No 06 l'Ecole primaire, 15 Juin 1915

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15 loin 1916 10( il dire que cette badiane compte parmi les essences que l'on a considérées comme les plus nocives parmi celles qui entrent dans la composition de l'absinthe? Un _peu dïllogis· me ne messied pas aux modes nouvelles. Ne croyez pas d'ailleurs que vous obtiendrez ces chels-d'œuvre avec des plantes achetées çà ou là, sans plus. Sachez que la contrefaçon s'exerce en ce domaine aussi. Il est cc·mmun, par exemple. de recevoir de minuscules pensées au lieu des violettes que l'on réclame. Le fin du lin est d'offrir des mélanges dont les composants viennent de vos propriétés et ont été récoltés devant vous. Mais pourquoi s'en tenir là? Des tisanes, on en trouverait plusieurs centaines à com· pulser quelques vieux auteurs. En dehors même de celles qui sont très actives et fleurent trop directement l'officine, il n'y a, au propre, qu'à se baisser pour cueillir. Sans parler de la salse,pareille. si appréciée aux pays ensoleillés, pourquoi oublier le bouillon blanc ct le chèvrefeuille, la mauve et le pavot, l'alkekenge, cher à Van Helmont, et le grémil qui s'appelait jadis thé des jardins? Ou en citerait ainsi un grand nombre. A vrai dire, à côté des vertus curatives, :plusieurs de ces infusions n'ont rien de fort agréable; mais le sucre fait passer bien des choses, et parmi cclles qui nous sont offertes, n'en est-il vraiment que des savoureuses? Au reste, si l'on lait bon marché des qualités médicinales de ces filles des champs et des bois, il est d'autres mélanges qui, sans· peine, au poiut de vue du gout, les surpassent. Ne serait-ce que certaine formule: bourbon-moka-martinique ... Mais c'est du café, cela? - Cert~s oui madame, c'est du café, c'est-à-dire la tisan~ que vous buviez hier et celle que vous boirez de· 111ain. C'est du moins la grâce qui vous ~st ici respedueusement souhai1ée. (Le Temps.) Dr Henry BOUQUET. ~- --

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--·--·..._.. ----·-- Variétés

HISTOIRE D'UNE AME Dans la foule, secrètement, Dieu, parfois, prend un~ âme neuve

Qu'il veut amener lentement Jusqu'à lui, d'épreuve en épreuve. Il la choisit pour sa bonté Et lui donne encore en partage La tendresse avec la fierté, Pour qu'elle saigne davantage Il la fait pauvre, sans soutien, Dans les rangs obscurs retenue, Cherchant le vrai, vouiant le bien Pure toujours, - et méconnue.

utmatre

Il lait .plier sous les douleurs Le faible corps qui l'emprisonne; Il la nourrit avec des Heurs Que nulle autre âme ne soupçonne; Il lui suscite chaque jour, Pour l'éprouver, une autre peine: 11 la fait soulfrir par l'amour, Par l'injustice et par la haine.

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Soeiêtè valai~at)f]e)

Jamais sa rigueur ne s'endort; L'âme attend la paix? Il la trouble; Elle lutte? Il frappe plus fort; Elle se résigne? Il redouble.

d 'édu~aticn

JI la blesse d'un coup certain Dans chacun des êtres qu'elle aime, Et fait de son cruel destin, Un mélancolique problème!

Publication du MUSEE PEDAGOGIQUE

A la rude loi du travail, Il la condamne, ainsi fra.ppée; Il la durcit comme un émail, Il la trempe comme une épée.

L'Ecole primaire donne und dizaine de livraisons d'au moins 8 pages, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8-16 pages pendant J'aunée ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre).

Juge inflexible, il veut savoir Si, jusqu'au bout, malgré l'orage, Elle accomplira sou devoir Sans démentir ce long courage.

Suisse fr. 2.50 Par an: Union postale fr. 3 Les abonnements se règlent par chèque postal II 56 ou à ce défaut contre remboursement. Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur

Et s'il la voit au dernier jour, Sans que sa fermeté réclame, Il lui sourit avec amour: C'est ainsi que Dieu forge une âme!

Tout c:e qui conc:erne 1~ publlc:œtion doit être œclressé directement èt son géra.nt, M. P. PIGNAT, Secrétaire œu Département de l'Instruction publique, èt Ston

Eugène MANUEL. 0000000

:f. Il est une petite bouté si légère Hotte à la surface de toute chose· on la me politesse. '

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La reconnaissance fait naître ••~lif....liniiO et l'affec1ion ,fait vivre la reconnaissance. ....__~_ n_ e

doi(versc:r dans l'esprit).des enfants que ce qu'on_

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Sommaire de cette livraison Par l'école vers la patrie, par M. le Dr Manf{isch, insp. scol. - Notes d'ljisioire sur l'enseignement en Valais. (Les écoles normales), par M. l'aJbbé Dr L. Meyer. - L'instituteur et la culture intensive du sol. - Partie pratique : Le reposoir le jour de la Fêle-Dieu. - Variétés: Pour se faire obéir. - Récréation mathématique. - La porcoméfrie. +-- Une dictée hérissée. Boutades.

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Sommaire du Supplément No 6 Cette annexe a 24 pages. Au revoir, maman. - Les. origines de la poste. Les droits du peuple. - L'intérêt ,de l'individu. - L' Eglise. - Centenaire valaisan. - Une leçon qui n'est pas volée. - L'exilé. - Préparons le grand iour. - Etre soi. - L'éducation dans la fami1.Ie. - Pas la hairne! - Le bon gros. - Variétés. -o-

La persévérance. -

..L'Ecole primaire" donnera sa prochaLJe livraison aussitôt Que les circonstances le permettront, son directeur ne pouvant dores et déià s'engager maintenant à en reprE'ndre la publication avant deux mois. En effet, en raison de la remobilisation des troupes valaisannes, qui viennent de repartir pour un nouveau service de frontière, l'agriculture et l'industrie vont être privées d'un grand nombre de bras. Champs, ateliers et chantiers seront donc une fois de plus dépeup•lés de façon regrettable pendant tout l'été. sinon plus longtemps. Cette situation, dont tout •le monde ressentira le contre-coup dans une plus ou moins forte proportion, nous ·contraint ,1 r:>tte interrupiiCJn Qui, si elle peut être quelque peu lo'lgue, sera d'ail'leur$ compensé~ p~us tard pour 1'Ecole primaire par d":; livraisons doubles ou rapprochées. ou par des suppléments plus copieux. Tout

Je J}OSsible sera donc fait pour ser le retard ou l'absence en tive de l'une ou l'autre livraison Ire modeste périodique, obligé lui si, comme tant d'atttres, hélas! rie ter avec la guerre.

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Ecoles normales.

Dates des examen5 de clôture : 1. Elèves-institutrices de langue çaise, les 21 et 22 juin. 2. Elèves-instituteurs des deux gues, les 24, 25 et 26 juin. 3. Elèves-institutrices de langue mande, les 1 et 2 juiHet.

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Brevet de capacité. Les examens en vu.; àe l'obtention brevet de capacité pour l'en primaire auront lieu : 1. le 23 juin, à Sion, pour les triees de langue française; 2 . le 30 iuin, à Sion. oour les leurs ·de langue française; 3. le 3 juillet. à Brigue, pour les tuteurs et les institutrices de 1 allemande. Chaque iour dès 9 heures du Les participants doivent s' au moins cinq iours à l'avance partement de l'Instruction pu

_..._.

Autour du Centenaire. Sous ce titre: Une paze d' nationale ( 1750-1815), une jolie chure vient de paraître "' à l' du premier Centenaire valaisan .. te plaquette. dédiée à la jeunesst ùoles de Sion, a été publiée sous auspices de la municipalité locale. oour auteur M f. Bonvin, ancien oecteur sc':llaire, directeur des la Ville. L'opu&{:u1e - très bien et Que nous aimerions voir en toute l::t jeunesse valaisanne. souvenir de circonstance - nrus

3 successivement de l'état politi- ' une région si étendue des Alpes centrales et occidentales avec toutes les voies de commupays vers la fin du dix-huitième nications. De Genève ou de Vallorbe et Lau· des influences étrangères en sanne en remontant la vallée du Rhône, des du premier mouvement msur. Verrières et Neuchâtel, du Lode et Bienne, de en Valais (1790), de l'invaDelle et Moutier, de Bâle et Olten en passant '" ,,,a"'"' en Suisse ( 1798 ~. de •la par Berne et Je Lœtschberg, d'importantes lignes internationales aboutissent à Brigue et helvétique, des soulèveau Simplon, pour rayonner de là, après la contre le Directoire, de la dE:'Utraversée des Alpes valaisannes, vers Milan, insurrection du Haut-Valais (mai Turin, Gênes et Nice. ), du Valais république indépenAu verso de la carte sont imprimés 4e (1802-1810), de l'annexion de nombreux renseignements utiles aux voyacanton à la Fr..ance (1810), enfin geurs. incorporation à la Suisse le 4 Cette publication, dont l'exécution cartographiGue est de toute beauté, rendra de réels 1815, acte final qui suggère à services aux touristes et contribuera certaineune conclusion bien actuelle se depuis cent ans. aucun ennemi n'a foulé le sol de ·l a patrie; si, en ce moment, au. mHieu des flots de sang qui submergent la vieille Eunotre petit pays surnage comme de tranquillité et de paix; c'est, hautement, grâce à la tion du Tout-Puissant, dont le est inscrit au frontispice de nos rtes va1aisanne et fédérale. Réunissons dans un même amour grande et la Petite Patrie. Que nos étoiles, appuyées sur la grande blanche, y trouvent non seuŒement un gage de sécurité, mais enune énergie de plus t'n plus puissante qui les fasse bri1ler d'un éclat touiours plus pur dans le beau ci~l de notre chère Helvétie. ~

Bibliographie DU TOURISTE DE LA REGION DU SIMPL0!\1, p.ub!it:~ par l'Association • Pro Sen·pione • , à Lausanne. Institut cartographique Kümerly el frey, Berne. Cette carte-relief o[ire un superbe tableau la région qui s'étenè. de Baie: et Delle à Ja , d'Aix-les-Bains et Chambéry à Min'existait jusqu'ici aucune carte qui avec autant de clarté et de netteté

ment à m1eux laire connaître toute la zone d inil.uence du Simplon. La carte est à l'échelle de 1 : 500,000; eJie mesure 60 sur 80 cm. Son prix, en librairie, est de ir. 1.40 sur p~ier et fr. 2.40 sur toile.

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UN HIVER SOUS LES ARMES 1914-15. Album illustré, 200 photographies. Tex. tes originaux. Bassin-Çiottu, éditeur, Neuchâtel. Prix fr. 4. · Le succès retentissant qu'ont obtenu les deux éditions de l'album • l'Occupation des Frontières suisses 1914-15 • a engagé l'édi· teur à renouveler la tentative et aujourd'hui il livre à la presse un nouv'ea~ souvenir ct~ la mobilisation suisse: • Un Hiver sous les armes 1914-15 • . On ne peut rêver quelque chose de plus ~eau, de plus grandiose que ces vues qui défilent sous nos yeux dans un cadre de neige; représentant mille scènes de l'hiver qui reste· ront gravées longtemps encore dans nos mémoires. Toutes ces vues sont d'une grande richesse, elles sont claires, nettes parfois même très originales. La préface' est due au Commandant de la Ile division, Colonel Divisionnaire de Loys. Les deux ouvrages réunis formeront pour leur heureux possesseur Je plus riche souvenir de la mobilisation 1914-15.

L'homme qui a trouvé un mot Toute ville, même si elle est modernisée à outrance, a conservé quelques-unes de ces


f'4 du dehors: tourisies, voyageurs de maisons vîeiliottes ei trapues, ou, mélancoliclubs divers, renseignés de vieille ou de quement, se perpétue son passé. dale. Et quand ils y sont, ils y font Ces maisons-là sont de l'histoire ancienne comme de justice, pensent-ils, en fêtards qui s'est concrétée pour instruire le présent. ils ne sont pas d'habitude, car il n'est Leurs lignes ont des harmonies dont l'épo· que les gens modérés pour dépasser à que actuelle s'est trop écar~ée. Les petites tuision la · mesure. Des mets de choix leur les de leurs amples toits font bonne ligure, apportés, le Dézaley baisse vite dans les dans leur ajustement serré et avec le velours res, le champagne ne se lait pas attendre, brun que le temps y a déposé. Aux linteaux pendant que plus d'un estomac regimbe cannelés ou aux frontispices ornementés et contre son trop-plein et que la police datés de leurs portes, on reconnaît le goût des me ses droits. générations défuntes pour l'art appliqué à la construction. L'œil s'y arrête avec complaiL'autre soir, j'étais à dîner sance, malgré la irustesse de· la pierre, qui que je suis! pourquoi ne dis-je pas tout n'a pas gardé intacts ces détails. Volontiers ne ment à " souper •? - dans un on médite devant ces antiques demeures, dont ment de cette sorte. C'était chez Vincent, J'apparence cossue dénote, à tant de siècles de cette rue de l'Hôpital très montante, que distance, l'aisance des premiers occupants el tramway électrique, en la gravissant , l'amour de la vie sédentaire. La rampe descelde tridences et vis-à-vis de 1hôtel des lée d'un perron ou un pan de mur qui cha.vire dont le modumental cube de pierre jaune à demi dans le vide, ne changent rien à ces pand une grande ombre sur tous les impressions. menis d'alentour. Une circonstance Beaucoup de gens, il est vrai, ne voient m'y avait conduit. dans ces survivances architecturales que des Après m'être hissé au premier étage un étroit escal ier de bois, je lus i ruines sans attrait ou un obstacle à J'alignement parfait de la rue. Quand ils en parlent, dans la salle à manger. J 'étais seul et j ils déclarent avec gêne: • C'est l'ancienne vildi s. L'heure du dîner était proche . Je le le, il ne faut pas la regarder de trop près "· , aux allées et venues de la sommelière portait, fébrile, tantôt une ménagère, Quelques-uns, pou'I s'excuser - ce qui est l>ien fat - d'habiter ces masures, assurent une serviette, tantôt autre chose, et di tout de son mieux en vue du repas. ce qui est inexact - qu'elles sont pl-us comnus écrits à la main sur papier à v modes que belles. Elles sont belles surtout. couleur, sï~rigeaient près des coupes à Il n'est pas rare que parmi ces paquets de maisons .que guette la pioche des démolisJ'en pris un el le ·lus. Des Imites au bleu! seurs, se trouve un caiié dont la clientèle se aurait des truites au bleu! Je n'en suis recrute dans le meilleur monde, du moins 1111 amateur inconsidéré, mais enfin, on dans le monde oi:I on a de l'argent. On y sert vait tomber plus mal. Et c'était chez de très fins repas et la cave en recèle des rine l'oublions pas! L'attente me parut longue. Le silence chesses insoupçonnées du vulgaire. C'est là que dorment en paix, dans un entassement méla salle n'était pas interrompu, de autre, que par les craquements du ticuleux de bouteilles, les vins les plus dé~ec­ sous les pas de la sommelière, et des tables qui soient au pays. La lèpre des murs cements du tram, qui, à chacune de ses ne gêne pas les bons crus. ses m'avertissait que le moment du Ces cafés sont le rendez-vous des gourde mon train s'avançait. mets de l'endroit. Mais on y rencontre aussi Enfin, vers 7 heures, un jeune couple des clients de hasard: rêveurs amis de la sotra. Il vint se placer près de moi et nous litude - qu'ils espéraient y trouver et qu'ils mes avertis qu'on allait nous servir. n'y trouvent pas toujours - et des sociétés

5 Lui était une sode d'ours mal léché, avec, tout, quelque distinction dans les du visage; elle, une de ces beautés fièqui s'accommodent mal des promiscuités ]'auberge. Elle avait le teint mat et, dans pâleur, luisaient deux yeux profonds oi:I semblait que l'on vît p~sser des rêves d'ar. Cependant, pas trace, dans sa physiode mauva.ise convoitise ou de' basse Oü t:;u.elle lût, elle devait attirer l'atlion, malgré la simplicité de sa mise et son maintien. Son mari, par une galanterie mal informée, eut le tort de vouloir qu' occupât la place la plus en vue, au haut de la table. On apporta le potage. Toujours le même silence. les nouveaux venus se taisaiem, et étais à penser aux vicissitudes de la vie fait qu 'un maître d'hôtel n'a pas de clients jour même oü il s'était avisé de les traiter en princes, quand . un grou,pe d'une dizaine de messieurs bruyants lit irruption dans la ralle. A la bonne heure! on ne s'endormirait pas en attendant les truites au bleu; ma longue patience me vaudrait peut-être de pouvoir noter des choses imprévues! C'étaient pour la plupart, des gaillards de six· pieds - un olub d·~ gé~mts ou. de "cent kilos •, peut-être - à mine épanouie, bien en ·r aux épaules, le ventre promu à la dicoïté de sphère parfaite. Ils avaient la voix grasse et parlaient de royages, d'aîiaires., de bons et de mauvais dients. Je compris aussi qu'ils avaient carestt la dive bouteille pendant l'après-midi, dans la ville. Leur entrée effaroucha ma voisine, la ; mais ils ne s'en aperçurent pa~. Le plus jeune de la bande était aussi le beau, soit le moins dodu. C'était un nôi' à la carnation fraîche et pâle et à la fine comme celle d'une lemme. Sous son sourcilleux s'efforçaient de briller des sombres, que de !rops récentes libations quelque peu vitriiiés. Un air de fatuité était répandu sur sa face de Juan en goguette. Comme si, dans resdéjà, il avait deviné dans la salle la préd'une dame capable d'éveiller ou d'en-

!retenir sa verve, sans une hésitation il choisit le siège de l'autre bout de la table et s'assit en face d'elle, à deux brasses de distance. 1! fallut se serrer un peu: il lui en vint aussitôt sur les lèvres une gauloiserie maladroite. Ses compagnons, aussi verbeux que lui, me parurent avoir l'habitude de ce que, dall3 le commun peuple, d'un terme énergique, on appelle le chahut. Ils tiraient vanité du vacarme qu'ils faisaient en causant. On parle, prétend un philosophe, comme on pense et l'on pense comme on aime. Or, ils aimaient la bonne chère et ils s'entretinrent sans aucune discrétion des meilleurs repas dont le souvenir leur était resté. Ils les redigéraient en e~prit.

Chacun raconta la sienne. Quand vint le tour de notre Adonis, qui !"attendait contre son gré, depuis un moment - on lui avait plusieurs fois coupé la parole - il jeta sur la tablée un regard circulaire, qu'il arrêta cinq secondes sur la dame, en relevant très haut sa paupière, comme pour s'as· surer qu 'eUe l'écouterait et la mettre à la merci de sa secrète influence. Ainsi, la coquetterie bête en moins, un orateur de marque prép1re son auditoire. Puis il demanda: - Combien de morceaux de pain croyezvous qu'on puisse manger avec une " londue»? • - Trente à quarante, répondirent ses camarades en chœur et avec une assurance qui me montra qu'ils avaient déjà supputé ce r.ombre ou quïls en avaient discuté. - C'est très juste, prononça-t-il d'un air entendu et comme sûr de l'ébahissement quïl allait causer; cependant - continua-t-il j'en ai mangé une fois quatre-vingts et tou s mes copains en ont fait aulan!!... - Pas possible! - Si, parfaitement, quatre-vingts et je n'en ai rien ressenti de fâcheux. C'était chez le père Pipelet, vous savez, à l'auberge du « Petit Saint-Blaise •. Ah! quels tombeaux de fondue nous avons faits ce jour-là! Quels tombeaux <te fondue! Oui, quels tombeaux! Notre homme avait raconté cette prouesse


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6 avec une emphase et une onction qu'il croyait s ubl imes et en sollicitant magnéliquement du regard ma voisine, quïl avait entrepris de charmer. Son mot impressionna ses camarades, leur inspira des réflexions d iverses. Mais le regard admira!Lf que le bellâtre cherchait avec une insistance ne vint pas, ni aucun sig~te qui püt en tenir lieu. La dame se contentait de dîner sagement, dans la plus correcte attitucle, échangeant à peine quelques paroles à voix basse avec son mari, qui, d 'ailleurs, ne manc,uait pa s d'égards envers elle, malgréson ~pparence de plantigrade IJabillé. Elle feignait dïgnorer qu 'un bavard remplissait la salle d'interjections saugrenues et l'avait chois ie pour point de mire de ses œillades langoureuses. Pas une seule fois sa prunelle ne rencontra la prunelle de l'autre, qui, pourtant , n·a va it par.lé que pour elle, pour obtenir d 'elle un sourire, incl iner ce cœur de lemme à une approbation dont il se sentait un besom infini. A quoi songeait~IJe? Affectait-elle une pudeur de pure convenlton ? Voulait~lle épargner à son mari, trop s usceptible, J'occasion d'une jalousie qu'elle eût craint d'éveiller ? Ou plutôt, avai t-elle cherché un refuge dans le coin le plus caché de sa conscience, là oü toute honnête 1emme froi ssée dans le plus ombrageux de ses sen timen ts, triomphe d 'un audacieux et s'en venge en le jugeant avec une sévérité inouïe? Mystère. Dépilé par son a1titude glacial~ et pourtant soutenu encore par l'es.poir de la vaincre, don Juan recommença son manège et sa rhéto rique de bouvier. Avec plus de persuasion caressa nte, il semblait lui dire : • Ne s ui sje pas beau? N'ai-je pas de lïntelligence, mo i c;ui trouve des mots s i pittoresques et si imprévus? Ne s uis-je pas digne de vous plaire, cl'attendie de vous que vous me regardiez au moins avec complaisance? ... • Et son mot revint, obsédant, terrible , i.Iterrompant sa ns rime ni raison le discours de ses compagnons: • Ça ne vaut pas nos tombeaux de iondue ... Ah! des tombeaux de fon-

due pareils!. .. Si on pouvait de ces to mbeaux-là ... ! ~ Ce fut peine inutile. L a dame n'attendit pas le dessert. - Allons-nous-en! fit-elle sez sèchement. Et lous deux s'en furent. Huit heures sonnaient vis-à-vis, au de la poste, dont le grand dôme s sait dans la nuit. Le départ de mon train prochait et l'occasion était belle de s·en sans alti rer sur moi l'attention. Je donc le jeune couple. et dans Je corr· d is qu'une dernière lois, assoupi par tacle de la porte déjà close, résonnait l oreille le fameux • tombeau •, très ment, j'entendis la femme dire à son sur un ton adéquat à sa colère trop lt>mps contenue: - Ce goinfre-là n'est pas :s~:o~J<:.me~ot tombeau de fondue, il est un tombeau de d 'autres choses, à commencer par celui mon estime pour les hommes. Tiens! il dégoûte! ...

Si vous vou lez bien élever vos tâche des plus importantes, mais qui pas toujours facile - vous devez avant conserver l'autorité que Dieu vous a s ur eux. Si vous perdez cette autorité, si voua savez pas vous faire obéir, c'est fini . Voa fants échapperont à votre direction, et n 'aurez plus sur eux aucune influence le bien. Et cejJendant, elles sont rares a ujou les mères qui savent se faire écouter et pecter par leurs enfants jusqu'au bout, quand leurs enfants sont devenus grands. Si vous voulez conserver votre s ur vos enfants, il faut respecter vos Si petit qu 'il soit, votre enfant est une ne et non une chose. Ne le traitez d mais comme un jouet, une poupée, un pour vous divertir ou amuser la

est un être sacré; il a une âme créée de Dieu, et c'est cette âme qut lait , sa dign ité, malgré sa faiblesse la manière de le tenir, de le ca resde le coucher, de le soigner, de lui parI faut loujours voir son âme plus que 1 corps; i1 faut le préserver de toute té excessive, de toute impression rude tout contact avilissant. manqueriez aussi de Iespect à votre si même en pla isantant, vous ne lui pa~ toujours la vérité. Soyez ÏouJOur_s sincère et loya l avec lu i, car il a drotl véri l~. L'enfant relire sa confiance à qui de sa naïveté. Et quel malheur, si votre n'ava it plus confiance en vous! faut toujours donner à vos enfants Je exemple. Si, devant vos enfants, vous des idées, vous prononcez des paravous faites d es acles qui soient répréhenvous perd rez leur estime et votre ausur eux. Si vous ne vous respectez pas comment voulez-vous que vos consentent 3. vous respecter? L'en-

fa nt pense, parle, agit comme il voit p~nser, parler et agir ceux qui ! ~entou rent. Il faut êt re s ilencieux. Oui, si vous voulez exercer une g rande autorité sur vos enfants, vo ilà le moyeu le plus sûr et le plus efficace: garder le siJence. Agir beaucoup, mais parler le moins possible, et seulement quand c'est indispensable. Répondre brièvement, par oui ou non, ou mieux encore, répondre par un signe. Voyez comme l~ père de fam ille sér ieux, qui parle rarement et qu i commande d'une bç·on ferme, est craint et respecté de lous les memb res de sa fami lle .... Parlez donc très peu à vos enfants, commandez-leur en peu de mots, nets, brefs, fermes, et sans jamais crier.' Essayez de comma nder à voix basse, dans un tuyau de l'oreille , et vous verrez comme votre jeune garçon et vot re petite fille, flattés de votre con· fiance et de cette façon d 'agir, s'empresseront de vous obéir .... C'est là un vrai secret pour bien élever les enfants: le silence ou très peu de paroles.

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Par l'Ecole vers la Patrie avons parcouru, avec un plaisir l'adaptation française, par M. . Gastella, de ,J'Histoire suis~se Dr L. Suter. fort de près de 50C merveil1eusement illustré, cet oufera époque dans notre littérature nationale. Il y a tout lieu d'esqu'il imprimera une impulsion à l'enseignement de l'histoire ....v•·~·~ dans nos établissements d'inssecondaire, où il deviendra sous l'indispensable manuel. C'est d'ai~leurs pour 'l'enseignement ire que l'auteur l'a écrit. Il le lui-même aux écoles secondaires,

cours de perfectionnement, normales d'instituteurs, écoles inles et commerciales, f{ymnases et

rvwnul,~::.,

au degré primaire, grâce à ses gravures, il pourra, comme livre maître, fournir aux leçons de dé1inotes d'agrément. est conçu dans un esprit élevé et éminemment éducatif. Le de ,la pure vérité historique le dotout entier, et lui donne un cachet t scientifique. C'est là un grand et d'autant plus appréciable, que leur a eu l'élégance de ne pas exaet de ne pas ternir son œuvre au desséchant d'une critique trop . Certains faits de notre histoire un peu parents de la légende, on peut plus disconvenir; tout en les entrevoir comme tels, l'auteur les a pas bannis, à cause surtout de valeur morale et patriotique.

Tout ce gue la statistique historique pourrait présenter de sec ou d'aride dis- paraît harmonieusement dans la partie artistique de l'œuvre, partie Juxuriante, où nous avons sous les yeux les travaux de nos modernes peintres d'histoire et tant de sujets propres à graver le souvenir des grands événements et des grands hommes de notre histoire. Berit par une plume catholiqu,e, cet cuvrage démontre qu'on peut parfaitement, en s'inspirant du christianisme et cle l 'amour de ~la Suisse, faire valoir notre point de vue religieux, dans son intégrité, sans blesser le moins du monde les convictions divergentes de nos frères réformés. C'est dire avec quelqe impartialité et quel tact parfait l'auteur a stt retracer les pages douloureuses de nos luttes confessionnelles, à jamais disparues. L'auteur également fait preuve de largeur d'idées et d'un sens très démocratique, très suisse dans ses jugements sur les plus graves questions, telles 1a Révolution française et la République helvétique. 1,1 ne les voit pas qu'en mal; loin, très loin de là. Ainsi, au sujet de la grande Révo~u­ tion, il fait observer très justement que si elle souilla ses victoires par d'abominables cruautés, il ne faut pas oublier ce qu'on lui doit. Dle a détruit des institutions devenues caduques en proclamant partout les droits d~ l'homme. Elle a tenté des réformes qu'el~e n'a pas toutes réalisées, mais auxque~les elle a donné, d'un coup, une impulsion vigoureuse. La Constitution française servit d'~-


xemple pour 1a réorganisation des autres Etats. » A côté du mal que fit à notre patrie l'He1vétique, si contraire à notre idéal fédéraliste, l'auteur en souHgne comme suit les bons côtés: « L'Helvétique a ren·du cependant d'incontestables services. Le nouveau régime a donné à la Suisse une cohésion plus forte, jeté les bases de !"égalité civile et politique et introduit plusieurs innovations excellentes dans la législation. Il a aboli les douanes intérieures, unifié 'les monnaies, supprimé les dîmes et les charges foncières, fait disparaître ta torture. L'Etat se donna ~aJlement pour tâche d'augmenter le bien-être inte'llectuel et matériel du peuple; les ministres Rengger et Stapfer, tous deux de Brugg, firent de louables efforts. Nlbert Rengger travama sans relâche à relever l'agricutture, le commerce et l'industrie. Albert Stapfer, homme intelB.igent et cultivé, se consacra aux questions d'enseignement et chercha à répandre partout 1'instrucfion. Déjà il avait en vue l'institution d'une université suisse. Mais ce beau projet, comme tant d'autres, ne put être réalisé faute d'argent et par suite des luttes continuelles qui déchiraiept le pays.» De plus, ~e livre dont nous parlons avec tant de compiaisance, est un excellent guide d'instruction civique, qui nous dirige à travers les évolutions de notre organisation politique, depuis tes premières chartes de ·liberté, le g11orieux pacte d'alliance de 1291, dont -t'auteur nous livre un superbe fac-simile, jusqu'à la constitution de f'Etat fédératif qui est le régime sous ~equel nous vivons et sous leque1 seul la Suisse pourra continuer à vivre. Le couronnement de l'ouvrage est le chapHre 114, morceau original du Dr C:astella, intitudé: « L'heure présente. » L'auteur nous met en garde contre le matérialisme politique, qui considère

surtout les avantages matériels notre vie nationale; contre l'a'-•~dnao ment économique par l'étranger; il invite à cuitiver l'esprit suisse qUi refuse à reconn·aître le fameux c cipe des nationalités » qui signification de notre patrie « ce germanique aux deux ailes 1atines » conclut magnifiquement: « Proclamons bien haut, malgré le régime~ du droit, aidons de tQut pouvoir à son avènement, mais nans-nous que· ta paix ne saurait que des forts. Relisons souvent 'histoire, cette leç1m de volonté, et ditons ces mots qui en font ~nll'l!lr·..,,.., la grandeur tragique: « L mdleptmd.aa ce de la Confédération ne repose sur des parchemins, ni sur 'les ses des empereurs et des rois; elle pose sur une base de fer: sur épées.» Nous pourrions, nous aussi, par cette péroraison qui, comme un ron, évei•lle, dans les cœurs su plus nobles échos. Mais nous encore insister sur le grand livre que nous présentons aux de l'Ecole. et sur le bien itruDC!IIII! qu'il est appelé à faire à notre ......._ .. scolaire, car c'est avarit tout « par cole)) qu'on élève les cœurs « vers Patrie ». Pour tout dire, ce livre entre les mains de ·l'éducateur instrument de formation ,.,.,,,..,,, premier ordre. qui nous faisait ;...,.n"''"" totalement défaut. Ainsi, le manque d'instrument ne dorénavant plus une ex-cuse pour pas travailler dav;mtage et dans l'état actuel l'ensreign:emeflt de toire nationale au degré dans nos collèges notamment. le tout haut: « Que Suter-CasteHa plante un peu Oagnol et Cie; ce sera .P.Tand bien, un vrai prof!rès. » Avant nous perdre dans 1'Univers, notre histoire suisse à fond, ou

p1us complètement p_os.sible. N'ouen matière d'enseignement -le principe: «'l'histoire naavant tout. » Elle est l'axe. le le centre, le cœur. Nous édudes hommes qui vivent en Suisse regardent de là se dérouler le drame de l'Histoire. L'histoire · e est la discipline principale, universelle est la discipline suC'est relativement à l'histoiet dans son retentissement sur que l'histoire des autres pays préun réel intérêt et revêt sa véritable C'est de notre point de vue notre point de vue à nous. que apprendre, dans et par , à juger des événements qui se autour de nous. De cette façon aurait été oossible d'avoir l'unapour flétrir impitoyablement l'es ions de neutralité et lJétrang.Jedes petits Etats par l'impériwlisme, choses si répugnantes à notre lité helvétique et républicaine. [)t· Man~isch, insp. scol.

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Notas d'Histoire aur l'Enseignement en Valais

par M. l'abbé Dr Meyer LES ECOLES NORMALES le Valais entretient trois instituts normales : 1. - L'école des élèves instituteurs allemands et les. français réunis) Sion, confiés aux Frères. de Marie . 1846. 1. - L'école des élèves institutrices langue française à Sion, dirigée par religieuse Ursuline de fribourg, 1901. (fondée en 1848.) 1. - L'école des élèves-institutride langue aNemande, desservie par Sœurs Ursulines Ide Brigue deP.uis

tement de l' Intérieur écrivait au supérieur des frères de la doctrine chrétienne, à Paris, au sujet de 'l a création d'une école normale, afin << d'améliorer l'instruction publique très négligée jusqu'à présent dans 1a plupart des communes valaisannes. » (Corresp. de l'lnt. 1843.) Cette démarche n'ayant pas eu de succès, •le gouvernement valaisan s'adress_a, dans la même intention, à M. Anderlin, Diœcteur du Pensionnat SteMarie à fribourg, en date du 5 sept. 1844. n demanda 3 ou 4 professeurs pour enseigner environ 4 mois par année «à l'époque qui leur conviendrait le mieux» . (L. c. 1844.) De part et d'autre, on désirait un échange de vues. M. C. de Werra, de St-Maurice, Président dévoué du Conseil d'Education, institué cette année même, assistait, en cette oocur.rence, l·e Chef zélé de l'Intérieur, M. fr. de Kalbermatten. La convention fut signée en automne 1845, et le 30 octobre, 4 frères étaient déjà arrivés. Cepenqant, l'ouverture de >l'Ecole normale n'eut lieu que le 16 août 1846. M. de Werra fournit au Conseil d'Etat les détails suivants: « je pense ditH, qu'il vous sera agréable de rec~voir que'lques détails sur l'ou-verture de l'école normale qui a eu 1ieu le 18 de ce mois, à la grande· SaNe de l'Hôtel-de~ Ville à Sion. Environ 70 élèves régents se sont présentés.: 40 élèves reçoivent pensi?n ?U Séminaire épiscopal, sous la d1rechon du Chanoine Dumoulin les autres à l'hôpital. Les R. P. jésui~ tes . don~èrent une nouvelle preuve de leur obligeance et de 'leur dévouement en recevant ces jeunes gens dans leur maison. » ( L. c. 1846, 24 août.) L'E,col~ normale des élèves institutrices tardait encore à se créer. C'~st ~le 29 juillet 1848, que MMe Mape Cornut,,?e Vouvry, fut nommée maJtresse de 1 ecole normale des filles (de langue française). Le cours s'ou-


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vrit à Sion, 'le 17 août 1848, sous. la direction du Secrétaire du Déparlement de l'Instruction publique, M. Adrien Mabillard. L'école normale des filies de langue aHemande s'ouvrit 3 ans plus tard. EUe fut créée en juillet 1843 et confiée aux Sœurs Ursulines de Brigue. Le réglement du 1er cours de l'école normale date du 24 juin 1846; il est resté à la base de ·l'organisation jusqu' en 1874; i1l fut refondu et complété par celui du 18 nov. 1874, et acheva son évolution dans le réglement du 12 mars 1909. Ces réglements correspondent aux 3 périodes distinctes de nos éco[es normaies. Dans la première_, l'année scolaire est de deux mois seulement (d'août à octobre), et le cours comprend 2 ans (1846 à 1878). Le programme d'étùde était forcément élémentaire : religion, langue maternelle, arithmétique, géographie et histoire suisse, écriture et, pour les filles, ouvrage manuel. Les livres avaient été prescrits par un arrêté du Département de l'Intérieur du 22 janvier 1846; c'étaient en substance les manuels en usage dans les écOiles de fribourg et de Lucerne (suivant les besoins de la langue) et dont l'inspecteur d'arrondissement te· nait un dépôt. Les élèves étaient tenus de vivre en commun et d'habiter la même pièce; le prix de 1a pension et du logement était fixé à fr. 20. - par mois. Les 15 derniers mois du cours devaient principalement être consacrés aux leçons sur la méthode d'enseignement et sur la mise en pratique de cette méthode. A 'la fin du cours, les élèves étaient examinés par le Conseil d'éducation qui prononçait sur leur admission au· br;evet de capacité ou à celui de licence. ( Réglement de 1846, art. 10 et 11.) En 1850, 38 élèves régents étaient admis aux frais de l'Etat. savoir 26

français et 12 a:Hemands. A la fia cours de 1850, 32 furent autorisés une année et 20 br~vetés. Les institutrices (françaises seulement) mises aux frais de l'Etat étaient nombre de 12; 6 furenf brevetées autori-sées pour une année. Le siège des écoles normales n'a toujours été bien fixe. Tandis que pour aes ces l'école al[emande était l'école française à dès l'école nonnale des P:Ji>uPc,_in.,.H+••~....; menait une vie quelque peu uviui:ILP fondée à Sion en 1846, pour cours dans 'les deux langues n elle était scindée en 1850. IJ<>••~"~~·~' décade de 1850 à 1860, les élèves çais suivaient les cours à St-M les professeun; du Collège ~ ... ,...."...._ a1ors leurs vavances oour se aux futurs instituteurs. En 1851 baye présenta à ·l 'Etat le vant que l'on ne saurait l..axer ration: 1420 fr. pour 28 élèves 2 mois (à raison ~e 25 fr. 36 par pour chaque élève). Les régents mands déménagent à leur tour: les rencontrons à Brigue en été Ils sont au nombre de 28 et à l'Etat 1376 fr. de pension. Hs cendent à Sion en 1852, et en l'école des régents des deux langues définitivement son domicile à Sion. Le corps enseignant de cette était bien modestement rétribué. 1859 encore, les deux _professeurs l'école norma1e de St-Maurice vaient en5emble 300 fr., soit 1 chacun ou 2 fr. 50 par jour ........ , ••• professorat. Les dépenses de comportent deouis une marche ment ascendante; voici quelques fres: en 1850: 2405 fr. 53; en 1 5361 fr. 93; en 1870: 6274 fr.; 1875: 20,731 fr.; en 1890: 31 ,422 32; en 1900: 35,264 fr. 75; en 1 55,244 fr. 45 (sans compter la

et l'entretien des bâtiments appar- pos de prOilonger la durée de l'école à J'Etat). normale en v ajoutant une 3me année. norméllle, durant les années Au plan d;étude furent ajoutées de de 1846 à 1874, a été aP.pet1ée nouvelles branches. Les uns voient dans compétente un embryon cette mesure un grand progrès, d'aunormale (M. Bioley 1882 1. c.). tres objectent que l'adage : " Non mutil est juste d'a1outer que les maî- ta sed multum » résume toujours la sa1es maîtresses de rette époque gesse des siècles, et qu'à force de vouent à leur préparntion sommai- 1oir apprendre beaucowp on risque de une généreuse ardeur au tra- ne -pas apprendre à fond; il est diffidl~ et un amour de leur vocation vrai- de rester dans ~e juste milieu, mais tout dignes d'éloges. Peu savantt ils le monde admettra que le Valais conti· brillaient point en psychologie, mais nue à faire des efforts considérables en avaient le respect du devoir et se dé- faveur de l'InS.trudion publique _et qu'il . t sans compter auprès de leurs ne recule devant aucun sacrifi-ce 1ors.durant les 5 mois de ol:asse. qu'H s'agit de •l'éducation de sa jeunes· 2. - L,f.l réorganisation 9-e l'in~truc­ se. C'est ainsi qu'en ce moment même il publique entreprise par la loi de est sérieusement question d'ajouter ne tarda pas à améliorer •l a situa- à l'école norunale un 4me cours annueL _ des éco'les norma-les. Pour t~rm-iner, une petite statistique: La durée de l'école normale devait Les élèves des Ecoles normales ·d'au moins 8 mois par an et le . en 1913 14 complet de 2 années scolaires A Sion: t.an.2.an,3. an. 75). Cependant la convention Elèves-instituteurs franç. 12 15 15 avec l'Abbé Chevaux, supérieur » » allem. 8 7 6 Frères de Marie, en date du 16 ocA Brigue: 1875, fixait l'année scolaire à 10 y compris un cours de répétition. Elèves-institutrices franç . 20 12 13 » » aHem. 10 16 8 loi de 1873, compilétée par le rèdu 19 nov. 1874, n'a été entièEn tout (142) 50 50 42 appHquée que depuis 1878 et Pour _ces 142 é:lèves. le budget ( 1914) restée en vigueur jusqu'à 1903. · prévoit une dépense de 60.250_fr., soit - La loi du 21 nov. 1903 abro- 424 fr. .~8 par élève. l'art. 76 en étendant les cours (Les dépenses pour les bâtiments la formation des instituteurs et scolaires appartenant à l'Etat ne sont institutrices à 3 an'S; celle du 1"'r pas compris dans. ces chiffres.) f907 sur l'enseignement primaire - - - -- -----... tes éco1es normales r~mplaçait les 8 à 62 et 73 à 90 par de nouvelles L'Instituteur et la culture Intensive Le règlement du 12 mars du sol l'organisation générale, aux écoles normales, l'exaDe mémoire d'homme, il ne fut peut~ d'admission, les promotions, i'exa- être pas d'heure comme celle-ci où l'on pour l'obtention de l'autorisation ait senti plus vivement la nécessité d'a· , le certificat temporairë, le voir recours à 'la culture in tensive du de capacité et l'école d'applica- sol pour suppléer à tla cherté à la difficulté, à la lenteur des approvisionne11 Y a 10 ans que l'on a jugé à pro- ments au dehors. ~ ~--

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Tandis que le canon tonne à la frontière, que de 'lourds cuirassés gardent les mers, nous souffrons dans notre petite Suisse, « plaque tournante » des chemins de fer de .J'Europe, cela malgré ·ta sollicitude admirable de l'Etat et la bonne volonté de tous. Combien ne serions-nous pas heureux si nos chamP.S donnaient double récolte, notre bétail plus de lait, nos jardins et nos vergers des légumes et des fruits plus abondants et plus savoureux. Eh bien, il y en a qui ont su faire ce « mii·acle "• qui sont arrivés à ce résultat, qui ont trouvé « leur mine d'or du Pérou :., près du foyer ancestral, dans des terres qui, autrefois, produisaient à peine assez pour permettre à la famŒe, à force d'économie, de « nouer, comme on dit, les deux bouts». Et pour vcir ce résultat, il n'est pas nécessaire d'aller bien -loin. Transportons-nous dans l'une des grandes localités de la vallée du Rhône, à Sion, à Saxon, par exemple, et nous y verrons des terres qui n'ont ,pas doublé, mais triplé et plus leur production, grâce au savoir-faire de leurs propriétaires qui n'ont pas craint de rompre avec 'la routine pour suivre des spécialistes que la so}llicitude de l'Etat en~ Vùyait un peu partout porter la bonne semence; pour se conformer aux directions d'un établissement modèle d'où sont sortis tant d'excellents agriculteurs. Le moment n'est-il pas venu, puisqu'un grand nombre de bras ont été rendus par l'industrie à l'agriculture, cie se demander un peu plus partout s'il n'y aurait pas moyen de cultiver mieux les terres; d'introduire peut-être des cultures nouveHes, de profiter davantage de ce que nous appelons ,. ·les industries accessoires de l'a ferme». Ici l'aviculture, là la basse-cour, dans cette localité la culture maraîchère. ::lans cette autre la culture. de la fraise, des fruits de choix, etc., etc., peuvent apporter au revenu annuel qrdinaire des

champs et des ·prés une importante mentation. La compétence professionneUe Dit sant défaut, le temps et 11a place pour développer dans les colonnes de l'Ecole cette """'"~;.,_ pitante _d'actualité, je me cont..nt....ft: émettre un vœu: c'est que, dans les .localités où Hs sont bien pour le faire, les instituteurs s cent de plus en plus à la culture sive et aux industries a~cessoires de ferme, que nos hauts pouvoirs, la dureté des temps, fassent veaux sacrifices après céux bien qu'ils se sont généreusement pour multiplier .Jes conférences spécialistes, à l'Ecole normale les communes, pour vuŒgariser vrages pratiques d'agriculture ment adaptés à nos besoins, dans le genre, par exemple, du de M. le chan. Duc pour la c-u'lture ti ère. V n instituteur.

~chappés

du paradis, vout s 'agenouil· pieds de t 'autel improvisé. Puis, la des enfants passée, vient le clergé, les et enfin les mamans et les sœurs troubler le moins du monde le siessayent d'apercevoir, là-bas, des fleurs, une tête blonde inclinée, rd bleu étonné ou une bouche mutine. ces fleurs? pour qui ces hommaqui œ reposoir, admirable tonnelle roses, fe>ugères et pétales pariuqui tant d'ardeur déployée a.fin orner cet au•tel, oit !'.or des candéla'sparaît presque entièrement sous une de lierre et de clématites? ·Pe>ur qui? « n'est pour Celui qui a dit: • Si ceux-ci !lisent, je vous déclare que les pierres crieront. • Oui, tout pour le Seigneur, pour le Christ, pour Celui qui, dans amour suprême pour l'httmanité, est depetite hostie, pain de vie, pain des forts. avec amour les reposoirs, ne calcuum:u""'"' lorsqu'il s'agit de fêter Dieu, ...œmo;.~n:; nos jardins et, chargés dE' notre fleurie, jetons-nous aux pieds du et disons-lui: • Seigneur, je ve>us satout parœ que je voos aime. D. P., 15 ans.

Le petit

Partie pratique Le reposoir le jour de la (3 Juin 1 C'est un beau jour de pnntemps; wa bleu turquoise sourit à une terre parie fleurs, une terre enguirlandée de toute resplendi·ssante de se>leil et de vie. Là-bas, dans le le>intain, le majestueux cher de l'église paroissiale égrène ses argentines, et les f4lèles, recueillis, se sent dans le Saint Lieu ..... . La messe dite, la procession défile les maronniers. et les platanes Où est le but! où est le reposoir? Ah! là-bas, sur la place, entouré de pins et de branchages, un pavillon mé en chapelle apparaît, environné d de lumières. Oui, c'est là Ioules, là que viennent se courber les là encore que se munnurent les res. Jetons un coup d'œil sur la .-li'alnnllii!M du cortège. La bannière de Marie ouvre marche; de mignons petits anges, que 1'011

travai~

ci-dessus, absolument est ·l'œuvre d'une jeune écode M. Il a été fait en séance d'inssans canevas préalable. dans de 40 minutes et avec interdiccrayonner un brouillon. Par sa et son originalité. H m~riitait place ici. ·

Varlétts POUR SE FAIRE OBEIR Beaucoup de parents et certains maîtres . croient bien fai re en expliquant pourIls commandent telle chose; ils se tromet ne réussissent qu·"à enlever leur au· son excellent livre • Les Enfants mal •, M. F. Nicolay saisit ce travers sur . • Louis! prends ton manteau. - Mace n'est pas la peine.• - La mère: comme le temps se couvre, le vent le baromètre baisse: prends-le

tout de même. -- Mais, maman, je t'assure qu'il ne pleuvra pas. - Jeudi, en allant chez ton oncle, tu n'avais pas ton manteau; i.J ·• plu, et tu as été mouillé jusqu'aux os. Oui, mais dimanche tu me l'as fait prendre ct jamais le temps n'a été si beau. • Si la mère est résolue à se faire obéir, elle ajoutera nerveusement: • Sais-tu que tu me lasses avec tes réflexions. Prends-ton manteau. je le veux. • Dès lors ~ quoi bon le petit cours de météorologie de tout à l'heure pour aboutir à un ordre final? Eh bien, ce • marchandage • dans l'obéissance ed le VILP. capital de i'éducation sentimentale, système où l'on se 1ivre avec plus ou moins de succès, à. une argu~ mentation en règle en vue de convaincre au lieu de commander. ' Tout cela peut se résumer en quelque~ précepte~ très clairl': Pour se faire obéir, ne jamais commander ~ous le C?UP d'une impression (ce>lère, etc.); etre régulier dans sa manière d'agir; ne dèmander que des choses possibles: énoncer les ordres avec précision et clarté; éviter les décisions contradicte>ires; imposer ses ordres; ne pas les discuter ou les expliquer. 0000000

RECREATION MATHEMATIQUE . Pour !rouver la date (jour, mois, année) ae la naissance de quelqu'un, faites-lui d 'li.· bord faire les opérations suivantes: t. doubler le quantième du mois de sa naissance; 2. ajouter 4 au produit; 3. multiplier ce tota:l par 50; 4. ajouter au produit le nombre correspondant à la place occupée dans l'année par le mois de la naissance; ' 5. multiplier ce total par 100; 6. retrancher le ne>mbre corres)tOn<knt l l'âge de la _personne (pour obtenir cet âge, retr~ncher simplement le millésime de l'année en cours du millésime de l'année de la naissance). Demandez ale>rs le nombre obtenu; de ce nombre retranchez 19886· le résu'ltat de l'opération vous donne jou;, mois et année de la naissance Exemple: Supposons que la personne in.terrog~e soit née le 15 mai 1883 (15-5-83); ta sulle des opérations indiquées donne: 15 2+4 50+5 100-31=170469. Ce nombre vous étant indiqué, vous en

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émenf du 3-~o ô de ,l' &cole'' '

48 retranchez la constante 19886, ce qui vous donne 150583; il est donc facile de voir que Ja personne en cause est née le 15-05-83. Le nombre 19886 est une constante invariable pour trouver l'âge des personnes nées pendant le dix-neuvième siècle; pour les dates appartenant aux siècles antérieurs, on retranche de ce nombre autant de fois 100 qu'il y a de siècles de recul. Ce nombre devient donc 19736 suivant que la personne en cause est née avant 1800. D'autre part, le nombre-del est exact pour toute l'année 1914; pour 1915. il faut retrancher 1 ; pour 1916, retrancher 2, etc., en di· minution d'une unité pour chaque année pos· térieure à 1914. 0000000

LA PORCOMIETRIE Point n'est besoin de vous présenter mon ami Quatétrois-Fonsept; vous le con.naissez de 'longue date. Cet éminent calcu'lateur m'apparut hier brandissant d'une m:1in triomphale le ,Bulletin de la Manche". - Je vous l'ai toujours dit. s'écria-t-i.!. L'arithmétique est la plus beNe des sciences ... Il n'est pas de problème qui lui résiste! Et comme je ripostais par un sourire sceptique, il .m'asséna: - Je suppose qu'on vous donne un co· chon ... ? ? ? Un cochon... sans balance... ? ? ? Et qu'on vous demande de déterminer son poids... Que feriez-vous? Je restai coi. Quatétrois Fonsept exulta. et, déployant son journal me lut: Moyen d'établir le poids d'un cochon sans le peser: · Prendre un mètre à ruban, mesurer la circonférence de la poitrine, puis J'a longueur de l'anim~I (de la pointe de l'épaule à celle de l'arrière-train); multipllier ensuite le chiffre du tour de poitrine par lui-même, par celui de la longueur du corps et par le nombre 87,5. Exemple. - Si le porc a 1 m. 30 de tour de poitrine et 1 m. 15 de long, il pèsera: 1 m. 30 X 1 m. 30 = 1 m. 69 X 1 m. 15 = 1 m. 943 X 87,5 = 170 kilos. -

Stupéfiant!.... Et vous croyez vraiment

que _des proc~és aussi alambiqu~a conduire à des résultats exacts ... - Si je le crois! fulmina Quat sept... Mais j'en suis bien sftr! Dès 0! j'ai expérimenté la méthode... Un de mes M. X.... étant venu me voir, je l'ai sans hésitation à la mensuration ... trique, et j'ai obtenu son poids à gramme·s près! - Diable! ... mais alors cela tend l ver que le personage es,t un .... - Parfaitement! Et voilà où 1 que est sans rivale: eJrle permet de la lois le poids des animaux et la valeuf hommes! 0000000

UNE Aux amateurs de curiosités ques, on veut recommander J'exercice • Il y a quelque vingt ans, mon cher polyte, nous pagayions sur ce ruisseau terranéen, tandis que les scarabées bruire leu·rs jo•Iis élytres sur ies thym et les lauriers-sauce, d'où tombaieet pétales amarantes et fanés. Une foule de mes patronesses marmottaient et laient, au débarcadère, sous Je patronage pâtissier caduc. • Là, croissaient nos acacias, nos lins fleur de lis, nos chrysanthèmes Quatre-vingts buffles et trois cents ballaient et brimbalaient, dans le étaient aussi parqués chevaux rouans. On nous offrit une quelques couples d'œufs qu'Hyacinthe avait procurées en mil neuf cent neuf, dea trecôtes pourris, des sandwichs arros& Malvoisie parfumée. Enfin, nous revînmes Châlon-sur-Saône, nous retrouvâmes chambres aux pinthes bleu de roi, nos et nos agates, nos bibelots de de marqueterie. Il nous semblait depuis l'an mille; malgré les prat' méopathes el allopathes, nous r..t:rnnvlll (et à quelle période) toi, ton entérite, et mon emphysème .• 0000000

• Signe distinctif. A la morgue. Arrive quelqu'un cherche d'une connaissance qui a - Avait-il un signe distinctif? lui de le gardien. - Oui, il était sourd!

La Persévérance ·agit de la persévérance des enfants la première Communion. nous disons que si ·les .pareuts le vouils feraient des merveilles. vous reste-t-il à faire, parents chré-

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avance; ma is s'ils tirent chacun de leur côté, le char n'avancera pas o u marchera par soubresauts, par saccades.

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favoriser leur bonne volonté et cel le du de vos paroisses. est celui d'entre vous qui ne voupas voir son fils ou sa fille rester ce sont en ce moment? Eh bien, vous avez moyen infail-lible. Quand Je père et la mère agissent de conavec leurs prêtres, l'enfant ne s'écarte pas bon chemin. Au contraire, s'ils les laissent seuls, à plus forte raison s'ils les entrails ne réussissent que par excepiion. Ce n'est pas que la religion soit impuisà mener à bien l'œuvre de l'éducation; c'est que l'enfant échappe à son inen se dérobant. En règle générale, il faut l'action combinée la religion el de Ja famille pour laire des gens vertueux et des jeunes filles irréEl contre ces deux forces coalirien ne peul prévaloir, pas même la déreuse puissance de l'usine, ou le poison de la mauvaise presse. C'est une prolonde erreur de croire que, première Communion laite, vous en êtes avec la religion, que le rôle du prêtre fini. et que votre enfant est « débarrassé •, disent parfois des inconscients. Au contraire, jamais votre enfant n 'au.ra autant besoin de la religion, jamais vous eu autant besoin d'être aidés ; parce c'est l'âge ingrat, c'est la période critique votre enfant va traverser. La première ·on n'est pas une lin,_c'est un comDonc, attelons-nous ensemble à celte œusacrée, et unissons nos eiforts. Quand Ies deux chevaux d 'une même voitirent dans le même sens, le véhicule

Au revoir, maman!.., Comme c'était son • unique • , la veuve ne put résister au désir de le suivre jusqu'à la fin. Après...à la grâce de Dieu! Elle .Prit le train pour N ... , descendit à l'hôtel le plu<> proche de la caserne, cl pen· rlant douze jours vécut de la vie du soldat. Elle se levait le matin à leur heure, les suivait à l'exercice, prenait son déjeuner sur le terrain... un croissant, une tasse de ca1é achetés à une hrave lemme, sorte de cantinière civile qui trônait sur l'herbe entre deux paniers. Puis, elle ramenait le régiment à la caserne, et rentrait à son hôtel pour se repo·ser un 'peu. L'après-midi elle repartait, à six kilomètres pour assister au tir en campagne. Dans une forêt de rêve, où les Oiseaux, les plantes, les Heurs chantaient la vie et le re· nouveau, elle ne voyait de loin que son fils Tom avait de bonnes jambes ct ne craignait <:\ucune bêle. Seulement, le plomb va plus vite que les jambes d'un chien, n'est-ce pas ? Un râle plus douleureux interrompit De· wachter. 11 se leva brusquement, alla vi siter l'animal agonisant et revint en disant très bas : Il n'en a plus pour longtemps, pauvre béte. Mais, demandai-je, pourquoi celte cruauté des douaniers de couper la patte du chien? Michel secoua la tête. - Ah! c'est pour la prime, sais-tuf. .. Quand ils ont saisi comme ça le chargement d'un chien, ils !'énvoient au chef des douaniers, làbas, en France; et, en joignant au procès-verbal la patte du chien, ils reçoivent une prime,


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106 beaucoup d'argent, vingt-cinq ou trente francs. Ils étaient pressés, cette fois, probablement, ou bien ils ont cru que le chien était mort. En tout cas, Tom est rentré ici, ce matin, sur trois pattes. Des pas résonnèrent près du scui·l. - C'est Gudule, lit Dewachter. Gétail elle, en eilel. je vis une grande lille blonde, sans âge, l'air timide, qui me jeta un coup d'œil déliant et aussitôt se mil à parler a\'CC son père en langue flamande. Tous deux se rendirent au chevet de Tom. J'entendis Gudu le sangloter; et tet.le est la puissance dissolvante des larmes de •lemmes que, moi-même je rne sentais ému par la mort de ce ,~:hien. Gudule rentra en s'épongeant les yeux. M ichel Dewachter, qui la suivait, mc dit: - Viens, monsieur. je vais te conduire à forduyct et chercher une voiture pour toi retourner à Dunkerque. Nous partîmes par un chemin entre les dunes, qui très vite nous conduisit à la grand' route, puis au vi!la.ge. je marchais aux côtés de mon guide silencieux, et je songeais à l'aventure de l'animal !idèle que j'avais en.tendu râler, tout à l'heure, couché sur un lit comme un homme avec des gens auprès de lui qui le pleuraient comme un parent. La vie entière du pauvre Tom m'appara issait. Je voyais le chien uouvcau-ué, grel'ottant et les yeux clos allongé dans les feuilles tombées, s'exerçant à l'œuvre de mort sur des silhouettes couchées et debout. Vers 4 heures, elle était revenue en ville; cHe allait alors sc blottir contre l'autel de la Saiu le Vierge, lui demandant la grâce d'être la femme !orle, celle qui monte sur son cœur pour atteindre jusqu'à son héroïque devoir.

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La journée finissait très doucement : son Id ~

venait dîner avec cHe ; et là, dans cette li ambre étrangère, sa tête rasée sur les ge· noux de sa maman, le soldat redevenait le pctil. le tout petit.... Jls égrenaient ensemble, comme un chapelet d'amour, les souvenirs du .passé, ou bien, J'une contre l'a•utre, ils se taisaient, regardant l'ombre grandir, jusqu'au moment où les trois

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quarts de 9 heures sonnaient au la vieille tour. Alor s, vivement, le jeune homme son ceinturon, coiffait son képi: - Au revoir, maman ... à demain! EIIe l'entendait dégringoler dans la tristesse du départ brillait COftlle étoi le le mot: demain!...

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P lusieurs fois, il amena des amis. Alors la chambre d'hôtel s'empli jeunesse et de gaieté. Elle n'était plus la mère d\111 fi ls mais la maman de tous ces grands. Elle recousait les boutons, réparait potes, faisait du {hé, donnait des Et ces jeunes gens la remerciaient bons sour ires et de solides poignées de - Madame, vous êtes tro.p bonne!... - Madame, après la guerre on vo111 vaudra cela ... ... Après la guerre!. .. Pauvres pelita! Un soir, son fi.ls vint seul, plus tôt d'habitude. Il avait l'air préoccupé. Pourtant la bouche voula1t ses gaies. Mais le peu qui signifient vres, quand on a du grave à se ..v.u"''"- .: El au travers du mensonge des mota, deux âmes s'avouaient. .. Ils dînèrent vite, gênés l'un cl l'autre.

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- Veux-tu que j• t'accompagne ... ? - Oui, mais .pas jusqu'à la caseme.h comprends ... ? j'aime mieux rentrer seul .• samedi ... il y en a qui boivent... Elte ne le regardait pas, mais elle le rougir. A vingt .ans, les beaux jeunes ~avent pas encore mentir... surtout i mère ... Elle mit son oha,peau en silence el dit avec lui. Ils prirent par le boulevard, désert i heure. Alors, lui redevint tendre, Il lui serrait la main en disant: - Ma petite maman!... ma chère maman!... Arrivés à la rue qui aboutit à la

longuement sa mère; puis, d'un · tit! ... je n'ai plus que lui!... Oh! si j~mais je !e perdais!... Jent mais résolu, il se dégagea : Elle s'abandonnait à sa souffrance... Au' revoir... je suis en retard ... Demain, eMe serait plus forte ... mais aup~rt it... fit quelques pas hésitants, se rejourd'hui ... mais ce soir ... qu'il lui soit percomme s'il voulait revenir, et disparut mis d'itre humaine ... de laisser aller toutes J'ombre de la rue ses larmes ... Coulez, mes pauvres yeux ... * * Et la nuit compatissante étendait la pudeur t, elle est sûre!... de ses voiles autour de la mère douloureuse, partent ce soir.•. comme pour lui permettre de pleurer sans qu~ heures... deux longkles heures ... eHe la patrie la voie... retourne autour de la caserne. PIERRE L'ERM.ITE. ï est venue ... d'un coup, vers 9 heures, les deux portes s'ouvrent et, au .pas, sans mu· mais sac au dos, dans un silence imle rél!iment commence à sortir. martèlement sourd de la troupe en Dans la ,Revue des Deux-Mondes", M. met aussi tôt le monde aux fenêtres ... d'Avene! a publié un t rès intéressant article femme suit... elle su it ce régiment qui ~ur le port des lettres depuis sept siècles. le sien. Il s'avance lentement, dans La transmission des correspondances, en œagnifique.... ombre souple et vison temps, fut un progrès plus grand que dans de l'ombre morte .... n'ont été, dans le nôtre, le télégraphe et le est là, son enfant... son petit... le fils de téléphone. aang et de son lait... l'enlfant de tout son Pour leurs services personnels, les riches Ses yeux ardents ont beau scruter chapersonnages entretenaient, au moyen-âge, des l(ne... Elle ne le reconnaît pas. Oh! l'amessagers de pied et des chevaucheur~. fois encore!... une dernière De ces derniers, le roi de France en avait une centa ine; chez l'archiduc Roger des Payslui l'a vue, car, au moment, où les Bas, ils étaient vingt-!!ix; de moindres seiarrivent à la gare, tm cri jaillit du gneurs se contentaient de deux ou trois. Les de cette masse humaine... un cri qui fait chevaucheurs étaient payés à forfait; au qua· la lemme: torzième siècle, dix-huit francs par jour pour un parcours de 55 ki lomètres environ; s'ils perdaient le cheval à eux confié, ils le rem· r laçaient aux frais de leurs maîtres. Les mes· ~agers de pied, par journée de 30 kilomètres en moyenne, touchaient neuf francs ohez Je * * revillt lentement, par le même chemin ... roi (1380}; à la solde des particuliers ou des el'le s'arrêtait, levant la tête vers le vi lles, leur salaire varia it de cinq à dix francs. d'Otl seul pouvait venir le secours, et où lin voyage de nuit valait le double: vingr la regarder d'attentives étoiles. Et francs, de même les courses périHeuses: Or· it S3 prière au hasard des sentiments léans assiégé par les Anglais, avant l'arrivée le' heurtaient en elle: de jeanne d'Arc (1429), n'hésite pas à rémuEtre éternel et bon... toi qui règnes nérer, sur le pied de trente :!ranes par jour, les cieux ... toi qui as pétri d'amour le tm commissaire eJCposé sans doule à de fi· des mères... corrune tu do·is lu comprencheuses rencontres dans ce temps de guerre supplication! ... Garde-le-moi, mon peet de brigandage.

Les origines de la poste


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Si les distances sont grandes, si le courrier de cabinet a l'ordre de marcher nuit et jcur, un port de lettres arrive à coûter plu~ieurs milliers de francs; au contraire, lorsqu'on peut, par l'intermédiaire de quelque 'cher et spécial ami •, tel que sont les • courratiers de vin et de change •, confier son pli à un charretier qui fasse route avec ses marchandises dans la direction voulue, ou· plus simplement lorsque le destinataire habite une localité desservie par les « petits messagers • dt: l'Université, le prix ne dépassera pas cinq francs de Troyes à Paris (1522) pour un sac de ~procédure et même soixante centimes pour une simple missive de Paris à Soissons (1527). Quel que soit le mode de transport, tous îes ports de leHres jusqu'au commencement du seizième siècle, sont chers: 4û à 70 francs de Paris à Rouen, à Troyes, à Tours, el si l'on se sert de messages spéciaux, c'est 55 !ranes de Nantes à Vannes par un • poste • el de Paris à Anger~ 180 francs. les prétentions :les estafettes sont d'ailleurs très diverses, puisqu'en 1437, de Troyes à Sens il en coûte 15 francs pour une lettre par le messager de Troyes et seulement 7 fr. '50 par le messager de Sens qui, sans doute, prenait les dépêches au rabais comme fret de tour. les messagers traitaient aussi à forl'ait : une bourgeoise de Troyes, Mme Viguier, payait, sous louis XIII, un fisc de 38 francs par an (1615) pour correspondre avec Paris. Mais, à cette époque, dans toute 1 Europ-.· bien avant qu'aucun gouvernement ne se fut avisé d'y pourvoir, le besoin de relations avait r:~bli depuis longtemps entre villes même éloignées, des courriers plus ou moins régu liers. la communication des principa-les villes entre elles. était entretenue par des messagers travaillant isolément ou en corporation, comme les quatorze de • Monseigneur le patronnage de • MQIIseigneur l'Archange Saint-Gabriel (1588), qui, tous 1les quinze jours, parlait alors pour Par~s, Lyon ou Bordeaux. De la capitale pour la province, c'est-à-dire sur les grandes artères ota circulent les vagonsposte, les • ambul'ants,. de nos jours, les messagers dits ~ royaux • disputaient ~le port des

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lettres et paquets aux messagers huit en 1716, y compris celle de l'hôtel l'Université». pastes, rue des Bourdonnais, levées c!ldLes uns et les autres obtenaient deuX lois par jour, à midi et à 7 heures vemen! des tribunaux et du Conseil Ces boîtes devinrent des bureaux de lorsque lut créé (1759) la • petite rêts qui • cassaient et annulaient tous • à 25 centimes, - deux sous, - pour cédents • et leur concédaient tour à tour monopoles aussi absolus. que fragiles. Jtttres circulant à Fintér,ieur de la c~piLe transmission des correspondances imitation impe1·iectionnée de la , penny , de Londres. vées s'était donc organisée toute seule ' La !etire distribuée .par la • petite p ..d.bien que mal, et si l'on veut ver aux postes modernes un fondateur, l'enceinte de Paris, jouissait d'une !oléqui mérite ce nom est un de poids de 60 g.rammes; le tarif de la son lemps iort effacé et inconnu de IH ordinaire en France ne concédait que Pierre d'Alméras. Celui qui s'av,isa de arammes et demi à ta • lettre simple • et servir les courriers officiels • tenant la grammes à la • lettre double •; au-dessus, pour le Roi •· au service public. payait pour l'once soit 31 grammes. Le Aux estafettes qui portaient les de 1676 introduisait, entre la simple et de la Cour, 'il permit de se charger double lettrJ!, une catégorie intermédiaire, du public; puis, l'innovation ayant de la « lettre avec enveloppe • , assez 0tJblit des courriers • ordinaires •, sans doute, puisque jusqu 'au dlx-neuvièsiècle l'usage persista, comme on sait, d'édevint rapidement un substantif: le • ordinaire •, partant et arrivant à jour fixe, l'adresse au dos de la feuille pliée et cales multiplia, ainsi que les bureaux, au lur à la cire, laquelle ne pesait souvent à mesure des beso·ins de la clientèle. Des plus de 4 grammes. Un mémoire de la des postes, en 1703, constate que tres patentes donnant à Alméras j sur les maîtres de poste, c'est-à-dire un r)aquet d'une once on a compté jusquelque cohésion, et un premier tarif, qu-l sept ou huit • lettres simples • . succinct, des ports de lettres (1625), telles Les taxes postales, cinq ou six fois remarenl les deux mesures, noyées au milieu et qui, exprimées en monnaies anciensemblent plus que doubler en 1625 jusfatras d'ordonnances iiscales. d·' un jour, se trouvèrent amorcer sans bruit l'un des la Révolution, subirent au fond peu de ganisnaes vitaux de la société future. (naJng;~mt~lll et méme tendirent à diminuer, si La hiérarchie, tentée par Alméras, iut les traduit toutes en monnaie actuelle d'apOLLssée d'ab01·d aussi bien par les la valeur intrinsèque et relative des anqu 'il s 'agissait d'embrigader que par les <sous> aux <iiverses dates. Ainsi Ja lettre simple de Paris à Lyon torités provinciales qui prétendaient ces subalternes sous leur dépendance; le 3 sous en 1625, 6 sous en 1703, et 8 en noo, se trouve eiiectivement tarifée à mal accepté du public qui préférait .kr avec les courriers, ne prit force de cenümes en 1625, 1 franc en 1703 et 84 qu'au bout d'une année. en 1760. Le prix variait, suivant tes Alméras avait accepté de prendre les tés, de 50 centi01es à 1 ir. 75; mais il tres; Louvois les exigea. la poste iut il pas exactement proportionné à la distance: il en coûtait davantage pour Strasd'un monopole: 1les messagers durent lier à elte ou disparaitre. les taux SUl:n~~ill'"',••bourg (1 fr. 70 en 1703) que pour Marseille à ,partir de 1762, attestent l'augmentation ra- (1 fr. 20); Calais, à 1 iranc, était plus cher pide des correspondances. que Nancy à 85 centimes, et le port était Je Cependant, Paris, en 1653, n'avait encoR lllème de lille ~ Madrid, par l'ordinaire d'Esque quatre boîtes à lettres ; il Y en tut six til JII&De, que de Paris à Perpignan.

Pour nos riches contemporains, clients habituels du télégraphe, abonnés aux télégraphes urbains et 1·uraux, le bon marché des timbres les louche peu; ce chapitre de leur budget est quatre ou cinq fois plus élevé qu'au temps où le port des lettres coûtait quatre ou cinq fois plus cher. Des seigneurs, sous louis XV ne dépensaient pas 150 francs par ar. de ce chef et de gros bourgeois déboursaient à peine 50 francs.

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Les droits dn pouple = Le peuple a maintenant le suffrage uni· versel. l'ouvrier le plus pauvre est juge en son pays. Ceux donc qui veulent aujoLtrd'hui le triomphe de I'Egluse doivent aller larmer le peuple et gagner le peuple à l'Eglise. Pour cela, il faut ètre du peuple. Le peuple ne veut pas aujourd'hui que nous lui montrions de la condescendance. Il se révolte contre cette prétenlion. ll se croit au:>~i grand et aussi pHissant que vous, qui que vous soyez. Il faut qu'il sache que nous sommes ses frères, que nous nous conduisons cowme des frères, et que nous lui parlons le langage des frères. Par conséquent, agissez avec le peuple, car c'est aujourd'hui le temps de la démocratie. Des siècles et des, siècles se sont écoulés les uns après les autïcs; que nous pensions une chose ou une autre des r ésuJta.ts, voici devant nous l'Océan, et cel Océan se nomme la démocratie, et si vous voulez voguer sur cet Océan, il faut apprendre à naviguer sur les vagues de la démocratie. Nous vivons dans un temps où le peuple est mécontent. JI ne s'agit pas de savoir s i le peuple est plus heureux ou plus malheureux qu'autrefois. La comparaison est de nulle valeur; je prends les faits tels qu'ils sont, le peuple se croit privé de la pleine justice qui lui est due. le peuple est irrité et, dans son irritation, se jette dans les grandes erreurs. Nous ne devons pas renouveler la faute de ceux qui, voyant se prêparer un volcan au milieu d'eux, attendent pour prendre des précaution s que l'explosion se soit produite.


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112 Station de pathologie végétale de Vienne, a fait des essais pour enrichir l'épinard en fer en J'arrosant avec des solutions d'oxydes de !cr à divers degrés. Voici les résultats qu'il a obtenus, c'est-àdire la quantité de fer dosée dans les plantes r.Divilnl le ~ traitements: Plantes non arrosées avec solution d'oxyde 1er: 0,3 "/~.; plantes arrosées avec solution Pxyde de ier 0,5 (;1,: 18'/,.; plantes arrosées .a,·ec solution oxyde de fer 2 %: 23 •;, .... Ainsi avec une h~mure ou un arrosage approprié avec des composés du fer, on peut at;gmentcr fortement ici de 7 lois la teneur rn [er de l'épinard. Y a-t-i·l là les bases d'une industrie nou\lelle ct parlera-t-on plus tard d'une Spinaciathérilpie? Nous n'en savons rien; mais nous ten ions à communiquer aux intéressés les uns pour leur santé, ks autres pour leur bourse, lts résultats de ces curieuses e"')>êricnces, comme à rappeler aussi les mérites d'un re· mède qui est 1111 aliment, c'est-à-dire simple, h ès peu coûteux el probablement plus efficace que tout autre visant le même effet. 0000000

LES ŒUFS A COUVER ne doivent pas êlre choisis parmi les plus gros exemplaires. Ceux-ci, en elle! rcnienncnt souvent deux jaunes et ne donnent naissance qu'à des poussins mal conformés et qui ne sout pas viables. Les œufs trop petits seront également exclus, ca·r souvent ils n'ont pas de Jaune. Les œuls à couver doivent être de grosseur moyenne, aussi pareils que possible et de lorme réguliè-re et normale. Il faudra laisser de côté les œ uls trop pointus et allongés, de même que ceux qui sont trop ronds el trop courts. La coque ue doit pas en être trop mince ct trop fragile, car la poule les écraserait. Elle doit être unie, sans rugosités, sans rides et uc .pas contenir de petits cailloux de calcai,re. Tous ces petits défauts peuvent comr>romettre l'éclosion des poussins. Ou ne devra jamais mettre à couver un œul dont la coquille ne serait pas parfaitement intacte. La moindre fissure, la moindre fêlure entraîne la moti du .poussin à naître.

CLARIFICATION DU VINAIG~E Vous pouvez le coller avec le lait qu1 la oose d'un demi-litre par hectolitre, • une bonne limpidité ; mais il vaut mieux que vous le lassiez passer sur dea peaux de hêtre. Procu·rez-vous des dits copeaux, · les de vinaigre très lori et placez-les dans hils. Versez-y ensuite Je vinaigre trouble laissez-les séjourner pendant une vingtaine jours sur ces copeaux. Par ·ce contact longé, il sc formera de l'éther acétique principes aromatiques qui contribueront a ner au vinaigre des qualités parti Lorsque vous le tirerez des lûts, le gre pourra être immédiatement livré à 1t sonunation. Les copeaux devront être renouvelés chaque soutirage. 0000000

CURIOSITE Dans la première moitié du siècle el dans les contrées méridionales de la on avait encore recours, pour le blé, à l'ancienne méthode du « aetJla,ue•:aCelle opération consistait à faire grains des épis c11 les soumettant au ment des chevauJ~: sur une aire aplanie et solidée. Ce procédé, au1ourd'hui tout à démodé, subsiste CJJco:re pourtant dans œrtaines régions méditerranéennes. Il est ancien. Chez les Hébreux, .par exemple, voyons que l'on dépiquait avec des bœufs non avec des chevaux. Et la loi de Moïse fendait de museler le bœuf qui piétinait le blé. Le législateur avait jugé qu'il serait bare d'ôter à ce laborieux animal la de prendre une seule bouchée de celte qu'il avait fécondée de ses peines.

L'Eglise n'est pas sur la terre pour recede l'esprit de l'homme, mais, re, pour régler et diriger la marche il de l'homme suivant les enseignestables de l'Esprit de Dieu. ise, instituée par Notre-Seigneur pour l'intégrité de la foi , a toujours veillé la vigilance des anges sur ce précieux Dès les premiers siècles, dès les prejours, elle a eu à le défendre contre ; elle l'a toujours défendu par les seuls que Dieu lui ait permis d'employer, se départir jamais de sa prudence ni de droits. les nombreuses raisons pour lesje suis catholique, il en est une qui particulièrement précieuse: c'est que la catholique me dispense absolument de goumon Eglise. Cest l'Eglise qai m'a fait connaître mes ded'homme el de citoyen, qui a éclairé esprit, qui a fortifié mon cœur, qui m'a ma voie et ma destinée. Tant que je pas connu s·a loi, j'ai véritablement ignoré · j'étais sur la terre; je n'ai su ni ce je devais aimer, ni ce que je devais cornAinsi je dois tout à l'Eglise, et je prén'être point ingrat. LOUIS VEUiLLOT. l'm•uu.• :>""'

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Héros obscurs tombés pour la patrie Dormez en .paix, car nous nous souvenons: Oui, dans nos cœurs est gravé pour la vic Votre héroïsme à défaut de vos noms! Nul ne connaît les taillis où repose Plus d'un martyr de nos saintes couleurs. Héros obscurs, pour votre apothéose, C'est le printemps qui vous couvre de fleurs! Vaillants districts, si le tocsin d'alarmes Tintait un jour des sommets aux vallons, Sans autre appel on reprendrait les armes Pour conserver tout ce que nous aimons. Si nous n'avons pas Je même langage, Nous sentons tous battre le même cœur. Vaillants districts à d'autres le servage, Toul Vaolaisan vit librement ou meurt!

0 Valaisans, soyons toujours des frères! Marchons unis vers le même idéal: Puisque le ciel a protégé nos pères, 1.l 11c craignons.-nous pour notre sol natal! La foi, l'honneur, l'entente et le courage Rendent un peuple invincible, immortel: 0 Valaisans si sur nous fond l'orage, Que ces verlus nous servent d'arc-en-.ciel!

C. 1. A.

Une leçon qui n'est pas volée Centenaire Valaisan LE SALUT AUX ETOILES.

De M. Chs ln-Albon, dans le ,Courrier Genève":

d'Or, au ciel de nos bannières, qui brillez d'uu si limpide éclat, ~vez vu les luttes de nos pères :!: Il y a bleu Léman, au pied de la Furka. >ar~tion de l'âme et celle de Dieu. s'écriaient: • Gloire à celui qui tombe! • survit aux marbres des tombeaux. Christ a réparé les deux. d'Or: Nous jurons sur leur tombe Sa mort a tué notre mort ; sa re!;urr«"111"''•œ vaincre ou de mourir p·o ur nos drapeaux! a refail notre vie. châteaux-forts, debout sur les collines, :~ Sans la charité la vetiu n'est qu'un dOIL Wlllllle.nm<ora d'un passé glorieux: 0000000

Que j 'aime à voir se dresser vos rumes! Sur ces sommets qu 'ont foulés nos aïeux! Mais H n'est plus aujourd'hui de quer.elles, Plus d 'oppresseurs pour contester nos droits : fiers châteaux-forts, laissez les hirondelles Faire leur nid sur vos hautains beffrois!

Quand il m'arrive de penser à l'époque où j'étais petit, je ne puis m'empêcher de rire au souvenir du père Mitoufla.rd et de la mère Cadet, qui étaient bien les gens les plus drô· les du viUage que j'habitais alors. De naissance, le père Mitouflard et la mère Cadet étaient cousin et cousine, ce dont on ne se serait jamais douté, car ils se ressemblaient autant que le jour ressemble à la nu it. Maigre comme un clou, sèche comme une craquelotte, la mère Cadet, quand elle des· cendait la grand'route, avait tout l'air d'une perche aux haricots qui se serait sauvée du


115 Jardin, mais aucun des mauvais garnements du cru n'aurait osé se moquer d'elle, car nous avions une peur bleue de ses poings emman· chés de bras qui n'en finissaient pas, et de ses longues jambes qui lui auraient permis de joindre à la course le.. plus rapide d 'entre nous. Malgré ses allures un .peu ridicules, la mère Cadet était la meilleure créature du monde; eJ.le habitait le haut du village et y exploitait une petite métairie dont le beurre était connu de dix lieues à la ronde. Quand au père Mitouflard, c'était le re· poussoir de sa cousine; grand comme un nabot, il regagnait en embonpoint ce qu'il n'a· vait pas en hauteur; il avait la tête grosse et comme taillée dans une monstrueuse tomate, et ses jambes étaient si petites, si petites que, de loin, il semblait marcher sur des roulettes. Au moral, il passait pour u.n fainéant de la plus belle eau; propriétaire d'une j-olie maisonnette et d'un champ bien exposé, il laissait la maisonnette crouler moellon par moellon et Je champ se transformer en jachère; il ne travaillait que par intermittence, el pourtant il engraissait chaque jour davantage, parce qu'il n'était pas très méticuleux sur le chapitre du tien et du mien, et qu'il trouvait toujours le moyen d'arranger ses petites a[faires aux dépens de cel.les des autres. Dans Je canton, on lui attribuait la disparition de pas mal de .poules qui n'étaient jamais rentrées au poulailler, d'un certain nombre de pommiers mystérieusement dévalisés de leurs fruits, et U'll tas d'autres méfaits plus noirs les uns que les autres; mais ces accusations se formu laient à voix basse, parce qu'on manquait de preuves et que le lbon apôtre était redouté, à cause de toutes les malices qu'il avait dans son sac. Le père Mitouflard ct la mère Cadet n'avaient jamais entretenu des relations bien suivies, quand, soudain, le vieux sacripant parut se prendre d'une vive sympathie pour sa cousine; il alla s'enquérir de sa santé, le len· demain il y retourna, le surlendemain encore cl, comme .J'accueil qu 'on lui faisait !li'étaif pas trop frais, il ne laissa .plus passer un

soir sans fa1re un bout de promenade là-haut. Au comn~encemeuf, la fermière, un méfiante, se tint sur ses gardes; mais Je sin avait un air si gentiment patelin, il tait de si jolies histoires, que la bonne finit par se dire qu 'il avait été beaucoup calomnié qu'il ne le méritait. Et l'on causait ct l'on vidait lorce de café ct les aiguilles de la grosse qui ronronnait dans son coin, tournait par enchantement. Certain soir, le compère trouva sa mère fort excitée. - Hé! ma belle cousine! quel mauvais lon vous a piquée!... vous avez une de œa mousses ... -C'est que j'ai des raisons pour œla, cousin! - Je sais bien qu'il n'y a jamais de mée sans feu, ni de male humeur sans mais dites--moi ce qui vous · tourn~ente ? - Il y a que, depuis la semaine un mauvais esprit s/est logé dans ma son; j'ai beau ouvrir les deux yeux à la c'est tout à fait comme si je soulflais mes doigts pour faire tourner J'aile du lin! Ah! la canaille!. .. Ah! le gueux! ... mauvais esprit qu'if soi t, si je Je tenais, je ferais voir des chandelles comme Je son patron, n'en a jamais allumées! - Et que vous a-f-il donc fait pour mettre ainsi en colère, ma cousine? La mère Cadet rejeta en arrière son g·non couleur filasse, qui se dressait en te d'éteignoir, croisa sei longs bras •naigre poitrine, et regardant son bien en face: - Ce qu'il m'a fait! Eh bien, je vas Je dire: il m'a chapardé et me chaparde core mon beurre! Le père Mitouflard partit d'un large de rire ; il rit fant, qu'il en attrapa Je et quand il eut fini de rire: - Vofbeurre! ... il chipe vof'beurre!... quoi donc qu 'il en ferait de vot'bcurre, prit?... Vous avez quelque chose là, ma sine ; oui, vous avez quelque chose là!

Et il se frappait le front d'un petit air enMais la mère Cadet ne se déconcertait _ Je vous répète, moi, que ça dure depuis semaine. On me vole deux livres à trentesous, par jour, ce qui fait juste vingt· francs! Parfaitement, cousin! c'est l'esqui a fait le coup, et si ce n'est pas J'es· c'est quelqu'un que je ne connais pas, ..is que vous connaissez peut-être. Et, ce disant, elle regardait Je cousin de teS petits yeux qui tournaient comme des fl'ilJes. _ Par ma barbe, cousine! ... (Le père Mitouflard n'avait pas plus de barbe au menton que dans le creux de_sa main, mai~ c:est un pnre qu'il se donna1t, de .par~er a1_nst.) Es~­ t! que vous allez croire que Je su1s .l'espnt qui chipe vot'beurre ? Fi donc! c'est mal de soupçonner son prochain! Et puis, vous le savez, tous les soirs je sors d'ici les poches plates comme la bourse d'un gueux! Une 1110tte de beurre de deux livres, ça ferait boste sous mon s~trreau, et vous l'auriez remarqué! Ah! ma cousine! vous êtes injuste; je ~n vais et il fera chaud quand on me rettrra encore chez vous! L'argumentation de l'hypocrite était concluante; la mère Cadet eut un remords d'a· YOir soupçonné ce brave honune. - Restez, cousin, et ne vous fâchez pas; fai voulu rire à vos dépens; asseyez-vous et, pour ma punition, j'irai quérir derrière l~s ligots une de ces vieilles bouteilles de vm qu'on garde pour les fêtes carillonnées. - C'est une belle idée, ma cousine 1 et je a'ai point de rancune. La mère Cadet sortit; mais, pour se ren· dre au cellier, il lui fallait traverser la · cour, et ce petit voyage l'obligeait à passer devant 1ts fenêtres de la sa.Jle. Par hasard, les volets n'avaient pas été tiIfs, ce soir-là; elle jeta, machinalement, un R(ard à ,J'intérieur, et ce qu'elle vit la figea let de surprise et d'indignation. Profitant de sa solitude momentanée, le cousin s'était levé; à pas de loup, il se di ri· lUit vers l'étagère où les mottes de beurre,

prêtes pour le marché, s'alignaient sur leur lit de feuilles de choux, en saisissait une ·avec dextérité et Ja précipitait au Iond de son énor· me casquette, qu'il plaça ensuite sur la latte la pius élevée du vaisselier. - Bandit! Misérable! fit la mère Cadet, attends un pen. · Son premier mouvement Iut de saisir une trique et d'altier la casser sur l'échine du larron. Mais, tout à coup, elle se ravisa, eut un sourire, et dit: - Je vas te montrer de quel bois je me chauf!e, brigand! Elle alla prendre la bouteille de vin et rentra tranquillement dans la cuisine, où le voleur l'attendait avec une petit air de nitouche admirablement joué. Après avoir. fait honneur au vin de son hôtesse, Mifouflard se leva, se coiffa de sa casquette et fit mine de prendre congé. La mère Cadet le retint. - Minute, cousin; on ne part pas ainsi. C'est aujourd'hui mon anniversaire et il faut vider la bouteille! Tenez, asseyez-vous, près du loyer, dans le grand fauteuil. Mitouflard fit une grimace, mais... le moyen de résister? Il alla donc s'asseoir à côté de l'âtre. La vieille continuait : - Ne trouvez-vous pas qu'il fait rudement frisquet, ce soir! et ce leu qui ne chauiie pas ; une bonne brassée de bois, et ça ira mieux. Et elle entassait les bûches, et la flamme montait el la chaleur devenait intense, et, sons sa casquette, le père Mitouflard sentait quelque chose qui s'amollissait, qui se liquéfi:tit, qui mijotait et commençait à couler le long de son front, de ses joues, de ses babines, de son cou, pour s'insinuer dans son dos, sou ~ la chemise. Pour sûr, cette canaille de Mitourtard n'é· tait pas à son aise; il fit encore mine de se lever. - Bonsoir, cousine, voici neui heures et demie. - Hé! hé! cousin! ne soyez pas s i pressé;


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116 les chemins sont sûrs et vous n'avez rien à craindre. Bonté du ciel, qu'il fait froid! Et elle empilait de nouvelles bûches, et le loyer devenait une fournaise, et c'éta it une cascade de beurre fondu qui ruisselait sur la peau dn larron. Le malheureux se démenait, il enfonçait sa casquelte pour enrayer l'averse, il s'essuya'it le iront à la dérobée. Vains efforts, l'inondation redoublait d'intensité, tous ses vêtements lui collaient au corps; c'était un supplice qu'il rtevrait endurer jusqu'au bout, sans oser protester, car c'eût été avouer son .larcin. La mère Cadet semblait toujours ne s'a· percevoir de rien. - Tenez, cousin; j'aurais voulu vous lire un article de la ,Gazette'' mais ce ne sera pas aujourd'hui, car le diable sait où j'ai fourré mes lunettes!... Maudites lunettes! Savez-vous qu'elles me deviennent indispensables pour y voir clair! ... Ces mots rassurèrent à demi le voleur, dont la situation devenait intenable; sa gros· ~e face rougeaude était comme imprégnée de ~auce; des IJOtttles d'or pendaient au bout de son nez; d'autres encore contournaient se5 oreilles et cascada·ient le long de ses épaules, jusque dans ses bras; ses sabots s'emplissaient, un petit marais se dessinait sur les dalles. ~Vieille sorcière, se disait-i.l, à part lui, tu m'y reprendras encore à filouter ton beurre! • Il lit un geste résolu pour indiquer qu'il s·en allait. - Non, cousin, vous ne sortirez point par un froid pareil. Au reste, j'ai la clef en po· che! Chauffez-vous! ChauHez-vous encore; laites provision de chaleur! Elle attisa .le foyer, puis elle commença une interminable histoire que le compère dut ~couler jusqu'au bout. }lJsqu'au bout aussi, il dut laisser fondre la motte de beurre; cela dura une grande heure d'horloge qui lui parut un siècle ; tous ses vêtements étaient transpercés, et il lui sem· blait qu'il était figé dans un pot de glu. La mère Cadet, qui y voyait très clair, s'a·

perçut que la motte de beurre tout entière. Alors elle se leva, ouvrit sa porte et ' , geant b1·usquement d'intonation: - Je ne vous retiens plus, mon Bon voyage et tâchez de vous corrigtr la leçon vaut bien deux livres de beur~! Charles SOlO

L'Exilé - Vous êtes blessé, mon ami? Après les violents combats de la dans la petite église lorraine, la plus du champ de bataille, on vient d'apporter centaine de blessés, de les déposer à sur une couche de paille; et l'aumônier penche vers l'un d'eux, qu'il reconnaît pour l'avoir réconcilié avec Dieu, au des fêtes de Noël, après vingt ans d renee religieuse. - Blessé, mon aumônier... dites plutôt je vais mourir. Le prêtre, un bout de bougie à la recule d 'horreur devant )a jambe a H •• ~••aW.. ment déchiquetée, la poitrine travers& des éclats d'obus. Un cri de pitié lui - Que vous devez souffrir!... - }'ai surtout froid! ... Oh! que j'ai Et puis, je suis faible ... j'ai tant perdu sang!... On n'a pu me relever qu'à la Mais vous êtes là ... je suis content ... allez pouvoir m'absoudre, me donner trême-Onction , et je mourrai en paix... La voix est si faible, la respiration si nible, que le prêtre, réchauffant dans les nes les mains glacées, approche son de la bouche du moribond, pour entendre ~uprêmes aveux ; mais, à peine lui a-t-il l'absolution, qu 'épuisé par tant d'elforts blessé .retombe sur sa paille, et reçoit les lions saintes, ayant à demi perdu sance. Un major s'approche, :âte Je pouls, les soins nécessaires et répond aux galions de l'aumônier:

- oui, c'est fort grave. Des complications à craindre. Il n'en a peut-être pas pour uatre heures!... Cette église est trop On va le transporter tout à côté, dans petite maison d'école, aménagée en ambuet que nous réservons aux grands bles, vais donner des ordres. ! La douce chaleur! Le bien-être de se étendu sur quelque chose qui ressemble un lit, d'avaler du bouillon bien chaud, qui u..,ntrlrte et ranime. Le blessé revient douà la vie. Où suis-je? demande-t-il à l'infirmier · l'enveloppe de couvertures, avec des pré-maternelles. -Où vous êtes. mon ami? ... A la maison vos pansements sont achevés; essade dormir, reposez-vous! - A l'école! répète le blessé, comme en je suis à la maison d'école! Et il se soulève, pour regarder autour de de tous ses yeux, pour chercher au-des· de ses camarades qui gémissent ou qui le tableau noir fixé au mur, la carte de coloriée de vert, de jaune et de rose. Ses paupières se referment. C'est son école lui qu'il évoque maintenant, sa jolie petite de Gasgogne, où l'attendent sa chère Gabrielle, sa petite fille Marie-Rose. la revoit, la maison toute blanche, au si rouge, sous les platanes verts; la grande pleine de soleil et d'enfants rieur!, aux à la réplique prompte. Il se voit , assis dans sa chaire, donnant à voix une dictée de certificat, tandis que, par fenêtres ouvertes sur le pa ysage prin tases yeux embrassent la fertile plaine, si sous la parure virg-inale de ses milliers pruniers en fleurs. n pouvait être si heur~ux, là-bas, prts de lemme e~ de sa fille aimées! Et il n'a pas su heureux, il n'a pas toujours su les rendre ! n était ambitieux, il voulait « arriver.; el · lui prouvait tous les jours que ce point en penfectionnant ses méthodes péqu'un instituteur arrive dans ce 1 Il ne s'agissait point d'étudier Frœ·

bel et d'annoter Pestalozzi, mais de faire de la politique, ce qui si.gnifiait, au village: ne jamais entrer à l'église, fuir le prêtre et ignorer Dieu. - Lâche! songe-t-i l, que de lois j'ai été lâche, moi qui, heureusement, vais mourir en brave. Il avait encore la foi. Il se souvient avec confusion de la joie émue qu'il ressentait, lorsque, sous prétexte d'excursion, au mois de mai, par quelque beau jeudi ou quelque radieux dimanche, il conduisait sa iemme et sa fille sur la colline de Penne, oü se dresse, devant l'admirable vallée du Lot, le sanctuaire de la Vierge, chère à tous les enfants du ,pays: Notre-Dame de Peyragude. Il croyait et il vivait en incroyant. De Hi venaient tous les nuages qui assombrissaient son bonheur et cel'ui de sa femme. Elle était si pieuse, cette douce Gabrielle! Quel chagrin elle éprouva le jour de la première Communion de Marie-Rose, quand il lui fallut partir pour l'église, toute seule avec l'enfant! Que de larmes elle versait, ch:~que fois que l'avenir de la petite revenait dans ~t ~ conversations et que le père déclarait ù 'u'' ton sec: • A quatorze ans, Marie-Rose ira au lycée de filles. Elle est intelligente. je veux qu'elle entre un jour à Sèvres ou à fonk· nay ... • Et quelle détresse dans le cœur Ùè cette chrétienne, le jour où, sous les yeux indifférents de son mari, on décrocha le cruci· fix du mur de l'école!... - le crucif ix, murmure le moribond, qui !>'agite sur sa couche en proie à une iit:vre ardente, le crucifix, c'est lui qui m'a manqué. Comme on l'avait exilé de mon école, jt! 1ai exilé de ma vie.... Avec tout ce qu 'il bll3il pour être heureux, j'ai vécu dans l'inquiétude et la vaine attente du lendemain ... et maintenant, je vais mourir.... Une s--eur iroide inonde ~es tempes. Sa respiration devient haletante. De ses lèvre::. desséchées sortent des paroles entrecoupées: - Gabrielle·!... Gabrielle!... Tu recevras ma lettre ... la lettre oll je te faisais mes adieux Tu élèveras chrétiennement notre petite ... no· tre chérie... Marie-Rose! ... Mais les autres,


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cole, parmi les objets mis au rebut, soua mes élèves d'hier... ceux à qu1 1e n'ai jamais paisses couches de poussière. parlé de Dieu... quels hommes seront-ils deCelui qu'on avait chassé est revenu; main?... A la grise lueur de l'aube qui .pénètre li- reparaît, et, seul, au milieu des ruines, du Christ vivant, le crucifix demeure, brement par les ienêtres sans volets, l'instigardien du soldat mort, dernier COI~SO>Iall• tuteur mourant, les yeux fixés sur le lond de suprême ami du maître d'école. la salle, remarque, entre Je tableau noir et (,La Croix".) Jean VEZE~E. la ca.rte géographique, une sorte de tache pâle, dans la peinture ocrée. Et cette tache émouvante a la forme d'une croix. Au-dessus d'elle, un vieux clou rcuillé atieste que cette école exila, elle aussi, Je crucifix. Quel grand jour pour nos enfants! la Le jour paraît. Les infirmiers s'empressent de nouvealli autour des blessés, apportant ti- mière communion. Mais ce jour n'est grand pour eux seulement: il est encore sanes chaudes aidant ies majors qui font les opérations les' plus urgentes, dans une salle solennel pour leurs familles. Il ne peut guère y avoir, en effet, de voisine. Déjà l'aumônier recommence sa tourgrand honneur pour un père et une née. Il s'approche du petit instituteur, constate de voir leur enfant faire sa première avec tristesse les progrès du mal, l'encourage, nion. L'enfant qui communie est une vivante; toutes les gouttes de son sang, le réconforte par de bonnes paroles. - Mon aumônier, vous écrirez à ma femtes les fibres de son être, toutes les me, n'est-ce pas, vous lui raconterez ma fin ... de son âme prennent une voix pour dire l Tous mes papiers sont là ... vous lui retours us: Mon Dieu, c'est à mes parents que nerez tout ... avec mon anneau de mariage .... dois ce bonheur, bénissez-les! Puis, la main du blessé se crispe sur la M'a is cet honneur comporte aussi dn voirs. soutane du prêtre, oblige l'aumônier à se pencher tout près cles lèvres qui ne parlent plus - De très grands. Avant la première munion, les parents doivent tout faire qu'à voix basse: que leur enfant soit digne de la visite -- Je voudrais autre chose, encore autre chose.... · Par conséquent, il faut laisser de côté les - Tout ce que vous voudrez, mon pauvre lions d'amour-propre et de vanité. porte la place? ... qu'importe la toilette? ... enfant! Le bras de l'agonisant se relève, désigne parents s'efforceront, au contraire, de là-bas, au fond de la salle, le clou rouil lé, sur souYent à l'enfant du grand jour qui che; ils le feront prier; ils lui le mur vide: - Je voudrais le cruci[ix qui était là... cedéfauts; ils prieront pour lui de tout lui que l'on a chassé... Je ne l'ai pas eu dans cœur; ils orneront son âme de toutes mon école .... .Mettez-le sur ma tornbe! ... vertus. Le village, où pleuvaient les obus, a dû Le jour de la première communi011, être évacué quelques jours plus tard. Les mai- tiendront à honneur de l'accompagner l sons bombardées jonchent de leurs d~com· Sai nte Table. Le bonheur des enfants se bres les routes déserles. Le clocher s'est efblera de celui de leurs parents. Leur joie fondré sur le cimetière, enfouissant sous l'a· plus douce, ~tant partagée par ceux mas de ses pierres calcinées les modestes séaiment. Comment Jésus pourra it-il pultures. Une tombe, fraîchement remuée, resle quelque chose à des âmes q~i, unies intacte. Sur elle, se dresse un vieux crucifix sang, s'unissent aussi dans la même foi de bois noir, retrouvé dans le grenier de l'é· même priè~?

Préparons le grand jour

« Etre soi~ C'est une chose difficile, parce que 11to.m· soit sous l'impulsion des ordres qui lu i donnés, d'une façon parfois trop autoet auxquels il se croit obligé d'obéir, trop en esclave, soit à cause de la laide sa constitution morale qui le conde s'appuyer, plus que de raison, sur a de la peine à prendre conscience force .pe·r'lonnellc qu'il représente, d'apour la reconnaître, ensuite pour la dé' enfin, ~t ce faisant, pour l'utiliser. cependant, c'est une chose nécessaire. d'abord reconnaître ce que Dieu a mis chacun de nous, et par quoi, individuellenous sommes créés à son image, ce qui du même coup, l'honorer dans son œu· Et c'est même lui témoigner sa confiand'une manière particulière, pu isque c'est une teHe foi en son œuvre, que l'on pas le besoin de l'étayer, plus que raison, sur d'autres appuis. C'est ensuite faire acte d'homme, par l'in· et par la volonté. Tant et tant se influencer !'l conduire qu 'i.l est expéd'y prendre garde pour ne ,pl\s les imiOn sait où cela mène, d'autant que la nahumaine, par ~es dispositions mauvaises, plus apte à suivn un mauvais conseil ou mauvais exemple, et à se rapprocher d'audans ses infér;orités, qu'à l'imiter dans qu'il révèle de plus noble et de supérieur. c'est aussi en prenant conscience de soi, m ~tant soi-même, que, fermement, on élid'autrui tout ce qui est négligeable, ct forte raison nuisible, pour ne s'assique ce qui est en harmonie avec notre bien connue, et formée selon sa proconstitution. , C'est encore s'assurer pour toute sa vie sortes de biens: ceux de l'esprit, car bon de penser par soi-même, et de suiselon une discipline éclairée, un sain sans se soucier de la multiplicité éner· et stérile des opinions ou des idées ; ceux du cœur, car il est bon pour un

homme, à qUI, assu:-ément, la reconnaissance, à l'occasion, est douce, de pouvoir se dire que, dans sa vie, il est plus capable encore de donner que de ucevoir; ceux de ra volonlé, car l'épreuve inévitable arrivant, l'homme, qui a su développer sa. propre force intérieure et être lu!-même, IJouve en lui les ressour. ces nécessaires pour y parer, ne s'imaginant même pas que ceux qu'il eût été en droit de compter sur lui-même, lui eussent presque inévitablement, ct même pour de bonnes rai· sons, fait défaut; ceux de la conscience, car c'est une satisfaction que de pouvoir se dire que l'on a cultivé en soi le don de Dieu, et que l'on a fait tout son possible pour mettre à profit, de la meilfeure manière, la ParaboJe de l'Evangile; ceux de toute l'Ame, enfin, car c'est une grande joie que le témoignage que l'on peut se donner d'avoir utilis~ toutes les ressources dont on disposait, après les avoir lait s'épanouir, bref, d'avoir vécu sa vie. Et c'est travailler à l'œuvre de Dieu, non seulement en soi, mais autour de soi, puisque ayant été soi-même, selon sa mesure de na· ture et de grâce, c'est faire que les autres comptent sur vous comme sur quelque chose de sa~, de mesuré et de ferme, et que, au fur et à mesure du temps, à .l eur manière et selon les circonstances, ils retirent de vous lumière pour leur esprit, chaleur pour leur cœur el force pour leur volonté.

Va1iétés CE QUE I.:'ON PEUT fAIRE

AVEC UN JOU RN AL Vous êtes-vous demandé parfois, mes chères lectrices, tout le parti que vous pouvez tirer, a,près lecture, de votre feuille préférée? Je n'ai certes pas la prétention de vous apprendre q11c les vieux journaux s'utilisent journellement pour allumer Je feu, envelopper les paquets , couvrir • les livres; mais je vous étonnerai peut-être en ajoutant qu 'ils ont bien d'autres emplois, dans la vie pratique. Jugez-en plutôt :


t20 Pour remettre à neuf les poëles de fonte, il suffit de les trotter vigoureusement avec un morceau de journal imbibé de vinaigre. L'on nettoie fort bien une carafe ou une bouteille en y introduisant quelques fragments de papier ct en l'agitant ensuite, pendant quel· qucs instants, après l'avoir remplie à moitié d'eau. De mï"nces b::ndes de papier, découpée~ dans un journal, se transforment une fois roulées, en allumettes économiques d'une ex· trëme commodité. Pour rendre clairs el transparents les vei1Ces de lampe, salis ou ternis par fumée, rien ne vaut une feuille de papier tordue en spirale. L'on conserve pendant assez longtemps sur l'arbre même, les pommes, les poires el les raisins, ct l'on préserve en outre ces fruits des maladies cryptogami'ques et des atteintes des oiseaux et des insectes, en les renfermant, quelque temps avant leur complète maturité, dans de petits sacs en papier. Les Russes et les habitants des contrées srptentriouales se mettent à l'abri des froids aux pieds. en plaçant au tond de leurs sou· liers plusieurs feuilles de papier, découpées en lorme de semelles. Ajoutons qu'un journal interposé entre deux couvertures peut très bien - étant donnée l'imperméabilité du pa· pier par le froid - tenir lieu d'édredon pen· dant la saison hivernale. Ce n'est pas tout, et l'on calme pour ainsi dire instantanément une rage de dents si violente soit-elle, en introduisant dans l'organe carié une petite boule d'ouate imbibée d'un résidu huileux provenant ùc la combustion d'un journal sous une cloche de verre à J'abri de l'air. 00000

VIN DEVENU NOIR Pour rendre votre vin potable, il faut commencer par le tamiser fortement avec du vin pur, puis l'acidifier el enfin le coller. Ajoutez-y 10 grammes de tannin pur par hectolitre, après J'avoir dissous dans un peu de bonne eau-de-vie. fouettez vigoureusement la masse et incorporez-y de l'acide citrique à raison de 15 granunes par hectolitre.

Ul

Laissez au repos pendant quaran~-huit res et, ce laps de temps écoulé, ellectutz bon collage avec du blanc d'œuf. Dès limpidité, soutirez et logez sains el bien mêchés.

dans la famille orateur distingué disait naguère du de la chaire chrétienne: héla&! mes frèaous sommes au siècle des parents obéis-

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SENTENCES PA TRIOTIQUES J APONAlSES. le soleil de noire drapeau ne connaît d'éclipse. Le sol que nous foulons est le point pui du levier qui soulèvera le monde. De la chaleur du patriotisme émane la mière du pays. La hau-teur des Himalayas n'atteint pas beauté du foudji. Appuyons notre pays; ne nous pas sur lui. Le luxe et le patriotisme n'habitent sous le mëme toit. faisons de la terre du Soleil-Levant pays sans soleil couchant. 0000000

A MON SAC On seul son amitié qui lourdement vous On Jé croit impW'lun, gênant, On le laisserait là pour un rien, et pourtaat A la pause c'est lui qui vous offre une Dans la plaine, au moment oü la rafale Quand les canons vibrants sèment partout mort, Quand ou n'a plus d'espoir, seul, il vous Car il est le rempart, l'abri, la carapaœ..~ Il est tantôt buffet, garde-manger, armoin; Il compose à lui seul un complet mobilier. Veut-on d<>rmir? De suite il se lait oreiller, Et s'il voulait parler ... il en sait des 0 sac! vieux compaguon des longs jours misère, Ecoute si parfois j'ai mal .parlé de C'est que je t'ignorais; j'eus tort, moi, 0' sac! ô mon vieux sac, mon triste ami, «Un Soldai.•

_ Eh quoi! dira-t-on peut-être, pourquoi exclamation qui sent le reproche! Est-ce parents n'ont pas d'obéissance à pra· à l'égard des supérieurs: l'autorité lé.,.,..mPn r constituée, J'Eglise catholique dont les membres. Dieu surtout, Autorité et souveraine d'où émane toute au· autorité, celle-là en particulier dont ils sont eux-mêmes que les dépositaires? Oui, ...,,,rolnnt>n , les parents doivent aussi obéir tout bon chrétien et tout citoyen cons· est tenu de le faire. Mais la très réflexion citée plus haut démasque cette envahisS>lnte des parents qui les à briser en quelque sorte aux pieds de enfants le sceptre de l'autorité pateret maternelle, pour faire les mille cade ceux qu'ils révèrent comme des idodomestiques. Ceci est plus que de la tai· : c'est une · lâche abdication du droit ble de régir et de gouverner la famille, monstrueuse apostasie du devoir, du dede l'éducation en particulier. Est-ce que, peut-être, l'éducation, cette al· capitale dans la vie d'un homme ne conqu'à laisser laire, qu'à choyer, qu'à Ce serait une aberration manifeste le prétendre. Et pourtant n'y a-t-il pas ge parents qui ployent très humble· le genou devant leurs petits adorés? et enrubanné comme une gentille poul'enfant est aux yeux des parents un être et captivant. On s'incline devant pour .prévenir tous ses désirs, satisfaire ses caprices, et, en Je couvrant de caet de baisers, on se soumet scrupuleuà toutes ses volontés. Les entêtements sont acceptés comme d'amusantes Les désobéissances ré.pétées, les larcins, frères de la gourmandise, ne que des peccadilles sans importance. )es

Avec ce système, où est la distinction entre le vice et la vertu? L'enfant est considéré comme un être essentiel1ement bon: il faut donc le laisser se développer et grandir comme une courge dans un jardin, sans Je contrarier. Cette idolâtre tœthode du laisser-laire ~c rattache à l'éducation neutre ou indépendante ou plutôt athée. Ce système d'une liberté abusive, est diamétralement opposé à J'éducation autoritaire, seule réellement efficace et vraie, pourvu qu'elle soit bien entendue et consciencieusement' pratiquée. L'éducation neutre ou athée, ce crime de la société moderne, a été prônée par un co· ryphée de l'impiété, le philosophe J.·J. Rous· seau, de Genève. Il enseigne dans son • Emile • qu'il ne faut pas souff.ler mot de Dieu à l'enfant, au jeune homme avant l'âge de vingt ans. Malheur à ceux qui se laissent prendre à de semblables théories! Elle ne tardera pas à former un monde de révolutionnaires et de libertins. L'éducation autoritaire ne conduit pas à de pareils abîmes. Elle est basée sur la religion qui est en quelque sorte l'autorité di· vine incarnée au sein de l'humanité et qui prêche à tous le respect de l'autorité, sans laquelle aucune société ne peut subsister. D'une part, ce système d'éducation, le seul admissible, se soumet à la loi de Dieu et de I'E· glise et en accepte les principes féconds d'ins· truction et de formation; de l'autre il agit affectueusement sur l'enfant par voie de commandement et de douce persuasion. Les mo· · yens qu'il adopte ne sont ni l'oppression ni la correction brutale. Il ne fait pas de l'en· fant une espèce de mannequin qui se meut inconsciemment sous une impulsion étran· gère, mais s'appliquant à étouffer le vice pour donner à la vertu son libre essor, il a soin d'infuser dans l'intelligence de l'enfant des principes sûrs de direction et d 'allumer dans son jeune cœur l'amour constant du devoir. D'après ce système chrétien d'éducation, on peut dire avec le P. Tissot qu'élever un enfant c'es,f fomter en ·lui de bonnes hahitu-


122 des, basées sur de bons principe&; c'est en laire un homme vertueux, c'est-à-dire religieux, honnête, obéissant, courageux, fidèle à tous ses devotrs. Cette éducation chrétienne qui ne perd Jamais de vue un instant la lin à réaliser, insuHie dans le cœur tendre de l'enfant la haine du mal, une horreur profonde pour le vice, . et en même temps, elle fait rayonner l ses yeux la beauté de ·la vertu et lui inspire un élan généreux pour la pratique du bien. Avec de sages industries, elle sait armer l'enfant contre lui-même; elle ·lui apprend à renoncer à ses petits caprices, à lutter contre sa mutinerie et sa volonté re·belle. Etle lui communique l'esprit de renoncement et de sacrifice sans lequel il n'y a pas de vertu solide, ni de vie chrétienne sérieuse. Avec l'assistance d'En Haut, elle développe dans l'âme de l'enfant les vertus infuses de foi, d'espéranœ et de charité; elle lui donne l'instinct de sa dignité et le goût de l'obéissance. Après avoir découvert, de son œil attentif, le défaut dominant de l'enfant, elle lui fait pratiquer la vertu opposée et lui apprend peu à peu à triompher de lui-même. On le voit, le but principal, essentiel de l'éducation est de former des homme!! vertueux. L'éducation est manquée si elle n'arrive pas à faire des hommes vertueux, disait un orateur distingué. C'est la vertu seule qui donne à l'homme son mérite et sa valeur ... Aussi, après avoir vu le monde .pendant plus de trente ans, je suis arrivé à n'éprouver plu~ qu'une bien médiocre admiration pour les grands hommes ou soi-disant tels, et pour ceux qui, dépourvus de vertus, prétendent au génie ou au talent. Je n'admire plus que les saints, parce qu'iJs ont été vertueux jusqu'â l'héroisme. Est-ce à dire que nous jetions un regard de dédain sur la vraie science? Non, assurément. La fausse science seule est méprisable. Mais la vraie science venant de Dieu, source de toute vérité, est souverainement estimable: aussi fau t-il la cultiver et l'acquérir.' En pénétrant dans l'intelligence de l'honune, comme une Jibératrice des préjugés et de l'i-

12~

gnorance, elle descend jusqu'à son c-œur blable à un doux rayon qui réchaulle, ~ favoriser l'écl9sion de la vertu. Cependant, malgré son importanœ truction cède le pas à l'éducation, par~ la ver tu l'emporte incontestablement sur science. • La science, disait Voltaire lu la science sans la religion (et par COIIlM!o!M.. sans l'éducation chrétienne), sans la n'est propre qu'à rendre plus crimine~ rendant plus adroit à faire le mal. , • science, dit à son tour •le P. Tissot, est assurément, mais si elle n'est accompagn& la piété, cet arome qui l'empêche de se rompre, elle ne mène point l'homme au 00., heur. E lle n'est qu'une arme de plus doat risque d'abuser pour sa ruine et celle de semblables... L'éducation, au contraire, que la pratique du bien passé en hal)ihilde. sera jamais nuisible; et un homme peu truit, mais bien élevé, peut rendre à la .,. ciété les plus grands services. On a rada l'instruction obligatoire; c'est l'éducation qai devrait allumer le zète de nos législateur&. •

Pas la haine ! La guerre est une des plus terribles mités qui puissent frapper 11-tumanité; elle a aussi une action salutaire; eUe les énergies, tue l'incrédulité, sentiments de piété, fait les cœurs De ce bain d'horreurs et de sang génération nouvelle; les ~~~~;l:e~s~~==~' les assoiffés de plaisir se n les blasés de hier deviennent des h"'m"""' caractères, des héros. Il y a deux germes : le germe du mal, tructeur; le germe du bien, germe de ration religieuse et sociale. L'ennemi, dans ce conflit entre les n'est pas l'adversaire loyal qui combat pour sa patrie; l'ennemi, c'est vain qui, caché à l'abri des balles shrapnels, lance, à jets continus, la calomnie, le mensonge. Il trompe !riotes, empêche l'œuvre de rélxmciliiallllll ·c'est J.ui, le vrai coupable. Par sa pée dans le fiel, le professeur, le pltiila~ICJIII•

pi<iagogue, le journaliste, est responsable la guerre; en continuant sa campagne néil devient le plus terrible ennemi de la de son pays. Il s'indigne contre la barla prêche en ne cessant, par ses ind"'exciter la haine. Un délire fait de homme de plume un sauvage. [.a haine est une marque de faiblesse. aux lendemains, où le peuple qu'on a s'aperçoit qu'il a été trompé! Alors apôtres de la haine doivent s'enfuir sous Il& huées d'une foule révoltée. La haine enI ndre la haine; elle p répare les révolutions. Ayons horreur de la haine. Songeons que, la guerre, i1l faudra conclure la paix, à que l'Europe ne veuille vivre dans la - ···"""'"r''" Travaillons donc à la victoire du sens et du sens chrétien. Il le faut pour tse la _réconciliation soit pos~i·ble et que, sur tes rumes fumantes, des mams puissent se iDdre pour relever l'édifice de la paix. Les pays neutres, les conciliateurs de demain ont • perre à mener: la guerre contre la h~ine. P.. de S.

La

Ma~on

du Bonheur

Quand il arriva pour prendre le train transatlantique à la gare, de grandes afiiches ,uftèrent son attention. Un déraillement en· Ille Rouen et le Havre, avait interromp~ le sur les deux voies, montante et desÙl Compagnie avisait les voyageurs le départ du paquebot était retardé d'un jlllr et que le train spécial ne quitterait Paris le lendemain matin. Etienne ne put retenir un geste d'impaleoce. Depuis un mois, un long mois d'atlille et de fièvre, il ptépe.rait cette fuite vers PAmérique. Depuis un mois, il ne vivait plus dans cette unique pensée, supprimer tous liens qui le retenaient, pour pouvoir s'éater librement vers celle qui l'appelait. Et Ile se voir soudain retenu par un événement lor! cependant que la plus fougueuse , iL sentait monter en lui de !"amerautant que de la colère contre le maudestin. Immobil-e devant l'affiche implacable, sa va-

a

lise à ses pieds, il réfléchissait. Son départ avait été organisé d'une façon si complète et si délinitive qu'il ne savait plus que faire. Depuis longtemps ses bagages avaient été expédiés vers le port d'embarquement. Son logis de garçon, il avait dû, à fin de terme, l'ahan· dmmer à l'intrusion d'un nouveau locataire. Ses vagues amis, ses rares relations il en avait pris congé. Et, sous la voûte br~issante de cette gare, il se sentait seul, comme un étranger, comme un exilé que repousserait une ville impitoyable. Non, il ne trouvait pas en lui-même le courage nécessaire pour passer une nuit en· core à Paris dans la solitude hostile d'une chambre d'hôtel. Mais où aller?... Or, tout à coup, il se souvint. L'idée s'imposa dans son esprit. Délibérément il se dirigea vers le guichet et demanda un billet pour Mantes. Mantes! C'était sa ville natale. C'était là que son enfance, que sa jeunesse s'étaient écoulées, là que ses parents, l'un après FauIre, étaient morts. Par la pensée, il revoyait la vieille maison du bord de l'eau, et ses fenétres . enguirda.1dées de lierre, et son toit c01ffé de clarté luisante, et son petit jardin en pente, et l'allée de tilleuls dont le parfum, les soirs d'été, glissait dans l'air comme une caresse... Tandis que le train, à travers la matinée froide et nette d'hiver, entraînait Etienne vers son passé resurgi, le jeune homme s'attardait à évoquer la silhouette vieillotte de la maison familiale. Cette maison, elle avait été vendwe, mais à une famille amie qui l'habitait encore. Assurément, Etienne y recevrait le meilleur accueil. El il se déclarait: - Cela me fera plaisir d'y revivre un jour, d'y passer la nuit. Demain, je reprendrai le train du Havre. Mais aussitôt cette seconde affirmation aiguilla son esprit vers un autre but. Quand il avait déserti sa province pour Paris, muni de quelques rentes, Etienne était poussé par de splendides espoirs. Docteur en droit, inscrit au barreau de la capitale il rêvait de s'imposer, comme avocat, par~i ceux don! parlent les journaux et que le public des


124 cours d'assises contemple avec une admiration frémissante comme s'ils tenaient réellement entre leur; mains pâles, libres d'en disposer à leur gré, la tête des assassins. Hélas! le succès n'était pas venu ainsi qu'il l'espé· rait. Trop impatient du triomphe, il n'avait pas su l'attendre. Le découragement l'avait pris. Pour fouetter ses nerfs aveulis, il s'était livré au plaisir. Et, dans le monde des théâtres, parmi cette atmosphère trompeuse de couliSJSes, il avait fait la connaissance de celle qui devait transformer sa vie. Elle avait une beauté blonde, factice, mais émouvante, et rien qu'à prononcer son nom, nom de guerre et d 'amour, Rosemonde, le jeune homme éprouvait un trouble poignant. li l'aima en dépit des habituelles trahisons. li s'attacha à ses pas, il ne vécut plus que pour elle. Un jour vint où la jeune femme, aHirée par l'or, accepta un splendide engagement dans le Nouveau-Monde, et, de ce jour, Etienne n'eut plus qu'une volonté, la rejoindre. Or, elle venait de lui écrire : • Je fais fortune à New-York et j'y reste. Viens me retrouver! Nous serons heureux! • Tout naturellement, le jeune homme avait brisé ses dernières attaches avec la patrie et il avait fallu la surprise d'une banale fatalité pour que le train, à cette heure, ne l'emmenât pas jusqu'au Havre, mais, plus prosaïquement, vers Mantes, vers la maison des vieux parents. Ce fut de l'étonnement et de la joie chez les Aubert, quand Etienne, d'une main hésitante lit retentir la vieille sonnette fêlée dont le ti~tement à lui seul, semblait ressusciter toute une. jeunesse. M . Au•b ert avait les cheveux blancs, Mme Aubert les cheveux gris, mais leur cœur était resté le même qu'autrelois et l'accueil qu'ils firent au revenant toucha en celui-ci les fibres les plus secrètes. Dès le seuil, on lui jeta ces mots : - Comme tu es bon, Etienne, de te souvenir de nous! Entre, tu verras que la maison est telle, toujours, que l'ont laissée tes parents. No;; meubles se ressemblaient. Nous les avons mis aux mêmes places. Entre, tu

te croiras chez toi, et tu y seras, en aussi longtemps qu'il te plaira! Le jeune homme remercia, ému. Puis, voix brève, il dit sa résolution de quitter patrie, l'accident qui l'avait retardé, son sir de passer un jour, un jour seulement Mantes. Puis, pour éviter les explications l:cates, il demanda: • - Et ma ·petite amie de jadis, comment t-elle? - Rosette, notre fille? .. Tiens, la Et la porte du salon s'ou~rit. Et apparut. Quand Etienne avait fui sa ville nat~~;. Rosette était encore une enfant de treize gentille, aimable, quelconque. Or, celle se dressait aujourd'hui devant ses c'était une femme, aux yeux clairs, au sourire franc, aux mains ment tendues. Etienne ne pouvan.t croire fel changement, hésitait. N'osant reprendre tutoiement ancien, il balbutia : - Quoi! Rosette, c'est vous!. .. - Mais oui, répondit la jeune fille, c'ell moi! Vous ne me trouvez plus la m!me1 Vous avez tort: ne sommes-nous pas jours amis? L'émotion de cette première rencontre prolongea pendant l'après-midi entier. ne croyait vivre au milieu d'un rêve. Il • se rendait ))as compte des changements ~ le temps avait causés dans sa personne malgré sa carrure d'homme, il s ''étoonait se découvrir tout à coup une âme Tout d 'ailleurs suscitalit autour de lui illusion, la disposition bien connue des ces, le paysage qui s'encadrait dans les uêtres étrÔites, l'odeur humide du lierre, grisaille des murs, le ciré des meubles et qu 'à cette atmosphère tiède et un peu qui ressemblait à l'haleine du .passé. Le soir vint. L'enchantement se vit. Sous la clarté blonde de la lampe, traits usés de M. et Mme Aubert vaient leur jeunesse. Seule, Rosette, .,.,.Clll.iiait le présent. Et cette anomalie, . ne choquait pas Je jeune homme. Elle lu• raissa;t maintenant une chose naturelle,

a.

l'aboutissement en un mot de son Etienne, à la dérobée, regardait la jeune fille et, chaque fois, il songeait: _ Si je n'avais pas quitté Mantes, quelle existence calme et douce je mènerais! Je ne Jllt serais pas affolé pour cette Rosernonde dont l'amour me torture. Je n'aurais pas dispersé ma vie au gré des hasards. Fidèle à la aemeure de mes parents, j'y coulerais des jours unis. Mes tristesses comme mes joies eeraient Je prolongement de mes tristesses et de mes joies· anciennes. Une femme souriante et fidèle veiHerai:t peut-être à mes côtés, et «fie femme serait peut-être . ... Il n'osait achever sa pensée, mais ses reflrds s'attachaient obstinément sur Rosette et celle-ci, quand eUe surprenait ces regards, rougissait. - Allons nous coucher, fit M. Aubert tout l coup. Et, s'adressant au jeune homme: - Etienne, continua-t-il, j'ai cru te faire plaisir. J'ai fait préparer pour toi la chambre verte, celle où tu dormais quand tu étais en-

fant! Quand il s 'éveilla, le matin, Je jeune horn-

me lut quelques secondes à se remettre dans la réalité. Mais, aussitôt, une pensée impérieuse le jeta hors du lit. L'heure du train qu'il devait prendre pouc gagner le Havre fiait proche. Il n'a.vait que Je temps de faire sa toilette et de boucler sa valise. Par la fenêtre, un soleil précoce illumiaait la cha·m bre. Sur les arbres du quai, à demi défeuillés, flottait une brume mauve et ron voyait, au travers, le ruban d'argent de la Seine, que remontait, lente et grave, une file de péniches. Quand Etienne fut prêt, il jeta un dernier lfiard autour de lui. Au moment d'abandonBer pour jamai~ cette chambre, il lui semblait oublier quelque chose. Il hésitait, fit IIDtement le tour des murs. Comme il arrillil à la cheminée, il se souvint, tout à coup, étroit placard, presque dissimulé cbu;. boiserie avançante, où, quand il était jeuil cachait ses livres. II ouvrit la porte.

Sur un rayon, abandonné et tout poussiéreux, un petit volume était couché. Il le prit. C'é: tait un manuel d'école, une suite de dictées morales. A la première page, son nom était griHonné d'une main maladroite. Il !''ouvrit au hasard et, sans savoir quelle force le poussait, il lut avec un tremblement dans la voix. 1 !\ • La maison du bonheur. - Il ne faut • pas quitter la demeure des vieux parents, • cette demeure où l'on a été heureux quand • on était jeune. De même que la- plante tient • au sol, le cœur des hommes a des racines • profondément enfoncées dans la terre na• tale.. .. • Une voix derrière la porte interrompit la lecture. - Monsieur Etienne, dépêchez-vous! Vous êtes en retard. L"omnibus attend devant la grille. Le jeune homme ne trouva pas la force de répondre. Devant ce silence, l'hu is s'entrebâilla et le frais visagè de Rosette awarut. - Vous allez manquer Je train, repritelle. Alors, il fit un grand effort et répondit: - Renvoyez l'onUiibus. Je ne pars plus! La jeune fille, stupéfaite, regardait Etienne sar:s oser l'interroger. Il lui tendit le livre à la page restée ouverte et dit : · - Lisez ceci! Vous comprendrez! Elle obéit et, quand t-lle arriva aux derrières lignes, elle acheva , mais à voix haute: « Une épouse aimante, simp1e et pure est • la plus belle parure de la maison du bo.t• heur. • '

Le bon gros . .. Et je me dis : Je connais ce dos-là? ... e.t ce chapeau? ... et ce petit bout d 'homme? .. . Vivement, je prends déjà la tangente par le rayon de papier à lettres, quand Je moutard tire d 'un coup sec la robe de sa mère : - Maman... M'sien l'abbé qui est là!... Je suis pris...


127

126

• •*

Monsieur de Curé... ? Madame! ... C'est la Providence ·qui vous envoie! ... j'étais préciséinent en train de choisir un livre de messe pour le dimanche, et j'hésite entre le bleu pâle, ou ce rouge ...? Je contemple en silence les deux objets... La lemme est grande!... grande!. .. Les livres sont petits!... petits! ... - Voyez, continua-t-eHe, comme c'est commode! . . . On va à une messe de mariage . . . de ·convoi . . . on a besoin de passer chez le pâtissier ou chez ses beaux-parents après la grand'messe . .. Pourquoi souriez-vous . .. ? - Moi . . . ? - Vous avez !"air un peu de vous. moquer . .. ? - Est-ce possible! . .. - Vous n'oseriez pas!. . . Mais enfin, je vous demande votre avis . . . ? - Constatez! ... je vous le donne .. • je souris!. .. •

* * pommadé,

A ce moment, brillantiné, le crayon à l'oreille et la pensée je ne sais où . .. un vendeur arrive, prend l'objet, et, d\m ton volubile et amorphe: - Voyez, Madame, cet article a été établi sous Je volume le plus restreint ... douze pages de texte seulement! . .. On a un livre et on n'en a pas! ... personne ne s'en doute! Il sc met indilléremment dans la poche du manchon ou de la jaquette ... nous en avons avec glace et sans glace . . . avec porte-cartes ou porte-monnaie . . . ·poudre et houpette ... toutes nuances. . . En voici en veau écrasé. . . en maroquin du Levant. . . glacé ou non glacé. . . je vous conseille le « non-glacé » ... ça glisse moins . . . Prix déliant toute concurrence. Le veau, 2 Ir. 95. le maroquin, 3 fr. 55 . . . 4 fr. 60- . . Nous avons également une façon crocodile .. . mais c'est plus cher ... Moi, je me rollllais! . . . - Prenez donc le veau écrasé! . . . lui dis-je ..• . .. ??? - Soyez bons pour les animaux! ...

••*

Elle ne prit rien du tout . . . s.inon un peu froissé . .. Mais, en sortant, elle explications. - Voyons, Madame, comment vouliez. vons que je réponde sérieusement? C'est COJa. me si vous me demandiez ce que je llallt, pour vous nourrir, d'une gaufrette ou d'Ill biscuit! . •• - Je ne comprends pas très bien ... ? - Alors, je m'e:q>lique: Nous sommea l une époque terrible, où tout attaque DieQ: le journal, la revue, le livre. . . U n'y a PU une demi-heure, je voyais un libraire du bog. levard mettre à son étalage un nouveau livre d'histoire, où un professeur de Sorboaat traite le christianisme avec un mépris traa.. cendental, comme si notre religion divine fUit une des peaux de bêtes, dont l'humaniti ea marche vers J~ progrès se débarrasse l dia· que tournant de son histoire . . . Tout un cha. pitre expliquait même que la fête de Piqua n'était que la fête du soleil. .. . . . Et les conversations des amis, et l'anarchie qui est en nous-même! . . . Il faut un rude tempérament chrétien pour résister à ces peq.>éluels assauts .. . ... Moi, prêtre, je lis et j'étudie tous la jours ... . . . Et vous ne voulez pas que je sourit quand je vous vois, vous, chrétienne, cbargfe de l'âme de votre enfant, de celle de votre mari, cet autre grand enfant, prétendre et comprendre vos offices essentiels avec Je joujou que vous alliez acheter!. . . Je VOIII répète: c'es·t comme si on nourrissait un 0 dat en campagne avec une cuillerée à cal~ cJe soufflé à la crême!. . . .

•••

Il y eut un instant de silence Elle le rompit la première: - Alors, quel. Hvre faut-il prendre? - Mais le bon gros paroissien, tout courtf . . . on ~n édite d'excellents, à très bon ché, en un ou• quatre volumes. Et quelle diflérence dans l'intérêt des r~>r·lnlcd auxquelles vous assistez! .. . Vous avet

. . . Vous suivez, vous comprenez, vous . . Vous faites suivre et comprendre vos Pendant toute l'année, notre liturgie débordante de doctrine; elle est touchante, iofr(Jiublant.e, implorante . . . Et vous allez paserr A coté de cet océan de pers.pectives suraaturelles, sans rien y voir!. .. Vou.s devenez peu à peu la femme qui a des pratiques et aucune doctri~e. . . l'arbre qui ne tient plus que par . son ecorce, et .que le premier vent d'orage Jettera sur le sôl! ...

-

* *

Seulement, c'est lourd! . . . murrnu.ra-telle sans conviction, et comme pour couvrir • retraife. - Vous osez dire cela, vous qui portez • jaquette d'astrakan pesante comme une cuirasse! .... - Et J>Uis, votre paroissien ne se met pas 11 poche! . .. - Quelle chanœ qu'il ne se mette pas en poche!.· · c 'e st une raison de plus pour moi de le. chérir! .. . Si vous saviez comme j'aime, le d1manche, la chanson des Hvres de mesee! .. . Bo~s livres aux tranches marbrées, et et dorées! . . . · · · Bons livres, reconnaissables toujours j'aime à vous voir dans la rue, dans ,; , dans les wagons, chez les fournisentre les mains des lemmes, et des jeufilles, et ?es petits enfants, et, au~ourd'hui, les ma ms des hommes! Quelle tradition vous constituez! ... Quelle tranquille affirmation du devoir acvous êtes, au milieu des lâchetés et respects humains! . . . · · · Paroissien·s entre ,Jes mains. des lidèvous nous rappelez nos mères et nos et leurs livres usagés à gros fermoirs lesquels lurent les générations passées... Vous nous prêchez de touchants serE! combien de gens, en vous reont jeté un regard d'envie sur qui vous portaient, car ceux-là avaient leur devoir . . . Ils avaient mis dans

la prose de la semaine la poésie divine de la messe du dimanche! ... Paroissiens du dimanche ne disparaissez pas des mains de nos fidèles ... Restez vous~mêmes.! . . . Ne devenez ni .porte-monnaie, ni porte-cartes, ni houppettes, même en veau écrasé! . . . -Mais je n'ai jamais pensé à tou.t œla! .. . me dit-elle. - Hélas! . . . - Et je ne suis pas la seule!- .. - ·· Plus hélas, encore! .. . Et voici pourquoi, dans notre temps troublé, qui doit nous donner des chrétiens con?aissant leur foi, et capables de la défendre. Je crie, avec la .grande voix du journal, ce qu'entendit un jour saint Augustin : • Tolle! · . . lege f. · . Prenez le livre . . . et lisez-le!. . . .. PIERRE L'ERMITE.

Variétés QUELQUES CHIFFRES CURIEUX Quel est le point du globe le plus éloigné du centre de la terre? C'est, aUez-vous répondre, le sommet du mont Everest, puisque cette cîme himalayenne dépasse en altituae toutes les autres montagnes. Erreur! nous dit la grande ravue géographique allemande. les , Petermann's Mitteilungen·•. Le point le plus éloigné du œntre de la terre, c'est un sommet andin, le Chimborazo, car, si cette montagne est de quelque deux mille mètres moins élevée que l'Everest elle ' se trouve plus près de l'équateur et, par suite, à !extrémité d'un rayon terrestre plus long. Du sommet du Chimborazo au point central de la planète, il y a 6383 kilomètres 600 mètres, tandis que la distance correspondante n'est pour l'Everest que 6382 kilomètres 4 mètres. Le collaborateur des ,Petermann's Mitteilungen'' a calculé que le diamètre terrestre le plus long est précisément celui qui passe par le Chimborazo et se termine dans l'île de Su-

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15 Septe01bre 1916 128 matra: avec ses 12,761 kilomètres: t. c'est la plus longue ligne droite que l'on puisse tirer l travers le globe. Quant au plus petit diamètre de la terre, c"est son axe qui, d'un pôle à l'autre, mesure 12,712 kilomètres. 2. Il y a donc un écart de prè:; de 50 kilomètres entre le plus court et le plus long diamètre de notre globe. 0000000

son hâtive des vergers était suivie d'une tiiication aussi rapide. C'est le .contraire est vrai. Après une dloraison hâtive, il l'arbre plus de temps pour mûrir son Ainsi,· des observations faites par M. mann, directeur de la ,Meterologische schriH", à Giessen, ont démontré que groseitles lleuries le 6 avrii avaient attendu jours la maturation du fruit, tandis qu'il avait fallu que 00 lorsque la floraison produite seulement le 20 avril. Des tions analogues ont été faites sur la sauvage ou cultivée, sur des fraisiers, des réales, du maïs et même sur la vigne. D'après le célèbre météorologiste H ............w de Hermannstadt en Transylvanie, la de ce phénomène serait assez simple. La pérature d'avril et de mai est beaucoup variable que celle de juin et de juillet. fruits gagnent donc à pouvoir se n,..,,~,,_ plus normalement dans ces deux mois. ooooooo

TOUT LE MONDE J ARDINlER Lt culture maraîchère pour un très grand nombre de personnes ayant à leur disposition un peu de terrain, peut, si elle est bien comprise, devenir un facteur important dans la lutte contre la cherté actuelle des denrées. Malheureusement, tout le monde ne naît pas jardinier! Or, c'est précisément à l'usage des non initiés, de ceux qui n'y connaissent encore rien! qu'un spécialiste a dressé un tableau-dictionnaire du jardin potager, un moyen duquel chacun peut devenir son propre jardinier sans en posséder les notions, même LES OUEPES les plus élémentaires. Ce court résumé (planche de 45/00 avec ET LA SOLIDARITE SOCIALE En ce moment, on voit souvent de plan) donne des directions suifisantes pour cultiver soi-même toutes espèces de légumes guêpes entrer par les fenêtres des avec tout autant de succès que le jardinier le Ce sont des ~emelles fondatrices plus expérimenté. Il constitue même pour ce des grands guêpiers. Une seule d'entre dernier un excellent aide-mémoire. Eniin, tout est la mère de milliers d'ouvrières qui intéressé y trouver·a l'avantage de pouvoir gent nos fruits en automne. Pour la laire un chmx rapide et varié de semences et suliit de fermer la fenêtre aYant qu'elle de légumes s"adaptant le mieux au terrain à sortie. Elle vole alors contre la vitre ft l'écrase sans peine avec un linge, sans cultiver. L'opuscule contient les noms de 54 variétés ger d'être piqué. Si chacun s'efforçait de de plantes; si l'on doit les semer ou les repi- re ce geste si simple, on pourrai.! quer, à quelle époque, sous quelle phase de voir année 'p ar année diminuer la la lune, dans quel terrain, à quelle distance, guêpes en automne. Un peu de solid&Jrtte.. ooooooo durée des graines et des plantes, etc Ce _tableau est en vente au prix de 00 cts * Métamorphose. plus le port chez M. S. Henchoz, ancien édiLa petite Lili a été autorisée à teur, place Chaudron 14, à Lausanne. père, entré en convalescence après trois 00000 maines de maladie, période pendant il ne s'est naturellement pas rasé. FLEURS ET FRUITS - Maman, maman, papa n'est Les _,Bas•ler Nachrichten" publient une inil y a un voleur dans son lit. mais téressante lettre qui détruit un préjugé assez répandu. On a cru volontiers que la florai-

(OJ lt{{ ~i\l~J Il DE LA

Sc~iétè valai~at).J]e d 'édu~aticn

-Publication du MUSEE PEDAGOGIQUE L'l~col:- yrimairc donne un.:l dizaine de livraisons ct'au moins 8 pages, n'on compris la couverture, et autant de suppléments ùe 8-16 pages pendant l'a.unée ordinaire (soit du ter Janvier au 31 Décembre). ·

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