No 6-7 l'Ecole primaire, 15 Juillet 1919

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15 Jaillet 1919 10~ - Vous avez lait pourtant quelques étumeil; le sommeil lui tient lieu ,de itlOLLrriture. Le gringalet qu_i as.pire à l'a bedaine , ~·en- des? - A l"Eco!e normale sUJpérieure, oui, ma.graissern en dormant aussi bien qu'en ma11- darne .... Proîes&eur de troisiènle au lycée de g,ead111. Ile ,paresseux qui du roati.n au soir Rigeac-sur-Adour, je gagnais 3000 francs par point ne bouge et ue veut ou·vrer à a,uc~Wt a 11 .•. c·était suillisant en 1914. jour de la serna~11e, se verra interdire l'accès . .. li y a eu la guerre . . .. de .Ja garueLle: i1 · a somnolé toul son soO;, • Quand un petlJJle Qlpprimé combat ses opqn 'il ne parle !Pas de manger. ,presseurs, [douceurs ... • J1accepte lou,\e,s ces interprétations du Aussi bie11 que Ja QJaix, la guerre a ses proverbe. Je persis,t.e ce-pendant à prés,enter la mienne iaux hommes d\Elat, et si les progrès Chénier s,e trompait . . . la . Paix ulL !émiin•isme me conhenl l'es deslinées d'wie . « A des rigueLLCS, IJ)OUr nous, à nulle au~e mil-ion. je ,saurai l'aippl~quer de maufü·e à paJeil'les. ce que •l'on soi( ·obligé de dire: & Bine est ép1. . . Je constate il regret que, avec 3000 fr ., lanle. cette. !femme-là, ; (,,Causeries.") je ne peux iplus vivre .. . ni faiJe vivre ma femme el mes enfouis.. .. Dès lors, H faut pren,dre un parti. -Madame 'Îa baronne olfue 400 Iran.es ,par mois, logé, 1iou:ni, bla11chi · . . c·esl une situation inîiniment plus assurée LE VA1UET DE CHAMBRE pour 111oi . . . . Il u·y a pas de 'SOI mélier. De J'..Illuslralion '' : Celui qui , hier, se vrésentail chez la bat Mmer es\ l'une des premières conditions ronne avait l'air sérieux el distingué, mais du bonheur. 0omme-nl ne ipas -se sentir meil· uu peu lrisle. ,leur, forlitié, ,quand autour de soi l'a1mos- Vous me conveuez, lui dil la baronne, phère infüue e&i toute chaude de sy,q,a.tbie, el pourrez enlrer demain. à mon service. ContqLr,and ou se sait - pa·r la me!'IVeilleuse divt· !llenl vous a!)pelez-vous? nalion de ,l'instinct - nécessaire ,soi-mê,me au - Durand , Ju'les-Antoi11e. bonheur <les autres; comment ne ,pas mar· - Vous vous ap,pellerez ·Ernest. plus vite, a1VeC plus d'élan, quand on se - Je suis iprêl a alba11donner , répoudil-il, 2her sait attendu et qu'on imagine d~jà ftes ~nains 1110n nom patronymique. Le devoir a ses exiqui se tenidront ,pour accueillilir Les vôtres; les gence . ~ Les hommes, a dit La Bruyère, agi syeux qui se iplongent daus les vô1res pour }es sent moHem.ent dans les choses qui ne son\ décharger de leur peine O·U se ,réjouir avec pas de leurs devoirs., eux ; la dhère "Voix aimée qui ·s aura - \OU· La baronne sourit el murmura: \ol1rs ,gurdêe par le même instinct des âmes - Vous avez une certaine rnllure? aimantes - trou,ver •les mots jus\es el dé· - Hélas! licruls pour apaiser et consdler. Il continua: • Dites ce qui est vrai , failes ~ ce qui est bien; ce qui importe à. l'homme est :r. Est-il sous le ciel, wl plus beL usage de de rem'plir ses devoirs sur la terre- • Cette la santé et de la vie que de les sacriiier pour pensée est de Voltaire. la cause de notre gra11d Roi, notre auguste 1la baronne êcanquilla les yeux : Maître? Les ·soufüances passent avec la vie; - Mais , dites-moi, vous me iParaissez avoir mais la gloire qu·elles nous procurent ne de l'instrnclion ... ne ,pourriez-vous pas aussi finira jamais ; el, puisque .la vie est courte, foire répèler leurs leçons à mes enfants? sachons souteni"r le combat ~usqu 'au bout, Oh! non! madame . . . non , non , jaa.tin d'emporter la ~Jaime. (Ste Thérèse,) mais!

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Variétés

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Publication fondée en 1881

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L'Ecole primaire donn0 une d"IZ&llle · de livraisons de 16 pages, la couverture y comprise de supp1é· t d 8 ' et autant·1 1~ men e .-16 pages pendant l'année ordinâire (soit du 1 Janvier a.u 31 Décembre).

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!maître qui s t mousseUnl'attention des parle élèvestrop les m:111::rs.et surtout trop longtemps, lasse,


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pres à obtenir ce résuHat. C'est ainsi qu''à notre connaissance la campagne de ~resse dans Je Haut-Valais .a été menee par l'honorable Chef du Dêpartement de Œ'Instruc!_i~n ,Jui-même, pen~ant que, ~e ~on cote, le Directeur de 1Ecole prrmatre ne perdait pas SO"n temps, mettant là contribution .dans le mêm_e but les. principaux .organes de la partie frarnçaise du canton. On se rendra c_ompte de son int,ervention à cet endroit par la citation de l'un ou l'autre ,extrait d'articles parus et qu'il reproduit, non par vanité ou satisfaction 9'.am?ur-propre, mais simplement pour et~bhr que le Comité de iJa Société val~i~anne d'Education, soucieux des interêts de la cor.poration, s'est dépensé par la plume ou par la parole. pour amener .Je triomphe de la cause commune. Et, au risque de mettre à J>épreu_v,e leur modestie, nous aurons gar. de, a cette place, de 'laisser dans l'ombre J.es noms _de M. 1e Ohanoine Delaloye et de M. le député Thomas instituteur, car i'ls ont droit 1J.argeme~t aux l~onn~ur~ de la Journée par Je zèle 1~ab11ete et 'le savoir-faire qu'ils surent depl~y,er pou~ ~ssurer l,e succès final de 1 œu~re l~gislative. Tous sont récom~enses aui.ourd'hui de leurs effor1 s P?r 1e vote mtervenu qui marquera dune boule blanche la date du 22 juin 1919 P. P.

ORGANE DE LA

8001:BT~ V ALAI8A1'BB D'IDUCATI011 SION; 15 Juillet 1919

Le vote dli 22 juin L'Ecole primaire n'ayant plus paru depuis 1'e 15 mai - vu la clôture de la plupart de nos écoles déjà à cette date - nous devons une mention spéciale dans lla ,présente livraison à l'événement heureux su-rvenu dans l'intervaHe par l'adoption d'une nouvelle loi qui améliore notablement la situation matérielle du corps ens,eignant, comme on le remarquera par '1e texte qui s'en trouve publié plus loin. Son · acceptation, est-JI besoin de le dire, a été saluée avec d'autant plus de joie et de satisfaction qu'on pouvait, jusqu'au dernier moment, redouter un échec ,de la loi. Et les inquiétudes à cet égard étaient d'autant plus fondées que l' on . s'attendait à une viv,e opposition qui, par borrheur, he s'est pas manifesté~ .a~sez forte pou_r l'em~orter au jour dec1s1f. Toutefois, 1~ ne s est pas fallu de beaucoup que 'la loi sombrât, puisq?e, dan_s l'~r_isemble ~u . l;3n~?!1 ~Ue na passe qua une maJonte d " peine 1

500 voix. Pour peu qu'un courant contraire déjà dessiné se fût accentué à la dernière minute, la loi du 24 mai 1919 6ur les traitements subissait le triste sort du décret sur l'élévation du prix du se!l. El'le a do11c heureusement doublé le cap en compagnie de la loi sur l'enseignemertt professionnel agricolet que le peuple souverain acceptait à une gran1de majorité le même jour. Si la j4ste cause du corps enseignant a triomphé le mois ,dernier, eest, qu'on ne l'oubllie point, grâce à un travail intense préalable et à la mise en jeu de nombreuses et puissantes influences. Tous les efforts combinés n'ont donc pas été superflus pour remporter la vicfoire. A cet égard le corps enseignant a, une fois de plus, contracté en dette de reconnaissance particulière envers les journaux du canton pour l'appui. et _la bienveilUanoe qu'ils lui ont témo1gnes en l'occurrence tous s'étant prononcés en sa fav,eur p~ur recommander _au peuple l~a'doption de _la loi, en publiant ou mserant des articles pro·

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Pour nos instituteurs et institutrices

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Sou·s ce. titre il a ,paru l'appel suivant, la V·~11le de la votation du 22 juin dan~ Jes Journaux: Gazette du Valais' Ami du Peuple, Feuille d'Avis lndl cateur, tous paraissiant à Sion : ' · A la . v~.iflle . de la votation cantonale du 22 Jum,, 11 est de notre devoir 'de r,ecommai:idu instamment au peuple 1 accepta! 1on des trois lois et décret sur lesquels 11 est appelé à se prononcer.

Vn vqte affirmatif se recommande à tous points de vue comme un acte de JUSTICE, de RECONNAISSANCE et de BONNE ADMlNISTRAT!ON. 1. Comme an acte de /USTICE puisqu'il s'agit de rétribuer plus convenablement notre dévoué personnel enseign.ant,, dont la situation matérielle préc1;ure reclame sans plus tarder une am,é. lwraüon. 2. Comme un acte de RECONNAISSANCE pour les services précieux qu'il r~n_d à ~a ~ociété 1 par la noble, mais ·difficile. mis~wn qu .ü remplit, de répandre les bienfaits de l'instruction dans le peuple en se vouant à l'éducation de la -~ jeunesse. 3. Comme un acte de BONNE AD· MIN!STRATION. puisque nous avons le plus grand intérêt à conserver à la direction de nos écoles des maîtres · et maîtresses capables et explrimenfés- au lieu de les laisser, par suite de dlcoÙragemen_t et de rému~ration insuffisante, se retirer prématurement de l'enseignement en vue de s'adonner à des occupa. tions à la fois moins pénibles et plus équitablement salariées Que l'on n'oublie point d'ailleurs que la nouvelle loi allège notablement les charges communales, puisqu'elle endosse à l'Etat la moitié des traitements et au~111;e.nt~tions y prê~us, alors. que jusqu za il n en assumait que le tiers. Enfin, l'on ne saurait perdre de vue que le rejet de la loi aurait, entr'autres conséquences fâcheuses. celle de nous exposer à perdre un certain nombre de maîtres et maîtresses d'école de sorte qu'il en manquerait pour combler les vi. des qui se produisent périodiquement Déjà, en effet, à l'heure actuelle l'E: tat doit agréer ici et là par suite de besoins Urf(ent;, Un personnel sans formation péàagogique préalable. Pour tous ces motifs nous comptons ferme que le peuple valaisan s'affirme-


IV

ra en votant OU/ dimanche. En le faisa'nt il aura prouvt une fois dt plus qu'i[ sait, à l'occasion. placer les intérêts supérieurs du pays au-dessus dt toute considér.ation secondaire ou mesquine. P. P.

Dans k même ,N° 11:a Oa.zette du Valais publiait un article sympathique ,en faveur de la loi. A,près avoir signalé et déploré l'insuffisance de la rém_uné~a. tion dtt personnel enseignant primaire, la réda:ction du journal termine par ces lignes: Nous avons déjà dit que nos instituteurs et nos institutrices méritaient mieux que cela. Le traitement que la nouv,eHe loi leur alloue améliore leur andenne situation, mais il ne répond pas encore aux exigences de la vie actue11e. Nous le disons bien haut. Qu'o11 compare d'ai1leurs les itraitements du personnel ,e nseignant primaire avec le:; salaires qu'exigent aujourd'hui les . ouvriers et l'on verra que la comparaison n'est ,pas en faveur des maîtres et des maîtresses dévoués auxquels sont confiés en Valais l'instruction et l'éducation de nos enfants! Et pourtant leur labeur est-il inférieur à celui des travaiHeurs manuels? Compo:rle-t-il moins de dévouement, moins de responsabilités? Il ,est inutiie d'-insister ! Votons donc cette loi avec entrain, en grand nombre, non seulement pour faire bénéficier nos instituteurs et nos institutrices d'Une augmentation indispensable, mais pour marquer encore la sollicitude dont nous les entourons. Que notre vote soit une approbation élogi,euse de ·leur existence faite de dévouement, d'abnégation ·et de patience, et qu'il marque une étape dans cette marche vers un peu plus de bien-être

qui commence aujourd'hui, et qui ne s'arrêtera pas encore. Nous sav,ons quelle ~st la sollicitude du Ohef du Département de l'Jnstruction publique pour ses dévoués c~llab?' rateurs .e t nous sommes persuade qu Il saisira la prem1ere oceas10n propre~ pour plaider une fois ,encore la. cause si intéressante du Corps enseignant et pour la fairie triompher à. no~vea~. Les instituteurs ,et les mstitutnces ont donc bien mérité ce modeste supplément que leur accorde la loi du 24 Mai. ,

...

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Loi du . 24 Mal 1919 fixanf les traitements du personnel enseignant primaire. 11JE ORAJNID 00 NISiE liL OA!NTOIN DU VATALS

DU

Considérant qu'il est équitable d' améliorer la situation matérielle du p,ersonnel enseignant primaire; Sur la proposition du Conseil d'Etat, ordonne: Art. 1er. - Le personnel enseignant primaire .reçoit un traitement mensuel minimum qui est fixé à 200 f.r. po~r'. les instituteurs et à 180 fr. pour les msti tutrices. Art 2 - 1Les ifllstituteurs ,et institutrices ·,pocteurs du brev,et valaisa~ d.e capacité ou d'un brevet reconnu equ,_vai.ent, reçoivent un sup_Qlémen_t de tra1. temen't de 35 fr. par mois apres 5 ans, de 50 fr. par mois après 10 ans, de 65 fr. par mois après 15 ans et ~ 75 fr. par mois après 20 ans d'enseignement dans Ie canton. Art. 3 . - Les instituteurs ,et les institutrices qui s'établissent, en vue de l'enseignement, ,e n dehors de leur dom;_ cile ordinaire ont droit pour leur personne ,et pou'r la durée du_ cours scolaire à un logement convenablement meublé, ·à 4 ou 5 stères de bois ou à un 1

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autr:e ,combustible êquival,ent ,e t à une indemnité ·s upplémentaire mensuelle de 30 fr. Art. 4, - L'instituteur qui, outre l'école prim'a iœ, dirige '1es cours complémentaires, touche une indemnité spécia'le de 220 flf. si le cours comprend plus de 10 élèves et de 180 fr, si le cours comprend moins de 11 élèv,es; '. L'·instituteur chargé du cours 1preparat-0ire au recrutement r,eçoit une rétribution minimale de 120 fr. Airt. 5. - L'instituteur qui ne dirige que des cours ,complémentaii:œs, r.eçoit un traitement :de 260 fr. par cours. Il reœvra <le plus un ,supplément de traitement ict,e 35 fr; après 5 ans, de 50 f.r. après ·l O ans, de 65 fr. après 15 ans et de 75 fr. aI)1"ès 20 ans d'enseignement dans le canton. Les communes intéressées participent au traitement ·des instituteurs dirig,e ant des cours ,complémentaires centrnlisés1 au prorata du nombre des élèves qu'el'les envoient dans les dits cours. Art. 6. - Les maîtr·esses enseignant les br:avaux manuels et 1es branches domestiques touchent une indemnité mensuelle de 40 fr. 'Art. 7. - 1L'1Etat et Ies Communes assument rpar égales parts 1e paiement des traitements et indemnités spéciales prévus aux articles précédents, ainsi que les frais éventuels de rempJiaoement. , . Le 1ogement et le combustiMe sont à la ch'a rge des communes. Art, 8. - Les traitements et les in, demnités ·dus au petlSonnel ,enseignant sont payab-les à 1a fin de -0haque mois. 'La part de l'.Etat est payée dtrectement au personnel enseignant. Art. 9. - Les contestations auxquelles ,peuvent donner Heu l'exécution et finterprétation ,de fa 1présente 1oi, sont tranchées par Je Département de .J'Ins-

truction publique; Ie recours au Conseil d''Et.:1t est réservé. 'Arrt. 1O. - La 1oi du 19 mat 1909 est abrogée. -0-

Après le vote du 22 Juin 1) :Le peuple a donc fait dimanche a~c de souverain en adoptant les 'deux lors qui lui étaient soumises ,e t en riepoussant par contre ile décret ·sur la régale des sels cela bi,en que la presse fût unanime p~ur r,econ1mander l'acceptation sur toutë la ligne. On s'attendait au vote inter.venu, IJ.On toutefois sans avoir eu quelque -crainte pour la 'loi sur les traitements du personnel enseignant primaire. Et cette appréhension ne se .concevait que trop, puis-qu'il s'en est fallu :de peu .qu'elle ne fit naufrage, comme en témoigne 1a fai: ble majorité ·q ui en a cependant assure Qe tdomphe. (5288 ,oui, 4840 non.) Ainsi il eût suffi ,d'un déplacement réel de' 225 voi~ pour en déterminer ,le rejet. C'est assez ,dir,e qu'elle a frisé un échec qui eût été d'autant ,plus regrettabie 'que franchement nos dévoués maîtres et maîtresses d'école avaient Je droit de compter ici sur ,une moins forte opposifion que celle révélée par les chif· fres. Enfin. si modeste que soit la majorité acquise, saluons-la comme un heureux événement puisque la partie ,est gagnée. 'La loi actu,elle sur la matière ( du 19 m'a i 1909) va donc faire place à celle du 24 mai 191 9. T ,out,es deux auront ,eu ceci de ,commun qu'ielles n'oht pas passé comme une lettre à la poste. En ,effet, l.a ,première ne l'avait déjà emporté qu'a une majorité de 662 voix, de sorte qu'il eût suffi d'un déplacement de 332 suffrages pour la ,aire échouer. 1) Cet article a paru dans .Ja. ,,Gazette du Valais'• d,u 26 juin. L'initiale don,t J•l est sign~ abrite ,l'auteur, qui e'1t ,p u mettre en lieu et p1ace sa vérita'ble estampi,l'Je: ,p . P. .


VII

,ta seconde se tire d'affaire, mais ,dans des conditions encore moins favorables que sa devancière, comme on vient de le voir. - Quoi qu'il en .soit, un enseignement à retenir se dégage du scrutin du 22 juin, celui de devoir tout d'abord compter avec le ,peu,pJ.e, puisque le dernier mot lui appartient ici. ,Les pouvoirs publics nous semblent donc avoir été bien insprrés - en lui soumettant une loi ,qui tînt le meilleur compte des intérêts div,ergents en présence. Sans doute, le personnel enseign'ant primaire n'y trouve pas toute la satisfaction à laquelle il pouvait légitimement prétendre, tant ses vœux étaient raisonnables ,et fortement motivés. Iy_fais, sans avoir pu êtœ exaucé jusqu'au bout, ,n n'en a pas moins à se féliciter et à se réjouir du vote survenu, car il marque une importante étape vers une juste rémunération de ses services. Certainement, le Grand Conseil ,et le Conseil d'Etat, si cela n'avait dépendu que d'eux, n'-eus· sent pas demandé mieux que d'admettr,e pleinement 1es chiffres mis en avant comme un minimum ldans les ,pétitions du corps enseign~nt. Mais, dans l'intéret IIll'ême de ce ,dernier et pour ne pas aller au devant d'un échec, ils devaient se préoccuper de mettre sous toit une loi qui, tout en constituant un pas sérieux en avant, ne se heurtât pas à une fin de non recevoir. Et il en ·s erait certainement_ advenu ainsi, si 1e minimum mensuel prévu à l'art. l er avait été majoré selon le vœu émis. La loi, qui a déjà passé avec peine mailg:ré cet aUé- · gement. eût assurément sombré si, en cours de discussion, on n'eût pas jeté du lest en laissant tomber le supJ_:!lément réclamé die fr. 50 par mois. C'eût été l'expérience faite vient de l'établit victorieusement - la condamner à un fa. tal dénouement. Aiinsi, tout pesé et considéré, nos ins-

tituteurs et nos institutrices peuvent être heureux de la journée du 22 juin 1919 par laquelle '1e peµple s'est montré bon prince à leur égard. en faisant le geste généreux de les rétribuer plus équitable. ment ,désormais. 1fa1 votant oui il aura accompli un acte de justice d~ reconnaissance et de bonne ,adr/iinistration pour ,nous servir des termes d'un aippei vibrant publié da:ns nos principaux journauxa à la veille du vote. D'autre part, Je personnel enseignant primaire qui doit prêcher d'exemple dans toute maniîe~tation de sentiments nobles et élevés, ne saurait -0uolier, .dans cette circonstance, qu'il a également un devoir de gratitude à remplir envers tous ceux qui ont concouru et travaillé à la réalisation de ses vœux. Par un redoublement de zèle d de dévoûment dans l'accomplissement de sa noble mais difficile _tâche, il continuera à justifi~r la conf1anc_e et la sympathie de tous. qui lui resteront acquises aussi longtemps z. qu'il s'en montrera digne. --6-

Intérêts de la Société valaisanne d'Education Séance du Comité central (5 Juin ). Ensuite d'une pétition signée ipar 73 l'llstituteurs et reçue le 30 Mai, !M. Je Chat1oîne Delaloye convoqua à Sion., pour le 5 juin, le Comité central de !,a Société. Après une délibération approfondie des 'questions à E'ordre du jour, le Comité clécida de convoquer 'La c Société valaisanne d''Education. » en uuf assembée générale qui se tiendrait à Sion le 12 âuin, avec l'ordre du ,j our suivant': 1- Ia nouvelle Ioi sur 1es traitements du personne·L enseignant; 2. la transformation de la caisse de retraite ordinaire des instituteurs. Le Comité, consta.taot qu'ii ne saurait plus êtr~ quesf.ion de demander que le Grand Conrevienne sur sa der,nière décision, le peuple étant appelé à se prononcer déjà le 22 jui'lli su:r la nouvelle 'loi, décide de proposer à l'assemblée générale de sollici1er de l'E-

sen

fàt, à cause du renchérissement de 'la vie, un supplément iœnsueL de 30 fr.· il es,tima en ce qui concerne la caisse de r~traite, qu~ les cotisiaüons devraient être doublées ainsi que le!! ·pe:nsio1ts â percevoir.

Assemblée générale du 12 Juin Sont présents en,viron 180 membres actifs venus de tous les districts; obligé de s'absenter de Sion, JM, le Chef du Département exp.rime son .r egret de ne pouvoir assister à la réunion; AfiM.-'les Inspecteurs scoliaires d'Hérens, de Martigny et de 1'iEn,tremont, empêchés par la maladie ou des deuils récents se sùn! éigalerœn,t fait excwser. Par exception et en considération de t'h1wortance des questions à discuter, qui intéressent tout le personne} enseignant, Mesdames les in.stitutrices avaient été invitées à prendre pa'l"t à 1a réunion; une trentaine dl'enire e11es ont répondu à l'appel. 'la séance, commencée par la prière, est présidée par ,M. le Chanoine DeJaJoye. M. le Président _,salu.e lesi col/lègues 'que la mort nous a enlevés <lepuiis le 24 avr il 1918; il rappelile avec émotion le souvenir de S. O. Mgr Abbeb qui fut pour le Corps enseignant un protecteUT, un grand ami, ,un vér,itable ipère; a,u nom de la Société et au milieu des awlaudissements un·a·nimes, il' adresse un hommage 'fiüa:J de re~ped et d 'humble dévouement au nouve'I 1Evêque, fout de ,pié1é, de digmiité et de science, que ta main de Dieu a si heureu.sement :placé â la lête du d,ioèèse et qui sera le bon tPasteur, embras,sant du même regard d'amour et de la m@me sol:!icitude toutes Jes brebis de son troupeau spirituel.

1M. Je Président retrace ensui te l'adi vité déployée pa·r ,te Comité depuis le 24 Avril 1918 en vue d'obtenir ,que, da,ns le · plus prel délai, les traitements soient augmentés dans toute .\a mesure du, possi'bl.e; i 1 donne connaissance dt une partie des lettres échangées avec l'IEtat, ,Je ,Département, \es burea.u.x du Grand Conseil, etc. , ledurre , dont il ressort pleinement que le Comi1é ne pouvait !aire plus qu'il n'a fai.t. H ra,ppeHe que, de sa pro· pre initiative, M. le Cheî du Département, toujours dévoué, a majoré en Novembre 1918 les chiffres, qui avaient reçu, en Avril 191 B, l'assentiment unatnime de la Société. · M. le 1Préside11.t, a.bordant l'ordre du jour,

déclare ne pa.s ig,norer que iMM. les insfüuteurs se sont rendus â -l'asseniil:>Jée avec la résoliution •bien arrêtée de man.ifester leur opposition _â lll1;e 'loi qui ~le leur donne pa$ tou,te sahsfachon; iil les con;j ure de :revenir sur cette décision eit leur démontre les avantages iris considérables que cette -loi procurera au corps enseignant; ü ajou,te tou1e!ois qu·rn est le premier 'à reconnaître, que le ren~ chérissement de la vie rend' actuellement ces avantages insutfüsants; auss-i Je Comité a-t-il engagé d'actiJs ,pourparlers avec J'Auiorité c_o ~tente en vue d'obtenir, par voie de gra.hf1cation, un supplément mensuel sur le chiffre duquel il sera discuté. Pass,a,nt au vote sur le :premier objet à JJordre du jour, l'assemblée décide à l'unani;mité de prendre formellement et fortemenl position· en faveur de 'la loi. !En ce qui regarde le su.pplément à obtenir en cons,idé:ration du ,renchérîssement de la vie M. le Président ,p,réci·se que le Comité centra i avait 'dema,ndé que ·D',Etat fasse le nécessaire pour que le Grairrd Consei·l accord:ât une indemnité mensuelle uniforme et obligatoire. Il doruJe connaissance de la réponse de l'Etat, <ion.t voioi -les passages essentiels et plus · par1iculièremen·~ +n,téressan-ts: « Sans doute, nous convenons sans pe1ne que la toi ne donne ,p as a\tX instituteurs toute 1a satisfaciion qu'i,ls en escomplaient, bien iqu· e1le doive entraîner, ,p our PEtat seu1ement, le triple des charges qui ILl)i incombaient jus· qu'ici, n iMaLgré cette perspective peu réconfortalll1e ,pour le budget cantonal , Je Co,15eil d'Efat se monke cependant disposé à faire e1t· core da.vanfage, mais non sous la for,me sug gérée &u!lle inlclemnité nouveJ:le de rei,chérisrement. • On ne comprerrdrait -pas une 1elle pœsta. tion après le vote d''une l'oi d'amélioration, el l''iEtat pou,rra.it d 'autant moins entrer dans une telle voie qu'i·l se mettrait lui-même dans une impasse e:11 s'y engageant. • n 111.e faut pas oublier, en ef,fet, que dan.i ces conditions un nouvean décret devrait être soumis au Grand Conseil, et comme sa conséquence financière se traduirait par w1e cfi. pense supplémentaire de 150,000 fraucs, celleci ,nécessiterait u,n nouvel a'J)pel au peuple dont on pourrait deviner le résultat. • Il y a· lieu de considérer aussi que, i i


vnr iion admet-taîl

de

notiveau

ce

mode de faire

poUf une ·catégorie de 'f onctionnaires de com-

munes ou de l'IEtat, ce serait ;provoquer des revendi<:a,tions a!llllogues de la part des autr.es :fonctionnaires et employés de l'administration pu,bl!ique. • Pour œs considérations, Je Conse·il d'E· tat est iman-ime 'à estimer ne pouvoir pro· poser au Grand Conseil des mesures d 1une por,t & gé11érafe pou:r rétribuer plus équita.blemeni telle ou: telle catégorie de fonctionnaires. > Par contre, le pouvoir exécutif, soucieux du sort du personnel enseignant, puisqu'il a proposé et soutenu la loi dont il s'agit, se montre tout disposé à payer la moitié des suppléments qu'accorderaient les Communes en plus du_traite. ment initial qui, il ne faut point l' oublier, constitue d'ailleurs un minimum. » Il appartiendr.a donc aux instituteurs qui s'estiment trop insuffisamment rétribués de solliciter des Communes, cela tout en restant dans la léRalité, des suppléments de nature à améliorer leur situation.

, Ils arriveront ainsi à obtenir le traitement p lus élêvé auquel ils prétendent avoir jus,tement d,roit, mais que, _sous forme d'indenmité de renchérissemen1, il ne serait plm possible d'accorder, en cas d'acœptatio11 de 1a '.loi. •

•La décision du Con.~il d'1Etat é!a·nt ior• mel'le et les motifs qui l'ont dictée paraissaut indiscutables, ·le Comité central préavise rp0ur que les membres de la Société s'engageni à n'accepter une place des Communes qu'à la condition 'que celles-ci 'l eur payent, pendant le temps ,que durera le renchérissement de la vie, un supplément mensuel de 30 francs dont la moitié serait assumée ,pa,r !»Etat. En agissant a insi, les sociétaires resteroni rigoureusement dans 'la Iégaliité. Il y a Heu, en effet, dei :remar<juer 1° qu'its ne rompent aucun contrait, puJsque ceux qui ies liaient g,u squ'ici seront na.turellement annu.!és par l'adoption de la nouveUe 'loi; 'Z' qu'ils sont absolument en dToit de n'engager leurs ser• vices· auprès des Communes que CQlltre 'Le payement d'un supplément en p J:u s du mi• nAmmm ?révll par la toi; sinon ·f an ne corn-

prendrai·! pas pourguoi ceUe-ci prévoit un mi. nimum. · ,Le Comité prO!pose de demander 30 francs parce que ce chiili!re correspond à '1a propo• s-itio1~ faite au Grand Conseü par M. Borgeat, proposition dont le vote, d'ap.rès les renseignements reçus, aurait satisfait la généralité du personnel enseignant. Une assez longue discussion s'engage. M. Thomas, dans Lm discours . aussi, intéressant qu'éloquent, retrace les débats du Grand_ Conseil, au sein duquel H avait défervdtL le 1iraitement Jni.fia! minimum de 250 fr proposé par le Comité; il dit pourquoi il a dû se raHier à la proposition Borgeat qui donn.ait au Corps enseignant une sati!'lfaction relative et écartait le funeste établissemen.l de 2 classes qui auraient pu entrâîner la dis,solution dei la Société. Plusieurs insfüuteurs prennent encore la parole, parmi lesquels \M. Parvex, de Mu:raz, qui, après avoir énuméré les safaires payés, en Valais ret aUleurs, aux employés de tous ordres, estime qu'un su,pplémen~ mensÛ.e], de 50 1r. s'~mpose. Par ·'organe de M. le P1·ésiden.t, le Comité insiste pour que soit adopté ,Je chiffre de 30 fr. qui, partagé entre l'Etat et les Communes, serait facilement admis par œlles-d presque sans exception, sur la mon!ag,ne comme dans la pk1ine; il déda,r e .toœlefois qu'iJ. se ralliera â cellui que fixera .la majorité; œlle-ci, très forte, ,yote le suvplémen t de 50 francs. Il est entendu qu'on ne. parlera de cette revendication qu'après J.a votation de la loi, ,à l'acceptation de JaiqueJ.le chacun promet de travailler dans toute la mesure de ses forces. Un insütuteur émet le vœ11, que MM. les Inspecteurs .prêtent leur actif et puissant concours. a·ux instituteurs qui, cela va sans dire, comptent sur l'appui du Département. - Avee a.propos, M. <l'inspecteur d<u district de St-Maurice fait observer que toujours et en toute occasion les Inspecteurs scolaires se sont grandement dépensés au mieux des intérêts matériels du pe-rsonne!1 ensei<gnant. Ce qu'ils ont fait hier ils le feront dematn pour que ·les Communes acœplent 1es justes re· vendications du personnet enseignant; il est superfJu d'ajouter 1que le Département ne fail~ lira pas à. sou 'devoir de protecteur naturel du maître d'école, On exprime l'espoir qu'on ne verra pas cette i'gnomi'Il,ie de régents en activité de ser-

t

vke ou même retraifés, qui acceptera;ent da prendre la place d 'un instituteur écarté de l:i <lirec-tion ,il:une école, parce qu'il aurait rê· clamé le supplément de 50 fr. qui lui permettra de vivre; il est décidé que les noms de ces .régents seraient en tous cas rendus publics. L' Assemlblée préavise pour que la Caisse de retraite soit lransfo.rmée selon les propo· si1ions du Comilé cen~ral. Des remerciements ·spéciaux paur les ser· vices .rendus. ayant été 'Votés à M. 'le Président de la Société ainsi qu'à M. Pignat, ment, 1bres du Comité central, M. ,Oelall'oye insiste de nouveau très vivement pour qu'un col'lègue prenne enffin sa place comme président; à l'unanimité l'assemblée re'fuse, estimant que cette démission, survenant Ja vei-Me de la volalion po.rulaire, pourrait être mal interpré< tée et avoir de fâcheuses conséquences. M. De!aloye aura cependant la faculté de se relirer plus tard sans {!Lt'H soit obligé, pour ce faire, de convoquer une ·réunion .plénière de 1'associ_ation. Sur sa proposi1iion on lui dési,g ne comme successeur éventuel M. l'instiüdeur Prosper Thomas. Avant de se séparer, les sociétai:res déci· dent <que le subside accordé par 'l'Etat pour celte réunion du. 12 ûuin sera versé dans la Caisse centrale, qui soufire quelque .peu d'a· némie depuis, l'assemblée générale de 1918.

Caisse de retraite et Comité central L'assemblée générale de la C,aisse de retraite s'est 1te,nue à Sion Je 30 ~uin; après avoir approuvé les comptes et Ta gestion de 1918, elle a donné son asse,ntiment à la transforma• tioa. de la Caisse dans 1e sens que voici: les cotisations à verse.r par les membres et les parts à payer par l'E tat seront doublées ainsi que les pensions à percevoir. ·Celte transforma.tian a,tteind.ra ol?Hgatoi,remen~ les nouveaux sociétai·res; son acceptation sera facu,ltati've pour les anciens. Les ,pensions seront correspondantes du capital cons1itué par les cotisations des membres et les parts de 11Etat. Une nuance: Quelques délégués du, HautVal.ais voudraient que l'augmentation de la pension fût su.rtou.t assumée par 'l'Etat, qui suppléerai-! ainsi à l'insufüsa,n œ de la not1velie loi ... . V est décidé 1que ces Messieurs

s'entendront pour formuler une proposition formelle qtfi,Js tran.smetlro111t à qui de droit, 1Le même jour le ComHé central s'est réuni pour discu,t er sur les conséquences de !'adoption de J.a foi sur Jes traitements. Il décida de faire à ,nouveatU appel à l'esprit de solidarité au sujet du supplément à réclamer aux Communes; lou.t ~n reconnaissant que, pour des motifs de famme, dans l'un ou l'autre vi.Llage de la monlagme, il, sera très diHidle d'imposer les 50 'fr. , i,J fut bien entendu que,

en tout cas, aucun instituteur n' acce11tera une école refusée à un collèr,tie par. ce que celui-ci aura.if demandé le sup. plément convenu (25 francs la Commune et 25 francs l'Etat) et que le nom de ceLtX qui manqueraient à cet engagement d 'honneur serait publié et <livré à l'indi·g nation de fous. - .,Le Comité a appris avec la plus grande satisfantion que les •jeunes gens, quittant HEcole normale cette année, ont décidé de se regarder comme ;Jiés· par la décisio11 des anciens do1tt i<ls ne prendront la place à aucun prix.

Tous pour un, un pour tous/ Le secrétaire ad 1tor. O. C. -0---

Brevet de-capacité ·Ell) séance du 8 juillet, le Conseil d'E. tat a décerné 1e brev,et de capacité pour Yenseignement primaire au personnel enseignant ci-après nommé. ( Art. 82 dr, la loi scolaire ·du 1er juin I 907 _) Instituteurs Anzévui Jean, d'Evolène. Berclaz f rançois, de Randogne. Bon vin Célestin, d' Arbaz . Boson Hermann, de f ully. CJ.erc Germain, de ·Port-Valais. Coquoz Jules, de Salvan. Formaz Joseph, de Pradefort (Orsières). Mathis Charles, de Orimisuat (Cham.plan). ·Moulin Antoine, de V.ens (Vollèges) . Pellissier Louis, de Sarr:eyer (Bagnes) . Perruchoud Joseph, de Chalais. 1


X XI

Proz Louis, de Châteauneuf (Sion). Riand Edouard, d' Ayent. Roten Marcel, de St-Germain (Savièse) . Theytaz Henri, de !Mission (Ayer).

l nstitufrices

Oillioz Sidonie, de Nendaz. Magnin Julia, de Martigny-Bourg. Michaud Marie-Louise, de Bagnes. Moulin Cécile, de Riddes. Rey 'Sabine, de Chermignon . Viscardi Antoinette, de Bex. Zermatten Yvonne, de Moliens.

Bochatey Angèle, de Trétien (Salvan). Duay Marie, de Son-la-Proz (Orsières) . Gross 'Bernadette, de 1Salvan (Trétien). ·Logean Laurence, des Agettes. Parchet Emilie, de Vouvry. de ·Preux Ernestine, de Orône. Rey Rwbense, de Saxon. de Rivaz Suzanne, de ·Sion. Vadi Amanda, de Sion. Wouilloz Antonie, de Martigny.Bourg.

En juil'let 1919, le œrtificat temporaire a été · délivré par le Département de ·l 'instruction publique au personnel ,e nseignant ci-après, ·qui a débuté d'une manièr,e satisfaisante dans la carrière pendant ae cours scolaire J918-19 :

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l nstituteurs

Autorisation d'enseigner Ensuite des examens de clôture des écoles normales, l'autorisation d' enseigner a été accordée pour le cours scolaire 1919-20 aux élèves de 2me année dont ci-après !,es noms:

Instituteurs Bressoud René, de Vionnaz. Carrupt Julien, de Chamoson. Cheseaux Marcel, de Sai1lon. 10elaloye 1Maxime, de Riddes. Droz Antoine, d'Orsières. Fo1Ionier Modeste, de ·Mase. . Frachebourg Robert, de Salvan. Jaquemet René, de Conthey. Latthion Lucien, de Nendaz. Praz Isidore, de Nendaz. Roch Georg,es, du Bouveret. Rouvinez Emî,J,e, de Orimentz. Rudaz 'Emmanuel, de Vex. Terrettaz Léonce, de Vollèges .

Institutrices Antonioli Mathilde, de Sion. Bin·der 1Rosa, orphelinat de Sion. Coquoz Anne, de 'Salvan. Délez Mathilde, de Salvan. Formaz Rose, d'Orsières. Gabbud Elisa, de Bagnes.

taire 1919-20) auront lieu aux jours suivants :

Arrondissement occidental A Martigny le 18 août pour les as pirants, et le 19 août pour les aspirantes.

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Arrondissement central

certlficat temporaire

A Sion, le 20 août, pour les aspirants

et Ie 21 août pour ks aspirantes. Pour plus amplies renseignements voir au Bulletin officiel du 11 Juillet 1919. --0-

Avls au personnel enseignant ,Nous appelons l'attention spéciale du personnel enseignant sur l'article La tllberculose et ses ravages figura~t à la page 137 des suppléments joints ii la présente livraison. l[ln particu1i·er, Mesdames les Insti, tutrices liront avec plaisir et profit : La camarade (p. 140), ,petite nouvelle qu i a toute la valeur et l'a11lure d'un excel lent article pédagogique.

füocca:rd Paul, d' Ardon. Brouchou'd Jean, de St-Maurice. Bruchez Maurice, de 1Sembrancher. Charbonnet Charles. de Nendaz. Glavien Augustin, de Miègt . Derivaz Arthur, de Salvan. Joris :Léonce, de Vofilèges. Lamon Pierre, de Lens. Lonfat Louis, de Charrat. MaHlard Gratien, d'Orsières. 'Pignat Louis, de Vouvry. Rebord ·Louis, de Collonges. Sierro Samuel, de Vex. · Udrisar'd Alphonse, de !Sion.

,-()-

Comptes d'Etat 1918 Département de l'instruction publique

Institutrices Bianco Esther, ,de Conthey. .Charles Yvonne, de Martigny-Vil1e. Clavien Adèle, de 'Miège. de Courten Isabelne de Sion. üamat d Ida, de Chamoson. Maret Améli:e, de Bagnes. !Maye Deni'se, de Ohamoson . Michaud •Lina, de 1Bagines. Pacodlat Denise, de !Martigny-Bourg. · Pitteloud Ange1ine, de Nendaz. -0-

.ldmtssion aux écoles normales :Les examens d'admission au cours inférieu r ·des écoles normales (année sco-

â

Ge dicastère entre à l'heure actuelle dans lies dépenses budgétaires pour pour ,plus d'un demi-million. Gelles-ci arrêtées, en effet, ià 576.245, ont dépassé les crédits prévus jusqu'à atteindre 609 .8 16, 06. Voici les postes comportant ou excédant 5000 fr.: 'Archives et .bibliothèque cantonales, 6510.05. - Musée archéologique et monuments historiques 10,102.35. Gymnase classique ('8ion), 28,264.95 . - EcoJ.e industrielle sup. (Id.) 28,498 71. - Collège et école ind. inf. (S t·Maurice), 30,000. - Gymnase classique (Brigue), 29,631.75. - Ecole ind. inf. (Id.}, 8997.4 7. - Les écoles normales de Sion ,et de ~rigue (inspection, examens, subsides pour pension des

élèves, tr:,aitement du personnel enseignant, mobilier-, etc.) ont coûté à l'E· tat fr. 73,626.30. A la 1Rub. Enseignement primaire, nous remarquons une dépense globale de fr. 284,753, dans laquelle sont compris 'les ,postes ·Ci-après: subvention scolaire servie aux communes, 59,999.55. Participation au traitement du personnel .enseignant primaire, 176,730.50 (non compris l'indemnité de renchérisse.. ment). - Allocations aux caisses de retraite 25,000. - Inspecteurs et médecins scolaires, 16,222.90. Arts et Métiers (Cours de perfectionnement,, commission et examens d'apprenfi~sages, musée industriel). 9505 fr. 30. - Cours professionnels et économiques (subv, féd. et cant.), Garçons 6734, fiiles 57,736.40e

-~-. Pour le bien des aveugles

La Société romande pour le bien dts sourds ej sourds-muets vient d'avoir à Genève sa 2me assemblée générale. JElle a pour but le bien~être de tous les sourds ,et sourds-muets de la Suisse romande. Elle a fait donner des ,cours de lecture labiale aux personnes souJides. - Elle a organisé des cours de langue française aux sour.ds-muets . - ,EUe a fait afficher dans les salles d'attente des médecins auristes des in,dications sur la manière ·de parler aux sourds. - -Elle donne à son local. 3, rampe de la Treille, renseignements et conseils aux sour,ds et sourds-muets et aux personnes qui les entourent. La séance a été terminée par une conférence ide M . le Dr J. Erath sur la surdité acquise; causes et traitements. Les sourds sont. dit-il, beaucoup plus nombreux qu'on ne le croit. Beaucoup ne se doutent pas de leur infirmité. Nombre de surdités pourraient être guéries si on les soi,gnait pendant la première enfance. :


xm x.n

Il recommande donc à ,chacun de si• gnaler les cas ·de surdité chez les tout petits enfants, ainsi que les écoulements 'd'oreilles, et de signa1er les enfants qui ronflent -et ,qui ,dorment la bouche ouverte. -<}--

Sommaire du Supplément N° 6 (Cette annexe a 40 pages.). Avis d'une mère à sa fil'le (suite et fin). - Le grand~papa. - Les pieds du capucin. - 1 Mois 'du 'Sacré-Cœur. Gendarme etj capucin. - Trnvail et suc~ cès. - Un mariage fin de guer,re. ·,Le mendiant de Thauler ou 1-e secret d'être heuœux. - Pauvres petits. (1L'infanticide en Chine.) - La pierre du mur. - Pour le tabac de papa. - Une page d'lhisfoir.e. (!L'attitude du général Herzog.) - La famillle et la vie pratique. - Ce que pensent les savants. Les sœur:s noires. - Il faut vivr,e sa vie. - La tuberculose et ses ravages. - 1La Camarade. - La franchise. Variétés, recettes, -bons-mots, pensées, etc. etc. · 1

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Sommaire de cette Iivralsop •Le présent fascicule de l'Ecole primaire paraissant en pleine saison de vacances, se trouve excepiionneUement allégé d'artides ,pédagogiques, cela au profit d'actualités intéressant particulièrement ,le personnel enseignant primaire valaisan. Celui-ci aura tout profit et plai,sir à ,en ,piliendre connaissance, en attendant que paraisse (vers le 15 septembre) 'la future ·livraison.

Autour de Conthey (Noies géographiques et hisioriquc11) Non loin de Sion, J"a,ntique capitale du Valais, au pied des derniers contreforts des

Diablerets et du Wildhor,n, coule la Moric, torrent sauvage, dont le lit s 'élargit ou se rétrécit, au ca,priœ du Flot, après, sa sorHe de J"étroile fissure, creusée pa-r le cours d'eau entre ·Jes p entes escarpée& de 1a. Crettabessa et ies :ramificaiions du Mont Gong. A partir de Vens, le ruissea,u vagabonde à travers une plaù1e cailfouteuse que ·les riverains lui ont abandonnée, et qui se prolonge ,jusqu'au Pont dit • de la ,Morge •. Gétait autrefois .Ja limite du. Va!ais , savoyard _e t du Valais épiscopal. Bien des fois la Morge vit se réunir sur ses bords, en p leiine campagne, les comtes de Sa• voie, escortés dune suite nombreuse de nobles ·chevaliers, de ,barons aux armures brillantes et ]es évêques de Sion, suivis de leur Chapitre et des représentants de !a noble-,s~ tur'bu:lente de la partie slJIPérieure de la vallée du Rhône. Quelquefois c'étaient des yj. sites de courtoisie, mais. le plus souvent, o.n s'assemblait fa, pour régler les d.if.iérends qui surgissaient sans cesse entre les populations remuantes des frontières de leurs -Etats. Tou.! près de la rivière, s'élève un plateau pifioresque, riche en vignobles, couver t d 'une véritable forêt d'arbres frui tiers, constellé de superbes prairies et couronné par de sumores forêts de sapins; c'est sur ses, étages successifs q ue ·le bourg de Conthey abrite ses nombreux vil!llges. Conthey est mentionné dans le~ documents dès 1050, mais J'origine de la localité doit être reculée jusqu'aux âges lointains, où des peuplades celtes, les Séduniens ent.re autres, hahi1aient notre valJée. 011 a dé<:'ouvert en 'dJiliérents endroitsi des· tom1>es de l'âge de bronze; à Senoine, ·à Plan· Conthey, au Bourg, 'les fouil les ou les travaux d1.t vignoble ont mis au ;j our des sépuliures de ].'époque romaine. 'L es Celtes semblent avoir eu une préférence marquée pour le plateau qui ·s 'étend entre Premploz et Avfü, 'les Romains par contre se p laisaient mieux dans la région des vignobles. Plusieurs insori,ptions on langue latine font foi qu'alors déij~ la vallée du Rhône était conm1e pour ses vins généreux. Après la chute de V'empire romain, Cou1

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they passa. successivement sous 'la domina. tion des .Burgondes, des Francs et à partir de 888, sous ceHe ~e Rodolphe Ier, fondateur du deuxième ,royaume de Bourgogne. A pa1·ti r de 1033, la plus grande .partie du pays, situé en aval de .La 1Morge, devirut passession de la LMlaison de Savoie. :Les comtes comipriren-t l'impo1"tance de Conthey et en firent kur boulevard: principail contre le Va.tais épiscopal. Le Bourg était fortifié, ,p ossédai,t deux châteaux et plusieurs maisons nobles. Dès 1302 la Cour de Savoie lui avait octroyé des tihdtés et des franchises, avec foiires et marchés. 1Les hommes de Vétroz et de Dai,Uon ·lui devaient ile guet en temps de guerre. (Hommes armés pa,u r la garde de nuit.) !Le castel des ,comtes était situé à l'orient du Bourg; près du chemin qui mène à- Sens,ine, on en aperçoit encore quelques pans de murs, au bas de l'église, ultimes débris de L'un. des séjours favoris du fameux ComteRouge .. ,M entionné dès 1294, Je château était entouré d'autres demeures seigneuriales, parmi lesque1les il convient de citer une tour avec maison cédée au duc pa:r un noble d"Ar· bignon, une maison fortif.iée des Cavel'!i de Conthey. Outre Je château du comte de Savoie les documents mentionnent le man oir du vidonute. Il se trouvait au nord-ouest du Bourg, ,à côté d'une chapeHe dédiée à sai nte Pétronille et dispame vers le I6me &iècle. Le vidomnat était à l'origine entre les rnains des nobles de Con!hey, connus et cités depuis le 12me sièc!e. ·En 1294, la charge de vidome passa aux de la Tour-Châtillon qtù l'ont ~xercée jusqL~·en 1375, époque Où Je fameux Antoine de la To,ur meurtrier de l'évêque Tavelli, céda ses p~ssessions de Conthey,' vidomnai y compris, au comte de Savoie. ]\'lais les Valaisans, soulevés contr e le chevalierbandit, rasèrent le château l'année suivante. Le vidomnat prit fin dès lors, ses a.ttributions passèrent à un châtelain où à un s·a utier. (Fonctionnaire subalterne, cha,r,gé de percevoir les impôts et de rendre la basse üustiœ.) C'est sm l'emplacement de ce . châ1eau

ruiné, •qu'en 1571, le gouvernement épiscopal fit const.nüre aux frais des Contheysans, une ma.ison forte avec ,prison et salle de tort_ure; ce bâtiment devint pl,us tard la maison cont· munale, sur sa rporte se trouvèrent gravées les ar.mes de la communauté. Il ne sera peul· être :pas sans intérêt de signaler en quoi consistaient les redevances féodales que Conthey et Vétraz payaient à l'Etat. Annuellement les ,deux locailtés devaient 487 florfos (environ 700 francs) somme dans 1-aqueHe .figuraiertl 13 livres de poivre, une livre de cumin, 9 !ivres de cire, 12 se biers -de vin .... Ott ,p ouvait voir à côté des châteaux susmentionnés la Tour des, no:bles de Cervent, bourgeois de '1a commune et héritiers · du baron Aymon d'rErdes, dernier ,r ejetop. de _la fa-miHe de ce nom, orieinaire du ,joli village perdu dans une vêritable forêt d'arbres frui· Hers e·t situé au-dessus de Saint.Séverin, La t.rad1itio11 rapporte qu·un membre de èet1e lamiHe, chaoE1ine de Sion, fi t construire un a~ tel -dans l'ég,l ise dont il tut curé, et qu 'en 1287, il lêguait par testament 10 livr es mauriçoises ·(480 francs) pour envoyer un sergent d'armes à la orofaade et 20 .1utres ·li-vres laissées par .son père ·pou.r payer deux clients.. · , . Ce ;fut sur les bords de la Morge qL1e commença. la guerre de 1475, si funes te ·à la domination de la Maison de Savoie et par contre-coup â Confüey, principal centre pclihque du Valais savoyard. Les querelles interminables enh"e tes habitants des deux plateaux qui s'étayent sur les deux rives du torrent, au .surjet des forêts, des alpages du .fond du vallon, avaient fourni à Jean-louis de Savoie, évêque de Genève et régent du duché pendan t la minor ité de son neveu, l'occasion désirée depuis si long(emps, de porter la guerre dans le Valais épiscopal. M ais Walther Supersaxo, évêque de Sion, ne ~'effraya point des menaces de l'ennemi séculaire. Assuré de la fidélité des .Patriotes, il renouvela l'alliance que les Dixains avaient conclue en 1417 avec Uri, Unterwald et /Lucerne. les habitants de Sio11, à leur tour, se préparaient à une vigoureuse défense. .Bientôt .Pierre de Gin,g ins et son


XlV ·

frère Amédée, capitaine-général, réunirent sous les murs de la capitale valaisanne, une armée de dix mille hommes. Un détachement savoyard, le Ier et le feu à la main, se dirigea sur Savièse et mit le feu aux villages. Les épais tourbill'ons de fumée et 'les cris des habitants qu'on égorgeait, aoooncèrent aux Séduuois ce ,qui les attendait, si les envahisseurs devenaient maîtres de leur cité. Quaire mille .Patriotes accoururent au secou,r s de Sion. Aidés de quelques détachements accou,rus des Grisons, ils essayèrent sans succès de refouler V'eooemi. La capitale allait succomber, lorsque les bannières de Berne et de Soleure apparurent sur les pentes.. du Sanelsch: trois mille guerriers venaient joindre leur vaillance à ceHe des Valaisans et tombaient à l'improviste sur les flancs de fagresseur . Bien· lôt la victoire- couronna leurs efforts, l'ar!T',iie ducale, malgré le nombre de ses batailfons et leuœ- inl:répidité, fut écrasée par les Conîédérés, le capitaine-général laissa sur la P lanta la lieur de la jeu,nesse sa voi~ienne et chercha son salut dans une fu ite précipitée. r :us de mil'le guerriers périrent sur le lieu d'U, combat. (13 novembre 1475.) Les ~ours suivants , les nombreux châteaux et places iortes du Bas-Valais furent conquis et démantelés, c'est de cette époque que datent les ru ines de Con• lhey, de Saillon, de Saxon: quelques pans de murs à Conthey, p:usieurs tours el remparis pittoresques à Saillon et Je dorrjon solitaire qui domine Saxon. A partir de 1475, Conthey faisai t partie du bailla•g e de Sl-'Maurice. Aurnn événement .politique digne d'être noté, ne marque la J)'!riode, qui se déroule entre 1475 et lt 28 jan· vier 1798, jour mémorable, où les représen tants du Bas-Vala is procla nr nt leur indépendance dan,s la vieHle cité d'Agau111e. Si pen<l:urt ces troi s siècles, noire pays fot épargné par le fléau de la guerre, il ne le fut pas par les commotions de la nature. Les années 1714 et 1794 marquent une dale sinistre dans les ,rnnales de la commune de Conthey, c'est à celte époque, qu:'ont eu lieu les terribles éboulements des Diablerets. Ce 110111 tire son origine des légendes qui ont han té .pendant long-

temps lïmagi11ation des pâtres de nos contrées. D'après eux, l'a montagne qu_i élève sa formidable muraille au-dessus du lac 1riélancolique de Der borentze, serait hanlée par des démons ,qui passent ]eur temps à jouer aux quilles sur le glacier de Zanfleuron. Ils visent, rappodent les trad.ilions, la • Quille des Diables . (Tour de st~M"artin); les projectiles qui dépassent le bout dégringolent avec un bruitl! de tonnerre, de terrasse en terrasse, vers l'aipage qui s'étend au pied. En réalité, ce qui tombe dans ,Je vide du côté de la Çombaz, ce sont des fragments de gtaciers suspendus. Parfois il s'y mêle de vrais parois de rocher, ·comme le prouvent les éboulis, qui se voient au lieu dtL si111istre, et qui datent du 23 juin 1714 et du mois de septembre 1749, Le 23 juin, en.ire 2 et 3 heures de l'après-midi, par une magnifi'que journée, un, bruit efüayant se fit entendre, le massif des Diablerets trembla, comme si la ter,re allait tout engloutir. Une partie de la montagne s'effondra s,ur les pâturages du fond de la vallée, en produisant une poussière épaisse. Un grand nombre de chalets, de belles forêts furent englouties sous les décombres , ainsi qu'une centaine de vaches et une quan.ti1é considérable de têtes de petit bétail, 14 personnes perdirent leur vie. On rapporte qu 'un pâtre d'Aven, qui avait disparu et qu'on croyait mort, avait pa ssé plusieurs mois enseveli dans son chalet, se nourrissant de fromage; sa demeure avail écha,ppé à la. destr.uction, grâce au rocher auqel il était adossé. A la réapparition du rrulheureux revenant, ses concitoyens le prirent pour un spectre, .personne, pas même sa femme, ne voulut le recevoir. Ce n~est que sur lïnterveution du Curé qu 'il put réin1égrer son domicile. L'éboulement de 1749 causa ?e nouvelles ruines, cinq personnes lurent victimes tle ce second catacl.ysme. L'i-n terœption des iorrenis qui , -au,paravant, se réunissaient, pour former la .Lizerne, donna naissance à p lusieurs lacs, un seul a résisté au travail d'érosion, c'est la' cuvette aux eaux bleu foncé qui do1111e un charme si mélancolique à celte contrée sauvage. (Lac Oerborenize.) ·Le pays de Conthey a donné naissance à

XV

plusieur~ personnaliités remarquables. Bon nombre des enfants de ce coin si enso1eillé et si riche en vin,s fameux, se sont dis,lingués dans des carrières diverses, .mais l'art ora· Ioire semble avoir ·leur préférence. Au:jourdliui encore, notre patrie compte au premier rang de ses orateurs un ressortissant de cefle commune. Aven est 'le lieu natal du P. Pierre Roh. Né en 1811, i·l ne ta,rda pas à mon1re r ,une .préférenee marquée pour l'é1at religieux. Il entra chez les Jésuites et professa pendant quelques années dans 'diiférents collèges de sou ordre. Le Sonderbund trouva en lui lL1l a.rdent adversaire, la défaite des catholiques le força. d 'aller vivre loin de son pays. Il ne ru.t ipas longtemps à chercher sa voie, ses ta· lents d'orateur firent de lui tJlll des prédica· teurs 'les plus populaires de son temps. Il pa.rcou.rlllt une bonne partie de- ?Allemagne, de I' Autr-iche, i!I prêcl1a des missions jusqu'à Copenl,ague. Il mourut en 1872. V~oz s'honore d'un juriste distin,g,ué, le préfet ,Udry, homme intègre et !oyat, qui avait su s''attirer l'estime de ses concitoyens de

toute optruon, à une des époques les plus troub1ées de notre histoire can1onale.

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Arpprenez que Ja plu.s grande science est de savoir être à soi « J'ai appris, dis.ait un anden, ~ être mon wmi; ainsi je ne serai .j:a111ais seuJ. » Il faut vous ménrager des ressources contre 1les clhagrins de fa ,vie, et des équivalents 1awc biens sur lesquels vous aiviez compté. Assurez~ous une retraite, ,un asiJe en iv-ou5'1llême; vous !Pourrez toUJjours .reveni!T à <Vours et voUJs retrouver. Le monde vous étant moins nêces,saire aura moins de iprise sur vous. Qwantl vous ne tenez pas à vous pa r des goûts soHdes, vous tenez à tout.. Faite,.. usage de Ia sofüude; rien n'est .plus utile, ni 1pliws nécessaire pour affaiblir 'l'impression que font sur noUJs les objets sensibles. l'l faut donc de temps en temps ·se retirer du monde, se mettre à part. Ayez quelques heures dans la journée ipou,r füe , et [POUrr faire usage de vos réflexions. • La réflexion, dit un Pèce de l1Egli;se, est 1'œil de l'âme: -c·est 1par e!Ue que s'introdu.isent la lumière et fa 'vérité. Je 1e ,mènerai dans la so:litude, dit la sagesse, et :Jà ie rparlerai là son cœur. » C'est là où .Ja vériié donne ses leçons, où les pr8jug\!s s'évanouissent, où la prévention s'af.failblit, et où 1.'opinion, qui gouverne tout, -commenœ là perdre ses droits. Quand oo gette fa vue sur finutile, sur le vide de la 1Vie, on est forcé de dire avec Pline. « Il vaut mieux ipa·s ser sa vie à ne rien faire, qu'à faire des riens.> Je vous !?ai déii~ dit, 111a fille, Je bonheu!I" est dans la tpaix de ·~'âme. Vous ne pourrez jouir des plaisirs de l'esprit sans la santé de l'esprit: tout est presque ~laisir pour un, esprit sain. Pour -vivre avec tranqui.Uité, voici fes règles qu'i'l faut suivre. La première, de ne pas se ·livrer aux choses qu-i jplaisent, de ne- faire que s'y prêter; de n'attendire pas trop des hommes, de peur de décompter; d'être ,son ipremier ami soi-,nJême. La solitude aUJSsi Msure la tra11quilfüé, et est amie de la sagesse; c'est att-dedans de nous qu'habitent 1

la paix et la véri.!ë. Fwyez le grand moude; il n'y a point de sûreté; il y a touaours quelKJ.ue sentiment .qLL'on avai,t a1faiibli, qui se réveille. On ne 1irou1Ye que trOjp de gens qui favorise.ni le dérèglement; plus i'l y a 'dw monde, et pLus les passions a·cquièrent d'autorité. Il est diificile de résister à l'effort du vice, qui vient si !bien accompagné; en,tiin, on en rèvient plus fa i:ble, moins modeste, (Plus i~uste, pour avoir 'été parmi les ho1Imnes. IJ.ë monde co.mmuniqwe son ,venin aux âmes tendres. Ili faut de ip!us fermer toutes 1es avenues aux passions: i,I est !Plus aisé de les prévenir que de les vaincre, et quand! on serait assez ·heureux pour les lbannir, dès qu'elles se sont fait sentir, ellrles font bien payer leur séjour. On ne peut refuser à l'a -nature les premiers mouvements j mais sou1vent elle éten,d ses droits bien loin; et quanld: ·vous revenez à vous, vous t~uverez bien dés suôets de repentir. 1

Il faut avoir des :ressou,rces et des pisallcr. Mesurez votre force et votre courage; et pou:r cel-a da11s 1es choses que vous craignez mettez tout au pis. Attendez avec fermeté le ,malheur qui peut vous arriver, envisagevle dans toutes 1es circonsta.ttces ,]es plius terrilbles, et ne vou:s l'aissez pas accabler. Un Îl!i\'Ori, a,arvenu au comble de la fortune, faisait voir ses richesses à son ami ; eu lui montrant une cassette, il lui d,i sail: • C'est Œà qu'est mon trésor.• Son ami le pressa de le 1ui faire voir; il Tui permit d'ou, vrir sa cassette: efüe ue reniermait qu'un vieil halbit tout déchiré. ·L'ami en :paraissant surpris, 1e favori -lui dit : « .quand la fortune me reniverra à mon premier état, ge suis tout 1Prêt. » Quelle ressour:ce de mettre tout au pis, et de se senfü de Ta forœ pour s 'y soutenir! Qu-ami vous dési~rez quelque ohose fortement, commencez par examiner ila ohÔse désirée; voyez ' les lbiens qu'elle vous promet, et les m~ux qui la swivent; souvenez-vous du passage d'IHorace • La vdlupté marche de· vant nous et nous cache sa suite. » Vous cesserez de craimlre, dès que vo-u:s cesserez de


106 107 désirer. Cro>yez que le sage ne court pas après ,la fél'icité, mais 1qu'il se fa donne. Il faut que ce soit votre ou:vrage; elle est entre vos mains. Songez qu'il faut :peu, de chose pow- les besoi,ns de la vie; mais qu'il, en faut infiniment powr satisfaire aux besoins de l'opinion: ique vous aurez bien ,plus tôt fait de mettre vos désirs au niveau de votre fortune, que votre !fortune a11 niveau de vos désirs, Si les hommes et les richesses pouvaient rassasier, il faudrait en ramasser; mais la soif augmente en les acquérant: celui .qui désire le plus est le pl'us pauvre. !Les ûeunes personnes s'occuaJent de l'espérance. M . de la Rochefoucauld dit, « qu'elle vous ronrduit gusqul\ fa fin, de la vie par ll.l1 chemi11 aigréa:bie •. Etle serait bien cou,d e, si l'espérance ne lui donnait de l'étetidue. C'est un sentiment consolant, mais qui peut être dangereux, puisqu•rn vous prépare souvent bien des mécoimptes. :Le moindre mal qui en arrilve, c'est de laisser écharu>er ce qu'on possède, en attendant ce qu'on désire. Noire amou:r-propre nous dérobe à nousmêmes et .nous diminue tous nos défauts. N=s vivons avec eux comme avec les odeurs que nous portons: nous ne les sentons plus; elles n 'incommodent que 'les autres: pour les voir dans leur point de vue, il faut les yoir dans autrui. Voyez vos imper-Iectious a1Vec les mêmes yeuoc que vous vo>yez celles des autres: ne vous relâchez ,p oint sur cette règle; elle vous aocoutwnera à l'équité. Examinez voire caractère, et mettez à: profit vos défauts; il n'y en a point ,qui ne tiell!l1e à quelques ver· tus, et qui n.e les favorise. J..a. moraie n'a pas pour dltet de d~truire la nature, mais de la pedectiooo.er. Etes-vous glorieuse? servezvous de ce sentiment-li, pour vous élever au· dessus âes faiblesses de votre sexe, pour éviter les d~auts qui humi'lient. Il y a à chaque dé.règlement du cœur une peine et une honte aiiacbées, qui vous sollicitent à •le quitter. .Etes-vous timide? tournez cette faiblesse en prudence; qu'elle vous e,rqpêche de vous commettre. Etes-v·o us dissipatrice? aimezvous l donner? il est aisé de ·ra prodiga.li_té

d'éll iaire de la générosité. Don.nez; avec choix et à . proipos; nie négligez pas les indigents; prenez soin des pauvres; prêtez dans le besoin; mais donnez à ceux iquî ne peuvent rendire; par là vous cédez à ,votre sentiment, et vous faites de bonnes actions. li n y a pas w1e lfailblesse dontJ si vous voulez, la vertu ne puisse faire quelque usage. iDan.s ,]es at'fliction5i qui 'volts arrivent, et qui ,vou,s font sentir votre peu de mérite, loin de vous irriter, et d'opposer l'opinion que vous a,vez de vous-même à l'in,justi'ce que vou,s prétendez 'qu'on vous IaH, songez que les ,personnes qui vous la font sont plus en état cte juger de vous, que vou,s-mê'me; ,que vous de· vez ,p1utôt les croire que I amour-propre, qui n'est qu'u,n flatteur, et que, sur ce q,ui vous regarde, votre ennemi est plus près que vous de la vérité; que vous ne devez avoir de mê· ritée à vos yeux que celui que vous avez aux yeux dês auitres. L'on a trop de penchant à se flatter, et les hommes son! trop près d'eux. mêmes pour se ti-uger. Voilîl. des 'préceptes généraux pour combattre les vices de l'esprit: .mais votre .première attention doit être à perfectionner votre cœur et ses sentiments; vous n'avez de 'Verh.t sûre et durable que par Je cœur; c'est lui proprement ,qui vous caractérise. Pour vous en rendre maîtresse, gardez cette méthode. Quand vous 'Vous sentez agitée d'une .passion vive et forte, demandez quelque temps à votre sentiment, et ·comjposez avec votre faiblesse. Si vous voulez sans l'é<:outer un moment, tou.t sacrifier à votre raison, à vos deivoirs, il est à crairu:lre que lii ,passion ne se révolte et ne de1Vienne la plus forte. Vous êtes sous •l a loi; il faut -la ménager avec adresse: vous tirerez plus de secours que vous ne pensez d'une pareille conduite, vous trouverez des remèdes sûrs, 1nême dans votre passion . Si c'est de la haine, vou,s connaîtrez ' que vous n'avez pas tant de raison de haïr ui de vous vell'ger. Si par malheur <:'était le sentiment confraire dont vous fussiez occupée, il n'y a .p oint de passion 'QUi vous fournisse des secours iplus sCtrs contre elle-même.

1

,i)assons, ma fille, aux devoirs de la société. ]'ai cru qu'a,vant tout, il 'fallait vous tirer de ·l'éd11cation ordinaire et des préjugés de renlfanice; qu'il était nécessaire de fortifier votre raison, et de vous donner des principes œrtains :pour vous servir d 'a.ppui. j'ai cru que la plupart des désordres de 'la vie venaient -des fausses opinions, que les fausses opinions d'onnaient des sentiments déréglés, et que quand l'esprit n'est pas éclairé, le cœur est ouvert aw: passions; ,qu'il faut avoir des vérités dans t'es.prit, qui . nous préservent de l'erreur; qu'il faut avoir des sentiments dans le cœur, qui les ferment au~ passions. Quand vous ,connaîtrez la vérité, d que vous aimerez !:a ~ustiœ, fout.es Jes vert-us seront en sûreté. iLe premier devoir de 'la vie civile est de songer a.ux autres. Û!U:X ql~i ne vivent , que pour eux 1ombent dans le mépris et dans l'albandon. Qmmd vous voudrez trop exiger des autres, on vous refu:sera tout, amUié, se11liments, services. La vie civite est un commerce d'ollfices mutuels; le plus honnête y met davantage: en songeant au bonhewr des autres, vous assurez Je vôtre, c'est habileté que de :penser ai·nsi. Rien de plus haïssa'ble ique les gens qui font sentir ,qu'i1ts ne vivent que pour eux. L'amour-propre outré fait les grands ,crimes: quelques 4egrés au-dessous il fait des vices; mais, pour :peu qu'il en reste, il affaiblit les vertus et les agrémenfa de la société. H est impossible de se lier aux personnes qu.i ont un amour-propre dominant, . et qui le font sentir: cependant nous ne nous en dépouillerons jamais: tant que nous tiendrons à 'la vie, noUs ,t iendrons à n.ous, Mais il y a un amour-prdpre haJbile, qui ne s'exerce point aux dépens des autres. NoU,s croyons nous élever en aJbaissant nos semblables; c'est ce qui nous rend m&l.isants et envieux. [.a bon-té rend bien plus que ·la malignité. Faire du>ibien quand on peut; en dire de tout le monde, ne juger jamais 'à la rigu.eur: ces actes de bonté et de -~ érosité, souvent .répétés, vous aoquièrefrt en1in une grande et belle rélputalion; tout '1e monde est

intéressé à vous louer, à dliminue.r vos défauts et 1à augmenter vos bonnes quafüés. Il faut fonder votre répu.tatioo sur vos vertus, et non sûr le démér-ite des autres. Comptez que ieur~ bonnes qualités ne vous ôtent rien, et ·que vous 11e devez imputer qu'à vous la diminution de votre réputation. Une des choses qu~ vous rend plus malheureuse, c'est 1que ,n ous comptons trop sur les hommes ; c'est aussi la source de nos in/u·stices. No1LS leur faisons des querelles, ,non sur ce qu'ils nous doivent; ni sur œ qu'ils nous ont promis, ma~s sur ce que nous avons espéré d'eux; nous nous faisons un droit de uos espérances, qui nous fournissent bien des mécomptes. Ne soyez poiut précipitée dans vos jugements,. n'étoutez point les calomnies; résistez même aux premières apparences, et ne vous empressez ,jamais de condamner. Songez qu'il y a des choses vraisernblaibles sans. être vraies, comme il y en a de vraies qui ne sont p:ts vraisemblables. Il faudrait, dans les •jugemenfa particuliers, imiter l'équité des ôugements solennels. Jamais les 1u,ges ne décident sa,ns avoir examiné, écouté et con!Îrontê les témoins avec les intéressés; 11:i3is nous, sans mission, nous nous rendons les arbitres de la .réputation: toute preuve suffit, toute , autorité paraît bonne, quan.d H faut condamner. Conseillés rpar la malignité naturelHe, nous croyons nous dooner ce que nous Q.tons aux autres, De ll viennent les haines et les inimitiés; car tou.t se sait. :Mettez donc de l'équî~é dans vos jugements. Cette même j ustice que vous ferez aux autres, ils vous 'la rendront. Voulez-vous qu' O!b pense et qu·on dise du bien de vous? Ne di1es ,jamais du ma~ de personne. Accoutumez-vous aussi à voir sans étonnement et sans envie œ qu,i est au-dessus de vous, et sans méipris ce qui est au-dessous. Que le faste ne vous impose pas: il n'y a que les petites âmes qui se prosternent devant la grandeur; l'admiration n'est due qu\ la vertu. ,Pour vous aocowtumer A esti:mer les hom-


iôà mes par leurs qµalités propres, considérez l'état d'une personne con~blée d'honneurs, de dignités et de richesses, à qui H semble que rien ne manque; mais ,à qui tout manque clfectivement, faute d'avoir les vrais biens; elle souffre autant, que si sa pauvreté était réelle, puis,qLt'elile a le sentiment de fa pauvreté. Rien n'est pire, di:t tut ancien, que la pauvreté ·dans les richesses, parce que le mal iient à l'âme: ce1ui qui se trouve dans cet état a tous Jes maux de l'opinion sans ,jouir des biens de la fortune: rl est aveu,glé par l'erreur, et dédiiré ,par les passions, pendant qu'une personne raisonna:ble qui n'a rien, mais qui, 1\ l'a place des faux /biens, substitue de sages et de solides réflexions, ff ouit d'une tranquillité que rien n'égale. 1Le bonheur de ,l'un et le malheur de l'aufre ne viennent que de la manière différente cfe penser.

Si vous êtes sensible à la haine et à la ve1t, geance, opposez-vous à ces sentiments; rien n'est si bas que de se venger. Si on vous a offensée, vous ne devez qLLe du mépris, et c'est une dette aisée 'à payer. Si on ne vous a manqué qu'en choses légères, vous devez de l'indu1Jgen.oe. Mais il y a des temps d'injus. tice à essuyer dans la vie, des temps Où les amis pour qui vous avez le plus fait s'acharnent â vous lbl;âmer. Après avoir mis !out en usage pour les désabuser, il ne faut point s'opiniâtrer à combattre contre eux. On doit courir après l'estime de ses amis: mais qua,nd VOLl!S trouvez des gens qui ne vous voient qu'au travers de 1a prévention; quand vous avez affaire à ces imaginations ardentes et allumées, <Jui n'ont d'esprit que pour soutenir ~eurs mjustices, il faut se retirer et se calmer: quelque chose que vous· fissiez, vous n'obtiendrez que de l'improbation. C'est alors qu'it faut opposer à leur in~ustice et à la honte de dédire, le rempart de votre iooocence et la certitude de n'avoir point failli, Songez que .si dans le -temps que 'l'on VOU,S élevait, vou,s n'en valiez pas davantage, à présent que l'on vous abaisse, vous n'en valez .pas moins. Il faut, sans en être plus humiliée, avoir ,pHié d'eux, ne se point irriter,

s'il est possible, et dire: 11s ont de mauvais yeux. faites réflexion qu'avec de bonnes qua. lités on surmonte la haine e-t l'envie; que -les espéranëes qu'on tire de la vertu vous soutiennent e! vou,s consolent. Ne songez à. vous vengez, qu'en mettant · dans votre conduite plus de mo'dératio11 que ceux qui vous attaquent n'ont de matice. ll n'y a que les âmes élevées quî soient touchées de la gloire - de pardonner. Songez à vous estimer à bon titre, pour vous confoler de ,J'estime .q u'on vous refuse. Vous ne pouvez vous permettre qu'une seu:e vengeance; c'est celle de faire du hien à ceux qui vous ont offensée; c·est la vengeanœ la plus délicate et ]a seule ptrmise; vous satisfaites à votre :ressentiment, et vous ne pre• nez poüit sur les vertus. César nous en donne l'exemple: son lieutenant ·Labiénus l'aban• donna dans le temps qu'i!l avait le plus besoin de :lui, et passa da!lls ,Je camp de Pompée; il laissa dans celui de César de grandes richesses. !Oésar les lui renvoya, et lui manda: , Voj;Jlà comme César se venge. • li est de la prudence de profiter des fautes des autres, quand mème elles nous blessent; mais souven,t ils· commencent les torts, et ,nous les achevons. Nous ,usons mal des droits qu'ils nous dom1e11t sur eux; nous vou• Lons tirer trop d'avantages de leurs fautes. c·est une iajusiice et une violence qui mettent les spectateurs contre nous. Si nous souffrions avec modération, tout serait ,p our nous, et les fautes de ceux qui nous attaquent douibleraient par notre patience. Quand vous savez què vos amis vous manquent, dissimulez; dès que volts faites sentir que vous vous en apercevez leur maligni!é a,ugmente, et vous mettez leur haine en, liberté. En dissimulant, vous nattez 'leur amourpropre; il's jouissent du plaisir de vous e_11 imposer; j,ls se croient supérieurs, dès qu'ils ne s0nt point démêlés; ils triomphent de votre erreur, et }ouissent du plaisir de ne voû~ point perdre. En ne leur faisant point sentir que vous les connaissez, vous leur donnez le temps de se repentir et de revenir à eux. 11

109 tie faui -qu1tm service rendu à propos, ou une autre manière d'envisager les choses, pour vous les rend,r e iptus attathés. ·

(A

,uwre.J

Le grand-papa =

C'est samedi, verne de Quasimodo; .assis !Uî un.e chaise, le gra,nd-:père tisonne tristement le .feu de bois, qui meurt sur ses ahenêls dorés. !Méthodiquement, il accurle au fond du; loyer la grosse bftche, aux trois quarts <:a!lls·umée, lui fait un b on lit de ,cendres, et réu.nit sous eJ11e tous les tisons per:dius un peu par-

tout. - Alfons, prends-donc, animal! ... ,M ais la 'bfi:che résiste, et ,n'envoie dans la cheminée qu'UJtle grosse bêtasse de fwmée oil s'aUlument, de seconde en seconde, comme des velléités impuissantes, quelques petites étinœl!es aussitôt éteintes. - Tiens, tu es comme moi, tu es trop vieil-le! Et, se renversant sur sa chaise, croisant les jambes au-dessus de ta cendre bntlante, il se met à songer, les yeux ,perdus au· pWon'd, . . . Il est triste, le grand-père, et il sent qu'on est triste a,u tour de foi. . . ·Depu~s quinze jours, la maison sue la m~Lincolie; sa fille et son gendre s'e!!forœnt même de rire ef de plaisanter pendani fos repas; mais, rires et plaisanteries sonnent faux. n n'y a pas jus' qu'à la .petite Germaine qui, ce matin, en apportant le ahocolat à son grand-<papa, avait un air grave. H l'a bien observée, pendant que, avec sa cuiller, elle écartait la crème moirée qui couvrait 'la tasse: on eût dit que ses fongsi cil's d'enfant se tenaien1 Qbstinément baissés, pour ne pas laisser deviner oo reproche ... un re,proche dans ses gra,nds yewc qui ne savaient pas mentir. . . et un reproche à son cher grantl.-père pour ·Jeque'l elle se serait fait cou. per en tout ,petit, morœau1t! ... ·Evidemmen,t, munmire-t-il, tout ce mon-

de-là es.t piewc; lis nùtmMf ef ne veulent pa-s s'habituer à J'iidée que de suis un: païen. D'ailleurs, fo ,ne me montre pas -logique: je verrais d'un mauvais œil qu'eHes ne fassent pas lieurs devoirs de Pâques ... et moi . .. il. y a -trente ans que je n'ai pas fait 1les miens.

e ,là-dessus, i t reprend -les pincettes: - Trente a·ns! . .• Qu'est<e que je dis? .. • Ça en fait trente hu,it!. : . !Et, mentalement, rn ;récapitule: - Colonel en 1878 ... capitaine en 1870 ... marié en 62 .• . , non, çà ne fait pas tant. Ça fait 31 seulement ... seu:Jemen,t!!.,. Et il se mit à so111rire avec un air singulier. - iE1 voi']à pourquoi de ne veux pas y :revenir, ôe pen~is encore à çl, dimanicl1e dernier, à la messe ... AUer me mettre à genoux, ~' SLIJI' ces mar,C!hes, devant tout le monde! ... Non, .j'en aurais une attaque d'apoplexie! Je vois d''lci Je gros Mathias, ·levant son nez de dessus son paroissien, essuyant précipitamment les lunettes: • Pas possible!!. . • le commandant qui fait iè plongon ! . . . et Madame Schnorr soupirant tout bas à sa voisine: • Ah! ma chère, Dieu est bon! .•. » Et puis, quoi? si c'était ma conviction, j'irais, car, a,près tout, on n'est pas un lâche. Mais voilà, au fin fond du fonkl, je n'ai pas la foi! âe n'ai gamais bien vou:lu examiner complètement mon cas, mais il a de ça. !Et alors., ,quoi? ma pauvre petite Germaine serait-elle encore plus geintihle, tie ne peux pouirtant pas, aller jouer la comédie et faire un sacrilège pom· la contenter! ... .Mon ,cher Abbé, •F au.t que vous me tiriez une épine du pied. Hs sont tous ennuyés ici parce que je ne fais pas mes Pâques. ·l:ls le cachent, mais je le vois bien. Il n'Y a pas jusqu'à mon chien, qui a fair d~ me · regarder avec des yeux de reproche. Or, vous savez, je suis de la génération de 48, s'est..ià-dire que je vous estime énormément, vous et vos aifa.ires; 1T111is au

1


., 111

ile) fond, franchemen t, j'ai pas wte foi !ormidable. Vous ne ,J'ignorez pas, puisque vous m'avez trait6 de viei'L hérétique l'au1re jour, en faisant notre cent de rpiquet. 'Dans ces conditions, faut-in faire mes Pâques? Si vous me dites oui, ie 'les fais demain matin, au risque de suffoquer Mathias, et de voir ma vieiHe bonne partir à pied pour Jérusalem, en pè,1~rinage de reconnaissanœ. C'est grave, ce que de vous demande là ; fai derrière moi tou.te une vie d'honneur cf de loyauté, ne ,me fai!es rpas, 5alre we hypocrisie! Au Ier zouaves, on n'a jamais connu ça! Votre vieux dur à cuite: Napoléon B- .. .

~ A Mon-S"ieur N. B., colonel en retraite, à $ ... •M on ei«:e1lent ami, Vous faire commettre une hypocrisie, à vous? Jamais. Vous n'avez pas la foi? . .. Taisez-vous donc! Au temps de Clovis, vous auriez, vous aussi, tiré votre coupe-Cihou en disant: c Que n'étais-ge là avec mes braves chacals! • Seulement, sur cette .foi-là, il y a. une foule de choses, des préijugés, de l'ignorance, la peur du qu'en-dira-t-on, etc, Vous avez oublié votre théorie et vous n'osez pas constater que Germai.ne en sait plus lonig que vous là-dessus. ]'arrive au fairt: ne communiez ,pas demain, ,i l faut avoir le 1.'eltl!l)s de me_ubler 1out ~ ;pour .le Bon Dieu; seulement, tous les soirs, avan.t de vou,s coudher, vous vous mettrez à genoux: vous entendez: â genoux, devant Je crocifix qui a reçu le dernier soupir de vortre femme - je sais bien qu'i'I est à la tête de votre lit - . et vous lui ferez une prière d'a ns ce genre: • !Mon Dieu, s'agit pas de ça! faut que vous me tendiez '1a perche. Il y a une masse de mes camarades qui pratiquent, H y en a même, et des meilleurs, qui ont été de vrais caPotins, Sonis, Courl>et, Mîritbel et autres! Fawt ,que vous me fassiez voir clair dans toutes- ces histoires-Il. L'arbre tombe où H penclte, ~e veux tomber du bon côté, seu!Iement, !ll01ltrez~le moi. ·Et ,puiis, toi, ma pauvre bon-

ne Louise, qui étais si pieuse, tu dois ~ au ciel ; Je contpte sur toi pour ri,ousser à la roue. Ainsi-soit-il. » Samedi matin, je serai chez vous, 1je vous montrerai comment on se confesse; et, cümanche, vous mettrez du bonheur sur .Je Iront de tous ceux qui vous aiment et vous savez si 1je suis de cettx·iUI.! L' Abbé ,N · , .

Dimanche matin. Debout deva11! ,s,a glace, les brelelles pendanites, le 'grand-père se rase; mais, sur sa figure, i1 y a une fou1le d'endroits dangereux. Vlan! une 'boutonnière!! juste sous le nez! Vlan! une autre sous le menton! Powr un peu, il ~urerait comme un païen, mais il se retient tant qu'il peut. 1En[in, c'est 'fini! . . . Et ,pendant qu'il' s'essu,ie énergiquement, en sou~Ha-nt au travers de ses moustadhes, il sent qu'il se passe quel. que ·chose. ll se retourne. c'est Germaine! - Veux-tu que Je te fasse la Taie! - C 'est çà, et mon nœud !(le cravate pardessus le marché! ,Le grand,père s'est assis dans un fauteuil, a mis les deu~ mains sux ses genoux, et lève la tête tant qu'il faut, pour que sa m01.1che à 1i'ITijpériale n'aille pas chatouiller le nez de sa petite-füle, et Oennai,ne, deibout en face de lui, reçoit eu !Pleine figure le aoli soleil d 'a· vril qui semble mettre il.1l1 nimbe d'or autour de sa lite. On dirait - un ange venu là pour tout pr~arer, mais ,un. ange exœssivement ma.lin, et B y a towt un monde de diplomatie au fond de ses yeux bleus. - Comme tu vas tôt à 1a messe, aUljourd'huil ., - Hum!! . . . Hum!! . .. entonne le colonel. - ,f audra-t-y a,pporter ta fasse de choco• lat avant ·la messe? .. . - Non . .. aprèSJ! .. . Et Germaine, qui a compris, sourit doucement en montrant toutes ses petites, dents du fond, et lui noue ses deUJt [bras a utoll!I' du COU:

-

Tiens, tu es le me,il!leur de tous les

annds-,pa,pa.sl . . . et je t'embrasse . . . de Ja part du bon Dieu,! ... - Allons!. . . Allons! ... rfyond le vieux soldat, qui retousse tant qu'il i,eut. Et, œ matin de printemps, il 111'y eut ~as de fleur .plus fraîche, .pL'u.s épanouie, 1que la petite Germaine! Pierre L"ERM,rnE.

Les pieds du Capucin ,Le tramway Châtelet-Bicêtre. Il pleut, tout ,pend, tout ruisselle !amen· iablement: les gouttières du !bureau, les deruières 1euilles des arbres, les moustaches cirées du contrôleur, les ,parapluies des passants. Sur l impériale, pas wn chat 'L'intérieur est plein de tout: enfants qui piai lient, fommes revenant des halles, chargées de paniers énonnes, gros voyageurs, petits trottins, en cheveux, serrant contre elles leurs cartons à chapeaux et qui se blottissenlt frileusement dans un coin avec des mines sou:frfrantes d'oiseaux mouillés; messieurs secs et chics, gilet blan<i, 120 francs par mois, un enfant, lisant leur dournal et payant les six sous d 'un air superbe, s1111s regarder le contrôleur. ,Et, par-dessus tout cela, une buée lourde, humide, qu.i se colle aux vitres, et donne à toute la voiture un air maussade, grognon, énervé. Subitement, tou,tes les têtes se retournent ·. un religieux entre, pieds n11!1, - Tiens, un Capucin! Pour le peuple, tou:s les religieux déchaussés sont des Capucins. Or, un Capucin, c'est 1.oujours un événement. Mais quand, par un .jour de pluie, iL entre pieds nus dans uu tramway, le capuchon relevé menaçant le ciel, et, avec un bruit terrible de chapelet, s'assied résolument en1re un monsieur furieux et une dame effrayée, t1 devient aussitôt le clou vainqueur qui force l'attention générale.

Ohacun eu rentrant chez lui l'e soir, le mari eu ac::Cochant sa casquette, la petite mod'iste en piquant son épinile dans son chapeau, dira: - Tu ne sais pas~.·.? - Non. - 1Eh bien, j'ai p~iJ le lramway pour revenir . . . . - ... !Mais . .. comme d 'habitude . - Oui, seulement, ce soir, il y avait un Capucin! - Ah! pas possible! Et comment qu'il était. . . ? - Un grand, rbel homme, l'air décidé, qui regardait bien en Œaœ; pas du tout comme ceux du. journal à .Plumard. - T'as vu ses pieds? . . . - Oui. . . H en avait deux, etc., etc. Est-ce jalousie? est-ce acacia? Mais le gros bonhomme, à bâbord du.quel le brave Capucin avait élu domidle, commença tout de suiîe- l ronchonner. - DégoO.tant! . .. Peuvent donc pas s'habiller comme tout le monde! .. . - iMais, •M onsieur . . . et la liberté? . .. dit carrément Je religieux, et d'une voix très calme, la voix des forts qui ne songent même pas à avoir peur. - ,La 1,iJberté . . . possible, Monsieur, mais le goOt!. . . Dans une nation aussi artistique que la nôtre, on devrait vous empêcher de sortir. .. si œ n'est à lïntérieur!.,. le religieux, une seconde, considère le turbe hérissé par la ,pluie qui orne le chef de son voisin, son col en celluloïd, son ,plastron découpé, la oaquette et le pantalon étriqués qui laissent passer la patte de la chemise, et déjà un sourire .ironique erre sur ses lèvres quand, de la banquette opposée, arrive u11 secours inat~ndu: - Pardon, !Monsieur, vous avez tor t, répond un voisin, un peintre sans doute, rien ne fait mieux dans un tableau que la robe de bure d 'un moine! Et c'est autrement beau que les deux tubes où nous enfilons ,nos tibias! .. . Alors la discussion se corse; tout le lrant-


118

112 est attenüf, le con.duci:eur peut à peine se frayer un passage au milieu des visages penchés pour mieux voir; •le Capucin a complètement r-éveiNé la voiture. - Mais l'hygiène!. .. crie le Muflo. Vous n'allez pas me faire croire que ce sac-]~ est hygiénique? - ,Bien plus que le vôtre!.,. 11 pleut.,, . Je .relève mon capuchon; il ne ,pleut pas?, ,· Je le rabaisse; votre chapeau à vous ne vous protège rien du 1out. - lM'ais vos pieds? ... - Qu'est-ce ,q ue vous leur voulez? - Ils sont trempés .... - Pas tant que vos petites bottines . . .. Et faurai1 les pieds c'hauds avant vous. Et veux mettre un vêtement puis, après? ... Si qui ne soit pas hygiénique?... Vous te11ez. 1donc tant que cela à la vie des Capudns? -Wày

oe

Dans le tramway on :prend parti .. . .

- :ParfaHement, il a raison, le Capucin! On a la Ii'berté ou on 11e l'a pas!. . . Du mo• ment qu'il paye ses six sous . . . , pas vrai . . , ? Après tou1, son froc prend moins de plaœ que les robes des Œemmes .... Et puis, il est vieux comme le monde, ce costume-là! Mais 1Muflo se retourne, les yeux ronds, furieux .... - ·Est-ce que je l'insulte, ton Capucin! . . . C'est ses pieds . . . - Ses pieds! . . . Et les tiens ... ? Montre-les donc, les tiens! ... Parfaitement! . . . Montre-les! . .. Tu vois, tu n'a· ses pas! Je suis sûr qu'ils doivent être répu.g nants!. .. C'est tes pieds! ... tes pieds! ... tes pieds! .. · C'est !es pieds qu'il nous faut!. ..

\Mu!lo alors se lève, digne mais vexé; e[ en passant devant 1e religieux, il s'arrête co1r:1me s'il eût voulu, maLgré tout, laisser une bonne impression: - C 'est égal moi, de vous dis, mon opinion, il est rudement pitoyable, en plein vingtième siècle, qt1'un homme connne vous se fasse Capucin! ~ ... ,f.t pou:rquoi cela . .. ?

- Ah! si vous étiez cagneux!. . . Si vous ne pouviez ,p as faire autre chose! , .. ~ ... Oui, dit le religieux, seulement les restes pour '1e bon Dieu, n'est-ce pas?. • · , C'est toujours assez lbôn pour 'Lui, d'après vous; pas vrai ... ? - iEn:fin, moi, ge ne comprends pas ça! - .Pauvre dher ami! conclut le Capucin en fo,i tendant .la main, et en le regardant avec une grande expression de pitié, il y a tant d'autres choses que vous ne comprenez pas!

PlEIR~E L'ERMITE.

IIN11ERROOiAiTOLRE OOMIIQUE L'autre jour au tribunal de police un va· gabond, très instruit, comparaît: - Votre nom? - Onésime Pfomard, c'est ainsi qu'on MC nomme. - Vo'tre âge? - Voi~ bien 50 ans que ge suis honntle homme. -

Votre domicile? ,I,a, 1erre est mon seul 'lit, mon rideau

le ciel bleu!

· - Voire profession? - Aimer, chanter, prier, croi·re, espErer en Dieu .... - Vous avez volé un pain, , .. - J'avais faim, magistrat; aucune loi du monde [gronde. Ne saurait rn'arrê!er lorsque U'estomac - Vous êtes un homme instruit, ;pourquoi n'écrivez..yous pas comme ,v ous parlez?. - Hélas! les 6:1.iteurs sont de 'ier"ribles. gens, Qui se montrent pou~ nous assez peu comrplaisa,nts, [cher maître, • Quand vous serez célèbre, ont-ils dit, mo11 Nous nous occuperons de vous faire cow.naître. > L'infortuné poète esi c<>ndamné à vinfl:quatre "heures de prison.

Il se retire en disant : - Oh! magistrat, merci! . .. Ton arnt me [nourri! sourit, Car 1pendant un grand ~our 1~ vais êtrt

Mois du Sacré-Cœur Après J.e mois des fleurs, consacré à la Reine des Cieux, l'Eglise nous invite à consacrer le mois des fruits au Sacré-Cteur de Jésus; elle nous engage à aller de la « toute puissance qui prie> à la miséricorde infinie qui se donne. ;Marie est Ja voie qui mène à Jésus; l'esprit <le Marie, que nous avons étudié pendant ces trente jours de méditation, nous l"emprunterons ,pour mieux connafüe le cœur de Jésus, nous emprunterons son cœur pour l'aimer. C'est par Marie que Jésus a décidé de se d9nner à nous; c'est donc à Marie qu'il faut demander Jésus . .A n'en pas douter, bien des grâces pendant les 31 jours sont descendues sur nos âmes, sur nos familles, "Sur nos paroisses. 1Mais nous aurons garde d'oublier que Marie n'a d'autre désir, d'autre raison d'agir et même d'exister que pour glorifier Jésus-Christ. Après le mois de Marie, faisons maintenant, avec non moins de ferveur, le mois du Sacré..cœur. Les Souverains Pontifes Pie IX et Léon XIII, de sainte et illustre mémoire, plaçaient toute leur confiance en la dévotion au Sacr~ur: L'Eglise et la société n'ont d'espérance que dans le Cœur de Jésus; c'est lui qui guérira tous nos maux. » ('Pie IX.) 'Léon ~HI a appelé le culte <lu Sacré-Gœur: « le nouveau labarum » , le signe de salut des temps modernes. C'est le culte de l'avenir, le culte des derniers temps du XIXe siècle a pu s'aP._peler le siècle de Marie, le XXe siè. cle sera celui du Sacré-Cœur.

Avis d'une mère à sa fille (Fin.)

Soyez inviolable dans vos paro,les, mais, pour ,leur acqu~rir une entière confiance, ,on-

gez: qu'il, faut u.ne extr!rne dilicateese l lés garder ·Respectez la vériié, m!me dan.a - lea choses indifférentes; songez que rien n'e&t 1i tuéprisable que de la ,bJesser, On a. dit que le mensonge fait voir que l'on méprise let dieu:X et ,qu'on craint ~es hommes; que celui• là est semblable aux dieux, qui dit la vfrit6, et qui fait du bien. Il faut aussi tviter IN germents; la ·seule ,parole d'une honnête per• sonne doit avoiT toute ~·autorité des &er·

ments. :La politesse est une envie de plaire; la nalure la donne, l'éducation et le monde l'augmentent. ,La politesse est un suppltment de la vertu; on dit qu'elle est venue dans I.e monde quand cetie fi,JJe -du ciel l'a abandonn6. Dans les .temps les plus grossiers, où la vertu régnait davantage, on connaissait moins !a politesse; elle est ,venue avec la voluptt; elle est !a fille du luxe et de la délicatesse; on a douté si eUe tenait plus diu viœ que de la vertu. Sans oser décider, ni la définir, m·ea!il permis de dire mon ·sentiment? Je crois qu'elle est un des plus gxands liens de li société, pu:i&qu'elle contribue i1e plus l la .p1.i:1; elle est une préparation à la chant,, une imi-

tation même de l'humilité. La vraie politeia est modeste; et, comme eWe cherche à plaire, elle sait -que les moyens pour y réussir, sont de faixe sentir qu'on ne se .préfère point aux autres, qu'on leur donne le premier ralli dans notre estime. L'ol'lgueil nous sépare de la société; notre amour-propre nous donne ,un rang à part. qui nous est toujours disputé; l'estime de soimême, qui se fai~ trop sentir, est presque toujours punie par ,Je mépris uni·versel. La politesse est l'art de concilier avec agrément ce qu'on doit aux autres et œ qu'on se doit à soi-même; car ces devoirs ont leurs limites, lesqueLles pass4es, c'est flatterie pour les autres, et or.gueH pour vous; c'est la qualité la plus séduisante. Les personnes les plus polies ont ordinairement de la douceur dans ,tes mœurs, et de! qualités hautes. C'est la ceinture de Vmus; elle embellit et donne ües. grâces l !ou! ceux


11' qui la portent; avec eHe, vous ne pouvu manquer de ,pl<aire. Il y a bien des degrés de politesse : vous en avez une plus fine, à. proportion de la dé· licalesse de d'esprit. Elle entre dans toutes ·vos· manières, dans vos discours, dans votre silence même. L'exacte politesse deend qu'on étale avechauteur son espr,it et ses talents. II y a aussi de la' dureté à se · montrer heureux à la vue de certains ma,Jheurs. li ne fau1 que du mon:de, pour polir les manières ; mais il faut beaucoup de délicatesse pour faire passer la politesse jusqu'à l'esprit. Avec une politesse fine et deicate, ou vous passe bien des défauts. et on étend vos bonnes qualités. Ceux qui manquent de manières ont plus besoin de qualités solides, et leur rq,utation se forme lentement. \Emin, ],a politesse coQte peu et tend beaucoup. Le silence convient toujours à une jeune personne; H y a de la modestie et de la dia-nité à le garder; vous jugez les autres et vous ne hasardez r.ien. Mais ,gardez-vous d 'a. voir un silence fier et insulitant; il faut qu 'il soit l'effet de votre retenue, et non pas de voire orgueil. Mais comme on ne peut pas toujours se taire, il faut savoir que ,la première règle pour bien parler, c'est de bien penser. Quand vos idées seront nettes et démêlées, vos discours seront dairs. Qu1ils soient remplis de pudeur et de bienséance. Respectez dans vos discours les préjugés et les coutumes. Les expressions marquent les sentimen ts, et les senlirnents sont les expressions des mœurs.

il faut surtout éviter ie caractère plaisant, c'est touijours . un mauvais personnage, et rarement en faisant r ire se fait-on esti rner. Ayez attention aux autres bien ,plus qu 'à vous; 5<?ngez plutôt â les faire valoir qu 'à briJ.Jer. Il faut savoir bien écouier et ne montrer, ni dans ses yeux, nj dans ses manières, 1,1n air distrait. Contez peu; narrez d'une manière fine et serrée; que ce que vous direz ~oit neuf, 011 que le tour en soit nouveau . Le

monde C&I rempli de gens qui portent des sons à l'oreille sans rien dire à l'èsprit. li faut, quand on parle, plaire ou instruire. Quand vous demandez de ,l'attention, il faut la payer par l'agrément. Un discours médiocre ne saurait être trop court. Approuvez, mais admirez rarement ; l'admiration est le IPar.tage des sots. Eloignez de vos discours l'art et la finesse; la pr incipale prudence consiste à pa,rler peu et à se défier p J:us de soi-même que des autres. Une condnite droite, la r~putation de probité, atHrent plÙs de confiance et d 'estime, et à la longue plus d'avantages de la fortune, que les voies détournées. Rien ne vous rend diille des plus grandes choses et ne vous met audessus des autres que !:exacte probité. Accoutumez-vous à avoir 'de la bonté et de 1humaniié pour vos domestiques. Un ancien dit: « qu ï l faut les regarder comme des amis malheureux •. Songez que vous ne devez qu · au hasard l'extrême différence qu'il y a de vous à eux; ne leur · faites pas sentir Jell,l' état ; n 'appesantissez point ,leur peine; rien ,n 'est si bas que d'être haut à qui vous · est soumis. N'usez ,point de termeg durs, il en esl d'une espèce qui doiveni être ignorés d'une personne polie et délicate. Le service étant établi contre J'égali1é naturelle des hommes, il faut l'adoucir. Sommes-nous en droit de vouloir nos domestiques sans défauts, nous qu i leur en montrons ious les .j ours? Il faut en souffrir. ·Quand vous vous faites voir pleine d 'humeur et de colère (car souvent on se démasque devant son domestique) quel spectacie n'offrez-vous ,poi.n1 à ,Jeurs yeux? Ne vous ôtez-vous point le droit de les reprendre? Il ne fau t pas avoir avec eux une familiari té basse ; mais vous leur devez du secours, des consei ls et des bienfaits proportionnés à votre étal et à leur besoin. Il faut se conserver de l'autorité dans son domestique, ma.is une au torité douce. Il ne faut pas aussi toujour s mena cer san s châtier. de peur de rendre ,les menaœs mépr isables; mai s il ne faut appeler l'autor,ité que quand

116 Ja persuasion manque. Songez que l'humanité et Je christianisme égalent tout. L'im,patienœ et l'ardeur de la jeunesse, jointes à la fausse idée qu'on vous donne de vous-même, vous fon t regarder les domestiques comme des zens d ·une autre nat,u re que la vôtre. Que ces sentiments sont contra.irea à la modestie que vous vous devez, et à lll}Jumanité que vous devez au.x autres! N'ayez point de goût pour la flatterie des domestiques; et pour empêcher l'impression 'lue leurs d,iscoun tlatteura, et souvent répétés, rpeuvent faire sur vous, songez que ce sont des gens payés pour servir vos faibles· ses et votre orgueil. Si par malheur, ma füJe, vous ne suivez pas mes conseils, s'ils sont perdus pour vous, ils seront utiles pour moi; par ces préceptes, je me forme de nouve1les obliîations. Ces ré-flexions me sont de nouveaux engagements pour travailler à la vertu. Je fortifie ma raison, même contre moi, et me mets dans l.a nécessité de lui obéir, ou je me charge de la honte d'avoir su la connaître, et de lui avoir été inHdèle. Rien de pLus humiliiant, ma fille, que d'6crire sur dea matière• qui me rappellent toutes mes .fau{es; en vous les montrant, je me dépouille du droit de vous reprendre, je vous donne des armes contre moi; et je vous permets d'en user, si vous voyez que j'aie les vices opposés aux vertus que Je vous recommande ; car les conseils sont sans autorité, dès qu'·ils ne sont pas soutenus par l'exemple.

Gendarme et Capucin ,Oans une paroisse du diocèse de X. , un Père Capucin prêchait 1a retraite prépa:ratoi·re à une première communion. Il y avait dans cette ip.aroisse l\lll vieux gendarme en retraite, grand ami de d'ord:re, mais ennemi juré de tout œ qui concerne la religion. Cet homme, qui ne manquait pas d'esprit et qui exerçait de ,J'influence sur ses concifoyens, em.ployait l'un et ]',a utre l faire fchouer l'e.eu-

vre de Dieu. Un jour entraîn~ par je ne sais quoi, il va au sermon, comme les autres, ou pour mieux dire, après les autres, car, lorsqu'il arriva, le sermon était déjà au milieu. C'étai t le 1undi de .Pâques: en ce moment lt prédicateur établissait 1a vér.ité de ,Ja R~ surrection. • Commeni! disait Je missionnaire avec cha1eur, comment la garde se seraHelle laissée vaincre par des hommes timides, inexpérimentés et sans armes, tels qu'étaient les apôtres? Les militaires ne se laissent pas vaincre ainsi • la garde meurt et ne se rend pas. • Ces dernières paroles n'échappèreni point 1 notre ·vieux gendarme. • Ce missionnaire fait le brave, se dit-il, nous verrons s'il le Iera :toujour!o\ » A peine fut-il rentré chez lui, qu' il envoya dire au ·prédicateur: • Vos paroles d'hier m·ont ta.it comprendre que vous saviez ma· nier les armes: si vous êtes ,tel que vous paraissez, venez sur le terram, oe vous attends.• Le missionnaire, sans se troubler, .répond au messager : • Dites-1ui que j'accepte, qu'il vienne demain, à midi, à la cure avec .ses deux témoins; moi, les miens sont: M. te curé et M. le vicaire, » Le lendemain, à l'heure dite, heure militaire, mon homme arrive avec le pharmacien et son neveu: c'étaient ses deux témoins. On éctuu1ge quelques :pa.role&; tout en causant, le missionnaire fait signe à tous les assistants de le laisser seul avec ter•rihle provocateur,. Voil?i. donc les deux duenistes en face l'un de ,l'autre. « Oier ami, dH le missionnaire, j'ai accepté le duel; ma parole eit donnée, jo no ~ cuJe pas. Seulement, vous etes p lus habile ,que moi (on m'a dit que vous en aviez étendu dix-sept sur le carreau); vous m'avez provoqué; vous me laisserez bien au moins 1a Ja~ ,cuJté de détermi.ner le genre de ,combat. »· Le viemc gendarme incline la tête en signe de consentement. Alors Je missionnaire s'assied sur une chaise comme quelqu·un qui va confesser. • .Yoilà, dit-i1, mon iénre de -combat: mettez-vous Il, à genoux! - Mais il ne · Ecoutez: vous a'~it pas d·e confession.

ce


l 111 ttravez provoqué, j'ai denian<fà l choisir le ~ e de combat, vous avez consenti; si main-

tenant voua refusez, vous êtes vaincu, j'ai droit de vous prendre pollŒ' un Jâche. • ·Pour ne ,plus entendre cette épithète, le gendarme se met à ecnoux: • ·Mais, disait-il, je ne veux pas me confesser, nom de nom! - Eh bien, non, ne vous confesse-z pas; faites seulement le Slip de .la croix. ~ Mais je vous dis que ~ ne wux ,p as me confesser, -n om de nom! - C'est entendu, vous ne vous confesserez pas; mais faites le signe de la croix. Je saii bien ,ourquoi vous ne voulez pas le faire, c'est parce que vous ne Je savez pas; vous rovs m!lez de religion, vous bifes le savant et vous ne savez pu faire le sign.e de la croix. - Je ne le sais pas! je vais vous Je 'faire voir. • r'E.al ~ tellils il rporte sa main à aon front, à sa poitrine, à ses épaules, et fait \ID e:rand siiim,e de croix. c Bah! vous save1 Je aime de Ja croix, les petits enfants ,Je sa· vent a.usai; mais je suis bien sûr que vous ne savez pas: • je me confesse•. i - Moi! ne pas savoir .... ~ me confesse.! j'ai él6 enfant de chœur! • Et aussitôt il commenœ majestueusement en latin: c Confiteor Deo omnipotenti ... • Arrivé à c mea culpa.: • Assez dit ~ missionnaire, on s'arrête J.à. Voyons, n'est-a pas vrai que vous avez ûtit ceci, que vou1 avez fa.it œla? ~ Mais ,je ne veux pas me confesser nom de nom! - Cest entendu , la.iuons la confessioo; seulement je veux de· v-incr tout œ que vous avez fait. • Il passe donc en :revue Jes commandements de ,Dieu et de l'Eglise, et le gendanne, à mesure qu'on les d&oulait devant Jui, par un sif!le de _talc, rtpondit c oui· • ou c non ». • franchellllmt, dit a.lors de minionnaire, je suis obligé de l'avouer, ~me en ce a-enre de combat, vous m'avez vaincu; je ·voulais vous faire confesau et vous l'avez fait. - !Mais je ne veux pas me confesser! - Mais .c'est fait; maintenant ,je ne pwis pas vous déconte,ser. Si vous nez l votre duel, ..si vous avez du cœur, si vous. êtes un brave, venez demain à ,!a même heure; cette fois-ci c'est moi .q ui vous provo· que. • Ce vieux ge,ndarme, qui ne savait plus o1) il en ~tait, ne ,sait que répondre ces mots:

• Noua verrons. • De toute la nuit il ne put fermer J"œif, tellement iL était émU de ce qui s'élait passé entre dui et ,le missionnaire: c Je voulais le prendre, disait-il, et il m'a pris. Si je me confessais tout de bon, je ne fera is !f)aS tant mal, puisque c'est commencé; mais qu'est-ce qu'on dira de moi? » Il entendait dans son cœur deux voix, l'une qui lui disait: • N 'y va pas• , l'autre qui lui criait: c Marche, avance, va, autrement fo es un liche! • Il 1inif par se décider. Le lendemain il va trouver de nouvea·u le missionnaire. Toul d'abord il lui déclare qu'il ,vient pour refa ire ce qu'il n'a pas bien fait la veille. La con!ession terminée, Je vieux i~nd:arme se relève. • Tout va bien, mon Père, mais il reste une chose qui me fait grand 'peine. Co,:nmenl oserai-je faire la communion devant tout Je monde moi qui en ·ai ,tant di1 ,èontre la confession, contre le~ prêtres, contre la relirion? qu'est-œ .qu'on va dire? - Allons, courage! réplique tout simplement le missionnaire, est-ce qu'un gendanne a peur? • .Pendant ,t rois ou quatre jours il se passa dans son âme une terrible lutte: il sentait que ses amis allaient rire de J.u.i, il sentait aussi que c'était le devoir. Plus d'une fois il fut sur Je point d'aller irouver le missionnaire pour lui demander s'il ne pourrait pas communier secrètement; c mais œpendant c'est de la lâcheté•, se disait-il. ,Enfin, Ja grâce l'emportant, il s'écrie résolument: c Ad'vienne que pourra, je vais remplir mon devoir ; les hommes sans valeur me blâmeront, mai1 lu gens sensés me loueront de revenir l la sagease après de si longues 'folies, et surtout . j'aurai Dieu poll'I' moi. • Trois ou quatre .jours après, mettanl de côté tout respect humain, il s'est avancé le premier à ,Ja table sainte. Que s'était-il passé en lui? Après 1a messe, il se rend à la sacristie; •les larmes ieoulaienl de ses yeux: il embrassait le eu.ré, il embrassatt 1-e viicaire. sans pouvoir dire un mot. Quand il put parler: c !Mon ,Père, dit-il, que je suis h~ureux! que je suis content! Napoléon le disait bien, que le plus beau jour de s a vie avait

été ce'. ui de ,sa !Première eommuniou. Jusqu'i ci je n 'avais pu le croire; mais maintenant je le comprends. • Et k 'brave gendarme est i1t1ort ,aprèa avoir persévéré .jusqu'lt la fin.

Travail et succès Dans la société, aussi bien qu'à l'â:ole, le travail est recommandé, Je travail est encouragé, le travaiI est d' une manière ou d'une autre récompensé. ~dant il n'aboutit pas toujours au succès, soit ,que 'l'effort n'ait pu été adéquat au but envisagé, soit que les instruments fussent défectueux, soit encore que l'on ait opéré dans des circonstances ,peu favorables. Autre chose est de naviguer avec le vent debout, autre i:'.hose d'avoir le vent en poupe. On dit bien que la fortune favorise ,les audacieux, • audaces fortuna juvat ». Oui, mais on soutient en même temps que le travail opini,â tre vient à ,b out de tout, • labor improbus omnia vincit •: double affirmation qui est contredite par l'expérience. Ces locutions, boniments opportuns ,pou:r encourager l'effort, doivent être prises avec un 2'rain de sel , « cum grano salis •. (Excusez-moi de par· Ier latin : le c ,Médecin malgré lui », un simple bûcheron., le .faisait bien, si l'on en croit Molière,) Est-ce que tous les élève& décrochent la timbale au haut du mât de cocape de la science? Est-ce que tous les bûcheurs re~rtent Je prix d'excellence? On a raison, dans quelques êfahlissements d'instruction .pu1J!.ique, de décerner des prix de • diligence •, voire de c bonne volonté », afin que soit recompensé le travail, que le succès n'ac• compagne point. Honneur au courage malheureux! Certains parents ne comprennen,t .p as cette inéluctable condition des choses, et s'imaginent qu'il leur suffit d'envoyer 1eu:r fils da.as ttn gynmase, leur fi.Ile dans 11n institut de hautes éludes, pour qu'ils en sortent phéni"J'.

patentés. Autant vaudrait lancer au firmamen t une maigre fusée, en lui intimant l'ordre- de deveuir étoile de ipremière grandeur, Le Créateur n 'est pas ;dans les mêmes idées qu·eux, et sa voix est prépondérante. Il ne vaut même pas la peine de plaindre l'enfant qui ne .moissonne pas le laurier à pleines brassées. Peut-être traverse-t-il celte période de croissance où les facuMés intellectuelles so11t ,plus ou moins nouées. Peut-être ·s on esprit, main{enaut fermé, s'épanouira-t-il dans la suite, tel un bourgeon tardif. Alor~ on verra ces ta,r digrades cheminer avec des bottes de sept lieues et devancer de beaucoup les forts en thème. Pour nous, gardons--nous de travailler uniquement en vue du su<:cès. L 1Ecritu:re nous affirme ·que l'homme est né pour travailler, connue J"oiseau pour voler; elle ne garanti! pas la réussite, elle n'assure pas que le tr a, vail produira de toute nécessité des fruHs mirobolants. Vive labeur! c Allons à l'ouvrage, oui marchons; sans perdre courage, travaillons. • Le succès viendra, s'il plaît à Dieu, En cas de réussite, nous Je remercierons. A· près un échec, nous nous résignerons d'abord: puis, nous nous préparerons de nouveau à l'examen où nous avons été malchanceux; nous risquerons une fois de plus l'o· pération commetciale où notre attenle a lté trompée; nous nous remettrons à tailler le bloc dont nous voulons faire un dieu, une table ou une cuvette. N'oublions pas surtout que nous avons besoin de la collaboration divine. Il ut facile de s'en rendre compte .par quelque& exemples. Sur la terre Labourable, le cultivateur épand des engra.is liquides ou solides, il dose les amende~ts, il trace des sillon~; ou bien i1I bêche et pioche; a taille, émonde, anose. Cela suffit-il? Non, chacun sait que Dieu doit intervenir. ,Le frère de ce laboureur se voue à l'apostolat. Lui aussi a besoin de ,Dieu. Les champs de ,l'apostolat pourront être- fécondés par ses suetus. Malgré tout, il redira les paroles de !'Apôtre: • Ces-t moi ,qui ai :p1anté, c'est


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tl8 Apollon (mon sucœsseur) qui a arro~, mai s c'est Dieu qui a donné l'accroissement." AJdons-nous, le Ciel nous aidera. Utilt• sons nos .facultés, tendons les ·r essorts de notre activité, déployons énergi.e ci persévérance. Que si nos efforts ne réussisse11t pas au flré de nos désirs, nous aurons fait notre devoir et nous pourrons redire cc vers de M . de Laprade: • IJ..a gloire est dans l'effort, qu ' importe le succès?> Joseph MENARD. (,,Causeries:')

Un mariage fin de guerre (Nouvelle humoristique.) Félix Coquetier avait été bien des fois agité par des alternatives de décisions et d"hésitations; i.lJ avait pesé le pour et le contre, avait examiné sérieusement les avantages et les inconvénients du ·mariage; finalement, il avait pris son parti de demeurer célibataire et ,quand on lui demandait pourquoi il n'a· vait .pas pris iemmc, il r épondait: • Jusqu'à présent, j'ai été très occupé et n'ai pas encore eu le loi11ir de me muier. » 1..a i'UCITC Je trouva dans ces dispositions. li fut mobilisé, partit au front, fit son devoir de bon ,p atriote avec une ardeur et un zèle qui lui valurent le croix de guerre et la mé· maille militaire. Pendant ses permissions de dix jours, les jeunes filles le rea-ardaient avec un intérêt qu' elles ne cherchaient même .pas à dissimwer. Leurs yeux brillaient en ,le regard,ant, Félix Coquetier devinait leur pensée qui était celle-ci: c Une femme peut s'appuyer avec confiance au bras de. celui qui s'est montré :brave dans la défense de sa patrie: il est capable ~ la rendre heureuse,• Dans la tranchée, Félix Coquetier, de son côté, avait réfléchi. La vie, dans le grand t umulte de chevaux et d'hommes, dans le vacarme des canons, lui avait donné un .g rand désir de paix, de calme, de tranquillité. L'ordinaire de campai'lle lui avait donné

se eouoiait peu de l'aquarelle -et de la man-

le godt d'une cuisine plus r afiin6e, le a-oti t de la saine et savoureuse cuisine bourgeoise, L'existence qu 'il avait menée en plein air, sous le soleil, sous la pluie, dans la bouc, dans -la neige, lui avait fait apprécier le char• me d'un intérieur d!iscret comme un nid. - Il se dit que le mariatre avait du bon, puisqu'il avait en outre cet avantage de fa ire obtenir deux jours de congé aux poilus. Deux oours loin des balles et des obus, loi,n de toutes les misères de la vie de campagne,· cela a bien son charme. féLix êoquetier songea également que la loi accordaH encore une permii.sion de 48 heures aux défenseurs de la patrie pour la naissance d'un enfant; le ma,r iage pouvait donc Jui faire une rente de deux jours de permission à loucher chaque année. Cette considération acheva de le décider : il résolut de se mar-i er. Il fit part de so11 intention à quelques personnes de sa connaissance et, à sa première permission de sept jours, on lui présenta trois jeunes filles également avenantes. L'une était mi11ionnaire; 1a seconde pratiquait tous ,les ar:ts d 'agrément: chant, mandoline, cuir repoussé, pyrogravlfil'e, littérature, tennis, loto, bridge, polo, da,nse, aquarelle, etc., etc. . . . ; la troisième ne se recommandait que par son esprit pratique. Tou1 en leur parlant, sans avoir l'air d'y toucher, Félix Coquetier, qui voulait judicieusement fixer son choix, les interrogeait: - Comment comprenez-vous la vie dans le mariage? demanda-t-il à la première. - Je veux qu'elle soit ;faite de voyages., de distractions, d'enchantements, r~pondH-eUe. - Hélas, pensa le candidat, cette jeune fi,Ue a encore des goQfis d'avant-guerre; or, en 1919, il faut être milliardaire pour être à son aise; les simples millionnaires sont des gueux. Je: ne puis pas, au, pr,ix où es.t le beurre, me mettre une millionnaire sur les bras; j'ai assez de charges déjt. 1La seconde étaH moins conforme encore à son rêve; il voulait une tpouse apte à faire une bonne mar;nan, une femme d'iutérieu,r et

doline. CelJe-ci saurait tout juste me taire vis-à-vis devant Je hu!l'fct, se dit-il, et il interrogea la troisième. - Je ne connais, répondit~elle, aucun art d'agrément, je n 'ai pas de dot, mais la guerre m'a donné du sens pratique ... . - Qu 'entendez-vous par là? - Je sais faire de la pâtisserie sans farine, du ifeu sans charbon ni bois, du civet sans lapin ; je sais faire la lessive sans savon, la salade saus huile, des .frites sans pommes de terre, le pot-au-feu et le ragoût sans via nde, Je vin sans raisin, les confitures sans sucre ni fruit, l'omelette sans œuîs ; je sais même faire cuire les aliments sans feu, avec une marmite norvégienne .. .• - Celle-ci est une perle, un cordon bleu, se dit Félix, e.t i,I J'épousa. · II esr heureux. IL a d~à rattrapé les 22 livres d embonpoint que la guerre lui avait fait perdre et qu'il estimait à 6 fr. la .Jivre. Cela fait 132 francs de moins à réclamer à l'Allemagne. 1MONT'EN AILLES.

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Le mendiant de Thanler ou le secret d'être heureux 11 existait au XWme siècle, dans 18. ville de Cologne, un, célèbre prédicateur nommé Thauler, fameux par sa science et par sa char ité. Un jour, il se trouvait à ·1'6î1ise, supp liant Dieu .de lui faire connaître le meilleur moyen de le servir. Sa prière achevée i} sort, et voit accroupi sur une des marches ' de la porte un pauvre à peine couvert de quelques hai Hons, et si défiguré q ue sa vue seu le excitait la pitié. Il avait la tête à moilié rongée par un ulcère, il avait perdu un 'bras et une jambe: et fout son co.r,ps était couvert d'horribles plaies. Saisi de compassion, Thauler s'approche de maliheureux, tire une pièce d 'argent et la saluant : - Bonjour, mon ami. - Merci , Monsieur, répondit le pauvre ; mais je n'ai jamais eu de mauvais jours.

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1,

Thauler crut que Je malheureux ne l'avait pas compris, et Jui rq,éta: - Je vous &0uhaite un bon jour: ie vous souhaite d'être heureux et d 'avoir tout ce que vous pouvez désirer. . - Je vous ai très bien entendu, Monsieur, rtpliqua .Je mendiant, et ae vous remercie de votre charité; mais je vous dis qu'il y a longtemps 'que votre souhait est accompli. T:hauler se disait à lui-iœme: Ce bonhomme a perdu la tête, ou peut-être est-il sourd C'est pourquoi, 11aussant le ton, il :ui cria: - Vous ne m'avez pas eniendu; je vous souhaite d'être 'heureux. - Pour Dieu, Monsieur, ne vous fâchez pas : je vous ai déjA dit que je vous entends très bien, et je vous répète que je suis très heureux et que je n'ai jama.is eu de mauvais jours. Un instant, lhauler le tint pour fou, mais il remarqua dans les paroles de cet homme, un certain air qui appela son attention. Il s'approcha de lui, s'assit à ses côtés, et Je pria avec candeur de Iu.i mieux exprimer cc qu H lui avait dit. - Monsieur, lui répondi t ce pauvre homme, c'est très clair Depuis mon enfance, je sais que Dieu est sage, juste et bon; depuis mon enfance, Je souffre de la cruelle maladie qu i m'a dévoré une grande ,partie dui corps; j'ai toujours été ,pauvre ... . Je me suis dit: Rien n'arrive sans la volonté et la permiss ion de Dieu . Le Seigneur sait mieux que moi ce gui me conviient, parce qae le Seigneur m'aime, comme un père aime son fils. . . . Je suis, par conséquent, bien sûr que ce!'souffrances sont pour mon .phis grand 'bien. Ainsi, je me suis accoutumé à ne vouloir jamais que ce que veut mon aimé et bon Seigneur ; et s'H m'envoie des maladies, je les reçois avec joie, comme si elles étaient mes sœurs; s 'H me donne la sant6, je l'accepte a vec plaisir; s'il ne me donne pas à manger, je suis content . de jeûner ,pour expier mes péchés et œux d'autrui ; si je n 'ai pas de quoi me vêtir, je me ra.ppehle mon Sauveur


uo nu dans la criche et sur la croix, et je me trouve beaucoup plu.s riche que Lui; si je souffre sur fa terre, je comprends que je serai beaucoup plus heureux dans le Ciel. Que vous dirai-je de plus? Je suis toujours content: el si je pleure d'Wl œil, je ris de l'autre, parce que je veux tout ce que Dieu veut, je ne désire que l'accomplissement de sa sainle volonté. Vous voyez donc, Monsieur, que je suis très heureux, que je n'ai jamais eu de mauvais jours et q11e j"ai tout œ .que je rpuis désirer. Thau:er pleurait en silence .... li n'avait jamais entendu un sermon aussi édifiant. Il donna au pauvre son manteau, l'W1ique pièce de monnaie qui restait diane sa bourse, et, malgré la plaie de la tête, il embrassa J"hom• me ave.c cf-fusion. fi rentra dans l'église, pour remen:.ier Dieu de Jlli avou enseigné le moyen le plus parfait de Je servir. H imita dans la sllite, autant qu'il put, ce saint pauvre, et il avait coutume de dire, en rappelant cette toudhante a venture: « le bonheur est ,posS'ible dans toutes le11 conditions, aussi bien pour le pauvre qut pour le riche, pour le malade que pour l'hom. me bien portant. Le bonheur est dans !e cœur et non ailleurs; il est dans la dispositiou et non dans la situaiion: c'est le secret d'~tre heureux.> Allez! et fai.-tes de même.

•••••• !UES VERTUS DES PLA:N'J1ES LE OERFlEUI·L Le œrieuil est une délicate e[ charmante petite plan1e cultivée dans tous les jardins et trop con-nue pour qu'·il soit nécessaire de la décrire ici . Elle appartient à la famiHe des ombellifères, comme la cigüe, cette perfide et V~""--·.· · pla.n•e qui ~nd l'an,nuence du .....,cu,cu;:,,c: " ·· - · - · ,...,,....... · pers1·,1 nrn ... mieux nous abuc·-'·u1·1 ou "u crn: "' r-t1er. ,Les effets de la cigüe, que l'on peut con. ..J.J_ avec 1e ce1aeU1 -< -1, son t s1· redou'-bl ruuure ... es , qu'il est bon d1indiquer ici Je moyen de les distinguer l'une de l'autre et, de ne ,pas se tromper. Le ceneuiJ dégage une odeur aro-

121 matiqu~ spéciale, caracléri~, fraîcll.ej 1t

f>C·

füe cigüe '.t'épand une odeur nau·sécuse quand ou Ja froisse; mais la cigüe aquatique, qui crnît dans les endroits humides, répand, elle aussi w,e odeur de cerieuil. Il faut donc prendre garde 'de ne pas les confondre lorsqu·on a un jardin situé dans un endroit marécageux. 1Le cerleuil a une fige san·s tache; la petite cigüe qui croît dans Jes jardins a des taches brunes à la base de la tige, qu.i permettent de la distinguer. La. cigüe contient de la conicine, qui esc un des poisons les plus r~outables-. Ses antidotes sont le tanin et l'iodure ioduré de potassium. Les semences de cerleu~I en décoctions sont stimulantes et excellentes pour l'eslo1t1ac. Les ieuil.les et les tiges de cerfollil en in-

fusions sont d,iurétiques et utiles dans tous les cas de rhumatismes, goutte, jaunisse, gn.velle, hydropisie. Fraîches, écrasées et a,ppliquées en cataplasmes avec du· sel et du vinigre sur les tumeurs et les engorgements, elles en opèrent assez rapidement la résolution . On les applique de ,Ja m!me ma.niêre sur les engelures et les dartres pou_r e.n supprimer la douleur. Le suc extrait d,u cer!euiol est employé en fomentation pour la guérison de l'ulcération et de l'inflammation des gencives; en gargarismes contre- les maux de gorge. Ce remède est efficace surtout chez les enfants. , Le pouvoir cicatrisant du suc de œr,ieuil est utilisé ,pour la dcatrisation des plaies rebelles et des ulcères. Bu avec du lait frais, Je jus de cerfeuil a une action remarquable contre l'enrouement, l'extinction de voix, l'aphonie. On l'emploie encore de la. m~me façon contre le catarr'he pulmonaire, l'asthme, la bronchite. 1Le cerfeuil: bulibeux est une variéié de œrfeuil dont la racine charnue folll'Oit un légume succulent; il a les mêmes vertus que le cerfeuil ordinaire et peut recevoir les mèmes applkations. Serge DA\lR!IL --.

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Pauvres petits ! L'INf'AN11l0I1DE •EIN CH·INE Dans ~a presse i,nféodé.e aux Lo~ on, 1. souvent tourné eu dérision l'œuvre de ia Gain· le-enfance l JaquelJle nos mères savaient nous ·inscrire, encore enfants, et nous apprendre à lui donne,r notre modeste obole. Se moquer de cette œuvre? Sait-on bien quels crimes elJle est appelée à empêcher? Un témoignage toût récent va l'a-pprendre b. ceux qui n'y croient pas ou qui feignent de ne pas le savoir. Da.us les faubourg.s de Sanghaï, au bout de la graa.de aven,ue Joffre, s'élève le Senmou-yeu, ou Je • gat:din de la sainte Mère•: c'est l'établissement des Religieuses Auxiliatrices. Dan·s cette maison se 1rou-vent Jes preuves vivantes, - moUJrantes, hélas! - d'une pratique encore usitée dans la Chrine païenne, ~·abandon criminel des enfant!. On verra , hélas! si HEuvre de la Sa1oteE.nilanœ a torl de l!'ecu.eHlir des aumônes pour combattre ce füéau; J',ins1itution n'est pas surannée . Le fléau ,pers,iste. Les ,,Etudes" ont publié Je récit d 'une 'Visite au Sen-mou-yeu, faite par ie R ,P. <Pierre Mertens. Nos lecteurs trouveront i'Ci qtœlques extraits de cet article. Dan.s l'asile de Sanghaï, on :recueiHe les enfants, on les baptise, 1es nourrit, les soig111e et à vrai dire, :la plupart n'entrent dans cette maison, que pou:r y voler au paradis: quand ils arrivent, ils ont déjà trop souffert, el il n'y en a pas deux sur cent qui survivent. Je parcours avec émotion ces dortoirs de mou· rants, de petits mourants de deux ou trois jours, écrit .Jie 1P. Mertens: murs nus e,(' tristes, pa'Vés de dalles bleues, rangées monotones de minuscules berceaux de Ier, morne silence traversé de vagiis·semenis exténués ... . Mais pour qui a ·ta foi, comme fout s'illlumine1 ce n'e<st ici en ·somme qu'un ves1ibu-Je du para· dis, où passent tous Jes ans q11atre ou oing cents élus de Dieu. Sur des cartons appendus aux tringles,

wnt inscrit« quelques in'd,ication;s pour le .prêtre baptiseur: « k baptiser; - ondoy~; baptisé· ·- confirmé· - baptist par des pro-

tes'lant;, etc.

>

·De piu.s, quand c'est possible,

un mot sur la iprovenanœ; et apr~ le bap-

tême, le pr&lrun qu'on 1. donn~. Tous tes iberœaux sont occu~, et 1ouvent sous la même couverture deux petits èorps eont coudtés côte k côte, 1les pieds de l'un près de I.t tête de faut.ce. Hs sont si menus, ,i fluets, et déjl si glacés qu'Hs ne se ~ nent nullement !'>un 1'autre. Quelques-uns pourtant semblent viables. Les pha.laages ita· 1tes sur le êouvre-lit propret, le biberon au:r ·lèvres, la médaHle de la Vierge au cou, les yeux demi-clos ils dorment de tout leu.r cœur, les lèvres souriantes de bien-être, · . , - llllusion hélas! nrur,mure !la Mt:re, qui me les Mes chérubrns me- eeronl enlevés avant huit jours; presque toits, mon Père, nous viennent avec !e cœur ou 'la poitrine md confonœa. - Et comment vou~ a.wivent-ilsP - Oh! de vingt façons diverses: le plus souvent, on sonne; c'est un chrétien portaut wi panier: ,une ou deux petiies !!tes sou.Jl,. vent •les cou.vero'I~; voill mes enfants qui m'arrivent. parfois, c'est une lemme, une fil. lette, un po1iœman qui m'en apporte un, l peint envetoppf dan1 un jottmat Il y t de& jours où un ~1 homme m'en •*e cinq ou six dans les corbelMes de aon bambou. H pa.raît qu'ils sont tous noÏl'S, les malheureux petits, .quand Us arriven\ car ils naissent sur de la cendre de pai'l!le brQI~, et 1es parett~s ne prennent même pa6 la peint de ~es laver ava.nt de les envoyer au Sen· ntou-yeu. · Nous totichons io.i à un point trè$ pEttible de ,notre su1~t: D'où viennent œs enfants?· Voilà une question sur laqueHe le missionll'aire qui aüne sa Ohine et ses Chinois vottdraH · se taire i jama,is. Mais l'intlrtt même des petHs Chinois exige qu'on ne passe ipas toujoul"S ~ côtl de <:es tristes ftritfs sans ,les dire. '1e docteur ,Mttigo.on, lone(elllpS m&lecin

mon~. ...


, 122 128 de la légation fotnçai1se l Pékin, a publiil un '1,i vre sou1s ce titre: « Superstition, Grime et Misère en Chine.• (Paris, 1900.) Sa condusion est que l'infanticide est Wquent en Chine, au moi·ns dans le Su:d et le Centre. Ces-t: contre ce terrible mai1 <}ue lutte la Saiate,-!Bnfance.

. Urie des premières causes qui on .recrute . les • nurseries •, et en partirulier ,ceHe du Sen-mou•yeu, c'es,i le mépris païen pour la femme. On n i.a pas Jd"ée des fureurs dans !esque1J·les entre ordinairement le Chinois païen quand il constate que son nouveau-n.6 est une hl:le : Ja !Üle, en Ch·ine, c'est J"-enf.a,nt inip:rotlutlif, qui longtemps ne peut servir qu'à ,p orter son [rère puiné. Sa1l!S doute, on pourra la vendre e11 mariage, pour 20, 30, partfois 50 piastres. Mais son entrefrien jus· qu'ît IJ.'âge n.ubi,le cofüe pLus. Donc pas de ,proportion entre ce qu'eNe dépense et ce qu'eJ.le rapporte. Alors que se passe•t-il? Par fois, l'assaSlsi:nat immédiat. 1p!,us souvent, l'intmse est je~e vivante à .Ja fosse d'aisances, au hurisson, t. l'égout. Mais si le Sen-mouyeu est connu , voil~ le port de salut pour la petite condamnée à mort! Son père la jette comme un colis dans une ha.rque qui passe, et les !bateliers fa portent au Sen-mou-yeu ofi on leur donne quelques sapèques. ,La scène revêt aus.si d'autres formes cachant toujours Je même égoïsme: à iJJa naissanœ de sa fille, le pète tempête, jure, se met à. la battre, à la brfüer, à déclarer à g.randis ,cris el porte ou· ver~ qu'it la tuera. Des cl!rétiens accourent, et s'olffrent à faire nourrir 1'i,nnocenle créat'ure. • Faites-:en ce que vous voudrez •, répond le père. S',i,1 hésHe, s'i,I fait le dütioile, on lui montre 1 ou 2 piastres, et le païen ne résiste guère à leur miroitement. Alors bien vite les chrétiens se hâtent vers te Senrmou-yeu cachant leur précieux butin. Que de fois, il est grand temps, et la petite martyre meurt entre les bras de la Mère qui vient de la bapl:iser. Parfois, hélas! il est trop tard; et la M~re m'appren'd, les larmes aux yeux, que la veHlc une !domestique rayant apporté deux petites

jumellle. dans U:l1e corbeil'k, eH• n'en uai"t

trouvl qu'ufle seuJe vivante. Un autre excellent recruteur des dortoi·r s où fon vole au ciel, -c'est la supersfüion, tant if est vrai que la PrO'Videnœ tire le, bien du mal. Le mioche a telle marque .s ur Ie front, sur rla joue, sur -La. poi'1:rinc; œtte marqu.c tsf le symbole du poignard par lequel il tuera son père ou !a rire; on Je supprime. Ou 1>ien on a tiré !':horoscope, et Je sourcier L prédit que ce ,garçon porterait ,ma.Jheur à la famille. On le tue; ou d·u moin'S on l'éloigne. N'est-il pas invraisemblable, cet empire que garde la supeœtition sur cette race, rnala'ri sa. civilisation millénaire? Pourtant de pareils faits sont innombrables, et on ne peut aucttnemen;t les révoquer en doute. Indliquons encore ,une cause de l'exposition des enfants et du .recrutenrnf du Senmou-~u: ~ tynnnie des belles-mères. La mère du mari jouit en Ohine d'un pouvoir discrétionnaire au loyer de son fils. M~mc 1

quand les parents veulent garder leur ,pro~itrure, ri! suffit du veto de œtœ marâtre pour que le nouveau-né perde le droit à l'existence. Ators œ sont les parents eux-~mes quii, ,su.breptiblement, le fout dêsparraître et ·l'en,voient chez les Mères. ]'aHais m'~loigner ,quand la .ret.irieuse me dit t,imidemenrt: • !Mon .Père, voulez-vous jeter un coup d'œil oor la sarHe :réservét où nous mettons ceux qui sont ~n train de mourr- ou ,attendent qu'on les enterre? .. . Je vous préviens que c'est al\f-reux. • -j'entre un 1nstant, c'e!st hor.rilble e,n effet. On ne peu1 se permettre une desOI"i.ption si triste. Ils sont ià sept moribonds de quelques jouM à peine, et un cadavre. A travers fa gaze d'un mous· tiquaire j'entrevois un petit hras maigrelet qui ·se lève, et deux ibea·ux yeux noi·rs \qui s,upplien1. 1Mais itl n'y a .pas moyen de res1er: c'est :trop pénible d ·être impu!issan1. < Les enfants de cette crèche, tŒ dit 1a

religieuse, doivent t"ester dans la maison, les nourrices n'en voulant pas,_ à cause de tou~es ces mi sères; mais 11ous avons Ullle autre catégorie, enfants relativement bien porlanrfls, et 1

que nous mettons en nourrice au dehor6Parmi ceux-là, un a·s sez gran.d nombre peu· vent viivre. Dans ce cas, on nous les rend ~ l'âge de de-ux ans, et nous tes insf,aHons à l'orphelina.f. • . . . Voilià l'œuvre s_i humanitaire, si g&ércu:se que 'décrit Pierre 1Mertens. Est-elde indigne de l'appui des chrétiens d 'Europe et de ~,a fiviHsaHon du XXe siècle?

La pierre du mur ... ·La longue .rue noire d'un 'VH!age usinier . . ., murs '~ preux, houhques fatiguées, mastroquets inquiétants, turruux, gazomètres, réservoirs goudronnés, . .. , fout •le :paysaJle du «progrès». Je suis venu voir, pour affaires, un ancien , iLahaden9 •, le meiltleur des hommes, ,Je plus indriJfJférent des chrétiens, et, pour la première fois, ie l'ai trouvé • ca!lardeux •. Nous marchions 'côte ià côte, dans cette unique rue condu~sant à la gare, et n?us croisions des grou;pes de ,pâles éphèbes aux cheveux p~aqués ,sous l'horrible casquette qui oaradérise si bien l'époque. Tous travaiHent- chez mon ami. Les uns passaient gouaiUeurs; les autres hostiles, d'autres su'peI11Jiernent indifférents. Il ne fut sa'tué par aucun de ces jeunes, On sentait l'.impuiissanœ de l'argent, mais surtou:( le fossé inimen,se ....

~ Un peu honteux, l'ami m'expl~ua: - Jamais je ne prends cette rue .. . j'ai mon chemin particulier jusqu'l la gare . . . j 'y suis plus franq,ui!~le. - Oui, mais alors tu perds lJoccasi.on de pa:rler fami·l!ièrement à tes ouvriers, de te faire apprécier... de te rendre compte .. . . ~ Compte de quoi? . .. - ... De leur mentalitE . . .. - Oh! mai,s je ,la connais!. . . Je vais te la dire: travai,JIJer ·lè moins ,possible; m'ex• tort}Uer le plus d'aii'en~ qu 1iJrs pourront, ~

f. . . . . de tout. spécialeinerut du pafron. ,Et, un jour dé grève ou de révolution, être prêts, au signal d'un fadividu que j'ignore, à mettre le feu l la baraque et à danser autour la iÏîlle la plus effrénée. - Mais t'es--tw un peu occupé d'eux? . .. - Oh! je n'ai rien négligé .. . . Tu entends . .. . Rien! . . . Ils ont dispensaire, pharmacie, bains, douches, gymnase, terrain de !oot-baH .. . . - Tou.t ça, c'e~ pour le co11ps. . . . Qu.'astu fait pour 'leur âme? .. .

e

L \usirner s'arrêta; J.a question évideirnment ltait inattenkl-ue . - . . . Dispensaire, p'harmacic, bains, douches, gynmase, tu fais tout cela pour tes che· vaux et tes bœuifs. Cela s'a,ppclle: vétérinaire, pansage, piste, en-traînement . .. . Mais les, OtL· vriers ne sont pas des bœulfs !. . . Ils ont une âme, tes ourvriers! . .. Je te ~ e : Qu'p.s-tu fait pour leur âme? . . . - Oh! 1JeUT â:me! .. . - Mais c'est le ,p rincipal!.. , C'est dlP qui aime ... elle qui hait .. . ~ !Ma foi , je ,ne me suis jamais posé la

ques,tion! - As-lm des écoles?. . . . des patronages? . . . 'Un théâtre ou un cinéma moraJ?. , . Surveilles-Jiu les iournaux?. . . C,ertains son1r si ahominaibles! .. . Tu me regardes avec des

yeux ronds? . . . Si tu n'as rien foll'dé de tout cela, de ,quoi t'étonnes-ru? . . . C'est toi, « toi . , Ie responsa'ble! Pourquoi veux-tu que ces ou· vriers t'aiment? ... .Es1-ce que iu demandes à tes bœuŒs 'de t'aimer?.. . ,Et puis, aw fait, donnes-tu ·l'exemple persoonel? . . . As-sis tes.tu, le dimanche, 0. la messe? . ..

-

Non .. . jama,is.. . . pas le femps!

-

Fais"Ul tes Pâiques? . . . - Non .. . jiamais . . . pas ·le temps! Ici, faœ:

1e m'arrê'tai,

*ie

et

,le regartl.ai bien en

- Pa.mon, nous panl'0ns sérieusement .. . nous par.Ions • a.ffaires •. - Ne te fâche pas . .. .


, 1114 - Je ~ me ftche pas . .~it qwtd tu me di~: • Pas le temps!• tu: me réponds comme on r6pond l un imbécile. Car tu n'as pas la prtlention de me faiTe croire que 1'u n'as pas uoe demiJheure par senJlcine et une heure par an. Si 1'u, escamotes ainsi par ll!11C pif'ouet!te le devoir le plius es-senitliel de notre reIirion, ,pourquoi veux-tu que tes ouvr~rs te rendent à ioi, ton pauvre petit c toi > l'oWiasance, ,le ,respect et l'amour que tu re· fuses à ton ,Dieu! ..• - Tu exalfèrcs! ... il n'y a pas de rtP' port.,• ' 1 \ : - . Je n'exagère en rien et, il y a ,a~ contraire un ra.pport tm ~oit; car, en dehors de fa foi relia-ieuse, je ne vois pas pour'quoi un ·homme cibéirai1! à U:11 auke 1homme .. .. - En tout ~s, i:h doit obéir à la loi! .. , - A que1'1e loi?,, . l celle du nonbre? ... Z~ mu.ltipUf par zlro donnera toudours z6ro. le relia'ion cet la ;base de toute morale el de foule all't'orité; si tll '1a rayes, rout s~roule.

. . . Et, en effet, tout s'lcroUlleJ ... . . . Rea-ude ces so1ennel5 i.n.conscie111la qui tremblent, chaque matin, en dépliant leur jou1"111.I. Hia ont ~'impression - et combien 1j!llstifi6e!. . . - qu.e ·les tôles de la chaudière lfOCiale sont trépidiandes l ~taler. Et, avec ,11ne naiveté qlti tait ha11sser les épauJes, il• ,ollent, •~ jo11:r ie ijour, dies petits papier., eur la chaudière. . . textes de lois. . . l)tJ.lets de banque, su.~chèrei électorales ... Alors ils respirent ving:t-quatre heures, . . Ils ne voient ,pas encore qu'ils ont semé !e vent et qu'ils r&!r.i:ltent la tempête .. . Ils ont chusé de l'(ducatioo l'amour et la loi du Christ, et il's s'6tonncnt de ~ jeunesse indépendante qui moJll/e,.. Ils ont descellé Ies fondations, et' i'l!s ne comprennent pas que la maijson, mêtœ toute pavoisée de victoire militaire, menace de s'écrou.ler en la pl'us effarante faillite morale que le monde a,ït jamais connue. A i<>n tour, mon ami, me refa.rde dans lu ,cux. Ei, avec un air de dffi, croi&ant les

bras au milieu du flot ouvder qui bat inainienant Jes pories de la iare : - Voyons, praiûquemoot,· tu ne peux pas me demander, à •moi•, d'aUer à ,t,a nieise et de faire mes Pâques! -\ Pourquoi pas à c toi , ? ·tea plus irands gtnéraux, Foch, Castelnau, etc., . y vont bien f. . . Ils 1e valent peu t-êlre?. . . j'en connais 'des patrons, et lbeaucou,p. . . des patrons remuant plus d'ouwiers que toi, et qui en ,Jes sauvegardant par d~ œuvrea 1ocia,lea, tiennent 'à .Jeur 'donner, &Urlout aux jol.lfs so· lennels, de so1'ennels exemples. . . J'en connais qui vont se confesser, confondus 1m milieu 'd'eux, et imUen1 Tureue refusa.nt de passer devant un de ses serviteu1'8 à la aain· te Table. Je •con.nais des, paladins du monde ~vrier qui on~ le trainiquiMe courage ·civLI ... celui qui ne se cache ,pas ... qui ne s'al'ficht pas.. . et qui, res.pectés de tous, <lonnen1 à 1ous ·le pain sacré de l'exemple! - Ici, ce serait de l'héroïsme . .'. - Mais tu •s acculé à cet héroïsme, el à bien d'autres e,ncore! Dieu· te .prisente, eu une ,seule fois, la note iota,le de tea Mch~s de dtaque jour. Toutes les pierres du mur se tiennent. . . tu et une de ces, pierres ... Si fa tombes, ton mur :tombe. . . Et alors ne t'étonnes pas d'être &ra~, Wl grand aoir, aous cea ruine11 ... Je iuis parti, i. laiss&nt , set r6lexio111, ,Lui qui a fait son devoir de guerre, serat-il Wl lâche sur le terrain moral? . .. .fi, en, regardant ce paysage tris-te, toutes ces maisons ouvrières qui, sans ,J~ poésie divine d~ chaumières, se pressaient, .uniformes et numérotées ... ,maison , .. , cabinet ... , maison ... , cabinet ... , maison . .. , cabinet . .. , toutes fumées, immenses ,voi'l'es de c~, endeuiHant même 'le ciel, la grande pitié du Christ, me montait 'du cœu.r ,aux lèvres: J'ai pitié de cette foule! .. . Vous, les V11Jleur11 lôO· ciales, ayez pi~ié des fou:les ... 'de ces fo"les où s~issent ·t.ant de mauvais bergen1! L~omme ne vit pas seulement de pain; éle· v~-tui donc ,la 't~te vers le pays de l'infini el du bleu. .. Plf)RR·E L'ERMIIIT.

'

126

Pour le tabac de papa ::z::::s:=:::

Chez un ouvrier. Deux pelHes pièces dans une maison proprette des faubourjls. M'obi1itr simple et \bien .frotté. Fieu.ra artificielles sur Ja cheminée. Cage d'oisea11. L'homme lit son journal en fumant une cigarette. La femn'IB, roibuste et joyeuse, met ,le couvert et fre,. donne ,une chanson. ,L'ouvrier jette tout à coup sur une ~haise le jo11rna,J qu'il ~i&ait el " retourne vers sa femme: - Oi.s-moi, •Louise, ,i l y a une chose qui me préoccupe. C'est ra,pport au ,petiot. 11 faut se dédder, pou.rtanil - Que décides-tu? - ·Eh bien!. .. Tu u vu pendant ces derniers moia? Nous avons été iênés, nous avons faihli · ,ne ipas Joindre ,les deux bouts. El pourtant, sait-on compter, oui ou non? Je peux chômer, 1:1.l peux encore être malade, et quan~ ·no1111 serons ha'biJJés pour l'hiver, H faudra songer à s'habiHer pour I'6tl. Non, !e ,parti le plu11 raisonnable, c'est de faire des réfonnes. - 'Lesquelles? - Suipprimer les dlpenses inutile,. Aioii, les mois d'~cole de Ghal"lot. Pourquoi nou~ entêter â payer ·pour lui fl !'école libre? Ce 11' t pu oher, c'eet vrai, maie l:' eit quti'.qu• cho!MI k>wt de même, et p11i,, H y a la laïque, où l'on ne paye rien ... _, Tu voudl"ais 1aisser ton fils aller à la ~ïque? ... - Dame! i,l y a <les gens, plus riches que noua quli y mettent lel.U's enfants. Voi11 mon conlranaîtrc Bourdy, et Laclos, le mécanicien, et Rovier, l'entreprene11r! - C.es gens~là ne croient n'i il Dieu ni à diable; j'ai été 'élevée chez les Sœurs et toi chez les Frères, Martial. As-tu quelque cbo~ à me reprocher? Et toi-même, n'es-tu pas le modèle des ma:ris? Je veux que notre fils nous ressemble, qu1iL a~me le bon Dieu comme nous, qu'il soit doux, travailleur, honnête. comme son père . .. - Je ne dis .pas! Puis, je ne liens pas tant que ça à .la 'laïque, moi; je suis irès content 1

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de l'école libre! Seu1l~ment, votlà, c'est l'argent! Je ne voudrais pas que nous retour bions dans la gêne com~ le mois dernier. - C'est l'argent? . . . Oh 1 ·sr ce n'est que l'argent, tu verras, .AfarliaJ,, j'en économiserai. Ainsi, quand je reviens de l'atelier, a.vant et aiprès dîner, ie peux reprendre mon métier 'à denteUe. ]'aurai vije gagné les mois d'école du pefü. Il me suffira de veHler quel<1ues heures 'de plus, le soir . . . - Non, tu ne vefüeras ,pas. Tu as besoin • de somtne:ik Quand H y a des sacrifices ). faire, c·est pas la femme qûe ça regarde, c'est •l'homme. J'avais tort. Rassure-toi, Charlot n' ira pa!s 'à la ,laïque. Je fo.merai quelques cirareHes de moins, voilà tout ..•. En œ moment, entre Charlof, q11i a tout en~rrdu derrière ·la porte. Il revient de jouer avec des camarades dans la cour du patronage. 'Il· est très rouge pou!T avoir men~ avec enirain une partie de balJon. Mais il ne bavu'<le pas comme à Portlinaire. On d.irait qu 'it rumine une idée à lui. Il est préoccu~, distrait. Il veut aider sa mère à mettre le couvert et oublie les serviettes 'et :~s couteaux: - Où as-tu donc 1'esprit, CharJot? Que v,as-tu che,rcher sur l'étagère! Les scrvie'ttt~i iiont dans Je deuxième tiroir l gauche! .... Cinq jours aprè9. L'école a rouver,t ses porles. Charles est revenu ce !oir avec un cartable bourré de livres. H s'est assis près de la lampe pour étud,ier ses ,leçons et fa.ire ses devoirs. Le père est renfré de la fa!brique. On a ctiné et tandi~ que Martial s'atfarde l mâ'chonner wt bout de fromage pour oublier la cigarette absente, 'Louise remet tout en place dallls son peti't ménage, et Chartlot rou· vre studieusement sa géographie el se pen· che avec application sur la carte coloriée de rose et de b\Jeu. Mais l'oLtvrier saisit son fiils, le plante à caLifuurchon sur son genou: - Tas 'bien de l'ardeur l l'étude, ce soir, petit! '1:ist-ce que tu ,ne la sais pas encore, ta leçon? · - Si, pa,pa. Se1tlement, je veux la anoir


H!6 si bien! si bien! Il faut que je la repasse une fois de plus pour ètre tou:t ,à fait sûr. - Qui t'a donné ces be!Jes résolutions, gamin? - . Si je 1.ravafülle de tout mon cœur, n'estce pas que je devie.ndiriai très, très savant, un jour? - Assurément. Alors, tu ·veux devenir savan1? Et Je petit Charlot-, dé plus en pl,us sérieux : - Très savant, papa, parce ,que, quand je serai savan1, ça me sera plus facile de de. venfr riche . . . . Mairtial se met à rire, d'un bon vire d'ou· vnier honnête. - ,Entendis-tu ça, la :bourgeoise? le gosse a d~à des ,jdœs de gran\ieur. Ça n'est pas ;piLu,s hawt qu'un chou, et ça rêve de devenir cap~tahste. Rien ,que cela, Messieurs! Et pour· quoi que tu veux être riche, mon Charlot? - Oui, pour,quoi que .tu veux êlre riche? demanide à son 1our 1a mère. Le pefü noue ses bras autour du cou de son père, cache sa tête contre ta 'povrine de l'ouvnier et dli1 de sa jolie voix d'enfant, tout étranglée d'émotion: - Pôurquoi que ,je veux être riche?, , , pourquoi que je veux être riche?. , . C'est, vois-tu, mon ~pa, pour pouvoir t'acheter un paquet de tabac ,tou~ les jour!!, quand tu seras vieux!. . . Je.an VIEZEJRE.

Une page d'histoire

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L' ATH1UDE DU OBNBRAL HERZOG A J'occasion de la retraite du général Wille un écrivain militaire a adressé à 1',,Ar~auer Tagblatt'' l'intéressant artkle que voici: On connaîtrait bien mal Phistoire, si l'on s'imaginait qu'entre Je général Herzog et le Conseil ifédéral de cette époque (1870-1871) les relations avaient un caractère idéal Le contraire est vrai, le généra,t Herzog et le

Conseil Aédéra1 étaient fr~uemment en violente d,ispute, d les explications qu'échanp rent entre eux le généraL Herzog et le chef du, département m1Iitaire fédéral (Conseiller fédéral Welti) furent quelquefois d 'une r~ideur dont seuls quelques initiés peuven,t aujourd~hui avoir eu connaissance et se faire une idée. Cette note pouva,n:t conduire à des male_!l· tend,us quant à l'attitude du iénéral Herzor, vcui,Hez permettre à un initié de donner lee éclairciseements ci-après ~ur Iea ,iolents d6mêlés qui se produis.irent entre le département militaire fédéra} et le général HerzQi,

,Le 28 janvier 1871 , un armistice de troia semaines fut signé à Versailles entre Bis· marck et Jules Favre, mais qui ne s'étend3it pas aux trois départements de l'Est, L'armée de Bourbaki, forte de plus de 100,000 hommes, qui était encerclée de trois côtéi par les Allemands, et ne .pouvait plus trouver de salut qu'en passant en Suisse, était donc expressément exdue de l'armistice. Le Cou· seil fédéral suisse fut officiellement informé de cet armistice, mais c on omit • de lui communiquer que justement l'armée français, combattant directement à la frontière suisse n'avait pas été comprise dans l'armistice. Le Conseil .fédéral ordonna donc le licenciement de l'armée suisse pour la durée de l'armistice, et le général Herzog reçut du Département militaire ordre de •Licencier le.a troupes. Mais le général, qui voyaiit plus loi11, ne considéra pas la chose comme ,parfaitement correcte et il formula des réserves con• tre une pareille mesu~e, tant qu'on ne connaissait pas les conditions précises de l'a.r· misiice. Mais l'ordre de licenciement fut ~ nouve!ée. Le général Herzog pria alors qu'on. voulüt bien lu.i accorder sa démission de commandant, avant qu'il licencie les troupes. Troisième dépêche lui transmettant l'ordre catégorique d'ordom1er le licenciement des itrou-pes, en le menaçant de le faire passer en ConseH de guerre, s'i1l n'obéissait ,p as immédiatement à l'ordre reçu. On n'en arriva .pas Il, car entre temps, la canonnade à la ~rontière

127 a.vait a,pporfé l'éclaircissement. Les ~véncments qui se précipitaient aux Verrières sont connus, la méfiance du général Herzog et sa manière d'agir avaient reçu une brillante justification. ,Le pla·n des Prussiens était bien combillé: d~pêche à Berne d'u quartier général allemand, annonçant la conclusion d'un armistice de trois semaines, qui deva.it avoir pour conséquence certaine le licenciement temporaire des troupes suisses, éprouvées par un froi~ anormal; à ce moment, l'armée de Bourbaki , acculée, serait oetée en Suisse, car na· turellement ces 90 à 100 mille Français, complètement dépourvus de tout, ne pourraient pas capituler entre les mains du président de commune de Verrières, en même temps qu'il• lui livreraient leurs armes ; poursuite des français à travers le canton de Neuchâtel par l'armée a,llernande. Peu d'années auparavant, en 1857, le 19 juillet, le roi de Prusse avaJt pris congé, le cœur saignant et malgré ltl'i, de ses chers et ,fidèles sujets de Neuchâtel, tout en se réservant ,le droit de continuer à porter le titre d~ ,prince de Neuchâtel et Valangin et se refusant de recevoir une indenmité pécuniaire quelconque pour des motifs transparents. Quelle belle occasion de revanche ,pour l'échec de 1857! Que les Prussiens aient songé l s'installer de nouveau à Neuchâtel, ce joyau de la couronne· de Prusse, cette hypG· thèse n'était nullement exclue à l'époque. Au· jourd'hui que les méthodes, et les procédé& des dirigeants prussiens sont complètement mis à .jour, on se rend mieux compte encore tlu danger que coururent la Sui,sse et tout particulièrement Neuchâtel dans ces ~ours mé· morables de 1871. Telle fu,t sous son vrai .jour l'attitude du. général Herzog et sa situation délicate visà-vis dru Cmiseil fédéra[; e1 du département militaire fédérd. IEt lorsque 1e citoyen suisse contemple le modes·te monument élevé à la mémoire du général, iL ne saurait manquer de se rappt!les que nous sommes redevables à ce vaillant

Comédéré du maintien et de la rons.untioa de notre indépendance nationale.

Variétés .BMPLOI

pes

AEROALANES

CON11RiE L',JNGE!NŒE On étudie, aux ·Etats-Unis, l'utilisation de raéropjane con-Ire l'inœndie. ,Ceci demande peut-êtré expl'ÏCation. Les bois couvrent aux Etats-Unis 550 millions. d'acres,. forma.nt 24 % de la su,pedicie totale du pays, et Tepré· sentant une -vaJeur de 6 miUion·s de dollars. Or, on compte pax a,n 28,000 Jnœndies, qui consument le bois sur 8 miUions d'llcres, malgré les efforts d'un personnel de deux mille hommes. L'emploi des aéroplanes per· mett!1ai1 de ,perfectionner beaucoU'p -le service de survei,lkwce, .tout en iréduisant !'effectif du personnel qui y est affecté. Par des mes· sages radio1élég,raphiques, les appareils vo,, lant au-dessus des ,régions sinistrées déter· mineraient et circonscriraient, plus vite. et beaucoup plus exactement qu'on ne petti cre faire au ni,veau du sol, la situation de la zone en fou; ils intliquera:ient avec précision le foyer de l'ïncendie, sa marche, La diirection du veni et toutes les conditiOD'S atmosphériques susceptibles d'influer sur ,la propagation du fléau. Les ie~périenœs instituées dans l'Etat de New-Jersey ont donné d'excellents resultats.

UN BRAiVE CHU'1lN Un brave chien, et qui promet, est ce lerrier, dont le ,,Spectator" nous conte les exploits. Yel ainsi nommé parce qu'il naquH à. Yelver~tone, en 1916, ifut embarqué à six mois pour l'Afrique orientale allemande; du Gap, un ordre l'envoie au Cameroun. Là, iL dénonça par son attitude la présence de deux ser:pents qui menaçaient son maître; un· autre jour, i l faillit succomber dans une lutte iiné-


129

128 gale contre une armée de fourmis géantes dont il avait innocemment troublé la procession. Sauvé par un noir qui l'emporta à cheval Jusqu'à la plus voisine rlvtère, il ne re· tomba plus jamais dans la même erreur. D'un caractère fort liant, il noua les relations les plus amicales, avec maints c_>iseaux, singes, voire petits léopards. Après avoir subi une quarantaine de quatre mois à sa rentrée en Angleterre, le navire sur lequel il était embarqué fut affecté à une base navale irlandaise, puis envoyé au nord de l'Ecosse. Au cours d'une promenade à terre, Yel protégea l'agonie d'un mal:heuremc cheval contre lu cor:beaux qui )'assaillaient déjl. Qua·nd son maître eut à escorter les navires marchands entre un ;port britannique et la côle de Norvège. Yel ne manqua jamais de signaler l'approche du danger; toujours ses gémissements avertisseurs furent s,uivls de la .perte d'un navire, tandis qu'au contraire ses m1nifestalions de contentement précédaient 1e signal: « Sous-marin en vue• · Quel que fut le temps, Yel :refusait de quitter ie ,p ont tantque son maître s'y -trouvait. Aujourd'hui il quête avec grand succès pour le fonds des chiens militaires. ~ PETJITBS RWETl'ES ,PRA TIQUES

- --= .Pour activer la ponte des poules On active la ponte des poules en mélaugeant à leurs alimenls de l'orlie fraîche desséchée el coupée finement. Le sarrasin aclive également 1a ponte. L'avoine, l'orge, Je chènevis peuvent ent'rer dans la composHioo de l'alimentation, qui pousse les poules à une production d'œuifs intense. Touiefois, l'abus du chènevis serait dangereux. L'orge rafraichissante, est rnét-angée à cette nou.rriiure pour modérer l'échauffement que produirait une alimentation irop riche. Ajoutons que 1es déchets de viande, le sang desséché, les os réduits en poudire à J'aide de concasseltrS donnent aux poules des matières azotées et le phosphale de chaux nécessaires.

Pour étei,ndre un feu de cheminée ou un commencement d'incendie Quand uu feu de cheminée se déclare, on peut l'étéindre en jet'ant dans le foyer quelques poignées de pelures d'oia-non ou un peu de soufre. On éteint instantanément un feu de cheminée ou uu incendie en brisant sur ~e foye1 de !': incendie des bouteiHes contenanl une d4 solutions suivantes: \ On fait dissoudre 1 kHogramme de chlorure- de sodium dans 20 Iifres d ·eau; Ou 500 grammes de carbonate de soude dans 5 litres d'eau; Ou encore 3 kilogrammes de suilate d'ammoniaque pulvérité dans 5 litres d'eau.

,Pour empêcher les verres de lampe de se briser Il suffit de les mettre dans un vase contenant de l'eau froide que 1ron porte à ~bul-

Oition.

Pour empêcher les cheminées de fomer. Les ·cheminées fument 'lorsque l'air nécessaire à la combustion du foyer n'ar.rive pas dam la pièce en quantité ·suffisante par les bouches d'aération . On remédie à œ désagrément en ouvrant .les bouches ou en supprimant, dans le 'haut des fenêtres, ,Jes bourrelets qui calfeutrent trop herméiiquement. Les cheminées fumoot encore quand l'em~uchure inférieure est trop gl"ande; c'est là un vice de construction auquel le maçon doit œ-emêdier. DestrucHoo des mauvaises herbes dans les allées et les cours On ajoute d,ix parLies de chaux vive el une partie de Heur de soufre à œnt parties d'eau bouillante. On aaisse bouillir un instant, puis on ajoute cent par,ties d'eau. On arrose en suite avec ce liquide 1es endroits que l'ou veut débarrasser de toute végétation.

La famille et la vie pratique En parlant du rôle de 1a famiJ:le dam la préparation à la vie, c'est surtout •la ,part qu? elle rprend à la carrière de l'enfant que nout youlons envisager. Nous u'ignorons pas que .troip iOuvent, en pareille matière, œ sont les conditions rrlêmes de l'exi'stenœ qui dominent fout. Il fa,u t vivre, et si, pour pouvoir vivre, on estime que l'enfa.n,t doive être employé à n'im• porie quoi, trop s,ouvent on le laisse vaquer à des occupations qui laissent habitueLlemen1 1e jeU!lle homme désemparé vers l'âge de vingt ans. Bénies wient les fami:Hes qui, ayant besoin que leurs fils gagnent, 'leur font faire tut long et solide apprentissage dans un métier maooel et, si elles ont· le 'bonheur d'être • rurales•, n'ont pas de vœu plus cher que de voir ']'enfant le demeurer aussi. Mais ~ côté des familles qui ont le souci du pain quotidien, il en esi d'autres, et nombreuses, qui ont le choix. C'est pour cel•leslà surtout que nous voudrions parler ici. Or, le père et la mère de famille. savent que fout n'est pas terminé pour eux, quand après avoir donné le jour à l'enfant, et lui avoir assuré sa subsistance première, ils lui ont procuré une bonne éducation. c.es divers • services•, dans lesquel,s consiste pour l'or'Clin.aire toute ]'.intervention de la famille, ne sont que des moyens d'arriver aLL but. SE P~f.lOOJUPER D.E LA CAR~IE~E DE IUENPANT Les parents, devant normalement se continuer par 'l eurs enfants, doivent aussi se préoccuper de ·la carrière que ceux-ci auron.t à embrasser, pourvoir à .leur élabli~ement, non pas seulement par « un bon mariage ~, mais les orienter dans le sens où ils au,r ont le ,plus de chanoe de rendre service à Ja so-

ciété. Ce ,n'es! pas ainsi que 1es choses iC pas· sent 'toujours. La !amiLJe s'en remet volontiers &. d'aubres du soin de déterminer la ca.r• rière de l'enfant. Ces • autres•, ce sera le

ma1tre, à. qui son expérience confère un droh: en cette matière et qui a tant de raisons de s'intmsser à l'avenir de ses élbes, rnaia qui, après 1out, n'est pour eux qu'un, ~1'raJlier. Ces « autres•, ce seront les camarades et leur eugouement souvent irréflé'chi: H se forme, dans les classes supérieu:re9 des collèges, d'instinctiives maûorités ,p our \'eJ.le ou telle ct.rrière; et, comme dans toutes les majorHéa, les iml.écis, les faibles ,se .Jaissen,r mettre le bulletin en main. Pourquoi médecin plutôt qu·avocai? Parce qu' • un tel• se fait rœdecin. C,es c autres•, c'est quelquefoit; moins en. core: une conversation fortuite avec une per-sonnaJité, 1a lecture d'un fait divers, un événement qui ·p assionne l'opinion; et nous ne parlons ici que des ieunes gens qui clterchellt à · • faire qu~lque chose ». Ceux qui n'ont pas cette ,a mbition se laissent i'Uider par des séductions moins nobles: ilB1 adoptent la carrière qui leur demandera le rooins de peine. Si la famille ne, se désintéresse pas de l'avenir de l'enfant, trop souvent el.Je préjuge la question et, surtout dans les milieux titrés, êcarte systématiquement certaines ,professions coll1llle n'étant ,p as « reçues». Il semble -que, de façon ou d'autre, ces pratiques témoignent" d'une certaine infirmit~ de vouloir chez les parents et qu'e11es entral· neut une abdication véritable des ~ponsabilités paternelles. Or, les paren't's ont, à œl égard, des devoirs .precis: discerner dans l'enfant d'abord, puis dans l'adolescent, ~es aptitudes personnelles natives, leur créer une atmosphère favorable, voilà un double rôle qui s'impose à des paren~'s consciencieux.

DISCERNER ,l.JES •AIPilTUDES DE L~EN• F AIN'T: <nM!MIENT Y RIEUSSIR? L'enfant a des aptitudes personnelles. Sans

doute, on peut dire auMi, et •ou'f d'abord, qu 'i,J esi une • résuHan't'e » : citez l!Ui Yiennent aboutir, au moral comme au physiq~, les • habitudes » de ses ascendants. Cependan-t, quelque rich~1 apparenté qu'il soit l cet


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1S1 égard, il est avant tout • ,lui-même • ; ,phénomène mystérieux, et dont la cause ,prdfonde est :bien la destinée spéciale que nieu assigne à chaque homme, mais phénomène indéniable et dont il fau,t nécessairement ~enir compte. Les éducateurs 'le savent bien, et qu'il: y a autant de· • mé'l1h-Odes > que d 'enfanfa; mais, faute de points de comparaison peut-être, les pères et mères de famille généralement l'ignorent; ils ne cherchemr pas à savoir •qui . est :leur enfant.

·Les aptitudes d'u,n enfant ne se laissent pas toujours discerner du .premier coup. On s 'abuserait si fon cons]dtérait comme· 1:elles les qualités ou d~fauts communs à tous les enfan!s; par exemple un certain instinot' de domination, quî ]es porte à vouloir, et de multiple façon, en imposer aux autres: tous les garçons 011t voulu être « général • ; toutes les .petitesi fiUes n'aspirent qu'à être ,me « belle dame >. De même cert'ains insti,ncts innés da.us une race ou communs à une génération ne sa,uraient être confondus avec des tendanœs personnelles. Le 1Français aime l'ordre et la propreté: nos :petites filles voudraient êt're • blanchisseuses • ; le XXe siècle nou s 'ha'bitue à -l'automobilisme, ~ l'aviation, nos garçons ne rêvent que de· • pneus• et d'aéroplanes, ils se plarront aux réductions de ces machines et accepteront, pour leurs élirennes, tout un attirail de construction mécanique. Les parents devront-ils en conclure pour cela, comme ils le font pat1Iois, que Jeurs fils aiment « la physique » et, dès lors, qu'ils ont des aptitudes scientifiques? J'en appelle, sur ce point, aux pro'fesseurs de mathé1mti· ques. Non, les aptitudes sont quelque chose de ,plus calme et de plus profond: pour les saisir, VDyons dans .les faits eux-mêmes, que l'on risque de mal interpréter, l'attitude de l'en, fant Y appor.te-t-il -un simple goût de ieu ou cherche-HL à connaître le « .poul"quoi • des choses? Bn parle-t-il avec ceux qu-i ont mission tle -l'instruire? Sait-il ou se laisse-t-il per9Uader qtte pour ·r éussir en cette car,rière, qui momentanément le passionne il lui fau-

d-ra étudier . autre chose? Pour vous en assurer, suivez-le d~ns ses heures de üa vail: il s'y fera très vite connaître. Par là, et dès les p1us jeunes années, les ,pairents pou.rront discerner si ,leur enfanlt' est ca.palble d'un effort rn:térieur ou s'i1 est principalement dominé pax le besoin d ·activité, ie dirai d'agitation ertérieure. Mai.s J'a:cf.ivi~'é elle-même se dépense soit pour la seule sa:tisfaction. de l'i,ntéressé, ~oit potu- le !bien des autres. Il faut observer l'enfant tj.al1s ces rapports avec. ses semblables; ,j'ai cooou de ;tout •jeunes enfants, conteurs émérites, qui tenaient leurs camarades suspend,u s à -l eurs lèvres; i-ls avaient un tempérament d'orateurs ou tout au moins de « .parleurs • et .i ·ont bien prouvé depuis dans les di verses professions qu'ils ont embrassées. D'aukes se dévouent, s'empressent à ,r endre service, s'i.ngénient, surtout dans -les fami~les nombreuses, poUil" occuper cles plus jeunes; il y ·a là .J'iudiiœ d'un besoin de se communiquer à d'autres. Combien de carrières s'accommodent de œ genre d'aptitudes: l'ensei• gn.ement, la médecine, sans pa.rler de carrières p1us haU'tes et qui, ld,u prêtre à 1a Sœur de charité, comportent une véritab!e ,vocal'ion. Le père et la mère de famille ne <levron! pas se contenter, da.us cé1e étude, de la seul~ observation: ils devront user aussi de .rexpérimentation, provoquer le .phénomène ,p our pouvoir l'observer à ,loisir. C'est là un cha,rme pour tous œux qu1 on( 'louché à l'âme de l'enfant; œlle-ci est essentieHement maniable; on lui fait rendre, avec un peu d'art, le son que -f on désire; 'l'enfant n'y perd rien de son naturel, .parce qu'ü n'a pas de préven't'ions: mais il «répond , bien. ·Dès lors, un esprit tant soit peu attentia: est à même d'é1tudier •les fai~s et d'en déduire les conclusions qu'ils comport~t. En tout ceci, le père et la mère devront 8.Pporter comme quaii~ dominante un très grand désJ,ntéressement: j1fü, se di:r:onrt que fa1.11s.ser à leuJ1s ,p ropres yeux lems constatations pour ;les faire cadrer a vec u111 plan préloo•nçu, ce serait iai.re œuvre dél-0yale, ou tout au moins

un bon outil manié par un ouvrier malhabile. 11 faut aussi' un développement « méthodique •. Sans doute, l'idée préconçue, Qe sylloAus'S•i, qu'ils n'hésitent pas, en oas d ingisme en éducation, sont une erreur, mais œrtiit~e, à soU!lnettre [eu,I's :propres constai:~ y faut de la méfuode. Toui: d'abord,, « ne tations au corutrol~ de tierœs persoooes. Que forcez point Œe ta1ent • de -l'enfant; visez pour leur amOi111r-:propre « p 'a:uteUl"s > sache au, be· lui un but dont il soit capable, sans pLus. A isoin. se taiTe. Ce1•te ditspos,i,tion. de .modestie cet eitfet met'l'ez en œuvre toutes ses resne ,les emplêchera pas de conserver ·le haui sources .;iersonne'lles et tous les moyens dont doma,illle et kt TespO!lllS•rubi'Liité en une que,stion vous-même disposez. q1u.i es1t leur a,u ;premier che!!. 1Dans -toute carrière, l'homme tout entier doit agir: on n'est pas écrivain par l'intelli1 DBViP.ILOPPER LES APTITUDES gence seule, ni ·soldat oo colon par la vofonté DE L'E,NfANT seule, ni philanthrope ou apôtre par ~e cœur Reste à développer les aptitudes de l'ensewL. Non, toutes les facultés humames ont fant. Au vraï-i c'est encore la ~ture qui y a à jouer un rôle dans une prclession queHe 'I.e plus de :part: comme elle .Jes a fait naître, ·qu'eTie soit. Jll est' clair que, suivant les cas, eJtle assure leur épanouissement, Toutefois, Pune où 1'autre d'entre e'Jlles :pourra prédomi· l'éducation y joue un rôle, qui peut être con· ner et aœuser ainsi le genre particulier d'acsidé:rab\i!. 0111 s'en aperçoit surtout ,l orsque, tivité que réclarr,e la prolfossion en jeu. Ma~s par mallh.eUT, e1t!e n'a pas réaHsé {out son prol'homme n 'exercera d'1influence véri't'a:ble, Je gramme. dis même ne fera œuvre utile que s 'il ~ donne tout entier : on sait bien faire '1a difCe serait tout un trai't'é à écrire sur .IJa .lérenœ des écrivains qui n'ont que du tapart que les éducateurs peuvent avoir au développement des aptitudes professionnelles - lent avec •ceux qui ont « de Ji'âme •; iâ la caNous ne }'aborderons même pas. Nou•s préserne les officiers soucieux du bien-être et ' .......... . du progrès :moral de leurs hommes ne nsférons, en èfifet, nous limiter id à 1'influeuœ queront jamais d 'être conforrdu.s pa-r ceux-ci de iLa famiile proprement dite. Et nous dema.n. dons 'que l'enfant trouve, au sern de ,sa faavec iles simples c ~alonnés • . Et ainsi dt;. mihle, la possibilité d'un développement norreste. mal, méthodique et consfant de ses .aptituOr, ,qu.i ne vo>it ,combien -le rôle de ~a fades natives. mille peu1 être ici prépondérant? L'étude sera le moyen ,habituel de formation; et encore là, Déve'loppement « normal •: cela veut dire il ne faudra ,pas néglliger telle matière, sous qu'il fawt laisser au corps le .temps de s'aprétexte qu'el,le est moins « utile • ; l'iinstrucdapter aux conditions .que crée l'étude: pas tton < utilitafre » .eSt' l'un des fléaux de nos de précipitation, pas de fa~ses manœuvres. sociétés modernes; elle ,ne tend à rien moins Que le père gouverne, di:ri,ge ce petit être, "qu'à fovmer des demi-citoyens, parfois des comme le pilote fai't' son, .navire, reglant sa quarts de ,citoyens, incapable~ d 'aucune vue marche sur les contingences: « Doucement; en vitesse , ralentissez· arrêtez. • C'est la na- sur les questions qu:i n'intéressent pas immédiatement leur profession ou seulement •l eurs ture ,qui de guid/ - Norma1 encore, en intérêts. Nous ne .cessons de répéter aux pace sens qu'vh faut viser à l'assimilaiion des enrents qui nous consultent ·qu'une formatio11 scignemenll's tles préceptes que l'on propose • complète • de l'esprit ne nu-ira jamais, fütà '1 'enfan-t: ~el croit avoir pénétré, une inlelli,genœ, qui l'a simplement effleurée; dès lori. ce aux ,indusfriels ou aux commerçanis. •Et Jes examinateurs d'admission à nos grandes Ecol'esprit de 1J!enfant se retourne ow se fausse; les savent très bien discerner le candidat ses .apth'Udes r isquent de se déformer, comme parfrale, et quii: pourrai<t êi:re :préij,udicia!ble à tiavenlr de ,fonfant.

s;rt


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182 • cultivé. du catfdidat qui lie connaît que

«

le

programme».

Avec 1l'étude, ii'exercice de Ja volont'ê, la cu'lture du cœur feront le souci d'un père er d'une mère: le champ leur est ouvert. -Et, s'il y fa.ut de la méthode, cette méthode ne s'at)· prend guère dans les livres. Qu'ils sachent du moins que l'enfant 4oh' s'exercer à voutoir el à se dévouer, comme i'1 s'exerce à savoir. Mais c'est en vain qu',un père voudrai! entraîner son fils aux ,mâles éneTgies, s'iL ne Ju.ï en donne l'exemple; et une mère el,le-mêrtre se souviendra que 'le cœur du jeune homme doit connaître la générosité comme la tendresse, Je détachement comme les sentiments affectueux. Nous demandons enfin, !P()tlf les aptitudes de l'enfant, un développement • constant •. Ce point de vue est peut-être de tous Je plus négli~. Sans y prendre garde, on habitue . les enfants 'il faire deux parts de Leur vie: l'une consacrée aux « affaires sérieuses • ' l'autre à tout ce qui ipeui jeter de l'agrément sur l'ex,istenœ; dans la seconde entreront· pu définition les périodes de vacances, petites ou irrandes, les ôours de congé et généra1emenl toutes les heures où .J'élève n'a :plus à • pâlir• sur ses livres. Le moindre inconvénient de ces habitudes sociales est de faire concevoir à l'enfan1' une médiocre estime, quand ce n'est pas une profonde horreur pour les moments consacrés ~ l'étude: eNes sont à ses yeux un •pensum"• a:u lieu d'être simplement une forme différente d'activité. Sans doute, .j{ doit grandir dans la joie et fa liber!~: le pédantisme, comme la moroailé; est contraire à 1a vraie éducation . .Mais autant la natu,r e ~c'lame d'épanouissement, autant l'avenir de l'enfant proscrit les inop· portunes et arti1icielles distractions ou le contact inconsidéré avec ce qui est .p ure convention $ociale. >Des pa.re.n'l's ,intel!hlgents auront à cœur de tout faire conve!'ger vers !la formation de leur. tilla. j'ai con.nu ·une mère qui consacrait ses heurca de loisir à relire des chapitres tf'·hietoi;re pou.r 1.lime11ter utilement la con-

versation du dîner; une autre préparait i'em.ploi des jeudis et avait pour principe que, dans la découverte de Paris et de ses richesses artistiques ou littéraires, ,!.'enfant t'rouvait un complément nêcessaire à sa formation livresque; e'Jil.e aurait pu ajouter, sans se .tro.mper: « surt'out en Ja sopiété de sa mère ". {::.eiie vériiê est incontestalble; mais son application demande de '1a saga:cité, du désintéressement, de r effori. Que tous les parents y r~léchissent et s'y essaient: ils verrcmt'rJa valeur de JeLtrS enfants s'1.fc-croître dans des ,p roportions éfonnantes: lienfant se verra traité en • fils • et e11 « 'homme •, au Heu de ne l'être qu'en •écolier,.

CONCLUSION: ùA PAAT IDE IJA PROViJ.DENOE IPour ,conclura et nous résumer, nous dirons: que les aptitudes de l'enfant ont besoin d'être connues CM eUes lui sont persolllleHes, mais que ce~ ·connaissance sup'pOse du discemement et que ce n'est pas trop de toute l'application paternelle et matemel:le pour réussir dans œtte tâche; qu'une fois co.qnues, ces aptitudes ont besoin, pour se développer, d'être soumises à un xégime naturel, P.rogres· sit et continu, et que là encore la part de la famille est prépondérante. Cette dou'b1e opération doit conduire .au choix judicieux d1une ·carrière. Les pue12ts rendront pair là à Jeurs enfants un service défünihlf et' à :longue portée. 'Mais, au demeurant, ils ne dev,ront pas s'étonner si, même étudiée, même préparée; '1a vocation du àeune homme vient 'tromper leur attente. En pareille matière, 1'élémenl' personnel a tmt de poids qu',ii sulfit parfois à contrebaÏa:ncer tous ]es autres. N'oublions rpas non plus que c'est Dieu, en définitive, qui règle une vie 'h'umaine et que son « procédé • est parJois déconcertant: un père et ,une mère chrétiens 8.lllront alors du moins la joie d'avoir ~~. même l ·Jeuir insu, 1e-a 1n-stnunents de 111 Pro-

villenœ.

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Ce que pensent les savants

dire de l'électrîcité, un des plus ,puissants génies, perverti par 'la ,Jecture de l'Encyolopéd,ie, mais converti par l'idéal de la religion : • ·L'Esprit qui nous éloigne de Dieu n'est qu'un esprit d'Hlusion et d'égarement. Mon Dieu! que sont ces sciences, tous ce1, raisonnement's, toutes ces découvertes du génie? De pures vanités! ,La figure de ce monde passe, mais la vérité de Dieu ne passe pas. • PASTBUR (1822-1895), une des i'Hustraiions de 1a science contemporaine: « La conception scientifique du monde comprend lJl notion primordiaJe de !'in.fini. Au delà de cetle voûte étoilée, qu'y a-t-il? De nouveaux cie11x ét'oi'lés? tt au-delà? 'L 'esprit :humain poussé ')}ar une force invincible ne cessera de se demander: Qu'y à-t.Jl a,u delà? Cette notion de finfini s·ünpose à tous, personne ne peut y échapper. Par elle, Je surnaturel! est au f011d de tous les cœurs: 'l'idée de Dieu est une forme de l'infini ... , etc., etc.• Nous 11'en linirions pas, si nous voulions citer ,les professions de foi des hommes célèbres, qui on't' éga•lement honoré l'Eg,Hse el la science.

AUGUSTIN CAUOHY .(1789-1857), le plus grand mathématicien du 19e siècle: « Je s~i~ ,chrétien, c'est-à-dire ·que je crois à la dLVJ· nii.é de Jésus-Otris1, avec Tycho~Brahé, Copernic, '[)escartès, Newton, Fermat, Lei~iz, Pascail, Grimaldi·, BLûer, Ouidin, Boscovd'h, Qerdil, avec tous les grands astronomes, tous les gmnlds iph~s,icien:s, toos '1es grnntls géo· mètres des siècles passés, , , . Je suis catholique sincère, comme i'ont été Corneille, Racine, 'La Bmyère, Bossuet, Bourdaloue, Fénelon, comme J:'ont été, et le sont encore, les hommes Qes p1us di~ingués de notre époq1,te, .ceux qlhÎ ont fait le plus d'honneur à la scie11• ce, à ,Ja philosophie, à '1a fütéraifure, qui onv le plus illustré nos Académies .... • VOLTA (1745-1827), l'iniventeur de la pile électrique: • J'ai iou,jours tenu, et ~e tiens pour seule vraie et infaifü'b1e la sai,nte religion catholique, et îe rends grâces ·sans fin ~u bon iDieu, de m'avoir donné une pareille foi, dans 1aquetle je me propose fermement de vivre et de ,mourir, avec la vive espéranœ d 'obtenir la '\'ie éterne1'1e. • CtfflV,RWL (1786-1889), un des plus i'fa:Dds savants de h France: • J'ai vu Dieu, non pas en ~ui-même, ,parce qu'il es{ un pur esprit, mais dans ses œuvres. J'ai vu sa toute,Des Sœurs Noires ... pas possible! Mais puissance dans la grandeur des ·astres et leur oui, c'est authentique, des ReLigieuses afrimouvemen1 rapide. J'ai vu son intelligence e1' caines noires et en habit religie,ux ti:rant sur 11a sagesse infinie dans les innombrables le noir. C'est original, sans doute, mais la bienfaits dont H m'a comblé, • grâce de 'Dieu, assez puissante pour susciter LEIBNITZ (1647-1716), ,une des plus bel- au cen.tre de ,!''Afrique des légions d'enfant à les gloires de .J' A11emagne ,scientifique: • j'ai- l'Eglise, ne l'est-e111e pas assez pou; leur susme beaucoup la science, parce qu'elle me don- citer aussi des anges gardiens terrestres? ne le droit d'être écouté quand 3e par1e de Aussi bien, œlie esquisse a-t~.Je pour but -Dieu et de 1a rel:igion. • de montrer l'acti'on merveiJ,leuse de 'la ProIœAI.JBR (1571-16.30), fi'liustre astrono- vidence, ,plutôt que le côté original de l'Œume: .11 est grand, not're Dieu! Cie1, soleil, vre. i lune et plantes proclamez sa gloire! ProclaQue dirai-je de son origine? Comme pour mez sa gloire, harmonies célestes! ... Et toi, beaucoup d'autres, c'est Je besoin qui l'a mon âme, chante .Ja g.loire de l'Eternel pen- créée. Sans ê1're très prolifiques, •les Baganda ne Iaissen.t pâs de fournir aux postes des misdant toute la duré de mon existence. • AiMIPERE (1775-1836), 1l'auteur des théo- sions un énorme contingent de petiots. et de ries éle~rodyuamique1, :le père, pour 11i11si . petiotes dont les âmes crient famine encore

Les Sœurs Noires


1S5 134: plus que les estomacs. Voulez-vous ·quelques clüffres? Eh 'bien, me(t'ez 107 missionnaires et 24 Sœurs en face des 25 à 30,000 enfants du 'Vkariat baptisés ou près de l'être. Retenez: 1. que ·les Pères, en dehors de Jeurs instructions catêchis,tiques régulières à ces petits, niont guère .Je temps que de leur sourire en passant; 2. que les Sœurs, de 1eu.r côté, répart,ies en 5 des st'ations sur 27, ne voient les âents blanches que d'une partie minime de ces mifüers d'enfants qu'il faut laver, !habiJller, nourri,r, dégrossir, instruire i;>atiemment, surveiHer assidt'.l.ment, prépare, soig,neusemen11es igranK!Js1 aK:leis de 'la vie chréfienne. ,Eh bien, la clef de 'J'énig,me? ... EHe est en ces quatre mots: • VŒuvre des Sœurs Noires ou BannallJikira. • Mais cette clef ne !'ut pas forgée en un 1our, et les missionnaires se sont posé plus d'u111e fois, en s 'é!pongeant .Je front, de gros points d'interrogation. Les ca'l'échistes indigènes, ces co~rateurs si nécessaires et si précieux de J!apostola.t en ces vastes distrids, ne pouvaient guère que recruter et diriger vers la, Missio11 Ies ijeunes enfants qu'Hs avaioof • grossomodo • dépagan,isés: là s'Mtêtait leur 1âche. Les missionnaires ,comptaient sur la Pro• vidence; leur confiance fut récompensée. Il est bien peu de nos anciennes missions où Je Supérieur ,ne soit à même de vous présenter une ou deux braves négresses excellentes chrétiennes, · travameuses infatigables· qui, pour Dieu, ont su répondre à l'invitation de consacrer leur .tem'Ps à ces générations de peti1's négrit!!lons et négri,füonnes, fleurs chéries de Notre-Seig;neu,r, qui, chaque année, auprès de nos ég1ises, tournent 'leur .corolle vers fa source de 1umière et de vie. Ces bra· ves négresses forent ,les premièrs assises de l'œuvre dont i:1 est id question. Elles eurent des imitatr,ices. lnsfrumentfs 1l!ll, peu primitifs au début, 1e travail les perfectionna. en leur donnant de l'expérience. Dire .tes innombrables services que reni:J..ire.nt aux missionnaires ces bonnes âmes, encore que laïques, serait difücile. Assurément les Sœu:rs Blanches sonl encore et seront 'l'oujours les précieuses auxi-

liaires, mais elles avoueront en fouie simplicité que ces femmes noires ont sur elles ~ immense avantage: l'avantage·. .. d'être noi· res. Pères Blancs et Sœur,s Blanches, bien qu'ayant comme idéal de se fa.ire le plus noirs possible, pour gagner les Noirs à JésusChrist, ne J!aissen1 pas de rester ma.lgré eux, très blancs. Vofficier qui sort du rang a sur le diplômé des .Ecoles beaucoup d'ava·ntages: H connait les c rouerJes • du métier. Powr nos aux,Ï'liaire.s inlligènes, [e cœur des peHts Baigank.i,a n ·a, !l)oi,n;t tlei mrstères cachés, et l~ur int'e1ligence point d'entrée inconnue. L'œuvre des • Bannabikira > pouvait dlonc être en1,1isagée non seulement comme possible, mais comme normaŒe. ,Bref, un ,:,eau jour, le Vicaire Aposto1ique de 'l'Ouganda, ouvrit à deux battmts les portes d lun Pos1ulat de Sœurs Noires. Il confia aux Sœurs B}anches Je nouvel!Ju Postulat qui ,se remplit :rapidement de jeunes fifiles noires, la, fleur de '1a chrétienté, et de femmes mûries .par ~'âge et l'expérience. ,Le bon Dieu donna Œ'•accroi~sement et ... il faHut bientôt songer à une aufre n1c'l1e. On se sa,r gna aux quatre veines pour .fa bâtir: elJe devint 'le Noviciat Saint-'Léon. IJ..es Noviicès Noires, sous il.a direction d·u.n missionnaire exclusivement attaché à l'œuvre de ileur fonna11ion spirituelle, st.initient à la vie religieuse. Les grantl.'s maîtres de fa vie spiritueHe se voient 'du haut du céleste séjour traduits en fangue mère! Fo:rma<l:ion reHgieuse, formation à .fapostola'l' auprès de;; enfants surtout, fomiation à tout ce qui peÙ\ rendre -cet apostolat 1écond, voilà. Je but poursuivi, e't' gr✠à Dieu ... déjlà atteint. [.es premiers essaims, en effet, sont sortis de Saint-Léon, è1 sont aHées se poser en trois Stations: i'ls y font mervei·Ne. Les joul'lllées de ces Sœurs Nokes: 1sont on ne peut mieux remplies. Chaque 1natzlin, après -leurs exercices de communauié, eli:es dirigent vers ,l ~glise finterminahle 'file de leurs élèves. ·L'à, pend,rnl la messe d:ite • des pefü's enfants», elles président àes prières qu'avec ,beaucoup de patience elles 1'.eur ont fai'I! apprendre par cœur. Ces pPières sont entrecoupées de cantiques. Après

Il fant vivre sa vie

la messe, dans les vastes hautars, catéchuménats et écoles, où ,les ibancs, 1'ables et chaises ne ,1eur d,isputent point fa place, ,les cen.faines ,Parmi les axiomes en vogue de nos jours, de bambins s'entassent, les garçons à droite, il y a celui-là: < Ll faut vivre sa vie.• les miettes à gauche. C'est ·le champ que cultiSoit! Nous sommes tous d'accord: nous vent ces fïHes dévouées, dont .la constance avons itous Ile droit et même .te devoir de vivre n'a d'éga'1e ,que :la ;patience. 1La répétition ·sérieuse el quoll'idienne de notre vie. Seulemen1, queUe vie? Voilà œ qu'H faut la ma.t,ière des instructions catéchistiques savoi·r , car qu'ili se~ésente, le fameux donn~es par -les missionnaires aux enfants -axiome n'est pas une solution, mais simplequi se prépa:roo,t à ,] a première communion ment ,une quëstion. solennel1le, voi,Jlà ce qu'on demande en pre· Que1le vie faut-il donc vivre? mier lieu de nos Sœurs Noires. Mais en deLes minéraux réalisent leur vie inorganihors de cette tâche capitale, i,l en est une rnuh. que faite d'obéissaaice aux fois physiques; titude ld"auf.res: su,rveiUance et direction des tout petits qui viennent à imervaiJes régu!iers Les p J.antes, four vie végétative; '1es animaux, se confesser et faire la communion privée; fa. vie sensible. Sans y faillir damais, tout être, oiseau ~leur ou caiHou, réalise sa vie propre, enseignernent de fa ·Iect!llre et du chant; souci quotidien de procurer à cnacun de ces esto- œil!e ,q~.i 1ui cômrient: œilile que lui a don:née un sage créateur. macs affamés ce qu.i peut' les contenter; soins •L~homme n'aura ,pour atteindre sa fin, matemel'S et minutieux de chaque ,insta,n t pour pas '<l'autre loi à suivre. maintenir fa. ,paix, .]'ordre et la propreté surOr, que'lile sorte de vie Dieu ofüe-.t-it à tout, dans cette fourmilière où •les parasites l'homme? car s'i:1 veut' ,l a :bien vivre i1 faut ont tmp ·souvent droit d'asile; voilà pour ]es qu'il la collilla:isse. jours ordJ,naires. - Ajoutez lt cela la surCertes, Ia vie .sensible existe aussi en lui: veitlance et 1es soMioitudes; de la nuit; le ce n'est pas ce!·Ie que Dieu donne à 'l'homme concours de ileur aC'tlivi,tê en parole et en action au moment des, grandes retrai !es prépa- en tant qu·homme. La vie • humaine ~, comme le1le, est exratoi'fes au baptême et aux premières comclusivement morale ou ,Îlll,teiHectueHe. Voilà munions; les services muMiples qu'el'es se savent appelées à rendre à ,la !Mission particu- celle qu'il fawr vivre parce que seule e1le est digne de notre plus constante et plus ihaute lièrement pour ce qui concerne :~a maison de Dieu, Fomementa1'ion des églises et des au- ambition. teils, '1e soin des o.mements et linges sacrés, Pour la réal'iser il n'est qu'une chose à la corufection hebdomadaire de milliers d 'hosfaire: laisser tout à son rang dans nos activités, nos préoccupations. Au dernier, ·ce ties, etc., etc., et vous aurez un aperçu de ce que l'Ouganda catho;],j.que attend e1' reçoi~ de qui doit finir: richesse, honneurs, plaisirs, ses meilleurs enfants.. - Au,ssi le Vicaire encore que, :pour ce monde, ce soil' ,questions ApostoHque regarde-t-il avec satisfaction le sérieuses; au premier, comme ~e vrai et J'.uflot touüours grossi.ssaint des ·r ecrues que la nique important, ies r.hoses éterneLles. grâce dirige vers 1e Noviciat Sainr Léon (if Les choses éternelles! ,]es questions divicompte actuellement 57 Novices Noires et nes! y penser, les aimer, chercher à 1es co·n194 postulantes se préparant à leur admis-· naître, vivire en leur compagnie, et tout consion) et i1b exulte d'espérance en songeRnt sidérer, et s'occuper du reste en regard de ces choses. ~ que, dans que1'ques mois il• pourra envoyer d~ nouveUes ouvr>ières à la vigne et des moisTel est le vrai programme et qui ne s'y sonneuses à la moisson qui, esti depuis Jangtient pas, ·loin de vivre sa vie, se trompe et temps mûre. A. z., des Pères Blancs. fait œuvre de mort.

te~

1


131

186 Certes, il n·es,t point faci'le! !Monter aux choses divines, hausser nos cœurs veirs eHes, cela veut un effort. . . er même beaucoup plius. Mais ,il en vaut la peine: même ,il n'est que ce1a qui vai1Jle notre peine. ,D'aUleurs, Dieu nous est 1eHement proche, puisque, comme dit S. ifaul, en Luli, nous nous mouvons, en Lui .nous sommes et nous vivons; ce divin voisinage - plus que cela cette divine compénétration nous vien,t si bien en aide, si nous le désirons, que cela seul suffit à remplir de courage pour vivre cette vie en pensant comme l' Apôtre: œ qu'ont pu tous les autres et œux-ci et celles-llà, pourq,uoi, moi, à mon tour, ne le pourrais,.je pas? (Oa.,uscl'ies.) Le R ·P . BE!Rlli!IER

------------·--Variétés

DU TflM.JPS QUE LES FBMMES VOTMBNT ,Le Moyen-Age • mystique et cruel » cher à certains fut décidément urne singulière épo-

que. Il y a quelques jours, un confrère étab:is· sait que la joumée de huit heures était une vieille insilifation moyenâgeuse, voici que 1j'a1pprends qu'au douzième siède les femmes votaient. Décidément les timides audaces de nos plus décidés ,n ovateurs paraissaient bien pâles à côlé des réa.t-isations du moyen-âge chrétien. Oui, au douzième sièo!e, Je vote des femmes était acdimai'é chez nous: la femme était représentée dans les assemblées et, comme titulaire d'un ,fief, comme chef de famille, la femmie jouait un rôle po,!Hique. :En 1182, une foi de Bea'llmont parlait du droit de vOlte dans te!. assemblées du pa,ys de tom'e femme, veuve, füle tenant ménage , femme mariée, en I'absenœ d1u mari; les femmes ,prenaient part aux déLibérations du bourg dont ~es réso,lutions étai-enit procédées de cette formule • besquels tous et •.toutes• devisèrent et ordonnè:rent 1que . . ,. ,. . Et ce n est pas seulement à ,la tête des

filefs, mais dans Ie régime communal que les femmes votaient, et aussi dans les assembl~es corporati·ves. Au quatorzième siècle, une œrtaine Oaill'ardine (biien ,nommée) tenait 1ête à la ,ma,jori1é de l'assemb~éle de Cauterets. fo11-0cent W accordait dans les Etats pontificaux droit de vo1e dans. 1es groupement, sécU'liers: , tout ma,jeur de 14 ans, mâle, femme, jeune fille ou veuve •· Ains,i ,donc, au moyoo,âge au moment même où 1a discipline et ·l,a mora!le chrétielllnes règna,ient sans partage, on ne ·jugeait pas le rôle · public de la femme ,incompatible avec l'exercice de ses devoirs. Je sais bien que cela n'empêche pas M. Viviani· d'opposer ,les remmes groupées dans les syndicats à celJes sur qui 11Eglise a tant d 'emprise. Mais les étoiles ,qu'étei.nt l'mcien ministre - corrm1e les gens que 1uait ·le • menteur . - • se ,portent assez bien. •.

0 POUR SAUV!BR ŒJES ,El.JE0TROOU11ES A la suite de diverses constatations fa,itea en cas d'électrorotion d'ouvriers par un tort courant, l'inspecteur général d'une Compagnie anglaise de lumière électrique a :recommandé à son personnel, en cas d'accident, de frapper fortement ]es pieds des victimes, sans d'ailleurs leur retirer leurs sou1iers. Un ouvrier qui ,p osait des fils sur un poteau, ayant perdu l'équHibre, s'était instinctivement raccroché ·à un conducteur à 2300 volts. Tombé à terre, il ne donnait plus signe de vie. Ses camarades suivant les conseil& qlliÏ leur avaient été donnés, le frappèrent sur les semelles avec une barre de fer. L'ouvrier revint promptement à ,jui et, porté à l'hôpital ne soulifrait que de brû1ures aux mains. Ce n 'est pas à dire que le procédé soH infai Hible et réussisse dans tous les ca:..

• Le vieux Baron X . . . regarde Mme de N ... . , toute jeune, toute pimpante, sous un costume moderne: · - C'est curieux! La marquise et moi, quand nous étions petits, ,nous avions le même âge; mais cela a dO beaucoup changer.

La tuberculose et ses ravages La tuberou.Jose est une .maladie iniectieuse et contagieuse. Elle esit due à la présence, à Ja mu:ltipticai'ion et aux ravages causés par u.JI microbe de très petite dimension, appelé bacille de Koch. L'action nocive de œ bacille se mani1este par le développement, aux dépens des organes atlein1s, de petites iumeurs, dites tubermles. Le tuibercu:le peu,t grossir ou s'associer avec des vois.i.ns. Au bout d 'un temps plus ou moins long, ces tu·bercules peuvent se liqugier (ramoH:issemen't'.) et .Jeu:r contenu se répandre au dehors, ,pét,iode de suppuration et de fonna:rion de cavernes. La tubercufo-se .p eut .envahi·r lous les organes du corps hurnai111, avec une .prédilection ma11quée pour Jes pournoœ et les Ol'gailes glandulaires. Mais, contrairement à une opinion t·r ès répaodiue ,j usqu'ici, cette ma.J.ad,ie ,n'est, à quelques exceptions près, ja,m ais g~uéralisée à ses débuts. E1Je esit, la plupart du temps, [oca,Lisée â un seul organe. La géné:ralisation ne se rencontre qu'aux périodes ulti· mes de fa ma.lad'ie et queJquefois da,ns 1e jeune âge. Cette parlirula,r ité a une grande imporfance prd'que. Car il esi évident qu'une af.fection localisée dans un seul, organe est bien plus accessible à }a thérapeUJtique, c'esl-à-dire à la guéri-son, que si 'l 'orga.nisme entier en est infecté. · La tuberculose n'es,t pas héréditaire. Voilà tme véri'lê contraire à toutes 'les Jdées et à toutes 1Jes noHons que. ,J'on avait de cette maladie. L"on peu1 aiffirmer qu'à part quelques exceptions albsolument négligeables, on ne naîr pas tuberculeux. Un enfant, né de parents poitrimires, mais soustrait à sa famihle et placé dans des condii1ions d'hygiène favorables, a beaucoup de chances de Ille ~.amais deveniir tuiberouleux, tandis qu'un, enfan't' né de pa·ren,ts sains, mais plaoé dans un milieu conuminé, con:tractçra 1.1· maladie rapidement. C'est sur ce .principe qu'est basée, en ·F rance, • l'œuvre du professeur Grancher ». Cette j1nstitution, de dia-te récente, a pr,is ,un.e grande exiension. E1de consiste à dépisier le& n<llisoonces d-a ns

les familles atteitttes de 'iubercu:lose a.vér~, et, avec le consentement dei pareots, à pla~ ces nouveaux-nés à fa campagne, dans les fa. miUes saillles et dans des logements hygiéniques. Une su"rvei'Llance médicaie est assurée à ces enfants. Cette œuvre a ét~ très discu~; elle présente de sérieux inconvénients, religieux e-t moraux, mais ma~ré cela eHe a ffltdu de -très grands services et conservé à. la vie bien des enfaruts. La Suisse possède quelques ii1sti{utions analogues, comme Jes Oisillons dans 1e -canton dt' Vaud. 1

Mais si l'on ne naîf pas 1ubercuJeux, !'on nait avec une préd:isposition hfr&füa.ire, l'on naît tubercuJ.isab!o. En effet, l'on conçoit aisément que des enfants procréés par · des .parents contaminés, épuisés par une ,Jongue maladie, si justement' dénùntlllée autrefois , maladie de langueur , , doivent présenter une constitution chétive et être dépou:rws dè iou,te résisfance vis--à-vis des 'agell'ts nocifs, vis-à-vis des baciLles de Koch. Lïmportltnce que .peut avoir au point de \/\le prati"que la non-transmiissibi!Jiti! de .Ja tu:berculose par hérédHé n'échappera à .p ersonne. S'il é-n êt'ai,t autrement, ,la Tutte contre 1a tuberculose deviendrait inutile dains toutes les fam_i.lles infectées. Par contre si l,a tuberculose n'est pas héréditaire, eHe1 est très contagieuse. C'est ce qui la .rend si ~ereuse et si meurlr,ière. Elle se transmet d 'homme à homme et même <l'anima.\ à homme. Cette dernière asseritioo a été mise en doute et même ru6e. Mais actuellement une grande partie des médecins y croient, surtout en ce qui conœxne la :tuberou,lose des bovidés, Les vaches sont très su;iett'es à 1a tu.bercu· !ose, e-t _leur tubercwlose peut se transmettre l ,l'homme soit par ia viande soit par le )ait'. Connnent s'opèr.e 'la contagion de cette malad'i c? -Elle ;se fait par la pénétration du bacille de Koch dans l'orga,n isme humain. Cette pénétration s'effectue •le plus souvent pat l'air dans les voies res;piratoiœ-es, OUJ par .Jes a'li•


138 ments dans les voies digestives. Elle peut au.ssj s'effectuer pa.r n'importe quelle perle de sulbsfance de la peau ou d'une muqueuse. Ce bacille, comme nous 'l'avons vu, se trouve dans 'l e tubercule ramolli, devenu Hquide, et rejeté au dehors sous forme de pus dans les expectora/lions et les suppurations des glandes et des os. qu',il faut bien reienir, c'est que ce pus se dessèche et met' en ,[iberté les baci11es de Koch qui y étaient conten·us. Il suffit alors d'un léger mouvement de l'air, coup d~ venrt, mouvement d'rune jupe, pour soulever ces germes et les mélanger à l'air que nous reepiroos; i<ls pénètren I alors dans nos alünents pour sïnt'roduire dans noh·e tube <ligestil. Le bacille de Koch es( irès dangereux parce qu'il est frès résistant. A l'encontre de eutains microbes, tels que celui de La roÛ2"eo·e, qui ne survivent pais à leur expu,lsion hors du corps humain. 'le bacille de la 't:ube.rculose est réfractaire au dessèchement, à 1a chaleur sèche, au gel, aux pu,tréfactions et même à l'âge. Par contre, sa vitalité est rapidement diminuée et détruite par l'ébu,Hiiit'ion, par ~'acliou des antiseptiques et aussi par 1e soleiL et Je grand air. De multiples enquêtes fai1es dans de grandes villes ont démontré que certains logements sombres, mal aérés éraient des sources continues de iuberculose, et que tous les occrupan.ts successi~s y contractaient la ma· ladie. Les bacilles de ,Ja tubercu,lose une fois inh"odui1s dans ces logements n'e11 son'!' jamais ch~sés e1 continuent à faire des vjci lmes. La contagion es! donc la cause directe de la ma'ladie, mais iJ. y a des causes secondaires. Il y a d'abor<i. des ,1ogemenls insalubres, coni. me nous venon,s de le voir, logements sonr bres non aérés, humides, encombrés. Il y a aussi les mafadies a11(érieures qui diminuent la résistance de l'organisme; il y a les fatigues, 1es soucis, 1Jes privaiions, une matwaise hygiène et puis surtout l'alcoolisme et l'inconduit'e. Ces deux derniers agissent non seule1nenit sur 1les coupalbles direclemen.t , mais indirectement sur leur entou-r age qui, par Je

c.e

vice des parents, diminuent 1le bien-être de la famille, ët privent Jes enfants des ressources nécessaires pour luher contre la maladieL'agen't le plus actif de la iu:be,rculose réside, ,ma,Jgré tout le dégoOt que l'on éprou~ à le dire, da11s Je crachat tuberculeux. Ces expectorations sont saturées de bacilles de Koch . C'esf pourquoi I' ABC de la lutte contre la tuberculose consiste dans ,Ja croisade organisée ,pour rendre inoffen,s.i,ves ces e~pecforaNons. La. marche de ,la ma1a.die est .t rès diflérenta suivant les ca!: elle dépend soit de la résisfance de l'·individu, .! oit de la vul11érabilitf p!us ou moius erande de l'o.rgane. Elle est aussi, ,s ous la dépendance du soin ou de la négligence que l'on apporte à combattre !affection-. , ,Ce sont 'les, enfants qui sont 1les ,plus sen· sibles à fa contagùon tuberculeu~. Cette afiirmation parât.t êke e11 contradiction avec 1es sfa~ fütiques . .En effet, comme nous le verronS( tout à l'heure, les décès par .t uberculose ne sont ,pas très frequenis dans les premières années de la. vie. Les enfan1s absorbent facilemtnt 'les bacilles Koch; ceux-ci peuvent se localiser très longtemps, ,p endant plusieurs années da11s les gltndes, spécialement dans 1Jes glandes abdomiuales et ~horaoiques. Dans ces organes, les 1bacilles de Koch provoquent des ,tubercules qui évoluent vers une suppuration plus ou moins rapide. Ceh'e évacuation du ,p us peut se faire a1lors dans ies poumons, dans les infcstins, dans les .méni,nges, et provoquer. Jong(emps aiprès l'entrée du lbacilJl!e, une fuber<:1:tJose grave. .l a tuberculose peut évoluer d'une manière rapide; c'est plutôt :I'exceptio.n·. En règle générale son début est insidieux, lent, donc traitre et diff.icile <à dépister; et tout à coup elle peut prendre une allu.re envahissante. L·on comiprend mieux ainsi .q,ue la tu•berouiose guér it bien pJ.u,s .faci'lemeut au débwt que quand elle a coofarrliné une gnnde panic d'un or· gane i1npor,tant. -La durée de la maladie dêpend aussi de la ra,pid:if~ de l,tnvahi~emeni; el,Je peul è!N

119 d'e queiques cfiuînes d'ann~s, comme elle peut êtro seulement de quelques semaines ou de quelqu.es mois. Toutes ces données sur la tulbercu;lose ne nous foumissemt pas des not'ïons sur les ra.vaa-cs causés par elle. Nous nous borneron5 à J'6tude de ces ravages dans notre pays, en Suisse. D'après une ,statistique étabLie, eu 1910, notre :pays petd chaque année environ 9000 personnes, par décès tuberculeux. Ce chiffre est énorme et' .représente ,U:Jle .perte immense, surl'out ai l'on iient co~pte de J'âie moyen des décès pa:r tubercwlose. La mortalit6 par tuberculose n'est pa.a lrf.. quenite dans la première enfunœ. Cette constata•tion ne cadre pas avec ies révélations fournies par 'les autopsies. Dans œrlt'aines irandes vil'les, l'examen systématique de tous les cadav:res d'enfants morts à l'hôpital de ma· ladies non tuberculeuses, a permis de constater la p~nce très fréquente de 1ésions ('uberculeuses qui n'avaient pas été soupçonnées pendant la vie. Ainsi, Niigeli à Zurich d'oune 17 % de 1lés,ions constatées entre 1 e.~ 5 ans et 33 {fo entre 5 e't' 14 a:ns. BoHinger, de Mu· nich, en a it:rouvé 43,6 % entre O et 1 aos. ·Mais, comme nous ,te disions, ,tout à. !'heure, si 'les enfants sont très sensibles à la conta· gion tuberculeuse, ils peuven't' emmagasiner ces (l'ermes dans •leurs gain.gLioo,s de loniues révéler leur présenœ. ann&s, le maximum de mortalité pa-r iuber<:l.llose sévH dans 'râie moyen de la vie, ent~ 15 et 39 ·ans. D'après ,une statis-tique de Bollai, aur rnoo décès entre 15 et 19 ans iL J en a 568 düs à la ruberculose~ 562 sur 1000 décès entre 20 et 29 an11, et 417 entre 30 et 39 ans. Os chiffres son4 '!errilblement éloquents. Si, en etlet, ia i uberc11lose n'eJlll.evait ,par la mort que ou surtout des personnes d'âge avancé, il n'y aurait qu·un demi-mal. !Mais, si l'on 1onge qu'dle exerce aes ravaies surtout dans I'~ u:bile de la vie, 'l'on pour-ra se faire une bien faible idée des pertes immenses qu'elle occasionne chaque année à notre pays. Car, pa-rmi les décès de œt âi'e, nous ,trouvon'6 beaucoup

sans

de .pères et de mères de famille et des jeunes gens qui devraient être aptes à fag,ner leur v,ie et celle de leur;; proches. Qu.e J'on SO!lî' au vide laissé dans une famille par le décès d'une mère, devenue ma,lade et décédée à la suite des privations occasionnées par la maladie ou par Falcoolisme du. .père, ou aussi par le décès du père tombé malade dans un a•tefie! insalubre et dont l'épouse est décédée ou est malade aussi. Ces en.fan1's, souvent contaminés d~l par 1a tuberculose de leurs parents, a.ffaiŒ:>lis par une existence toute de misère, tombent à ia chare-e de ila co11111Junc ou de la charité publique él, au lieu de devenir des êtres u'ili,lesi à :la soci~, !Ju.j deviennent nui_ sibles en propageant leur mal, en tout cas · ils constituent pour elle ·un fardeau lourd à ,por-

ter. Que l'.on sooge1, aussi aux soucis et à ~ misère que cause, à une fam.hlle, l)e décès d'un jeune homme pour 1ïnstrucnon duque1 on a fait les plus irands sacrifices et sur 'lequel on cdfnptait pour seconder ou ·remplacer l'a.ction des parents devenus vieux ou mafades. Il ne faudrait pas croire que ces sii!ua1ions sont exceptionnelles. Tous les médecins el les personnes qui s'occU!Pffit de charité publique ou .privée en rencontrent chaque jour et soni consternés de se trouver si faibles viH-vis des ravages d'un pareil fléau. Les chiffres précités ne concernent que les décès .par 1'Uberculose. Avant de causer des décès, œt,te maladie exerce sés méfaits parmi les vivants. H est très difficile de fixer pour la Suisse, d'une manière même approx.imative, 1e nombre des malades atteints de 1'1.11b erculose. D'abord il y a une quantiié de malades qui ne se soucient pas de ·leur maladie et qui vaquent régu,lièrement l leurs occupations. S'ils sont dam; de bonnes conditions, d 'hygiène, et c'est rexception, ils peuven,t guérir spontanément. lMais 'le plus souvent, ils ne s·adJressen.1' au médedn quà une époque avancée de la maJadie et ,p endant tout œ iemps, souvent fort 1lo11g, ,i ls ont ét6 des prop;lîareu~s inconscients des ibaciHes de I(och. c.ertaias auteurs onf cru .pouvoir fixer à


ho 80,000 le nombre des tuberculeux domiciliés en Suisse. Ce chiffre n'est pas exagéré; il est probalblement trop faible. Nou·s avons donc che~ nous plus de 80,000 maiJades dont le plus iraind nombre est franchement con:tagieux. lLa présence, au milieu de .populations et de fami~lcs saines d'un aussi grand nombre de foyers de propi.iation de la. tuberculose, consti~ un pédl national. lll n'est -p as de ~rop, il n'eat pas assez des médecins, du personnel paramédical, des aufor.i1és consti~uées et de toutes les bonnes volooiés privées pour 1utter contre ce fléau. Depuis un cer,t ain nombre d'aillll~s, a-rtce aux .pouvoirs publics et aux ligues an·füuberculeuses, il a été fait dans ce domaine de grands efforts et réalisé de sérieux progrès. Mais te f.ravail esr vaste et multiple, il eicige d'imme111Ses sacrifices. 1Le but A atteindre est double; il faut .tendre à les rendre inoffensifs pour ,Jeurs famiLles el leur entourage. O'âu.tre part, 1,1 faut faire œuvre de pro. J1hylaxie, en rénovant l hyg,iène publique, en améliorant les condi1ions d'habitations et en combattant le vice et l'a'lcoolisme. Retenons donc que la tuberculose n'esf pas hh-éditaire, qu'elle est toUJjours localisée au da>urt et qu'elle e11t guérissable dans son premier stade. Enfin, il ne fau11 pas oublier qu 'eLle exerce d!ez nous de grands ravages et provoque le nombre le plius important de décès dans l'âge moyen, è'est-l-dire dans l'âgt! utile de ta vie humai~. Dr COMTE. 1

La camarade IPour aon· début dans l'enseignement, .Mlle de Voilaine fut nommée institutrice adiointe l récole des fi'.11es diu. quartier des :Plâtriers, le quartier le plus déshérité de Paris. IEBe ·a'Vait virng:t-deux ans et c'éiait 'V'.l"aiment une noble; elle possédait la candeur et la ma-

je!>té.

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·

1 1 •

file avaH une beauté iblonde, la IJlus claire, la plus rayonnante, et par une mervei.llleuse harmOlliÏe, elle avait 1a ,plu.s ,rande puret~ de

cœu,r ; c'était d'un sentiment délica\', simple et direct qu'elLe aimait ,les belles gens, les be~lcs choses, les bel~es actions. Tou.t d 'abord dans un milieu scolaire misérable et faré, el.le n 'éprouva ni gêne n,i dégoûr; elle .planait, elle ne se mêlait pas. ÙI sérénité de son iidéa1 n'était offusquée par au· cune déchéance, pas iplus, que le C'ha,r me de son visage n'était a!Héré par fa disgrâce malingre des figures en.fa1llünes. !Mais te temps exerça son Î!névitable influenœ: peu là peu, le rapprochement 1;e fit entre la. maî-!,re.sse et les élèves. Le visag,e et l'âme de iMUe de Voilaine changèrent de magnificence, et le peuple ~olier témoigna a.ussi sa métamorphose. •L a .p remière année, .Mlle de Voi laine fut chargée du cours préparatoire; .puis, les deux a,nnées d'après, elle eut la chance de prend,re successi,vement :te cours élémentaire et le cours moyen. Ainsi el!le ne quitta pas ses élèves, e1le suivit leur développement au complet: de huit, neuf ou ·dix ans à onze, douze Ct' treize ans. Un jour, elle songea que ces enfants ·aMaient bientôt quitter l'école et même se disperser, se perdre de vue les unes les au.tres. Cette pensk mélancolique Jui suggéra la donnée d ·u.ne composil'ion de rédaction pour le lendemain : c San'S Ja nommer, fa~ites Je .fSortrait mora l de votre meilleure camarade. • tLe te~ d'une composition était toujours écou~ avec ["ecuei•Llemeni, puis Jes élèves I'ap. préciaient au point de vu~ « di.fficile > ou c pas diffi.ci'le •, ci .pour cela foutes se remuaien 1 sur leur banc et hochaient la 1ête de droite el de gauche, jusqu'à ce qu'elles eussent choisi Ja meiHeUire posiMon. assise poll!r le bien coro-

poser.

c.ettei foisJlà, leu,r ag,Ltation &e prolongea plus que d'habitude, car 'la recherche du principe de dévclqppemen1 consist'ait précisément à faire aoutour de soi une iovestjgation comparative. On décochait aussi: des signes, des sourires, çà et là, comme pour se faire souftler une iidée, quoiqu'Jl n'y eû.t pas lieu: on oe pouvait consul1er que .soi-même.

Ei ,pourfa.nt ... Une vibration jaillit d'un

point inconnu, oo vagiue mu•rmure se ,p ropagea sùbitement, ci presque toutes ensemble les lèvres donnèrent l'impression d'avoir trouvé [e portait à 11racer; leu,r visage s 'Hluminait d'un seul coup et ehles commençaient aussitôt à écrire avec application. Contrairement aux prévisions de l'insfüutrice, qui s'étaiit réjouie d'avoir invenœ uu sujet exceptionnel obligeant •les enfan1:s à présenter des considé.l:ations dissemblables, il arriva que tous 1Jes développement se resseniblèrent comme ceux d'wne composition tirée du programme en cours: une clart'.é uniforme pour la classe eutière, comme :l'était la lumière du jour, avait montré aux élèves que leur neilleure camarade était Mademoiselle! 1E t voici le thème commun d'évidence et de sincérh~ unanimement adopté: « Une bonne camarade est la confident• avec qui ·l 'on pariage .ses plaisirs et ses peines; d'ordinaire, elle nous re.sembic !)BI ses bonnes et ses mauvaises qualités, elle est de notre âge, de notre condition. Eh bien! ma 1mei1lèure camarade n'esr pas une petite fille de mon espèce; c'est une grande _pc11soone, bien p!Ùs sage, plus généreuse et plus capable que moi. J'ai beau chercher ses défauts, je ne les trouve pas: ni· menteuse, ni envieuse, ni égoïste, ni ranCU!IlÎère ... Alors, en lait de :ressemblaniee entre nous, i1 y a qu'elle prend l'air d'êtie pareille à moi, quand je suis con!ente, .powr me rendre plus heureuse; quand fai du chagrin, pour me consoler, et surtout , quand j'a,i mal agi, pour excuser et réparer ma fau1e. Et pou.rt'ant, queLle vraie camarader.ie! je ne sens ·pa,s de différence entre nous, ïe n'ai pa;s de gêne, pas de 'honte, je &uis attirée de fout mon cœur . .. » Dans quefques rédactions seulement, une particularilé empru,n,tée à [a vie de l'élève s'ajoutait au thème général. ,Par exemple, Elodie Jamon. était l'abl& de cinq enfan,:s d sa mère était partie, abandonnant la pauvre nichée. Un paragraphe sur cette circonsta111Jce ,précisait la bonté de la camarade: c U u'y a qu'elile qui ne m'a pas di\

des paroles fâchées contre manwi; elle m'a montré qu'il s ·agissait sans doute d'une [ata'lité ma.iheureuse et j'ai eu bieru moins de chagrin; c'était si bon de pouvoir continuer à aimer sa mère, de ne pas penser du mal de aa mère ... • Ju\.ie Pidot, la première ainnée, quand elle faisait partie du courll iprépar·a toire, ava:it bat. ltt Mademoiselle! Dans sa rédaction, elle -s'empressai't' tout de suite de sowla.ger sa mal.heureuse conscience: c Je sais depuis longtemps qui eS't ma rœil1eure camarade. Un jour, j'ai été médhanle, ·le plus qu'H est possible dt l'être, et je n'ai même pas été grondée; j'ai eu pour pU11ition de garder ma mécha111ceié. Mai! voilà que ,p ersonne de la cl.\sse ne me parlait plm1, 'les ~lèves m'avaient mise en quarantaine. Alors la bonne camarade a dit: « Je veux que l'on joue avec JU'lie; celle qui voud,ra me faire de la peine n'aura qu'à fa.ire de la peine l Julie ... > M!i'le de Voi'1aine avait empor-lé les copies pour les_ corrig,er à la maison, le soir, apr~s dîlller. BHe fut s•i effarée, à la lecture, qu ·elle se mit à parler toute seule: Mais .. . ma.ïs... voyons! Qu'est-ce qu'il m·arrive? ... Je n'ai rien fait pour ta! .Puis eHe éprouva un autre saisissement; on ne pouvait pas juger ces rédactions à la manière des devoirs ordinaires; comme elles valaient' par le sentiment, les préférables, les plus touchantes étaient celles des demières élèves, des moins avancées! Ou,i, celles où grouillaient le plus de fautes d'orthographe, où les plus pauvres mots cahotaient dans les phrases les plus maladroi:t-es; en résumé, celles des élèves qui, ayant le moins appris, écrivaient avec leur cœûr au lieu d'écrire avec leur mémoire. Et enfin, bouleversement dernier, il était irnpos·si·IY!e à Mhle de VoHaine de d·o11111er un résu!stat pour llille épreuve ainsi réalisée, il lui était impossible même de reparler de cette composi1ion qui -la mettait en cause si inopinément. Alors que faire? Qu'al1lait-il arri·

ver? 1MIHe de Voilaine fut bien inquiète pendant


us chien ,, chez deux cand,idats à la députation, pfusieuts jours, puis. elle commença. à s'émerveiller; d"habiJùde, les élèves la tourmentaient pour ~onnaître bien vite ~e classement des copies; or, cette fois,-ci, .pa,r chan.ce, elles ne demandaient rien, elles ne réclamaient pas ie réswltat de ,1a composition! Cet heu,r eux répit ne consti!:uait cepe11dant pas une solution. Powr se rendre compte, en définifüe, de la conduite à tenir, MHe de Voilwine dut faire, à son tour, La composition en son cœur. Sa douce modestie irouva ce déveJoppement que dans J'enfanœ, même la plus humble, était la source de toute vérité, de toute bon1é, de toute beau,té, et que, par conséquent, ses élèves étaient vr,a,imen't'. ses meilleures camarades. Et alors, par délicatesse affectueuse, e{,Ie n'avait ,pas de classement à fai. re; en ne disa·n t rien, elle doruw.i1 à chacune la première et même place. 'Les élèves, qui avaient' si bien su faire la composition, surent parfaitement percevoir le bienheureux rés11!1tat. Sans doute, avec ,l eurs dtifférenœs de tempérâmeni, eliles a vaieni reçu de leur institu't'rice des qualités différentes, dans des proportions variables; mais il . était une valeur féminine que toutes avaient prise au même degiré: la pudeurr du sentiment. ELies coooaissaient foutes cet,te entente qui ,ne s'offre pas des lèvres et ne s'accepte pas des lèvres: le silence de Mademoiselle était précisément la douoe réponse souhaitée. Ainsi, ·le dire de la composition se trouva en quelque sorte coofirmé par ceh'e contreépreuve de discrétion. afüeotueuse. Il y avait uine valeur par quoi les élèves de Mademoiselle s'égalaient .toutes, comme elles égalaient Mademois.eLle. Toutes camarades de ~ haute camarade! Toufes ces petiies IMa!rie-iMisère avaien•t atteint' à la no,blesse du cœur. Léon PR'APiiE.

La Franchise Le mot franchise en général signifie absende liens e( d'entraves. En itant qu'elle cara.d érise 'les rapports IIlU!tuels entre ies in~

·Ce

div-idus, elle est s,ynon,yme de smœrité, et indi·que une disposition à dire toutes choses teLTes qu'on les voit, ou telles qu'on croil les voi·r : L'âme franche ,se montre te~e qu'eHe est avec ses pensées, ·ses sentiments, ses motifs, ses intentions. Cette di~position ,P<\SSe à juste litre pour une vertu; mais, comme toute 'vertu·, eUe est entre deux larrons: Je trop et ,Je trop peu. ·'Lai,ssons de côté le trop ·ipeu,, qui s'appelle diss,ünwlation, feintise, fausseté, soumoiserie, etc., el' ne parlons que de ·l'excès possible. Une formule pr()IVerh-iak résume clairement les lois de l'a franehise. EHe ne consiste pa:s, dit cette fonnule « là dire tout ce qu'on pe-nse: mai,s à ,penser tout ce qu'on. d.it • · Oire tout ce qu'on ·pense ,sur les personnes, et même sur iles choses? Mais c'est aib~mle! c·est immoraiI, ·c'est Ide Ta licence el non de la ·J,iberté! Il rrl! souv,ient qu'un jour, une da,me aya,nt trop dit c-e qu'eI:le pensait, et s'étant broUiillé de la so11te avec de vieux amis, me vint prier d'.ill'tervenir pour adoucir La situation; et elle s'excusai,t comme tant d'auitres e'!l' di,sant a•vec quelque farté secrète: • Jai la ma41heureuse haibitude de dire tou·dours aux gens ce que ~e pense,» Pour lui faire loucher du doigt ,J:a ,pauvreté de cette excuse, ue !lui ré!po111diit: « Pour votre bonheur, Maidaime, ge vous ,souhaite de ne jamais rencontrer 1personne qui' vous ressemble. • Comme eJ,Je avaJ.t de l'esprit, eJ:le. accepta l'imperti:nenœ eu riant, et me di1: que favais ,raiso,1. 1'V n'est ,pas vra,i qll"oo ;ptüsse dire à charun tout ce qu."on 1pense. Notre li!berté est ici limitée ,par le 'droi<r d'autrui, que représentent :l'a 1jusitiœ, 'la ,charité, la morale, 'les convenances et m~me, hélas! nos propres misères. ,L a franch·i se ,qui méconnaît et viole œs Hmites est fma.u1Vaise; clle dev,ient de l'irujustice, de '1a grossièreté, rde i'i'llljure, de l'effronterie, el"C. Elle devient même une sottise, parce ,qu e!Dle peut provoquer des répLiques éi·alemenrt débridées, et alors, ,gare! Ce sont des gaz a,siphyxiants des deux côtés, On en a tles exemples chez les héros ennemis d'Homère, s'attrilbuant alfornaiivement des « faces de

qui ,se disputeu,t les voix des électeurs, etc. [.orsque la franchise va jusqu'à s'attaquer ,défauts ii11volontaires du prochain, el,le est piœ ell'core, ,<ru moins comme Lâcheté, bas6esse et vi,lenie. H est donc inconteslalble :que la franchise louable ne comiste pas à dire tout ce qu 'on pe'll!Se, et le proverbe a pa.rila,itement r ai,son. •Il ,aijoute ,q u'e:Ue consiste à • penser tout ce ·que l'on dit ». Le: mot « pen,ser », du latin • ,pen·sa·re » dans ,sa signiltitation première veut di re • ,pese.ri a . 3 ux

Cette étymologie est .l ourde d 'enseignements. Bien voi·r la chose, lui arkihL1er .son importa,nœ rée lle et vraie, ne pas l'exagérer ni la di.mim.œr, n'en pas « fausser Je 't)Oids. » selon les caprÏices de nos pasis.i.ons, dïnt'érêt, d'enthousiasme, de ualousie, de vanité, de sensuafüé, d'amour-propre, et ainsi de siuite: c·e-st vraiment une sul'Vei.Jlance à exercer sur loufe la ligne. Si 1amais VOIUS avez, par malhe1.1,r, vo:bn1'ai1rerneint ou, non, mécontenté quelqu'un de 'VOS amis qui 1S'en explique avec vou,s, prenez le iemps et la peine de comparer ses plaintes avec 'la réalité des méfaits q,uïl vous att!rrbue. Vou•s. resterez parfois épouvanté, abasoUJr'di, de · voir ce q,ue deviennen:t vos paroles et vos actes dan·s -l'espri( de .f'interlocuteur. Vous comprendrez alors com bien il est di.fficile de • penser» ou de • ,peser » équitablement. ,Et' si les passions sont invétérées, si on ·Jes a vétues .longtemps, au point d 'en iai,re une seconde nature, contre laq11eL!e on ne !lutte plus, alors le ~11JJgemeut tend à se pervertïr, et la franchise qui en procède n'est que fécho de œtte aberration. C'est ce ,que dit Nof.re-Sei·g neur: « Si ton œil est 6on tu vois clair ; s'il esf mauvais, tu vois tout en noir. » On comprend ain,si les difHcultés <le la bonne franchise . Et cdte dîffkuùlté 'Se :rencontre non point seu:!ement an su,jet ijes réalités absolues, mais encore sur Fimpol'ta1i,ce de ces rédités: si fou est bien <lis1posé, les choses bonnes sont excellen1es, Je,s actes mérifoireS; sout me.rveiil~

!eux ; de rnème que tou·s les (orts sont horribles, abominables, si l'on est mal disposé, Il est claJir d 'ailaeurs qu'il n'est pas possible d 'établir mathématiquemen:t la déJ.imitalion ent're la ·lionne et la mauvaise franchiseLes circonsta,nces p.eu,vent mofüfier profon-· dément les appHcafions. Une personne bienveil,lante, Ott qui po,sède i:elte aiiorable liberté de jugement, née de la bien'Vei,J.Iance qu'elle se sent au cœu.r, peut être bien plus han.lie dans fa lranchise; c·est de ,)'une de ces personnes dont Oll di~ famùtièrement: On Jui laisse tout dire; eUe peut tout lèlire, et personne ne s·en fâche. ,M,ais si la même franchise est pratiquée par ce passereau qu'on appelle • pie-grièche • , alor·s, eHe devient <insupportable. Vous qui voulez pratiquer la franchise le plus possible, commeOJcez pas être bons à outrance, pal"Ce ·que cette bien,veiHance calme aura mis dans vos juguien1.s la droiture qui re11dr,a vos paro1les à la fois douces et salut'aires. Arrivée à ce poill1.t de vue, nous découvrons un champ très vaste de nouvelles considérations sur la fran1ehise. Mais nous o"y entrerons pas. Nous rencontrerions. .[a franchise cynique: celle du mdlosse de vil1la.,ge, qui aboie et mord à pleine bouche. IL y aurait ifa fra,nchise -du sermonneur qui ne ·sai1 s'expr~mer que par des plaf.il'udes et des a·1'1usions venimeuses. OUJ il"encontrerait la franclüse de H10mme de bien, à q,ui 1me vie irréprochable et des cheveux blancs ou absents permettent de bieniveiMan~es sinœrités. Bret! on n'en linirair pas à énumérer se11lement 'l'es diverses ·s ortes de franchises . Attention au choix! 1

(Ca.useries.J

J.· J. BERTHIER

. •

1

...

...

:t !Les neuf dixièmes de.s hommes se règleÔI sur ,l'œil du gendarme bien plus que su,r ij'œH de Dieu.


15 Octobre 1919

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Variétés PETI11E6 REOEITTES PRATIQUES

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ta pré.paraXio11, de fa viande de porc américaine Une certaine qu,anfüé de via1t1de de porc américaine ayant ,pu être amenée dans !e pays et mise dans la consommation, à des prix assez lbas, iL importe mamtenant que les .partiruliers, notamment nos ménagères, apprennenl ·à tirer de cette vi1ande le mei~leur pa:rti possible. Elile demande à vrai dire, grâce au mode de conservation amér.icaine, une pré.paration un peu Slpéciale. Il y a lieu de rappeler que œt!e viande n'est ni famée , ni congelée, ma is <jU'ehle se cooserve exclusivement grâce à une forte salaison. On recommande donc pour la dessaler de la laisser tremper durant au1moins 24 heures. U11 au,tre moyen plus effectif encore sera~t de changer .plusieurs 'fois J1eau au moment de :la cuisson. 1,l est également recommandé d 'ajouter pendant fa cuisson un morceau de charbon de bois. •En Amérique el en Angleterre cet~e viande est coupée en tranches minces et cuite avec des assaisonnements . Quoi qu'il e,n •soit, -i1l irntpoirte de ·rappeler qu 'avant d'être consommée, celle viande doit être fort'ement dessalée.

Nettoyage des bas de jupes tachés de boue

li arrivent souvent, lorsq-ue le bas d'une ju,pe conlienr 1beaucouip de taches de boue, que, même avec ,la brosse, on n'arrive pas à enlever compJètemenl ces taches. Pour les faire disparaî.tre, après t'avoir bien bro_ssé, éten'dtz tle bas de Ja jupe sur une table, puis frottez bien 'les taches avec un chiffon propre trempé dans de la fécule de pommes de terre ,préala'blerœnt séchée, soit au so'leil, soit dans le four d'une cuisinière ·qui vient de s'éte.ind'fe. Ayez soin de bien secouer 1e chiffon et de reprnndre de fa fécule propre chaque fois, que vous frottez J'étoffe.

Pour enlever ,les ila.ches sta" Je .Iiinge et les vêtements Tac11es de vin . - On mamtieni. la partie tachée dans du lai( bouillant pendant quel·ques minutes, la fache disparaît rapidemen.f. 011 obtient ,Je ,même résul1at avec de l'eau de javelle pure. 'faches de sauce, boui1lfon, ·huile, g,raisse. - •Elles dispa ra-issent sous l 'action de l'ess.enee de térébenthine ·pure ou de la benzine, Taches de bougie. - On les fait disparaître, ,après ·les avoir gra.ttées pour enlever la plus grande ma•sse de bougie déposée, en dissolvant ce qui res le avec de l'akooJ recliifé ou, à défau.t, de l'eau de Cologne. Taches de café, chocola t. - On 1les lave à l'e.au, puis avec un peu de j-aune d'œuf délayé da,ns de l'eau chaude. Taches de boue. - On les endève intégralement sur ~es la.i,nages -avec du vinaigre-.

~ Pour faire disparaître les verrues. On les .Jotionne deux ou trois fois par jour avec un mélange d'eau et d'alcool à parties égales ; ou ou les touche avec une allume1'le trempée dans de l'acide chromique.

if Contre le rhume de poitrine Prend·re l'ou.les 1es deux 'heures une lasse de tisane chaude d'euca,lyptus additionnée du mélaŒJ.ge suivant: 400 grammes de teinture de ca1111elle, 40 girammes sirop de tolu.

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Soaiêlé valai,aQtJe

d 'édu~·ation:' 6

Publication fondée en 1881 L'Ecole primaire donne une dizaine: de livraisons de 16 i,ages, la couverture y comprise, et autant de suppléments de 8-H> pages pendant l'année ordinail'e (soit du 1er Janvier au 31 Décembre).

Nettoyage ~es glaces et des vitres

Suisse f'r. 3. Par an: Union postale fr. S.50

On les frotte avec un liag,e mouillé que l'on ,a passé sur de l'indigo réduit ea poudre ,fi!lle, ou bien avec du '!)liane d'Espagne délayé dans de l'eau akooll,isée. On 'les essuie avant que le !blanc ne soit sec, avec un IJinge dou1 ou un peu de chamois.

Les abonnements se règlent par chèque postal IIe 56 ou à ce défaut contre remboursement. Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur

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Tout <lie qut eoneerne lCI publfoatlon dott être adressé cUreetement à son gérœnt et londœteur, M. P. PI~NAT, SeerétC1ire au Département de l'lnstra.etion publique, à S{on.

1Les pensées des a11.1ilres nous sont comme ·le~s vêtemets ; rarement jlustes à nos 1aii'les,

····-

Conduisez-vous toujours comme si - ~- - ....montré oar dix mains.


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