leur offre généreuse, mais elle en fut vivement touchée: « Si la Providence, leur dit-elle, accorde jamais quelque faveur à mes parents, j!espère que vous en aurez une part. l) Dans ce moment, les premiers rayons du soleil levant parurent clans la chambre. «L'heure est venue, dit-elle ; il faut nous séparer. l> Elle s'assit, ainsi que les parents et les deux amis, comme il est d'usage en Russie en pareille circonstance. Lorsqu'un ami part pour un voyage de long cours, au moment de


12 faire les derniers adieux, le >Oyageur s'as!<ied; toutes les personnes présentes doivent l'Imiter: après une minute de repos, pendant laquelle on l)!lrle du temps et de choses indifféren tes, on se lève, et les pleurs et les cn1 brassemen ts commencent. Cette cérémonie, qui, au premier coup d'œil parait insignifiante, a cependant quelque chose d'intéressant. Avant de se séparer pour longtemps, peut-être pour toujours, on se repose encore quelques moments ensemble, comme si l'on voulait tromper la destinée et lui dérober cette courte jouissance. Prascovie reçut il. genoux la bénédiction de ses parents, et, s'arrachant courageusement cle leurs bras, quitta pour toujours la chaumièt-e qui lui avait servi de prison depuis son en{lance. Les deux exilés l'accompagnèrent pendant la première verste. Le père et la mère, immobiles sur le seuil de la porte, la suivirent longtemps des yeux, voulant lui donner un dernier adieu; mais la jeune fille ne regarda plus en arrière, et clispn.rut bientôt dans l'éloignement. Lopouloff et sa femme r entrèrent alors dans leur triste demeure, qui désormais allait lenr paraitre bleu déserte. Les malheureux vécurent encore plus isolés qu'auparavant; le.s .autres habitant s d'Ischlm accusaient le père <ravoir lui-même poussé sa f ille à cette imprudente entreprise, et le tourna1ent en ridicule à ce sujet. On se moquait surtout des deux pris onniers, qui, dans leur simpli<.:itê, n'avaient pas caché la promesse que Prascovie lem· ra.vait faite de s'intéresser à eux, et on les félicitait d'avance sur leur bonne fortune. Laissons ma.iutenant cette région de peines ct suivons notre intéressante voyageuse. Lorsque les deux amis qui l'ava.ient accompagnée la quittèrent, elle avait trouvé plusieurs jeunes filles qui faisaient la même route qu'elle jusqu'au village voisin, éloigné d'Ischlm d 'environ vingt-cinq verstes. Chemin faisant, elles furent accostées par une bande de jeunes paysans dont quelques-uns ét!l.ient à moitié ivres; ils descendirent de cheval sous prétexte de les accompagner: c'était à l'entrée d'un grand bois. Les voyageuses a.lat'mées ne voulurenL point s'y a.che-

miner avec eux: elles ava.lent quelques provisions, et s'assirent au bord du chemin pour se restaurer, en priant les villageois de continuer leur l'Oute; mais ils s'assirent a.vec elles, en déclarant vouloir partager leur déjeuner, et les accompagner ensuite jusqu'au village. Dans cette perplexité, Prascovle, pour éloigner ces importuns, crut pouvoir employer une petite ruse, qui lui réussit: cc Nous irions volontiers <a,v ec vous, leur ditelle; mais nous devons attendre ici mes frères, qui nous amènent des chariots pour nous transporter. » Les jeunes gens virent en effet dans l'éloignement deux chariots que Prascovie avalt aperçus avant eux; bientôt après ils remontèrent à cheval et disparurent. «C'était un petit mensonge, disait-elle en racontant sa première aventtu·e; mais il ne m'a pas portô malheur». Elle parvint heureusement au village où elle devait s'arrêter, et logea chez un paysan cle sa connaissance, qui la traita fort bieu. Le lendemain, à son réveil, la fatigue de ln. première marelle qu'elle eot jamais f.a.ite se faisait vivement sentir. En sortantdel'isba (Maison de paysan, ordinairement composée d'une seule chambre dont un énorme poële occupe une bonne partie. Quoique l'isba ré· ponde à peu près au mot de chaumière, U n'entraiDe point cependant l'idée de misère.) où elle avait passé la nuit, elle eut un moment d'effroi lorsqu'elle se vit toute seule. L'histoire d'Agar dans le d6sert lui revint à la mémoire et lui rendit son collll.'age. Elle f lt le signe de la croix, et s'achemina en se recommandant à. son ange gardien. Après avoir dépassé quelques maisons, elle aperçut l'enseigne de l'aigle sur le cabaret du village de· vant lequel elle avait passé la veille; ce qut lui fit juger qu'au lieu d'avoir pris le che· min de Pêtersbourg, elle r evenait sur ses pas. Elle s'arrêta pour s'orienter et vit son hôte qui souriait sur le pas de sa. porte. Cl. Si vous voyagez de cette manière, s'é· cria-t-il, vous n 'irez pas loin, et vous feriez peut-être mieux de retourner chez vous. » Cet accident lui arriva quelquefois dans la suite; et lorsque, dans son indécision, elle de1;11andaJt le chemin de Pêterbourg, à l'ex-

13 l.r!lme dista.uce où elle se trouvn.it de cette ville, on sc moquait d'elle, ce qui la jetait dans un grand embarras. Prasco>ie, n'ayant nucune idée de la géographie du Jl8.'YS qu'elle avait il. pa,r colllïr. s'était imaginée que la vilJe de Kiew, fameuse dans la religion du pays, et dont sa mère lui av.a·it souvent parlé, se trouvait iiUl' la route de Pétersbourg; elle avait le projet d'y faire ses dévotions en passant, et se promettait d'y prendre lW jour le voile, si son entreprise réussissait. Dnns la fausse id(,-e qu'elle s'était formée de lill situation de cette ville voyant qu'on souriait lorsqu'elle demandait le chem in de Pétersbourg, elle demandait aux passants celui de Kiew, ce qui lni réussissait plus mal encore. Une fois, entre autres, se trouvant indécise sUl' le choix de plusieurs chemins qui se croisaient, elle attendit un kibich qul s'approchait, et p1ia les voyageurs de lui indiquer celui de ces chemins qui conclulsait à Kiew. Ils crment qu'elle plaisantnH. <c Prenez, lui dirent-ils en riant, celui que ,·ous voudrez; ils conduisent tous t'gaiement i"L Klew, tL Paris et ù. Rome. l> Elle prit celui ùu milieu, qui se trouva heureusement être le sien. Elle ne pouvait dollller aucun détall exact sur la route qu' elle avait tenue, ni sur le nom des villages par lesquels elle avait passé, et qui Re confondaient d>~tus sa mémoire. Lorsqu'elle arrivait dans un hameau peu considérable, elle Hnit ordinairement bien accue11lie par les martres de la maison oü elle demandait l'hospitalité; mais dans les gros villages, et lorsque les maisons avaient une bonne apparen<:c, elle avait presque toujours de la peine à trouver un asile: on la. prenait souvent pour une nventurière de mauvai ses mœurs, et ce sonp!;on si injuste lui donna de grands dê~ngrêments pendant son voyage. Quelques marches avant d'arriver à Kamouïcbeff, un violent ot·age la surprit en chemin, comme elle llchevnit avec peine une det. plus longues journées qu'elle eat encore faites. Elle redoubla de vitesse pom· atteindre les premières habitations, qu'elle ne croyait P:t.'! être fort éloignt;es: ru.sls un tourb11lou

tle veut ayant renversé un arbre devant elle, la frayeur lui fit chercher un refuge dans un bols voisin. Elle se plaça sous un sapin entouré de hauts buissons, pour se préserv~r de la. violence elu vent. Ln. tempête dm-a tout c la nuit; 1a jeune fille la passa sans abri clnllS ce lieu désert, exposée aux torrents de_ la pluie, qui ne cessa que vers le matin. Lorsqtle l'aube parut, elle se trnîna jusqu'au chemin, exténuée de froid et de faim, pour continuet· sa route. Heureusement un paysan qui pt1ssalt eut pitié d'elle et lui offrit une place sur son chariot. Vers les huit heures du matin, elle arriva dans un grand village. Le paysan, qul ne devait pas s'y ::UTêter, la déposa au milieu de ln. rue et continua sa route. Prascavie pressentait qu'elle serait mal reçue; les mai sons avaient une bonne apparence. Cependa.ut, pressée par la fatigue et la faim, elle s'approcha de la fenêtl'e basse auprès de laquelle une femme de quarante il. cinquante ans tt·iait des pois, et la pria de ln. recevoir chez elle. La villageoise, aprês l'avoir examinée quelques Instant!'! cl'un aiL· Lle môpris, la. renvoya durement. En ùescend>B.ut elu chariot qui l' ava.it amenée, Prascovie était tombée dans la boue, et ses hablt!l en étaient couverts. La cruelle nuit qu'elle venait de passer dans la forêt, ainsi que le manque de nourriture, nv,a ient sans cloute aussi altéré ses traits, et lui donnaient un aspect défavorable. La malheureuse fut rejetée de toutes les maisons où elle se présenta. Une méchante femme, à ht po1te de laquelle, vaincue par la fatigue, eUe s'était nssise, et qu'elle conjurait de la r ecevoir, la força par des menaces de s'éloigner, en lui dis:tnt qu'elle ne receva.\t chez: elle ni les >oleurs uj les coureuses. La jeune fille, voyant une église elevant elle, s'y achemina tristement. c< Du moins, se disait-elle, on ne m'en chassera pas. l> L a. pol·te s'en trouv-a fermée; elle s'assit sur les marches qui y conduisa ient. Des petits garçons qui l'nvaient suivie, ct qui s' étaient attroupés autour d'elle lorsque la femme la maltraitait, continuèrent :l l'insulter et :l la. tl1aiter de voleuse. Elle demeura Pl'ès de deux heures dans cette situation terrible, se mourant dt> froid. d'inanition, priant Dieu de r assis-


i5 lei· et de lui dohner l!i. force Cie supporter cette épreuve. Cependant une femme s'approcha pour l'interroger. Pl>aSC()vie racon ta l'aff reuse nuit q u'elle avait passé dans le bois; d'autres pay~ans s'a.rrêtèren t pour l'entendre. Le Sta.rost d u village examina son passe-port, et décla "11 q u' il était en règle: alor s la bonne fem·ne attendrie lui offrit sa m ai son; mais Jors'lllC la voyage use voulut se soulever, ses .!1embres é:taient tellement engourdis qu'ou :nt obligé de la soutenir. Elle avait perd u un ·:e ses souliers, elie m ontra son pied nu et ses jambes en flées. Un e pitié générale succéda b ientôt aux indign es sou pçon s qui l'avaient fa it ma ltraiter . On la l)laça sur un chariot; et les mê mes enfants qui l'avaient i nsultée quelqu es momen ts auparavant s'empressè!·ent de la. trarner. et la con d uisirent a i n ~i ch e~ la villageoise, q ui la reçut avec beaucoup d'amitié, et chez laquelle l'Ile pasStt plusieurs jours. Pendant ce temps de repos. n u paysan charitable lui fit nue paire de bottines; enf in, elle prit congé de la b<>nne femme, et continu a. son voyage, qu'elle pom:sulvlt jusq u'à l'hiver . s'anêtant p lus ou moins dans différents villages, selon qu.e l a fa tigue l'y obligea it et d'après l'accueil q u' elle recevait des hab itants. E lle tilcha i-t, p endant le séjour qu'elle y faisait, de se l'end re utile, e u b al ayant la maison, en lu.vant le liuge ou en cousant pour ses hôtes. E lle ne eontait son h istoire q ue lorsqu'elle était déjà re(;Ue et établ ie dans la maison. E lle ava it remarqué que lorsqu'elle voulait se faire conna1h ·e au premier abord, on ne la croyait pas et qu'on la prenait pour une aven turière. En effet, les homm es sont génét•aJement disposés ft. se r oi dir , lorsqu'ils aper çoivent qu'on >eut les ga.g ner. Il faut les toucher sans q u'ils s'en doutent, et ils accordent plus volontier s leur pitié q ue leur estime. Prascovie commen(;..alt donc par demander un peu de [)ain ; puis elle parlait de J.a fatigue dont elle était a ccablée, pour obtenir l' hospitali té; ent'in, lorsqu'elle était ét a.l)lie chez ses hôtes, elle disait son n om et racontait son hist oire. C'est a insi q ue, dans son pêuible voyage, elle faisait peu à peu le cruel apprentissn.e;e du cœur humai-n.

Souvent des personnes qui l'avaient rejetée. la voyant s'éloigner eu pleu rant, la rap· pelaie nt et la tr,ajtaient fort bien. Les mend iants, accoutumés aux refns, y paraissent peu sensibles; mais Prascovie, quoique placée par le sort dans une situation dGplorable, n 'a vait point encore été. avant son voya ge, dan s le ca s d'implorer la pitié; el, malgré t oute sa force d'âme et sa l'ésignatl<>n, elle était navJ:ée des refu s, sm·tout lorsqu'ils pr ovena ient de IR mauvaise opinion que l'ou prenait d'elle. Le bon effet qu'ava,it produit, dans la circon stance dont nous venons de parler, l'ex! h ibition de son passe-port, l'engagea clans la suite à l e montrer lorsqu'elle désit·alt obtenir plus de faveur de ses hôtes: elle y était qualif iée de f ille de capitaine; cc qui lui f ui: utile en plus ieurs occasions. Cependa nt e lle avou ait q ue le malheur d'être repous.'!ée lui était a rrivé rru·emeut, tandis que les traitements d'humanité et de bienveillance qu'elle avait éprouvés étaient innombrables. <<On s'imagin e, «lli;ait-elle dans la sui tl', que m on voyage a été bien dêsnstreux, pa.rc·e que j e n e raconte q ue les peines et les embarra s d a us lesquels je mc suis t rouvée. et que je n e clis rien des bons gltes que .i'~i rene:ontrés, et tl out personne ue llésl re sa.voir l'hist oire. » P!l.rmi les Rlt nations pénibles rie son voyage, il en est une clans laquelle la jeun<> fille crut sa. vie menacée, et qtù mérite d'êtr e connue pom· sa singularité. E lle marchait un sou· le long des maisons d'un vilLage, pour cherchet· un logemen t, lorsgu'un paysan qu i venait de lui refuser très duremen t l'hospitalité la suivit et la rappeln. C'était un homme âgé, de très mauvaise mine. Prascovie hésita si elle acceptet'l8it son offre, et se laissa cependant conduire chez lui, cra ignant de ne pas obtenir un autre gîte. E lle ne trouva dans l'isba qu'nue femme âgée, et dont l'aspect était encore plus sinistr e q ue celui de son conducteur. Ce dernier ferma soigneusement la porte et poussa les g uichets des fenêtres. En la recevant dans leur maison, ces deux personnes lui f irent peu d'accueil : elles ava lent un <t ir ~; i étra nge, q ue Pr:tscovie ép1·ourait une cedai-

ue cminte, et se repentait de s'être arrêtée chez elles. On la. fit asseoir. L'isba n'était édn.iré que par des esquilles de sapin enflammées plantées dans un trou de la m uraille, et qu'on remplaçait souvent lorsqu'elles étaient .::onsumées. A In clarté lugubre de cette f lamme, lorsqu'elle se hasardait à Jever les yeux, elle voyaH ceux de ses hôtes fi xés sur elle. Enfin, a.p r~s quelques minutes de silence: <(D'où venez-vous? lui demanda la vieille. - Je viens d'I schim, et j e vaü: à Péter!;bom·g. - Oh! oh! vous avez donc beaucoup d'argent po ur entreprend1·e un si grand yoyage? - Il ne me rest e q ue qua.tr·e-vingt kopecks en cuivre, répondit l!t voyageuse in timidée. - - Tu men s! ·S 'écria 1~ vieille; oui. tu men s! On ne se met point en route pou r allet· si loin, avec si peu d'argent! n La jeune fille avalt beau pr otester que t'était là tout son avoir, on ne la croyait pas. La femme ricanait avec son mari. «De 'l'obolsk à Pétersbourg a.Yec quart:rerlngts kopecks, disait-elle; c'est probable, vraiment! J> La ma lheureuse fille, outragée et tremblal.lte, retenajt ses lru·mes, et pr i.aa Dien tout bas de la secom·i.r . On lui donna cependant quelques pommes de terre, et dès q u'elle les eut ma·ngées, son hôtesse lui conseilla de s'aller coucher. Prascovie, qui commençait fortement ù. soupçonner ses hôtes d'être des roleur s, aurait volontiers donné le reste de sou argent pour être délivrée de leurs m a.i.ns. Elle se déshabilla en partie avant de monter >~ur le poêle où elle devait passer la. n uit, laissant en bas, il leur portée, ses poch es et son sac, afin de Jeu1· donnet· la facilité de compter son argent et pom· s'épargner la honte d'être fouillée. (Les poêles russes sont h ·ès grands, et les paysans, n'ayant point de lit dans ce pays, couchen t t<>ut habillés, soit sur les bancs q ui règnent dans toute l'enceinte de leur cabane, soit sur le poêle, qui est la place la plus ~pa~ieuse e t en même temps la plus chaude). Dès qu'ils la cr nren t endormie ils commencèrent leurs r echerches. Prasc~vie écoutait n\w· ~ nxiHt'\ leur conversation.

((Elle a encore de l'argent sur elle, dlsnie11lils, elle a. stlrement des assignations. J'ai vu, ajouta la vieille, un cordon pnssé à son cou, auquel pend un petit sn.c; c'est là oil est l'argent. JJ C'étaj-t un petit sac de tolle cirée, contenaut son pa.sse-po.rt, qu'elle ne quittait jamais. Ils se mirent ii. parler plus bas, et les mots q u'elle entendait de temps en temps n'étalent pa.s faits pour la rassurer. (( P ersonne ne l'a. vue entrer chez nous, :dis:.~ient les misérables; on ne se doute pas mê· me qu'elle soit dans le villa.g e: » Ils p.a1·lèrent encore plus bas. Après quelq ues instants de silence, et lorsque son lma· gination lui peignait les plus grands malhems, l!l. jeune fllle vit tout il coup parattre auprès d'elle la tête de l'horrible vieille q û1 grimpait s ur le poêle. 'l'ont son sang se glaça dans ses veines. Elle ht conjura: de lui laisser hL vie, l'assm·ant de nouveau qu'elle n 'avait point cl'ru·gent; mals l'inexorable visiteuse, sans lui t•épondre, se mit à chercher cians ses bottines, q u'elle lu1 fit Oter. L'h<>mme apporta de la lumière: on examina: le sac du passe-port, o.u lul fit ouvrir les tnains; enfin, le vieux couple, voyant ses r echerches inutiles, descendit, et lals!"a notre voyageuse plus mor·te q ue vive. Cette scène effrayante, et plus encore la crainte de Ia' voir se renouveler, la tinrent longtemps éveillée. Cependant, lorsqu'elle r econnut à leur respiration bruyante que ses l1ôtes 'S'étaient endormis, elle se traiJ.quillisa peu à peu, et, la fatigue l'emportant sur ln. f rayeur, elle s'endormit elle-même profondément. Il était grand jour lorsque la vie111e 1:a réveilla.. Elle descendit du poêle, et fut tout étonnée de lui trouver, ainsi qu'à son ma1'i, un ait· plus natm·el et plus affable. Elle voulait partir; ils la retinl·ent pour lui donner à manger. La vieille en fit .aussitôt les pré· parat ifs avec beaucoup plus d'empressement que la Yellle. Elle pl'it la fourche et retim d u poêle le pot au stchi, (soupe russe faite avec des choux aigres et de la viande salée), dont elle lui servit une bonne portion: pendant ce temps le mari soulevait une trappe du plancher sous lequel était l'oou du kva" (petite bière fuite avec de ln f:tr lne de seigle),


xxne

année

1'VO .~ .

1902/03

16 et lui ou servit une vleine cruche.. Un peu ra&;urée pru: c:e bou traitement, elle répondit :wec sincérité à leurs questions, et raconta une partie de son histoire. Ils eurent l'air ù'y prendre intérêt: et, voulant justifier leur conduite précédente, ils l'.n'Ssurèrent qu'ils n'avaient voulu savoir si elle avait de l'argent que parce qu'ils r avalent mal à propos soupGonnée d'être une voleuse, mais qu'elle pourrait voir, en comptant sa petite somme, qu'ils étnlent bien loin eux-mêmes d'être des voleurs. Enfin Pt•ascovie prit congé d'elL,_, ne snchant trop si elle leu!' devait des remercim~>nts, mais se trouvant fort heureuse d'être 1:\ors de la maison. ,Lorsqu'elle eut fa.it quelques yerstes l10rs du Yillage, elle l'Ut la curiosité de compter HOu a.r.c;ent. Le lecteur set·a sans lloute a.ussi rmrpris qu'elle le fut elle-même en a})pren~·nt qu'au lien de qnatTe-vingts kopecks qu'elle C:l'oyai t a yoir, elle en tl'onva. cent vingt. Les hùtes en avaient ajouté quarante. Prascovie aimait ii recUre cette a.venture, coimne une p1·euve évidente de M: protection t'le Dieu, qui avait cha.ng:é tout ù coup le cœur <le ces malhonnêtes g-ens. Quelques temps après, <'Ile courut till danger t1'une autre espèce et qui l'effl'aya beaucoup. Comme elle avait un ,iour une Jougne traite >t faire, elle pal'tlt :1 deux heures cln matin rle la Rtation où elle .avait coucté. An moment de sortir du village, elle fut attaquée par une troupe de chiens qui l'entourèrent. E lle se mit à eourlr, en sc défendant a \•ec son bâton. ce . qui ne fit qu'augmenter leur rage. Un de ces an imaux. sa isit le bas de s-a· robe et Ja déchint. Elle se jeta il. ten·e en se recomma.ndt'Lnt il Dieu. E lle sentit mème avec hon-elll' un des pins obstinés appuyer son nez froid sm· ~on cou pour la flait·er. If Je pensais, disait-elle, que celui qui m'andt sauvée de l'orage et cles voleurs me prt"S('rverait aussi de ce nouveau danger. » Les chiens ne h1i firent aucun mn!; un pays ~ qui passait les dispersa. La saison ava.ns:.aiit; Prascovie fut retenue pl'ès de huit jours dans un village par la neige, qui était tombée e n si gr ande abondance, que les chemins étaient impraticables illlu.x piétons. Lor~qu·n~ fu rent suffisa mment bat-

tn~< par le11 rra.îne;mx, elle se ciispo.;nit courall'euseluent à continuer sa route à pied; mais les paysans chez lesquels elle avadt logé l'en dissuadèrent et lui en firent vo·i r le danger. Cette manière de voyager devient a.lors impossible n,ux. hommes même les plus robustes, qui périraient infailliblement égarés dans ces déserts glacés, lorsque le vent cha.~se M· neige et fait disprrraître l~>s chemins. Son bonheur amena dans ce village un couvoï de traîneaux qui conduisaient des provisions ii Ekatherinembourg pour les fêtes de Noël. Les conducteUJ.'s lui donnèrent une place s ur un rle leurs tral:neaux. Cependant, maJgré les soins que ces br::wes gens prenaient d'elle, ses habits n'étant pas a.ssortis ii la saison, elle avait bien de la peine il. supporter la riguem· de l'hiver, enveloppée dans une des nnttes destinées à couvrir les marchanclises. Le f roid devint Ri violent pend~illt la quatrième journée. que, loL·sque le convoi s'anêta, la voyageuse. transie, n'eut pas la force de ùescenclre du 1Tnîueau. On la tran~<­ porta da:ns le kharstma, auberge isolée ii. pl us cl~> t1·ente verstes de t oute habitation, et oi\ se trouva it ln station de la poste aux cteva.ux. Leg pawsans s'Rper<:lll·ent qu'elle avait nnc joue gelée, et la lui frottèrent avec de la neige, en prenant le plus grand soin d'elle; ma~s ils refusèrent absolument de la conduire plus loin, et lui représentèrent qu'elle eotu·ait le plus grand danger en s'exposant à voyager sans pelisse par un fl'oid si vif, et qui ne ma<11querait pas d'augmenter encor e. La jeune fille se mit à pletu·er :unèrement, prévoyant qu 'elle ne trouver ait plus nue occasi oJJ aussi favorable et d'aussi bonnes gens pour la con duire. D 'auüe part, les mantres du kharstha ne par.atissaient pas du tout disposés tt la garder, et voulurent à toute fore<' qu'elle partît avec ceux qui l'a.vaient amenl'>e. Dans cette position embanassanto, se voy,nnt déçue de l'espoir qu'elle avRit rl'aller jusqu'~. Ekatherinernbourg en sûreté, elle s'abandonnait dnns un coin de ln chambre :l toute ln YiYneité de sa douleur.

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L'Ecolo primaire donne de 12 à 15 livraisons de 16 pages chacune, nou compris la couverture, et autant de suppléments de 8 ~6 pages pendant le cours scolaire.

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Il faut enseigne•• la gt•ammaire pat• la langue et non la langue pat• la gl'ammail'e. Berder.


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