No 02 l'Ecole primaire, 16 Janvier 1905

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IN11111éro

XXIVe année

décltlif

d'ticcepttition

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8 a-mu san t de l'instiruct rd'Lmitati,on qu e fenfant partage BJvec l'homme et l'homme avec ,le sin ge ; - c'éta it un de ces ,phénomènes de 1·év,ersi on par lesquels une très vi eille humanité nomade et aveintureuse repa1 ,aît à tl"ave 1'.s l e brndi.geon des conv,enances et des coutum es. Le l>csoin d'aller <pteds nu s est une revanche de la IllMur·e. L'a,rucêtre robu ste, le va-nu-pied laicustre, re;pauait ainsi dans Je petit rej,eton con·oct, bÏ'en vêtu et bien cha u s,sé. Et, par U[l bizarre aJlliage, cet atavi sme p1•éhi·stori q ue est en même temps ultra-modeme, étant hauteme:nt éga litaire ... Ici encor ,f\, 1me r&mini-scence me revint. mM-s qui cette fots me fit soU1i•re. Cela aussi, je l'arva is fait: j 'ava is ôt é mes soulier,s ((pour voir.>i Bieru plus, en tem<ps d,e va,ca,n,ces, I!OUS l 'a rdent so l:eil , en ple ins chairnp'S, en pleiru s boiis, j 'a;va is march é pi eds nu s, têt e nue , la veste sur le br as, aes ch eveux au ve nt, l es manones de chemises remontées ,et rouJées jœqu ' aud,essus du cou1de poUl· avoir l es brais brtllés pal' le soleil comme un s oldat, - et j'allais ainsi, eu plein e ch imère , rêva,nt ùe voyages et d ' a,ven tures . . . . Et to ut le my,stère du \Pl'Olllème est là, dans ce dépoui ll eme nt qui 1devrait toujours paraît re nu plaisir et un jeu colllllme il est pour l'e nfant!. .. Hem'eux qui sait ma r(lh er pi eds nu,s dan ·s l a. ü e, foulant aux pieds préjug és , men songes, h aine,s et hyp o.cri sics, a,v.e.c l'élan généreux de l'enf ant qui veut s,e fa ire l' ég al d e ,ses camara1cle s p aUivres, qui vont nu -1Pields, * tout l'été, par économi,e! * * Cependant, les petits pieds nus continuaient S'il n 'y a pas 'dépouillem ent volon t aiTe penà trotrtler . Il s étaie'Ilt 'brunis, bronzés , poud ant l a vie, avec la mort vie.ut l'a,rracheimeut dreux , a,,"ec des talon s et des d,essou s clurci,s - et. combien do,uiLoureux! ... Ca r ce n'est par ù,e lo11gues. pêr égr i,llat ion s. Des têtes point la fin e chau,ssU1·e se ul~ qu 'i~ taut quitéta ient nu es, cmnme le s pi ed·s, mais le sol,eiq, ter a lo1,s; et alor,s nul ne p eut plu1s protester qui 1,end ;plus fc,rucée la coul1eur de l·a peau, et ci·ier: « C'est à moi!» PIERRE. r0111dp1us •claire , en revanche, celle des ·c'heveux. " Dans un w,agon ,r·n rev,enant d e Nice, 10:Jl Ils étaient gai,s et agiles, les petits va -nuJ\f.arseilla,Ls: - S'il y 1a,beaucoup cle poùs,sons pieds, et c'était au toUl' des pe tit s bourgeois daus la :Z.Jéditerra née!. . . 111.a.i.s j e :peu se qui . dés unis à les re garder avec e'!IJVie il n 'y a p as de mer au moncle où il y ,en ait B ien tôt, deux ou trois ùes ellfamts le s a111 ba.ut. A h! Moll sieur, sa ns le 'Clétn:oi t ide mi'eux vêtus, les mieux cha u ssés, .se disslG ùhra ltat ·, ce s,erait bien autr.e chose . .. .. mufant d erriè re un gros tronc d' a 1•b1,e, ôtèJlfaJheui -ense meut il s'·en échappe toujouT,S rent bas et •souHe'l'IS, et leem·s pieds ros'M qn e1qu es-uns pa,r fü . s'exe11cèr,ent à trottiuer, non sarns que cet es'' A.li! vo't1s· ête s du Calvados? J'y ai connu sai provoquât quelques gr ima,ces au c ontact lllll'e f emme qui est née ù 40 .ans. - Pa ,s IJ)O•'>des moirudres aspérités du so1. sible ! - Si, à Cauentan, départlemen,t du Cal11 y ruvait :là aussi amp le ,matière à rpeillser : vaclo.s. ce n 'était point seulettnent un échantillon

avait jeté du même coup un froïd : a:dieu l'en train av ec la 'bonne humeur! .. . Ch,aicu,n ·s'en fut de son côt'é, bouidaro.t plus ou moins, i'= parce qu 'il avait été re.fusé , l'autr,e parce qu 'il avait refusé, et les autres prenant parti ,pour celJUi-ci ·ou celui-là ... De groœpe des p etits va -nu-p,i,ed•s, rieur, continua seul ses ébats, indlifférents à l'objet du litige . Il donnait b eawcoup à penser , ce .mort d'enfa;nt : <<C'es·t à moi, je te dis! )) n 'a ,pas à se prév,a'loiI De communieme d'être un e tdée in née, •car l'enfant a l'in stiuct d•e ~a, propriété d'autant plus foroe me:nt ancré que, de borune foi, cet instinct se confonid c!hez lui aveic le sentiment d,e '1a juistice. N'a llez ·pas lui dire que « J.a propriétê c',est le vol ii. Quand il a dit: « C'est à moi J), H a tout dit, et il s'y c1,au:nponne en dépit des théorie s. .. :Soit, ,c',est à toi, enfant, mais préci sé ment pour ,eela n'est-il pas doux de donn,er ï TeJlle fut ,ma pensé e, qu ana un·e réminiscence aigu ë me tr,aversa l a mémoire , s uivie <le près pa:i- un remo1·ds qui rue serr a le coeur; j' aivais été comme cela, moi aussi ; j 'ar vais crié, et souv>ent: <( C'est à moi! >llll!C vo uln.nt ni :prêter ni donn er. Un e fois , sur tou t, on m' a v,ait parlé d'un gar<;on de mon ûge, bien mal a a:,e à l'hôlpital ; on m'aiva it 1suggéré l'idée de lui enrvoyer quelques jouet s ... Je donnai de mes livres, ma~s le ga1•dai mes soldats ·de plomb, mies .faivo r1s, qui e wss,ent pourtant teinté de ros·e cette petite figure pâle s ut· ,son oreil ler bla:DJc...

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L'Ecole primaire donne de- 14 à ~li;;aisons d;;:6- ~~ge; ~h;c?ne, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8 a ti pages pendant l'année ordinaire de 12 mois. Chaque_mois il est en outre apporté un supplément illustré de 8 pages mtitulé : Le Foyer et les Champs. à

Tout cc qui c~nc.:rnc l.t fUblic.ition doit ~tr.: .idr.:ssé directement publique, à Sion. l\1. P. PIQNAT, 1et· sccrét.iire à l'instruction

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