15 Janvier 1916
a&meannêe
C L'Ecole ptimaire donne un ., dizaine de livraiso1.isd'au moins 8 pages, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'aunée ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre).
Suisse fr. 2.50
Par an: Union p0t11tale fr. 3 Les abonnements se règlent par chèque postal II 56 ou à ce défaut contre remboursement. Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur
Tout ce qui concerne la; publication doit être adressé directement èt sen gera;nt et ft'ndQteur, M. P. PICiNAT, Secrétaire au Dép,utcment de 1'Instructlcn publique, à: Sion.
es relations enh'e le maître et J'élève doiv~nt être fondées sur J'amour
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Somma ire de cettelivraison Pe n sée. -- L'éco'Jier poli. - P etit élJpercu historique sur 1e srvstèm e métrique. - Education phys.irqu e. - Comme nt on doit écr ire une lettr e. - A propo s d''éducatio n. _:__Partie pratique: Mon10Iogues. Sujets de riéda1citi'Ot1 ·. Vari étés. -0
êlre rèp,arée ou r edifiée tians. '!'Annuai re de ['année su ivaa~e, de ma nière que la future éditi on devienne quant à J'eXfJ-Ctitudeaussi irré,pmchab le que posSLb1e. (Communiqué.) -0-
Livretscolaire
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le Département cantonal <le l' Ins trudion pubtliique, ayant consta té, ces derniers temps, que les livrets scüllaires (Annexe de 24 pages.) d'é lèves des écoles pr imaires et comLe chapei1et. - Aux mères de famLlplémentaires, qui se rendent dans un :le. _:__Un fiils de gy mn as te. - La perautre can ton, ne 'lui parviennent '))'lus mi ss ion . - La tarte. - Les b lessés. régu~ièrernent , a dü, par cir.cu1.aire spéLa campa,gne ,de Ru ssie. - La icroix du bon re tour . - La Noë'!. - Le RéveH- 'Cia1le, inviter "les commissions d'é:càle fo n . - Les suipersti tions et na ·st~prénna- à lui transmettre sans ·plus de retard, l'adresse adueHe et .Jes 'livrets ~collaires tie de l 'individu. La guerre et la .des élèves qui ont quitté ile Valais, ûesanté. - 'La synth èse de !l' aumô ne. Var iétés. - Pensée. .puis 1'ouver ture d u cours 1915-16. 11 exige également qu'à l'avenir ces • * * transmissions s'effectuent régu~ièreme nl 1 L'exp édition du présent N' se trouv e afin qu'à son tour, notre Département être en retard de 2-3 jourrs, 1le dire c- puisse entrer en relations avec ceux des teur de 'l'Ecole primaire ayan,t tenu à autres cantons pour astreindre les élèce que la 1re :livraiso n de ~'an née con- ves qui quittent le Vahis à 1a· fréquentîn t et a1pportât au personne1 enseig nant tatio n des écoies de leur nouveau d omiva!lai sa n 1'initéœssiant e annexe spécia Je cile. toujo ur s, conswltée avec plais ir et profit, -0à savo ir ')'Annuair e du Département.
Sommaire du Supplément N° 1
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Annuairedu Départepient L'Annuaire 'du Département, que ~ie ,personne!! enseignru1t va1'aisan reçoit en même temps ,que ie •pflésent N° de ~·Ecole primaire , contient, oour fa première fois ,cette année, un intéress1ant renseignemen t de p'lus. Deux nouve11les ca'lonnes, en effet, y ont été introduites pour indiquer a·'année de déhui du personnel en:seignant dans 1,a carriè r e et 1e titre ou diplôme de capacité dont ill est muni . On ·sera r econnai ssâ nt aux intéressés ·qui ,pourraient décou vr ir une erreur ou omission en ·ce qui ,les. concerne, de voui]oir bien fa signa/lier au Secréta riat du Dépar tement pour qu,'t:Jil!ie~uisse
L',,Erziehungsfreund" Les 'lecteurs de Œ 'Ecole primaire n'ignorent ,po'int que le personnel ensei gnant de 1.a parti e aHemar de du canton possédait ·comme organe l' Erziehun Ks/reund der Walliser /ur;end. (L'a mi de 'l'éducation de lla jeunesse va'hisann e.) Ce charmant périodique. qui poursuivait '1e même but que l'Ecole .primaire, et .faisait avec elUe ·'e mdltltur ménaf!.e, vient de cesser sa pub1iica'tion avec rannée écou1ée, sa /liv1aiso,n de décembre 1915 étant fa dernière p·arue, ·ce'll!eda1s faque~1le notre confrère faH se.; adieux à ses ~ecteurs. L' Erziehunps/reund, qui existait depuis 16 ans., avait eu c,omme ,premier réda cteur M. :l'abbé Dr Me. yer, auqueq ava it succédé M. qe, 1priet:'f
Werlen. Tous de ux se dépensèrent avec dévoueme nt et compétence dan s ~a ,tâche qu'i'ls ava:ient bénévoi!ement et gratuiteme n't assumée. Les nombr euses occupations !de son dernier réldaieteur (qui se froUJVe être inspecteur scoŒaire en même tem ps que pas teu,r de ~limp ortante ipmoisse de Loèche) et aussi iles condit ions toujours pfo,s.diî frciaes imposées aux jou r naux sp éJdaux et de petit tirage (icomme une publication pédagogiq ue s' adressan t à une refasse restreinte et bien dé· termi née de lecteurs.) ont entrainé ~a cessa tion de 1'ErziehunKsfreund. Ma is, en signal,ant avec tous nos regrets Ilia dis parition prématurée de ce jeune conrfrèrn, nous ,avons Ile pa·aisir d'annonœr . ·que ipour au tant Ues institu teurs du Haut-Valais ne seront point privés d'une f euilile sco'l:aire. Hs recevront désorma is en compen sation une revu,e des plus a:upréciées: Die Schweizer-Schule ( L'E·cole suisise), organe de 11'Asso ciation des maîtres d'école catholiques de 1La S uisse Ce périodique, ,qui · se recomman:de à tou~ les points de vue par son eisprit et ses ex;cel!le nt s articles, paraît à Einsi edel n.
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..Le JeuneCatholique" commence en 1()16 sa 6rn• a nn ée. C'es t dire qu'il confümera à paraître ma1gré les wr,ditions d'existence 'très dilf'fiici:les en ce moment par suite du rernchérissement considémbtle d constant ·de 1a main d'œuvre et du papier. Ma ,lgré ·ces ;pénihles circo nstanc es, Le Jeune Catholique maintiendra 'les prix et avantages actuels que nous rappelons ùci: 1 ab. 1 .50. - 2 à 4 ( sous la même bande) 1,25 chacun. - 5 et plus (J fr.
chacun). - Chaque dizaine donnera en outre droit à un abonnement gratuit. Tou,t en restant lri même, avec siège à Sion, la direction du Jeune Catholi-
que a dû, ,pour ,anéger et simplliifier sa tâche, confier l'administratio n du jour-
n~1l à l'imprimerie de i:elui~ci. Pour tout ce qui iconicerne les 'abonnement s et ich'angements d'adresse, i1l y aura donc Heu d'acheminer d('.sorma is !lettres ou cartes ainsi: Jeune Catholique, Case postale , MaUip\3'S, Lausanne , où [es abonnementlis pounont é.tcilement être .acquitt és. Le paiement en sera parem ement aidmis en u'ti1fü,ant ,comme jusqu' ki ,le Chèque postal (H.56). sauf à a.outer '5 cent. sur chaque bulletin de versement, ipour la ta xe que fa poste déduit au destinataire quell e que soit fa vafour en ca use . Qu'on en prenne don c bonne note une fois ,pour toutes. -0-
Almanach Pestalozzi Cet agen!da bien connu, édité dans .Je texte français ipar MM. Payot & C 0 , _à Lausan n e, 1continue A rendre, par nari ches se de ses matières, de gran ids et incontestables s ervite :;. Son tir.a:ge extr.aordinaire témoi gne de sa va!leur st ientifique et .pédagogique . Si n1ous.ra,pp eIons que, seu'le dans 1le grou 1pe 43 (Edu_ ·ca'tion et instruction), cette ,publJiication a obtenu le Grand Prix à iJ'"Exfp o.sition jla tionale de Berne, nous aurons encore une nouve11e pr euve de son mér ite. (Prix 1.60.) 1
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L'idéalHelvétique L'année écou lée aura él'é mar quée par de grandes commé morations patrio tiques: Mor g arten, gforieu x et sang lant ; Ie Centenaire va'liaisan, souvenir d'un événement bén i entre tous, et, tout près de nous, vibran t encore , 'la mobilisation générale de 1914. Mors que tant cl'anden s souvenirs de 1915 étince llent dans notre mémoire, comment ne pas nous· exalter à l'évocation de œs heures de grandeur tragique qui vir ent se lever fa Suisse en armes. Oui, 1a Suisse, parmi les Nations, une des premières debout pour
4 faire reSipeder sa sainte Jrtdèpendance et triompher, ,contre n'importe quel agresseur, son droit à l'existence de peuple 1ibre et souverain! Ce fut certes une ex;pression saisissante de 'l'instinct de « p,rorpre conservation » inhérent à ~'individual,ité des nations. De son côté, la Croix-Rouge enrôla sous ses ,drapeaux des milliers de volontaires. Le spectacl~ fut beau de tous points. Qu'eût-iil été s'il avait fa'l11ucombattre! Mais, voici que des ombres se projettent sur cette vision d'héroïsme . Ombres douloureuses. Ei1es viennent du contraste qui su11git entre fa superbe union de toutes les forces et de toute3 iles énergies rpour ta défense du sol sacré de la Patrie et 1a divergence profonde dans fa manière d'envisager les événements et d'en recevoir lïmpression . Et ceci aurait pu nuire à cela. Dans tous les .cas, ceci s'est accentué à tel point qu'il s'est creusé entre 1es deux manières ce qu'on appelle « un fossé ». Tous les Suisses dignes de {'.e nom s'émurent de cet état de l'âme nationale. D'aucuns en conçurent presque du désespoir. Ils voyaient tro.p en sombre. D'aµtres, par contre, se rassurèrent bien vite et, dans leur optimisme facile, pen~èrent qu'il n'y avait qu'à laisser !,.1 sainte liberté opérer toute seule la guérison . C'est un peu trop présumer de la Uberté qui ne sauve pas toute seule. D'autres enfin tirèrent des cir,constances 1les leçons qui s'imposaient: ils comprirent que la Suisse traversait une nouvelle crise de son histoire et qu'une nou_ veHe fois elle devait se ressaisir. Ils arrêtèrent donc un programme d'action naEonale et se mirent résolument au travail. Le bien qu'ils ont déjà réalisé nous indine fort à penser qu'Hs ne se sont pas fourvoyés. Non pas certes qu'il fai11e tout rejeter du bel optimisme des premiers. Ce serait singu 1lièrement méconnaître ~~histoire et la raison d'être de la Suisse.
Notre passé est fécond, héias ! en disco11aesintérieures : villes ·contre campa gnes, patriciens contre paysans, paxs souverains contre pays sujets, catholi ques et protestants, fédéralistes et unitaires, libéraux et conservateurs : autant de luttes regrettables. Souvent même, la guerre civile arma ces antagonistes pour des mêlées fratricides. Certes, la Suisse a traversé à l'intérieur des crises apparemment plus terribles que ceHe qui solHcite notre attention depuis ,Je début de la guerre européenne. . Mais, même aux jou rs les plus tragiques âe notre passé, les tempêtes de feu et de sang se sont apaisées . Toujours, à un moment donné, l'idéal helvétique a r~ris ses droits. fa une fois 1a conco11derestaurée, la Croix-Blanrche semblait même resplendir d'un plus pur éclat. fait digne d'admîration et maintes fois renouvelé, qui ne 1aissa rpas de sur.prendre Fétrang er ! Aussi Jakob Sturm, délégué de Strassbourg lors de la première guerre de Kappel , de s'écrier : « Vous autres, Confédérés, vous êtes de drôles de gens! Lors même que vous êtes séparés par quelque différend, vous ne faites qu'un et vous n'oublie z pa:s votre vieille amitié. » Est-·ce à dire toutefois que cette vieille amitié est toujours cultivée avec tout Je soin désirable? N'a ccuse-t-elle pas par fois de douloureuse s a b2ences, d'inquié - . tantes lé!Jcunes?Son triomphe final fuiil toujours spontané? Que serait··elle devenue ,cette amitié si, aux ·heures ,critiques de notre histoire , elle n'avait trouvé un ultime mais sûr refuge dans l'â me de quelques citoyens d'élite, vrais sauveurs de la Patrie, pacifiant les esprits, réconciliant les rœurs ? Tel un Nicolas de Flue, tel un Wengi . Tel peut-être, dans les conjonctures prése:ites, Karl Spitteler, l'harmonieux poète. On a beau dire, mais une chose est certaine , c'est que, dans la vie des nations ·comme dans celle des familles et des individus, si l'on ne mate pas les
5 p,assions déchaînées, elles vous conduiront inévitablement .1 l'abime, à la ruine. Aide-toi donc, le Ciel t'aidera. Qu'il y ait en Suisse plus qu'ailleurs des divergences, des oppositions, des antithèses, rien de plus naturel. C'est même la raison de Eotre existence. Malgré ou même grâce à ces éléments contraires, l'idfal helvétique ,consiste à réaliser l'union par l'attachement de tous les citoyens à des institutions nationa1es communes, véritable patriomoine de grandeur et de liberté, patrimoine inaliénable, admiré de toutes les démocraties du globe. Mais cependant n'y a-t-H pas lieu de s'inquiéter lorsque 1a vision de cet idéal s'assombrit, lorsque l'attachement aux institutions nationales semble devenir quelque chose de secondaire, d'accessoire, d'i,gnoré, de méconnu? N'y a-t -il pas de raison de s'affecter quand on voit des Suisses épouser avec passion la cause d'un groupe belligérant, dont les procédés et les rnœurs sont tels que s'il venait à organiser l'Europe, c'en serait fait immédiatement des principes de liberté et de démocratie qui sont .à la base de nos institu tions? Aussi, s'il nous est permis d'avoir une dose d'op timisme, l'heure est avant tout à l'action et à l'énergie. Nous devons nous appliquer de plusieurs manières à d&gager l'idéal nationaI des ténèbres que la pénétration étrangère a amoncelées autour de lui, afin que cet idéal ra yonne et puisse ainsi réchauffer tous les cœurs. Nous devons émettre un vouloir helvétique conscient, désintéressé, généreux et ardent. Nous devons, de toute nocre âme et de toutes nos forces, répondre . par des actes à cette volonté, afin de réaliser la prophétie du poète : « La Suisse, dans l'histoire, aura le dernier mot.» Dr M \N(JISC II. (Gazette du, Valais.)
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Les religionsen Suisse En 1910, il y avait en Suisse: 2,107,814 protestants, 1,593,538 catholiques, 18,462 Israélites et 33,479 adhérent$ d'autres confessions ou individus ayant déclaré ne professer aucune religion. Ce dernier groupe comptait, en 1900, 7358 unités seulement (2 °/ 0 ., :de Ua population résidente). L'accroissement numérique extraordinaire constaté en 1910 ( 9 °/ 00 de 'la population résidente) montre à quel degré l'indifférentisme religieux s'étend au sein de notre peupile. En 1850, le nombre des protestants foI1JI1aitle 593 °/ 00 de la population totale, celui des caiholiques le 406 °/ 00 et celui des Israélites le 1 °/0 0 • En 1910, les protestants formaient le 562 °/ 00 , les · catholiques le 424 °/,rnet les Israélites le 5 °/0 0 de la population totale. La r,roportion numérique des catholique s s'est donc accrue . sensiblement pendant les soixante dernières années, tandis que l'inverse s'est produit chez les protestants . Si l'on ne ,considère que 1a po'l)'u1ation de nationa lité suisse, la proportion se modifie quelque peu. fn 190.Q, le nombre des protestants égéilait 1e 616 0 / 00 de la population indigène totale; rn 1910, le 614 °/ 0 0 ; au recensement de 1900, le nombre des catholiques égalait le 380 °/00 de ladite •po.pulation; en 1910, le 378 °/ 00 • De 1900 à 1910, le nombre des protestants s'est accru de 191,657 âmes et celui des catholiques de (100 °/1) 0) 213,874 (153 °/ 00 ). L'augmentation de la population protestante indigène a été de 158,394 âmes (88 °/ 0 0 ) et œ11ede la population catholique, de 94,738 âmes (85 °/00 ); les étrangers protestants ont vu leur nombre s'accroître .de 33 ,263 âmes (305 °/00 ) et les étrangers catholiques, de 119,136 âmes (451 °/00 ).
6 deux groupes allemand et français (moyennt annuelle respective: 10 pour mille et 10,2 pour mille); la populat ion romanche esl restée sta• tionnaire durant ces 22 années; la population de langue italienn e a presque doub lé. De 1888 à 1910, la popu lation de langue allemande domic iliée en territoire welche est montée de 91,458 habitants à 102,490; la popu lation parlant français et étab lie en pays ue langue allemande, u,,ui s élevait, en 18&3, à 19,806 âmes, en comptail 40,253 en lt:;'10. La population de langue italienne s·est élevée, en ierr itoire allemanu, de 9416 à 98,244 âmes, et en pays welche de 9072 à 39,009 âmes. L'accroissement relativement faible de l'êllt:ment a:tl.emanden pays weJ.ohe,el ce1u1par contre, très marq ué, ue l él~ment français en ter-ontoire lit1guistique a'llemand, s'expliq ue avant 10ut par la crise nor1ogère ·qui a sévi dans Les langues les dernières années de la période l 88S-19IU· Au point de vue de la langue, la Suisse Dans la partie française du Jura bernois, compte 2 594 298 personnes de langue aileainsi que dans le canton de Neuchâtel, la po' ' ' mande (2,326,250 Suisses et 268,048 é.ranpulation allemande a diminué; elle s est acger s); 793,264 personnes de langue française crue, par contre, dans les cantons de Vaud, (708,650 Suisses et 84,614 étrangers); 302,578 de Genéve, de Fribourg et du Valais. personnes de langue italienne (125,336 Suisses et 177,242 étrangers); 40,122 personnes Il est incontestable que le Wekhe, comme de langue romanche (39,237 Suisses, 885 le Uerrnain, ne pourront à la longue se soustraire à 'l'iniluence du milieu: dans la deuétr ang ers); 23,031 personnes parlant d'autres langues (1809 Suisses et 21,222 étrangers . xième génération, non seulement le Suisse allemand en pays welche sera romanisé, mais La population de langue allemande fonne d'autre part, le Romand en Suisse allemauàe le 691 pour mille de la population totale; sera aLlemannisé aU, point de vue de la lancelle de langue française de 211 pour mille, gue. celle de langue italienne les 81 pour mille et L'énorme accro issemen t de la population' celle de lanaue romanche les l J pour mille. parlan t l'italien dépend de plusieurs causes A peu près la mo itié de la population economiques; l'industrie du• bâtiment est le étrangère recensée en 1910 est de •langue alleprincipa'l facleur de cet accroissement. En mande· le tiers est de langue italienne; un peu moins ' du sixième es! de langue lra11çai5e; uehors de !·industrie du bât iment, 1 électrolecbnie et su1·tout l'industrie textile attirenl 5743 étrangers parlent l'a nglais, 4607 le russe, depu is un certain nombre d'années un nom2047 le polonais. bre toujours plus grand d'ouvriers italiens. la popul at ion de langue allemande qui, vuVOOO en 1888, formait le 714 pour mille de la pop11iat1on totale, ne représente plus ,_en 1910, ,\';'')T DE LA fll\J que le ü9l pour mi Ile; la proport1ou de la A la police correctionnelle un avocat plaipopulation de langue lran çaise est tombée de dait, lorsqu'un âne se mit à braire dans la 218 à 211 pour mi lie, et celle de )a popul~rue. tion romanche de 13 à 11 pour nulle, tandis - Parlez l'un après l'autre, dit le juge; que le nombre des perso nnes parian! l'i(altrn on ne peut vous comprendre tous les deux à s est élevé de 53 à 81 pour mille, el celui des la fois. personnes de langue étrangère de 2 à 6 pour La plaidoirie terminée, le juge prend la mille. parole, et l'âne recommence à braire. Cons idérée en elle-même, chaque comnrn- Il y a un tel écho dans cette salle, s'é· nau lé de langue s'est accrue de 1888 à 1910. Toute proportion gardée, l'accroi ssemen t es1 crie l'avocat, que l'on ne saisit pas les paro· les de Monsieur le Président. à peu de chose près le même pour chacun des
L'accroissement relatif du ,nombre des Israélites (505 °/oo), en particulier des Israélites étra nger s ou immigrés (671 0 est sensible . / 00 ), L'homogénéité religieuse ,de ·11apoptllation disparaît toujours davantage, dans les contrées protestantes plus rapidement ,qu'en pays catholique. Tandis que, ·à l'époque du recensement de 1850, on comptait encore 14 cantons, dont 5 protestants et 9 catholiques, où la religion dominante était celle des neuf dixièmes de 1a 1popul:a'tion, ce n'est plus le cas que pour 8 cantons catholiques.
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Table des Matières contenuesdans l'année1916 de !',,EcolePrimaire"
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A.rUcles
Pages
L'écolier poli I 9 17 25 33 43 52 67 Petit aperçu his{orique sur le :système métrique Educa t.ion physique . 312 29 37 Com~ent on doit écrire une lettre . A propos d'éduœtion . A propos des cours complémentaires 11 L'application aux cours complémentaires Pour faire apprendre le livret la gymnastique et ,Pécole . P unitions et récompenses Cu.rieuses remarques sur -la tab le de Pythagore sans les dizaines La course aux apparences· . la Sainte Trinité Les soup es scolaires en Valais De l'éducation nationale . L'art de se faire obé ir . La su rveillance des enfants en dehors de l'école L'enseignement antialcoolique Jubilé sacerdo tal de M. G. Delaloye 'Le temps des semailles . Le salut de l'âme et le3 soins du corps . 51 66 La nouve lle gramm~ire . Pour le village . L'ordre matériel et l'ordre moral à l'école Encore la rentrée des clas$eS Le cercle vicieux . La poudre aux yeux . A propos d'instruction civique Avantages des exercices physiques •Les distraits . P ARHE P•RATIQUiE. - Suje~s de rédac• fion, etc. . 7 15 22 61 VARIETES . 8 16 :l2 H 40 56 62 i3
Couvedare
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(De 4 à 8 pages).
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Cette partie de 11otre puhlicatio11, qui comprend 80 pages, renfem1e, outre des annonces 5 et avis scolaires, différents articles dom vo,ici 5 les principa ux: 19 No 1. L'idéal, helvétique. Religio ns et lan 14 gues de •la Suis.se. - No 2. Mise au point. 20 Apprentissage d'u n métier. Ode au ûrand25 Saint~Bernard. - No '3. Choix d'une profes 28 sion. La mésange charbonnière. - No 4. A la jeunesse des écoles. Le saluf au drapeau. 36 La Croix. - No 5 Economisez le papier et 38 le sucre . Epargne et économie. ·Les, vaincus 41 de la vie. Le sa'lut à la croix . -- No 6. Pour 42 la gymnasfique. Société helv~üque de St-Mau48 r ice. Aux femmes suisses. I.a crise du pa52 pier . - No 7. Langue maternelle. La conilé· renœ des Chefs de Département de l.'lnstruc53 t,ion puh !,ique . Autour de Géronde. La th~o54 logie du Sénégalais. - No S. Notre J\Jma49 nach de 1917. Nendaz et se5 anciennes couiu50 mes. Eglogue. QueHe carrière choisir? -· , No 9. i.e XVIe Ce:nienaire de S. Martin. La 75 cherté de la vie et la situation matérielle c:Lu 57 pe rsonnel enseignant - No 10. -Euseigne59 ment ménager. Traitements du personnel e,n60 5 seiguant pour 1916-1 7. Sou de Géronde. 65 1 Nouveautés de librairie. Prncf.amation du 70 Consei l d'Etat. Aux paren ts. Cadeau prés,iden71 tiel. 77 L',,ECOlJE ,PRIMAIRE'' forme pour fan 84 86 née 1916 un volume de 390 pages répa rties comme suit: 86 Couverture 80; Feuille prmcipale 110; Sup· 90 p lémeuts ordino.ire.s 192; - spécial 8.
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Sommaireet N° des Suppléments (Pour la reliure de l'Ecole primaire , il est re co mmandé de placer les Suppléments a Ja fiu du volume , soit après la feuille principale , la pagin atio n en etant distincte). No 1. - Le chapelet. - Aux mères de fa. mille. - Un füs de gymna ste. - La permission . - La tarte. - Les blessés. - Lv-campagne de Russie. - .La croix du bon retouir. _ 'La Noël,. - Le ,Réveillon. - Les .supersti• tions et la suprématie de ·l',individÙ. _- 'La guerre et fa santé . - La synthèse de l'aumône. - Va1·iétés. No 2. - Fui te du temps. - La la 1npe de Noël. - Que l sera le grand devoir catholique après la guerre? - L'as tre des Cro isades. L'an tiphonaire . - Le devoir des pare :1ts. Se rendre utile . - ·L'ascaride à six têtes. Les blessés. - Varié tés. N'b 3. - Le psautier. .Bellespoir. Coutume-s et traditions milita.ires. - La joie. _ Mois de S. Joseph . - Le cas de Sœur Angèle. - VApparitiou. - Le 1·uxe. - Visites aux malades. - Variétés . No 4. - Prière de solda t. - La morl du petit soldat. _ Un brevet sans emploi. Mlle Chollet, un petit garço11 et d'autres , gen~ - Guerre aux mouches. - Le choix diune croix. - Mamatt Jalouse. - Souvenir d'ar · 1iste. - Je unes filles, resleL chez vous! Variétés . No 5. - Noire unique espé rance . Le chemin de ~ croix. - Ler. discip les d1Ernmaiis. - Allez à lui! - .Les incurables. Angoissant problème . - Le mois de Marie. - Soir triste . - Toi , n'hés ite .pas! - la voix. - Variétés.
gens. - L'envie socia1e et politiq ue. - Variétés. No 7. - L'heure de l'action.. - La ver lu de .patience. - •Le bonheur au foyer, - L'au· mônier militaire. - La lutte pour la vie. Ma pièce. - 1La courtoisie. - L'auberge de Schwarenbach. - La jeune~se- - De mo11 temps. - Dépenses et !'es,sources. - L'enfan t et la loi. - Les yeux fermés - Le corbeau est-il un oiseau utile? - variétés,. No 8. - ,La gloire e11 l':rnlre vie. - L'avenir de nos enfants. - la promotion sur la. montagne. - Gosse d'hier. -- ·Les cartes à jouer. - Du pauier au couv,\nt. - Figures de héros. - Si j'avai,s une fille. - Octobre, mois du Rosair e. - La poes ie du jardin. Ter.re maternel le. - ,OouzQ capucins pour un colonel. - Locutions et étymologies cut'lieuses. - Variétés. No 9. - Soir de guerre . - 'Lll'boun d'au tomne. - Le médecin de Cucugnan. - Le chag rin d'un vieux forçat. - Mois des Trépassés. - Tempérance, épargue et dettes. L'a l:phabet japonais. - N0s lorêts. - Sabre et goupillon . - Variétés. No !O. - Un apôtre du Rosaire. - La GouraLtde. - Lumière de l'ombre. - L'aspirant (récit de guerre). - La voie des tran chées. - Comme uue mère. - P leure _pas., bébé .. . . - Q11,e sera cet 11iver ? - Variétés.
No 6. - Le veilleur . - Li. deruière classe. - Ornez vos demeures de plantes grimpantes. ~ ·Les asperges , - Familie d'' alcoo liques . - .Mois du Sacré..Cœur. - i.e prêtre aviateur. - Vers •la demeure éterne11e. - Celle qui ne savait pas. - Le r,1édaillon. - Le pinson du couvent. - Le clergé et les œuvres. Parents et éco liers. - Mon lieutenant. ,... Le ioast du colonel. - Aux jeunes
SUP1RLEM'ENTS SPECIAUX fa couver ture du No 7 la no tice his!or•ique su.r ,Je Valais , par M. A, .Mottiez , comprenant une 'lrng taine de pages . A in terca ler à la fin du volume le supp16me,nt Sipécia1: JOYEUX NOEL , dont voici le sommaire: Les éloche•s de Noël. Les bergers ~ la crèche. I.A iêle par excellence. Noël. A Bethl~m. Le Noël de Qlaixe. (Nouvelle)
A in tercaler rntns
35me ann.Se
SION, 13 Janvier 1916 LOIS.EAU DE PAR.A oDI& Jésus enfant, sur la lisière D'un bois profond - avec sa Mère Qui guidait ses pas chancelants Cueillait des fleurs blanches et fréles ,Dont les corolles de dentelles ' Tremblaient dans ses p~tils bras l>laucs! 1:ous !es rameaux, sUi" ~on passage 1 enda1ent vers son divin visage Leurs fronts embaumés el Oeu-ris! Des rosiers s'effeuiHaielll les ro ses. Et ·leurs pétales blancs ou roses · Sous ses pieds for:tnaient un tapis! On entendait des voix étranges: E'dhos célestes! - Co11cerls d'ancres Chanter dims ·l'infini des cieux! "' ' tLes ruisseaux eu rou!am leurs ondes Rendaient au Créateur des mondes Un hommage mystérieux! C'était 1111 concert unanime Qui s'élevait, discret. sublime De la forêt, pleine d'oiseaux; Des vallons, oit les moissons mùre ~ Ondulaient, pleines de murmures Comme la surface des eaux! Or, !'Enfant-Dieu, pfrs d'une source Voulut s'arrêter dans s~- course Car ses pieds divins étaient las'. La Vierge l'assit sur la mousse. La musique devint plus douce, · Les oiseaux chantèrent plus 1Ja5! Soudain, Jésus contre ~a Mère Appuya son front de lumière, Ferma les yeux, .puis s'endormit . Alors, on put voir ce prodige: Pas une feuille, pas une lige Pendant son sommeil ne frémi,!! Le vent avait fermé sO'l ai-le, ·Les oiseaux faisaient srntinelle, Les rui-sseaux s'enfuyaient sans bruit: Quand .soudain sur la main divine D'un rameau- fleuri d'aubé:p-ine Un oiseau tomba de w n nid! --
'L'enfant Jésus, soudain s'éveille! A1ors, la Vierge à sun 0reible Lui dit: « Dormez, beau jouvenceau! « Dormez! - C'est un oiseau sauvage • Qui pour mieux voi,· votre visage « S'est laissé choir de s o11 berœau! -
M_ais,Jésus voyant le cotapa.ble Qui paraissait inconsolable Le prit dans ses mains d'Enfan't-Die u Puis il lui dif: • Je 'te pardonue! ' • E:l ton joli corps qui frissonne. ·, Va se .parer d'or et de feu! » ll dft! - Et soudain le plumage De ce .pauvre oiseau de passage Se couvrit d'êdatan1s r.ubi!1, Et ,pour consa·crer son prestige On uomrna l'oiseau du. ,prodige, Depuis l'oiseau de Paradis. Char les lu-Albon. D00000
L'ARBREDE LA VAILLANGE L'Angleterre aura plus tard ses forêts et ses bois Verdunois, car les Anglais ont inventé « 1'arhre de la vaillance ~, et c'est à Verdu11 qu'ils sont allés en chercher la semence. On rapporte que le maréchal French, v.is1tant le camp de Verdun, ramassa quelques marrons, en expliquant qu'il projetait de les planter .sur ses terres, afin que des marronniers s'y dressassent, dans l'avenir, comme uu monument commémoratif à l'héroïsme frauçais . Depuis lors , -tous veulent, en Angleterre, avoir queli:J.uegraine du sol magnifique. La municipalité de Verdun a reçu des. cen!aines êle requêtes à œ sujet, toutes pressantes et touchantes. Mais les conseillers municipaux de Verdun siègen1, comme on sait, à Paris. Ils transmirent les sollicitations anglaises au commissaire de police, ·M. Pro ust, resté dans la ville botl'leversée. Ce magistrat, sensible à œt hommage, a fait cueillir, ou plutôt déterrer des marrons et des glands dans ce qui fu.t 'les bois de Vaux et de Douaumont et parmi les ruines de la ville, aux endroits naguère plantés d'arbres. 0000000
• Comme :natm·el ,Deux dames, se :promenant en vil'lc, aper· çoivent l'enseigne d'lun denli"sfo. - A propos, chère amie, ,c'es,t ici qu'habite mon dentisre, dont ,je vous paŒlais Pautre jou,r. Je vous ie :recommande. Ses dents imitent si bieii la uatuire que parloi,s même er1es fon:t crueMewxn.tsou.ffirir.
L'ECOLE
PRIMAIRE
ORGANE DE LA
SOCIETEVALAISAB'liED'EDUCATION Pensée
gneux, :plus accuei1ilants, plus serviabtles à fa maison que partout ailleurs. Un des fléaux de l'éducation, une des cau- De celte façon, quand nous quHterons ses de l'étiolement de la jeunesse, de la de- la famille, les belles manières feront mi-sdence, de l'incapacité fardée, de la dé- partie intégrante de notre personne. bâcle des intelligences, de la fainéantise à Les Parents. - Les bonnes manières outrance, après les excès de travail, c'est la se prennent naturellement, si on les oblimite d'âge. D.ire à une ,jeu.ne nature: à tel âge, lu sau- serve habituellement dans le cercle de ras cela, ou bien tu seras estimée ne le sa- l.q famiHe. Les pro-cédés des enfants envers leurs parents seront toujours insvoir jamais, et telle ou telle carrière te sera fermée, n'est-ce pas ridicule, absurde, insensé, pirés par l'amour et .Jerespect. Ils leur immoral, odieux? doivmt :!,'amour, parce qu'après Dieu, La santé du corps ~rd , aux excès d'un ce sont leurs plus grands bienfaiteurs; travail prématuré, sa fleur et ses espérances d'avenir. L'accumulation précoce des con- le respect et l'obéissance, parce que les naissances prod1-it l'indigestion intellectuelle. p:rnents sont les représentants de Dieu, de qui fls tiennent ,toute autorité. La jeunes-se devient semblable à ces produits fade~ et pâles que l'on obtient par des Un enfant ,qui aime ses parents remoyens factices: pas de fi<bres solides, pas cherche toutes les occasions de Ieur rende fécondité. dre .quelque servke, est peiné s'il ne Laissez donc aux saltimbanques forains le peut rien faire pour ajouter à leur bon.privilège de montrer aux curieux des phéilomènes, « des monstres», et faites « des hom- heur; jamais il ne se laissera emporter à leur égar d : :1 les assistera en santé mes » . P. MONSABRE. et en mala à ie ~t les préviendra p·ar tout.es soi;tes d'attentions, que l'affection lui suggèrera facilement. Un enfant poli L'Ecolierpoli ') parlera toujours ·à ses parents d'un ton respectueux; ili ne les contredira pas et BONNES MANIERES se montrera heureux de recevoir et de A LA MAISON suivre leurs avis. L'enfant obéissant ne La Maison. - Notre maison doit se permettra jamais de témoigner son être pour chacun de nous 1l'endroit cher mécontentement en boudant ou en murentre tous et c'est un devoir pour cha- murant s,i,les parents . lui refusent une que membr,e de la famille de Ia rendre perrniss:Jn ou lui1 défendent ce q11'il aimable au;x:autres. Enfants, Œ1ous y aime. passons 1:a:longue période de notre forLe Père. Le père est le chef de la mation pour nous. préparer à tenir un famiUe; c'est lui qui travaille pour subjour notre place dans le monde. Nous venir à 'l'entretien et à l'éducation des devons donc être plus polis, plus soi- enfants; lia simp le gratitude ,leur fera àonc un devoir de se montrer geHtils et 1 ) Ta-aducfion autorisée, mais tous droits res,pectueux 'à son égard . L'enfant poli de repTodudion réservés. 1
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me des poids et mesures; mais des dif. ficultés sans nombre empêchaient toujours la réalisation de ces vœux. Ce n'est qu'à partir du 16m0 siècle que ce.ttc idée parut ,s'~_ngager sur une voie plus heureuse . Les travaux de Ferncl, en 1550, de Sne11 fil~, mathématicien holfandais, 1en 1626, de Norwood, en 1635: •ceu.x, plus précis, de l'astronome Picard, sous Louis XIV, qui tentèrent, à diverses reprises, de mesurer le globe duquel on étaH: déjà sur 1les dtime111Sions d'ac-cord de baser l'unité pr.incipa1e du nouveau svstème, furent comme l'a préface des merveineuses et définitives opérations des savants de la fin du t sme siède. Pann!i ces demier1s ,gavanfa, qui contribuèrent à préparer le terrain à 'l' unification des poids et mesures par 1'introduction du système métrique, dtons Cassini His, qui dirigea ,lia ifin de travaux importan,t,s ordonnés par le grand Co11bert,pour mener Ie méridie~ de Paris à travers 1a ·France, savant QUI proposa en outre de prendre pour unité des mesures de l'ongueur 1 60,000me du idegré terrestre; La Condamine, qui ·trav:ai1l!ra au Pérou; Maupertin, envoyé en Taponie pour véijifjer l'assertion ~e Newton disant quie 1a terre est a2lé!-he âe ï 334me :aux deux pôles, a:sserhon de 'nature à bou11'everser les cakuls antérieurs des savants . En 1790, le 8 mai, l' AssemMée natio_ nale pub1'ia son décret mémorab[e rendarnt oblilgatoire l'introduction d'un systéme uniforme. que 'l'on allait définiti vement fixer d'après des travaux dont 1'Académie des s'Cienices fut ioh'attgée et qu'el'le commença sans retard. On r~jeta d'emblée une unité basée sur l'equateur et une autre , déjà proposé!>par Picard îba:sée sur ta longueur du pen· Petitauerçubistor1que sexa:gé~i~ale _à dufo q~i bat l a se<;_on<l:e Paris et 'l 'on s'arreta a une umte basee sur le Systèmemétrique mêridien qu'il' s'agissait de mesur surer avec plus de précision. 1MéchainPlusieurs chefs d'Efats, depuis Charlemagne, tentèrent l'fntto~uire 1~ns et Delamibre ,particu1ièremenit 1dhar~ teurs pays respectifs un systeme un1for- de cette be;ogne, commencèrent leurs
et reconnaiGsant saluera toujours son père en i'aJbo·rdarnt; en 'lui parlant, i'1 n'oulbHera pas de l'appeler papa ou père; il obêira promptement et joyeusement non seu'1ement 1à ses ordres, mais même à ses désirs, qu'il saura prévenk; en un mot, H cherchera partout à Qui faire plaisir . La Mère. - Avec le père, 1a mère gouverne la famille et avec :Jui e11etra vaille au bien-être des enifants. EH'e a donc 1es mêmes droits que foi à tout~ 'les marques de respect et de soumission de la part de ses en'fants. Un fi1s IJ)o'l'itraitera sa mère avec plus de déférence et de bonté que n'importe ·quelilieautre personne. J!l se tiendra découvert devant elle; il lui ouv,rira une .porte pour 1a laisser passer fa première, lui réservera :le merlleur ·côté du chemin, '1·e haut du trottoir; il l'aidera à descendre de voiture, l'accompagnera au magasin pour Lui porter un paquet, lui ramassera un ob'jet qu'elle aura laissé tomber et i'entourera de toutes les délicates attentions d'un enfant prévenant. Les grands-parents . - Le grand âge commande toujours J,a, déférenœ et 1e respect , mais plus spécia1ement dans 'la nersonne des gran 1ds-parents. Un enfant poli et 1bien êlevé les entoure de prévenances, il respecte leurs gouts , et leurs manières de !faire, ne touche pas à œ qui leur appar.tient, :leur ap~rte ce qu'Hs désirent ·et écoute leurs avis ave~ une attention respectueuse. ée serait être grossier de rire de leurs ou1>1i s , de [eurs petites mani'es ou de fro'.iss~ leurs ( A suivre.) sentiments . 1
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opérations-, qui a'llaient durer sept ans et rencontrer des difficuHés innombrables, l' un le 25 juin 1792 de Bar~lone à Rhodez et ll'autre, Ue 1enrd.emam , de Rhodez à Dunkerque. Les mémoiTes de ces deux sav.an.ts, compulsés par une commission d~ 22 savants, désignés pai; l'Institut de France, fournirent 'les matériaux et les données nécessaires pour établir le nouveau 1Systèmesur une base uniforme et absolument invariable : la longueur exacte du méridien terrestre dont le quart fut divisé en dix miUions de .parties. Le mètre était trouvé . Le célèbre ,artiste Lenoir en construisit :le premier éta!lon en platine ,laminé, le moins dilatable des métaux . Ce premier mètre, d'une précision qu'il est impossible de pousser plus loin, coûta dix miale francs . Sur cette base, on établit les autres unités du système. La construction du premier kilogramme par Fortin coûta 3000 francs . Ces étalons furent déposés aux archives de l'Etat dans une boîte en fer fermant ià clef et enfermée elle-même dans une armoire également en fer fermant à quatre clefs. D'autres étalons furent aussi construits pour servfr de modèles et pour vérifier les mesures effectives ,construites pour le commerce et l'usage courant. C'est lie 2 nov. 1801 que le système métriique fut rendu obligatoire en France et 1,e 1er -janvier 1840 que, après un essai de tolérance des anciennes mesures, on confirma la décision du 2 nov . 1801. ·La Suisse, qui avait déjà récemmerit unifié les poids et mesures, n'introduisit officiellement le nouveau système qu'en 1877. Un bureau spéciai dit « des .poids et mesures » est attaché au Departement fédérai! de J'Intérieur avec la mission de survei'ller cl contrôler les bureaux cantonaux des poids et mesures, de comparer et vérifier les mesures effectives de toutes sortes : :l'ongueurs, poids, mesures du temps, ,compteurs _à gaz, mesures électriques , thermomètre s, etc. Les services déjà rendus par l'in1
troduction du système métrique IS·ont innombrables, à tel point que les anciennes mesur.es, là où eUes sont encore tolé. rées, disparaissent peu à peu . Il importe donc que la jeunesse possède à fond .la connaissance de ce système, d'une .préciision, d'une c:lar-téet d'une simplicité admirab'les . Il nous ai paru qu' un petit :aperçu historique des travaux qui ont _préparé 'l'introduction du système métrique .pourrait intéresser beaucoU!pd'é1èves, c'est pourquoi nous avons écrit œ petit résumé à leur iniention. N ., inst.
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Education physique Qu'est-ce 'que l'Education physique? L'Education physique a pour but le développement des /acuités physiques par le mouvement et l'hygiène. (Sous le nom de FaouHés ,physiques, ou Fonctions, ou Forces, ,il' fa.ut entendre les facuHés inhérentes aux organes corpore~ . . Liedéveloppement harmonique, c'esità-dke simuŒtanéet ,pondéré rd.esfacultés ou formes humaines, a été adopté déjà par Pestalozzi comme un des principes fondamentaux de :l'éducation intégrale; i1 doit être aussi celui de toute didactique rationneMe. Comme fout ce qui vit à la surface de la terre, 1e ,corps de l'homme se ,développe par 'le seu:l fait d'une ambiance et d'une nutrition appropriées. La nature se suffit à efü.e-mêmesi elle n'est pas contrariée; mais e11e a aussi ses exigences; c'est ,ainsi qu'e1Œ.eprév:oit comme condiNon primordia'le du développement des organes et des fonctions la mise en activité de œs organes et de ces fonctfons. Supprimez cette adivHé, l'organe s'atrophie et la fonction disparaît. Or 1a croissaince du corps humain est subordonnée a.u développement des poumons et du cœur. Le premier
4 de ces organes :s1e fortifie par ~'aug.!Ilen-_ taiion de la respiration, et 1e seco°'d par l'ac,célération de la circulation sanguine. On obtient ces deux effets par le mouvement, et le mouvement est un besoin inné chez l'enfant. N'avez-vous jamais faH cette remanque que les enfants, les jeunes surtout, quand ils sont en promenade, font deux fois .au moin..s le trajet? Ce :bes0in impérieux de mouvement que leur crée la nature, cette admkaŒ:>1le o:rdonnatrice des choses vita·Ies, lei; fait courir en avant, rev,enir sur leur s pas, sauter, monter, des,cendre, gravir les talus, franchir les obstacles, crier, ,chanter, se houspi'ller les uns les autres, et ,que sais-je encore quelles autres folies! Ce mouvement J.eur est nécessaÎ'r.e; la nature réclame sa part, et elle manifeste sa volonté impérieuse par ceHe exubérance de ,vie et de dépfacement. Et nous fermerions les yeux quand nous, pouvons découvrir 'la vérité dans la !Seule observation des faits inatu-reiLs ! ·Mais la société a ses exigences, et la loi impose aux enfants la fréquentaUon obligatoire de 'l'école dès le commencement de l'année scolaire où ils aUeignent l'âge de sept an·s révolu s. Et c'est alors que l'enfant a 'le plus besoin de liberté, de mouvement, d'air ,et de lumière qu'on l'enlève à fa fami'lle et gu' on re confine dans 1:es sa:J,les de d 1sse où on l'immobilise sur des bancs ,qui ne sont pas à sa taille - le plus souvent - et où on fournit à ses poumons un air vicié par les exha.Jations d',acide carbonique sortant de 40 à 50 -petites bouches à la fois! L'effet ne tarde pas à se faire s,entir: la statistique nous ap . PTend qu'après une première année d'éwle un ènfant sur treize est anémié; après une deuxième année. la proportion est déjà, de un sur cinq. Et cela se conçoit sans peine -si on veut bien s.e ra::ipeler que la première -cr-isede croissance se trouv,e précisément vers l'a 7me <1nnee, ,quand il faudrait tout mettre en œuvre pour a ider la ·nature, tandis qtt' 1
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on la contrecarre en 'immobiilisant l'en. fant et en lie privant ma1'heureusement de cet oxygène dont il aurait un si pressant besoin. J'ai dit plus haut qu'il faut avant tout rechercher te développement des deux fondions de la circulation et de la respiration . Je m'explique. Le mouvement occasionne un plus grand appel d'air et par conséquent d'oxigène qui sert de comburant pour 'les échanges intercellulaires; mais en même temps se produit un fait physiolo,giique non moins important , celui de l'expulsion de l'acide carbonique et au tres poisons qui sont la résultante du tr·avai.J ,et de Ua nutrition .. l'excitant nécessaire de 'la fonction respirntoire, c'esl la diminution de la quantité d'oxygène e't 1',awgmentation de la quantité d'acide ,carbonique contenues dans [e sang. Plus nous travail~ Ions, plus nous fabriquons d'acide carbonique et pllus nous consommons d'ozygène, . car la contraction musculaire est, en définitive, une combustion; aussi voyons-nous bien,tôt notre resp,h':ation devenir p,lus active quand nous faisons des mouvements volontaires. Tant que cette aug-menfation de l'activité r ,espiratoire reste dans de certaines limites, l'effet en est excellent pour la raison que le cœur augmente son énergie et enll,('oie plus de sang, non seuilement aux parties qui ,travarnént, mais aussi à celles. qui ne ·travaillent pas. Cet apport de s:ang, riche en oxy,gène, jusqu'aux ceHules 1,es plus profondément situées, amène une rénova tion de l'organisme qui satisfait aux besoins du corps de l'enfant, aux exiD"encesde la naiture. Voilà un prem;,er point établi: Rénovation de l'organisme par l'apport d'un sang mieux oxygéné par suite d'une activité plws grande des poumonis. En voici un deuxième. Le sang porte à nos cel1u1esla partie de nos a%ments renidu1eas:$4mi1ab0epar i.a digestion; i'l leur porte , nous venonis
n'est pas une énigme; mieux vaudrait être un peu causeur, ,que d'être obscur en visant trop à la brièveté. En un mot, une lettre écrit.e -avec la dar:té conveaable, une lettre bien écrite, est ceUe qui, entencfoe de l'igno ra nt comme de 1l'homme instruit plaît à tous deux égaliement. ' Une troÏ'sième qualité, c'est 1a grnce. Sans eJ.le une lettre est sèche, triste et monotone'; avec elle, au contraire, Je style s'égaye et coule avec douc.eui:. Maximes piquantes, pro-verbes cite~ a propos, petites ane_cdo_te~,suspens10ns badines., saillies mgemeuses, elle_ adm~t tout ce qui p·eu;t éveiller l'e,;pnt, mais toutefoi,s sans affeotation. La pourpre ne s'emploie ,qu'en bordure, et la let~re ne souffre qu'une éléganoe sans appret. Lestyle figuré n'y est de mise qu'à cette condition qu'i,l s'y montre rarement ~t avec modestie. Nous laisserons aux rheteurs les apos.trophes, les antithèses, les comment on doitécrireunelettre membres de phrase distribués avec symétrie, ou, si parfois -il nous, pre?d enSaint Grégoire de Nazianze 1 ) r~- vie de leur emprunter cet apparei l, que pondant à un ami qu\ ~ui d~ma~d~1,~ ce soi1ten nous jouant. des conseHs sUJ"le style ep1stolaire, ecn~. Je ne puis mieux finir ql!-e par ~e Vous me demandez ·comment on ùo~t trait d'un apologue: Autrefois, les oiécrire une lettr e. Voici, mon cher ami, seaux se disputaient la royauté, et 1chaquelques o'bservations dont vous pourrez faire votre profit. Il est des gens cun s'empressant d'orner son plumage, qui dans leurs lettres, cheminent tou- l'aiale seul jugea que 'la plus belle pajou~s sans savoir où s'arrêter; _d'autr~s rur~ était de ne poin.t en.avoir. La plus au contraire, affectent un facomsme de- belle lettre à mon avis, est oelle qui tire placé: c'est ce qui s'appe l,le tirer au _delà toute s.a parure de la manière ,simple, ou en deQà du but, et ,s'écarter du iu ste aisée n:atureUe dont ·elle est écrite. T;Ues sont ' je crois, ,les qualités du. millieu, qui consiste à se régter sur 1e . avoir style épistolaire. Ce que je pms besoin. Avez-vous beaucoup, de choses omis sera suggéré par vos propres réà dire: vous feriez mal de vous resserrer dans un espace trop, étroit. Un mot flexions ou supp1éé par les 'habiles maîsuffit-il pour rendre votre pensée; ép:ir- tres ,que voll!s entendez tous les jours. gn ez-moi des détails prolixes, et partant peu agréables. On doi,t mesurer la A proposd'Education longu eur ou ila brièveté d'une lettre sur ce qui en fait le sujet. Ge n'est pas assez d'être précis, i'l faut (Voir N° JO, Décembre 1915.) sur toutes choses être dair. Une lettr e En résumé, selon Mgr Dupanloup, l'orr;ueilest le pèœ: 1. De l'esprit :d'in1) St Grégoire, Père de 11Eglis~, évêque docilité, disposition de I'intelliigence et de Constantinople (328-389 . _les comde le voir, l'oxygène sans :leq1;1-el binaisons chimiques qui reah~_~nt les indispensables échanges de maltere entre notre propre .subst~œ et .le monde extérieur seraient imposs1hles; 11emporte enfin vers tes émo~ctoires natm:els les produits de nos intimes combushons.Seulement il est de la plus haute ~mportance que 1,~ sang soit, animé. d'u~ mouvement ,conhnu et que 1 appareil qui a cette charge :soit dans l'état le plus parfait. C'est Je ,cœur, merveilleuse machine mécanique qui ,commence de fonctionner avec la vie et qui ,continue sa besogne avec une régularité et une perfection qui n'ont rien de compar~ble dans les ouvrages les plus perfectt?n· nés de :J'homme, et qui ne se termine qu'avec la mort. ( A suivre.)
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du cœur à se raicli·r contre toute autorité légitime, à discuter tout ordre, toute dffense, dll'ssent-ils même êtlfe conformes à ce qu'on se proposait de faire ou d'éviter. 2. De U'esprit d'indépendance qui consiste dans 'l'attachement à sa propre volonté. 11est beau de vouloir fortement, pourvu que ce ne soit pas une .attitude inspirée par une orientation fausse et coupable aux yeux de Dieu, par un entêtement déraisonnable et un orguei:l effréné. On n'est point ferme parce qu'on veut :le triomphe de son propre vouloir, on n'est que volontaire et impérieux; _à vrai dire, on est .faible, car il faut plus de force pour se soumettre, spontanément, joyeusement à la volonté d'un supérieur que pour suivre ses caprices et ses fantaisies. · Combien, en effet, 'l'obéissance prompte, généreusement consentie à une autori,té Œégitimequi parle .au nom de Dieu même, grandit 'le •swb'ordonné au Heu de 1e ifabaisser, car ,c'est un acte d'humilité, le souverain remède contre l'orgueil dont notre nature est imprégnée à cause du ,péché originel! L'humilité est fa vertu par excellence, l'attitude agréable à Dieu qui nous a enseig né, par la parole et par l'exemple, que celui qui s'élève sera abaissé et que œlui• qui s'abaisse sera élevé, vertu méritoire entre toutes et qui assure les avenirs les pl,us heureux en préservant des écarts et des chutes. 3. De ['esprit de contradiction qui porte à sout,enir la contre-partie de tout ce qui se dit, à se considérer comme dépourvu de caractère si l'on s·e range à l'opirrion d' autrui, à s'entêter dans son sernfiment, à s'obstiner ide parfi pris, systématiquement, opiniâtrement, routinièrement, ·pourrait-on dire, dans, d'interminaibles et stériles discussions. 11 n'y a ni honte ni faiblesse à faiife le sacrifice de son opinion personnel,le pour épouser ouvertement et adop,ter 1
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pleinement une opm1on étrarngère don on rnconnaît l,a justesse ou la supério rité, dût-on se condamner au silence o s'infüger à soi-même un démenti for mel. 4. De l'esprit de justification qu pousse à s',exrnser à fort ou à raison triste héritage de nos premiers parents. Ne soyons pas des genis. qui se croien impeccables ou qui, ne pouvant se di_s culper d'une faute matéri 1e111e,évidel}t et indéniable, soutiennent effrontémen que leur inte:üion était innocente . Convenons ,que IJ'laveusinicère d'une faute et J.'acceptation humble d'un reproche mérité ont quelique chose de réparateur et de réhabfütant; recueil:Jons la leçon lutaire qui se dégage d'une faute commise, au lieu d'avoir Punique souci d chercher une excuse où se complait l'or. gueil, comme si une chute n'était plus une chute alors qu:on est seul' à en avoir connaissance . Un jeune homme humble et loyal est '1epremier à avouer que nu1 âge n'est pilus exposé à faillir de mille manières . Quels remèdts doit•on opposer à '1'orruœN?1. Donner une forte, prudente et persévérante orientati'on à .Pamour-propre en le dirigeant vers ,1e bien, vers une fin digne d'enthousiasmer. 2. !n.culquer à l'enfant, au jeune homiP,e,._ la pleine ,conscience de sa faiblesse, de sa misère, de sa dépendance qui ne finit qu'avec fa vie, lui enseigner la discrétion et J:achélifité dans les paroles et les prncédés, la bonté du cœur, iJ'indul,gence et la magnanimité. 3. Louer avec tact, .avec modération : :s'il est permis, de décerner un éloge noblement et frnndiement mérité, il faut y joindre toujours le correctif .pondérateur, ce tempérament qui agit en quelque sorte à la manière d'un ,contrepoids, cet aromate qui .empêche l'éloge de gâter l'œuvre de l'éducation; il faut mêler à ia louange, si pilausible qu'·eUe soit, 1e conseil approprié ·qui 1a contient dans de sages 'limites et ne laisse aucune place à la satis-
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faction de Œ'amour-propre déréglé . 4. User d'une émulation discrète et faire sentir com'bien i'Lserait Iouabl'e de met tre au servke de son amendement, de son per:fedionnement moral le même soin la même ardeur, la même tenacité qu';n met ·à prouver sa va'leur physique, sa supériorité i~:~eUectuell e. 5. Faire compœndre ce qu 11y a de grand , de noble et de méritoire à plier humblement à s'incliner ,sans murmure sous 1a m~in de Dieu qui ép,rouv·e pour instruire et améliorer, •à accepter sans récriminations les pénitences providenHelles si propres à mater J:'orgueil, à s'imposer enfin des pénHences volontaires qui prouvent qu'on s'apprécie en toute modestie.
Partiepratique Monologues LES DEUX LIVRES D'ETRENNES Oh! que je suis content! Mon parrain est veoo me voir et H m'a dit comme ça: « Voyons Jules, tu vas à !''école. Débite-moi une fable; en sais-tu des fables? » Je lui ai répondu: « Mai:s oui, mon parrain, j'en suis deux. Vous allez voir . Alors tout de suite, j'ai commencé: La cigale, ayant chanté Tout l'été .. . Tenait dans son bec un fromage, ... Un fromage .. . Elle alia crier famine Chez la fourmi sa vois ine. - . - .. Sa voisine ... Hé! bonjour, monsieur 'le corbeau ... Sans mentir. . . Que vous êtes beau!! ... Non, sans mentir, que vous êtes joliment beau! Que faisiez-vous au temps chaud? Je chantai,s, ne vou;S déplaise. Eh bien, dansez maintenant. Et voilà! Pendant que je débitais, mo11 parrain 11e faisait que rire, tellement il était heureu.x. Il m'a dit: « C'est très bien. Sais-tu lire?» ]'ai répondu : « Mais oui, mon parrain, je sais füe. » Alors il m'a fait lire; je ne me suis rien trompé. Quand il a su ça, i·l m'a prom1•s
de m'acheter deux livres pour mes étrennes, et il m'a donné huit jours pour .réil'échir aux deux livres que je veux. _ Quand il va revenir me voir, mon parrain, je vais lui dire comme ça: _« M'on par.ram, j'ai choisi mes deux livres: pu isque vous voulez me faire plaisir, vous m'acheterez seulement deux livres de pra lines. • Et voilà!
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M. P.
MES ETRENNES Tel'le que vous me voye.z, .je SL~is1~ per· sonne la plus attrapée de J·urnvers, om , plus attrapée même que Perrette !orsqu'elle vit _son pot de lait brisé, et au diab le ses projets , etc., . . Permettez-moi de vous raconter ma mésaventure, peut-être y trouverai-je quel~:~e consolaition, su~1toui si, comme je 1e sens deJ3'-, . votre sympathie m'est acquise. Comme tout le monde, comme vous aussi sans doute, je me réjouissais depuis plusieurs mois des étrennes qui me sont données chaque année par mes chers parent·s, ma m~rraine, mon oncle, ma tante, etc.: - . et b~e!1 souvent dans mes .rêves, je voyan; ces_ dellcieux petits paquets qui n~e causen~ touJours une douce émotion. Or, des le matm du 1er ,janvier, je commençai mon expédition portant à fous ceux ,que j'aime et je respecte mes, humbles vœux de bonne année et recevant en échange la petite élrenne rêvée, toujours charmante, toujours admirablement en r~pport avec mes goûts et mes désirs. Je revms donc chargée plus que jamais de ces, deux fardeaux, le visage souriant, ne me dou_tant pas, hélas, des vicissitudes . qui m'attendaient, car c'est là que commence le dra~e épouv~lable aui me lit rentrer chez m01 les mams vides. • Je tenais au juste huit paquets : une ravissiante pefite papeter ie et un livre aux tranches dorées la ficelle ne tenait pas bien, je les perdis' sans m'en apercevoir! ... Une brioche chaude et bien appétissante, un chien qui passait n'en fit qu'une bouchée! Un ,joli ballon rouge avec une nacelle, le fil cassa et i,I s'envola, hélas! Pendant ,que je suivais d'un œ1l humide de larmes les évolutions désordon• nées de mon cher dirigeable, on me heurta et deux de mes petifa paquets tombèrent à terre : un.e magnifique boîte à bijoux en cristal qui se brisa en mille morceaux, un nécessaire à ouvrage qui fit de même. Restait un sac de bonbons iqui tomba dans le ruisseau , - . j,J ne se cassa pas, sans doute, mai·s je dus
Supplémentdu JV t de ,,I' &cale"(1916) 0
8 abandonner à la boue ce qu'elle me prenait et, pendant que je me bc!issais pour sauver quelques ·Chocolats du naufrage, un diabolo que je tenais précieusement s'échappa et alla rouler sous le tramway qui passait!... C'était ma dernière espérance, elle fut réduite en miettes et c'est ainsi que je rentrais au logis les mains vides, et sans une étrenne après en avoir tant reçu! ... Je suis sûre que votre bon cœur est tout ému de mon malheur, oui, je le vois, vous mêlez vos larmes aux miennes. Oh! consolezvous, je serais désolée de vous faire de. la peine, car voyez-vous, l'année n'est pas b ien longue, 1e prends bravement mou part\ en attendant patiemment les étrennes prochames , mais profitez tous de mon expérience cruelle que je ne vous souhaite pas de faire vousE. même. 0000000
Sujets de rédaction Arrêtez-vous devant quelques objets ciP. votre chambre et indiquez les souvenirs agréabies ou pênibles quïls vous rappellent. ooo Faites le portra.it d"tm frère aîné (ou cfune sœur ainée) ·qui accomplit ses devoirs dans la famille. ooo Avez-vous lu des réci1s de voyage ou d'aventures? Quel intérêt oui-ils eu pour vous? Quel profit en avez-vous tiré? ooo Un jeune garçon annonce à son frère aîné, eur ·qui vient de qui est à l'étra nger, Je 111alh frapper leur famille. ooo Faire la description d''une fontaine que vous connaissez, ses a,Jentours, ses agréments, son utilité. ooo Quel jour de la semaine pré!érez-vous"? Indiquer les motifs de voire préférence. ooo, Vous avez certainement lait une promenade agréable ou un voyage intéress:int. Racontez l'un ou l'auire. o0 o Racontez un événement qui vous a causé de la peine et dites pourquoi, il vous a ~lfligé. Racontez ensuite un autre évenement qui vous
a causé du plaisir el Ji tes pourquoi vo· étiez content. ooo On ne doit pas remettre au lendemain qu'on peut faire le jour même. Conséquenc fâcheuses d'une telle négligence. Exemple li de la v.ie scolaire. ooo Faites le portrait d'un enfant de votre vo sinage que vous voyez souvent, et don_t vo connaissez le langage , le caractere et les h bitudes. ooo Décrivez votre village par un bern temp un jour de travail. Quelles personnes reste au village? A quoi s'occupent-elles?
Variétés LES VOYELLES ET LE RIRE
Avez-vous remarqué que tout Je mo~ ne rit pas de la même façon et accentue piu ou moins telle ou telle voyelle? Ce ia1t donné JieLt à d'assez curieuses observation
Ceux qui rient en « u » sont surtout des 111· santhropes, ceux qui rient en _« e • des n lancoliques, des gens sans pass10n ou_ par~ .seux d'ooprit. Les ooiant,s et les carnctères 1 décis rient en « i », les tempéraments à v •loroté forte et audacieu,se en « o >. Quant ceux dont le rire est en « a », ce sont des n tures ouvertes, aimables, joyeuses, faciles a .plaisir, mais singulièrement varia~les; ~a~ lais songeait-il à tout cela guand 11 ecnva1 « Le rire est le propre de l'homme • ? 000
* L' instituteur vient d'expliquer sa leço sur Je retour de reniant prodigue. En tem nant voulant s'ass u,rer si on tait attention, dem~nde: _ Qui fut peiné de voir revenir prodigue? Et ,un de ses élèves ·répond sans hésiter : - Le veau g:ras! QOQ
• Un professeur facétieux et bourru inte. roge un élève en médecine: _ Je suppose, dit-il, que je vous donn un fort coup de pied dans le dos, quels soi les muscles qui se me-ttent en mouveme dans votre corps? - Les muscles du bras droit pour vou flanquer une gifle.
Le Chapelet Nous demandons que le chapelet soit récité Je plus souvent possible dans l'intérieur des familles. Nous demandons que l'on fa· çonne de bonne heure les petits ~ufants à c~~e récitation qui sera la consolation et la 101e de leur vie. Nous demandons que tous nos diocésains, les hommes aussi bien que les femmes, possèdent un chapelet qu'ils pourront montrer avec un respect . humain retourné, el dont la présence seule sera pour eux, aux heures difficiles du danger ou de la tentation, un préservatif certain et une sauvegarde précieuse. Nous demandons eniin que tous ceux qui en auront la possibilité, non pas émettent Je vœu, mais du moins prennent 1a résolution et fassent la .promesse de réciter Je chapelet chaque jour de leur vie sans y manquer jamais. Le chapelet, en effet, c'est Je livre du prêtre qui aime à Je feuilleter sans cesse et Je proclame sacré à Eégal de son bréviaire. Le cha.. pelet, c'est Je livre de la religieuse; quand elle marche, on l'entend baltre à sou côté avec un son clair et doux; c'est son ornement d'honneur, c'est sa parure de gloire, c'est la compensation que Dieu lui a laissée après le dépouillement de la charité. Le chapelet, c'est le livre du jeune homme qui veut demeurer chaste et pur au milieu d'un monde corrompu. Le chapelet, c'est le livre de la mère qui balance Je berceau de son enfant en le confian t à Marie. Le chapelet, c'est le livre de !'hum· hie fille de la campagne qui s'en va garder son troupeau sui- la lisière du bois. ·Le chapelet, c'est Je livre du pauvre qui n'a point appris les lettres humaines. Le chapelet, c'est le livre du malade cloué sur son lit de souffrances et dont les yeux sont fixés sur Marie pendant que ses doigts décharnés roulent lentement les grains bénits. Le chapelet, eniin, est le livre · du riche qui comprend la vanité des choses de la terre, et dont l'âme est ouverte aux mystères de la vie éternelle. Il n'y a pas de pratique meilleure, plus avantageuse, plus lucrative, plus méritoire et
plus féconde que, celle-là. Cetterécitation quo. tidienne est la sécurité de vos jours, et l'a venir spirituel, souvent même temporel, de chacun de vous désormais assuré. C'est la protection de Marie en permanence sur vous, sur vos foyers, SUT vos familles, sur tout ce qui vous est cher. C'est, en un mot, un gage de prédestination et un brevet de salut éternel. Comment voulez-vous, en effet, qu'une âme qui, pendant quarante ou cinquante ans, a pratiqué cette dévotion, puisse craindre la réprobation iinale? Hé quoi! dans notre cha· pelet, nous saluons quotidiennement Marie cinquante fois, et en multipliant ce chiffre de . cinquante par les trois cent soixante-cinq jours de l'année et par les quarante ou cinquante ans de notre existence, nous arrivons au total approximatii d'un million . Nous lui aurions dit un milllon de fois ces paroles tombées du ciel. Ave Marfa. Je vous salue Marie . Nous lui aurions demandé un million de fois, de se souvenM"de nous à l'heure dernière: « Priez pour nous, maintenant et à l'heure de notre mort», et ,Marie qui est si puissante, si miséricordieuse et si maternelle , Marie qui connaît si bien l'éloquePce des chiffres, demeurerait sourde à nos supplications réitérées! . .. Non, non , le bon sens seul proteste contre cette hypothèse impossible! Elle viendra elle-même à cet instant suprême recueillir la getbe magnifique dt ces fleurs mystiques que nous lui aurons offertes, et le chapelet sera la clé d 'or qui, infailliblement, nous ouvrira les portes du paradis . .. . Mgr l'Archevêque de Rennes.
Aux Mèresdo Famille Nombreuses, hélas! sont aujourd'hui les famif!es même chrétiennes, où jamais les pa· rents ne parlent religion à le.urs enfants. Avez-vous entendu souvent, sur les lèvres d'un père ou d'une mère, des paroles comme celles-ci: Fais bien ta prière.
2 Suis bien la messe aujourd'hui . Ne te diss~pe pas à l'égli-se. Récite une dizaine de chaipelet pour ton père, pour moi. Ne cache pas tes ,péchés à ton confesseur. Prépare bien ta communion. Sois toujours pur . N'oublie pas que le bon DieLt le voit. Aime la sainte Vierge. .Prie pour tes parents dé[unts. Fuis les mauvaises compagnies, les mau· vaises lectures. Pourquoi ce silence de la ,part des parents? Parce que, hélas! les parents n'ont plus assez de foi; ou bien qu'ils obéissent à je ne sais quel respect humain qui [ait yu'ils n'osent pas tenir ce langage à 1eurs propres enfants; ou bien encore qu'ils ne remplissent pas euxmêmes leurs devoirs religieux. Et pourtant ces simples mots, diis à propos, feraient plus de bien peut-être que Jes recommandations des maîtres et même des prêtres. « C'est à ma mère, après Dieu, disait Je saint curé d' Ars, que ·je suis redevabie de ma persévérance; j'avais une mère si bonne, si pieuse. » Mères de famille, songez aux années. de votre vieillesse. Si vous avez profondément ancré la loi divine dans ,Je cœur de vos enfants, iis se souviendront du quatrième commandement de Dieu et ils l'observeront. Sinon, prenez garde; vous n'avez pas fini de souffrir el de pleurer .
Un Fils de Gymnaste (Conte de Noël.) Ils habitaient seuls, avec leur misère, une maisonnette ,basse, au bout du village. Le père, un vigoureux bûcheron, président de la section de gymnastique, avait été tué dans la forêt. Il laissait dans la désolation une mère et un garçon de onze ans. Elle courtaude et décrépite, les joues ridées, d~s cernes bleuâtres sous ·les yeux, por-
3 tait deux fois son âge. Sans son enfant, eile n'eût pas survécu au coup. Elle avait pour lui une adoration . n était si gentil, sous ses boucles blondes, si câlin, si intelligent, si fort . . . . C'était son père. Naguère, quand ,le bûcheron travaillait dans les futaies, la mère faisait le ménage et entretenait le jardin. Le bonheur habitait la masure. Le malin, avant que le soleil eût enilammé les montagnes, ~'homme parlait, emportant dans un :panier son repas de midi. On s'embrassait et il disparai.ssait bientôt au haut des collines. Alors, 1a mère retournait à son petil Pierre, qui dormait encore, paisiMe. EJle 1~ regardait longuement, ivre d'amour, posait ses lèvres sur son front tiède, ei s'en allait à l'ouvrage. L'enfant se retournait inconsciemment sur son oreiller, enlr 'ouvrait les paupières et .s'assoupissait de nouveau. Comme tout était changé dans la maisonnette, depuis le soir horrible où l'on avait rapporté le cadavre du bûcheron, la tête écrasée par ,un fût de hêtre! Çavait été, pendant deux ans, la misère, à peine vaincue par un labeur acharné. Une nui t, la veuve se sentit mal. Le matin, elle ne ,put se lever. Le médecin requit l'entrée d'urgence à l'hôpital. Heurteloup, Je paysan voisin, s'offrit à la conduire . Pierre prit place sur le char et pleura tout le .long de la route.
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Malgré sa nombreuse famille, Heurteloup recueillit l'orphe lin. Il le garderait 1jusqu'au rétablissement de la mère. L'enfant ne quitta pas, sans un serrement de cœur, la maisonnette de ses paren ts. On vendit les poules et les lapins au~quels il avait coutume d'apporter, chaque jour, leur nourriture. Le logis du paysan était vieux et sombre. Pierre partagea une étroite chambre avec ·1es cinq enfants de Heurteloup. Il se montra docile et bon camarade. Il aima ses frères adoptifs et s'en fü aimer. Ils ne pouvaient plus se passer de lui .
Heurteloup, une espèee 1de géant taillé à coups de hache, était brutal et quinteux, mais moins mauvais que ses apparences. 11 faisait des charrois ,pour la .commune et cultivait quelques lopins de terre qu'il louait. Il n'y en avait point comme lui à fa besogne. Sa femme, mafflue et couperosée, ne le contredisait jamais. Elle était bonne mère, et buchait ferme. Ses enfants avaient pour lui ,une affection craintive. Quànd il rentrait, il fallait que la table fût servie, sinon il frappait dessus avec son poing énorme, et ronchonnait: - Alors, il n'y a rien à manger ,pow- moi, ici? D'autres soirs , il ne voulait rien, ayant déjà soupé dehors avec des amis. · Le pLus ,souvent, les enfants mangeaient seuls, avec la mère, leur pain molli dans de larges bols pe soupe. Pierre accompagnait quelquefois son protecteur dans ses courses. li donnait la musette .au cheval et surveillait l'attelage pendant ses absences. En route, ils ne se disaient jamais rien.
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L'orphelin aJla voir deux loi~ sa maman, à l'hôpital. La seconde fois, .il la trouva tellement amaigrie et changée, qu'il ne la reconnut pas tout de .suite. Il revint désespé~. Elle mourut le surlendemain. Heurteloup dut faire toutes les démarches rela,tives à l'ensevelissement et ·à la succession. Il y perdit plusieurs 1oumées. La justice le nomma tuteur ,de Pierre , qui entrait dans sa quatorzième année. L'enfant ne comprit ,pas tout de ~uite ce qu'il y avait de changé dans son existence. Tout lui paraissait étranger . Jamais il ne s'était senti si esseulé. · Des hommes vinrent dans la maisonnette et ,emportèrent les meubles, pêle-mêle, sur ud char. Quand Pierre y retourna, ce vide lui glaça _le cœur. A une lucarne, un :rideau de I~vantm~ro,se avait été oublié. Pierre se souvmt du Jour où sa mère l'y avait mis. Il l'ôta en .secoua la poussière, le cacha dans sa po~ che et s':nfuit sans refenner la ix>rte. Le so1r, comme il allait se coucher Heurteloup Jui dit, de sa voix rnde : - C;est pas
tout, ça! il va faHoir travailler, maintenant, pour gagner ta vie!
* levait au
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Pierr e se petit jour. Jl faisait Je déjeuner, soignait le cheval et l'attelait. Tout devait être prêt quand Heurteloup descendait: Alors, il sortait Je crottin de l'écurie. C'est lui qui faisait les petites courses dans le village. 11était fier qu'on lui confiât le ches val. Jamais i'l ne lui arriV'a d'accident et ses commissions étaient toujours exactement faites. Un .soir que Heurteloup était rentré tard, Pierre, qui ne dormait pas, l'entendit par ler avec sa femme. - Je te dis, moi, qu'il faudra nous débarrasser de ce gosse. Il fait ce qu'il ,peut, je ne dis pas, mais c'est un pe plus à élever, et ça coûte. Nous en avons déjià assez. Et pu'fs, pour ce que ça rapporte .... - Ne pourrait-on ,pas demander un subside à la commune? · - Tout ça ne vaut pas Je diable et ne fait qu'augmenter Jes responsabilités . Si la commune veut le prendre, qu'elJe )e prenne. Nous, nous avons notre compte. Que d'autres plÙs riches que nous, se chargent de celui-Îà. Je veux que tu écrives demain. - Sans Je prévenir ? - A quoi bon! Ce sera assez .fôt quand on aura ,trouvé quelque chose. Il sera aussi bien ailleurs que chez nous. Sais-tu combien j'ai dépensé, à Ja mort de .sa mère, pour toutes ces pémarches? - Au moins ·une i-~entaine de francs . ·Qui me les remboursera? Ce n'est pas sa com~une. ~ns compter son entretien jusqu'à aùJourd'hu1. Et puis, il devient grand, les dépe?se~ augmentent chaque jour. Qui est-ce q~ _rm_payera ses habits de communion? J'ai reflech1 à tout ça, je SIUÎS décidé à en finir. I1 la,iit ~'expédier, n'importe ·où, mais qu'il parte! - Nous écrirons à sa commune., . . Et puis, on verra bien.
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Pierre avait compr is. Il était à ,charge à
r,
4 son tuteur, trop pauvre pour le garder, et toutes les peines qu'il prenait pour se rendre utile ne servaient de rien. On allait ie remettre à sa commune sans qu'il eût seulement le temps d'aviser. Un mouvement de révol!e le secoua. Non! il ne vou lait pas que sa commune le misât pour ·quelqu es francs, comme le iils du hongreur. ) 1 était trop fier pour cela. N'était-il pas assez grand et assez foi"! pour gagner sa vie? Ne savait-il pas conduire un cheval, tra. vailler à la maison? Le petit berger de chez les Pâquier était-il plus âgé et plus in1elligent que lui? Son tuteur ne lui avait-il pas dit lui-même, un soir: « Il va falloir travailler, maintenant, pour gagner la vie? » Eh bien! oui, il la gagnerait, sa vie. Et mille pensées coniuses roulèrent ,dans sa tète. Un mot de Heur teloup l'avait frappé au cœur: « Qui .me le remboursera? » Toute la m1it, ce reproche marte la son cerveau: « Qui me les remboursera? » · Trente francs! ... Cette somme lui semblait une fortune énorm e, à lui qui n'avait jamais possédé que quetques centimes. l'i fallait sans doute des années de travail pour la gagner . Et peu à ,peu cette idée se iixa dans son esprit: sauver la mémoire de sa mère el faire son devoir de fils en rendant, un jour, les trente francs à son tuteur. Il n'aurait plus de repos avant d'avoir réalisé ce désir . Et il sontit doubler ses forces et son courage . Mais comment faire? Il résolut de s'enfuir, le lendemain, à la nuit tombante . Son bagage serait ·léger. Pour gagner du temps et dépister l~s recherches, i,l voyagerait jusqu'au matin. Plus ri en ne l'efüayait. Un talisman qu'il emporterait avec lui le préserverait de tous les dange r s: Je petit rideau de levantine rose qu'il avait retrouvé dans la maisonnette pillée. li ne put dormir. A la première heur e, il se leva, fit son travail comme d'habitude , sans ,rien laisser paraîitre de ses intentions . La jou rnée était claire . Mais la nuit serait froide, car la neige couvrait les montagnes . Le moment venu, Pierre prit dan s la cui-
sine un gros morceau de pain, le cacha sous sa blou se et .pariit. En chemin, il se fit un bâton avec une branche. Iil marcha toute fa nuit, sur la grande rou te, prenaut toujours à droite , instinctivement, aux biiurcations. Il vit monter la pleine lune dans le ciel cr iblé d'étoiles. Les chouettes lmlulaient dans les bois. Il traversa des villages endormis et révei11a les chiens des fermes. li ne rencontra personne . A l'aube , il s'arrêta dans une clairière. Ses jambes faiblis saien t et ses paupières étaien t lourdes. Il s'endormit sur un lit de feuilles mortes. Quand il ouvrit les yeux, les oiseaux chan· !aient dans les arbres. JI mangea son pain, aHermit son chapeau sur son or eille el se remit en marche. Un cantonnier ,qui binait la route lui demanda où il allait. - Au village, chez mon oncle, ré_pondit-il. .Plus Join, il pa ssa ,près d'une ierme où un vacher abreuvait son troupeau. Il lui demanda si on engagerait un berger. Le vacher lui indiq ua 'la .cuisine oit se trouv ait le fermier. Celui-ci avait son personnel au complet, mais l'enfant l'intéressa . Il lui donna à manger el l'interro gea. Pierre, par précaution, prit ,un nom d emprunt, et raconta que son père l'envoyait chercher du travail au dehors pendant l'hiver.
Le fermier lui souhaita bonne chance et lui donna un cornet de provisions. PieJITe, restauré, marcha tout l'a.prèsmidi. JI était plein d'espoir . Cette première journée lui avait donné de l'assurance. Vers le soir, de gros nuages couvrirent Je ciel et une pluie glacée se mit à tomber. L'orphelin heurta à la porte d'une maiso:! isolée et demanda l110s,pitalité. Après une -longue attente, une vieille dame .vint ouvrir. ELie lui dit qu'elle ne recevait pas les vagabonds et ·referma sa porte. Arrivé au village, il vit u ne grange ouverte. Il entra et appela. Un domestique lui rl1pondit du haut d 1un tas de loin. Il supplia
qu 'on le laissât passer la uuil dans la grange . [I promettait d'être sage et de repartir à l' aurore. Il inspira confiance au domestique , qui lui permit de rester . La neige tomba en rafa les foule la nuit. Le piétinement des bêtes, en bas, dans l'é· curie, l'éveilla. Il se secoua , se lava à une iontaiue, et, son bâton à la 111::. in, repri t sa course. le ciel se rassérénait. Il vit une ferme sur une éminence. li se présenta. Il n'eûi ,pu mieux tomber car le fermier cherchait un • boveyrou ». Il fut engagé sur-le-champ. Il serait nourri et logé. Plus tard, s'il le méritait, il ~ecevrait un gage. Pierre fut ravi- C'était la fin de ses pérégrinations. Enfin, il pourrait gagner sa vie! S'il avait osé, il eût embrassé son sauveur. ·La fermière ilui donna à manger et le condui sit dans sa chambre , une mausarde sur !éc ur ie. Il la trouva plus belle qu 'un pliais. Le vacher, ,un grand sec avec un long nez, se montra bienveillant. Pierre se mit avec arde~ à la besogne. Bientôt il sut traire et gouverner le bétail. On goûtait sa gentil'lesse et la vivacité de ,son esprit. Les premiers mois qu 'il passa à la ferme furent le plus ·beau temps de sa vie. Il avait arrangé sa chambrette et ne s'y endormait t,lmais sans avoir , sous son orei ller, le petit rideau de levantine ro se. Ce chiffon, c'était sa famille, à lui. C'était un peu de ses parents qu' tl conservait là, comme une précieuse relique. Il lui parlait, le soir, comme ,jadis à sa mère, lui confiait ses peines , ses espérances . Au bout d'un an, le fermier donn a à Pierre cinq francs par mois . Quels tnn sports quand il tâta la première pièce Jourde! Puis les autres vinrent, qu'il mettait jalousement à part, dans un coin de son armoire. Il acheta des habits et des .souliers, dont i"l avait grand besoin . JI lui restait trente francs, la somme depuis si longtemps convoitée. Il lui fallait encore une dizaine de francs
pour le voyage, el il ,pourrai t, triomphant, aller rembourser son tuteur . A cette perspective , son cœur déborda de joie .
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,jr.
Il y eut un mouvement de stupeur dans ta famille Heurte loup , quand on s'aperçut de la fuite du gamin. L'autori té informée, ordonna des recherches qui n'aboutirent pas. Heurtefo u.p était inquiet. Il remarqua que le départ de son pupille avait suivi de près ses plaintes à sa femme. Il regretta ses paro les. Trois ans se sont écoulés depui s l'événement. On est à Noël. La neige confond les villages et nivelle les collines . Les vieux ne se souviennent pas d'avoir vu un hiver si froid. Heurte loup, rentré plus tôt que d'habitude, est au milieu de sa marmaille. D'un geste uniforme , il distribue les bol s de soupe. Et l'énorme louche d "étain dégoutte, à chaque voyage, autour de la soup ière ébréchée. Tout à coup, la porte s'ouvre, et Pierre, le chapeau crâne sur la tète, l'air martial, apparaît sur Je seuil. - C'est moi, tuteu1'; bonsoir à tous! Les enfants ne •le reconnaissent pas. Heurteloup, d"un bond, est sur lui, moitié colère, moitié ahuri. - Comment, c'est toi! D'où viens-tu? - Je vous en prie, ne me grondez pas. Prene z d'abord ceci, c'est .pour vous . Et Pierre ilui tend une enveloppe renfer mant un billet de cinquante francs. - Qu'est-ce que .c'est que ça? - Ce sont les trente francs que vous avez dépensés ,pour !'ensevelissement de ma mère. Le reste, c'est pour ma .pension, quand j'étais ici. Heurteloup, suffoqué,· ne sait que dire. De grosses larmes roulent sur ses joues . . .. Il se vantait, d'ailleurs, de n'avoir jamais pleuré. G. Ch. 1
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La Permission Ben, mes enfanis, je .m'en souviendrai de cette permiss ion~là. Vous savez qu'on est parti en ,paquet, dimanche soir, donc que c'est aujourd'hui jeudi, et que me voità revenu à midi tapant, suivant 'les ordres. -... On était une douzaine, spas? Sept pour Par is, trois pour la ban lieue, dont moi. qui suis natif de Saint-Nom-la-Bretèche (Seine-etOise ), et deux qui suivaient pour la Bretagne . Bon! Nous voilà débarqués à fa gare du Nord. Séparation. A se revoir, les amis. Bien des choses chez vous. En deux minutes, il n 'y a plus personne. On n'a pas de temps à pe·r· dre; quatre jours, ça n'est pas long . Je n'a· vais pas prévenu ma petite femme. Y en a qui ont écrit: c J'aurai une permission tel jour; je partirai tel jour; j'arriverai tel jour, à telle heure . .. , > - Qu'est-ce qu'i ls en savent? Rien, puis· que )a plupart du temps les chefs ne savent .pas eux-mêmes quand Hs po urront no us ,lâcher. Le service avant tout. On sait bien que le principal ici, c'est de ;veiller aux Boches, et que les permissions ne viennent qu'apres l'ouvrage fai,t. Du reste, je n'aime pas ce qui est réglé ·à l'avance; ie préfère surprendre mon petit monde. Cela tombait b ien; ne sachant pas quand je pourrais partir d'ici, j'étais sûr d'en tendre les ,cr is de ma femme et de nos deux pou lettes, Fanny et Nénette, sept et six ans: • Oh! ah! maman! c'est-il possible? V'tà papa!> Je me faisais une fête d'entendre cette mu· sique-là, lundi matin, sur le coup de dix heures. ' Ah! mes ami 1s, c'est '1à que J a1 regretté pour une fois de ne pas être écriveur! Voilà que je descends dans le métro pour remanier à .Montparnasse . De là, nouvelle séance en clîem1n de fer jusqu'à Versailles et SaintNom, qui se trouve sur la ligne de GrandeCeinture. Bref, à dix heures je débarque dans notre pate lin, où tout le monde me connaît; j'y fais de la peinture depuis treize ans ,che~ le même patron . · - Tiens, Victor! Ah! Bousquei!
7 En deux minutes, j'ava is autour de moi une douzaine de gosses et de bonnes femmes. Dans le tas, faperçois notre voisine, Mme Goret, marchande de ,légumes. - Ben, qu'elJIJ.eme dit, t'en as une baHe, mon petit! Par le fait, ceux qu 'on a déjà vus sont dans ton genre: des vrais moines. Le gouvernement ne vous laisse pa s jeûner. A fa bonne fortune! - Spas? La fami1le ne va pas me recon• naître . Alors elle me fait , avec des yeux ronds: - Je pense que tu ne viens pas ,ici pour la voir? - Hein? que je dis. - Tu ne sais pas que la femme est chez ses parents à Montargis, avec les deux pe· tiotes, depuis trois ou quatre jours? - Ma foi, non . - Elle te l'a po urtant écrit avant de partir; c'est moi ·qu'a mis sa Jettre à la poste. - Zut! que je fais. La Jettre est là-bas , et moi, me v'là ici. Comment faire? Je réfléchis un moment; je vas chez nous: tout y est bouclt! La mère Go ret, bonne fem· me, m'invite à casser la croûte, ce qui n'était pas de refus entre onze heures et minuit . Qu'est-ce qu'il fallait faire? Envoyer une dépêche à ma femme, chez son père Elle ne la recevnit sans doute que le lendemain, du train où ça va en temps de guerre. Que l jour reviendrait-elle à.lors? Le sur· -lendemain? Trop tard; la permission n'es pas élastique. Le plus simple, c'é1ait encor de füer sur Montargis par la Grande-Ceinture: Versailles, Juvisy. Mais ma permission qui porta it Saint-Nom-la-Bartèche? Le chef de gare ,me conseille de raconter l'affaire au commandant de Versames-Otantiers. J'y vas. Un brave ty,pe, qui me signe u papier comme quoi je suis autori sé à rejoindre ma femme à Montargis. . . . Mais des trains pour Juvisy , c'est une autre affaire. li en passe un · de loin en loin; et encore , .i faut voir ·les retards, pour cause de transport militaires! Enfin, me v'là à Juvisy, attendant un trai de nuit pour ma destination. Au peti,t jour,
débarquemen' I à Montargis. Je cours chez mes beaux-parents; ils dormaien t .comme des marmottes . Savez-vous ce qu'i 1s m'apprennent pa,r 4a fenêtre, comme ça tout éber lués? Que ma kmme a dQ rentrer chez nOU ll, à Saint-Nom, pendant que je m'amenais dans sa famille. Elle avait comme un pressentiment ~ue j'ai· lais arriver, en ,voyant les permissionnai res circuler dans 1e pay s. Vous pensez si j'ai fait de la musique. Mes beaux-parents n'y étaient ,pour rirn , ces gens. Ifs ont tout de même ,pris quelque chose, parce que dans ces cas-là , il faut qu·on passe sa cdlère sur quelqu' un. - Le mieux que t'aurais à faire, me dit alors mon beau-père , un anc ien gendarme qui ne s'effarouche pas facilement , ce .serait de reto urner d'où tu viens. On est mardi matin; tu peux reprendre tantôt le même train que Françoise .à pris hier; tu seras à St-Nom de, main mercredi. Puisque tu dois repart ir de la gare du Nord à 8 heures du soir, t'aur~s encore une petite journée à passer avec ta lemme et tes enfants. Je vas' prévenir par une dépêche que tu arriveras demain par Je pre·
mier train. Il n'y avait pas deux partis à prendre. Je On déjeune , je remonte dans le train pour Versailles et la ligne. On va bien doucement jusqu'aux Oiantiers. Si doucement qu'au changement de irain, j'apprends que celui qui devait ,partir pour Saint-Nom est supprimé . Dix petits kilomètres à faire su r mes quilles , après trois nuits de chemin .de fer! Je pars en ronchonnant. Enfin, que je me dis, ce coup-ci je vais trouver la pie au nid. Eh b ien! mes amis, ,pas du tout! Ne me croyez ,pas si vous ne voulez pas, mais ce que ie vous dis, je jure que c'est la pure vérité. Quand ,j'arrive à Ja maison, tout est encore bouclé, comme l'avant-veille à fa même heure. Jesecoue .Ja porte. Pas de réponse. La .mère Goret sort de sa maison. - Ah! c'est toi, mon garçon, qu'elle me dit. Eh ben! .tu peux 1e vanter de les faire valser, ta femme et tes gosses. - Bien sCir. Ton beau-père a .envoyé une dépêche qui disa 'Ît comme ça: « Victor arrime radoucis.
vera demain matin premie r train. Permission finit le soir huit heures gare du Nord . . .. • vu que tu n'étais pas .Jà, ce Quand elle matin, elle a demandé des renseignemen ts à la gare; on lui a dit que tu ne pouvais plus arr iver à 1emps pour retourne r à paris avant huH heur es ce soir. Alor s elle n'a fait ni une ni deux. J:,He a pris les petit es et la voilà partie , c'te lois pour Paris. Tu la trouveras pour sûr, à la gare du Nord. Elle y est peutêtre ,déjà ....
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Tout s 'est passé comme la bonne femme l'avait di't. Vu 1qu 'il n'y avai-t pas de train pour Versailles avan t 4 heures, j'ai refait la route à pied, après avoir déijeuné ·chez la mère Goret , que 1e n'avais jamais fant vue: c'est une brave femme. Je •9U.Îsarrivé vers 7 heures à la gare du Nord. Franço ise était là , avec Fanny et Né-nette , devant le ,bureau des bi.Jlets. On a discuté une bonne demi-heure à cause de tout ça. Bref, on commençait à parler d'autre chose quand les employés ont appelé les permiss ionnaires. A lors, j'a i embrassé vivement la mère, les deux Hiles; el en ro ute . Je m'en souviendrai, de cette permiss ion fa! Vous savez, à la prochaine, je leur écrirai d'avance; c'est piu's pruden t, tout de même. Ainsi parla, l'autre jour, Victor Bousquet , ré ser viste au . . . d'infante rie , dans le secteur de .. .. • Presque textuellement!» certifie la lettre d 'un camarade; et elle ajo ute: « L'esc~uade qui l'écoutait a passé un bon moment. ~ Pie rre pIFF ARD.
La Tarte NOUVELLE MILITAIRE Le lieutenant Vuillaume était « de semaine ». Il rentra déjeuner chez lui tou t sou· cieux, et dit à la petite Madame Vuillaume: - L'ordonnance de Mailloche, le capitaine d'habillement, a porté plainte pa r la voie hiérarchique au sujet des besognes qui lui sont imposées par Madame Mailloche.
8 La petite Madame Vuillaume enleva prestement Je tablier qu'elle avait mis pour surveiller, à la cuisine, un repas dont la simplicité paraissait excessive à l'appétit du lieutenant: trois œufs sur le plat pour deux, une escalope de veau et une salade cuite. Elle mit sur la table, dans un petit vase er. porcelaine de Copenhague, cadeau de noces qui lui était précieux, une bra_gche de mimosa dont elle contempla un instant , avec fierté ingénue , les fleurettes jaunes d'or qui brillaient doucement sous la lumière tranquille tombant de l'unique fenêtre de la salle à manger. Une branche de mimosa, qui ne cofite que deux sous, dure plusieurs jours, et c'est joli. Puis, s'étant assise, elle dit en tirant son .rond de serviette: - C'est bien fait! Ça devait arriver aux Mailloche, cette affaire-là; ils font conduire leur fille au cours par leur ordonnance. Ils mériteraient qu'il leur arrive des histoires, des histoire -s.... Et ils sont assez riches pour se payer une bonne, eux! ~ C'est justement de ça qu'i l s'est plaint, l'ordonnance, dit le lieutenant. Et il a raconté d'autres choses que nous ne savions pas. Figure-toi que Madame Mailloche lui fait découdre ·ses vieux jupons . Madame VuiHaume éclata de rire, gentiment. Il n'y avait pas six mois qu'elle était mariée, et elle en était encore heureuse, heureuse à en être étonnée, à être prise. de l'envie de chanter du matin au soir; mariée avec sa petite dot de quatre sous, à son bel officier, si fin, si jeune, si vif et si fort, qui avait de si beaux yeux francs sous ses sourcils droits. l:lle jouait au ménage, elle jouait à la dame, elle jouait à ne pas faire des dettes. Cependant, elle s'arrêta, interdite, à cause de l'air grave de son mari. - Madame ma femme, dit-il, vous n'avez encore aucune idée des mœurs militaires · sans quoi vous ne ririez pas du juste châtiment qui tombe sur les Mailloche; il tombera sur nou s également en vertu du principe sacré qui veut que tout écart individuel, dans l'armée , entraîne invariablement une punition qui s'applique à tous ceux qui n'ont rien à y voir, C'est ce qu'on appelle généraliser; et un grand
9 chef qui ne sait pas généraliser est indigne d'être un grand chef. - Mais, dit sa femme, qu'est-ce qu'on peut nous faire, à nous! Nous avons un jardin , ie plus petit jardin de toutes les petites mai· sons louées aux lieutenants dans cette garnison d'Etampes; je n'ai pas voulu que Soupot, ton ordonnance, y donnât un seul coup de bêche. Et pourtant c'est son rêve, à ce garçon, de bêcher. Je ne J'emmène jamais au marché avec moi: il vient une femme pour le gros ouvrage et la lessive. L'autre jour, j'ai voulu l'envoyer à la gare prendre une- feuillette de vin, tu me l'as défendu. Qu'est-ce qu'il fait ici? Il brosse tes effets, il astique, il balaye, il porte les plais quand je les ai préparés. Mais jamais il ne touche à mes affaires, jamais! - Tu n'y entends rien, répliqua le lieutenant. Attends, et tu verras. Lorsqu'il eut pris sa tasse de calé, bien bouillant, il fit donner un éclat plus frais à ses bottes, et il s'en alla sur le champ de manœuvres, surveiller les sous-officiers instructeurs en train d'initier les recrues aux mystères glorieux de l'école de compagnie. Son expérience lui avait fait prévoir le cours inévitable que devaient prendre les événements. Deux jours après, le colonel inscrivait au rapport l'ordre suivant: « Le capitaine Mailloche gardera quinze jours les arrêts de rigueur pour avoir laissé employer à des besognes incompatibles avec le respect qu'on doit à l'uniforme, et qui n'a· vaient aucun ra,pport avec la profession militaire, le cavalier mis à sa disposition à titre d'ordonnance. • De plus, à tous les oiiciers qu'il a l'honneur de commander, le colonel croi t devoir rappeler les règlements des 27 janvier 1834 et 5 novembre 1834, ainsi que les récentes instructions ministérielles des 17 juin 1905 et 22 octobre 1906. Non seulement l'honneur militaire et le soin particulier que les officiers doivent avoir de leur réputation publi· que dans les circonstances actuelles, mais encore la nécessité rigoureuse de donner aux hommes toute l'instructiou, tout l'entraînement guerrier dont ils sont susceptibles, imposent
aux che1s l'obligation absolue de faire observer ces ordres avec une jalouse exactitude. • Il est donc presque inutile au colonel du 150e régiment d'artillerie de campagne d'a· vertir une fois de plus les officiers que si l'usage ainsi que les règlements et instructions leur accordent une ordonnance, c'est pour les soulager dans l'accompl issement de Jeurs devoirs professionnels, mais de leurs devoirs professionnels uniquement. Le soldat ~taché auprès de son supérieur ne doit lui rendre en temps de paix que les services qu'il lui rendrait en temps de guerre; entretenir ses armes, panser et seller ses chevaux, pren. dre soin de son équipement et, le cas échéant, lui préparer rapil:iement une nourriture frugale. Il ne peul, sous aucun prétexte el pour quoi que ce soit, être mis à la disposition de la famille. • Il est possible que parfois il devienne diflicile de distinguer le service p~rsonnel de l'officier de celui de sa famille; pour éviter des solutions diverses et contradictoires à de tels cas de conscience, le colonel interdit, confonnément à l'esprit et à la lettre des instructions, que ce genre de services, qu'on peut qualifier de mitoyens, soit jam:iis, dans la plus petite mesure même, exigé des ordon nances.• Le lieutenant Vuillaume rapporta , d'une façon fort précise, le texte de cet ordre à sa femme. C'était une brave petite femme; elle trouva que le colonel avait raison. - Qu'est-ce que ça n changer ici? dfl-elle: rien du tout. Soupot a toujours été ton ordonnance, et non pas mon domestique . Mais ça va être bien désagréable à Madame de Saint-Ephren, qui a une automobile et a pris l'ordonnance de son mari comme' chauffeur. J'avou~~u'il ne me déplaît pas de voir rager le cap1tame de Saint-Ephren. - Malheureuse enfant, et les serv ices mi~yens ! _fitle lieutenant. As-lu pensé aux services mitoyens? Soupot fait ton caié au lait le matin, en même temps que le mien. ' -, Il fait le sien aussi, je suppose, rép liqua Madame Vuillaume avec beaucoup le bon sens. Ça ne lui donne pas plus de mal,
et il en profile. Ce n'est pas lui qui s'en plaindra. - Mais, continua le lieutenant, puisque Soupol ne me do it en temps de paix que les services du temps de guerre, puis-je lui ordonner de cirer mes souliers , quand je vais voir la préfète, qui est une personne civile? - Je le pense, répondi t Madame Vuillaume; car si tu vas voir }a préfète, c'est pour ton avancement dans la carrière des armes. Et d'ailleurs, qui donc, sinon le préfet, vous donne des ordres en temps de grève, ou d'inventaire, ou quand on sépare l'Eglise de l'Etat? Un préfet, cher ami , est sur tout un grand général. - Ainsi soit-il, fit le .lieutenant avec philosophie. Ce n'est pas moi qui te contredirai. La semaine s'écoula tranq uille, absorbée par les petits soins de la vie de garnison: pour le lieutenant, instruction de recrues, cours d 'histoire et d'économie po litique aux hommes, revue du samedi pour les effets d'équipement; visites hiéra rchiques pour la femme. El le dimanche arriva pour couronner celte semaine bien rem.plie. Madame Vuillaume alla à la messe. Le lieutenant fil un tour à cheval et rencontra, dans le bois de Conches , son camarade de Fontainebleau Tula ine, qu'il retint à déjeuner. ' - Tu as la folie des grandeurs, lui d it sa femme. quand il l'avertit, au débotté. - Bah! répliqua-1-il, je fais admirablement les pommes de terre frites. Tu grilleras bien une andouillette de plus. Madame Vuillaume gr illa elle-même les andouillettes, et son mar i fit les pommes de terre. Quand Tulaiue arriva, le couvert était mis. Et le de~serl ! réHéchit tout à coup Je lieutenant , le dessert! - Il y a du fromage et des oranges, répondit sa femme. - Ce n'est pas tous les jours dimanche , insista le lieutenant, et Tulaine ne vient pas tous les dimanches. Je veux une tarte , une tarte aux abricots. Et comme T ulaine était arrivé déjà, el prenait le madère, que Madame Vuillaume était tout entière aux derniers préparatifs, il
10 donna d'inspiration trente sous à Soupot, avec l'ordre d'aller vivemenl chez le pâtissier chercher une tarte aux abricots. Madame Vuillaume aurait préféré un feuilleté : c'est moins cher .' Mais elle vit son mari si joyeux de son idée qu 'elle n'eut pas le courage de le contrarier. Con1111eSoupot revenait de cliez falet, pâtissier, avec la tarte enveloppée de papier et posée sur une assiette, il vit arriver à sa rencontre, par la rue du Pa in, le colonel Rothenas, et fit le salut militaire . Mais le colonel l'appela. - Qu'est-ce que vous portez là, mon gar çon? fit le colonel . - M' colonel, fit Soupot é111u,111' colonel, c' t' une tarte. Une tarte pou r m'lieutenant, avec des abricots, qu'il m'a dit d'aller chercher . Que l' lieutenant Tulaine a v' nu déjeuner. Alors. - . . . . Service mitoyen, pour une ordonnance, aller chercher les tartes cl1ez le pâtissier. Interdit. Vous le savez? Il médita une minute, el dit à Soupot, brusquement. Mangez cette tarte! - Moi, m'colonel? - Mangez cette tarte! - M' colonel, m' colonel . . . j'ai pas faim? - Mangez cette tarte! Soupot soupira , déplia le papier gris, et ouvrant la bouche le plus petitement qu'il put, mordit dans la tarte. Le jus des abricots, dégouttant par les deux coins de sa bouche, lui donnait l'air d'un bon chien qui vient de Japper sa soupe . - Encore! dit le colonel. De nouveau, Soupot enleva, éperdu, un quartier du gâteau, et demeura pantois mais gardant une attitude militaire. - Ça suîiit, dit le colonel, vous pouvez partir. Le déjeuner fut gai. Au dessert, le lieutenant Vuillaume dit à Soupot: - Maintenant, la tarte! Soupot l'apporta en -tremblant. Elle étalait, sur l'assiette, son échancrure déshonorante, et toute ,jaune d'abricots en compote,
11 ressemblant à la lune un jour d'édipse lielle. - Qu 'est-ce que c'est que Madame Vuillaume choquée . - M' lieutenant, dit Soupot, qui étouff c'est I' colonel. ]' la rencontré rue du Pa · avec la tarte. J'y ai dit que c'était pour vo Alors il a dit comme ça: « Mange .,là! • pouvais pas désobéir. C'était l'ordre. J'en mangé Je moins que j'ai pu. Les yeux de l'a petite Madame Vuillau s'étaient remplis de Jarm~ . Elle disait: - C'est trop dur! Ah! c'est trop dur! foi! .pourtant (out ce qu 'on .peul! - Le Colonel a eu raison, dit le lieutena stoïquement après un silence. Retire-toi, So pot . Mai5 ce lut le premier chagrin dans jeune ménage. Pierre MILLE.
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Les blessés Le ohemin qu'ils suivent pour gagner l'a bulance est à- demi caché par un pli de terrai Il passe sous bois, mais les nouvelles feuill ne garnissent pas encore les branches. Les blessés se suivent, tout saignants boueux, comme un chapelet de misère et gloire , les uns à pied, rar~ment seuls, qu quefois par petits ·grot1;pes, le plus souve deux à deux, qui se soutiennent comme d bœufs creusant leLtr si.Jlon, comme des ch vaux montant une côte, les autres assis coudhés sur toutes sortes de véhicules, civ res, charrettes à bras, voitures attelées, a tomobiles. Docilement, ils se rangent po laisser passer une section de munitions, u auto d 'état-major, un cavalier, une compa en marche. Les piétons, malgré la capote d boutonnée, un bras en écharpe ou .Ja tê bandée, gardent pour la pllupart un air ga · lard . Ils reviennent tout chauds du corn qui là-bas de l'autre côté du bois , faisait lev~ du Îour un vacarme d'enfer, et q maintenant, roule sa canonnade comme fin d'orage. Le sang a traversé ,Je premi pansement sommaire, les linges sont rou
et ,humides. On va quand même, avec ces plaies qui ·honorent et -qui ent~ment -la peau, non la vie. La vision des v01tures est plL:s poignante; figures de cire , yeux fe_~més, vetements déchirés, chairs à nu. A l'arnere d~un_e charrette, un blessé dont le corps a ~lisse, laisse pendre, comme une loque, une Jan!be broyée. Voici la tente confortable , le premier havre de grâce où ·l'on re~ueiHe ,!es _nauf_rag_és;Là se fait le premier tn. En labher, 111d1f.ierent d'apparence, l'œil aux aguets, ,le visage durci comme un ouvrier à la tâche, le médecin chei surveille la manœuvre. On amène, on dépose devant lui les arrivants-. Ses aides défont les pansements, lui monlrent les blessures : Toi, par ici. Toi. là. Placez-moi ce-lui-là sur le lit. Pour la salle d'opérations .. .. La salle d'opérations, c'est une petite fente annexe . El tout l'envers du champ de bataille apiparait •làdans son horreur , béant, saignant , suppurant, mêlé à la boue qui recouvre de sa triste couleur jaune les bandes molletières, les capotes, les képis, les figures. Emporteraije ce tableau dantesque? Il bouge, il tremble un instant devant mes yeux comme une projection cinématographique mal assujettie, et brusquement il s'enfonce, ~! disparaît dans l'ombre, faisant place à une autre vision, cellelà d'une éblouissante s,plendeur. D'où vient que de toutes ces bouches cris pées, tordues par la douteur , ne sortent ni une plainte, ni un gémissement, ni un cri? Les dients attendent avec paiience leur tour de visite, ils obéissent, ils n'opposent aucune ré· $Ïslance, ils se laissent toucher. Qu'est-ce donc qui domine cette assemblée de souffrance et lui communique une sorte de majesté? Je le sais maintenant: c'est ce prodigieux silence qui ne se perçoit pas du premier coup. Il n'est rompu que par 1les brefs ordres du médecin, qui prennent ainsi une sonoriié impérative et, peu à peu, de distinguer Je très léger bruit du linge qu 'on taiHe et qu'on déchire, des habits -que l'on défait et que l'on cou:pe. Ce silence, c'est comme le fond de toile sur •lequel se détachent les premiers plans; la couleur de J'ensemble, ,le caractère
dr l'œuvre pren11ent toute leur iorce, ne rendent que par lui. Et voici que ce silence, dès qu'on l'a remarqué, s'impose comme une pré · sence visible, devient oppressant, obsédant. JI semble que sous -la tente dressée pour recevoir (Cs misères s'accomplit Lm sacrilice sacré qu· on ne trouble pas. - Un grand lieutenant aux traits osseux , le iront ceint de bandelettes , apparaît st1r le seuil. On l'a descendu de l'automobil e qui vient de s'arrêter. 11 repousse ses aides, il veut marcher seul. Ses •jambes plient sous lui, comme si elles étaient de coton. Mais i'-1leur ordonne de le porter, et elles Je portent. Il a dû perdre beaucoup de sang. Le visage est d'un ton de ,poussière. Au fait, .pourquoi -l'ai· je pris pour un officier? Il porte une capo · te comme les hommes, mais il a cet air de chef qui ne (rompe .pas, et je discerne ses galons après lui avoir attribué son grade. Il passe devant moi, raidi: je 1lui serre la main, il essaie de sourire, mais il a besoin de toute son attention pour ne pas faiblir, pour don· ner Pexemple, et il ne prononce pas un mot. Mais un nouveau ve1111 qu 'on porte à bras lait une entrée ctifférente. Il pousse des, cris de colère et profère un tas d'injures. C'est tellement invraisemblable, inattendu , inouï, qu' on a lïmpression d'11n scandale. Queil. est cet lntrus , ce poilu mal poli et sans usage, qui se conduit à la façon d'un Boche? Les Bo• ches, on le sait, geignent et hurlent comme cochons qu'on saigne. Un fou .peut-être, il y a des fous qu'on amène parfois tout hagards, quand -la plu ie des marmites se prolonge. Que dit-il? On va le savoir. - Les saiauds qui r'9nt pas ramassé Million! -- Million? quel Million, mon garçon? - Pardi, mon copain qu'ils ont laissé au bas du talus, devant moi, tout amoché! Le pied brisé :par une balle, il se débat comme un diable et dénonce les ambulanciers. Son camarade , m'explique-t-on, était mort, et c'est .pourquoi on l'a 1laissé, pour secourir les vivants. Le lieutenant, qui de lui-même s'est étendu sur un lit, regarde d'homme fixement f't d'un geste un peu solennel il met un doigt sur la bouche. L'homme a compris: i'l se
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12 lait, l'ambianc~ déjà le conquiert. Mais i1Jne songe guère à sa patte cassée; il a, dans se,; yeux brouilk?s, le deuil de son copa in restt:i ·là-bas, tout seul et saiguant, au bas du talus Il s'accuse, je le devine, de cette trahison d'amitié. Et dans ie silence auguste et contagieux qui reprend so n doma iue, ,les douleur s se111b lent se ranger comme des statues. Au dehors , ·c·est un de ces matins iroid3, humides , incertain s, qui suiv ent une nuit pluvieuse. Il y a de l'eau sur le chemin, une flaque jusque devant la tente . Quelques-uns de ceux qui attendent le départ , les plus solides, sont venlls se ranger en brochette sur un banc. Je m'approche d'eux et leur demande des nouvelOes: - Ça va-t-i l bien? - Ça va bien. Ils savenl qu'i l ne s'agit pas d'e ux-mêmes - aucun n'y a songé -· mai s clc ce qui se passe là-bas, an-delà du bois, de celte Julie interminalble, souterra ine, acharnée! Et soudain, rapprochés, les traits tendus, les yeux brillants, ils racontent œ qu''ils ont vu . C'esl bien confus, ou bien particulier, mais je r<!garde la flamme donl leur face est illuminée. Ils rient entre eux, et même ils rigolent quand ils repensent à l'artillerie. Ils sont sortis de leurs trous po ur voir 1es arbres bouger - de gros Irones pourtant - et de3 morceaux de Boches , sauter jusque dans les brandies. Après cet arrosage, ils sont entré s dans leurs tranchées, tranquillement, les mains dans les poches Le lieutenant était devant, tenant à la main une grenade c;u'il a lancée dans un gourb i tout remp li: quel dég ât! Un autre reprend: - Moi , c'est un coup de baïonnette . On se battait l'un dan s l'autre. Il avait sa bouc he contre moi. Je sentais sa chaleur. Et nous sommes tombés tous les deux. L'exa ltation de la balaille les possède à nouveau comme un dieu. Ma is fa ,fièvre qui les agite n'est pas une fièvre de malad ie. Je ne vois plus la boue qui les couvre , ni le sani; sombre sur qeurs capotes, mais la clarté qui res.plendit sur leurs visages penchés. j'ai perdu la vision de tant de corps mutilés, de tant de visages ravagés, de tant de jeunes vies al•
teintes. Ce qui me res le, ce que f empor c·esl ce grand silence sous fa tente, la frat nilé dans la do uleur et dans l'as s istance , et rayonnement encore visible de l'assaut. Deux dlemius se croisent à côté de l'a bulance. Au carrefour, un Christ se dres dan s 'les branches , devant lequel ils ont d filé. Celui-là, c'est le chef de la Dou leur: a :porté le po ids des fautes et des souffranc humaines . El il semb le dire à ces homn qui apportent en don leurs maux: - A votre tour , étendez-vous sur la croi Soyez patients, endurants et calmes. Soyez Ohrists de 1a .patrie. En moi vous trouver la force de vivre el de mourir. O blessés, morts, votre sacrifice ace<:pté vous relie à m pour toujours ...
La Campagnede Russie Un vieux soldai de Napo léon narrant ses peti ts-enlants des batai lles dont il a ét témoin, voilà un tableau qui éia it classiq au temp s de la Restauration et de Loui Philippe. Je soupçonne que ces « grognards ne se contentaient pas de raconter ce qu 'i avaient vu et qu'ils agrémentaient leurs réci de quelques broderies , car un homme, et su tout un simple soldat ne voit r~n, absolume rien d'un combat dans lequel il figure. C'est là un fait constaté depuis qu'ont é publiés tant de souvenirs aulhen fi.ques <l'a ciens troupie r s du premier Empire: ce q surprend même la lecture de ces nombre mémoires, c'est la rareté des re ncontres av l'ennemi. l)ans l'histoire telle qu'on nous l'a prend, dans les manue ls, les batailles se su cèdent si fréquentes qu'on ne voit rien d'a Ire; la réalité des choses est bien différent Il s'est trouvé des soldats de la Grande-A mée qui par malchance ou autrement n'o jamais entendu un coup de canon; ceuxsont rares , c'est bien certain; mais comb\ d'autres ont assisté à des batai lles sans pre que s'en apercevoir? fut le cas de ce brav fantassin du 35e de ligne, Pierre-Louis yer, dont on vient de retrouver les précie
c.e
souvenirs. De 1811 à 1813, il ne prend par i
qu'à un seul combat, celui d'Ostrowno;
et
voici ses courtes impressions : • Nous étions couchés pour nous reposer, attendantdes ordres. J'entend s silfler sur ma tête un bruit comme celui que ferait un serpent. Je demande à mon lieu tenant s' il y a des serpents volants dans Je pays. Il me répond que c'est un éclat d'obus; et un mom?,nt apm, nous entendîmes gronder le canon. Il paraît que l'avant-garde était aux prises avec les Russes et on nous fit marcher par pelotons et en colonne serrée, baïonnette au canon.• C'est à peu près tout; plus avant dans la journée, le petit soldat traverse une forêt; on marche à pas redoublés; il y a là beaucoup de morts, tous Russes, ce qui l'étonne , et il interroge de nouveau son lieutenant qui répond: « Ne vois-tu pas que la terre est remu& et ces longs fossés recouverts fraîchement, c'est là où reposent nos frères d'arme s et c·est pour ne point dEcourager nos jeunes soldats »; fait que mnfirme d'ailleurs un passaie de SEgur notant que • pour le calcul des cadavres, aussi trompeur que rebutant, on !if disparaître la plupart des nôtres, laissant en évidence ceux de l'ennemi " . Au reste, la vue de ces morts impressionne bien peu les survivants. Mayer avise un Français couchE au bord de lJ route· « il avait, dit-il, des souliers tout neufs aux pieds: je les lui pris, • craignant qu 'ils ne lu i fis~ sent venir des durillons • ; un peu plus Join i! se heurte aux corps e nlacés de deux hussards, l'un russe, l'autre français. « Je m'ape~çus qu'ils res.piraient encore, j'en donnai avis à mon officier qui me rit au nez, di sant que cela ne nous regardait pas .., et l'on
vanoe.
c.equi
cause plus d'émotion
c'est le ra-
ide passage de l'empereur sur' Je front des troupes; le tablea u est saisissant· on sent ue de ceci, le petit pioupiou se ;ouviendra oute sa vie. Depuis trois jo urs l'on voyait des jeunes ommes qui conduisaien t de supez,bes bau ets du P iémont; ces animaux porfaient chaun deux barils de vin, c'était pour la mai-
son de l'empere ur. Le lieuteua nl Soyez , qui avait beaucoup d'amitié pour moi, me di t : • L'empereur do it bientôt passe~, aimerais-tu If voir? - Que lle demande. C'e st bien sûr; cela me ferait très plaisir . • Il me mena sur le bord de la route, et apr ès une demi-heu re d'atlente, nous entendîmes un brouliaha, un bruit confus de « Vive l'empt-reur! • et nous aperçûmes dans le lointain un nuage de poussière comme jamais je n'avais vu. Le bruit se rapprochant rapidement , tous les soldats mettaient leurs shakos au bout de leurs baïonnettes avec des cris de « Vive l'empereur!» Nous vîmes arriver tou t le quartier impérial au nombre d'au moins quatrevingts, lo us à cheval, tous plu s beaux les uns que les autres, et tous couverts d'or. Le lieutenant n'eut que Je temps de me dire : • Le voilà!•. Son cheval blanc ne galopait jamais; il était dressé à n'aller qu'au trol; pourtant les maréchaux couraient au arand galop Il avait son habit vert de chasse~r de la ga rde, un petit crachat el sa croix d'honneur. Voilà comment cet homme extraordinaire se dist ingua it par sa simp licité. Pierre-Louis Mayer, conscrit de Genève où son père, d'o·rigine allemande, étai t boucher , fut enrô lé au 35e de ligne le 12 avril 1811, comme remplaçant d'un nommé Salo- mon Chapuis . C'est à Genève que fut publié son manuscr it, dans la collection de mémoires militaires réunis sous ce titre: « Soldats suisses au service de l'étranger ». A ' ne lire que ce récit, manifestement très sincère 1 il semble que la principale préoccupatio n des soldats de la grande armée était de ne pas mourir de faim. Mayer est un débroui llard il se charge parfois de nourrir tout son ba~ faillon. i0' .abord, il a des scrupules: « C'est un triste présage, note--t-il, d'être ob ligé de voler. pour vivre». Mais le Niémen passé, sa dé licatesse s 'émousse: il mara ude des œuls, p_uis un veau, puis un troupeau de quatrevmgts moutons, que de cinq he ures du matin à dix heures du soir, sans chien et sans houlette, il parvient à promener à travers la ca~pa?ne j~squ 'au campement de sa compagme; 11 devient vite d'une grande habileté à
1415 découvrir, en frappant le sot de la crosse de son fusil, l'endroit où les paysans ont enfo ui leurs provisions. Il enlève le mie l des r uches, le be urre des pots, l'eau-de -vie des caves et ies less ives de la haie où elles sont étend ues pour sécher. Avec ,quelques rnmarades, il passe une rivière à la nage; et les voilà, de l'autre cô té, nus comme des sauvages, par courant un vil!age, entra nt dans l'église, découvrant un magasin de farines que les Russes ont empoisonnées, et revenant de l'expédition avec un baril de bière et trois poules. Dix-huit lieues sont une marche habituelle; quand Mayer n'a fait que cinq ou six lieues dans sa journée, il craint que c ses jam9es ne se rouillent •. Quels hommes! · La dyssenterie le retient à Witepsk, tandis que l'armée continue sa marche vers Moscou; puis c'est la retraite, les nuits de glace , l'e!· froyab le désastre. Nulle autre pensée que celle-ci: vivre! Mayer conte d'un ton badin des faits horribles: • Un malheureux qui geignait sur un traîneau fut poussé sur la neige par un qui apparemmen t voulait être mieux à son aise, et il se roula, comme un homme dans le délire ... La pitié me prit; je dis à un autre: « Aide-moi à l'entrer dans la baraque que ,je viens de ,quitter. » Je le pris par ,la tête et l'autre par les pieds, et nous l'entrâmes; mais nous ne l'efimes pas posé q u'il s 'allongea et ne bougea p lus. Il ava it avalé sa langue. Quand nous fûmes sûrs qu'il était bien mort, nous le sor tîmes comme nous l'avions entré, et nous le fîmes rouler dans le fossé de la grande route, où d'autres morts lui o)?.t tenu compagnie. Nous avons ouvert son sac et nous y avons trouvé deux chemises propres et un pantalon de toile. Je suis bien sûr que jamais ses parents n'ont su 011 il était _mort, comme tant d'autres mill iers•. Vo ilà Mayer pr isonnier des cosaques; il est conduit dans une bour ,gade incendiée dont les poutres fument encore; assis sur l'une d'e lles, pour se récha uffer, il a pour voisin un homme mort, nu comme un ver, les pieds en charbon, les os durs comme de la glace. La nuit, dans une masure où il gèle à tr~nte degrés, lui et ses compagnons s'entassent en
grappes, debout, l'un contre l'autre, pour pas mourir de froid; au jour, ils sort po ur chercher des restes des chevaux mo qu 'o11 dévore crus. Un morceau de pain va cinquante lou is; aucune distribution de v vres; des coups de trique et de fance. • Ceux qui ont écrit la campagne ont que l'armée était morte de froid. Moi, Pier Louis Mayer, je soutiens que les Russes o fait mourir avec intention deux cent mil hommes de faim. . . Les déta ils sera ient tr longs; il suffit de dire que tous sont morts. à en déduire quatre ou cinq pour donner d nouvelles de ce fléau•. Il fait un tel froid que les sapins . da les bois éclatent « en faisant explosion co me des gros canons •. Mayer, recueilli ch un châtelain, est logé dans une ét:i.ble à por - le Louvre! - Il a de la pa ille, un peu linge; il va à la cuisine, cherche à se rend utile, et fait le farceur quand on lui do à manger: il imite le chien, ,la chèvre, bœui et cela lui vaut un morceau de pai no ir, une pomme de terre. Un jour, il renco Ire un homme en guenilles qui s'approch salue et dit: « Vous êtes Français, monsie - Oui, monsieur. - Vous voyez, repre le misérable, un capitaine décoré du 30e ligne, qui demande l'aumône d'un morce de pa in de .porte en porte, dans l'espoir revoir sa patrie ... • On pleura, on but l'eau-de-vje, on jura de ne se plus sépar mais où, dans ce pays ravagé , trouver quoi vivre à deux? Il fallut se quitter - po tou jours . Mayer ne rentra à Genève qu'en 181 Ses malheurs n'avaient point affaibli sa r buste santé; 11 se maria l'année suivante, e huit enfants, dont Je dernier vécut jusqu' 1895. L'ancien so ldat de la grande ar avait ouvert un petit café à l'enseigne • la Lampe éterne lle •; il mourut à Genè en 1852. T. O . (,,Le îemps".)
:j: On n'est tout à .fait soi qu 'avec ceux q nous aiment beaucoup el auxquels nous nons discrètement.
Variétés
LE
CINEMATOORAPHE. SCENES DRAMATIQUES ... .POUR DE BON A jouer avec le feu, )e jeu sou vent finit LE RENCHERISSEMENT mal. En voulant héroïquement rester assis Le renchérissement des denrées est génédans une automobile en flammes un comédien ra) en Europe depuis le début de la guerre. américait~, M. Fred Sterling , eut, il y a quelOn s'en rend compte en consultant les tamois , à Los Angeies, :Jes deux mains ques hleaux suivants: brûlée s. Un aut re, à peu de temps de là, trou . La viande de bœuf gras a augmenté: va la mort dans des circonstances atroces. La en Suisse de 28 % trot~pe avait eu l'idée de profiter des formià Ber lin 50 • dables incendies qui dévasta ient alors 'les foà Vienne 216 • rêts de Cal ifornie du Sud po ur donner à un à Milan 68 • drame, • Le Prisonnier du feu • un décor à Paris 25 • réel et une atmosphère impressio~nan te. DeEn Allemagne, on note les hausses que t l' van opérateur, les acteurs ,jouaient à quelsur les viandes de boucherie: mètres d'un gigan tesque brasier dont q_ues Bœuf 38 % à chaque minute rabatta it sur ~ux les le vent Veau 107 • longues flammes. Tous les hommes avaient Mouton 56 • déjà la barbe et les cheveux roussis par )'inPorc 201 • fernale chaleur, quand :l'un d'eux fut tout à Le fromage a subi les hausses suivanles: coup enveloppé par la fumée et roula dans ·le Suisse 17 % brasier, où il s'abîma, en hurlan t sous les Vienne 58 • yeux de ses camarad es. Paris 63 • Un de~ acte urs les plus aimés du p ublic, France de l'Est 48 • M . An~re Deed, alias Gr ibouill e, a déjà à Norvège 17 • Berlin son actif tme bonne séri e d 'accidents nauti38 • Milan ques . li jouait un ,jour un ii'lm intitulé • Le 78 • Vorar lberg c~ien policier•, où il devait, avec deux ac158 » Hollande tn~es, ~rav~rser L! .~e rivière à la nage, tandis 128 • qu on l_achait dernere J.ui une meute de chiens Enfin voici la labelle du lait: de pol1~e: Soudain, .prise d 'une crampe, une Zurich 4 % des fugitives lance ,un cri désespéré. André Mayence 13 • Deed se prédpite, plonge et la ramène à la Hambourg 19 • surface. Mais l'incident a ·permis à la meute Berlin 36 • de rattraper le retard qu 'o n avait savamment Vienne 42 • calculé, et voilà le malheureux artiste obligé Vorar lberg 47 • en soutenant sa camarade, de subir les terri~ Tyrol 25 » bles crocs .d'une meute, sourde à tous les apBasse-Autriche 38 • pels, et ~u1 ne veut pas lâcher son homme. Graz 9 • . Termmons ce chapitre des catastrophes en Prague 36 • citant l_es_ noms des deux champ ions de l'auBrunn 67 • dace cmematographique, qui sont aussi les Danemark 17 • reco~dmen de l'accident: le lieutenant Daring Norvège 15 • Hollande so~nqu:t d'un. art iste célèbre en Angle terre : 19 • qu i mamies fois frôla la mort et fut récernEspérons que cela n'ira pas plus loin. En ~en~ ,précipité au . fond d 'un gouffre par un us cas, la Suisse est encore favorisée et t~a1tre • .maladro1t, et sa rivale en témérité, rgement. :,11ss ?en1 Gauntier, qui, à elle seule, a été 0000000 ltaquee par les Bédouins en plein Sahar~
17
i6 engloutie quelques mois après dans des sables mouvants en Floride, blessée d'un terrible coup de pied de cheval dans 'la ~ fem~e . 1 • projetée en l'air ,par l'explosion d·un es1:101 'au cours d'une scène militaire et, caisson · linalement eniem1ée dans une maison en Hammes d'où elle ne put s'échapper qu'en ouvra~! de ses .propre s main5 un trou dans le toit. 0000000
Savez-vous qui vous venez de bousa . Ier? C'est le préfet de police! Le brave agent prononça un son~re 1ur01 puis, fort ,inquiet, s'empressa de circuler son tour et se perdit dans la foule. 0000000
COMMENT ON REFUSE U~ MAN~~RJ Voie'1 la formule qu'emploient lles ed1teu chinois pour refuser les manus~n s: « Nous avons lu ton manuscrit avec des c lices infinies. Par les cendres sacrées de_u ancêtres, nous jurons de ne jamais avoir jusqu 'ici un si magnifique chef-d'œuvre . nous l'imprimions, S. ·M. l'empereur, nol très haut et très puissant maître, nous .ordo nerait de le prendre ,comme modè~e e_tde jamais imprimer quelque chose qm lm lût. i férieur. Comme cela ne serait pas possil avant dix mille années, nous te ~etourno1 tout tremblants, ton divin manuscnt, et te < mandons dix miUe pardons . • Partout ailleurs, on y met moins de for~
LA GUERRE ANECDOTIQUE Un jeune homme, nouvel engagé, se pré· sente à la caserne d'une petite ville de France . _ Votre profession? _ fraiseur.· ·· . - fraiseur. . . . fraiseur . ... ' réiléch1t le sergent de garde . .. ' ça 1om1J:ebien . . . . Jus· .tement, on a besoin d'un cuistot . · · · L'autre voulut expliquer que le métier d~ fraiseur n'avait :rien de commun avec le 1ru1t du fraisier ou la fraise de veau, et que ce n'était pas en travaillant le bois ou le~ métaux qu'il avait pu acquéri~ de~ conna1~sances culinaires; on persista a faire de lui un cuisinier. . M. Laurent, préfet de .police de Pans, venant attendre un ami, pénètre sur les quais de la gare d'Austerlitz. Au même moment, arrive en gar~ un co~. bondé de soldats permissionnaires, qui, vo1 • . . t b yants dès l'arrêt, se préc1p1tent, Joyeux e . ~u ~ Il y a quelque ·Cohue: selon la tradition, le agents qui assurent le service d'ordre , se m~~trent fort indulgents pour les brave: _m1h: taires mais .ne témoignent nuUe amenité a l'égard de l'élément civil, trop nombreux à leur gré. . Dans la foule, M. Laurent se sent ~1gou· reusement poussé par les épaules, _tandis qu' une voix impérative crie à son oreille : _ Circulez! - Mais , je suis le ... ' essaie de protester le préfet de police. L'agent lui coupe la parole. _ Je m'en f. ... Circulez! , . Et M. Laurent dut circuler. Un ten:i01nde la scène, qui l'avait reconnu, ·crut devoir avertir l'agent .
OC!>OOO
FORMULES DE POLITESSE cmNOI' Propos d'un marchand s'adressant au siteur de sa boutique: . . • Le grand, le sublime aïeul a-t-il bien din (C'est la formule de bienvenue). Quel est votre précièux nom, pour que fasse porter ces objeis à votre noble_a~ress Si vous voulez bien faire à un mhme secte l'honneur d'accepter une tasse de f je vais vous conduire dans ma pauvre et 1 sérable famille. . . Un Chinois parlant de son père dit: vénérable vieux .prince. Parlant de votre maison, il dit : Votre lustre palais. . Parlant de lui-même, quel que soit : âge, il dit: Je suis votre stupide je~ne frè Parlant de sa femme devant des etrang« il dit: La pauvre sotte du dedans. -
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t L'inteHigence se co~munique comme feu, à }'in.fini. Allumez mille flambeaux à flambeau, sa flamme demeure toujours la 1 me. Joubert.
Tout à l'heure, les amis, quand vous parhez glaces et gelées, je me rnppelais, à part moi, les gelées et les glaces d'un au1re hiver: t 812! Cél ait le soir du 24 décembre 18. .. Neuf C'est déjà loin. Pourtant, c'est comme si j'y heures venaient de tinter à ,la four de Nort. élais encore. Quel froid de Joup, mes enfants,, Sous Je ciel très pur , resplendissant d'étoi-Ies, et quelle misère! Crotté et trempé des pieds Je bourg eût paru dormir tant i'l était calme et à la tête, j 'étais, cef hiver.Jlà, à 600 1ieues de recueifü si, aux fenêtres, on n'eût vu de la ma Noë-Guy, en train de piétiner dans la lumière. De même, clans iles villages, aux fe- neige russe. nêtres des volets mal dos, lilirait le vague En aMant, pas de misère, personne p0ur reflet· des chandelles de résine. nous barrer Je passage. Pour rencontrer 1'en,. A cette heure-là, dans ,une maison de la nemi, i'I avait fallu marcher quasiment jusqu~ Moscou. Tout près de ~'à, en septembre, Noë-Guy, commençait la veiilée de Noël. Les gens de la femte, des amis et des voisirns s'y grande victoire à la Moskova, puis rentrée étaient rassemb lés pour causer c~ se divertir triomphale à Moscou, la ville sainte des Rusun brin avant de partir pour la Messe de ses, au cœur de l'empire. Enfin, on alifait se minuit. Au dehors , sur les marais de !'Erdre , reposer. Vas-y voir! Un soir, voillà Moscou 11 gelait dur . Le maître du logis, un grand qui ·se met à Hamber comme une paille, et .de vieux, robuste et maigre, hâlé par 1Jevent et tous les côtés à la fois, Napo1éon a vaincu le soleil, se tenait assis au coin ,de la haute les hommes; ile feu est vainqueur de Napocheminée. Bon chrétien - depuis quelque léon. . . . Et après le feu, c'est le froid. temps du moins, - i1 avait déjà ses habits La saison devenait de plus en .plus rude . il fallait détaler et vite. La retraite de Russie de fête. commença. On avançait dans 'la neige, on biLes pichets circulaient; 1es noix craquaient 11 ous les doigts nerveux. Les jeunes devisaient vouaqua~! dans la neige, on s'étendait, on e! riaient, tandis que IE's anciens, en se pasdormait - quand on pouvait - dans 1a neisant la tabatière, parlaient gravement des ge- ge. ffivbord, les plU's fa.i1'les ou les pllus malées de cet hiver , des récoltes passées . des tralades succombaient. Le matin, le irévei1 sonvaux en cour s, des moissons futurns et aussi nait, et bien des hommes restaien1 coocliés du mystère de cette nuit diivine. parce qu 'ils étaient morts. Dans le commenLe viei·Jtard écoutait, silencieux, ~t parfois cement, j'étais soJid'e, je vous assure, et si souriait à quelque Joirutain souvenir. Deux j'avais grand froid aux jambes, je n'avais pas de ses petits-enfants, Pierre et Marie , s'éfroid aux yeux. Mais tout de même, à 1a fin taient approchés de lui et, assis sur la pierre des fins, moi aussi , je voyais tomber, je gredu foyer, ,ils 1e regardaient avec étonnement. lottais, je tremblai1s, j 'étais parti de France - Qu'avez-vous donc ce soir, g,rand-,père, cuirassier , fier de mon bon cheva~, de mon interrogea la fillette, que vous res~ez comme armure neuve, de mon casque flambaorut;et à ça sans rien dire? présent , à peine si j'avais l'air du dernier - Vois-tu, ma fille, je songe à des choses des fantassins: un vieux shako, un vieux doldu vieux temps, à des gaies, à des ,tristes . .. . man, dépoui:Ues d'un camarade, ,plus de mon- Lesqueldes donc, grand-•père? demanda ture, r.ien à se mettre sous la dent que du Je garçon. cheva'l mort, ça finissait par abaitre les plus Dès que le vieUilard avait élevé ,Ja voix, courageux. Et avec ça, il' fa.l!laitmonter 1a toute la maison était devenue attentive. garde et se battre sans fin ni cesse. L'empe- Racontez-nou~ ça, s'i'l vous plaît, père r eur lui-même, toujours vainqueur avant cette Cuirassier, dirent les jeunes. malheureuse guerre, alfait devant nous,, som- Mais oui, père Louis, si ça se peut, rebre, découragé ... . prirent les aînés. Un soir , je corn.pris que, pour moi, tout - C'est facile, commenca le bon vieilllard. était fini et que j'aHais y laisser ma peau. Je
La Croixdu Bon Retour
18 je m'enveloppai dans le manteau de mon cane .mangeais plus, je ne doirmais plus, une de marade défunt et que je dormis à poings formes jambes n'était qu'une plaie! Nos officiers, més jusqu'au pefü jour. Et puis, je me relepour nous donner du courage, disaient qu'on vai tout étonné de me trourver là et, clopinapprochait de la Bérésina et qu 'après nouis clopant, je repris ma marche sans savoir où serions moins ma.l'heureux. Je ne ,les enten· j'a,Nais. Vers ,midi, je tombai juste Slll'l"un dais presque .plus. Un de mes voisins venait campement de la garde impériale. de tomber de froid et d'épuisement. Je m'assis }'étais sauvé! Le bon Die,1 avait entendu près de lui sur mon sac vide. ma iprière. - Je vais mourir, vois-tu, me dit mon Vous devinez ,ma joie en r~voyant la Francamarade d'une voix: éteinte. ce. Quel.\e fête à mon retour à Nort, à mon - Et moi aussi, lui répondis-je; on s'en ira arrivée à la Noë-Guy! Comme vous pensez, ensemble, mon pauvre vieux:! je ne manquai point d'aller voir M. le c!l '.' _ Que c'est triste!. . . Si toin de chez de ce temps-là, ~e bon M. \·rngira ud, qne ies nous!. . . Et plus d'espérance nuUe part. · · · anciens ont connu comme moi. Je lui raconMoi qui avais une bonne mère et qui, à tai mon histoire et ma promesse. ce momenMà, me souvenais des cloches de Ici, mes enfants, il faut que je vous fasse mon égffise, et surtout de ce vi11age si loin ma confossion . }'avais négligé, pendant toutain, si lointain, où peut-être ma mère pria~t pour moi, je me suis mis à dire deux: ou trœs tes 'les allées et venues de 'la guerre, \es pratioquesde religion. Une fois revenu à Nort: je foi's, comme sans y penser : . - Il y a le bon Dieu, iit y a le bon Dieu. m'en soucia1·s guère plus. Nos prêtres ava1en - C'est vrai, reprit 1'autre, j1oubliais, il y beau me rappeler de temps en temps les bienfaits du bon Dieu et la promesse que je lui a '1e bon Dieu! Et je vis le pauvre garçon toujours étendu, avais faite, je remettais ~'année en année. J fermer les yeux:, remuer les lèvres, longtemps vois mes torts auijourd'hui, mes enfants, · e je les regrette bien. Le croiriez.,vous? J'ai at encore, et puis q1.1à.ndla nui:t fat tout à fait tendu jusqu'en 1839 pour élever la « croix d tombée sur la plaine blanclle, comme il ne bougeait iplus, je compris que mon camarade bon retour » car c'est comme ça qu'on l'a était mort. A présent j'étais tout seul: à l'enpelle toujou:s. Vous la connaissez, pas vrai. tour, rien que de 1a neige et du sil\ence, Elle est là, à l'entrée nord de notre vil<lage Que faire? Il y avait au-dessus de moi une à l'ang le du chemin des Morts. E11e n'e,st pa. petite éfoile qui rbrilllait. Je pensais que .chez belle, ma petite croix d'ardoise , mais el!le e nous, •à Nort, on la voyait aussi, peut-être , et le symbole d\tne grande ireconnaissance. je me nüs à pleurer. puis, je revis mon vilImaginez-vous qu'à parfü du jour o lage, ma chère Noë-Guy, ,si tranqui>filesur les ma croix a été plantée, ,je me suis senti u bords de !'Erdre, 'la maison de mes parents, autre homme. Le bon Dieu a Hé encore plu avec le Ghrist au-dessus de no,tre grande chegénéreux: ipour moi. H s'est dit: « Voi'là le pèr . minée. ,Le bon Dieu, dont i'avais parlé à mon Cuiirassier qu,j éi\ève une croix; c'est vra camlllrade mou'l"ant. à son tour me parlait au qu'i'l me 'la doit deipuis 1ongt~. ~1 . cœur, bien sûr. C'est à ce momen'tJlà que ie ça, je m'en vais, en récompense, 'IUI faire a1 Iui fis œtte petite prière: « Mon Dieu, ayez mer Celui qui y est attaché,·,. • pitié de moi! Vous me voyez ici perdu sans Et voHà. Tout à l'heure, mes enfants, le aucune espérance. Si jamais pat votre proteccloches de Nort vont sonner : Noël! Noël tion, je revois mon pays, mon père et m.a Nous irons de compagnie à la Messe, et · s mère, j'élèverai une croix: à l'entrée de mon vous voullez bien , tous, vous remercierez 1 bon Dieu avec moi de m'avoir accordé u vrnage. > Qu'est-ce qui airriva ensuite cette müt-là? double • bon retoU'l"•· Je n'en sailS trop rien. Je me r_appeille tout de F. LE NORT AIS, même que je bus un :peu de neige fondue" que
La Noël
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L'origine des fêtes de Noël. - i.es viei~les coutumes provinciales. - La Jégende de la bûche. - Les vertus du, gui. Le Christmas anglais. Panni les fêtes populaires, Noël est l'une. Iles rares qui ait, en notre ·siècle d'indiffé~nce et d 'oubli, conservé son éclat .d'autrefois. [)ans nos campagnes, le mystère de la Nativi~, •l'histoire charmante des rois mages accourus sous la conduite de l'étoi'le, Ja pensée de l'étable misérab le et nue où !'Enfant Dieu dormit son premier sommei'l, 1roublent encore les esipriots. U, la messe de minuit réunl't chaque année les mêmes fidèles qui s'en vont par 1es rou ,tes neigeuses vers :la crèche que des mains pieuses ont dressée dans l'église. Et les mêmes réjouissances (amiHales se renouvetlent et se renouivelleront sans doute encore pendant de longues années . Dans 'les viiUes, le sœpticisme a détruit bien des croyances, et 'les légendes même les p1'16exquises, ont maintenan t plus' de détracteurs que d 'a.dmÎ'rateurs. Mais la Noël n 'en est pas moins fêtée, car e'lle s'accompagne ici de coutumes plus profanes . La messe traditionnelle est agrémentée de musique savante et ceci fait admettre ccla aux gens dont 1a e.st mo~te. Bt puis, i'l y a le réveillon, tête inti~, fe~ede famiiJle qui, à lui seu'i·, suffira à mamtenir 'longtemps l'habitude de célébrer la Noël. El'le remonte positivemen't aux premie~s temps de l'ère chrétienne. De__siècle en siècle, les ,traditions se sont modihees. C'est aiœi qu'au Moyen-Age en France~ on représentait dans 1~ église~ 'le • Mystere_de la Naüvité » et qu'en Espagne on dansad et on g,oûtait devant 1'autel. Ces coutumes, qui provoquèrent .des ahus dispamren_t dans la suite et fa fête se bo;na dès lors a la messe de minuit suiivie d'un .réveNlon 'familiai. . :~rtout et toUijours cependant, on a cons·1dere que 'le fait de brûler dans iJ'âtre une bûch~, « 'la cos,se de No•, comme on dit dans certaines provinces, - est capable de porter
foi
bonheur. Une viei'Ne 'légende poitevine pré• tend que 1a Vierge Marie se ohauffe près des foyers où elle brûle; aussi, dans toutes les c_ampagines,i'l n'est de si pau,yres gens qui ne tiennent à a1'1umercette nuit-là. . '?baque ;province a ses coutumes. Dans le ~1~1, avant Je réveitlon, on bénit 'le feu d'oJ.1V1er qui, brùile.dervant 1a table, on 'le prie d'épargner la maison, les récaJ.tes et aussi les habitan 1s, pui,s, Ie plus jeune enfant arrose de vin cuit Ja ·souche. Dans l'~uest, en Normandie, en Bretagne el dans quelques autres contrées, les enfants pauivres s'en ·vont à travers le vi'llage mendier de porte en ipor1e en chantant 1'Aguii.aneu: · Aguignette Miette, miette J'ons des miettes dans ~ot' poquette ! En fJandre, c'est l'écriène, réunion au cours de_:laquelle les vieil!les gens racontent les his, toires et. ,les 'légendes de Noël . En Méd oc, 1,es . Je~nes ge~ du pays s'en .vont pendant la nuit, de maison en maison, coiffés de chapeaux haut de fonme, chan1er pou:r obtenir un cadeau d'argent ou de victuailles. J?ans un grand nombre de campagnes les '· habitants , , . ont coutume d e parer leur ma1son a 1occasion de Noël. Quelques jours aupa· ravant, i~s ont blanchi les murs à la chaux et nettoye 'le sol, puis, le maün venu Hs ac• 'f l crocherut du gui dans 'la saUe o, réveiJlon. u se era . e .en Normandie surtout, ceMe tradition du gui est des ,plus vivaces. On 'lui attribue les , .ve novertus les plus merveii'leuses. 1,1·,preser tamment de l'incendie, éloigne Jes maladies r~nd le cidre mei'lieur et fai1 marier les jeune~ filles. On voit qu'i 1J a des inœluences aussi diverses qu'étendues . ~ ~'es~ d'aÏ'ileurs rien en comparaison de la ·vener~tion ,qu'on. a ,pour le gui en Ang.le!erre, ou chacun ~1ent à en posséder pour ecarter les m~ux et s'attirer toutes les félici• té~. San~ gu i, pas de 1oreux Christmas et Dieu sait &i Ja. ,fête est célébrée An 1 te.rr Là 11.en gfête e_e. ·LJit~,la Noël est une véritable nationale qui dure plu:siewrs jours et sert de
se? Pour moi, rien n'est plus caractéris tique que cette crédulité des prétendus esprits forts en la vertu, en la puissance occulte d'objets inertes ou d'événements indifférents; ils font profession de ne pas croire au monde surnaturel, que jamai s personne n'a pu contrôler, disent-ils, mais ils croient au mauvais œil, et ils .pâliront si par hasard ils se trouvent 13 à table. D'autres dénieront toute valeur à la Révélation, mais auront la plus aveugle confiance dans les dires de cartomanciennes, dormeuses ou prédiseuses quelconques d'avenir. pourriez-vous m'expliquer cela? J'Yvois, moi, la nécessilé, ·pour tout être intellectuel, d'expliquer d'une façon ou d'une autre, les. événements que la raison humaine ne saurait prévoir ni expliquer naturellement; on dénie foute influence à un Etre suprême et parfait, pour attribuer à des forces aveugles, à des objets quelconques, à des êtres égaux ou inférieurs aux hommes, cette influence qui, dès lors, n'entraîne plus une obligatior. morale de reconnaissance et de soumission, mais autorise la crainte et la fuite de conjectures qui laissen t à l'homme vraiment relig ieux tou te sa tranquille sérénité . La foi religieuse est obsrnrcie dans bien des consciences, la morale ne l'es t pas moins; et pour combien l'ignorance n'est-elle pas cause de cet étai! pour combien 1~ début dans Je vice et dans le crime n'a-t-il pas été une éducation sans fondement rel igieux! Dès lors que la volonté particulière de chacun est la règle, on comprend ces drames du sang, de la boue, du vol et de la désobéissance à constitué de charcuteries variées: ~oud1~s, anAuprè·s du bon Joseph: d'Hérou~ille s'avance ... toutes les lois! Les maîtres ont déifié l'individu; ils s'imaginaient que chacun allait douilles etc., e,t parfois apparait . l oie ~ux , "' · · de noss respecter les autres au même titre que soi' •. , 1 t , 'la viNe on s ou· c" pourrait bien être la , ongme maxrons et genera emen , a . , or~ d 1·11 d'année. Que de choses dan même; ah! bien, oui! On consent à se regarvre l'appétit par ,quelques douzames de p . revues e 1 .. MARTY. der comme dieu, céder à ce dieu. Et les Bonle réveiUon! Noel tugaises. ff" , l bounot sacrifient sans remords tous ceux qui les Dans les milieux Ies p'lus ra mes, e gênent et les empêchent d'avoir cet or qui dain de Noël Hgure sous les formes lesd~:~ leur est nécessaire pour vivre leur vie· - ausucculentes, mais avec accompagneme~t jourd'hui, les amants éconduits puni;sent de Ire s délicates, du chapon ou de la dinde ou mort les audacieux qui refusent de céder à du perdreau truffé et de l:oie gras savoureux, eurs caprices. « Tu te refuses à moi? La •Jetout arrosé de vieux vins et de cha~pagn~. orl! - Tu veux rompre? La mort! - Tu En Allema·gne, c"est l'oie qui domme ~u, Avez-vous pris garde à renvahisse_ment • .. , 'la fois la choucroute e causes une douleur? Tu mourras de ma des pratiques superstitieuses qui d~ ?os )o~rs à défaut ou mem~ a , . in. - Tu me dérobes un plaisir? Je te tue. uamie qe jambon de Mayence ou de sauc'.ssont en raison directe de l'incrédullte rellg1eu:es de frandort avec de '1a bière comme bois-
son En Angleterre, ce sont les viandes rouiprétexte à des banquets, des festins e,t des . ·r le rosbii naüonal - et le plumges ro ies , ' 't d poTler divertissements de ,toutes sortes . . . pu,dding monstre arrose d ale e e . : Notons, à ce propos, une petite· supersh· En Italie, autant de goûts que de p,rovmcet . , Naples où il'on dédaigne la viande, le p a t .10ri de nos voisins d'Outre•Manche. · ·t ·éc1s le a ' , ·11 est la grosse anAù réveiJ\on quand, à mmui :pr ' tradi.\ionnel du revei on · punch flambant apparaît , il est u:.rge de le île pêchée dans les lagunes de Tornacch1~. dis,tribu er aux jeunes füles tout brnlant, dans gu1Un menu de réNeîllon végétari~n serv~, la ·1ullenne cedes verres fragi ,les. Celile dont ',le verre ~e l'an dem ier , ,a p ans· : sou:pe ;,. .. , ' âte 1Jrise ne peut que s'en réjouir, car elle seia leri braisé, pommes de terr_e sn~~lées, P_ de morilles et de truffes, n01x gnUées, trmts mariée dans l'année . R Georges ROCHE · Au réveillon de 1913, le « ventre de paris • a absorbé: 200,000 kilos de boeuf, de ....... -- --- -· e:\ de mouton 28 600 kilos de porc, veau . ' . ' 20 000 de gibier' l ?5,000 to1os de vola1.Jles, , , . t 190 000 de poissons, 2,500,000 d'huitres e 70 ki•Jos de fromage pour ne parler que L'usage de se réu.n-ir la nui ( de Noë l et de de~ prindpaux « harnois ~e ,gue~e ~ · . , . _ Une coutume assez curieuse s eta1·tgeneia fai,re ri,paille da1te de fort 'loin-. D 'abord on . ovince dans . t s'était borné à une .légère collaho~ au retour 1isée en France, à Pans e , en pr ' de cette messe de minuit. insens1blen:ent, la les milieux de beaux es-pfi.ts. Au c?urs du ~~·110 succédait au chant des vieux No_e._s collation se prolongea en lace de .la buch~llde n , h satinN ""'l· on y invita des amis el 'le Réve1. on ve1 les nombreux cou.p:,ets de c ansons • , ur 'lui donner oe ' d t ques où étaient passés en revue .~es evenedevint un festin. Ce1pen an , po · t un semblant de ,sandtifica.tion, les_ por ~; men(s de l'année et toute la c~romque scai:· . b" de" ,palais que des maisons da'fouse ûe la Cour et de ·t~ V11le. Un reoue1~ aussi , ien " .. . d s -hâteaux que des chaum1eres, du temps nous a conserve une ~hanson ~ bourgeois , e '"ndi 3 restaient ouvertes eit ,hospita.Jières a~x i ce genre qui ne compte pas moms de gents cordialement res-taur és des re:heŒs. cou1)lets et où le récit des aventures r!J:>P_orA cette époque moyenâgeuse, le menu des ,tées est adapté à la légende de la Nahv1te: réveillons de cuisine .relevée était de ~a_ons e~ Par Tespect pour cet ordre de cygnes rôtis, comme pièces de r:s1st~nc La mère prend l'enfant dessert de poupelins , de crepes, de e t ' au , bl" Et s'apprête en désordre confitures sèches avec des ou ies. . A parfü à l'instant. De nos jours, .le réveillon ,popul~1re est
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Le Réveillon
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Les Superstiti?ns. . La Suprématiede l Ind1v1du
Et c'est justice, car dans ta résis tance sacrilège tu résistes à un dieu! » Voilà à quel degré de folie orgueilleuse en sont arrivés les fruits de la morale laïque! On ne veut pas reconnaître de maître; Je commandement "Tu ne tueras point» n'a plus aucun sens; el quand la peur du gendarme a disparn, malheur à l'humanité! Ceux-là aussi oublient le commandement établi cependant pour le bien de l'homme, qui, sous prétexte d honneur, se placent à quelques pa;; 1 " :; de l'autre et se frappent de l'épée ou s'ajustent avec des armes à leu . On nous permettra de croire que, pour la sécur ité de la société en général et de chacun en particulier, la vieille morale était préférable. L'ESCHOLIER.
La Guerreet la Santé De M. Henry de Varigny, dans les ,,Débats": Au mois d',août 1913, dans la ,,Presse médicale "', le docteur Bonnette proposait à ses conirères un sujet d'étude d'un indiscutable intérêt. Les blessures de guerre , <l'a.près l'ensei.gnement de Verneuil, réveillent souven t des diathèses endormies, et :leur donnent un regain d'activité : c'est-à-dire qu'elles donnent un élan nouveau à une disposition tuberculeuse, arthrique, ou autre. L'ef.fet de la blessure en pareil cas est décidément néfaste . Cette action stimulante sur une diathèse est-elle une règle absolue? Il semble que non, et, d'après M. Bonette, il paraît y avoir des cas où, au contraire, )a blessure paraît guérir la dia!-hèse, en ag issant comme un remède s,pécifique. On peut citer des c:.i.sà l'appui de l'une et de l'autre opinion, et c·est ce que faisait M. Bonnette . Il relatait ·l'observation, l'auto-observation . du docteur Cilassériaud qui, blessé en 1884, à Bac-Lé, s'en était fort bien trouvé, en constatant une brus que amélioration de sa santé a,près sa blessure. Le docteur Chasséri:rnd fit la même observalion sur d'autres blessés de son régiment en constatant que le lraumatisme avait ~.mélioré une santé ju squelà médiocre . Il vit même un fait intéressant: c·est que la blessure semblait parfois s'opp o. ser à l'implan tation de nouvelles maladies.
23 li ne manque pas, non plus, de non bles• sés sur lesquels on peut étudier les efiets de 'la guerre au ipoint de vue sanitaire. Nous en avons fous vu de ces soldats qui sont venus se retremper quelques jours dans le milieu familial. Nous savons tous qu'ils se portent fort bien, et leurs 'femmes ne déclarent pas du tout avoir eu à soigner et réconforter des hommes fatigués: elles les déclarent p'leins de vitalité et de vigueur. C'est un fait acquis, que signalaient la ,,Presse médicale" e-t le ,,British Medical Journal " : la vie des camps n'a nul'lement nui à la santé des combattants. Assurément, il y a des exceptions. 11 en est que ,la guerre a achevés. Il y a des débiles, des tarés, qui n'ont ,pu supp orter la fatigue et que celle-ci a accélérés dans la voie où Î'is étaient déjà. On s'étonne davantage du cas de tant d'auires à qui la vie du soldat a fait un bien énoPme. Mais en cela, on fait souvent une erreur évidente. La vie active, mouvementée, au grand air, ne peut être qu'inlinimenl proiitable à l'employé de métro, à l'employé de magasin, à quantité d'ouvriers d 'usine ou de fabrique. Le régime auquel est soumis l'employé de métro, vivant dans l'odieux intestin que nous connaissons trop, est parfait pour blanchir la barbe de capucin ou l'endive, mais non pour entretenir un homme en vie. Voyez plutôt le teint si caractéristique de ce malheureux. A l'air Irais et libre , dans le mouvement , même fatigant, ce dernier doit se porter infiniment ~nieux. 11 en va de même pour Je boutiquier, le bureaucrate, et tant d'autres, qui mènent une vie sédentaire, renfermée, ne respirant un peu I air pur que le dimanche - s'i'l ne pleut pas - et durant les vacances, le plus sc(lvent trop cour-tes. Tous ces ,gens-là, à la guerre, mènent une vie ini!iniment plus hygiénique. Ils connaissent l'air, le solei'i, ,le vent, la pluie; tout ce'la les stimule, les forti.fie. Les conditions les obli· gent à se mouvoir, et vite, à ouvrir l'œil, et le bon. Ils vivent physiquement et émotionnellement. Les neurasthéniques n'ont plus la possibilité de couver leur ipréoccupation: le temps manque et, qu'ils 1e veuillent ou non, ils sont bien obligés de s'occuper d'autre chose. D'autant plus que nul n'est d'humeur à sympathiser avec eux.
L'aJcool n'es·! plus là pour ravager les santés. Et ce qu'on peut boire n'a pas d'inconvénient avec l'exercice et les dépenses p hysiques ·que supp ose la vie de soldat. Sans doute, cel1e-ci comporte de sérieux inconforts. Pas de fü: de la paille, et encore. Des semaines, des mois sans ,;e déshabiller, la chaussure toujours au pied. Tout cela, en temps <le paix, eflt épouvan té. En temps de guerre, ce"ia se suppor,te Je miettX du monde. On y es( habitué, on n'y pense plus; et, loin de se porter plus mal , on ne s·en porte qtte mieux. C'est 1'observation qui se fait partout, que les médecins font sur leurs hommes , que les hommes iont sur eux-mêmes.
La Synthèsede l'Anmône L'eiiroyable avalanche de misères que la guerre a déversée sur 'le monde, a provoqué par contrecoup l'éclosion de vertus admirables, en particulier dans le domaine de la bienfaisanœ et de la charité. L'occasion noûs semble propice pour remettre sous les yeux de nos lecteurs la synthèse des diverses œuvres de miséricorde, telle que l'a conçue .saint Thomas, interprétant la pensée et les traditions de l'Evangile et de l'Eglise. Il en parle sous le nom générique d 'aumône . Le grand docteur rappelle d'abord que füumône est :l'un des trois actes extérieurs de la charité, prenant place entre la bienfaisance et la correction fraternelle. L'aumône, a.joute-t-il, est inspirée par 11 charité, puisqu 'elle procède de 'la miséricorde, fille de la charité. Partant de œ principe que la miséricorde inspire l'aumône, il conc4lt que ,puisque la « misère » provoque la « misé. ricorde », il y aura autant d'espèces d'aumo· nes qu'il y a d'espèces de misères chez le prochain. Or, les misères du prochain sont tantôt ~oryorelles, tantôt spiril11elles, et il y aura a111s1deux espèces d'aum éines: les unes corporelles, les autres spirituelles. En serrant l'analyse, on trouvera que chaque es,pèce comporte .sept sortes d'aumônes d;flérentes. Commençons par les aumônes corporelles. On conçoit qu'il est impossrble de secourir le prochain dans ses misères physiques et du· rant sa vie, et après sa mort . J?urant sa vie, l'homme est sujet et aux m1seres communes à tous les '1cmmes, et aux
misères provenant de quelque accident particulier. Les à tous les homme·· . misères communes . ,;,, atteignent ceux-ci tantôt dans leur être intérieu~,, et ce sont la faim et b soi!, que la chai:ite soulag~ra en donnant le pain aux alrame5: et la b?1~son aux assoiffés; tantôt dans le.ur etre exten~ur,. el c'est la privation du vele!flent et de J abn, que la charité .secourra en donnant le vêtement et le toit. , Quant _ aux .misères qui pe11Vent frapper J h~mme par smte de quelque accident partieu lier, elles l'atteindront intrinsèquement plr 1~ _mafadi~, ou extrinsèquement par la capcivJI~: de )a les deux autres œm res de charité qm consistent à visiter les infirmes el à racheter les captifs. ' A ces .six œuvres de charitj corporel'le il faut e? ajouter une septième qu'on peut 'accompl_Ir en f~veur du prochain après sa mort, et qm consiste à ensevelir avec respe ct son cadavre. En tout sept œuvres de ch:trité co!'porel· le. Les °:uvres de charité spirituelle so nt en nombre eg~I. On ,peut d'abo rd ven ir en aide au pro~ham en demandant secours à Dieu pour 'lu,1.On peut lui venir en a:de en lui prêtan! son l~~opre c,oncours hum2in, et cela •le fro!s ma111eres: d abord en éclairant s-on in:Clhgen_cepar fa doctri11e, en la dirigeant dans a pratique par les bons conseils; ensuite ,•n souten.ant son vouloir, par 1~ consolation qu' on .1~1 apporte dans ses tnstesses; e11!in en r.ectiha~t les actes eux-mêmes par la correctt.on qui améli?re, par le pardoa qui en dis: 1m1:le 'les smtes, par !.a patience qui sup1,ort~ et excu~e; au lieu d'exasp érer . Tel est le canevas véritablement divin où chaque forme concrète de ia charité poUir:t frou~er sa place, comme dans un cadre des· 1111é a la recevoir. L'ang~ique Docteur établit ensuite une comparaison entre les deux catégories des œuvres de charité, et se demande quelle est l~ pl_us noble des deux. Il répond par une distmctio?. ~b_so!ument .par'lant, les œuvres de chante .spmtuelle 'l'emportent et pour trois motifs d'abord parce que 1e's choses spiritt_1ellessont plus nobles que les choses maténelles ;. en sewnd ~ieu parce qu'il vaut mieux secounr le procham dans son âme que dans son corp~; en troisième lieu parce que Jes actes spmtuels eux-mêmes •l'emportent sur les actes corporels . C-e.pendant, il se peut faire, relativement
parlant, qu'en égard à certaines circons tancea il. soH plus obligatoire et plus mér.itoire d~ fa1_re une aumône matérielle qu 'une aumône spm tueJle_: par exemple, il vaut mieux nomm un aila~1é qui ~eurt de faim que de lui faire des discours mstructifs. Il. ajoute d'ailleurs que l'aumône matérielle, bien que de sa nature et directement elle ne produise qu 'un eifet matériei, produit in· direclement un effet spirituel el de mérite chez celui qui 'la fait, et de prière reconnais: sanie , chez celui gui la reçoit. Commen t donc l'univers entier n'est-il pas en extase devant un tel programme? . Toutefois, on ne trouvera pas dans J'histOire une seule période où les hommes l'aient rempli avec autant de générosité et d'une manière si universelle qu'à l'heure présente chèz les l?euples ~ui se réclament du nom de Jésus. e, sans le savoir, ont subi cette Chnst, et 111em mfluence des doctrines et des sentiments chrétiens. ,,Causer ies. " _.J.-J. BERTHIER.
______ ____ Variétés
PIE X AURAIT PREDIT LA GUERRE POUR 1914, René Bazill,. pendaut son récent séjour à Rome, a fait une visite au cardinal Merry del Val, et il écrit à ce sujet dans !',,Echo de Paris": • Je ne rapporterai de cette conversatior, qu'un seul irait , parce qu'il concerne la guer· re oü le monde est engagé . • Pie X avait prévti, depuis longtemps , cette guerre, et il ne cessait d'y faire allusion. Dans les années 1912, 1913, t-l au début de 1914, lorsque le cardinal entrait le matin dans les apparteme11ts du· Souver;in Pontil/ pou_r travailler avec lui, et lui exposait le~ aif.a1re,s en ,cours, œlui-ci ré pondit plus d'une fois: « Cela est de peu d'importance à côté de ce qui vieut. » Le Pape se servait d'une expression familière et forte: "Vien il guerroi,e »; • elle vient fa grande guerre » Et il ajouta i!: « L'an quatorze ne passera ;as avant qu'elle éclate. » La fin de sa vie fut accablée par cette appréhension.
11 année Som
16 Février 1916
24 • Lorsque je quittai Je palais de SainteMarthe (,palais du cardinal Merry del Val), à la nuit tombante, je ne pouvais songer à autre chose: je retrouvais, encore neuve devant mon esprit, et vivante, et émouvante, l'image de Pie X, tel que je 'le vis .pour 1a dernière fois, et l'allure un peu Jasse, t t la belle tête pensive, et les yeux grav es d(! celui qui vo· yait, qui entendait s'approcher l'énorme tourmente, et qui souffrait déjà pour ses enfants: • Vien il guerrone. • 000000
LES MBTIERS Sans Je paysan, aurais-tu du pain? C'est avec le blé qu 'on fait la farine; L'homme et les enfants, tous mourraient de [!aim, Si, dans la vallée et sur ,la colline, On ne labourait et ,soir et m1tin ! Sans le boulanger , qui ferait la miche? Sans le bûcheron - roi de la forêt, Sans poutres, comment est~e qu.'on ferait La maison du pau.vre et celle du riche? .. . Même notre ch•ien n 'aurait pas sa niche! Où dor mirait-il sans le maçon? C'est si bon d'avoir sa chaude maison, Où l'on est à (able, ensemble, en famille! Qui cuira it la soupe, au feu qui pétille, Sans le charbonnie ,r qu·i fit le ·charbon? Et sans le tisserand qui !erait la toile? Et sans le tailleur, qui coudrait l'habit? Il ne fait pas chaud à la belle étoile! Irions..nous tOLLS nus, le jour et la nuit Et l'hiver surtout, quand 1c nez bleuit? Aimez les métiers, le mien et les vôtres! On voit bien des sots, par un ·sot métier; Et toute la terre eS'I comme un chantier Où chaque métier sert à tous les autres Et tout travaillem ser t le monde entier! J. AICARD. 0000000
LE BON CŒUR DU GENERAL . Il y avait remise par le généra1 français .Maud'huy, de décorations, de médaiMes militaires, ou que1que autre cérémonie, je ne sais p]us au juste. Quoiqu'il en soit, cette cérémonie avait amené devant le front des troupes cinq ou six braves petits soldats, que le général se mit à interroger paternellement
- Et toi, d'où es-tu? demanda+il à l'un d'eux. - Je suis de X . . . , mon généra'!. - Mais c'est à quelques kilomètres d ici. Il y a longtemps, sans doute, qu tu n'as pas vu les tiens? - Pas depuis la guerre, mon général. - Eh bien! prends mon automobile et va vite les embrasser. 0000000
UNE CURE MERVEILLEUSE
Un caporal anglais, du service de l'intendance, était devenu sourd -muet pendant un violent bombardement de fa u,osition où ~l se trouvait dans les f:landres . Evacué dans un hôpital de Liverpool il su· bi l di{!férents traitements qui ne purent le guérir. Lundi dernier il se rendit dans un cinéma, et, à la vue de scènes corni,ques, il fut pris d'un rire fou. QueHe ne fut pas sa surprise de sentir , à ce même moment, comme une sorte de brù· Jure dans aa gorge et dans les orernes. Il avai,t recouvré la voix. Saisissant alors le bras du camarade qu i l'accompagna it, il lui dit : « Sor tons, maintenant, je puis causer> . _.. _...,,.....
______..._..... _ ____ PENSEE
Je ne crain s rien du jeune, homme qui a conservé l'esprit de famille; plein d'amour pour ses parents, il craindra de r ien faire qui pu isse les faire rougir ou pleurer. Présente , ln famille impose au jeune homme le respect de lui-même. Absente, il pourra l'oublier un moment; mais une lettre du père, la pensée des larmes d'une mère l'arrêteronl sur la pente d'une mauvaise action; et s.i l'un et l'autre ont disparu, leur mémoire sera encore puis· sante, et il la respectera d'autant plus qu'ils ne seront plus là pour lui pardonner .. . L"esprit de famille éloigne le jeune hom· me des passions flétrissantes , et il adoucit les pas~ions violentes; car, dans la paix du loyer domestique, l'imagina tion se purifie et le désordre des sentiments s'apaise de lui· même. Paul Janet.
(Q)~{@~!,Jl DE LA
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