No 05 l'Ecole primaire, 15 Mai 1915

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15 Mai 19lo 80 LA GUEPE EST-ELLE UTILE? les récentes observalions d'un Anglais, M. W.-F. Denning, permettent de donner une ré· ponse aHinnative. M. Denning ayant creusé dans son jardin plusieurs trous, avec l'espoir de voir une co;. Ionie de guêpes se fonder dans un de ceux-ci, a vu se réaliser s<>n souhait. Une reine-guêpe est venue, elle a trouvé Je logis à sa convenance et s'y est établie. Bientôt des jeunes se sont montrées, et M. Denning a méthodiquement observé les faits et gestes de ses protégés. Son observation la plus intéressante en ce qui concerne le rôle de la guêpe, du p~int de \'Ue humain, c'est que la colonie en question a, pendant les mois de juillet et d'août rapporté de 3000 ~ 4000 mouches par jour au nid. Ces mouches, capturées et tuées par Jes guêpes, étaient destinées à oJa nourriture des larves. Si donc la guêpe e&t nuisible et se révèle l'ennemie de l'homme en s'attaquant dans les vergers aux fruits qui se fendent elle est son amie aussi, par la guerre qu'elle fait aux mou. ches, véhicule de microbes et de maladies· elle mérite d'être considérée avec reconnais.' sance par l'hygiéniste. 0000000

MAXIMES DE CONDUITE Ne vous découragez pas: les misères, les faiblesses, etc., sont des maladies; mais le décourag-ement serait une espèce de mort. La tristesse ne sert qu'à d<>nne.r des forces aux plus petites peines de cette vie. Il .ne faut pas r~ard~r l'avancement par le chemm qu'on a fait, mais par celui qui reste A faire. Ayez confiance, Dieu est plus fort que vous n'êtes faible. Vous ne mesurez votre avancement que sur ce que vous sentez ou ne sentez pas; c'est une balance fausse: sans goûter de grandes douceurs on peut pratiquer de grandes vertus. Quoique n<>tre travail para isse sans fruit, n'importe, labourons, arrosons ; Dieu donne le fruit en son temps. L'~battement et le découragement nous hissent en proie à nos ennemis, qui nous trouvent alors sans déft'nse. Tirez un rideau sur tant de réflexions inutiles, et abandonnez bien des choses à la Providence. · Le démon est moins à craindre pour vous

que vos propres réflexions; un saint abandon. 0000000

LE PIUX DU TEMPS La chancelier d'Aguesseau était travailleur et avait en horreur de tt>mps. Il devait dîner tous les très précis, et comme il était fort que occupation qu'ii eût, il la quittait suite pour descendre à la salle à manger sa cuisinière était J:oin d'être aussi que lui, car le dîner était toujours de quelques minutes. Le chancelier observations, mais elles étaient inutiles. il dit à son domestique de placer dans la à manger du papier, des plu mes et de cre, et tous les jours il écrivait quelques minutes qui s'écoulaient en dant Je dîner. Il conserva dix ans cette tude. Au bout de ce temps, avec les minutes qu'il aurait perdues, il avait un des plus beaux livres qu'il ait livre eût demandé un an de travail. En sant tous les iours quelques minutes, il gagné un an de sa vie.

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UNE BEUE DOT ATION C'est un miJ.Iiormaire qui a fait aux taux américains la largesse de leur donner l!'rammes de radium, ce qui représente le denier de 75 millions. Cette communication a été faite à la mission des mines de la Chambre des sentants, à Washington, par M. sident de la société des produits -·····-"•Au cours de la di scussion sur la nati tion des mines américaines de suivi, M. Flannery a ajouté que le donateur n'était ni M. Carnégie, ni M. feller. Le radium sera tiré des montagnes du lorado. La production d'un gramme de revient à 400,000 francs. 200 nécessaires p6ur doter, suivant la milliardaire, tous les grands ............. .., ricains. Le président d 'une grande "nrnn~~cfll minière de Pittesburg, chargé d question, a déclaré qu'il faudrait cinq pour réaliser la volonté du donateur.

Pnùlicatlon ~n MUSEE PEDAGOGIQUE L'Ecole primaire donne une dizaine de livraisons d'au moins 8 paf)es, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'aunée ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre).

Snl••e fr. 2.50 Par an : Union

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Les abonnements se règlent par chèque postal II 56 ou à ce défaut contre remboursement. Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ce quJ concerne la publication doit être adressé dlrectemen' à son gér"nt, M. P. PIGNA T , S ecrétcdre au Département de l'Instru~tlon publlque, à Sion.

00000

:t En général, la différenc;e des établit juste la dil!érence des sentiment!.

comme si t u devrais vivre cent ans. orie Dieu

co mrnP ai

..


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Sommaire de cette livraison · Notes d'Histoire sur l'Ensei~nement en \ialais (suite). - Une merveille de charité et de pédago~ie. - Les maisons des enfants. - L'éducation de la volonté. - Mon voisin, par l'Ermite du Tex. Variétés: L'école sans Dieu. - Laïque b,·ratuite et obligatoire. ·' Couverture de l'Ecole: 8 pages. -o-

Sommaire du Supplément No 5 Gloire à la divine victime.- L'Enjant t'Il prière. - Les curés sac au dos. Le Credo de l'âme qui souffre. - Le brancardier-prêtre. - La servante. Variétés:· Ne touchez pas aux nids d' oiseaux. - Un remède contre les abus épistolaires. - Présence d'esprit. La cigale et la fourmi. - Les femmes soldats. - Mots de la fin. a ierme et ses abords. - L'é~lise du village. - Ce qu'on a perdu. - La litanie. - Comment Frédéric Soulié re. ;,,, â Dieu. - Variétés: Les ori~ines df's modes. - Boutades. A veu~le. - La morphine, par Pierre l'Ermite. - Le curé aux clzamps, par René Bazin. - AF!,riculteurs, restez à ln wmparzne. - Les tisanes l~ la mode. Variétés: Histoire d'une âme - Pensées. · Ce supplément contient 24 parzes. -a-

Avis à plusieurs 1 a plupart de nos abonnés ont utilisé. pour le règlement de leur abonnement à l'Ecole primarre, le {ltdletin de versement joint au dernier N". Ceux qui ne l'ont pas encore fait voudront bien s'en servir jusqu'au 10 juin au plus tard soit encore avant le lancement de la li~ vraison prochaine, qui parviendra en remboursement pour ceux qui ne se seront pas acquittés dans le délai et de la manière indiqués. -e-

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Monographies valaisannes A l'occasion de l'Exposition nale de Berne, le Valais a exposé le groupe .sco•laire, outre d'in graphiques, rapports et travaux tiques, une série de monographies plusieurs intéressent exclusiveme~t principalement l'enseignement En voici la mention, d'après le rendu du Département de l'I publique sur sa gestion de 1914: 1. Notes d'histoire. sur l' enseig en Valais, par M. l'abbé Dr Meyer chiviste et bibliothécaire cantonal. ' 2. L'école nqrmale des garçons, M. le Directeur Hoh. · 3. L'école normale française des les, par Mad. la Directrice. 4. Les écoles nomades, par M. l' pecteur scolaire de Courten. 5. Les écoles primaires des eaux centres, par M. f. Bonvin, Inspecteur scolaire. 6. Les médecins scolaires) par Dr A·lbert Roten. à Sion. 7. Les soupes seo/m'res, par M. le noine Oab. Dclalove. Avec l'autorisation , ou plutôt sur conseil et l'avis de M. le chef du parlement de l'Instruction nous aurons le plaisir de publier sivement dans l'Ewle prinwirt. ces férentes notices. sinon intégfé11 tout é\!l moins ùans leurs lants ou essentiels. Il serait regrettable que ces travaux, qui ont té à leurs dévoués auteurs des ches et de la peine, restassent à l' simples manuscrits, enfouis à peut-être dans des cartons, a'lors offrent de l'intérêt ou des ·re..,,._,,..""'".... utiles et souvent précieux. On aura pu se convaincre de leur valeur h que ou pédagogique par les · publiés jusqu'ici de la principale monographies. intitulée. Noies foire sur l'enseignement en Valais.

Examens de recrues (1909..13) suite de la mobilisation de guer1914. et pour des raisons d'ordre ique, les opérations du recrutese sont limitées strictement l'andernière à la visite sanitaire. Les pédagogiques proprement dits recrues ont donc été momentanément ___.;...,,>c, même pour 1915. Il y a lieu d'espérer que cette mesure, par les impérieuses nécessités de te, n'aura qu'un caractère et occasionnel, car il serait à divers titres, gue ces eussent définitivement disparu Elles avaient, en effet, uc~m:uL résultat de constituer un puisstimulant au travail et à l'étude, seulement pour 'les intéressés euxma-is encore pour les autorités nales et scolaires, ainsi que pour ense;gnant. Tous y troumatière à d'intéressantes et uti. qui produisaient et fa. i~nt généralement la plus louable on. Ne pouvant ainsi fournir le travail ordinaire pour l'automne ier, nous avons cru utile d'en dresun spé~ial, qui ne saurait manquer produire le meilleur effet en ce qu'il par districts et communes, les des cinq dernières annéts 909-1913). La moyenne obtenue pour période de cette importance reflète plus exactement et plus fidelela situation que si une seule anétait en cause. · 'exanun pédagof!,ique pour la pé1909-1 913 porte donc sur 4 bran: 1. lecture; 2. composition; 3. cal(oral et écrit); 4. connaissances ci{Meilleur total 4; le plus fai20.) .L'examen de f!.ymnastique comprend epreuve~ : 1. Saut en longueur; 2 . Led'une haltère; 3. Course de vitesse. !leur total 3 ; le pl us faible 15 )

Voici, dans le double examen, le rang et la note moyenne de nos disJricts : Examens péd. : 6.25 ~. St-Maurlee 6.60 3, Conches 6.76 4. èonthey 6.93 6. Entremont 7.06 6. Martigny 7.09 7. Sion 7.11 8, Loèehe 7.21 9. Rarog-ne 7.30 10. Sierre 7.65 11. Viège 7.92 12. Brigue 8.12. Hérens 8.l'alata '1.03 1. Monthey

Examens gym. : 6.86 2. Sion 6.3. lllartigny 6.21 4. St-Mauriee 6.39 6. Conthey 6.49 6. Brigue 6. 71 7. Sierre 6.90 8, Viège 7.30 9, Loèehe 7.57 10. H6rens 7.68 11. Entremont 7.81 12. Rarogne 8.20 13. Conches 8.57 l'alais 6.98 1. Monthey

Districts de langue fran{aise. Résultats par communes. Le premier chiffre indique la moyenne de l'examen pédagogique. Celui ( ) concerne les épreuves de gymnastique. District df Sierre Icogne Montana SI-Léonard Venthône Grimentz Sierre Chippis Lens · Granges Randogne Chermignon Vissoie SI-Jean Chalais Ayq Grône Cllandolin Miège Moliens Veyras

6.25 6.34 6.60 6.71 6.86 7.-

7.7.7.18 7.41 7.45 7.55

8.8.16 8.31 8.63 9.27 9.50 9.62 lO.-

(6.50) (6.56) (5.80) (8,26) (6.46) (5.65) (7.30) (6.47) (5.-) (8.12) (7.23) (7.45) (8.37) (8.-) (6.50) (7.-) (7.22) (9.50) (7.20) (7.67)

District d'Hérens Vernamiège Agetles E'1101ène Mase Hérémence SI-Martin Vex Nax Ayent

4.80 5.93 6.5Q 7.23 7.26 7.91 8.8.60 9.64

(8.20) {6.57) (8.6Q) (8.14)

(8.-) (6.76) (5.70) (8.06) (8.11)


4

District df Sion Sion Arbaz Salins Savièse Grimisuat Bramais Veysonnaz

6.62 7.14 7.33 7.37 803 8.40 9.-

(5.30) (7.- ) (8.76) (7.23) (5.64) (7.26) (8.67)

District de Contlzey Ardon Chamoson Vétroz Nendaz Con they

5.55 6.09 6.58 7.40 7.66

(5.- ) (5.58) (5.91) (8.-) (6.48)

District de Martirzny Charrat Martigny-Ville Sa illon Trient Riddes Martigny-Combes Saxon Bovernier Martigny-Bourg Leytron fu lly La Bâtiaz Iséra bles

4.77 5.42 5.70 5.78 6.72 6.81 7.12 7.14 7.26 7.88 8.06 8.71 9.48

(5.30) (4.29) (6.10) (6.77) (6.-) (6.71) (5.77) (5.74) (6.11) (7.28) (6:72) (5.10) (8.34)

D/strkt d'E nlremnnt Vallèges Bagnes Sem brancher Bourg-Saint-Pierre Orsières Lid des

5.40 6.31 6.75 6.91 7.81 8.-

(8.55) (7.37) (6.31) {8.36) (7.90) (9.64)

District dl' Sf-A1aurice f in shauts Collonges Salvan-Yernayaz Evionnaz Mex Dorénaz Si-Maurice Massongex Yérossaz

5.1 2 5.33 5.72 6.50 0.50 6.70 7.0() 7.12 7.67

(6.12) (610) (6 48) (7.03) (7.37) (6.14) (5.73) (6 27) (7.40)

District de .Monthey Monthey Vio nnaz Vou vry T roistorrents Co llombey

4.88 5.62 6.7. 7.02

(4.87) (6.- ) (5.32) (7.30) (5.81)

5 . Port-Valais SI-Gingolph Val-d'll!iez Champery

7. 18 7.36 7.75 7.85

(7.73) (4.42)

Si l'instruction primaire doit être gée par .Jes résultats obten us dans examens de recrues, le Valms peut gistrer un véritable progrès. Sa note moyenne était en 1889, de 11 Dix ans après, en 1899, de Et dix ans plus tard, en 1909, de En 1880. le Valais occupait le rang, en 1909, le 6• rang parmi les tres cantons confédérés. Si cette ne qe s'est P'lus retrouvée depuis celle-ci reste néanmoins assez pour rendre un légitime hommage efforts déployés. Extrait du rapport du Dép. l'lnstr. pub/. sur sa r;estion 1914.

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Statistique scolaire ·

ses. Aussi, l'édition de cette carte, bien ayant aJors l'obligation que d'un tirage relativement élevé (vingt mille exemplaires) est-elle à peu près tenir classe. / Or, pour. 1913-14, nou~ voyons le to- épuisée en ce moment et le sera tout à des traitements du meme personnel fait avant peu. Par son dessin élégcu:t à 460,000 fr. (y compris la part et son texte de circonstance, e!tle constiEtat). ce qui représente une somme tuera certainement un agréable souvenir fois supérieure à celle ~Houée il y à placer dans un album de cartes-VI~ gnettes, où elle rappellera une date qur un demi-siècle. doit nous rester à j;:tmais chère, celle de passant maintenant de l'instruction l'entrée du VaJlais dans la Confédéraà l'enseignement supérieur, constatons que la fréquentation de tion suisse en même temps que Genève collèges .a plus que doublé dans ces et Neuchâtel. On peut se procurer franco .1~ car~e uante dernières années, comme on ·postale du centenaire aux condthons ctugera par les chiffres suivants: 1 après: 12 ex.: 1.05; 25 ex. : 2.05; 50 1Rfi.7-li1 tnl-1- 11 e:>.. . : 3 .55; 100 ex. 6.55. Adresser les deCollège de Brigue 90 115 mandes en remplissant bulletin de ver» ,, Sion 73 118 sement à l'adresse: Sou de OérondP, , >> St-Maurice 74 315 Sierre. (Chèque postal II 482.) C'est au bénéfice, en effet, des enfants de no267 548 C'est ainsi que le collège de St-Mau- tre institut cantonal de sourds-muets, a vu son effectif se quadrupler de- qu'a lieu la vente de cette carte. --050 ans. à payer par quelques bénéfices

...

~ 10 .,,. .1 ues

Au moment de la célébration de • tre centenaire, nous pensons qu'un ......,-. ... * * coup d'œil rétrospectif sur l'état et Dépenses du Dipartement de l'insganisation du régime scolaire du Va a publique. - Année 1864: fr. ne manquerél pas d'intérêt. Sans 37,375. 64; 1914: 518,438.31. ter d'ailleurs plus haut qu'un d Entr'autrcs allocations comprises dans ces chiffres, mentionnons les suivantes: cle, voici quelques données em 1136.) .191) au compte-rendu administratif que et qui permettront de mieux Coilège de Brigue 8246.35 36,797.30 rer le chemin parcouru. Collège de Sion 9401 .06 52,056.28 Pendant que le tableau statist· Collège St-Maurice 5120.- 20,000.pour 1913-14 indique que le no ~écoles normales 5452.- 60,235.29 total des écoles primaires s'est élevé à Extrait du rapport de r;estion du 641 , le Valais n'en compta it encore, Dép. de l'/nst. pub/. 1914. en 1863-64, que 396 fréquentées -o14,255 enfants (en 1913-14 : 22 ,146) Un souvenir du Centenaire Quant aux traitements payés au per· sonne! enseign ant rrimaire, c'est ici 'que On nous communique que la charl'écart es't le plus considérable entre leS mante carte postale, créée à l'occasion deux dates· qui nous occupent. En effet, du centenaire du Valais, a trouvé le ces traitements figuraient en 1863-64 mtilleur accueil, non seulement auprès pour la somme minime de 61 ,f79 fr., ou du grand public, mais aussi palilni la en chiffres ronds 65,000 fr. , en tenant jtunesse écoHère, grâce ici notamment compte d'environ 4000 fr, représen tant au bon concours des maîtres et maîtres-

A l'occasion des promenades scolaires Dans notre canton, les écoles vont hientôt fermer leurs portes. Les élèves s'échapperont joyeux de la cage. Dans bien des localités c'est déjà chose faite. Le printemps n'est-il pas là avec son soleil sa verdure son atmosphère grisante, 'qui met da;1s les cœurs et les têtes des aspirations à la liberté, à la vie au grand air, aux travaux dans la belle campagne? Puis, ce sera le départ pour les Mél· yens, où les écoliers d'aujourd'.hui a.uront à garder les troupeaux, puts - tls passent si vite ces deux mois qui sépa· rent Avril de Ju~llet - la montée it l'alpe où quelques-uns exerceront cléF1 un rôle subalterne. Mais avant de secouer le joug, pas trop dur d'ailleurs, .pas trop pénible de l'instituteur, joug bienfaisant, sous le- · quel ils ont meublé leur esprit et leur


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mémoire des connaissances qui leur seront utiles dans tout le cours de la vie, il est d'usage, que chaque année, en bande joyeuse, enŒre soumis à ·la discipline scolaire, ils passent une journée <le joie saine et d'utile instruction: la journée de la grande promenade. Suivant les localités. suivant les années, cette promenade prend des proportions plus ou moins importantes. Qu'elle amène d'aiUeurs les enfants jusqu'aux limites, ou même en dehors des limites du canton, c'est dans les iours qui précèdent le départ, la même impatience, c'est au retour le même enthousiasme. Cette allégresse iuvénile est du meilleur aloi. Les promenades scolaires, croyo~s-nous, ne rencontrent pas d'esprits gnncheux pour les critiquer. Et vraiment, elles sont bonnes et utiles. Elles développent l'amour de la nature ; elles sont la meilleure leçon de choses. C'est une idée sur laquelle nous avons déjà insisté. Nos populations qui sentent bien les charmes d'ensemble du paysage valaisan, sont distraites devant ~es détails. Cela tient peut-être à ce qu' Il ·leur manque des points de comparaison. On n'a pas l'idée de remarquer les choses qu'on a eues tous les jours sous Jes yeux depuis l'âge le plus tendre. C'est en sortant, c'est en voyan t d'autres tableaux, d'autres sites, d'autres aspects que se développe l'esprit d'obse~v~tion, Si nécessaire pour mieux apprecier l'œuvre du Créateur. Mais il y a un champ particulièrement fertile dans ces excursions scolaires, où les proméneurs sont d'autant . pl~.s obli~és de se rendre compte de ce qu lis VOient, qu'ils échangent leurs impressions les uns avec les autres. Le maître est d'ailleurs là pour diriger leur esprit de découverte le stimu' ler, le rendre fécond. C'est aussi une vraie leçon d'histoire

eL une vraie leçon de géographie

te, que ces courses qui, d'un traij vent graver dans la mémoire de fant, pour ne l'en plus jamais sortir, tel ou tel point i programme scolaire. C'est ici que déroulé ce fait historique; c'est iCi prend sa sourx:e cette rivière. Les promenades scolaires, telles on commence à les organiser nent déjà, il est vrai, une certaine pens;, dépense, croyons-nous, bien ployee et qu'i•l ne faut pas regretter. Quand les temps sont durs si mes soient-elles, elles peuvent ' pendant aux parents et bien tuteurs se demanderont s'ils cette année, procurer cette petite leurs élèves. Nous en avons rencontré hier un avait résolu le problème de la plus heureuse. Il conduisait simp sa bande joyeuse par le train de François à travers les différents ges d'une importante commune Sans doute, il aurait recueilli 1 ration de Marcel Prévost. Cet académicien ne mén age pas louanges au magister qui, pour dre la géographie à ses élèves, mença à leùr montrer la place du lage, puis, dans un enseignement r nant de celle-ci aux objets plus leur donna un cours d'autant p•lus cace qu'il était plus clair. Or, n'arrive-t-il pas que tant d qui vous indiqueront sur la carte où trouve la capitale du Chili, n'y raient trouver les localités de leur Lon? N'arrive-t-il pas qu'alors connaissent les noms des grandes tagnes du monde, ils ignoren t tout de leur coin de terre? Et la promenade faite tout près leur localité ne peut-elle pas, e}le leur ouvrir des horizons nouveaux fournir des connaissances qu'on ·.

c si on ne s'en passait lemet;t. . vous êtes-il jamais arrivé de rouhonte quand, vous trouvant tout pe d~ Valais~ns, il n'en. est pas puisse renseigner un etranger et dont ·la légitime curiosité à connaître les noms des déde notre spectacle journalier? notre grande confusion , nous nous être trouvés dans ce cas. d'autres l'auront été aussi. N'est-ce une lacune ? La période de~ p~om~­ scolaires n'est-elle pas md1gu~e demander à notre personnel enseit si capable et si dévoué, de cherde tout son pouvoir à •la combler des générations plus instruiquc nous de ce qui ~s'offre tous .les à leurs yeux? (Uaz. du Valats) -oplus transparente que Horace.

CURIEUSE ORDONNANCE Le maire de la ville de Waterloo, en Am~. rique, a fait afficher un règlement où nous re. levons les clauses suivantes: • Un coi.Heur barbier ne doit pas manger d'oignon entre sept heures du matin et neuf heures du soir. • Aucun coiffeur barbier ne doi t, pendant qu'il opère, introduire son pouce ou tout autre de ses doigts dans la bouche de son client . • Aucun coiffeu r barbier ne doit discuter dans sa boutique des affaires de la ville. • Aucun coiffeur barbier ne doit fumer _pendant les heures de travail. • Aucun coiffeu·r barbie r ne doit insister auprès de son client pour lui .vendre des pr~ duits spéciaux ou tenter de· !Ul persuader qu 1l a besoin de ~ k i etions et brûlage. • Pour ,parvenir à fa ire respecter sa circulaire, le ma ire de la ville menace d'une amende de vi ngt-cinq francs tout coiHeur qui trans· gressera une des clauses du nouveau règlement.

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SOCIETE VALAISAl'fliE D'IDUCA'.riON d"un grand nombre de bâtisses scolaires. Mais voilà des agents. je dirais plutôt secondaires, dans le domaine de (Suite.) On aurait tort de ne pas l'instruction. d'émancipation de l'école à l'avant-garde du progrès scosignaler fut un autre moyen tenté avec laire, le personnel enseignant avec son Cette mesure législative date du dévouement incontestable; mais ajou1892. tons que l'instituteur valaisan est souest juste de mentionner ici les éco- tenu par un peuple bit>n disposé pour répétitioll. Prévues dans la loi de l'instruction, et qu'il n'est pas seulement (art. 7) elles furent instituées et surveillé de près, mais aussi paternellepar l'arrêté du 23 octobre ment guidé et récompensé par une sage Autorité entièrement dévouée à l'œuvre cours de répétition, dont le proéducatrice. est nettement indiqué par son Si l'instruction primaire doit être juavait d'abord une durée de 4 gée par .Jes résultats obtenus dans les et le nombre des heures de leçons à 6 par semaine. Il comprenait exé\mens de recrues, le Valais peut enrenimum de 100 heures, actuelle- gistrer un véritable progrès. il est de 120 heures, et doit être Sa note moyenne était en 1889, de 11 ,09. en 1899, de 8.31. par tous les élèves émancipés Dix ans après, Et dix ans plus tard, en 1909, de 7,02. le primaire, jusqu'à l'époque du En 1880. le Valais occupait le 22" rutem.ent. rang, en 1909, le 6" rang parmi les élU· re d'autres facteurs contribuant tres cantons confédérés. Si cette moyenprogrès de l'instruction primaire, ne ne s'est plus retrouvée depuis 1909, t être ajoutés aux précédents. celle-ci reste néanmoins assez bonne les Consei~s d'ins~rudi01~. ~t !es Ins-~ pour rendre un légitime hommage aux rs scolaires prevus de]a a ·l'art. déployés. de la loi de 1828; les primes d'en- efforts La loi qui régit les écoles primaires t pour le personnel en sei- 1 (et normales) du Valais est du 1cr juin ( 1888), largement remplacées 1907, et le règlement en -vigueur date récemment par les primes d'âge, la du 5 novembre 191 O. de retraite (1906) et le traiteblement augmenté (1909); la Les écoles enfantinës d'écoles spéciales pour enfants On pourrait les appeler des écoles en ux (1910); les bibliothèques . les conférences des institu- miniature. Evidemment leur but n'est pas l'instruction proprement dite. Il s'aetc. faut pas oublier les subsides fé- git plutôt à l'école enfantine d'entourer qui ont aidé à la construction l'enfant des soins qu'aurait pour lui une

Notes d'Histoire l'Enseignement en Valais


SIS

mère intelligente. Mais, bien que le but de nos écoles enfantines ne soit pas l'instruction proprement dite, les enfants y acquièrent un premier fond de connaissances, des idées qui sont le résultat naturel des exercices auxquels ils se livrent et qui constituent une première base très solide, sur laque1le pourra s'appuyer l'enseignement primaire. Le temps n'est pas encore bien loin où les écoles enfantines ont pris naissance dans le r<mton. Elles partagèrent, elles à'ussi, le sort de tout enseignement et de toute école. De tout temps l'origine en est partie de l'initiative privée. En effet, pour le Valais, la toute première disposition légale prévoyant les écoles enfantines, n'est pas plus ancienne que la loi sur l'enseignement primaire de juin 1907. L'art. 10 de cette loi dit que les c<lltlmunes ont l'obligation d'ouvrir une école enfantine mixte à la demande des parents, pour le cas où la fréquentation de cette école par 40 élèves au moins serait assurée. Elle est confiée dans la règle à une institutrice et comprend les enfants de 4 ans révolus à 7 ans. Aujourd'hui, les instituts frœbeliens s'installent dans toutes les localités importantes. Il y a des écoles enfantines à Brigue, Naters, Viège, Chippis, Sierre, Bramais, Sion, Ardon, Saxon, Charrat, Martigny, St-Maurice, Monthey, Vouvry, etc. L'aînée est celle de Sion dont l'organisation peut être considérée comme type, suivi à peu près par toutes les autres. Cette école doit son existence à la gé!téreuse entreprise du Pius-Verein, qui, en 1880, voyant le grand nombre des enfants exposés aux dangers aussi bien physiques que moraux, prit l'initiative rle créer une école enfantine. Pour subvenir aux frais d'installation et d'entretien de cette école, pendant deux années consécutives, la dite association organisa une tombola qui, chaque année, produisit une somme assez importante.

Ces deux années écoulées, la M lité prit complètemt'nt à sa charge œuvre déjà florissante. Le nombre ènfants étant au début très minime direction en fut confiée à une seule ' gieuse Théodosienne d' !ngenbohl. D'année en année, cette école prit extension considérable; actuellement nombre des enfants est d'environ 300 partis en 4 classes tenues par 5 gieuses du même ordre. En 191 avait 150 enfants à l'école fra 60 à •l'école allemande. Afin de ser la classe ouvrière et lui n P t"l'll<•H·· travailler librement, soit aux soit à l'atelier, la Municipalité encore •le sacrifice de donner à à goûter aux enfants pauvres, mai au 1er novembre. Grâce à la générosité sédun est parvenu à procurer aux petits une réjouissance à Noël; en une loterie et moyennant un la Municipalité, on peut vêtir un tain nombre d'enfants pauvres; cela, cJtaque enfant reçoit un jouet quelques friandises.

Une merveme:de charité et de pédagogie Le touriste qui va de Bologne à ven ne ne s'arrête guère à lm()la ; il tort. A une heure de voiture de cette toresque petite cit~, il y a, près de tel-Ouelfo, une villa entourée d' au milieu d'un grand parc, où l' voi r une chose au moins aussi ble que toutes celles qu'on va visiter Ttalie. Cette chose, unique en son il nous semble que c'est un devoir faire connaître, non seulement pour dre hommage 'à qui ~Ile fait hon mais encore pour proposer un exemple que chffcun peut avec profit.

cette viUa, depuis 2 ou ~ ~ns, vaille à le.s rééduquer d'une manière · l'initiative dÛ savant religieux semblable toutes réserves faites, à celle Ferrari, din:cteur ~e !' As_ïl~ d'atié- qui convi~nt à l'édÙcatio~ _des enf.an~s .d'Imola, et a la ge~e~oslte de !a ordinaires. Pour les procedes de detml, ainsi que de zeles Bolonats, on s'inspire des circonstances, tout cométablie une col~nie de )e?ne~ ~rimi­ me on fait avec les normaux dont pas ou candidats a •la cnmmahte, que un déjà n'est parei•! à l'autr~. Une obavec une seule infirmière, une servation résume de façon bien console M11 e Oabriel~e Francia. As- lante les expériences faites jusqu'à c.e de 'son infirmière et aidée par jour : s'il est possible d'éveiller un senti: servantes, - <\es folles, mais ment vrai d'affection chez un enfant, Sl sont assez peu pour que l'Asile d'autre part il arrive à prendre spontapu les lui confier, - M 11e Francia nément intérêt à un travail quelconque, avec un plein succès sa colo- il est sauvé. Est-il inéducable? on le de 20 à 30 anormaux des deux se- renvoie à l'Asile, qui est fait pour lui On devine ce qu'il lui faut pour cela et où ne s'amendent point ceux que nous science,_ de tact et d'a?négation; d'au- guérissons, nous, à ·la villa. » Un seul fait, parmi le grand nomb_r~ aussi car quels nsques comporte directio~ d'une pareille maison où il de ceux que nous pourrions citer. VoiCI a ni médecin à demeure ni gardiens le jeune T. A., actuellement âgé de 17 ! A ma première question: ans. Il est fils d'alcoolique, neveu d'adès le commencement une liéné frère de trois idiotes. Excité, imdont vous étiez à peu près pulsif, brutal, hypocrite, paresseu~, vo; ? » la réponse fut celle-ci: « Non, leur, - et j'en passe! - on avait du énoncerons des règles quand nous l'enfermer pendant plusieurs années; fait assez d'expériences concluan- or, après quelques mois de séjour à la pour avoir le droit de les résumer villa on réussit à le rendre franc, doux, des formules, qui certainement se- apte' à surveiller d'autres enfants, ~:r: sans raidoor; nous sommes partis viable et si respectueux de la propnete pas d'w1e théorie, mais d'une con- d'auh.;.ti que c'est à lui que l'on confie très simple, que voici: les jeunes les clefs de préférence. C. A. a de nomanormaux ou immoraux qui ne breux défauts, parmi lesquels une dispas nettement des aliénés, sont ce position marquée à la cruauté; on arsont uniquement ou à peu près rive maintenant à lui faire diriger !J'exéque leur ambiance a été déplo- cution de divers travaux par des camaDes mal doués, mal ou point éle- rades à qui il s'appllique à commander voilà ce que sont nos pensionnaires. avec la douceur dont on use envers leur a-t-il surtout manqué pour ac- lui-même; il considère ses tentations de . une moralité moyenne? Une vraie cruauté comme une sorte de maladie: ' , de bons exemples, le bonheur quand eJrles se présentent, il sait le regrarrdir dans des conditions favora- mède, il va demander à M11e Francia à l'évdl du sentiment de la respon- de renouveler sa provision de courage. ité et de la dignité humaine. On tâ- Le P. OemeHi, le Franciscain médecin ici de leur donner, pendant qu'ils bien connu, nous. parlait d'enfants traiencore capables .de la recevoir, l'é- tés de la même manière qui étaien t ren,uur;m'rm qu'Hs n'ont pas eue; puisqu'ils trés dans leurs fami!Jles: Hs s'y efforsont pas foncièrement des anormaux, çaient de rendre les actions des leurs doit réussir à les améliorer; on tra- plus honnêtes, leurs manières moins ru-


36 des, leur langage plus convenable; même ils leur enseignaient à prier. Pour les pensionnaires de CastelGuelfo bien qu'impropres al!_x exercices intellec'tuels de l'école, la découverte qu' ils avaient un cœur, qu'ils étaient capables de bonté, d'effort, d'un travail utile, fut un véritable ravissement dont leur âme s'illumina toute entière: on les a vus, même, se faire moralisateurs à leur tour. Mais leur volonté est faible, très faible d'abord, et c'est une tâche souvent bien difficile que de transformer en un mieux définitif un mieux provisoire; on y parvient cependant, en trouvant pour leurs tendances mauvaises tan tôt un antidote tantôt un dérivatif; pour leurs tendances bonnes des ocr.a~ions régulières de s'exercer, de leur mériter l'affection et l'estime de leur entourage. Trouver de quelles émotions salutaires tel ou tel est capable, tout est là d'abord. A-t-on réussi à lui en faire éprouver de telles avec quelque intensité, il en contracte le goût, il s'ingénie à les rechercher: il commence à réfléchi,· à cette fin, et c'est là pour lui l'aurore d'une vie personnelle consciente: il suffit qu'un idéa,l avouable, fût-il très pauvre, ait ·lui clans son âme obscure, pour qu'il soit et se sente un étre humain de même race que ses éducateurs; désormais. il aidera aux efforts de ceux qui tâchent de le faire oenser et vouloir. Mais combien ombrageux est en lui, .t t,:.sifôt né, le sentiment de b responsabilité! Pour que ce sentiment persiste et s'accroisse, il faut que l'enfant croie en lui el qu'on •le lui prouve en lui concédant autant de liberté qu'il est possible de le fa1re. O!l est tout à la fois si larf!e el si faible à Castel-Guelfo, qu'il a été in.utile de c.lore le parc! On y a su si in~énieusernent combiner les travaux, agricoles surtout, - et les jeux, assujettir les pensionnaires à une règle com. rnune tout en individualisant au ma·dmurn le traitement de clwcun, ti-lire nnî-

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tre le goût des initiatives de

et le souci de l'intérêt

généra~.

tains jours, soit durant les lravail , soit aux réunions du tous prennent part, on ne se point dans une colonie d'an Une tentative comme celle du rari et de M11 e francia po réussü· en grand? On ne peut le en tous cas, dans les limites où élé réalisée, elle a fait merveille. espérons que l'on a vu, en lignes, quels enseignements l'on rait tirer, de l'expérience faite à Guelfo, pour l'éducation dans mille des enfants simplement di ou même des enfants tout à fait maux, qui tous traversent des ils se montrent plus ou moins ceux qui doivent mal tourner.

C'est bien « maisons des qu'il faut lire, et non écoles, ni garderies. Dans ces « maisons » en fet, les bambins et les gamines de 3 ans sont chez eux, réellement chez Chacun a sa petite chaise · qu'il place où bon -lui semble, la table basse ou sous un des en pot qui égayent la salle. Il va l) Mme Montessori est une Jemme de Rome. Après avoir conquis le di docteur en médecine elle s'est vouée à des de psychiâtrie. Elle s'est attachée lement à l'amélioration des aliénés et des fants anormaux. C'est avec des anormaux elle essaya ses procédés d'éducation tuelle et morale. Elle ouvrit ensuite pour enfants abandonnés réfractaires cole primai re et pt' li ls vagabonds. Un nieur, M. Talamo, qui avait construit • cité ouvrière • pour remédier à l'•noolld10'1111 et à l'encombrement des logements offrit à Mme Montessori d'y créer selon ses méthodes et ses vues. Elle en 1Q07, fut ouverte la première • maison enfants •. De pareils établissements ont depuis le jour dan s plusieurs villes du

casier le jeu qui •lui plaît et. i-l un a quand il l•ui plaira. Cette hld deux ans et demi s'applique à ;e série de nœuds de rubans. Ce de trois ans médite graveune douzaine de cylindres diamètre, mais d'inéga•les hauqui doivent être pl?cés dans t~s correspondants d'u.n bloc d~ bo1s '); s'il met plusieurs cyln~dre~ une cavité un peu profonde, 1l lUJ reste un gros pour un petit tro~. Prodélicat! Il recommence, ma1s sans l'aide de personne; car dans tous mettent leur point d'honà réussir seuls. Cet autre enfant, apprend à lire à l'aide de grosses mobiles, à côté de la maîtresse, sans permission; c'est qu'il se fatigué; de son propre chef il passe un autre exercice. Sera-ce ·la percepdu son au moyen de cornets semmais contenant des cailloux de tes grosseurs, qu'il faut recon· ar leur seul bruit? Sera-ce ta des couleurs par le classede bouts de rubans ou de bobines soie? On s'amuse donc beaucoup dans cette ? Pardon! On y travaille! Le je~, ~cet âge (de 3 à 6 ans, qu'on ne .l'oublie pas!), est l'équ!valent du .tr~ya1.l dans la vie adulte; 1l est une Imhahon au travail. Le jeu est d'abord le naturel et fructueux exercice des sens, de ces pauvre~ sens obtus et malhabil.es du petit, qUI deviendront, grâce au jeu précisément, les plus remarquables instruments de travail. La formation de l'ouïe, de ta we est rationnellement pratiquée au moyen d'occupations bien choisies, plus naturelles, mieux appropriées que celles de Frœbel. Mais le son que Mme Montessori accorde à l'éducation du toucher, à la distinction des poids, du poli ou du mgueux, à la coordination des mouvements, témoigne de l'attention qu'elle a

portée aux recherches et aux r~sultats de la psychologie contemporame sur l'importance du sens tactile. . .. Le jeu est ensuite une vraie acquiSItion de connaissances intellectuelles. Car toute pensée suppose des images I?enta•les préalables; d'où viennent les 'Images sinon des sensations et des perce~­ tions des sens? Avant qu'un enfant a1t pu réunir en son esprit les images précises et complètes d'un objet d'un cet· tain poids, d'un~ certaine .~ouJe~r, d'm~ certain toucher, 1'1 faut qu 11 a1t eprouve les sensations correspondantes de toucher, de poids, de couleur. Autant d'ob. iets connus, autant d'images fort complexes, nécessitant chacune nombre de sensations. Combien d'objets connus ne suppose pas la première leçon de nos écoles primaires? Combien de sensations l'enf-ant n'a-t-il donc pas dû expérimenter, au préalable? Je .dis expérimenter, parce que la sensahon ex1ge une emprise directe, immédiate des sens sur l'objet, donc une expérience. Or, ces innombrables eJCpériences. l'enfant les a faites entre 3 et 6 ans; il a acquis les images mentales qu'il possède p~r le ieu surtout. Si l'on veut enfermer J'enfant de cet âge dans une école, il faut l'y mettre à même de réaliser ses expériences, d'emmagasiner ces faits de connaissance qui sont les images du monde réel. Mme Montessori l'a compris. Les jeux constituent donc pour l'enfant l'équivaijent du travail chez l'a· duite · ils sont un véritable travail qu'il accod.plit avec sa coutu~ière ~gravi~~· Et ce travail il doit voul01r le fa1re. Leducation doit moins apprendre à agir qu'apprendre à vouloir a~ir. Ce sont de véritables écoles de volonte que ces Case dei bambini.

La discipline volontaire est obtenue par le goût de l'activité qu'on provoqu~, par l'intérêt que l'on mel dans l'enseignement qu'on donne. Non, ce n'est un enseignement; ce mot rappelle trop l'em·


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magasinement commandé du savoir. Ce sont des directions plutôt, des indications que propose la maîtresse à chaque enfant individuellement (il n'y a pas de leçons collectives); et, parce que les activités suggérées correspondent parfai· tement au développement d'un chacun, elles sont acceptées avec joie et accomplies avec empressement. Le succès pro. vaque d'autres efforts; la volonté satisfa}te retoume à d'autres activités. La méthode générale, du reste, tend surtout à faire comprendre à l'élève qu' il doit être actif, que le travail est un bien et l'oisiveté un mal. La salle est un monde en miniature où tous doivent fournir une certaine somme d'efforts, dont l'harmonie et la gaîté dépendent du bon vouloir de tous et d'un chacun. Mais Mme Montessori a senti la nécessité de laisser aux petits Latins plus d'initiative et de liberté que dans 'les Ki'ntier[!arten. Selon elle, l'enfant doit acquérir peu à peu l'idée de discipline sans c1u'elle lui soit prématurément itnposée; elle trouve qu'on a trop réprimé ou trop 1-(ouverné du dehors. autoritairement, les premiers essais de vie et d'action; 1I faut les laisser mettre en exécution les idées qui germent dans leurs petites cervelles; même si leurs progrès sont moins rapides, ils en tirent un Rrofit plus réel·. __ La discipline est aussi exercée par des jeux qui n'ont d'autre but que d'aQprendre aux enfants à se dominer, à résister à l'entraînement des camarades, li tenir en bride son caprice. Si l'agitation devient trop bruyante, •la maîtresse suggère qu'il est temps de passer au jeu du silence. Chacun gagne sa place, os'immobilise, tend l'oreilk Il s'agit d'entendre la maîtresse qui d'une chambre voisine appellera l'un d'eux d'une voix très basse, très basse. Quelques minutes de ce recueillement suffisent pour calmer babil et turbu[ence. Cette discipline est d'aÜtant plus du-

rable. efficace, qu'elle est "'J'""'"" ..-acceptée. Ainsi, tout petits, ces apprennent en jouant à devenir hommes. E. 0

--------····---------L'éducation de la volonte =

Les dures expériences de la vie fixé l'attention sur l'éducation de la lonté. Les ouvrages spéciaux sur matière ~ multiplient d'une presque déconcertante; et l'on est très loin d'avoir épuisé le sujet. La formation du caractère, tion de la volonté peut seule noblesse et la fécondité de la vie. le monde doit acquérir une volonté rne qui ne fléchit ni devant les des du dehors, ni devant les ::.u•ul"'IIAI tions du dedans. Il faut, en outre, que volonté ferme conserve une plasticité fisante pour s'accommoder à toutes circonstances, pour échapper à tesse d'esprit et à la funeste obstin Mais, le sujet étant trop vaste pour embrassé dans toute son ampleur, chons-nous à cette question d'un in vital: Comment pouvons-nous acq une volonté ferme? Nous nous bornons à transcrire des conclusions qui, au point de vue rement naturel, constituent en qu sorte le décalogue de l'éducation dt volonté.

1. La vie a un sens, un but. Elle nous appartient pas tout ent-ière. Nous devons en faire quelque chose; nous devons la rendre féconde en agissant. 2. Très souvent, des vies précieuses, - et toutes le sont ou peuvent le devenir, - sont stériles par la faiblesse de volonté. I'l faut donc apprendre à vouloir; il faut faire l'éducation de la volonté. 3. Pour assurer cette force morale, les soins corporels sont d'une très gran. de importance. Il faut éviter cependant

leur douuer .la pr~mière . place dans préoccupai! ons;, 1~s doivent rester lement moderes. 11 faut se former un idéal pers?nde la vie; et. comme la pensee men~ l'action, il faut rend.re, dat:s le cours ses idées, la representation de cet dominante. 5 Même procédé pour les moyens, · moyen devenant à ce point de un but subordonné. Appliquant le même pr)ncipe aux , aux éléments perturbateurs nous détournent de notre route, nous en écarter l'image dans toute la du possible pour ne pas tomber sa domination. 1. On ne chasse ces images funestes par des images antagonistes. Si risque de les refouler dans la suboù eUes pourraient exercer ravages, il faut les extérioriser d'une manière quelconque, surtout par la confidence. 8. Lorsque -l'idéal décourage, il faut Je particulariser et s'attacher à l'idéal présent, immédiatement exécutable. 9. On apprend d'autre part à vouloir etl voulant. L'habitude du sacrifice, de la vie digne et simple, de la mortification rationnelle est, pour aboutir à cette fin, d'un secours généra.t. 10. Enfin, lorsque, en raison d'une raihles5e congénitale ou acquise, on ne parvi.ent plus à l'exécution des actes voulus, il faut les diviser jusqu'à en rrndre les parties successives exécutnbles.

Mon Voisin Mon voisin le plus proche Est un voisin gentil Un ami sans reproche: Ce voisin quel est-il? Pour être en sa demeure, Il me suffit d 1un rien,

Et vtngt lois dans une heure Mon voisin me revient. Sans même ouvrir la porte je me trouve chez lui, Et j'agis. de la sorte Et le jour et la nuit. Mon voi-sin fait de même, Sans se gêner, pour moi: Ahl je vois bien qu'il aime Sc trouver sous mon toit. Pourtant à sa visite C'est moi qui gagne tout, Et mon plus grand mérite Est de l'aimer beaucoup 11 ira ppe à ma fenêtre Et le vo ilà dedans, Sans jamais se pcm1ettre De me voler du temps. Souvent aussi je brise Le mur de ma maison, Et me vois à l'église Sans m'en rendre raison. Car c'est Jésus-Hostie, Mon plus proche voisin Et par l'Eucharistie, Nous nous tenons la main. Quand j'éprouve une peine, Il la prend avec moi, Et vite il me ramène Aux rayons de la loi. Quand je goûte une joie Et voudrais m'y plonger, Vite jésus envoie M'avertir du danger. j'écoute sa parole, Parole qui soutient, Parole qui console El fait toujours du bien. Oh! le bon voisinage De jésus, mon voisin! Qu'il est beau le partage Que ma signé sa main! Daus mon pauvre ermitage, Isolé, sans appui, Oh! le bon voisinage Que je go Ct le avec lui L L'ERMITE DU TEX.


t du 3'1° s de ,t' &cole"

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variétés =

- Eh bien! 11101, Je vais tc j'existe, en te lichant demi-heure après la classe ... Qu'eu dis-tu de ma - Je dis que le bon Dieu vous de la même façon qu'il existe. sen1 à la lin de votre vie, au lieu d fin de la classe. 0000000

L'ECOLE SANS DIEU L'instituteur, d'un geste rapide, sa1s1t un bâton de craie et, sous les yeux effarés des innocents, dont il voudrait, à dix ans laire des renégats, il trace sur le tableau n~ir ce blasphème: LAIQUE, GRATUITE ET OBLIG Il n'y a pas de Dieu. Un médecin français, bien connu Puis, s'adressant h ses élèves: fortes convictions re,Jigieuses, pour • .Je donne à Dieu cinq minutes pour venir bon sens et aussi pour son hu effacer ce que j'ai écrit. • caustique, voyageait ces jours les cinq minutes écoulées il s'écrie triomcompagnie de deux concitoyens, phalement: rentier, conseiller municipal, l'autre " J 'ai donc prouvé que Dieu n'existe pas! . et libre penseur. Tout à coup, Je la démonstration lui semble péremptoire! plongé dans la lecture d'un journal est .... Il est vrai que ni Bossuet, ni Pascal ni pc lié par le conseiller municipal: ' Descartes ne s'en étaient avisés. Mais ne 'ra l- Monsieur le docteur, êtes-vo11s la!t-il pa~ lai~ser à la nature Je temps de péde l'instruction laïque? tnr un SI pu1ssant cerveau pour qu'éclatât i:e - Oui, Monsieur, laïque, gratuite et trait de génie? gatoire! Le maître promène sur les moutards ac- Vous! docteur coudés à leurs bureaux, un regard d'i~ler· - Oui, moi, nale satisfaction. - Permettez, mais vous passez ùans Ils paraissent subjugués... ville pour un clérical renforcé. Non pas tous cependant! Pierre BavoiJ a - Ce qui n'empéche pas. so~f~lé quelques mots dans J'oreille de sou - Allons, vous confierez vos VOI$111, et tous deux répriment un sourire des mai tres laïques? qui n'est point celui de la conviction. - C'est déjà fait. . • Roussel, interpelle Je maître, que t'a dit - Dès leur jour de naissance, mes Bavoil? ont reçu de Dieu une instilu tr ice laïq - M'sieu, il a dit comme ça que ... vous est leur mère , un précepteur laïque, n'existiez pas. Ma lemme et moi distribuons lïn str - Ah! Et te l'a-t-il prouvé? nos enfants d'une manière tout à fait - Ouit M'sieu! sans demander de subside ni au . - Il ~'a écrit ~ur son cahier, p uis il m'a ni au Conseil municipal, puis, en cc d1t que s1, dans cinq minutes, vous ue l'aviez lll'\1 ~ rem plissons un devoir que nous pas ~f,facé,. vous n'existeriez pas. Maintenant dons comme absolument obligatoire. les cmq mmutes sont écoulées... • 0000000 Visiblement démonté, l'instituteur cherche M. l'Inspecteur est venu voir la ctas!f avec effort une réponse qui cloue ce moucheil interroge celui que l'instituteur lui ron de Bavoil. signalé par écrit comme étant le plus Enfin, se croisant les bras et bombant Je torse vais élève. - Quel est le garçon Je plus • Voyons, Bavoil est-cc que par hasard tu de la classe? me supposes à les ordres pour venir e!Iacer - Je ne sais pas, M. l'Inspecteur. les âneries qu'i l te plaît d'écrire? . - Voyons, il •ioil bien y en avoir un. Bavoil s'est levé. ne fait jamais rien ct qui regarde les Pâle, mais résolu, J'enfant riposte crâne· travailler tout le t~rnps . ment: - Ah! oui.. .. c'est M. le régent. . " Et ~ous, M'sieu, croyez-vous que le bon D1eu soli à vos ordres pour venir eHacer ce que vous avez écrit au tableau?

à la divine victime a un homme dont l'amour garde ; il y a un homme dont le s~­ n'est pas seulement glorieuJC, t'a dit un -prophète, mais dont !e est aimé. Il y a un homme dont après dix-huit siècles, n'est refroidie, qui chaque jour renaît Ja pensée d'une multitude innomd'hommes; qui est visité dans berceau par les bergers et par les Jui apportant à l'envi et l'or, et l'enet ta myrrhe. Il y a un homme une portion considérable de l'huité reprend les pas sans se lasser , et qui, tout disparu qu'il est. se suivi par cette foule dans tous les de son antique pèlerina~e, sur les de sa mère, au bord des lacs, au des montagnes, dans les sentiers vallées, sous l'ombre des olivien;, le secret des déserts. Il y a un mort et enseveli, dont on épie te et le réveil, dont chaque mot a elit vibre encore et produit plus l'amour, produit des vertus fructidans l'amour. Il y a un homme at. taché depuis des siècles à un gib.e t; et m homme, des milliers le détachent chaque jour de ce trône de son supplice, se mettent à genoux devant lui, se prosternent au plus bas qu'ils peuvent sans tn rougir, et là, par terre, lui baisent avec une indicible ardeur les pieds sanRiants. Il y a un homme flagellé, tué, crucifié. qu'une inénarrable passion ressuscite de la mort et de l'infamie pour le placer dans Ir~ gloire d'un amour qui ne défaille jamais. qui trouve en lui la paix. l'honneur. la joie et jusqu'~ l'extase. Il v a un homme poursuivi dans son supplice et sa tombe par une inexHnguible haine, et qui, demélndant des apôtres et des martyrs à toute postérité qui se lève, trouve des apôtres et des

martyrs au sein de toutes les generations. Il y a un homme enfin, et le seul, qui a fondé son amour sur ta terre. et cet homme, c'est vous, ô Jésus, qui avez bien voulu me baptiser, me oindre, me sacrer dans votre <lmour, et dont le nom seul, en ce moment, ouvre mes entrailles et en arraclie cet accent qui me trouble moi-même et que je ne me connaissais pas.

Lacordaire.

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L'Enfant en prière Parmi tous les ~pectacles que peut offrir le genre humain, en est-il un nlus aimable, plus doux, plus touchant, que l'enfant en prière? Sa mère l'a mis à genoux dans son giron, le tient embrassé, et joint ses petites mains sous les siennes. Elle lui fait redire une à une tes paroles de la courte oraison - s'il est tout petit, quelques mots seulement, par exemple, le cri naïf: " Mon Dieu, je vous donne mon cœur!» et, s'il est un peu plus grand, l'admirable texte du « Notre Père», ou le déli· cieux appel: « Je vous salue, Marie!» Si c'est le matin, l'enfant lève les yeux vers l'azur du ciel, et ces deux puretés se contemplent. Est-ce le soir, près de la lampe voilée, dans la chambre tiède et calme: c'est encore bien émouvant, car alors, il semble que, dans l'ombre derrière la blancheur des rideaux, un ange se tient immobile et assiste, po1o~r al'ler en témoigner dans le paradis, à cet adorable acte de foi. Sans doute, l'enfant ne comprend pas encore les mots sacrés qu'il prononce, mais il sait que sa mère est heureuse de les lui entendre répéter, il la regarde et la voit sourire, il sent qu'elle l'enveloppe d'une étreinte plus caressante, et, près de ce cœur qui bat, près de ce sein


83 qui palpite, dans cette atmosphère, dans ce foyer d'amour et de piété, un instinct religieux s'éveille en lui. Quant à l'heureuse mère, c'est l'ins• tant te meit<leur de sa vie, que celui où elle présente au bon Dieu son enfant demi-nu, joignant les mains et gentiment agenouillé dans sa petite cherriise. Quel. te douceur! Elle prie avec lui, pour lui et par lui. Le sentiment de crainte respectueuse que nous inspire parfois ta grandeur de la Divinité, elle ne t'éprouve pas à présent. Elle est pleine d'abandon et de confiance. Elle est certaine que Dieu exaucera les vœux que lui adresse une bouche si pure; elle ne doute pas que Celui qui est la force infinie et la science absolue ne soit touché par fant d'innocence et de faiblesse. Et pui~. il y a une Mère là-haut, la SainteVierge, qui est la source de toutes les grâces, et qui saura bien obtenir ce que lui demande une autre mère par la voix balbutiante de son enfant. Oui, vous êtes agréables à Dieu, et vous prenez Wl sublime essor vers la gloire, prières. de tous les chrétiens! Hymnes liturgiques chantés par les prê. tres, cantiques en toutes langues lancés à pleine voix par l'assemblée des fidèles harmonieux orages des grandes orgues: qui faites tressaillir le nef des cathédra. les, chœurs des Pèlerins en marche vers quelque sanctuaire qui éveillez les échos des montagnes, pieux sanglots des affH. gés auprès des tombeaux, plaintes douloureuses des âmes repenties, paroles enflammées de la religion et du moine en extase dans sa cellule, oui, vous mon. tez jusqu'au Trône du Tout-Puissant! Mais, avant tout, il est le Père; et, dans l'immense, dans l'éternelle rumeur des voix qui _le louent et le confessent, il écoute aussi très tendrement, j'en suis sûr, les candides et presque inconscien· tes prières des petits enfants, pareiUes à un confus ramage d'oiseaux!

François Copplt.

En rencontrant une soutane Dans la rue ou sur le trottoir Les grands -prêtres de Marianne Voyaient plutôt rouge que noir Ils ne pouvaient plus aux lan~ Les accrocher comme autrtfola Mais Jes curés dans les casern~ Furent parqués. au nom des lois.' • Nous détruirons ainsi leur rtœ Car des curés, il n'en fa ut plus ' Disaient-ils à la populace; ' D'ailleurs, nous nions leurs vertuel Croit-on encore à _leurs someHes Au Ciel, à l'Eglise, à leur Dieu? 'Leurs pontifes et leurs prophètes N'ont plus chez nous, ni feu, ni lieu_ La France révolutioJlDaire N'a qu'un seu~ culte, la Raison. C'est à nous, les fils de Voltaire De détruire toute oraison. • ' Hélas! - Tribuns de bas étage, Politiciens à vingt-cinq francs, Pendaut vingt ans et davantage, Firent la pluie et le beau temps!

Mais tout à coup, dans l'atmosphère, Un coup de canon retentit: Chacun s'élance à la frontière Pour faire face à l'ennemi. Les partis prêchent la concorde, Caillaux file vers Œe Brésil: C'était plus sûr, je vous l'accorde, Mais moins français et peu viril! Alors, on vit curés, vicaires, Officiers croyants et soldats Sac au dos, en mains leurs rosaires, Marcher au-devant du ~s! Toute la franœ catholique, La franœ de Cathelineau Combattit pour la RépubÎique Avec ·Pau, Joffre et Castelnau! Et dans les taillis de Lorraine, Dans les sillons du Nord - partout.! Combien sont tombés à 1a peine,

chrétiens, en soldats, debout! la semence déjà lève; Pe nouveaux héros ont su.r(i, l,eUt9 raJliS s'avancent ~ur la grève, Et (ont hésiter l'ennemi!

Si dans cette lutte effroyable, é,que soldat fait son devoir, Que dire du prêtre ad~ira.~le, l)ont on arracha l'hab1t noll'? Soldat, il meurt! - .Prêtre il console! Apôtre, il fait connaître Dieu! QuJJld il ~nlève son étole, Q n'est que pour marcher au feu! Prêtres-soldats, je vous admire, Et je plains vos persécuteurs,. Car ils ont voulu vous proscnre Comme on proscrit des malfaiteurs! Mais sublime ~st votre vengeance: Insensibles à leur affront, Vous allez mourir pour la france, Sans un regret et sur le front! Aussi, demain, quand la victoire, français, grisera vos hér9s, De l'oubli, sauvez ·la mémoire Dei prêtres tombés sac au dos! Ils ont prouvé qu'on pouvait être - Et c'êst ·le Ciel qui l'a pennis En même temps soldat et prêtre Pour l'honneur de votre pays! ' 1

C 1. A.

Le Credo de l'âme qui souffre Je crois, ô mon Dieu, qu'en souffrant_ avec l&îenation, j'achève en moi la passion du Orist. Je crois que toute créature en ce monde est t(missante et comme dans les douteurs de l'talantemetit, et qu'elle attend le jour de la IUifestation du Fills de Dieu. Je crois que nous n'avons pas ici de de.ure stable, et que nous en cherchons une ~ dans l'avenir.

je crois que toutes ch~ses coopèrent au bien de ceux qui aiment D1eu. Je crois que s'ils sèmen.t ~ans les lannes, ils moissonneront dans la JOie. . Je crois que bienheureux sont ceux qu1 meurent dus le Seigneur. Je crois que nos tribulations forment en nous un poids éternel de gloire, ~i nous ~n­ templons, non ce qui se voit, malS ce '{UI ne se voit point; car les choses que nous voyons sont passagères, et celles que nous ne voyons pas sont étern~1es. je crois qu'il faut que notre corps corruptible revête l'incorruphbilité, que notre corps mortel revête l'immortalité et que la morl soit absorbée dans cette victoire. Je crois que le Seigneur essuiera toute larme dans les yeux des justes, que ·l a mort nt sera plus en eux, ni le deuil, ni les gémisse· ments, et que ~eur douleur s'arrêtera encore, car tout le monde aura passé. Je crois que nous verrons Dieu face à faœ. 'MF' OERBET.

Le Brancardier-Prêtre . . . Peu à peu l'escannouche a d~ en bataille et la bataille s'est faite -sanglante. Alors ~u galop de deux chevaux meurtris, l'ambula'n œ volante est accourue, s'est installée entre la première et la deuxième tra.nchée, dans un chemin creux, à l'abri précaire du talus que jalonnent là-haut des arbres brisés par la mitraille. Et avant que le soir ne descende sur cette terre flamande stupéfiée de tout œ qui se perpètre sm elle, ~es brancardiers se disperse~! vers le iront, à la recherche des blessés. Or, dans cette .petite ambulance, tous les brancardiers sont prêtres.

•••

11s s'en vont, le brassard de la Croix.-Rouge au bras... Ils marchent lentement sous le grand cercle tracé par ies obus, ne s'exposant pas inutilement, ne reculant pas devant les blessés de zones dangereuses.


85 __, --- __ Tantôt ils se traînent sur les genoux ou plaqués à la terre, rampent le ilong des los~ sés el des haies; tantôt ils se tiennent debout... quand il faut se tenir debout. Il s'agit de disling11rr les blessés des morts. les uns, évanouis, restent sur la face dans une mare de sang qui les étouffe; les autres ont h bouche plcinf' ùe boue, comme si vraiment ils avaient mordu la poussière· beauco~!p gisent en tas, les bras et les 'jambes contractés, accrochés pêle-mêle les uns dans Je~ autres, conservant le rictus du moment oi1 le cou;> les a frappés.

• *ferait* une

Alors, comme le mère, Je prêtre dégage ceux qui respirent encore, soulève leur tête, la rafraîchit un peu avec l'eau de son bidon, et les rr.~semble pour le retour. Aux mourants, i·l donne l'absolution. Il la donne même à ceux qui paraissent morts ... Sad-on jamais la minute exacte ott fâme quitte son corps de misère? JI not~ sur son carnet Jes recommandations suprlmcs; il reçoit des ma ins défaillan~s lt's pauvres et chers souvenirs à porter; il ecoute les paro:es dernières: :- Vous direz à ma mère... à ma femme ... à mon enfant... Puis le prêtre se hâte vers d'autres, et vers ct·autres encore, car la bataille se déve1oppe, et la mort avec elle.

* * plus. pressé est

Quand le terminé sur la portion des tranchées qui est la s ienne, alors le brancardier revient vers les blessés qui attendent en le suivant des yeux. Toujours guetté par les obus, il prend chaque soldat l'u11 après l'autre, évitant les faux mouvemeuts qui pourraient faire frotter entre elles les extrémités des os brisés, portant celui-ci comme un petit enfant cet autre à califourchon snr son clos ou se' mett·ant à deux, trois, quatre, faisant un siège de leurs poings, ou de fusils entrecroisés, pour en sauver le plus, et Je plus vite possible. . Et de partout, dans la plaine rase que laoourent les shrapnel'ls, on les voit, les bran-

~ardiers, chargés de leur douloureux

lis vont lentement, prudemnient tête, ~it.la~l la l~rrc. du pied, pe~sant l excepte a la mitraille, qui les veut.

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L'autre jour, me racontait un tandis que du fond de ma tranchée · . .~ da1s un prêtre·soldat emportant su r n~on s.ergent ~endu à son cou, les jaU: sees, Je 1es VIS culbuter tous deux dan . d' un obus. Quand la fumée fut s P1_os10n per, le sergent reparut sur le dos sans sure nouvelle, mais le prêtre gisait, la n-:: ouverte, h face dans le sang de ses 1110J1S.

Un autre prêtre accourut aussitôt la main sur le coufrère qui tressaiilait core: - • .Ego ie absolvo a peccatis tuis! •... ... Puissance terrible de la faute, dont préoccupation s'impose même à l'heure plus effroyables '!t des plus glorieuses leurs! . . . Ce prêtre reprit le sergent à son d ieutement, comme tout à l'heure son con~ re, poursuivi par le tir de la même batterie l'apporta jusqu'au chemin creux où le maj~r, les bras nus et la sueur au front coupait bridait, bandait, en attendant lia v;iture qui fait la navette du front à l'arrière.

de prêtres, vous êtes plus belles envous devene7 impuissantes pour saucorps d'un jour, vous donnez à son peix suprême, la paix du soir, la paix ;ournée finie ... lui dites par votre symbole: • Ce Ja mort... c'est la vie! ... Ce n'est pas c'est raurore éternelle du jour qu i ne finir! •

*

* de petits soldats sont partis conparce que sur leur ag~nie ils ont aperrnains étendues, ô pretres ... vos mains dû leur sembler des ailes: • Pars, c:hrétienne... pars sans crainte, car • je au nom du Père, et du fils, et dl! ï.... Que toute la passion du les mérites de la Vierge et de tous les que tout le bien lait pa r toi ... que toute de ta vie t'aident à franchir Je Mains du prêtre, que les soldats vous toujours!... Ma.ins qui apaisent tant · de douleurs... qui essuient tant de larmes... mains qui inlassablement les têtes des chers bienvers le ciel oll les attendent tous les de la Patrie! Pierre J'ERMITE.

• •*

0 brancardier-prêtre, ou brancardier toul court, qui dira ton héroïsme en cette g uerre sauvag.e. da_!ls laquelle ton brassard n'est qu' une m1re de plus! Tu n'as pas le fusi l au poing et tu ne sena pas à ta ceinture le poids des cartouchières. Tu ne connais pas l'ivresse de la bataillt, et tu n'as jamais tenu une existence humaiat à la pointe frémissante de la baïonnette Ton rôle est tellement autre! · Tu reçois tout, et tu ne réponds jamais. . Tes mains ne s'ouvrent que pour recueillir pieusement Ja vie qui resle au fond d 'un être mutilé, et pour la conserver à l'affection Jojo. laine d·une famille qui tremble.

La Servante Le docteur avait dit: P lus que quelques de vie. Jeanne s'agenouilla près du maet murmura: , Père, -comment te trouves-tu? enfant. Le prêtre sera-t-il - Oui, Père. - Ecoute. Il faut que je te dise une chose à part toi, lui seul doit savoir, une chose ta mère ignora toujours et dont le soum'accable. J'était ieune alors et soldat. C'était en 1870. ~ne bataille, notre lieutenant tomba

mortellement blessé à côté de moi. Expirant, il medit: • Je peux me fier à loi, Laurant ? • Je répondit: • Oui, lieutenant. • - Eh bien, prends ce portefeu iUe et, si tu échappes aux balles prussiennes, porte-le, après la guerre, à ma pauvre maman : Mme 0 ... , rue Breteuil, à Marseille. le portefeuille contenait quelques photographies et 600 francs en billets de banque. La campagne terminée, je cédai à la ten tation de m'approprier la somme la issée par l'officier. J'expédiai le portefeuille et gardai rargent avec lequel j'achetai les choses nécessaires à ma mise en ménage. Cet argent me porta malheur. Ta mère fut longtemps malade et me laissa enfin seul avec toi. Pauvre Jeanne, q ue de privations tu as connues, et cependant comme j'aurais voulu te voir heureuse! Prie pour moi, ma li lle, aiin que Dieu me fasse miséricorde, et si tu peux, un jour, réparer le tort que j'ai fait à cette inconnue, promets-moi de n'y pas manquer. - Je vous jure, pere. - Pas de serment, non, une promesse. J 'ava is juré de rendre fi dè lement le dépôt reçu et qu'est devenu mon serment! •

x

Après la mort de son père, Jeanne Laurani vendit son modeste avoir et en tira 320 francs. Il lui fallait, par son travail, arriver à parfaire la somme de 600 francs qu'au nom de son père elle voulait restituer. Elle était couturière, mais si souvent le travail! manquait; puis il fallait vivre, jamais elle ne pourrait économiser près de 300 !ranes. Elle résolut donc de se placer domestique. Sa maîtresse, une dame seule, avai t le caractère maussade, et, dès Je premier mois, Jeanne commença une vie pénible où chaque jour amenait une nouvelle humiliation. Elle eut la .pensée de changer de place, mais elle la repoussa en se disant : • Non, puisque Dieu m'a mise là, j'y reste, et j'y ferai péni tence pour mon père coupahie. • Cependant, peu à peu, au petit trésor qu' elle accumulait, venait, à la fin du mois, s'a-


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8i jouter une nouvelle pièce d'or. EJie ne regrettait plus alors les souffrances quotidiennes. Cependant, peu à peu, elle sentit chez sa maîtresse, un certain attachement pour elle; jamais servante n·'avait é~ si douce, si dévouée, si consciencieuse, el Mme R... ne pouvait faire autrement que reconnaître ces qua· lités. Il y avait deux ans que Jeanne était à s<in service. Depuis quelques jours la servante avait envoyé à l'inconnue de Marseille la somme due par son père, et le cœur léger, l'âme joyeuse, elle vint annoncer à Mme R ... qu'elle reprenait son ancien métier. • Me quitter! s'exclllma la dame, y pensezvous? Mais je ne saurais m'habituer à une autre. Restez, j'augmenterai vos gage.s. Puis, voyez cette lettre que j'ai reçue: elle m'annonce le retour de mon fils, médecin de marine, il se décide de ne plus repartir. Si vous saviez conune j'avais du chagrin de le savoir loin, exposé à des dangers dans lesquels je ne pouvais être à ses côtés. Cela me rendait triste, et méchante parfois. Mais, voyez, ma fille, votre patience m'a fait du bien. J'ai voulu savoir où vous puisiez tant de généreuse abnégation. J'ai ~ié vos soriies et j'ai vu que vous passiez vos heures libres à l'église. J'ai compris alors que la prière était votre force et, moi aussi, j'ai prié. • Dieu m'a accordé la résignation, puis la joie, tant désirée est venue: Mon fils restera près de moi. • Voulez-vous me laisser seule au moment où j'ai besoin de vous pour recevoir mon en· fant? Songez donc quel embarras, si, au moment de son arrivée, il me faut former une étrangère aux habitudes de la maison! • Jeanne resta dans la demeure où elle était moius une servante qu'une amie. Pour elle aussi, la joie était venue.

x - Dites donc, Jeannette, vous nous ferez un bon diner, n'est-ce pas! J'ai un ami qui viendra me voir, un ancien camarade à bord du Massilia, un brave garçon qui a un cœur d'or.

El M. le Docteur R... s'en alla tout laire une promenade. Jeanne lit des merveilles culinaires et, en servant le repas qu'elle avait tendit l'inconnu dire au docteur: • Mon cher, le krach de la banqut,M a tout enlevé. J 'étais désespére en Marseille. Ma chère grand'mère sans ces, moi n'ayant que ma soùle que j Jeste, inconsciemment dépensée en route: je me demandais si la pauv~ femme, après tant de chagrins supportés durant sa longue vie, lfllait dans les privations. Or, quelques jours mon arrivée, nous reçûmes 600 francs yés par un prêtre, c'est même un vicaift \Otre ville, l'abbé O .... - Tiens, dans notre paroisse. - Il me disait que l'envoi était fait pv jeune fille dont Je père avait retenu somme qui lui avait été confiée par lTIOil de, en 70, pour ra remettre à ma Nous avons été heureux d'être soriis barras. Orand'mère est morte peu je rencontre un jour l'admirable jeune qui a réparé le vol de jadis et a rendu doux les derniers moments de ma chère parue, je serai content de lui dire. !"a naissance. Jeanne, toute pâle, n'avait plus la iorœ fa ire son service. - Mais, dit le docteur à son ami, si ignores son nom, !tt ne la retrouveru mais. - Orand'mère avait reçu le et l'expéditeur se nommait l.aurant; ce être lui le père de la jeune fille. • Mme R... et son fils, d'Un même élan, tournèrent vers la servante dont 1 était un aveu . . • - C'est vous! s'écrièrent-ils. - C'est moi. Mais mon père n'est aussi coupable que vous croyez. S'il avait plus tard, renâre cet argent, il J'aurait fait, c'est lui qui m'a fait promettre de rest Mme R. l'embrassa avec tendresse et dit: • Ah! c'est bien maintenant que je ne laisserai jamais me quitter! •

La mésange, qu'on voit se suspendre si gra. cieusement aux branches et les contourner dans tous les sens avec tant de dextérité, produit des couvées de douze à quinze petits. C'est par milliers et par milliers qu'elle d~ truit ces insectes, fléaux de nos arbres frut· tiers. Et que d'autres qu'il faudrait nommer! Mais, voyez le ravage, l'étendue du massacre. Si 20 enfants seulement. dans une commune détruisent chacun 10 nids, c'est 200 nids cte' perdus. Mettez que ces 200 n!ds aurai~nt donné eu moyenne chacun 4 otselets, c est 800 pauvres victimes. Enfants, ne touchez pas aux nids d'oiseaux!

quelques mois plus tard elle lui

Pas précisément. Mais il s'offre pour une place plus avantageuse. Je n'en veux .pas. Attendez donc de savoir de quelle place question. Tenez, voilà notre ~mi de Marqui entre; il va vous rensetgner. ~ . jeune homme ému et presque lan11de et dit l Jeanne: a· dans mon cœur une grande place je ~e pui;. offrir qu'à une ~e bonne el . voul'ez-vous la remplir? Voulezparttger les joies et les peines de ma Voulez-vous être ma femme? _ Mais... je ne suis qu'une servante. _ Allons donc, s'exclama Mme R. .. vous ma lille, voilà. Et maintenant, n~es enembrassez-vous .... Moi, hélas! Je m'y · il me faudra dès demain, me mettre la re~herche d'une domestique. - Je crois, murmura Jeanne.. que n~o~I est heureux dans la paix du cac!, et bemt jour où je devins votre servante! •

Variétés

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= NE

TOUCHEZA~~S NIDS

UN REMEDE CONTRE LES ABUS .... EPISTOLAIRES Un oHicier anglais, le lieutenant Smallpeice était chargé de cen!'urer les lettres de guer;e d'un contingent placé en réserve à l'arrière du front. Ces lettres étaient très nombreuses, car les braves • Tommies • n'ava ient rien de mieux à faire que d'écrire, et le lieutenant S~aR· peice devait examiner av~~ soin, ch~que J~, une moyenne de cent cmquante ballets damour. . . tt JI résolut de trouver un remede a ~ .e situation: une rapide automobile le condUis tt à Boulogne où il tif l'acqui!iition d'un ballon de football qu'il donna à 5es hommes .. L'tfi'et iut merveilleux: le lendemant le lieutenant n'avait plus que s ix lettres d'amour :a parcourir. r Les soldats passionnés de leur .~~rt avori, ne trouvaient plus le temps d ecm·e.

D'OISEAUX

le hibou mange en un an plus de 4000 souris et mulots. . s'attaque aux vers. a~x gnllons sauterelles, qui sont sa prmc1~le "?ur; elle peut en manger de douze a qumze par an. u fauvette fait la guerre aux mouches, aux arabêes et aux pucerons On estime . que ce oiseau peut, à lui seul: détrutre P~.u~ tinq cents mille de ces trots sortes d ID tldts dans le courant d'~ne saison. . . le merle et la grive, qm s'attaquent a prestoute sotie d'insectes nuisibles, en ava· par millions dans le cours· d'une année.

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PRESENCE D'ESPRIT L'écrivain s'est ménagé un après-midi de travail. . . f - Je veux être tranquille, dJ!-il à. sa emme; S'il te vient une visi~, arrange-tot po?r qu elle ne dure pas longiemps. car tu saJs que j'ai beau femler la polie, j'ente~ds ~e mon cabinet de travail toul ~ qu~ 1 on dt! dans le salon... _ _ Je n'attends que Mme Lapt~. _ Cette bavarde, c~tt~ mauvaase langue 1.... Tâche de l'expédier. . - Sois tranquille... Tiens, on sonne. C'est

eUe.


89 L'écrivain s'enfume. Pendant une heure Mme Lapie jacasse, papote, déblat~re l 1~ grand~. fureur ùe l'écrivain qui, dans Îa piè· ~e ~o1smc, ronge_ son frein en silence. Enfin 11 n entend plus nen. La visiteu-se a dû se re· tirer. L'écrivain entr'ouvre la porte du salon et demande à sa femme: -: Eh bien, cette vieillie peste est.elle enfin partie? , Tableau: Mme Lapie est encore là! Mais 1épous~, avec un sang-froid remarquable pond vtvement: ' - Oui, cette peste est partie depuis une heure. Voici maintenant cette excellente Ma· dame Lapie.

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LA CIGALE ET LA fOURMI

Les Allemands ou( dépensé, assure-t-on, des sommes colossales pour essayer de se rendre favorable l'opinion américaine. Cet ef· fort n'a pas eu les résultats espérés. Les journaux de New-York continuent, dans leur presque unanimité, à être favorables à la cause des Alliés. Un lecteur· de New-York adresse au , Journal du Jura'' cette aimable parodie du bon La Fontaine, parue en tête de l' EvetJin ·• Post'': " s L'Allemagne ayant lutté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue. Elle alla pleurer ruine Chez l'Italie, sa voisine, . La suppliant de l'ajder A combattre et bombarder La loyale Triple-Entente, • Je vous ferai céder Trente Dit-elle, foj de Germain 1 ' Donnez-no~,~s un coup d~ main .• L'Ita11e est méfiante Par raison, non pa; 1éfaut. • Que faisiez-vous au temps chaud? • Dit-elle à la mendiante. • Agressive à chaque instant j'attaquais, ne vous déplaise .• - • Vous atiaquiez? j'en suis ai se· Défendez-vous maintenant' • ' H. \Tl. van Loon. Washington, february 5. 000000

LES fEMMES SOLDATS un . hôpital de Moscou est une Jeune hlle décorée de la cro' IX Georges. C'est une ouvrière de Krazi}nikowna. fille d 'un mineur de Au debut de. la guerre, elle se· coupa veux et partit avec des soldats vêtu eux. Ar11ivée_ à Wilna sans q~e gnons se sotent doutés de son se:œ envoyée sur le front, supportant ' autre.~ les marches fatiguantes. fronhere, où elle avait pris Je nom l?le Pa~lovitch Tchini, elle fut I·éta~·maJor; son désespoir fut plusteurs reprises, elle demanda de voler au combat; 50n vœu se réalisa. On 1~ . chargea de réaliser des de mumhons. Un jour qu'elle deu~ fourgons sous un feu violent ~tlemte.d'une. balle à la main, mais' hnua neanmoms à avancer. Un plus lard, elle fut blessée à une d~meura encore à son poste. nva sur le iront où les soldats des cartouches avec impatience frappa à la poitrine et e!le tor'nba La c?n~uite héroïque du soldat fut portee a l'ordre du jour et Je tsar cor?a une des plus hautes cro1x de St-Georges. Quant on blessé à l'hôpital, on s'aperçul que lemme. Pour }a prei!Jière lois, sur J'ordre du Isar, la cro1x de SI-Georges resta chée sur la poitrine d'une femme russe. D~ns

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MOT DE LA FIN • Chez un marchand d'objets de · Une f!:OSSC dame. - Croyez-vous hamac so1l assez résistant? Le marchand. - Oh! madame, voua vt.z vous y mettre sans crainte · il rait un hippopotame! ' • Entre chauves: - j'suis plus fier que vous! Il m'ed encore une mèche• - Ah! Et où Ça? - Dans le médaillon de ma femme.

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• La vie chère. . Le n~archand. - A la rigueur, oui, je la1sseraJ ce poulet à douze 'francs. L~ dame, avec un sourire aimable. -

auss1.

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Ferme et ses Abords fils de paysan a envoyé sous ce au journal d'Estavayer, l'intéresarticle suivant où nos populations trouveraient à glâner d'excelécrits pour le canton de , res conseils peuvent avec les modifications déco'utant de nature et du type particulier de pavsaee et de notre arc!ziteclure é[!.alement chez 1wus une lzeu~ application. de nous n'a pas eu un jour l'a· de faire halte au milieu d'un ces riants villag~s agricoles des rides lacs de Zurich ou des Quatre! Quelle agréable satisfaction t-on pas à visiter ces bourgs -·v.r••"; on s'arrête avec plaisir deces habitations, ces fermes cosoù tout respire le goût, l'ordre, le Le voyageur qui parcourt nos n:éprouve pas une aussi heuimpression. Nos villages agrico'offrent pas un si riant coup d'œil) dans la disposition et l'ornemen· de nos demeures et de leurs est souvent absent. Cet état de auquel nous, fils de paysan, nous ~renons. p~s garde, subsiste depuis rs generations; généralement le ne veut pas aller plus loin que son dans cette voie. Les améliorations à réaliser dans ce seront d'autant plus difficiles plu_s lentes _qu'elles se heurtent soua des préventions solidement and8.Qs !:esprit de nos populations. Ces progres concernent tout à la fois ferme et ses abords.

/ . La ferme Dans r;os villages, les habitations de n récente ne forment pas la ,_ cependant la plupart de ces •1.,""'"'~" ont été édifiés et surtout amé-

nagés avec goût; les façades aux tons cl~a~ds plaisent à la vue, l'architecture generale de ces nouvelles demeure~ est d'une assez bonne inspiration. Mars combien d'autres fermes sont dans un état peu réjou~ssant; souvent un peu de bonne volonte suffirait à réparer les avaries des élèments et des ans! La peinture des façades au lait 'de chaux, quoique peu coûteuse, est très ~ecommandable et donne à la ferme une tm pression de gaieté et de vie· bon nombre d'agriculteurs des contré~s montagneuses en font usage pour leurs fermes et leurs chalets à chaque printemps. · ~a verdure, les fleurs semées à profusiOn le long de nos habitations contri~uent pour une large part à leur embelhs~ement; l'habitude de fleurir les croisées c~t heureuse; il est regrettable seulement que ce ne soit pas là une couLUme adoptée dans tous nos villages. Les arbustes grimpants d'un port très ~rac!eu~, donnent aux' façad~s de nos l~abttahor;~ . un cachet rustiqu~. Parmi les vanetes les plus connues et les plus recommandables citons: l'aristoloche, le chèvre-feuille, les clématites l~s gly~ine~. les jasmins, le lierre, le ro~ SI!r, la vtgne du Canada ou vigne VIerge. Nous pensons être utile aux campagnards que cette question intéresse en leur fouf!1issant quelques idées généra· les sur chacune de ces plantes grimpantes citées plus haut : 1. L'aristoloche est un arbrisseau très rustique dont les tiges grimpantes peuvent atteindre 8 à 10 m. de long; se plante au nord ou au couchant · sa ~pé~ialit~ est d7 garnir d'une façon 'très epaisse 1endroit qu'on veut lui faire oc· cuper. . 2; Le chèvre-feuille gri~pant est eshme surtout pour ses fleurs qui dans quelques variétés sont très. odorantes. Il peut atteindre 4 à 5 m. de hauteur. 3. Les clématites. sont de très belles


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plantes grimpantes à feuillage léger, à garnir le~ murs, les troncs d'arbre&. fleurs tantôt simples, tantôt doubles, colonnes; elle croît de préférence souvent odorantes. nord. Elles garnissent merveilJeusement II. Les· abords de la ierme bien les façades des maisons, les balusLes abords immédiats de la trades. Les clématites se partagent en sont souvent-dans un état qui un grand nombre de variétés. désirer pendant la mauvaise 4. Les f!lycines sont de très beaux Les réservoirs et les canalisations arbustes grimpants qui demandent une xistent ou ne fonctionnent pas, les exposition plutôt chaude. Quelques va- de pluie, quelquefois le purin, s' riétés sont si vigoureuses qu'un seui mutent dans les bas-fonds, fonnant pied peut couvrir une façade de maison. flaques boueuses ; et cela persiste La variété la plus connue est la gly- jusqu'au printemps, moment où le cyne dite de Chine, à belles grappes de teil fera son œuvre d as~;a11i11S:sen1eot:' fleurs violettes fleurissant une première Le sol des environs de la fois en avril-mai et une deuxième fois praticable à la condition qu'il en automne. haussé et ,limité par des 5. Le jasmin, très joli arbuste grimLes matériaux à employer pant à feuilles presque persistantes, liorations sont le gravier fleurs netites, tubulées, qui dans cer- les débris de carrière ou de taines variétés ont un parfum des plus Un trottoir, soit en béton, soit agréable.. Le jasmin s'emploie pour aménagé le long des murs des garnir les façades, les balustrades, les tions aura pour effet d'éloigner grottes et les rocailles, Le jasmin blanc tout excès d'humidité, à la condition à fleurs très odorantes, est le plus re- ce premier dépasse de quelques cherché. mètres le niveau du sol avoisinant. 6. Le lierre, que chacun connaît avec i ;:li lJeurs sur ce trottoir que se ses feuilles persistantes, a l'avantage le banc rustique où durant la belle de se fixer par lui-même contre 1es son les travailleurs viendront s' murs; il croît de préférence au nord . pour causer après le repas du soir. 7. Le rosier peut être employé comme Ill. Le jardin, le verger, la foniaint arbuste grimpant; il fait un très joli Le jardin, quelle source de effet par ses fleurs qui sont généralement toutes d'une suave odeur. Il se pour la ménagère qui sait le place contre les façades, le long des d'une manière rationnelle! J montants d'une J>Orte d'entrée, contre et à tort, on s'est imaginé que les colonnes de véranda, etc. Quelques clos ne devait produire que des variétés de rosiers donnent davantage mes destinés à l'entretien du mén de fleurs si elles sont greffées, mais à être vendus sur les marchés. Les alors elles sont moins vigoureuses qu'en tes d'agrément auxquelles on n' franc de pied. Un grand nombre de ro- pas partout d ans nos jardins un espace, sont considérées comme ~iers-thé sont demi-grimpants. 8. La vitme du Canada ou vigne chose très secondaire. vierge est un arbrisseau plus sarmenPourtant, quoi de plus agréable teux à vrilles vigoureuses pouvant gar- voir sous nos fenêtres qu'un jardin ob nir de grands espaces; beau feuillage côté des plantes potagères rougissant en automne, fleurs insigni- quelQues plantes d'agrément, fleurs odorantes qui ensuite v•l"lnw•• fiantes. Cette plante grimpante sert à

nos croisées et nos appartements!

de plus facile que de concilier l'aet l'utile! clôtures des jardins gagneront à faites en maçonnerie ou en briques que plus durables et plus propres ' -me~trre la culture d'arbres en es. les allées du potager seront 'le sol de la cour, recouvertes couche de gravier fin ou de décarrière pulvérisés ou enfin de de tannerie, autant de matières le sol sec et condamnant les -~·a~:;<t:::. herbes à périr. Le verger, s'il est bien entretenu, est le jardin, le coin de terre qui proà l'agriculteur une réelle satis. Les arbres doivent être l'objet soins assidus, surtout au printemps le réveil de la végétation. Dans contrées, on délaisse trop cette branimportante de l'agriculture et l'on e parfois que nos arbres produi; on devrait, au contraire, être de ce qu'ils rapportent autant. n....... ,,.,,nn.c: nos fontaines comme nous le faire pour nos croisées et les de nos habitations; que partout nos villages, dans nos hameaux modestes la verdure et les fleurs les compagnes inséparables de des champs; ce sera pour ce un motif de plus pour élever son vers les régions de l'Idéal, du Beau du Bien. IV. Vœux Il appartiendrait aux Conseils cornde stimuler tous les particuà faire la toilette des rues ainsi que des abords des maisons. Le préfet du district, le contrôleur routes pourraient certainement exerune heureuse influence auprès des locales à l'occasion de leurs

On dira peut-être que chacun est maîchez soi ; cela est vrai, mais a-t-on le

droit de laisser séjourner surtout autour des maisons d'habitation des matières qui vicient l'air et compromettent parfois la santé de nos populations! Les épidémies, qui sévissent parfois dans toute une contrée et qui atteignent la majorité de ses habitants, la fièvre typhoïde, en particulier, ne provient-eUe pas presque toujours de l'absorption d 'eau contaminée par les fosses d'aisance, le purin, etc. Et puis, nous le disions en commençant, qu'y a-t-il de plus ~gréable pour l'étranger que de parcourir un village coquet, où l'on voit les rues propres, les bois bien entassés, où le tas de funùer disposé avec soin fait l'orgueil du propriétaire, où les fenêtres sont ornées de fleurs. Nous ne disons rien de l'intérieur des habitations où nous n'avons pas le droit de pénétrer; pourtant quelquefois il suffit d'entrer dans des appartements pour constater que là aussi il y a de grandes améliorations à introduire. On pourrait scuvent dire avec le proverbe: Où l'air ne pénètre pas c'est le médecin qui y entre. D'ailleurs ce que nous disons de l'intérieur des maisons rurales pourrait très bien s'appliquer à un certain nombre des demeures de la ville. Parfois même ici le coup d'œil est en· core plus triste. Les pouvoirs publics ont le droit et le devoir de prendre les mesures _qu'ils jugent néce~saires pour développer l'hygiène publique. L'école primaire peut rendre de signalés services dans ce domaine, mais ne demandons pas trop à nos instituteurs dont les programmes sont déjà si chargés! Si tout le monde y mettait un peu de bonne volonté, nos villages seraient transformés en quelques mois. Telles sont, bien incomplètes, ces quelques considérations suggérées par l'intérêt que nous portons au cultivateur du sol natal; ces quelques notes nous les livrons sans prétention aucune comme aussi sans pa rti-pris, mais avec la seule idée de


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92 contribuer dans la mesure du possible au bien-être du paysan et à l'embellissement de sa demeure. V n Fils de paysan.

L'Eglise dn Village Les paysans, qui s'en viennent de leurs pas lourds jusqu'au seuil de la petite église un peu effritée, sont simples et glorieux à la fois. Ils croient aux travaux des chafTipS, à la bonne charrue qui trace des sillons, à fétable où mugissent des bètes luisantes, ils croient aussi que le père et les ancêtres dorment là, sous une croix de bois, dans le vieux cimetière, et que tous les souvenirs de bonheur et de tristesse ont été consacrés pieusement sous les murs crépis à la chaux... L'église du village, - c'est leur idéal, - idéal dont ils ne s'expliquent pas bien la poésie, mais qui leu• met secrètement le cœur à l'aise... Et quand le bedeau, le vieux Jitard, savetier de son état, tire en cadence la grosse corde qui donne le branle aux cloches, et que l'Elévation sonne, ils sentent que c'est bien de baisser la tête, et peut-être même de se mettre à genoux... Car c'est la vénérable tradition, le sentiment des choses sacrées qu'ils honorent à leur façon avec une bonne foi touchante .... Oui, lorsque la clochette tinte, le gros Michel de mon village élève à Dieu une prière à sa façon ... Il reluque orgueilleusement sa Marie-Jeanne, si fière avec ses rubans bleus; il songe au lopin de champ qu'il a eu tant de peine à acquérir, et que tout de même, pour son plus grand contentement, il possède bel et bien .... Il souge encore à la grêle, au vent, à la récolte, à la jument qui dépérit, au • fieu • qui va partir au régiment, et de tout cela il lait humblement offrande à Dieu .... Naïve et rustique oraison, qui doit" être agréable au Seigneur, parce qu ' elle est dénuée de malice et part d'un cœLtr ingénu, tout , dret •, comme ça chante. le paysan, parce qu'il est simple, sent pro. fondément ... Il ne sait pas exprimer, c'est vrai;

111ais quand, sul' le parvis de sa petite il regarde passer le monde dans ses alours, et qu 'au fond de l'église il aperçoit cierges, gros comme le bras, brù.ler ment, et qu'il entend la musique des qu'il a chantés petit, accompagnés men! sur un harmonium sujet aux dit, inondé d'allégresse: • Ça va! ça val frottant l'une contre l'autre ses grosses calleuse, et c'est sa façon de consacrer deux syllabes la majesté d'tm beau jour résurrection du Christ et son bonheur Je n'ai jamais aperçu ces'petits accrochés au flanc des montagnes et blottis autour du clocher qui pointe, iamais vu ces bouquets de maisons qui semblent serrées autour de J'église qui domine, stns éprouver que l'âme des doit être réfugiée là-haut, sur la tour glise, et exprimer ses joies ou ses par la voix de ses cloches. Les belles, les somptueuses églises. qui tiennent à l'Histoire, sont évidemment gnes des soins qu 'on leur donne; mais les tres, les humbles, les laides, à J'ombre les il ne s'est passé que des événements curs, et oi1, pourtant, l'on a tant pleuJ"é, espéré, celles-là surtout méritent qu'on aime. Il faut qu'elles gardent leurs voix res, il faut qu'elles chantent les matins et radieux et les soirs crépusculaires, il fut qu'elles disent aux champs, aux oiseaux, l Il nature tout entière ·leu.rs humbles • Un petit enfant est né... ; une âme s'évade ciel...; l'amour est béni ... ; Noël! .Pâques! l' somption !... • Un village sans cloches, c'al une bouche sans vo·ix, un cœur Jans joie, une mère sans enfants. Tous les uu.uc·~"'"'""'­ qui bourdonnent disent l'allégresse de la douceur de mettre en commun un peu bonheur à certains jours de fête. Jean RICHEPIN.

-r La valeur d'une tête est en raison inYII" se ·aes soins superflus qu'on lui donne. 1 C'est une égale sottise de s'abaisser et~ s'exalter indOment.

Ce qu'on a perdu 1 On a perdu Ja paix, seulem_ent la paix, et 'aperçoit que, sans elle, nen ne compte, vaut, qu'elle est le bien souverain d'où to~ les autres. Est-il chose plus triste, dit-on souvent, dt> .penser aux jour~ heureux quand on dans la peine? Cela est vrai pour l_es n~­ corullle pour les familles et les mdiv1-

:e

Mais se doute-on qu'on est heureux quand l'est? Savions-nous jouir de la paix qui nous départie depuis tant d'années? Avionsle sentiment de tout ce qu'elle nous donde tout ce qu't'ile nous valait? La guerre on l'a, et le soleil peut briller, ne le voit .plus; la pluie peut tomber; on R la sent plus. Tout ce qui réjouissait, tout qu'on se disputait n'existe plus. Une seule absorbe tous les esprits, oppresse )es : l'amour de la paix, parce que la est Jà. San~ doute, on est prêt au devoir, à tous sacrifices, on se:-~1 croître ses énergies, on faœ à la guern~ pùssible, mais ce qui doles plliS braves, sans même peut-être qu• s'en douÏent dans leur légitime exaltation c'est le désir intense, violent de Il paix. La paix étüt un rêve; la guerre exerce ses ravages; elle les étend tous les jours; nous loin de ]a paix. C'est le moment de penser à elle, de l'aimer pour tout ce qu'elle tous donnait re..., sans que nous en fussions .. .. mnnaissanls, le temps de nous preparer a d'elle mieux que nous ne savions le de reconnaître qu'elie est la plus coml*te expression de la faveur divine. formons donc la résolution de cultiver la JBiX quand elle sera rendue au monde, qui l'appelle par la voix secrète et intime de tous l!s êtres humains. N'oublions pas cependant ~ue au milieu des angoisses aujoLtrd'hui tra'IU~ées, nous .pouvons jouir de la paix, de œlle du cœur qui se donne, de celle de la

conscience pure, nette et droite, de celle qui vient de l'accomplissement du devoir si pénible soi t-il. Cette paix-là, nul homme ne peut !'~rra­ cher à son semblable, et c'est cette pa1x-là qu'il faut surtout cultiver pendant la guerre.

La Litanie la mère Gelineau, qu'ils appellent souvent la Oelinette, est de Vendée aussi. Elle . a trois fils dans la bataille; un au nord, un vers l'Argonne, à ce q11 'elle croit, l'autre en Alsa':. Et le monde n'a plus pour elle· que tro1s points cardinaux: Etienne, Jean, Francis. E!le songe à chacun. de ses iils comme si elle n'en avait qu'un, elle u~int pour chacun d'euJt comme s'il était seul exposé. En vérité, cette · Gelinette, qui aimait plusieurs choses avant la guerre, et, par exemple, regarder sa volai!.. Je en rond devant la porte, picorer le menu g~ain; commander Ja maison quand le mari allait aux foires; manger de la millière ch~z sa voisine de la Favene; causer avec la lemme de l'épicier du bourg, sa plus intime ami~; elle n-'a pl~s d'autres plaisirs que ceux-c1 : prier pour ses trois soldats, lire leurs lettres, entendre parler d'eux. •Vous êtes comme moi, lui disait la voisine de la Faverie; les petits qui nous restent ne remplacent plus les grands qui sont partis, et même ils nous achalent encore plus que d'habitude. » Ce quf voulait dire queJes mères qui souffrent à cause des grands n'ont pas toujours assez de patience envers res derniers nés. I..e père, lui, n'a pas été pris par la guerre; du moins son corps est resté là, sur les champs de la Foogeraie, qu'il cultive depuis l'âge où les enfants, une gaule à la main, et leur première culotte trouée devant et der· rière mènent tout un troupeau des pâtures à l'étable. Mais l'esprit n'est pas souvent présent. L'homme travaille dur, car la ferme a bien 35 hectares, et, sauf un vieux valet au.x jambes torses, aucune aide possible. les bœufs même ont diminué de nombre à cause


95 des réquisitions. Il laboure, il refait les fos• sés, il coupe les épines; mais le soir, au soleil couché, quand il n'y a plus de lumière qu'au ras des collines et tout en bas, dan& \"eau de la Sèvre, mince et tournante parmi le& prés, il reste là, peut-être une demi-heure, pensant des chose~ qu 'il ne dii pas. Il est grand, et, avec un ,peu de soin, il serait un joli homme, avec son profil droit, son masque plein et rasé, et ses cheveux bouclés, encore épais au-dessus des oreilles. Sa femme est toute petite, et vive, et volontiers parlante. Leur métairie, tout le monde vous la vantera comme la plus grenante de la paroisse, bâtie à mi-coteau, ·longue un _peu, ayant l'étable en contre-bas, séparée par une cour, et, par·<lessus les tuiles, la vue des prés en pente, de la rivière, et des terres qui se relèvent. Maison laborieuse, maison joyeuse autrefois, dont le bonheur, aujourd'hui, t'SI trois fois exposé. Après sou.per, quand on a fait ·la prière en commun, dans la grande salle, selon l'usage, maîtres, valet, enfants, la mère, qui dit tous les commencements, de sa voix rapide, récite la litanie des saints de la famiHe, et alors elle va lentement, toute émoyée, mettant son cœur dans tous les mots. Elle dit: • Saint Etienne, saint Jean, saint François, sainte Anastasie, saint Pierre, sainte Guillaumette • , et les voix accordées des deux anciens et des plus jeunes enfants répbndent : • Priez pour nous! • Chacun aime également chacun des trois soldats, mais il y en a un qui écrit beaucoup plus souvent que les autres: Jean, le second, celui qui ressemble au père, et que lies cama· rades appellent Barbe-Fine, .parce qu'il a une barbe en pointe, d'un châtain clair, et à travers laquelle on voit un menton jeune et ferme. Dans la 27me compagnie, qui est la sienne, ce gars de Vendée dépasse d'une demi-tête les plus grands de ses camarades. On l'aime pour sa tranquille façon et pour son obligeance; on l'estime pour son courage. Quand le lieutenant - ·depuis longtemps il n'y a plus de capitaine - demande des hommes de bonne volonté, Gelineau est toujours. le premier à se présenter; mais on est sûr qu'il viendra de son pas bouvier, époussetant les basqueg de

sa capote : • Eh bien! mon lieutenant, moi étais à me reposer! Il paraît que voua besoin de moi? • Le lieutenant dit oui. On a toujours besoin d'un tireur été braconnier, d'un homme silencieux, ble dans l'attaque à la baïonnette, et cœur si doux cependant, comme la mère, plus de dix fois on a vu le Vendéen sur son dos, à travers la forêt, un blessé. La forêt! C'en était une, avant et, dans les communiqués, on continue crire ce mot-Jà. Mais les balles sont dea cheronnes, et les obus travaillent le boia rudement encore! Entre les deux lignea tranchées, et jusqu'à trois cents mètres ea rière, soit de notre côté, soit du cô~ mand, il n'y a plus un seul tronc de ou de hêtre, plus une gaule de noisetier: a été coupé, écrasé, réduit en poussière. copeaux blancs, tachés de boue, sortent terre brune, et marquent la place où les grands arbres. Au delà, vers les et les troisièmes ·lignes de tranchées, il quelques baliveaux, quelques . tiges ayant un bouquet de -branches, et de grands arbres dont les têtes sont tomb&a., voit loin, en hiver, dans ces bois C'est là le champ de bataiHe où Gelineau bat depuis quatre mois. Tout près de quand il est • de première ligne •, et qu'il tend, posté dans un observatoire, il des terrassements en zig-zag, des talus gaux, des rangées de sacs à terre, des railles rejetées d'une mine inconnue, tout prolongé jusqu'au po·int où commence le de l'horizon, et sans qu'on puisse liN•rn'1111111 un être vivant, une chose remuée, le d 'une arme ou le jour d'un créneau. Et dant, l'ennemi est lâ, partout, guettant. dan! des heures, chaque jour, quelquefois dant tout le jour, la canonnade ne cesse d'un côté le 77, Je 105; de l'autre, le 75, 90, le 155. Jean Gelineau Barbe-Fine leurs voix aussi bien que celles des chiens M. le vicomte de Beaubien, quand 1 de lièvre passe dans les haHiers et les des métairies de la Sèvre, et que les

- Que voulez-vous, Gelineau.? A boire? - Mon 'i~eutenant, donnez-moi mon cha· ou fagotant le bois, nomment : • Ra· Trompette! Président! La Goutte! pelet, s'il vous plaît, qui est dans ma poche r • Les thalles vont et viennent aussi, de droite. On ne s'arrête pas. La main qui s'est ten· les jignes. A force de les entendre, n' due pour saisir l'objet, la main gauche, es! rvenu à distinguer œllle qui file droit ';le follement; ceHe qui creuse le sol et toute blanche, et le visage aussi est blanc, et 11 tes yeux sont fermés. La pauvre tête se ~Il­ ; celle qui claque comme un fouet, verse en arrière; la barbe fine remue un peu, cassant un débris de bois; celle qui ricola pointe en l'air, et les lèvres demeurent enet dont le vibrentent décroît vite; celle qui tr'ouvertes, mais elles ne crient pas. Le- lieuà dessein, pour mieux déchiqueter sacs à terre des parapets, éclate comme un tenant regarde la main pendante, et qui tient Je chapelet. Les grains coulent, un par un, enobus et couvre de poussière les venteurs tre ces doigts qui ettrent .J'habitude de semer aux parois. Dans les moments où 'la fait sauter ou s'écrouler la terre des le bon froment. La première dizaine est ache. dans le vacarme des bombes, il a une vée. Mais le mouvement se ralentit. Le matin pour la maison de Vendée, la tendresse se lève dans les bois. mère, et le grand silence du soir venant. - Halte! dit le lieutenant. Les hommes déposent doucement le branconune il est très brave, il chasse le soucard sur la mousse. Ils s'aperçoivent que le qu i l'émeut trop. chapelet est tombé, et que Jean Getineau vient Jean Gelineau a été blessé, un matin, au d~ mourir. · jour. On ne sait quelle balle de hasard frappé. 11 arrivait au boyau de communi· A dix jours de là, et dans l'a,près-midi, la qui donne accès dans les tranchées. Il métairie de Vendée fut en grande douleur. On panni d'autres, et la 'forêt, encore à demi. avait tout appris, non par un avis adminis!Taen cet endroit, suffisait pour cacher tif, mais par deux ·lettres, une de l'aum6nter, petite troupe comme celte-là. 11 était tom· une du lieutenant, qui avaient voulu :rendre Deux camarades ont couru chercher une hommage à J'enfant et à la mère, et remerc~r dans un abri, et ont placé dessus le ces deux âmes. Tout le travail s'était arrêté, qui a dit d'abord: • Laissez-moi sauf le plus nécessaire, qui est de cueillir la BIW'ir ici! Je souffre trop! - C'est le 'lieuration des bêtes et de la distribuer. La mère qui l'a dit! - Alors, faites le devoir! • avait beaucoup pleuré, silencieusement; elle ce mot magnifique, et tandis que le gros s'était retirée dans ce qu'il's appellent .Jà~ba s la section disparaissait entre les murs de la chambre d'honneur, où étaient sa couronne et la première ligne, les deux porteurs de mariée, les portraits de tous ses enfants et soulevé le mourant. Ils l'emportent au le grand Otrist au-dessus. Quand elle avait d'ambulance qui est à un kilomètre, en rouvert la porte, les, petits qui attendaient, du village. Deux autres camarades les IŒOmpagnent, et aussi le lieutenant, qui aime Anastasie, Pierre, Guillaumette, avaient été œgrand gars de Vendée, son meilleur soldat, tout consolés de voir qu'elle ne .p leurait plus. A l'heure habituelle, et dans l'ordre habiIf qui veut savoir qu'il a des chances et le retuel, quand 'l'ombre entra dans la vallée, tous lllllmander au médecin, aux infirmiers.... Les ceu x de la métairie s'agenouillèrent pour la libres ne sont plus qu'éraflés ou troués par prière du soir. Ce fut la mère qui la récita, et ltalclats d'obus, dans cette région; il y a des c'est à peine si, par instants, elle faiblissait. Iles ; on est en sûreté. Le cortège suit Le dernier rayon du jour montait sur la mubordure de la piste boueuse tracée raille. Le père répondait, de ·la même voix que les pieds des hommes et des chevaux. d'habitude. quand la mère commença la lita- Mon lieutenant?

de métayers et les joumaiiers, remuant le


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nie des saints de la famille, il remarqua qu'elle - C'est magnifique! Je veux 1 passait le nom de jean. • Puisque le fils est avec vous .... mort, pensa-t-il, elle a raison . • Elle continua Et comme un culant l'apprend des Ia litaine. Mais après le nom de sa dernière de sa mère, ainsi frédéric Soulié a.ppri\ par mot, J'Oraison dominicale des lille, elle dit: - Saint Jean de chez nous... cet ange de charité, dont la prière avait Anastasie, Pierre, Guillaumette, levèrent la ché le cœur de Dieu.... tête, hésitèrent une seconde, el répondirent: Cet homme qui ava it blasphémé, qui -.Priez pour nous! . cherché à entraver le règne de Dieu aur Et en même temps, le père, de sa voix terre, répétait avec attendrissenrent: grave, disait aussi comme Ses eniants • Notre Père, qui êtes aux cieux, que nom soit sanctifié... , '111e votre règne René BAZIN, Il mourut dans la paix du repentir, de l'Académie irançiîse. s'être réconcilié avec Dieu, eu murmurant iortiliantes et suave3 paroles.

Comment Frédéric Sonlié revint à Dien Pour ce qui est du " Pater • nul n'ig11orr. que c'est la plus belle des prières, puisqu 'elle est tombée des lèvres mêmes du fils de Dieu. - Seigneur, lui disaient un jour les apôtres, enseignez-nous à prier. Quand vous prierez, leur répondit-il, vous prierez ainsi: • Notre Père, qui êtes aux cieux ... • Qu'elle est belle, qu'elle est touchante, cette prière du divin Maître. frédéric Soulié, un de nos romanciers, tristement célèbre, allait mourir. Elevé en dehors <ie iout principe religieux, n'ayant jamais appris uu mot de prière, le malheureux écrivain ne pensait pas à son âme. Une Sœur de charité était agenouillée au pied de son lit ct disait de toul sou cœur son Rosaire. Des. larmes se formaient sous ses paupiè· res et roulaient sur ses joues. Le malade lève la tête. - Que dites-vous ùonc ainsi, ma Sœur? - Notre Père, qui êtes aux cieux.... - Que cela l' ..t beau! Redites-Je donc encore!... El la Sœur de recommencer: • Notre .Père, qui êtes aux cieux... »

Variétés = LES ORIOINES DES MODES D'otl nous vient l'invention des yautêes? D'une princesse goitreuse Henri Il. Des robes à traîne, sous Louis XIV? ce que certaines favorites royales avaient longs pieds. Des robes à panier? Elles furent par Mme de Montt'span pour grossesses. De la perruque, dont ·l a vogue lut ve, ce même Louis XIV régnant? roi avait une loupe sur la tête. Pourquoi, sous Philippe Il, les les .portèrent-elles des guimpes mo•ntaa• Parce que la reine avait un cou très Pourquoi, sous Louis XV, les hauts Parce que Mme de Pompadour était Pourquoi pour .ta poi-gnée de jourd'hui, lève-t-on le bras hn.ei-.nnlfmLIIpour ensuite le plonger vers la Parce que la reine douairière aJOrS qu'eMe etait .Ja femme d LU'VUoOl\& avait un furoncle sous Je bras ... Et l'on pourrait continuer longtemps citations.

* Au théâtre. donc -

*

*

Comment, tu ne vois rien? pas apporté tes jumellesSi, mais je ne peux .pas m'en Pourquoi? ,...., J'ai oublié mes bagues!

Aveugle

des paroles de pitié s 'échappèrent de mes lèvres. Pénible contraste, en effet! Au milieu de ce un clail:' matin de printemps, je me décor harmonieux, dans le triomhe éclatant is dans la campagne épanouie; le sode la vie renouvelée, cette vieillesse infirme doux, l'air embaumé; la fraîcheur dQ semblait une ironie du sort, et la gaieté de la Je chant des oiseaux, les corolles muinature en fête paraissait insulter à cette misèdes fleurettes qui égayaient le tapis re humaine. des prés, les jeunes feuilles sortant des - Ne niC plaignez pas, reprit-elle, . avec gonrlés de sève, tout respirait le une expression fervente, je n'envie personne, de vivre, et dans cet hymne d "espéje suis heureuse; Dieu me parle et je l'enque la nature redit à chaque printemps, tends, car Il est dans mon cœur. is mon cœur battre à l'unisson de la Je demeurai sans parole, profond~nent universelle. touchée par l'accent convaincu de œtte fem11 me revenait en mémoire les alertes vers me et par la lueur subite qui passe sur ses passant, et je me surpris à fredonner: traits. L'ayant quittée après quelques mots de Mignonne, voici l'avril, sympathie, je <:Ontinuai mon chemin, admiLe soleil revient d'exil, rant en moi-même comment Dieu se découTous les nids sont en querelle... vre aux âmes humbles et sait établir son roSoudain, au détour du sentier. une voix yaume dans les cœurs les plus accablés. Ua: • Vous me semblez bien joyeuEt je compris ce jour-là qu'il est des aveuqui dès le matin chantez comme les gles plus à plaindre que ceux dont les yeux • je m'arrêtai surprise, et je vis une sont fermés aux beautés du monde visible: ce femme assise contre un talus verdo- - sont les hommes qui n'ont jamais vu luire en la dureté d 'une ·longue et laborieuse leur âme la lumière intérieure émanant du avait creusé sur son visage de mul- Christ, et qui, plongés dans la nuit froide de et profonds sillons; ses mains !rem- leur incrédulité, ne songent pas même à lui en essayant de réunir en bouquet les crier: que des enfants qui s'ébat- · • Seigneur, faites que je voie! • d'elle apportaient pêle-mêle ARMOR. Mais son regard, surtout, complètement vide d"expres-

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• Comment ne serait-ou pas joyeux en face tel spectacle, répoodis•je, en désignant geste circulaire le paysage charmant qui il à mes yeux. - C'est vrai, dit-elle, je n'en puis jouir, je suis aveugle. ! pauvre femme, et depuis longtemps? j'étais encore enfant, lorsqu 'une maladie ferma mes yeux à la lumière du jour tous les soins ont été vains, tous les remèont échoué contre mon incurable inlir-

Je

compris alors le pourquoi de ces prnobstinément fixes, et devant une telle prise d'une compassion profonde,

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La morphine Le médecin remet ses gants au milieu de toute la famille : père, mère, femme, sœurs, oncles, tantes, bonnes, etc. - Vous savez, si vous voulez lui faire venir un prêtre ... c'est le moment! - Oh! pas encore! Ça le tuerait! s'écrie J\ladame. - Comme vous voudrez. El le médecin s'en va; mais sur le pas de la porte, en allumant sa cigarette, il ré·pète le mot de la femme! • Ça le tuerait! • et il


98 hausse les épa_ules dans un geste de suprême pitié. Là-haut, le salon est devenu comme la coulisse d'un théâtre. La scène c'est la chambre où le moribond agonise, tout trempé de sueur. Avant d'y pénétrer, on va devant la glace; on se tapote les yeux, on met un doigt de poudre pour cacher la rougeur laissée par les larmes, on arra·nge ses cheveux, on étudie une attitude... et on soigne son entrée. - Bonjour, Edmond ... - Bonjours, exhale douloureusement le malade. - Et .J'appétit... en as-tu un peu? Il remue la tête d'un air lassé. • Que veux-tu, mou garçon, c'est très naturel, tu ne dépenses pas de forces... le be· soin de la réparation se fait .moins sentir ... Quand tu voudras un doigt de lait, ou un œuf à la coque... ? tu sais, tu n'as qu'à faire un signe.... • .. Un quart d 'heure après, la lemme arnve. - Eh bien, Edmond? - C'est tout naiurel que tu ne te sentes pas mieux... il lait un temps atroce! Moi qui ~ u i s bien portante, je souitre de partout aujourd'hui.

* apr.ès,* l'oncle: Un quart d'heure • Eh bien, mon garçon, ça va-t-iL? tu n'a pas encore l'air très brillant... mais les rhumes négligés, c'est long... ça, on le sait. Seulement le baromètre remonte... très heureux ça que le baromètre remonte! .. • Puis c'est le tour des trois tantes. • Veux-tu de la tisane? Tu ai moins de fièvre qu'hier... oh! certainement; attends un peu que j'arrange tes oreJllers, là .... comme ça. • Et, comme à ce moment, le malade sc jette en arrière dans une crise: - Ce ne sera rien, va, mon garçon! - Mais enfin, suis-je en danger? - En danger!!! ... Veux-tu bien ne pas d ire des horreurs pareilles... t 'as donc peur?... - Non ... je n'ai pas peur, fait le jeune homme, les yeux tout brillants de fièvre ....

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99

c'est même pour cela voir ? - Et bien je te Je dis ... tu as un négligé, voilà! ... Qui n'a pas un rhume gligé dans sa vie? .... Surtout ne vas paa des paroles pareilles devant ta jeune ou tes parents. C'est curieux comme les mes ça ne sait rien supporter... même lea liciers... Ils ont beau avoir un grand sur la cuisse, dès qu'ils sont obli~s de cer un peu de guimauve, tout de suite ila croient perdus... En danger?... tu es Nous le préparons même ta malle pour nes.

* * du soir.

Sept heures Tout le monde dîne. La petite jeanne - 10 ans - la d'Edmond, est venue manger son dessert côté de son frère. Ils sont là bien seuls les deux; et ça le repose, le malade, en lace de lui cette calme figure d'enfant ignorante des comédies de la · vie, et qui regarde avec de grands yeux .peinés, d'une compassion qu'elle ne pense pas l cher. Elle mange du raisin, la petite. • Tu veux m'eu donner un peu, Jeanne? > Et pendant qu'elle lui fait manger la pe grain à grain, il serre l'enfant contre _' Dis, Jeanne, je suis un bon chrétien, je ne voudrais pas partir comme un n'est-ce pas que je suis bien malade? . - Réponds-moi... jeanne? Et la petite l'embrassa en pleurant : - Oui... va... tu es bien malade... - Tout le monde le dit, pas vrai? - Oui, murmure l'enfant qui ne sait mentir - je vais mourir ... n'est-ce pas? - Peut-être aujourd'hui... que papa a tout à l'heure...

*

*

En recevant ce coup en pleine poitrine, moud pâlit comme un condamné à mort

réveiller le matin pour le tuer dans une A)ors Jeanne est prise de peur: • Mon qui a une crise! ... • r oui le monde se précipite dans la chammalade revient vite de son instant de ; mais déjà on l'a piqué à la moren triplant la dose. Et dans cet être sur lequel se profile l'ornr de .la mort avançante se passe un phénoétrange... L'âme, avertie de l'effrayante s'est tout à fait ressaisie et réclame prêtre à tou~ prix; mais le corps engourdi morphine n'obéit plus à sa voix; el cette consciente de la suprême partie qui se guette anxieusement le premier ins tant le narcotique n'agissant plus, elie pourfaire exécuter sa volonté. Mais, ô horreur! les mouvements fébriles imprime déJà aux membres dans son de parler sont pris .pour une ex· de souffrance, et alors on fait une piqûre, puis une troisième... Et l'âme perçoit l'épouvantable situation ... veut que le corps boive la mort insensisans souffrance; et on endort, sans à l'âme qu'on enferme vivante comme être palpitant de santé qu'on clouerait dans tombe... Et faisant des efforts effrayants pour sela paralysie de ses membres, l'âme du reux veut crier: • Il s'agit bien de ce· un prêtre! ... par pitié! ... • Et comme la petite Jeanne, sans le savoir, traduit sa pensée : - Si on allait chercher M. le Curé?... - Veux-tu te taire!... crie le père.. parl11 bas ... merci!... un prêtre avec son fountison étole!... ses cierges! ... tu veux le tuer tout de suite ton frère? .... - Mais... pourtant...? hasarde une tante. - Pas du tout!!! C'est très simple ... s'il bail voulu un prêtre ... eh bien! il...

- 11 ... ?? - Il l'aurait demandé. Pierre l'ERMITE • Laisser mourir les vôtres sans appdcr

un prêtre, sous quel prétexte que ce soit, est une sottise et un crime. Le prêtre est le mé~ decin de Fâme : jamais sa visite n'a fait de mal à personne .•

Le Curé aux Champs Le curé est rentré chez lui, dans la mai· son basse qui est derrière l'église, et qu'on reconnaît à la croix de fer piquée sur le mur du jardin, et aux trois poiriers en espa~ier qui s'épanouissent sur la façade, bien notrs, parmi les briques moisies. La servante a allumé la coquille de charbon, malgré la défense. Est-ce qu'il vivrait encore, si elle ne lui déso· béissait pas? Un homme qui ne sait pas, ~u qui n'a pas J'air de savoir quand il fait frotd et quand il lait chaud, et qui tousse la nuit. Il a vu la guerre, de 70, n'est-ce pas? Eh bien! c'est la seconde qui lui a fait le plus de mal, celle d'à présent. Il n'est plus jeune du tout, et il a le cœur tiraillé entre tant de misères, dont aucune n'est la sienne et qui le font tou· tes souffrir! Elle a raison, Marie! - Marie, voilà une grande peine pour moi : les champs n'ont .pas tous leur façon. J'ai vu la femme Didelot, et la Cordebart, et la Parcelier, cet après-midi; elles ont encore un mauvais cheval pour faire les labours de printemps, et un valet pour tenir la charrue : des petits jeunes gens de quinze ans, au menton de ,petite fil le, à qui, en temps de paix, on n'aurait jamais confié une poignée de blé de semence. Mais la mère Chenocourt n'a pas trouvé même le moitié d'un journalier pour travailler ses terres qui sont précisément près du ca:rrefour du Rencogné, là où finit ma pa· roisse. Elle a dû aller aujourd'hui, dans la paroisse voisine, chercher du monde. En trouvera-t-elle? Une veuve, et qui est .pauvre, et qui a trois fils à la guerre: à moi, cela me 1ait une peine que je ne saurais dire de voir ses anciens chaumes, qui sont encore debout, au milieu des autres terres, retournées et semées. Je m'inquiète pour elle de la saison qui passe. Je comprends mieux que d'autres. Je suis toujours un paysan, Marie, un paysàn consacré.

,

La matinée du lendemain ressembla à beau: coup d'autres ma_tinées d'avril, dans

~e

climat


101

100 du Nord que commande la marée; le brouillard couvrit le soleil dès son lever, et vers onze heures c'est-à-dire au moment du ilux, une pluie fine se mit à tomber. Mais peu après-midi, les gens qui eurent affaire soit au curé, soit à la servante, eurent beau tirer la sonnette du presbytère, puson· ne ne vint ouvrir. Et à l'extrémité de la commune, sur le plateau sans arbres, les rares passants de la campagne virent un homme et une !emme qui conduisaient la charrue. lui, il était très grand, très droit, nu-tête sous la pluie qui collait ses cheveux blancs en houppes désordonnées: il avait relevé sa soutane jusqu'à la ceinture; elle !aisait bourrelet, tachée de boue, serrée par une corde; et, à longues enjambées soutenant des deux bras la charrue qui heurtait les pierres, il suiva i 1 la pouliche, trop jeune pour travailler, mais courageuse et toute fumante de sueur, qu'avait louée la veuve Chenocourt. Une petite ombre courbée en deux, trébuchante, couverte d'un manteau de misère, se tenait, avec peine, à la hauteur de l'attelage, et, pacriois, sur l'ordre du laboureur, levai! le manche d'un fouet ou tirait sur une guide. Ni l'un ni l'au· tre ne parlaient. Autour d'un vieux moulin, posé sur un renrflement léger du sol, et d'où les ter,res coulaient, d 'une pente insensible, jusqu'à l 'horizon de la plaine, ils traçaient un sillon, puis un autre et un autre encore. Quand le jour commença à décmi!re, comme ils étaient arrivés au plus près du moulin, Marie arrêta l'attelage et dit: - Je ne suis pas comme vous; j'étais couturière avant de vous servir: je n'en peux plus. Elle était blanche comme le ciel tout lavé et dégagé de nuages qui luisait du côté du vent. - Rentrez donc à la maison, Marie, vous l'avez bien gagné, car la terre était dure. Elle !it quelques pas, descendant les guérets, dans Je silence qui suit les long-ues pluies. - Vous sonnerez l'• Angelus •, lorsque l'heure sera venue, dit encore le curé. Une voix comme un souffle, répondit oui. Et sans plus être aiM, tout seul dans le désert des labours et des blés nouveaux. jusqu 'à la grande nuit, le curi se remit à d-éfoncer, au pas de la jument grise, la jachère longue des trois mobilisés. René BAZIN.

_______.........._____ ,

Agriculteurs, Restez à la cam pagne On l'a dit bien souvent: • Nul ici.t>as content de son sort.. Voilà une vérité ne, mais tou,jours vraie et qui explique des misères de famille et p~dois bien souHrances sociales. L'ouvrier - l'ouvrier intelligent et - a!>pire à être patron; l'employé veut être gociant; le manœuvre désire devenir le paysan, lui, veut être citadin, et le bre des agriculteurs qui, chaque ann&, serient les champs pour aller dans les des villes est toujours plus rn1J1<"n'"'"" Le mouvement est régulier; lentement, mais continuellemenl. On peut voir le temps, où, malgré les machines coles, les campagnes seront .peu ou pas plées, et où les terres resteront en faute de bras pour les cultiver. Déjà ment, dans nombre de nos villages, on a ne à trouver des ouvriers de campagne. Pendant ce temps, les grandes villes leur population grandir rapidement. Trop l'étroit dans leurs anciennes limites, elles gissent lettr enceinte, font de nouvelles que viennent occuper les villageois. les campagnes se dépeuplent, les les grandes villes croissent. Voilà un fait tain. · Quelles en sont les causes? Elles sont brenses. Nous allons en étudier une lement. C'est d'abord, c'est surtout cette i ble fascination qu'exerce la viii~ sur de s paysans. C'est un mirage qui les les aveugle, les attire. C'est une iiJusion. ce qu i est loin paraît beau. la ville a ~- distance, au cultiva teu'r, comme un béni et bienheureux, une sorte de parad is reslre où sont réunis tous les plaisirs et te~ les commodités de la vie, ott l'on l'argent à !oison, où 1'on est heureux. P:trlez à ce jeune mtnier de campagne travail épuisant de l'ouvrier de chantier d usine, du travail anémiant de l'employE,

inquiet du commerçant: il haussera les et rira de vos réHexions

A son idée, l'argent se gagne très. facileà la ville, on l'y ramasse à la ·poignée à pelle. Et 011 cite l'exemple d'un ami, d 'une cm~­ qui a fait à la vil·le de belles al!alqui a i'agné une fortune, qt.IÏ possè~e maiet magasin et que l'on v01t pario1s reveau village en automobile. ,Mais on ne dit pas qua cet homme a été grand travailleur, un homme sobre, êcopersévérant et que c'est vraiment à la de son front qu'il s'est !ait la belle poqu'il occupe. Mais on ne di-t pas, on ne veut pas saque, à côté de celui-là, 10, 50, 100 autres de la campagne n'ont pas réussi, vivent une gêne, une pauvreté et une misère n'auraient pas connues à la campagne. A la ville comme aux champs, l'argent ne rieftt pas tout seul; il faut savoir le gagner et Si l'argent n'est pa& plus facile à gagner ta ville qu'à la campagne, - s'ii l'est même *»ins en bien des circonstances - il s'y dépense beaucoup plus vite. A la camp.1gne, on pgnera 100 fr. par mois; en ville, 150 ou 200; mais on ne remarque pas qu'à la camt)agne on est nourri, souvent encore logé; que œs 100 ir. sont presque tout bénéfice; qu'en rille, il faut, sur cette somme, s'entretenir, )llyer une pension à part, une chambre à part, une toileHe plus soignée, plus chère, laire des dépenses inconnues à la campagne, œqui lait qu'il ne restera rien de cette somplus forte qui était le salaire du mois. qui enrichit, ce n'est pas uniquement ce l'on gagne; cela, évidemment, est beaucar, qui gagne beaucoup, peut aussi tiser davantage; ce qui enrichit, c·est qui reste dans la maiu, après les dépenses ires. Or, ce qui reste dans la Klain l'ouvrier de campagne est panfois plus conque ce que garde la main de l'oude ville.

Dans les villages, il y a parfois des pauvres; mais il n'y a pas de malheureux. Les paysans - souvent du moins - s'aident les uns les autres. Dans beaucoup de maisons, les cultivakurs ne refusent pas de secourir le père et la mère de famille qu'ils savent être travailleurs, honnêtes, et dans la gêne, uniquement parce que la !amille est nombreuse et en bas âge. Dans ·l es villes, malgré tant d'œuvres de charité et de bienfaisance, c'est trop souvent la gêne la plus dure, par·iois même la misère; el le paysan, s'il a un peu d'instruction, peu <lé religion et de sens moral, et beaucoup d ambition devient un de ces déclassés et un de œs mécontent• dont nous voyons, de si tristes échantillons. Puill, on voit la conséJ:Iuence de celte!: arrivée dans la grande ville pour un grand nom· bre d'immigrants. On part du villaj;!'e plein d'espoir, car on est sûr de faire fortune; et vite les déceptions accourent. Que de courses, dr démarches, de sollicitations, de visites, pour obtenir une place, un emploi si modestes soient-ils! Que tout cela est loin de ce que l'on avait imaginé! Dans ces circonstances douloureuses, on reviendrait bien à la campagne; mais on n'ose pas, on s'obstine; on craint l'ironie des vots;ns. Que penseront-ils? que diront-ils de moi? Puis, on a gofité au plaisir banal des villes; on n'est plus assez paysan pour labourer. Les belles mains blanches ne veulent plus tenir les instruments agricoles. Pour les travaux des champs, il faut non. pas les mains gantées, mais bien les mains durcies par le cal et le travail. Pour réagir contre cette immigration du campagnard vers ies grandes villes, il faut • surtout , le convaincre des av~nlages de sa s ituation. Il est cerlain que, si l'agricuUeur voulait !aire lui-même un examen sérieux et impartial de sa position, en peser scrupuleusement les avantages et les inconvénients, il changerait d'idée et trouverait son sort très su.pport:lble et préiérable à celui dr beaucoup d'autres.


103

102 C'est un paysan, disent de lui les citadins, et ce mot l'humilie. Pourquoi donc? Chacun a sa noblesse: l'une vaut l'autre et, parmi ceux qui regardent le paysan avec dédain, combien peu en ont le solide bon sens, la forte santé, la franche droiture et ces fNtes qualités d'honnêteté, de travail et d'économie qui constituent les traits distinctifs de son caractère. Pourquoi l'homme des champs s'obstine· t-il à méconnaître son bonheur? Son travail est rude, c'est vrai; mais il est sain; il se fait au grand air et il est plus facile à supporter que le travail d'usine ou d'atelier dans une atmosphère étroite enfumée ou empestée. Son travail est rude; mais il n'est pas continuel comme celui des villes. Assurément, l'é· té c'est pénible; c'est pressant; mais après, il y a de belles journées, des semaines entières parfois où le travail est bien diminué et où il fait bon être ouvrier à la campagne. Puis v:tn t l'automne, où les travaux ne sont plus urgents; puis vient l'hiver qui amène des mois de r~pos ininterrompu et les joyeuses veillées auprès d'un fourneau bien chauffé ou d'une belle lumière électrique. A la ville, à l'atelier, au chantier, il faut travailler, sans arrH, tous les jours, du commencement de l'année à la fin. Enfin, point de chômage à redouter à la CJmpagne, point de ces grèves, qui sont quelquefois le seul moyen de défendre des droits, d obtenir une augmentation j·ustifiée de salaire; mais qui en même temps, font de si larges brèches au modeste budget des ouvriers et leur imposent de dures et longues privations. Avant tout, agissons sur la mentalité du campagnard. Au ·lieu, à la campagne, de bourrer l'enfant à l'école de matières quïl digère mal , mieux vaudrait lui donner une sérieuse iu~truction professionnelle agricole; lui apprendre les principales règles de J'agronomie. tl y aurait, sous ce rapport des modifications à apporter au programme des écoles. Des maintenant, les instituteurs les institutrices peuvent laire beaucoup, d~ns les lee· tures faites en classe, dans l'énoncé des problèmes d'arithmétique, dans les leçons d'éco-

nomie domestique, en initiant leurs élèvea éléments de l'agriculture raisonnée, en liant la culture de la terre et les avantare. la vie à la campagne. Sera-ce tout? et la guérison du mat elle dès lors assurée? non, certes non faut ici tenir compte d'un facteur ' l'esprit du cuHivateur. Le bonheur est en il dépend moins de la condition que de d'âme, que de la conscience. Au premier des éléments qui constituent le bonheur ett résignation; ajoutons la résignations tienne. A quoi sert de conquérir Je si on ne le comprend pas, si on ne le sent si on n'en jouit pas? Ils sont nombreux qui semblent être les heureux de ce et qui envient le sort de ceux qui les sent! . Donnez. au paysan, l'esprit de famille, pa1x de l'ame, l'amour de la simplicité time de sa condition, •la possession d~ honnête bien-être que vantaient déjà les ciens; mais aussi et surtout la foi à des tinées éternelles et vous aurez beaucoup pour le délivrer des illusions et des a~:eptia. de Ja ville. Paysans, mes amis, • pou·r être heureux, restez à la carnplli'Deth

Les tisanes à la mode = II y a une crise de la fasse de calé. n'est plus la reine incontestée des lins de pas. Nos maîtresses de maison semblent loir instaurer la suprématie de la tisane. Ne parlons pas du thé, qui depuis temps lutte assez heureusement sur ce ou plutôt n'en parlons que pour signaler variété qu'il est de bon ton d'offrir celle qui vient de Chine, d'Angleterr~ ou Russie, jusqu'à celle de Ceylan qui s'est posée assez fâcheusement, n'ayant du thé le. nom. Tout cela est bien banal pour fa1re notre désir d'inédit. Le maté, du Sud-Amérique, ne paraît pas appelé nous à un bri.Ilant avenir. Pourquoi aussi avoir simplifié la préparation au point de

au niveau d'une infusion quelconque? tui avait laissé le prestige d'une élabodélicate et l'exotisme de la bombilla, eût-il résisté avec plus dënergie. tout cela, c'est encore trop pr~s du et de son action sur l'or·g anismc. Car il bien évident que dans ce renouveau de à côté du désir de nouveauté, quelancienne que cette nouveauté puisse être, de la recherche de goûts délicats (il est que la gamme des parfums inclus au des corolles se varie presqu'à l'infiil faut faire une place de premier rang préoccupations d'hygiène. Que voulez-vous, peut-être a-t-on, avec les !cures intentions du monde, un peu trop de responsabilité nos nourritures les après les autres, ct stigmatisé les dan· que nous ferait courir chacun de nos habituels. Une exagération en entraiune autre. Ainsi a-t-on amené la décadence vins et leur abandon. Ainsi vivons-nous siècle de l'eau minérale. De même le café détracteurs et le spectre de l'arthritisme nos faiseurs de menus. La peur de l'ar· ltlrlo-S•Ciero~;e, disait Je docteur Burlurcaux, a cé chez nos contemporains la peur de . Le public en soupçonne la cause parce qui fait compensation à l'incertitude médecins qui ne la découvrent nulle part. caféine du café, du thé, du maté, pourrait lire en cause, comme l'alcool des· vins. On proscrit donc volontiers, au même titre ces derniers, et c'est ainsi qu'on en arriaux tisanes. Variété presque infinie, avons-nous dit en d'elles. Ceci ne serait vrai que si nos connaissaient la liste innom· des espèces végétales qu'ils peuvent metIre à contribution. Mais il n'en est pas ainsi. Ea réalité une courte enquête nous a montré leur science se résume -à un petit nom· de plantes, auxquelles la voix publique a tout temps attribué des vertus que les sa· leur reconnurent jadis, dénièrent ensuite rfhabilitent à l'heure actuelle. C'est un peu sort de toutes les choses humaines. Panni ces simples, haussés à l'honneur des

porcelaine tines et des napperons brodés, il faut placer en première ligne la camomille et le tilleu l, calmants réputés, favorables aux estomacs délabrés ou propices aux sommeils réparateurs. .Parfums doux et de tout repos, éYocafeurs des intimités• provinciales et des soirées paisibles de l'enfance, espériez-vous un tel renouveau? Vous voisinez, dans les théières précieuses, avec l'humble violette, que les anciens thérapeute;; estimaient béchi· que, édulcorante et pectorale. Il est rafl~né d'ajouter à vos lieurs desséchées une leu1lle d'oranger qui en rehausse le goût. Plus relevées de ton sont la verveine ct la citronelle, dont la senteur est véritablement lori aimable. La menthe poivrée surtout a les faveurs d'un grand nombre de gourmets appréciateurs. Il lauf ccft infusions assez faibles si l'on ne veut pas que leurs délicates qualités soient voilées par l'âpreté vite venue de leur arome, si l'on désire qu'elles ne deviennent pas offensives pour le pauvre estomac auquel on veut, au contraire, assurer un repos sans remords. A côté d'elles, nommons les feuilles de cassis, que certains estiment utiles aux circu· lations encombrées et à la tension exagérée ne nos vaisseaux . faisons une place éminente à l'eucalyptus grand épurateur de nos bron· ches, autour duquel rayonne l'auréole de l'antisepsie, mais reconnaissons que l'intensité de son parfum lui fait de nombreux adversaires e! lui interdit à peu près toute union savou· reuse avec ses congénères. Car, avec ces quelques espèces, on eflcc· tue les mélanges les plus divers, et il suffit de me(tre les noms dans un sac, semble-t-il, et d'en tirer deux ou trois au hasard pour être e11 possession d'une .f ormule nouvelle. Les mathématiciens vous diront combien on en peut composer en associant deux par deux ou trois par trois les huit ou neul noms les plus habituels. li parai! que la menthe et le tilleul se marient de façon parfaite, que l'oranger et ta verveine !ont un excellent ménage. Au surplus doit-on corser quelque peu toutes ces infusions en leur adjoignant quelque graine de badiane, autrement dit d'anis étoilé. faut·


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il dire que cette badiane compte parmi les essences que l'on a considérées comme les plus nocives parmi celles qui entrent dans la composition de l'absinthe? Un _peu d'illogis· me ne messied pas aux modes nouvelles. Ne croyez pas d'ailleurs que vous obtiendrez ces chefs-d'œuvre avec des plantes achetées çà ou là, sans plus. Sachez que la contrefaçon s 'exerce en ce domaine aussi. Il est cc-mmun, par exemple. de recevoir de minuscules pensées au· lieu des violettes que l'on réclame. Le fin du fin est d'oifrir des mélanges dont les composants viennent de vos propriétés et ont été récoltés devant vous. Mais pourquoi s'en tenir là? Des tisanes, on en trouverait plusieurs centaines à com· pulser quelques vieux auteurs. En dehors même de celles qui sont très actives et [leurent trop directement l'officine, il n'y a, au propre, qu'à se baisser pour cueillir. Sans parler de la salsepareille. si appréciée aux pays ensoleillés, pourquoi oublier le bouillon blanc et le chèvrefeuille, la mauve et le pavot, l'alkekenge, cher à Van Helmont, et le grémil qui s'appelait jadis thé des jardins? On en citerait ainsi un grand nombre. A vrai dire, à côté des vertus curatives, plusieurs de ces infusions n'ont rien de fort agréable; mais le sune fait passer bien des choses, et parmi celles qui nous sont offertes, n'en est-il vraiment que des savoureuses? Au reste, si l'on fait bon marché des qualités médicinales de ces filles des champs et des bois, il est d'au· tres mélanges qui, sans peine, au point de vue du gout, les surpassent. Ne serait-ce que cer taine formule : boul"bon-moka-martinique ... Mais c'est du café, cela? - Certes, oui, madame, c'est du calé, c'est-à-dire la tisane que vous buviez hier et celle que vous boirez de· main. C'est du moins la grâce qui vous est ici respectueusement souhaitée. Dr Henry BOUQU ET. (Le Temps.) .._,_.......,..__

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Vadétés HISTOIRE D'UNE AME Dans la foule, secrètement, Dieu, parfois, prend un<! âme neuve,

15 .Juin 1916

Qu'il veut amener leutemenl Jusqu'à lui, d'épreuve en épreuve. Il la choisit pour sa bonté Et lui donne encore en partage La tendresse avec la fierté, Pour qu'elle saigne davantage Il la fait pauvre, sans soutien, Dans les rangs obscurs retenue, Cherchant Je vrai, vouiant le bien Pure toujours, - et méconnue. Il lait plier sous les douleurs Le faible corps qui l'emprisonne; Il la nourrit avec des Heurs Que nulle autre âme ne soupçonne;

Il lui suscite chaque jour, Pour l'éprouver, une autre peine: li la fait souffrir par l'amour, Par l'injustice et par la haine. jamais sa rigueur ne s'endort; L'âme attend la paix? Il la trouble; Elle lutte? Il frappe plus fort; Elle se . résigne? Il redouble.

/

vtmatre '

@~{ ~1i'l~J i DE LA

So~iété valai~tU)IJe) d 'édu~aticn

11 la blesse d'un coup certaiu Dan5 chacun des êtres qu'elle aime, Et lait de son cruel destin, Un mélancolique problème!

A Il 11 Il

la rude loi du travail, la condamne, ainsi lrappéc; la durcit comme un émail, la trempe comme une épée.

Juge inflexible, il veut savoir Si, jusqu'au bout, malgré l'orage, Elle accomplira son devoir Sans démentir cc long courage. Et s'il la voit au dernier jour, Sans que sa fermeté réclame, Il lui sourit avec amour: C'est ainsi que Dieu lorge 0000000

:r. Il est uue petite bouté si légère flotte à la surlace de toute chose; on la me politesse.

Pnblicaüon du MUSEE PEDAGOGIQUE L'Ecole- primaire donne un~ dizaine de livraisons d'au moins 8 pages, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'aunée ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre).

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:i: La reconnaissance fait naître et l'affection ,fait vivre la reconnaissance.

dans l'esprit).des enfants que ce qu'on_ souhaite y


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