No 09 l'Ecole primaire, 15 mars 1892

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Un bateau chargé d'esclaves, parti de la Tripolitainll s'était déjà débarrassé en Crète d'une partie de son triste chargement lorsque, surpris par une tempête il fut obligé de se relâcher dans le port de Fokia à cÔté du golfe de Smyrne. Là, trahi par un matelot, mécontent sans doute, le capitaine musulman prit la fuite, et lea autcrités, avisées par le dénonciateur, entreprirent sur la demande de l'agtlnt aoglai~ la visite du navire. loi les détails sont horribles. Pendant trois jours, et malgti Lrois visites consécutives, les commissaires délégués purent rien découvrir malgré des recherches mio Ca fut alors que Je matélot turc intervint et vint découvrir la cachette où agonisaient lS ....... u,,u,,oUII• négresses. C'était à fond de cale, le long de la du bâtiment, sous un amas de sable entassé là co du lest, que se trouvaient ces infortunées. (1) Elles furent descendues à terre où Ids au torités donnèrent les soins nécessaires. Toutefois l'équi fut pas arrêté, et le maître du port se boroa à les papiers du navire, pensant que cela suffirai prévenir son départ, mais le capitaine leva dut·ant la nuit et fit voile, abandonnant le marin. Quelquefois on o'a pas recours à ces beaux On eotasse la cargaison sur des boutreE~, grandes chaloupes. Quelques-uns peuvent qu'à cent esclaves. La plupart sont petits. Dans et dans les autrea, les ooits sont entassés, de telle qu'1ls ne puissent ni se lever, ni se mouvoir. Ils accronp1s, leut· tête touchant leurs genoux. A du boutre est une plate-forme su1· laquelle se les mariniers. De là ils conduisent leurs barques ~:~urveillent la cargaison. Des · boulettes de rencbis, maïs et de haricots mêlées ensemble sont jetées à dAs chiens: mange qui pourra 1 Un croiseur e.~t-il signalé au large Impossible lutter de vitesse. Il faut faire disparaitre le corps délit. On pt·end ces êlr~s enchaînés, on les jette A ou plutôt aux requins, parce qu'ils sont acco cette pâtut·e, et su1vent la piste. Dans les tra 170 ' ' "6 '"" plus clémentes, la mort encore fait son œuvre. Il que des hommes vivants passent une journée côte avec des bommes morts. Quaua on en a le on détache le cadavre, on le jette à l'eau. C'est opérations courantes de l'équipage. (t) Blue Boock, p. 200.

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SION 15 lllars 1 I!J92

L'ECOLE PRIMAIRE REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION L'ÉCOLE PRIMAIRE paraît chaque quinzaine, de Novembre à Avril inclusivement, en livraisons de 16 pages. Prb d'abonnement pour la 8uls111e, 2 .fr. 50. 1Joioo postale 3 fr. ~noooces, pri:t 20 cent. la ligne o" son espace. Tout ouvrage dont l' Ec?le p1·imaire recevra deux exemplaires aura droit à une annone!' ou a un compte-rendu, s'il y a lieu.

SOMMAIRE : Du système disciplinaire. - L'éducation morale et religieuse ( J.î"n). - Le dévouement. - Les premières études des petits enfants. - Du caractère. - Conseils sur la composition française. - Correspondances : .-lbsmas et hnmzàpation. - Partie pratique : Sujet de style. Sujet à traiter. Extràces de calcul mental. - Variétés : Lts synonymes pour rire. - Supplément.

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : M. P. PlGNAT, secrétaire au Département de l'Instruction publique, à Sion.


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(Jonférence•. -

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II ne sera pas possible de procurer 1 personnel ensoignant la brochure de M. le D• Boéchat concernao l'Hygiène à l'école primaire, cette brochare étant épuisée et 81 réimpression n'étant pas décidée, au moins po1ar le moment. C'ea& regrettable, car le Département songeait à l'acquisition de cet opuscule pour que MM. les régents pus11ent plus facilement traiter le sujet à l'ordre du jour. Les autres ouvrages sur la matière soo& trop coûteux pour qu'il puisse donner suite à son projet. Emancipation. - Nous publierons dans le prochain N•(e t6xte de l'ordonnance du Département de l'Instruction publique IlL sujet de l'examen d'émancipation de l'école primaire, examen qtt aura lieu pour la première fois cette année. A RH eorre•pondants. - Nous possédons encore tf portefeuille divers articles et correspondances que le manque dt place nous empêche de publier cette fois-ci . Ils mettront le nez l la fenêtre dans le prochain N·. 81erre. - Le cours d'arboriculture organisé pa•· la Social d'agrwulture de Sierre pour MM. les Instituteurs, aura lieu à Bierre le 24 de ce mois. Le personnel enseignant est tenu de suivre ce cours. {Communiqué.} (Jontbey. - Les instituteurs de ce district sout convoq116a en conférence annuelle mardi 26 avril prochain, à 9 h. du maüo. à Ardon. .Nécrologie. - Dans le courant du mots deroter, le corpe enseignant du Cllnton~ celui du district de Con~hey en particulier, a perdu un excellent institutenr dans la personne de M. Julien Berthouzzo, à Premploz (Conthey). Ce jeune régent allait terminer sa 5"'• année d'école, après avoir eu pendant toute sa carrière scolaire les meilleures notes sous tous les rapports. Pendant le cours t890·91 déjà il avait failli succomber à la maladie qui le minait. Il est mort~ on peut le dire, sur le champ d'honneur de l'enseignement. L 'année dernière, le corps enseignant a également perdu un de ses membres les plus méritants dans la personne de M. Louil Giroud, de Marligny-B, décédé après une longue maladie et U aoa de loyaux et consciencieux services. Que tous deux reposent en paix.

LA VOIX DES FLEURS

Par Cl. JURANVILLE. - Vol. in-18, broché, 2 fr. Ce v olume comprend : l'ongine des emblèmes donnés aux plantes, les souvenirs et les légendes qui y sont a ttachés, les proverbes auxquels elles ont donné lieu, les vers qu'elles ont mspirés aux poètes ; enfin, des pensées morales des plus grands l!crivains sur les vertus ou sur les vices qu'elles représentent. ~ Gharmant cadeau pour une jeune fille.

SION. 15 Mars

1891-92

L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION -

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DU SYSTÈME DISCIPLINAIRE

Ce n'est pas seulement à ~ause Je chàLiments que l'enfant doit s'attacher à bien faire. Les punitions scolaires, les pensum::; n'ont pas d'autre but que de l'h~bituer. il a~ir selon la règle, selon la raison. Sans doute Il serait b1eu désirable que l'instituteur n'e üt pas à en faire usage, mais peut-on lui reprocher de les consener à l'école quand les lois consacrent encore et consacreront sans doute loujom·s la répression llans toutes les sociétés âvilisées . Et pui:;, les chàtiments infli gés à l'école ne sout pas des peines dracomennes. La retenue avec travail écrit sert non seulement à corriger l'enfant, mais encore à l'instruire. N'est-11 pas juste et profitable qu'il apprenne de nouyeau une leçon mal sue, qu'il recommence un de\'Oir mal fait"! En même temps, si l'on veut consene1· l'autorité morale du maitre, ne faut-il pas que tout ce qu'il ordonne soit accompli sans discussion. - Tous les élèves doivent être évaux. devant la disciphne. Que deviendrait-elle si c:rtains élèves faYOl'ls pouvaient ae dispenser de lui obéir? Elle ne tat·derait pas à être, je ne dis pas détruite, ma1s au moins sérieusement compromise. Que penseraient les enfants en présence de la partialité de l'institutem ? Ils douteraient de sa justice et lui retireraient leur confiance. Ce serait là, assurément, une situation fort grave. La règle doit donc être la même pour tous. Mais la discipline ne doit point tendre seulement à obtenir le silence et l'ordre matériel, elle a surtout pom· but de susciter et d'entretenir dans les enfants l'émulatwn, l'amour du travail et de l'étude. Elle doit donc agir sur les caractères, non par la crainte et l'iu timidation, mais par le respect de l'école et du ma.ître, par la persuasion,


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et, au besoin, pat· une douce fermeté. JI faut que l'enfant, à l'école, apprenne à soumettre s~s penchants aux lois de la raison. C'est en cela que consiste la fin supérieure de la discipline. Sans être implacable, la discipline doit cependant être ferme. Eu effet, si elle est relâchée, elle habitue l'enfant à compier sur l'indulgence excessive, je dit·ai même sur la mollesse du maître, et les élè\'es en ar rivent bientôt à se rire de la règle imposée. Si elle n'est point modérée, si elle e<)t draconienne et inflexible, elle produit des résultats plus mauvais encore que lorsqu'elle est faible et peu affermie. L'enfant, effrayé, tenorisé, se replie sur lui-même, prend des habitudes sournoises et ne chét·che qu'à échapper par le mensonge à des rigueurs impitoyables. En même temps son caractère se confot·me à eette règle sans douceur, et il peut devenir brutal, emporté et quelquefois méchant. La volonté est brisée, non dirigée ; on fait un esclave, non un homme libre usant de sa liberté pour choisir le bien, pour se conformer à la loi morale. Ce n'est plus là l'enfant expansif. curieux et gai que les parents nous avaient confié. ALFRED CHARRON, ancien profes~eur. L'éducation morale et religieuse (Fin) D'ailleurs, à quoi bon des raisonnements, qua nd on est assiégé de palpitantes réalités? Tandis que pendant 4000 ans, le monde, qui pourtant ne manquait ni de profonds philosophes, ni de législateurs, n'a établi que le plus dé· .gradant esclavage, l'Eglise. amenant le prince aux pieds du prêtre sorti de l'obscurité, abaissant le !)avant devant l'igno· rant, humiliant le maître devant le disciple, lui apporta la liberté dans l'amour. Elle fit plus: elle pourvut au service gratuit de tontes les misè1·es humaines. « Qui ne sait, disait un brillant prédicateur, qui ne sait avec quelle ingénieuse fécondité la doctrine catholique a pourvu de père et de mère tous les malheurs? Epiant dans chaque siècle la mi· sère qui lui était propre, elle lui a suscité chaque fois des serviteurs nouveaux. Elld a fait la Sœur de Charité aussi hien que le Chevalier de Malte, le Frère des Ecoles cbré·

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tiennes aussi bien que le Frè~e .de la M?rci, l'ami du. fou rome l'ami du lépt·eux. » Amst, chose eternellement dtgne ~~admiration, en formant pour leur fin véritable les cœurs de nos enfants, nous les façon nous aus~i p_our le_ monde t incomp1rablement mieux que ceux qm meconnatssent .te :ut élevé de la vraie éducation: Bo?s fils, ~poux ranges, ères dignes, citoyens dévoués, Ils gouteront .1c1-b.as tout le nheur que l'on peut trouver dans cette v1e tmte et rafde , et rendront heureux ceux qui les app.rocberont: Quand Loc l'enseignement religieu~. aura repns, a,u sem de 1~ famille et au sanctuaire de l ecole, la place d ho?neur ~m lui est due, la soci~té ébranlé~ et cha~~el~nte s affermtra, et, au lieu de h mise en pratique cl e ~ ego1ste, barbare ~t désespérante marime: Chacu~ chez soi,. chacu,n. pour sot, il s'établira une saiute république de freres, d ou la so~f­ france inhérente à la pauvre nature humame ne sera pomt absente, mais bien diminuée et supportée avec une t:ourageuse résignation. . .Mais, pour t'emplir dignement notre Importante mtsswu el atteindre au but élevé que nous nous ~roposons, demandons bien à Dieu sa grâce et son tout pmssant s~cours. Ne nous contentons pas d'initier l'enfant à la connaissance des préceptes de la Foi, mais trav~illons ~ans cesse et de toutes nos forces à corriger ses pass~ons. na1ssantes, s~>Urces de tant de funestes illusions; à lui .msptrer .des s?ntt~e~ts nobles et élevés; à conduire sa vactllante ratson, a lu.t fa1re aimer le travail et m~priser un indigne repos. Om, enseignons bien à nos chet·s élève~ q~e le bonheur. ~e se trou~e ni dans les richesses et les JOUissances matenelles, frutls séduisants an dehors mais remplis au dedans d'une culsante amertume et incapables d'<l paiser la. soi~ du ~œur; ni dans les dons de l'esprit, si précieux so te.n~-II s; n.t dans les avanta§es corporels, aussi vains qne fu gtttfs, mats que la fl\licité se trouve dans l'accomplissement exact de tous leurs devoirs c'est-à-dire dans la perfection. Pour que' notre enseignement . soi t profitable, gardonsuous d'une conduite qui ne sera1t pas saus repro~hes, et qui démentirait nos paroles. Donnons les premters 1exemple

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des vertus que nous voulons inspit·er aux enfants qui nous sont confiés: soyons toujours charitables, affectueux, justes et impartiaux; en un mot, remplis d'un généreux dévoue. ment. Dieu, qui est le premier amom, a voulu qu'aucnn bien ne se fit à l'homme qu'en l'aimant, et que l'insensibilité füt à jamais incapable, soit de lui donner la lumiè1·e, soit de lui inspirer la vertu. Comment, d'ailleurs, ne pas aimer ces jeunes adolescents sur le front de8qnels rayonne le charme invincible de la faiblesse et de la première beauté? Ainsi, sachons unit· le cœur aŒectueux d'une mère à l'esprit calme et ferme d'un homme. Quand nous aurons fait tous nos efforts pour rapprocher de Dieu l'âme des enfants qui nous sont confiés, sans oégiJge1· bien entendu de remplir notre seconct devoit·, qui est de développer leurs fac ultés intellel}luelles , nous pourrons nous dire avec satisfaction, que nous n';tvons pas pa.:;sé inutiles sut· la terre, et que nous avons contribué, dans la mesure de nos faible3 forces à construire l'édifice de la v1·aie fratermté. ' -~~~~·r~~ G. M. de Ch. (B.) LE DÉVOU MENT (Suite) .Maintes fois auss1, les ab~ences, les 11éaux des classes, ne sont pas assez réprimées et entravent la bonne marche des écoles. Comment un maitre, avec tout le zèle imagi· nable, peut-il compter sur quelques progrès, si les cours ne sont pas régulièrement suivis par tous ses élèves ? Là où il se prod u1t de sept à neuf cents absences non justifiees et non amendée~, pendant les six mois scolaires, comme le rapport de gestion nous l'assure, l'éducation n'est plus guère possible ; et cependant nous comptons sur un certain nombre de localités, où les apparitions en classe pen· dan L le premier et le dernier mois scolaires sont peu ré· gulières, où les irrégularités échappent à toute sanction, gt·âce à la trop paternelle vigilance et au zèle éprouvé de l'autorité mumcipale. Si le dévouement, cette qualité essentielle de l'instituteur, fait encore parfois, du moins en partie, défaut au person· net enseignant, c'est qu'il le proportionne à l'importance

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de son gros traitement. Le canton du Valais est so us ce rapport à peu pré3 le demier Etat de la Suisse : trois cents francs et souvent même moins, pour six. mois de classe c'est, il faut en con ven il', un traitement bien maigre; au ssi, bon nombre de communes du Bas·Valais le comprennent· elles fort bien, puisqu'elles augmentent volontiers le traitement des instituteurs bien déroués. D'ailleurs, un simple ouvrier ne travaille pas aujourd' hni à moins de deux. francs pllr jour; tout artisan en t'èclame au moins trois, dés lors peut-on admettl·e qu'un instituteur, l'éducateut· de la jeunesse, estime sa joumée moins que celle d'un save· tier ou d'un vigneron? On exige de lni une éducation supé1·ieure à celle d' un artisan, on le voudrait parfois même savant, pourquoi donc toucherait-il un traitement moindre qu'un taillem· ? Toutes les municipalités feraient bien de peser cette simple considération et de ne pas marchander le maigre salaire à d'honnê tes et laborieux instituteurs, comme cela se pratique dans quelque raste commune au pied du G:·and-Combin. Un autre point non moins important que les précédents, ~t qui réclame un entier dévouement de la part du personoel enseignant, c'e:;t la coiTection quotidienne des deloir:; faits par les élèves. Quel grand attrait pour un maitre déjà éreinté par six. ou huit heures d'une classe pénible, de .ùsseoir, après un fr·ugal souper, à son bureau, où l'attendent une trentaine de cahier:; dont les devoirs doivent être contrôlés, corrigés, s'Il veu t entretenir de l'émulation parmi ses élèves et les engager à soigner lem· tl·avail! Le matin, avant d'élltl'et· en classe, ne doit-il pas avoir grand soin de préparer ses leç.ons, de prévoit· les nouveaux devoirs à fixer et à expliqner : puisque ce n'est qu'a ces conditions qu'il s'acq uitte dignement de s~s fonctions et qu'il esL en droit de compter sur quelque légitime succès? Par ce qui précèàe, on comprend fort bien que ce n'est pas seulement un gain si modique qui stimule l'instituteur dans l'accomplissement de sa lâche, mais bien un dévouement effectif, sinon il chercherait ailleurs, eL trouverait souvent une position plus lucrative que celle de régent


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dan:; beaucoup de communes valaisannes. Tout le monde sait aussi que C€1 n'est pas la reconnaissance qu'on témoigne à l'instituteur qui le retient dans la carrière ; elle brille bien des fois. disons-le, par son absence. Combien sont rares les parent3 qui conservent une sincère gratitude aux maitres chargés de l'édu~ation de leurs enfants. Bien rares aussi sont les élèves qui se distinguent par une profonde reconnaissance à l'égard de leurs anciens maîtres. Pareuts et enfants disent : L'instituteur est payé pour les services qu'il rend à l'instruction, 1:ous ne lui devons rien de plus. Vous direz peut-être que l'honuem·, aussi bien que le dévouement, peut guider l'instituteur dans ses pénibles fonctions ; l'honneur est, en général, un stimulant assez faible, car si un maitre a le malheur de se montrer t<l.nt soit peu sévère ou imprudent dans l'application de quel· ques corrections, on peut compter qu'il s'aliène bien vite et les parents et les autorités qui s'empresseront de le •·en· voyer, malgré ses intentions les plus droites et les précédents services rendus à l'éducation de la jeunesse. LES PREMIÈRES ÈTUDES DES PETITS ENFANTS Un jeune enfant de 3 à 4 ans peut-il, sans fatigue, commencer à apprendre à lire? Quels moyens sont propres à l'amener à lire sans enuui? Tel est l'objet de cette modeste

étude, qui n'est que le résultat d'observations personnelles. Les premières leçons de lecture nécessitent un triple travail intellectuel ; l'intelligence doit: discerner les formes

différentes des lettres, attacher un son particulier à chaque forme de lettre, se rappeler le rapport des formes et des sons, pom· commander J'émission d'un son à la vue de la forme correspondante et pour guider la main qui devra reproduire une forme lorsque le son qui y est attaché aura été perçu. Or, l'intelligence d'un enfant de Lrois ans, d'un~ capa· cité moyenne, est-elle capable de ce t1·avail ? L'observation va nous l'apprendre. Un bébé de 2 ans distingue fo1·t bien une fourchette

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d'une cuillère, et ce qui lui permet de les distingue1·, ce n'est ni la. différen~e de couleur, ni même la différence d'usage, dont il ne se rend pas toujours compte ; ce n'est et ne peul être que la différence de forme. Il e:~t évident, pou•· tous ceux qui les ont observés, que le:> enfants, même très jeunes, sont capables de reeonnaître la différence des formes, et c'est là le premier travail que nous avons à lui demander lorsque nous lui apprenons à lire. Le petit enfant peut-il attache•· un son à une forme particulière ? Observons·le. Quand on dit à Bébé; « Où est papa? où est maman? où est toutou? où est minet? » Bébé , par la direction de son regard ou de son dmgt, moTJire l'être qui, dans son esprit, correspond au mot prononcé: il sait donc attacher un son ou un groupe de sons à un être, à un objet. On peut objecter que l'être indiqué n'est pas seulement une forme, mais qu'JI est coloré, vivant, aimé peut-être, et que c'est à l'ensemble de ces conditions, et non seulement à la forme, qne le mot s'attache. Cela est vrai. Mais l'observation prouve que, parmi les nombreux attributs d'un être, l'enfant sait en abstra1re un certain nombre ; il dira ~ a .Maman est grande, je suis petit ; toutou est noir, minet est blanc ; la balle est ronde, la toupie est pointue. )) Si l'enfant peut , d'un ensemble d'attributs , en considérer à part quelques- un s, il sait abstraire, il sait. envisager en particulier la forme. Il pourra donc facilement considérer dans la lettre alphabétique, qui a peu d'att.ributs, la forme, son attribut le plus saillant, le plus frappant, celui seul sur lequel on appelle son attention ; et s'il sait discerner la forme, il peut y attacher un son comme il le fait pour les autres objets. Donc l'intelliaence de l'enfant est capable de se lin·er au second trava~l que nous lui demandons en lui apprenant à lire, et elle peut s'y livrer sans fatigue, puisque tous les jours en se jouant il répète, lorsqu'il )' est incité, les noms des objets qui l'entourent. Voyons mai11tenant, pour nou s rendre comp te s'il est


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capable du troisième tt·avail, ce qui se passe tians la têt.e d'un enfant à. qui son papa dit: << Bébé, va me cl.tercher mes pantourles. » L'ensemble de sons, ~·est-à-dit·e le mot pantoufles, a suscité dans l'esprit de Bébé une imaae qui y était latente, image d'un objet qu'il avait perçu anté~ieure­ ment. Celte image étant éreillée, l'enfant passe à l'action ~l tire parti de so~ opération intellect.uelle pom· faire plaisi~ a son papa; pour cela., il se dirige vers l'endrott nù il sait que se trouve la réalisation de cette image; quand il l'a trouvée, il se produit en lui comme une joie cl'avoi t' ainsi rapproché l'obje.t de l'image qu i était dans son esprit, et, tout heUt·eux. 11 apporte les par..toufles a 11 papa. Nous voyons par cela que l'enfant peut saisir le rapport qu'il y a entre un mot et un objet qu'il n'a pas sous les veux mais dont l'image est gravée dans son espr·it, el q1;e c~ r~ppt:ochement qui se fait d,ans sa pensée lut permet d'agir·, c est-a-dn·e, par exemple, J aller chercher les pantoulles de son papa. (A suiv1'e.) DU CARACTÈRE

De totlle!:> 1-1:1rts ou se plaint de l 'ab<ussem~nt des caractères. Ce n'est que trop uai, il est peu d' hommes de caractèt·e aujourd'hui. Dans la vie publique comme dans la vie privée, le caractère avant toul fait défaut. Bien rares s~nt ceux qui ne sacrifient pas leur:; principe" tl leut·s inter·êts et ne descendent pas jusqu'à la senili té : ValeL ou ~aHre, ou réclame des droits et., par une coupable abstentwn, on les néglige comme les de,·oit·s. La mollesse. ne veut se gêner· en rien ; la légèreté se rit de tout. Il en 'est d~. même dans la vie pt'ivée, dans la famille; plus de tradltwns, nul plan de conduite, c'est J'in constance; c'est le laisser-aller sut· toute la ligne. Ainsi élevé, le jeune homme n'a pas de caractèt·e, pas de sang- ft·oid, il juge de tout, ~ais ~~ns ct·itét·ium, suivant J'impression, le caprice, sans 5 mqmetet· des contradictions où il tombe. C'e3t une girouette. Il n'a point de résolution, point de patience dans l'adv~rsité, . point _d'énergie en face de l'obstacle. L'esprit de revolte et la viOlence ne sont pas plus le caractère que

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um 1ssion aveugle et lâche, que la timidité e3t la. peur . 1a Qu'est-e~ sO · ? C' est une vo 1on t e' vrate, · donc q•1e le caractere e volonté forte et sui\'ie, allant au but avec patience et unut·aae malgré les épt·euves, las. danget·s et. les artifices. ; GO ë • • 'est une force une fermete umquement mtse au serVIce ~ bien et du' nai. Le caractère, c'est plutôt obéir à Dieu ~'aux hommes; c'est la possession de .~oi-m~me dans ~a. ~olonté de Dieu, avec la. constance et l energte pour agtr ou souffrit·, quels que soient les obstacles accumulés sur notre chemin. Le caractere esl sans con Lt·edit la qualité la plns nécessait·e à l'institnteur pour obtenit· l~ discipline ~a~s son école, pour réussit' dans sa noble et Important~ mtss.wn de J'éducation chrétienne. Non-seulement les pat·oles revèlent un inst.itutem· de caractère, mais encore la voix, le geste, le regard, les traits mêmes du visage, il n'a qu'à se_ montrer on le I'econnaît aussitôt, et le silence se ré!abht. Le maitre qui a du cat·actère u'e.st pas souvent contraint d'avoir recours aux. punitions, cat' sa parole et son regard uffiseut pom· obtenir des élèves la tranquillité et l'ordre ; 5 pour lui mieux. vaut pr,évenit· les pu~1itions que de les donner. Il <tvertit d'abot·d l enfant; un s1mple t'egard suffit pour remettl'e au devoit· l'écolieJ' en défaut. S'oublie-t-il encore? il J'avertit dit·eclement en ayant soin d'être bref et sec dans aes admonition s. Enfin, quand la. nécessité Je contraint de pnnir, il tient compte de l'â.ge et des intentions de l'enfaut. L. V. CONSE1LS SUR LA COMPOSITION FRANÇAISE

Pout· habituet· l'élève au choix judicieux et à ta suite logique des idées, je ne connais pas de meilleur travail que l'analyse d'un mot·ceau bien pensé et bien écrit. Prenez, dans un bon livt·e, un alinéa de W à ·15 lignes, prenez une fable, une courte poésie, une description, un récit, une disset·tation snr un sujet très simple ; faites-en d'abord un exercir.e d'orthographe, sous forme de dictée ; demandez ensuite à l'élève d'en tt·ouver le sujet, d'en sé-


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pare1· les éléments, d'en retracer le plan avec ses divisio générales et :oes sous-divisions. S'agit-il d•ur.e description? qu'il énumère les diversea parties successivement décrites; d'un récit? qu'il indique exactement où s'arrête l'exposition, où t.:ommencent 1"' péripéties, quelles sont ces péripéties, et quel en est lt dénouement.; d'une dissertation? qu'il distingue et met&& à part la question posée, les preuves et la conclusion. Ct travail peut être fort délicat, j'en convien.;, mais, le mait..., aidant, il n'est pas impossible; et si vous saviez combieD il est profitable 1 Il n'y a rien de meilleur, croyez-le bieo pour l'in telligeoce enfantine, qn'un intime con tact avec u~ esprit bien fait, s'il n'est pas an-dessus de sa portée. Or analyser une page classique, c'est entrer en rapport étroia avec l'auteur, c'e.:.t-à-dire, à coup sûr, avec une bell& intelligence. Au reste, cet exerâce n'est vraiment efficace que s'· est accompagné d'une discussion sur la valeur du texte. Voie~ des questions qui doivent revenir constamment suri les lev~es du m~ître : Cette dr.scription est-elle complète t Pourrait-on y aJouter quelques détails? Est-elle bien ordonnée? L'auLeu1· a-t-il bien fait de commencer par tell partie, de pourwivre et d'd.chever par telle ou telle autre Dans ce récit, trouvez-vous que l'exposition soit suffisam ment claire? Sait-on de quel événement il es t question Connaît-on bien les personnages'! N'y a-t-il pas de,g lonaueu11J! et des inutilités? Les pé1·ipéties sont-elle.s exposée: dao un ordre rationnel? Sont-elles vraisemblables? Les preuve de cette dissertation sont-ellea bien à leur plat.:e? Sont-elles conclu.antes? Y_o!ez pourquoi l'auteur a commencé peU' celle-c1 et termme par celle-là ? Aurait-il pu faire le contraire? etc., etc. , Je vous conseille de choisir particulièrement comme suje d analyse les fables de La Fontaine. J'y reviens toujours à ces charmantes fables. Elles sont faites avec tant d'art qu'il n_'y a pas de meilleur modèle dans notre lan gue. Elles sonJ Slmples dans leurs grandes lignes, et se prètent bi~n à cef exercice de décomposition. Enfin, je suis sûr q'ue voull-'

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a'fez l'ouvrage sous la main. Si vons possédiez les fables prose de Fénelon, elles vous seraient aussi d'un grand 80 secours, ayant été spécialement destinées au jeune duc do Bourgogne qui avait alors l'a.ge de vo~ élè\·es. Pour les autres écrivains français, je vous renvme aux nombreux recueils de morceaux choisis. Après avoir défait, il est bon de refair~. Ecrivez au tableau noir le plan de la page analysée, et que le candidat le développe à son tour ora~emen t et par écrit, pour comparer ensuite son travail avec celui de l'auteur. CORRESPONDANCES ABSENCES ET ÈMANClPATION Si nous nous permettons d'aborder dA oouvAau la question des absences sijsouvent traitée dans l'Ecole primaire, ce n'est pas pour nous lamenter sur le tort que cette plaie fait à nos classes, mais bien pour regarder le mal en face et essayer de trouver quelques moyens de le combattre. Disons en commençant, que nos lois et ordonnances sur les absences' sont excellentes et que, mises en pratique, on en obtient des résultats merveilleux. HA.tons-nous rl'ajouter qu'ici , comme dans bien d'autres cas,,le courage. le senLiment.~u dev~ir, l'amour de la justice et de 1 orrlre forment la condltton sme qua non du suecès ; nous .voulons dia·e q.u'il. faut montr~r de la fermeté et de la rllsolutwn dans l'appltcatwn dA la lot. Un chirurgien qui cautérise une plaie, s'il veut m~ner à bonne fin l'opération et gagner la confiance de sa clientèle, doit demeurer insenslhle aux supplications et aux gémissements ou malade; de même aussi l'instituteur, ainsi que les autorités scolaires soucieuses du proga·ès des écoles, doit appliquer rigoGreusement la loi aux. délinquants, malgré les gé-: missements f't les plaintes des élevas et èes commères qu1 ue manqueront pas de crier à l'intolérance, à la tyrannie. On a constaté d'ailleurs que la diminution du nombre des absences est en 1·apport direct avec la fermeté que les autorités scolaires mettent à l'observation do la loi. Sous ce rapporl, no mieux ~ensible s'est produit ces derDières années, g:-A.ce aux mesures prises par le D6partement de l'lnstrnclion publique, à la vigilance de MM. lAs IospAc&eurs et à la bonne volonté dei:l Commissions scolaires. Cette amélioration cependant, loin de nous endormir dans une trom-


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p~use

confiance, doit nous engager à progreAser encore, à lotr obtenir une fréqusntation de plus en plus régulière. D leurs, si nous sommes bien persuadés que toute œune hu est susceptible de perfectionnement, nous ne nous lasserons Pa& de travailler à l'idéal que nous rêvons et qui nous assurera peut-être un rang honorable dans l'échelle fédérale. Cela étant, qu'on nous permette •le relater des fait~ qae nous avons constatés et qui prouvent l'efficacité de la loi lorsqu'elle tt·ouve une application régulièt·e. Nous connaissons, en effet, une localité où la plus grande sévérité existe à se sujet. Les délinquants furent si fort pris du procédé, qu'ils promirj'lnt rle n'y plus revenir, et l'anDé(' suivante, le nombre des absences illégitimes se tt·ouvai& réduit A 7, si je ne me trompe, e~ encoro ne provenaient-allee que d'un enfant indocile, que seH faibles parents ne pnreot ramener au devoir. Dans la localité de X .... , où j'enseigne depuis quelques années, la régularité la plus stl'icte préside à l'inscription à la publication des absences. Quant à l'encaissement amendes, il ne se fait qu'une fois par an : aux pour employet· le terme local. Le président conser les 1 tes dressées par le personnel E-nseignant et, lors des pa ..· ,... ,ouooa, le montant des amendes est joint à celui de l'impôt des rents des délinquants. Bien que toutAs les amendAs soient rigoureusement .,u,üau...• sées ainsi, nous estimons que l'rffet en est moindre que un recouvrent· en percevaiL immédiatement la valeur ; car ~ontant des amendes joint à <:elui de l'impôt passe sou maperçu par les imposés. Voilà deux motifs qui devraient eng:lger nos magist1·ats se confo~mer aux prescriptions légales; au besoi on trou"e bten d'autres que nous nous dispenserons nu1tné1rer:• ici. Qu~nt .aux absences justifiées, nous distinguerons celles ~ont JUStifiées par la Commission scolaire ou par force Jeure. ~elles-ci sont occasionnées par les maladies, par les t~mpértes ?U le mauvais état des chemins, ou enfin par dtstance qut sépare les enfants jn local scolaire. Ce der ~bstacle pourrait être amoindri sinon surmonté par la con tton de nouveaux blltiments d'école· mais nous n'avons l:intention d'exposer ici nos vues à c~ sujet; d'ailleurs la J. tton a été traitée par des hommes compétents. Les absences justifiées par la Commission sont SO'"'""uJ• nombreuses, et dépendent en grande partie de la compl des membres de la Commission. Personne, en effet, n'i IT. . . . . . .

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certains élèves ne demandent pas mieux que de s'esquiver fedeeJ'école, et que pour y réussir, ils se forgent toutes sortes motifs. Nous savons par expérience que beaucoup de de-

œandes de congé ne .so~t pas fondées, et 9u'on accorde trop facilement !eR permissions. Il est donc necessaire ryu'avant d'accordt>r une permission les autorités scolaires s'assurent que les motif~ prése~tés ~~i~tent réellement, et dans le ras contraire, ell~s renvo1eut l eleve. Nous avons fait ces réflexions à qui de droit, mais bien en vain ; c'est pourquoi, sans faire un reproche à ceux que la question intéresse, nous voudrions leur faire comprendre com. bien cette prétendue complaisance est déplacée, voire même funeste. Qu'on examine de près le cas, et on se convaincra que de précieux inlé~éts e? dépendent. Et! comme mo~en p1·é· ven tif, nous proposertons d n:: tltger des pumtwos aux éleves qui demandent des permissions sans motifs plausibles: Je procédé combattrait efficacement ce sys tème de liberté. Puisque nous sommes engagés sur ce terrain, qu'on nous permette de signale~· encore un abus dont nous ne sommes pas seul à nous plamdre : nous vouloD!s parler da l'émancipa· Uon par les présidents de CommissiOns scolaires. Ce pourvoi, personne ne l'ignore, a été conféré exclusivement aux lnspec~eurs ; mats au bout de quelque temps, certains présidents de commission, se basant sur je ne sais quel prin· cipe de liberté et d'égali tét?J se sont arrogé ce droit. Il y en a, en effet, qui se permettent d'émanciper des sujets dtlux ou trois mois et, même définitivement, et cela sans en prévenir l'inspecteur. On nou!l. taxera peut-être d'exagération, mais uous ne parlons que de ce que nous avons vu d'un système qui se pratique dans plus d'une localité, au mépris des prescriptions légales. Voici en peu de mots ce qui se passe : Un élève qui n'est pas âgé ou avancé pour subir l'examen d'émancipation lors de la visite de M. l'Inspecteur, ou qui u'y a pas réussi, se présentera un beau jour chez le présideut de la Commission scolaire, demandant à être exempté de l'école, parce que ses parents ont besoin de son aide, qu'il a'a plus de gotlt pour l'étude, ou d'autres balivernes sentan~ plutôt la paresse que le souci d'être utile. Et notre bon pré· Bident, au cœur tendre et compatissant, se fait un religieux devoir d'accéder à la demande de l'élève. Remarquons ici qu'un bon élève, ou du moins celui qui a de bons parents, ne fera qu'exceptionnellement ces dèmarehes. Convaincu autant qu'il peut l'être de la nècessité de finstruction, il travaillera avec ardeur à ses devoirs jusqu'à


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ce qu'il possède les connaissances suffisantes pour être é cipé; tandis que l'autre, prévoyant. le résultat défav ...-.... ,A l'examen et spéculant en oulr~ sur ce qu'il appelle la b veillance de la Commission scolaire, employera toute son i"' fluence et ses ressources pour atteindre le but désiré, pro.. mettant au besoin de compenser le tAmps perdu. Belles pro. messes, pl"Omeases trompeuses 4ui ont réussi souvent et qQI n'ont jamais reçu d'accomplissement Ill En effet, M. l'Inspecteur condamne ordinairement les é de force moyenne à suivre le cours suivant pendant mois ou toute l'année; et lorsque ce temps est achevé, élèves qui trouvent déjà le temps long, sont to~t heureux s'é~"happer sans songer à la compensatiOn promtse 1 Voilà des abus dooL la coupable complaisance des membret ou du président de la Commtssion scolaire est la seule ca11841, Attendons encore un pe.u et les instituteurs à leur tour s'arrogeront le droit d'émanciper leurH élèves Il.. . Espérons cependant que la Commission d'émancipation vellement créée, aura pour effet principal de comballra abus et de stimuler notre jeunesse à acquérir plus de naisRances. Qu'on nous pardonne d'avoir exposé franchement notre pt•éciation sur des négligences qui nous ont souvent irrité qui sont contraires à l'esprit de tous nos t·èglements scolair• J .-B., instituteur.

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f811Ument et la pensée et la parole si ce n'est Dieu f Je vous le dis: Quiconq?e dit. daus son cœur que Dieu ,..éprise ses œuvres blaspheme Dteu. Lammenais. Sujet à traiter UNE CONVERSION AU IV• SIÈCLE Deux. officiers de la Cour se promenant hors des murs de 1'rèves at·rivèrent à un monastère. Ils trouvèrent sur une table un livre, c'était la vie de saint Antoine; l'un d'eux en lut tout haut quelques pages, et au réciL de ceLte existence toute en Dieu, il fit un retour sur sa ropre existence (Discours direct/. p Enfin il dit à son ami qu'il voulait Rervir Dieu, ici-mème et sur l'heure. . Son ami suit son exemple, et leurs compagnons les qultteot en pleurant .

(Le sujet traité sera donné dans le N• prochain./

EXERCICES DE CALCUL MENT AL Jean avait 15 sous. Son père vient de lut t~u donner .autant pour chacun~ ùes 4 semaine~ du m?is e~ récompense de son application à l'école. Combten a-t-Il matntenant? 2. - D ans cette boite il y avait hier 3 douzainAs de plumes . J'ai déjà pris ce matin 8 plumes; j'en prends encore 4 en ce moment. Combien rAsta-t-il de plumes à présent! s. - Voilà 4 paquets de crayons en contenant chacun une douzaine. J 'ôte un ct· a yon au 1er, 2 au 2"' 3 au et 4 au PARTIE PRATIQUE ''· Combien reste-t-il de crayons en tout f SUJET DE STYLE 4. - Dans une classe il y a 5 Labies à chacune desquelles aoot 10 élèves; on en fait sortir 1 de la 1.., 2 de la 2•, 3 de LA PRIÈRE. la 3•, 4 de la 4•, et 5 de la 5•. Combien y a · t-il encore Quand vous avez prié, ne sentez-vous pas votre cœur d'éléves dans la classe? léger At votre âme plus contente 'P .. 5. - Une ménagère est allée au marché avec une pièce de La prière rend l'affliction moins douloureuse et la JOie plua 10 fr. Elle a acheté pour 2 fr. 5û cent. de viande, 50 ce_nt. pure ; elle mèle à l'une je ne sais quoi de fortifiant et dl 4e légumes, 25 cent. de poire; 75 cent. de café . Combten doux, et à J'autre un parfum céleste. loi reste-t-il f Que faites-vous sur la terre, et n'avez-vous rien à dewil.uu,... 6. - Un négociant a 4 employés à chacun desqu~~s il doo~e à Celui qui vous y a mis? Vou3 ètes un voyag?ur qui cb 2&0 fr. par mois. Quelle est la somme totale qu Il emplOie la patrie. Ne marchez point la tète baissée : tl faut lever pour les payer ! . yeux pour reconnailre sa route. Votre pa~rie, c'est_le 7. - Un train part de Paris sur le chemm de fer de Lyon, et quand vous regardez le ciel, est-ce qu en vous Il ne avec une vitesse de 50 kilomètres à l'heure. Si l'on suppose remue rien 'f est-ce que nul désir ne vous preFse? ou ce délit qu'il marche sans s'arrêter, à quelle distance de Paris sera-t-il est-il muet? au bout de 2 th h . 'P Il en est qui disent: A quoi bon prier? Dieu est trop 8. - On veut partagAr 200 fr. entre 2 personnes de manière dessus de raous pour écouter de si chétives créatures? que la plus âgèe ait 40 fr. de plùs que l'autre. Trouver la qui donc a fait ces créaturas chétives 'P qui leur a dono6 :Part de chacune.

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9. - Un épicier a reçu 12 pains de sucra, pesant 5 .kg. 9nelle somme donofl- t-il pour les payer si 1 d "u~.Lcu• lm coute 50 centimes? • e em1 10. - Un marchand vient de recevoir en pa ement ;e;re de~x rouleau~. dd monnaiR, l'un cootena ni 20 r .. et _1 a~tre SO pleces de 2 fr . Qnelle est la somm raço1t ams1? e

Y.&BI:i'UP~8 Les synonymes pour rire Les Anglai~ sont célèbres !JUI' leur façou excentri ue d . lan~ue fra~ çalse. On connalt cet habitant des Iles Biitann~JaJler v?u aut boue . un_verre de biè,·e, demandait au ar on de .ue~ n Comprenait rien, Un 1•ept1le de Cercueil. bOUS gpr~texte q~~~~ ~s un 1:epllle, et qu '~n ce1·cueil n'est pas autre chose qu'une l7 · ~n VOJCl un autre qUJ se croit trés fort f· · · . dernièrement la lettre suivan'A à un de en l a~çals et qm ecn • Comme j' · f · t 1 · '· ses amJs en Angleterre . fran çàis tant aJ a~ e J ;~'·ement (serment) de toujours parler' , •l que Je ~ar AraJ ce langage (cette langue) ne ~a~ mec ~an_t (~ auva1s), mon a mi que je m'en serve' . ec~Ire, ~e 9-ul m es t ar.n vé sur le chemin (en route). pout blabfeaèd~;é~~~~)perce 1traversé~ la Belgique, où j'ai eu un d . , . avec e comm1s des 1mpOts de côté (ind· ~a~s ce n est nen en similitude (comparaison) de ce qui 1 ~~:~aen e_n~!·a_nt ùan s la France, à p ropos de quelqueil tomes dé 'à ba~' Jal dü ~a~er le noyau (l'amende). Pareille chose J venue (arn vee) du lemps des droits 1·assernblés (ré u d' • ne_n~>Us est abo1·dé (anivé) ensuite, si ce n'est Pn on~n:l.oz~mc (~org~)- de mo~tagnes, une troupo; de:: bouillis ay n os 1mbeczlles (ammaux) qu i ont pris le ru: dents. He~reu~ement nous n 'av~u s pas Tépandu h Je ~e satzsfazs (plais) bea ucoup :) Paril'l; j'ai déjà vu Je Go~rg, ?t,·e-Femme (Notre-Dame), Je théâtre de la J o?e '"'(uct""u•·• ~lelé)5 ~~péra, .le L?uvre et au~res tombeaux (monuments).) 6 1 a ux IJivers~t~~s (~a;~~~s)~~zù jer~fsa~~~~:~ (~~t~ur~te ~r(), et ensuite • Demain si · ' . , . msense un fou). 11 leur) a~ pied, j~i~~t ~~le~s 1 ~~~~;it:~~~"urd ~ ~e~n~~?~~!~sse t(d~u· ~C:urs zvres (gnses) pour sentinelles (ga;des) et des méde~~s ,.• •ux pour 1e~r convoi (service). ' • Je me pezn_s (figure) que vous serez b ien étonné de mes {ementi (pro~res) quand vons saurez que j'ai enseigné ava. angue rançal~ e tout solitai?·e (seul) sans ouvl;r la ' Cgramma~re). •

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d 'ID.trueflou elvlque, ouvrage aaopw ploU· "' .._,.,.,.. ... ment de l'Instruction publique, pour les écoles primaires du canton du Valais. 1 vol. cartonné. Cet ouvrage, llctuellement à sa 2"'" édition, se trouve enrichi de 5 cartes et tableaux synoptiques, qui correspondent aux .divisions dont il se compose. t.:'est là une innovation qui donne à ce classique un cachet 11pécial et en augmente considérablement le mérite. Ces cartes et tableaux, d'un de11sin et d'une combinaison qui témoignent de l'habtlt!té de leur auteur, offrent un aperçu général desdifférentes phllses de notre histoire nationale. En voici l'énumération. I. IJepuis les temps p1·imitifs Jusqu'à l'établissement de la Confédération. II. La Confédération suisse, depuis sa fondation Jusqu'aux guerres de Bourgogne (1291.-U74). III. IJepuis les guerres de Bourgogne Jusqu'à la Réfm·me (U74-1517)

IV. IJeputs la R éforme Jusqu'à la Révolution française (:1517-1789). V. Depuis la Révolution frartçaise à nos ;'ours (1789 · :1873)

Voici comment le Bulletin pédagogique (de Fribourg) apprécie ce classique sous la plume compétente de son rédacteur, M. le prof. Homer. • Ce charmant volume de 90 pages eRt enrichi, dans sa nouvelle édition, de jolies cartes avec des tableaux synoptiques . C'est là un résumé incontestablement bien conçu. Nous ne craignons pas de ranger cet Abrégé parmi les meilleures histoires 1ue nous possédions. • La Concorde (de Lausanne) dit d'autre part: • Voici un volume que no:xs recommandons sans hésiter. Il est à la portée de jeunes intelligences ; sans détails inutiles ou arides, il relate cependant tous les évènements principaux qui s~> sont succédé dans notre patrie, depuis les Lacustres jusqu'à la constitution fédérale qui nous régtt. Ajoutons encore que les tableaux synoptiques et les cartes surtout rendront à l'élève de très utiles services. • L'ouvrage, ainsi que son sous-titre l'indique, se termine par un précis d'instt·uction civique, qui embrasse uM trentaine de pages. Ce résumé, trés bien fait, complète avantageusement le livre et contient également un tableau synoptique.

Dictionnaire des Dletionualres Encyclopédie universelle des Lett.-es, des Sciences et des Arts llédigée par les 1.1avants, les spécialistes et les vulgarisateurs contemporains les plus autorisés Sous la direction de Mgr PAUL GUÉRIN, Camérier de S. S. Léon XIII

.Agriculture. - Archéologie. - .Astronomie. - Administration Armée et marine. - Arts et métiers. - Beaua:-a1-ts. - Bibliographie. Biog1·aphie. - Economie politique. - Géographie. - Histoire. -


Histmre natu1·ette. - "L"ang·ut; p u••:;-.. •o<>• - Mathématiques pures et appliquées. - Phzlosophie. - Physique et chimie. - 7 héologie.- 'l'rl~vt,ua' Pt,bllics. Six beaux volumes grand in-4•, de chacun 1.200 à :1.300 pages. 180 FRANCS. Par l'étendue des matières, par la nouveauté des renseiguements, pap la correctwn du texte, enfin par la modicité du prix qui en fait, avana tout, une œuvre de vulgarisation, un outil à la portée de tous, Je D ICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES offre, aux gens du monde et aux. gens d'étude, la substance de tous les dictionnaires sp~ciaux, l'èquiv~eut d'une bibliothèque complète; c'est la SoMME des conna1ssances humam• à la veille du vingtième sièck Il y a dans ce vaste recueil la contenance d'environ 80 vol. in 8• ordinaire;. Il est trés complet, très exact, très ric~e pour la l~?gue _(lexicogr_aphie). Cettf' pa1tie, traitée avec autant de met~o.de ~ue d erud1t10u, constitue un. des monuments les plus précieux pour l h1stoue de notre langue. La encyclopédique ne laisse, non plus, nen à dé~i~e.r : chaque science traitée avec autant de competence et de preclSlOD que danil les spéciaux, et avec plus de sincél'ité, d'impa~tialité q~e .dan~ ueaUIIlOUI'IIi!ll d'autres rt~cueils encyclopédiques. Chaque a1 hele est nus a ainsi les biographies dei! contemporains sont conduites jusqu'à -.x~~!-1-•IROi~• Aujourd'hui, celle œuvre capitale a atteint son couronnement. volumes dont elle se compost: ont paru. Avant peu, toutes les ra:mt1!l&lll posséderont cette bibliothèque complète, cette encyclopédie à la minute, fournit à chacun le renseignement déJ<iré, avec tous les nécessaires, utiles, complets , mais sans ton1ber dans le fatras des pilations qui rendent les recherches si difficiles. Pour un ouvrage qui sert journellement, on désire une reliure solide les personnes qui n'auraient pas un bon relieur à proximité n'ont demander l'ouvmge relié: la reliure demi-ch9.grin vert foncé, ua,nc.nM111 jaspi-es, plats en toile, coùte 5 fr. le volume; elle est, à la fois, et solide. Tous les souscripteurs recevront à la fois les six volumes, l'ou

Snpplêmen_t _de _-~~~cole primaire. q

PRIX:

complet, de suite, avant d'avoir rien versé. Le Dictionnaù·e des Dictionnau·es est, de tous les ouvrages du genre, le plus ~omplet et le moins cher, _ca~ l'encyclopédie l~ plus vogue coûte pres de 800 fr., une autre qm n est que commencee 500 quant aux autres dictionnaires, ou bien ils ne sont que ne contenant que la langue, n'ayant pas la partie enlr:y<:loJoéctiql comprend l'histoire, la biog1·aphie ancienne, moderne "u•un.• .• les lettres, les sctences et les arts; ou bien ce ne sont trop incomplellil sous le double rapport lexicog1·aphique et en(~yctor.•ècttQUiltl Malgré la modicité relative de son prix, il fallait trouvPr mettre le DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES, cette œ uvre indis01i!DIII sable, d'une utilité quotidienne, à la portée de toutes les boursPs. est atteint par les combinaisons suivantes : :lre Combinaison. - - Prix 180 fr. payables en :18 mois, à raison de fr. par mois, recouvrables par traites, tous les 3 mois. 2me Combinaison. - Prix: 162 fr., au lieu de 180 fr., payables cmDP'Uiolllilll Il sera en outre accordé avec grand plaisir des délais plus lo faveurs particulières à tous ceux de nos lecteurs qui s'adress ment à Mgr. P. Guérin 56, Avenue de Déols, Châteauroux, Indre.

Les dettes '

Ne vous sem~le-t-il pa~ qu'un homme, à qui voua avez prêté de 1argent, n est plus ce qu'il était auparavant' J'aimai~ fort M.. Grün. Je le voyais assez souvent chez m01,. et tOUJOUrfl avec plaisir; c'était un jeune homme atmable, de bonnes manières, d'un extérieur ag.réable, oau~ant de tout, instruit, aimant les arts; nous ét~ons les _meilleurs amis du monde. Auss1, lorsqu'il me pr~a de lm prêter une certaine somme dont il avait bes~tn pour un achat, n'hésitai-je pas à 'lui rendre ce servtce. Il yromi~ de me payer au nouvel-an. Chose étrange! a parttr. de ce jour, il y eut une ombre de cbau~ement ?ans nos relations; il roe paraissait amoindri · Je ne sats t~·op pourquoi, car il était toujours le même'; cependant, _Je n~ le voyais plus du mèma œil. Ce f.~t bt~n P•.s, lorsque le nouvel -an arriva, sans que M•.Grun s acqUittât de sa dette. Il se présenta chez ~01, .avec des. excuses, me priant d'avoir égard à sa st_t~ahon i. or,, JO savais qu'il n'avait nul besoin de ma pttté , pUisqu_ il ~agn~it annuellement une fort belle somme;. ausst batssa-•1 encore de quelques degrés dans mon esttme. ~e co~sentis, toutefois, à prendre patience ; supposant qu. tl avatt. dû faire des dépenses forcées et ma~t~ndues, .J~ passai la chose sous silence , mais notre amtt1é fut seneusement ébranlée. Lo ~ouvel-an ~uivant ne m'apporta ni argent ni excuses.' on ~ùt dit qu~ M. Grün ne songeait plus à Sll' dette, ses vtst!es de~mrent rares; il y avait de la gêne entre nous, et son Silence ne contribuait guère à le • lever à mes yeux. re _Mainte~ant, qu'il arrive ou reparte, qu'il parle ou se ta1se,. qu tl reste debout ou s'asseye, tout chez lui me déplalt. }e le trouvats charmant., je le vois insupport~b l~. S tl cau~e avec,.entram, franchise, vivacité, je me ~t s · Conç?1t-on l1mpudence ~ ne dil·ait-on pas , à 1 ent~~d~•\ q!-ltl ~st mon créancier~ il se croit chez lui 1 - S tl est SJ\enc.•eux ou paraît triste : - Quel manque l~tal de_savotr- vtvre l il ne se donne pas même la peine d êt.r_e a1~a~le, D?algré ses obligations enve1·s moi 1 Est·tl ga1, m_souc1ant: - I l a beau jeu avec mon argent 1 Oa vott que sa dette ne lui pèse guère 1 - Ra-


conte-t-il une excursion 1 Je m'indigne de ce qu'il se soit permis cette dépense. S'il m'apporte une nouvelle, je lui réponds à peme; la meilleure nouvelle pour moi, set·ait la rentrée de mon argent. S'il pal'le an sérieux de choses importantes, s'il fait preuve de savoir et de bon sens : - Que ne said·tu aussi calculer 1 - S'il porte des vêtements déft·aichis, je me demande à quoi donc il emploie tout son argent.. S'il se présente avec un ha· bit neuf: - Il est facile d'êLre élégant avec l'argent des autres 1 Je trouve impertinent qu'il ose se présenter chez moi, et, s'il ne vient paR, je le compare au chat qui s'enfuit, après avoir volé un morceau de viande. Si l'on vante devant moi son application et ses aptitudes : - Que pourrait·il faire de bien lui qui ne sait pas même payer ses dettes' Parfois, je me reproche mes sentiments à son égard, mais la réflexion me dit qu'tls sont mérités; ce que je méprise, en lui, ce n'est pas sa position modeste, qui l'a forcé à avoir recours à la bourse des autres, mais son manque d'ordre et de conscience. Je connais des débiteurs plus pauvres, et très honorables. Anxieux de s'acquitter de leurs obligations, ils s'empressent de restituer les petites sommes qu'ils peuvent épargner, afin de se libérM peu à peu. Qui ne prendrait patience en pareil cas' qui n'estimerait de pareils débiteurs 1 leut· honnêteté commande le respect. Malheureusement, cette honnêteté fait totalement défaut à M. Gtü[); peu lui importe de me faire attendre, ou même de me faire perdre ; cette absence de con· scieuce dénature toutes ses autres qualités, comme un œuf gâté empoisonne toute l'omelette. Moins il pense à sa dette, plus il m'y fait penser. Il serait sur des épines~ s'il savait comment je le juge. Je crois qu'il s'en doute, et c'est là ce qui lui fait perdre de son aplomb; il est forcé d'accepter et d'admettre tout ce qu'on dit , sans oser exprimer une opinion contraire; son humilité est plus apparente que réelle, cal', s'il sentait son abjection, il ferait un effort pour en sor· tir. A sa place, je préfüerais travailler au fond d'une mine, jusqu'à la restitution du dernier centime, afin de pouvoir dtre enfin, d'un cœur léger : Je c:Juis quille, je suis libre, je suis un homme 1 Enseignons aux jeunes gens à être exacts et scrupuleux dans les :~ffail·es d'argent. Disons-leur qu'il y va de leur honneur. Celui qui néglige de payer ses deLies

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bais"e immédiatement dans l'opinion; il est forcé d'aeoepter les affronts; ses amis cessent de l'estimer. La dette amoindrit le débiteur. Parents, dites à vos fils: -- Ne dépl'lnsez que ce que vous possédez; supportez tout., plutôt que d'emprunter, serait-ce de votre meilleur ami. Et, si vous êtes forcés d'avoir recours à cette mesure, ne le faites qu'à la der· ni ère extrémité, et dites-vous bien que votre indépendance, votre honneur, votre dignité, votre individualité sont en jeu; dès lors, appliquez·vous à restituer le plus vite possible ce que vous avez emprunté. Pensez y jour et nl]it. Hâtez-vouq de vous dégager de ce joug pesant. Dites-vous qu'une dette d'argent est une dette d'honneur. Ce n'est pas un créancier seul qui vous parle : la Bible dit : c Le méchant empruntR Pt nP l'Ani! pas. , (Traduit de l'allemand par H. M.) -.-----&~O~a-------

Jli'VrOgnerfe. Nous empruntons aux Etrennes fribout·geoises de !89~ l'intéressant article suivant: On sait que l'ivrognerie et l'usage immodéré des spiritueux , considérés seulement au point de vue physiologique. ont sur l'ensemble de l'organisme J'effet le plus meurtrier. Nos médecins vous diront - et vous avez pu vous en convaiDilt'e vous-mêmes - combien d'hommes nés robustes et intelligents sont morts entre 30 et 40 ans, le sang appauvri, affaiblis, hébétés, léguant à leurs enfants une santé débile et le germe de maladies incurables 1 Ainsi, con · seulement la génération présente, mais celle qui suit, porte la peine de cet homicide lentement préparé et fatalement perpétré par les habitudes d'intempérance 1 Que de forces vives perdues pour une nation 1 Quel amoncellement de misères, de souffrances, de folies et de crimes 1 Dans la question qui nous occupe, les statistiques des prisons, des hôpitaux, des maisons d'aliénés ont l'autorité irréfutab:e des chiffl·es. Plus de la moitié des hôtes de ces lieux désolés appartiennent au1 victimes volontaires d( l'tvrognerie et de l'abus des boissons spiritueuses 1 Nous vivons, sans nous en aperc~voir, dans les contradictions les plus étranges 1 Le choléra fait-il son appa·


-'rition dans quelqne pays voisin, aussitôt on assemble des conseils sanitaires, on prend les mesures les plus sages et les plus sévères pour combattre le péril. Et nous ne pensons pas que nous avons toujours au dedans de nos cités et de nos villages une contagion, un fléau destructeur de la vie hu maine, et qui , ce1·tes, fait plus do victimes par ses 1·avages continuels qu'une épidémie passagère, quelque forte qu'elle soit 1 Et ce fléau tue l'être moral : et cette contagion est la plus redoutable de toutes... celle du vice ! Ce sont les vices qui sont les ennemis les plus constants, las plus directs de la société ; et l'habitude que nous contractons de les avoir constamment sous nos yeux leUt' ôte, malhAureusement pour nous, la sensation froissante qui résulte du choc imprévu. A la vue du crime, on s'indigne, on proteste, on a pour le vice un laisser-aller insouciant qui constitue une sorte de complicité dont l'importance nous échappe, mais qui a une portée mot·ale des plus funestes 1 Aujourd'hui le mal, agrandi de toute notre fatale indulgence, est devenu une gangrène dont il s'agit d'arrêter les progrès. Oui, le mal est grave. Il est là, au cœur de la nahon, comme un ver rongeur. Il s'agit dfl l'extirper, de l'arracher pendan~ qu'il en est temps et que l'espoir de l'avenir, notre jeunesse, peul encore être sauvée ... Le goât de la boisson est devenu fatalement une passion. Il s'agit donc de le remplacer par une autre passion, celle de l'épargne 1 Dussions-nous voir se succéder deux ou trois générations d'avares, le tort qu'ils pourraient faire à eux et aux autres n'approcherait jamais du mal que cause l'ivrognerie. Voici une combinaison bien simple et à la portée de chacun. Le calcul a été fait par d'autres que par nous , et il repose sur une hypothèse qui n'a rien de merveilleux ni d'impossible. Entre le vin et le tabac, un ouvrier dépense facilement 1 fr. par jour. Il ne le dépensera peut-être pas quotidiennement; mais le dimanch~. jour de dépenses et non de gain, et le lundi, trop souvent sacrifié aussi, compenseront les jout·s de la semaine où ces dépenses n'ont pas atteinL la somme désignée. Or, ce franc par jour, mis à la caisse d'épargne, formera, avec les intérêts eapitalisés,~aulbout de 30 ans, une somme de 40 mille francs. · Supposons ~queJ l'ouvrier ait commencé à Tingt aus cette épargne quotidienne, le voici à 50 ans

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en face de l'aisance, de la prospérité, s'il le veut, de la vieillesse indépendante, du repos après de rudes labeUI's! EL à côté de ce capital d'espèces sonnantes, il en aura arnassé un autre inestimable: l'habitude de la tempérance' Je bon exemple donné à SAS enfants, la santé, le bonbeur, la sereine sécurité qu'inspire un avenir assuré. Encot·e une fois, pensons au bonheur compromis d~ tant de ménages 1 Songeons à la classe ouvrière, à ses besoins, à ses aspirations. Songeons à tant de communes que le nombre croissant de leurs pauvres SUJ'charge d'une mamère qui surpasse leurs ressources, ce qui fait affluer de plus &~n plus ces malheureux dans les rues rle nos villes, devant les portes de nos maiso::1s. Songeons enfin à tant d'enfants qui, aprèa avoiL· hérité un tempérament vicié, grandissent dans un milieu déplorable, pom· devenit• ensuite les recrue& de nos priwns et de nos hô pi taux.

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Sur cechapitre, signalons un nouvel opuscule de Mgr J'évêque de St-Gall, qui traite de l'usage des boissons alcooliques et donne, à ce sujst, des avis très pratiques qui ne manquet•ont pas d'exercer une salutaire influence. Le travail de Mgr Egger se divise en 3 parties. Dans la première. l'auteur étudie l'influence de l'alcool sur les corps. Avec des preuves à l'appui, il répond d'abord aux questions suivantes: 1. L'alcool est-il un digestif? 2. L'alcool est-il une nou1-riture 't 3. L'alcool est-il un poison ? Suivent 3 autres paragraphes avec les chapitres suivants: 4. Morituri te salutant, (ceux qui vont mourir te saluent) ou une étude sur la mortalité effrayante. causée par l'alcool; 5. Les tempérants; 6. Les consé-

quences actuelles. La seconde partie est intitulée: L'alcool et les lois du

monde moral. Elle comprend 8 chapitres, dont les titres sont, pout· la plupart, tirés des Saintes-Ecritures : Le vin a été créé, dès le commencement, pour être la joie de l'homme , et non pour l'enivrer (Eccles. xxxr, 35); Quand je me réveillerai, je trouvet·ai eucore du vin pour boire (Prov. XXIII, 35) ; Malheur à vous, qui êtes puissants à boire du vin et vaillants à vous enivrer (Isaïe v, 22); Que si quelqu'un n'a pas soin des siens, il a renoncé à la foi, et il est. pire qu'un infidèle (I Ti m. v. 8); L'ouvrier qui est adonné à la boisson, ne devient pas riche (Eccl. xrrr, 1); Tu transmets le vice de te~ pères à tes enfants et aux enfants de tes enfants, jus-


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qu'à la troisième et quatrième génération (Moïse XXXIV 7); Le royaume de Dieu et le royaume de l'alcool. ' ~a troisième pat'tie: Qu'y a-t-il à faire? contient les trots subàivisions: 1. D'où provient l'wrognene ? ~.

Choses possibles ; 3. Religion et alcool.

Tel est le résumé df\ cet ir.léreasant écrit.

Plantation des arbres fruitiers On écrit au Nouvelliste vaudois : yoici le moment de la plantation des arbt·es fi'Uiliers qu.1 approche, quelques conseils et renseiguemeats à ce su.ret ne seront donc pas supet·flus. . Quand on plante des arbr·es fruitiet·s, la chose essentielle, c'est lie bien choisir son terrain. Celui-ci doit tout .d'abord avoir été copieusement fumé, ne pas être humtde, sans être cependant trop sec. Pour le choix des plant~, l'on. se bornera à prendre telle ou telle espèce que 1 o.n satt prospérer dans la contrée. Les pommes et les POJrt'ls sont .de bon rapport, ensuite viennf1nt les prunes et les cer~ses. Les su~els doivent être de pt·emière qualité, avec de f~rte~ l'acme.;, un tronc droit et fort, avec une couronne re~ulrère, et une hauteur d'environ 1. 80 m Ils ne dotvent pas avoir plus de 5 à 6 ans. La plantation se fait d'octobre en avril; plus tôt on la fera, plus sûre en sera la réussite. On plantera en automne dans les tenains légers , poreux; et au prin~e~ps dans les terrains compacts el humides, cela pour evtter la pourriture des r·acines. On creusera un carré m9surant 1.50 m. d~ côté et 80 cm. de profondeur. Si ll:l sous-sol fiSt mauvais, on Margira le creux ; s'il est boo, alors on donnera plus de profondeur·. Au foud, l'on placet·a . le gazon do la sUt·far.e ou, à son défaut, un lit de former; l'un ou l'autre rdcouvet·t d'une mince couche de terre. L fl meilleura couche de terre doit être réset·vée pour entourer le~ racines ; vient ensuite une nouvelle couche de fumier. Li terre du s ous-sol se1·a pla~ée audes~us, et l'?n recouvrit·a le tout d'une couche de fumrAr,, ~fin d empêcher la sécheresse, eL en même temps de fertrhser le ::;ol. Si te tel'rain est humide et sujet à être inondé l'arbre devra, ~u.tant que possibl~ être planté sur un m~nticule, afin d evtter la pourritut·e des racines. L'arbre oe doit

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être planté, ni trop, ni pas assE~z profond · le collet doit se trouver au niveau du sol. ' Un tuteur placé au nord de l'arbre, le soutiendra pendant les forts coups de veut et l'empêchera de se courber; on l'attachera au moyen d'un lien de peau un bourrelet de paille placé entre deux empêchera 1~ frottemen t. Comment disposer du verger pour l'arrangement des arbres ? La meilleure manière est d'abord de ne pas trop les serrer, l'armogement en • quinconce • paratt préférable. (:-:) Pour les pommiers, poiriers, cerisiers, la diKtance doit êlre de 8 à 12 m., pour les pruniers de 5 à 6 m. seulement. Si l'on veut un prompt rapport dans un nouveau verger, il faut planter entre deux arbres à haute tige, distants de 10 à 12 m . , un poirier greffé sur cognallsier ou un arbre de fruits à noyau. • Eviter autant que possible de planter un jeuae arbre à la place d'où l'on a arraché uo vieux tronc •, ou si on le fait, il faudra creuser un fossé de ~ à 3 m. de diamètre et de 50 à 80 cm. de profondeur. L',ubr<~ oe doit pas être touffu on fera doue bien de le <légager en enlevant les petite~ branches, spécialement celles qui sont les plus basses. Il suffit d'une taille judicieuse, pendant les trois premières années, pour former une couronne équilibrée. Un instrument bien aiguisé est de toute nécessité ; la surface coupée doiL être t•ecouverte d'un bon mastic, de couleur à l'huile ou do goudron, si le diamètre de la coupure est plus de 4 cm. Les soins que l'on doit donner aux ar·bt·es sont nombreux : pour les protéger des blessures des charrues, herse!!, rouleaux, etc., il faut avoir soin de les entourer de trois bons pieux, réunis entre eux par des lattes transversales. Pour les garantir des dégâts du gibier, on entourera Je tronc d'épines ou d'huile animale. Un labourage fréque[lt tiendra la couverture des racines meu ble et dépourvue d'herbe. AvPc un racloir, on enlèvera du tt·onc et de la couronna la mousse, le lichen, Je gui, etc. En novembre, il faut enduit•e les troncs eL rameaux épais avec du lait da chaux, ce damier procédé les garantissant du froid, da l'établissemeut d'insectes, et du développement des lichens et dea mousses. Pour qu'un arbre fruitier produise, il faut d'abord que le sol ait été bien fumé. Ce dernier travail pourrait ae faire toute l'année, mais la saison morte est préférable.


a L'engrais de ferme, les purins, les cendres ~e bois, les engrais chimiques dissous . d.~ns l'ea':l conviennent aux arbres· ces matièt·es nourricieres doivent être répandues s.lr tout l'espace qu'ombrage la couronne. . Un arbre qui croit ,dans ~n sol ber~eux pe~~ m,o1~a facilement se passer d engrais; en .pareil cas, s !1 s ag1t de fumure, on ne doit pas avoH' peur de faue trop, mais plutôt de faire trop peu, Lorsqu'il s'agit de rajeunir un arbre, il fau~ra scier les branches secondaires de la couronne au Liet·s ou l la moitié de leur longueu1·. Cette opéra!ion d~it se faire en automne ou au printemps. L annee sm vante on ohoisira les jeunes pousses les mieux placées pour reformat· une couronne régulière. . Les arbres improductifs doivent être greffés au prin· temps avec des espèces productrices. Si cela a bien réussi, au bout de 3 à 4 ans ils rapporteront eu abooda~ce. Disons en terminant, deux mots sur la maturité du fruit. Le~ pommes et poires hâtives ne doivent pas rester trop longtemps sur l'arbre! crai~te de de.venir farineuses. Pour les espèces tardives, tl taut faire le contraire, car en agissant ainsi, elles acquièrent un .gollt oxquis et ont la faculté de se conserver sans se nder. Nous autres agriculteurs, souvenons-nous de ce que le riche laboureur a enseigné à ses enfants : Travaillez, prenez de la peine, C'est le fonds qui manque le moins. Il ne suffit donc pas de planter des arbres, il faut aussi dire, comme le poète: • Un h·ésor est caché dedans • Eh bien! ce trésor ne se ti'Ouvera pas sana travail ; c'est en soignant vos arbres que vous l'obtiendrez.

Pensée. - Rien n'arrive que par la providence de Dieu et Dieu fait tout pour ses élus. Soit donc qu'un empire se fonde ou s'écroule, qu'un soleil s'éteigne ou s'allume, que le vent souf!Ie de l'?rient o~ de l'~ccid~ot, aLtE\ndez toujours Dieu; c est toujours Dieu qu1 amve, encore que la poussièrH soulevée par son passage noua dérobe longtemps sa figure et son secret. LACORDAIRB, Un père, voulant ill:ger des P,rogrès de, son fila, l'interroge sur la grammaire. - Qu est-ce qu un œnft - C'est un substantif. - De quel gen~e.? - Papa, ~~ na ~ait pas. Il sera masculin ou fémiDID, selon qu 11 sortira un coq ou une poule.

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Supplément de l'Ecole primaire. L'ESCLAVAGE AFRICAIN STATIONS RELIGIEUSES ET POSTES FORTIFIES Dédié à l'Ecole prtmaire par

MARro'~'JG<•

A titre de détails sur la ch1·onique d~ l'esclavage, il ne sera pas sans intérêt pout· ceux de nos lecteurs dont cette question a éveillé les sympathie3, d'être renseignés sur les efforts déjà tentés pour entraver la marche et les conquêtes des marctrands de chair humaine. Nous voulons parler des établissements créés dans ce but sur divers points de l'Afrique, soit refuges et postes militaires destinés à assurer la sécurité des noirs ainsi qui:! des résultats obtenus, premiers jalons ~a la civilisation chrétienne sur le sol ardent du contiDent mystérieux. A cet effet, nous empruntons aux sources les mieux autorisées les extraits suivants: Vers la fin d'aoiit, l'année dernièt·e, le Journal des Débats annonçait en ces termes qu'une région du Tanganyka aurait été complétement ravagée par les chasseurs d'hommes : • Le Marouaga, entre le Tanganyka eL le Haut-Congo, vient d'être littéralement dépeuplé par un certain Makoutouhou homme à la solde des Arabes, et, dit-on, associé du sultan. L 'expédilion de Makoutoubou s'était organisée à Kirando, local:té située à deux jours de marche au sud de Karema, un des postes religieux du vicariat apostolique du Tanganyka. Kirando est devenu le centre do toutes les expéditions qui ont pour but l'enlève· ment ou le massacre des populations paisibles et craintives qui habitent entre la rive occidentale du Tanganyka et le lac Maéro. Kiraudo et Oudjiji sont des points im· portants de ravitaillement. et de cooceutrati.on. pour les troupes de négriet·s; celUI-là au nord , celUI-CI au sud du lac Tanganyka. Los Allemands ont déjà réussi. à gê· ner les trafiquants de I'Ou-Nyamoussy en é~abiissaot un poste militaire à Oudjiji; ils vont en établir un au-


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tre à Kirando. L'expédition de Makoutouhou était eom.. posée de Wa-Gala, de Wa-Fipa, et de Wa-Bendé, (peu. plades qui habitent la rive orientale du Tanganyka et réputées par leur férocité). Elle a duré un ao. Le Ma. rouyagou ayant déj à été dévasté par led négriers, l'expédition de Makoutoubou n'a pu enl~ver que 3000 esclaves de tont âge et de tout sexe. Mais on n'en a ramené que 2000 à Kirando, le reste a été massacré en route par les négriers peu soucieux d'abandonner derrière eux des traînards dans la crainte qu'ils ne recouvrassent la liberté. A cLaque étape on massacrait 10, 20, 30 et même quelquefois 50 malades. Une fois mê:ne, en' sort.ant du territoire de Kizah, comme on longeait une rivière, le Loufenko, on jeta à l'eau près Je 3u0 femmes âgées et enfants qui ne pouvaient plus faire la J'oute, Dès que les Père~ blancs de la station de Karéma apprirent l'arrivée de l'expédition de Makoutoubou à Kirando, ils se rend1rent 1ians cette localité pour acheter des esclaves; on leur vendit 110 enfants; mais ces pauvros créatures étaient si affaiblies pat• les fati!!ues de la route, que les marins de la station durent les porter dans leurs bras au bateau qui devait les conduire par le Tanganika jusqu'à Karéma. Le campement de la mission des Pères b la ncs fut alors transformé en hôpital pour les hO esclaves que l'on venait d'acheter; mais malgré les soins dont ils étaient entourés, il mourut une trentaine de ces enfants trop éprouvés pat· les privationq, D'autre pllrt, l'Ou-Roua (région occiàentale du Tanga. nyka) est présentement ravagée par une autre expédition sous les ordres d'un Arabe nommé Mahomet bea Salem. Il y a trois ans que cetle expédition est pat·tie des rives du Tanganyka; elle n'a probablement pas encore accompli son œuvre de destruction, car elle n'a pas reparu depuis. Cependant le capitaine Joubert, avec le petit contingent de troupes que l'ELat du Congo a mis à sa disposition, cherche à protéger contre les négriers les contrées qui coufioen t aux rives occidentales du Tanganyka. Mais son eff<:lctif eRt si faible qu'il a rl.Sjà hP:Hicoup de peine à se tenir sur la défensive (1). (1.) Le capitaine Joutert est un ancien officillr de zouaves ponllficaux qui, après avoir défendu le Pape et la France en 1871, est allé vivre avec les missionnaires et s'est condacré à la défense des noiu.

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Jusqu'à ce jour, les postes religieux du vicariat apostolique du Tanganyka n'ont. pas été inquiétP~, et ils continuant à accomplir leur œuvre de libération. Il r.om111ence, d'ailleurs, à se constituer une ag11lomération considérable de chrétiens autour de chacune defi station& raligieuses du lac. Quelques-unes de ce~ ~~gl0mérat1ons sont composées de 1200 à 1500 nègres tmt1ès aux pratiques du christianisme, et travaillant .la. terre .S?Uil la Rnrveillance des Pères blancs de la mJssJon vo1sme. ~

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Le rapport des administrateurs généraux de l'Etat .du congo au Roi-souverain, renferme un exposé. détaillé des mesures prises au Cougo pour la suppressiOn de la traite . Il nous apprend entre aut.res que dans le Haut Congo, ces mesures anti-esclavagistes n'ont pu donner de résultats appréciables que là où l'autorité de l'Etat est représentée par des agents suffisamment soutenus pour l'imposer. Dans les te~ritoires. acquis à l'influe~ce des stations, le long des vo1es navigables où la poilee est faite par les steamers, la traite commence par être b:tttue en brèche. En revanche, dans les parties de l'est et du nord-est du territoire indépendant, les chasseurs d'hommes ne rencontrent pas les mêmes obstacles et leu rs agents ne peuvent pas toujours être châtiés. Toutefois, là encore l'Etat a organisé une chaine de postes défensifs contre les enyahis~e~ents de~ esclava· gistes. Depuis le Tan gourou Jusqu à 1Ouellé Il a fondé des camps fortifiés que les chasseurs d'hommes ont en vain essayé de franchir. A Lousembo, sur le Sankourou, la garnison d'un de ces camps, d'une force de cinquante hommes de l'armée régulière, assistée de colonnes d' indigènes qui étaient venues se placer sous sa protection, a remporté, sous le commandement d'officiers belges, de sérieux succès contre des bandes d'Araôes qui ont été repoussées vers l'est et dispersées. Au confluent de l'Arououimini et du Congo, le camp établi à Basoko a tenu en respect d'autres bandes menaçantes qui n'ont pu le franchir. Voyant le passage fermé de ce côté, les esclavagistes se sont alors portés vers l'Itimbiri et l'Ouellé, mais là ils se sont trouvés en présence des forces de l'Etat indépendant qui les ont refoulés. Il est indispensable de reuforcer cette ligne d'at·t·èt et


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d'en multiplier les postes. Les agents de l'Etat dans ces parages s'y emploient activement. D'heureux succès ont été obtenus. Les populations natives, jusqu'alors terrorisées pat· les Arabes et vivant dans une crainte perpétuelle, viennent actuellement se grouper autour da ces postes, y fonder dAs villages à demeure permanente, et apprennent de leurs nouveaux alliés à défendre leur vie et leur liberté. De nombreux indigènes réduils en capttvité par les Arabes, ont été rendus à leurs foy~;~rs. Les chets de certains postes sur l'ltimbiri écrivent qu'on se fait difficilement une idée de l'empressement avac lequel las indigènes accourent auprès d'eux, s'y installent et forment des agglonJérations résistant à l'ennemi commun. Là, où lors do la fondation d'un poste, existaient dix cases à peine, on en compte plusieurs milliers au bout de peu de temps. C'est par centaines que chaque jour les indigènes viennent se masser sous la direction du blanc. A coup sûr, ce n'est pas du jour au lendemain que l'œuvre de libération des noirs peut s'accomplir; il faut attendre beaucoup de l'avenir et de la persévérance; une tâche aussi lourde exige d'ailleurs des ressources abondantes et des moyens d'actions concortlants. Le ré· sultat acquis dès aujourd'hui, c'est que les chasseurs d'esclaves ont été confinés dans une région circonscrite, et que l'invasion arabe qui s'avançait conquérante est arrêtét~ du nor.i au sud de l'Etat indépendant. Les camps établis à grands frais ont Anrayé le cou· rant, l'ont empêché de descendre le Congo, et de menacer les possessions des Etats limitrophes. N'eût·il aUeint que CA résultat, l'Etat indépendant aurait ;bien mérité de la civilisation et de l'humanit.é. (A suivre.) MARIO*.. o<QI§C: a

De la protection des animaux {Hygiène du cheval. -

Suite}

Le~ bon charretier portera toute son attention sur l'état des colliers et des harnais. Il les graissera de temps en t~mps pour que les cuirs soient souples et doux. Il rejettera tout colliet· trop petit qui pourrait serrer le cou de l'animal et empêcher la circulation du saDi dans les

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veines jugulail·es, ce qui lui causerait de la souffrance d'abord, Pt amènerait ensuite des étourdissements et J'a· poplexie. Le bon charretier aura bien soin de visiter chaque jour la partie du collier qui s'applique su•· le poitrail du cheval, afin de voir s'il ne s'y trouve pas quelque aspérité, quelque déchirure, quelque pointe de bois ou de fer qui puisse causer de la douleut· à l'auimal et même Je blesser. Que de fois on taxe de paresse ou d'entêtement le refus d'un cheval de marcher, ignorant la douleur que lui fait éprouver la pression d'un collier défectueux 1 Il faut qu'un collier soit solide et léger en même temps, et que les parties qui s'appuient sur le poitrail !!Oient larges, unies et élastiques. L'l pat·tie supérieure, qui p?rte sur le cou de l'animal, doit être aussi l'objet de la plus grande attention. Le collier, à cet endroit, doit être large et bien rembourré. Lorsque cette partie est étroite et dure, le poil de la Cl'inière se coupe prompte· ment, la peau est meurtrie, bientôt entamée, et le collier, s'enfonçant dans les chairs vives, fait endurer à la malheureuse bête un affreux supplice. Le bon charretier refusera toujours de faire travailler un animal dans ces affreuses conditions, et le priJpriétaire attentionné et compatissant n'attendra jamais que Je mal arrive à ce point extrême. Aussitôt qu'il s'apercevra que le poil s'use, il fera réparer et regarnir Je collier et, si la peau étsit écorchée, 11 laisserait reposer le cheval jusqu'à l'en· tière fermeture de la plaie, après y avoir appliqué les remèdes nécessaires. Si, toutefois, après avoir consulté un vétérinaire, ce dernier reconnaissait qu'un cheval ainsi blessé pü t être, avant son entière guérison, soumis à un travail léger sans en éprouver de la douleut·, on s'en servirait comme cheval de flèche avec une bl'icole au lieu de collier pendant tout le temps nécessaire au raffermissement des chnirs. Généralement, aprèi avoir bien lavé et nettoyé les plaies, on y applique de l'acide phénique et l'on y étend de la teinture d'aloès, qui sont des médicaments antipu\rides et desséchants. Le harnais qui se pose sur les reins du cheval limo· nier doit être établi suivant la ta!lle et la forme de l'a·


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nimal. Il faut surtout qu'il soit bien rembourré. Trop grand ou trop petit, ce harnais produira des frottements et des pressions qui, en peu de temps, meurtriront et entameront les chairs et causeront à la pauvre bête des douleurs atroCils. Si l'on remarque qu'un harnais ne s'applique pas parfaitement sur le dos du cheval, il faut, en attendant sa refection ou son rl:lmplacement, mettre entre le corps et le harnais des morceaux d'étoffes de laine ou de coton pour gararantir l'animal et lui épargner des souffrances. Les mors d€.vront être aussi examinés. Il faudra les nettoyer et les lavet· chaque jour et faire en sorte que leur surface soit toujours bien unie et bien douce. Un mors trop étroi~, mal poli, rude, inégal , écorche les lèvres, la langue et les gencives du cheval, cause à celuici une souflrance de tous les instants et le rend tellement sensible, irritable, ombrageux, qu'on ne peut l'approcher sans qu'il fasse des mouvements de tête désordonnés. On se gardera bien de mettre dans la bouche du cheval un mors très froid ou gelé, car il en résulterait pour l'animal un excessif malaise, des conséquences parfois graves, et des accidents au moment du harnachement. Les mors doivent être tenns, surtout en hiver, dans un local chaud. Les écuries doivent être construites sur un sol sec, {,levé. L'air doit y circuler librement. Les chevaux qui les occupent doivent avoir un espace suffisant pour pouvoir se coucher et s'étendre. On fera bion de les Réparer par de~:~ cloisons en bois afin d'éviter les accidents. Le sol doit être uni, pavé, cimenté, bitumé ou planchéié, et un peu en pente, afin que les urines s'écoulent facilement. La ventilation doit s'opérer par des fenêtres ou châssis pratiqués autant que possible dans la partie supérieure du local, afin que les chevaux ne se trouvent pas dans un courant d'air continu. Il faut faire en sorte que la températu1·e n'y soit pas trop élevée pour que le passage du chaud au froid, surtout l'hiver, n'apporte pas aux chevaux des maux de tète, des esquinancies, des rhumes ou morfondements, toujours douloureux, souvent dangereux: une moyenne de 16 degrés est suffisantA. Les meilleures écuries sont celles qui sonL voutée'3; la température s'y maintient toujours égale et les incendies sont moins à redout~r. Il faut

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qu'une écurie soit to.ujours teoue trè~ proprement i les vieux fumiers ne dotvent pas être latssé~ sous les chevaux et les toiles d'araignée seront touJours enlevées. E~ route, on au ra soin, surtout l'été, d'emporter une éponge que l'on placera dans un seau a~croché sous la voiture. Ce seau qui, pour la commodtté et l.a durée, sera de préférence en toile imperméable, . ser~11·a, pour faire boire les animaux dans les ~ndroits. ou 1 o~ ne eucontrerait pas d'abreuvoir. PlustAnrs fots par JO?r, r rtout lorsqu'il fera boire ses bêtes, le charretier ~~mectera son éponge et leur bassinera les tempes, les naseaux et la bouche. Il leur lavera les yeux pou~· l;s débarrasser de la poussière et des mouc~eron~ qu1 ! Y auachent. I.e cheval soigné de celle mam~re eprouvera une salutaire impression de fraîcheur qut !e ~emettra de sa fatigue. Outre le bten-ètre proc11ré à 1 ammal par ces lot10ns, on éloigne les étourdissements ~ausés par la chaleur ou les accidents qui en sont la sutte. . Revenons aux mauvais traiteme~ ts et aux brutalités exercées envers les animaux dfl tr.alt. Le conducteur ignorant et grossier est cruel pour les animaux qu'il possède ou qui lu~ sont C?nfiés. e~~ l't>ffroi de ces pauvres bêtes dont . tl devratt è ~re .1 amt, de ces pauvres bêtes qui le font v1vre et don~ 1extstence entre ses mains est un supplice d~ tous les In~taots, un martyre con tinuel. Le corps toUJOUt's. co~rbaturé, les cbait•s el les muscles toujours endoloris, b1en p lus encore pat· !es coups que par le trava~l, q~elque rude qu'il soit, ahuris, abrutis par les mauvais traitements ~e toutes sortes, brisés de soutlraoce, mourant qu,elquefots de faim : tel est le piloyable état de beaucoup d ~m~aux de trait. Que d'actes révoltants se co~met~ent a1ns1 tous les jours 1 Qu'un cheval, quelquefois v1e~x, mfirme! malade soit arrêté pat· quelque obstacle, Il est exc1te loogue~ent et cruellement par son féroce C?nducteur qui au lieu de se rendre compte des réststances à vai~cre et des efforts utiles à faire, d'enleyer u?e pierre, de combler une ornière, frappe, f1·appe JUsqu à ce que 800 bras soit fatigué, et enlève ainsi à la . malheureuse bête la force et Jo courage qu'il entend lUl donner., Ah 1 si la nature avai t accordé au ch~val, au ~ulet, à .1 âne, au bœuf même ces auxiliaires s1 bons, s1 doux, s1 courageux au tra~ail et si résignés dans leur martyre, la

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faculté d'exprimer leur douleur par des cris, l'homme Je plus barbare aurait alot·s senti les fibres de son cœur s'agitet· à ces accents déchirants et, à moins d'être foncièrement cruel, il serail devenu l'ami et le protectE>ur d&s èlres dont il est non seulement le tyran, mais le bourreau. Non, les chevaux ne crient pas lorsqu'on les maltraite, lorsqu'on les torture, mais le charralier observateur eL compatissant voit et sent, aux contractions de leur bouche, à leurs frémissements, à leur respirat.ion bruyante ou saccadée, à leurs sourds mugissements, et jusqu'aux larmes qu'ils out parfois dans les yeux, les souffrances qu'i ls ressentent . Les animaux de trait, qui n'ont aucun intérêt à nous servir, qui pourraierat se passer de nous si no•Is leur donnions la liberté, ont quelquefois malheureusement besoin d'être excités pour exécuter les t-ravaux auxquels nons les soumattons. Mais ces excitations doivent être raisonnées, exercées avec mesure et ne pas dépasser les limites prescrites par le bon sens et surtout par la pitié. C'est dans l'à·propos, et dans la manière de commander et d'exciter qu'on reconnaît Je bon charretier.

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V.&BIETE8

Un nouveau dictionnaire. - M. Cb. Na'.'rAy est l'auteur d'une nouveauté intitulée Voyage autour d'un dictionnaire. Cet ouvrage est plus amusant à feuilleter que le gros Dictionnaire de l'Académie française ou d'autres pareils. On en jugera par les quelques définitions suivantes: - Notaire. Habit noir et cravate biHnche qui renferme quelquefois un homme. - Collège. Uoe prison où on a été malheureux et où on voudrait revenir. Bretelles. Bandes que Monsieur met sur ses épaules pour soutenir les culottes que Madame porte. - Exagérer. Verbe dont on se sert rarement quand on dit du b•en d'autrui. - Momies. Cunset'VC:lS humaines. - Sens commun. Le moins commun des sens. - Crotltes. 'fous les tBbleaux qui ne sont pas de mon pince::tu. Et il y a 246 pages comme cela dans le Voyage autour d'un Dictwnnaire.

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SION l er & vril 11!192

L'ECOLE PRIMAIRE REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION L'ÉCOLE PRIMAIRE paraît chaque quinzaine, de Novembre à Avril inclusivement, en livraisons de 16 pages.

(A suivre.) r

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XI"'• ANNEE

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Prix d'abonnement pour la Suisse, 2 Cr. 50 . Union postale 3 Cr. & nnonces, p·r ia, 20 cent. la ligne ou son espace. Tout ouvrage dont l' Ec?le prim ai1·e recevra d~ux exe~plaire s aura droit à une annoncP ou a un compte-rendu, s 11 y a heu.

SOMMA I RE: Aux régens. Conseils sur l'éducation des enfants. L 'enseignement du ca lcul. Correspondances : De la Bible illustrée. - Encore la gratuité du matér iel scolaire. - A propos de la préparation des recrues. - Encore le sujet de conférence. - Partie pratique : Sujet de style. Sujet traite : Dict ees. - Variétés : 1-a distribution des p r ix; flnecdotes scolaires. - Suppléments. Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : M. P. PIGNAT, secrétaire au Département de l'Instruction publique, à Sion.

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