No 05 l'Ecole primaire, 15 Mai 1919

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Il vit dans le célibat selon les paroles du Christ: Nul ne peut servir deux maîtres. et il ne peut et ne veut disperses ses forces entre sa_ famille et la graQde famille que Dieu lui a confiée, la communauté. Il veut .servir Dieu, il veut' devenir son semblable. Personne ne peut faire tant de bien que le prêtre. 11 a l'Evangile dans le cœur et vit d'après l'Evangile. 11 parle aux heureux et aux malheureux, c'est pourquoi tout le monde honore en lui le Sauveur qui a dit: qui vous écoute m'écoute. C'est pour cela que le prêtre est le meilleur ami de l'homme..

Va1iétés LES ANOES 'PA,R !LBS CHEMINS Une jeune montagnarde habitait une ferme isolée, !rès haut, à la lisière d'un pré, qui était comme une émeraude en été, comme une grosse perle ronde en hiver à cause de la neige, et que la forêt de sapin, de !ous cô!és, l'envdoppait. Chaque matin, portant le lait de ses vaches dans un grand vase, elle descendait jusqu'en ville où elle avait ses clients Il fallait partir avant l'auibe, ka verser les bois, longer des torrents, marcher si vite qu' elle arrivait souvent devant la première maison de la ville avant ·que les volets en fussent ouverts. - Claude Henriette, lui demanda quelqu 'un, e.st-ce que vous n'avez pas peur en descendant de la ferme? - Jamais. - Vous êtes toute seule pourtant; vous ,partez même avant le jour. - Mais non, Monsieur, je ne pars qu'après que l' Ange lus a sonné. Et après l'AngeJus les anges sont .par les chemins. Joli mot, n'est-il pas vrai?

EN OALll.JEE Les Turcs ont indig11ement ravagé ce pays, si cher à tout cœur chrétien parce qu'il {ul

la patrie de Notre-Seigneur. Durant toute 'durée de la guerre, ils ont campé dans œtte contrée, a.près avoir 'fixé à Nazareth ~ leur quartier général. Quand ils onl entrevu ! _issue des hostilités. ils ont donné un libre cours à leur rage. Ainsi l'archevêque de Qa. li lée, rentré d"Egypte après quatre ans d'exil, n 'a trouvé partout que ruines el désolation A Caï[a, 3000 chrétiens, ayant tout vendu pour sauver leur vie, sont réduits à la der• nière extrémi!é . Aux scènes de pillage ont succédé la diselte el les épidémies: plus du tiers de la popuialion a disparu, mais il a'• git mainlenani d'habiller et de nourrir des milliers de veuves, d'orphelins et de vieillards. Aussi l'infortuné pasteur du-malheureux diocèse adresse-t-il un appel à toutes 1ea âmes croyantes el compatissantes, et il le termine ainsi: Chrétiens, la patrie de votre Sauveur, de voire ,Mère du Ciel, des saints Apôtres, est bien aussi votre ,patrie: pitii pour la Gali-lée.

• Un bria,ve hom11ne se présen tc chez le 1

r:1hanmacien de son vrirlCiage. - Mes ra-(.s ne sont pas morts, m s1e11 Paiubou,Me. - Avez-vous s,ui1vi le 'P'roc-édé que je vous ai indiqué en \fous re1neU1ant .le remède? - Qui, m1sieu! - L'aivez...YoUrs éforndu surr du l)ain Irais? - ou~, m'sieu! - L'aivez-vou,s fPOSé devant ,les trous, da111 un eJldroit sec? - Quri, m'sieu! - Bt les ra~s ne sont !})'as morts? - FJ,s n'y 011,t seul!emenit pas toudhé! Allors, 1re 1phac11maoien, ~vec l'accent de 11 corwiction 'Je r-fo,s absollue : - Qu es1<e ,Cj11.1e ,vou;s <Vooilez que je '/OUI dise, mon br-al\l'e ! A[orn, c'es~ que vos rats 111 valloot l"ien. ~

(Q)~{Gl~l,Jl OE LA

.&oeiété valaü~at)t]€

d 'édu~ation ·

C'J'------- ------i Publication fondée en 1881 L'Ecole primaire donne une dizaine de livraisons de 16 pages, la couverture y comprise, et autant de supplé· ments de 8-16 pages pendant l'année ordill!Iire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre).

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Tout ee qui eoneerne la: publlca;tlon doit être a;dresaé dtrec!ement èi son gérant et l!ond.a;teur, M. P. PIGNAT, Secreta.lre a;u Dépa;rtement d.e l'instruction publique, 1i Ston .

t Il faut faire tout le bien que nous pGII" vot;~ là tout le monde, mais n'attendre naltt récompense que de Dieu seul. (B· Cu ré d ·Ars,)

La contagion par le livre ou le journal n'est pas moins dangereuse que ntaglon par l'exemple.


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Pour le Mois de Marie

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1. - Allons ià Jésus par Marie. Oue cette divine Mère forme nos cœurs' selon le sien, et q_u'elle nous obtienne de connaître, d'aimer, d'imiter Jésus et de devenir semblable à lui. 2. - Aih ! Jamais, ni dans l'épreuve ni dans la joie, nous ne renoncerons atl patronage de ,Marie 1 Nous nous cacher~ns toujours dans son Cœur pour y _pner, pour y pleurer, pour y souffrir, comme pour y chanter aux heures du trio~phe de 1'1Eglise, l'hymne de la r,econna1ssance. En allant à ;Marie comme à la meilleure des Mères nous irons \à Jésus comme à notre unique et miséricordkux Sauveur. ·

Sommaire de cette UvraisoP Traitements du personnel enseignant. - Comment devenir bon maitre. - Billet de l'instituteur. - Bibliographie. -0-

Sommalre du Supplément N° 5 ( Annexe de 16 pages) Autour d'un morceau de cuivre Avis d'une mère à sa fille (suite)·. ·-Pour moi ... c'est jamais! ... -- Compter sur soi. - Les apparitions du Christ ressuscité. - Bonheur de croire . . . - La saison des nids. - Qui dort dîne. - Variétés. -o--

Sommaire de la couverture

Pour Je mois de •Marie. - Catéchisme liturgique. - Annonces.

Catéchisme liturgique

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C'est le titre d'une nouveauté dont la Semaine catholique nous annonce l'apparition sous la forme d'un volume de

400 pages, publié par M. l'abbé C. Ro. badey, recteur de S. Pierre des Clages (Valais). . Voici comment le journal cité apprécie l'ouvrage et l'auteur: . «. ~ien n'y ~ été oublié, ni la multiphc1t; ?es o~iets i_ndispensables dans n?~ eghses, m la diversité des rites tra~1t_1onnels, ni la variété des prièr,es of. ftc1elles. Le plan indiqué est naturel: ~n s'approche du bâtiip.ent destiné à l _exerci_c: du culte, on examine les part~culantes de sa construction on as- . s1ste 1à sa consécration, on y' pénètre, on observe tout ce gui s'y trouve et tout ce qui S'Y, f,ait, e_t ainsi on passe en rev;1e les _cei:emomes du dimanche et des f~tes, ams1 que celles de l'administration, des sacrements. Rédigé d'après le systeme des Demandes et Réponses ce catéchisme est d'une singulière clarté. S~r de _nombreux points, les prêtres y deco!-1":nr~nt des développements ou cons1derahons qu'ils pourront aisément utiliser. » Nous tenons à féliciter sans retard M. l'abbé Robadey du bel exemple d'activité et de persévérance qu'il donne à ses confrères et à ses compatriotes. Ayant jugé tà. propos de s'intéresser à un sujet essentiellement relio·ieux il est ~i~ne d'êtr.e remercié et en~ouragé. Destme aux pretres et aux laïques comme le dit la préface son livre mérite d'être accueilli des ~ns et des autres. mais c'est aux premiers surtout à lui ménager leurs faveurs: qu'ils se hâtent donc de l'introduiœ dans leur bibliothèque et de le signaler à leurs amis ou paroissiens. » Pour donner aux lecteurs une idée assez ,exacte du genre pieux et naturel du volume dont nous parlons en voici une pag·e prise au hasard: ' La lampe du. sanctuaire. - Aux as· tres appartient la sublime mission de glorifier le Créateur sous l'immense

' ECOLE ~

PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOOIETB V ALA.ISAilll D'IDUOATIOB SION, 15 Mai 1919

Traitements du ~er~onnel enseignant primaire Notre personnel enseignant connaît la teneur du proj,et de loi sur les traitements, adopté par le Grand Conseil dans _sa dernière session. Il a pu se convamcre, par les chiffres alors votés qu·~ l'on est en présence d'une amélio~ ration notable des traitements actuellement .e~_ vigueur et servis par la loi sur la mat~ere de 1909. Toutefois les auume~tations inscrites dans le' nouve;u proJet, S?l!t rncore loin de correspondre a~x leg1hmes aspirations des intéresses,, et _cela se comprend aisément lorsqu on songe que dans ces derniers mois le _renchêrissement de toutes choses n'a fait 9ue s'~ccentuer, de manière à r-endre msufftsants les chiffres admis en novembre ,et .qui eussent paru alors acceptables. bien qu'encore réduits aux extrêmes limites du minimum. Etant donné dès lors l'aggravation survenue dans les conditions d'existen-

o.e. il est. naturel et indiqué qu'on en ?enne raisonnablement compte en ma1orant les chiffres votés en i er débat pomi J,es mettre mieux en 'harmonie ave~ la ~i~uation nouvelle créée par le renchenssement de toutes choses de la main d'œuvre entr'autres. Le 'personnel, e~seig~an~ prim:::tire, qui constate qu au,ourd hlll de simples journaliers et de Jeunes manœuvres reçoivent de 8 à 10 fr; par jour, n'exagère certes pas ses. pretentio_ns en demandant à être traite au moi~~ sur le même pied, bien que les sacnf1~es occasionnés par sa culture professionnelle ,et les services qu'il est appe'Jé à rendre à la société p~r l'éducàtion de la jeunesse justifie~a1e~t une rétribution autrement plus eqmtable. ,Pour tenir compte de toutes ces cir constances et néanmoins rester dans Ies bornes d'une modération en harmonie avec les. ressources du pays, le personnel enseignant valaisan sollicite au1 jourd~hui du Grand Conseil - par l'entremise du Département de l' Instruction 0


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publique et de la Commission_ 1égislati: ve saisie de l'examen du pro1et de 101 - une amélioration des chiffres Rdmis en novembre. Les augmentations con· sistent dans la fixq.tion d'un traitement initial de 250 fr. (au lieu de 200 fr.) et la prolongation des primes d'âge ou suppléments mensuels d'après l'échelle suivante : 30! fr. par mois a_grès 5 ans ll'enseigt 45 60 75

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35 Monthey, etc.) des groupes d'instiluteurs qui, après être entrés en relation avec le Comité central, avec lequel ils sont en parfait accord, ont exprimé des vœux et présenté des postulats qui sont exactement les mêmes que ceux dont le Département et la Commission du Grand Conseil ont r,eçu com}nunication par l'organe officiel de la Société va-

laisanne d'Education. P.-S. - Nous avons reçu, au nom des instituteurs réunis rà Saxon, un rap. port un peu tardif de M. J. Pralong, insfituteur à Martigny, rapport qui se trouve exactemept résumé dans Je pr_otocole de la séance du mois dernier et dont en consêquence, la publication ferait 'double emploi avec notre Communiqué.

L'indemnité mensuelle de déplacement, fixée d'abord à 25 fr. par mois, serait élevée ,à 35 francs. Il devrait en outre être alloué au personnel enseignant dirigeant (outre l'é· cole primaire) un cours complémentaire une indemnité de 300 fr. si le cours compte plus de 10 élèves et 250 fr . au comment devenir bon maître dessous de ce chiffre. ,Ponr le cours préparatoire au r,ecrutement 150 fr. Les études normales sont manifesteLes chiffres indiqués ci·dessus ont été fixés ref proposés par Je Comité de ment insuffisantes pour préparer 11 11 la Société valaisanne d' Education dans jeune homme à la grande œuvre de l'ésa séance extraordinaire tenue à Sion ducation; elles lui donnent un p2u de Je 24 avril dernier. lis ont été accom- science mais elles ne lui donnent pas pagnés du vœu que la loi à voter ait l'expérience sans laquelle il ne peut un effet rétroactif, en ce sens que les être un bon maître. Son diplôme constraitements y prévus entrent ,en vigueur tate .qu'·il a suivi avec fruit, grand fruit ou le plus grand fruit les cours de J'édéjà à partir1 du nouvel-an 1919. .Dans sa séance du 24 avril, qui se col,e normale; mais ce document ne fût tenue un mois plus tôt sans la ma· prouve eas qu'il soit un éducateur. Le ladie de IM. le Président de la Société, jeune instituteur verse donc dans une le Comité central a également décidé erreur !uneste, quand il considère son que vers la fin de Juin ou, au plus tard, diplôme comme le_criterium de son ~pdans les pr,emiers jours de Juillet, les titude; il tombe dans une aberration délégués offidels (membres des bu- plus funeste encore, quand il s'imagine reaux) de tous les districts seront con- que ce diplôme le dispense de toute étuvoqués pour aviser aux mesures que la de ultérieure. Le jeune instituteur qui situation nécessitera et, si besoin est, relègue ses livres et ses cahiers au fond pour provoquer une assemblée généra- d'une armo1re dès qu'il a franchi définitivement le seuil de l'école normale, · le des sociétaires. Autour du 24 Avril se sont encore ne sera. jamais qu'un piètre éducateur: réunis en diverses localités (Saxon, non seulement il n'acquerra pas l'expé-

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ricucc gui lui fait défaut, mais il perdra le peu de science qu'il possède. L'instituteur ne doit donc pas cesser d'étudier s'il veut rendre fécondes ses études normales, se perfectionner dans l'art d'élever la jeunesse et s'élever 1 ainsi à la hauteur de sa sublime mission. Qu'il s'entoure de publications ayant trait là l'enseignement primaire, qu'il lise régulièrement les revues pédagogiques, qu'il se tienne au courant des progrès des méthodes, qu'il mette à profit les innovations dont l'expérience a sanctionné le mérite. L'instituteur qui veut acq uérir en peu de temps un grand foncls d' expérience doit être observateur: il doü s'observer lui-même et surtout observe"C les enfants. Nous dirons plus loin ce qu'il importe qu'il fasse pour s'observer lui-même. Quant aux enfants, qu·,1 observe leurs actions, leurs paroles, leur caractère, leurs inclinations: il reconnaîtra, par cette observa tion constante. la justesse des conseils qne lem ont donnés ses professPurs; il apprendra à connaître les enfants, ce qui k ; frappe, les émeut, les attire, !e.:; stimule, et ce qui les laisse indifférrnts le:. c:~nui~. les dég~ûte, les découragè_; et s 11 sait mettre à profit ces observations pour perfectionner ses procédés d'enseignement et ses moyens d'éducation il ne tardera pas à devenir un maîtr~ habile. Nous venons de dire que l'instituteur doit s'observer lui-même. A cette fin, il consa·cr,era ohaque jour quelques moments à ce que nous appellerons l'examen de conscience pédagogique. Dans oet ,examen, il passera en revue ses actes de la journée et les appréciera avec toute la sévér..ité qu'il puisera dans le désir de bien faire. S'il a réussi , il recherchera soigneusement les causes de son succès et en tiendra bonne note· s'il n'a pas réussi, il recherchera no,;

moins soigneusement les causes de son insuccès, et s'appliquera à les faire disparaître. II se demandera chaque jour: Quel ,est mon défaut dominant? Qu'aije fait pour le combattre? Quels sont les écarts dans lesquels je suis enclin de tomber? Me suis-je suffisamment tenu sur mes gardes? Ai-je dû prendre des mesures rigoureuses à l'égard de certains élèves? Ces mesures sont-elles prises avec réflexion et discernement? Ont-el1es été efficaces ou inefficaces'? Pourquoi? - En résumé, l'instituteur s'interrogera chaque jour sur tout ce qui concerne sa manière d'enseigner, sur sa manière d'être en classe, et sur ses procédés à l'égard des enfants. La visite des écoles tenues par des instituteurs rompus à la pratique de l'enseignement est un moyen de perfectionnement qu'on ne peut trop recommander aux jeunes maîtres, d'autant plus que bon nombre d',entre eux ont la faiblesse de se croire de beaucour supérieurs aux vétérans qui ont blanchi dans la carrièr,e. Ou 'ils assistent le plus souvent possible,- élUX leçons don· nées par des éducateurs expérimentés, non pas en censeurs, mais en hommes avides d'apprendre: ils ne .peuvent fa ire un plus noble et plus utile emploi Je leurs loisirs; loin de s'abaisser, ils grandiront dans l'estime de leurs confrères et de leurs chefs. ( A suivre.) 1

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Billet de l'instituteur Vous connaissez peut-être l' amusante anecdote que voici: Durant un exercice, un capitaine remarqua un soldat qui marchai( avec peine. « 'Pourquoi boitez-vous? lui dit-il . - J'ai, soupira l'homme, un ongle incarné dans la ohair .... - On ne dit pas: incarné dans la


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chair, on dit simplemênt: un ongle incarné, rectifia l'oJJicier. Un ongle incarné dans la ohair, c'est un pléonasme. iDemain, vous vous présenterez à la visite du docteur. » Gest ce que fit notre bonhomme. «Qu'avez-vous? lui demanda 1,e médecin. - Mon major, répond le troupier, j'ai un pléonasme dans le _pied.» Cette historiette me revient wolontiers à l'esprit quand j'ai _une leçon difficile ·à exp_Iiquer. Que de fois, en effet, nous parlons sans être compris parce que nous nous servons de termes dont l'enfant ne saisit pas 1e sens. Nos ,explications qui nous paraissent, ,à nous, très simples, sont pleines d'én1g1n.r.s pour nos bambins. Les théories que nous dévidons devant eux résonnent bien dans leurs oreilles. mais n'atteignent pas leur entendement; ce sont des mots creux, des paroles en l'air . .Pour nous en convaincre, nous n'avons qu'à multiplier les interrogations; nous serons stupéfaits des déformations étranges, souvent cocasses, qu'ils font subir à notre pensée. Les paroles abstraites n'atteignent leur intelligence qu'à la condition d'éveiller en eux des notions concrètes. Parler 1111 langage clair et précis, c',est très bien, mais ce n'est pas assez avec les petits; il faut de plus que notre langage soit imagé, évocateur de souvenirs, de visions entrevues, de récits savoureux. Des tableaux intuitifs, des exemples, des comparaisons, des faits suggestifs: voilà le secret de captiver l'attention ·et de faire aimer l'étude. Tout instituteur doit po~séder l'art de dorer habilement les pilules. Si au cours d'une leçon, les yeux de ses élèves regardent distraitement voler les mouches, si de leurs lè· vres s'échappent de significatifs bâillements, qu' il ait recours aussitôt à un dérivatif. Vite un rapprochement, une

historiette, un bon mot. S.i la lassitudt persiste, qu'il fasse intervenir le chant la gymnastique, qu'il modifie Je dispo: sitif de l'attaque. Mieux vaut battre prudemment en retraite que de piétiner sur plaêe. 'Plus tard, il déclanchera une nouvelle offensive; si elle est condu ite avec ,entrain et ëourage elle sera couronnée de succès. X. ( Bulletin pédagogique.)

Bibliographie PAR LUI. - Formati.011 à la charité par le Sacré-Cœur, par M. l'abbé .f. Anizan. Vol. de 400 p. Prix 3.50. Librairie S. .Paul, 6, rue Casette, Paris (VI) et Bureau des œuvr,es religieuses. Paray-le-'Monial. · Ouvrage excellent pour la formation de l'âme -à la dévotion du Sacré-Cœur et pour l'aider ,à atteindre son plein épanouissement dans l'adorable charité du Christ. Les exercices qu'il contient conduisent rapidement 1'âme vers Lui et 1a transforment dans l'amour de ce Cœur divin. Nous recommandons trè;; fortement cet ouvrage aux zélateurs et zélatrices du Sacré-Cœur à l'occasion du mois de Juin qui lui est spéciale· ment consacré.

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Pensées

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t Parmi les grâces que vous demandez: au ciel, ,placez toujours au premier rang. aprè,; l'amour divin, la grande, l'inappréciable grA.cc d aimer beaucoup la sainte Vierge. 0

t

Elre i11vi~1ciblenaent bon_ en toutes chose~ I el en Ioules c1rconstances, c est le moyen de 1 garder le bonhe-ur et de le procurer aux au· fres

t Plus l'amour de Jésus grandira dans nos cœurs, plus aussi nous prierons pour tes I pauvres pécheurs. \

dôme des cieux. La lampe est comme · qu_e la nuit ressemblait au jour le plus brillant. S; Paulin, évêque de Nôle, une petite étoile détadhée du firmament destinée à rendre continuellement hom~ nous represente les autels continuellemage à ce Di,eu de toute bonté et de ment éclairés par une multitude de toute/majesté qui est lui-même la lu- lampes. mière éternelle et un feu dévorant. 'La lamp_e du T. S. Sacr,ement doit QueJle heureuse destinée si nous pou- se placer au milieu du sanctuaire et vions, loin du bruit du monde loin en face du tabernacle, et non dans le des vents et des orages des pas'sions, chœur et sur les côtés. Elle s'alimente p~sser toute notre vie au pied des avec. de_ rhui_le. Cette huile a une gransamts autels, y veiller jour et nuit dans de s1gmf1cation car, servant à éclairer la prière et l'adoration, et nous con- à ~10urrir et à oindre, ,elle symbolise ad: sumer d'amour. Or, la lampe est de- m!rablement Jésus-Christ qui est ,à ]a vant l'autel comme pour y faire notre fois pour nous une lumière resplendisoffice; eJl,e veille, elle prie pour nous· . sante, une nourriture vivifiante et un ell~ est I',emblème de nos cœurs, qui remède salutaire. » doivent constamment brûler du feu de ,.., la divine charité. Il est de rigueur qu'il y ait toujours • Un paysa n à sa femme en arrêt devant un une lampe allumée devant le Saint Sa- aéroplane: crement. Autrefois même il y en avait -- Pourvu qu'il ne tombe ipas! un grand nombre, et comme nous l'at- Pou r sûr qu'il se casserai(- les reins. - Oh ! C'est pas pour ça .. . c'est qu'en testent des historiens dirrnes de foi on les mulfi pliait avec tant de profusion tomba nt, il abîmerai t rudement no(' champ.

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C est un fil <le cuivre qui ressemb!e à tous les fils de cuivre, mais en le voyant briller au soleil, on pense à ila mystérieuse énerfie dont il est le sU:pport et cette pensée éveille la comparaison d 'un autre mystère, de !a blainche hostie qui voile à nos yeux de chair Je corps glorieux du Christ. Rien dans l'aspect de ce morceau de cuivre ae trahit la force formidable qu'il recè!e: ni sa couleur, ni son éclat, ni sa texture, ni son rrain, ni ses ,propriétés de densité et de résistance, ni ses réactions chimiques ,ne sont modifiées, el ~pendant il cacl1e et supporte unei !Puissance qui actionne au loin les usines, 9011)ève les charges énormes, entraîne les lourds convois sur les voies !errées, fond le minerai incandescent dans les creusets, i'llumine ·les vil les et les villages. Qu'est, en reprd de cette énergie titanique, ce frêle fil de aiivre? L'emporter comme un fétu de paille, ou plutôt le fondre, le pulvériser instantanémeit, le détruire ne serait pour e!Je qu·un jeu: on peut bien dire quïl ne compte pas en rerard de cette force mystérieuse, dont rien cependant ne révèle extérieurement la • réelle présence •. Est-el!e même là , au moment où je ·le contemple? Je l'ignore: tout d~nd du ,este banal d'un ouvrier à l'usine productrice, d'un ordre d'ingénieur, d'une mise en contact là-bas. Je ne puis savoir, à l'aspect de ce cuivre, si la parole a été prononcée, si le geste qui astreint l'énergie à ce circuit a ~ fait. Chez le fil, impassible, aucun frém1saement ne sig,nale ce qui vient le rendre si magnifiquement puissant: les corps • mau nis conducteurs . restent, eux aussi, inertes l son contact: ils l'approchent sans tressailtir et sans paraître soupçonner ce changent. Et, cependant, ce support, si fragile it-il, est nécessaire, car, lui disparu, la redoutable et précieuse énergie n'existerait pas .ei ce point déterminé de l'espace. Elle aussi, l'hostie, conserve son b 1anc et

calme as,pect aLL moment où, sous la parole du prêlre, elle est envahie par 1a 'Pu,issanœ qui ia subjugue si bien en son être intime qu'Elie n'en laisse subsister que ce qui frappe nos sens, son aspect, sa couleur, sa résr stance, sa densité, sa saveur. D'elle aussi les indifférents, c conducteurs défavorables •, peuvent s'approcher sans être émus, sans rieit ressentir ni soupçonner de cette mystérieuse transformation. Et cette réflexion éveHle le souvenir de ces mots que nous avons tous entendus quelque jour: « Y a-t-il vraiment à notre époque des gens capables de croire à iJa PréStt1ce r~lle? • • On ue nous fera pas admettre qu'un tel et un tel, qui sont pourtant intelligents, croient en leur for intime à un fait aussi inadmissible, • BJ,le évoque surtout ces paro!es, lourdes de regrets, d'âmes qui cherchent el qui espèrent: « Oh! si je pouvais y croire! . , . Le jour où il me serait donné d'y croir~ serait le .plus beau de ma vie.• • Toute comparaison cloche •, dit le ,proverbe; ceilile-ci 11 ·échap,pe pas à 1a foi commune et n'a pas '1a prétention d'être u,ne preuve. Mais ces analogies ne peuvent-elles pas du moins nous suggérer d'utiles réflexioos ?- Taut d'imprudents ont payé de leur vie Je fait de n'avofr pas soupçonné la puissance mystérieuse et redoutable conte-nue dans un segment de cuivre tout l)areil à ce'1ui-ci et, par ai Ueu,rs, tant d'autres qui, eux aussi, ne 1a soupçonnent :pas, pourrai~! si merveilleusement goûter et exploiter, pour le bien de leur âme et 1a douceur de leur vie, la forœ divine cachée sous '1es humbles • espèces • du mystère de foi et d'amour!

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Avis d'une mère à sa fille (Bune.J Les vertus d'éclat ne sont point le ,partage des femmes, mais bien les vertus simples et paisibles. •La renommée ne se charge point de 11om;. Les vertus des femmes sont ditficiles, parce que la gloire n'aide pas à 'les pra-


90 tiquer. Vivre chez soi, ne régler que soi et sa famille, être simple, juste et ,modeste; vertus pénibl0&, parce qu'elles sont obscures. Il faut avoir bien du mérite pour fuir l'éclat, et bien du cou.rage pour consentir à n'être vertueuse qu'à ses propres yeux. La grandeur et la ·réputation sont des soutiens à notre faiblesse; c'en est wie que de vouloir se distinguer et s'élever. L'âme se repose dans l'approbation publique, et la vraie gloire consiste à s'en passer. Qu'elle n'entre donc pas dans 1les motifs de vos actions; c'est bien assez qu'el:le en soit la récompense. Il faut, ma fille, être ,persuadée que la periection et le bonheur se tiennent; que vous ne serez heureuse que par la vertu, et presque jamais malheureuse que par le dérég:ement. Que chacun s'examine à la ri,gueur, il trouvera qu'il n'a jamais eu de douleur vive, qu'il n)' ait donné lieu par quelque défaut, ou par le manque de quelque vertu. Le chagrin suit toujours iJa perte de l'innocence; mais il y a, à la sui1e de la vertu, un sentiment de douceur qui paie comptant ceux qui lui sont fidè-

les. Ne croyez pourtant 1pas que votre seule vertu soit .Ja pudeur; il y a bien des femme~ qui n'en comiaissent point d'autre, et qui se persuadent qu'elle les dispense de tous les devoirs de 1la société. Elles se croient en droit de manquer à tout le reste, et d'être impunéme,nt orgueilleuses et médisantes. Anne de Bretagne, prineesse impérieuse et superbe, faisait souffrir Louis XII, et ce bon prince disait souvent en lui cédant: « II faut bien paiyer '1a chastetd des femmes, • Ne faites point payer la vôtre; songez au contraire que c'esl une vertu qui ne regarde que vous, et qui perd 900 plus g.rand lustre si les autres ne l'accoiqpagnent. Que votre .première parure soit donc la modestie: elle a de grands avantages; elle augmente la •beauté, et sert de voile à la laideur: la modestie est le supplément de la beauté. Le grand malheur de la laideur, c'est qu'eJle é!eint et qu'elle ensevelit ·le mérite des femmes. On ne va 1POint chercher dans une llgure disgraciée les qualjtés de l'esprit et du

91 cœur: c'est une grande affaire, quand il· faul que le mérite se fasse üour à travers un extérieur désagréable.

Vous n'êtes .pas née sans agréments; mai,; vous n'êtes pas une beauté: cela vous obli~ à faire provision de mérite; on ne vous fera grâce sur •rien. La beauté a de grands avantages. ' Un ancien dit, « que c'est une courte tyrannie, et le premier privilège de la natw-e; que les belles personnes portent sur le Iront des lettres de recommandation, • La beauté inspire m1 sentiment de douceur qui prévient. Si vous n'avez point ces avances, on vous jugera à la rigueur. Qu'il n'y ait dooc rien dans votre air, ni dans vos manières, qui fasse sentir que vous vous ignorez. L'air de con-fiance révolte dans une figure médiocre. Que rien ne sente l'art, ni dans vos discours, ni dans vos a,justements, ou qu'il soH difficHement aperçu; 1J!art 'le plus délicat ne se lait point sentir. · Il ne faut pas négiiger les talents, ni les agréments, puisque les femmes sont destinées à plaire; mais il faut bien plus penser à se don!1er un mérite solide, qu'à s'occuper de choses frivoles. Rien n'est p lus court que le règne de la beauté; rien n'est plus iriste que la suite de iJa vie des 1:emmes qui n'ont su qu'être belles. Si on a commencé à s'attacher à vous par les agréments, ramenez tout à l'amitié, et faites qu'on y demeure par le ll'Jé,rite. li est diflicile de donner des règles certaines pour plaire. Les grâces sans mérite ne plaisent pas longtemps; el 'le mérite sans grAces peut se faire estimer sans toucher; il .faut donc que les femmes aient un mérite aimable, et qu'elie joignent les grâces aux vertus. Je ne borne pas sin~lement le mérite des femmes à la pudeur; je lui donne plus d'étendue, Une honnête femme a 'les vertus des hommes, l'amitié, la probité, la fidélité à ses devoirs; une femme aimable doit avoir non seulement les grâces extérieures, mais les grâces du cœur et des sentiments. ,Rien n'est si diffi• cile que de Jllaire sans une attention qui semble tenir à la coquetterie. C'est plus par !eurs défauts, que par leurs bonnes qualités, que les femmes plaisent aux gens du monde; ils

veulent profiler des faiblesses des personnes aimables, ils ne feraient .rien de leurs vertus. l'!s n'aiment point à estimer, ils 11ime.nt mieux être amusés par des persoru1es peu estimables, que d'être forcés d'admirer des personnes vertueuses. U faut connaître Je cœu.r humain quand on veut plaire; '1es hommes sont bien plus touchés du nouveau que de l'excellent, mais cette fleur de nouveauté dure peu; ce qui .plaisait comme nouveau, déplaît bientôt comme con.. nrun. Pour occuper ce goOt par la nouveauté, il faut avoir en soi bien des re-s sourœs et des sortes de mérite: il ne faut pas se fixer aux seuls agréments, il faut .présenter à l'esprit ,une variété de grâces et de mérites, pour soutenir les sentiments, et faire jouir, dans le même objet, de fous les plaisirs de l'instance. Les filles naissent avec un désir vio!ent de plaire; comme elles trouvent fermés les chemins qui conduisent à la gloire et à l'autorité, elJes .prennent wie autre route pour y arriver, et se dédommager pa.r les agréments. La beauté trompe •la personne qui la possède, e11e enivre l'âme œpendant .faites attention qu'il n'y a quiu11 fort petit nombre de différence entre une belle femme et une qui ne l'est plus. Sunnontez cette envie excessive de plaire; du moins ne la monlirez pas, Il faut mettre des bornes aux ajustements, et ne s'en pas occuper: les véritab!es grâces ne dépeu,. dent pas d'une parnre trop Te.cherchée. Il faut satisfai.re à la mode comme à wie servitude fâcheuse, et ne lui donner que ce qu'on ne l[)CUt lui refuser. La mode serait raisonnable, si elle pouvait se fixer à la perfection, à la commodité et à la bonne grâce; mais changer toujoul'S, c'es,t i,n constance plutôt que pofüesse et bon goQt. Le bon goOt rejette '1a délicatesse excessive, il traite les petites choses de petites, et n'en est point occupé. La propreté est un agrément, et tient son ·r ang dans l'ordre des choies gracieuses; mais elle devient 1petitesse dès qu'elle est outrée; il est d'un mei lleur esprit de se négliger sur les choses peu importantes, que de s 'y rendre trop délicate.

Les jeunes personnes sont sujettes à s'ett· nurer. Comme Cl'ld 1gnot~t tout, elles courent avec inquiétude vers 1les objets sensib!es; l'ennui est pourtant 'le moindre des maux qu'elles aient à craindre. Les •joies excessives ne sont 'point à la suite des vertus: tout ce qui s'a.ppelle p laisir vif est danger. Qu.and on serait assez retenue pour ne point blesser les bienséances, et pour demeurer dans les bornes prescrites à 'la pudeur, dès que le ,plaisir du cœur s'est fait sentir, il .répand dans J'âme je ne sais queHe douceur qui donne dlL d6go0t pou.r tout ce qui s'appelle vertu: il vous arrête et vous ralentit sur vos devoirs. Une jeune personne ne voit pas les suites de ce poison, dont le moindre effet est de troubler ·le Tepos de 'la vie, de gâter Je goOt, et de rendre insipides tous les plaisirs simples. Quand on établit une personne assez héureuse pour n'avoir pas le cœur touché (comme il y a en nous un senti,ment ,qui cherche à s'uni·r, et que ,le sentiment n'a point été employé), elle se porte et se donne nature!,Jement à iJa personne qu'on •lui destine. Soyez retenue sur les spectacles. Il n'y a point de dignité à se montrer toujours; il est, de plus, difficile que l'exacte pudeur se conserve avec l'extrême dissipation; ce n'est pas connaître ses intérêts. Si vous avez de la beauté, il ne faut pas user Je goQt du public, en vous montrant toujours; il faut encore être plus retenue, si vous êtes sans grâces. D'ailleurs, le grand u~age des speclacles affaiblit le goQt.

11 faut craindre ces grand's ébranle1œnts de Œ'âme, qui préparent fennui et le dégoût: ils sont ,plus à redouter pour Les jeunes personnes, qui résistent moins à ce qu'elles sentent. • La tempérance, disait un ancien, est la meilleure ouvrière de la volupté: avec cette tempérance qui fai t la santé de l'âme et du co.rps, on a toujours une joie douce et éga·!e; on a besoin ni de spectacles ni de dépenses: WJe lecture, un ouvrage, u.ne conversation, font sentir une joie plus pure que l'appareil des plus grands ,plaisirs: enfin ,les plaisirs innocents sont d'un meilleur usage; ils sont toujours prêts; ils sont bienfaisants; ils ne


98 se font

point ache!er trop cher Les autres ilattent, mais ils müsenl; le tempérament de 'l'âme s'altère et se gâte comme celui du corps, Mettez de la règle dans toutes vos vues et dans toutes vos actions: i·I serait heureux de n'avoir jamais à compter avec sa fortune; mais comme fa vôtre est bornée, elle votts assujettit à la règle. Soyez retenue sur la dépense; si vous n'y apportez de la modération, vous verrez bientôt le désordre dans vos arfàires; dès que vous n'avez plus d 'économie, vous ne pouvez répondre de rien. Le faste entraîne la ruine; la ruine est presque toujours suivie de la corruption des mœurs. Mais pour être réglée, il ne faut pas être avare; songez ,q ue !"avarice proiite peu, et déshonore beaucoup. On ne doit chercher dans une conduite réglée, qu'à éviter la honte et l'injustice attachées à une conduiie déréglée; il ne faut retrancher •les dépenses superflues que pour être en état de taire mieux celles que la bienséance, l'amitié et la charité inspirent. C'est le bon ordre, et non l'attention aux petites choses, qui fai1 les grands profi~s. Pline, en renvoyant à son ami une obligation considérable qu'il avait de son .père, avec une quittance générale, lui dit: • J'ai peu de bien: je suis obligé à beaucoup de dépenses; mais je me suis fait un fonds de ma frugalité; et c·est d 'où je tire les services que je rends à mes amis. > Prenez ,s ur yos godts ,et sur vos plaisirs, pour avoir de quoi satisfaire aux sentiments de générosité que toute personne, qui a le cœur bien fait, doit avoir. N'écoutez pas les beso.ins de la vanité. • Il faut être, dit-on, comme les autres; ce • cottr me »•!là s'étend bien loin. Ayez une émulation plus noble; ne souffrez pas que personne ait plus d'honneur, de ,p robité et de droiture que ·vous. Sentez le besoin de la vertu: la pau· vreté de l'âme est pire que ce!,le de la fortune. 'Pendant que vous êtes jeune, formez voire réputation, a,ugmentez votre crédit, arrangez vos affafu-es: dans un autre âge, vous auriez plus de peine. Charles-Quint disait que • la fortune aimait les geunes gens>. Dans la jeu• ~se, tout vous aide, tout s'offre l vons; 1

I~s

jeunes personnes dominent· sans y pensea Dans m1 âge p'us avancé, vous n'êtes St'COq,l rne de rien; vous n·avez plus en vous ce charme sédu.isanl qui se répand sur tout vous 11·avez plus pour vous que la raison et la vérité, qtti, ordinai,rement, .ne gouvernent pas le monde. • Vous allez, disait Montaigne aux Jeuaee gens, vers la réputation, vers le crédit; et moi j'en reviens . • Quand vous n'êtes plus je1111e, il ne vous reste d'acquisition à faire que 911r les vevlus. Dan.s toutes vos entreprises et dans toutes vos actions, tendez au plus fait: ne laites aucW1 .projet, ne commencer rien sans vous dire à vous-même: • Ne poarraig...je pas mieux faire?• Insensiblement voas acquerrez une habitude de justice et de verta qui vous en rendra la pratique plus ai• faites ce que Sénèque conseil1ait à son ami: • Choisissez, lui disaiot~il, parmi les grands hommes celui qui vous· paraîtra le plus .ree, pectable : ne faites rien qu·en sa préseaœi rendez-lui compte de toutes vos actions. Hetr reux celui qui est assez estimé pour être choi,. si! C.ela est d'autant plus aisé, que ::es jt!UIIII gens ont une disposition natutt'lle à l'imitation. On hasarde moins, quand on choisit • modèles dans l'antiqui,té, parce q,u'ordinaifto ment on ne vous y présente que de grandi exemples. Dans les modernes, cela peut avoir ses htconvénients: rarement !es copies réussissent; il y a longtemps que l'on dit que toute copie doit trembler devant son original; on ne le su.it -jamais que de Join, cela vous ôle le Cl· ractère naturel qui d'or<hnaire est le plus vni et le plus simp~e. Vous vous relâchez ql&llld vous vous fixez à un modèle; de plus, 11111 partie de nos défauts vient de l'imitation. Api prenez donc à vous craindre et à vous retpecter vous-même, ,que votre délicatesse eoll votre propre censeur. Songez à vous rendre heureuse dans votif état: mettez tout à profit; mille biens n échappent fau,te d'application. Nous ne IOllt' mes heureux que paJ" l'attention, et que comparaison. Plus vous avez d'habileté, plus vous

par.

de votre

état, et plus vous étendez vos plaisirs. Ce n'es,f pas la possession qui 11ous rend fleUreu x, c'est la jouissance, et la jouissance est dans l'attention. Si l'on savait se renfermer dans so11 é:at, on ne serait ni ambitieux, ni envieux, et tout eerait en paix; mais nous ne vivons point assez dans 'le présen1, nos désirs et nos espérances nous ,portent sans cesse vers ·l'avenir. Il y a deux sortes de fous dans le monde; les uns vivent !ou.jours dans l'avenir, et ne se soutiennent que d'espérances, et, comme ils ne sont pas assez sages pour compter juste avec elles, ils passent leur vie en mécomptes. Les gens raisonnables ne s'occ~pont que de désirs à leur portée; souvent ils ne son! point trompés; quand ils le seraient, its s'en ronsoleraient: ils ont tiré de l'ignorance et de }'erreur .tout le bien qu'ils en pouvaient ürer, qui est le plaisi,r d 'espérer. J•ls savent de plus que le goût des biens finit, ou par la possesa.ion, ou par l'impossibilité d'obtenir la chose désirée : avec ces réflexions les personnes sa,es se calment. Il y a lllne autre espèce de fous qui tirent trop du, présent et abandonnen1 l'avenir: ris ruinent leur for.lu.ne, leur .r6pufation et leur goût, en ne le menageant pas assez. C.eux qui sont raisonnables joirnent les deux temps, ils jouissent du présent et n'abandonnent point l'avenir. (A suivre.) 1

_______.....______ _....,

Pour moi ... -C'est jamais t ... Gibecière au dos, mains aux poches, tout

pauvre sous son vêtement de misère, l'enîani garde le défilé de ses camarades dans J'élise en fête où l'orgue roule le tonnerre iomphal de ses .premiers accords. Il s'était pourtant bien dit qu'il n'irait pas! · ·. Mais, da.ns la rue, il a croisé les Pre·ers Communiants de sa classe qui s·en aI'ent, cierge en- main, brassard 'au bras, ené de leur fami'lle, et tous avaient l'air s i yeux, si escortés d'affections, qu'il a voulu ir cela.

Et dnus 1·011lbre, au coin d 'un pi'lier, lui, le fil~ du sans-Dieu, le paria, le vrai laïque, il s'emplit le_s yeux de visio11s et les or~i'lles d hannonies, com111e ces malheureux qui, ne pouvant pas s·asseoir à la !able brillante, n'ont pas le courage de se \efuser 'I~ doulo~reux plaisir d e11 regarder l éclat, den respt· rer le parfum, el, lout grelotfeux sur le trot· toir banal recueillent comme des miettes amères les échos lointains de la joie dont ils sont exclus.. . . us ttès pauvres ont parfois un douloureux plaisir à mesttrer '1a profondeur de certains 11bîines · · · ·

. . . . Ils passent, •les Piremiers Communiants en Ieu.r toilette sainte, modeste et com~ transformés: les parents les regardent, se les montrent tout bas ... ; 'les prê!res, en surplis blanc, les accompagnent; au-dessus d'eux, s'éparpillent dans les vofües des cantiques étranges, doux comme une caresse de

Dieu.

On a tout préparé ,pour •leur fête, on a habil•'.é les pauvres; les chaises sont revêtues de velours rouge; les encensoirs d'or essaiment dans le sanctuaire les veloutes bleues de Jeurs foyers; l'aulel a le souri!e de toutes_ ses ffeurs la joie de tous ses cierges; le vieux curé ~rie et, dans sa voix émue, l'on sent que ces premiers Communiants ont été la préoœupatioU de. _to~te ~on a-nn~, le côté exquis de son. m1m~tere; 11 leur dit des choses que le petit pana, là-bas, entend pour la première fois: • Enfants, Dieu vous aime .... Vous chercherez l'affediOill ici-ba·s, .. : c'est lui le meilleur Ie premier de tous vos amis. Quand, plus tard' vous serez maltraités par l'existence, n'ou'bliez pas qu il vous attend ici .. .. C'est •l ui qui a dit: Venez à moi, vous tous- qui souffrez vous tous qui pleurez . . . . Ce jour de vol:e première Communion est 1le plus beau d'entre vos jours , , . . Il sera le souvenir béni qui vous escortera dans la vie comme une préservation.... Peut-être, parmi vous quelques-uns oublieront Dieu ... mais Dieu' ne les oub'\.iera jamais; il, va descendre en vous et sou passa~ sera ineffaçable; vous )


96 pourriez vivre miL!e aus, quand, à volre li! de mort, un prêtre prononcera ce mot • Première Communion •, aussi.tôt un vol de souvenirs s'élèvera dans votre âme comme aux renouveaux chantent ,nos oiseaux familiers; les mauvais rêves des hivers coupables s'évanouiront, et, sur votre agonie consolée, rayonnera encore quelque chose de la joie e!· quise de la consolation divine de cette journée . .' . . Ah! malheur à l'enfani qui- ne fait pas sa ,Première Communion! •

Dans le bout de l'église Je pauvre petit écoute, boi,t les paroles du ,p rêtrê. . . . L 'heure de la classe est passée ... ? Qu'importe!.· . Une rossée de plus ou de moins, i l n'en est plus à les compter!.. . E1. comm.e, les yeux ardents, H regarde la ne! brillante où sïnolimmt les vagues blanches des voi,les de tulle, une femrue en deuil et au visage très doux arrive près de lui pour prendre Veau sainte. Et iI y a une teHe expression sur le visage de l'enfant qu'elle ne résiste pas à l'en-vie de lui dire: - Cest ,pour l'année prochaine, n'est-ce pas, mon petit ami . . . ? - Pour moi . . . c'est « jamais • ! - Tu ne veux pas? - Je ne peux pas. - Pourquoi ... ? - Papa! ... Et, dans ce mot • papa •, il y avait toute .Ja lâche histoire qui sera la honte éterneJ1lc de notre siècle: de pauvres gens, les protecteurs nés de leurs enfants, qui portent la guer,re à Dieu jusque sur une âme de dix ans· ils •l'ont faite eux, leur Première ComlllllJ~io.n ·, mais' san~ discussion, d'un mot brutal, ills l'interdisent à leu,r foyer, et jebtent l'enfant dans les tentations de ,la vie, sans une force, sans une idée supérieure, étoi le de salut aux noirs jours d'orage . .. . La lemme vit tout cela; eLle devina les désirs inconscients qui s 'agitaient au fond de ce petit être, et lui faisaient, sans le devoir, désirer Dieu. - Mais tu voudrais bien 'la faire, ta Première Communion . . . ? 1

1

_ Oh! Madame!. . . Et le petit paria joignit les mains en Ul1 geste qui tenait à la fois du désespoir et du désir. Alors eHe le prit, 1li'interrogea, ,lui donna des rendez-vous entre les classes, aux helll'U des déjeuners : e11 se cachant, ette lui faisait le catéchisme; · et, comme ,ta fleur altérée aspire après la rosée, comme l'oiseau bat dea ailes au bord de la cage, l'enfant qui avait souffert éprouvai1 la soi! de Dieu; et son âme, dans la nuit, semblait frissonner devant l'aurore de la foi. Un .j our arriva, le désiré des jours, le i<>llr impossible en apparence, où le petit paria reçut, lui aussi, !invitation du E>ieu aimant, devant lequel, tôt ou tard, la haine est tou,, jours vaincue. Et, comme il s'agenouil'lait pour la première fois à la Table Sainte au mi.Ji.eu de ses ca1111rades qui renouvelaient, il eut le sentiment que, maintenant, ,il étai,! enlia de fa famille de quelqu'un!. . . Le prêtre vit periler aux yeux de ,l'enfant deux larmes qui semblèrent s'arrêter é1onnées, au bord de la paupière; e~ d'ans' ces larmes, l'église en.tière, avec son so. leit de mai et ses vitraux, semblai1 joye1ttement venir éünceler comme dans un dia111111t de ,l'au-delà dont Dieu devenai'I tatoux, car elles glissèrent des J&aes ardentes du petit sur la patène d'or tenue ,p ar le diacre, et, en la purifiant à l' autel, Je prêtre mêla au sang du Christ les larmes du pauvre .... 1

L'enfant, revenu à sa place, priait du mei_l,1eur de son cœur. . . . Oh! pas pour lui·· • pou·r sa mère qu'il n'avait presque pas connue. . . pour son père surtout, mort à toutes les beautés religieuses: - Seigneur, faites qu'i'l croie! . .. faites qu'il vous aime un ,j our! .. . Comment peut-011 ne pas vous aimer . .. ? Elle était bonne' cette .prière, avec Dieu .,_ dans son cœur, au mi'l,ieu de l'église recuetr He où semblait Hotter encore, parmi •les ve'loutes bleues de l'encens, ce que saint Paul appelle le parfum du Christ, quand, tout l coup, der,r,iè.re le petit, reten fi I une voix érail-

~. furieuse, une voix d'.ivrogne qui serait de sang.froid : _ 5ale gosse, va! . . . Je m'en doutais .... ,&.ttends un peu . . . . A tout à 1l' heure! . . .

PIERRE L'ERMITE,

Compter snr soi (LETTR1E A YETIA) te félicite, Vetta, pour ton goût de l'enquête. Plus encore (!)OUI ~e choix, et la manière que tu y apportes: et quant au résultat, je te trouve excellent. Ne te récrie pas. Comment! On a 18 ans, on jouit d'une belle santé, d'une belle aisance, d'une famille idéa'1e, d'un horizon qui s'ouvre tout bleu, tou.t large, heureux, ensoleillé, et 1'011 veut ,par surcroît savoir à fond sur quels dévouerne11ts infai'11ibles l'on pourrait bien· compter en dehors de œ cercle. Et l'on préte~te la r,uine pour s'adresser con!identiellement à ses mei].leurs amis et 1leur dema,nder appui .... Si tu avais consuHé ta vieille foante Lucienne el:e eût désapprouvé ce geste si imprudent. T~ n·as ,pris conseil que de ta curiosité toute primesaut~ère et voi'là! Résultat: tu n 'as cueil:i que de bonnes paroles, d 'aide poi,n~ me dis-ru ; et tu concl,us par des raisons scep· tiques. C'est en quoi tu as fort une seconde fois. Mais puisque tu as déjà savouré l'amertume de ta démarche si incons·idérée, tirons-en maintenant le miel, si tu le veux. Car il faut que tu saches, entre beaucoup d'autres choses que 1u apprendras a vec des circonstan· œs non moins amères, qu'il est tu1i miel caché en toute peine, quelle qu'elle soit Il y est, &l'en doute pas: la seule difficuiJ:té es.t de saYoir et surtout 1<:le vouloir l'en tirer. Donc, te vodà persuadée que le dévouemen1 sûr ,n'existe pas en ce monde: quï l faut compter s,u,r soi et non pas sur les autres. mpter sur soi! et quand i•i le faudrait, eslœ donc si triste ? Je trouve cela très beau. e l trb heureux : j 'y constate tout ttn programme courage, de noblesse, de dignité humai,ne , je l'avoue, ü me plaira it beaucoup voir

Je

1

,fous oeux ,q ui entrent dans la vie l'adopter comme tel. Naturellement, notre paresse nalive préfèrerait compter sur les autres: avouons que nos sentiments d'honneur, de légifüne fierté s'en irouveraient iroiss,és et humiHés. Compter sur soi: mais certainement! Il le faut. C'est la meilleure des lois. A merveille l'ont comprise et l'ont r éalisée ceux qui, ~ titres ,uti'les, sont ou fon1 quelque chose en ce monde. Les princes de -la ,pensée, ceux de la vertu, et ceux des forces et des richesses matérie!,!es, est-ce qu'ils comptent sur les autres? Ils comptent sur eux-mêmes, et le jour où ils changent de système ils iretombent, pauvres Samsons privés de leu11s toisons, dans ,Ja foule des • aulres. qui se chargent de 1es dépouiller. Compter sur soi : gagner son ,pain à la sLteur de son front, non pas à fa sueur du f.ront des autres, c'est voulu par Dieu. n y a toujours u,n pain qu'il faut gagner: si ce n'est le matériel, c·est l'inteHectuel, le mora!li ou quelque autre. Personne n'en est exempt. Même •le pain que l'on mange, chacun doit le gagner d'une manière ou d'une autre. IE le ga,g,ne le miHionnaire qui, en gérant bien, ses richesses, est une source de prospérité pour autrui; et i1b le gagne celui qui, sans gagner un sou palpable, a'joute lUl heureux appoint à la richesse mora'le ou inteHectuelle. Compte sur toi, Yette. Dispose ton âme à vivre une vie utile, vie de travail et vie de • bons vouloirs • , comme dit le P. Berthier, dont je t'engage à lire attentivement les œuvres el spécia'!ement les merveilleux petits articles qu'il écrit dans les ,,Causeries", précisément pou,r les jeunes lilles. Et puis, quand ht aura s réalisé dans leur meilleure valeur les forces que Dieu t'a données afin que, justement, tu puisses compter sur toi pou·r le sérieux voyage de la vie, tu verras qu'H ~is(e en ce monde des dénouements réels. Premièrement, tu trouveras ·le tien à ton propre service et au service -du pro· chain, et ensuite, n'ayant pas bâti sur cet espoir, tu auras sans nul doute l'agréable surpri se de renco11trer des aides, des affections sincères, l'estime, la conliance, et le mieux


96 restera de compter, jU,squ'au bout, sur toi parce que sur ,Dieu. Et ne voilà-t-il ,pas un rayon de bon miel 1iré de l'expérience que tu juges si dure? Quant au .pessimisme, c'est une horrible plante. Laisse-1.i, toi ,qui comptes sur toi, à ceux qui se contentent de compter sur les autres. Tante LUCIENNE (,,Ga·useries'').

------··· Variétés

Eff.ETS DU VlN Un a,po!ogue juil, où les eifets du vin sont e~primés à la manière orientale, nous apprend que le patriarche Noé, s 'étant éloigné un moment du premier pied de vigne qu'il venait de planter, Satan transporté de joie s'en approcha, en s'écriant « Chère plante, je veux t'arroser! • et aussitôt il courut chercher quatre animaux différents, un agneau, un singe, un lion et un pourceau, qu'il égorgea tour à tour sur le cep, aiin que la vertu de leur sang passât dans la sève et se propageât dans les rejeton,;. Cette opération du dia:ble eut le succès qu'il en attendait, et son iniluence s'étendit à tous les vignobles du monde provenus du plant de Noé. Depuis lors, si !l'homme boit une coupe de vin, il devient caressant, aimable; il a la douceur de l'agneau. Deux coupes le rendent vif, folâtre; il va sautant et gambadant comme le singe. Trois lui communiquent le naturel du lion; il se montre fier, intraitable; il veut que tout lui •cède; il se croit une puissance; il se dit en lui-même: Qui peut m'égaler? Boit-il davantage? il perd le bon sens; il est incapab'e de se conduire; il se roule dans la fange; il n'est plus qu'un immonde pourceau. De là ce proverbe des sages: • Le vin en Ire et fa raison sort. • De là aussi ces locutions: un • vin d ·a· gneau •, un « vin de singe • , un « vin de lion•, un • vin de pourceau•, dont on se sert pour qualifier les divers effets de la boisson. On dit encore: un • vin d'âne •, qui assoupit et ,rend hébété; un c vin de pie•, qui rend ba·

97 vard; un • vin de cerf •, qui rend triste et lar,. moyant; un • vin de renard • , qui rend ~ lin et cauteleux; entin, il y a peu de varié!& bestiales qu'on n'ait découvertes dans l'ivrognerie. C'est un être mttltiple dans lequel oa trouve les nombreux su.jets d'une grande mf.. nagerie. Mais ce qu'il y a de pire en lui œ n'est pas d'être bête de tant de maniè~s, c'est d'être ·bête moins l'instinct. Vous qui craignez de lui ressembler, de vous ravaler, à- son exemple, au-dessous des •brutes, suivez le régime à la fois hygiénique et moral prescrit par ces deux autres proverbes: « Ne buvez .jamais sans soii, et mettez toujours de !"eau dans votre vin .• Gest-ldire: Contentez-vous de satisfaire à vos soins réels au lieu de vous e11 créer de factices, et modérez les accès de vos passions au lieu de les irriter; car c'est ainsi que voua obtiendrez la santé du corps et de l'âme, deux choses d'un prix inestimable et que Dieu a faites pour être unies.

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~

t L'inwression de fa mort· est plus vive en nous à mesure que l'âge et 'l'inEirmité noua la font voir de plus près. Je la ressens ausai Dieu se sert même de cette rude épreuve pour nous désabuser de notre courage, pour noua faire sentir notre faiblesse et pour nous lenir bien petit dans la main. Il faut demeurer en ,paix, n·écouter point l'amour-propre qui s'attendrit sur soi à la vue de notre mort, se d6, tacher de la •vie, la sacriiier à Dieu et s'abandonner à lui avec coniiance. t Dieu pourra bien vous laisser un peu de temps dans la nuit douloureuse, mais ce sera pour vous purifier de toutes les scories du monde, pour détruire dans votre âme les rales d 'autrefois, µour la rendre- humble ea l'humiliant et, cela fait, il lèvera tous les voi· le,s , a:baissera toutes les barrières et fera tomber toutes les chaines. t Dieu peut vous éprouver, vous faire pa.. ser par le crible de la souifrance, mais voua abandonner, jamais! - « car le Seigneur elt pr~ de ceux dont 1e cœur souffre,.

sapparitions dn Christ ressuscité =

Pendant la sainte Quarantaine qui s'écoula entre Ie matin de Pâques et celui de l' Ascension, Notre-Seirrneur t tantôt visib'J.e et tantôt invisible ou ien parfois tel. disciple était favorisé d'une ,apjparition tandis que les autres en étaient privés. ,Il y eut donc une série d'apparitions passagères et de disparitions, profongées. Voi'1à, pour toute Ame chreüenne, un instructif avertisseent.

Réjouissons~nous quand Jésus fait sentir sa prés·ence -et entendre ses divines inspirations. N'est-iJ pas en effet la voie qui mène au but suprême l~ vérité qui éC'laire tout homme venant en ((e monde, Œa source ide toute vie spirieNe et surnaturelile? Avec Jésus on ut se ,passe~ de fout ·autre com,paon; sans Jesus toute autre société insuff.isante et parfois même dangeuse. Heureux donc quiconque éprou,J.a consotation ineffable d'être avec êsus et de jouir des témoignarres de !Particulière bienveililance, "' Mais 'les heures ·de sécheresse et d'a. ité ~euvent survenir, de même qu' trefo1s; après le miracle de la Résur. ion . .les iapôtres et iles disciples é1ent le plus ,souvent !))rivés de la vue leur divin Maître. Hélas! nous aus_no~s s?mmes, iex,posés à le 1per,dre res 1avoir possedé ! Or, c'est là l'une persipectives iles plus troublantes xque11~s on puisse songer. Oui, il t se d1re ,que, dans l'affaire caipitale la sanctification et du salut nitl t certain de ipersévérer et par' conuent de g,artder l''Ami céleste. Avec s, nous avons contracté une ,a,Uiani~time par Ue baiptême, ipar l'Eucha1e, par fa réception ,de tant d'augrâces, mais cette union sacrée embl,le à un trésor renfeP111é dans

un vase fragile ,qu'un faux pas peut .précipiter et briser. Pensons aux exemples que chaque siècle nous fournit. Que ide chutes aussi Jamentab1es que surprenantes! Que de personnages illustres paraissaient s'êtr,e élancés vers aes sommets de !,a sainteté, et ils sont tombés comme 1Lucifer et jamais on ne iles a revus .debout sur la voie du salut! A ceux-là, Je Chdst était apparu. mais par leur -faute ils l'ont •laissé dis,paraîtœ, et peut-être la séparation a-telle été définitive! 1Pour utiliser ,de ipar,eililes leçons,vivons et dans une sincère humilité et dans le vif désir de nous maintenir dans l'amitié de Jésus. Joignant notre prière à .celffe de l'Egilise, redisons-lui souvent, à cette épo·que de l'année: Oui, Seigneur, demeurez avec nous, œr ,déjà il se fait fard et Ie jour est à son déclin.

····Avis d'une mère à sa fille (Sulte.J

C'est LHl devoir, ma füle, que d'employer ~e temps: quel U$age en faisons-nous? Peu de gens savent 'l'estimer selon sa juste valeur. « Rendez-vous compte, dit un ancien, de toutes vos heures afin qu'ayant profité du ,p résent vous ayez moins besoin de l'avenir, Le ,temps fuit avec rapidité. A-pprenez à vivre, c·est-à-dire à en Iai,r e w1 bon usage. Mais la vie se consomme en espérances· vaines à cou. ' nr après •la fortune, ou à l'atte11tl.re. Tous les hommes sentent le vide de leur éiat, toujours occupés sans être remplis. Songez que Ja vie n 'est pas dans l'esipace du temps, mais dans 1 l'emploi que vous en devez faire: pensez que vous avez LLll e!,prit à culliver et à nourrir de la vérité, un cœur à épurer et à conduire, el un culte de :religion à rendre. Comme les premières années sont précieuse~, songez, ma fillle, à en faire un usage ·utile. Pendant que les caractères s'impr,imenf ai sément, ornez votre mémoire de chos~ pr~-


98 cieuses: pensez que vous iaites la provision de toute votre vie. La mémoire se ie1tme el s'étend en l'excrçan 1. N'éteignez point en vous le sentiment de curiosité: il faut seulement le conduire, el lui donner un objet. 'La curiosité esl u,ne connaissance commencée qui yous fait al'ler plus loin et plus vile dans le chemin de la vérité: c·est un pe·nchant de .Ja uahll'e qui va att devant de l'instrudion: il ne faut pas l'arrêter par l'oisiveté et 1a moLJesse. Il est bon 'que 1es jeunes personnes s'ocCI.Jd)ent de sciences so1ides. L'histoire grecque et romaine ëiève J'âme, nourrit le courage pa1· les grandes actions .qu'on y voit. Mais avant toul il 1t"est pas permis d'ignorer 1"hisioi,re \le son pays. ,Je ne blâmerais pas ,même wt pett de philosophie, si on en est capable: elle vous met de la précision dans 'l'esprit, démêle vos id'ées, -el vou,s apprend à penser tiuste. Je voudrais aiussL de la morak'. A lforc,e de lire Cicéron, .Pline, et 'les au.f.res, on prood du ,goût pour ~a ,verfo: ü se fait une i!J1)ression \nsensible qui tourne au protil des mœurs. La pente auic vices se corrige par a•exenwle de tant de ver,l'Us; et rarement trouverez-vous à un mauva is naturel du goût pour ces sortes de lectures. On n'aime pomt ·à voï:r ce qui nous accuse, et ce qui nous c~mne Pour les langues, quoique nne femme doive se contenter de par.Ier celle de son pays, je ne m'opposerais .pas à l'inclination 'que 1'on pou~,rait a1Voir pour le latin: c'est la langue de PEg14se. E11e vous ouvre l'a porte à tou.t.es ,les sdences; ·elle vou.s met en société ,avec œ qu'i-l 'y a de mei11eur dans tous les ·siècles. Ut poésie peut avoir des inconvénients. J'aurais pourtant peiue ~ interdiire la lecture ijes be.Lles tragétlies de Corneille; mais so1.went ijes imeiJ\eures en vous donnan.l des leçorus de vertu, vous laissent l'i~ression du vice. La lecture des ron&\us est plus daugereuse: lje ne vou:drais l[)as que 1'on 'en fit usag~. Le roman n'étant ~ama is pris sur le vrai. all'ume l'imaginalion, affaiblit la pudeur, 111et

99 .1,e désordre dans le cœur, et pour peu qu'un, jeune personne ait dé la disposition à la tendresse, hâle et 1p1•écipi,te son penchant. 'li ne faut IJ)Oint augmenter Je 'charme ni l'iUusion de l'amour; pl'Ll6 il est adouci rplus il est modeste, et plus il est ·dangereux. Je ne ivoudr.ais point les défendre; toute déîense blesse la liber.té, et au.gnnenle ·Je désir; mais 'H faut, auta11t qu'on peut, <S'accoutumer à des ,Jectures so'l~des, qui ornent J'eS;prlt et fortifient 1e cœur: 011 ne peut trop éviter celles qui la iss·enJt "Cœ,s impressJons diffiidles à eiiacer. 'Modérez votre gofü pour les sciences extraordinaires· elles sont dangereuses, et elles ne dom1ent o;di11airement que beaucoup d'or"ueil · e1les démontent les ressorts de l'âme. Si vdus avez une imagination ,v.aste, 'Vive et agissante, et une cmiosité que ,rien ne pui,sse arrêter, ·il vaut mieux occlld)er ces disposiitons aux 1s.cieniœs, que de hasarder qu'elits re tournent au irrolit 'des ~ssions; mais songez ,que iles filles doivent aivoir sur les sci,ences u.ne pttdeur presqu'aussi tendre que sur les vices. Soyez donc e.n garde .contre le gont du be:l esprit: ne vous amusez poinit à courir aiprès des 'scienœs vain·es, et après celles qui sont au-dessus de votre IPOrlêe. Notre âme a 'bien plus de quoi jouir, qu'.el1e n'a de quoi connaître: nous avons les .lumières propres et n.écessaiires â notre bien-être; mais nous ne ,vouTons :pas nous en tenir là: nous courons aiprès des 'Vérités qui ne sont pas faites pour nous. Avant de nous engager en des reoherchea qui sont au-dessus de nos connaissances, _i1 faudrait savoir quel1e étendue peuvent avoir nos lumières; iquelle ll'èg'lè il faut avoir pour déterm1i111.er notre persuasion; apprendre l séparer .~'opinion de Ja connaissance; avoir la force de douter qu,anid nous ne voyons rien clai,rement. et le courage d'ignorer tt qui nous passe. Pour arrêter la hardie·sse de l'es.ptljt, et pour 'diminuer s.a confiance, songeons. que ·les deux p1,incipes de (ou,tes nos conna1~nc'es. la raison et le sens, imaJl/Cjuenl de s1océri1é el nous abttsent. Les sens surprennent

la riusou, el :la .raison les .tronwe à son tour: voilà n-0s deux guides, qui tous deux nous égarent. ces réflexions dégoûten.t des scieuces abslraifos: employon,s donc 1e temps en connaissance utiles, Il faul qu'une ,jeune personne ail de la docili,lé, peu de ,confiance en soi•même; mais aussi 1te faut-il pas pousser celte· docilité trop Join. E.11 .fail de ,rehg,ion, il faut œder aux autorités; mais sur tout •autre sujet, it ne fau1 recevoir que œlle de 'la raison et de l'éviden,ce. En donna,nt lrQp d'étel1/due à la docilité, vous prenez sur les droits de la ra•ison; vous ue faites plus dlusage de vos propres l'umières qui s'affaib'.Vissent. C'est dou111er des bornes trop étroites ,à vos idées, que de Iles renfermer dan.s celles d 'autrui, Le témoig1iage des hommes ne peut avoir créance qu"à proportion du degré de certitude qu· ils se sont acquis en s1inslruisanl des faits. II n'y a point de prescriJ)tion cooitre la v·érité: ell'e est pottr toutes 'les personnes, et de tous les temps. 'Enfin, co.mn~ dit un grand homme, • pottr être chrétien, il faut croire aveugl~t; et pour être sage, il faut croire évidermnent. • Accoutumez-vous 'à exercer votre es.pril, et à en faire usage µlus que de voire mémoire. ,Nous no,us ren,pli;ssoos }a tête d'idées étraingères et nous ne 'tirons rien de noire propre fonds. Nous croyons avoir beaucoup avancé, qua11d nous nou.s chargeons •!., mémoire d''histoires et de !ails: cela ne contri~ bue guère à la perfeclion de l'e"lprit. JI' faut s'aœ.outUcmer à ,penser; l'esprit s'étend cl s'augimenle par l'exercice; peu de personnes en font usage; c'est chez !l10Us un talent qui se repose, que de savoir penser. Les faits hislori.ques, ui les opinions des philosophes ·ne vous défendront ,pas contre un ma:U,eur pressant; vous ne vous en trouverez ipas plus forte. Vous arrive-t-il une alf.liction, vous aNtz recours à Sénèque et à Epictète. Est-ce à Jeur nison à vous co1150iler? N'est-ce ,pas à la votre à faire sa charge? Ser,vez-vous de votre prQPre bien: faites des provisions dans le temps cahme pour le 'e"'ps de l'alffliction ,qui vous .attend. Votts

serez bien Ji,lus sou,fenue par voire propre ra1so11 que ,par celie des autres. Si •vous pouvez rég:!er votre· imagination, el la rendre soumise à la vél'ité et à la rai!IOO, c~ sera une fr.an.de avanœ pour votre 1 i:>el'fect1011 et pour votre bonheur. Les fem1 mes ~c11~ ordinairement gouvemées par leur 1magma.Iton : comme on ne les occupe à rie.u de sol'ide, et ,qu'eJles ne sont dans la suite de leur vie chargées ni du soin de leu.r forluue, ni de la condui te de 1e1u-s affaires eUes ne so11t Vivrées qu 'à leurs plaisirs, Spec-tades, habits, romans et se.nfunenits, tout cela es,t de fffiljpire de I imagi,ua.tion. Je sais qu en la réglant, vous prenez sur les plaisirs: c·es t d,Je qt1i eu est la sourœ, et qui met dans res chos~s qui 1:llaisent le charme el l'illusiot1 qui en fon t tou t t'agu-élnent; mais, pour un 1plai,sir de sa façon, que'ls maux ne vous lait-eli!e ·poinl? EL'e est towjowrs entre ua vérité et vous: la raison n.'ose se montrer Où règlle Iïmagim:\ lion. Nous ne voyons que comme il' 'lui plaît: ,les gens qu'elle gou;veme savent ce qu'elile fa it souffrir. Donnez-vous LLne vérila b,le idée des choses; ,n e icé<lez point comme le peu!p]e· ne céd~z point à l'opi11iou·: relevez-vous de~ prêlj,.u ges de l'enfance. Quand ii vous arrive què!que chagrin, tenez la méthode suivante je m'en suis bioo trou,vée: examinez ce qui 'rait votre pei1te; écartez !oui le fa-ux qui l'entoure, el tous les a.joutés de l'imagination; ~ou,, ver~ez que souve~, t ce n'est rien, et qu' 11 y ,a bien à rabattre. N'es1imez les choses que ce qu'eH'es valeu1,t. Nous avons bien plus à notts 1Plaindre des fausses opinions, que de la fortune; œ ne son( pas souvent les choses qu i nous blessent, c'est 'l'opinio111 que nous en avons. Il faut, pour être heureuse, penser saü1ernent. On doit ,un grand respect aux opinJons communes, quand eUes rega.rdeiit fa religion; mais on doilf. penser biec d,ifféremment dtt peUiple sur œ qui s'aippe;lle morale et bonheur de ,J1a vie. Jlappel:le peufPle, tout ce qui pense bassement et ,communément; ,Ja cour en est rert1plîe. Le monde ne pa~le que de fortune et de crédit, on n'enlend que: • Su,i vez votre route, hâ1ez-vous 1


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100 d'avanœr • ; et l'a sagesse dit: c Rabattezvous aux choses s,inl)les; choisi,ssez-voll5 une ,vie ohsa11re, mais tranquiUe; dérobez-vous au tumu:lte fuyez la fou)l_e •. La récompense de la ver~u· n'est ·pas toute dans ra re.nomrnée; elie esit d.i111s le témoignage de votre propre consci~e. Une grande veir,\u ne peut-die pas vous ,consoler de la perte d.'un ipeu tle gloi,re?

( A sid11re.J

Bonheur de croire . rai fait mes pâque.s !

C'est~-diire: j'ai a~ompH: raote essentie.1 . Je ne suis Je disciip1e ~i de V~aire, tu de Kant, ni de ReJ1a111,, ma1'l'> du Chnsit doux et humble qui a soul1'.i devant la sagesse de.s sages et qui a transformé ile monde en. di· san~ : ' • Aimez~vous les uru; 'les attires! • ~

de ma !oil

J'ai [ait mes Pâ.ques! . C'es.t.a-Oire }'ai co.rutim1é le geste qm, de· pui~ diX111f'Lt! sièdes, nous relie à ce cênaole de Jémsa1lem où se célébra le ba,nquet auguste. . . à - ces premiers ~rty.r s ~ui, au fonki des catacomibes, 1na:ngea1ent av1<lemen.t le pain sacre arvant d·a~ler ~urir .dan.s l'a1111Ph~théâtre ... à 1ces aïeux qui bâ.tissa1e~ .de tels taoor.naoles 'de pier.re pour cette d11vrne Hostie, que, tout malins et fiers que nous sommes, nous rôdoo.s iautour de leurs cathédrales en disant : • Si jamais i,Ufa1llait recom,men.cer de tels chefs d'œu.vre! • ~ 0

J'ai fait ,mes Pâiques! Le adaimbea·u· de la tradition ne s'est pas éte~nt dans ma main . . . J..'am1eau .de la chai· ne, Je ne J'ai ,pas 'brjsé! . .. La foi des miens, je ne l'ai pas avil'ie!. .. Je regarde le même ciell avec fe même es;poir , .. Je ne &uis pas en contradict.ion a,ve.c ma femme, que j'ai ~ousée au pieJd l(ies aru,tels. . . a,yec ~ en· fan~s, qt1e je f.is baµtiser ... qu'ils croient,

ce

je le crois! . . . Ce qu'iils aiment, je l'aimet Et les aïeux ont dtl nous bénir du food de Jeur éternHê en voyaint toute la iami'l:]Je aller ensemble à la Ta~e mystilqtte, comme en, s~le elle se réunit à 1a tabk matérielle. ~

J'ai fait mes PâJques ! Je ne suis ipas ,u n isolé, a>as un discuteur dans .la granlde marche U111i.vef\selîe vers .l'au-

deJlà, Je m',aij)puie 9ur la p~us g,mnJCl.e auAori~ morale qui exista jamaus. Je wvs le irèœ' des iJninombrahle.s lidèies qw, id.ms le monde erlitier, viennent de s'agenouill'ler au pied de liaL1tel et se sont releivés enisuiite avec le senitiment que Dieu habifait dans leur poitrine humaine, et qu'~ls en étaiiernt piws fort.s contre Les menaces de la ,vie et les passions du ·cœur . .. Dans œtte mwttitu!de, il y a des saivants et des iguiora111ts, des enfants et des vieilfarda, des heureux eit des irifor:hmés. . . Et moi, pauV1re être mûrissrunt pour Ja moisson procooine, je suis heureux de lever mes mains a.vec towtes ces prières . . . de savoir que je suis chez mo~ da11Js toUites les ég.J.ises catho[,ilques du ,mon,de . . . que, ,dans mon itnmenee fami:•re reLigieuse i,I y ,a eu .... 11 y a tant de belles âmes encore que, pensant à ellu , Dieu au,ra pelllt-être pitié de la pauivre mienne,·,

*

fai fait mes Pâiques! . . ,Et fai songé avec c011t11passLon à oeux qiw s'eJ<1termi1t11eint ,ici-bas pour dix, vnlig11 1111 d 'a,venir, afors que j'avaiis dans ma poitnne Ce!'ui qwi esit l'Eterni.fé .. . J'ai senti ,la joie Jutime de la-isser r(IJO' ser mon e51Prit, ,comme un oiseatt repose ~ aile sur la v,ague de l'océan, et de croire, toub ,&fil\11plerne111t! . . . Le bonheuir dia.voir enfin u,ne 1répons8 l toUJtes les ques,tions qui angoissent! . · · . Je sais ,powriquoi je suis ici-4>as , · · La fil peut 1me rouU'er d:allls les plus dures épre11'11t ,faire de mon mis.êrnble corps une chose Vf/1, ,g aire ott ré!pugniante ... sous ce hai~on,

Arne bat des ailes e t croit à l'es,pace, à la lumière, à 1'illnmo.rta.Liié! . , . Oui, je crois en toi, ô 'Printemps éterneil, ô Chri st toojout"s üeu11el .. , Et je te bén~ parœ que, toi seuJ,, tu as ,vaincu 'fia mort, parce que ta résurrection est ·le gage de la mienne ... 1parce que, étant bon infini,ment, tu m'aUireras dans le lieu du rafraîc'lüssement, de la ilumière et de la 1

paix. ~

J'ai fait mes P~ues! Je sais poU!I1quoi towtes ~es cloches sonnen,t joyeusemen'6. . . powrquoi d 'invisiblles espoirs filottent dans J/a,ir. . . pour,quo•i tous res visages sem!)lent rayom1er . .. Et rmintenanl le soleiiL peut bri•l~er de .ses pl.us gais rayons! . . . li\1 ne sera pas une ironie, car mou ·cœu,r est en fête! Le ciel, ,pooit se faire sombre .. . ]'ai en· fermé dans mon âme Çeil'ui qu.i· est fa clarté ftemeil!!e! J'a i fai-t 1mes Pâques! • Ahlielluia 1

».

PI,ER.RE L1ERMITE.

-····

La saison des nids Nm~s avons, dep,u,is queifques jours des visiteurs ,nouiveaJUx. Les premiers qui ' sont arrivés,. ce. s0111it aes pinsons, ,les genti,Js pinlOns s1 mignons, si gais, s,j confimts. Hs tonit .touJou111s ,par f'.OU!Jlles, ills ne se sépa1'11t uamaJs et, comme n.eronlt dans quelque s les fauvet.tes, nous aperœvrons les ~ux, toutiou.rs ensemblle, sautant de bra·nen brancile en Lançant de gaies exoJlamaoos. Dâjl mê1me ill's co.minenœnt leur re·n coutumier, mais .sa.ns l'acheiver; iils s'ar· teo~ aru, rmildeu, car ~ls ne le chan1eront tout ·er que lonsque les vr~iis Joul's de prinseront Nenu,s. I,Iis dherchent tou,s deux r nourriture en s'y aidant, et ce qui les sur.tout déljà, nous le voyons bien t de ~uilte, c'es,t de [,roUiver un ·~ Ja<:e· t co11;venabl'e 1pour y c-0nstruiore, dès qu'il

eu sera tertips, fa ~ Jlllaison de famH!le :o, le nid sâ ,padaiteme111t exécuté si joli si conforllalble, où ,seront déposé; iles œttls et ot1 naîtront les cher,s pems. QueHe minutie que de soucis, f! uels. soins sérieux pour 1~ placer sollidement, aiu ,hou~ des bra111ches l'oin du tro.tJ.C de .t\uihre, afin que 1'a f.lexibilité de ceHes-ci ,ne pem1el~e pas aux bêles féroces, chats, fouines, ,rutois, écureuils d 1arriiver jusqu à luJ! Cependant on ne Te connnence pas vi.sible' et . ,tout de sui.te; iil serait t,r""' ~ b1en q ue sa rposi1fon soit décidée, on ne se mettra à l'ouvrage que quial.1\d it y aura a&· sez de feuiiJJJ<age pour le dissimu1er aux regants. ,Les pbnson,s ne ·sont ceipentant ,pas les premiers à faire lieur nid. sont 1oUijou.rs d~vaHœs par qes merles, iles corbeaux et Jes pies. Ces trois oiseaux s'y mettent avant mê· me ,que Ces bOUJrgeo,rns des a1,bres so.ien1 ouverts, en sortie qure 1,ien ne les cache. Pour ~es corbeaux et ~es pies, cellh n;est pais si extraorHiniaire quloh pourrait le croire car :1a véri1a1Me déîens·e de :leur nid cOillllir~ les déni~heuI1S n'est pas Vinvislibi'lilé, c'est !'in accessible position. Ils le placent au sommet des arbres Jes pl us éJeJvés, Jes plus ardus, suctou!! des peUijllïens droits ou ,les srupirus éifaguês. Les br,i~:nid,s qui ,voudraient s'y atlaqu'e!r ,seron,t tourt·o urs aiperçus à tel11!ps par la coUNeuse ou son gardien 'quand. ils monierout, soo1ven,t mên~ pa·s tol!ls deux, qu1i se défendrnnt si .fort et si h'abiJement que l'agresseur n'arri,vera PQ·S à ses firns, et que ce sera même foi q,rni risquera Je p:!!i-s. Les bêtes de proie Ile saveur d'aùlJleu,r,s, et i1[ es.t 1,rès rnre ,qu'elllles se ·ri•squen~ à te1lter le cou1p.

fl's

. Quia.nt au mer,le, J,l· pwcède arutremenit; au Jueu de nionrter sa demeure sur ies sommets, il la pila.ce au rez-de..çh1aussée. H1 n'y a encore !Pas de feuilles ,lo.rsqu'i:l' commence à fa bâti,r, mai1s i.1 sait s•i bien choi-sfr un endhevêtrernent de ronœs, d'épines, de lianes, d 'arbusr!es serres, i/11 connaît s i bien, les nu1a111ces, •l'es foins des 'branches et des ibrinidilŒes, des heroei; sèches, etc., que son nid, ip'laœ l1'abi1Iement dans la haie ou le buisson 1

'


108

102 da 'J)ie et récureuil prenne nt l'wie ·11 d . , ·l autre chaque 1ige de h as, e ,ser,mga, ~res . de noisetier, de. , depuis le sol ,1usqu au sommet et ne .laissent ,pas uue bran.chette, par un i\Jaquet de foum-les sans les passer en orevue. . 1 ii'éoha!•=e à cette recherche et pas \Ul R1et l"r , f . A n ld ir..e demeure aiprès qu'elle a éte a1 1e. u printemps dernier j'avais huit nids dans mon ~:ietit :jardin de Qa vi11le qui est ~ peu trop bêtes d~vorantes. 1Jrès du parc de Di,jon, œu,v re cna.nnant.e de Je dis rarement, car là, comnie_ eu Ioules .Le Nôtre, mais ipeup!é nialheu~cusemeot ~e ch oses i~ n'y a nen d "a,bsol'u, et s1 les cher~ . •d '~ureu~ls· tous les huit on,t été v1p1es e 1 , . \' ·• ' savent bien · · pour la .des •or,gamser oisea.ux dés dan s la 1111è111e se1naine, aucun cr,e il o1 !ense, les bêles de ,proie sont fo r l hab1,~es 'a tpu vivre. Et c'est partout comme seau n · - h ,pou r l'attaque, q u'eMes mènent avec unie d,.acela! ,111 y a pourtant des oiseaux qt~1 -ec apbotif'.lue ingénuosité, el qui donne, encor: ,pe,11l à ce massacre des inn~cents, ce -so.11t Jes lrop souvent. hé/l'as! de bien douloureux ~en~s:i.nges et •les ,petits grm1I)eUnl _qu,1 font sul1a ts. l'ls 0 111. con,lre eux, nos pa u:v res Jltleur nid dans ·le creux des arbres ou l o~ n~ nocenits tou t ce qui est cam4vore sur la terire , ,out 'Péné'(rer que p-ar un irou 1rop etro,t •I"· ·• 1 écu de la s~uris à ,l'homme el au lowp! en ~as.srant pour laisser passer ·une 'pie, et meme u, .• par les oiseaux de proie, ~e ?a p 1e-gneche ~ reuiJ. - l,l\; ont de 1,a chan:ce ceu x-,là, mais tki. ,buse, Parmi ces ennenus, les plus da'.~ge ils ne sont 'pas nombreux! CUNISSET-OARNOT. reux - ll"homme ·111i1s à pa,rt, - sotit I eouretl'i1 e ( :la pie. Ils ont rtous d.eux su trouver .•• 1. ---·la même ·tactique qui est incontestablement 1~ plus inMl•igente et la plus iredoulable qui

non seullernent n'atti,re QJas le ,regard, mais sera sou ven t ex:trêmement diffic~le à tro~wer pour quelqu'un qu,i ,Je chercherait. l~ esl toujours du >Ion de loul ce qui J'entoure el iou~ni de bra1110heiles ex:actement semblables a cel1'.es ,qui garnissent les alentours. ~ en ré~ cu!l'te uue sécurité à ,peu près coinl~le_le ,pour la coUT\'ée, qui es( bien rarement v1clrrne des

.., de· Ill![)11110 ,

Qui d01·t dine

soit. , . t Voici convment 1,ls procèdent. A~ mon\ell •Est-ce bien vrai? da11s ce cas le ~robl~• où l"œuivre de la reproduction des o'.seaux est de 'l'a:limen.lation, qui lourtnellte maint ~1 e, en p le ine acti1Vi1é, la pie e1. \'écureu'.1, se "7-tdevient d'une simplicité exlTême et pe~t elre teint en chasse. Dès )·'aube, les vo11la p~r is, ' osé aux e~amens d,'un e dasse enfantine. Il et i~s q uêten,(, avec tlilt,e a·~deµ r enrag~e et ~le soulage beaucoup moi-même, car de la clairvoyante d,e !li miers habiles. lis arr_1ven~ cher'té des· vivres, un de mes c.au.c he~rs d~ aux 'buiissons aux a,rbres isoiés, aux bots ou Hs J'heu:re actueiHe, je ,n 'aurai à me_ ,soue.1er n1 sont ~es n ids' et ,!es vo1·c1· qui· n,rv,rent -r · peu ni prou, le sœruneilf auquel' Je s,1,1,1s tr~ cherdlent d'abord à ~rre, oi1 les alou~ttes, e1101ine devenant un succédané de ~a nourn les ·verdiers, etc., ont il'a dangereuse hab1,tude re. AUJSsi, quand ma ~~ile bon.ne, en .nnser leur ni-A. là ,celia ,v a .tout seul; pas de !· - · nan,t du marché, me .nohhe que les œufs (pa "'' ' 1· ,1 t besoin d 'être habiie. Mais voici un t'• eu : des œwfs de condor ou d'autruche~, ,~es ivu\· a lo rs on y gr~n1pe en z ig z,ag pou•r ne pas gaires œufs de pou.le, so~t ît d~ ma::, . '-=• que'lcon· n ue une ienite, une , • .., , J1a1sser ,un u.,... da'b!es je me cootenlera1 de llll d~re, ~ écorce à de!ltli-arrachée sans 'les eJGP)orer. ' ·à ila . façoo ,,, gentulhomne ,prose, uu Bo urge o·s 1 Quanti c'esit: fait, 11e criminel descend .et passe me: • N icole, donnez-<1noi mon ~nntl de à uu1 autre arbre, et cela .d u:re des 1oumé~snuit. » A!l!fuJb.lé de celle coiViure qui Bien entendu, il n'y a pas que les_ futaies ment q u,e~que vertu dormi!i,ve, je ne ta 1 ··""'' eYrr.1• ,.,,rees 1 les taiMis ·aux, bois• el ·les{ qut. ':,vu'l "U' V as à émigrer dans le 'pays des songes oil P bosque ts iaux qlardins sont aussi ac!'.vemen j'aurai pour traiteur JMorph'ee qm· me doa, ·i., On le fa1,t avec et minutieusement ·1otL1rues. .

re-v:

11:nx

a:

nera gra tuitemen t œ1tls, léetJtnes, · relids de toutes les façons, 'Os de ,poulets, os de pigeons, sans parler de mainte caresse • . O les délicieux gaJ as ldu •somrne i1J! Q ui dort dîne, et il /fait u11 dîner de roi. - La mora1e aussi profi tera de ce système. Les •jours où l'a ir est sursa!tiré de fluide électrique, je me sens femme là 1m'e111por(er comme une SOU(pe au la it, pour peu que je sois contrariée. Ai.lors ,je dis à ma petite iménagère: « Nicole, chère Nico!'e, pas ide cuisine au\iourtl'hui. Je crains de trou1Ver un oheveu da11s la oSOl.l(pe e( parmi les h'arico!s assez de fiils ipour broder une pantoufle verte. Je me mettrais en colère con1re vous et vous donnerais de •vil_ilins noms, [)CU,t-ê:re des (a-loches. Mieux vaut resler calme e t impassible. Donc ras de cuisine aujourd'hui. » - « M,üs., ·Mru:lemoiiselle, qu'es(ce ,qu,e nous oouMerons? » - « L'air de la d1ambre à coucher. AMons faire la siesie. Qu i dort dîne. »

Ce n'es! ~à ce,peuwant qu '11.1 n intérêt persouneJ. Le ·petit moi 'tient trop peu. de p1ace dans le monde pou·r qu'à ·cau,se de foi on déroge

à u11 viei3 usage. Ce n'est ,pas p our 'lu i q u'on a avancé l'heure, ce 111'est pas en sa faveur q u• on :su.bsfüue l'e repos au repas, 1.ransfomla.nl ll1onnne de c-arnassier en bête de • somme ~. fort bien, mais il me semble que la société fout entière gagnera i cette ,innovation. P renons w1 exeiriple. Dans ceriain,s pays où les vivres sont ;plu tôt rares, o n a imaginé des cuisines ·rou:Jiao (es ,qui !Vont de rue en rue, offrant ·à q,ui Ja désire et ,la paye, une pitanice rèlt,ementaire. Un l'o ustic a même af.fi rmé q1.f à rcer!a ins jours, la viande faisant défau\, On sert au e<lient, IJ)OUr remplacer .Je sandwich, une cute de jambon entre deux cartes de pain. iMai·s parole de 1loustic n 'esl pas article de foi . S. Jean-Baptiste lui-même n'aura it :pas voulu se nourrir uniqu.emoot d'abs.\ractioos; Ï'1 .Jui failla.il son menu de sauterelles e! de ,mie.l sauvage. To.wjours esl-i,I que ces cuisines roùlantes sont un terrible ellllba;rras pou,r 1e,s a.clrnin istrateurs, un scandale pour les bons vieux iqui ·n 'ont jamais vu ça , un danger pour 'les personnes nerveu-

ses qui, e ntendant ce roulement sur le pavé, SJntagiuent que ce sont de,s pompes à incendie, croient que le feu est près de c,hez elLes et éprouvent toutes les conlSéquences d'une bonne venelle. -Pourquoi ne pas adopter une méthode p'.us simple et moins désastreuse? Une d oche « ad hoc », au timbre argentin, trois fois ,par jour donnerait un signal à Ja vi11le tout entière. Un angélus munic ipal, quoi! Tou1S a lors, petits et grands, riC'hes e t pauvres, militaires et ,pékins, ionctionnaires et adminisl-res, de se ,precipiter sur u.ne couchette quelco11que. Le bon exemple et l"aut osuggesiion ,aidant, bientôt Je ,sommeil serai( général. Pour une heure la cité ressemblerait au château de ·l'a Be!Je au Bois dormant. • Qui dort dîne. » Songez ,que c·est un ;provei-be et que les proverlbes sont la sagesse des natio1LS. Etabl'ir le sys!ême que je préconise ne serait donc pas si fou q ue les· penseu'f\s collet mon,té font semblant de croire. On •verra it les dîners à •l'époq ue où chacnu ,pourrait savourer, a.,vec les douceurs de Jia ,ip.aix, les délices de la cuisine bourgeoise, Laissez-moi vous mentionner un aut re avantage, b ien appréciab!e at1ssi. Aiosi, il nous répugne de r'!n,co,1 :r·~r $Ous ,1os regard'S des étalages de bouchers ou <le chiir· cutiers. 'O les horribles ,quartie!·s de viande! ô Jes ven tres 'étripés! Ces boucheries &e k rmeraient d'elles-mêmes si au lieu rie 1.lîuer on dormai t. Les rues en deviendra ient plus morales. Nous ne verrions pas non r !us sur :a 1errasse des restaurants, dernètre Ie maigre et lranS\J)aren( r ideau d 'arhu>Sles titiq11es, d' illfaNgables mâchoires broyer des mcls, connue si La mastication cosntituait une détef(<;e de la patrie. \Encore si il'on mangeait la bo uche en cœttr! Mais les contorsions qu\,n croi t obligatoires déforment l'ovale du plus gracieux ,visage. Faites adopter ,Je • qui port dîne ~: !'.esthétique de nos villes y gagnera. Je sai s bien que ce proverbe es t quelquefois in,terp.rété aukemenl. Le pa uvre que Ja fai,m lenailile, trouve un oubli dans le som·


alllet 1919 104 Vou-s avez lait pourtant quelques ftumei l; le sommeil lu,i tient lieu de nourriture, Le gringalel qtü a!,pire à l'a 'bedaine, s·cn- des? A rEco'e normale supérieure, oui, magraissera en dormant aussi b,ien qu'en nnn- dame . ... Professeur de troisième au lyœe de ~an~. 'Le paresseux qui du malin au soir Rigeac-sur-Adour, je gagnais 3000 fran(:S par poi.nt ne bouge et ne veut ouvrer à auc,µn ait - .. c'était su.lfisant en 1914. jour de la serna,ine, se verra interdire l'accès .. li y a eu la guerre .... de la game\.le: i\ ' a somnolé toul son son;, • Quand un peuple opprimé ,combat ses opqu'il ne parle iras de manger. presseurs, [douceurs ... > fac.ceopte toutes ces interprétations du Aussi bien que 1a paix, la guerre a 5e& proverbe, Je persiste cependant à presenler la mienne aux hommes d'Etat, el si les progrès Chénier se trompai\... \a Paix du !éminisme me conhent l'es destinées d'une • A des rigueurs, ,pour inous, à nulle autre na~ion. je saurai l'a,ppli<1uer de manière à pareilles. ce que l'on soit obligé de dire: • E,tne est ép1. .. Je constate <à regret que, avec 3000 fr., lanle, celte ïemme-là, • (..Causeries-") je ne .reux iJ)lus vivre . . . ni faire vivre ma lemme et mes enfants. . . Dès lors, il faut prendre un parti. -Madame Ïa baronne offre 400 Iran.es par mois, logé, Üourri , blan<ihi ... c·est une situation inliniment plus assurée LE V AIIJE,T DE CHAMBRE pour moi . . .. Il n·y a pas de sot mélier, De l' ..lllustration'': Celui qui, hier, se présentai! cl1ez la bat Aimer est l'une des premières condition1 ronne avait l'air sérieux et distingué, mais du \onheur. Co1nmenl ne ipas se sentir meil· mi peu triste. leur, forlitié, ,quand autour de soi 'l'atmos- Vous me convenez, lui dit •la baronne, phère infüue est toute dhaude de s,y,ITTJ)athie, cl pourrez entrer demain à n,on service. Comquand on se sail - par la meriveilleuse divi· ment vous appe:ez-vous? n,alion de {instinct - nécessaire ,soi-même au - Durand, Jules-Antoine. bonheur des autres; comnnenl ne pas mar· - Vous vous appellerez Ernest. 2her [)lus vile, a,vec plus d'élan, quand on se - Je suis prêt a abandonner, répondit-il, sait attenid'll et qu'on imagine dêjà aes n1ain1 mon nom patronymique. Le devoir a ses exiqui se tendront ,pour accueilL!ir les vôtres; le& gences. • Les hommes, a dit La Bruyère, agi 5· yeux qui se l()longeut d ans les ,v ôtres pour Jei sent mollement dans les choses qui ne sont décharger de leur peine ou se rejouir avec pas de leurs devoirs.> eux; ,]a chère 'Voix a ill11ée qui saura - tou· La baronne sourit et murmura: iotus guidée par le même instinct des âmel - Vous avez une certaine culture? atmantes - 1rowver 1les mols justes et dé- Hélas! lica~s pour apaiser et conso1er. Il continua: « Dites ce qui est vrai , faites ~ ce qui est bien; ce qui importe à l'homme est :ç Est-il sous le ciel un plus be~ usage de de remplir ses devoirs sur la terre. > Cette la sanlé et de la vie que de les sacrilier pour pensée est de Vo1taire. la cause de notre grand Roi, notre auguste La baronne éca['(Juilla les yeux: Maître? Les soufirances passent avec la vie; - Mais, di{es-moi, vous me paraissez avoir mais la gloire qu'elles nous procurent ne de l'instruction ... ne ,pourriez-vous pas aussi finira jamais; el, p uisque ,la vie est cou.rie, foire répéter leurs leçons à mes enfouis? sachons souteni'r te combat ~usqu'au bout, Oh! non! ma<lame . .. non, non , jaa.lin d'emporter la ipalme. (Sie Thêrèse,) mais!

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Variétés

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Publication fondée en 1881

L'Ecole primaire donne une dizaine de livraisons de 16 pages, t dla couverture y comprise' et autant'" de suppl4§• men s e s.-16 pages pendant l'année ordinme (soit du 1er Janvier au 31 Décembre).

Suisse fr.

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à obtenir ce résultat. C'est ainsi

ECOLE ~

à notre connaissance la campagne

presse dans le Haut-Valais a été

PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIBTB VA.LA.ISA.11111 D'IDUCA TI011 SION, 15 Juillet 1919

Le vote du 22 juin L'Ecole primaire n'ayant plus paru depuis le 15 mai - vu la clôture de la plupart de nos écoles déjà à cette date - nous devons une mention spéciale dans lia présente .livraison à l'événement heureux survenu dans l'intervai'le par l'adoption d'une nouvelle loi qui améliore notablement la situation matérielJe du corps ens·e ignant, comme on le remarquera par le texte qui s'en trouve publié plus loin. Son acceptation, est-il besoin de le dire, a été saluée avec d'autant plus de joie et de satisfaction qu'on pouvait, jusqu'au dernier moment, r:edouter un échec de la loi. Et les inquiétudes à cet égard étaient d'autant plus fondées que l'-0~ s'atten~ait à une, vive opposi_tion qui, par bonheur, ne s est pa,s mamfest~ .a~·sez forte pou.r l'em~orter au jour dec1s1f. Toutefois, 11 ne s est pas fallu de beaucoup que la loi sombrât, puisq?e, dan:s l'·~~semble ~u . ~an~?!1 ~lie na passe qua une ma1onte d a peme

co•

500 voix. Pour peu qu' un courant traire déjà dessiné se fût accentué à à dernière minute, la foi du 24 mai 1919 sur les traitements subissait le hiaJ sort du décret sur l'élévation du prfi du se'l. El'le a donc heureusement d blê le cap en compagnie de la loi a l'enseignement professionnel agri que le peuple souverain acceptait à 1llll grande majorité le même jour. Si la juste cause du corps en,,')QJ·i:,IMI• a triomphé le mois dernier, c'est, qu' ne l'oub[ie point, grâce à un travail tense préalable et à la mise en jeu nombreuses et puissantes infl Tous les efforts combinés n'ont pas été superflus pour remporter victoire. A cet égard le corps gnant a, une fois de plus, contrd dette de reconnaissance particulière vers les journaux du canton pour 1 pui_et _Ia bien~eilllance qu'ils lui ont mo10-nes en J occurrence tous s' pro;oncés en sa faveur p~ur reco der au peuple l'a'doption de la loi.,. publiant ou insérant des articles

I

par l'honorable Chef du Départ de ['Instruction lui-même, penque, de son côté, le Dir:edeur de 'lcole primaire ne perdait pas son s. mettant à contribution dans le but les principaux .organes de la ie française du canton. On se rencompte de son intervention à cet droit par la citation de l'un ou l'auex!rait d'articles ,parus et qu'il reodmt. non par vanité ou satisfaction él'am?ur-propre, m~i? simplement pour bhr que le Com1te de ,l a Société valaisanne d'Education, soucieux des in(frêts de la corporation, s'est dépensé par la plume ou par fa parole· pour amener le triomphe de la <:ause commune. Et, au risque de mettre à l'épreuve leur modestie, nous aurons gar' à cette place, de 'l aisser dans l'orne les noms de M. le Ohanoine Dela,ye et de M." le député Thomas instituteur, car i'ls ont droit 1Jargement aux Jionn~ur~ de la J~um~e par le z èle, tbabilete et le savo1r-fa1re qu'ils surent déployer pour assurer le succès fina l de l'œuvre législative. Tous sont récompensés aujourd'hui de leurs efforis ~ 'le vote intervenu qui marquera dune boule blanche la date du 2 2 juin 1919 P. P.

-o-

Plur nos instituteurs et institutrices Sous ce_ titre il a .p aru l'appel sui-

vant, la V·eille de la votation du 22 juin JWI~ les journaux : Gazette du Valais' :Ami du Peuple,. Feuille d'Avis, IJJ.dl tur, tous paraisse.nt à Sion : A la . v~~lle . de la votation cantonale du 22 Jum,, Il est de notre devoir de :reoommai:ider instamment au peuple acœpta_tion des trois lois et décret sur uels il est appelé à se prononcer.

Un vote affirmatif se recommande à tous points de vue comme un acte de JUSTICE, de RECONNAISSANCE et de BO_NNE ADMINISTRATION. 1. Comme un acte de /USTICE puisqu'il s'agit de rétribuer plus convenablement notre dévoué personnel enseignant, dont la situation matérielle précaire réclame sans plus tarder une amélioration. 2. Comme un acte de RECONNAISSANCE pour les services précieux qu'il r~n_d à ~a ~ociété,par la noble, mais difficile. mzs~wn qu µ remplit, de répandre les bienfaits de l'instruction dans le peuple en se vouant à l'éducation de la jeunesse. ·~ 3. Comme un acte de BONNE AD· MINISTRATJON, puisque nous avons le plus grand intérêt à conserver à la direction de nos écoles des maîtres· et maîtresses capables et explrimentis- au lieu de les laisser, par suite de dlcouragement et de rémunération insuffisante se retirer prématurément de l' enseign/ ment en vue de s'adonner à des occupations à la fois moins pénibles et plus équitablement salariées. Que l'on n'oublie point d'ailleurs que la nouvelle loi allège notablement les charges communales, puisqu'elle endosse à l'Etat la moitié des traitements et augmentations y prévus alors que jusqu'ici il n'en assumait qÙe le tiers. Enfin, l'on ne saurait perdre de vu.e que le rejet de la loi aurait entr' autres conséquences fâcheuses, ceile de nous exposer à perdre un certain nombre de maîtres et maîtresses d'école de sorte qu'il en manquerait pour combler les vides qui se produisent périodiquement. Déjà, en effet, à l'heure actuelle . l'Etat doit agréer, ici et là par suite de besoins Urg!nts, Un personnel sans formation péàagogique préalable. Pour tous ces motifs nous comptons ferme que le peuple valaisan s'affirme-


IV

ra en votant OUI dimanche. En le fai- qui commence aujourd'hui, et qui ne sant il aura prouvé une fois de plus s'arrêtera pas encore. qu'il sait, à l'occasion, placer les intéNous sav,ons quelle est la sollicitude rêts supérieurs du pays au-dessus dl du Chef du Département de l'Jnstructoute considération secondaire ou mes- tion publique pour ses dévoués collaboquine.

P. P.

rateurs ,et nous sommes persuadé qu'il saisira ' la première occasion propice pour plaider une fois encore la. cause si intéressante rdu Corps enseignant et pour la faire triompher à. no~vea~. Les instituteurs et les mstitutnces ont donc bien mérité ce modeste supplément que leur accorde la loi du 24 Mai.

Dans le même N° ila Gazette da Valais publiait un article sympathique en faveur ·de la loi. Après avoir signalé et dép1oré I'insuffisance ~e la rém_unéra· tion du personnel enseignant primaire, la rédaction du journal termine par -0ces lignes: Loi du . 24 Mal 1919 Nous avons déjà dit que nos institufixant les traitements du personnel teurs et nos institutrices méritaient enseignant primaire. mieux que cela. Le traitement que la nouv,eHe loi leur alloue améliore leur ancienne situation, mais il ne répond 1lJE OR:AJN:D 0.0N\SEUL pas encore aux exigences de la vie acDU OAJNTOIN 00 VATAIS tuelle. Considérant qu'il est équitable d' aNous Ie disons bien haut. Qu'on mélicrer la situation matérielle du p_ ercompare d'aHieurs les iraitéments du sonnel enseignant primaire; personnel enseignant primaire avec le3 Sur la proposition du Conseil d'Etat, salaires qu'exigent aujourd'hui les. ou · ordonne: vriers et l'on verra que la comparaison Art. 1 er. _ Le .personnel ,enseignant n',est .p as en faveur des maîtres et des primaire reç?it u~ !r~itement mensuel maîtresses dévoués auxquels sont conqm est fixe a 200 k. po~r_ 1~ minimum fiés en Valais l'instruction et l'éducainstituteurs , e t à 180 fr. pour les mstr tion de nos enfants! tutrices. Et pourtant leur labeur est-il inféArt 2. - 1Les instituteurs et institurieur à celui des travaUJeurs manuels? trices ·,porteurs du brevet valaisa~ d_e Compone-t-il moins de dévouement, capacité ou d'un bre~et •reconnu equ1_moins de responsabilités? valent reçoivent un supplément de tra1. Il ,est inutil,e d'insister! tement' de 35 fr. par mois après 5 ans, Votons donc cette loi avec entrain, de 50 fr. par mois après 10 ans, de en grand nombre, non seulement pour 65 fr. par mois après 15 ans ·et ~e 75 faire bénéficier nos instituteurs et nos fr. pair mois après 20 ans d'enseigneinstitutrices d'une augmentation indis- ment dan·s le canton. . pensable, mais pour marquer encore la Art. 3. - Les instituteurs et les mssollicitude dont nous les entourons. titutrices qui s'établissent, en vue d~ Que notre vote soit une approbation !'·enseignement, ,en deh?rs de leur donliélogieuse de ·l eur existence faite de dé- cile ordinaire ont droit pour leur pervouement d'abnégation ·et de patience, sonne et pou'r la durée du_ cours scoet qu'il ~arque une étape dans cette laire à un logement convenablement marche v,ers un peu plus de bien-êtr.e meublé, à 4 ou 5 stères de bois ou à un 1

y

autre ,combustible équivalent et à une indemnité supplémentaire mensueile de

30 fr. Art. 4, - L'instituteur qui, outre l'école primaire, dirige ·les cours complémentaires, touche une indemnité spéciale de 220 fr. si le cours comprend plus de 10 élèves et de 180 fr, si le cours comprend moins de 11 élèves. L'instituteur chargé du cours ipréparatoiœ au recrutement reçoit une rétribution minimale de 120 fr. Art. 5. - L'instituteur qui ne dirige que des cours ,complémentaires, r.eçoit un traitement de 260 fr. par cours. Il recevra de plus un ,supplément de traitement 'de 35 fr,· après 5 ans, de 50 fr. après 10 ans, de 65 fr. après 15 ans et de 75 fr. après 20 ans d'enseignement dans le canton. Les communes intéressées participent au traitement des instituteurs dirig,eant des cours complémentaires centralisés, au prorata du nombre des élèves qu'el1es ,envoient dans les dits ,cours. Art. 6. -

Les maîtresses enseignant

les tiravaux manuels et les branches domestiques touchent une indemnité mensuelle de 40 fr. Art. 7. - '.L ' Etat et les Communes assument par égales pairts le paiement des traitements et indemnités spéciales .prévus aux articles précédents, ainsi que les trais éventuels de remplace1

ment.

Le 1ogement et le combustible sont à la charge des communes. Art. 8. - Le's traitements et .Jes in, demnités dus au personnel enseigoont &ont payables à 'la fin de chaque mois. la part de !':Etat est payée diirecteaent au personnel enseignant. Art. 9. - Les contestations auxquelpeuvent donner lieu 'l'exécution et 'interprétation de fa présente loi, sont anchées par le Département de ·1' Ins-

truction publique; 1e recours au Conseil d 'fiat est réservé. 1 Arl. 1 O. - La 1oi du 19 mai 1909 est aibrogée. -0-

Après le vote du 22 Juin 1) •Le peuple a donc fait dimanche acte de souverain ,e n adoptant les deux lois qui lui étaient soumises et en repoussant par contre Je décr,et sur la régale des sels, cela bien que la presse fût unanime pour recommander facceptation sur foute la ligtle. On s'attendait au vote inter:venu, non toutefois sans avoir eu quelque crainte pour la 'loi sur les traitements du .personnel enseignant primaire. Et cette appréhension ne se concevait que trop, puisqu'il s'en est fallu de peu qu'elle ne fît naufrage, comme en témoigne la fai. ble majorité qui en a cependant assuré Œe triomphe. (5288 oui, 4840 non.) Ainsi, il eût suffi .d'un déplacement réel de 225 voiXi pour en déterminer le rejet. C'est assez dire qu'elle a frisl un échec, qud eût été d'autant ip lus regrettable que franchement nos dévoués maîtres et maîtresses d'école avaient Je droit d~ compter ici sur ,une moins forte QPposition que celle révélée par les chiffres. Enfin, si modeste que soit la majorité acquise, saluons-la comme un heureux événement puisque la partie est gagnée. 1La loi actuelle sur la matière ( du 19 mai 1909) va donc faire place à oeUe du 24 mai 1919. Toutes deux auront ,eu ceci de ieommun qu'elles n'ont pas passé comme une lettre à la poste. En ,effet, la ,première ne l'avait déjà emporté qu''à une majorité <le 662 voix, de sorte qu'il eût suffi d'un déplacement de 332 suffrages pour la .f aire échouer. 1) Cet article a :paru, dans la ,,Gazette du Valais'' du 26 iu1n. L'initia'Ie dont j1l est s ~ abrite J'auteur, qui eOt pu mettre en Heu , et p1ace sa véritable estampille: ·P . P.


TIi

,La seconde se tire d'affaire, mais ,dans tituteurs et nos institutrices peuvent être

des conditions encore moins favorables heureux de la journée du 22 juin 1919 que sa devancière, comme on vient de par laquelle le peuple s'est montré bon prince à leur ég~rd_. en faisan! le. geste le voir. _. généreux de 1es retnbuer plus equitable. Quoi qu'il en .soit, un enseignement ment ,désormais. ·En votant oui, il aura à retenir se dégage du scrutin du 22 accompli un acte de justice, . d_e re~onjuin, celui de devoir tou:t d'abord co~p- naissance et de bonne .administration, ter avec le .peup.le, puisque le ~erniier pour nous servir des termes d'un appel mot lui appartient ici. ,Les po~v~i:s ~u- vibrant publié dans nos principaux blics nous semblent donc avoir ete bien journaux à la veille du vote. D'autre inspirés-en lui soumettant ~ne, l?i .q~i part, Je personnel enseignant primaire tînt le meilleur compte des interets di- qui doit prêcher d'exemple dans toute vergents en présence. Sans doute, le manife~tatlon de sentiments nobles et personnel enseign'ant primaire nty trou- élevés ne saurait oublier, .dans cette cirve pas toute ta satisfaction à laquelle constànœ qu'il a également un devoir il ,pouvait légitimement prétendre, tant de gratitÙde à remplir enye~s- tous ~eu_x ses vœux étaient raisonnables et forte- qui ont concouru et travadle a la r~ahment motivés. ~fais, sans avoir pu êtr.e sation de ses vœux. .Par un redoubleexaucé jusqu'au bout, til n'en a. pas ment de zèle ,et de dévoûment dans l'acmoins à se féliciter et à se réjouir du comp1issement de sa noble mais diffivote survenu car il marque une im- cile ~âche il continuera à justifier la portante étape ve!s une jus~e rémuné- confiànc~ 'et la sympathie de tous, qui ration de ses .services. Certainement, 1~ lui resteront acquises aussi longtemps t:, Grand Conseil et le Conseil d'Etat, s1 qu'il s'en montrera digne. Z. 1 cela n'avait dépendu que d'eux. n eus-esent pas demandé mieux que d'admettre pleinement 1es chiffres mis ,en, ~".ant Intérêts de la Soclétê valaisanne comme un minimum :dans les ,petihons d'Education du corps enseignant. Mais, dans l'intéSéance du Comité central (5 Juin) . ret m·ême de ce ,dernier et pour ne pas Ensuite d'une pétition signée par 73 in.sti· aller au devant d'un échec ils devaient tuteurs reçue le 30 Mai, rM. le Chan~i~ se préoccuper de mettre soÙs toit U?,~ loi Dela:loyeet convoqua à Sion, pouir !e 5 1u1n, qui tout ,en constituant un pas seneux le Comité centrat de 1,a Société. Après une d6en avant ne .se heurtât pas à une fin libération approfondie des ,questions à l?or· de non r~cevoir. Et il en serait certai- dre du jour, le Comiié décida de convoquer nement advenu ainsi, si 1e minimum la • Société valaisanne d'Educa,tion: » en une mensuel prévu à Fart. 1er ava.rit été ma- assembée générale qu,i ,se tiendrait à Sion <J joré selon le vœu ~is. La ;oi, qui ·~ _ Je 12 ôuin, avec l'ordre du ,j our suivant: 1. la nouvelle loi sur les traitements du déjà passé avec peme maJgre cet allepersonneù enseignant; gement, eût assurément S?l'l}bré si, . e~ 2. la transiormation de la caisse de recours de discussion, on n eut pas 1ete traite ordinaire des instituteurs. du lest en laissant tomber le supplément [.e Comité, constatant qu'il ne saurait plus réclamé de fr. 50 par mois. C'eût été~ être question de demande~. que le. çirand Con1 l'expérience faite vient de l'étab1ir vic- seil revienne stlif sa dermere déc1s1on, le peu- ... torieusement - la condamner à un fa- ple étant appelé à se [Prononcer déjà le 22 juin sur la nouvelle loi, décide_ ?e , p r ~ tal dénouement. A.iinsi, tout pesé ,et considéré, nos ins- à l'assemblée générale de solhc1ter de l'l.r

iai â cause du rench&issement de la vie, un supplément me.nSl\lel ~e 30 fr.; il. estima, e11 œ qui concerne la caisse de retraite, que les cotisations devraient être doublées ainsi que Jts pensions à percevoir.

Assemblée générale du 12 Juin Sont présents environ 180 membres actifs venus de tous les districts; obligé de s'absenter de Sion, J.M. le Chef du .Département exprime son regret de ne .pouvoir assister à la réunion; M)M. -1es [nspedeurs scolaires d'Hérens 1 de Martigny et de l'iEntremont, empê· chés par la ·maladtie ou des deuils récents, se wnt également füit excuser. Par excephlon et en considération de l'importance des questions à discuter, . qui intéressent fout le per· sonne! enseignant, Mesdames les institutrices avaient été i,nvitées à prendre part à la réu· nion; une trentai-ne <Ventre elles ont répondu à l'appel. La séance, commencée par ta. prière, est présidée ,par ,M. le Chanoine Dela'loye. M. le Président salue les1 co~lègues •que la mort nous a enlevés depuis le 24 avril 1918; il rappetle avec émotion le sou,venir de S. G. Mgr Abbe! qui fut pour ,le Corps enseignant un protecteur, un irand ami, un véritable père; au nom. de la Société et au milieu des applaudissements unanimes, il adresse un hommage füial de re!>peci et d'humble dévouement au nouveb 1Evêque, ,tout de piété, de diginité et de science, que la main de Dieu a si heureusement placé à Ja tête du diocèse et qui' sera le bon 1Pasteur, embrassant du même regard d'amour et de la même sol:licitude ~outes 'les brebis de son troupeau spi-rituel. 1M. le ,Président retraee ensuite !''activité déployée par ~e Comité depuis le 24 Avril 1918 en vue d'obtenir que, dans le plus ,brel délai, les traitemen1s soient a,ugmentés dans toute ;la mesure du, possi'bl.e ; il donne con· naissance d/'.une .partie des lettres échangées avec l'iEtat, le •Département, les bureaux d,u Grand Consei'I, etc., lecture dont il ressort pleinement que le Comité ne pomait !aire plus qu'il n'a fait. H ,rappeHe que, de sa pro· pre initiative, M. Je Chef du Département, toujours dévoué, a majoré en Novembre 1918 les chiffres qui avaient reçu, en Avril 1918, l'assentiment unanime de la Société. M. le 1Président, abordant l'ordre du jour,

déclare ne pas ignorer que MM. les insfüuieurs se sont rendus à l'assemblée avec .la résoliution bien arrêtée de manifester leur opposition â une ·Joi qui ,ne leur donne pa$ toute satisfaction; i'I les conjure de revenir sur œtte décision et leur démontre les avantages très cons,idérables que cette loi ,procurera au corps ensei,g nant; il aijou,te toutefois, qu'i~ est le premier à reconnaître que 'le Tell· chérissement de la vie rend actuel1ement ce3 avantages insuiifisants; aussi Je Comité a-t-il engagé d'actifs pourparlers avec l'Autorité compétente en vue d' obtenir, par voie de gra.tification, un supplément mensuel su,r le chiffre duquel il sera discuté. Passant au vote sur le ,premier objet à l'ordre du jour, l'assemblée décide à l'una· nimité de prendre formellement et fortement position en faveur de la loi. En ce qui regarde le supplément à obtenir en considération du renchérissemen1 de la vie, M. le .Président précise que le Comité centrai avait demandé que !~Etat fasse le nécessaire pour que le Grand Conseil accordiât une indemnité mensuelile uni.forme et obligatoi-re. Il donne connaissanœ de l,a réponse de l'Etat, 4.ont voici ,les passages essentiels el plus· particulièrement intéressants: « Sans doute, nous convenons sans peine que la loi ne donne pas aux instituteurs toute J,a satis.faction qu'i,ls en escomptaient, bien iqu· elle doive entraîner, pour l'Etat seulement, le triple des charges qui lui incombaient jus· qu'ici, » iMalg-ré cette perspective peu réconfor!atn.1e ,pour le budget cantonal, le Co,1seil d'Etat se montre cependant dfr,posé à faire en· core davantage, mais non sous la forme sug gérée &une intlemnité nouvelle :le reEchérisrement. • On ne comprendrait pas une 1elle presta. tion après ·le vote d' une loi d'améHoration, et !'~Etat pourrait d'autant moins entrer dans une telle voie qu'il se mettrait lui-même dans une impasse en s'y enga,geant• lb ne faut pas oublier, en effet. que dam ces condiitions un nouveau décret devrait être soumis au Grand Conseil, et comme sa conséqUénœ financière se traduirait par une dépense supplémentaire de 150,000 francs, œfleci nécessiterai1 tl!ll nouvel appel au peuple dont on ,pourrait deviner le résultat. • Il y a· tieu de considérer aussi que, ai


vru fon admettait de nouveau ce mode de faire pour une catégorie de fonctionnaires de communes ou de l'1Etal, ce serait provoquer des revendica-t ions analogues de 1a part des autr.es fonctionnaires et employés de l'administration publtique. • Pour ces considérations, le ·C onseil d'E· iat est 1tnanime à estimer ne pouvoir pro• ·p oser au Grand Conseib des mesures d 'une por-tée générare .pour rétribuer plus équita.blement telle ou telle catégorie de fonctionnaires. > Par contre, le pouvoir exécutif, soucieux du sort du personnel enseif!:nant, puisqu'il a proposé et soutenu la loi dont il s'agit, se montre tout disposé à payer la moitié des suppléments qu'accorderaient les Communes en plus du_traite. ment initial qui, il ne faut point l' oublier, constitue d'ailleurs un minimum. » Il appartiendr,a donc aux instituteurs qui s'estiment trop insuffisamment rétribués de solliciter des Communes, cela tout en restant dans la lé«alité, des suppléments de nature à améliorer leur situation.

• Ils arriveront ainsi à obtenir le lraiiemtnt plus élèvé au'qttel ils prétendent avoir ,jusitement droit, mais que, .sous forme d'indemnité de renchérissemen1, il ne serait plm possible d'accorder, en cas d'acceptation de 1a .loi.• ,La décision du Consei1 d':Etat étant iormeHe et les motifs qui Vont dictée paraissant indiscutables, .Je Comité central préavise p0ur que Jes membres de. la Société s'eng.ageni à n 'accepter une iplaœ des Communes qu'à la condition 'q ue ceUes-ci leur payent, pendant le temps que durera ,Je renchérissement de la vie, un supplément rnensue1 de 30 francs dont la moitié serait assumée pair 'mEtat. En agis~nt ainsi, les sociétaires resteron\ rigoureusement dans la légalité. Il y a J,ieu, en effet, de :remarquer 1° qu'ils ne rompent aucun contrat, puisque ceux qui les liaient gus'qu'ici seront na-tureJ.Jement annu1és par l'adoption de la nouveJ.le 'loi; Z' qu'ils sont absolument en droit de n'engager leurs ser• vices auprès des Communes que contre te payement d'un supplé~nt en ipl'us du niini1m<m prévu par la 'loi; sinon l"on ne com·

I~ prendrait pas pour~uoi celle-ci prévoit un mi. nimum. •Le Comité pr01pose de demander 30 francs parce que ce chi~fre correspond à la proposition1 faite au Grand Conseil par M. Borgeat, prQJ)Osition dont le vote, d'après les renseignements reçus, aur ait satisfait la généralité du personne~ enseignant. Une assez longue discussion s'engage. M. Thomas, dans un discours_ aussi intéressant qu'éloquent, retrace les débats du Grand Conseil, au sein duquet -il avait défendu. le ,k aitement ·inifü! minimum de 250 fr proposé ,par le Comité; iL dit .pourquoi il a dû se rai-lier à Ja prorposition Borgeat qui donnait au Corps enseignant une saHsfaction relative et écartait le funeste étabJ.issement de 2 classes qui auraient pu entraîner la dissolution de la 6ociété. Plusieu•r s instituteurs prennent encore la parole, parmi lesquels IM. Parvex, de Muraz, qui, après avoir énuméré les salaires payés, en Valais et aiUeu.rs, aux employés de tous ordres, estime qu'un supplément mensueli de 50 k s'impose. Par ·'organe de M. le Président, le Comité insiste pour que soit adopté le chiffre de 30 .fr. qui, parta.g é entre l'Etat et les Communes, serait fadlement admis par celiles-d presque sans exception, sur Ja montagne comme dans la plaine; il décla,r e .tou1efois qu'il se ralliera â celui que fixera la majorité; celle-ci, 1rès forte, ·vote le su!)plément de 50 francs. Il est entendu qu'on ne parlera de cette revendication qu'après :Ja votation de fa loi , à l'acceptation de 1a1quelle chacun .p romet de travailler dans toute la mesure de ses forces. Un institu.teur émet Je vœu, que MM. les Inspecteurs prêtent leur ac!i'f et puissant concours aux ·instituteurs qui, cela va sans cl-ire, comptent sur !"appui dll! Département. - Avec apropos, 'M. ,!'inspecteur du district de St~Mau,r ice fait observer que toujours et en toute occasion les Inspecteurs scolaires se sont grandement dépensés au mieux des in· térêts matériels du personne~ enseignant. Ce qu'ils ont fait hier il& Je feront demain pour que les Communes aocepient 1es justes revendications· du personneL enseignant; il est superflu d'ajouter 1que le Département ne faillira pas à son 'devoir de protecteur naturel du maître d'école, On eX!prime l'es,poir qu'on ne verra pas cetie i·gnominie de régents en activité de ser·

vice ou même retraités, qui acce.plera;enl da prendre la place d'un instituteur écarté de J:1 diredion d'une école, parce qu'iL aurait ré· clamé le _supplément de 50 fr. qui lui permettra de vivre; H est décidé que les noms de ces rége-n ts seraient en tolls cas rendus pu~ic~ , L'Assemblée préavise pour que la ·Caisse de retraite soit transformée selon les propo· silions du Comité cenrtral. . Des remerciements spéciaux pour les ser· vices rendus ayant été votés à M . le Président de la Société ainsi qu'à M. Pigna! rnem, bres diu Comité centraI, M. Delaloye 'insiste de nouveau. très vivement pour qu'un col'lègue ~renm: ~nf1n sa place comme président; à 1unammi!~ _l'assemblée reiuse, estimaut que cette dém1ss1on, survenant la veille de la votation popu.Iaire, pourrait êt:re mal -interprétée et avoir de fâcheuses conséquences. M . Delaloye aura cependant la faculté de se retire_r plus fard sans (!Lt'il. soit obligé, pour œ faire, de convoquer Lt'lle réunion .plénii're de '!''association. Sur sa proposHfotL on ·lui désigne comme successeur éventuel M. l'insti1uteur Prosper Thomas. Avant de se séparer, les sociétaires décident 'q ue le subside accordé par ·l 'Etat pour celte réunion du. 12 au in sera versé dans la Caisse centrale, qui souffre quelque peu <l'anémie depuh l'assemblée générale de 1918. 1

{J

Caisse de retraite et Comité central

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iL'assemblée générale de 'l a Caisse de retraite s'est rtenue à Sion le 30 ~uin; après avoir approuvé les comptes et la gestio:1 de 1918, elle a donné son asse,n timent à 'la transforma• tion de la Caisse dans ·le sens que voici: les cotisations à verser par 1es membres et les parts à payer par l'Etat seront doublées ainsi que les ~usions â percevoir. Celte transformation a•tteindra obligatoiŒ"ei~ent les nouveaux sociétaires; son acceptat,_on sera facu.Jtati've pour les anciens. Les pensions seront correspondan•tes du capital cons· fitué par les cotisations des membres et les parts de l'Etat. Une nuance: Quelques dêlfgués du HautVal.3.is voudraient que l'augmentation de la pension fat sttrtout assumée par l'Etat, qui suppléerait afo1si à Jlinsufüsanœ de la no11velle loi. . . . JI est décidé 'que ces M-essieur s

s ·entendront pour formuler une proposition formelle qu"ils transmettronrt à qui de droit. 1Le 1~1ême jour le Comité central s'est réu11i pour d1scu,ter sur les conséquences de J'adop· lion de la foi sur ,les traitements. H décida de faire _â 110uvea,u appel à l'esprit de solidarité au suiet du supp!ément à réclamer aux Commu~es; tout ~n reconnaissant que, pour des motifs de famille, dans l'un ou l'autre village de la montagne, il, sera très diHicile d'imposer les 50 fr. , il fut bien entendtt que,

en tout cas, aucun instituteur n'accef}fera une école refusée à un collèiue par. ce, que celui-ci aurait demandé le sup. plement convenu (25 francs la Commune et 25 'francs !'.Etat) et que le nom de ceux qui manqueraient à cet engagement d 'honneur serait publié el livré à l'indignation de tous. - Le Comité a appris avec la plus grande sat,isfaotion que les ieunes gens, quittant l'Ecole normale celte année ont d~cidé de se regarder comme Jiés par la décis1011 des ancie11s dont ils ne prendront la place à aucun prix.

Tous pour un, un pour tous! Le secrétaire ad hoc. O. C. --0-

Brevet de~capactté Elll séance du 8 juillet, le Conseil d'E.

tat a décerné Ie brevet de capacité pour renseignement primaire au personnel enseignant ci-après nommé. ( Art. 82 de la loi scolaire 'du Ier juin 1907.)

Instituteurs Anzévui Jean, d'Evolène. Berclaz François, de Randogne. Bon vin Célestin, d' Arbaz ,Boson H,ermann, de Fully. Clerc Germain, de ·Port-Valais. Coquoz Jules, de Salvan. Formaz Joseph, de Pradefort (Orsières). Mathis Charles, de Grimisuat (Champlan). ,Moulin Antoine, de V.ens (Vollèges). Pellissier Louis, de Sarreyer (Bagnes). Perruchoud Joseph, de Chalais.


X

Proz Louis, de Châteauneuf (Sion). Riand Edouard, d' Ayent. Roten Marcel, de St~Germain (Savièse). Theytaz Henri, de !Mission (Ayer).

Institutrices Bochatey Angèle, de Trétien (SaJ_van). Duay Marie, de Son-la-Proz (Ors1;~es) . Gross 'Bernadette, de 1Salvan (Treben). 'Logean ,Laurence, des Agettes. Parchet Emilie, de Vouvry. de ·Preux ,Ernestine, de Orône. Rey Ruibense, de Saxon. . de Rivaz Suzanne, de S10n . Vadi Amanda, de Sion. Wouilloz Antonie, de Ma rtigny Bourg.

XI

Oillioz Sidonie, de Nendaz. Magnin Julia,. de ~artigny-Bourg~ Michaud Mane-Louise, de Bagne::.. Moulin Cécile, de Riddes. Rey 'Sabine, de Chermignon. Viscar'di Antoinette, de Bex. Zermatten Yvonne, de Moliens.

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certtficat temporaire En juil'let 19·19 le certificat temporaire a été délivré' par ·le Département de l'instruction publique au personnel ,enseignant ci-après, ·qui a débuté d'.''!ne manière satisfaisante dans la carneœ pendant ~e cours scolaire 1918-19 :

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Instituteurs

Autorisation d'enseigner

Broccard Paul, d' Ardon. .Brouchou1d J,ean, de St-Maurice. Bmchez Maurice, de 1Sembrancher. Char-bonnet Ohades, de Nendaz. Clavien Augustin, de Miège. ,Derivaz Arthur, de Salvan. Joris ·Léonce, de Volilèges. Lamon Pierre, de Lens. Lonfat Louis de Charrat. Maillard Gràtien, d'Orsières. ·Pignat Louis, de V,ouvry. Rebord Louis, de Collonges. Sierro Samuel, de Vex. Udrisar'd Alphonse, de 1Sion. Jnstitutrices Bianco Esther ,de Conthey. Charles Yvonne, de Martigny-Ville. Clavien Adèle, de ·Miège. de Courten IsabelŒe, de Sion. Gaililard Ida, de! Chamoson. Maret Amélie, de Bagnes. !Maye Denise, de Ohamoson. Michaud 1Lina, de 1Bagines. Paccolat Denise, de tMartigny-Bourg. Pitteloud Ange1ine, de Nendaz.

Ensuite des examens de clôture des écoles normales, l'autorisation d' enseigner a été accordée pour le cours scolaire 19Ï 9-20 aux élèves de 2me année dont ci-après les noms:

Instituteurs Bressoud René, de Vionnaz. Carrupt Juhen, de Chamoson. Cheseaux Marcel, de Saillon. iDelaloye 1Maxime, de Riddes. Droz Antoine, d'Orsières. FoHonier Modeste, de Mase. • Frachebourg Robert, de Salvan . Jaquemet René, de Conthey. Lat!hion Lucien, de Nendaz. Praz Isidore, de Nendaz. Roch Oeorg,es, du Bouveret. Rouvinez Emile, de Grimentz. Rudaz 'Emmanuel, de Vex. Terrettaz Léonce, de Vollèges .

Institutrices Antonioli Mathilde, de Sion. Binder 'Rosa, orphelinat de Sion. Coquoz Anne, de 'Salvan. Délez Mathilde, de Salvan. Formaz Rose, d'Orsières. Gabbud Elisa, de Bagnes.

1

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Admlsston aux écoles normales ·L es examens d'admission au cours inférieur des écoles normales (année sco-

taire 1919-20) auront lieu aux jo1:1rs suivants :

Arrondissement occidental A Martigny le 18 aoüt pour 'les aspirants, et le 19 août pour les aspirantes. A

Arrondissement central Sion, le 20 août, pour les aspirants

et le 21 août pour les aspirantes.

Pour plus amples renseignem~nts voir Bulletin officiel du 11 Juillet 1919.

au

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Avis au personnel enseignant Nous appelons l'attention spéciale du personnel enseignant sur l'article La tuberculose et ses ravages figural1t à la page 137 des suppléments joints à la .présente livraison. 1E1n particu'Her, Mesdames les Institutrices liront avec plaisir et profit: La camarade (p. 140), ,petite nouvelle qui a toute la valeur et l'atllure d'un excel.Jent article pédagogique.

élèves, ti:;iitement du personnel enseignant, mobilier, etc.) ont coûté à l'Etat fr. 73,626.30. A la •Rub. Enseignement primaire, nous· remarquons une dépense globale de fr. 284,753, dans laquelle sont compris les postes ci-après : subv,ention scolaire servie aux communes, 59,999.55. Participation au traitement du personnel enseignant primaire. 176,730.50 (non compris l'indemnité de renchérissement). - Allocations aux caisses de retraite 25,000. - Inspecteurs et médecins scolaires, 16,222.90. Arts et Métiers (Cours de perf.ectionnement,, commission et examens d'apprenfüisages, musée industriel) , 9?05 fr. 30. - Cours professionnels ,et economiques (subv, féd. et cant.), Garçons 6734, fiUes 57,736.40~ ···--0-- -

. Pour le bien des aveugles La Société romande pour le bien des sourds ej sourds-muets vient d'avoir à

Genève sa 2me assemblée générale. JElle a pour but le bien.,être de tous -0les sour·ds d sourds-·muets de la SuisComptes d'Etat 1918 se romande. Elle a fait donner des Dé partement de l'Instruction pubüque ,c ours de lecture labiale aux personnes Ge dicastère entre à l'heure actuelle sout1des. - Elle a organisé des cours dans les dépenses budgétaires pour de langue française aux sourds-muets. pour plus d'un demi-million. Gelles-ci - 1Elle a fait afficher dans les salles arr:êtées, en effet, là 576.245, ont d~pas- d'attente des médecins auristes des insé les crédits prévus jusqu'à atteindre dications sur la manière de parJ.er aux 609.816, 06. Voici 1es postes compor- sourds. - Elle donne à son local, 3, rampe ·de la Treille, renseignements et tant ou excédant 5000 fr. : Archives et .bibliotihèq ue cantonales, conseils aux sourds et sourds-muets et 6510.05. - Musée archéologique et aux personnes qui les entourent. La séance a été terminée par une monuments historiques, 10,lOf,35. Gymnase classique ('Sion), 28,264.95 . conférenoe ide M. le Dr J. Erath sur - Ecole industrielle sup. (Id.) 28,498 la surdité acquise; causes et traite71. - Collège et école ind. inf. (St- ments. Les sourds sont, dit-il, beaucoup Maurice), 30,000. - Gymnase classi- plus nombreux qu' on ne lé croit. Beauque (Brigue), 29,631.75. - Ecole ind. coup ne se doutent pas de leur infirmiinf. (Id.} , 8997.47 . - Les écoles nor- té. Nombre de surdités pourraient être males de Sion et de ijrigue (inspection, guéries si on les sotgnait pendant la : examens. subsides pour pension des ·première enfance.


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·II recommande donc à ,chacun de signaler les cas de surdité chez les tout petits enfants, ainsi que les écoulements d'oreilles, et de ,signaler les enfants qui ronflent et qui ,dorment la bouche ouverte. -0--

Sommaire du Supplément N° 6 (Cette annexe a 40 pages.) Avis d'une mère à sa fil'le (suite et fin). - Le grand-papa. - Les pieds du capucin. - : Mois 'du 'Sacré-Cœur. Gendarme eti capucin. - Travail et succès. - Un mariage fin de guerre. Le mendiant de 'flhauler ou 1e secret d'être heureux. - Pauvres petits. (•L'infanticide en Chine.) - La pierre du mur. - Pour le tabac de papa. - Une page d'lhistoir.e. (,L'attitude du général Herzog.) - ·La famiVl.e et la vie pratique. - Ce que pensent les savants. Les sœu·rs noires. - Il faut vivre. sa vie. - La tuberculose et ses ravages. - 1La Camarade. - La franchise. Variétés, recettes, bons-mots, pensées, etc. etc. - 0-

Sommalre de cette llvratsop ·Le présent fascicule de rEcole primaire paraissant en pleine saison de vacances, se triouve exceptionnellement allégé d'articles .pédagogiques, cela au profit d'actualités intéressant par!iculièrement te personnel enseignant primaire valaisan. Celui-ci aura tout profit et plaisir à en ,prendre connaissance. en attendant que paraisse (vers le 15 septembre) 'la future livraison.

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Autour de Conthey (Noies géographiques et historiques) Non loin de Sion, J'antique capitale du Va-lais, au pied des derniers contreforts des

Diablerets et du Wildhoru, coule la Morre, torrent sauvage, dont le lit s'~laiyit ou M rétrécit, au caprice du flot, après sa SOrtie de l"étroile fissure, creusée par le cours d'eau entre les pentes escarpées de la Crettabes.. et :es ramifications du Mont Gong. A partir de Vens, le ruisseau vagabonde à travers 1111e plaine caitlouteuse que ·les riverains lui ont abandonnée, et qui se prolonge jusqu'au Pont dit • de la ;Morge •. C'était autrefois la limi• te du Valais savoyard et du Valais épiscopal. Bien des fois la Morge vit se réunir sur ses bords, en pleillle campagne, les comtes de Sa• voie, escortés dl\me suite nombreuse de nobles chevaliers, de barons aux armures bril· !antes et les évêques de Sion, suivis de leur Chapitre et des représentants de 1a .noblew turbuilente de la partie supérieure de la vallée du Rhône. Quelquefois c'étaient de& visites de courtoisie, mais le plus souvent, on s'assemblait ·là, pour régler les différends qui surgissaient sans cesse entre les populations remuantes des frontières de Jeurs Etals. Toul près de la rivière, s'élève un plateau pittoresque, riche en vignobles, couvert d'une véritable forêt d'arbres fruitiers, cOD.91el~ de supe1,bes prairies et couronné par de sombres forêts de sapins; c·est sur ses étagea successifs que ·le bourg de Conthey abrite ses nombreux villages. Conthey est mentiondi dans Jes docume.ruts dès 1050, mais J'origine de la localité doit être reculée jusqu'aux Iges lointains, où des peuplades celtes, les ~uniens entre autres, habitaient notre valJée. On a découvert en différents endroit!'. des tombes de 1J>Age de bronze; à Sencine, à P!allConthey, alll Bourg, les fouilles ou les tra· vaux du vignoble ont mis au jour des sépultures de t'époque roma ine. Les Celles semblent avoir eu une .préférence marquée pour le plateau qui s'étend entre Premploz et Aven, '1es Romains par contre se plaisaient mieux dans la région des vignobles. Plusieurs inscriptions on langue latine font foi qu'alora déjA la vallée du Rhône était connue ~ r ses vins généreux. Après la ,chute de l'empire .r omain, C,osl-

tbey passa successivement sous fa domin~tioll des Burgondes, des Francs et à parhr de 888, sous celle de Rodolphe Ier, fondateur du (kuxième royaume de Bourgogne. A par· tir de 1033, la plus grande partie du pays, situi en aval de la iMorfe, devi.rut pcssession de la !Maison de Savoie. Les comtes comprirent l'importance de Conihey et en firent leur boulevard: principal contre Je Valais épiscopal. Le Bourg était fortifié, .possédait deux chAteaux et plusieurs maisons nobles. Dès 1302 la Cour de Savoie lui avait octroyé des libertés et des franchises, avec foires et march&. '1..es 'hommes de Vétroz et de Dai,llon lui devaient 'le guet en temps de guerre. (Hommes armés pour la garde de nuit.) l.e c.astel des comtes était situé à l'orien t du Bourg; près du chemin qui mène à Sentine, on en aperçoit encore quelques pans de murs, au ibas de l'église, ultimes débris de des séjours favoris du fameux ComteRouge.. :Mentionné dès 1294, le château ·était entouré d'autres demeures seigneuriales, parmi lesqueHes i l convient de citer une tour avec maison cédée au duc par un noble d"ArbÏi'Don, une maison fortifiée des Cave1'!,i de Conthey. Outre le château du comte de Savoie les documents mentionnent le manoir du vidonme. IL se trouvait au nord-ouest du Bourg, à côté d'une chapelle dédiée à sainte Pflronille et disparue vers le 16me S'Ïècle. Le vidomnat était à l'origine entre .Jes mains des nobles de Couthey, connus et cités depuis le 12me sièc!e. -En 1294, la charge de vidome passa aux de la Tour-Châtillon qui l'on! exerœe jusqu'en 1375, époque Où le fameux An· toine de la Tour, meu,r trier de l'évêque Ta· ftlli, céda ses possessions de Conlhey, viclomnat y compris, au comte de Savoie. Mais les Valaisans, soulevés contre le chevâlierilandil, rasèrent le château l'année suivante. le vidomnat prit fin dès lors, ses attributions paS&èrent à un châtelain où à un sautier. .(Fondionnaire subalterne, chargé de perce~ir les impôts e'I de rendre la hasse uus-

run

tiœ.)

C'est sur l'emplacement de ce château

ruiné, qu'en 1571, le gouvernement épiscopal fi t construire aux frais des Con lbeysans, une ma.ison .forte avec ,prison et saHe de tort.u re; ce bâtiment devint p lus tard la maison communale, sur sa porte se trouvèrent gravées les armes de la commw1auté. Il ne sera .peut. être pas sans intérêt de signaler ett quoi consistaient les redevances féodales que Conthey et Vétroz payaient à l'Etat. Annuellement les deux locailtés devaient 487 flori'lls (environ 700 francs) sonune dans laquelle figuraient 13 livres de poivre, une livre de cumin, 9 !ivres de cire, 12 setiers de vin .... On pouvait voir à côté des châteaux susmentionnés 1a Tour des nobles de Cerveut, bourgeois de la commune et héritiers du baron: Aymon d~Erdes, dernier rejeton de la fa. mil-le de ce nom, orie'inaire du joli village perdu dans une véritabte forêt d 'arbres irui· tiers et situé au-dessus de Saint-Séverin, l.a tradition rapporte qu'un membre de èet!e la· mil·le, chaneine de Sion, fit construire un autel dans J'eglise dont il fut curé, et qu'en J 287, il léguait par testament 10 livres mauriçoises (480 francs) pour envoyer '1111 sergent d'armes à la croisade et 20 autres li'vres laissées par son père pour payer deux clients .. . . Ce fut sur les bords de la Morge que commença la guerre de 1475, si funeste à la domination de la Maison de Savoie et par con· tre-coup à Conthey, principal centre paliti-que du Valais savoyard. Les querelles interminables enh"e les habitants des deux plateaux qui s"étayent sur les deux rives du torrent, au .swjet des forêts , des alpages du fond du vallon, avaient fourni à Jean-louis de Savoie, évêque de Genève et régent du duché pendant la minorité de son neveu, l'occasion désirée depuis si l'ongtemps, de porter la guerre dans le Valais épiscopal. Mais Walfher Supersaxo, évêque de S ion, ne !:l'effraya point des menaces de l'ennemi sécu laire. Assuré de la iidéli!é des Patriotes, il renouvela l'alliance que les Dixains avaient conclue en 1417 avec Uri. Unterwald el /Lucerne. les habitants de Sion, à leur tour, se préparaient à une vigoureuse défense. Bientôt Pierre de Oingios et son


:nv •

frère Amédée, capitain~-général, réunireni sous les murs de la capitale valaisanne, une année de dix mille hommes. Un détachement savoyard, le Ier et le .feu à la main, se dirigea sur Savière et mit le feu aux villages. Les épais tourbillons de fumée et les cris des habitants qu'on égorgeait, annoncèrent aux Sédunois ce qui les attendait, si les envahisseurs devenaient maî1res de leur cité. Quatre mille Patriotes accoururent au secour& de Sion. Aidés de quelques .détachements accourus des Grisons, ils essayèrent sans succès de refouler l'ennemi. La capitale allait, succomber, lorsque les bannières de Beme et <le Soleure apparurent sur les pentes. du Sanetsch: trois mille guerriers venaient joindre leur vaillance à celle des Valaisa11s et iombaieni à l'improviste sur les flancs de l'agresseur. Bientôt la victoire couronna leurs efforts, l'arrrie ducale, malgré le nombre de ses bataillons et leur intrépidité, fut écrasée par les Confédérés, le capitaine-général laissa sur la P lanta la lleur de la jeunesse savoisienne et chercha son salut dans une iu ite précipitée. P)us de mille guerriers périrent sur le lieu du, combat. (13 novembre 1475.) Les 1jours suivants, les .nombreux châteaux et places iorles du Bas-Valais furent conquis et démantelés, c'est de cette épO'que que datent les ru ines de Conlhey, de Saillon, de Saxon: quelques pa ns de murs à Conthey, p '.usieurs tours et remparts pittoresques à Saillon et le donjon solitaire qui domine Saxon. A partir de 1475, Conthey iaisait par(ie du baillage de St~Maurice. Aucun événement politique digne d'être noté, ne marque la période, '<)ui se déroule entre 1475 et le 28 jan· vier 1798, jour mémorable , ot1 les représeu tants du Bas-Valais procla1œnt leur indépendance dans la vieiUe cité d' Agallttle. Si pendant ces trois siècles, noire pays fut épargné par le fléau de la guer re, il ne le fut pas par les commotion s de la nature. Les années 1714 et 1794 marquent une date sinistre dans les annales de la commune de Conthey, c'est à celte époque, qu'ont eu lieu tes terribles éboulements des Diablerets. Ce nom tire son origine des légendes qui ont hanté .pendan1 long-

temps l'imagination des pâtres de nos contrées. D'après eux, la moniagne qui élève sa formidable nruraille au-dessus du lac mélancolique de Derborentze, serait hantée par des démons qui passent leur temps à ~ouer aux qui lles sur le glacier de Zanfleuron. Ils visent, rappor.tent les t.ra.d ilions, la • Quille des Diables • (Tour de s t~M'artin); les projectiles qui dépassent le bout, dégringolent avec un hruiit- de tonnerre, de terrasse en terrasse, vers l'a,page qui s'étend au pied. En réalité, ce qui: tombe dans ,le vide du côté de la Çombaz, ce sont des fragments de glaciers suspendus. Parfois il s'y mêle de vrais parois de ro. cher, comme le prouvent les éboulis, qui se voient au lieu du sinistre, et qui datent du 23 ju,Ï'l1 1714 e t du mois de septembre 1749. Le 23 juin, entre 2 et 3 heures de l'après-midi, par une magnifrque '<journée, un bruit effrayant se fit entendre, le massif des Diablerets trembla, comme si Ja ter,re allait tout engloutir. Une partie de la montagne s'eifondra sur les pâturages du fon.d de la vallée, e11 produisant une poussière épaisse. Un grand nom. bre de c'halets, tle belles forêts furent englouties sous les décombres, ain·si qu'une centaine de vaches et une quantité considérable de têtes de petit bétail, 14 personnes perctirent leur vie. On rapporte qu'un pâtre d' Aven, qui avait disparu el qu'on croyait mort, avait pa5sé plusieurs mois enseveli dans son chalet, se nourrissant de fromage ; sa demeure avait échappé à la destruction, grâce au rocher auqel il éta it adossé. A la réapparition du malheureux revenant, ses concitoyens le prirent pour w1 spectre, personne, pas même sa femme, ne voulut le recevoir. Ce n•est que sur l'intervention du Curé qu 'il put réintégrer son domicile. L'éboulement de 1749 causa de nouvelles ruines, cinq personnes furent victimes de ce second cataclysme. L'interception des torrents qui, auparavant, se réunissaient, pour former la .Lizerne, donna naissance à plu· sieurs lacs, un seul a résisté au travail d'érosion, c'est ta' cuvette aux eaux bleu fond qui doru1e un charme si mélancolique à cette contrée sauvage. (Lac Derborentze.) Le pays de Conthey a donné naissanœ à

XV

plusieurs personna lités remarquables. Bon nombre des enfants de ce coin si ensoleillé et si riche en vins fameux, se sont distingués dans des carrières diverses mais l'art ora• toi,re semble avoir 1leu.r préférence. Aujourd'hui encore, notre ,patrie compte au premier rang de ses orateurs un ressortissant de celte commune. Aven est ·le lieu natal du P. Pierre Roh. Né en 1811, il fie tarda pas à montrer une ,préférence marquée pour l'état religieux. Il entra chez les Jésuites e t professa pendant quelques années dans différents collèges de son ordre. Le Sonderbund trouva en lui oo ardent adversaire, !,a défaite des catholiques le força d'aller vivre loin de son pays. Il ne lut pas longtemps à chercher sa voie ses talents d'orateur firent de lui uDJ des, prédicateurs 'les plus populaires. de son temps. Il parcourut une bonne partie de i;Allemagne, de l'Autriche, il prêcha des missions jusqu'à Copenhague. Il mourut en 1872. V~roz s'honore d'un juriste distingué, le préfet .Udry, homme intègre et loyal, qui avait su s'attirer l'estime de ses concitoyens de

toute opinion, à une des époques les plus troublées de notre histoire cantonale.

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Apprenez que Ja plus grande science est de savoir être à soi • ]'ai appris, disait- un ancien, l être mon ami; ainsi je ne serai jamais seul- • Il faut vous ménager des ressources contre :les dhagrins de la vie, et des équivalents 1a~ biens sur lesquels vous aviez compté. Assurez..vous une retraite, un asile en ivous-même; vous l!)OUrrez towjours .revenir à <Vou,s et vous retrouver. Le monde vous ftant moins nécessaire aura moins de prise sur vous. Quand vous ne tenez pas à vous par des goûts solides, vou,s tenez à tout.. fait~ usage de l'a solitude; rien n'est ,plus utile, ni ,pJiu,s nécessaire pour affaibHr l'impression que fout ,s ur 111ows les objets sensibles. Il faut donc de temps en temps ·se retirer du monde, se mettre à part. Ayez quelques heures dans [a '~ournée pour ,lire, el pour faire usage de vos réflexions. • La réflexion, dit un Père de 1-IEglise, est l'œil de !'Ame: c'est ,par eme que s'introduisent la lumière et la vérité. Je qe mènerai dans la solitude, dit ·l a sagesse, et là ~è parl'erai à son cœur. » C'est 1~ où ,Ja vérité donne ses leçons, où les prS,iugis s'évanouissent, où l'a prévention s'affaiblit, et où l'opinion, qui gouverne tout, -commence ~ u:ierdre ~s droits. Quand on iet{e la vue sur l'inutile, sur le vicie de la •ie, on. est for:cé de dire avec Pline. • Il vaut mieuoc passer sa vie à ne rien faire, qu'à faire des riens. >

Je vous t'ai ~là dit, ma Hile, le bonheur at dans la rpaix de F'âme. Vous ne pou.rrez iouir des plaisirs de 'l'esprit sans la santé de l'tsprit: 'tout est presque plaisir pour un es'frit sain. ,Pour vivre avec tranqui-hlité, voici la règles qu'il !faut suivre. La première, de âe -pas se 'livrer aux oooses qui jplaisent, de • faire que s'y prê!er; de n'a"!tendlre pas ~ des 'hommes, de peur de déconwter; d'êiK>n premier ami soi-mlême. •La solitude i assure 1a trauquil'lité, et est amie de la se; c'est au-dedans de nous qu'h~bitenl

la paix el la ·vérité. Fu.yez le grand moude; il n'y a :point de sûreté; il y a touüours quelque . sentiment qu'on avai,t affaibli, qui se réveilleOn ne firouive que trOiP de gens qui favorisent le dérèglement; t)lus i'l y a du monde, el plus les passions acquièrent d'autorité. Il' est difficile de résister à l'effort du vice, qui vient si tbien: acco"'l)agné; enfi,n, on en revient plus faible, ,moins modeste, !Plus indusie, pour avoir été parmi 1es hommes. 11..e monde communique son ,venin aux âmes tendres. H faut de rplus Œermer foutes 1es avenues aux passions: il est [)'lus aisé de les prévenir que de les vaincre, et quand: on serait . assez heureux pour les bannir, dès qu'elles se .sont fait sentir, e],Jes font bien payer leur séâour. Ou ne :peut refuser ·à la nature les premiers mouvements; mais so·U!Vent elle éten.d ses droits bien loin; et quanti 'vous revenez à vous, vous ti;puverez bien dés suoets de repentir. H faut avoir des xes1,ources et des pis· aller. Mesurez votre force et votre courage; et pou1r cela d.u1s 'les choses que vous craignez mettez tout au pis. Attendez avec fern~té le ,malheur qui peut vous arriver, envi· sagez.ile dans toutes -les circonstances ,)es plius terribles, et ne vous laissez rpas accabler.

Un f~ivori, parvenu au comble de la for.tune, faisait voir ses richesses à son ami; en lui montrant une cassette, il lui disait: « C'est ,J,à qu'est mon t~sor, » Son ami le ,pressa de le 1ui faire voir; il fui permit d'ouvrir sa cassette : eHe ne nmiermai.t qu'w1 vieil habit tout déchiré. 'L'ami en paraissant surpris, 1e favori 'lui dit: « quand ila fortune me reiwerra à mon premier état, ne suis fou t prêt. • Quelle ressource de mettre tout au, pis, et de se senti-r de la force pour s'y soutenir! Quam:l vous désirerez que1que ooose forte• ment, commenœz par examiner ,}a chose désirée; voyez les biens qu'elle <Vous promet, et les maux qui la suivent; souvenez-vous du passage d lHorace « ,La volupté marche devant nous et noUJs cache sa suite, • Vous cesserez de craindre, dès que vous cesserez de


106 107 désirer. Crorez que le sage ne court pas après ,Ja félicité, mais qu'il se la donne. Il faut que ce soit votre ouvrage; elle est entre vos mains. Songez qu'il faut peu de chose ,pour les beso~ns de la vie; mais qu'il, en faut infiniment poux satisfaire aux besoins de l'o· piruon: 1que vous aurez bien plus tôt fait de mettre vos désirs au niveau de votre fortune, que votre fortune au niveau de vos désirs. Si les hommes et les richesses pouvaient rassasier, il faudrait en ramasser; mais la soif augmente en les acquérant: celui qui désire ~e plus est le plus ;pauvre. Les ùeunes personnes s'occuu,ent de l'es· pérance. M. de la .Rochefoucauld dit, • qu'elle vous conduit 1jusqui. fa fin de la vie par Lll1 chemin agréable». Elle serait bien courte, si l'espérance ne lui don:nait de l'étendue. C'est un sen1ime,nt consolant, mais qui peut être dangereux, puisqu'il vous iprêpare souvent bien des mécomptes. Le moillldre mal qui en arriive, c'est de laisser échai:wer ce qu'on possède, en attendant ce qu'on désire. Notre amour-<propre nous dérobe à nous· mêmes et nous diminue ious nos défauts. Nous vivons avec eux comme avec les odeurs que nous portons: nous ne les sentons plus; elles n'incommodent que 'les autres: pour les voir dans leur point de vue, il faut les yoir dans autrui. Voyez vos imper!ectious avec tes mêmes yeux que vous vryyez celles des autres: ne vous relâchez ,point sur cette règle; el!e vous accoutumera à l'équité. Examinez voire caractère, et mettez à profit vos défauts; il n'y en a point qui ne tienne à quelques ver· tus, et qui ne les favorise. ,L a moraie n'a pas pour dqjet de ~truire la nature, mais de la perlectionner. Etes-vous glorieuse? servezvous de ce sentiment-là, pour vous élever au· dessus des faiblesses de votre sexe, pour éviter les défauts qui humilient. li y a à chaque dérèglement du cœur une peine et une honte attachées, qui vous sollicitent à le quitter. .Etes-vous timide? tournez cette faiblesse en ,prudence; qu'elle vous err~he de vous commettre. Etes-vous dissipatrice? aimezvous l donner? il est aisé de la prodigali_té

ct·en ·faire de la générosité. Donnei avec choix et à- rprüjpos; ne n~ligez pas les indigents; prenez soin des pauvres; prêtez dans Je œsoin; mais donnez à ceux qui ne peuvent rendre; ,par là vous cédez à vofre sentiment, et vous faites de bonnes actions. Il n'y a pas une fai'blesse dont, si vous voulez, la vertu ne puisse faire quelque usage, Dans les aif:flictioo~ qui 'Vous arrivent, et qui vous font sentir votre peu de mérite, loin de vous irriter, et d'opposer l'opinion que vous awez de vous-même à l'injustice que vous prétendez qu'on vous fait, songez que les personnes qui vous l'a font sont plus en état de Juger de vous, que vou,s-:rl1ême; ,que vous devez .plutôt les croire que l'amour-propre, qui n'est qu'un flatteur, et que, sur ce qu,i vous regarde, votre ennemi est plus près que vous de la vérité; que vous ne devez avoir de méritée à vos yeux que celui que vous avez aui yeux dès autres. L'on a trop de pem::hant à se dlatter, et les hommes sont lrop près d'eux. mêmes pour se ~uger. Voit~ des précqp\es généraux pour combattre les vices de l'esprit: .mais votre première attention doit être à ,perfectionner votre cœur et ses sentiments; vous n'avez de vertu stlre et durable que par le cœur; c·est lui proprement qui vous caractérise. ·Pour vous en rendre. maîtresse, gardez cette méthode. Quand vous vous sentez agitée d'une .passion vive et forte, demandez quelque temps à votre sentiment, et composez avec votre faiblesse. Si vous voulez san,s l'écouter un moment, tout sacrifier à votre raison, à vos devoirs, il est à craindre que la, ,pàssion ne se révolte et ne deivienne la plus forte. Vous êtes sous la loi; il faut la ménager avec adresse: vous tirerez plus de secours que vous ne pensez d'une pareille conduite, vous trouverez des remèdes sO.rs, même dans votre passion. Si c'est de la haine, vous connaîtrez que vous n'avez pas tant de raison de haïr ni de vous venger. Si ,par maUteur c'était le senti· ment con.traire dont vous !fussiez occupée, il n'y a .poinÏ de passion 'qui vous fournisse dea secours plus s(trs contre elle-même.

,Passons, ma fille, aux devoirs de la soci~é. ]'ai cru qu'a'Vant tout, il fallait vous tirer de l'éducation ordinaire et des .préjugés de ren!fance; qu'il était nécessaire de fortifier votre raison, et de vous donner des princi· pes oertains ;pour vous ser vir d'a.ppui. J'ai cru que la plupart des désordres de la vie venaient ·des fausses opinions, que les fau-sses opinions donnaient des sentiments déréglés, et que quand l'esprit n'est pas éclairé, le cœur est ouvert allilt passions; qu'il faut avoir des vérités dans l'es.prif, qu,i nous préservent de l'erreur; qu'il faut avoir des sentiments dans le cœur, qui les ferment aux passions. Quand vous connaîtrez la vérité, et que vous aimerez la justice, toutes ,les vertus seront en sûreté. Le premier devoir de la vie civile est de songer aux autres. Ceux qui ne vivent. que pour eux tombent dans le mépris et dans l'abandon. Quand vous voudrez trop exiger des autres, on vous refusera tout, amitié, se11timents, services. La vie civile est un comrrierce d'oMices mutuels; le plus honnête y met davantage: en songeant au bonheuir des autres, vous assurez le vôtre, c'est habileté que de .p enser ainsi. Rien de plus haïssable tque les gens qui font sentir qu'il's ne vivent que ,pour eux. L'a• mour-propre outré fait 'les grands crimes: quelques qegrés au-dessous il fait des vices; mais, JPOur ,p eu qu'i'l en reste, H affaiblit les vertus et les agréments de la société. H est imi,ossible de se Her a,ux personnes qui ont Wl amour-propre dominant, et qui le font sentir: cependant nous ne nous en dépouillerons jamais: fant que nous tiendrons l la vie, nous ,t iendrons à nous. .' Mais il y a un amour,Propre habile, qui ne s'exerce point aux dépens des autres. Nous croyons nous élever en ll!baissant nos semblables; c'est ce qui nous rend médisants el envieux. [.a bonté rend bien .plus que la malignité. Faire du, bien quand on peut; en dire de tout le monde, ne juger jamais ~ .Ja rigueur: ces actes de bonté et de ~nérosité, souvent répétés, vous aoquièren-t enfin une ifande et belle réputation; tout le mon.de est 1

intéressé 1 vous louer, À diminuer vos défauts et à augmenter vos 'bon:nes qualités. Il faut fonder votre réputation sur vos vertus, et non sur le démérite des autres. Comptez que ieurs bonnes qualités ne vous ôtent rien, el que vous ne devez imputer qu'à vous la diminution de votre réputation. Une des choses qui vous rend plus malheureuse, c'est 1que nous comptons trop sur les hommes; c'est aussi la sou·rce de -n os injustices. Nous leur .faisons des querelles non ' sur ce quïls nous doivent, ni sur ice qu'ils nous ont promis, mais sur ce que nous avons espéré d 'eux; nous nous faisons un droit de nos espérances, qui nous fournissent bien · des mécomptes.

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Ne s~yez ,point précipitée dans vos ,jugements, n'écoutez point les cafomnies; résistez même aux Jl)remières apparences, et ne vous empressez jamais de condamner. Songez qu'il y a des choses vraisemblaJbles sans être vraies, comme il y en a de vraies qui ne sont pas vraisemblables. Il .faudrait, dans les jugernenfa particuliers, imiter l'&juité des ~ugements solennels. Jamais les ,juges ne décident sains avoir examiné, écouté et confronté les témoins avec les intéressés; mais nous, sans mission, nous nous rendons les arbitres de la réputation: toute !Preuve suffit, toute , autorité paraît bonne, quand ii[ faut condamner. Conseihlés par la malignité naturelle, nous croyons nous don· ner ce q,ue nous Q.t-Ons aux autres. De ll viennent les haines et les inimi tiés; car tout se sait. Me1tez donc de l'équHé dans vos jugements. Cette même 1ustice que vous ferez aux autres, ils vous Ia rendront. Voulez-vous qu' on, pense et qu·on dise du bien de vous? Ne dites jamais du ma~ de personne, Accoutumez-vous aussi à voir sans étonnement et sans envie œ qu,i est au-dessus de vous, et sans mépris ce qui est au-dessous. Que le faste ne vous impose pas: il n'y a que les petites âmes, qui se prosternent devant ta grandeur; l'admiration n'est due qu'à la vertu. ,Pour vous aocoutumer à estimer les hom-


ios mes par leurs qualités propres, considérez l'état d'une pe·rsonne comblée d'honneurs, de dignités et de richesses, à qui il semble que rien ne manque; mais à qui tout manque effectivement, faute d'avoir les vrais biens; elle souffre autant que si sa pauvreté était réelle, puisqtt'elle a le sentiment de '1a pauvreté. Rien n'est pire, dit tut ancien, que la pauvreté dans les richesses, parce qtte le mal tient à l'âme: oe1ui qui se trouve dans cet état a tous les maux de l'opinion sans jouir des biens de la fortùne: il est aveuglé par l'erreur, et dédtiré ;par les passions, pendant qu'une persoMe raisonnable qui n'a rien, mais qui, i\ la place des faux !biens, substitue de sages et de solides réflexions, ijouit d'une tranquillité que rien n'égale. ·Le bonheur de l'un et le malheur de l'autre ne viennent que de la manière différente cfe penser. Si vous êtes sensible à la haine et à la vengeance, opposez-vous à ces sentiments; rien n'est si bas que de se venger. Si on vous a offensée, vous ne devez que du mépris, et c'est une dette aisée à payer. Si on ne vous a manqué qu'en choses légères, vous devez de l'indu'lgence. Mais il y a des temps d'injus. lice à essuyer dans la vie, des temps Où les amis pour qui vous avez le pl'us :fait s'a· charnent â vous blâmer, Après avoir mis tout en usage pour les désabuser, il ne faut point s'opiniâtrer â combattre contre eux. On doit courir après l'estime de ses amis : mais quand vous trouvez des gens qui ne vous voient ·qu'au travers de la prévention; quand vous avez affaire â ces imaginations ardentes et allumées, qui n'on1 d'esprit que pour soutenir leurs injustices, il faut se retirer et se calmer: quelque chose que vous· fissiez, vous n'obtiendrez que de l'impi:obation. C'est alors qu'il faut opposer à leur inûustice et à la honte de dédire, le rempart de votre innocence et la certitude de n'avoir point failli. Songez que si dans ~e temps que 'l'on vous élevait, vous n·en vaiiez pas davantage, à présent que l'on vous abaisse, vous n'en valez pas moins. n faut, sans en être plus humiliée, avoir pitié d'eux, ne se point irriter,

s'il est possible, et dire: lis ont de mauvais yeu·x. Faites réflexion qu'avec de bonnes qua. iités on surmonte la haine et ,J'envie; que 1ea espérances qu'on tire de la vertu vous soutiennent et vous consolent. Ne songez à vous venger qu'en mettant dans votre conduite plus de mo'dératio11 que ceux qui vous attaquent n'ont de malice. U n'y a que les âmes élevées qul soient touchées de la gloire- de pardonner. Songez à vous estimer à boit litre, pour vous consoler de l'estime qu'on vous refuse. Vous ne pouvez vous permettre qu'une seuie vengeance; c'est celle de faire du bien à ceux qui vous ont oitfensée; c'est la vengeanœ la plus délicate et la seule ~ise; vous satisfaites à votre :ressentiment, et vous ne pre• nez point sur les vertus. c.ésar nous en donne l'exemple: son lieutenant Labiénus l'aban· donna dans le temps qu'il avait le plus besoin de ,lui, et passa dans ,le camp de Po~e; il laissa dans celui de César de grandes richesses. César Jes lui renvoya, et lui manda: • Voi'là comme César se venge.• li est de la prudence de profiter des fa\l· tes des autres, quand imme elles nous blessent; mais souven,t ils commencent les torts, et nous les achevons. Nous usons mal des droits qu'ils nous donnent sur eux; nous voulons tirer trop d'avantagesdeleursfautes.c·est w1e i111justice et une violence ,qui mettent les spectateurs contre nous. Si nous souffrions avec modération, tout serait ,p our nous, et les fautes de ceux qui nous attaq~nt doubleraient par notre patience. Quand vous savez que vos amis vous man· quent, dissimulez; dès que vous faites sentir que vous vous en apercevez leur malignit6 augmente, et vous mettez leur haine en liberté. En dissimulant, vous nattez 'leur amourpropre; ils jouissent du plaisir de vous en imposer; Ns se croient supérieurs, dès qu'ils ne s0nt point démêlés; ii,s triomphent de vo~e erreur, et jouissent du plaisi,r de ne vous point perdre. En ne leur faisant point sentir que vous les connaissez, vous leur donnez Le temps de se repentir et de revenir à eux. Il

109 lie fau,t qu'un serviœ rendu l propos, ou une

autre manière d'envisager les choses, pour vous les rendre iplus attachés.

· (A

,uwre.J

Le grand-papa =

C'est samedi, veille de Quasimodo; assis !Ur une chaise, le grand-père tisonne triste· ment le feu de bois, qui •meurt sur ses c'henêls dorés. Méthodiquement, il accule au fond du. foyer la grosse bQche, aux trois quarts coosu1née, lui fait un hon lit de cen,cires, et réllillit sous e\'le tous les tisons perdus -un peu par-

tout. - Allons, prends-<1.onc, animal! .. . Mais fa bQclte résiste, et n'envoie dans la cheminée qu'ume grosse bêtasse de fumée où s'aNument, de secon,de en seconde, comme des velléités impuissantes, quelques petites étincelles aussitôt éteintes. - Tiens, tu es comme moi, tu es trop vieiHe! Et, se renversant sur sa chaise, croisant les jambes aUr<iessus de 'La cendre brulante, il se met à songer, les yeux ,perdus au pla.foll'd, . , . Il est tris1e, 'le grand,Père, et il sent qu'on est triste a,u !our de 'lui. . . DepuJs quinze .jours, la maison sue la ~!ancolie; sa lille et son gendre s·elfforœnt même de rire et de plaisanter pendant les repas; mais, rires et plaisanteries sonnent faux. .Jl n'y a pas jus·· qu'à la petite Germaine qui, ce matin, en apportant Je c!hocolat à son grand-papa, avait un air grave. Il l'a bien observée, pendant que, avec sa cuiUer, elle écartait la crème moirée qui couvrait 'la tasse: on eQt dit que ses longsi cils d'enfant se tenaien1 obstinément baissés, pour ne ,p as laisser deviner oo reproche ... un reproche dans ses grands yeux qui ne savaien.f pas mentir. . . et un reproche à son cher grand-père pour lequel elle se serait fait cou,per en tout petih, morœaux!. , . - Evidemment, murmure-t-il, tout ce mon-

de-Il est pieux; ifs m·a&neot et ne veulent pas s'habituer i l'idée que de suis u111 païen. D'ailleurs, tle ,ne me montre .pas -logique: je verrais d'un mauvais œi'l qu'eHes ne fassent pas leurs devoirs de Pâques ... et moi. . . il y a trente ans que je n'ai pas fait ~es miens.

e ,l.Jà-dessus, il; reprend ,les pincettes : - Trente ans! . . . Qu'est-ce que je dis?.,. Ça en fait trente huit!. ; . iEt, mentalement, if récapitule: - Colonel en 1878 .. . capitaine en 1870 , . . marié en 62 . . . , non, çà ne fait pas tant. Ça fait 31 seulement. . . seulement!! .. . Et N' se mit à sourire avec un air singulier. - iEt voilà pou1quoi de ne veux pas y :re• venir, ge pensais encore l çA, dimanche dernier, à la messe ... Aller me mettre à genoux, Il, Sllir ces marohes, devant tout le monde! . . . Non, j'en aurais une attaque d'apoplexie! Je vois d'ici Je gros :Mathias, levant son nez de dessus son paroissien, essuyant précipitamment les lunettes: ~ Pas possible!!.. . le commandant qui fait le plongon! . . . et Madame Schnorr soupirant tout bas à sa voisine: • Ah! ma chère, Dieu est bon! .. . » Et puis, quoi? si c'était ma conviction, j'irais, car, après tout, on n'est pas un lâche. Mais voilà, au fin fond du: fonid, je n'ai ,pas la foi! 1e n'ai ijamais bien voutu examiner complètement mon cas, mais il a de ça. !Et a lors,, quoi? ma pauvre petite Germaine serait-elle encore plus gentille, tie ne peux pourtant pas aller jouer la comédie et faire un sacrilège pour la contenter!. . . ,Mon cher Albbé, Faut que VOLts me tiriez une épine du pied. Ils sont tous ennuyés ici parce que je ne fais pas mes Pâques. I ls le cachent, mais je le vois bien. Il n'y- a pas jusqu'à mon chien, qui a l'air dt me ·regarder avoc des yeux de reproche. Or, vous savez, je suis de la génération de 48, s'est.Jà-0_ire que je vous estime énormément, vous et vos affaires; mais au 1


111

110 fond, franchement, j'ai ,pas une foi !om1idable. Vous ne {'ignorez pas, puisque vous m'avez traité de viei'L hérétique l'autre jour, en faisant notre œnt de piquet. Dans ces conditions, faut-it faire mes Pâques? Si vous me dites oui, ie 'les fais demain matin, au risque de suffoquer :Mathias, et de voir ma vieille bonne partir à pied rpour Jérusalem, en pèlerinage de reconnaissance. C'est grave, ce que ~e vous demande là; J'ai derrière moi toute une vie d'honneur cl de loyauté, ne me faites rpas faire une hypocrisie! Au ter zouaves, on n'a jamais connu ça! Votre vieux dur à cuire: Napoléon B., . .

$ A Monsieur N.

a., colonel en

retraite, à S .. .

•M on exœtlent ami, Vous faire commettre une hypocrisie, à vous? Jamais. Vous n'avez pas la foi? ... Taisez-vous donc! Au temps de Clovis, vous auriez, vous aussi, tiré votre coupe-dhou en di· s.ant: • Que ,n'étais,.ge là avec mes '.braves chacals!· • Seulement, Sllll' cette foi-là, il y a. une foule de choses, des préijugés, de l'ignorance, la peur du qu'en-dira-t-on, etc. Vous avez oublié votre théorie et vous n'osez pas constater que Oennaine en sait plus long que vous là-<lessus. J'arri·ve au fai1: ne communiez ,pas demain, il Œaut avoir le temps de meubler tout çà pour le Bon Dieu,; seulement, tous les soirs, avan,t de vous couclier, vous vous mettrez à genou«: vous entendez : à genoux, devant le cruciŒix qui a reçu le dernier soupir de votre femme - .je sais bien qu'il est à la tite de votre fü - . et vous lui ferez une prière dans ce genre: • !Mon Dieu, s'agit ,pas de ça! faut que vous me tendiez la rperche. li y a une ma.sse de mes cama.rades qui pratiquent, il y en a même, et des meiUeurs, qui ont été de vrais cal'ofins, Sonis, CouJ1bet, Miribel et au,tres! faut que vous me fassiez voir clair dans toutes" ces histoires-1l. L'arbre tombe oi:J. il penche, ~e veux tomber du bon côté, seuilement, montrezs[e moi, ·E t ,p uis, toi, ma pauvre ·bon-

ne •L otüse, qui étais si pieuse, tu dois être au ciel; Je compte sur toi pour ~usser à la roue. Ainsi-soit-il- • Samedi matin, je serai chez vous, 1je vous montrerai comment on se confesse; et, dimanche, vous mettre,z du bonheur sur le Iront de tous ceux 1qu:i vous aiment et vous savez si lie suis de cewc•ll! V A,bbé ,N , . ,

Dimanche matin. ·D ebout devant· sa glace, les bretelles pendan1es, le .grand-père se rase; mais, sur sa figure, ri y a une fou11e d'endToits dangereux. Vlan! une boutonnière!! ,juste sous le nez! Vlan! une autre sous le menton! Pow un peu, il üurerait comme un païen, mais il se retient tant qu'il peut. 1Enfin, c'est fin.i ! . . . Et pendant qu'il' s'essuie énergiquement, en soufflant au travers de ses moustaohes, il sent qu'il se passe quel. que chose. Il se retourne. c'est Germaine! - Veux-tu que .je te fasse Ia raie! _ C'est çà, et mon nœud ~e cravate pardessus le marché! 1Le gra:nd;père s'est assis dans UIJ fauteuil, a mis les dewc mains sur ses genoux, et lève la tête tant qu'il faut, pour que sa mouche à 1viroipériale n'ai1Ue pas c:hatouH!er le nez de sa petite-fille, et Germai-ne, debout en face de lui, reçoit en pleine figure le ooli soleit d'a• vril qui semble mettre un nimbe d'or autour de sa tête. On dirait - un ange venu là pour tout pr€parer, mais un ange excessivement malin, et ih y a tout un mon:de de diplomatie au fond de ses yeu~ bleus. - Comme tu· vas tôt à la messe, a~ourd 'hui l ·. - HtiJm! ! . . . Hum!!. . . entonne le colonel. - 1faud·ra-t-y a~rter ta fasse de chocolat avant la messe? . . . - Non .. . après! . . . Et Germaine, qui a compris, sourit dow:emen,t en montrant toutes ses petites dents du fond et lui noue ses dewc ~ras autol!T d11 COU :

-

'

Tiens, tu es le meHleu:r de tou1 l.ol

rrands-,pa.pasl . . . et •je t'embrasse . . . de la part du bon Dieu,!. .. - Alfons!.. . Allons! . .. répond le vieux soldat, qui retousse tant qu'il :peut. Et, ce matin de printemps, il n'y eut pas de flcllŒ' pl!US fraîche, plus épanouie, 1que la petite Germaine! Pierre L'ERMH1E.

Les pieds du Capucin Le tramway Châtelet-Bicêtre. Il pleut, tout pend, tout ruisselle lamen· 1able1nent: les gouttières du :bureau, les dernières feuiLles des arbres, )es moustaches cirées du contrôleur, les parapluies des passants. Sur 1 impériale, pas oo chat. L'intérieur est pleiu de tout : enfants qui piaillent, femmes revenant des halles, chargées de ,paniers énormes, gros voyageurs, petits trottins, en cheveux, serrant contre elles leurs cartons à chapeaux et qui se blottissemt frileusement dans un coin avec des mi nes souffrantes d'oiseaux mouillés; messieurs secs et chics, gilet blanc, 120 ,francs par mois, un enfant, lisant leur ~oumal et payant les six sous d 'un air superbe, sa}ls regarder le contrôlem;. 1Ef, par.idessus tout cela, une buée lourde, humide, qui se colle aux vitres, et donne à toute la voiture un air maussade, grognon, énervé. Subitement, toutes les têtes se retournent ·. un religieux entre, pieds nus, - Tiens, un Capucin! Pour le peuple, tous les religieux déchaus-sés sont des Capucins. Or, un Capucin, c'est 1oujours un événement. Mais quand, par un jour de pluie, il entre pieds nus, dans un tramway, Je capuchon relevé menaçant Je ciel, et, avec m1 bruit terrible de thapelet, s'assied résolument entre un monsieur furieux et une dame effrayée, tl devient aussitôt ile clou vainqueur qui force l'attention générale.

Chacun, en rentrant chez lui le soir, le mari en accrocha,nt sa casquette, la petite modiste en piquant son épingle dans son chapeau, dira : - Tu ne sais pas • . . ? - Non. - !Eh bien, j'ai p.i::i~ le tramway pour revenir . .. . - . . . ,Mais . .. comme d'harbitude . - Oui, seulement, ce soir, il y avait un Capucin! - A:hJ pas possible! Et comment qu'il était . .. ? - Un grand, bel homme, l'air décidé, qui regardait bien en face; pas du tout comme ceux du journal à .Plumard. - T'as vu ses pieds? ..• ~ Oui. . . il en avait deux, etc., etc. ·Est-ce jalousie? est-ce acacia? Mais le gros bonhomme, à bâbord duquel le brave Capucin avait élu domi-ciile, commença tout de sw1e- à ronchonner. - Dégoûtant!. . . Peuvent donc pas s'habiller comme tout le monde! , . . - !Mais, 1MonsieUT. . . et la liberté? . .. dit carrément le religieux, et d'une voix très calme, la voix des forts qui ne songent même pas à avoir peur, - ,La IÎlberté ... possible, Monsieur, mais le goQt!. . . Dans une nation aussi artistique que la nôtre, on devrait vous empêcher de sortir ... si ce n'est à lïntérieur! .. . te religieux, une seconde, considère le tu·be hérissé par la pluie qui orne le chef de son voisin, son col ~ celluloïd, son plastron découpé, la ôaquet!e et le pantalon étriqués qui laissent passer la patte de la chemise, et déjà un sourire ironique erre sur ses lèvres quand, de la banquelte opposée, arrive un secours iuatttndu : - Pardon, -Monsieur, vous avez tort, répond un voisin, un peintre sll!ns doute, rien ne fait mieux dans un tableau que .la robe de bure d'un moine! -Et c'est autrement beau que les deux tubes où nous enfilons -nos tibias! . .. Alors, la discussion se corse; tout le tram-


11a

112 way est attentif, le conducttur peut à peine se frayer un passaa-e au milieu des visages penchés pour mieux voir; le Capucin a complètement réveillé la voiture. - Mais 'l'hygiène!. .. crie le -Muflo. Vous n'allez pas me faire croire que ce sac-là est hygiénique? - Bien plus que Je vôtre!. .. Il pleut .. . . Je relève mon capuchon; il ne pleut pas? ,,, Je le rabaisse; votre chapeau à vous ne vous protège rien du, tout. - \Mais vos pieds? . .. - Qu'est-ce que vous leur vou1ez? - Ils sont trempés . . . . - Pas tant que vos ,petites bottines .. .. Et fauraii les pieds chauds avant vous. Et puis, après? ... Si âe veux mettre un vêtement qui ne soit pas hygiénique?. . . Vous tenei rdonc tant que cela à la vie des Capucins? 1

Dans le tramway on prend parti . , . . - Parfaitement, il a raison, le Capucin! On a la liberté ou on ne l'a pas!, . . Du mo· rrent qu'il paye ses six sous . .. , pas vrai .. . ? Après tout, son froc prend moins de place que les robes des femmes . .. . Et puis, il est vieux comme le monde, ce costume-là! ,Mais :Muflo se retourne, 1es yeux ronds, furieux .. .. - Est-ce que je l'insulte, ton Capucin! . . . C'est ses pieds . . . - Ses pieds! . . . Et les tiens . . . ? Montre-les donc, les tiens! . . . Parfaiternen t ! . .. Montre-les! . .. Tu vois, tu u'o· ses pas! Je suis sûr qu'ils doivent être répugnants! . . . C'est tes pieds! ... tes pieds! . . . tes pieds! .. , C'est tes pieds qu'il nous faut! ... \Muilo alors se lève, digne mais vexé; et en passant devant le religieux, il s'arrête comme s'it eût voulu, malgré tout, laisser une bonne impression: - C'est égal moi, üe vous dis, mon opi· nion, il est rudement pitoyable, eit plein vingtième siècle, qu'un homme comme vous se fasse Capucin! - . .. ·Et pourquoi cela . .. ?

Ah! si vous étiez cagneux!. . . Si Vou~ ne pouviez pas faire autre c:hoset . , , ~ . . . Oui, dit le religieux, seulement les restes pour Ie bon Dieu, n'est-ce pas? .. , , C'est toujours assez ,:ion pour 'Lui, d'après vous; pas vrai . .. ? - ,Enfin, moi, ~e ne comprends pas ça! - Pauvre cher ami! conclut le Capucin en lui tendant la main, et en le regardant avec une gra-nde expression de pitié, il y a tant d'autres choses que vous ne comprenez pas! PIER~E L'ERM1'TE.

IN11ERR00AiTOIRE COMIQUE L'autre jour au tribunat de police Wl va· gabond, très instruit, comparaît: - Votre nom? - Onésime Pflumard, c'est ainsi qu'on Me nomme. - Votre âge? - Voill bien 50 ans que je suis ltonnete 'homme. - Votre domicile? - ta terre est mon seul 'lit, mon ridtau le ciel bleu! - Voire profession? - Aimer, chanter, prier, croire, es~rer en Dieu . ... - Vous avez volé un pain, .. , - ]'avais faim, magistrat; aucune loi du monde [gronde. Ne saurait m'arrêter lorsque (l'estomac - Vous êtes un homme instruit, .pourquoi n'écrivez-vous pas comme ,v ous parlez?, -Hélas! les iditeurs sont de terribles gens, Qui se montrent pou11 nous assez peu complaisants, [cher maître, « Quand vous serez célèbre, ont-ils dit, ~ Nous nous occuperons de vous faire coa· naître.> L'infortuné ,poète e&t condamné à vinrtquatre heures de prison. Il se retire en drisan t: - Oh! magistrat, merci! . .. Ton arrtt 1111

sourit, Car ,pendant un gra:nd

iour

~

[nourri! vais et,.

Mois du Sacré-Cœur Après le mois des fleurs, consacré à la Reine des Cieux, l'Eglise nous invite à consacrer le mois des fruits au Sacré-Gœur de Jésus; elle nous engage à aller de la « toute puissance qui prie > à la miséricorde infinie qui se donne. ;Marie est ,la voie qui mène 'à Jésus; l'esprit .de Marie, que nous avons étudié pendant ces trente jours de méditation, nous l'emprunterons ·pour mieux connaître le cœur de Jésus, nous emprunterons son cœur pour l'aimer. C'est par Marie que Jésus a décidé de se d9nner à nous; c',est donc à Marie qu'il faut demander Jésus. .A n'en pas douter, bien des grâces pendant les 31 jours sont descendues sur nos âmes, sur nos familles, "Sur nos paroisses. 1Mais nous aurons garde d'oublier que Marie n'a d'autre désir, d'autre raison d'agir et même d'exister que pour g1orifier Jésus.Christ. Après le mois de Marie, faisons maintenant, avec non moins de ferveur, le mois du Sacré-Cœur. Les Souverains Pontifes Pie IX et Léon XIII, de sainte et illustre mémoire, plaçaient toute leur confiance en la dévotion au Sacré-Cœur: L'Eglise et la société .n'ont d'espérance que dans le Cœur de Jésus; ctest ,lui qui guérira tous nos maux. » (Pie IX.) Léon ~IN a appelé le culte <lu Sacré-Cœur: « le nouveau labarum », le signe de salut des temps modernes. C'est le culte de l'avenir, le culte des derniers temps du XIXe siède a pu s'aP..peler le siècle de Marie, le XXe siè. cJe sera celui du Sacré-Cœur.

-··· Avis d'une mère

à sa fille

(Fin.)

Soyez inviolable dans vos paroles, mais, pour •leur acqu~rir une entière confiance, son-

gez qu'il faut une extrtme IWicateese l le& garder Respectez la véri~ m!me dana lea choses indifférentes; songez que rien n'eat 1i méprisable que de la blesser, On a dit que le mensonge fait voir que l'on nçri1e les dieux et qu'on craint iles hommes; que œllLi• là est semblable aux dieux, qui dit la virit~. et qui fait du bien. Il faut aussi fvitu lea serments; la seule parole d'une honnête per• sonne doit avoir toute rautorité des ter·

rnenls. :La politesse est une envie de plaire; la nature la donne, l'éducation et le monde l'augmentent. La politesse est un supplbœnt de la vertu; on dit qu'eHe est venue dans le monde quand cetie fHle du ciel l'a abandonn6. Dans les .temps les plus grossiers, où la vertu réginait davantage, on connai861.it moiu !:politesse; elle est venue avec la volupii; elle est la fille du luxe et de la délicatesse; on • douté si elle tenait plus du viœ que de la vertu. Sans oser décider, ni la d6inir, m·eatil permis de dire mon sentiment? Je crois qu'el-le est un des plus grands liens <k là 1<> ciété, puisqu'elle contribue œ plus l la paix; elle est une preparation à la charit4, une imi· tation même de l'humilitf. La vraie ipolite... est modeste; et, comme eHe dlerche à plaire, elle sait que les moyens pour y réuuir, sont de faire sentir qu.'on, ne se ,préfère point aux autres, qu'on leur donne le premier ra111 dans notre estime. L'orgueil nous sépare de la socilté; notre amour-propre nous donne un ralli à part, qui nous est toujours disputf; l'estime de soimême, qui se fait trop sentir, est presque tou· jours punie par ,Je mépris universel. La politesse est l'art de concilier avec agrément ce qu'on doit aux autres et ce qu'on se doit l soi-même; car ces devoirs ont leurs limites, lesquelles ,passées, c'est flatterie pour les autres, et orguei,J pour vous; c'est la quali~ la plus séduisante. Les personnes les ,plus polies ont ordinairement de la douceur dans iles mœurs, et des qualités hautes. C'es,t la ceinture de V&tus; elle embe!Ht et donne des grâces à tous ceux


11'

116 qui la portent; avtc elle, vous ne pouvez manquer de plaire. Il y a bien des degrés de politesse: vous en avez une plus fine, à proportion de la dé·licatesse de ,l'esprit. Elle entre dans toutes ·vos manières, dans vos discours, dans votre silence même. L'exacte politesse dé'fend qu'on étale avec hauteur son esprit et ses talents. Il y a aussi de la dureté à se montrer heureux à la vue de certains ma'1heurs. Il ne faut que du monde pour pol.ù". les manières; mais il faut beaucoup de délicatesse pour faire ,passer la politesse ~usqu'à l'esprit. Avec -une poli tesse fine et <1€-icate, 011 vous passe bien des défauts. et on étend vos bonnes qualités. Ceux qui manquent de manières ont plus besoin de qualités solides, et leur ré;putation se forme lentement. 1Enfin, la politesse codte peu et tend beaucoup. Le silence convient toujours à une jeune personne; ~l y a de la modestie et de la dia-nifé à Je garder; vous jugez les autres et vous ne hasardez r.ien. Mais gardez-vous d·a. voir un silence fier et insuJ,tant; il faut qu'il soit l'effet de votre retenue, et non pas de votre orgueil. Mais comme on ne peut pas toujours se taire, il faut savoir que la première règle pour bien parler, c'est de bien penser. : Quand vos idées seront nettes et démêlées, vos discours seront clairs. Qu'ils soient remplis de pudeur_ et de bienséance. Respectez dans vos discours les préjugés et les coutumes. Les expressions marquent les sentimenls, et les sentiments sont les expressions

des nnurs. Il faut surtout éviter ie caractère plaisant, c'est touijours un mauvais personnage, et rarement en faisant rire se fait-on estinier. Ayez attention aux autres bien plus qu 'à vous; songez plutôt à les faire valoir qu'à briller. Il faut savoir bien écouter et ne montrer, ni dans ses yeux, ni dans ses manières, un air distrait. Contez peu; narrez d'une manière fine et serrée; que ce que vous direz soit neuf, ou que le tour en soit nouvea11. Le

monde cet rempli de gens qui portent des sons à l'oreille sans rien dire à l'èsprit. Il faut, quand on parle, .plaire ou instruire. Quand vous demandez de ,l'attention, il faut la payer par l'agrément. Un discours médiocre ne saurait être trop court. Approuvez, mais admirez rarement; l'admiration est le par.tage des sots. Eloignez de vos discours l'art et la finesse; la principale prudence consiste à parler peu et à se défier plus de soi-même que des autres. Une conduite droite, la r~putation de probité, attirent plus de confiance et d'estime, et à la longue plus d'avantages de la fortune, que les voies détournées. Rien ne vous rend diaue des plus grandes choses, et ne vou~ met audessus des autres que l'exacte probité. Accoutumez-vous à avoir 'de la bonté et de 1humanité pour vos domestiques. Un ancien dit: « quïl faut les regarder comme des amis malheureux •. Songez que vous ne devez qu' au hasard l'extrême diHérenœ qu'il y a de vous à eux; ne leur faites pas sentir leur état; n'appesantissez point leur peine; rien ,n 'e st si bas que d'être haut à qui vous est soumis. N'usez ,p oint de ter~ durs, il en eat d'une espèce qui doivent être ignorés d'une ,personne polie et dé!Jcate. Le service étant établi contre l'égalité naturelle des hommes, il faut l'adoucir. Sommes-nous en droit de vouloir nos domestiques sans défauts, nous qui leur en montrons tous les jours? Il faut en sou,ffrir. Quand vous vous faites voir pleine d'humeur et de colère (car souvent on se dé· masque devant son domestique) quel specta· de n'offrez-vous poin~ à ,Jeurs yeux? Ne vous ôtez-vous point Je droit de les reprendre? Il ne faut pas avoir avec eux une familiarité basse; mais vous leur devez du secours, des conseils et des bienfaits proportionnés à votre état et à leur besoin. Il faut se conserver de l'autorité dans son tlomestique, mais une autorité douce. Il ne faut pas aussi toujours menacer sans chltler, de peur de rendre .Jes menaces méprisables; mais il ne faut appeler l'autorüé que quand 1

la persuasion manque. Songez que l'humanité et Je christianisme égalent tout. V.impatience et l'ardeur de la jeunesse, jointes à la fausse idk qu'on vou.s donne de vous-même, vous font regarder les domestiq-ues comme des gens d'une autre nature que Ja vôtre. Que ces ,entiments sont contraire& à la modestie que vous vous devez, et à l'humanité que vous devez aux autres! N'ayez point de goût pour la flatterie des domestiques; et pour empêcher l'i~ession 'lue leurs discoura flatteun, et souvent répé~s, ,peuvent faire sur vous, songez que ce sont des gens payés pour servir vos faibleslCS et votre orgueil. Si par malheur, ma fille, vous ne suivez pas mes conseils, s'ils sont perdus pour vous, ils seront ufües pour moi; par ces préceptes, je me forme de nouvelles oblïa"ations. Ces réflexions me sont de nouvea,ux engagements pour travai!Jer à la vertu. Je fortifie ma raison, même contre moi, et me mets dans l_a nécessité de lui obéir, ou je me charge de la honte d'avoir su la connaître, et de lui avoir lié infidèle. Rien de pLus humiliant, ma fille, que d'6crire sur dea matiue1 qui me rappellent toutes mes fautes; en vous les montrant, je me dépoui-Lle du droit de vous reprendre, je vous donne des armes contre moi; et je vous permets d'en user, si vous voyez que .j'aie les vices opposés aux vertus que Je vous recommande; car les conseils sont sans autorité, dès qu',i ls ne sont pas soutenus par l'exemple.

Gendarme et Capucin Dans une :paroisse du diocèse de x., un Pùe Capucin prêchait 1a retraite préparatoire à une première communion. Il y avait dans cette paroisse un vieux gendarme en retraite, grand ami de l'ordre, mais ennemi juré de tout ce qui concerne la religion. Cet homme, qui ne manquait pas d'esprit et qui · exerçait de aïnfluenœ sur ses concitoyens, lmployaii l'un et !',a utre l 'faire khouer l'œu-

vre de Dieu. Un jour entrain~ par je oe aaia quoi, il va au sermon connne les au-Ires ou pour mieux dire, après les autres, car, qu'il arriva, le sermon ~it déjà au milieu. C'était le lundi de Pâques: en ce moment lt prédicatell!f établissaii la vérjfé de la R~ surrection. « Comment! disait Je missionnaire avec cha1eur, comment la garde se seraitelle laissée vaincre par des hommes timides, inexpérimentés et sans armes, tels qu·étaieut les apôtres? Les militaires ne se laissent pas Vaincre ainsi C la garde meurt et ne $C rend pas. • Ces derniues .p aroles n'échappèrent point à notre vieux gendarme. c C,e mission,. naire fait le brave, se dit-il, nous verrons s'il le fera toujoura. » A peine fut-il rentré chez lui, qu'iJ envoya dire au prédicateur: c Vos paroles d'hier m·ont fait comprendre que vous saviez ma· nier les armes : si vous êtes ,tel que vous paraissez, venez sur le terrain, üe vous attends.,. Le missionnaire, sans se ,t roubler, répond au messager: • Dites-lui que j'accepte, qu'il vienne demain, à midi, à la cure avec .ses deux témoins; moi, les miens sont: rM. te curé et M. .le vicaire. • Le lendemain, i l'heure dite, heure mili· taire, mon homme arrive avec le pharmacien et son neveu: c'étaient ses deux témoins. On échange quelques .paroles; tout en causant, Je missionnaire fait signe à tous les assistants de Je laisser seul avec c.i terrible provocateur. Voili donc les deux duenistes en face l'un de l'autre.

iors-

« Oier ami, dit le missionnaire, j'ai accepté le duel; ma parole est donn6e, jo ne ffcule pas. Seulement, vous eres plus habile .que moi (on m'a dit que vous en aviez étendu dix-sept sur le carreau); vous m'avez ·provoqué; vous me laisserez bien au moins 1a fa~ culté de déterminer le genre de combat. • Le vieuoc gendarme incline la tê~ en, signe de consentement. Alors le missionnaire s'assied sur une chaise comme quelqu·tm qui va confesser. « Voilà, dit-il, mo.n &'ert.re de combat: _ mettez-vous .Il, à gènoux! - Mai-a il ne a'agit pas de confession. Ecoulez: vous


111 m'avez provoqu,, j'ai demandA à choisir le renrc <k combat, vous avez consenti; si maintenant voua refusez, vous êtes vaincu, j'ai droit de vous prendre poU!r un ,lâche. • Pour ac plus entendre œtte épithète, le gendarme se met à ,enoux: • Mais, disait-il, je ne veux pas me confesser, nom de nom! - Eh bien, non, ne vous confessez pas; faites seulement le aip de .la croix. ....!. Mais je vous dis que je, ne 'ttUX pas me confesser, nom de nom! - C'est entendu, vous ne vous confesserez pas; mais faites le signe de la croix. Je sai1 bien ,p ourquoi vous ne voulez pas le faire, c'est parce que vous ae le savez pas; vollS vous m!lez de religion, vous faites le savant et vous ne savez pas faire le si2'Jle de la croix. - Je oe le sais pas! je vais vous Je faire voir. • 1E.n même te~s il porte sa main à aon front, à sa poitrine, à ses épaules, et fait un irand sip de croix. • Bah! vous save1 .le aipc de .Ja croix, les petits enfants :te savent aUHi; mais je suis bien sur que vous ne savez pas: • je me comesse •. ,- Moi! ne pas savoir c :je me confesse•! j'ai été enfant de chœur ! • Et aussitôt il commence majestueusement en latin: , Confiteor Deo omnipotcnti. , . » Arrivé à • mea culpa • : • Assez dit ,Je missionnaire, on s'arrête Jà. Voyons, n'est-il pas vrai que vous avez fait ceti, que vous avez fait cela? ·- Mais ,je ne veux pas me confesser nom de nom! - Gest entendu, laiaaons la confession; seulement je veux dev_iner tou1 ce que vous avez fait,• Il passe donc en :revue Jes commandements de Dieu et de l'Eglise, et Je gendanne, à mesure qu'on les d&oulait devant ,lui, par un .siî[le de talc, rçottdit C OW » OU C non •, C francherœut, dit alors de mislionnaire, je suis obligé de l'avouer, ~me en ce iCllJ"e de combat, vous m'avez vaincu; je ·voulais vous faire confestcr et vous l'avez fait. - Mais je ne veux pas me confesser! - Mais c'est fait; ,maintenant ,je ne puis pas vous déconfeaser. Si vous tenez l votre duel, si vous avez du cœur, si vou1 Mes un brave, venez demain à tla même heure; celte fois-ci c'est moi qui vous provoque. • Ce vieux gendarme, qui ne savait plus Q(& il ffl était, ne ,sait que répondre ces mots:

Noue verrons. » De toute la nuit il ne put fermer l"œi1, tellement il était énru de ce qui s'füit pa~ entre Jui et ,le missionnaire: c Je voulais le prendre, disait-il, et il m'a pris. Si je me con. fessais tout de bon, je ne fera is lf)aS tant mal, puisque c'est commencé; mais qu'est-ce qu'on dira de moi? » Il entendait dans son cœur deux voix, l'une qui lui disait: • N'y va pas», l'autre qui lui criai!: • Marche, avance, va, autrement fa es un lâche!• Il finit par se décider. Le lendemain il va trouver ~ nouveau le missionnaire. Tout d'abord il lui déclare qu'il vient pour refaire ce qu'il n'a pas bien fait la veille. La confession terminée, Je vieux g~ndarme se relève. • Tout va bien, mon Père, mais il reste une chose qui me fait grand peine. Comment oserai-je faire la communion devant tout le monde moi qui en ai ,tant dit <:antre la confession, contre le~ prêtres, contre la relirion? qu'est-ce qu'on va dire? - Allons, courage! réplique tout simplement le missionnaire, est-ce qu'un gendarme a peur? • Pendant ,trois. ou quatre jours il se passa dans son âme une terrible lutte: il sentait que aes amis allaient rire de tlui, il sentait aussi que c'était le devoir. Plus d'une fois il fut sur le point d'aller irouver Je missionnaire pour lui dema,nder s'il ne pourrait pas communier secrètement; • mais œpendant c'est de la lâcheté >, se disait-il. ,Enfin, .Ja grâce l'emportant, il s'écrie résolument: « Advienne .aue pourra, je vais remplir mon devoir; les ho~ me11 sans valeur me blâmeront, mais ,les gens sensés me loueront de revenir à la sagease après de si longues folies, et surtout j'aurai Dieu pour moi. • Trois ou qootre jours après, mettant de côté tout respect humain, il s'est avancé le premier à fa table sainte. Que s'était-il pas~ en lui? Après la messe, il se rend à la sacristie; •les lariœs coulaient de ses yeux: il embrassait le curé, il embrassait le V!Îcaire. sans pouvoir dire un mot. Quand il put parler: • !Mon ,Père, dit-il, que je suis heureux! que je suis content! Napoléon le disait bien, que le plus beau jour de 'la vie avait «

~é ce:ui de sa première eomnrunion. Jusqu'ici je n'avais pu le croire; mais maintenant je le comprends. • Et Je brave gendarme est .mort aprè6 avoir persévéré jusqu'à la fin.

Travail et succès Dans la sociét( aussi bien qu'à l'«ole, te travail est :recommandé, le travail est en-

couragé, le travail est d'une manière ou d 'une autre récompensé. ~dant il n'aboutit pas toujours au succès, soit que l'effort n'ait pas été adéquat au but envisagé, soit que les instruments fussent défectueux, soit encore que l'on ait opéré dans des circonstances .peu favorables. Autre chose est de naviguer avec le vent debout, autre cllose d'avoir le vent en poupe. On dit bien que la fortune favorise ,les audacieux, « audaces fortuna juvat ». Oui, mais on soutient en même temps que le fravail opiniâtre vient à bout de tout, • labor improbus o~ia vincit » : double affirmation qui est contredite par l'eXpiérienœ. Ces locutions, ·boniments opportuns pour encourager l'effort, doivent être prises avec un grain de sel, • cum g.rano salis>. (Excusez-moi de parler ,latin: le « .Médecin malgré lui•, un simple bûcheron,, le faisait bien, si l'on en croit Molière,) Est-œ que tous les élèvea d«rochent la timbale au haut du mât de cocape de la science? Est-ce que tous les bûcheurs re~rtent Je prix d'exœllence? On a raison, dans quelques établissements d'instruction ,publique, de décemer des prix de • diliaence •, voire de • bonne volonté•, afin qut soit recompensé Je travail que le succès n'accompagne point. Honneur au courage malheureux! Certains parents ne comprennent pas cette inéluctable condition des choses, et s'imaginent qu'il leur suffit d 'envoyer 1eu·r fils dans un gymnase, leur fille dans institut de hautes études, :pour qu'ils en sortent phénix

,m

patentés. Autant vaudrait lancer au firmament W1C maigre fusée, en lui intimant l'ordre de devenir étoile de première grandeur, Le Créateur n'est pas ,dans les mêmes idées qu'eux, et sa voix est prépondérante. Il ne vaut même pas la peine de plaindre l'enfant qui ne moissonne pas le laurier à pleines brassées. Peut~re travcrse-t-il celte période de croissance où les facultés intellectuelles sont p 1us ou moins nouées. ,Peut-être son esprit, mainlenaut fermé, s'épanouira-t-il dans la suite, tel un bourgeon tardif. Alor~ on verra ces tardigrades cheminer avec des bottes de sept lieues et devancer de beaucoup les forts en thème. Pour nous, gardons--nous de travailler uniquement en vue du succès. L1Ecriiure nous affirme que l'homme est né pour travaiJJer, comme foi seau pour voler; elle ne garantit pas la réussite, elle n'assure pas que le tra, vail produira de toute nécessité des fruits mirobolants. Vive labeur! « Allons à l'ouvrage, oui marchons; sans perdre courage, travaillons. > Le succès viendra, s'il plaît à Dieu. En cas de réussite, nous le remercierons. A· près un échec, nous nous rés.ignerons d'abord: ,puis, nous nous préparerons de nouveau à l'examen où nous avons été malchanc:eux; nous risquerons une fois de plus l'o.pération commerciale où noire attente a i té trompée; nous nous remettrons à tailler le bloc don t nous voulons faire un dieu, une table ou une cuvette. N'oubHons pas surtout que nous avons besoin de la collal;>oration divine. Il eat facile de s'en rendre compte par quelqu~ exemples. Sur la terre labourable, te cultivateur épand des engra.is liquides ou solides, il dose les amendeiœnts, il· trace des sillon,s; ou bien i,l bêche et pioche ; H taille, émonde, arrose. Cela suffit-il? Non, chacun sait que Dieu doit intervenir. ·Le frère de ce laboureur se voue à l'apostolat. Lui aussi a besoin de ,Dieu. Les champs de l'apostolat pourront êt·re fécondés par ses sueurs. Malgré tou t, il redira les paroles de I' Apôtre: • Gest moi q ui ai .planté, c'est


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Le Q'(>dt d'une cuisine plus raffinée, le i'Odt de la saine et savoureuse cuisine bourgeoise. L'existence qu'il avait menée en plein air, sous le soleil, sous la pluie, dans la boue, dans .Ja neige, lui avait fait apprécier le charme d'un intérieur discret comme un nid. - Il se dit que le mariae-e avait du bon, puisqu'il avait en outre cet avantage de faire obtenir deux jours de congé aux poilus. Deux üours loin des balles et des obus, loin de toutes les misères de la vie de campagne, cela a bien son charme. Félix Coquetier songea également que la loi accorcl.üt encore une permission de 48 heures aux défenseurs de la patrie pour la (Nouvelle humoristique.) naissance d'un enfant; le mariage ,pouvait donc lui faire une rente de deux jours dt Félix Coquetier avait été bien des fois permission à toucher chaque année. agité par des alternatives de décisions et d'héc.ette considération acheva de le décider: sitations; il avait pesé le pour et le contre, it résolut de se marier. avait examiné sérieusement les avantages et Il fit part de son intention à quelques perles inconvénients du mariage; finalement, il sonnes de sa connaissance et, à sa première avait pris son parti de demeurer céliibataire ,permission de sept jours, on lui présenta et quanl:I. on lui demandait pourquoi il n'a· trois jeunes filles également avenantes. vait ,p as pris lemme, il répondait: • Jusqu'à présent, j'ai été très occupé et n'ai pas enL'une était mihLionnaire; la seconde pracore eu le loisir de me marier. • tiquait tous les arts d'agrément : chant, mandoline, cuir repoussé, pyrogravure, littéra• \La i'Uerrc ,le trouva dans ces dispositions. ture, tennis, loto, bridge, polo, danse, aquaIl fut mobilisé, partit au iront, fit son devoir relle, etc., etc.... ; la troisième ne se recomde bon patriote avec une ardeur et un zèle mandait que par son esprit pratique. qui lui valurent le croix de euerre et la mémaille militaire. Tout en leur parlant, s·a ns avoir l'air d'y toucher, Félix Coquetier, qui voulait judiPendant ses permissio~ de dix jours, les cieusement fixer son choix, les interrogeait: .jeunes filles le ree-ardaient avec un intérêt qu' - Comment comprenez-vous la vie dans elles ne cherchaient même pas à dissimuler. le mariage? demanda-t-il à la première. Leurs yeux brillaient en -le regardant, Félix - Je veux qu'eLle soit faite de voyagea, de Coquetier devinait leur pensée qui était celle-ci: c Une femme peut s'appuyer avec con- . distractions, d'enchantements, répond'it~Ue. fünce au bras de. celui qui s'est montré - Hélas, pensa le candidat, cette jeune brave dans La défense de sa patrie: il est cafille a encore Ides goQts d'avant-guerre; or, pable de la rendre heureuse. , en 1919, il faut être milliardaire .pour être l Dans La tranchée, Félix Coquetier, de son son aise; les simples millionnaires sont des côté, avait réfléchi. gueux. Je ne puis ,pas, au prix où est le La vie, dans le grand fumulte de chevaux beurre, me mettre .une millionnaire sur lea et d'hommes, dans le vacarme des canons, bras; j'ai assez de charges déjl. lui avait donné un a-rand désir de paix, de 1La seconde était moins conforme encore calme, de tranquillité. à son rêve; il voulait une ipouse apte à faire L'ordinaire de campagne hii avai t donné une bonne maman, une femme d'intérieur et Apollon (mon successeur) qui a arro~. mais c'est Dieu qui a donné l'accroissement.• Aidons-nous; le Ciel nous aidera. Utili• sons nos facultés, tendons les ressorts de notre activit~, déployons énergie et persévérance. Que si nos efforts ne réussissent pas au îfé de nos désirs, nous aurons fait notre devoir et nous pourrons redire ~ vers de M. de Laprade: c La gloire est dans l'effort, qu' importe le succèi? > Joseph MENARD. (,,Causerie~.'')

Un mariage fin de guerre

,a eouciait peu de l'aquarelle ~t de la manThauler crut que le malheureux ne l'avait doline. Ccl!e-ci saurait tout juste me faire pas compris, et lui répéta: viw-vis devant le buffet, se dit-il, et il inter- Je vous &0uhaite un bon jour : je vous ro,ea la troisième. souhaite d'être heureux et d 'avoir tout cc _ Je ne connais, répondit.elle, aucun art que vous pouvez désirer. d'agrément, je n'ai pas de dot, mais la 211erre - Je vous ai très bien entendu, Monsieur, rn'a donné du sens pratique .... rép!iqua le mendiant, et ~e vous remercie de - Qu'entendez-vous par là? votre charité; mais je vous dis qu'i l y a - Je sais faire de la pâtisserie sans ialongtemps que votre souhait est accomp1i. rine, du feu sans charbon ni bois, du civet Thauler se disait à lui-même: c.e bo11sans lapin; je sais faire la lessive sans sahonune a perdu la tête, ou peut-être est-il von, la salade sans huile, des rrites sans pomsourd. C'est pourquoi, haussant le ton, H mes de terre, le pot-au-feu et le ragoût sans :ui cria: viande, le vin sans raisin, Jes confitures sans - Vous ne m'avez pas entendu; je vous sucre ni fruit, l'omelette sans œu!s ; je sais souhaite d'être heureux. même faire ouire les a'liments sans feu, avec - Pour Die u, Monsieur, ne vous fâchez une marmite norvégienne .... pas: je vous ai déjà dit que je vous entends - Celle-ci est une perle, un cordon bleu, très bien~ et je vous répète que je suis très ee dit Félix, et i~ l'épousa. heureux et qu.e je n'ai jamais eu de mauvais Il esr heureux. Il a déôà rattrapé les 22 jours. livres d'embonpoint que la guerre lui avait Un instant, 1hauler le tint pour fou, mais fait perdre et qu'il estimait à 6 fr. la iivre. il remarqua dans les paroles de cet homme, Cela fait 132 francs de moins à réclamer un certain air ,qui ap'pela son attention. Il l l'AUemagne. 1MONTENAILLES. s·approoha de lui, s'assit à ses côtés, et le pria avec candeur de lui mieux exprimer ce quï·l lui avait dit. - Monsieur, lui répondit ce pauvre hom· ou le secret d'être heureux me, c'est très clair Depuis mon enfance, je Il existait au XWme siècle, dans lt ville sais que Dieu est sage, juste et bon; depuis de Cologne, un célèbre prédicateur nommé mon enfance, je souffre de la cruelle maladie Thau!er, fameux par sa science et rpar sa chaqui ni'a dévoré une grande ,partie du, corps; rilé. Un jour, il se trouvait à 1'éîlise, supj'ai toujours été ,pauvre ... . Je me suis dit: pliant Dieu de lui faire connaître le meilRien n'arrive sans la volonté et la permisleur moyen de le servir. Sa prière achevée il sion de Dieu. Le Seigneur sait mieux que sort, et voit accroupi sur une des marches ' de moi ce qui me convient, parce ,qUe le Seila por te un pauvre à peine couvert de que!- gneur m'aime, comme un père aime son fi ls. ques haiHons, et si défiguré que sa vue seule . . . Je suis, par conséquent, bien sûr que œi,. excitait la pitié. Il avait la tête à moitié ronsouffrances sont pour mon ,plùs g rand bien. gée par un ulcère, il avait perdu un bras Ainsi, je me suis accoutumé à ne vouloir jaet une jambe: et tou t son co.rps était couvert mais que ce que veut mon aimé et bon Seid'horribles plaies. gneur; et s'il m'envoie des maladies, je les Saisi de compassion, Thauler s·approche reçois avec joie, comme si elles étaieot mes de ce malheureux, tire une pièœ d'argent et sœurs; s 'H me donne la santé, je l'accepte la saluant: a vec plaisir; s'il ne me donne pas à manger, - Bonjour, mon ami. je suis content . de jeûner ,pour expier mes --'- Merci, Monsieur, répondit le pauvre; péchés et œux d'autrui ; si je n'ai pas de mais je n'a i jamais eu de mauvais jours. quoi me vêtir, je me ra,ppeHe mon Sauveur

Le mendiant de Thauler


uo nu dans la crèche et sur la croix, et je me trouve beaucoup plus riche que Lui; si je souffre sur ,la terre, je comprends que je serai beaucoup plus heureux dans le Ciel. Que vous dirai"ie de plus? Je suis toujours content: et si je pleure d'un œil, je ris de l'autre, parce que je veux tout ce que Dieu veut, je ne désire que l'acconrplissement de sA sainte volonté. Vous voyez donc, Monsieur, que je suis très heureux, que je n'ai jamais eu de mauvais jours et que j'ai tout ce _que je puis désirer. Thau:er pleurait en silence . .. . Il n'avait jama..is entendu un sermon aussi édifiant. 11 donna au pauvre son manteau, l'unique pièce de monnaie qui restait dans sa bourse, et, malg.ré la plaie de la tête, il embrassa ]homme avec effusion. li rentra dans l'église, pour remercier Dieu de lui avoir enseigné le moyen le plus par, fait de le servir. H imita dans la suite, autant qu'il put, ce saint pauvre, et il avait coutume de dire, en rappelant cette touchante aventure : « Le bonheur est possible dans toutes les conditions, aussi bien pour le pauvre qut pour le riche, pour le malade que pour l'homme bien portant. Le bonheur est dans !e cœur et non ailleurs; il est dans la disposition et non dans la situation: c'est le secret d'~tn heureux. • Allez! et fa.i4es de même.

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matique ~ciale, caradtriaét, fraîche; la pe-

tite cigüe ,répand une odeur nauséeuse quand on la froisse; mais la cigüe aquatique, qui croît dans les endroits humides, répand, clic aussi une odeur de cerfeuil Il faut donc prendre îarde Ide ne pas les confondre lorsqu·011 a un jardin situé dans un endroit marécageux. Ile cerfeuil a une tige sans tache; la petite cigüe qui croît da.us les jardins a des taches brunes à la base de la tige, qui permettent de la distinguer, La cigüe contient de la conicine, qui est un des poisons les plus r«loutables,. Ses antidotes sont le tanin et l'iodure iodun! de potassium. ·Les semences de cerieunl en décoctions sont stimulantes et exce.tlentcs pour l'estomac. Les feuiHes et les tiges de cerfeuil en infusions sont d,iurétiques et utiles dans tous les cas de rhumatismes, goutte, jauni~, gra. velle, hydropisie. Fraîches, écrasées et app liquées en cataplasmes avec du sel et du vinigre sur les tumeurs, et les engorgements, elles en opèrent assez rapidement la résolu· tion. On les applique de la m!me mani~re sur les engelures et les dartres pour en supprimer la douleu.r. Le suc extrait du cerfeuil es,t employé en fomentation pour la guérison de l'ulcération et de l'inflaiwnation des gencives ; en garga· rismes contre- les maux de gorge. Ce remède est efficace surtout chez les enfants. , Le pouvoir cicatrisant du suc de cer,ieuil ,l.JES VERTUS Df.S PLANTiES est utilisé pour la cicatrisation des plaies LE OERF:ElJiiL rebelles et des ulcères. Bu avec du lait frais, Le œrieuil est une délicate et charmante le jus de cerfeuil a une action remarquable petite plante cultivée dans tous les jardins contre l'enrouement, l'extinction de voix, l'a· et trop connue ,p our qu'·il soit nécessaire de phonie. On l'emploie encore de la m~me la· la décrire ici. Elle appartient à la famille des çon contre le catarrhe putmonaire, l'asthme, ombellifères, comme ·la cigüe, cette perfide la bronchite. et vénéneuse plante qui prend l'ap.parence du 1Le cerfeuil buLbeux est une variété de œr· cerleuit ou du persH pour mieux nous abufeuil dont la racine charnue fournit un li!er. il.e s effets de la cigüe, que l'on peut congume succulent; il, a les mêmes vertu& que le fondre avec le cerfeuil, sont si redou,tables, cerfeuil ordinaire et peui recevoir les m!me& qu'il est bon d'indiquer ici le moyen de les distinguer l'une de ·Paulre et de ne pas se applications. Serge DAVRIL ' tromper. Le œrleui.J dégage une odeur aro-

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Pauvres petits 1 L'INF AN'J110 IOE <EiN CHINE Dans Ja presse inféodée aux logu on • uv-ent tourné en dérision l'œuvre de ia Sain50 ie-entance à laque11e nos mères savaient nous inscrire, encore enfants, et nous apprendre l Jui donner notre modeste obole. Se moquer de cette œuvre? Sait-on bien quels crimes eI~e est appelée à e~cher? Un télll<>igna,g e tout récent va l'apprendre b. ceux qui n'y croient pas ou qui feigment de ne pas le savoir, ,Dans les faubourg,s de Sanghaï, au bout de la grande avenue Joffre, s'élève le Senmou-yeu, ou le • jardin de la sainte Mère • : c'est l'établissement des Rei,igieuses Auxiliatrices. Dans celte maison se 1rouvent 'les preu· ves vivantes, - mourantes, hélas! - d'wie pratique encore usitée dans la Œine païenne, Pabandon criminel des entan~. On verra, hélas! si l'CEuvre de la SainteEnfance a tort de r ecueiHir des aumônes pour combattre ce fléau ; !',institution n'est pas su• rannée. Le fléau ,persiste. Les ,,Etudes" ont publié iè récit d 'une visite au Sen-mou-yeu, faite par 1e R p, ,Pierre Mertens. Nos lecteurs trouveront ici quelques extraits de œt

article. Dan,s i'asile de Sanghaï, oo recueille les enfants, on les !baptise, 1es nourrit, les soigne et à vrai dire, fa plupart n'entrent dans celte maison, que pour y voler au parad i,s : quand i!s arrivent, ils ont déjà trop souffert, el il n'y en a pas deux sur cent qui survivent. Je parcours avec émotion ces dortoirs de mou, ranis, de petits· mourants de deux ou trois jours, écrit .Jie 1P. Mertens: murs nus~ tr istes, pa,vés de dalles bleues, rangées monotones de minuscules berceaux de fer, morne si!enœ traversé de vagis·sements exténués . . .. Ma,i s pour qui a 'l a foi, comme tout s'i11uminef ce n'e-st ici en somme qu'un vestibule du paradis, où passen1 tous les ans quatre ou cinq cents élus de Dieu. Sur des cartons appendus aux tringles,

wnt inscdtet quelques indication$ pour le .prêtre baptiseur: • l baptiser ; - ondoyé; baptisé; -_ confirmé; - baptisé par des pr~ testlants, etc. • ne plus, quand c'est posaible, un mot sur 1a provenanœ; et ap~ ie baptême, le pm10111 qu'on a. donn~. Tous les !berceaux sont occu~, et aouvent sous la même rouverture deux petite èorps sont couchés côte l côte, iles pied& de l'un près de la !~te de fautre. Ils sont si menus, si fluets, et déjl si glacés qu'ils ne se atoent nullement l'un l'autre. Quelques-uns pourtant semblent viables. Les pha,laoges fü.· lies sur le èouvre~lit propret, .Je biberon aux lèvres la mâlaiHe de la Vierge au cou, les yeux âemi-clos ils dorment de tout ~ur cœur, les lèvre.1 souriantes de bien-être , ,, , - Ifilusion, hélas! murmure fa Mm, qui me les montre. . . . Mes chérubins me eeront enlevés avant huit jours; presque tou:s, mon Père, nous viennent a'Vec te cœur ou 1a poi• trine mal conform&. - Et comment vout arrivent-ils? - Oh! de vingt laçons divel"SeS: le plus wuvent, on sonne; c'est un chrétien portant un panier: une ou deux petites tetes sou~ vent ,Jes couvero'lels; voill mes enfants qui m'arrivent. Parlois, c'est une femme, une fil. lette, un policeman qui m'en apporte un, l peint enve1o~ dao1 un jo1tmat Il y a del jours où un seul homme m'en a~e cinq ou six dans les cotbeH!es de son bambou, li paraît qu'ils sont tous noi'.l"S, Jes mal· heureux ,petits, quand ils arrivent, car Hs naissent sur de la cendre de paHle brûlie, et les parents ne prennent même pas 1a peine de Œes laver, ·ava.nt de le$ envoyer au Sen· mou-yeu. · Nous touchons ioi k un point im prE.nible de ,notre su~et: D'où viennent œ& emants?. :Voilà ·une question sur laqueHe te mis,s ionnaire qui ai~ sa Chine et ses Chinois votidrait · se taire à jamais. ·Mais t'int~rtt même des pefrts Chinois exige qu'on ne passe pas toujours à cô~ de œs tristes v~i~s eans ~es dire. ,Le docteur .Mat'Ïgnon, lonpn1pS pt&lecin


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128 de la légation française à Pékin, a publié un ,J.ivre sous ce 1itre: • Superstition, Crime et Misère en Chine. • (Paris, 1900.) Sa conclusion est que l'infunticide est fréquent es Ohine, au ffl'Oins dans le Sud et le Centre. C'est contre ce terrible ma,l que lutJe ia Sainte-iBnfance. Une des premières ca11Ses qui en .recrute les • nurser ies •, et en particulier ceHe du Sen-mou-yeu, c'est le mépris païen pour la femme. On n 'a pas Jdée des fureurs dans lesque1l1Ies entre ordinairement ~ Chinois païen quand il constate que son nouveau-n6 est une fille : Ja fiΕle, en Ch-ine, c'est renia.nt improductif, ·qui longtemps ne peut servir quà ,p orter son frère puîn~. Sat1JS doute, on pourra la vemdre en mariage, 'pOW" 20, 30, parfois 50 piastres. Mais son entretien jus· qu'il ~'~e nubHe co<tte plu-s. Donc pas de ;proportion entre ce qu'eNe dépense el cie qu'el,le ra:pporte. Alors que se passe-Ul? Par fois, !\assassinat immédiat. ,Plus so~ve.nt, l'iotmse est je~ vivante à fa fosse d'aisances, au buisson, l l'égout. Mais si le Sen-mouyeu est connu, voHl le port de sa'1ut pour la petite condamnée à mort! Son père la jette comme un colis dans une barque qui passe, et les !bateliers fa portent au Sen-mou-yeu ofl on leur donne quelques sapèques. ,I_,a scme revêt aussi d'autres formes cachant toujours le même égoïsme: à 1;a naissance de sa fille, le pète tempête, jur e, se met à la battre, à la br<t!er, à déclare:r à grandis oeris et porte ou· verte qu'il la tuera. Des chrétiens accourent, et s'offrent à faire nourrir 'l'innocente cr éa'i'ure.• Faites,.;en ce que vous voudrez • , répond :Je père. S'i,I, hés·iie, s'i•I fait '1e d-üiioile, on lui montre 1 ou 2 piastres, et le païen ne résisie guère à leur miroitement Alors bien vite les chrétiens se hâtent vers le Sen-mou-yeu cachant leur précieux butin. Que de fois, il est grand temps, et la pefüe martyre meurt entre les bras de 1a ·M ère qui V'Ïent de la baptiser. Parfois, hélas! il est trop tard; et la Mhe m'apprentl, les larmes aux yeux, que la veme une !domestique ayant apporté deux petites

jumeUu dani une corbeille, elle n'en nait trouvé qu'une seule vivante. Un autre exceHent recruteur des dortoirs où l'on vole au ciel, c 'est la su.pers1ition, tant il est vrai que .Ja Pr01V.idenœ tire le bien d,u mal. Le mioche a telle marque sur •le front, sur ,la joue, sur .Ja poitrine; cette marque eaf le symbole du ,poignard par lequel il tuera son père ou Y ,mère ; on •le supprime. Ou bien on a tiré l'horoscope, et Je sourcier l. prédit que ce garçon porterait ma.Jheur à la famille. On le tue ; ou du moins on l'éloigne. N'est-il pas invraisemblable, cet empire que garde la superstition sur cette race, malgd sa civilisation miJ,Jénaire? Pourtant de pareils faits sont innombrables, et on ne peut auctmement les révoquer en doute. Indiquons encore une cause de l'exposition des enfants et du recrutement' du Senmou-yeu : la tyrannie des belles-mères. La n*re du mari jouit en Chine d'un pouvoir discrétionnaire au foyer de son fils. M!me quand les parents veulent garder leur proî&iitu:re, il suffit du veto de cette marâtre pour que le nouveau-né perde le droit à rexisi<enœ. Afors œ sont les parents eux-mêmes qui, subreptiblement, le font disparaître et l'envoient chez les Mèree. j'aHais m'6loigner (quand la .relirieuse me dit \;imidemen1: c !Mon .Père, roulez-vous jeter un coup d'œiI 1SUr la sa'1le réservéf> où nous mettons ceux qui sont ~n train de mourir ou attendent qu 'on les enterre? ... Je vous préviens que c 'est affreux. • ]'entre un in&tant, c'eist horrilble en effet. On 111e peut &e permettre U!lle description si triste. Ils sont là sept moribonds de quelques jou.11S à peine, et un cadavre. A travers ·l a gaze d 'un ,moustiquaire j'entrevois un petit bras maigrelet qui se lève, et deux ·.beaux yeux noi-rs \qui supplient. ,M ais il n'y a pas moyen de rester: c'es,t trop pénible d ·être impuissant. • Les enfants de cette crèche, me dit i. religieuse, doivent rester dans la maison, les nourrices n'en voulant pas,_à cause de 1ou'l'es ces mi"Sères; mai,s 11ous avons une autre catb. gorie, enfa.nts relativement bien po.rtanotis, et

que nous mettons en nourrice a,u dehors. Parmi ceux-lii., un assez grand nombre peuvent viivre. Dans ce cas, on nous les rend Il l'âge de deux ans, et nous tes .jnsbMon,s i. l'orphelinat. • . , . Voilà l'œuvre si humanitaire, si géléreuse que décrit Pierre· 1Mertens. Est~Me indiiine de l'appui des chrétiens d Europe et d~ 1a eivirisation du XXe siècle?

La pierre dn mur . . . ·La longue rue noire d~un village usinier ' ... murs 'lé'preux, boutiques fatiguées, mastroquets inquiétants, tura1ux, gazomètres, n-servoirs goudronnés·, . . , tout •le paysage du c progrès • . Je suis venu voir, pou,r affaires, un ancien • ,Labadens •, le mei1'1eur des hommes, .Je plus indifférent des chrétiens, et, pour la première fois, je l'ai trouvé • calfa:rdeux •· Nous marchJons 'Côte à côte, dans œltt! ooique me con:duoisant l la gare, et n?us croisions des groupes de pâles éphèbes aux cheveux plaqués sous !"horr ible casquette qui caractérise si bien l'époque. Tous travaitllent chez mon ami. Les uns passaien-t gouailleurs; les autres hostiles, d'autres, su'pez,bement indifférent,. Il ne fut satué par aucun de ces jeunes. On sentait l'impui$sanœ de l'argent, mais ,urtou~ le fossé immense ....

e

Un peu honteux, l'ami m'explljqua : - Jamais je ne prends cette rue . .. j'ai mon chemin particulier jusqu'l la gare .. , j'y suis plus iranquHle. - Oui, mais alors tu perds l'occasion de J)l'fler famHièrerœnt à tes ouvriers, de te faire appr&ier ... de :te rendre compte ... . -. Compte de quoi? . .. - . . . De leur mentalit! .. . . - Oh ! mai9 je ,ta connais! .. . Je vais te la dire: ,tr.avai.lller le moins ,possible; m'extorquer le plus d'U'ifflt qu'ils pourront, $C

f. . . . . de fout. spécialeinen.t du· patron. ,Et, un jour de grève ou de révolution, être prêts, au signal d 'un individu que fignore, à mettre le feu à la baraque et à danser autour la riirue la plus eHI'fflée. - Mais t'es-fui un peu occupé d'eux? . . . - Oh! je n'ai rien négligé . . . . Tu ententcls .. .. Rien ! ... Ils ont dispensaire, pharmacie, bains, dou·ches, gymnase, terrain de foot-baU .... - Tout ça, c'es.t .pour ·le corips . . . . Qu'astu la ii pour ,Jeur âme? ...

L'usinier s'arrêta; la questioo évidemment füit inatteni:lue. - . . . Dispensaire, pharmacie, bains, douches, gymnase, lu fais tout cela pour tes che· vaux et tes bœufa CeLa s'a,p.pelle: vétérinairt, pansage, piste, entraînement. . . . Mais le!'! ou· vriers ne sont pas des bœufs ! .. , Ils ont une âme, tes ouvriers !... Je te ~ e : Qu'as-tu fa.it pour leur âme? .. . - Oh! •leUT àrne! , .. - Mais c'est le ,principal! . . . C'est eJ.lp qui aime ... elle qui hait .. . -. !Ma foi, je ,ne me suis jamais posé la ques,tion! - As-lu des écoles? . . . . des patronaQ'CS? . . . un théâtre ou un cinéma mora,l? , , . Surveilles-ru les journaux?. . .. Certains son•f si abominables! .. . Tu me regardes avec des yeux ronds? ... Si tu n'as rien fotrdé de tout cela, de quoi t'é~nnes..tu?, .. C'est toi, • toi , , le responsable! Pourquoi veux-tu que ces ouvriers t'aiment? . . . .Es1~œ que iu demandes à tes bœufa de t'aimer? . . . ,E t ;puis, au fait, donnes-tu ,J,'exemple personnel? . . . Assislestu, le dimanche, à la ·messe? . . . - Non .. . jamais . .. pas le /emps ! - Fais-tu tes Pâques? . . . - Non . .. ljiamais . .. pas ·Je temps!

loi, ~e m'arrê'tai, et ie ,le regartlai bien eu faœ : - iPaI'ldon, nous par,f@ns sérieusement . .. nous parlons • affaires •. - Ne te hche pas . . ..


126 - Je tle me f!che pu. Mais qUAnd tu me dis: « Pas le temps! • ,t u me réponds comme on r6pond l un imbécile. Car 1u n'as pas la pr~tion de me faire croire que fü n 'as pas une demiaheure par semaine d une heure par an, Si 1'u escamotes ainsi par ooe pirouette te devoir le plus es~viel de notre reHrion, ,p ourquoi veux-tu ,que ,les ouvriers 1e rendent l 1oi, 1on pauvre petit c toi • l'o~issaoce, ,te respect et l'amour que tu re· futts à ton >Dieu! , , • -

Tu exaQ'ères! .. . ,H n 1y a pa. de r•p,

port. , '

' i .1

1 ;

Je n 'c ~re en rien et il y a au con· traire un rapport très ltroi~; car, en dehors de fa foi reliiarieuse, je ne vois pas pourquoi un homme o.béirait à u,n autre ihomme ... . - En tout cas, i~ doit obéir à. la loi! .. . - A quelle loi? .. . l ceHe du nombre? .. . ZEro multipli4 par zlro donnera touiours z6. ro. Le relïarion est 1a base de foute more.le el de toute all't'orité; si tu Ia rayes, tout s~croul~. -

. . . Et, en effet, tout s'~croule! ... . . . Rerarde ces solennels inconscieniit qui tremblent, chaque matin, en dépliant leu.r joumal. lie ont !'impression - et combien 1j,ustifi6e!. . . - que les tôles de la chaudiière lfOCiale sont trtpidawtes l ~dater. Et, avec vne naïveté qui lait hausser les 6pa11:les, ile ~o!Jent, all j:01.1:r te tjou:r, des petits .p apier, la chaudière. . . rextes de lois . . . bHlets de banque, surenchère& électorales . .. Alors ils respirent vingt-quatre heures ... Ha ne voient ,pas encore qulils ont semé le ,ent et qu'ils rêolcltent la tempête . .. Ils ont chassé de l'éducation l'amour et la toi du Oirist, et Hs s'6tonoent de lia jeunesse indépendante qui mome.. . Ils ont descellé les fondations, et iOis ne comprennent pas que la maïson, même tou.te pavoisée de victoire militaire, menat"e de s'écrouler en la plus effarante faillite morale que ~ monde aH jamais connue. 1

•ur

A

ton

tour, mon ami, me regarde daua 1111 air de défi,. croiial11 les

lu ,rtux. Ei, nec

bras au milieu du flot ouvrier qui bat maintenant les portes de la 1rare: - Voyons, pratiquement, tu ne peux pas me demander, à • moi •, d 'ailer à la mei8C et de faire me'S P,âques! 1

--i Pourquoi pas à • toi •? 1.e& plus Q"rands ~éN.ux, Foch, Castelnau, etc., y vont bien!. . . Us 1e valent ,peut-être? . . . J'en connais 'des patrons, et beaucou,p. . . des patrons remuant plu·s d 'ouvriers que toi, ei qui en ,les sauvegardant par des œuvru socidea, tiennent 'à ,leur donner, surtout aux jours solennels, die solennels exemples . . . J'en connais qui' vont se confesser, confondus au milieu d 'eux, et imitent Turente refusa.nt de passer devant un de ses serviteurs à la 1ainte Table. Je coooais des paladins du JTJOnde .ruvrier qui ont le traniqui.Jile courage civiit. . . celui qui ne se cache ,pas . . . qui ne s'atficht pas ... et qui, re&pedés de tous, donnent à tous ·le pain sacré de l'exemple! - Ici, ce serai,t de l'héroïsme . .'. - !Mais tu os acculé à cet héroïsme, et à bien d'auires encore! Dieu te .prlsente, eu une seule fois, la note tota,le de tes ~âche~ de ·c'ha.que jour. Toutes les ,p ierres du mur se tiennent . . . tu es une de ces pierres . .. Si ,tu tombes, ton mur tombe. . . Et alors nt t'étonnes pas d'être ·écrasê,- un irand aoir, sous œa ruinea ... Je au.is parti, ·t. la:iss&nl , se. n!fle1iou1. •L ui qui a fait son devoir de guerre, serat-il un .lâche sur le terrain moral? ... fi, en regardant ce paysage tris,te, toute& ces maisons ouvrières qui, sans la poésie di· V·ine d~ chaumières, se pressaient, uniformes et numérO'~s . . . ,maison .. . , cabinet . .. , maison . . . , cabinet .. . , maison .. . , cabinet .. . , 'l'outes f,Ultlées, immenses voi1les de crêpe, endeuitlant même le ciel, la grande piti~ du Christ me montait du romr .aux lèvres: j'ai pitié de œtte foule! ... Vous, les vai!eura ac> ciales, ayez pitié des foules ... de ces fo"le• où s~issent tant de mauvai. bergen! 1L 'homme ne vit pas seulement de pain ; llevez-J:ui doniC ,la ~@te ver s ,Je pays de l'infini et du bleu .. , PŒRRE L' ERMIITE.

Pour le tabac de papa Chez un ouvrier. Deux petites pièces dans une maison proprette des faubowys. Mobilitr simple et !bien .trotté. F.Jeu.rs artificielles sur la cheminée. Cage d'oiseau. L'homme iit son journal en fumant une dgarette. La lem· nJe, ,r obuste et joyeuse, met ,Je couver t et fredonne •u ne chanson. L'oU'vrier jette tout à coup sur une ~haise le jou1mail quïl. lisai1 tl ce retourne vers sa femme: - Dis-moi, ,Louise, ,i l y a une chose qui me préoccupe. C'est rapport au ,petiot. H faut se dédder, pourtant! - Que décides-tu? - Eh bien!. . . Tu u vu pendant ces derniers n10ii.? NOU$ avons été gênés, nous avons faitli · ne ,p as ,joindre les deux bouts . ,Et :pourtant, sait-on compter, oui ou non? Je peux chômer, tu peux encore être malade, et quanti nous serons 'h"bi.l.Jés pour l'hiver, H faudra iOJlflCr à s'habi'11er pour l'ité. Non, le parti le pl'u1 raisonnable, c'es·t de faire des rffor mcs. - 'Lesquelles? - Swpprimer les d~nse, inutUe,. Ain r.i, les moit d'lcole de Charlot. Pourquoi, nous entêter l payer ·pour Jui l l'école Jibre? Ct 11'eist pas oher, c'eet vrai, 111ai1 t•t qu•~u• cho98 iou1 de même, et pui1, H y a la ·laïque, où l'on ne paye rien . . . _, Tu voudrais 1ais9er ton fils atler à la laïque? ... - Dame! il y a des gens plus riches que a.oui quâ y mettent leurs enfants. Voi1 mon contremaître BoUidy, et Laclos, le mécanicien, et Rovier, l'entrepreneur! - C,es gens-là ne croient ni à Dieu ni à diable; j'ai été 'élevée chez les Sœurs et toi chez les Frères, Martial.- As-tu quelque dilosc à me reprocher? Et toi-même, n'es-tu pas le modèle des maris? Je veux que notre fils nous ressemble, qu' n aîme Je bon Dieu comme noue, qu'H soit doux, travail-leur, hon· nête comme son père ... - Je ne dis ,pas! Puis, je ne tiens pas lant que ça à la 'laïque, moi; je sui·s très content

de l'éco·le libre! Seu•le:ment, vot~, c'est l'argent! Je ne voudrais pas que nous retom· bions dans la gêne comme le ,m ois dernier. - C'est l'argent?. . . Oh! 'sf ce n'est que l'argent, tu verras, Marli8J, j'en économiserai. Ainsi, quand je reviens de l'atelier, ,.vant et après dîner, Je peux reprendre mon rœtier 1à denteUe. J'aurai vije gagné les mois d'école du petit. Il me suffira de veH!er ,quelques heures 'de plus, le soir ... - Non, tu ne veüleras ,p as. Tu as besoin • de sommeil•. Quand ,i l y a des sacrifices 'à faire, c·est pas J.a femme que ça regarde, c'est •l'homme. J'avais tort. Rassure-toi, Charlot n'ira pa's à la ,laïque. Je ifumerai quelques ci". rarettes de moins, voilà tout .. , , En œ moment, entre Charilof, qui a tout entendu derrière la porte. Il revient de jouer avec des camarades dans la cour du patronage. H est très rouge pou~ avoir mené avec entrain une ,p artie de bal,lon. Mais il ne bavartle pas comme à l'ordinaire. On dirait qu'il rumine une idée 'à lui. Il est preoocu~, distrait. Il veut aider sa mère à mettre le couvert et oublie les serviettes 'et les couteaux:

- Où as-tu donc 1'esprit, Chulot? Que vas-tu chercher sur l'étagère! Les servieMe:. sont dans le deuxième tiroir à gauche! .. .. Cinq jours a.près. L'école a rouvert ses porfeis. Charles est revenu ce :!Oir avec un cartable bourr~ de livres. J,l s'est assis près de fa lampe pour étudier ses ,leçons et faire ses devoirs. ile père est rentré de la fabrique. On a dîné et taJ11.dis"" que Martial s'attarde l mâchonner un bout de fromage pour oublier la cigarette absente, 'Lou ise remet tout en place da,111s son. petit ménage, et Charilot rouvre studieusement sa géogra,phie et se pcn· che avec application sur la oarte coloriée de rose et de bleu. Mais l'ouvrier saisit son fii1s, le plante à caLirourchon sur son genou : - T 'as 'bien de l'ardeur à l'éiude, ce soir, petit! Est-ce que tu ne la sais pas encore, ta leçon? · -

Si, papa. Seulemen1, je veux la 11av:oir


127 si bien! si bien! Il faut que je '1a repasse une fois de plus pourr être tout •à fait sO.r. _ Qui t'a donné ces beliles résolutions, ganiin? - Si je iravaiiille de tout mon cœur, n'estce pas que je deviendirai très, très savant, un jour? - Assurén1ent. Alors, tu veux devenir savant? ' Et le petit Charlot,, de plus en plus sé-

rieux: - Très savant, papa, parce ·que, quand je serai savan1, ça me sera pl.us facile de de. venir riche . .. . Martial se met à rire, d'un bon l"ire d'ouvnier honnête. - ,Entends-tu ça, la ;bourgeoise? Le gosse a dléj~ des ·i d~ de gran(iell!f, ça n'est pas ptus haut q,u'un chou, et ça rêve de devenir capitali&(e. Rien que œla, Messieurs! Et pourquoi que tu veux être riche, mon Charloi? _ Oui, poul"<j.uoi que tu veux être riche? demande à son four 1Ia mère. Le petit noue ses bras autour du cou de son père, cache sa tête contre la 'poVrine de l'ouvnier et dii1 de sa jolie voix d'enfant, tout füa:ng:lée d'&no1ion: - Pourquoi que ,je veux être iriche? · · · pourquoi que je veux être riche?. . . C'est, vois-tu, mon .papa, pour pouvoir t'acheter un paquet de tabac 1eus leti jours, quand tu sera& vieux!. . . Jean VIEZBRE-

Une page d'histoire

=GENERAL

L'ATJ1111UOE DU A l'occasion de Wille un écrivain J',,Argauer Tagblatt'' voioi:

HERZOG la retraite du général miHtaire a adressé à l'intéressant article que

On connaîtrait bien mal l'histoire, si l'on s'imaginait qu'entre Je général Herzog et le ConseH fédéral de cette époque (1870-1871) les relations avaient un caractère id&L Le contraire est vrai, le général Herzog et le

Conseil fédéra~ étaient fr~uemment en violente dispute, et les explications qu'échanrfi,, rent entre eux le généraL Herzog et le dtd du département mmtaire fédéral (Conseiller fédéral WeHi) furent quelquefois d 'une r~ideur dont seuls quelques initiés peuvent aujourd\hui avoir eu connaissance et se faire une idée, Cette note pouvani conduire à des malt!l· tendus quant à l'attitude du e-énéral Herzoc, veuiHez permettre à un initié de donner loa éclaircissements ci-après wr lu 'fiolen1a d6, mêlés qui se produis.irent entre le département militaire fédéral et le e-énérat Herzor. ,Le 28 janvier 1871, un armistice de troi1 semaines fut signé à Versailles entre Bismarck et Jules Favre, mais qui ne s ' ~ cbit pas aux trois départements de l'Est. L'armée de Bou.rl;>aki, forte de plus d.e 100,000 honnnes, qui était encerclée de trois côtél par les Allemands, et ne .pouvait plus trouve1 de salut qu'en passant en Suisse, était donc expressément exclue de l'armistice. Le Cooseil fédéral suisse fut officiellement inform6 de cet armistice, mais c on omit • de lui communiquer que justement. l'armée fran.çaiat combattant directement à la frontière suiaae n'avait pas été comprise dans l'armistice. Le Conseil fédéral ordonna donc le lic.eaciement de l'année suisse pour la durée de l'armistice, et le général Herzog reçut de Département mifüaire ordre de •licencier les trou,pei.. Mais le général, qui voyait plus loia, ne considéra pas la chose comme ,pariaitement correcte, et il formula des réserves coatre une pareille mesure, tant qu'on ne con• naissait pas les conditions précises de !'ac• mis!iœ. Mais l'ordre de licenciement fut ~ nouve!ée. Le général Herzog pria alors qu'Oll voulo.t bien lui accorder sa démission de commandant, avant qu'il licencie les troupes. Troisième dépêche lui transmettant l'ordre catégorique d'ordonner le licenciement des tro11pes, en le menaçant de le faire passer en Coaseil de guerre, s'il n'obéissait ,pas immédiatement à l'ordre reçu. On n'en ar,riva -pas Il. car entre temps, la canonnade à la frontiid

avait appar" l'éclaircissement. Les Evénemeuts se précipitaient aux Verrières sont connus, la méfiance du général Herzog et sa maqui

aièrc d'agir avaient reçu une brillante justific,ation, Le plan des Prussiens était bien combiné: ~che à Berne du quartier général aHelllUld, annonçant la conclusion d ·un armistice de trois semaines, qui deva.it avoir pour conséquence certaine le licenciement temporaire des troupes suisses, éprouvées par un froi<t anormal; à ce moment, l'armée de Bourbaki, acculée, serait aetée en Suisse, car naturellement ces 90 à 100 mille françaJs, complètement d~ourvus de tout, ne pourraient pas capituler entre les mains du président de commune de Verrières, en rœme temps qu'il• lui livreraient leurs armes; poursuite des français à travers le can1on de Neuchât~l par l'armée allemande. Peu d'années auparavant, en 1857, le 19 juillet, le roi de Prusse avut pris congé, le cœur saignant et malgré lui, de ses chers et fidèles . sujets de Neuchâtel, tout en se réservant ,Je droit de continuer à porter le titre de prince de Neuchâtel et Valangin et se refusant de recevoir une iadenmité pécuniaire quelconque pour des motifs transparents. Quelle belle occasion de revanche ,pour l'êchec de 1857! Que les Prussiens aient songé l s'installer de nouveau à Neuchâtel, ce joyau de la couronne de Prusse, cette hypothèse n'était nullement exclue à l'époque. Aujourd'hui que les métd1odes et les procédés des dirigeants prussiens sont complètement mis à jour, on ,se rend mieux compte encore tlu danger que coururent la Suisse et tout particulièrement Neuchâtel dans ces œours mémorables de 1871. Telle fut sous son vrai jour l'attitude du &6léral Herzog et sa ·situation délicate visl-vis du Cmiseil fédéra,] et du département militaire fédéral. 1Et lorsque le citoyen suisse contemple le modeste monument élevé à la mémoire du ~éral, il ne saurait ma-nquer de se rappt:lea que nous sommes redevables à ce vaillant

Confédéré du maintien et de la con.se.rntioa

de notre ,indépendance nationale,

Variétés BMP'LOI iDES AEROALANES CDNllRIE VliNGBNDlE On étudie, aux 'Etats-Unis, l'utilisation de l'aéropbne con'lre l'inœndie. ,ceci demande peut-être ell!p1'ication. ll,es bois couvrent aux Etats-Unis 550 millions d'acres, formant 24 % de la superficie totale du pays, et repré· sentant une valeur de 6 millions de dollars. Or, on compte par an 28,000 Jncendies, qui consument le bois sur 8 miHions d'l\cres, malgré les efforts d'un personnel de deux mille hommes. L'emploi des aéroplanes permettr,aitf de ,perfectionner beaucou·p -le service de survei,llance, tout en irédui-sant l'effectif du personnel qui y est affecté. ·Par des •messages radio1élég(l'aphiques, les appareils volant au-dessus des ,régions sinistrées détermineraient et circonscriraient, plus vite et beaucoup pllus exactement ,q u'on ne peat Œe faire au ,n•i,vœu du sol, 'l a situation de la zone en ieu; ils inkliquera:ient avec précision le foyer de l'ïncendie, sa marche, la diirection du venit et toutes les ·conditions atmosphériques susceptibles d'influer sur ,la propagation du tMau. Les ieJCpérienœs instituées dans l'Etat de New-Jersey ont donné d'excellents résultats.

UN BRAiVE OUEN Un brave chien, et qui promet, est ce terrier, dont le ,,Spectator" nous conte les, exploits. Ve!, ainsi nommé parce qu'il naquit à Velverstone, en 1916, ifut embarqué à six mois pour l'Afrique orientale allemande; du Gap, un ordre l'envoie au Comeroun. U, il, dénonça par son attitude la présence de deux serpents qui menaçaient son maHre; un autre jour, il faillit succomber dans une lutte (iné-


129

128 gale contre une armée de fourmis géanteg dont il avait Ï'nnocemment troublé la procession. Sauvé par un noir qui remporta à cheval jusqu'à la plus voisine rivière, il ne retomba plus jamais dans la même erreur. D'un caractère fort ,Jiant, il noua les relations les plus amicales, avec maints oiseaux, singes, voire petils léopards. Après avoir subi une quarantaine de quatre mois à sa rentrée en Angleterre, le navire sur lequel il était embarqué fot affecté à une base navale irlan· daise, puis envoyé au nord de l'Ecosse. Au cours d'une promenade à terre, Yel protégea l'agonie d'un malheureux cheval contre les corbeaux qui l'assaillaient déjà. Quand son maître eut à escorter les navires mar· chands entre un port britannique et la côte de Norvège. Yel ne manqua jamais de signaler l'approche du danger; toujours ses gémissements avertisseurs furent s-uivls de la perte d'un navire, tandis qu'au contraire ses ma· nifestations de contentement précédaient 1e signal: • Sous--marin en vue». Quel que fut le temps, Yel reîusait de quitter le ,pont tant que son maître s'y trouvait. Aujourd'hui il quête avec grand succès pour le fonds des chiens militaires.

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PBTJITES ·R OOEITES ,PRA TIQUES ·Pour activer la ponte des poules Ott active la ponte des poules e,n mélangeant à Jeurs aliments de l'ortie fraîche desséc'hée et coupée finement. Le sarrasin active également 1a ponte. L'avoine, forge, le chènevis peuvent ent'rer dans la composition de Palimentation, qui pousse les pou,les à une production d"œufs intense. Toutefois, l'abus du chènevis serait dangereux. L'orge rafraîchissante, est mélangée à cette nou.rri1'ure pour modérer l'échaufiement que produirait une alimentation trop riche. Ajoutons que les déchets de viande, le sang desséché, les os ·réduits en poudre à J'aide de concasseurs donnent aux poules des mat'ières azotées et le phosphate de chaux nécessaires.

Pour éteindre un feu de chetninée ou wi commencement d'incendie Quand un feu de cheminée se déclare 011 peut l'étein<lre en jet'ant dans le foyer quelques poignées de pelures d'o~non ou 111t peu de soufre. On éteint instantanément un feu de cheminée ou un incendie en brisant sur ·le loyer de !',incendie des bou'ieilles contenant une dea solutions suivantes: \ On fait dissoudre 1 kilogramme de chlorure de sodium dans 20 Ii-tres d'eau; Ou 500 grammes de carbonate de soude dans 5 litres d'eau; Ou encore 3 kilogrammes de sulfate d'am,. moniaque pulvérité dans 5 litres d'eau.

-P our empêcher ,les verres de lampe de se briser Il suffit de les mettre dans wt vase cont&na,nt de l'eau froide que fon porte à ~bulfüion.

Pour empêcher les cheminées de fumer. tes •cheminées fument 'lorsque l'air nécessaire à la combustion du foyer n'arrive pas dans la pièce en quantité suftisan1e par les bouches d'aération On remédie à ce désagrément en ouvrant ,l es bouches ou en supprimant, dans le ihaut des fenêtres, les bourrelets qui calfeutrent trop he.rmé:iquement. Les cheminées fumeut encore quand .J'emb&uchure inférieure est trop grande; c'est là un vice de construction auque1 le maçon doit remédier. Destruction des mauvaises herbes dans les allées et les cours On ajoute dix parties de chaux vive et une partie de fleur de soufre à œnt parties d'eau bouillante. On 1Jaisse bouillir un instanl, puis on ajouie cent par-lies d'eau. On arrose en suite avec ce •liquide tes endroits que l'Oll veut débarrasser de toute végétation.

La famille et la vie pratique En parlant du rôle de 1a famille dans la préparation à la vie, c'est surtout la part qu' elle prend l la carrière de l'enfant que nou• voulons envisager. Nous ·n 'iîllorons pas que trop &Ouve.nt, en pareille matière, ce sont les co11di1ions rr,emes de l'existence qui dominent tout Il faut vivre, et si, ,pour :pouvoir vivre, on estime que l'enfant doive être employé à n'im• porte quoi, trop souvent on 1e 'laisse vaquer à des occupations qui laissent habitueHement le jeune homme désemparé vers l'âge de vingt ans. Bénies soient les familles qui, ayant besoin que leurs fils gagnent, ·leur font faire un Jong et solide apprentissage dans un métier manuel et, si dies ont le bonheur d 'ê tre • rurales», n'ont ,pas de vœu plus cher que de voir l'enfant le demeurer aussi. Mais à côté des famiLles qui ont le souci du pain quotidien, il en est d'autres, e1 nombreuses, qui ont 'le choix. C'est pour ceHes• là surtout que nous voudrions parler ici. Or, le père et la mère de famille savent que ·tout n'est 1pas terminé pour eux, quand après a voir donné le jour à !"enfant, et lui avoir assuré sa subsistance première, ils lui ont procuré une bonne éducation. Ces divers • services», dans lesquels consiste pour l'ordinaire toute !'-intervention de la famille ne sont que des moyens d 'arriver au but. ' SE PREOCOUPBR DE LA CARRIERiE DE 1L1BNFANT Les paren1s, devant normalement se continuer par leurs enfants, doivent aussi se préoccuper de ia carrière que ceux-ci auront à embrasser, pourvoir à leur établi~ement, non pas seulemen1 par • un bon mariage • , mais les orienter dams le secs où ils auront le plus de chanœ de rendre service à Ja société. Ce ,n'est pas ainsi que les choses se pas· sent 1oujours. La famille s'en remet volontiers ~ d 'autres du soin de déterminer la car• de l'enfant. Ces •autres•, ce sera le

rrere

mattre, à qui son expérience confère un droit en cette matière et qui a tant de raisons de s'intéress-er à l'avenir de ses ~lhes, mai• qu i, après 'fout, n'est pour eux qu'un ét'rffiier· Ces •autres•, ce seront les camarades et leur eugouement souvent irréfléchi: H se forme, dans les classes supérieures des coll~,, d 'instinctirves maüorités ,p our \'elle ou telle ct.rrière; et, comme dans toutes les majorités, les indécis, les faibles se ,Iaissenit mettre le bulletin en main. ,Pourquoi médecin plutôt qu·avocat? Parce qu' c,un ~tel, se fait rœdecin. Ces • autres» , c'est quelquefois moins en. cor e: une conversat ion fortuite avec une personnalité, la lec'l'ure d'un 5ait d ivers, un événen1Cnt qui .passionne ·l 'opinion; et nous ne parlons ici que des jeunes. gens qui clter· chent à « faire quelque chose, . Ceux qui n'ont pas cette ambition se laissent e-uider par des séductions moins nobles: ils adoptent la carrière qui leur demandera le rmins de peine. Si 1a famii,Je ne se désintéresse pas de l'avenir de renaant, trop souvent eJ.le préjuge la question c1, surtout dans Jes milieux titr~s, écarte systématiquement certaines profession, comme n 'étant pas • reçu.es». Il semble -que, de façon ou• d 'autre, ces pratiques témoignent: d'une certaine infirmiti de vouloir chez les paxents et qu'elles entrai· nent une abdication véritable des ~sponsabilités paternelles. Or, les parent s ont, à cet égard, des devoirs précis: discerner dans l'en· fant d'abord, puis dans l'adolesœnt, 1es, aptitudes personnelles natives, leur créer une atmosphère favorable, voilà un double rôle qui s'impose à des paren1's cons-ciencieux. DISCERNER LES ,A!P'f.lTUDF.S DE L~EN· FANT: OOMlMJENT Y RiEUSSJ·R? L'enfant a des aptitudes .personnelles. Sa.us doute, on peut dire auMi, et tou'f d'abord, qu'il est une • résultan\'e » : citez lui Yiennent aboutir, au mord connue au physique, les « habitudes » de ses ascendants. Cependant, quelque rich~t apparenté qu'il soit l cet


180 181 égard, il est avant tout « lui-~e •; phénomène mystérieux, et dont la cause .profonde est bien la destinée spéciale que Oieu assigne à chaque homme, mais phénomène indéniable et dont il faut nécessairement \'enir compte. Les éducateurs 1e savent bien, et qu'il y a. au. tant de· , mêt'hodes • que d 'enfants; mais, faute de points de comparaison .peut-être, les pères et mères de famille généralement l'ignorent; ils 111e cherchenor pas à savoir • qui • est leur enJ!ant. •Les aptitudes d'un enfant ne se laissent pas toujours discerner du .premier coup. On s'abuserait si l'on considérait corruœ telles les qualités ou défauts communs à tous les enfants; par exemple un certain instinot de domination, quî Jes porte à vouloir, et de multiple façon, en imposer aux autres: fous les gaxçons ont voulu être « général •; toutes les .petites tilles n'aspirClllt' qu'à être une , bel'ie dame,. De même cert'ains instincts innés dans une race ou col11Il1Udls à une génération ,ne sauraient être confondus avec des tendances personneHes. Le ,F rançais aime l'ordre et la propreté: nos ,pe.tites fil!es voudraient êt're • blanchisseuses •; 1e XXe siècle nous habitue à Pautomobilisme, ~ l'aviation, nos garçons ne rêvent que de « pneus , et d'aéroplanes, ils se plairont aux réductions de ces machines et accepteront, .pour leurs ét'rennes, tout un atiirail de constructioo mécanique. Les parents devront-ils en conclure pour cela, cormne ils le font padois, que leurs ·ms aiment « la iphysiq,ue • et, dès lors, qu'ils ont des aptitudes scientifiques? ]'en appelle, sur ce point, aux professeurs de mal'hérnlt'i• ques. Non, les aptitudes sont quelque chose de ,plus calme et de plus profond: pour les saisir, voyons dans les faits eux-mêmes, que l'on risque de mal interpréter, l'attitude de l'en, faut Y apporte-t-il un simple goût de jeu ou cherche-t-il à connaître le « pourquoi • des choses? En parle-t-ü avec ceux qui ont mission de l'instruire? Sait-il ou se laisse-l-il persuader que pour réussir en cette carrière, qui momentanément le passionne il lui tau-

dra étudier .autre chose? ·P our vous en assurer, suivez-le dans ses heures de travail: il s'y fera très vite connaître. Par là, et dèa les p~us jeunes années, les pa,re,nts pourront disœrner si ,[eur enfan't' est capable d'un effort intérieur ou s'il est principalement dollliné par le besoin d'activité, je dirai d'agitation eXtérieure. MaN. .['activi1'é eHe-même se dépense aoit pour la seule sat'isfaction de l'intéressé, soit pour le bien des autres. Il faut observer l'enfant dans ces rapports avec. ses semblables; j'ai con.nu de 1'out •jeunes enfants, conteurs émérites, qui tenaient leurs camarades suspendus à leurs lèvres; ils avaient un tempérament d'orateurs ou toot au moins de • par. leurs • er l'ont bien prouvé depuis dans les diverses professions qu'ils ont embrass~. D'autres se dévouent, s'empressent à «-endre service s'ingénient surtout dans les fami~les nombr;uses, powr 'ocouper ,les plus jeunes; il y a là l'indioe d·un besoin de se communiquer à d'autres. Combien de carrières s'accommodent de œ ·g enre d'apt'itudes: l'enseignement, fa médecine, sans parler de carrières plus hautes et qui, iju prêtre à la Sœur de charité, comportent une véritah!e vocal'ion. Le père et la mère de famille ne devront pas se contenter, dans œ'ttte étude, de la seul~ observation : ils devront user aussi de l'expérimentation, provoquer 'le phénomène ,pour pouvoir l'o!bserver à loisir. C'est là un cha-rme pour tous œux qui ont touché à l'âme de .Penfant celle-ci est essentieHement maniable; on lui fait rendre, avec un peu d'art, le son que l'on désire; 'l'enfant ,n'y perd rien de son naturel, parce qu'il n'a pas de prévenfions : mais il • répond • bien. Dès 'lors, un esprit tant soit peu attentifr est à même d'étudier ,les faii's e-t d 'en déduire les conclusions quïls comportent. En tout ceci, le père et la mère devront apporter comme qua'lit'é dominante un très grand dés.i,ntéressement: i1!s, se diront que fausser à leuf1s propres yeux l'e urs constatations pour les faire cadrer ave·c un .plan prooonçu, ce serait fai,r e œuvre tié!oyale, ou tout au moins

un bon outil manié par un ouvrier malhabile. II faut aussi un développement • méthodique» . Sans doute, ridée préconçue, te sylloA,uss,i, qu'ils n'hésitent pas, oo cas d ing:isme en éducation, sont une erreur, mais certi,t'uPe, à soumettre leu,r s propres consta.. il y faut de la méthode. Tou1; d'abord, • ne tations au contrôle de tie.r,ces personnes. Que forcez point ,le talent• de l'enfant; visez pour leur amou'l'.;prO!f)re « ~!'auteurs • sache au belui un but dont il soit capable, sans ·plus. A &0in se taire. Ce1te d1isposi·t ion de modestie cet elffet mellfez en œuvre toutes ses resne ,les empêchera pas de conserver ile haut sources i>ersonne11es et tous les moyens dont domaine et la •reS'pOl!l1s-ahil1i1é en une question vous-même disposez. qui es,t leu·r au .premier che'f. Dans toute carrière, ,l'homme tout entier doit agir : on n'est pas écrivain par l'intelliDBVLf.11..0PPER LES 'APTITUDES gence .seule, ni soldat ou colon ,par la vdlonté OE L'ENFANT seule, ni philanthrope ou, apôtre par [e cœur ,Reste à développer Jes aptitudes de l'enseut. Non, toutes les facultés humaines ont fant. Au vrai; c'est encore la nature qui y a à jouer un rôle dans une profession qudle 1e plus de :part: comme elle les a fait naître, qu'elle soit. li est' clair que, suivant les cas, eHe assure leur épanouissement. Toutefois, l'une ou 1'autre d'entre elies pourra prédomi• }"éducation y joue un rôle, qui ,peut être conner et accuser ainsi le genre particulier d'aciidérable. On s'en aperçoit surtout lorsque, tivité que réclarr,e la profession en jeu. Mais par mal!heur, e[1Je n'a pas réalisé 1out son pro- l'homme n'exercera d' influence véri'l'.a:ble, je gramme. dis même ne fera œuvre utile que s'il ~ Ce serait tout un fraiifé à écrire s-ur ·lia donne tout entier: on. sait bien faire la difpart que les éducateurs ,peuvent avoir au dé- iérence des écrivains qui n'ont que du taveloppement des aptitudes professionnelles · lent avec ceux qui ont « de !:'âme •; â la caNous ne l'aborderons même pas. Nous préserne les officiers soucieux du bien-être et ' ..... . férons, en effet, nou,s limiter id à t'influence du progrès moral de leurs hommes ne risde ,ta famine propremenit dite. Et nous demanqueront jamais d'êt're confondus par ceux-ci dons que l'enfant trouve, au sein de sa fa. avec des simples • ~alonnés •. Et ainsi di.:. mille, Ja possibilité d 'un développement norreste. mal, méthodique et cons.fan! de ses aptituOr, ·ql!i ne voit ,combien le rôle de ~a fades natives. mille peut être ici prépondérant? L'étude sera le moyen habituel de formation; er encore là, Développement « normal •, cela veut' dire il ne faudira ·pas nég:liger telle matière, sous qu'il fau1 laisser au corps le ,temps de s'aprétexte qu'eLle est moins « utile • ; l'instrucdapter aux conditions .que crée l'étude: pas ti'on • utilitaire » ~St' l'un des fléaux de nos de précipitation, ,pas de fausses manœuvres. sociétés modemes; e1Qe ne tend à rien moins Que le père gouveme, dirige ce petit être, qu'à for,mer des demi-citoyens, parfois des comme le pilote fait son, navire, réglant sa quarts de ,citoyens, incapable~ d'aucune vue marche sur ,les contingences: • Doucement; en vitesse; ralentissez; arrêtez. • C'est la na- sur 1es questions qui n'intéressent pas immédia!emerrl'. leur profession ou seulement Ieurs ture ,qui sert de guide. - Normal encore, en intérêts. Nous ne .cessons de répéter aux pace sens qu'i·~ faut viser à l'assilllilation des enseig:nemen~s tles préceptes que l'on propose rents qui nous consultent qu'une .formation l >l'enfant : t'e1 croit avoir pénétré une intelli- « complète. de l'esprit ne nuira jamais, 1111gence, qui l'a simplement effleurée; dès lors. ce aux ,i ndustriels ou aux commerçants. Et Jes examinateurs d'admission à nos grandes Ecol'esprit de ,l'enfant se retourne ou se fausse; les savent très bien discerner le candidat ses apfüudes risquent de se déformer, comme

partiale, et qui pourrai~ être prélju~·idable

faivenir de Fenfant.

à


182 • cultivé . du ca11didat qui lie connaît que « le programme ». Avec 1J'étude, 1['exercice de .Ja volontë, la cu'lture du ,c œur feront le soud d'un père er d'une mère: le champ leur est ouvert. Et, s'il y faut de la méthode, cette méthode ne s'ap· prend guère dans les livres. Qu'ils sachent du moins que l'enfant ,doit' s ·exercer à. vouloir et à se dévouer, comme i'I s'exerce à savoir. Mais c'est en vain qu'un père voudrai! eniraîner son fils aux mâles énergies, s'il ne lui en donne l'exemple; et une mère eHe-même se souviendra que Ie cœur du jeune homme doit connaître la générosité comme la tendresse, Je détachement comme les sentiments affectueux. Nous demandons enfin, [POUr les aptitudes de l'enfant, un développement « constant •. Ce point de vue est peut~tre de tous Je plus néglâgt!. Sans y prendre garde, on habitue. les enfants à,_ faire deux parts de leur vie: l'une oonsacrée aux • affaires sérieuses•, l'autre à tout ce qui peut jeter de l'agrément sur l'eJMstence; dans la seconde entreront' pa.r définition les périodes de vaca11ces, pefües ou a-randes, les üours de congé el généra'iement tou-tes les heures où .J'élève n'a plus à • pâJ.ir • sur ses livres. Le moindre inconvénient de œs habitudes sociales est de faire concevoir à l'entfant' une médiocre estime, quand ce n'est pas une profonde 'horreur pour les moments consacrés l l'étude: eUes sônt à ses yeux un «pensum•, a·U J.ieu d'être simplement une forme différente d'activité. Sans doute, il doit grandir dans la joie et la liber!'é: le ,pédantisme, comme la moro11ité; est contraire à 1a vraie éducation. .Mais autant la nature ~clame d'épanouissement, autant l'avenir de l'enfant' proscrit les inopportunes et artificiel~s distractions Oil le contact inconsidéré avec ce qui est pure convention sociale. Des parenll's intelligents auront à cœur de tout faire converger vers 'La formation de leur fïd.. J'ai connu une mère qui consacrait ICI h ~ de loisir à relire des chapitres d'hietoire pour •limente.r utilement la con-

138

versation du dîner; une autre préparaif l'emploi des jeudis et avait pour principe . que, dans la découverte de Paris et de ses .richesses artistiques ou littéraires, J'enfant irouvait un complément nécessaire à sa formation, livresque; elle aurait pu ajouter, sans se tromper: « surrout en la ,sooiété de sa mÎ!re >. Ce1te vérité est incontestable; mais son application ~mande de 'la sagacité, du désintéressement, de 1'effo.rt. Que tous les parents y rêfléchissent et s'y essaient: ils verr ont la va'ieur de Jeurs enfants s'accroître dans des 1proport.ion.s ét'onnantes: l'enfant se verra traiié en «fils» et en «'homme•, au 'lieu de ue Iëtre qu'en •écolier».

C'ONCL:USION: lJA PMT IDE UA PROVIDENCE !Pour ,concLure et nous résumer, nous dirons: que les aptitudes de l'enfant ont besoin d'êfre connues, ca:r eJ.les lui sont personne!'1es, mais que cette ·connaissance suppose du dis· cemement et que ce n'est pas trop de toute l'application palerneHe et' maternelle pour réussir àans cette tâche; qu'une fois COQ.nues, ces aptitudes ont besoin, pour se d6velopper, d'être soumises à un régime ,naturel, progressif et ,continu, et' que 1A encore la part de la famille est prépondérante. Cette double opéraHon doit conduire au choix judicieux d'une carrière. Les parents rendront par là à Ieurs enfants un servi~ déHnitif et' à longue portée. Mais, au demeurant, ils ne devsroni pas s'étonner si, même étudiée, même préparée; 'la vocation du jeune homme vient tromper leur attenie. En pareiLle matière, l'élément personnel a tant de .poiâs qu'i1~ suffit parfois à contrebalancer tous les autres. N'oublions pas non p1us que c'est Dieu, en définitive, qui règle une vie h'umaine et que son • procédé » est parJois déconcertant: un père et •une mère chrét'iena a.uxont alors du moins la joie d'avoir ~~. même à Ieu.r insu, lea :instruments de I• Provfü.enœ.

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Ce que pensent les savants

dire de l'électri'ciié, un des plus puissants génies, perverli par 'l.a !lecture de l'Encyolo~ie, mais converti par l'idéal de ta rehg1011: « 1L\Esprit qu,i nous éloigne de Dieu n'est qu'un e&prit d'.illusion et d'égarement. Mon Dieu! que sont œs sciences, tous CCi raisonnement's, foutes ces découvertes du génie? De pures vanités! La figure de ce monde passe, mais la vérité de Dieu ne passe pas. > PASTEUR (1822-1895), une des iHustrations de la science {:Ontemporai.ne: • La conception scientifique du monde comprend, la notion primordiaile de l'infini. Au delà de cette voûte étoilée, qu'y a-t-il? De nouveaux cieux ét'oilés? fi au-delà? Vesprit humain poussé par une force _invincible ne cessera de se demander: Qu'y a-tsil au delà? Cette notion de 1J'i,nfini s impose à tous, personne ne peut y échapper. Par elle, le surnaturel! est au tond de tous les coeurs: 'l'idée de Dieu est une forme de l'infini . . . , etc., etc. • Nous n'en finirions pas, si nous voulions citer ,les professions de foi des hommes célèbres, qui on,: éga·lement !honoré 'l'-E g,h se et la science.

~UGUSTIN CAUCHY (1789-1857), le plus grand mathématicien du 19e sièc1e: • Je s~i~ ,chrétien, c'est-i\-dire que je crois à la dlVI· nité de Jésus-OU'is,·, avec Tycho-Brahé, Copernic Descartes Newton Fermat, Leibnî1z, Pascai', Grimald,i; fader, Guidin, Boscovit'h, Gerclil, avec tous les grand-s astronomes, tous les g.ronlds, iphyskien:s, fous •les gran(is géomètres des siècles passés, . . . Je suis catholique sincère, comme 1'ont été Corneille, Raci• ne, La Bruryère, Bossuet, Bourdaloue, Féne.lon, comme l'ont été, et le sont encore, les hommes iles plus distingués de notre époque, ceux qui ont fait le plus d'honn.eu,r à la scien• ce, ît ;Ja phi:losophie, à '1a li"ttérafure, qui onw le plus il'lustré nos Académies .... • VOLT A (1745-1827), l'inventeur de la pile électrique: « •J 'ai toujours tenu, et tle tiens pour seule vraie et infaiHible la sainte religion catholique, et je rends grâces sans fin au bon IOieu de m'avoir donné une ,pareil.Je foi, dans laquelle je me propose fermement de vivre et de mourir, avec la vive espéranœ ._.......,...._ d'obtenir la vie éterne1'le. • CH'BV1REUL (1786-1889), un des plus i7ands savants de i1a France: • J'ai vu Dieu, non pas en Jui-même, parce qu'il est un pur rDes Soeurs Noires. . . pas possible! Mais esprit, mais dans ses oeuvres. j'ai vu sa ioutepuissance dans la grandeur des astres et leur oui, c'est authentique, des ReLigieuses alrimouvement rapide. J'ai vu son inteUigence e1' caines noires et en habit religieux tirant sur aa sagesse· infinie dans les innombrables le noir. C'es1 original, sans. doute, mais la grâce de rDieu, assez puissante pour susciter bienfait.s dont il m'a. colllblé- • LEIBNITZ (1647-1716), ,une des plus bel- au centre de l'Afrique des légions d'enfant à les gloires de ,J'Atlemagne soienmique: c J'ai· l'Eglise, ne l'est-elle pas assez poui leur sus· me beaucoup la science, parce qu'elle me don- citer aussi des anges gardiens 1errestres? ne le droit d'être écou1é quand je par1e de Aussi bien, cette esquisse a-t~lle pour but de montrer Faction merveihleuse de 'la ProDieu et de la reljgion. • K!BRLER (1571-1630), J'i'llustre astro110- vidence, plutôt que le côté original de l'Œume: • 111 est grand, n01're Dieu! Ciel, soleH, vre. 1 Que dirai-je de son origine? Comme pour lune et plantes proclamez sa gloire! Proclamez sa gloire, harmonies célesies ! . . . Et toi, beaucoup d'auires, c'est Je besoin qui l'a mon âme, chante la gloire de PEternel pen- créée. Sans ê1're très prolifiques, Ies Baganda ne ,laissent ,pis de foUTnir aux postes des misdant toute la duré de mon existence. • AIMPERE (1775-1836), ~'auieur des théo- sions un énorme contingent de petiots. et de ri&s é,lectrody11amique1, le père, pour ainsi . petiotes dont les âmes crient famine encore

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Les Sœnrs Noires


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13' plus que les estomacs. Voulez-vous quelques chiffres? Eh bien, meh'ez 107 missionnaires et 24 Sœurs en face des 25 à 30,000 enfants du Vi•cariat baptisés 011, près de l'être. Retenez: 1. que .Jes Pères, en 'dehors de leurs instructions catéchistiques régulières à ces petits, n'ont guère le temps que de 'leur sourire en passant; 2. que les Sœurs, de 1eur côté, réparties en 5 des stations sur 27, ne voient les dents blanches que d'une partie minime de ces miHiers d'enfants qu'H faut laver, habiller, nourrir, dé.grossir, instruire -?atierrnnent, surveiller assidûment, prépare, soig,neusemmt 1es 1gra-i1~s, actes de 'la v,ie chrét'ienne. ,Eh bien, la clef de 'l'énig,me? .. . EHe est en ces ,quatre mots: « rt'Œuvre des Sœurs Noires ou Banna~ikira, • rMais cetie clef ne fut pas forgée en un 1jour, et les missionnaires se sont pO'sé ,plus d'ume fois, en s'éipongeant le iront, de gros points d 'interrogation. Les catéèhistes indigènes, ces coopérateurs si nécessaires et si précieux de ,l'apostolat en ces vastes distrids, ne pouvaient guère que recruter et diriger vers '1a Mission les jeunes enfants qu'ils avaienf • grossomodo » dêpaganisés: lâ s'an'êtait '1eur 1âche. 1

Les missionnaires comptaient sur la Providence; leur confiance fui récompensée. Il es,: bien peu de nos anciennes missions où le Supérieur ne soit à rr~me de vous présenter une ou deux braves négresses excellentes, chrétiennes, · travailleuses infatigables qui, pour Dieu, ont su répondre à l'imitation de consacrer leur temps à ces générations de peti1's négrihlons et négri•l!lonnes, fleurs chéries de Notre-Seigneur, qui, chaque année, auprès de nos égJ.ises, tournent leur corolie vers 'la source de lumière et de vie. Ces braves négresses forent Jes premièrs assises de l'œuvre dont i:1 est ici question. Elles eurent des imitatrices. lnstmmen'l'.s un peu primitifs au début, ~e travail les perfectionna en 1eur donnant de l'expérience. Dire les innombrables services que renfürent aux missionnaires ces bonnes âmes, encore que laïques, serait difücile. Assurément les Sœurs Blanches son\ encore et seront foujours les précieuses auxi-

liaires, mais eHes avoueront en foute si cité que ces femmes noires ont sur elles 111 immense avantage: l'avanta~ ... d'être • res. Pères Blancs et Sœurs Blanches, b' qu'ayant comme idéal de se faire le plus noi1:1 possible, pour gagner les Nofrs à Jésut, Christ, ne 1laissent pas de rester malgré eut, très blancs. ,L'officier qui sort du rang a sur le dirplômé des Ecoles beaucoup d'avan~: il connait les c rouer,ies » du métier. Pour l10I auûliaire.s inlligènes, le cœur des pefüs ea. ,ganti,a n ·a, :POi11rt, tl.e mystères cachés, et leur int'eUigence point d'entrée inconnue. L'œuv.re des « Bannabikira » pouvait lfonc être envisagée non seuilement comme possible mais ·comme norma1e. ,Bref, un !beau jour, i; VicaiN Apostolique de 'l'Ouganda, ouvrit l deux battants ~ei rportes d(un Postulat de Sœurs Noires. Il confia aux Sœurs Blanches 1e nouveau Postulat qui se remplit rap• ment de jeooes filles noi'l'es, la fleur de la clu6, tienté, et de femmes mûries par l'âge et l'expérience. Le bon Dieu donna faccroi~semeat et . .. il faMu,t bientôt songer à une aurre ntc'he. On se saigna aux quatre veines pour la bâtir: eLle ·devint 'le Noviciat Saint~Léon. [.es Novicès Noires, sous ~ direction d'un missionnaire exdusivement at1aché à l'œuvn de t!eur formation spirituelle, s'initient l la vie religieuse. Les grands maî1res de ~ rit spiritueJrle se voient du haut du céleste 86jotll" traduits en •langue mère! formation religieuse, formation à .l'aipostolat auprès des enfants surtout, formation à tout ce qui paÎ\ rendre cet apostolat fécond, voilà le but pour• suivi, er grâce à Dieu .. . déil atteint. Les premiers essaims, en e<flet, sont sortit de Saint-Léon, e1 sont allées se poser en trois Sta1ions: i'ls y font merveille. Les joumées de ces Sœurs Noi·res: sont on ne peut mieux remplies. Cha·q\l.e ma'l'in, après -leurs exercices de communauté, elr!es diil'igent vers ,l'église i'Ïllterm~nable fi1e de [eurs élèves. U, pendlal la messe dite « des peth's enfants», elles pr.a. dent les prières qu'avec beaucoup de pa · elles r'.eur ont fait apprendre par cœur. pnières sont entrecoupées de cantiques. A

.-esse

dans les vastes han~ars, catéchumé-

et éc<>les, où ,les )bancs, fables et chaises

ICUI' disputent point fa place, les centaines a.,nbins s'entassent, les garçons à droite, fillettes à gauche. C'est le champ que cultices f"il,les dévouées, dont la constanc-e d'égale que :la patience. 1 ta répétition sérieuse et quot'idienne de matière des instructions catéchistiques s par les missionnaires aux enfants . . se préparert1 ,à ,la première communiou ,e1eaneirle, voi•là ce qu'on demande en pre. lieu de nos Sœurs Noires. Mais en detors de cette tâche ca,pitale, H en est une mut ttade d'au1res: surveiUance et direction des 1ollt petits qui viennent à im'ervahles ré:gll'liers • confesser et faire ila communion privée ; _.ïenement de 1a •lecture et du chant; souci fjllOtidien de procurer à cnacun de ces estollllts affamés ce qui peu~ les contenter; soins llldentels et minutieux de chaque ,instant pour ,amtenir la .paix, l'ordre et .Ja propreté sur· tout, dans cette fourmilière où ,)es parasites tat trop souvent droit d'asile; voilà pour tes ordinaires. - Ajoutez h cela la sur.atanœ et les soNioitudes, de fa nuit; le urs de ~eur actlivité en parole et en acau moment des grandes retraites prépantoires au baptême et aux premières com}lmlions; .les services multiples qu'el!es se sa111li appelées à rendre à .Ja !Mission particu· llrement pour ce qui conœrne fa maison de Dieu, l'ornementa11ion des églises et des autala, ie soin des ornements et linges sacrés, 11 confection hebdomadaire de milliers d 'hosties, etc., etc., et vous aurez un aperçu de ce . . !Ouganda cathO:!i<J.ue attend et' reçoit de • meilleurs enfants. - Aussi le ViCE.ire Apostolique regarde-t-il avec satisfaction le touàours gross,issan1 des recrues que l:t dirige vers ~e Noviciat Saint Léon (if e actuellement 57 Novices Noires et postu,lantes se préparant â leur admis.. ) et i•I e~ulte d'espérance en songeant dans quelques mois i'l pour.ra envoyer de lies ouvr;ières à fa vigne et des moisses à la moisson qui esr depuis long· mûre. A. z., des Pères Blancs.

Il faut vivre sa vie Pavmi les ,axiomes en vogue de nos jours, il y a celui-là: • Il faut vivre sa vie, » Soit! Nous sommes tous d'accord: nous avons fous ile droit et même ,le devoir de vivre notre vie. Seulemen1., quelle vie? Voilà ce qu'il faut savoir, car ~l qu'i.ti se -4?rése11te, 'le fameux axiome ,n'est pas une solution, mais simJYle-moot une ,question. Que11e vie taut·il donc vivre? Les minéraux réalisent leur vie ino_rga:nique faite d'obéissance aux 'lois physiques; les plantes, •leur vie végétative; '1es anünaux, 'La vie sensible. Sans y faillir ~amais, tout être, oiseau ~leur ou CE.iHou, réalise sa vie propre, ,ce!l'.e q~i !lui con'Vien1:: .ceilile que lui a donnée u11 sage créateur. L~homme n'aura pour atteindre sa fin, pas d'autre loi à suivre. Or, qudle sorte de vie ,Dieu offre-.t-H A l'homme? car s'rl veut la bien vivre i1! faut qu'il la coMaisse. Certes, la vie sensible existe •aussi en .Lui: ce n'est pas cel'le que Dieu donne à 'l'homme en tant qu'homme. La vie • humaine •, comme teHe, est exclusivement morale ou mtel'lectueHe. Voilà celle ,qu'ü fatl!t' vivre parce que seule elle est digne de notre plus constante e1. plus haute ambition. Pour fa réaliser il n 'est qu'une chose à fa ire : laisser tout à son rang dans nos activités, nos ,préoccupa·lions. Au dernier, ·ce qui doit finir: richesse, honneurs, plaisirs, encore que, pour ce monde, ce soit questions sérieuses; au premier, comme ~e ·vrai et l'unique imporl•ant, ies r.hoses éternelles. Les choses éternelles! •les questions divines! y penser, -les aimer, chercher à ies connaître, vivre en leur compagnie, et tout con· sidérer, et s'occuper du resie en regard d~ ces choses. Tel est le vrai prograrrnne et qUri ne s'y tient pas, -loin de vivre sa vie, se trompe et fait œuvre de mort.


13T

186 Certes, il n·es,t point fadle! t.M'onter aux choses divines, hausser nos cœurs vers eHes, cela veut un effort. . . et même beaucoup ,plus. Mais ril en vaut la peine: même il n'est que cela qui vaiIDe notre peine. ,D'ailleurs, Dieu ,n ous est ,tel:\ement proche, puisque, comme dit S. Paul, en Luli, nous nous mouvons, en Lui nous sommes et nous vivons; ce divin voisinage - plus que cela cett'e divine compénétration nous vient si bien en aide, si nous le désirons, que cela seul suffit à remplir de courage pour vivre cette vie en pensant comme I' Apôtre: ce qu'ont pu tous '1es autres et ceux-ci et celles-là, :pourquoi, moi, à mon tour, ne le pourrai5-;je pas? (Ca11sC/'i es.) Le R .P. BBRIBŒBR 1

--------------·---Variétés

DU TEJMiPS QUE LES FEMMES VOTAIENT ·Le Moyen-Age « mystique et cruel» cher à certains fut décidément une s ill'gu1ière époque. Il y a quelques jours, un confrère étab:issait que la journée de h uit heures était une vieille insfüution moyenâgeuse, voici que i'a1pprend.s qu·a.u douzième siècle les femmes voiaient. Décidément les timides audaces de nos plus décidés nova teui-s paraissaient bien pâles .~ côté des réalisations du moyen-âge chrétien. Oui, au douzième siècle, le vote des femmes était' acclimaté chez nous: la femme était représentée dans les assemblées et, comme .titulaire d'un ,fief, comme chef de famiHe, la femtn1e jouait un rôle pohtique. En 1182, une 'loi de Beaumont :parlait du droit de vo>te da,n s ~es assemblées du pays de tout'e lemme, veuve, fiHe tenant ménage , ferrnne mariée, en l'absence du man; les femmes prenaitmt part aux délibérations du bourg dont tles résolutions étaien~ précédées de cette formule « Jiesquels tous et « fouies• devisèrent et ordonnèrent

,que . . ..•. Et ce n'est pas seulement à la tëte des

filefs, ,mais dans le régime connnunal que les femmis votaient, et aussi dans les assemblées corporatives. Au quatorzième siède, une certaine Gaillardine (bien nommée) tenaii tête l la majori1é de l'assemb'.éle de Cauterets. .Innocent lV accordait dans les Etats pontificaux: drnit die vote dans. les groupemenYs sémliers: « tout majeur de 14 a,n s, mâle, femme, jeune lil1e ou veuve •· A inSi donc, au moye,n,,âge au moment me où '1a discipline et la morale chréHel1!lles règnaiient sans partage, on ne jugeait pas le rôle public de la ,femme ,i ncompatible avec l'exercice de ses devoirs. Je sais bien que cela n'empêche pas M. Viviani d'opposer '1es femmes groupées dans les syndicats à celJes sur qui 1 \Eglise a tant d ·emprise. ,Mais les étoiles qu'éteint l'ancien ministre - comme les gens que iuait le « menteur • - .• se ,portent assez bien> .

me-

POUR SAWBR ilJES ,J.:.lJWfROOUTES A la suite de diverses constatations fa.îtea en cas d'électrocution d'ouvriers par un fort courant, l'inspecteur général d'une Compa· gnie anglaise de lumière électrique a reco~ mandé là son personnel, en cas d'accident, de frapper fortement les pieds des victimes, saas d 'ailleurs leur retirer leurs souLiers. Un ouvrier qui posait des fils sur un poteau, ayant perdu ,l'équiJ.ihre, s'était instinctivement raccroché à un conducteur à 2300 volts. Tombé à ierre, il ne donnait plus signe de vie. Ses camarades suivant les conseil• qui leur avaient été donnés, le frappèrent sur les semelles avec une barre de fer. L'ouvrier revint promptement à ,iui et, porté à l'hôpital ne souffrait ,q ue de brû1ures aux mains. Ce n 'est pas à dire que Je .procédé soit ia· faillib le et réussisse dans tous les eu.

• Le vieux Baron X .. . regarde Mme de N . .. . , toute jeune, toute pimpante, sous UJI costume moderne: · - C'est curieux! La marquise et moi, quand nous étions petits, nous avions Je même âge; mais cela a dO beaucoup chana-er,

La tuberculose et ses ravages La tuberculose est une maladie infectieuse et contagieuse. Elle est due à la présence, à la ITTUJltiplica't'ion et aux ravages causés par w1 microbe de très petite dimension, appelé bacille de Koch. ,L 'action nocive de ce bacille se manifesfe par le développement, aux dépens des organes atteints, de petites htmieurs, di,:es tubermles. Le tube·rcule peut grossir ou s·associer a'vec des voi&Îilts. Au bout d'un temps plus ou moins long, ces rubercules peuvent se liqutfüer (ramo11issemen'I'.) et leur contenu se répandre au dehors, ,période de suppuration et de format'ion de cavernes, La tubercu1ose peut envahir tous les organes du corps humain, a•vec une ,prMilection marquée pour Jes poumons et 1es o~es glandulaires. ,Mais, contrai.ement à une opinion très répandue ,jusqu'ici, cette maladiie n'est', à quelques exceptions près, jamais généra'lisée à ses débuts. ELie eS'!, la plupart du temps, 1toca,Lisée à un seul organe. La généralisation ne se rencontre qu'-aux périodes ul.times de 1a malad'ie et quelquefois dans le jeune âge. ,Cette particularité a une grande importance pratique. Gar il est évident qu'une affection localisée dans un seul, organe est bien p!us accessible à la thérapeutique, c'est-à-dire à la guérison, que si Œ'organisme entier en est infecté. · La tuberculose n'est pas héréditaire. Voilà une vér~'lê contraire à toutes les .idées et à toutes iles notions que il'on avait de cette maladie. L'on peu1 alffirmer qu'à part quelques exceptions afbsolument négligeables, on ne nair pas tuberculeux. Un enfant, né de parents poitrinaires, mûs soustrait à sa famille et placé dans des conditions d'hygiène favorables, a beaucoup de chances de ne jamais devenir tu1berou1leux, tandis qu'un enfan:r né de parents sa~ns, mais placé dans un miHeu contaminé, contractera lia maladie rapidement. C'est sur ce principe qu'est basée, en france, • l'œuvre du professeur Gran'cher » . Cette ,institution, de date récente, a pris une grande extension. Elie com,is1e à dépister les naissances dans

les famil,les atteintes de 1'uberculose avérée, et, avec Ie consentement du parents, à pla~ ces nouveaux-nés à 1a campagne, dans les fa. milles saines et dans des logements hygiéniques. Une su·rveiUance médicale est assurée à ces enfants . Cette œu,yre a ét~ très discutœ; el:e présente de sérieux inconvén,ients, relii• gieux et moraux, mais malgré cela elle a rendu <le très grand:s services et conservé -à la vie bien des enfants. La Suisse •possède quelques insfüutions ana'logues, comme les OisHlons dans le canton de Vaud. 1

Mais si 1'on ne naîl' pas tuberculeux, l'on nait avec une prédisposiiion hfrMita.ire, l'on naît tubercu\isablo. En effet, l'on conçoit aisément que des enfants procréés par ' des parents contaminés, épu isés par une ,Jongue maladie, si justemen~ dénommée autrefois c maladie de langueur•, doivent présenter une constitution chétive e t être dépourvus de ioute résis't'ance vis--à-vis des agents nocifs, vis-à-vis des bacilles de Koch. · L'importance que .peut avoir au point de vue pra tïque la non-tranSJT1i'-'SÎbilii~ de la tuberculose par hérédité n'échàppera à personne. S'il én ét'ait autrement, la 1ut1e contre la tuberculose deviendrait inutile dans toutes les fami1les infeciœs. Par contre, si la tuberculose n'est pas hé· réditaire, eHe est frès contagieuse. C'est ce qui la rend si daniereuse et si meurtrière. Elle se transmet d'homme â. homme et même d'an:imal à ho1mne. Cette demière assertion a été m ise en doute et même n itt. Mais actuellement une grande partie des médecins 1 croient, sUitout en œ qui conœme la :tuberoll!lose des bovidés. il.es vaches sont <très sui"ttes à 1a tu.berculo~, et .leur fuberrulose peut se transmettre l ,l'homme soit par la viande soit par le ]ait'. Comment s'opère la contagion de cette maladie? file ;se fait par la pénétration du bacille de Koch dans l'organisme h·umain. C.ette pénétration s'~ctue ,Je .plus souvent .p:rt l'air dans les voie& resipi.ratoires, ou par les ali-


138 rnents dans les voies diges~ives. Elle peut au.ssj s'effectuer par n 'importe quelle perte de subs'ttlnœ de la peau ou d'une muqueuse. Ce bacille, comme nous 'l'avons vu, se trouve dans le tubercule ramolli, devenu liquide, et rejeté au dehors sous fomre de pus dans les expectoraiions et les suppurations des glandes et des os. c.e qu'il faut bien retenir, c'est que ce pus se dessèche et mer en ,Jiiberté les bacilles de Koch qui y étaient contenu.s. Il suffH alors d'un léger mouvement de Pair, coup de ven~. mouvement d'une jupe, pour sou!ever ces germes et les mélanger à l'air que nous reepiroos ; ils pénètrent alors dans nos aliments pour s'ini'roduire dans notre tube digestif. Le bacille de Koch est très dangereux parce qu'il est irès résistant. A l'encontre de ceriains microbes, tels que celui de la rouzeo·e, qui ne survivent pa>s à leur expu'1sion hors du corps humain. 1e bacille de la iu'be.rculose est réfractaire au dessèchement, à 1a chaleur sèche, au gel, aux pu,tréfactions et même à l'âge. Par contre, sa vitalité est ra,pidement diminuée et détruite par l'ébu!,l,ifion, par t'aclion des antiseptiques et aussi par ·1e ·soleiL et le grand air. De multiples enquêtes faites dans de grandes villes ont démontré que certains logements sombres, mal aérés éiaient des sources continues de tfuberculose, et que tous les occupants successifs y collltractaient la maladie. Les 1bacilles de ,1a tuberculose une fois introduits dans ces logen.ents n 'en sonr jamais chirssés et continuent à faire des victi-

mes. La con1agion est dooc la cause directe de la maladie, mais H y a des causes secondaires. Il y a d'abor~. des logements insalubres, coni.. me nous venons de le voir, logements son,bres, non aérés, humides, encombrés. li y a aussi les maladies ant'érieures qui diminuent la résistance de l'organisme ; il y a les fatig'Ues, 1es soucis, iles privations, une mauvaise hygiène et puis surtout l'alc-0olisme el l'incondui re. c.es deux derniers agissent non seulemenit sur iles coupables directement, mais indirectement sur leur entourage qui. par le

vice des parents, diiminueut ,Je bien-êire de la famille, ët privent les enfants des ressources nécessaires pour lutter contre la maladie, L'agent ~e r:ilus actif de la tuberculose réside, malgré iout le dégoClt que l'on iproun à le dire, dans le crachat tuberculeux. ûs expectorations sont sa.turées de baci,J,Jes de Koch. C'esr pourquoi l' Af3C de la lutte contre la tuberculose consiste da,n s ,Ja croisade organ.isée pour rendre inoffensives ces ex:pectoratfons. La marche de ·l• ma1adie est trè~ dittéreute suivant les cas: elle dépend soit de la résistance de l'individu, !Oit de la vulnérabilitf p'.us ou moins irande de l'organe. Elle est aussi sous la dépendance du soin ou de la négligence que l'on apporte à combattre l'affection·. , ·û sont les en~ants qui sont les ,p lus sensibles à la couta21ion tuberculeuse. Cette affir. mation paraît êt-re eu contradiction avec les sia~ tistiques. En effet, comme nous Je verronsi tout à. 1heure, les décès par tuberculose ne sont pas très fréquents dans les premières années de la. vie. Les cufan'ts absorbent facilelll"..nt les bacilles Koch; œux-ci peuvent se 'localiser très longtemps, ,pendan·t ,plusieurs années dans les glandes, spéci.rlement dans 'les glandes abdomina les et füoraciques. Oans ces organe&, les 1baci!les de Koch provoquent des tubercules qui évoluent vers une suppuration plus ou moins rapide. Ceil't'e évacuation du .pus peut se faire alors dans les poumons, dans les intestins, daus les méninges, el provoquer . long·lemps après l'entrée du baci!Fle, une 11ubercu· Jose grave. La tuberculose peut évoluer d'une manière rapide; c'est plutôt 'l'exception·. En règle glnérale son début est insidieux, lent, donc traitre et dif~icile à dépister; et !-Out à coup eJle peut prendre une allure envahissante. L'on comiprend mieux ainsi que la tuberculose guérit bien plus facilement au début que quand elle a co:n1a111iné une ~ande pan'ie d'un organe important. ,La durée de la maladie dépend aussi de la rapidité de l envahissement ; elle peul etrt

110 d'e quelques di:uines d'années, comme elle peut ~tre seulement de quelques semaines ou de quolqu.es mois. Toutes ces doon6es sur la tuberculose ne nous fournissent pas des no't'ions sur les ravaaes causés par elle. Nous ,n ous bornerom; à l'élude de ces ravages dans notre pays, en suisse. D'après une ,staris tique établ,ie, en 1910, notre pays perd chaque année, environ 9000 personnes, par décès tuberculeux. Ce chiffre est énorme er représente iUlle perle immense, surtout ai l'on tien1 compte de l'â 5e moyen des décès par tuibercutl-0se. ,1..a mortali,té par tuberculose n ~t pu irfquMte dans la première enfance. Cette constataJion ne cadre pas avec 'les révélations fournies par 'les autopsies. Uans cen'aines grandes viHes, l'examen s}"Stématique de tous les cadavres d'enfants morts à l'hôpiial de !llil· ladies non tuberculeuses, a ,permis de constater la p~nce très fréquente de 1ésions ruberculeuses qui n'avaient ,pas étê soupçonnées pendant la vie. Ainsi, Nligeli à Zurich donne 17 % de 1lésions constatées entre 1 et 5 ans et 33 Plo entre 5 et 14 ans. Bollinger, de Munich, en a <trouvé 43,6 % entre O et 1 aus. Mais, comme nous .Je disions 1out à. l'heure, si 'les enfants sont très sensibles à la conta• aion tuberculeuse, ils peuvent emmagasiner œs germes dans leurs ga,ngLioos de lone-ues ann&s, sans révéler leur ,présence. Le maximum de mortalité ,p ar tuberculose sévit dans lâ,a·e moyen de la vie, enfre 15 e t 39 ans. D'après ,une statistique de Bollaa-, ~ur 1000 d~ entre 15 el 19 ans il y en a 568 tlO.s à la ruberculose, 562 sur 1000 décès eotre 20 et 29 ans, et 417 entre 30 et 39 ans. ûs dhifües sont terriblement éloquents. Si, en eifet, ia iuberculose n'enlevait par la m<>rt que ou surtoui des personnes d'âge avancé, il n 'y au.rait qu'un demi-mal. 1Mais, si l'on tong• qu'eHe exerce ieS ravaîes surtout dans l'âi'C utile de ,l a vie, l'on pourra se faire ,une bien faible idée des pertes immenses qu'elle occasionne chaque aruiée à notre pays. C,a.r, parmi les décès de cet â~, nous frouvoni beaucoup

de .pères et de mères de famille e.t des jeunes gens qui devra,ient être aptes à iag,ner leur vie ei ceHe de leut3 proches. Que J'on SOlliC au vide laissé dans une famille par le décès d ',u:ne mère, devenue ma,lade e t décédée à la suite des ,privations occasionnées par la maladie ou par l'alcoolisme du .père, ou aussi par le décès du ,p ère tombé malade dans un a1elie! insalubre et dont l'épouse est d6cédée ou est malade aussi, c.es enfants, souvent contaminés déj~ par la tuberculose de leurs ,pa· rents, affailblis par une existence toute de misère, tombent à 'l a dtara'c de ,la commune Oil de la char.ité p ublique et, au lieu de devenir des êtres uœle51 à la soci~, i!ui deviennent nui_ sibles en propageant leur mal, en tout cas · ils constituent pour elle un fardeau lourd à .por-

ter. Que l'.on songe. aussi aux soucis et à la misère que cause, à une famiille, 'le décès d'un jeune homme pour 1ïnstrucrion duquel on a fait les plus îrands sacrificea et sur 'lequel on cdfnptait pour seconder ou remplacer l'action des parents devenus vieux ou malades. Il ne faudrai t pas croi:re que ces situa,tions sont exceptionnelles. Tous les médecins et les personnes qui s 'oC<lupent de charité pwblique ou :privée en rencontrent chaque jour et sont consternés de se trouver si faibles vis-à-vis des ravages d'un pareil fléau. Les chiiires précités ne conœrnent que les décès .par 1'llberculose. Avant de causer des décès, celte maladie exerce .sés imêfaits parmi les vivants. l'i est tres d ifficile de fixer pour la Suisse, d'une manière même appro~imat ive, 1e nombre des maiades atteints de 't'u!be.rculose. D'abord il y a une quanti1é de malades qui ne se soucient ,pas de ·l eur maladie et qui vaquent régulièrement à 'l eurs occupations. S'iJ.s sont daus de bonnes conditions d 'hygiène, et c'est l'exception, ils peuvent guérir spontanément. tMais le plus souven,t, ils ne s ·ad:ressenr au médecin qu'à une époque avancée de la maladie et ,p endant 't'out ce temps, souvent fort ·long, ,ils ont ét6 des propaga· tewrs inconscien1s des bacilles de Koch, Certains auteurs ont' C.l'U .pouvoir fixer A


ho 80,000 le nombre des tuberculeux domiciliés en Suisse. Ce chiffre n'est pas exagéré; il est probaiblemeni trop faible. Nous avons donc chez nous plus de 80,000 ma'1ades dont ·le plus rrand nombre est franchement con'l'agieux. ILa pttsence, au milieu de ,pQpulations et de famiUes saines d 'un aussi grand nombre de foyers de prop!îation de la tuberculose, constib un péri·t national. H n 'est ,p as de 1'rop, il n'eat pas assez des médecins, du personnel paramédical, des aufor.ités consti,luées et de ~utea les bonnes volont~s privées pour ~utter contre œ fléau. Depuis un certain nombre d'ann~s. iflœ aux .pouvoirs publics et aux ligues anHtuberculeuses, il a été fait dans ce domaine de grands efforts d réalisé de sérieux progrès. Mais le travail est' vaste et multiple, il t:Xige d'inunenses sacrifices. Le but à atteindre est double; il faut tendre à les rendre inoffensifs pour leurs familles et leur entourage. D'autre parc, i!l faut faire œuvre de prophylaxie, en rénovant 1hygiène publique, en améliorant les conditions d'habitations et en combattant le vice et l'a'lcoolisme. Retenons donc ,que 'la tll'berculose n'es!' pas hérédoitaire, qu'elle est toujours loca lisée au ~ t et qu'e\.le e...t guérissable dans son premier siade. Enfin, il ne faut' pas oublier qu'e~Je exerce chez nous de grands ravages et provoque le nombre le plus important de décès dains l'âge moyen, è'est-l-dire dans l'âge utile de la vie hu111li~. Dr COMTE.

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La camarade !Pour ton· début dans l'enseignement, .Mlle de Voilaine fut nommée institutrice adjointe l l'école des fi'l.les du quartier des Plâtriers, lt quartier le iptus déshérité de Paris. 1Elle a-vait vingt-deux ans et c'était vraiment une noble; ~lie possédait la candeur et la maje~. . Elle avait une beauté blonde, 1a plus claire, la plus rayonnante, et par une merveilleuse harmœie, eHe avait 1a plus pnde puretf de 1

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cœur; c'était d'un sentiment délica'I', simple ei direct qu'elle aimait les belles gens, les belles choses, les bel~es actions. Tout d 'ab?rd dans un milieu scolai,rc misérable et faré, elle n 'éprouva ni ~ne ni dégoût'; elle planait, elle ne se mêlait pas. La sérénité de son ,i déal n'était offusquée par aucune déchéance, pas plu!> que le charme de son visage n'était altéré :par ,la disgrâce malingre des figures enfantines. !Mais Je temps exerça son inévitable in• fluence: peu à peu, le rapprochemen t se !it entre la maîtresse d les élèves. Le visage et Pâme de Mlle de Voilaine changèrent de magnifiœnce, et le peuple écolier témoigna aussi sa métamorphose. ,La première année, Mlle de Voilaine lut chargée du cours préparaioire; puis, les deux années d 'après, elle eut 'le. chanœ de prendre successivement ,le cours élémentaire et le cours moyen. Ainsi elle ne quitta ,pas ses élèves, elle suivit leur développement au complet: de huit, neuf ou -dix ans â on'2:e, douze et treize ans. Un jour, elle songea que ces enfants allaient bientôt quitter l'école et même se disperser, se perdre de vue les unes les autres. Cette pensie mélancolique Œui suggéra la donnée d ·une composition de rédaction pour le lendemain: c: Sans la nonnner, faj~es le .j5ortrait moral de votre meilleure camarade, » J..e texte d'une composition était toujours écou~ avec Tecueillement, puis :]es élèves l'ap. préciaient au point de vu~ « di.fficile • ou • pas difficile », et pour cela toutes se remua:ient sur leur banc et hochaient la tête de droite et de gauche, jusqu'à ce qu'elles eussent choisi da meiUeure position assise pour le bien co1n-

poser. Cette fois-Jlà, leur agirtation, ae proloogea plus que d'habitude, car la recherche du prin· 1

cipe de développement consistait précisément à faire autour de soi une investigation. con> parative. On décochait aussi des signes, des sourires, çà et là, comme pour se faire souf· fier une iidée, quoiqu'il n 'y eOt .pas lieu: 011 ne pouvait consuHer que .soi-même.

Et pourta,n t .. . Une vibration jaillit d'un

des paroles fâchées conl:re maman; elle m'a inconnu, un vague murmure se ,propamontré qu'il s·agissait sans doute d 'une !a~, . sùbitement, d presque 1outes ensemble lité malheureuse et j'ai eu bim moins de cha9 J~vres donnèrent l'impression d'avoir trou- gl'in; c'était si bon de pouvoir continuer à ai· ,6 le portait i 11racer; leu,r visage s'illuminaii mer sa mère, de ne .pas penser du mal de aa cl'un seul coup et elles commençaient aussitôt mère . . . » l «rire avec a.pplicaiion. Julie ,Pidot, la première ainnée, quand ell• Contrairement aux prévisions de l 'instil'u- faisait partie du coun. ,préparatoire, ava1it battriœ, qui s'était réjouie d'avoir inventé un tu Mademoiselle! Dans sa :rédaction, elle s'em..;et exceptionnel obligeant •les enfanfs à pré- pressait tout de suite de soulager sa malheull!ll!er des considél:ations dissemblables, il reuse con.science: « Je sais depuis longtemps erriva que tous iles développerœnt se ressenr qui est ma meilleure camarade. Un jour, j'ai ~nt comme ceux d' une composition tirée été méchante, le ,plus qu'il est possible dt du programme en cours: une clarté uniforme l'ê!re, et je n'ai même pas été grondée; j'ai eu pour la classe enrtière, comme l'était la lwniè- pour punition de garder ma méchanceté. Mais re du jour, avait montré aux élèves que leur voilà que ,personne de la classe ne me parlait meilleure camarade était Mademoiselle! plu~, 1es élèves m'avaient mise en quarantaiEt voici le thème commun. d'évidence et de ne. Alors la bonne camarade a dit: • Je veux aïocérit~ unanimement adopté: que l'on joue avec Julie; celle qui voud,ra me • Une bonne camarade est la confident• faire de la peine n'aura qu'à faire de la peine avec qui l'on partage ses plaisirs et ses l Julie ... • peines· d'ordinaire elle nous reiSemble oa1 i.M'i1e de Voi'laine avait emporté les copies aes ~ e s et ses :Uauva,i ses qualités, elle ·est pour les_ corriger à la maison, le soir, après de notre_ âge, de notre conditi0111. Eh bien! dîner. Elle .fut si effarée, à la lecture, qu 'elle ma meilleure cama.rade n'est pas une petite se mit à parler toute seule: fille de mon espèce; c'est une grande personMais . .. mais.. . voyons! Qu'est-ce ne, bien plus sage, plus généreuse et plus ca- qu'il m·arrive? . .. Je n'ai rien fait pour ça! pable que moi. j'ai beau chercher ses d8auts, ,P uis eile éprouva ,u n autre saisissement; je ne les trouve pas: ni· menteuse, ni envieuse, on ne pouvait pas juger ces rédactions à ta ni égoïste, ni rancunière ... Alors, en fait de manière des devoif\s ordinaires; comme elles susembla,nce entre nous, il y a qu'eJ.le prend valaient par ·l e sentiment, les préférables, les l'air d'être pareille à moi, quand je suis conp lus touchantes étaient celles des demières élèleote, pour me rendre plus heureuse; quand ves, des moins avancées! Oui, celles où grouilfai du chagrin, pour me consoler, et surtout, laient -le plus de fautes d 'orthographe, où les quand j'ai mal agi, pour excuser et réparer plus pauvres mots cahotaient dans les phran faute. Bt pourtant, quelle vraie camara- ses les p lus mafadroites; en résumé, celles des derie! je ,ne sens pas de différence entre nous, élèves qui, ayant le moins appris, écrivaient je n'ai pais de gêne, pas de !honte, je 1mis avec leur cœûr au Heu d'écrire avec leur méattirée de tout lltJOn cœur ... • moire. Dans quelques ·r édadions seulement, une Et enfin, bouleversement dernier, il était particularité emprootée à ~a vie de l~lève s 'aimpossi·ble à MHe de VoHaine de do11111er un joutait au thème général. résu!Jtat pour une épreuve ainsi réalisée, il ,Par exemple, Elodie Jamon était l'at.n& lui était impossible même de reparler de cetde cinq enfan'l's et sa mère élait partie, aban- te composition qui la mettait' en cause si inopinément. Alors que faire? Qu'al,J.ait-il 1tnidonnant la pauvre nichée. Un parai'raphe sur cette circonstance ,précisait la bonté de la ca- ver? narade : • Il n'y a qu'eNe qui ne m'a pas di1 1~Ule de Voilaine fut bien inquiète pendant

,oiOt


chien · , chez deux candidats à la députation, plusieurs jôurs, puis eUe commença à s'émerveiHer; d'1tabitude, ·les élèves la tourmentaient -p our ~onn;ifüe bien vite ile classement des copies; or, œtte fois-ci, par cha'ltce, elles ne demandaient rien, elles ne réclama~ent pas le réswltat de •la composition! ,C,et heureux répit ne constituait cependant pas une solution. Porur se rendre compte, en défini1ive, de .Ja conduite à tenir, MHe de Voilaine dut faire, à son tour, l.i composition en son cœur. Sa douce modestie trouva ce développement que dans. .l'enfanœ, même la plus humble était la source de toute vérité, de toute bonité, de toute beauté, et que, par conséquent, ses élèves étaient vraimen'I' ,ses meilleures camarades. -Et alors, par délicatesse affectueuse, el,le n'avait .pas de classement à fai. re; en ne disant rien, elle donnait à chacune la première et même place. •Les élèves, qui avaient si bien su !aire la composition, surent parfa.Hement percevoir le bien.heureux résu!Ltat. Sans doute, avec leurs différences de tempérârœnt, elles avaient reçu de [eur institu't'.riœ des qualités différenites. dans des proportions variables; mais il_était une valeur féminine que toutes avaient prise au même deg,ré: la pudeu~ du sentiment. Elles connaissaient toutes cette entente qui ne s'offre pas des Jèvres et ne s'accepte pas des lèvres: le silence de MademoiseJ.!e étai t précisément la douce réponse souhaitée. Ainsi, le dire de la composition se trouva en quelque sorte confirmé par ceh'e contreépreuve de discrétion affectueuse. Il- y avait une vaJeur par quoi les élèves de Mademoiselle s'égalaient .toutes, comme elles égalaient Mademoiselle. Toutes camarades de Ji haute camarade! Toutes ces petites !Mlaorie-'Misère avaient atteint à 1a noblesse du cœur. Léon FRAPI1E.

La Franchise Le mot .franchise en général signifie absence de liens e( d'entraves. En itant qu'elle caractérise 'les rapports mutuels entre ies in-

di vidus, elle est synonrme de s.fncéri té, et in. dique une disposition à dire toutes choses telles qu 'on les voit, ou telles qu'on croit les voir: L'âme tranche se montre te_!:le qu'en, est avec .ses rpensées, ses ,sentiments, ses motifs, ses intentions. Cette disposition passe à juste titre pour une v&1tu; mais, comme toute ve,rtu·, elle est enire deux larrons: le trop et le trop peu. •Laissons de côté le trop ·ipeu, qui s'appelle dissimulation, feintise, fausseté, sournoiserie, etc., et ne parlons que de i'excès possible. Une formule prove11biale résume clairement les loïs de l'a franchise. EH'e ne consiste pas, dit cette fo.nnuJe • à dire tout ce qu'on pense, mai,s à .penser tout ce qu'on dit•· Dire tout ce qu'on 'pense sur les rperson· nes, et même sur les choses? Mais c'est abinmle! c'est imrnora l•, c'est ije ra licence et non de la liberté! Il me so1.w.ient qu'oo jour, une dame ayaint trop dit ce rqu'el1e pensait, et s'étant brouillé de la secte avec de vieux amis, me ;vint prier d 'intervenir pour adoucir la situation; et eae s'excusait comme tant d'a~ ~es en disant a•vec qu.el,q.u.e fierté secrète: « j'ai .Ja 'l!la llieureuse halbitude de dire toutiours aux gens œ que ~e pense. • Pour lui faire toucher du doigt la pauvreté de cette excuse, ue l'ui répo111dit: « ·.Pour votre bonheur, Madame, ge vous souhaite de ne jamais ren· contrer ,personne qui vous ressemble. • ~ me eUe aviüt de l'esprit, e'He. accepta l'imper· tinenœ en riant, et rœ dit: que ,j'avais .raison. n n·est ,pas vra,i qu,'on puisse dire à cita· cun tout ce qu'on 1pense. 'Notre li!berté est ici Hmitée ,pa·r le 'droit d'autrui, que représentent ,fa 1justiœ, la char.ité, la morale, les con• •venances et même, hélas! nos propres mi~ res. .La 'franchise qui mécorunaît et viole ces limites est lmawvaise; elle devient de l'in4ustitce, de la grossièreté, de finljure, de l'effron· terie, etc. ,Elle devient même une sottise, parce qu'e:Dle :peut provoquer des répliques épiement débritiées, et alors, gare! Ce sont dea gaz asiphy)(!iants des deux côtés. On en a del exemples chez les héros ennemis dl:lon*l'e, s' attribuant altemaüvement des • faces dt 1

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qui -se dispute.nt les voix des électeurs, etc. Lorsque la franchise va jusqu'à s'attaquer aux défauts involonfaires du prochain, el.le

est pire encore, .<fa moins conm1e lâcheté, basses-se et vi,lenie. Il est donc incontestaible :q ue la franchise louable ne consiste <pas à dire tout ce qu'on pense, et le proverbe a pat1faHement rai,son. ,JI ajj,oute qu'elile consiste à « penser tou,t ce que l'on dit •· Le mot « penser ", du latin • ,,ensare » dans ·s a siguilfitation première veut dire «.peser». Cette éiymo'logie est .lourde d ·enseignements. Bien voi r la chose, 'lui attribuer .son importance réelle et vraie, ne pas ]'exagérer ni la diminuer, n'en pas « fausser le 'p.oids » selon les caprites de nos pa,ss.i.ons, dïn1'éorêt, d'enthousiasme, de aalousie, de vanité, de sensua'lité, d 'amour-propre, et ainsi de suite: c'est vraiment une survei.J.lance à exercer sur toute la ligne. Si jamais vous avez, par ma.1heur, vo'.tont•ai remeint oui non, mécontenté quelqu'un de 'VOS amis qui is'en explique· avec vous, prenez le temps et la ipeine de compa· rer ses plaintes avec fa réalité des méfaits qu'il vous attlribue. Vous resterez parfois ~ouvanté, abasourdi, de · voir ce que deviennent vos paroles et vos actes dans-l'espri( de l'interlocuteur. Vous comprendrez alors com bien il est di.fficile de « penser, ou de • peser . équitablement. ,Et si les passions sont itrvétérées, si on ·Jes a vécues longtemps, au point d'en fai,re une seconde nature, contre laquelle on ne lutte plus, alors le \jugement fend à se pervertïr, et -la franchise qui en procède n'est que fécho de cette aberr ation. C'est ce que dit Notre-Seigneur: « Si ton œil est Eon tu vois clair; s'il est' mauvais, tu YOis tout en noir. • On comprend ainsi les difficuJtés de la bonne franchise. 1

1

Et œt>te difficulté ·se rencontre non point seulement au sujet Ides réalités absolues, m1 is encore sur l'Lmportance de ces réaiités : ,si 'l'on est bien disposé, les choses bonnes sont exœllenites, les acres méritoires sont me.rve11~

leux; de même que tous les to,rts sont horribles, abominables, si l'on est mal disposé . Il est clai·r d'ai l:l ems qu'il o·est pas possible d'établir mathématiquemen{ .Ja délimi tation en!'re la ·bonne et la mauvaise franchiseLes circonstances peu,vent modHier profon-· dément les applica,tions. Une ·personne bienveillante, ou qui po3sède cette atiorahle liberté de j,ugen1ent, née de la bienvei,Jlance qu 'eUe se sent au cœur, peut être .bien, plus ha,r die dans la franchise; c'est de ,l'une de ces person·nes dont on dit famiJtièrement : Ou lui laisse tout dire ; eLle peut towt füre, et personne ne s'en fâche. Mais si la même franchise est prat'iquée par ce passer eau qu'on appeNe «pie-grièche •, alors, e1'1e devient 'Însupportable. Vous qui voulez pratiquer la franchise le p:us poss ible, commencez pas être bons à ou:trance, pa,i,ce ·que cette bienveillance calme aura mis dans vos jugments la droiiure qui rendra vos pawles à la fois douces et salui'aiires.

Arr·ivée à œ point de vue, nous dé<:ouvrons un champ très vaste de nouvelles considérations SUT la îranichise. Mais nous n'y entrerons pas. Nous renconker ioU:S Ja franchise cynique: celle du molosse de village, qui a.boie et mord à pleine bouche. li y aurait 'la franchise du sermonneur qui ne sait s 'exprJmer que par des p lafit'udes et des a·Musions venimeuses. On, •r enconirerait la fran,chise de H10mme de bien, à qui une vie irréprochable et des cheveux 1blancs ou absents permettent de bien•veiMantes sincérités. Bref! on n'en fi.airait pas à éttumérer se11lement 'les diverses ·s ortes de franchises. Attention au choix! (Causeri es.) • J.-J. BERTHIER

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:!- ILes ,neuf dixièmes des homme~ se règlent sur ,l'œil du gendarme bien plus que su,r fœB de Dieu.


...

Variétés .PET111lE6 REOfJITES PRATIQUES

= ·L a pré.paral'io1t de la viande de porc américaine Une certarine q uantité de VÎéllllde de porc américaine ayant pu être amenée dans !e pays et mise dans la consomma.lion à des prix assez bas, il importe maintenant que les particuliers, notammen,: nos ménagères, apprennent tirer de œtte vi•ande Je mei~leur parrti possible. Elile demande à vrai dire, grâce au mode de conservation américaine, une préparation un peu sipécia.Je. li y a lieu de rappel)er que cette viande n'est ni fumée, ni congelée, mais qu'eHe se conserve exclusivement grâce à une forte salaison. On recommande _donc pour la dessaler de la la isser tremper durant au moins 24 heures. Un autre moyen plus ef!echf encore serai,t de changer plusieurs fois J'eau au moment de :la ooisson. 'li est également recommandé d 'ajouter pendant 'la cuisson un morceau de charbon de bois. Bn Amérique el en Angleter,r e cet'te viande est coupée en tran· ches minces et cuite avec des assaisonnements. Quoi qu'il en soit, ,i l importe de rappeler qu'avan,t d'être co111sommée, celte viande doit !lre fortement dessalée.

à

Pour enlever ,l es ila.ches sur ·le liinge et les vêtements Taches de vin. - On maÎJlt!ient la partit tachée dans du lait' bouillant pendant quel, ques minutes, J:a tache disparaît rapidememt. On obtient Le imême résultat avec de l'eau dt javelle pure. 'faches de sauœ, boui l'1on, huile, g,raisse. - ·Elles disparaissent sous l'action de l'e&o sence de térébenthine pure ou de la benzine. Taches de bougie. - On les fah· dispa. raître, après ·les avoir grattées po'u r enlever la plus grande ma'Sse de bougie déposée , en dissolvant ce qui reste avec de ;J 'akool rectiifé ou, à défaut, de l'eau de Cologne. Taches de café, chocolat. - On •les !ave l l'eau, puis avec un peu de jaune d'œuf d6, layé dans de l'eau chaude. Taches de houe. - On les eœlève int~gralement sur ~es la.inages avec du vinaigre. 1

~ Pour faire disparaître les verrues. On les ,lotionne deux ou trois fois par jour avec un mélange d'eau et d'akoot à par· ties éga!es; ou on les touche avec une alkamet'te trempée dans de l'acide chromique.

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Nettoyage des bas de- jupes tachés de boue Il arrivent souvent, lorsque le bas d'une ·jupe coolient' !beaucoup de taches de boue, que, même avec .la brosse, on n'anive pa·s, à enlever complètement ces tache,s. Pour les faire disparaître, après ravoir bien brossé, étenidez ,Je bas de la .jupe sur une table, puis frottez bien 'les taches avec un chiffon propre trempé dans de la fécu le de .pommes de terre ,préalablement séchée, soit a.u, sollei l, soit dans le four d'une cuisinière ,qui vient de s'éteindre. Ayez soi!l de bien secouer le chiffon et de reprendre de da .fécule propre chaque [ois que vous frottez d'étoffe,

16 Octobre 1919

ssm• annt1e

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Contre le rhume de poitrine

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Soc.iété valai,aQtJe

d 'édu(?aticn:, •

Publication fondée en 1881

Prendre "foutes ~es deux heures une tasse de tisane chaude d'euca,lyptus additionnée du méla,nge suivant: 400 grammes de .teinture de cannelle, 40 g,rammes sirop de tolu.

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:Les pens~s des autres nous sont comme Ieu~s vêtemets: rarement ,j1us.tes à nos failles,

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Conduisez-vous toujours comme si vous étiez observé par dix yeux et ontré par dix mains.


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