No 08 l'Ecole primaire, 1er Mars 1894

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SION. 1•· Mars

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voilà ce q~i est important, il n'y a que cela de bon s 1~ .terre. C est u~ grand malheur qu'oo ait oublié la ur ltg10n; on. ne sa1t pas ce qu'on a perdu •. Puis , d resant à un Jeune médecin qm élait auprès de lui . 1 sQ ,resce q~e . vo~s en pensez, jeune homme ? N'est-tl pa: q~e J at ratson? Sentez-vous cela comme mo· &l ~•mez-vous ~a re)igion! Avez-vous de la religi~~ ;~uL t Jeune ~édec!n lm ayant répondu que cette affaire n le regardatt pomt et qu'il s'abstenait de s'en 0 e e 1 Vous avez tort, reprit vivement Je malade vocucuper: tort, mon am1, · · vous vous en repentirez plus• tard s avez RELIGION, RIEN; c'est moi qui vous Je dis et v"ou:~s verrez; prenez garde à vous 1, ' e

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•** C'est le destin des constitutions écrites d'être torées, et quand on ne les rature pas. on les efface. ra. . · Louis VEUILLOT. ~~ faut fa1re VIte ce qui ne presse pas, pour pouv · fane 19ntement ce qui presse. orr ~e n'est qu'avec les yeux des autres qu'on peut bien VOl~ nos déf~ute. (Proverbes chinois.) La .fol me prouve les mœurs, les mœurs me prou vent la f01. B · OSSUET. *** Il arriv.e souvent aux nations comme aux individus de sou:flr1r pour leurs vertus. M..• de ST L''mer éd ul'té AEL. • • $ 1 n ' est que la plus grande des créduhtés. 'A ~ t ~ · D LEMBERT. *.;:*· Il 1au 1a1re des hommes et des citoyens avant de faire des sAv:ants. Assurons à la génération qui com~ence ~a c~nna1ssa?ce solide de ses devoirs, l'instructiOn sc~entJfique VIendra après; de cette instruction il Y a ~OUJours assez, et s'il n'y avait pas d'autre il y e 0 aura1t de trop. D B' R'1en n 'acere'd'1te plus les faux bruit" E ONALD. * * que Je si lence. B u * ENJA.JdiN CONSTANT. *· Tous le~ êtres de la création ont besoin de se n~urnr .pour VIvre; c'est pour cela que Je bon Dieu a f~tt cr01tr.e les arbres et les plantes, et c'est une table bieo servie ~ù tous ~es ~nimaux viennent prendre chacun 1~ ':louwture qm lu1 convient. Mais 1! faut aussi que l'âme se nourrisse, où est donc sa nourriture? La nourriture de l'âme c'est n·1 Obt ~· belle pe~sée l · . • L:àme ~e peut ~e nonrri :~ue de !eu 1 1_1 n Y, a que D1eu_ qm lui suffise 1 Il n'y a ue ~Jeu qui puisse la remplir et rassasier sa faim 1 Il qlui .aut absolument son Dieu. cURÉ n'ARs.

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L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION AVIS Ceux de nos ~ouscripteurs qui doivent encore leur abonnement à. l'ECOLE PRIMAIRE pour 1893-94: sont priés de réserver bon accueil aux cartes de rembourse~ ment qui vont être incessamment lancées. Pour ceux qui sont encore redevables de fournitures, il sera cumulé sur la même carte, pour moins de frais et simplification d'écritures, le montant de leur dû.

Correction des devoirs faits par les élèves Beaucoup de maîtres attachent plus d'importance à la fixation des deroirs en classe qu'à leur correction. Pourquoi négligent-ils souvent ce pénible et ennuyeux travail?· Ils s'en excusent, les uns en se plaignant du grand nombre de leurs élèves, les autres de la multiplicité de leurs oc~ cupatîons ; d'autres encore allèguent l'épuisement où ils se trouvent après 6 et quelquefois 7 h. de classe par jour. Ces raisons, il est vrai, sont plus ou moins !fondées; cependant, chaque maître doit aisément comprendre que des devoirs écrits, soit en classe, soit à la maison, qui restent sans contrôle, sollicitent les élèves à l'inattention et à la. négligence, les habituent à l'irréflexion, et sont propres à leur communiquer une foule d'idées fausses et incomplètes; c'est pourquoi il est absolument nécessaire de soumettre à un contrôle sévère tous leurs devoirs écrits. Ce contrôle a un autre grand avantage; le maître apprend à bien connaître ses élèves, à juger de leurs capacités, à apprécier leur amour du travail, leur degré d'application; il lui aide à constater leurs progrès, et à assigne~ à chacun sa place parmi ses condisciples. Les corrections le guident aussi dans son enseignement, car il voit les


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parties que les élèves ont comprises, comme aussi celles qui ont ~cbappé à leur inteHigence, et sur lesquelJes il faut revemr. dans les leçons subséquentes. Il peut également constater SI tous les élèves d'une division, ou seulement quelques-uns sont en retard, ou bien s'ils ont profité de son enseignement. Ces corrections ont encore le boo côté de forcer les élèves à apporter du soin à tout leur travail qui passe régulièrement tous les jours sous les yeux du maitre. Les parents eux-mêmes, par le moyen des corrections faites sur les cahiers de leurs enfants, peuvent suivre et apprécier leurs progrès, comme aussi les stimuler au travail : le dévouement du maitre contribuera à évei11er leur zèle pour J'avancement de leurs enfants. Da~s ~es bonne~ écoles, les instituteurs peuvent quelquefOis, .11 est vrai, employer les élèves les plus avancés, et ~e f~1re aider. pour certaines corrections; mais ce procéde n est possible que sous leur active surveillance et il ne peut s'appliquer qu'à des dictées ou à dea exerci: ces gra~maticaux, car rarement les élèves sont capables de comger eux-mêmes les compositions de style. Sans . doute, il. faut bien l'avouer, ce n'est guère agréable, apres les fahgues de la classe, de se livrer à ces occupations; mais comment mettre les élèves sur la voie p~ur faire des compositions, si on ne les leur corrige pas S~}lgneusement ? Par une bonne prépa1·ation et des explicatlOns préalables, on peut, à n'en pas douter, arriver à encoura· ger les élèves à apporter quelque attention à leur travail mais ~e con~rôle n'en est pas moins nécessaire pour signaÎer les mexact1tudes, relever les fautes, corriger les expressions défe?tueuses. Chaque élève doit être amené peu à peu à fa•.re se~ propres corrections, encore faut-il que Je maître l?1 soul~gn? les . fautes. Cette méthode, en effet, dispose l enfant . a 1 attentiOn, au travail ' à la réflexion , aux compara1sons etc ; elle con kibue également à bien fixer dans sa mémoire les tournures de la langue qui lui deviennent peu à peu familières. L'instituteur fait aussi bien de se rappeler souvent qu'il

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vaut mieux éviter les fautes que de les corriger; c'est pourquoi il est avantageux de préparer les devoirs, tant sous le rapport des idées que sous celui des règles à suivre dans l'art d'exprimer sa pensée; car il importe que l'enfant ne puisse jamais alléguer l'ignorance pour excuser ses fautes. Cependant, le travail du maitre seul ne suffit pas pour que les élèves acquièrent les connaissances nécessaires; il faut que, une fois arrivés à t2 ans, ils s'assimilent les explications données et rendues palpables par le maître, sinon le travail de la classe se réduit à peu de chose ; de ià la grande nécessité de nombreux exercices écrits toujours bien contrôlés. D'ailleurs, n'est-ce pas par ces devoirs ({n'on juge des connaissances positives de la plupart des élèves "1 C'est encore par là que le maitre peut savoir s'il a été compris ou non, s'il peut compter sur leur savoir. C'est aussi · par les travaux écrits que les matières enseignées se gravent dans leur mémoire, qu'ils s'en font un trésor propre à être utilisé dans le cours de la vie. Nous aurions encore dû ajouter à notre petit travail un apercu sur l'ensemble et la succession des devoirs à don· ner dans nos classes primaires; ce sera pour un prochain N· de notre Ecole primairP.. MÉTHODES D'ENSEIGNEMENT

C'est déjà quelque chose que d'avoir un réglement horaire qui assure dans nos école:> l'uniformité dans l'emploi du temps. C'est assurément un pas de fait dans la voie du progrès; il évite les pertes de temps matérielles. Il est une autre manière de perdre et de faire perdre du temps, bien sérieuse celle-là, parce que souvent elle est inconsciente et, par le fait continue : c'est le manque de méthode Jans l'enseignement de chaque spécialité scolaire. L'emploi uniforme du temps des classes, l'usage des mêmes méthodes d'enseignement, voilà, ce me semble, les deux. conditions sine qua non pour poursuivre sûrement et plus rapidemeut la marche progressive de l'.3d ucation et de l'instruction dans notre cher Valais. Dans le programme de notre enseignement primaire, il


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est une matière, base de toutes les autres, - la religion à part - et dont la primauté d'importance n'échappe à personne; j'ai nommé la langue. Existe-t-il une méthode d'enseignement du français qui n?us assure .des résultats sérieux et durables, des progrès reels et sensibles, des succès satisfaisants sinon brillants 't Oui, eUe existe; mais elle est unique, parce qu'elle est fondée sur le génie méme de la langue française. C'est la.

méthode analytique.

Pour plus de clarté dans l'exposition de cette méthode.. nous adopterons le plan suivant. l'NATURE DE LA MÉTHODE;

Il III

ETENDUE QUE PEUT AVOIR

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DANS LES TROIS COURS INFÉRIEUR, MOYEN ET UN MOT SUT LA FÉCONDITÉ DE LA MÉTHODE.

ETUDE PARTICULIÈRE DES QUATRE FORMES QU'ELLE REVÊT· CHACUNE DES

QUATRE

FORME~­

SUPÉRIEUR

1 NATURE DE LA MÉTHODE Qui d~t analys~ dit décomposition, résolution d' un tout en ses part~es _(ana, parmi; luô, délier). Etudiée au point de _ vue pnmaire, la langue française offre apparemment. tro~s touts : le mot, la phrase, l'alinéa ou le chapitre. Mais la phrase comporte deux décompositions distinctes:: on peut la considére1· · 1.• dans ses éléments grammaticaux (parties du discours) .. 2• dans ses éléments logiques (propositions J. Dès lors la. langue que nous enseignons renferme quatre touts bien. tranchés : t• le mot: ~· la phrase considérée dans ses éléments grammati-

caux :

3• la phmse considérée dans ses éléments logiques 4• l'alinéa, le chapitre ou le morceau choisi. Savoir décomposer chacun de ces touts en leurs éléments c'est se meure en possession de tous les matériaux né: cessaires pour atteindre à une lecture intelligente, à une orthographe irréprochable, à une élocution correcte et à un style clair et élégant, en un mot, au but que nous

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nous proposon:; dans l'enseignement de la langue dans nos écoles primaires. Nous voilà donc en face de quatre sortes d'analyses indispensables dans notre enseignement élémentaire. 1 consiste à décomposer un mot en ses div.ers éléments :t• A. du mot ou A. éeymologtque : pour découvrir l'origine et le sens propre de ce mot. consiste à décomposer la phrase en ses éléments gram2• . . . . . (ou A. grammaticale maticaux pour en examiner la nature bt leurs rapports mutuels.

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A. do la phra,.j

consiste à décomposer une phrase en ses éléments logiques pour en examiner sé1 parément toutes les parties .a• . . . . . ou A. logique : et étudier les r6les que les propositions remplissent et leur dépendance mutuelle. consiste à découvrir dans un alinéa, dans un morceau littéraire, l'idée fondamen..t• A. de l'alinéa ou A. littét·aire : tale et à grouper autour de celle-ci les idées accessoires qui ont servi à la développer. Remarques - 1. Ces quatre sortes d'analyses doivent être en• seignées dans les trois cours, non pas l'une après l'autr~, mais simultanément, et dans la mesure et d'après la méthode indiquées plus loin. II. Ce simple exposé de la nature de la méthode analytique fait ressortir nettement la valeur relativement petite, quant au but à ~tteindre, de l'analyse grammaticale, presque exclusivement cultivée dans nos écoles. Qu'enseigne-t-elle? 1• à distinguer les parties du ~iscours; 2• leurs rapports de genre, de nombre, de personne, de temps et de mode. La fonction des mots appartient exclusivement :à l'analys~ logique. De là cette triple conclusion : 1• l'analyi!e grammaticale, telle qu'elle est enseignée, empiète sur l'analyse logique : -elle n'est donc pas pure. 2• Elle se lie intimement à la lecture, à la dictée, à la récitation : elle est donc essentiellement un exercice <>ral ; 3• donnée fréquemment comme devoir écrit, elle con1-titue un véritable abu11 du temps. Il faut en faire faire de temps à autre; mais que ce devoir serve toujours comme double emploi : exercice ~·analyse grammaticale t>t exercice d'écriture.

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AUX RÉGENS Nous empruntons l'e~cellent ar_ticle ci-ap_rès à l'Ami d~s

régens, revue pédagogique valaisanne qm parut quelque temps dans les années 1850-55: . Une erreur qui perd les instituteurs, c'est de ~rmre q~e dès que les enfans ont quitté le seuil de la maison d ecole, et que la porte de la classe ~st ~e~mé_e, le.ur tâ?be est finie. Pas encore; vous avez enseigne a hre, a écrire, à calculer, soit; mais ce n'est pas tout: avec l'i?_struct~on de l'esprit, est· ce que vous ne leur .~evez pas 1_ education qui e~t l'instruction du cœur? Et s Ils vo~s v01e~t, bors de l'école, légers, dissipés dans vos ,.habitudes. _mconsèquens et libres dans vos propos,. s Ils ~ous v_01ent, par exemple, entrer dans les lieux pubhcs, bo_1re et JOUer dans les auberges courir aux distraetions vulgaires et bruyantes, qu'en pens~z-vous 'l Moi, je vous dis que lorsque vo.us a vez enseigné la lecture, l'écriture, l'ort_bographe, vous navez pas rempli le devoir le plus essentiel d~ votre état; si par toutes vos paroles, par toutes vos actions, ~ar tout l'ensemble de votre vie extérieure, vous ne mérttez pas d'être les exemples vivans des pères et des fils. L'on m'objectera peut-être que, après tout, l'on n~ fait pas de mal en allant quelquefois, les dimanches et les JOUrs de fète, se distraire et s'amuser avec les autres. J'insiste, vous le voyez, sur ce point capital. Vous _ne faites pas de mal ! et que m'imp~rte qne_ vous n~ fa.ssiez pas de mal, si je veux que vous fassiez le bten ? Pms, etes-~ous bien certains de ne pas faire le mal en entrant dans des heux où vousperdez au moins la considération qui doit s'atta~ber au titre dont vous êtes revêtus, en écoutant 4es conversations grossières, quelquefois licencieuses, e~ n'évitant pas les occasions d'y prendre part, et de me et de festoyer alec. les autres ? Comme les autres! Je vou ..; répète que l'instituteur n'est pas et ne doit pas être_ un ~omme ~omme, les autres ; que l'instituteur est un fonctiOnnaire pubhc de l ordre le plus élevé ; que, co"!me le prêtr.~ et ~e pasteur, l'instituteur a aussi charge d âmes, et qu 11 dott montrer

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aux autres ce qu'il faut faire, et non pas faire comme les autres. Que faire donc ? Je vais vous le dire · reiJoncez à ces distractions, à ces fréquentations toujours 'inutiles et sou-vent dan~ereuses, et employez les loisirs que vous laissent vos fonctiOns aux douces et pures distractions de la famille e~ de l'étude. Qu'autour ~e vous, dans votre modeste foyer, r~gnent le c_alme et la paix, et que vos compagnes soient Citées parmi les épou.3es vertueuses et les bonnes mères · que vos enfants soient renommés parmi les plus honnêt~. et les plus sages. Une ress~urce que vous négligez trop, c'est l'étude. Beaucoup s Imaginent qu'une fois pourvus de leur brevet ils ont atteint jusqu'aux dernières limites du savoir et n'ont plus qu'à se croiser les bras. ·Assurément j'épro'uve quel9ue ten~resse pour les brevets et les diplômes! Mais précisément a cause de cela, et parce que je m'y connais un, peu,. ~ous me permettrez de vous dire qu'un brevet, qu un diplome, cela ne prouve pas grand'chose si l'on s'en tient là. Un instituteur, un professeur, même ~antis d'uu brevet ou d'un diplôme, dès qu'ils cessent d'étudier enseigne~t déj.à mal_; un instituteur, un professeur, ~ême brevetes, meme diplômés, dès_ qu~ils ne s'instruisent plus, sont des paresseux, et de~am Ils seront des ignorants, Or, vous savez où co nd msent la paresse et l'ignorance 1 Un diplôme ou un brevet ne prouvent qu'une chose: c'est. non p~s qu'on sait, mais qu'a une époque donnée l'on a-. montre une certaine aptitude à apprendre. Appren~z donc, instr~isez-vous sans cesse, ajoutez sans cesse au_x connaissances aeqmses. La science est la nouriture de l'es-· pnt, comme la morale est la nourriture du cœur. Fortifiez.vo~s sur l'art si compliqué, si difficile de discipliner, de con~uJre les enfan~. Lisez, lisez beaucoup les livres sérieux qui e_lèvent et. ~ûriS_s~nt l~ pensèe ; d~s _livres m~raux et pratiques qm J~spuent 1borr~ur du VIce, et ou vous puise. rez ces conseils et ces max1mes salutaires qu'à votre tour~erserez _dans les jeunes intelligences de vos ~lèves. Peu de hvres, SI vous voulez, mais de bons livres, des livres qui


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vous apprennent à aimer votre pays, à aimer la religion et Dieu, le père commun qui est dans le ciel, .et dont ~ous devons travailler à faire bénir le nom et amver le regne sur la terre. Que ceux qui sont bons deviennent meilleurs encore, et que les tièdes prennent du c~ur! et que les autres se repentent et nous reviennent. Ams1, bommes de bonne conduite et de bons exemples, marche'l d'un pas ferm., et la tête haute dans la voie où vous trouverez le contentement de vous-mêmes le bonheur des vôtres, l'estime des honnêtes gens, les bénédtctions des familias, la. bienveillance de vos supérieurs et la reconnaissance du pays. ~

LES EXAMENS D'ÉMANCIPATION

Maintenant que ces examens sont définitiv.ement. introduits, il importe d'en tirer le ~eilleur parti possible en faveur de l'avancement de not!'e Jeunesse. Après avoir subi cette épreuve, les meilleurs élèves sont licenciés de l'école primaire et passent au cours .de répétition, dès leur quinzième année; tandis que les ~oms forts sont astreints à suivre pendant quelques mo~s les classes primaires l'année suivante. ~e .~lus, ceu.x q.m sont trouvés trop faibles sont renvoyés a l ecole pnma1r~ tout le prochain cours, et sont•. ~n outl'e, tenus de subir un nouvel examen. Ces disposthons ttennent compte, comme on le voit, du degré d'instruction que possède chaque individu et sont un puissant stimulant pour parents et élèves. Malheureusement, l'expérience a démontré qu~ les élèves qui ne sont tenus qu'à. la fréqu~~tatio~ de trots ou quatre mois, se soucient, fort p~u d~ s mstrmre et. de c?rrespondre aux vues de l autonte qm les veut plus mstrmts, avant de les admettre au cours de répétition. Ces jeunes gens subissent, parce qu'ils. ne peuven,t p~s faire autrement l'oblioation qu'on leur 1mpose et 1enVIsagent comme ~ne pu~ition, de sort? qu'au l~eu de .profiter de ces quelques mois, pour completet· leur m~truct10n par trop rudimentaire, ils ne se préoccupent guere, pou.r la. plupart, que de passer agréablement leur temps en fatsant

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des niches à leurs camarades et même à leur maitre lot·squ'ils en. on~ l_'o~c~sion. En un mot, ils sont, en général, les .Pl~s mdisCJphnes des classes, les plus paresseux et un vrai ~ea~ ~ou~ ~~ maître qui n'est pas énergique pour les ~edmre a 1obeissance. ,Y"u leur âge, il devrait pourtant en etre tout autrement, s ds avaient à cœur l'honneur du canton et de la commune, ainsi que le leur propre. S'ils ~or,r~spondaient au but qu'on se propose, en les retenant a 1ecole plus longtemps, ils s'efforceraient d'au'7menter la somme de leur bagage intellectuel, par un tra:ail assidu et ~ne conduite exemplaire. D'autre part, s'ils avaient Je momdre souci de leur avenir, ils se diraient en eux-mêmes q~e, puisqu'il faut quand même suivre te cours, il vaut ~ueux_,~~ pro~ter en se ~répara~t à la vie pratique par l acqUIISltlon d une bonne mstruchon, flambeau nécessaire pour bien Ile diriger à travers Je monde. ~our re~~dier à l'état .de choses que nous signalons et temr les eleves en haleme et dans le devoir, il nous semble qu'un Bulletin d'émancipation nous rendrait de b?n~ ~ervices sous le double rapport des progrës et de la dtsctphne (t) . D'abord, on n'émanciperait ces jeunes gens qu'à la fin du terme fixé par la commission examinatrice. Ce terme passé, ils se présenteraient pourvus de leur bulletin à M. l'Inspecteur, qui déciderait, au vu de leurs notes de ~onduite, de travail et de fréquentation, si oui ou non Ils sont licen~iés. !ou~ ceux qui n'auraient pas des notes passables seraient tmpttoyablement retenus en classe jusqu'à a~endemen~. On verrait ~lors ces jeunes gens arrogants ba1sser la tete sur leurs hvres et se tenir cois en classe Qu'on essaye et l'on verra, car il est de toute nécessité et aussi dans l'intérêt des maîtres et des élèves de trouver un moyen de remédier à l'état de choses actuel. Il est encore une amélioration que nous aimerions voir (*) R~d. - No~s pouvons assurer notre correspondant que le lzvret scolatre adopté pour être définitivement mis en vigueur dès l'année prochaine (t894-95) atteindra le but qu'il propose.


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apporter à ces examens : ce serait ~·y faire figurer l'in· struction religieuse à la tête des mat1ères du programm~. Elle a là sa place d'honneur marquée comme dans la lo~. Dans un pays aussi catholique que le Valais, c'est un d~vo1r de lui accorder la priorité. N'allons donc plus la releguer à la queue avec la géographie, l'histoire et l'instructio~ civique. On a voulu imiter les examens féd.éraux, ce qu1 n'est nullement nécessaire. Bien au contr:ure, prouvons que nous savons faire quelque chose et . vivre d~ notre propre vie, sans copier servilement ce qm nous v1ent du dehors! L'instruction religieuse a d'autant plus d'importance en cette occurrence, que vers t5 ans, nou~ tr,ouvons d.éjà bien des jeunes gens qui tendent ~ voulOir s y soustra1~e, en laigsant le catéchisme de côte, sous prétexte qu Ils. en savent assez, quoique le contraire ait lieu. N'oublions. pas que ce petit code du chrétien est le seul moye~ de former des enfants dévoués à l'Eglise, et de donner a la patrie des citoyens honn.êtes, bons•..c~nscienci~ux, ~acha~t respecter l'autorité, la lm, la propr1ete et le bten d autrui. Enfin, comme complément de ces examens, nous croyons qu'il serait fort utile d'en publier le ré.sultat co~~e o.n le fait pour ceux des recrues. Au begmo, on y JO~nd~att des remarques particulières pour ch~qu~ clas3e, afin d att.Jr~r l'attention des autorités et des mstltuteurs sur les côtes faibles de l'école. Un coup d'œil jeté sur cette statistique nous donnerait la valeur réelle de chaque classe, pour ne pas dire de chaque maître .. D'ici aux,. examens de.s recrues. on aurait le temps de cornger ce qu 1l y a de defect~eux.. tandis que, depuis ces dernier~. i~ ne. reste plus rten à faire qu'à s'incliner devant le verdtct fedéral. R. ~

DE L'OBÉISSANCE

5. Ce qui a été commandé justement doit s' exécut~r irr~ missiblement. Et quand même il y ~~rail _trop .?e ngneur, il faudrait encore accoutumer le:5 eleves a oben·, tout en leur laissant le droit d'expliquer leur conduite après coup. Nous n'admettons cependant pas, avec le confrère cité plus

1!8 haut, que le maitre puisse ou doive, surtout avec des élèves un peu intelligents ou déjà avancés en Age, chercher. aux dépens de la vérité, à dissimuler son erreur dans l'administration d'une correction ou d'une pénitence données à,. tor.t,. s.o.u~ prétexte de ~au ver je ne sais quel prestige d mfallhbdtte, auquel les éleves savent bien qu'un maître d'école. pas plus qu'un autre supérieur, n'a le droit de prétendre. Ne vaut-il pas mieux, dans ce cas, reconnaître ouvertement son erreur, et louer ou blâmer l'élève, selon la conduite qu'il a tenue dans cette circonstance délicate ?

6. Avoz·r une conduite invariable dans des cas semblables, fait naître chez les enfants une opinion favorable de la justice du maitre, et quand ils expérimentent que l'inexécution d'un ordre est toujours suivie de la même punition, ils sont portés à obéir de bon gré, sachant d'ailleurs qu'ils sont alors gratifiés d'un mot de satisfaction ou d'un regard sympathique. Infliger une pénitence dans un cas donné, et une autre f~is dans des. circonstances identiques passer outre sans pumr. ce serait porter à la discipline un coup qui aurait pour premier effel, d'amoindrir chez les enfants Je respect qu'ils doivent avoii· pour l'obéissance. 7. Entio, ajoutons qut: le maitre doit soutenir à l'occasion, de sa parole et de son exemple, les leçons d'obéis· sance qu'il a données à ses élèves. Jamais donc, un mot de critique sur les dispositions, les ordres de ses supérieurs à lui ; jamais un mot de critique pour l'usage licite de l'autorité paternelle; jamais, un mot qui révèle quelque mésintelligence entre lui et ses collègues des autres classes, ou qui attaque leur autorité. En agir autrement. ce serait prouver à ses élèves qu'on est peu convaincu de ce qu'on dit: qu'en tout cas, ce sont des façons de parler dont on amuse les enfants, mais que l'on se garde bien de prendre au sérieux, lorsqu'on est soi-même en cause. Pire encore serait l'effet sur l'esprit des élèves, si le maitre, après avoir recommandé J'obéissance à la loi de Dieu, à l'Église et à ses prér.eptes, ne montrait pas, par une pratique fervente de la religion, 1<4 réalité de ses convie-


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tions sur ce point. Ici, plus que partout 1illeurs, l'élève attend de sou maître non seulement des paroles, mais surtout des exemples. Dans ces temps de libre discussion et de licence, où. les critiques et les révoltes coutre l'autorité spirituelle surtout sont à la mode, les enfants semblent comme respirer une atmosphère d'indocilité ; il ne faut pas peu de patience et de fermeté de la part de l'instituteur, pour faire pénétrer dans l'esprit et le cœur de ses élèves, les saines no· tions de la soumission chrétienne. Ses leçons n'y suffiraient pas, il faut de plus l'exemple du maître; des exemples franchement, généreusement, constamment donnés; il y faut enfin, et surtout, la prière fervente, confiante, persévérante, qui complète et féconde le travail de l'homme par le secours tout-puissant de la grl\ce divine, laquelle seule persuade et entraîne efficacement les cœurs, et leur fait vouloir constamment des choses parfois si contraires aux inclinations de la nature corrompue. L'ALPINISME

CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE DE L'ÉDUCATION (Suite)

L'école, c'est l'ère des manuels. L'enfant ne doit plus acquérir de connaissances par des comparaisons tangibles, on lui présente une instruction toute faite qu'on a la prétention de faire pénétrer dans son cerveau. Il ne doit plus vouloir, il doit faire la volonté du maître. On posa devant lui des figures géométriques qui représentent dans son esprit des bâtons, des cercles, etc., et on lui dit : ce rond n'est plus un cercle, c'est une figure qui est censée représenter le son o, ce demi-rond représente c. Pauvre écolier de 5 aus, il t;roit déjà savoir écrire l'impression qu'il a eue en voyant une chose placée dans une position élevée et, triomphant, il le montre à ses parents. - Mais, pauvre chéri, ce n'est pas comme cela qu'on écrit • c'est haut •. il faut huit lettres, avec adjonction d'une apostrophe qui en représente une neuvième.

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- Pourquoi dis, demande l'enfant, qu'on n'écrit pas cela avec un c et un o ? Répondez, si vous le pouYez. Voilà l'enfant lancé dans les chinoiseries de l'orthographe qui, pendant dix ans, lui prendront le plus clair de son temps et. le dégoûteront de l'étude à tout jamais. « Sa pauvre tête », comme le dit si bien M. G. Valbert dans son intéressant livre sur l'enseignement primaire. • va être considérée comme une boîte dans laquelle il s'agit de fourrer, d'entasser tout ce qu'on peut. Reste-t-il une place vide? Pressez, bourrez, serrez, pour en faire entrer davantage, et Dieu vous garde de refermer le couvercle avant que la boite soit pleine co~me un œu_f. ~ . . . . Que deviennent la volonte et la curiOSite reflechie dans ces usines à versions, à mémorisations? Lorsque l'enfant échappe un moment à son cauchemar_ de bo~quins e~ de cahiers, il n'éprouvera plus un besom, celm de se hvr~r à des exercices corporels exagérés dont le développement de ses facultés n'est pas le but ni le résultat. On s'illusionne beaucoup sur l'utilité de l'instruction scolaire. On peut citer un nombre considérable de grands bommes qui en ont èté privés totalement: Il est hors d~ dout~ que ce que l'èléve acquiert en connaissances théoriques a l'école ne peut absolument pas compenser ce qu'il perd par l'atrophie correspondante de volonté et de saiue curiosité. C'est dans les journées où l'école lâche l'enfant qu'il faut réagir contre cette atrophie des deux facultés éducatrices fondamentales. Peut-on le faire utilement à la maison? Peut-être, mais les parents y sont assujettis à leurs préoccupations ~uoti­ diennes qui les éloignent de leurs enfants. Ces dermers y sont asservis à leurs habitudes, à leurs jeux et le rayon de leurs observations serait trop restreint. Les objets qu'ils ont devant leurs yeux, ils les ont vus constamment, ils ne frappent plus leur attention. Les promenades au~ alent?u.rs du lieu de leur résidence présentent les mèmes mconvements. Le mieux est de changer complètement de milieu. D'ailleurs. cet inconnu qu'il y a de l'autre côté de ces monts, qui


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de tous côtés enserrent leur horizon, exerce une grande attraction sur eux. Puisque la montagne est là, tout près, allons-y. Nous y trouverons la solitude propre au développement de la réflexion et nous aurons sous les yeux la nature chez elle, non modifiée par la main de J'homm~. Comme l'instruction naturelle veut aller du simple au composé, l'enseignement sera plus fructueux .. Je veux, en conséquence, recommander de mener, toutes les fois que cela sera possible les enfants à la montagne. ' Une objection, que je sens, doit d'abord être écartée: c'est. la crainte que des courses en compaonie d'êtres qui . ne sont . a notre niveau pas plus au point de vue intellectuel 9u'au point de vue physique,. soient dépourvues de tout mtérêt pour nous. Cette objection n'a pas la valeur qu'on serait tenté de lui donner. Et d'abord au point de Tue physique l'enfant n'est pas un niveau aussi différent que la plupart le présument. Notre collègue du Club Alpin, M. le D' Vernet, a cité dans le numéro rJ'avril f890 de l'Echo des Alpes des exemples, desquels il tire la conclusion qu'un enfant de 7 ans, entraîné, marchera plus longtemps que la moyenne des hommes. Je pourrais aussi citer de nombreux exemples. Et qu'on ne croie point que ce sont des cas exceptionnels; il suffit pour s'en convaincre de réfléchir combien peu de temps un enfant bien portant, laissé à lui-même, reste assis pendant toute une j~urnée, il n'est donc pas extraordinaire qu'il puisse fourmr de longues marches (A suivre) ~

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ECHOS DES CONFÉRENCES ftartlgny. - Du pied de l'Ardevaz.

. L~ mercredi, 3.1 j~nvier, amenait au Plan de Leytron les mst1tuteurs du dJsLrJct de Marti~ny pour leur conférence annuelle. La plupart venaient par le train de 8 h. 20. ~ instituteurs sur 30 avaient répondu à l'appel. Des deux absences! une seulement a été justifiée. Le tra10 de 9 b. nous amena encore ... Oh 1 surprise agréable ' · notre honorable Chef du Département de l'Instruction publ1que, MM. Hopfoer directeur de l'ecole normale eL Lamon inspecteur scolaire-. '

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MM. •les RR. curés de Riddes et de Leytron et M. Bochard aotaire, représentant lo Conseil municipal, ont auast daigné, par leur présence, rehausser ootre modeste réunion A 9 h. M. l'inspecteur Emile Gross ouYrit la séance par la prière d'usage Le secrétaire de la conférence donne ensuite lecture du compterendu de la dernière réunion et du résumé des travaux sor Je sujet précédemment mis à l'étude. Cet in~ant rapport n'ayant donné lieu à aucune observation, il fut procédé immédiatement à la nomination du vice-président et du secrétaire de la conférence. M. P. J. Rouiller ins~. à Martia:cny, fut confirmé vice-président et le soussigné, appelé à remplir les fonc· tions de secrétraire. ·1 Huit instituteurs désignés par le sort devaient lire léur sujet : trois d'entr'eux n'ayant pas fait leur travail nous privérent du ·plaisir de les entendre. Voici les principales idées émises dans les sujets qui ont été lus : ART. 6 b. Faire le choix définitif des livres classiques ART. 7 Séparer les cours dR répéLition des classes primaires ART 11·12 Dédoubler les écoles ~épassant 50 élèves ART. 26 b. Enseigner un peu de comptabilité dans les écoles primaires. ART. i8 Soumettre avaut le 15 aotlt le choix du personnel enseignant au département de l'Instruction publique. ART. 31 Augmenter les traitements des instituteurs (à l'unanimité). 32 Faire reconnattre le logement et l'ameublement de l'instituteur par l'autorité. ART, 88 Interdire aux instituteurs le service militaire durant le temps de l'école. ABT. 5' Doubler l'amende en cas de récidive. ART. 59 Supprimer les écoles de section ART. 76 Augmenter d'une année le cours complet de l'écolt' normale. Les membres honoraires firent les principaux frais de la disr.ussion. M. Roten reconnaît que la position des instituteurs n'est pas trop brillante et nous fait espérer une augmenta~ion très prochaine de leur traitement. Il s'oppose à la nomiDation exclusive du personnel enseign3nt par l'Etat et à l'élévation de 0,20 à 0,50 ct. de l'amende pour l'absence scolaire. Il trouve que les écoles devraient être dédoublées dès que le nombre des élèves atteint le chiffre de 50. Ces dédouble-

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ments se feraient par sexe ou par force comme la commission scolaire le jugerait à propos. ' M. Hopfner s'élève contre le service militaire des institu. teurs et la ~réq~entation irrégulière de nos écoles. Il recommande aux Instituteur~ de se servir de la méthode de style par le F P. que certams .~égents ne trouvent pas appropriée à nos classes, parce qu tls ne la suivent pas dans le sena que l'auteur s'était proposé. M. lf'.~on trouve les ~éclamalions au sujet du logement très ,leg1tir;nes ; ce dernier devrait être reconnu convenable par 1 autor~té compéteote. Il propose la suppression des écoles ~e sech~n, pr~position appuyée par M. Roten. Il voudrait aussi que 1art. 'i9 empêchât les instituteurs de quitter leur poste avant les quatre ans tout aussi bien qu'il leur assure le droit d'y rester. , ~- Darbellay Victo:ïen instituteut à Martigny n'est pas de 1avis de hausser les 1mpôts pour augmenter notre traitement. Dans le langage convaincant des chiffres, M. le Directeur Hopfner nous montre ensuite la différence qui existe encore entre _les communes du même district, pour les examens péda~ogJques~. et les. progrès réjouissants opérés dans le domame d~ lmstruct10n depuis quelques années. Par la parole sympathique et encourageante qui lui est familière il nous engage à marcher de l'avant et à refouler toujours d~vantage cet ennemi commun : l'ignorance. L'heure étant avancée, il abrégea un peu sa démonstration car, dit-il, _ventre affamé n'a pas d'oreilles. C'était 1 h. Ua chant termma cette séance si bien remplie. . La deux_iè~e partie se passa chez M. Chastonay négt. Je me d1spensera1 den parler, car chacun sait qu'à Leytron le bon vin ne manque pas. Preuve, les paroles d'un instituteur • Leytron e_st le pays ~e.l'abondance; les rochers y sont très productifs, alors qu ailleurs ils sont arides. • Sous l'habile direction de M. Louis Coquoz instituteur à Saxon, ~ommé major de table, discours, no~breux chants déclamatiOns et productions diverses se succédèrent sans interruption. Ce ne fut qu'à regret que l'on vit venir la nuit qui devait nous faire songer à rentrer dans nos pénates que nous regagnâ~es chargés d'espérances et d'un joli bagage de bons consella, F. B. inst. Leytron.

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PeiJsée

A vrai dire, c'est la Religion qui fait l'éducation de 1 homme, car c'est elle qui a autorité pour corriger les vices et réformer les habitudes. (LAURENTIE.)

Supplément au No 8 (1893·94) de l'ECOLE PRIHAIRB

Le vrai chrétien La vie chrétienne, tel est le sujet de la dernière lettre pastorale de S. G. Mgr Deruaz, évêque de Lausanne et Genève. Nous ne pouvons reproduire in extenso le magnifique et persuasif exposé de cette grande question, mais nous y ferons des emprunts en donnant aujourd'hui la page consacrée à dire ce qu'est le vrai chrétien, en quoi consiste la vie chrétienne. • Pour être vraiment chrétien, il ne suffit pas d'avoir été régénéré dans les eaux du baptême; il ne suffit pas de rendre à la religion un hommage légitime, de reconnaître son action bienfaisante sur la société, de la défendre au besoin contre les attaques de ses ennemis, d'être dans la lutte ce qu'on appelle un chrétien militant; il faut être, avant tout, un chrétien croyant et pratiquant. • La vie chrétienne consiste, uniquement, à remplirdans la position sociale que Dieu nous a marquée, les devoirs qu'il nous impose. Elle ne nous dit pas de courir au déset·t comme saint Antoine, de prendre la haire et le cilice comme saint François d'Assise, d'aller évangéliser les contrées sauvages comme saint François Xaviet ; ce sont là des vocations extraordinaires que Dieu réserve à certains vas&s d'élection et qu'il propose à notre admiration bien plus qu'à notre imitation. Chacun a dans la société sa place désignée par la Providence , et le devoir consiste à la remplir selon les vues de Dieu, dans l'esprit de Jésus-Christ et en union avec lui. • Il en est de notrr àme et de la société comme de l'univers. Là, chaque constellation, chaque plante, chaque insecte, chaque créature obéit à l'ordre du Créateur. Si le soleil, par exemple, venait à se soustraire à cet ordre, le monde en ti er en serait troublé; de même si l'homme s'opposait au dessein de la Providence.. l'ordre serait troublé dans le monde de son âme et le contre coup s'en ferait sentir jusque dans la société. D'où vient, en effet, le mal social qui nous frappe si cruellement? Hélas 1 il est trop de membres inutiles ou nuisibles dans le monde, trop d'hommes qui ne se soucient pas de connaître les devoirs inhérents à leur position , trop de chrétiens qui transgressent les préceptes de Jésus-Christ


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ou négligent de les accomplir. La vie chrétienne disparaît peu à peu pour faire place à une vie d'égoïsme, ·d'intérêt et de jouissance en!ièrement opposée aux vues -du créateur. Voilà le cauf e de tout le mal. ,

Le Dlel. Le miel de 1893 est en général de couleur foncée ( jaune brunâtre) surtout chez les petits apiculteurs qui n'ont fait qu'une seule extraction à la fin de l'été. Cette couleur foncée peut provenir de ce que les abeilles n'ont pas pu butiner dans les -prairies comme dans les années ordinaires; l'extrème sécheresse les a privées de bien des variétés de fleurs, le peu de nectar qui s'y trouvait ne pouvait être récolté vu le dessèchement du sol et l'absence de rosée. A part la floraison des arbres fruitiers dont le nectar est employé en majeure partie à l'élevage du couvain - nos butineuses n'ont trouvé, pour remplir les capots et les bottes de surplus, que des fleurs qui produisent un miel brun - (tilleul, sapin, etc.) Ces miels n'en sont pas moins bons pour cela, et par ces temps de rhumes et d'influenza nous recommao·d ons d'en faire un usllge journalier. Dans une notice dédiée aux malades et aux bien portants, par J -B. Voirnot, curé de Villiers-sous-Prémy, nous trouvons ce qui sutt : • Un simple raisonnement fera sauter aux yeux la multiplicité des principes efficaces qui entrent dans la composition du miel. Analysez ce qui fait la base de notre nourriture : voyez de quoi se composent les remèdes des pbarmal!iens et vous trouvez que les végét aux y sont pour la plus grande part. Il est constaté que la nourriture végétale est souverainemen~ hygiénique, et que la médication par les simples est très efficace. Or le miel est le suc des fleurs, la quintessence des plantes, et il participe éminemment à leurs qualités; c'est un extra~t concentré, renfermant sous un petit volume toutes leurs propriétés. Dans une tisane, une potion, une boisson quelconque, il n'entre qu' une ou quelques plantes, ot· que de fleurs les abeilles doivent visiter 1 Que de voyages il leur faut faire pour rapporter une livre de leur précieux nectar 1 E~t-il

- s -: étonnant dès lors que l'usage du miel soit si salutaire et qu'il renferme un principe de longévité f • Pour faire venir l'eau à la bouche des Hébreux, Dieu leur promit une terre où couleraient le ~ ~ ~ miel. Messieurs les docteurs recommandent auJourd but le lait pour tout et pour tous. Espérons qu'ils aur~nt la justice de recommander aussi le produit de nos abe~lles; ear si le lait est produit par celles qui font la t1sane aux mille :fleurs, la vraie tisane aux mille {le-urs est bien, sans hyperbole, le miel de nos abeilles. • Si le lait est un extrait végétal, le miel est un ex• trait floréal. • Le miel d&nal'&liment&tion. - C'est une très grave erreur de croi.re que le ~i.e! n'est bon qu'en cas de maladie. Il constitue la nutrJt)()n sous une des formes les pluP concentrées. Les aliments qui nourrissent le corps Mans charger l'estomac influent sur la santé physique et sur le bien-être de l'âme• • Pythagore et Démo.crite vi-yaient,•,dit-on, de!pai~:et ~e miel regardant cette abmentat1on comme_ de~ant . mfallliblement prolonger la vie et entretemr l esp~1t dans toute sa vigueur. Le miel est en effe~ J?&r 1~1.-même éminemment digestif, et par les proprtét~s qu 11 renferme, il aide à la digestion des autres ahments; par là il facilite le sommeil, qui est lA rApos du corp'3 et de l'âme. Il se transforme presque tout entier en . trmpbe et sang : la preuve en est que les abeilles, obligees .de manger en hiver, pour entretenir la. c~a~eur néc~ss~Jre à la colonie, peuvent rester des mOIS a Ingérer, à d1gé• r er, sans rien exagérer. . • Le miel est fortifiant et rafraicbJssant, tandis que le sucre est échauffant. Il est légèrement laxatif et. purgatif, du moins pour ceux qui. n'en U'3ent pas habituellement; mais cet effet est toujours sans danger même en temps d'épidémie cholérique. . • On consomme le miel en rayons, ou extralt. Le miel en rayon bien présenté est par excellence ~·orn~­ ment des desserts dont il devrait faire, et dont 11 fatt, surtout en Amérique et en Angleterre, partie intégrante comme la poire et le fromage. • Le miel de rayon pour être rémunérateur devrait se vendre au moins le double de l'autre. De même qn'on ne peut servir sur une table que des raJeiOS de choix, tandis qu'oo fait du vin avec toutes sortes, de


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on ne pe~t servir en rayon que le plus beag m1el, en belle c1re toute neuve, ne servant qu'une fois. c Le miel coulé, quoique moins flatteur à l'œil est préférable au ~iel. en rayon sous certains rapports comme effet hyg1én1que, en ce sens qu'il provient dtl mélange de miels pris sur un plus grand oorubre de fleurs. ~es ta.rtines de miel sont très agréables aux enfants, tres utlles à le.ur santé, bien préférables sous tous les rapports aux tart10os de confiture!'! ou aux sucreries qui attaquent les dents et détérÎorent l'estomac. Des amateurs usent du miel dans le café noir et le café nu lait et en sont très satisfaits. Chez les Germains et le_s Gaulois, l'hydromel remplaçait le vin, la bière et les hqueurs. ' On fait au miel . des pains d'épices, des gâteaux~ des co~serves, des suops, des coofitures, des liqueurs, de la hmooade, de la bière, des grogs, du vinaigre ea un mot le miel peut remplacer "avantageusement le ;ucre à veu pr~s en tout, et le sucrè ne peut remplacer le m1el en r1en. c Le miel comme remède. - L'usage du miel exerce une influence satisfaisante sur tous les organes intérieurs la bouche, la gorge, les organes digestifs. - Il n'a pa~ l'effet rapide d'une potion, mais son action douce ~st surtout préventive, ce qui ne veut pas rlire qu'il diapense du médecin, surtout dans les cas graves. • La bouche. - Les aphtes de la bouche des enfants cèdent à l'emploi du mu~l additionné d'alun ou de borax. ' La gorge. .- Pour les maux de gorge on fait d'excellent~ gargammes avec de l'eau de sauge bouillie et · une culllerée de miel, plus une cuillerée de vinaigre par tasse. • ~~s organes respiratoires. - Les professeurs, les mus1~1ens, tous ceux ou celles qui usent ou abusent de la vo1_x et de la parole devraient faire un fréquent usage du m1el. Par l'a_!-llde formique qu'il contient, le miel est efficace co_ntre 1enrouement, 1~ to~x, le rhume, la grippe, la bronchite, et,. co~me dér1vat1f, contre l'angine, le catarrhe pul;Mona1re, 1 asthme. L'usage régulier du miel av:ec du p~h~ plantain a. guéri plus d'un poitrinaire. Le m1e~ recue1lh sur le sapm est. le meilleur pour les affectiOns de ce genre. Une potiOn agréable et utile pour le. même but, c'es1 ~n bol de vin chaud, de cidre ou de lait édulcoré au m1el, avec un petit verre de kirsch. Plus d'un même prendrait le remède sans être malade.

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' Pour les orgànes d~gesti(s, le miel, par ses propriétés rafraîchissantes, légèrement laxatives et purgativ~s prévient la constipation ; il ost très boo contre les JDflammations de l'estomac, même de la vessie. Il n'y a pas, dit le D• Guérin, de médication plus propice contre les fièvres viscérales et il ajoute qu'il devrait être l'aliment privilégié des tempéraments fiévreux. c Pour l'usage externe le miel pétri à chaud avec de la farine de seigle, ou avec des oignons grillés, forme un excellent onguent sur les ulcères, les abcès. • Un mélange de chaux vive et de miel a quelquefois guéri des douleurs sciatiques rebelles . Les lotions répétées de miel étendu de cinq parti_es d'eau guériss~ot l'inflammation des yeux. Pour le v1sage et les ma1ns les cosmétiques et les savons tant vantés ne valent pas les lotions à l'eau de miel. • Si Je miel a tant d'efficacité d'où vient qu'il n'entre pas dans l'usage journalier ! , Le miel a d'abord trouvé un terrible concurrent dans le sucre à bas prix et dans les produits rivaux du miel fabriqués avec du sucre; et cependant, ainsi qu'il a été démontré, il n'y a pas de comparaison à établir entre les multiples propriétés du miel et celles du sucre. L'industrie en a profité aussi pour fabriquer de faux miels, dont la base est le sirop de glur.ose, à 22 cent. le kilog., obtenu par l'acide sulfurique\ ou vitriol, et qu'on aromatise avec un peu de miel et une essence végétale quelconque. • Il est facile dans ces conditions de vendre bon marché des miels qui ont de l'apparence et même du parfum; mais c'est le cas de dire que le plus cher est le meilleur marché. Cette drogue ne p~ut avoir qu'un eff~t nuisible; et ainsi trompé, on finit par n'avoir plus de confiance dans le miel, pas plus pour le véritable .que pour le falsifié. • Faudra-t-il donc renoncer au miel par dépit de ne pouvoir se procurer du miel authentique, c'est-à-dire le vrai produit des abeilles, bien pur et bien propre ! Certes non, il n'y a qu'à s'adresser au producteur ou aux marchands connus pour leur probité, • . Mangeons donc force miel puisqu'il a tant de propriétés; nous encourageons ainsi l'apiculture, une brao.ehe de notre agriculture nationale,


6 Conservation du miel. Le miel pur peut se gRrder des années, en lieu sec~ d'une température assez basse, et dans dea vases hermétiquement fermés. Il faut imiter l'abeille qui a soin d'operculer les alvéoles du miel de garde. Le miel est très hygrométrique; l'absorption de l'humidité de l'air le ramollit à la surface et le fait fermenter à la lon~ue. Pour la même raison le miel demande à ne pas être dépoté ; il Re garde mieux dans le vase où il a été coulé. Si l'on veut s'inquiéter du miel durci on n'a qu'à. mettre le vase dans l'eau froide jusqu'au bord et à fair& chauffer ainsi au bain-marie, mais assez lentement pour éviter la casse. A feu ou l'arome se perdrait en grande partie. Il ne resterait qu'un sirop. Il ne faut pas chauffer jusqu'à ébullition; trop de chaleur pourrait l'empêcher de durcir de nouveau. Un miel qui fermente doit aussi être cuit au bain-marie et écumé. Il est bon d'y jeter un peu de craie et de charbon. Dans un prochain article nous tâcherons de démontrer le rôle important que les abeilles jouent dans la nature en butinant les fleurs. F. PÉNEVEYRE.

Protection des animaux (Suite./

•os .&nts Quadrupèdes. - Mammifères. Le cheval, de tous Jes serviteurs, occupe le premier rang. Son courage, son intelligence et sa docilité font de ce noble animal un de nos plus précieux auxiliaires. Il est l'agent indispensable de nos ~ravaux, et son rôle dans l'agriculture est con~idérable. A la guerre, il partage nos fatiguea et nos périls. De quelque manière qu'on l'emploie, il contribue à notre bien-être et les services qu'il nous rend sont inappréciables. Même après la mort, il nous est utile. Sa peau, son crin, ses os, ses tendons, sa corne, sont employé<~ par l'industrie pour la confection d'une foule d'objets dont nous ne saurions nous passer. L'dne est le cheval du pauvre. C'est un animal doux et patient, d'une sobriété extrême, plein de courage et et aussi de résignation et très intelligent. L'âne rend de véritables services dans la petite culture, et surtout

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dans les pays accidentés où tl résiste mieux à la fatigue que le cheval. Le lait des ânesses est recommandé pour les constitutions délicates. Le m'ijle.t possède toutes les qualités de l'âne, mais il est plus fort, plus robuste et même plus sobre encore. D ne craint pas la chaleur et les plu~ durs travaux ne le rebutent pae. Son courage est à toute épreuve, et il nous rond d'immenses services, surtout dans les contrées chaudes où le cheval perd beaucoup de ses qualités. Le bœuf constitue une de nos principales richesses. L'agricultut·e ne saurait s'en passer pour le labourage des terres et sa chair est pour nous un aliment sain et des plus ~ourrissants. C'est un animal d'une douceur et d'unA docilité remarquables. Sa force n'a d'égales que sa patience et sa persévérance. Le bœuf est donc pour nous doublement précieux. De même que pour le cheval, l'âne et le mulet, l'industrie s'empare, après sa mort, de sa peau, de ses os,. de sa .corne, et s:~n sert P?ur confectionner une quantité d'obtets de premtere nécesstté. La vache nous rend à peu près les mêmes services que le bœuf. Elle nous àonne en plus son lait si nécessaire à l'alimentation. Le lait nous procure des produits variés parmi lesquels plusieurs qualités de fromage doux, d'un goftt exquis, et dont on fait d'excellentes fondues. Le moulon est une de nos plus précieuses conquêtes; il nous habille et nous nourrit. Sa laine sert à la confection de ptusieurs sortes d'étoffes_; sa chair est succulente; son lait est employé à fatre un fromage très apprécié. Les bêtes à laine aiment le grand air. Aussi, faut-il que les bergeries soient vastes et bien aérées et que leur température ne dépasse pas U degrés. L'eau et le sel doit être donné à discrétion, et la nourriture, verte ou sèche, doit êtrP distribuée avec intelligence. Les races de moutons sont nombreuses, mais les principales sont: la race flamande, le mouton mérinos, · et le mouton dishtey, de race anglaise. Les races picarde et champenoise sout des variétés de la race flamande. Les moutons mérinos nous fournissent une laine fioe et élastique, d'une blancheur éblouissante lorsqu'elle a passé au lavage. Cette .laine sert à eon.fectionoer les plus riches étoffes. Parmt les races anglatses,


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le mouton dish~ey es.t le plus ~emarquable. Il a les os fins, le cou pet1t, ma1s le portraii, le dos et les reins sont larges et charnus. Son aptitude à l'engraissement précoce est extrême, et son rendement en viande et en graisse est considérable. Le choix ~·~n bon berger est · de la plus grande import~nce. La v•.g!lance et la douceur doivent être ses prinCipales qua!1tes. Il ne frapp~ra jamais son bétail qui lui sera. attache, écoutera sa vo1x et le suivra pas à pas. Il se tiendra toujours près de son troupeau et passera la nuit dans une cabane, près du parc de ses bêtes en ayant soin de tenir une lanterne allumée, afin d'éloigner les loups, s'il y en avait dans le voisinage. La chèvre rend de grands ~erviCF!s. Elle est la vache du pauvre et le modèle de la bonne mère. C'est un animal gracieux et fort intelligent. Les chèvres sont génMalement bonnes laitière9. Certains "fromages faits de leur lait sont justement renommés. La chèvre a l'humeur vagabonde ; elle aime la liberté. Elle recherche les bois et les buissons et se plaît sur l~s r.ochers et au ~ord des précipices. Elle n'est pas d1ffimle sur la nourrtture, dévore les feuilles vertes ou sèches et ronge jusqu'à l'écorce des arbres. Aussi doit-on bien se garder de la laisser pénétrer dans les jardins. Outre la chèvre domestique répandue partout on co~pte encore l~ chèv~e d'Angora, la chèvre de C~che­ m~re, dont le p01l, qut est très long, donne une laine ahoodante et soyeuse avec laquelle on fabrique des étoffe~ et d?s châles d'une remarquable finesse ; enfin, la chevre d Egypte, de forme disgracieuse, mais d'une douceur. e~ceptionnelle et qu'on peut garder, chose extraordinaire, dans les habitations qu'elle ne salit point de ses ordures.

Le Cochon est certainement l'animal le plus répandu dans toutes les contrées du monde. Il est omnivore et pour cette raison, coûte très peu à nourrir. Sa vora~ité est extrême ; il mange et boit continuellement. On devra donc lui établir, à sa portée, un réservoir où il aura de l'eau à diacrétion. Le cochon, à cause de la chaleur de 110n tempérament, recherche la fraîcheur. Aussi se vautre-t-il avec délices, pendant des heures entières, dans des mares souv~nt puantes et bourbeuses auxquelles il préférerait certainement une eau claire, et comme il en sort cou-

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de vase, il se frotte contre les murs et les arbres pour se nettoyer. Le cochon n'est donc pas malpropre, comme on se plaît à le dire, et s'il passe pour tel, c'est à cause du peu de soin qu'on a de lu.i. D~ t~us les animaux ..domestiques c' est le seul qu1 ne souille pas de . ses deJections l'endroit où il doit reposer. Le cochon craint la chaleur, mais il ne paraît pas trop souffrir du froid, quoiqu'il y soit très sensible dans le jeune âge. Le logement d'un cochon doit avoir au moins 4 m. de surface. Le sol doit être pavé à chaux et ciment et avoir une pente suffis;inte pour l'écoulement des urines. Sur l'un des côtés, il est nécessaire d'établir une plateforme en forme de cuvette, à 20 cent. au-dessus du sol, où l'animal pourra se reposer parfaitement au sec. Le cochon n'est pas dépourvu d'intelligtmce. Il connaît son maitre, accourt à sa voix, le suit, court et saute autour de lui comme ferait un chien. L'espèce porcine présente deux types principaux. L'un, répandu presque partout, ~ les oreilles pendan.tes; l'autre, moins répandu, a les ore1lles courtes et drOJL~s. Le poil est blanc, noir ou roux, ou mélangé de nOir, de blanc ou de roux par larges taches. Le blanc domine dans les cochons du Nord, et le noir dans ceux du Midi. Le Lapin, à l'état sauvage, devient, par son. exces,sive fécondité un fléau pour les campagnes. Ma1s à 1 état domestiq~e, si son élevage est bien dirigé, il est d'une grande ressource dans les ménages et procure en même temps · des bénéfices importants. Sa fourrure se vend pour la fabrication des feutres. Les cabanes des lapins doivent être salubres et construites en brique et en ciment. Les portes doivent êtr~ garnies de tringles de fpr assez rap~rochées, o~ ?'un grillage de fer assez serré et assez sohde pour resister aux efforts des animaux nuisibles. Le plancher sera toujours recouvert d'un enduit en ciment et aura une pente suffisante pour l'écoulement des urines. La htière des lapins sera très souvent renouvelée afin que la fermentation des herbes et des urines ne soit pas assez forte pour vicier l'air et les rendre malades. Les lapins mangent beaucoup, mais ils gaspillent encore davantage. Aussi est-il nécess~ire de ~égle~ leur repas. Oa leur distribuera la noumture trots fo1s par


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jour et l'on enlèvara chaque fois les débris qu'ils auron~ laissés. Le9 lapins maog~nt ordinairement de tout sauf quel~ues ~Jantes. n~rcohqu~.s telles q~e la ciguë, la belladone, 1 acon1t, la digitale, qu Ils connaissent et savent éviter à l'état libre, mais qu'il faut se bien garder de leur don· ner en captivité. Les fourrages secs les croûtes de pain le maïs, l'avoine, doivent être alter~és avec les choux et l_es herbages .verts dans lesquels on fera entrer, en varulnt chaque )OUr, des plantes aromatiques et amères telles que le cerfeuil, le p~rsil, le panai~, la carotte, le thym, le serpolet, le fenouil, p01s la chicorée le laiteron, l'argentine et le feuillage de la plupart des arbres e~ arbu~tes, en exceptant l'amandier, le pêcher, le laur•e~-cerise et le laurier-rose qui sont vénéneux. Les lapms refusent le navet, l'ortie, les feuilles d'artichaut et de bouillon-blanc, mais on leur donnera avec avantage des pommes de terre cuites à l'eau et écrasées avec du son et un peu de sel. Beaucoup de personnes se croient dispensées de donner ~ boire aux lapins parce que les herbes fraîches contiennent une certaine quantité de sucs aqueux. D'autres s_e figurent qu_'en le?r refusant à boire, les lapins e!lg~a1ssent J?lus_ Vlt~. C est là une erreur. On inflige a1nsJ un'= pr1vat10n mutile à ces animaux qui souffrent ~·autant plus que leurs cabanes sont généralement petJt~s et que la chaleur s'y accumule forcément. Ne VOlt-on pas souvent. des lapins poussés par la soif tuer l~urs pet1t_s pour b01re leur sang. Une petite auge de p1er~e touJours remplie d'eau fraîche d pure, doit être placee dans chaque cabane à lapins. ~es variétés du _lapin sont assev. nombreuses. Le lapin gns à lo~gues oreilles non pendantes constitue la race la plu~ v1vace et la plus féconde. Nous citerons au"si le lapan angora, élevé dans le Midi, et dont Je po1l est long et soyeux. On le peigne trois ou quatre fois par an pour extraire de sa fourrure un duvet dont la finesse rivalise avec celle dA la chèvre de Cachemire. Le Chien est l'ami de l'homme. Il est fidèle et constant dans ses affections. Ainsi que le dit Buffon, il est tout zè_le, tout ardeur, tout obéissance·1 plus sensible au souvemr des bienfaitll qu'~ cel~i d~s o utrages, il ne se rebute pa~ par les mauvais traitements· il ]eR subit les oublie, ne s'en souvient que pour s'alt~eher davantage et lèche la main qui vient de le frapper.

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Le chien est doué de la faculté de réfléchir ; son instinct et son intelligence sont dignes d'admiration ; son attachement est proverbial ; gardien vigilant et :fidèle, il avertit son maître du danger, le défend au péril de sa vie, l'appelle par ses gémissements quand il l'a perdu, et meurt quelquefois de chagrin sur la tombe de celui qu'il a aimé. Dans certaines contrées on a l'habitude de faire travailler les chiens en les attelant à de petits chariots pour leur faire transporter des fardeaux, ou en les enfermant dans de tambours sur la surface intérieure desquels ils marchent pour donner le mouvement à de petites machines. Cet usage de faire travailler les chiens n'est ni rationnel. ni humain, ni prudent, En ~ffet., le chien n'a pas, comme le cheval, tles sabots et des fers. Sa chair, posant sur le sol et ses aspérités, finit par s'échaufter, se fendiller et souvent s'écorcher par le frottement e1 sous l'effort du tirage continu ou d'une course longue ou rapide. Il en résulte pour Je pauvre animal une fatigue et une souffrance qui peuvent l'irriter au poiat de provoquer chez lui le mal terrible de la rage. De plus, comme tout être dont on veut utiliser les forces, on est obligé de frapper le chien de temps en temps pour le faire obéir. Or, le chiPn n'est pas comme le cheval; sous le fouet ou la bâton il crie et hurle de douleur. Les personnes compatissantes ne peuvent évidemment rester mseosibles à ces cris déchirants, et de là s'ensuivent des observations, des admonestations toujours mal reçues, des menaces et même des rixes peut-être regrettables. Les races de chiens sont très nombreuses. Parmi elles nous remarquons : le chien du Saint-Bernard, dont l'instinct et l'intelligence sont admirables ; le mdtin et le chien de berger. l'un le protecteur et l'autre le conducteur des troupeaux ; le lévrier à la course rapide et le chien courant à l'odorat si subtil : ce sont les préférés des chasseurs ; l'épagneul si joli, si doux, aux poils soyeux et au regard si boo ; Je ehien de Terre-Neuve. bète magnifique d'un instinct remarquable; .Je barbet ou caniche dont la fidélité, la douceur et l'intelligence sont exceptionnelles; le basset qu'on emploie pour fouiller les terriiers des renards et des lapins; le chien-loup, vit, rageur et très intelligent; enfin le dogue dont l'attachement, la force et Je courage foot le précieux défenseur des propriétés isolées. tA suivre}.


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Taille des arbres Crultlers Au moment où la taille du printemps de nos arbres fruitiers va commencer, il nous semble opportun de rappeler quelques points essentiels qui ne doivent pas être négligés et qui ne se trouvent pas toujours abordés dans les livres traitant ce sujet. La taille a pour but de sou.nettre les arbres à une fot·me déterminée et qui ne doit point contrarier leur mode de végétation naturelle. L'expérience a démontré qu'il fallait, pour travailler, attendre la complète suspension de la sève, mais dans un temps assez rapproché de la reprise de son mouv~ment ascensionnel pour que l'œil sur lequel on a taillé puisse se développer en bourgeon, avant d'ètre atteint par le desséchement qui descend de l'onglette laissée au-dessus de lui, desséchament qui obligerait à retailler plus bas s'il venait à détruire cet œil. On taille donc de février en avril., st>lon que la fin de l'hiveJ' est plus ou moins douce. On commence par les arbres à fruits à pépins et on termine par ceux à fruits à noyau. Un bon tailleur d'arbres doit, tout en connaissant parfaitement las règles de la taille, les appliquer non pas mrchinalemAnt, mais en connaissance de cause, et suivant la nature de chaque arbre. Il en est de la taille comme de l'éducation des jeunes t>nfants, qui doivent être élevés d'une façon différente, suivant leur caractère et leur état de santé. L'arbre très vigoureux et ne portant que peu ou point de boutons à fleurs devra être taillé plus long que l'arbre de vigueur ordinaire, non seulement les branches charpentières seront taillées aussi longues que cela se pourra, sans risquer de déranger la bonne forme ou l'équilibre de l'arbre, mais toutes les branches fruitières seront tenues plus longues, aussi cela est absolument nécessaire pour ramener l'arbre à un degré de fertilité convenable. Nous n'hésitons pas, s'il le faut, à doubler la longueur des productions fruitières, si cela est nécessaire, quitt.e à revenir alors l'année suivante à une longueur normale. Cette façon d'agir ne nuit en aucune manière à la continuation ,t'une bonne taille, et il est bien rare que l'arbre rebelle A la fructification ne cède pas devant un traitement de ce genre. Une taille d'hiver un peu longue est à notre avis préférable A un pincement trop long. - Avec ce dernier, on risque que les boutons A fleurs se forment trop loin de la branche

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charpentière. Par contre, une excellente. opération à faire subir pendant l'été aux arbres trop v•goure.ux, est de les couvrir de greffes de boutons à fleurs, pr1ses sur des arbres trop peu vigoureux qui ont alors trop de boutons. . f Pour les arbres trop peu vigoureux Il aut, ~~ contraire diminuer la longueur de la branche fruitière et surto~t de la branche charpentière, puis donner ~e forts arrosages à l'engrais liquide, déchausser . le~ racmes et y mettre de l'engrais: le compost, le~ debr1s de cornes, os et cuirs, sont des excellents engrats à c~t. effet. J. BoLLIN, pépm~énste.

Recettes et conseils utiles Contre les douleurs rhumatismales. -Le salicylate de soude pris à la dose de 4 à 6 ~rammes, ~t plus quelquefois est un médicament merveilleux pour Juguler les crises de rhumatisme aigu. En .peu de temps, la fièvre tombe, les douleurs sont calmees et les gonflements articulaires ont disparu. Dans les f?rmes de rhumatisme simple, localisé, dans les névralgte~ et douleurs liées à cette cause, le salicylate de soude reussit ~nc~re bien mais comme le médicament demande à être mgeré pendant un certain temps, bien des estomacs se montrent rebelles. Malgré la pr~c~u~ion d~ boire un . verre d'eau pour diluer le sel, celm-~I occasiOnne p~rfo1s des troubleR dyspeptiques assez s_éneux. Pour obv1er. à .ces inconvénients on peut recourir au m_o yen précomsé 11 Y a déjà plusieurs années par M. 9umqu.aud ~t re~om­ mandé depuis par divers médecms. C est d appliquer directement le médicaraent co.mme cal~ant local et de prendre l'acide salicylique au lteu de sahcyla~e de s.ou~e. On imbibe des compresses dans une solutiOn d ae1de salicylique : 20 grammes pour alcool 50 gr~mmes, et eau 200 grammes ; ces compresses sont apphquées sur la jointure douloureuse et en quelques heures la _dou.leur cède et la tuméfaction diminue. La pommade_sahcyhque convient également bien ; oo la prépare en mcorpo~ant bien intimement 10 gr. d'acide dans 100 gr. de vasehne. Une onction deux fois par jour amène un soulagement rapide et très marqué. Il faut cependant être sur s~s gardes : chez les sujets dont la peau est tr~s susceptible, qui sont sujets à l'eczéma, aux érytbemes (et les


-14rhumatisants sont, on le sait, fréquemment atteints de dermatose), cb~z ces sujets, l'acide salicylique provoque parfois une très vive irritation et peut donner lieu A une véritable éruption. Il faudra donc en surveiller l'emploi et en cesser immédiatement l'application si elle donnait naissance ;\ du malaise ou à de trop vives démangeaisons. Plusieurs formules ont été données où:L'on joint de fortes doses d'alcool, d'essence de térébenthine, voire même de chloroforme qui ajoutent leur action rubéfiante. mais qui peuvent provoquer aussi de l'inflammation locale. (Nature). Remède contre les bronchites. - Par ce temps de caprices atmosphériques, les rhumes, les bronchites, les grippes aLteignent un grand nombre de personnes. Un rsmède simplE~, peu collteux, consiste à faire cuire sous la cendre trois oignons simples ; quand ils sont bien cuits, les malades les écraseilt avec du sucre en poudre et les mangent : 1• le matin, 2" à midi, a• le soir. Tel est, s'il faut en croire certaines de nos grand'mères, le moyen infaillible de se débarrasser, même d'une bronchite, sans le secours du médecin. L'huile de pépins de raisin. - L'expérience ayant appris qu'on peut retirer des pépins de raisin de 10 à 15 010 de bonne huile à brtîler, des propriétaires italiens, après les vendanges, ont séparé le grain de marc épuisé, l'ont lavé, séché et porté aux moulins qui possèdent des meules verticales, et ils en ont retiré la quantité indiquée plus haut, 10 à 15 OtO d'huile claire, incolore, inodore, d'une densité de 0,920, surnageant, par conséquent, sur l'eau des lampions, brtîlant sans fumét', et ils ont pu éclairer leurs demeures et leurs étables, celles-ci leur servant de séjour habituel en hiver pour économiser le chauffage. Cette huile entre aussi dans la composition de la graisse pour voiture. Ne perdons rien . - La Chronique d'industrie laitière et d'agriculture dit: • Il ne faut pas oublier que l'urine produite en un an par un cheval est estimée à 80 fr., celle d'une vache 75 fr., d'un porc t8 fr., d'un mouton 5 fr. , On voit par ces chiffres combien il est important d'avoir des conduites et des fosses à purin bien établies, de manière à ne rien perdre en fait d'engrais liquides fournis par nos animaux domestiques. Qui pourrait calculer la valt'lur perdue dans le passé et celle qui nous échappe encore ïnaintenaot par suite de défaut de soin et d'iustallations mauvaises t

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Un remède pour 1• ohtY&U· -Un gran~ élev.e~r signale un intéressant remède employé lors d une ~p~­ démie qui sévissait et qui faisait de nombreuses VICtimes parmi la raee chevaline : . c 11 y a, écrit-il, au baraa de Cham~~t (France), c1nq ou six boucs qui se promènent au m1heu. des c~evaux. et parait-il accaparent toutes les malad1es qu1 poor:raient s'ab~ttre sor le stud. Il n'y a jamais un malade A Chamant· on y voit des boiteux, des claqués comme partout m~1s pas de malades. Tristan, qu1 est deyenu un des' beaux étalons connus, vit avAc son boue; lL en a un pour lui tout seul et ils sont très camarades. Dernièrement, dans un des nombreux paddocks _du haras on a constaté un certain nombre de pouhns dont Îe nez et les yeux commeoçaie~t à couler. On .• immédiatement mis un bouc dans 1e_nclos, ~t en ho1t jours tous les poulains étaient guéris; ~a1s le bouc était uur le flanc, incapable de se mouv01r, aya~t probablement accaparé tous les germes de la malad1e dont les poulains étaient atteints. Cette cout_ume du bouc existe depuis longtemps déJà, et autrefois les maUres de postes n'auraient pas manqué d'en mettre un dans chaque écurie. • Le croup ~tuéri _par 1~ p~trole; - La soc,iété de mé_: decioe de Rouen v1ent d avotr à s occuper d une décou verte fort importante due ;\ un médec1n du . pay~, M:. Flahaut. Au cours de l'htver dernier, une ép1dém1e ~e diphtérie s'était déclarée à La Neuvil~e. M.F. euU traiter 70 eas. Les 30 premiers cas, traités par la méthode ordinaire furent suivis de 8 décès. 40 autres cas que M. traita avec des badigeonnages de pétrole ne don~~­ rent pas un seul décès 1 Le médecin de ~a Neuv_tlle croit fermement que le pétrole a une act1on ~péctale contre les fausses membranes; de plus, le trattement par le pétrole est facile et n'offre auc~n danger. , La société de médecine de Rouen est1me q~e la decouverte du médecin de la Neuville est des plus tmportan~e~. Cette découverte n'est pas récente_; elle date de 1 ~~­ ver dernier déjà. Le remède est s'mple et moffens'f · A l'occasion on fera bien de se rappeler ces badigeonnages de pétrole.

VARIETES Arbre à lait. - Plus besoin de vaches 1 Plantez dans


SION, 15 :Mars -

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v~s Jardins le Brosimum Galactodendron, arbre origigmatre du Venezuela et des montagnes près de Curiaco (Amérique du Sud). Cet arbre atteint une hauteur de 15 à. 80 m~tres. Pans 1~ Nouveau Monde, il existe cinq vartétés darbres fournissant un suc analogue au lait, très agréable au goût et en quantité tout aussi considérable qu'une bonne vache laitière. Mais le · plus la('tifère est celui nommé plus haut. Le lait s'obtient en pratiquant une légère incision dans l'écorce de l'arbre; son goût est celui de la crême sucrée ; il est très nourrissant. On peut le boire en aussi gt·ande quantité que l'on veut sans inconvénient. La - composition de ce lait végétal approche beaucoup de celle du lait de la vache: il renferme du sucre, de l'albumine et des phosphates; mais la somme da ces substances est trois fois plus considérable que dans le lait de la vache. Aussi sa composition se rapproche plutôt de celle de la crême que de cella d~ lait. Dans les pays où cet arbre pousse, les naturels vtennent tous les matins tirer leur provision pour leur ménage et leur famille. Une nouvelle branche d'étude pour les forestiers : Celle de fruitier 1 Bévues d'écrivains. - Certains curieux:s'occupentactuellement de recue~llir les excentricités ~t les bévues commises par des écrivains contemporains: histoire d'augmenter une collection déjà nombreuse. Ces cherchburs ont fait d'assez bonnes trouvailles. Telles sont, par exemple, cette jolie phrase d'un des maîtres de la critique : • On dirait l'un de ces duels où l'une des lames s'enfonce dans la poitrine de l'autre • ; - ou cette citation extraite d'un livre couronné par l'Académie : c .on était en pleine nuit : un homme embusqué écoutait leur conversation, mais un gros nuage qui passa devant la lune l'empêcha d'entendre le reste • ; ou cette naiveté d'un poète aimable:

Vieillard privé de lumière, Tu vois en nous deux indigents ;

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ou encore cette image hardie qui orne un trés récent académique : c Une langue maniée par des maiDs ... • ; - ou enfin cette cascade d'ibcobérences dé· couverte en un ancien feuilleton : c Le talent de Madame Judie est comme la mousse du champagne ; gardez-vous d'y porter le scalpel; il ne resterait plus qu'un peu de cendres au fond de l'alambic. • dis~ours

1893-94-

L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION AVIS

Ceux de nos souscripteurs qui doivent encore leur abonnement à l'ÉCOLE PRIMAffiE pour 1893-94: sont priés de réserver bon accueil aux cartes de rembourse~nent qui vont être incessa~ent lancées. _ Pour ceux qui sont encore redevables de ~ourmtu.re~, il sera cumulé sur la ~nê~ne carte, pour moms de fraiS et simplification d'écritures, le ~nontant de leur dû._

L'ALPINISME CONSIDÉRÉ AU POINT DE VUE DE L'ÉDUCATION (Suite et fin) Au point de vue intellectuel, il est certain que la conversation d'un enfant n'offrira pas un intérèt de m~me ~a­ ture que celle d'un homme d'âge mûr ; il ne serait g~ere possible de discuter avec lui de politique ou. de questl?ns concrètes. Il ne s'ensuit pas que sa conversatiOn ne pm.sse être intéressante. Et d'abord, ce que nous cherchons bten souvent à la montagne, c'est un repos de nos tr.avaux intellectuel s. N'y transportons donc pas les queatwns complexes qui hantent nos idées au contact .de c.es cerve~ux jeunes et insouciants. Nous n'y perdrons ne~, Je vous lassure. J'ai vu maintes fois des hommes séneux, dans des courses en famille abandonner des compagnons de leur âge et 'cheminer lo~gtemps avec des enfa.nts. s'a~usant de leurs réparties et trouvant une saveur tres fine a la façon dont ils expriment des idées rajeunies par leur la~gage. Pour moi, j'ai tcujours éprouvé un cha~me réel a en· tendre les appréciations ingénues, souvent mattendu~s qu_e les enfants donnent sur ce qui frappe leurs mtelhgence s. Le babil d' un bambin peut manquer complè~ement d'intérêt. être même déplaisant en ville et devemr tout


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