No 07 l'Ecole primaire, 15 mars 1888

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Voici maintenant l'autre jugement qui concorde avec celui ci-haut. • Aux hommes d'école très nombreux qui reprochaient aux cahiers Ziihringer sence cump'ète de Lhéurie, l'ouvrage oiTre uu ex~osé théurique clair, sobre et sam ment ,·omplet, et réalisant en bonne partie, par Je choix des problèmes, le ceux qui réclamaient un plus grand nombre de données relatives aull matières cales et aux opérations journalières du ménage champêtre. Sans entrer ici dans la discussion de la méthode. je garde d'un examen anentir manuel la conviction sincère qu'il renferme un excellent cours d'arithmétique. précie surtout le grand nombre et la progression bien graduée des problèmes .• L'ouvr.~ge a également été accueilli avec faveur dans diverses écoles d'autres Les SOLV'!I!'10NS lLAX~ONNS:IlS de l'ouvrage sont sorties presse. Prix de l'exemplaire: 1 fr. 50. Pour prevenir les abus qui pourraient être faits du livre du l'editeur restreindra la vente des Solutions au Corps enseignant son d'un exemplaire seulement par personne. On ne pourra se le nrcll!n~ que chez lui, attendu qu'il n'en sera pas remis aux libraires ou ....., , .,.1Jua11œ.

Les acquéreurs ùes Solutioi/S sont bien priés ùe nous signaler les que pourrait contenil' l'ouvrage, afin que nous puissions les "n""''"''"': dans les exemplaires rcslants, auxquels, au besoin , sera intercalée une d'erratn. Si les coquilles sont très rares, comme nous l'"'""'"r'"'" seront redressées à la plume. On conçoit sans peine qu'un vre de chiffr·es et d'uue exécution typographique longue et difficile puisse, 1re édition surtout~ contenir quelques fautes.

UHOIX DE

U~~TI(tlJES U~~THOLI(tU

SION

VIIm• Al~NÉE

15 ltlars 1888.

N• 7-8.

'8CilE PRIMAIRE REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION

à l'usage de J'église, des écoles et rles familles, recueillis par F.-O.

professeur au collège ct organiste de la catllédrale de Sion. • Ce recueil, dit la Cœcilia, excellente petite publication éditée par i\1. J. Gürtler, Boncourl (Jura-B.), est un des meilleur, de ceux qui ont paru en Suisse, el il sera utile dans les écoles et dans les paroi~s es 11our tes offices extra liturgiques. •

Ajoutons que cc recueil comprend 70 morcea ux dont voici les titres L 0 sanctissima . - 2. Cantique. - 3. Cantiq ue de St·Aiphonse de Ligori. - 4. lieur de \larie. - 5. La mère de miséricorde.- 6. Au saint cœur de Marie. - 7. mère des proscrits.- 8. Cantiqut~ des pélerins.- 9. Hommage à la sainte Vierge. 10. Je l'ons salue, Marie,- li. Janua cœli. - t2. Invitation au culte de Marie. 13. Le mois de l\Jai. - H. A la reine Ju ciel.- 15. La mère d'affiiction.- 16. L'i - 17. Le saint nom de Marie.- 18 0 domina mea. ·- i9. Vas in ~i g u e devotioni~.20. Regina martyrum. - 21, 22. Ave maris stella. - :!3. 2lt-. Ave Marie.-- 25. 26. 27. Litania lauretaua. - 28. Louanges a l'Eur-haristie. - 29. Ha>c requies mea in sre(:uhua'' sreculi. - 30. Ego dormio et cor meum vigilat. - 31. Discite a me quia mitis sum e& humilis corde.- 32. O. esca viatorum. - 33, 34, 41. 0 salutaris. - 35. Verbum SQ• !)ernum. - 36. 0 esca viatorum. - 37. Jesus Deus, a'llor meus. - 38. Panis angeli· t' US. - 39. Ave verum. - 40. Anima Chrigti. - 112. 113, M1, 1~7. Tantum ergo. - ~. ü. t'ange 1ingua. - ~8. A':loramus te.- ~9. 0 boue Jésu. - 50. Pendant l'Avent. )i. Gloria. - 52. Sur la venue ùe Jésus-Chri~l. - 53. O.lus la nuit de Noël. - Mo !lymuus S. Bernardi de S. 1\ornine Jésu. - 55. Regret et amour. - 56. Sur le mystère de la croix.- 57. Vere languores nostros. - 58. ln Llominis quadrage~imro. - 59. Résurrection de Notre-Seigneur. ·- Invocation a l'Esprit sai ol. - 61, 6:!. Veni Creator. - 63. La 'l'rinité. - 6'~. Saint Ange gardien - 65. Te Deum la11damus. - 66. catholique. - 66. Cantique pour la bonne mort. - 68. Cautique do S. François-Xavier. - 69, 70. Motets.

Ce recueil coûte 1 ft•. 20 seulement. Toule personne qui en demandera douze 12 rece\Ta gratis le 13.... On expédie contre eemboursement.

L'ÉCOLE PRIMAIRE paraît chaque quinzaine, de Novembre à Avril inclusivement, en livraisons de 16 pages. Jlds d'abonne:ment pour la Suisse, 2 Cr. 50. - Uutou po•ta le, 3 Cr. &uuouces, prix 20 cent. la ligne ou son espace. Tout ouvrage dont l'Ecole primaire recevra deux exemplaires aura droit à uno ou à compte-rendu, s'il y a lieu.

SOMMAIRE Conseils aux instituteurs sur l'education. .aire (suite). (nite). -

La recitation à l'école pri-

La sensation et le sentiment. -Mémorial d'un instituteur

Partie pratique, -

Sujets donnés aux derniers examens des

(suite).- Echos des conférences. - Anecdotes scolaires,

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : •· P. PIGNAT, seorét. au Départ. de l'lnstruotlon publique, à Sion.


Sion, 15 Mars.

La présente livraison est double et contient en n• 8 une variété veille au St-Sépulcre, qu ·a bien voulu nous e?-'·oy-er Alf!1:io, et,.à l.aquelle l'apvrochc des fètcs de Pàqucs do1.ne un rcgam ù actualite et d mterêt. L& même numéro sc termine pal' le C'~rn pte-rrnùu du débat o11vert au Grand. Conseil sur le décret nllouant des primes d'encourngcmcllt au personnel enseignant. Celle ùemière vartie intéresse surtout nos lecteurs valaisans.

1887-88.

ORGANE DE LA.

• SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION •

----Avis à plusieurs Abonnés. L'abonnement de J'Ecole primaire (1 887-88) reste encore à payer poul" un certain nomhre de sunscriptcur:-;, du Cenl re pri ocipalement. Eo passan~ à no1re bureau dans le couraut Ùc' mars vour s'acquilter de leur dû, il& épar"neront quell[lleS menus frais de lloste et à l'éditeur la peine de leur "'a(lresser une carte de remhoui'scmcut. Au cas où celle-ci serait miseen circulation, elle porterait cu ou~re le mo1Jtant dû éventuellement pour foumilurcs scolaires. Prière de lui réserver bou accueil. Bien que nous ayons réclamé l'ahonueme11t à la plupart de nos souscriptcm·s. la faculté leur est laissée de JlOtiS indiqn€r ultérieurement la prime qu'il ; désirent a,·oi r. Cenx qni opteraient pon.r la Future Jténagère auront. tou tefois à nous envoyer fr. 1.10 pour rcecvmr cet ouvrage franco. Ce dernier ounage peul même 1cmL·c des seniccs à Ml\I. les instituleursr et pour ::;'en convainct·e ils JJ·ollt qu'à cou::;ulter la table des matières don~ bien :les chnpilres traitent ùc sujets le~ intéressant au même titre que c'c<>L le cas 1•our l\I'"•• les i nstilut ri ces. Nous la l'C!Jl'Oduisons de nouveau ci-après pour leur édification. . ~c us a-.ons réussi ft mettre la mn in sur un certain nom hre de Souvemrsde Te n-Sainte, pa1· Mario, dont nous croyions d'abord notre provision déjà ép ui~t·'e. Le choix de la prime resle ainsi libre entre les trois ouvrages indil 11és au début, ccci pour autant seulement que le nombre des exemplai res dispo11ibles des uns et des autres Je permeUrmt. j

Conf érenccs c::Pinstituteurs. H érens. - La conférence annoncée pour le 15 courant est renvoyée en rflison de l'inclemeJtcc de la température ct elu maurais étal des chemins Elle se ticndm ultérieurement aux wêmes temps et lieu que la 2m• conférence du district de Sion. * Nous attendons eiJCore une relation de la conférence qui a eu lieu * " le 23 1hrier dernier. à Ayent

PETITE POSTE M:M. L. B. à V., et L. C. à B. (Val:lis). Bien reçu le montant dtt pour abonn ement à l'Ecole primaire pour 1887-88. :Merci. L A FUTURE MÉNAGÈRE

Le!'tures ct leçons sur l'économi<; domestittuc, la science du ménage, l'hy;{ène et les connaissan~c~ ?écc"saircs ~ une maîtresse de maison, pa~ u. L'rnoQ.tinl' \VmTn. 3m• editwu~ cm·tonue 480 p_ages.

Conseils aux instituteurs sur l'éducation. Pour accomplir dignement. sn tâche, J'instituteur doit, av_ant tout. sc tellir en garde contre deux défauts auxquels sont suJ~ts healicoup de maîtres, à quelqne degré d'enseignement qu'lls appnrlierment. Crs deux défauts sont la routine et la satiété. Jl ne faut pas sc le dissimuler : tous les maîtres Ile deviennent pas plus habiles en avançm1l dans la carrière. Lorsqu 'ils sout très jeunes e.ncorc , mais q_n 'ils ont l'intelligence et l'amo.ur de leur devoir, et que le sentJ ment des convenances les preserve des écat'ls d'un zèle incousidéré, ils obtiennent quelquefois dans l'enseignemeut des succès auxquels, devenus plus âgés, ils ne peuvent plus atteindre. Est-ce parce que l'cnfanc~ ressen~ naturellement pour les jeunes maîtres plus de sympallnes, ou b1en est-cc pm·ce que n'ayant pas encore éprouvé de déception, ils attaquent les difO~ultés avec une ardeur d'espérance qui échauffe tout ce qui les entoure, et qui, plus tard, se reft•oidit en eux, et par suite au t?ur d'eux 'l Quoi qu'il en soit, ce fait est remarquable: et plus dun instituteur, en parcoul'ant une longue carrière: reconnaît avec regret que les premièt·es années de son enseignement ont été les plus belles. Ce regret~ on ne l'éprouverait. probablement pas si, veill.~nt assidûment sur soi-même, on avait su se préserver de la satteté et de la routine. La routine dans ce qu'on appelle les emplois n'est presque jamais un très grand maJ ; quelquefois mê-me elle est un bien : en dispensant l'employé de réfléchir, en réduisant sa tâ~he à un~ opération presque mécanique, elle lui en épargne l'ennm et ne lm en laisse que la fatigue ; or la fatigue use beaucoup plus que l'ennui. La tâche d'ailleurs n'en souffre pas, parce qu'elle ne consiste guère qu'à appliquer conlinucllement le même procédé à des cas semblables, ou pour le moins analogues. Mais, dans l'enseignement, l'intelligeuce et l'obsenration doivent. sans cesse être mises en jeu ; la routine expose à de pel'pétuels contre-sens, et elle est d'autan t plus pemicieuse que, favorisée, comme c'est l'ordinaire, par l'amour-propre, elle se fait illusion à elle-même,


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et voudrait que l'on vît en elle un produit combiné de l'expérience et de la raison. ., La satiété dans un maître, est plus dangereuse encore: J entends par là l'enntrl, le dégoût même qu'éprou.vent certaint-s perso!l~es à tracer sans cesse le même sillon, ce qm est pourtant la condltton imposée à tout homme, quel ~ue soit le. g~nre de son la~eur. Quel malheur pour les enfants d êl~e confies ~ un ~o~me qm est las de son métier, et, par une suite n.écessa1rr, a~gn. co~tre sa tâche et sinon mal disposé pour les éleves, du moms mdifférent pour leur progrès ! Comment leur apprendrait-il.à aimer leur devoir, lui qui porte impatiemment le far.deau du swn "t. . , , En outre, si l'instituteur veut travrull~r avec sucees al ~duca­ tion il se garantira avec soin de ces préjugés et de ces habitudes qui,' dans les écoles de tout genre, l'ann~len.t au profit de l'instruction. En général dans les écoles pr1matres, comme dans les colléges, il s'en faut de bea~coup. que l'éducation ait autant d.e succès que l'enseignement. L enseignement en effet, sous un maitre habile, y réussit presque toujours ; et c'es~ s~rt?ut parce que l'émulation y jette sa flamme, et. que les sucees 1ahmt-ntent. ER général ces succès n'exercent pas une mauvaise influence sur le cœur d~ l'élève: il est très rare qu'ils produisent l'orgueil, parce qu'ils sont vivement disputés, chèrement achetés,, entrecoupé~ de fréquents revers; et comme à cet âge on ne sait rten cacher, s.t ce funeste sentiment venait à se produire, les camarades en auraient bientôt fait justice. Malheureusement ces succès, inoffensifs pour l'élève, ont l'inco~vénient grave d'agir trop fortement sur l'esprit des par~nts, et d'exciter en eux une convoitise telle, que trop souvent, a leurs yeux l'instruction est presque tout et l'éducation peu de chose. L'instituteur consciencieux ne se laissera pas entrainer par cette erreur des parents ; il conservera à l'éducation sa véritable place, c'est-à-dire la première. · Suit-il de là que, pour donner cette bonne éducation, il doive en étudier péniblement les règles ? . , , . Non; pour réussir dans cett~ «_Euvr~~ tres P,eu d ~tudes speciales sont nécessaires. Les quahtes qm font 1 honnete homm~ et l'homme de sens font l'habile directeur de l'enfance. Cette raison éclairée par laqu~lle on sait se conduir~ soi-.~ême dal_ls les. diverses épreuves de la vie, suffit, et au d~la, à dm~e.r de,s ml~l~1gences naissantes ; et pourvu qu'à cette rruson éclatree l on J?Ign~ de l'énergie dans la volonté et de la douceur dans le caractere, Il ne faut rien de plus. . , . Ainsi donc, pour un maître, toute la sCienc~ de l éd~catwn se résume dans ces deux mots ; aimer son devOir et avon· du bon

Tout découle de là: l'amour du devoir donne les vertus de profession, et le bon sens en éclaire l'exercice. A qui n'a pas une raison droite les préceptes n'apprendraient · car ce n'est guère sur le fond même des préceptes que l'on 'douter ou errer, mais sur leur application, laquelle est suà mille appréciations diverses, et même à de continuelles Vouloir réduire en équations et théorèmes cette science, qui est tout intime et qui s'applique bien plus souvent avec spontanéité qu'avec réflexion, c'est tenter une œuvre absurde. L'institute~ t: maintiendra l'observation de ces règles par une exacte surveillance. (A suivre). La récitation à l't>cole primaire. (Suite)

Un effet plus général et plus élevé de la récitation littéraire tient au. plaisir que l'e.nfant trouve à cet exercice, à mPsure qu'il y réussiL davan tage. L enfant est fier de savoir par cœur un petit morceau de plus; c'est pour lui comme une C011quête ; par un mouvement naturel d'amour-propre, que Je maître modérera au besoin, il fait volontiers parade de sa mémoire, il y trouve occasion de se mettre en scène. L'effort qu'il fait pour bien rendre le dispose à en faire pour comprendre, et met de bonne beure en jeu toutes ses jeunes facultés. Si les enfants des classes aisées nous apportent à l'école un esprit plus vif et plus ouvert que ce~x d~s classes p~uvres, c'est, en grande partie, le plus souvent, à 1habitude de rec1ter des fables dans leurs familles qu'ils doivent cette précoce supériorité. Ils ont ainsi pris une avance que les autres ont de la peine à regagner. On sait quelle difficulté l'écolier éprouve à s'exprimer pour son propre compte..Le plus souvent, quand on l'interroge, il reste ~u.et et confus, m~ms encore par ignorance que par timidité. En ms1stant, on ne lm arrache que des monosyllabes. La récitation en lui faisant exprimer les idées d'autrui lui donne de l'assuranc~ e~ le _famil!arise avec l~ parole. Parler ~t penser se touchent de SJ pres, smvant la maxime des philosophes • L'homme pense sa parole et parle sa pensée •, 4ue l'enfant habitué à dire de mémoire un pe~it r~cit, une scène, une leçon de morale à sa portée, parlera de lm-meme avec plus de confiance. sur toute autre cho~e. Aussi, je ne crains pas de poser ce nouvel axiome ou, si l'on veut, ce paradoxe: • Voulez-vous que l'enfant réponde bien sur le système métrique? faites-lui dire des fables de La Fontaine .• 1~ va sans dire, ou plutôt il ne faut pas craindre de dire et de -redire que, pour avoir cette bienfaisante influence, la récitation


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ne doit pas être ce qu'elle est trop souvent, une répétition méca. nique des mots et des phrases, incohérente, confuse, anonnée, hésitante, coupée de repos inopportuns, sans égard au sens ni à la ponctuation. Ce doit être la reproduction de mémoire d'une lecture bien faite, dont le maître donne les principes, la mesure et, autant qu'il peut, le modèle. C'est moins un exercice de mémoire que de diclion, avec l'intonation naturelle, l'accent vrai 1a ponctuation raisonnée; c'est une œuvre à la fois d'intellige~ce, de sentiment et de goût qui, n'ayant rien de commun avec ta ·déclamation théâtrale, a sa place marquée dans l'école, sans la changer en succursale du Conservatoire. En deux mols, la récitation c'est la lecture sans livre, la meilleure des lectures. Quant on parle de la récitation, dans la famille ou à l'école, le premier nom qui se présente à l'esprit est celui de La Fontaine. La Fontaine ! voilà, en eJJ'et, malgré les célèhrcs boutades de Jean-.Jacqucs Rousseau et de Lamartine, l'auteur privilégié de l'enfauce: ce qui ne l'empêchera pas d'ètre J'écrivain de l'âge mCtr el de la vieillesse, tant que nous serons sensibles au charme de la mei lieure des langues ct dociles à l'autorité de l'expé-rience et rlu bon sens. C'est une chose digne de remarque, que les auteurs le~ plus assurés de se survivt'e sont ceux dou~ les écrits entrent le plus facilement dans la mémoire des écoliers. Sans doute l'enfant lrouvcl'a dans les plus humbles fables de La Fontaine des détails au-dessus de son niveau, des mots vieillis oo. des formes archaïques, des allusions à des choses disparues, traits de finesse ou de satire qui lui échapperont, sans compter les conseils d'une morale un pen terre à terre et les révélations un peu trop franches sur l'homme et la société ; mais il merveilleusement l'ensemble ; jJ aime le mouvement et la vie de chacun de ces petits drames; il comprend on croit comprendre le langage de leurs acteurs, sans savoir encore à quel point les bêtes représentent l'homme) dans cette • comédie à cent actes divers •. n s'associe à leurs passions, il épouse leurs querelles; il y prend un rôle, le plus beau, naturellement, ou celui qu'il croit tel, et qui n'est trop souvent, dans l'apologue, comme dans la vie, que celui du plus fort. Dans ses jeux, l'enfant veut toujours être le vainqueur, jamais le vaincu ; dans les fables qu'il apprend, il sera le renard plutôt que le corbeau, le loup plutôt que l'agneau, la chat qui croque la belette et le petit lapin, plutdt que ses deux imprudents justiciables. Il se moque volontiers des dupes et n'a pas toujours assez d'indulgence pour les victimes. • Cet âge est sans pitié, • dit le fabuliste lui-même. C'est à nous de lui inspirer de la sympathie pour la faiblesse, sans lui dérober celLe grande leçon : que les malheurs de l'homme, comme les

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aéconvenues des animaux de la fable, viennent le plus souvent de ses propres fa~tes. Mais La Fontame ne sera pas le seul poète de l'école malgré &out ce qu'il présente de charme et de ressources. So~ grand admira~eur,,Fén~lon, no_us o~~e\ avec des intentions morales plus marquee~, 1 admn:able s~mplictte de sa prose. Florian nous apportera aus~I U? petit con~wge~~ ~e fabl~s parfaitement appropriées au prem1er age par Ja s1mphette du SUJet, la justesse de Ja morale l'intérêt du récit. Quant aux autres fabullstes qui ont écrit spécia~ Jement pour J'enfance des recueils entiers où une moralité irréprochable prét~nd tenfr lieu de tout, nous leur ferons bien peu d'e.mpru~ts. D abord, 11 leur manque, en général, un ingrédient fil est a sa place partout~ même dans la littérature destinée à 1enfance :. Je talent. En~m~e, leur morale, si pure, si édifiante, est celle d un monde art1fic1el et de fantaisie où la Providence comme un Dieu de théâtre (Deus ex machin~) intervient à pro~ pos, où Je vice .est toujo~rs puni, la vertu récompensée, où l'innocence est sauvee par m1racle des atteintes des violents: Les agneaux ont raison, les loups ont toujours tort. Rêv~s enfa.~tin~ •. dont on p~ut bercer agréablement le premier somJ?eil de lmte:h.gen~e, ma1~ dont il faut épargner les fausses ma~1mes ,et \~s. ~1msenes sentimentales à la mémoire, dès qu'elle

denent 1 auxllrarre de la raison.

(La fin au p1·ochain numéro).

LA SENSATION ET LE SENTIMENT D'après un livre de M. l'inspecteur général Vessiot.

(Article du Manuel géneral de l'Instruction primaire).

. Les. maîtres et les maîtresses sont souvent embarrassés. quand il s'~g_tt de présenter à leurs élèves, dans une mesure convenable et ver:tt~blement appropriée, les q~elques données psychologiques nécessrure,s po_ur appuyer les prmc1pCs de morale qu'ils sont chargés d ensmgner. lls ne savent pas toujours se tirer des form~~es abstraite~, clair~s peut~être pour leur propre esprit, mais qu Ils sentent b1en séveres, bien sèches pour l'esprit moins mûr des enfants. . Aussi avons~ nous ét,~ heureux de, r~ncontrer! dans un livre que nent de publier M. lmspecteur general Vessrot sous ce tiLre : J>:;ur .nos_ e111[arnts, un spécimen d'une de ces leço~s toujours difficiles a fmre, dev~:~nt lesquelles pourtallt il est impossible de reculer quand on a affaire à de petites intelligences curieuses, vives, déjà un pen formées, et qm commencent à sentir le besoin de notions exacles _su~ les ~h?ses et de mots précis pour les exprimer. Aussr bren d ailleurs nos lecteurs trouveront-ils dans ce joli


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livre, tant pour eux-mêmes que pour leurs élèves, petits ou sous la forme de causeries, de récits, de dialogues, voire de poésies faciles et aimables, toutes sortes de provisions leur ensl:'ignement moral et · civiqne, d'excellents thèmes théorie ou de pratique, de pratique surtout, d'une doctrine élev~ fortifiante, tout à fait digne de l'auteur des deux beaux livres de l'Education et de l'Enseignement dams l'école, et que M. Vessiot lui-même résume dans ces vers adressés aux enfants et qui servent d'épilogue :

_ Et pourquoi ? _ Mais parce que le bruit de la scie déchire les oreilles, tandis que le chant des oiseaux est si doux! _ Ainsi, mon enfant, vous distinguez sans peine ce qui est agréable de ce qui est désagréable, et vous ne pouvez pas vous y tromper 'l - Oh ! non, madame. _ Mais savez-vous aussi distingue-r ce qui est bien de ce qui est

L'oiseau qui vit longtemps Sur les monta éclatants D'une neige éternelle, Devient aussi b1anc qu'elle. Faites comme l'oiseau : Dana la région pure Du vrai, dn bien, du beau, Vivez par la lecture. Dans l'air sain, votre cœur Fleurira de lui-même, Et gardera la fleur Qui fait que l'on vous aime.

Nous ne saurions trop y insister, ce livre, fait, comme l'indique son titre, • pour nos enfants • et qui leur plaira, paece qu'ils y sen tiront l'impression très sincère de réalités prises sur lP vif, et d'autant plus saisissantes et attachantes, ne s'adresse pas directement aux maîtres, pour peu que, sous les deh0rs simples et sans apprêt des développements destinés à l'intelligenee enfal}o tine, ils sachent discerner les hautes visées du moraliste cateur. Ceci posé, revenons à notre leçon modèle : il s'agit, ni plus ni moins, dans cette leçon, de distinguer la sensation et le sentiment M. Vessiot y met en scène une maîtresse causant avec un jeune élève. c Mon enfant, savez-vous distinguer ce qui est blanc de ce qui est noir 1 - Oh ! oui, madame. - Et pourquoi î - Parce que le blanc est le contraire du noir. -Et ce qui est bon à manger, le distinguez-vous mauvais 1 - Oh ! certainement madame. - Et pourquoi, Charles 1 - Parce que l'un fait du bien, et l'autre fait du mal. - Et le bruit de la scie, le confondez-vous avec le chant oiseaux 'l - Oh! non , madame ; quand on entend la scie, on se sauve, et quand on entend les oiseaux, on se r approche pour écouter.

mal · 1a ma1tresse • IciY l'enfant parut h'eslter; repr1't : c Ùne bonne action et une mauvaise, est-ce la même chose~ - Non, puisque c'est le contraire. - Mais comment les d is tin gu ez-vou s~ L'enfant resta en silence, r egardant sa maîtresse, comme pour trouver la réponse dans ses yeux. c Est-ce que la bonne action est d'une couleur, et la mauvaise d'une autre ~ » L'enfant se mit à rire en secouant la tête. «Est-ce que la bonne action est d'une odeur, et la mauvaise d'une autre 1 » L'enfant rit de plus belle. c C'est peut-être que l'une est ronde et quG l'autre est carrée 1 • L'enfant crut que sa maîtresse se moquait de lui et baissa la tête. c Nous voilà bien err:barrassés; si les actions n'ont ni co uleur, ni odeur, ni forme, ni rien de semblable, par quoi les distinguerez-vous~ Quand vous voyez un enfant battre son camarade, est-ce que cela vous fait plaisir Y - Oh! non! madame. - Et pourquoi ~ - Parce que c'est mal de donner des coups aux autres. - Et quand vous voyez un enfant relever son camarade qui est tombé, l'embrasser, le consoler, est-ce que cela vous fait de la peine~ - Au contraire, madame ! - Et pourquoi Y - Parce que c'est bien. - Et, si, au lieu de voir battre un camarade, c'est vous qui le battez, êtes-vous bien content après l'avoir battu Y L'enfant fit signe que non. « Et si c'est vous qui l'avez ramassé, embrassé, consolé, est-ce que vous êtes mécontent Y est-ce que vous ne sentez pas au-dedans de vous une sorte de bien-être Y - Oh! pardon! madame, r eprit vivement l'enfant. - Eh bien, nous voilà hors d'affaire, cette fois, nous avons trouvé le moyen de distinguer le bien du mal. Quand on voit commettre une action mauvaise, on éprouve de la pdine ; quand on voit faire une bonne action, on ressent du plaisir, et si, au lieu de les voir faire, on les fait soi-même, alors le plaisir est plus grand, si l'action est bonne, et la peine plus vive, si l'action est mauvaise. » A ce moment, on entendit du bruit dans la cour; la maîtresse ouvrit la porte et vit arriver un enfant de six à sept ans, qui pleurait


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104 à chaudes larmes et poussait des cris déchirants; elle courut à lui, le prit dans ses bras, et, en essuyant les larmes du pauvre petit, elle s'aper çut que le sang coulait de sa tempe. Un mauvais garnement avait suivi l'enfant qui se r endait à l'école, lui avait pris son panier et, en s'éloignant, lui avait jeté une pierre à la tête. ' Après l'avoir essuyé, bandé, et consolé de son mieux, la maîtressse revint près de Charles, qu'elle trouva tout triste et le cœur gros . «Eh bien 1 mon enfant, qu'avez-v ous~ lui dit-elle. » L'enfant ne répondit pas, et deux grosses larmes jaillirent de ses yeux. La maîtresse avait compris. «Vous voyez, mon enfant, dit-elle, ce que c'est qu'une action mauvaise, et quelle peine elle vous cause. Mais ne pleurez plus, la blessure n'est pas grave, heureusement, et votre petit camarade sera bientôt guéri. » L'enfant une fois remis et reposé, la maîtresse continua : « Ainsi, Charles, quand vous 'avez fait quelque chose de bien , quand , par exemp1e, vous avez donné a nn pauvr e, vons éprouvez du plaisir? - Oui, madame. - Et quand vous mordez dans un bon fruit, un e poire fondante, ou quand vous croquez des dragées, Yous éprouvez du plaisir aussi~ - Sans doute, dit Charles, à qui ces mots de poire et de dragées avalent fait venir l'eau à la bouche. - Mais est-ce que ce plaisir est semblable à l 'autre~ Charles parut surpris de la question. « Je vous demande si vous éprouvez le même plaisir à consoler un malheureux ou à manger un gâteau ~ - Pour cela, non, madame, ce n'est pas la même chose. - Et en quoi ces plaisirs diffèrent-ils l'un de l'autre 1 L'enfant resta sans répondre; il cherchait, mais ne trouvai t pas. « Quand vous mange::r. le gâteau, oil sentez-vous dn plaisir?» Charles porta le doigt à la bouche, qu i s'entr'ouvrit instinctivement comme pour laisser entrer le gâteau. ' « C'est cela, di t la maîtresse, c'est dans la bouche, c'est au palais, que vous sentez le plaisir. Et , qu and voJ.s faites une bonne action, où eprouvez-vous du plaisir 1 Est-ce à la bouche aussi 1 - Oh 1 non, mn dame. - Dans l' oreille ~ - Non. - Dans le nez ~ - Non, non. - Dans les. mains 1 dans les pieds 1 - Non, non , non , non. - Où donc alor s 1 Charles se regar dait comme pour trouver la place qu'on lui demandait. « Ne serait-ce point par ici~ dit la maîtresse on faisant un geste. -Ah 1 oui, c'est là J s'écria l'enfant en portant vivement la main droite à gauche, au-dessous de l'épaule.

Où, là 1 comment cela s'appelle-t-il~ -Le cœur. Ah enfin l Oui, c'est dans le cœur . -Mais est-ce que cela produit dans le cœur le même effet qu' une - agréable produit dans la bouche, une odeur agréable dans le

~Oh 1 non,

madame, il n'y a pas de rapport. _ Et à quoi tient cette d ifférence~ Charles ne r épondit pas , et il eut r aison ; quand on ne comprend le mieux est de se taire. La maîtresse pour suivit : Est-ce qu'un bon fruit ou une bonne odeur ressemblent à une action~

-Pas du tout, madame. _ Alors, si les causes ne se ressemblent pas, pourquoi les effets ressembleraie nt-ils ~ Nous avons cinq sens, vous le savez, Charles; plaisir ou la souflrance que nous ressentons dans nos sens, c'est sensation,· le plaisir ou la peine que nous ressentons dans notre ou pour mieux dire dans notre âme, s'appelle sentiment. Ce pas bien difficile à distinguer. » L'enfant paraissait comprendre; mais la maîtresse voulut s'en . Elle poursuivit : « Est-ce que la sensation et le sentiment s'accordent entre eux ~ » La uestion n'était pas assez claire ; l'enfant ouvri t de g rands yeux, une explication. qu'une sensation agréable produit toujour s un sentiment ....,"'"'"'" ~ )) de r éponse. cNe vous est-il jamais arrivé de dérober un fruit, un mor ceau de encre 1» L'enfant r ougit lég·èrement et baissa les yeux; la maîtresse se contenta de cette réponse et continuant : « En mangeant ce fruit ou ce morceau do sucre, cela vous faisait plaisir à la bouche, cela vous causait une se~.sati on .agréablA ; mai~, au-dedans de vous- môme, est- ce que vous n eprouv1ez pas un sen tlment pénible, en songeant que vons aviez dérobO ce fruit si savoureux 7 - C'est vrai, madame, fit Charles d'un air tout honteux. - Vous voyez donc, mon enfant, que la sensation et le sentiment me vont pas toujours d'accord, et qu'un même acte peut causer du plaisir aux sens et du déplaisir à l'âme. Vous apprendrez plus tard que nous devons nous effor cer de les mettre d'accord, et qu'il ne faut pas accorder à nos sens des plaisirs qui mécontentent notre âme. Mais c'est assez pour aujourd'hui. Tenez, comme vous avez bien écouté, 'oilà une belle pomrne. l\fordez- y hardiment; votre palais la trouvC'ra bonne, ct votre conscience ne la trouvera pas mauvaise'.>>

Est-ce là une application de la fameuse méthode socratique? (')Pour n•IS en{Ctltts, petites récréations moraleR, pa.r M. À. Vessiot, in8pecteur gtin6ral de J'enseignement primo.im, avec 48 illustrations de Georges Boux ; 1 vol. in-12, 2 fran cs. Lecène et Oudin, P aris, 1881.


i06 Peut-être bien; Je nom d'ailleurs n'y fait rien, mais nous mandons la chose. Et, si nous n'en avons pris qu'un peu près au hasard, dans le livre de M. Vessiot, les mattrea trouveront bien d'autres, s'ils veulent se donner comme plaisir de l'étudier et de le goûter. ' C. IIÉIIORIAL D'UN INSTITUTEUR (EnToyé par un régent valaisan). (Suite) 6 décembre 188 ... -Ce soir, je viens de recevoir une lettre de mes collègues encore jeune instituteur, et qui voit tout en devant lui. Il n'y a que deux ans qu'il a quitté l'école normale et trouve donc dans toute la plénitude de ses forces physiques et l ectuelles. A l'école normale il passait pour un bitcheur, comme dit, et se distinguait par son zèle pour l'étude · il était modèle dans l'accomplissement de tous ses devoir~. Aussi ses l'est~maient-ils beaucoup en raison des éminentes qualités espt'It et de son cœur. Malheureusement, depuis qu'il est entré dans la vie s'est. relâché pour l'étude ; et, en comparant ses corre~spon1~art111 d'auJourd'?.ui avec celles, assez bien rédigées, qu'il sortir de 1 ecole normale, on serait tenté de croire ue tre a complètement mis de côté ses livres, car il a beaucoup perdu. Pourtant un instituteur qui n 'aime pas n'étudie pas, aura bien vite oublié le peu qu'il a acquis si ~"·'"Lilt:Jum sur les bancs de l'école normale. TI ne sera même bientôt de pouvoir remplir sa belle et noble mission comme ille ~'expérience ne nous démontre-t-elle pas tous les jours que q01 n'avance pas recule. Ceci est vrai dans toutes les carrières pa_rtant l'i~~tituteur a l'obligation de chercher, plus que d'autres ra1son de _l1mportance de ses ~onction~, tous les moyens possibles se perfectwrmer, afin de se mamtenir a la hauteur de sa tâche· il tombera bientôt dans la routine, et les espérances qu'o~ fond ées sur l_ui s'évanouiront comme une neige de t~utes l_es pemes que ses maîtres s'étaient données pour le l, mstr~1re seront perdues, et il finira par ravaler le rôle d'institutem a c~l01 de mercenaire, de manœuvre à la journée, qui attend sa et :•e~ de plus. Un ~areil instituteur exerce sa profession pour et Il vtvra pour ne rien faire. . Il n~gligera le. cœur et l'~sprit des enfants qu'on lui aura Il gaspillera le tresor remis a ses soins. Les talents même que le Createur lui avait départis da~s cette inactivi~é et lui deviendront inutiles. Lorsque le m<)mi~DI: arr1vera de se presenter pour l'obtention du brevet définitif, regrettera amèreme~t de s'êtr e ainsi laissé aller à la paresse, et il ne manquera pas de fal.l'e la plus piteuse mine devant les examinateurs. ,.Dans s.~n intérêtje.vais lu,i écrire pour l'engager à se remettre à ~ et~de s Il veut contmuer 1 enseignement. Il faut aussi que je lui md1que les moyens de se perfectionner.

i07 PARTIE PRATIQUE (L'Ecole et la Famille). STYLE EPISTOLAIRE . ( LOUIS A PAUL)

maire: Louis raconte à son frère l'exécution d'un de ses compa8 ~ons d'armes, nommé Dulord, fusillé pour s'ê7r~ révolté contre ~on lieutenant. ~a fin ~alheureuse ~e D~l~rd .~ete la conséquence de sa mauvaise educatwn. ExhortatiOn a l obe1ssance. DÉVELOPPEMENT:

X ... mars 1888. Mon cher frère, Un spectacle effrayant nous a été donné ce matin; j'en ai l'âme encore terrifiée. Un de nos compagnons d'ar mes vient d'expier, sous une grôle de balles, un a•·.te de rebellion contre son chef. . , . . . Nature violente et mflextble, Dulord ne savatt, n a_v a1t Jamats su se soumeure a aucune discipline. Dès sa plus tendre enfance, tl avatt gouverné père et mère; à t5 ans, sa présenc~ intimidait _toute 1~ maison; chaco~, redoutant sa mauvaise humeur, prévenatt, pour avmr !a patx, ses mille. c~pnces ~e plus en plus extravagants et insupportables. Enfin la conscnpllon arnva. et Dulord laissa ses parents dans les larmes, mais l'ingrat ne trouva pas une bonne parole pour payer leur dévoûment: il partit en chanta~t. Une fois enrôlé. il crut pouvoir continuer son genr_e de vt.e : _partout et toujours il voulait dominer, commande_r, or~onner. Plem de dedatn pour ses égaux. il traitait ses chefs comme des mféneur~. _Essayer de te d_1re. tout~s les ava nies qu'a dû subir cc pauvre garçon serait 1mpo~s1ble. Il a fatt SI~ mo~s de service, je pourrais dire six mois de galère, tOUJOU~~ traqué, mcprts~, bai Bien loin de corriger ce naturel sauvage, le_s ~unmo~s et les mépns n'avaient fait que l':.igrir et l'exas~érer. Il y a trOIS.J?Urs, tl répondit msolemment à une observation de son lteutenant: la pumuon ne se fit pas attendre. Dulord furieux se précipite sur l'officier _sans défianc~: e~ le re.nve-~se d' Jn coup de crosse de son fusil. Il l'aurait tué, st quelques ~th:_a1res, tem_mns d'une ~cène dont les suites s'annonçaient si tragtques, , n. avatent empOigné l'agresseur qui fut écroué à l'instant, en atte~dant la dec1s1on ù~ con~etl de guerre. Comm e le délinquant n'en étai t pas a son prem1er essat de revolte, la sentence a été terrible et sans appel. Puisse la fin malheureuse d~ Dulord te bien convaincre, mon cher rrère, de la nécessité de l'obéissa nce. Pratique cette vertu à la maison et à l'école: le succès de ton avenir dépend de là. . . Je t'envoie une lettre bien sérieuse; mais la scène du malin n'étatt pas faite pour inspirer la gaieté, et il est très naturel que l'œuvre porte l'empreinte de l'ouvrier. . Adieu, cher Paul, donne-moi bientôt des nouvelles de nos bons parents, Je t'embrasse de cœur. Lours. Après avoir dicté le sommair e, le maître l_i~a le sujet. à, ses élèves afin de leur faciliter leur tâch e. L es composttlons des eleves seront corrigées avec soin par le maître après quoi l e modèle leur sera s eulement dicté. I Questions à répondre par écrit. t. Quelle est la nature du sujet 't ~- Pourquoi y est-il dit que Louis a été terrifié 't 3. Quelle fut la cause de la mort de ce compagnon d'armes ?


109

fOS ,.,, Quel était son caractère? 5. Que faisait-il à _la maison paternelle? 6. Comm~nt se falt·il qu'il quitte ses parents en chantant lorsqu'il partit au serv1ce '! 7. Comment nomme-t:on ceux 9ui n'ont pas de cœur? 8. Quelle fut sa condulle une fo1s au service ? 9, Pourquoi lui faisait-on subir des avanies? 10. Devait il être b~::ureux au service? tf.. Qm·l effet avaient produit sur lui les punitions? n. Pourquoi n'a-l-il pas amélioré son caractère? i3. Quand doi t-on se former il. la vertu d'obéissance? u.. Une fois grand e~t-il facile de se défaire de ses mauvaises habitudes ? 15. Quels so~t a r.et egar~ l~s devoirs des parents envers leurs enfants? 16. Qu~ dev1ennent ord1na1rement les enfants qui ne sont pas corrigés J: Unes? i 7. q_uels sont les devoirs Jes ~~rants e,nvers leurs parents'! J8. Citez quelques exemples t1res de 1histoire sainte d'enfants punis pour , s'être ré~oltés eontre leurs parents. !9. Comment rep~nd1t Dulord aux observations de son lieutenant? 20. Que fit-1 1 ensuite'! 2L Pourquoi l'officier n'a-t-il pas été tué'! 22. Qu~ fil-~n. de r.e malheureux jeune homme? 23. Qu en d~c1da le Conseil de guerre'! 2~. Pourquo1 la sentence fut-elle si sévère? 25. Quelle _rés?lotion doit vous inspirer cet exemple si frappant'! 26. De_quo1 depend surtout l'avenir des jeunes gens'! 27. Qm nous co~~ande d'obéir a nos supérieurs? 28. A quels ~~peneurs ayons-n_ol!-s surtout il. obéir dans le jeune âge? 29. Ces supene~rs sont-113 obllgP.s de nous punir lorsque nous manquons à nos dev01rs '! 30. Comment devons,-nous accueillir les punitions qu'ils nous infligent pour allénuer nos v1ces '! li Analyser oralement ou par écrit les mots suivants : 1. Effrayant. - 2. nllt~re. - 3. discipline. -~- sa présence.- 5. maison. - 6. redo_utant. - ~- mille. - s...dévouement..- 9. dédain. - iO. égaux. H. P?UrraJs.- 12. d_rre. - - !3. ha1. - i~. offic1er. - 15. s'annonçaient. 16. depend. - 17. adieu. - i8. embrasse. - t9. cœur.

m

Donner le sens des termes suivants : Te~rifiée -:- _balles - inflexi()le - caprices - conscription - ingrat enrôle - ~edam - ava01es- gal~res- traqué - exaspérer- insolem· ment .- lieutenant - .crosse - scene - trag1ques - agresseur - écroué - délinquant - empremte. IV Invent~r les compléments manquants: 1. Mo~ ame, est encore terrifiée parce que... 2. fi y1ent. d ~tre fusillé parce que... 3. li rnt1m1da1t toute la maison .. ~- A vingt ans arriva ... 5. Il quitta en chantant... 6. Il voulait dominer par... 7. On le méprisait par ... 8. Nous devons nous corriger quanLI ...

g, 11 faut touj~urs répondre ... 10. Les mauv~rs exemples. nous... . u On doit furr les mauva1ses cornpagnres... Dieu, pa~ s?n quatrième commandemerrt, nous ordonne... 13. DésormaiS Je veux être... . . ~~- Il faut que mes parents et mon mattre sotent...

n:

v RÉPONSE DE PAUL

Sommaire: Paul fait part a son frère des résolutions que lui a suggérées J'histoire de Dulord. Il lui raconte ensuite un trait de dévoûment d'Eugène son condisciple. Celui- ci pénètre dans une maison où venait de se déclarer un incendie, et arrache à la mort un petit enfant a moitié asphyxié par la fumée. R. -M. DICTÉE

Nous sommes toutes tout étonnées et toutes stupéfaites de la dictée que J'on nous a fait faire. Quel salmigont.lis de règles grammaticales l Quelque grande que soit notre eu lie de ne pas faire de fautes elle nous a paru trop d1tiic!le pour ne pas nous embarrasser. Nous nous sommes laissé tromper a canse de quelques rusés participes, cachés sous des Oeurs. Mais le peu .de connaissances que nous avons acqu1ses sous la drrect1on de notre chere institutrice nous ont fait doubler sans trop de rnal ce cap grammatical des tempêtes. De _soi-disan~ difficultés nous _out été dictées, mais nous no~s soo~t~ mes demande, en écnvant cette horrrble page de gramm;me fabncant a foison des cas inusités, quel a été le fabricant Je cette étonnante composition. Celles que nous avons ente nd~es dicter jusqu'ici n'étaient pllint pareilles. Que nous en avons vu pleurer de Jeunes compagnes, lorsque M. le pneur nous a dit gravement: Donnez vos compositions, nous al_lous les comger; e~.c~pté les deux premières vous aurez tuutl•s plus de tro1s fautes. Toutes les eleves qui se sont succédées dans celt6 école se seraient laissées tomber par terre en entendant ces mots terribles. La dictée qui précède, dans laquelle l'élève a fait deux fautes aux participes entendu et succéder, a été donnée dans une école de Martigny-Ville. E. G.

Sujets donnés aux derniers examens des recrues. (Voir les précédents aux n•• 3, 5 et 6).

CALCUL ORAL X. 4. Une caisse pèse 68 kil., une autre 59 kil. Combien pèsent les deux ensemble 1 3. Une famille emploie journellement 5 litres de lait. Combien cela fait-il pour octobre, si le litre co ûte 18 cenU 2. 6 macons ont du travail pour 15 semaines. Combien de te~ps emploieront 4 maçons pour faire le même travail 1 1. Une lettre de change de 500 fr. est payable a 5 mois de date. On désire l'encaisser de suite. Combien doit-on laisser au banquier s'il de mande un escompte de 2 0/0 par mois 1 XI. 4. Un paysan achète 4 fourches a 80 centimes. Il donne une


HO pièce de 5 fr. Combien reçoit-il en retour en espèces 1 3. Un cheval coûte 825 fr. Si vous payez avec des pièces de 5 fr., combien vous en faut-il Y 2. 250 cigares coûtent 11 fr. 50. Combien coûte chacun~ i. On vend une forme de fromage à 95 fr. et on perd 25 fr dans cette vente. Combien perd-on pour 0/o. • XII. 4. Titus va à la foire avec 74 fr. et achète pour 75 fr. de drap. Combien lui reste-t-il Y 3. Une _administration de_ ~hemins de fer paye 50 fr. pour smer et fendre 200 v1e1lles traverses. Combien paye-t-il pour chaque traverse 1 2. Un conducteur de chemin de fer reçoit i/4 de centime pour chaque billet qu'il retire. Combien de billets a-t-il retirés pendant trois mois, s'il a recu i5 fr. de provision! i. On achète une caisse de savon pour 350 fr. et on la reve~d en gagnant 45 fr. Combien gagne-t-on pour 0/0t XIII. 4. Comb1en coûtent 6 livres de viande à 0,65 c. 3. Une recrue r eçoit 0.50 de paye par jonr. Combien reçoitelle pour un cours de 45 jours 1 2. Quel est l'intérêt de 8000 fr. dans 3 mois au 4 i/2 OfOY i. Un campagnard assure pour 3800 fr. sa r écolte co ntre la grêle. Il paye l fr. 75 pour la police et i i/2 fr. p. o;o de la somme assurée. Combien paye-t-il? XIV. 4. Une pièce d'étoffe a 63 mètres de long, on en achète i7. Combien en reste-t-il Y 3. Pour payer une dette de 28 fr., Titus r emet du lait à 0.20 le litre. Combien de li tres doit-il donner 1 2. Une v_ache consomme 30 stères d ~ foin en un hiver. Que rev1endra le foin pour 4 vaches, si le stère vaut 6 fr. 50? i. Quel est le capital qui donne i3 fr. d'intérêts en 3 mois au 5 o;o 1 XV. 4. Un,garçon a gagné 58 fr. Il ach ète une paire de souliers a 8 fr. et un chapeau à 3 fr. Combien lui reste-t-il1 3. Gombien de lard peut-on acheter avec 5 fr. 40, si la livre coûte 0.90 centimes' 2. Une servante devait r ecevoir un salaire de 246 fr. l'an. Combien reçoit-elle pour 7 mois Y i. On creuse une fos8e de 5 m de longueur sur 4 de largeur et .4 ~/2 ~e profondeur. Combien de voyages un char d01t-J! fa1re pour emmener les matières si chaque voyage équivaut à om 8 cubes 1 ' XVI. 4. 76 recrues ont été visitées un jour et 88 l'autre. Combien ont été visitées en tout 1 3 . Co~bien de mètres d'étoffe peut-on acheter avec 88 fr. SI le mètre cmlte 3 fr. 2. Avec i5 fr. on achète 2 i /2m d'étoffe. Combien de mètres pourra-t-on acheter avec 33 fr.~ i. Un ~archand a~hète des cigares à 40 fr. le mille. A quel priX devra-t-ll vendre le cigare pour gagner le 50 o; o'

Hi 4. Combien coûtent 6 kil. de cerises à 0.45 le kil. t 3. Combien coûtent i8 mètres d'etoffe à 7 fr. le mètre t 2. Un jardin a 30m de long sur 20 de large. Combien vaut-il si on donne 4 fr. du mètre carré 1 1. Combien de mètres d'etoffe peut-on acheter avec 42 fr. si le mètre vaut i fr. 3/4 1 4. Si une livre de pain coûte 21 centimes, combien coûteront 8livres t 3. iOO balles coûtent 25 fr. Combien coûtent 801 2. On achète des pommes à 7 fr., 8 fr. 50 et 9 fr. 40 le quintal. Quel en est le prix moyen 1 1. Je paye pour ma rente qui est de 2700 fr. un impôt de fr. 2 2/3 OjO. Combien est-ce que je paye en tout 1 4. Un commercant conduit 63 brebis au marché et en ramène 37 â la maison. Combien en a-t-il vendu 1 3. Combien gagne en 9 jours un ouvrier dont la journée de travail vaut i fr. 80 1 2. Une livre de sucre coûte 48 centimes. Combien coûtent i i i /2 livres 1 1. 'I'itus reçoit 340 fr. pour 5 quintaux de farine et perd en tout 10 fr. Combien perd-il pour 0/0 ~

Echos des conférences. lierre. - Notre conférence pédagogique s'est tenue à Gr_ône! le 7 mars,

la présidence de M. l'iosper.teur Bagnoud. Tous les msllluteurs du répondirent à l'appel. MM. Hopfoer, directeur de l'Ecole normale; Pigna!, secrétaire au Départe· ment de l'Instruction publique; Neurobr, préfet; les Rev. curés des pa~o1sses · ; les délégués des Administrations et des Commissions scohures de et de Lens, nous honorèrent de leur présence et nous grat•fièreut de boos avis. La lecture du protocole fut suivie de la constitution du bureau. MM. Gillioz, IDstituteur à St·Léonard. et Pierre Rey, instituteur à Lens. furent nommés le premier vice-président et le second secrétaire. Huit instituteurs désignés par Je sort donnèrent ensuite lecture de leurs compositions. La lecture de ces rapports donM lieu à une discussion intéressante à laquelle prirent part les membres honoraires et 7 ou 8 instituteurs. Voici les conclusions généralement admises : L'influence que l'instituteur exerce sur les élèves et les parents est grande Ill il doit en tirer parti, non·seulement pour leur inculquer un certain bagage d'instruction, mais surtout pour les rendre meilleurs, plus moraux et p!us yertueux. Pour atteindre ce but l'instituteur doit: i• Donner le boo exemple en tout et partout et être lui·même profondé· ment religieux ; t• Gagner le cœur de l'enfant, convaincre ce dernier de la nécessité de la .. prière; 8° Habituer l'enfant à voir la religion partout; raire aimer la vertu et bau le vice ; &' S'efforcer de couquérir l'affection des enfants; 5• S'adonner surtout à l.t lecture des bons livres tels que la vie des Saints; 6° Exercer une surveillance active pendant l'école et bors de l'école;


Division des parties et chapitres.

7• Combattre par· de bons procédés les mauvaises inclinations des 8° Faire ensorte que la rt:ligion soit l'âme de l'enseignement, et souverainement bienfnisanlt! est son intluen~e sur la socié Avant de terminer la conférenee proprement !lite, M. le directeur nous fit remarquer la faiblesse de nos recrues, en particulier pour la et nous recommanda surtout l'enseignement de cette branc.he, au laquelle il nous présenta au tableau noir des données statistiques santes pour appuyer sa démonstration. M. Rey-Merrnet, notre collè fi t connaitre ensuite le syllabaire illustré, dont il recommanda au ment l'introduction ou au moins l'essai comme préférable à ce possédons actuellement. Il vanta aussi les avantages des cartes semi·ruuettes pour l'enseigncrnent de la géogtaphie, et produisit tics tillons a l'as~istance. La sé<tnce fut d• ··n ~:, ou ne peut mieux rempl1e. A 2 b., M. io curé de Grone !lous !lt observer qu'ri était !Jerrni~ de même en c;~rème. Autorisés par cette permission, no u ~ fimes le meil accueil à la trHditionnelle raclt:ltc, arrosée par les meilleur~ cnls, le tout néreuse ment offert par la commune de Grône. Notre ag~pe fraternelle se mina de la rnauii·re la plus gaie et la plu:; agré.1ble, agrûrnentéc ou ali qu'olle fut jusqu'au bout par IL-s toasts et les rhants. 11. P.

PARTiE. -:Notions préliminaires. i. La famille et Je foyer domestique. 2. La. de ménage. 3. De l'esprit de famille.. ~ De l'éco nomie domestique. PARTIE. - Organùation morale d~ la maiso11 et qualités d' une lionne ménagère. prévenance. 2. Les fêtes et réunions Lie fami lle. 3. Devoirs du voisinage. !,.,. La et la bibliothèque de la maitre3sc de maison. 5. Du rôle de la ftlmmtl dans l'é· des enfants. PARTIE. -Organisation maté?"ielle et administr ation économique de la maison. Apprentissage de l'écon~rnie d~mesti que 2. Des. qualités de 1~ bonne ménagè.re. De l'économie. 4,, Emplo1 de la JOUrnée d'une maltresse de n.a1son. 5. InstallatiOn ménage. 6. Distribution intérieure de la maison. 7. Cuisine. office, boulangerie, les et accessoires de euisioe. 8. Des domestique~. 9. Blanchissage et entretien du Entreuen et conservation Lies aliments. 11. Des travaux à l'aiguille. t2. Des os. t 3. Manière d'ordonner un diner. i 4,. De l'apprentissage de la cuisine. i5. élémentaires de cuisine. t 6. La fer me ct la fermière. i7. Le jardin potager. Chauffage et éelairage. !9. Recettes et connaissances utiles. - 20. De la comptabi21. Conseils d'hygiène.

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OUVRAGES ET M ATÉRIEL S COLAIRES

Anecdotes scolaires.

**~: Un hiver dou.-r;. - Dans une école de village, Je curé fait une et demand!l au petit Xavier: -Pourrais-tu mc dire quand nous i~V ons cu uu hiver doux? -Oui M. le curé, c'est l'hiver passé. - Comment ça? - Oui, le régent était malade. * Une maitresse d'école, essayant d'expliquer à ses élèves la ~~g·m[loa,; tion de la repentance, se ser vait de cette comparaison: Supposez, mes qu'un méchant garçon soit pris en flagrant de vol; qu'il vole une pomme, exemple, et que sa maman la lui retire des mains en lui exprimant tout chagrin que lui fait éprouver cet acte coupable. Ne croyez-vous pas que petit garçon, lui aussi, aura du chagrin ? Une jeune élève: • Oh! oui, mam'zelle. • - Et pourquoi, ma chère P Parce que. - Parce que quoi? - Parce qu'il n'a pas pu manger la avant que sa maman la lui reprit.

**

....

L'article paru dans notre dernier numero et intitulé

lectures personnelles de l' Institute_ur, nous est signalé contenant dan s la liste y m entionnée des ouvrages qui ne être recommandés à des instituteurs chrétiens. L'auteur a, en effet, oublié de rayer de cette nomenclature plusieurs volumes à l'indetll ou peu avantageusement connus, comme les Essais de Montaigne, l'Entendement humain, de Locke; l'Emile, de Rousseau; les Œuvre• de Rabelais, l'Histoire des systèmes d'éducation, par Compayré. Si nos lecteurs ont encore des critiques à présenter sur les autres ouvrages spécifiés dans ladite liste, qui a passé inaperçue pour n ous au moment de son impression et correction, nous les prions de s'exprimer. Nous tenons, en effet, en ce qui nous concerne, à conserver à l'Ecole primaire le cachet profondément chrétien qui lui a été imprimé au RÉDACTION. début.

AUTEUR LABI VE

• •

XXX. XXX.

GuYAU.

TITRE

& FLEURY. Grammaire prépm·atoù·e, (5-! 5)

Catéchisme du diocèse (5-15) Ami de l'enfance, ·1•• livre de lecture, iQm• édition, (5·20) L ivre de lecture (li vre de l'élève), (10 30) •

»

(livre do maitrP), (l0·4.0)

PR IX. - 60 -50 -60 ! 50

2 5C

l!.'léments de géog1·apltie a l'u5age de.c; écoles prim. (5· i0) • BouRQWARD. Bible illustrée a l'usage de la jeunesse (fH 5) • S. M. Méthode de lecture corrl'Spondant avec les tableaux du même • J ST. W. Abrégé d'histoù·e de la Suisse, suivi d'un précis d'inst. civ.(5-i5) • XXX. Eléments d'arithmétiquP, suivi de 2000 exercices et problèmes à l' usage des écoles primaires. (:S ~0) i Recueil de chants pour l'école et la famille, précédé d'une méthode élémentaire et d'un petit solfège (5·25) i • PERRIARD et GOLAZ. A1tx !'(crues suisus, opuscule spécialement desti né

XXX.

aux élèves des cours de répetition (5-20) • LAROUSSE. Dictionnaire complet de la lao gue française, ill ustré, (25·60) • J Nouveau dictionnaire de la langue française, illustré, (25-60) DEBTEXHE. L'éducation à l'école p1·imaire au moyen de l'intuition et du styiP, cartonné (5-25) • LEUZINGER. Carte de la Sttisse poor les écoles (papier japonais) (2-5) SOWLER. S uj ets et modèles de leçons de choses (5· 10) }SSARTlER, Culture des ar bres fruitiers à tout vent (:) t 5) HEINRICH. Nouvelle méthode de calcul oml (maitre) (5 -:1.5) Géogmphie illust1·ée de la Suisse, (i0-30) WASER M éthode analytique de style (année préparatoire), (5-20) f rère P. » (ire année). (6·20) , (2• année), (5-20) Le L ivr e d•• .Maître pour chacun d,;s cours, (10·35)

50 3 'iO 2 75 2 50 - 50 i - 60 i 30 i i 20 i 20 i 20 3 -

1JnereJBi s c d n 10 °/0 est uccordé e s n r l e Jtri lll: d es o uvr ages JBarqnés d ' a n * au personnel euseignant et, d ' nue mani ère généra le, &Dlll: autorités eommnnales et d é taillants . MODE D'EXPÉDITION Les chiffi·es ( ) en r egard ùu prix des ouvrages incliquent la valeur respective à ajouter au co!lt du livre suivant qne l 'expédition en a lieu en Suisse ou à l 'étranger. Le 1•• chiffre fixe le port pour l'intérieur de la Suisse, le 2m• celui de l'extérieur. Pour les envois j usqu'à 5 fr. les timbres-poste de tous pays sont accept6s en paiement.


Nr 8 de L'ÉCOLE PRIMAIRE L'expédition contre remboursement ne peut avoir lieu qu'en Suisse; pour l'étrange~: expédie après réception de la valeur par mandat postal ou timbres-poste, d'aprlla' indications qui précèdent quant au cotit et au port des ouvrages demandés. En Suisse, 25 c. par 2 '/2 kg.; 40 c. par 5 kg.; 70 c. par 10 kg.

UHOIX D E UA.NTiftUES UA.THOLiq à l'usage de l'église, des écoles et des familles, recueillis par F.-O. professem· au collège et organiste de la cathédrale de Sion. c Ce recueil, dilla Oœcilia, excellente petite publication éditée par M. J. Boncourt (Jura-B.), est un des meilleurs de ceux qui ont paru en Suisse, et il sera utile dans les écoles et dans les paroi~ses pour les offices extra liturgiques. •

Ajoutons que ce recueil comprend 70 morceaux dont voici les titres 3. Cantique de St-Aiphonse de Ligori.- 4. !leur de Marie. - 5. La mère de miséricorde.- 6. Au saint cœur de Marie. - 7. m; re des proscrits.- 8. Cantique des pèlerins. - 9. Hommage à la sainte Vierge. i O Je vous salue, Marie, - 1i. Jan ua cœli. - n. Invitation au culte de Marie. 13. Le mois de Mai. - H. A la reine du ciel.- 15. Lamèred'affiiction. -16.L' -17. Le saint nom de Marie.- t8 0 domina mea. - i9. Vas in6igne devotionis. 20. Regina martyrum. - 21, 22. Ave maris stella. - 23. 2'~. Ave Marie. -- 25. 26. l'l Litania lauretana. - 28. Louanges a I'Eurharistie. - 29. Hrec requies mea in sreculqaÏ sreculi.- 30. Ego dorm!o et cor meum vigi!at. - 31. Discite a me quia mitis sum humilis corde. - 32. O. esca viatorum. - 33, 34, 41. 0 salutaris. - 35. Verbum pernum. - 36. 0 esca viatorum. - 37. Jesus Deus, amor meus. - 38. Panis •·ns.- 39. Ave verum. - 40. Anima Christi. - 4,2. 4,3, 4,1~, 4,7. Tantum ergo.Pange lin gua. - 4,8. Adora mus te. - 4,9. 0 boue Jésu. - 50. Pendant l'A vent. 5i. Gloria. - 52. Sur la venue de Jésus-Christ - 53. Dans la nuit de Noël. llymnus S. Dernardi de S. No mine Jésu. - 55. Regret et amour. - 56. Sur le de la croix.- 57. Vere languores nostros. - 58. ln dominis quadragesirnre. Résurrection de Notre·Seigneur. - lnvocation à l'Esprit saint.- 61, 62. Veni C - 63. La Trinité. - 64,. Saint Ange gardien. - 65. Te Deum laudamus. - 66. catholique. - 66. Cantique pour la. bonne mort. - 68. Cantique de S. Franço,s- '"""A•' -. - 69, 70. Motets. t. 0 sanctissima. - 2. Cantique. -

Ce recueil coûte 1 fr. 20 seulement. Toute personne qui en demandera douze 12 recevra gratis le 13m•. On expédie contre remboursement. ATELIER DE RELIURE

J ean HERMANN SION- 4, rue du Château- SION Se recommande pour tous les ouvrages concernant son état. Prompte exécution. - Prix modérés.

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veille au St-Sépulcre PAR

MARIO.

Une nuit de veille au St-Sép~lcre 1 Cela. ne vous . -1 rien? - Pour moi, à hmt ans de distance, ce dit-I enir me remue le cœur. Je le sens battre et exulsouvomme au lendemain de cette nuit passée à c6té ter · M a1tre. d11 ctombeau de mou d'Ivm . comprt!nez-vou s bien, je vous le demande, le pn:x. d'une telle faveur? Quand je veux en mei>ur er .t~ute l'étendue, l~ sentint de ma petitesse me sa1slt; et devant Sl grand 111 ~vilé<re mon âme se combe et fléchit comme le bras pn "' ' . sous la gerbee. Les bontés de Dieu sont insondable~; c'est _mon cri de reconnaissance. ~~ renferme en lm CA que Je ~e suis pas capable d'expnmer autrement. Q?-e p~urra.s­ 'e dire de plus, pauvre ver de terre que JB su1s? l Au nombre des actes de dévotion qni~ntra1nent u~ pèlerinage à Jérusalem, il en est un qm est de ~radt­ tion la veillétl au St-Sép ulcre. Quand le pèlennage coïn'cide avec la se'?laine saint~, c'est la ?uit du j.eudi au vendredi., la nmt. des supreme~ agomes de !esus, ue les fidèles cho1s1ssent P?ur veiller. av:e~ Lm. q Mais pour accomplir ce p1eux ~evo1r, 11 ~mport~ de se rendre à son poste avant le s01r, ce qm constitue un réel emprisonn ement, attendu qu'au coucher du soleil les Musulmans chargés, de la garde de la~b~si­ lique en verrouillent l'entrée qm reste fe~·m~e JUSa'a~ matin. A aucun prix, en t emps ordmaue, on ~'obtiendrait d'eux une infraction à cette règle. Ce n'est qu'à de très rares exceptions, et en vertu d'un concordat entre les Latins et la Subllme Porte, qu'à c_ertai.ns jours désignés, le pacha gouverneur de la VIlle va porter avec tout Je cérémonial d'usage, _les ~lef~ de l' éahs~ du St-Sépulcre au consul françaiS qu1, a l'exp1;ati.on du terme co~venu, doit à son tour les restituer avec la même étiquette. . . . Pour qüi n'a jamais Vlsité les Lteux samts, 11 est impossible de se représe~~er le mou'.'ement q~r rè?ne jour et nuit dans la bas1hque, et qm penserait y etre seul pendant les heures de veille, serait bientôt désabusé. Tandis que dans la ville, tout repose, et q~e le silence quasi sépulcral de ses rues obscures ferait erone qu'au dehors toute rcspiratio~. a cessé, - autour du saint tombeau, foyer de lum1ere et de v1e, les lampes toujours allumées, des hommes venus de t.o~s les coins du monde pou r rendre hommage au d1vm Crucifié, le cantique de& cultes divers, en font le reu~


-- 98 dez-vous de la grande famille humaine. On n'y est ja mais seul, et la variété des types et des costumes ; o.ffrtl un inépuisable sujet d'intérêt, - une tour de Babel, avec la différence que ces inconnus, gens de toute langue et de toute couleur, sont d'accord sur le plu~ grand de~ mystères, la résurrection de Jésua. Chnst, - celm sur lequel reposent leur foi et leur espérance. Et ces hommes~ qui ne s'étaient jamais rencontrés auparavant, et que la même pensée réunit pendant quelques heures autour d'un tombeau, n'ont aussi qu'un seul cri de ralliement: Christ tlst ressua. cité 1 Ces souvenirs sont inoubliables. Dans ces typee orientaux entrevus dans la pénombre des hautes voo.. tes, agenouillés devant quelque chapelle écartée, à la lueur rougeâtre des lampes, on croirait voir les rois Mages venus de loin, guidés par l'étoile, pour adoadorer le Sauveur.

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:1< * les c6tés flanquée L'église du St-Sépulcre, de tous de couvents, n'a qu'une seule porte dégagée qui ouvre sur une petite cour dallée, l'entrée proprement dite. Quatre nations, outre leurs chapelles 1·espectives y ont aussi leur habitation. Les Franciscains ont leu; couvent et leur chapelle au nord du tombeau de Notre Seigneur. Les Grecs sont à l'est, les Arméniens au sud dans une partie de la galerie, et les Cophtes ont à l'ouest deux ou trois chambres qui leur servent de logement. Comme les portes en aont ordinairement fermées, les Turcs étant en possession des clefs, les religieux qui y demeurent ne peuvent sortir à volonté, t:t n'ont de communication avec l'extérieur qu'au moyen d'un guichet pratiqué Jans la porte d'entrée, par où on introduit jour par jour leur nourriture. Les religieux de l'ordre de St-François qui y représentent le catholicisme sont au nombre de douze. On les renouvelle tous les trois mois, car c'est un séjour humide et malsain. L'empereur d'Autriche, FrançoisJoseph, qui visita les Lieux-Saints en 1869, leur a obtenu de la Sublime Porte, la jouissance d'une pPtite terrasse au-dessus de leur couvent. Bien que celle-ci n'ait aucune vue sur la ville à cause de la grande élévation des constructions voisines, elle leur procure néanmoins une échappée sur le ciel, et le bienfait d'un peu d'au pur. Les pèlerins qui, pour assister aux ofilces de nuit, désirent recevoir l'hospitalité dans ce couvent, peuvent en obtenir l'entrée moyennant une demande préalable, mais vu l'exiguïté de l'appartement réservé aux étrangers, le nombre des admissions en est très-limité. Les fêtes de Pâques étaient passéeR depuis quelques

99 lorsqu'à ~on tour j'obtins cette ~utorisation. JC'était le 10 avril, une. de ces dates qm marquent daDB l'existence du pèlerm. Un peu avant le coucher du soleil, je pénétrai avec elques autre_s personnes dans la basilique, dont la quorle barricadee à grand brult de verrous et de fer~ille se referma bientOt après, nous laissant prisonniers' volontaires sous l'amplitude des vastes nefs dont l'ensemble forme l'église du St-Sépulcre. Qui vo:Jdrait y pénétrer seul pour la première fois à l'entrée de la nuit, aurait grand peine à s'onenter, nonseulement en raison de l'immensité de l'édifice, mais surtout à cause du maoque de symétrie qu'il présente, par suite de l'agglomération successive sur un seul point d'une multitude de chapelles et de plusieurs couvents. oUl'S,

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* première nef, ainsi que Après avoir traversé une le chœur des Latins, nom que l'on donne à l'espace qui s'étend entre le saint Tombeau et la chapelle grecque, on arrive à celle de Ste Marie-Madeldne, en face de laquelle, dans un enfoncement obscur, on distingue une porte de sordide apparence. Habituellement fermée, elle ne s'ouvre aux étrangers que sur la présentation de leur billet d'admission. C'est l'entrée du couvent franciscain. Un escalier trés sombre conduit au premier étage. Un autre, encore plus raide et plus noir, vous mène à une pièce assez vaste destinée à ceux qui viennent y faire des retraites, ou tout simplement comme nous, y passer la nuit. Deux grandes fenêtres ouvrent dans l'intérieur de la coupole, audessus de l'édicule même du St·Sépulcre. Nous y étions à peine depuis quelques minutes, que Fra Giuseppe, un des frères convers chargé du service des étrangers, vint nous apporter le modeste repas que les religieux ont coutume d'offrir à leurs hôtes. Là encore, comme dans tout le cours de notre modeste voyage, l'hospitalité franciscaine, ingénieuse à prévenir nos besoins, veillait sur nous. L'obscurité était venue. Elle eû.t été complète sans le reflet des nombreul:!es lampes suspendues autour du Tombeau. De la chambt·e élevée où nous étions, on pouvait distinguer dans la pénombre le va et vient dols pèlerins très-nombreux cette année-là. (C'était en f880.) Notre Pâque était passèe, mais cellA des Grecs approchait, ce qui expliquait suffisamment l'aflluenc~ de ceux-ci. Dans la ville on comptait les Russes par milliers. Ils encombraient les couvents Pt les h ospices appartenant à leur cocfession. Dévotion touchante que celle de ces multitudes de pauvres paysans, dont la suprême ambitio n est de visiter les Lieux saints


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dez-vous de la grande famille humaine. On n'y est ja. mais seul, et la variété des types et des costumes y offra un inépuisable sujet d'intérêt, - une tour de Babel, avec la différence que ces inconnus, gens de toute langue et de toute couleur, sont d'accord sur Je plus grand des mystères, la résurrection de Jésus. Christ, - celui sur lequel reposent leur foi et leur espérance. Et ces hommes~ qui ne s'étaient jamais rencontrés auparavant, et que la même pensée réunit pendant quelques heures autour d'un tombeau, n'ont aussi qu'un seul cri de ralliement: Christ tlst ressuscité 1 Ces souvenirs sont inoubliables. Dans ces types orientaux entrevus dans la pénombre des hautes vodtes, agenouillés devant quelque chapelle écartée, à la lueur rougeâtre des lampes, on croirait voir les rois Mages venus de loin, guidés par l'étoile, pour adoadorer le Sauveur.

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* * les c6tés flanquée L'église du St-Sépulcrt-, de tous de couvents, n'a qu'une seule porte dégagée qui ouvre sur une petite cour dallée, l'entrée proprement dite. Quatre nations, outre leurs chapelles respectives, y ont aussi leur habitation. Les Franciscains ont leur couvent et leur chapt-Ile au nord du tombeau de Notre Seigneur. Les Grecs sont à l'est, les Arméniens au sud dans une partie de la galerie, et les Cophtes ont à l'ouest deux ou trois chambres qui leur servent de logement. Comme les portes en aont ordinairement fermées, les Turcs étant en possession des clefs, les religieux qui y demeurent ne peuvent sortir à volonté, t:t n'ont de communication avec l'extérieur qu'au moyen d'un guichet pratiqué dans la porte d'entrée, par où on introduit jour par jour leur nourriture. Lr.s religieux de l'ordre de St·François qui y représentent le catholicisme sont au nombre de douze. On les renouvelle tous les trois mois, car c'est un séjour humide et malsain. L'empereur d" 'riche, FrançoisJoseph, qui visita les Lieux-Sai . en 1869, leur a obtenu de la Sublime Porte, la . \ssance d'une pl'· tite terrasse au-dessus de leur couvent. Bien que celle-ci n'ait aucune vue sur la ville à cause de la grande élévation des constructions voisines, elle leur procure néanmoins une échappée sur le ciel, et le bienfait d'un peu d'au pur. Les pèlerins qui, pour assister aux offices de nuit, désirent recevoir l'hospitalité dans ce couvent, peuvent en obtenir l'entrée moyennant une demande préalable, mais vu l'exiguïté de l'appartement réservé aux étrangers, le nombre des admissions en est très-limité. Les fêtes de Pâques étaiPnt passéeR depuis quelques

jours lorsqu'à mon tour j'obtins cette autorisation. C'était le 10 avril, une de ces dates qui marquent dans l'existence du pèlerin. Un peu avant le coucher du soleil, je pénétrai avec quelques autres personnes dans la basilique, dont la orte barricadée à grand bruit de verrous et de fer~aille se referma bient6t aprés, nous laissant prisonniers' volontaires sous l'amplitude des vastes nefs dont l'ensemble forme l'église du St-Sépulcre. Qui vo:1drait y pénétrer seul pour la première fois à l'entrée de la nuit, aurait grand peine à s'orienter, nonseulement en raison de l'immensité de l'édifice, mais surtout à cause du manque de symétrie qu'il présente, par sui~e de l'ag~lomération successive sur un . seul point d une mulhtndA de chapelles et de plus1eurs couvents.

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* première nef, ainsi qne Aprés avoir traversé une le chœur des Latins, nom que l'on donne à l'espace qui s'étend entre le saint Tombeau et la chapelle grecque, on arrive à celle de Ste Marie-Madeleine, en face de laquelle, dans un enfoncement obscur, on distingue une porte de sordide apparence. Habituellement fermée, elle ne s'ouvre aux étrangers que sur la pré· sentation de leur billet d'admission. C'est l'entrée du couvent franciscain. Un escalier trés sombre conduit au premier étage. Un autre, encore plus raide et plus noir, vous mène à une piéce assez vaste destinée à ceux qui viennent y faire des retraites, ou tout simplement comme nous, y passer la nuit. Deux grandes fenêtres ouvrent dans l'intérieur de la coupole, audessus de l'édicule même du St-Sépulcrc. Nous y étions à peine depuis quelques minutes, que Fra Giuseppe, un des frères convers chargé du service des étrangers, vint nous apporter le modeste repas que les religieux ont coutume d'offrir à leurs h6tes. Là encore, comme dans tout le cours de notre modeste voyage, l'hospitalité franciscaine, ingénieuse à prévenir nos besoins, veillait sur nous. L'obscurité était venue. Elle eû.t été complète sans Je reflet des nombreu:,es lampes suspendues autour du Tombeau. De la chamb1·e Mevée où nous étions on pouvait distinguer dans la pénombre le va et vieni des pèlerins trés-nombreux cette année-là. (C'était en f880.) Notre Pâque était passée, mais celle des Grecs approchait, ce qui expliquait suffisamment l'affiuence de. ~eux-ci. Dans la v~lle on comptait les Russes par m!lhers. Ils encombra1ent les couvents 1:1t les hospices appartenant à leur cor::fession. Dévotion touchante que celle de ces multitudes de pauvres paysans, dont la suprême ambition est de visiter les Lieux saints


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au moins une fois dans leur vie. Puissance de la foi quand elle est faite de candeur et d'humilité 1 Pour y arriver, ni fatigues, ni privations, riep -e lea abat, rien ne les rebute. Même beaucoup d'f' eux font le voyage pieds nus, par mortification. Déchausses, leurs souliers à la main, daus leur pittoresque costume national, hommes et femmes par groupes, humbles, recueillis, ils stationnaient devant la porte du Tombf'an, attendant leur tour d'y entrer. Par intervalles et d'un commun accord, ils enton. naient en chœur les hymnes suaves de leur rite. J'a. vais souvent entendu parler de la beauté de cee chœurs populaires, mais sous ces hautes voûtes 80• lennelles, le lieu et l'heure leur prêtaient comme un rayon de la gloire céleste, - chants d'amour et de foi, où la douceur, la paix, une paix mcomparable - dominaient tous les autres accents. On eût dii l'âme humaine dégagée de sa chrysalide, rachetée et triomphante, planant déjà au-dessus des déserts de ce monde. Après, tout se taisait. La mélodie s'éteignant comme une flamme, nous laissait palpitants et émus. Lea chanteurs aussi disparaissaient dans la brume, et dea profondeurs lointaines de la basil:que , montaient comme des bouffées d'encens, les intonations harmo. nieuses de leurs cantiques.

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Dans une nuit comme celle-là, il y a une douceur ineffable à s'agenouiller du Calvaire au saint Tombeau, dans tous les sanctuaires consacrés par la Passion de Notre Sauveur; et le spectacle des diverst-s communions chrétiennes, unanimes à reconnaltre malgré les principes exclusifs qui les séparent, le dogme de la Réderr.ption , - ne sert qu'à mieux faire embrasser la charité sans bornes de Celui qui, en mourant sur la croix, a réuni dans une seule pensée de miséricorde les nations de tous les bouts de la terre. A matines , la sonnerie des ·Latins , Gt celle des Grecs, lancées à tout carillon, secouèrent le silence qui peu à peu avait fait place à l'animation des premières heures. Nous étions en prière dans la cha· pelle franciscaine de l'Apparition, ainsi nommée en souvenir de la rencontre en cet endroit de Notre Seigneur avec sa très sainte Mère, lorsque dernére nous, une rumeur soudaine, pareille à de grands bruissements d'ailes, nous fit tressaillir et déloger dé là. C'é· taifmt les moines arméniens. A grands coups d'en· censoir, et avec force signes de croix, ils venaient accomplir devant l'autel de la colonne de la Flagellation, je ne saiR quelle prescription de leur rite. Il me llem-

f01 }es voir encore ces hommes de fière venue, au ble 8 franchement asiatique, belles têtes bronzées cou· typ nées de hautes tiares, et revêtus de leurs habits ronerdotaux aux riches étoffes chamarrées, dont les 111 ~ lourds se déroulaient avec le bruit que fait un PistlllU de proie en élargissant ses ailes. Dans la de~-obscurité qui les enveloppait, leur défilé ressemblait plu~ à un décor de féerie, ou à une scène des }fille et une Nuits qu'à toute autre chose. sur le mati':~, qui se trouyait être ~ré~isément le tour anniversaire de la Dédtcace de l égllse du StSépulcre nous allâmes entendre les deux messes basses ue les Pères Franciscains ont le droit de lire jour~ellement sur le saint Tombeau. Quand nous sortimes de la chapelle de l'Ange qui lui sert en quelque sorte de vestibule, et où stationne l'assistance, le jour commençait à poindrP, emplissant l'église d'un crépuscule fauve. Bien que les · Musulmans n'eussent pas encore ouvert la porte, une foule, qui semblait avoit· surgi de terre, éparpillée çà et là, se pressait autour des différents sanctuaires ; et tous ces types divers, contemplés la nuit à la lueur V!lcillante des lampes, idéalisés par le clair-obscur, se montraient sous l101ur vrai jour pâlis par la veille, - mais tous quels qu'il:! fussent' nègres ou blancs, arabes ou syriens, slaves ou grt!c~, italiens ou français, avec leur nationalité bien écrite sur le front.

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Aujourd'hui, elle est bien* loin cette nuit mémorable - là bas, là bas, avec la ville aux blanches co~p0les et ses horizons sacrés, mais ni l'élotgnement, ni les années ne peuvent effacer ce que l'on porte gravé dans le cœur. Les jours passent, les souvenirs restent, car la pensée aussi est une voyageuse qui marche sans cesse et toujours retourne en arrière.

Ier Débat du Grand-Conseil du Valais dtt déct·et acc01·dant des pn'mes d'encouragement au pe1·sonnel enseignant primaire. (Session de Nov.1887).

L'ot·dre du jout· appelle la discussion du projP.t de décret concernant les primes d'encouragement à accorder au personnel enseignant. MM. les députés Delacoste Oscar et ZumTaugwald, présentent le npport do la Commission:

Ce n'est point sans hésitation qu'en présence


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de ce projet la Commission a cru devoir 1 ser à la Haute Assemblée l'entrée en rr têrepo. ~ien ~u~ tous les ~e~bres de la Comwissi.oo s01ent desll'eux, aussi bien que le Graod ·Conse') ~~ le Co~seil d'Etat, de favoriser et d'encoura e~ lmstructwn de notre intéressante J. eunf3sse · bg1·e . t à cœur de voir progresser ' cetteQ qu'1 1 s aien b~a~~he, source si féconde richesse et de pros. pente pour notra cher pays; bien qu'ils soient tous impatients. ~e vRir sous. ce rapport nos jeu. nes _gens acquenr lmstructwn nécessaire pour attemdre enfin un degré satisfaisant su1· l'écbello des e;Xamens .pédagogiques ,; néanmoins ils ont cru s apercevoir .que le proJet, tel qu'il est pré. Renté, ne pourrait pas remplir les désirs et les vœu~ de la Haute Assemblée, ni atteindre d'une mamere suffisante le but qu'il s'est proposé. D'a~tr~ part, à la simple lecture du projet, la C,ommidsiOn a. cr~ se convaincre que celui-ci n est pas tout-a-fa1t conforme à la décision de la Haute Assemblée du 21 Mai dernier. En troisième lieu, la Commission aurait désiré qu'il. lui fût présentè . uu. état aussi. ex~ct que possible, de tous les mshtuteut·s et mshtutrices qui pourraient être mis au bénéfice des encoura. gements projetés, afin de pouvoir se rendre un compte approximatif de la dépense nécessitée chaq?e année pou1· le pays par l'application de ce decret. . Mai8, en l'abse~c~ de la pièce qu'elle vient d'in· d1quer, la Comm1sswn est restée à peu pt·ès dans le doute et danR le vague sur ce point si impor· tant et si capital. Toutefois, en présence de l'invitation e t du vo~e formel de ,l'Assemblée, elle n'a pas cru de· von· renvoyer 1 examen du projet de déct·et, et elle propose l'entrée en matière, mais en prenant pour base les conditions contenues dans la décision prise par la Hautf3 Assemblée en séance du 21 Mai dernier. La discussion est ouverte sur l'entrée en matière. M. Roten, Chef du Département de l'Instruction publique, ne comprend pas l'hésitation de la Commission à exécuter une décision formelle du Grand-Conseil. Ce serait offenser la Haute As-

ne

103 que de croire qu'91le puisse revenir de 1111 ' wd,..é... c.i-sion. L'état nominatif que la Commission, 11 demande lui a été remis, et elle a pu y voir que 65 instituteurs sont appelés à recevoir la valeur du

crédit.

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M. Debonl Lou"'· appme , la propos1t10~ d~ la Commission. Il est1me que l auteur du proJet s est écarté de la décision du Grand Conseil prise le sat Mai dernier, qui n'accordait la prime qu'après 6 ans de professorat. Or, le projet admet une prime périodique que l'on verra figurer chaque année sans la discuter. C'est ici qu'est l'abus. On ne doit pas poser le jalon cette année, car il n'y aura pas de raisons pour s'arrêter plus tard dans ceUe voie, et les autres employés cle l'Etat, dont Jes cheveux auront blauchi à son service, vien· dront aussi demander une pl'ime. L'Etat, selon Je projet, n'intervient en rien dans la distribution de ces primes : tout est laissé à l'arbitraire de J'inspecteUI'. On a vu un inspecteur chasser un élève avec lequel il n'était pas en communion d'idées, et faire fi de l'avis du conseil de la commune. L'orateur ne:; peut admettre cela dans une république. Le projet établit aussi une concurrence entre les instituteu::s du Haut, du Bas et du Centre. des récriminations s'élèveront. Un régent peut avoir Lien travaillé, mais ses élèv~s n'ont pas l'épondu à ses efforts et il n'aura pas de prime. Où irons-nous, avec ce système î Il y a aussi à considérer la question financière sur laquelle l'orateur n'est pas d'accord avec le Chef du Département. D'après les rech~=~rches qu'il a faites, il a découvert que 213;) instituteurs et in· stitutrices ayant obtenu la première et deuxième note, participeront aux primes. Ce qui élèvera la somme annuelle à 9000 frs. L'orateur indique un autre moyen de stimuler les régents, c'est d'appliquer sérieusement la loi scolaire qui fixe le minimum de leur salaire. Il propose donc de ne pas entrer en matière. M. le Dr Lorétara, constate que la Commission unanime propose l'entt·ée en matiè1·e. M. Debons n'est pas de cet avis. Quant à celui qui parie, il salue avec joie tous les efforts dirigés vers l'amélioration de notre instruction primaire. On ne peut se dissimuler qu'on aborde un domaine


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où nous somm~s restés en arrière dans notr C~nton. On a dit que la cause de ce retard .e sait s~rtout dans la position financière et to glgraphique ~e notre pays. · Mais, puisque nous ~:: no_n~ de vo1r que nos finances viennent de s'ameho.rer, mettons-nous .à l'am~I·e pour donner à nos Je~nes gens une mstruchon propot·tionné aux exigences de IR vie pratiqufl moderne. Fai~ sons nos efforts pour procuret· à nos population u_ne bonne. et solide instruction primaire. A l'ho~ nzon politique se dresse de nouveau le spectr de la Centralisation. Pom· chasser le Schulvoa: prenons des mesures énergiques. L'orateur ;c: cepte donc avec plaisir ce décret, il l'accepte comme acompte de nouveaux progrès à réaliser da~s ce d?maine à l'avenir, et de nouvelles allocatiOns qm suivront celle-ci. M. f1oten Lé~n. Chef du Département de l'In. struct10n. publHJUe, répondant à M. Ls Debons est. surpns d'ent~nàre, des r;~ngs de. ces citoyen~ qm trouvent qu en fait d InstructiOn primaire n?us sommes .~ans un rang infurieur, d'entendre d~so_ns-nous, s el~ve•· des voix pour arrêter l'élan genereux que v1ent donner le projet de décret pour r~leve~ notre instruction primaire. L'at·t. 2 du proJet repond à M. Debons. Il porte que pour ceux dont la classe n'aurait obtenu que le note II pour le progrès, la confé~·ence des inspecteurs préavise sur la prime à accorder. en tenant compte de la valeur du personnel enseignant et des cirstances indépendantes de sa volonté. . • ~'élève d.ont a. pa l'lé M. Debons et qui am· ait e.e l'envoye, avait commis un acte d'insubordi~ation. Il devai~ se soumettre à la loi. - Le proJet, avec ses prtmes annuelles, stimule los régents à ~'obtention du brevet définitif. Il ne mérite pomt I.e re~t·oche de M. Debons, reproche incomprehensible de la part de ce dernier, qui ne ve?t pas, entrer en matière et I'epousse ainsi toute prime. d .encoura~ement. La proposition de la CommissiOn. ~e ~eumt pas, comme le projet, cette double qualite d encourager et de récompenser. Elle charge trop le budget en une seule année. M. Evéquoz, Président de la Commission reconna}t que celle-ci aurait pu, comme M. le' Chef du Departement le dit, prendre des renseigne-

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ments suffisants au Département de l'Instruction publique sur la dépense qu'entraînera pour l'Etat ie projet de décret, non seulement pour cette année mais pour les années suivantes. L'orateur partage en p lein les idées de M. Loretan. Le projet de décret a pris naissance en p r ésence d'un vœu exprimé par le Conseil d'E tat dans son rapport de gestion, d'accorder au personnel enseignant des primes de récompense et d' encouragement. M. Debons é tait présent à la décision prise au Grand-Conseil, invitant le Conseil d'Etat à pré· senter un projet de décret à ce sujet. Est-il convenable après cette décision, de ne pas entrer en matière~ Les molifs ont-ils changé depuis Mai dernier~ E:St-ce bien digne de l'Assemblée de revenir si tôt de sa décision 'P On peut différer sur le mode de distribuet· ces primes, mais sur la question de principe on doit êtt·e d'accord. L'orateur s'étonne qu'un député ose venit· dire que ces primes ne sont pas nécessaires, quand on examine le niveau de l'instruction primaire du canton. Pour élever ce niveau, il faut encourager le personnel enseignant, il faut le retenir pat· une rémunération, sinon, attirés p a t· l'apport d'autres emplois plus lucra tifs, les instituteurs déserteront leur poste. La note obtenue par nos recrues dans les examens a dû froisser notre amom-prüpre. Eh bien, à qui la faute 'P Ce n'est pas à la loi qui est très bonne, pas au GI·and-Conseil qui ne refuse rien quand on lui demande des subsides pom l'instruction. On doit attribuer cet abaissement à la position topographique de notre pays. Les pères de famille ont besoin de leurs enfants p01Jl' les aider à la cult ure d8s terres et aux soins du bétail. Mais précisément à cause de ces in· convénients, nous devons travailler à faire disparaître ce tte différence si choquante dans le degré d'instruction de nos recrues eL de celles des autres cantons. Parlant de la dépense qu'entraînera le projet pour le Canton, M. Debons, avec son imagina tion ardente, est venu avec des chiffres fantastiques. Il nous parle de 9000 ft·s par an. Il faut en rabattre la bonne moitié. Et c'est avec de pareils arguments qu'on veut faire rejeter l'entrée en matière, comme ceux qui disent que les régents sont dans une belle posi-


106 tion 1t Oh, oui, elle est belle! - L' orateur votera donc le projet. M. Chappex, Président du Conseil d'Etat, serait stupéfait de voir que l'on ne veuille pas entrer en matière apl·ês les décisions de Mai nernier. Qu'on discute sur les formes, sur la manière de distribuer les primE~s, cela se peut, mais non le principe. L'Assemblée a laissé au Conseil d'ELat le soin de faire des propositions, mais elle ne lui a pas dit formellement que les primes devaient être quinquennales. M. de R!vaz, Charles votera l'entrée en matière pour les motifs développés par l'honorable M. Lorétan ; il doit répondre à M. Ls Debons qui a sonné l'alarme, disant que ce décret allait jeter le désarroi dans nos finances. Eh bien, l'orateur en attend un tout autre résultat. Il y voit de l'économie. Quand les instituteurs auront une position convenable, ils restel'Ont à leur poste. Les élèves de l'école normale diminueront d'année en année et partant les dépensfls budgétaires. Par ce fait il y aura une grande économie réalisée pour nos fioances cantonales . N'ayons pas peur d'aller de l'avant et bien en avant en matière d'instruction primaire. C'est un réel service que nous rendrons à nos concitoyens. M. Delacolte Oscar, rapporteur, explique les hésitations de la Commission qui a cru voir dans la prime annuelle un système tout à fait contraire à la décision du Grand-Conseil qui a voté la prime quinquennale. Le projet donne aussi trop d'importance aux inspecteurs d'écoles. Ils ne font que deux tournées par an, comment veut-on qu'ils puissent ainsi se rendre compte de la marche d'une école ! On ne donne point de compétence à la Commission scolaire. L'orateur aurait voulu renvoyer le projet à la Commission pour mieux déterminer la maniè1·e de répartir les primes. M. Pitteloud Alphonse, votera l'entréJ en matière parce qu'il faut nécessairement faire quelque chose dans la domaine de l'instruction primaire, seulement il doit reconnaître que le projet présenté ne répon1 pas aux intentions du GrandConseil. On voulait retenir l'instituteur par une prime d'encouragement. On s'était dit: Le mal git en ce que l'instituteut· ne veut plus continuer le

- 107 . fessorat, et l' on a établi une pri.me après 5 P10 à condition que l'instituteur ense1~nàt enco~e ;n~os après. Or, . c'est ce que le proJet ne pre·t pas. La sanctiOn ~a';lque. vo~our éviter l'inconvement de trop .charger le d et une seule année, on pourrat,t prélever b~a gue année une certaine somme qu o? r~~er­ cveral q·t pour les primes à donner la cmqmeme année. La discussion est close. . L'entrée en matière, mise aux votx .. est adoptée. Le titte est adopté comme au proJet. · Le considérant, sur la prop?sition de la Com· mission est adopté comme smt : Dans 'te but de récomp.enser le~ m~mbres. du ersonnel enseignant des ec?le~ pn.maues qu,l se ~ont plus particulièrement d1stmgues dans 1accomplissement de leurs devoirs, et de les encourager à continuer l'enseignement. . . .. Cette rédaction, selon la Comml~SIOn, rendrait mieux l'idée du Grand-Co.nse~l q~1 veut sur.tout retenir les instituteurs et mst1tutnces dans l enseignement. . . M. le Chef du mpartemerat preférera.It celle du projet qui portait : Dans le but. de. recompenser et d'encourager, etc., qui anno~ça1t m1e~x le double but du projet de décret cons1sta~t à re~ompe~ser les régents et à les enc?urage~ ~ con~~nuer 1enseignement comme ils l ont fait JUsqu a .présent, c'est-à-dire à se distinguer dans l'accomplissement de leurs devoirs. . . . Art. 1. L'3H institutem·s et les mstltutrtces, porteurs du breve~ ~éfin,itif et qui, se son\ .plu~ particulièrement d1stmgues dans 1 accom.p tsse ment de leurs devoirs, reçoivent une pnme de l'Etat. La Commission propose de remplacer le ~ot c reçoivent , par ceux-ci: • peuvent recevoir • · M. de Montheys propose de, dire • peuvent recevoir de l'Etat des primes d encoura~eme:lt • : M Roten Chef du Département de 1 Instruction pubÙque,, 'ne p~mt .accep~er la réd~ction ~e la CommissiOn qm lm parait .aller à. 1 ~ncontr~ du vœu du Grand-Conseil, qu1 a déc1de les pnmes d'encouragement. Que veu t. dire ce mot peuve~n Lorsqu'on fait un décret, Il faut poser le prm-


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eipe et employer à cet effet des expressions plus catégoriques, plus positives. Il demande le maintten du projet. M. Dumoulin, estime qu'il y a une distinction très importante à faire. Il s'agit de savoir si la dépense pour ces primes d'encouragement doit fi. gurer d'une manière permanente au budget de l'Etat, alors que la loi sur les écoles primaires met leE> frais do cos écoles à la chargE' des communes, ou si elle doit y figaret· à titre de subside soulGment. C'est dans ce dernier sens que la Commission l'admet. Elle ne veut pas que les régents puissent se faire iudemniser par l'Etat bon an mal an ; lorsque les finances de l'Etat ne le permettraient pas, ce subside cessera. M. l1~- Albon, secrétaire, ne ptlut admettre cette manière de voir. Dès le moment que le décret existe, on doit être obligé de maintenir l'allocation pour les primes. M. Favre Joseph explique que ce mot peuvent a été introduit par la Commission en vue des ctispositions de l'art. 2, second alinéa. M. Roten, Chef du dépat·tement, accepte les raisons du préopinant, mais non celles de M. Dumoulin. Il estime qu'il faut prendre une position nette vis-à-vis des régents qui, naturellement, ne recevront la prime que s'ils remplissent les conditions de l'art. 2. Il est juste que l'Etat fasse quelque chose pour le personnel enseignant des écoles primaires, qui a fait preuve de capacité et de dévouement, ce que prouve la s tatis tique. Il faut leur assurer une position convenable et les moyens de subsister. Jamais l'Etat n'a payé en entier la pension des élèves régents, les deux tiers seulement. Eh bien, ce n'est qu'un acte de justice que de leur accot·der des primes de récompense et d'encouragement. L'Etat n'a pas suffisamment rempli ses engage· monts envers le personnel enseignant jusqu'à présent. M. Dumoulin soutient qu'il ne faut pas perdre de vue qu'on ne peut modifier la loi sur l'instruction publique par un simple décret. Or cette loi ns met rien à la charge je l'Etat. Il est pa,·faitement d'accord du reste avec M. Roten qu'il faut développer l'instruction primaire dans le

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ton mais il diffère sur les moyens pour arO!ln r ce but. Par un décret nous allons charrive Je budget outre ...1esure. Tous les instituteurs g~~reberont à obtenir le brevet définitif. 0 M. Dallèves: C'est justement ce que nous dé-

à

sirons. 'd' M Durnoulin. Laissez-moi compléter mon 1 ee. Mai~ si d'autres objets important~ absor.bent. n~s essources, il serait prudent de sen tenu· au ne~essaire et de laisser l'utile de côté. La propo.silion de la Commission laisse au Grand-Cons_~1l les coudées franches. Il pourra se montrer genér eux selon les circonstances des temps. M. Roten, Chef du Département, répond ~ .~ · D umoulin que ses arguments sont des subttht~ s qui peuvent servir à prolonger un p~ocès, ma1s non à faire revenir le Grand-Consetl de s_a décision. L'Etat d~it avoir ~ cœur l'~ducatwn ?.t l'mstruction de la JeUnflsse; 11 n~ conv1ent pas. qu .tl se désintéresse et qne la positwn que la lo1 fa1t à l'iol'ltituteur ne soit pas à la hauteur de la noble mission qui lui est confiée. L'orateur 3:im_e voir soutenir l'autonomie des communes, ma1s 1l ne voudrait pas trop charger le budget de. cellesci. Non, le G rand-Conseil ne raba t~ra n~n des 2500 frs qu'il a alloués au personnel .enset~nant car il serait fâcheux que cette allocatwn d ts~a­ raisse du budget justement une année où les mstituteurs auront le mieux mérité les primee;. M. Dallèves doit aussi deux mots de réponse à M. Dumoulin qui cherche à faire écho~t~t· l'entrée en matière en interprétant les propos1ttons de la Commisswn d'une manière impossible. M. Dumoulin craint l'instruction , il cl'aint de r écompenser l'instituteur et de voirle peuple s'appauvrir s'il s'instruit (oh, oh). M. Evéquoz, Président de la Commission, dit que celle-ci n'interprète pas le mot peuvent comme M. Dumouhn. Elle n'a pas l'intention de suspendre jamais les effets du décret. Si le nombre des régents devenait cons_idérabl_e ~t que _les ~­ nances de l'Etat en soutinssent, tl n y aUI·a•t qu à être plus sévère dans l'admission des élèves à l'école normale. La discussion est close.


110 La proposition de la Commission et celle de M. de Montheys sont adoptées. Art. 2, - Sont au bénéfice de la disposition de l'article précédent les instituteurs et les institutrices qui ont obtenu la ire note sur tous les points dans le rapport de l'Inspecteur. Pour ceux dont la classe n'aurait obtenu que la note II pour le progrès, la Conférence des Inspecteut·s préavise sur la prime à accorder, en tenant compte de la valeUl' du pMsonnel enseignant et des circonstances indépendantes de sa volonté. La Commission propose un alinéa final ainsi conçu: c Avant de déterminer les notes, l'inspecteur devra entendre la Commission scolaire•. Cet alinéa est adopté. M. Pittetouâ Alphonse, voudrait introduire dans l'article la disposition qui suit :Il sera tenu compte dans la dist•·ibution des primes du résultat d'un concours ouvert entre tous les concunents. M. Roten Léon, Chef du Département, fait observer à M. Pitteloud que ce concours existe. Chaque année les instituteurs ont une conférence dans laquelle une question est traitée par eux. Toutefois il ne voudrait pas attribuer trop d'importance à ce travail fait à la maison. On peut êtt·e fort en théorie et médiocre en pratique. M. Dumoulin, ne veut pas de ce concout·s qui ne sert qu'à développer l'instruction de l'instituteur mais non son aptitude à communiquer l'instru~­ tion à ses élèves, ce qui est le but du décret. La proposition de M. Pitteloud n'est pas adoptée. Art. 3. - Cette prime est de frs 30 pour les instituteurs et de frs 25 pour les institutrices ; elle leur est accordée chaque année où ils remplissent les conditions prt:Jscrites. Cette prime sera portée à frs 50 pour les institutrices qui l'auront obtenue, sans interruption, à moins d'empêchements légitimes, pendant cinq ans d'enseignement. La Commission propose de dire : Cette prime est accordée aux i[lstituteurs et aux institutrices qui ont rempli pendant 4 ans les conditions pré· vues à l'article précédent. Elle est de 100 frs pout· les instituteurs et de

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SO frs pour les institutrices, et leur sera accordée chaque 4 ans. M. Rot~n, C~nseiller d'E.tat, soutie~t la r~dactio_n du projet, qm répond m1eux aux mtent10ns geoéreuses du Grand-Conseil, dont le but est da récompenser et en même temps de stimuler le zèle du personnel enseignant. Qu'est-ce pour l'instituteur que ces 100 frs qui ne lui seront remis qu'après 4 an.s d'ensaigne~ent t C'est un ~on !~· Iusoire ; ce n est pas un sttmulant. Une f01s qu 11 aura ces 100 frs en poche, lo voilà quitte t -On va de la sorte renouveler les inconvénients de faire rentrer les avances faites par l'Etat aux régents. M. 01car Delacoste , rapporteur, combat, par contre, pour les propositions de la Commission, plus conformes à la ·décision du Grand-Conseil qui a voté des primes quinquennales. Elle pro· pose la prime ap1·ès 4 ans pour faire coïncider la prime avec le laps de temps pour lequel l'instituteur est nommé. Il est bien entendu que ce terme court dès la mise en vigueur du décret auquel on ne peut donner un effet rétroactif. M. Udry, votera aussi l'article pt·opo5é par la Commission, qui lui paraît mieux répondre au but qu'on se propose. L'instituteut• sera plus lié, ayant en perspective une plus forte prime. Il ne voudra pas quitter l'enseignement avant de l'avoir obtenue, tandis qu'il ne raisonnera pas ainsi avec la prime annuelle. M. Pittelouâ Alphonse, appuie aus.;i la proposition de la Commission qui, malgré l'affirmatio!l contraire de l'honot·able Chef du Département de l'lostroction publique, est :) ien préférable à l'article du projet. C'est bien dans la proposition de la Commission que J'on rencontre le vrai ca· ractère da la prime d'encouragement. E lle répond mieux aux intentions du Conseil d'Etat qui, dans son rapport de gestion, a jeté le cri d'alarme en voyant les bons régents s'en aller et l'instruction primaire confiée à des jeunes gens. Le projet change complètement ce caractère de la prime. L'insti· tuteur qui alll'a empoché sa prime annuelle, quittera l'année suivante. Autrement, il se dira : Je


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veux faire encore 3 ans pour obtenir 100 frs. On mettra chaque année 2500 frs au budget. M. Gentinettaz. Cet argent chômera dans la caisse d~ l'Etat (rires .) M. Pitteloud. Il chômera, comme d'autres valeurs, mais les instituteurs le palperont après 4 ans. M. Roten, Conseiller d'Etat, admire le désintéressement dont fait preuve M; Udry, qui, en sa qualité d'ancien régent, est prêt à voter la proposition de la Commission tout à fait contraire aux intérêts du personnel enseignant ! . M. Dr~moulin, prétend que le vote du Gra ndConseil allouant 2500 frs annuellement a prP.jugé la question. IL implique la prime annuelle. En introduisant les primes après quatre ans, on charge trop le budget d~ la même année. M. de Werra Charles, opine pour le projet du Gouvernement, par les considérations é.misos par les orateurs précédents. C'est blesser même les susceptibilités de l'instituteuL' que de louur ses services pour une série de quatre ans et ne lui fairA entrevoir an bout qu'une prime minime de 100 frs. Ce n'est pas encoura~eant. L'ora•eur propose d'insérer la disposition suivante : Pom recevoir ces primes, les instituteurs et les insti· tutrices doivent prendre l'engagement d'enseigner l'année suivantd. M. Gaspoz votera aussi le projet du Conseil d'Etat. La discussion est close. L'article du projet amendé pa1· M. de Werl'a est adopté par 46 voix contre 21.

Le décret dont il est question cidessus, sera discuté en 2de lecture dans la session de mai prochain du Grand-Con$eil. P. S. -

Vllm• ANNÉE

SION 1er A vrill888.

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