No 07 l'Ecole primaire, 1er Mars 1903

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xxne année

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.lu i'ellll' depuis le ruai.Ul, îuterrogen. lt: l.wJ.JJ--L-· que qui l'avait accompagnée, et apprit r1e lui qu'Il l'avait vue monter en voiture avec M. \' ... pour se rendre iL la cour: on était ùonc informé de sa présentation. Lorsqu'elle rentrll, vers les neuf ·hem·es du soir, elle fut aussitôt, et pour la première fois, appelée au salon: le succès qu'elle venait d'obtenir avait opéré une petite rôvolutiou dans l'esprit de tout le monde. Son bonheur fit le plus grand plaisir à ses lllmis, et parut en fnire davantag\:1 encore aux persounes qui ne lui avalent témoigné jusqu'alors que de l'indifférence. Ou observa qu'elle avait une jolie tournure ('t de beaux yeux. Lorsqu'elle raconta. les promesses de Sa Majesté, et les espér-ances qu'elle .en avait conçues pour la délivrance de son père, on trouva cela tout naturel et fort aisé. Plusieurs des membres de la société s'offrirent généreusement de parler au ministre en sa faveur et de la protéger; enfin, le contentement parut général, et le jouenr de boston, après que les remises flll·ent acheYées, donna lui-même des marques sensibles tl' Intérêt. Ellie sc retiL'a bientôt dans sa cllaml>re pour sP mettre eu prières, et pour remercier Dieu ùes faveurs inattendues qu'elle venait (l'en recevoir. Son honlleur lui Ota pendant plu~~; l enrs heures le Rommeil qui l'avait fuie si ~auvent pour des cause!' bleu différentes. Lorsqu'elle ~:>e l'éveilla le lendemain, et que le souvenir de tm1t ce qui s'était passé ln ,·cille rentra clanfl sn m()moire, elle fit un rri Ile joie: <~N'est-ce pas un songe trompeur qui m'aùuse? est-il bleu vrai que j'a\ vu J'Impératrice? qu'elle m'a parlé avec tant de bonté?)) J_,es transports de sa joie nugtnentaient il. mesure que ses idées plus clalres l'le débarrassaient des vapeurs elu sommeil. Elle s'habilla promptement: et, afin de s'assurer eucore de la réalité des événements de la veille, c·lle coU11Jt aussitôt ouvrir un tiroir dans lcque1 s.e trouvait l'argent qu'elle avait reçu par ordr e de Sa Majesté. Quelques jours après, l'impératrice mère lui fit assigner une pension, et voulut bien <>lie-même la. présenter il l'emperem· et à l'h.nvl\ratrice régnante, qui l'aceuelilireot aussi

t;.~ vorablement. Elle reçut de leur gllnêro~>ité u11 présent ùe cinq mille roubles, et des ordres furent données pour ln révision du procès de son père. (Le vif intérêt qu'elle inspira bientôt il. M. de K .. . , minisu·c de l'intérieur, ainsi qu'à. tonte sa famille, aplanit toutes les dlfflcultl>s. Cet llomme respectable .poss~dait deux avantages qui se u·ouvent rarement réunis dans les personnes en place: le pouvoir et le désir d'obliger; et plur; d'une fois les serv!Ct'b qu'il aimait à rendre prévinrent les dêmnrches der; malheureux. M. de K. . . u1it toute l'obligeance qui lui était naturelle à. te!'IUint>r la révision du procès dont il était chargê; et, depuis ce moment, l'intéressante solliciteuse n'eut plus aucune inquiétude sm· son sort il venir. Connue :1 la cour et favoTisée elu ministre, Prascovie voyait avec plus r"e surprise encore que de jore l'empressement subit que le public lui tl'moignsût Les ministres étrangerR et les persounes les plus considérables de la ville voulurent la vcir, et lui donnèrent de;;; marques lle ùienveillanc". La p1·inccs~e Y. . . et l\:tme W . .. lui Msnrèrent l'une et l'nutrC' unC' pension <lt> C'P.nt roubles. Cette f<wem génér·a le n'influa point ~til' ~rt manière d'être, et ne lui donna jamais le moindre mouvement de vauité. Elle .nvalt ùans le monde cette assmauce que do.one la simplicité, j'oserai dire CPtte lJordiesse de l'iuuocence. qui 11(' (•J·oit. pa;. il ln mé(·bnu· cetê des autres. L'ét-ude approfondie ùu monde ramène toujours C'enx qui l'out faite :tvcc· 1'ruit r\ ))Il· rattre s imples et snns pl'étentions: en ~Ol'tt' que l'on tmvaille quelquefois longte&lps pom· arri>er au point par ol) l'ou devrait roiillDPII· cer. Prascovic, simple en effet et sam; pri'tentions. n'avait besoin <l'aucun effort pour le paraître, et ne ::;e trouvait jamais déplacée dans 1:1 bonne société. Un jugement snin, un esprit juste et natul'el, ~upplêait ii sou ignorance profonde rle toute chose, ct sonvent Bf'M répon se~ inattendue~ Pt rermt'l'l (](Srou<·crttlrent JPs indir;crets.

ORGANE If{_!,':]

DE LA

.. )

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION ~~ ---------------

L'Ecole primaire donne de 12 à 15 livraisons de 16 pages

~hacune, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8 a 16 pages pendant le cours scolaire.

Prix d'abonnement : Suisse ft•. 2.50 Union postale ft·. 3 Tout ce qui concerne la publication doit être adress é directement

à: ;M. P. PIG:NAT, 1er secrétaire à: l 'Instruction publique, à: Sien.

( Â lftiVt'f,)

Enseigner anx garçons à gagner de l'argent doit avoh· poar corrélatif d'apprendre aux filles l'at•t de Je dépenser eonvenablement. Jules Simon.


SION, 1.... Mars Sommah·e de l'Ecole duJerJiars *

Conférences d'instituteurs

Pl gnu11mail'P. - * lJf' l;l 1HK'fLU< " l' PE <'ONT IlE Y -du patoifl. - * Le lüe à , La. umf~L·Pnc·t' th' 1·e dis! ri!'t. fixé<.' 1m 'ùéhuiant. 'k <hwlqne:; principes d'aboL"d au :; 111<11·s est ren ,·oyt~l' dt-> 8 pom· r~tndt• du <·al!-nl. - L'cuseigne... ment· ()e J"Ot·thogJ·Rplw. - .. L'Histoire. j oun.:, soii. au 10. l_.p~ <:OllliJO!>itiOU!:I péol"ÎOÜÎ(}.UC S. DJS'l'HJO'I' DE ::31E·R RE PnnL· (>pu i s~r ll' pL"ogramme dans dm.Pour les institu leurs de <:e ùi:->tri tt que l:Olll'i-:. - " Ll' tarnPt de vr ~panl ­ la conféJ·encP nuunPlle aura lieu it Ûl'Ô· tion. - L'Püueation ph;n.;igtH'. - Sur· . ne, le 13 "\[nrs pl'ochàin. ü 9 1/:2 h. tlu les CXPl'tiCl'S cl t' lll-émOil'P. - ( 'ons<'ilS m~tin. sm· la lednre. .\RHONDIKSE:\IEXT lJ I': BLOX Partie pmtiqur: "\lm·al e. S(viP, OrtlH)Les int~tituteuu; lle cet nt'roudisl:lt-· gnlpbt>. Ht~<·ihllio·n. IDent 1;011t con roqués t•n l'éunion an· -0mwlle, ~t Kion. le ~2 avl'il p1·oehnin. li 8 1/2 lL du m. Sommaire du Snp},lément L;1llg'lH'

cou~-;errntioll

La <:ultnl'<' <lt' l't·~ptit l't dn jugt>· lllPU·t . - L'hiYe1· mn:;i('it•n. - Histoire du Yala.is (s nitt>). - Pou1· rite uiJ brin. - Ln jenuf> 8ibérienne (suite et fin.) - Le Rcnl sou<'i <lf' K icola:;.. - <'h1·u-()-

Société ''alaisanne d'Education .rom· donner 1mite i\ la décision pl'ise par l<1 gnmdc• majorité d~H institnteurs, l e jOVI' de ]'em:1f'H'liSHC111C!ILt de notre l'e oTPtté Cllef ·cln J>P.partement de rinsün; tion pnblique, M. Ohappaz, concernant l'a c·hai d' nn drapeau ponr la Soci~té. le Comité rétpandra. iueessamment oes listf'::; de sousüription destinéf's n ponn·oh aux fl'His dt• .cet te acquisition. ~IM. les insiituteuro; t>t en pttrticulier les détentPurs df' Jistf's sont inHta 111ment ptü's dt> fain> leu'1, possib le pour r ecnei lliJ· des dons. J)e drapeau s.erait béni et inauguré l~ jour de 1::~ ré~nio~ gén~rale,' qu.i aura

]Jeu à St-Mannce a la fm d HYI'll pt·och ain. Pou.t· le Co111ité: F . GIROFn, p1·ésidC'nt. -----

1902-03

L'EOOLlE PRIMAIRE ORGANE

DE~LA

SOCIETE VALA.ISA.XD D"BDUCATIOlf ~'<

Langue et Grammail.•e ~

Un cettaln nombre d'années d'obser· ' vation et d'expérience m'ont suggéré quelques réflexions que j'avais l'int(mtion de présenter, sous le titre ci-dessus, aux lectures de !',Ecole primaire". .~ u moment où j e fouillais ma _mémoire vour y retrouve1· quelqtue glanure sous Les subventions scolaires forme de précepte pédagogique sur lequel je pusse appuyer .rp.es assertions, Le pl'Ïll cipt- dn snbYeut.ionnement fp. roilà. qu E' le n° 5 de notre chère , Eeole dfSull de l'étole priu1ain.• ayant Pté ptimaire" vint heureuse111ent me tirer sanclionué par le )JL'UP!e suisse, il x'a· d'embm·ras par cette pem;ée de Her•dt waiuteuant cl'élabOJ·er la loi 'd'ex(... "'cution. ùeJ·, placée en ,-edette l:;ous l'enradre· ment df' la couverture: A cet effet, la cow111i ssion d'Il Oonst>il Il faut enseigner la grarnmcti1'e pœr let national s'est 1·c>uuie le 21 février HUr langue et non let lctngnc pa1· la grammaire. ::\fontl'eux, :sou!:> la }Jt·é:-.:idence de -'L OoA l'abri de ce guide, j 'oserai émettre bal, ditecteur de J'Instru ction puhli1{'{1 quelques idées ci-apt·ès sans cr.ainq ne ,(Le licme. L eR auttf's ruembres de dt·c d'êtrE' dé111enti. Un peu ardue sera . la c.O'Illmis~ion _1-:!o~ l ~Dl. E~loff ('l'hur· nttt tâche, car mes appréciations se bn1 g?ne)~ ~ '} tsc h1 t~m~ch),. J ager t A.rgott>ronl· par ci })ar là à une fO·l'Ce qui · Yle), I'-T.;~TCITEJS t"\ nlaJ:-;) , de )lt'uron pt•ime tout, à. une reine qui parfois enl tVaud), Bchcner (St-Gall), Scllmiü (l'COI'e ~ouverne l'écoîe à la manière d'u· l"i), Yiu cen t UeuèYe.J et Yit;.d (<tri1 nt> monarchie absolue: damf' Routine. ' sons). . . .\ <l'autrf's, paL: contte, - et il est à ~f . le con~e1ller .ffSdéJ·;d Ruchet ast~Js. Houhaiter que ce soit le grand nombre t:ut nnx d!P~Ib~ra.twns; , -je vit>ndrai ni plus ni moins leur apLa c~mm 1 ss1~n ne. s e:st f11f•r·e e~a rt~e I•rendre que le Rhône areose le Valais dn pi'Q.)et du ( onserl f.é~c ta.L El e u y ou que le Carême s'étend du mercredi a 'fll)!)û'l't~ q.ue dt-s mochfica.twns secondail'eS. dt>ij Cendres à Pâques, et cela pour la Comme on !:lait, lt-> mode de tép;n·ti· raison bieu simple .qu'ils auront pratition de~ ~ubn•ntiouR a. 1~té t1'ès qué, de longtemps déjà, peut-être dès discuté dans la ptesse. t'es dernier11 leur début, les procédés que je Yientemps. Le ,.Ya.tedtUld", r ,.Osts<·hweiz'' drai conseiller ici. Ceux-ci pourront 1 et là .. Libei'té" ont pu'blié un Hanlil de ainsi m'a;ppuyer. 1 M. le Dr Buom be1·ger, statisticipu ean· Je vais donc m'attaqne1· à dame Rou-

tine. Quelle audace! pensera-t-on. Il fa ut se sentir bien cuirassé pout· oser défier cette furie campée dans sa redoutable forteresse. Comme par le passé! ... cela est si facile à dire et à faire. Ohang·er! ... c'est si dm, si malaisé!. . . On préfère souvent continuer son chemin a.vec des méthodes r-ecounues défectueuses et condamnées pa.r 1<> 'b on sens, plutôt quP de ·ren()ncer à ses chères habitudes. Je me crois d'autant pl us autorisé à traiter cette question que, dans mes premières années, j'enseignais la gramlllaire exactement de la même façon que -c ela se pratique encore aujourd'hui dans certaines classes. Ains·i, je poUJ·rais citer plus d'un régent qui se garde bien de parler aux enfants de règles q,u 'ils n'ont pas encoee étudiées. « Il n'en est pas encore 1.~ )) 1 observera Je m aître, si l'on interroge un élève au. delà de la le(,'on de grammaitP, l.aquel1<.· chez lui jalonne l'étude de la langue. Si eette manière d'agir, so'it l'enseignement graduf'l basé s ur le liV!'e, convi.ent aux a utees branches de l'enseigne·ment, ce serait bêtise d'en être esclave en ce qui concerne la langue ; on ne sanJ'ait ici laisser longte111ps l'élèYe étranger aux différentes espèces (te mo-ts qui, chaque jour, se présentent dans sa lectu re, dans sn t écita.tion .ou sons sa plume. Nous n e prétendons pas entrer dans les vues de ceux qui voudraient sup, primer le liVI'('; de même que dans l'a· rithmétique le calcul oral doit ouvrir ln. mut'Chf' an ealcnl écrit Pt le p r•é e:é·


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der toujours, .quand ils ne mal'chent yerbe, de la prépositian, les form~s du pas de pair, .ainsi entendons-nous pro- pall'ticipe, etc., lorsqu'il arrive à ces céder dans l'enseignement de la gram- charpitres· avec la leçon proprement maire. dite? Celle-ci ne viendra alors g_ue pour Mettre un livre entre les mains d'un .consolider et compl_é ter l'œuvre, glae:nfant q:ui a encore de la peine à lire, nant, recueillant les épis qui manet le gaver ensuite de règles et de dé- quaient encore à la ger·be pour former finitions, n'est-ce-pas procurer au pau- ce tout harmonique aue nous appelons · Oarnélia. vre petit le plus cruel des cauchemars'! la Grammaire. C'est encombrer de difficultés. un cerveau encore tendre et déposer dans un cœur délicat un P!'~mier germe ·de déDe la conser-vation du patoill goilt pour l'étude, germe funeste dont le développement sera d'autant plus L'année scolaire terminée, et tl!..n.clis rapide qu'il sera favorisé par deS' le- que les élèves s'abandonnent joyeuseçons fades et monotones ou par des ré- ment aux ébats des· va.C~!lces, tout bon citations machinales, sous la direction maitre procède à la revision de ses tr.ad'un moniteur maladr~it ou tout au vaux annuels, afin de juger :Qar les rémoins novice en pédagogie. sultats ·acquis, de la valeur de sa mé·Au contraire, si l'écolier est initié thode et du fruit de ses efforts. Si le - et de cette manière il n'est jamais succès' des élèves s'est affirmé, il peut trop tôt- par des leçons orales tirées envisager l'année écoulée avec une léde sa petite lecture, par des exercices gitime satisfaction; si, au contraire, le intuitifs sur les ob,ie.ts qui l'entourent, progrès obtenu ne répond paint aux à discerner le nom, l'article, l'adjectif peines qu'il s'est données pour atteinsous leurs différentes espèces, à en ob- dre le but proposé, qu'il recherche les server l'.arthographe qui pour le pre- causes de son insuccès, afin de mieux mier .varie selon le nombre,_ pour ceux- faire à l'avenir. ci selon le genre et le nombre, etc., l'enVaici quelques réflexions que m'ont seign-ement n'a qu'à gagner en variété suggérées mes observations sur le ·cours et considérablement en attraits, si bien scolaire 1901- 1902. Elles fetont rire que les avantages en peuvent être plus les uns, tléfléchir les autres et tharnn que doublés. Chez l'enfant ainsi dirigé, en pensera ce qu'if voud'ra. on voit son intelligence s'o.uvrir sans ·C'est un fait qui f-r appe l'observateur peine, se développer à son irulu et com- même le plus superficiel, q1ue l'enseime pae en·chantement. Plus tard, i1 gnement du français rencontre de tl'l>s n'aura que d'agréables surprises à ren- grandes difficultés dans nos villages contrer dans le livre les définitions qu' de montagnes où un idiome local' est il connaît déjà, et celui-ci ne sera que encore en usage. Les enfants, qui penpaur sceller en quelque sorte dans la sent habituellement dans la langue pomémoire les règles préalablement ap- pulaire, traduisent en français leurs prises. pensées d'une manière sou.vent incorLes· mêmes avantages se rencontrent recte. Ces locutions vicieuses. jointes avec des élèves plus avan,c.és, de même à l'accent du cru, défigurent à tel point avec les divisions supérieures. Quel le français qu'il devient à peu près mal peut-il y avoir, en effet, à ee que, inintelligible pour tous ceux qui sont par suite d'exemp·les et d'exercices fré- étrangers à la région. quents, l'enfant sait déjà familiarisé Le mo·y en de remédier à ce défaut! ilVec J'e~ différentes fonctions de J' ad- Ne set•ait-ce pas de donne1· aux enfants

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une oonnaissance raisonnée des deux langues, en comparant les termes les expressians et les tours de phrase 'afin que leurs jeunes intelligences, t~nues en éveil par une constante com:pa.rais,~n,ne tombent pas dans des fautes que l1gn~rance seule fait commettre? Ce serait peut-être aussi un excellent mo·.ven d'enseigner avec fruit la composition française qui laisse encore tant à désirer .chez nos recrues. Peu d'analogies existent entre les deux lan.gues; chacune se suffit à ellemême. Notre p.opulation ne parle couram~ent q.ue le patais. Entreprendre de lm enseigner le français sans le secours d'~ la langue maternelle, c'est se rouer à une œuvre souvent stérile et touj<Jurs diffi.cile. Les enfants en quittan! J'école, oublient pour la pÎupart ce rud1ment q_u' on a essayé d'impaser à leut• mémoœe. Les résultats sont là pour le prouver: à la montagne, l'enseignement actuel n'a pas fait sensiblement pénétrer l'a connaissance dn fra.n~ais parmi le peuple. . P~nétré de ~et :inconvénient pour ainS I d1re .congémtal à la ra.ce valaisanne il importe de rechercher un moyen ca: pable d'y remédier. (A suivre.) J. :M., à la S.

* J..ett1•e

••• à un débutant

(A mon am~ M. L.) Cher .ami L'amitié que t u 'me po.rtes me fait un devoir- 'de répondre à ta letüe du 12 févrie1·, dans laquelle t·u me demandes lt>s procédés que j' emploie pour cm·riger ~es mauvais écoliers, les petits b~d1ts, ces caractères apathiques, ces mtnes renfrognées qui assombrissent la physionomie sereine d' une classe. Tout d'abord je te dirai qu'au fond, c~ux-là ne fo·rment qu'une infime mino!'1t~. Pour leA maîtriser et les conduire, 1 1 fant savoü· d~ployer· toue à toUJ· lt>s

res~:~~urces de l~t patience, de la persuasiOn, surtout de la fermeté. Il faut savoir les étreindre ·d 'une main de fer gantée de velours. L'étude du caractère importe ici avant tout:_ pour lutter avec ·chance de succès, il .faut bien connaître les défauts de la cuira.s se. :Ces petits bandits ''ous causent quelquefais bien des ennuis. Des grossièretés, des vols aggravés de ~ensonges, des .actes de ,cr·uauté, des vices q ui s'étalen t avec- effronterie .. . que faire? Faut-il s'échauffer la bile, éclater en reproches violents, se griser d'irritation, puis châ.tier ferme? Non, ce n'est po:int là un mode de répressiou à recommander. Un vrai pédagogue procède_ avec plus de tact; car, tout compte frut, un enfant, même pervers, agit le I~lus souvent en être inconscient de la. gravité de ses actes. Encore si jeune il est d'ailleurs susceptible -d'amélio~·a­ tion, et lorsqu'on se :propose d'améliorer, on ne foudroie n_as mais on raisonne, on émeut, on suscite le concours de la volonté, on punit sans doute et même avec beaucoup de sévérité, mais <<tout en paraissant a:ffiigé, afin de piquer le coupable de bonte et de eemords » (Fénelon). Ce n 'est pas peu de chose, en effet, que de savoir dompter so uesprit agacé, retenir s.a. langue, -surmonter sa colère afin de •conserver son sang-froid. Il n'y a aucun mérite à se eourroucer tandis qu'il' y en a beaucoup à reste~ continuellement calme et réfléchi. On impose alors aux élèves; on les subjugue par sa force morale. En triomp-hant d'abord de soi-même, on devient ca.p a· ble de triampber ensuite des autres. Dans l'es cas les plus graves même, un peu ode bonté n'est pas hors de raison. Sait par instinct, soit par calcul an fait bien de dire à un coupable: « T~ fa ute très gt·ave mérite telle punition exemplaire. Eh bien, je veux volontiers ln réduire à. ceci .. . . a!in que tu connaisses que malgré tout j'ai enrore de 1


84 bons sentiments envers toi, et que je suis disposé à te rendre mon estime, si tu. t'effoTJ.~œs de te ·corriger à l'avenir>>. 1En résumé tu triompheras par la bonté, la patience et la fermeté. S'il est quelquefois besoin d'user de sévérité, que ·ce soit une sévérité de père et non pas celle d'un tyran. Voilà quelques conseils que m'a sug' gérés l'expél."ience de quelques années d'enseignement. Puissent-ils t'être utiles et rendre ta tâche beaucoup moins pénible. MICHELLOD P. J., Inst., à P.

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Quelques principes peur l'étude do calcul

Le calc.ul est une branche d'enseignement des plus impor1:antes à l'école primaire, tant au point de vue de son utilité pratique qu'à cause des ressources précieuses qu'il offre pour exercer le jugement et cultiver l'intelligence. Il est donc nécessa.i.re d'avpo~ter à cette spéeialité beaucoup de soin et d'attention. Avec les enfants d.u premier degré, cette étude doit être faite d'une manière intuitive mais raisonnée; .car, des moyens employés pendant les premières années, dépend en grande pa.rtie le succès des années suivantes. Dans l'enseignement du calcul, le maître s'attache à être méthodique et se rapproche autant que possible des principes suivants: 1. Se mettre à la portée des enfants, et même des moins avancés de chaque division. - 2. Aller du simple au composé, du connu •à l'inconnu, du facile au difficile. - 3. Appuyer bea:ucou]} sur les éléments. Exer·Cer longtemps les commençants sur d'e petits nombres concrets et a.b straits. - 4. La numération doit s'enseigner pendant toute la duTée des quatre règles. 5. Faciliter les leçons var les leçons précédentes. - 6. Revenir feéqtwmnH•nt sut ce gui a été Y U. en

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85 sorte que les élèves n 'oublient point ce qu'ils ont appris. - 7. Parler beaucoup aux yeux, faire nn usage fréquent du tableau noir. - 8. Fa.i.re beaucoup appren-d-re par l'observation et la réflexion.- 9. JDans les observations se servir autant que possi'ble d'objets en nature: doigts, bâtonnets, boules, mètre, litre, franc, pour -montrer ce que l'on entend par mes-ures effectives. _:____ 10. Tenir pl us à l'exa<:titude et à la sûreté -q1u'à l'habileté dans les calculs. 11. Donner aux leçons une forme variée, faisant opérer tantôt de vive voix et tantôt par écrit, tantôt au ta.b leau notr et tantôt sur les a.rdooises ou sur les .cahiers. - 12. Habituer les élèves à mettre de l'ord·re dans leurs Qopét·ations; à bien former les chiffres, les faisant plutôt grands que petits,; à écrire très distinctement l es données des problèmes qu'o-n leu!: dicte, afin qu' ils ne s'exposent pas à~ des méprises, cause principale de leurs erreurs. 13. Exiger qu'ils accompagnent leurs résrultats de quelques mots qui en fi. xent le véritable sens. S'ils ont, par exemple, cherc'hé le prix d'un m~tre d'étoffe et qu'ils aient obtenu 8, ils écriront: « Le mètre coûte 8 francs. l> - 14. Préparer -chaque jour les devoit-s écrits que les élèves doivent faire à la maison, et le lendtemain les vérifier exactement. - 15. S'assurer que les élèves n'ont pas à leur dis·position les réponses des p.rQoblèmes q!U'Qon leur donne à faire, soit en classe, soit à la mai· son, et qu'ils ne copient pas- leurs opérations les uns sur les autres. - 16. Se régler, pour les changements ou avancements des leçons, sur les élèves qui composent le troisième quart de la division.- 17. Ne pas pr·é senter un trop grand nombre de problèmes dans une même leçon. - 18. Ne pas s'arrêter trop longtemps sur une même dif· ficulté, mais après quelques explications passer ontrP, et y revenir plus hud; <Ht•c· lt· temps. l'irh~L' donné,. p:tr

la p1·eruière expliaatio1;.1 se développ€ naturellement dans l'esprit des élèves qui sont ens·u ite plus capables de sai~ siJ· ce qu'ou a voulu leur enseigner. 19. Tout en tenant compte des circonstaillces où l' on est placé se CO'llformer le plus possible au progt~amme du cours où sont les élèves. Jules B.

L'enseignement de l'orthogJ.•aphe •L 'enseignement de l'or-thogTuphe donne-t-il des résultats couespondan-t ap temps qu'on y consacre?-M. Baudrillart répond nég·ativement dans la Revue de pédagogie comparative'' et dQonne ses raisO'lls. Il attribue à deux causes cet état de choses: 1. La. survivance de vieilleries inÜtiles, dant nous ne voulons ou ne pourous nous défai1·e. ccAu poin,t de vue orthographique, l'ét:ole est un véritable conservatoü·e ou mieux un musée d'antiquités. Elle embaume préeieusement de véritables inuti lités et leur fait quotidiennement un sor1. <~En quel autre lieu gue l'école priman·e a-t-on à écrire des patm· des ave ùes lazzaroni, des hôtels-Dieu 'des Cor~ r~eille, ~e? Racine, les trois ~u quatre HcrnomllJt, ou Ju.ssien, les deu.x Sénèq1,es du_ temps desquels, hélas, on enseignait déJà. non pour la vie, mais pour l'école? 11< Prenez un ('xercice de grammaire rous aurez ·cihance d'y rencontrer un sa~·oir de cet acabit, quand vous n'y trouverez pas de difficultés inexistantes . . ' nn1quemeut mventées pour créer de la. matière à exercices. >> 2. Nos élèves devant passer des examens, la plupat·t des maîtres ne croient po_n;oir mieux les y pr-éparer q:u'en leur f~tsant passer des examens perpétuels. :Nous confondons enseignement et contrôle. Cette imitation servile est surtout évidente daJJ.s la dictée.

Comme à l'examen, le maître choisit un texte inconnu d-e l'élève le dicte le f~it corriger à la. suite d;une ép,ehabon longue et monotone. Et les formes vicieuses d-es mots restent gravées dans la mémoire de l'enfant. <<Ce qui semble importer, dit M. Baudrilla.rt, c'est le dénombrement exa.c t de fautes, non leur correction dans la mémoire.» Et, après, l'on se plaint du peu de résultats que nous obtenons .e n orthographe!. .. NO'Us pouvons mieux faire. Vhonorable inspecteur de la Seine montre la méthode à s uivre qu'il a préconisée à la récente conféren1ce péd·a gogique des instituteurs et institutrices de Paris. Envisageons successivement: l'cc orthographe >> dite d'cc usage>> et l'c<OTthO'g-raphe » dite de règles». 1. « Orthographe d'usage )J. - Pour n'avoir pas à rectifier dans la mémoire de l'enfant des formes vicieuses, il convient d'abo·rd' de ne pas les y inscrire. J..,a. nouvelle méfhoùe d'épellation est défectueuse au point tde vue de l'apprentiss-age de l'orthographe d'usage et, d'autre part, l' usage de la oopie a dispa:ru ; orr ·c'est l'abus qui devait seul disparaître. cc L'enfant tire donc. au point de vue de l'apprentissage de l'orthographe d'usage, peu de profits de sa lecture. cc Et quant aux dic-tées, on peut dire qu'elles coopèrent à cet apprentissage d'une fa.ç on à la fois vicieuse et incomplète. cc Ou l'enfant ne connaît pas la véritable forme du mot dicté et alors il l'écrit inexactement, créant ou fortifiant ainsi dans son esprit un sou_yenir fautif; ou il connaît cette fo-r me et la die-. t ée ne lui apprend rien. « En tO'Ilte hypothèse, qui gat·antira que des dictées choisies au hasa1·d: peuvent coutenir seulement les· mo1s usuels, c'est-à-dire constituent « un vé" 1·ita ble courR d' orthographe d' usage? >J


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86 Nous ressemblons à des ouvriers qui, ayant à recouvrir un toit a,vec des ardoises, les jetteraient à l'aveugle les unes sur les autres auJieu de les ajuster soigneusement. Ce serait miracle que le toit fût couvert. >> Que faut-il donc faire? <<M. Baudrillart va nous répondre: << 1. Organiser un cours de vocabula.ire, dont l'utilité, du reste, ne sera pas. qu'ortbogrruphique. Il existe, en ce mo·ment, quelques-uns «!~ ces cours. II conviendra de lire les préfaces, de se· proeurer les parties du maître, afin de pouvoir faire de véritables leçons. On aura ainsi rétabli sans une fo·rme moderne, le << Pantex » d'autrefois. « 2. - Comme on lit .c-ent fois et mille fois plus de mots qu'on n'en: écrit, il faudra habituer les enfants à voir la forme exacte des mots l'us: «a) - par des exerdces d'épellation (lettre à lettre); « b) - pa rdes copies «très surveillées», des passages· lus; (( c) ...:.... par des rd'ictées empruntées systématiquement au livre de lemure. Voici un procédé qui donne1;-a de bons résultats. Les élèves dûment prévenus, le maître relira la dernière leçon de lecture, fera écrire sur le cahier les mots difficiles et les fera corriger séance tenante. Trois pages de texte du llvre pourront être ainsi éClrémées, en peu de temps, de leur substance ()rthographique. 1 << Les élèves prendront l'habitude de voir la forme co•rrecte des mots lus et chaque leçon de lecture constituera une leçon inconsciente mais profitable d'orthographe. >> · 2. Orthographe de règles>>. - D'abord expurger rigoureusement de la gra'IIllllaire toute rè_gle ou exceptions qni ne soient pas d'une application courante. Même travail d'épluchage sur les exercices d'application. · « Quelques explications poussées à fO'Ild', éclairant vivement l'PSP.rit, valent

mien~

que de très nombreuses gui restent mcomplètes. Si l'enfant pèc4e si souvent, c'est plutôt par inc()nnaissa.nce q:ue par étourderie. Et l'inconnaissance est notre fait. Nos devoirs sont tro>p longs et par suite mal préparés et expliqués. Jamais on n'arrive à, une clarté parfaite. On oublie que dix , lueurs successives n'ont jamais valu une lumière vive et .é clatante. Combien de fois n'ai-je pas constaté que des élèves, qui venaient d'e.xécuter un devoir sur l'a.ppli~a.tion d'une règle, ne pouvaient écrire ou réciter aette règle avec précision. )) Enfin le livre de lecture sera mis à profit. ' <<A mesure que le maitre lira, -les mots val'iables qu'il désignera seront écrits et explication sera donnée. 1Rien n'égale l'étonneanent des élèves quand ils constatent dans leur liv<~·e de lemure l'application des règles de la grammaire. Il îeur semble qu'en dehors du livre spécial, ces règles n'existent pas. Semblables, en cette naïve erreur·, a•ux persO'Ilnes -qui s'imaginent, à voir les luxueux et compliqués appa.reils de· physique, q:ue les lois qu'ils dém()ntrent n'existent qu'en eux et par eux, alo.rs qu'elles gouvernent le monde. » Dans l'étude des règles: hiéra rchiser rigoureusement; aller du simple a\1. composé, ·du facile au difficile. <<Ainsi, il arrive so'Uvent que l'on étudie trop tôt des règles difficiles. Quelquefois on enseigne les règles du participe passé a.vant que les élèves sachent reconnaître un participe passé, ou quel est son auxiliaire. » Une telle méthode est assurément défectueuse.

L'histoire a toujQurlti été l'Qçcupation favorite d'un grand nombre d'érudits de toutes les nations : la Suisse a pos-

sédé Tschudi, Muller; la France Thiers, Augustin Thierry, Vau-labelle, Mably, Henri Martin ; l'Allema.gne, Schiller; l'Ita.lie, Sarpi et Villani: personnages que je mets en l'elief parmi les milliers de beaux esprits qui ont aimé se nourrir de la vie du passé. Mais l'histo-ire n'a pas seulement enflammé les savants; îes bommes du peuple, les grands et_ les petits sont ac:courus en foule pom· écouter ses é loquentes leçons. ·.Vouvrier, l'artisan, l'agriculteur, que Je soir a ren·dus a u foyer, trouvent un

grand délassement en lisant une page d'histoire; le récit 'd 'une bataille, la trame d' un complot, que sais-je? La iecture achevée, ils se livrent le plus s<:"uvent ~~ une :c ritique qui, pour être parfois un brin rustique, ne renferme pas moins q.e_ sages vérités; et c'est ainsi que l'histoire devient une leçon de morale. Elle n'a pas toujours été bien compl'ise, même des plu~ ·savants; souvent elle a été travestie, soit par ignorance, soit par mauvaise foi. Il s'e~t trouvé beaucoup d'historiens, aussi bien en Suisse qu'en France, dont îes ouvrages solltt sillonnés de profo.ndes erreurs, dues aussi bien à l'esprit de secte, de parti, qu'à l'ignorance des faits. Un grand nombre de ces erreurs et mensonges historiques ont été relevés par des écrivains impartiaux; mais ü en reste enaor~ beaucoup. D'autre part des milliers << d'écrivassiers l> de notre époque, éblouis par la perspective de se faire un nom, se mêlent à qui mieux mieux d'écrire l'histoi re plutôt selon leur fantaisie et la couleur de leurs idées que d'après les règles de la justice et de la vérité. Un grand mal peut l'ésulter de la. 1ectme de tels travaux: je n 'hésitemi pas à dire qu'nn mauvais historien est aussi coupa:ble s'il ne l'est pas dayan-

t age, q n'un romanci.er impie et immoral. En effet, qu'est,ce qu'·un roman cier? . . . C'est un écrivain dont les productions· ne sont que le fruit de l'imagination ; or, quelle ·d ifférence y a-t-li entre celui qui invente des romans et celui qui invente l'histoire à sa fantaisie? ... Je n'y vois que celle-ci: le second. est deux fois menteur; il d~t de.s ch oses fausses et, de plus, il -a le toupet de S()utenir .q,ue tout est vrai, tandis que le premier ne fait qu'in venter sans avoir la prétention de faire passer ses songes pour des réalités. J ' ai dit que l'histoire écrite d'une manière partiale présente souvent 'de grands dangers pour l'esprit et le cœur de ceux qui la lü;ent. En effet, elle pervertit leur jugement par des observations qui paraissent, surtout à ceux qui sont peu instruits, tout à fait justes et sensées, parce qu'ils n' ont pas entendu d'autres V()ix parler différemment; au lieu de les instruire, elle les maintient dans une ignorace vraiment incroyable sur les détails de la vie des peuples qui nous ont précédés. Autant les mauvais historiens me paraissent dignes de méipris, autant je respecte et j'admire ceux qui ont fait abstraction de leurs préjugés pO'ur écr-ire, d'une manière impartiale, les pages où souffle a_vec un viril patriot isme l'esprit de la vérité ... J 'aime souverain~ment à évoquer les grands noms qu'ils ont, grâce à leurs patientes recherCihes, ressu scités du tombeau de l'oubli pour nous les présenter vivants, avec leurs d éfauts. et leurs qualités, leur science, leur dévouement, leur héroïsme. Je me fais, en comparant ces po-rt1~aits entre eux, une idée claire de ce q:u e doit êt re le modèle type de ce qu'on appelle << l'ho·m me comme il faut ». J'aime à me plonger 'd ans le souvenir des sanglantes épopées de la Patrie1


88 Phts beUc dans ses maUMm1·s, et plus chère en [ses peines

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Le& compositions périodique•

Qu'u·n sol de liberté, ào soleil et àe fleurs!

Les vaincus me paraissent parfois grands, plus héroiques que les va.mqueurs. Les exploits de mes ancêtres m'enflamment de généreux sentiments; il me semble que j'étais là. à Morgarten, à Sempach, à Gran d'son ... Tout pliait deV'ant notre indomptable ·c ourage, Autric,h iens Bourgui' gnons, Italiens. . . La croix blanche sur fond rouge m'appara'it nimbée d'une gloire aussi pu.re, aus'Si virginale que l'écfatante couronne de nos Alpes. Je fr~mis aux passages marq:ués par la trahison, la fourberie le machiavélisme; un Louis XI manquant à la parole donnée aux Suisses m'inspire le même dégoftt qu' un Turman trahissant son maitre, le duc de Mifan, Sforza. ·L es guerres fratricides remplissent mon âme d'horreur: je voudrais voiler les guerres de religion , la guerre des Paysans, les combats des pa.rtisans de la République hefvétique -contre les fédéralistes, la guerre du Sonderbund, tableaux honteux montrant où peuvent conduire le fa natisme et les passions politiques déchaînés! ~algré tout, fa Patrie m'apparait touJours belle; et c'est l'histoire qui m'apprend chaque jour à mieux la oonnaitre et partant à la chérir davantage. Ecoutons les grandes leçons qu'elfe nous donne ; nourrissons-en notre cœur· f~sons-la go·fiter aux jeunes généra: t1ons de 'd'e main, afin qu'elles apprennent à bénir ce nom si doux si beau . . et Je s'ouffle ' de la li-' respirant l'air berté qui passe sur les monts, des Alpes au Jura: « LA SUISSE!» La Suisse d'e Guillaume Tell, de Winkelried et de Nicolas de Flüe! ... Alfred' P:IDRRAUDIN. pl~s

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Le ,"à1o-nitem-deslnstituteursbel·g es'' montre la néeessité et les avantages des <:ompositions périodiques à l'école. Ces compositions, outl'e qu'elles stim~le nt les enfants, les po,rtent au travail personnel et produisent au p.o int d_e vue intellectuel des résultats précteux. ((iElles permettent de contrôler Je tra>ail et les connaissanc€s des élèves et d,.apprécier feurs progrès, Ce contrôle et cette appréciation sont des éléments indis~nsables au maître pour la direction de sa classe. Faute d'e ces indications, e'est la ma>rche à l'aventurl' les redites oiseuses. ' E lles déterminent la force relative des enfants et éclairent le maître sur leur degré 'd'intelligence. Ainsi qu'un commandant d'armée doit c(mnaitre-Je degré d'endura nce physique de ses soldats, leurs aptitudes, leur caraotèrt>, leur dévouement, ainsi un instituteur doit être renseigné quant au degré d'endurance et d1 assimilation intellectuelle de ses élèves. » Mais quand convient-il de procéder aux compositions? Notre confrèrE> pt~· conise les compositions mensu elles. <<Toutes nos préférences vont aux examens écrits. Ce -n'est que vom· les élèves du degré supérieur que nous accepterions certains examens oraux à t itre d'exception vers la fin de l 'ann'ée. à condition que nul enfant ne soit porté à la timidité. (( Les élèves set·ont surveillés attentivement pendant les compositions ; il faut à t out prix éviter la franule. ((Il est d'e très bonne pratique de cvrl'iger les compositions en classe en faisant résoudt·e publiquement les quest ions. V imp.artialité du maîti-e ne peut jamais être mise en doute. <<Dans le but de compc:u·et• l'éll'Vl' à lui-même et d'intéresse,- les pMen.t s

aux choses de l'école, nous conseillo.ni d'employer un carnet de correspondan: ce. Il est tau~ours utile que la famille marche d'accord a.vec l'école. »

Jloyens à employer pou1• épuiser&le programme dans chaque_cours Ces moyens sont pt~ent~ sous forme d'e tableau dans le , Bulletin des écoles primaires" (de Bruxelies). N()tus Je lui empruntons: « 1. Faire du progralll.ID.e une étude approfondie: l'étudier da.ns sa lettre afin: de n~ poa.~ entrer dans des dévelo'P~ peroents mutiles; l'étudier dans son esprit, afin de conserver à l'enseignement son caractère essentiel: être élémentaire; << 2. Répa.rtir les matières en prugramroes mensuels; apporter à ceuxci les modifications dont l'expérience aura démontré la nécessité ; ,« 3. Dresser un bon tableau d'occupation et Je suivre_~onctuellement. Le tableau de la distribution du temps_ doit: a) ass•rurer à chaque branC'he un uombre de leçons en rapport avec son importance; b) permettre de 'donne.r des leçons communes; c) attribuer aux spécialités qui exigent le plus d'effort intellectuel' les heures 1<' splus favorables à l'attention ; cc 4. Etablir uu bon cllassement des !~lèves; veiller aussi à rapprocher de l'estrade les enfants moins a-vancés moins bien doués ou sujets aux distrac~ tions; cc 5: Préparer jo'llrnellement et con sciencieusement les leçons: matièr-e méthO<de, pr-océdés, matéri el, applications; 11 6, S'attacbet· aux notion s fondamentales; ne 1·evenir sur les détails qne si la partie essentiell e du programest épuisée ; limiter a u strict néceseatr~ les applications snr chaqu e point

m:

II~CJa);

« 7. Employet' a ussi sO'Uvent que possible le système de. l'enseignement aO.mbiné; « 8. Fail'e de fréquentes répétitions, pour s'ass'I!Ter que les notions sont réellement a Clquises, les rappeler au besoin; faire des .r evisions pour les grouper, les coo•r donner; « 9. Compléter et perfectionner l'outillage didactiq,u e (par achat ou avec le oon:cours des élèves): collections valiées, tableaux, gravures, prQductions du sol ,matières premières et produits de l'ind'Ustrie; « 10. Revoir 1:apidetment. dans chaque division, par des exercices choisis, ce ~ui a été étudié l'année précéd~ntt, ma1s ne pas les enseignet· à notlYeau.

•••• * Le carnet de prépa1•ation , cc ~1. l 'ins~cteur )), t·épond J'institu.teu r de X . .. , à qui l'on reproche d'improvis·e r sa classe, - << il serait triste qu'un h0tn1me comme mo-i, après vingt ans de ser-vice, fut incapable de faire sa classe sans prévar·ation, je n'ai pas besoin de prépar er, mes leçons.>> Je s uis heureux de dire que ce bt'a.ve homme- dont les improvisations me sont d'ailleurs signalées comme médiocres - est presque seul de son avis da,ns mon district. Ou trouverait rarement cbez nos inst it uteurs la désinvolture de c;elui de X . . , ~n général, on prépare sa classe,· mats on la prépare plus ou moins bien. Les maUres les moins zélés - ou les plus ro'u tiniers - se contentent de jeter un coup d'œil avant la classe sur les quelques livrt>s dont ils auront bt>soin; ils marquent la page d'une dictée d'une lecture, d'un morceau de récita: tion; ils écrivent au tableau les numéros de quelq,ues problèmes, voit•e quelque sentence morale, parfolis des épbéméridles, Si rudimeutaüe qne soit. cette pré-


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paration, elle leur permet de ne pas avoir à faire des recherches pendant la classe et de ne pas fournir a:ux écoliers le temps de se dissiper. ,Les maîtres les plus cons.o iencieux réfléchissent longuement sur ,ce qu'ils auront à dire. D'ordinaire, ils consignent le résultat de leurs réflexions soit sur une feuille volante, soit sur un carnet; ils tracent un plan de leurs le~~ons principales. Et ils font .cela, M. Pins.tituteur de X ... , no.n seulement au début, mais jusqu'au bout de leur carrière. Ils ne se contentent pas de reptendre, chaque almée, le carnet de l'année précédente; ils savent que le mérite d''u ne leçon, c'est d'être ad'aptée à l'intelligence des enfants qui doivent l'écouter: p,our des nouveaux ils rajeunissent leur enseignement; du reste, euxmêmes font sans œsse des prog-rès, et ils jugent bon d'en fa.ire profiter leurs élèves.

pe de tout; et même én ce genre, rien absolument rien, n'est au-dessous de lui. <<Soyez père, lui-dirai-je volontiers, avec Fénélon, ce n'est pas assez, soyez mère. )) Ayez toutes les sollicitudes, toutes les prévoyances, toutes les délicatesses, quelquefois mêm ece qu'il y a de sage, d'habile et d'heureux, dans la faiblesse d'une mère. Le bon ait·, le tt·a.v ailr;églé, l'exe~cice et les jeux, une température convenable la propreté, les soins hygiéniques: en ~out cela il y a des pTécautions que les instituteurs doivent prendre, d'autres qu'ils d,o ivent fair·e ,prendre à leurs enfants d'autres enfin que les enfants . sur doivent 'rprendre d'eux-mêmes, ma1s lesquelles les maîtres doivent veiller 1.1igr DUPANLOUP.

Sur les exereiees de mémoire

Il ne faut jamais permettre q'lle les enfants apprennent rien par cœur qui ne soit excellent. Et c' est pourquoi c'est une fort mauvaise méthode que L'édueation physique de leur faire a.pprendre d.e s livres entiers, parce que tout n'est pas égale· L'éducation physique a pour but de ment bon dans les livres. Il faut y censerver, d'affermir ou de réparer la us'er de discernement; autrement, en santé si précieuse; et voilà pourquoi confondant l'es endtt•oits communs avec elle ne doit être ni trap molleJ ui tr~_p ceux qui sont excellents, on confond dure. Une éducation trop molle rend aussi leut jugement. Il faut d'o ne choi· délicat et énerve le corps, l<Jin de le sir: il y a des livres ou parties de lifortifier; mais d'un autre côté, une édn - vres qui ne sont qu'à lire; d'autres sont cation physiq~e trop d'Ure ou négligée à apprendre de mémoire. aurait les incO'llvénients les plus graCet avis est de plus grande impor· tance qu'on ne pense; car les choses ':es. ·Il ne faut pas, d'ailleurs, se le dissi- qu'on apprend par cœur s'impriment muJer : cette éducation physique, pour davantage d{l.ns l'esprit, et sont comêtre bien faite, demande des soins· in- me des moules et des formes que les nOIUlbrabfes. C'est pour l'instituteur pensées prennent, lorsqu''ils les veuuile tâche pleine de détails minutieux lent exprimer. De sorte que, lorsqu'ils et pénibles. Mais cette tâche est un n'en ont que de bons et d'excellent~, devoir, et la consc-ience ne permet pas H faut, comme par nécessité, qu'ils écl'l· de la négliger. Ici, comme ailleurs, tou- vent d'une manière noble et élevée. C'est pour une raison co,n traire qu'il te négligence volontaire est coupable. Le ·sage, le religieux instituteur s'O'CCU· arrive assez souvent que des person-

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nes qui ont l'esprit bon et qui raisO'llnent assez juste, parlent néanmoins et écrivent assez bas·s ement; car cela vient de ce qu'ils ont été mal instruits * La ~reeonnaissance d'ans leur jeunesse, et qu'on leur a rem(Lec,~u à des élèves du com·s mOieu.) pli la mémoire de mauvaises expresI. Oe q·u 'est la reconnaissance. sions et de mauvais tours. Un imprimeur qui n 'aurait que des caractères JI. Envet·s q·wi la reconnaissance de.s enfants <lod S1.trto,u t se manifester. gothiques, n'imprimerait rien aussi Oe q·u:i le leu·r p1·escr it. qu'en caradères gothiques, quelque ou'Nous avons padé hier, mes petits vrage qu'il mit so'lls presse. On pe'llt dire même que ces personnes n'a.yant amis, de la 'bienfaisance: parlons audans l'esprit que des formes gothiques, jourd'·hui de la reconnaissance. Quand votre maman vous accorde leurs pensées, en se revêtant d'expressions, prennent toujours un air gothi- une permission ou qu'elle vous donne que et scolastiqu e, dont ils ne sau- .quelque chose qui V.O'US fait plaisir, un sentiment se manifeste en vous et vo·us NICOLE. t·aient se défaire. dites: cc Merci, maman, vous êtes b ien bonne, je veux vous ajmer toujours! J> Si vo·tre camarad·e vous · rend un serConseils sur la leeture Yice, ou qu'il vous aide à surmonter Vous avez vu des écoliers apprendre une difficllllté, vo us gardez un daux une leçon. Que font-ils? Ils répètent souvenir ·d e lui et vous êtes portés à machinalement chaque parole vingt l'aimer, à lui :vouloir et à ·lui faire du fois de suite, jusqu'à ce qu'ils se la bien. Savez-vous comment s'appelle ·ce soient enfoncée dans la cervelle, comme sentiment qui se manifeste ainsi? C'est à coups de marteau. C'est un travail la reconnaissance. Comme vous venez de Je voir, la rede lèvres, d:e voix, mais l'intelligence connaissance est le sentiment qui nous en est absente. , Faites exactement le contraire: en porte à aimer, à estimer. à vouloi r et étudiant une phrase, remat,q:uez-en la à faire du bien à ceùx auxquels nous place, la valeur, la fotce, J'accent, le sommes redevables de quelque bienson, oar le son fixe à la fois le mot dans fait. On l'appelle parfois la mémoire l'oreille et dans l'esprit. Etes-vous du cœur. Cette expression est t rès jusfrappé de la beauté d'un tour ou d' une te, car se montrer r econnaissant enexpression? que cette beauté analysée, vers son bienfaiteur, c'est lui prouver savourée, attache, comme avec un clou que l'on se souvient du serv·ice qu 'il d'or, cette expl'ession ou ce tour dans nous a rendu. C'est Dieu qui a placé ce beau sBntivotre souvenir. Servez-vous même des défauts d'un morceau pour le retenir. ment dtans le cœur de tout homme. Ah! Rien ne v<YUs éclaire pJus que l'étude à si tout le monde s'appliquait à ·cultiver haute voix sur les défaillances du sty- dans son cœur la fleur de la reconnai!;!le, sur les impropriétés des termes) sur sanae, combien plus nombreux seraient les longueurs du développement, sur les act es d'e générosité et (le dévoue· la fausseté des sentiments et on re- ment! Mais il est des gens qui parvientient ce qui choque a.utant 'que ce qui nent à étouffer en eux ~e sentiment naturel. On reçgit le bienfait comme une Ch8J·me. D'après r..EGOUVE. dette q~I'on nous paye, on perd le sou· venir de son bienfaiteur, et l'on tombe .

Partie pratique


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92 dans le vice, hideux enüe tou:s, de l'ingratitude. Vhonime·. seùl esfingrat: les animaux,- même les plus ÜJ'ouches, consel"Vent toujours éle. l'affection pour celui qui leur a fait du bien. Vous vous r appelez encore l'histoire de ce lion auquel un esclave avait arraohé le dard qui lui traversait le pied. Eh bien, d'e longs mois .a-près, <;et esclave ayant été fait prisonnier, fut condamné à combattre contre un lion. L'animal allait s'élancer· sur lui, lot·sque soudain, reconnaissant son bienfaiteur, i l vient ramper à ses pieds et lui prodiguer mille caresses. · •Pour nous, mes amis, gardons toujours dans fe cœur le souvenir des bienfaits reçus. Rien n'est plus beau qu'un enfant qui sait être reconnaissant; car l'enfant, à qui ne doit-il pas de la reconnais_s anœ? Voyons, à qui êtes-vous redevables de tO>ut? D'abord à Dieu, me dites-vous. Certes, vous avez raison. C'est à lui que vous devez les bons parents -q~ui ont soin de vous; e'est lui qu i vous a donné les moyens d'artiver au ciel'; qui fait chaque jour lever son beau SOleil p-o·ur VOUS· rejouir et }}OUi' faire mûrir les moissons; qui vous a plaeés dans un beau pays libre, éclairé, dont la foi est encore forte et vivante dans tous les cœurs. n · faut donc vous montrer reconnaissants envers lui pO>ur tant de bienfaits dont il vous a· comblés. Est-ce bien difficile? Non, un. peu de bonne volonté suffit. Aimez bien Dieu; il est-si bon et il regarde a:vec ta.nt de complaisan-ce l'enfant qui l'aime, l'e set·t et le prie avec1 un cœur pieux. Vous savez combien ,Jésus, lorsqu'il était sm· 1:1.. tene, se plaisait au miHeu des petits enfants. Puisque les enfants sont les préférés de Dieu, VO'US l'aimerez donc de tout vo-tre cœur, vous le prierez avec fetveur pour vous, pour voo parents, pour vos bi-enfaiteun;. Vous devez également la plus g1·ande rec'<'>nnaissance à, .vos bons parents qui, après Dieu, sont vos premiers. et

vos plus· grands bienfaiteurs. Vous n'avez qu'à réfléchir et vous verrez vous-mêmes tout ce qu'ils ont fait pour vous. Ils vous ont élevés depuis votre plus tend.re enfance; ils vous ont nout·ris, ha:bi.Hés . Pour cela., combien votre père n'a-t-il pas dû travailler et peiner ! Songez aussi aux privations qu'a endm,ées votre mère. De combien de sorins ne vous at-elle pas entourés, lorsque vous étiez malades? Qne d-e longues nuits elle a. passées à votre clJevet, l'œil fixé sur votee berceau, s urveillant vos moindres mouvements! Ah! si vous étiez bien .- pénétrés d-es éga'rds. que vous devez à vos parents, quel immense amour embraserait voa cœurs! Comme vous les aimeriez! -comme vous J'e s aideJ:iez! comme vous a uriez soin d-e leur vieillesse p<mr les récompenser de leurs peines! ·ns sont si heureux d'a.v oir de bons enfants, des enfants sages et vertueux qui font l'honneur de leurs vieux jours. Vous deve7. aussi de la reconnaissance à M. le Curé qui, par le saint baptême, a l.a:vé YOtre âme de la tac he originelle. C'est lui qui vous a. conduits à la connaissan ce de Dieu,- qui vous apprend à l'aimer, à le servir, afin qu'il vous en récompens'e un jour. Vous manifesterez Yotl-e reconnaissance envers ce bon pasteur en l'aimant, en le res}}ectant et en priant pou_r lui. Et votl'e instituteur,· n 'a-t-il pas droit aussi à votre gratitude? Combien de peines ne se donne-t-il pas pour vO'Ils éduquer et vous ineulquer les connaissances nécessaires à la vie! S'il est pa-rfois un peu s·t>JVère, c'est qu 1il veut votre bien. IEn terminant, je vous d:il-ai aussi que J'e travailleur, q:ui peine et sue dans les cha-mps; l'ou·vrier, qui passe sa vie dans les sombres ateliers des· villes; l'explo-rateur, qui Ya. à la re{;iherche de pays inconnus ; le savant, qui étonne le -monde par ses merveilleuses décou· vertes, tous ont droit à notre recon·

naissa:n.ce. Vous ne comprenez pas cela maintenant; mais plus ta~d, quand votre esprit sera p lus développé, \'Ous verrez les immenses services que ces bOmmes rendent à l'humanité. Soyons donc reconnaissants. C'est vom· nous un devoir et une vertu. PrRtiquon-s-la et ainsi nous pr·ouverons à nos bienfaiteurs que notre eœur est sensible aux bontés qu'ils se plaisent à nous prodiguer et que no'Us n'en per· dons pas le · souvenir. Voilà, mes enfants, ce que j'avais à vous dire sur la reconnaissance. Mettez mes conseils en pratique, si YÜ'US voulez prouver à votre ma.Hrp que vous l'aimez et que vo us écO'Utez volontiers ses recommandations. AL C., inst., à D.

····Style

1'0 URQUOI l<'AUT-IL 'l'RA V AILLER

Pnnl est paresseux, le traYail l'ennuie. Pom·quoi faut-il tra vniller, dit-il il son pt-re? Hépo u~e cle celui-ci '! Sujet

tm ~té

Paul n'aime pa s l'étude. Tl trouve pénible de tJtütter un lit bien chaud pour a ller à l'école t>ù la classe est froide et où ilfant t ravailler ~ons J'œil du maître qui n'admet pa!' des g amineries! S'il ;;e donnai t .:w moins la peine d'écouter la leçon, il s'y intéresserait, c·ar Dieu lui a, donné une certaine intelligence! ~1ais, non. Monsieur s'entête à trouver inu. tilc de s' instruir e et c'est. ce qu'il finit par llire nn jour à son père : <<Pourquoi faut-il travailler ? Tu le demandes, enf,lnt, mais regarde autour de toi et tn ·verras, qu'en ce hos monde, tout est activité, travail ; depuis la petite fourmi, symbole de l'activité industrieuse, jusqu'à l'homme insti'Uit qui sonde les mystères de la nat ure. La terre travaille, eUe aussi, elle f éconde le grflin qu'on lui contie, rien ne doit être inutile, ca r Dieu lil!l'rathe l'arbre qui ne produit pns. Retiens bien t-ette pensée, mon enfa nt, le travail est la loi · de tous. Tous nous avons des devoirs à remplir N c'<>st plt r le tr::t.va il que nous les a<~

cornpli:;soJŒ. Le paresseux est nn lâche q ui sP •lérohe à la mission qui lui est confiée. Veux-tu ê1xe un lâche, petit P m1l ? » L'enfant baissa. la tête, il n'ava it jamais pensé que tout ici bas doit concour ir il. l'œuvre générale par son t ravail personnel et que, s'y soustraire, est. une lâcheté, mais il comprît lia le<;on et se mit courageusement à l'œuvre. Non, il ne serait pas un lâcho, son père pouvait être tranquille. E t voilà pourquoi petit Paul devint bientôt l' élè ve le plus assi<lu cie tonte l'école. LA NEIGE ET LA GLACE DANS LES MONTAtl-NES Le faîte des mon~gnes. Neiges et glaciers. Conséq uen ces du fi.·oicl relati vemeut lt la fa une et il la 'f lore. L'hivet· dam: les montagnes. S~tjet tnùté A la ville, la neige fond vite et ou l'aide il ( fondre en jetant d u sel gemme qui la dissout rapidement. Dans les pa:vs de montagnes, il n'en est pn s de même. Les énormes montagnes q ui sont 1)îen audessus des nuages, ont cle 1..'1 neige toLite l'année pa s sui te de lenr altitude très êleYée. Souvent la neige glisse clans des creux où el!~ s'entasse de plus eu plus; en se resser r ant elle devient d me, c'est ce qu'on appelle la glace. Et les end roits où se trotwent ces amoncellements à e gla ce prennen t le nom ' de glaciers. Il y ,a. des 'glaciers très profonds, plus la rges et plus à pic que nos puits ~rdlnai­ res. Pour qu'il y ait ainsi de la neige et smtout de la glace, il faut naturellement que la température soit froi de et elle l'est an sommet des gla ciet'S! Rien que d'y penser on frissonne: En été, l'homme p eut demeurer sur le 1l.Rî· te d'une montagne, transformée en glaciet:, mais la belle saison est courte et, même pendant l'été, les nuits sont fraîches, froides, . tant et si bien que les lits paraissent g·elês tout comme les nôtres en hiver. Peu ,ou pas d'oiseaux, sm· ces prés bl ancs " rernellt>mc-nt. pa;; ll <' h u-i~son~ où il~ ])His.-


95 s{\nt ·a<:ctocher leurs nids; le glacier est beau à voir, mais de loin. En hiver, c'est bien autt·e chose, le baut des montagnes devient inhabitable. Les hommes et les bestiaux sont obligés de redescendre dans les vallées, car la neige couvre en· tièr ement la montagne et forme de terribles fondrières où plus d'tm guide a disparu. Admirons la grandeur, la puissance de Dieu dans ces belles et grandioses horreurs comme dans la splendeur des champs et leur richesse. C'est Lui qui a tout créé et qui a droit il notre amour et à noh·e reconnaissance.

····-

Orthographe 11\'TERIEUI-t D'UNE CHAUMIERE Il dépendra de vous, fillettes et garçons des ch am~s, de 1'aire de vott·e chaumière un logis plaisant ii. voir du dehors et pla.isant à ha biter. De la propreté et du bon ordre je ne vous ois rien; mais ce n 'est pas tout d'êtt·e propre et r angé; il fau t aussi disposer toutes choses avec tm peu d'habileté e t d'élê~ance. Qut•lques belles fleurs au j a rdin ne sauraient nuire aux choux ni aux carottes. Un rosier, une yigne yierge, une glycine qui grimpe au mm· et le tapisse, donnent à la plus mauvaise demeure un air l'iant. Dans l' intérieur , de vieux meubles soigneusement eutt·etenus et cirés, quelques belles assiettes SUl' les galeries du dressoir; au mur, deux ou trois gra vures de bon goût en cadrées de simples bois de chêne; dans un coin, sur une étagère, llll yase oü tt'empent quelques fleurs.. . C'est assez pour que l'art s'établisse à 1otre foyer et devienne YOtl'e hôte habituel.

-oL'EXEMPLE A l'école j'avais un camarade qui fm pour moi, dès mon enfance ,un objet d'émülation. Son a ir sage et posé, sou appllcation à l'étude, le soin qu'il pi'en ait de ses livres, où. je n 'apercevais jamais une tache, ses blonds cheveux toujoUl's si bien .peignés, son habit tonjours p1:opre dans sa simplicité, >40n linge toujours bla nc::, étaient pour moi un exemple

sensible; et il est rare qu'un enfant inspire à un enfant J'estime que j'avais pour l ui. Son père, laboureur d'nu village voisin, était con. nu du mien ; j'allais en promenade avec son fils le voir dans son village. Comme il nous recevait ce bon vieillard à cheveux blancs ! La bonne crême, le bon lait, le bon pa·in bis qu'il nous donnait! Vingt ans après, nous nous sommes, son fils et moi, retrouvés à Paris sm· des routes bien différentes: mais je lui ai reconnu le même cal·actère de sagesse qu'il avait :l l'école. .MARMONTEL.

-o-L'INS'l'RUCTION 'l'a mère me demanoa en mourant de faire de toi lill homme instruit, parce qu'elle savait que l'instruction est la clef qui ouvre toutes les portes. J'ai voulu ce qu'elle aYait voulu. Je m'y suis pris comme j'.ai pu, et j'ai réussi. 'l'e voilà instruit, c'est bon; mais il ne fau t pas que ce qui est fait pour le bien tourne pour le mal. L e mal c'est l'oisiveté. C'est un fameux outil que la main cle l'ouvriel'! ~la i s le cerveau d' un homme instruit est un outil ùien ph1s merveilleux encor e, et cet outil, t u l'as. ~ra besogne sera plus douce que la. mienne, mais il faudra que tu la fas. ses. Je suis pauvre, t u Je sais; mais je serais r iche que je ne te donnerais pas les moyens de vivre sans r ien faire, parce que ce serait te donner des vices et de la honte. Si je sa· vais que ton instruction t'eüt fait prendre l<' goüt de la paresse, je regretterais de n'avoir pas fait de toi un ouvrier comme moi. Anatole FRANCE.

-oCE QUE D IT LE VENT Tandis que le vent se déchaîne dans la campagne, la famille d'un bîlcheron est gr.oupêe, le soir, a utour du foyer. La pl uie fouette les vitres, le tonnerre gronde. << l\fes enfants, dit la mère, savez-vous ce que dit le vent? Voici ce que j 'entends, mol: Il y a des malheureux qui sont sans asilt, en ce moment, exposés à la tempête. Il Y en a qui voyagent sur les routes désertt>R. où ils ne u·ouyent pas d'abri. D 'autres n'ont que

rles lambeaux pour se vêtit et grelottent de froid ; d'autres habitent de mauvais gœniers où souffle la bise. Vous qui avez un abt·i, qui :wez du pain, partagez avec ceux qui n'ont rien. Ouvrez vos portes a ux voyageurs, aux mendiants tt·ansis sur la route; donnez-leur une petite place au coin du feu, ca r ce sont vos frères et ils souffrent. )) --.()-

UN EXEMPLE DE FRATERNI'i'E J'ai établi deplùs quelque temps dans ma maison une petite institution de fraternité pratique, que je voudrais accroître et surtout propager. Cela; est si peu de chose que je puis en parler. C'est un repas hebdomadaire d'enfants indigents. Toutes les s.e maines, les mères pauvres amènent leurs enfants dîner chez moi. .T'en ai eu huit d'abord, puiR quinze; j'en ai maintenant vingt-deux. Ces enfants dînent ensemble; ils sont tous confondus: catholiques, protestant s, Français, Anglais, Irlandais, sans distinction tle religion et de nation. Je le~ invite à la joie et au r ire, et je leur dis: «Soyez libres)). ~fa femme, ma fille, ma belle-sœur, mes fils, mes domestiques et moi, nous les servons. Ils mangent de la viande et boivent du vin; après q uoi, ils :Jonent et vont à l'école. Victor HUGO.

-o-LA GUERRE SAINTE Etre contraint d'appeler la guerre une chose sainte! Et cela est, pourtant. Ce fléau, cet assassinat en grand, cette gigantesque tuerie, la guerre, peut être sainte. Elle peut avoir son heure légitime. Le sang qu'elle répau(! ,p eut être versé sans remor ds. Hélas, nui! Lorsque l'étran ger pousse ses canons sur la terre maternelle, lorsq11e les chevaux s'enfoncent clans les sillons, lorsque sa torche incendie nos villages, lorsque les monuments de l'art, lorsque les bibliothèques s'écroulent sous ses projectiles, lorsque les femmes meurent par le fer et les enfants par la faim, lorsque la f ureur monte aux yeux, lorsque 'e désespoir entre au cœur, oui, la guerre pout• le foyer, la guerre pour la patrie, la guerre pour l'i ndépendance, devient la guerre sainte. .T. CLARETTIE.

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SUPPORT .MU'l'UEI, Dans tout homme on trouvel'a certains défauts, certa ines manières différentes. Aucun homme n'est absolument semblable à un autre homme; et l'on peut étudiei' tous les iu. dividus pour s'en rendre compte. Deux hom-. mes peuvent avolr les mêmes défauts sans avoir les mêmes qualités ni les mêmes vertus. Celui-ci a une prudence exagérée, celuilà en mainte circonstance s'est montré trop vif; un autre n'admet aucune excuse, cet au,tt·e reçoit toutes les raisons bonnes ou mauvaises. L'avare n'a aucun ami, le l'iche en a un certain nombre, mais tous ne sont que des flatteurs. II faut donc que tout individu sup. porte son prochain et qu'on ne fasse pas à. un autre homme ce qu'on ne voudra pas souffrir de tel aut re. La sagesse humaine conseille d'agir ainsi, et .Jésus-Christ en fait un prê- . cepte formel dans le saint Evangile. --n--

NOS DEFAUTS Nul ne prend pour soi la vérité qui l'utta. que et qui le condamne; nul ne s'y croit uri. personnage intéressé: il semble que nous nous formons à plaisü· des fantômes pour les combattre, et que la réalité du coupable que nous attaquons, ne se trouve nulle par t. Le débauché ne se reconnaît point dans les t raits les plus vifs et les plus ressemblants de sa passion. L'homme chargé d'un bien mal a cquis et peut -être du sang et de la dépouille des peuples, condamne .a vec nous cette injustice dans les conquêtes des autres, et ne voit .pas qu'il se juge lui-même. Chacun s'envisage tou jours par certains côtés fa vorfl.bles qui l'empêchent de se reconnaître tel qu'il est. Nous .avons beau, pour ainsi dire, le montt·er au doigt, on h·ouve toujom·s en .soi certains t raits a doucis qui e:haugent la ressemblance. MASSI LLON. -()--

L'EGOI SME L'égoïsme, dans la conversation, con si;;;te dans une préoccupation continuelle de sa propre personne. On parle continuellement et toujom·s de soi-même, de ce qu'on a fait, de ce qu'on a dit, de ce qu'on a n1 ou entendu. Il est bon de prévenir les jeunes gens. contre


...,,

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<:e tort P.t t(• ridicule. peuchaut for t uatm·el nous y porte et trop souvent on s'y laisfie aller sans s'en apercevoir. Néanmoins, la maxime ·qui interdit de pader de soi ne doit pas étre entendue tJ:op rigoureusement; elle serait outrée: 11 y a des circonstances oll l'on peut sans incOJwénient, parlet· de soi et se fair~ écoutet· eneore avee quelque intérêt. l\fafs le ehemin est glissant, et il est facile d'y tomber, c'est-à-dire d' y passer la mesure de l'attention et de la pàtience des auditeurs. --()--

L A SAVOIE ·L·a Savoie est un pays montagneux et pauVL'e, mais où abondent les curiosités naturelles et les sites pittoresques. Parmi les vallées ·les plus Intéressantes à visiter dans cette âpre région, il faut citer celle <le vua.mouny, située au pied même du mont Blanc. On:; ·admire surtout la grotte profondeetmajestueuse creusée dans un glacier nommé Mer de glace, et d'où sort avec impétuoAité le t orrent de l'Arvéron ; c'est comme un palais de cristal, orné de colonnes resplendissantes, dont les refl ets couleur d'azur r épandent leur t einte sur les ·eaux qui s'échappent de ce lieu avec fracas.. J.es habitants de la Savoie émigrent fréquemment !JOur aller exercer dans le_s pays voisins, des métiers F<ouveut fort pémbles. Les petits Savoyards viennent souvent offrir à la curiosité des habita nts de nos v illes les marmottes qu'ils tronvent dans leul's montagnes. ------------~~~-----------

Récitation · A GENOUX A cinq ans, l'on n'est encor-e Qu'un 'petit être incomplet, Qu'une fl eur qui veut éclore. Qu'un tout petit oiselet; ·C'est alors que notre mère .Joint nos menottes déjà. Et nous dicte la prière Que sa mère lui dicta. P-rès d'une femme chérie . Qui tremble en secret pour nous .

0' E'f<t 'il genoux qne l'on prie, A genoux! l\iais il est une autre femme Qu'il faut aimet· sans repos: Qui l'oublie est un infll.me, Qui la sauve est un héros! Celle-la, c'est la patrie! Gardons-la de tout danger; Et si quelqu'un l'injurie, .Amis courons la venger! Quand vient l'heure du ma.rtyre, Pour mieux ajuster les coups C'est à genoux que l'on tire: A genoux! feu! .. T héodore BOTREL. --o-A MON PETIT ROSAIRE Mon cher petit Rosaire, o bijou précieux, Sur tes grains ma prière S'envole vers les cieux. Ta ·croix chante .Jésus; o couronne chérie, .Je ne te quitte plus. Roulant tes gra.ins bénits. J e m'endors et m'éveille Sans crainte ni soucis. Et lorsque de l'aurore .Te vois les feux nouveaux, Je te reprends encore Pour ch armer mes travaux. Partout tu m'accompagnes, Par toi j'aime et je crois; Je ne veux pqur compagnes Qt~e ta chaîne et ta croix. Aussi, chaque semaine, Cueillant tes fleurs d'amour, De ton aimable chaîne .J e fais sept fois le t our.

••••• Pensée ,,, Toute vertu qm. ne s ,appe Ile pas religion est à la merci des circonstances. ell~ s:c; , com bera dev,a.nt ces tenta~ions dont Dteu préserve pet~Sonne et dont il permet surtout que. l'orgueil soit a ccablé. 1 · Louis VEUILLOT.

wnnl ü ilwm·geois, qui e::;Limai t l'lu s féd'érale est <le n:uir en üide anx cnnjnt-;i'e de d is üibucn· les subsides pTo- tons prLnHes et montagnards. · . · 1,o,·l iounf'll.eme ut au nombt·e des éco~laintenau t, comlllent se f.ai l-il <rue lif'l'$ primaires, et uon ]JOÜlt p-ropo·ri'io- c·eJ·tain::; •cantons aient plu!-:> d 'étoüt•Is uell t>ment Hl \ nombre ûes habita nt::;. . prinwil·esqueti'anües·! Cl'htne}Jt'<Yvi ent Cett e idt.!e a. houvé tm ac:<·uc·il f;wo- : pm>, couume on pounajt lp eroil·P, d 'nne l'<lbl e ·dans l e , Pionnier'', CI·g;clue de , organisation seolai re diffé<rPute. JI est J'Exposition sGo.Jail·e pennan en te à nai qn<:>, dam; le!-:> can tous de Uenère Berne. M. E . .Lut·hi, l'édacteut de ·C ette P( I:H\le-VillP, les classes snrériPIU'es jwl}ortaute p nbli<.:ation pé'dagogi que. a dP l'éf·olP primnite sont üa.nsfmwées en la c:uriosit·é d'exnminer ;) fo nd la <"n c'coles sPcouùait·es, lll<lis lors mArne q ue!-:ltion soul e1'éc• par M. le D r Buom- que les enfants d u <·es ,écoles secon dni· bet·gf>l'. St>s rech t•J'f'h <"s l'on t a mené à J·C>s senli<"nt CülllllJ·is d a n :-; le to tal des f'Oli Cllll·e que le mode de n'part iti on par écoliel'S 1 la populahon des rlt•ves SCtl-te (Jo'·Pcolier lll'imai1·e Pst le sen! éq ni - nlir enc·ol'e bit•n loin d' aHeindrP eelui ta ble et rationnel. dPs cantons agricoles et montagu aJ:ds. l'arta u t~ du pl'iJH.:ipP qn t• l'école p l'iLn n'nie cnnH.e du déficit d-e la lJOpnlWlÎl'E' est l'objectif dü·ett de la su t ,~l"n - lntion scolnit·p ù Oeuhe est aHrilJ nation fédél'a le, ?11. Luthi ü o nve> qu'il est b iP nu 1wtH nombre d (" S na,issa nees. souTerainement i nj nsi'C' dt> m estn e1· cPt- L'<:>xcédent des naissanN•s <lans ce cante subn"lltiou ü mw auh·e échelle que ton-,·üt<:> n 't>st quP d'l' '2,8 sur 1000 h a bitt>lle du uomlwe d t"s écoliel's, car le tants . En Ya lais, il est du 8,ï, à F 1·i· chiffre de la population n'a a urun rap- bourg ·ün Jl,!.J, Luer.•nte 11,2, Uri 18,7, port nve·C celui dPs élèves des écoles E f>J·ne 1±,1, Holenre lfi,1, etc. primai r es. P out la m&me raison Gt>ni'Ye ne foUJ·. .'\insi, Gen èye n'a, qu p 7 écoliet·s 11a.r n i t à l'ill·mée que 4 û t·ect'JH;is pat' 10,000 100 ltabitauts, tan-dis que le VaL Jis en ba.bitan.ts, ta ndis q•ne \'alais <>n don n<· a 17, Berne 17, Friboutg lü, KeuclJâtel 54, Berne 59, Vaud 67, S <"h w,,·z 70, Ul'i 16, Argol"ie 15, Vand 14, Grisons 14. 9:!! B ien 11lns, les 5:3,000 étnmgers qui · ' habitent· Gt>n è>c, les 43,000 de Bâle-VilSt -Gall 14, Tessi n 1~, etc. l'li l'on base les s ubsides fédéraux le, les 70,000 de Zurich ser.ai·e nt plutôt sut' le ehiffre de la population, Genève nn danger qu'une ressonrr·e po ut la re~oit 8 fr. 27 pat· écol1et·, tandis qne Suisse, en temps de guerre. le Valais ~malgré les 20 centimes sup. T outes ces raisons, a u dire de .M. Lu plémentai res qu i l ui sont acco1·dés en thi, militent pour la répartition des sa quali té de <·autoll mont agnard) n e sub,·eu tions d'après le chiffre de la jeu. toul·b erait que 4 ft. 67. Argovie• 4 fr. nt>sse scolaire. 14, St--Gall 4 fr. 11, V aud 4 fr. 02, NenPlus un cant on a cFée:olier s, 11lus il c:hfttel 3 fr. Dl , Soleure 3 fr. 92, Luce1·ne doit <dépense1' pour b<Himents scalai3 fr. !Jl , TburgoYie 3 fr. 88, Ft:iboutg 3 r<"s, institntPn1·s. matcSriel, <"tt. E t c'est fr. ï 3, BâlP-Cam})agne 3 n·. 88, B ern e .i11stemen t celui-là q ui, d'a_près l'échell<.'. 3 fr. 51, Appenzell-Intéril"ur 3 fr. 18, cl(! la ré.Jpartition proposée par le Con~ etc. sei! fédéra 1 1·ect>nait le moin s! De la sode. l e.s can tons d ches. qui Apt'ès e<' raisonnelllPnt , qui c:eetes ne reçoivent déjà de gTosses subventious manqw: Jlil R de J'ogiq ue. le ,Pionn ier'' féMt·a!'es pour l'en seignement pro.fescompa re l es sommes qup touch erruient aionnel. Sl' trouvent êüe encor·e les les cantons selon les de ux systèmes de tnit>ux dot és pour l'école primait-t', a lors r< éopartition. . . . quf' le but p1·indp·a1 d (• la s ubven tion Voici l<>s ch if fres pour q uelqu es ean-


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tons (le premier clüffte iudiqne la :sub- m ission s'en bent purement Pt :sim pl e,·entiuu t:alculée d'a:pt·ès le uomb1·e des . ment a u système de la rép:n t i tion 11ar I.Jabitan ts; le second ù'cqn·ès le uoru b1·e tête d'habitant. ùes éeoliers primair es): On ct•o-it que le Conseil na tional a bor\"ALAIS Fr. !)1,550 103,D09 dera, dès la session de mars , l ~l discuslhibourg 76,770 87,0~1 sion du pt•ojet de loi. Soleure 60,±57 65,862 (Extra.it d'un jo urnal vn laisa11 .) Beme 333,659 129,598 POUR L'ECOLE OATHOLIQUE. Zurit:h :.l5S,G21 2:l6,877 Voici un ext-r ait du mandemen t lu diBâle-Ville 61,336 35,32:.l manche d u haut de t outes les chaires GenèYe 1!),565 ±0,71 5 catholiques de Trèves (Allemagne) au Il est de toute éYideuce que le sys- · nom de S. G. Mgr Kor um, 61·êque de ième du projet fédén tl avantage i uj us- , cette ville: j emeut les ticbes cau tons de Genève, << Le devo1r le -plus sacr é des parent~ Brtle-\ "ille .et Zurich. est de bien élever leurs enfan ts. La teCependant la commis;siou du Conseil lig-ion doH, comme on sait, être la base national n'a pas cru d-e voi r c·nt rer dans de l'éducation. Con formément à des déles ,-ues de ~f. le Dr Buom bergcr et de cisions fréquentes de l'.Eghse, j} n'est M. Lutbi. "Gn membre de l a commission pas permis aux pa:reuts catholiques a propüsé un système mixt e tenda nt ù 1 d' envoyer leurs enfants à des écoles t·épm'i:ir la subvention propo'l"tionuel- non catholiques ou sans caractère conlement au nombr e des en fants ayant fessionn el, su.r tont l orsqu'il existe ùes atteint un àge q,ue l a loi déterminerait . écoles catholiqu es dans l'endroit où ils Cette pro'Position a été rt•j etét". La com. habit en t.»

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Cahier sous-main 1 !!: .

en vente pour le Valais au Dépôt du matériel scolaire, à·Sion 1·Franc la douzaine

Les paquets conditionnés renferment deux douzaines de cahiers. On les obtient pour ~ "rr. port compris. - Le cent coûte 8 t'r.

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Supplément à t &ctJie du La culture de l'esprit et du jugement

1 er

Mars 1!)03 _

gle que l'expérien ce recommande po-ur l<" premier âge. t< De tou tes les fac ultés q u'on voit dans les enfants, dit Fénelon, il n'y e.u. a ,IJJu'une BIUl' laq nelle on pui sse ·compter: c'est le jugement; il croH toujo urs axee eux, pourvu qu 'il soit cultivé. >> Ce jugement, comment le former? En habituant de bonne h eure l'enfant à. se rendre compte de tout , non seu lement d es choses qui l'envi ronn ent, mais aussi de •s es idées•, de ses pensées, d~ ses actions. C'est p.ar une pratique j-ournalière qu'on peut y conduire les enfants. Causer beaucoup avec eux, mettre notre raison à leur po·rtée, leur faire des questions a droites sur la m ot·ale, les rend re souventjugesdeleursort, douner aux leçons le tour du sentiment, m ontrer la vérité aimable, leur d1onner l'ha bitude de la réflexion et du raisnllnemen t: voilà pour former le cœur et le ju gement, entre les·quelSJ i l est impot· tant d'éta.blir le plus de raJ;ports pogsi ble. ,,

J~a mémoire est la pr emièr e f aculté qui s'annon~e ,chez . l'enfan~: _âgé de quelques mŒs a peme, cel at-·c1 rewnuaît déjà. sa mère et l ui scmrit. La m éUlOire se dévelQippe forcément avec rapidité, -c ar l'enfant a. besoin, ,pour arrirer au j ugement le plus simpl-e, de se rappeler ee qu 'il a senti, ce qu'il a. vu ou ce qu'on l ui a mont'l'é: la mémoü·e est to•ujours en je u. Il f aut œrtainement cul ti ver roette précieuse faculté, wajs il n e faut pas la s ur charger, et ne pas imiter _ces par-ents imprudents 'IJ/u_i, roulant fa1re de leur enfant un petit 1;rodige, lui apprennent des histoires, des fables, des vers qu'il ne comprend pas, et détruisent ou altèrent en lui la mémoire; bien heureux loŒqu'ils ne ruent pas son jntelligence et ne provoquent pas une méningite ! Ou r emarque généralement que les en fants qui ont une mémoire s•u rprenante à cinq ou six ans, et q ui sont à cet ftge des petits prodiges, dleviennent plus ta:rd des élèves Paysages d'hiver et des hOII.llmes d'une science, d'une caL'HIVER MUSICIEN . J»lCité fod m édiocres. Appliq uez-vo11s 1•lutôt à ·développer leur jugement, et L'Hiver, nous l'avons vu, a son orà le rendre droit et j uste par nue bonne 1 chestr.e d 'oiseaux, et ·m e partie dei 11irection. hem·eux d(ibuts a r tistiqnes, dont on Les mèr es sont souvent trop empres- fait homma ge au prin temps. revienRées à donner des con.naissanoes à leurs nent de d roit à la sai!:'1on q ni précèd~ petits enfants, a u lieu de former cfa- çr~lui - ci et le ·p répare. Mais l'hiver est musicien dans un aubord leur raison et de cultiver leurs faL'Ultés. Da.us leur impatience, €Iles ne 1re sens enco:re. Non se11lement il ne peuvent attendlr·e le mom ent où ils sau- condamne p-o-int .au silence les voix d1e11 ront lire et écl'ire. Elle ignorent que, êtres - alo.r s qjt1'il s'agit des oiseaux pour cet âge si tendre, l'enseignement pï•éludant au print emps - mais if dondoit êtte avant tout oral et s'aider ex- ne essor au x plu-s saintes des harmoclusivement des sens. Am user les en- nies, a lo rs qu'il s'agit des enfants qui fants, to'llt en dlé-velopp·a nt graduelle- saluent Noël. Qu'on n\" l'oublie pas: meJtt leurs prem.ière•1 affections par dea c' est dans les s•ombres nuits d 'hiver leçons et d·es exer-cices appropriés à qu-e vibrent les carillons de Noël et let!! n !Je tite intelligence: t elle est In Pè· 1 sonneriPll, diP fin r1'a nu~. Pt q ul' l!!'é-1è-

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vent les plus radiieuses det. hymnt>s de l'Eglise. Et Paccord entee ces choses est si intime qu'un Noël sans neige n'est pas complet. Il faut, il, l'airain vihrant d·es cloches, aux massives charpe-ntes des tours, aux murailles séculaires des cathéd1•ales, .cette fourrure blanche, légère et mœlleuse. L'Hiver est le grand musicien religieux, qui secoue sur le monde ses trésors d'harmonie, où le choral ample et solennel voisine avec le grave plainehant, avec le vieux Noël au dialecte rustiq1ue. L'Hiver est l'.ami des cloches et des orgues puissa.n tes. Ses doigts amaigris. par l'âge font jaillir du davier tou:r à tour le « GJ()ria >> dies bergers, le <<Magnificat» de Marie et le «Nunc dimittis » du vieillard Siméon ... Mais ce n'·e st !Pas tout. Les j'o:mnées les plus froides, les nuits les plus glaciales r.évèlent elles-mêmes l'hiver musicien, et compositeur de génie. L'Hiver a sous ses ordres deux grands maitr.e s de .chapellt>: la Bise et lé Vent. Celui-c-i, brusque et fantas·que, exc~lle dans les fugues, dans les variations inattendues, dans leg retours imprévus et soudains. Il est le chantre de toutes les colères saintes, de toutes les indignations généreuses où le prop;rès s'élabore. Celle-là, d'une voix plus so:utenue et plus aiguë, c'est la parole de l'ironiste génial, dont l'âpreté salutaire balaie les miasmes; c'est la satire qui souffle et qui siffle, qui s'ir:rite et qui burie aux obstacles, et qui improvise des chefs-d'œuv·re inouïs dont la grandeur morale surpasse encore la beau-

té. Disposant de telles voix, l'ID:ver transforme, en instruments qui vil)]'ent, les objets inanimés. Des choses mortes, il fait des être·s auxquels il arrache tour à tour des tires moTdants, des plaintes d:échirant es, des sanglots

,,,-., (·louffés, -

enfin, des murmures apai.

:o;,~s qui déclinent et qui se taisent.·

Quels 1wodigie1Jx effets l'Hivea.· ne ti. t•e-t-il pas d'un simple to-it aux gironet. tes grinçantes, aux tuiles claquant comme des .castagnettes!. . . De tout c0 q:ni est vieux, rouillé, il évoque dea appels et des cris, des gémissements et cles Tâl es. C'est dans les combles àes édifie"' qni sont vastes et vieux tout ensemble qu'il se plaît à, entonner pendant toute une nuit d:e sauvages mélodies. Vielll châteaux, vieilles églises et vieux prœ bytères sont hansformés par lui en de gigantesques boites d'harmonie- con. saerées au mode mineut·, _presque toujl:nrs; - et l'Hiver qui sait tout, Bait bien pourquoi il en est ainsi, iui qui sc: glissa.nt i1 t ravers les moindt·cs fis: SlJt·es, est témoin de toutes les fautes et de toutes les détresses. L'in.imit a.b le Charles DickenH a unp page superbe sur ce thème, et je ne r~­ siste pas au plaisir de vous la dtet· ici tout entière, telle qu'elle figlil'e au df. but de son touchant eonte de Koël: <'Les Carillons. » « ... Car- dit-il -le vent de la nuit a une façon lugubre d'E·rrer au.tont', tout autour de ces vieux édifices, aver des gémisseme1lts prolongés, en essayant d'ébranler de sa main invisible Je-a portes et les fenêtres et de découvrir quelque crevasse par laquelle il puisse passel'. Puis, lorsqu'une fois il est entré, COmllle <q!Uelqu'un qui ne t rouve pal ce qu'il cherche, n'importe quoi, il se lamente et hurle pour s<Yrtir; non con· tent de :Jlaroo.urir les nefs, de glisser autour des piliers, de s'engouffrer dana les profondeurs ·de l'orgue, il s'élance j :1squ'aux voûtes, il s'efforce de briser ln cha:I'pente et de soulever Je toit, puis, tout à coup, se précipite en désellpéré sur les dalles d'en bas, d'où il descend, e;n murmurant, jusque dans IPI caveaux. » QuPlqnefois il monü• ù prtit bruit

Je lo_ng des mu.railles; on dirait qu'il lit à vmx basse les ins.cTiptions consaerées aux n;torts; a.ux unes, il semble pousser nil

cri

perça~t

comme un éclat d e rire;

nnx aut'l·es, Il gémit et pleure comme ,;'il se lamentait. C'est encore a.vec un

accent lugubre et sépulcral qu'il s'arrëte- dans l'enceinte de l'autel .comme s'il ent?nnait, de sa voix sauv~ge, une complamte sur les ceimes de t01utes 80rtes, les meur~res, les sacrilè-ges, le eulte des faux dQeux, le mép•r is des tahies de la. Lo·i, ces tables si belles et si unies au premie-t· eoup d'œH, ma.is si souvent écornées et hri~ées ,par lem's iuterprêtes. >> L'Hiver, comme tout musicien de o·énie, tir.e parti de tous les instruments. Dn canal de la cheminée ouvrant sœt lP t·oH, il fa<;>onne en un clin d!œil Uln ~norme tuyau d'o,r gue dont il fait gronder les bnsses. Il y souffle son haleine g-éante - que dis-je! H s'y eno-ouffr, e • 0 1m-meme tout entier, - et celui qui, Pn bas, -dans la .salle assombrie, rêve rn contemplant les tisons , reco·n naît ri ans r.Ptte grande v•ojx, venue de si loin rt de si h~ut. les échos de son propre rœur: plamtes et révoltes luttes et ckuils - que sais-je encore?'. .. 0'-e~t toute _une âme qu.i palpite, rommc· SI la mmson se mettait à parler pour raconter tout ce qu'elle a vu de Rnuffra:nC'es, de la beurs ~~t de morts se Ruccédet• en ·elle. . . Et parfo;is la voh R'adoucit, devient plus basse, plus bas~f· ~~core , ébauchant q1uel51ue secrète ronfJdence qu'elle n'achève vas. Puis hrusquement l'accent se relève, et c'est un écl~t de rire dont l'âpre ironie fait tressailli-r ?elui qui éccute et qui rêve, ~e~ :veux f1xés, pensifs, sur les t·i sons 1]111 meurent au fo:yer ... Le long de grandes lîo.utes monotones que la neige poudre à frimas l'H:ir v_er tire un parti merveilleux des 'longs fils télégra1pbiques supportés par les ~auts poteaux l'égu:liè.rement espacés. f' ehncuu d.e ces poteaux iner·tes, il A

fait un diapason g-éa,n t, oit vibre et üemble sans cesse le (( la » mystérieux de quelq ue symphonie d'une religieuse grandeur. Des fils ·eux~mêmes i l tire ta ntôt les sifflements aio-us d~ fifre tantôt les accents aériens"' de la barp~ o~. ceux plus graves -du violoncelle .. . L Jm.mense réseau q ni court à travers le ~nond e_ s~ ~ransfo rme en une hall·pe 6oh enne mfmie aux résonnances tour à tom· p·l aintives OtU sarcasti ques, selon que _le v-e nt ,s'adou cit ou s'élance plus rapide et plnl!! impétueux. ' De la _lisière des forêts, l'Hiv~· f.a.it son claVIeJ' de pré.dil•e ction aux touches g;antes cou:v.e·rtes de givre, et des fo. rets elles-mêmes il fa.it ses !n'andes org~les, _aux_ mille jeux. Tel :~n'un orga· I:Jste m~p~ré de l_'es,prit prophétique, il Re préclpJte, pmssa.nt et formid!able c?uvrant de ses. mains sou cla.vier, et t Jrant des entrallles même de la fcwêt pl'()fonde Jtes rugissements d e la tempête - po·u r s'abattre tout à coup et r-enaître l'instan t d'après, plus t~rrible et plus d o-minateur. · . . L'Hiver, ce génie d'ont le o'énie wag-?érie~ ne ~ut qu'un écho grêle et chéüf, smt umr to.u te Ja, sua\it6 d'uu 'i)fozart à toutP l'ampleur d'un Beethoven. J,e sais des reco·i ns humbles tristes et d.oux, où ce musicien •Cr éa.te'Ul. d'ouragans s'a.pa:ise et se recueille. Je sais de~ chev•e ts d'église, où les grandes VOIX ne sont plus qu' un murmure tendre et débonnajre. Je sais des cimetières ·de campagne, abrités dans un repli du sol, o~ les pauvres tombes épaQ'se~, à dteam-eroulantes, d1orment en pa1x. Le _souffle ra uque pu sse plus haut dans l'a1r. L'l-bas. tout est calme bien calme. Vt, ce .so.n.t les asiles et les sanctuaires où l'Hiver lui-méme - ce grand voyageur de l'espace qui ne cesse de clamer la plainte de tous les vagabonds dr-s J·Ontes Pt de tons les déshérités fies


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villes- s,a·rrête, se ·t epôsf', fl'apa isP et !ln VallPf' {l'Aostf' et h' Valais . < 'etie dotation 1·oyale fut coneéd.ée par chars'attendrit. Là, au .chevet de quelque vieille égli- tl' du 30 avril 515. L'abbaye de Saintfle, dans l'angle de quelque vieille tour, Maurice p1rit dès lors une importance rf'ou sur le gaz·on j-a.uni de quelque vi:eucx: marquable; 500 religieux, divis~s en 5 cimetière - l'Hiver ne raille ni ne me- chœurs, célébraient nuit et jour et sans interruption I.e service divin. Sigisnace plus. Mais là, joignant ses rna.ins ridées où mond, oédant aux coupables conseils de les ·Siècles ont mis leurs sillons, l'Hi- sa seconde femme, fit assassiner son ver marche doucement, et, en marchant fils Sigéric, né du premier mariage. Ce doucement, il prurle doucement: - l'Hi- crime souleva l'indignation de son peu. ver dit ses prières: un Patm· no8 ter pour ple. Bientôt le roi, le cœur plein d e reles vivants, un De p1·oftmdis pour les mords, implore la miséricorde divine et se réfugie à l'abbaye de Saint-Mau~ morts. PIERRE. rice. Mais ses ennemis le poursuivent, le saisissent dans sa retraite et le livrent a;ux Francs, qui le conduisent captif à Orléan·s, où il est mis à motrt avec sa femme et ses deux enfants. (Suite.) Les restes mort els d.e cette famille roVII.- LES ROIS BURGONDES yale furent inhumés dans le mona:stère Le roi Gundi•o.ch avait laissé quatre de Saint-Maurice. fils qui régnaient simui tanément: GonGondema1·, frère de Sigismond, s'efdebaud, à Lyon, Chilpéric, à Genève, força, pendant dix ans, de conserver le Gondemar, à Vienn.e en Dauphiné, et sceptre de ses pères. Clotaire, de SoisGodégisèle, à Besançon. Gondebaud sons, et Childebert, de Paris, fils de ôtait le p lus puissant de ces souve- Clovis, roi des Francs, qui d'epuis longrains· ses Etats occupaient le centre temps convoitent le royaume des Bur' ' amdu toyaume. Poussé ,par une Clruel.e g•.mdes,livrent bataille à Gondemar, le bition, il se souilla du sang de .ses trois battent et s'emparent de ses Etats frères et réunit sous son sceptre laBur- (534). Le Valais su·b it le sort des armes . un regundie' tout entière. Il pubha et se tro:u·va soumis à de nouveaux concueil de lois, appelé « loi Gombette >>· f[Uérants. (502), accorda sa p•l'Otection aux sujets romains dans le but de se ménager un IX. - CHUTE DU MONT TAURETL'· appui contre une noblesse turbulente, NUM. INV ASlON DES LOMBARDS. INONDATION. et gouv·e rna le royaume jusqu'à sa Outre les maux inévitables qu'entraimort avec une remarquable fermeté. Sentant sa fin s'approcher, il plaça lui- ne à sa suite toute conquête, le Valais même la co.uronne sur la tête de son fut ~rprouvé, pendant ce siècle, par des fils ainé S igismond. Le jeune prince, désastres de tout genre. Le mont Tauûlevé sur un bouclier, selon l'antique retunum, à quelque distance d' Aganusage, fut proclamé roi des Bm·gundes. ne, s'écroula sur la jeune ville d'EpauSigismond fut le fondateur ou le res- ne ensevelissant sous ses décombres taurateur de l'abbaye d~ Saint-Mauri- m~isons, églises, richesses, habitants. ce. Il reoonstruisit, sur de grand·es et Le Rhône obstrué reflua vers sa sour· magnifiques bases, l'église et les Mti- ce, inondant la plaine et la vallée suments du monastère, qu'il enrichit de périeure. Le fleuve, par la force de ses propriétés considérables, situées dans masses. d'eaux, ayant ensuite rompu~ la Hante-Bou,r gogne. le pays de Vaud, barrière qui arrêtait sa course, convnt

••• HISTOIRE DU VALAIS

les campagnes de la \'allée inférieure. Les flots du lac Léman fur-ent grossis à un tel point qu'ils inondèrent les rives, et passèrent même par-dessus les murs de la ville de Genève dont ils empo·r tèrent les ponts et les moulins lbtm). Combien de victimes dut faire cette effrayante catastrophe! Quelques années après, les Lombards (peuple germanique qui ava it fondé un royaume en Italie) désolèrent à plusieurs reprises les plaines du Valais. En 574, ils s'installèrent pendant plusieurs mois dan-s l'abbaye de SaintMaurice, y vécurent grassement pu~ s la. pillèrent et la brtîlèrent. Ils furent enfin taillés en pièces, près de Bex, par les troupes du roi Gontran. Ge dernier fit 11eoonstruire le monastère incendié. Pour comble de maux. le Valais fut ravagé par la petite vérole, que les Lom.bavds avaient laissée à leur suite. Octodure, l'antique cité gallo"romaine que huit évêques avaient hanor.ée de leur presence, ruprès avo.ir été saccagée par les hordes barbares, vit som territoire dévasté p·ar urne épouvantable inondation (580). Le successeur de saint ThéDd,ule dut transporter le siège de l'évêché à Sion qui conserva dès lm·s la résidence épiscopale.

tran t da-n s une école, et voyant que les fils des nobles méprisaient l'étude, il leur a dressa de sévères reproches : << Sachez, d.i t-il, que je ne fais nul c.as de votre rna:issance, et que si vous ne lc herc?ez pas à vous instruire, vous n ·obhend'l.'ez aucune fa veur de Charlemagne. l l Ce monarque bon ora de ses largesses l'église de Sion et l'a bbaye de Saint· Maurice. Sacré empereur d' Occident en l'an 800, il t ermina sa glorieuse carné· re le 28 janvier 814.

Ponr rire un brin

INVOCATI ONS A SAINT LUNDI Grand saint Lundi soyez-nous secourable! Grand saint Lundi le •p:tus connu et le plus célèbre de tous les saints d u calendr ier, soyez nou-s secourable ! Grand saint Lundi patro•n des cabaretiers cafeti'ers brasseurs et a utres g-ens ~ccupés à ~afra~­ chir le pauvre moude, soyez nous sécourable! Grand saint Lundi de l'oïdium, de la gelée et de la coulure des vignes préservez-nous! X. - CHARLEMAGNE. Grand saint L'l,tndi Charlemagne, fils aîné du roi Pepin de la frande, des mélanges, d es coupale Bref, régnait aveo son frère Oarlo·- ges des ma rehands ·de viln, préservezman. A la mort de ce dernier (771), les nous! Etats des Francs se trouvèrent réunis Œrand saint Lundi sous le sceptre de ee mo·n arque remar- de la soci~té des méchants et des buquable. Charlemagne, prince conqué- veurs d'eau, préservez-nous! rant et législateur, parvint à faire viGrand saint Lundi vre sous les mêmes lois une foule de qua nd' je tomberai ivre-mort sur le trotpeu-ples divers, ennemis les uns des toir ou la chaussée, protégez-moi! autl•es, et gui ne demandaient qu'à se Grand saint Lundi séparer. Il établit des officiers chargés quand je serai ramassé par les serde l'adiillinistration, et les fit sm·veil- gents-de-ville et conduit au poste ou ler par des employés royaux. Ces der- a u vio·lon, délivrez-moi! nier~, pa,r des voyages incessants, s'asGrand saint Lundi &nraient ùe la manière dont la justice quand, de reto·u r du cabaret, je batéta~t rendue. Ce prince favorisa partit rai ma femme et c-asserai la vaisselle ~"Uhèrement l'instruction. Un jour, en- so;yez- rn oi senO\lrabl e! '


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Œrand saint Lundi quand mon matelas, mon linge, mes hardes et mes outils seront au Mont-dePtété, dégagez-les! G-rand saint Lundi quand je se•rai: dans la: dèche et fa débine jusqu'au cou, retirez m'en! Grancl saint L1mdi quand mes vieux parents mes fils mes filles et ma femme 3Juro~t été réduits par moi à la misère donnez-leur du pa,in:! ' (frand saint Lund-i qu_and! pour vous avoir trop fêté j'aul'ai rumé ma santé, que mes jambes seront sans force, mes mains tremblantes, mes yeux à moitié perdus et que je serai vieux à 40 ans, soy·ez-moi secourahle! Grand saint Lund·i quand les patrons me ferme•ront la po·rte de leurs ateliers sous prétexte que je gâte l'ouvrage qui m':est confié etque je suis un prod~gue et un débauché soyez-moi secourable! ' GnJJnd saint Lund·i , quand le propriétaire et le boulangerme •refuseront crédit, payez pour moi! Œmnd sa·int L1tnd•i quand je serai sur la paille avec. de l'eau panée pour boisson, soyez-moi secourable! Grand saint Dund·i quand je serai à l'hôpital, atteint du delirium tremens, guérissez-moi! Grand saint Lund·i quand j'aurai 1·endu l'âme et que le médecin, la bonne Sœur et la garde-malade diront: <<C'est le vin :qui l'a tué JJ soyez-moi secaura.ble! ' ' Grand saint L-undi quand le chirurgien, après avoir disséqué mOIJl pauvre cm·ps sur la table de l'école d'anatomie, fera voir aux ca.rabins tes ravages produits S'Ut' le eerveau, le fo'ie et les entrailles pa1· l'absinthe, l'alcool et le vin, soyez-moi se':onra ble!

Œrand saint Lwnd·i quaJnd mes restes mortels, .envelO'ppés dans une vieille serpillère, seront conduits à la foss·e commune, 'suivis de mes enfants, qui feront s.e mblant de pleurer et d'une demi-dlouzaine d'amis qui diront: << Ce n'est qu'un ivrogne de moins )J, soyez-moi S'ecourable!

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La jeune Sibérienne (Suite et fin) Un jour, quelqu'un l'interrompit a u milieu

de son récit, en présence d'une nombreuse assemblée, et lui demanda pour quel crime son père avait été condamné à l'exil. A cette question peu délicate, un profond silence annonça la désapprobation rle la socii:Hé. La jeune fille, jetant ·s ur l'indiscret un reg11rd plein d'une juste et froide indignation: « Monsieur, lui répondit-elle, tm père n'est jamais coupable poUl' sa fille, et le mien est innocent. >> Lorsqu'elle mcontait les détails de son histoire et .développait sans y penser les qualités de son noble caractère, elle n'était jamais animée par l'enthousiasme qu'elle inspirait à ses audi teurs. Elle ne parl:ait que pour satisf aire aux demandes qu'on lui faisait. Ses réponses étaient toujours dictées par un sentiment d'obéissance, jamais pa.r le désir de briller ou même d'intéresser personne. Les éloges qu'on lui prodiguait excitaient son étonnement, et lorsqu'ils étaient outrés ou même de mauvais goût, son mécontentement devenait visible. Le temps qu'elle passa dans la oa.p itale, en attendant le décret de rappel de son pêre, lui donna des jouissances innombrables. Tout était nouveau pour elle, tout l'intéressait. Les personnes qu'elle voyait fréquemment :admirajent les jugements pleins de sens qu'elle portait sm· les divers o'b jets de ses observations. Deux dames de la cour, qu'elle avait prises dans une affection particulière, les comtesses W .. , lui proposèrent un jour de voir l'intérieur du palais impérial, et s'amusèr ent beaucoup <.le la ~urpriHe qu!' !ni cau~a ient ;i d1aq1Je pa~ taul cl(' t·ieh es><l?~ réunie"

el de si vastes appartements·. Lorsqu'elle eutru. dans la magnifique salle de Saint-Georges, elle fit le signe de la croix, croyant entrer dans une église. Elle revit, sans les reconnnitre quelques Halons qu'elle avait déjà parcourus lors de sa présentation, tant elle était alors préoccupée de sa situation et du sujet important qui l'y amenait! Comme elle passait dans une grande pièce, l'esprit frappé par tant de merveilles, une des dames lui fit remarquer le trône. Elle s'arrêta tout à coup saisie de respect et de crainte. <<Ah! c'est donc là, dit-elle, le trône de l'empereur! VoiH.t donc ce que je craignais si fort en Sibérie! ll L'effroi que lui causait jadis cette idée, le souvenir des bienfaits de l'empereur, J,a pensée de la délivrance prochaine de son père, remplirent son cœur reconnaissant d'un trouble inexprimable. Elle joignait les mains en piilissant. (!Voilà doue, répétait-elle d'une voix altérée, et prête à: se trouver mal, le trône de l'empereur! ll Elle demanda !<a; per:m.lssion de s'en approcher, et s'avança toute tremblante, soutenue par ses deux concluch·ices, vivement touchées elles-mêmes de cette ;;cène inattendue. Prascovie, à genoux au pied du trône, en baisait les marches avec transport et les mouillait de ses larmes. << 0 mon père, s'écria it-elle, voyez où la puissance de Dieu m'a conduite ! 0 mon Dieu! bénissez ce trône, bénissez celui qui l'occupe, et faites que :;es jours soient remplis de tout le bonheur dont il m'a comblée! » On eut quelque peine il l' entraîner dans un autre appartement; mais elle demanda bientôt à se retirer, fQ!tiguée des vives émotions qu'elle venait d'éprouver, et l'on remit ô un antre jour la visite du Teste du palais. (}udtgw temps uvrèR, ]('f< !leux ùawes la conduisirent à l'Ermitage. Ce :;uperbe palais, dont les richesses et l'élégance donnent l'idee ù'uue féerie, lui causa plus de plaisir que tout ce qu'elle avait admiré jusqu'alors . :ffille ro:vaH pour la première fois des tableaux, et Jlarut nren(]re nn ~ rand pl a isi r h les <nami-

ner. Elle reconnut d'elle-même plusieurs sujets tirés de l'Ecriture sainte; mais en passant dev,a nt un grand tableau de Luca Giordano, qui représente Silène ivre, soutenu par des bacchantes et des satyres: « Voilà, dit-elle, un vilain tableau! Que représente-t-il? ll Ou lui répondit que le sujet était tiré de la F'able. Elle demanda de quelle fable. Comme elle n'avait aucune idée de la mythologie, il eût été difficile de lui donner une explication satisfaisante. « Tout cela n'est donc pas vrai? disait-elle. Voilà des hommes avec des pieds de chèvre. Quelle folie de peindre des choses qui n'ont jamais existé, comme s'il en manquait de véritables!» Ellie apprenait ainsi, à l'lige de vingt et un ans, ce qu'on apprend ordinairement dans l'enfance. Cependant sa curios .i té ne la rén· dait jamais indiscrète: elle faisait Nll'ement des questions, et tâchait de comprendre ou de deviner elle-même ce que ses observations lui présentaient de singulier et de nouveau. Rien ne l'intéressait aut ant que de se trouver dans une société de personnes instruites qui ne f aisaient pas attention à elle, et d'entendre leurs discours: elle regardait alors tour à tour chaque interlo·c uteur à mesure qu'il parlait, et l'écoutait avec une a ttention particulière, n'oubliant r ien de ce qu'elle avait entendu ou pu comprendre. Lorsqu'elle était avec ses connaissances intimes, elle ramenait involontairement la conversation sur l'accueil bienveillant que lui avaient fait les deux impéreh'ices. Elle rappelait avec sensibilité chacune de leurs pal'oies, et ne pouvait en parler sans que des larmes de reconnaissance vinssent humecter ses paupières; elle était hemeu se alors d'entendre chacun enchérir sur les sentiments d'admiration qu'elle témoignait, et s'étonnait de ce qu'on n'en parlait pas ·a ssez souvent à son gré. L' ukase du l'appel de son père tarda cependant plus qu'elle ne s'y était attendue. Tandis qm! ses amis aplanissaient les difficultés de cette affaire, Prascovie n'oubliait point les deux prisonniers qui, lors de son départ tl'l~(·him. l11i a.vaien.t offert d(' partage~" leur


8 petit trésor a,.ec '<!lie. Souvent elle avait parlé scbim n'étaient pas du nombre. Le sort dt d'eux aux personnes qui ponva.ient influer Lopouloff et de sa. femme n'en éta.i.t devenu !:!Ur leur sort: mals ses protecteurs lui avaient que plus cruel. Privés désormais de tout et· unanimement conseillé de ne pas ajouter poir, ainsi que de J,a, présence de l'enfant cbêcette démarche à celles qu'on faisait en fa- ri qui les avait aidés à supporter la vie, lia étaient prêts à succomber sous le poids de ~eur de son père, et la crainte seule de nuire leurs maux, lorsqu'un courrier du gouverneur l la cause de ses parents avait pu l'empêeher de suivre ses bonnes intentions. Heu- de Tobolsk vint les tirer de cet abtme. Ils t·ereusement pour ces malheureux, la bonté de çurent, avec l'ukase de leur délivrance, UR l'empereur lui donna-l'occasion de leur être passe-port pour rentrer en Russie et une utile. Lorsque l'ukase définitif de la déli- somme d',argent pour leur voyage. Cet événement, et les circonstances qui l'a. vrance de son père fut expédié en Sibérie, en lui faisant unnoucer cette heureuse nouvelle vaient amené, firent beaucoup de bruit en St. !o. Majesté chargea le ministre de lui de- bérie. Les habitants d'Ischlm, qui connalJ. mander si elle n'avait rien à d~11irer persou· saient Lopouloff, ainsi que les prisonniers qut nellement pour elle-même. Elle répondit aus- se trouvaient dans le vlllage, vinrent chez sitôt que, si l'empereur voulait encore lui ac- lui dès qu'ils en eurent connaissance. Oeux corder une gra.ce, après l'avoir comblée de ùe ses ,a nciens compagnons d'infortune qui bonheur par la délivrance de son père, elle tournaient en ridicule l'entreprise de Pra• covie, ceux surtout qui lui avaient refusé les Je suppliait d'accorder la même faveur aux cleux infortunés compagnons de ses parents. secours dont ils pouvaient disposer pour son voyage, auraient bien voulu maintenant y M. de K ... rendit compte à l'empereur de la noble reconnaissance qui pot·tait la jeune avoir contribué. Lopouloff reçut les félicita· nlle à sacrifier les faveurs de Sa Majesté tions de tout le monde avec reconnaissance: pour rendre service à deux hommes qui lui et sou bonheur aurait été complet, sans le avalent offert quelques kopel\:s à son dépat-t regret qu'il éprouvait de laisser en capttvl· de la. Sibérie. Son désir fut exaucé, et l'or- té ses deux amis, dont il ignot·ait encore la dre de leur t>appel partit quelques jours aprèll bonne fortune. celui qui concernait son père. Ces deux hommes. déjà. vieux, étaient en Ainsi le mouvement de générosité qui aw.it Sibérie depuis la révolte de Pougatcheft, porté les deux hommes à secourir de leurs dans laquelle ils avaient été malheureusefaibles moyens la voyageuse à son départ ment impliqués dans leur jeunesse. Lopou· !off s'était étroitement lié avec eux depuis leur valut la liberté. Prascovie, ayant obtenu tout ce qu'elle dé- le départ de sa fille; eux seuls, parmi toutea sirait, songea bientôt à remplir ses vœux, e1 ses connaissances, avaient pris un intérêt repartit en pèlerinage pour Kiew. Oe fut en sincère au sort de la voyageuse. Pendant remplissant ce pieux devoir et en méditant longtemps leur s entretiens ne roulaient que !SUr tout ce que la. Providence avait fait en sur elle, et sur les rhances heureuses ou mal· sa faveur, qu'elle prit la détermination irré· 1 heureuses qu"ils prévoyaient tour à tour, sui· vocable de consacrer ses jours 1\ Dieu. Tan- 1 vant que ln crainte ou l'espérance les agi· dis qu'elle se préparait à ce sacrifice et qu' 1 tait. Lopouloff offrit de leur laisser une parelle prenait le voile à. Kiew, son père rece- tie des secours qu'il avait reçus; mals ils vait, en Sibérie, la nouvelle inattendue de sa n'acceptèrent pas son offre. liberté; sa fille était partie depuis plus de «Nous n'en avons pas besoin, dit l'un d'eux, vingt mois, et, par une fatalité inexplicable, , et j'ai encore la pièce d'argent qlle votre ses parents n'avaient jamais reçu de ses nou- 1 fille a. refusée à son départ. » velles. Pendant cet interv·alle, l'empereur Il n'entrait dans ce refus aucune jalousie: Alexandre était monté sur le trône: à son 1 mais un profond découragement accablai~- cea heureux avènement un grand nombre de pri- deux infortunés, depuis la nouvelle qu1 lee ;;oitnieJ'::; :1\':lif'llt Hl• mp.Jlt>lfl~: mai;; N'\tx 11'!- Rilparn ir ctE> h•ur ltui!)nf' a mi. lis ~P rappel~

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9 rent la promesse que leur fit, en partant, Prascovie, de s'intéresser à eux, perauadlls, ainsi que tous les habitants d'Ischim, d'après mille bruits qui couraient dans le public, de la favew· sans bornes qu'elle avait obtenue: ils se crurent oubliés; et n'osant se plaindre à son père, ils renfermaient en leur cœur le sombre chagrin qui les dêvoralt. La veille du jour où Lopouloff devait les 11uitter, ils voulurent prendre congé de lui pour n'avoir pas la douleur d'assister à son départ: ils sortirent de chez lui à neuf heures du soil·, et se retirèrent, le cœur navré de toutes les douleurs que les bommes peuvent supporter sans mourir. Après lew· départ, Lopouloff et sa .femme pleurèrent longtemps sm· Je sort ùe leurs oeux ami,~;. <c Sans doute, disaient-ils, notre fille ne les a. pas oubliés; peu<t-être encore, avec le temps, obtiendra-t-elle leur gr·ûce: nous l'engagerons à faire de nouvelles démarches en leur faveur. >> .Avec ces idées consolantes, ils se couchèrent pour être prêts à partir le lendemain de bonne heure. Ils étaient il. peine endormis, qu'ils entendent frapper fortement :1 la porte; le même feldiègre qui leur avait apporté la bonne nouvelle, n'ayant pas trouvé le capitaine ispravnick auquel était adressée la dépêche, et connaissant leur logement, revenait avec la grilce des deux amis. Lopouloff se leva précipitamment pour le conduire chez eux. Les deux malheureux s'étaient retirés dans le plus affreux désespoir. En rentrant dans leur chaumière déserte, ils s'assirent sur un banc dans l'obscurité, et gardèrent un pt·ofond silence. Que pouvaient-ils se dire? Ils avaient perdu toute espér.ance, et l'exil éternel pesait malnt~nant sur eux avec une nouvelle force. Depuis deux heurts ils souffraient à la fois hurs maux présents et ceux que lew· présageait un sombre avenir, lorsque la lueur d'une lanterne vint éclairer tout à coup la petite fenitre dP. leur réduit: ils écoutent: plusieurs P!!:sonnes marchent et parlent auprès de la chAumière. On frAppe; 1.1t1e voix ;unie et hiert •••illHll' se taJt entendre:

« Amis! oune;r;! Grâc~ ! ~t·llce :mssl pour vous! Ouvrez!» .Aucune langue ne peut décrire une semblable situation. Pendant quelque winutes on n'entendit que des phra~:;es entrecoupées: «Grâce! l'empereur! Que Dieu le bénisse! Que Dieu soit loué! Qu'il comble de ses faveurs la bonne Prascovie, qui ne nous a. pas oubliés. » Jamais habitation humaine n'avait renfermé des êtres plus heureux; .jamais il n'exista de passage plus rapide du comble de l' infor~ tune au bonheur le plus inespéré. Le capitaine ispravnick ayant appris. en , rentrant chez lui, qu'un feldiègre lecherchait, coW"ut lui-même chez les deux: amis, et décacheta la dépêche, qui contenait deux passeports pour eux et une lettre de Prascovie à. son père. Elle ôcl'ivait qu'après avoir obtenu cette nouvelle grâce elle n'aurait osé solliciter encore des secours pour le voyage de ses anc1ens compagnons; mais que Dieu y avait pourvu en récompense de l'offre généreuse qu'ils lui avaient faite lors de -son départ de Sibérie : elle avait joint à la lettre la somme de deux cents roubles en assignations. Cependant elle attendait à. Kiew, avec la plus vive impatience, la nouvelle du retour de son père; il lui semblait, en faisait le calcul du temps, qu'il am·ait pu lui écrire. En prenant le voile à Kiew, elle n'avait point l'intention de s'y fixer, voulant s'établir pour toujours clans le couvent de Nijnei, comme elle l'avait promis à l'abbesse; elle écrivit à. cette dernière lor-squ e ses dévotions furent achevées, et partit bientôt après pour se rendre auprès d'elle. Cett11 bonne supét·ieure l'attendait tU,Vec impatience, et ne lui avait point appris l'arrivée de son père pour lui réserver une surprise agréable. Lopouloff et sa femme étaient à. Nijnei depuis quelque temps. Prascovie, en arrivant. se prosterna a ux pieds de l'abbesse, qui s'était ren· due il la porte du monastère avec toutes ses religieuses pour la recevoir. '< N'a-t-on point de nouvelles ùe mou père? demanda-t-elle aussitôt. - Venez, mon enfant, lni dit la supérieure; nous en avons dP honnes ; jp vous les donnel'IIi r:hez moi. "


10 Elle la conrlu b;iL le Jung d~s c>lollrN; et rlu l•ras'l Q ue ue :;ommes-nuuc; Cl•<·ore Pll 1"i béL"ie couvent sans rien ajouter. Les religieuses avec elle!» Telles étaient les plaintes cl(' la malheureugardaient le s ilence, et leur ai r mystérieux J'aurait inquiétée, sans le souxire de bien- se mère. O'est une grande douleur à loutes les épo>eillance qu'elle voyait sur lous les visages. Eln entrant chez L'abbesse, elle trouva son ques de la vie de se sépat•er pour toujours de père et sa mère, auxquels ùn a'•ait également ses proches et de ses amis; mais combien cetcaché son at-rivée. D~ns Le premiet· moment te destinée est plus affreuse encore lorsque de surprise qu'lis éprouv ~rent en voyant leur l'âge pèse déjà sur nous, et que nous n'atfille chérie en habit religieux, et pressés i\ la tendons plus rien de l'~.venir ! En prenant congé de ses parents dans l'apfois par un sentiment de reconnaissance et de douleur, ils tombèrent il genoux devant partement de la supêti eure, Prascovie leur elle; à cette vue, Prascovie fit un c!"i doulou- promit d'aller leur faire visitll à Wladimir, reux, et se mettant elle-même tt genoux: dans le courant de l'année; ensuite la famille, cc Que faites-vo us, mon père"/ s'écria-t,.elle; accompagnée de l'abbesse et cle quelques rec'est Dieu seul qui a tout fait! Remercions sa ligieuses, se rendit ù l'église. La jeune noviprovidence pour le miracle qu'elle a opéré ce, quoique a ussi sensible que sa mère à cette douloureuse sépat·ation, se montrait plus eu notre faveur. » L'abbesse et ses religieuses. touchées de ce forte et plus résignée, et cher chait à l'encouspectacle, se prosternèrent elles-mêmes et rager. Cependant, polll' prévenix· les transréunü·ent leurs actions de grâce~ à. celle~ de ports de sa douleur dans les det·niers moments, après avoil· prié quelques instants l'heureuse famille. 1 Les plus tendres embrasse1uents succédè- avec elle au pied des autels, elle s'éloigna rent il ce mouvement de piôté ; mais d'abon- doucement, entra. dans le chœux 011 se troudantes larmes roulaient dans les yeux de la 1 vaient les autres religieuses, et parut au tramère lorsqu'elle les fixait ~ur le vo11c ne sa vers de la grille. cc Adieu, mes bous parents. leur dit-elle; \ojeune fille. tre fille appartient ù. Dieu, mais elle ne vous Le bonhem dont jouissai t l:t fa Juille L uoubliera pas. Père chéri, mèt·e tendre, faites, pouloff depuis s a réunion lle pouvait être de f-aites le sacrifice que Dieu vous commande, lougue durée. L'état r eligieux qn'avait emet qu'il v ous bénisse mille fois!» lwassé Prascovie condamna it les vieux paPrascovie, trop émue, s'appuya <·outre la rents à vine séparés de lem fille. et cette grille; des larmes longtemps r et enues counouvelle sépar at ion leur p<lraissait plus vrirent son visage. La mnlheureuse mère. CI"?elle encore que la premiùt·e. pat'ce qu'elle l1ors d'elle-même, s'élanc;o, vers sa fille en était alor s sans espérance. Lettrs moyens ne sanglotant: l'abbesse fit un signe <le la main; leur permettaient ]ns de s'établir à Nij nei; au même instant un rideau fut tiré. IJes relisa. mèt·e avait des pat·ents à Wladimir qui les gieuses entonnèrent le psaume: <c Heureux les inYitaien t à se rendre auprès d'eux: la néhommes irréprochables dans leur foi qui marcessité les contraignit i\. prendre ce dernier chent dans la loi du Seigneur! >l On entraîna parti. Après avoir passé huit joms dans une Lopouloff et sa femme ii la porte <le l'église, alternative de joie et de tt·lstesse, troublés où leur voiture les attendait: ils nvaient vu dans leur f élicité par la tristesse de leur éloi- lem fille pour la. dernière foif'. guement prochain, ils songèrent ;) partir pour La nouvellE> religiensr.l s'assujettit sans pe'· leur nouvelle destina ti ou ; la bonne mère snr- ' ne ù. la règle austère llu couvent: elle me;tuut était inconsolable. tait ù. l'exécution <le ses devoirs la plus gra.J· cc A. quoi nous a. sct·vi, disait-elle, r·ette lick exactitude. et gt1gn•n. de plus eu plus l'et~· 11erté tant désirée? •.rons les travaux, tous les time et l'affection de toute la commJmaUlé; succès de· noh·e fille chérie n'étaient donc mais sa santé, qui s'affaiblissait visil1lemeat, clesiiués qu';"\. l'nrrachel' pour toujou"s de nos nr. pouynit snpporter ln v ic pC•nihle que son

11 uouvel état exigeait d'elle: ~ poitrine était attaquée. Le couvent de Nijnei, construit sur une montagne battue par les vents, était dans une situation défav(}ra.ble pour ce genre de maladie. Après qu'elle eut passé un .an dans cette maison, les médecins lui conseillèrent de changer de séjour. L'abbesse, que des nffaires appelaient à Pétersbourg, résolut d'emmener avec elle Prascovie. Outre l'espoir de favoriser par ce voy•age Je r établissement cle sa sn.nté, la bonne dame pensait avec raison que la r éputation de sa novice, et l'affection que tout le monde lui portait dans la capitale, seraient ntSles aux intérêts du couvent. Pl'ascovie devint IIDe solliciteuse au.ssi active que désintéres~ée. Mais, se conformant aux convenances qu'exigeait d'elle son nouvel état, elle ne se répandit point dans la soc1C:té comme la première fois, et vit seulement les personnes que ta reconnaissance et l'amitié !ni faisaient un devoir de cultiver. .i cette époque, ses traits éla.ieut déjà fort altérés par l'étisie prononcée qui la minait sourdement; mais, dans cet état même de dépérissement, il eüt été difficile de tt·ouver une physionomie plus agréable E.> t surtout plus int.éressante que la sienne. Ellie était d'une taille moyenne, mais bien prise: son visage, eutouré d'un voile noir qui couvrait tous ses cheveux, était d'un bel ovale. Ellie avait les yeux t rès noirs, le front découvert, une certaine tranquillité mélancolique dan;; le regard et Jusque dans le souxire. Elle conu>llissait la nature el tons les dangers de sa maladie : toutes ses pensées Halent tournées vers un autre monde qu'elle attendait sans crainte et sans impatience, comme une vaillante ouvri<?re qui a f ini sa journée et qui se repose en 41Hendant ln rétompense qui lui est due. Quand les affaires de l'abbesse fm·eut terminées, les deux religieuses sP. disposèrent à retourner à ~ijuei. La veilie cle son départ, Prnscovie sortit pour prend1·e r-ongé de quelQues amis qui lui avaient euyoyé leur yo,iturt': en entrant dans leur maison, elle trouva sur l'escalier une jeune fille assi!<t' ~~~~· IE>s ilf'rn ii'J'f'~ man·llt>s, c> l: dam; lE' •·o~<lume tlP la

plus grande misère. La mendlante, la voyant suivie d'un laquais à livrée, se leva pénibleruent pour lui demander l'aumône, et lui présenta un papier qu'elle tira de son seln. « Mon père est paralytique, lui dit-elle, et n'a d'autre secours que J'aumône que je reçois; je suis mol-même malade, et bientôt je ne pourrai plus l'aider. 11 Prascovie prit Je papier d''u ne main empressée et tremblante: c'était une attestat ion de pauvreté et de bonne conduite donnée par Je prêtre de la paroisse. Ellie se souvint aussitôt du temps rnalbeureux où, assise sur les marches de l'escalier du sénat, elle sollicitait vainement la pitié du public. La ressemblan· ce qu'elle voyait entre le sort de cet te pauvre fille et celui qu'elle avait elle-même 1 éprouvé l'émut profondément: elle lui donna le peu d'argent qu'elle avait, et lui promit d'autres secours. Les personnes dont elle allait prendre congé s'empressèrent, à sa recommanda.tion, cle faire du bien à cette iDfortunée, et devinrent, depuis cette époque, les protecteurs de son père. Avant de partir de Pêtersbourg, elle avait demandé la dispense de la loi qui défend aux novices de fail•e leurs vœux définitifs avant l'âge de quarante ans: elle ne négligea rien vour obtenir cette grâce qui lui fut toujours refusée. Elu retom·nant ù. Nljnei, l'abbesse s'arrêta quelques jours ii Nowg-orod. dans un couvent de religieuses, ùont la rêgle moins austère et la situation au raient été convenallles à la santé de la pauvre novice. Celle-ci s'était pru:ticulit>..rement liée, au couvent de Nijnei, avec tme jeune compagne qui avait une xœur dans IC' couvent de Nowgoroù où elle se trouvait maintenant. Pendant le séjour que Prascovie fit auprès d'elle, cette dernière s'efforça de gagner son amitié; elle lui apprit que sa. sœur avait obtenu de changel· t1e moua::;têre et de venir ii Nowgorod, et lui conseilla de l'y accompagner. L'abbesse, qui voyait ~a novice chérie dépérir sous ses yeux, y consentit elle-même, malgré la. ten dre affection qu'elle hù port.ait. et fit. <'n ruTivant à Nijnei, loutc>s les df.marches nécessa.ires. Prnf;r·oyif' ']n ittn. llientôt ~011 nn("icu mo-


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12 uaslère. emportant avtH.: elle le:; regrets sincères de toute la communauté et des personnes de la ville qui l'avaient connue. Elle em· ploya les deux premiers mois de son séjour il Nowgorod i\ faire <:onstrulre une petite maison de bois, contenant deux cellules pour elle et son amie, parce qu'il ne s'en trouva point de vacante à son arrivée, et fut très contente de son nouvel asile. Ses compagnes qui la connaissaient clêjll. personnellement, regardèrent son entrée dans leur couvent comme une faveur particulière du ciel, et s'empressèrent de remplir pour elle les devoirs trop pénibles qul ne s'accordaient pas avec sa santé. Ces soins et la tranquilité dont elle jouissait prolongèrent ses jours jusqu'en 1809. Déjà les médecins, depuis longtemps, désespéraient de sa vie; mais, quoiqu'elle-même en efit fai t le sincère sacrifice, elle ne croyait point encore sa fin prochaine. C'est sans doute par un bienfait de la Providence que, <'l:ms cette cruelle maladie, pour la.quelle il n'est plus de remède, la vie semble se ranimer et donner quelques moments d'espoir à l'être qu'elle va bientôt abandonner, comme pour lui cacher les approches de cette beure terrible que personne ne doit connaJtre. Prascovie, la veille de sa mort, se promena quelque temps daus les cloîtres avec moins de fatigue qu'ii l'ordinaire: enveloppée chaudement dans une pelisse, elle s'assit ii. la porte du couvent. Le soleil d'hiver semblait la ranimer; l'aspect de J.a neige brillante lui rappelait la Sibérie et les temps écoulés. Un traîneau de voyageurs passa devant elle et s'éloigna 11a.pidement: l'espérance fit encore palpiter son cœur. « Le printemps prochaiu, ùit-elle ü. son amie, si je rue porte mieux. j'irai faire une visite ii mes parents à. Wladiml1·. et vous m'accorupa.gnerez, n'est-ce pas?» En disant ces mots. le plaisir brillait dmts ses yeux, mais la mort é tait sur ses Jjjvres. Sa compagne tâchait de lui montrer uu vi:;age riant et tle retenir ses larmes prêtes à. couler. Le lendemaill, 8 déc:., jour de la fête de s:lintc Rm·be. Pile eu t em:ore ln fOI'C:f' d'aller

à. l'église pour communier; mals le soir, t 1 trois heures, elle se trouva plus mal et se

plaça sm· son lit sans se désbabillet·, pour prendre du repos. Plusieurs religieuses litaient dans sa cellule, et, ne la croyant pas en danger, parlaient haut et riaient entre elles dans le but de l'amuser; cependant la présence de tant de monde la fatig uait. Lors. qu'elle entendit Je son de la cloche qui lee appelait aux: prières du soir, elle les engagea à aller à l'ég11se, en se recommandant à leur8 prières. « Aujourd'hui, leur dit-elle, vous prierez encore Dieu pour ma s anté, mais dans quelques semaines vous prierez pom le repos de mon !ime. » Son amie resta seule <lians la cellule. Pras. covie la pria de lui lire les prières du soir, comme elle en avait l'habitude, et pour accomplir sa tllche jusqu'à la f in. La religieuse, à genoux près de son lit, se mit à chanter doucement les prières; mais, après les premiers versets, la lllllllade lu! fit signe de la main en souriant. Son amie s'approcha d'elle et pouvait à peine l'entendre. « Ma chère amie, lui dit-elle, ne chantez plus, cela m'empêche de prier: récitez seul• ment. >> La religieuse se remit à genoux; pendant qu'elle psalmodii3H les prières, la mourante faisait de temps en temps des signes de croix. La nuit devint sombre. Lorsque les religieuses revinrent avec de la lumière, Prascovie n'existait pius. Sa main droite éta it t·es~e sur sa poitrine, tt l'on voyait, à. la disposition de ses doigta, qu'elle était morte en f>ajsant le signe de la croix. FIN.

Le seul souci de Nicolas lluaml gruud-père, souriant dans sa ba.rbe blanche, commenr;ait une histoire il disait invari ablement: ' <C Un e fo·is, il y avait ... >> Il me semble le voir assis sw: un cllllapé A r ou lettes, véui'rable comme lui, puisqn'H lt

!"ne l'ois. il y aYail dx.n:; lill petit. Lnul I,Jl'· tit hameau, perdu là-haut ii. mi-rlauc des montagnes, non pas nn roi et une reine. non pln~ un prince et une bergère, mais tm paune ,·ieux charbonnier et nne pamTe Yieille cllarbonnière. Dans letu· hutte faiLe de l)lam:lles de sapin clouées les uues aux autres et recouverte de chaumP, ils coulaient, malgré le rude labeur que leur imposaient les besoins de l'existen ce, noe Yie paisible, douce, j'oserais presque dire heureuse, parce qu'ils R'aimaient comme au jour très lointain oü R'était prononcé le grand oui. Depuis de nombreuses an.néet:;, leurs jours se ressemblaient <:omme les gouttes d' eau qui, s'égarant parfois des ruisseftux pour suivre la tige d'un roseau couché sur la rive, tombent une ii une sur le gazon auquel elles conservent la fll<l:îchem et l'éclat. Quand, ii. J'aube, la fauvette venait chanter l'hymne du matin sur le toit pointu, ils s'arrachaient courageusement aux douceurs du repos; lui coumit alors à. la porte afin d'in· terroger le ciel inconstant Si les dernières étoiles, fuyant elevant l'aurore, lui envoyaient un sourire, si la brise fralche des matinées sereines fouettait son visage, nettoyé au charbon, il disait à sa: femme: c< Catrine n 'in o biau tin; faut tè lèvâ po astecâ. o dezounon. » Pour ceux de mes lecteurs qui ne sont va·~ initiés aux mystêrl?s du rustique patois, je traduis les paroles de Nicoias - tel était le nom lle notre charbonnier: - « Catherine, nous avons le beau t emps; il faut te leyer pour préparer le déjeuner. » Si, au contraire le brouUlard enveloppait la chaumière, si le ciel se montrait sombre et menaçant, ou si l'ouragan faisai t rage, vite notre homme se 1·emetta.nt au lit, murmurait: « Ou bin. Catrine. on va pas che battre avoui o tin! Dromlu enco on chono .. . » «Tant pis, Catherine, on ne va pas se battre avec le temps.. . Dormons encore un somme . .. » Et, doucement bercé par Morphée, il s'en· dormait de uouveau jusqu'à l' heure où Catherine, il sou tour, cle sa voix de >~eriJl, lui criait: « E h Colas ! la polenta è prestn.! » Ce nom de polenta, appuyée par l'odeur du • • Je commencerai donc mon rt!cit pnr l'éter- dit plat, avait toujours pout' effet d'éve1ller Nicolas, et cle le transporter instautanémen t nel exorde de grand-père.

1cnait ùéjtl de sou pèr<>, me fuisau t sauler :;ur ses genoux, me dorlotant, m'embrassant, riant de la. monc que je faisais au contact des mides favoris qui ornaient ses tempes ... Je crois loujour::; entendre sa. voix un peu c•assêe, mais harmonieuse encore..Te me rappelle comme si c'était <l'hier les f<u·ces qu'il tlevait supporter de mon espiôglerie; car, j e doi s avoir honte de le elire, j'étais il cet âge un petit .. . monstre eu fait de taquineries. Imaginez plutôt : cert ains soir~;:, je cachais s!t pipe, tantôt ir.i, tantôt là, de façon à. dé· router ses r echerches, et, tandis qu'il se traeassait, !le démenait, s'impatientait, moi, le sans pitié, avec un air de parfaite o:mdeur, je lui disais comme çil.: « Qu'est-ce que tu cheJ:ches, clis, gr~md·pftpa? » Il ne se doutait de rien; cn.r, le moment Yenu, l'inh'ouvable pipe se montrait subitement devant son nez, éternellement surmont~ de besicles; alors son visage, tout en s'épanouissaut d'un gai sourire, exprimait une telle surprise que je devais me cacher pour ne pas éclater de rire. «Faut-il donc, disait-il, que je ~:~ois aveugle pour ne pas l'avoir vue plus· tôt! ... » D'autres fois, j'avisais le jour où le f acteur devait m'apporter le journ al; et à l'aide d' une petit e clef, pendue à. un vieux clou, j'introcluisn.is mon diablotin de minois, et ma main malfaisante dans le t iroir aux paperasses où se t rouvaient les lunettes, quand elles pouva ient pr endre quelques moments de repos. J'extrayais le précieux objet, je J'enfouissais dans les poches de mes culottes; et puis, oh! le s:ms-cœur, l'hypocrite! j'alLais mendier ses habituelles caresses .. .. Plus souvent encore, je m'amusais il tir er les fils argentés de sa barbe. Quels éclats de rires, quelle vilaine satisfaction quand je lui Toy.ais faire la grimace! ... Ah! ce bon, ce cher, ce vénéré grand-papa! le remords s'empare de mol lor sque j'éveille le souvenir de mes barbares esi>iègleries à son égard. Ce qu'il m'aimait pourtant! .. . Et moi, malgré tout ,je le chérissais presqu'à l'égal de ma mère: c'était tout dire ... Mais ce n'est point à ce sujet que je veux m'arrêter; peut-être me sera-t-U permis d'y revenir un jour? ...


.atlJ,lrès du foyer où penfhtit, uoll<:l!ahl nt!' t•t tentatrice, une ma1·mite achetée déjà. Je jour Iles noce· ... Deux: fourchettes noil'es et usêPs J.llll' le tt·nvail, étaient sorties d'un petit buffet enfumé; une gamelle militaire, souYenil· de jeunesse, :;'emplissait cle l'aliment ... dol'é et la gt1llnde tache commençait, se pou•·snivaut au bruit belliqueux des mâchoires, au cliquetis des fourchettes, avec un enn·aiu. qu'on serait peu en droit d'attendre, étant données l'usm·e des deuts et l>a: vi eiii('~Re clP~; e!'!tomacs. Cett e première pa.r tie du p 1·ogramme consciencieusement réglée, Nicolas s'en allait clans la forêt faire sa provision de bois. Il tl1iivaillait avec une ardeur toute juvénile jusqu'à la nuit tombante; d'aucuns affirment même que maintes foi~;. on l'entendait s iffler et chanter malgré ses 78 ans. En tout cas, ou n'aurait pas •·encontl'é, il vingt lieues à la. ronde, un humain plus gai que ce vieil endurci à la fatigue. Cela s'explique lorsqu'on sa.it q ue de toute sa vie, H ne se souvenait pas d'.avoir gardé un seul jour le lit pour cause de maladie, et que jamais ,;on ef'prit n'avait été hanté par les soucis. Or il arriva qu'un soir, (c'était nu mois tle juin de l'an de grâce 18 ... ) il rentra <lans sa cabane de meilleure heure que d'habitude. Catherine fu t étonnée; un pourquoi monta il ses lèvres, mais l'expt·cssion de som'bre taciturnité de son mru·i l'al'l'êta. Au pli sinistre creusant son front, au froncement de ses longs sourcils, elle constata qu'une grande inquiétude devait l'assiéger. Il ne dit rien; elle n'osa pas interroger. Le souper f ut donc triste et silencieux:. Pour la. première fois de sa vie le charbonnier ne fit pas honneur au lait de cbèvl'e et au pain noir qui comJ!osaient ce repas de la f in du jour .. . La causette habituelle de l'après-soupel' fut également supprimée; et tandis qu'au dehors les doux: effluves des ;;oirs d'été remplissaient le cœur de toutes les créatures d'un soufle de vie et de gaieté, la mort dans l'âme, Catherine ana se coucher, se demandant en Yain ce que pouvait bien avoir son mari ... Dans sa tête, mille et une hypothèses dansèl'ent jusqu'au matin; c'est vous ,t!it•e qu'elle ne fer ma pas l'œil de toute ln nuit. A peine ses paupières alanguies par le sommeil voulaient-elieR sc fermer. c)ll ùe nouveau, l u fi-

;;ure :sowure de ~icolas lw upvarai~sail <.1 l'Pc le pli de son front noirci et le f•·once ment r\e ses f'OUl'CilS. Dormait-il, lui ? ... Je ne crois pas: cru· le silence de cette nuit, la première qui ait caché un mystère sous le toit des deux époux, ne fut pas u·oublé pa1· son sonore ronflement, ni pal' les paroles incohérentes qui s'échap. paient souvent pour ne pas dire toujours de ses songes baroques. Ilauhe eolore à peine la minuscule fenêtl·e, regardant l'Est que déjà le vieux charbonnier se trouve sur ses jambes, sa bache sm· l'épa.ule et pr êt à partir pour la foret. Il en. tr'ouvre la por te polU' regarder le ciel. Le jour n'a pas encore donné au fir mament cette couleur cl'azur foncé que l'on aime tant ii. voir; il est terne mais sans un nuage; quelques é toiles s'obstinent à. vouloil· braver cette reine auror e qui éclipse l!lutour d'elle tontes les lumières; la lune même ne peut soute. nir :son regill'd: pâle et décoUL"agêe elle se cache derriè1·e la. montagne boisée qui semble l'accueillir débonnairement ùans ses sapiru. Le hameau dort dans sou niel de ïerdure: ::;es habitants ne paraissent pas être de re. tour du pilyf! <les ~ouges; si cependant au foml elu village, un peu de fumée ;;'échappe d'un toit: c'est Claude Fegeney qni fait bouillir ~a soupe au pain avant de partir !)OUr l'étranger. Cl,a ude Fegeuey est un pauvre homme chargé de famille. Les temps sont ctm·s et daus ce coin de montagnes, il ne peut plus subvenir aux besoins du ménage; il s'eu va donc Jlar clel:'l la frontière amasser un peu d'argent. Pendant uue minute, Nicolas regarde ... puis il quitte la cabane S'<!ns adresser ln pa· role à sa moitié. C'en est trop ... 1<J vieille femme de plUB en plus inquiète. assiégée pru· de mauvais pressentiments, passe en bâte ses jupes, noue un mouchoir rouge autour de sa tête, et le suit dans J.a forêt; elle le rejoint sur la li· s ière du bois. «Qu'est-ce que tu mc veux'? n dit d'un tou assez sec le charbonnier en se retournant. Catherine, peu habituée ! s'entendre apostrophel' de cette façon, baisse la tête ne trou· vaut r ien pour répondre; cependant elle prend son courage à deux mains ct dit d'une voix tremblante: <c NicoLas, je ne te comprends plus depuis hier. Pour l'amour de Dieu, dis-moi ce que tu as . . . T'aurais-je (·a usé dll chagrin peul·

Nrc! .... SP!'His-tn malatlc'! Ou llieo qut>lqn'tm t'aurait-il fait de l a peine'! ... - Ne me tracasse pas, s'il tP plaît; va plutôt it ton ounage et !:lisse-moi h·anquille. ,, fait l'homme en Re détournant pour <:ontinner :;ou chemin. Elle n'ose p11.s insister, et plu::. triste. plus inquièté qne ,i11mais ell e revient sm· l'les pa.~. l\Iidi a sollllé sur le cadran ùe la primitive pendule accrochée ii. l'une des parois cle la minuscule chambre qu'habite le couple des charbonniers. Debout, sur le seuil de la porte, C:'ltheriue :l.ttencl le retour cle sou mari. La pauVI'e femme comp te les minutes a,·ec nue fiévreuse impatience, car, c'est bien la première fois qu'il ne sc trouve pas l:'i pour le coup de midi. <<Mais, c'est étollllant, étonnant, murmuret-elle à mi-voL"; quel esprit de mal a-t-il pu s'emparer de l'imagination de Nicolas? Quels soucis peuvent donc le hanter si subitement, lui qui n'en a jamais eu 'l . .. D'où vient qu'il ne me parle plus, qu'il pel'd l'tU,ppétit? ... Pourquoi' est-il parti ce matin san;; attendre le déjeûner?. . . Pourquoi n'est-il pas ici à cette heure? ... Collte que coûte, il faut que j~> sache! et je le ;;am·ai avant ce soir. >> A deux heures précises, elle vit déboucher son pauvre Nicolas dans le sentier qui vient en zig-zag de la fot·et au villa.~e; mais il n'était pas seul; elle crut reconnaitre l'instituteur du hameau, un magister croyant d'>ancienne 1·ace du nom de Praxède Serrier. Ah! il n'avait pas la tête creuse le même; et s'il existait encore, je me ferais uu devoir d'être son disciple ou plutôt son élève. Les 55 ans, qu'il portait bien crânement, n'avaient pas passé sans laisser des moissons de sagesse dans son esprit si prompt à saisir toute chose. Aussi était-il, et à. juste tih·e, considérô comme l'oracle de ce coin de p:tys perdu dans les forêts deJ> Alpes. A plusieurs reprises on avait essayé de Je dénicher de Jil.-haut pour lui assigner des postes d'enHeignemeut dans la vlaine; mais ni la perspective des honneurs, ni le vain espoir d'accroître une fortune plus que modeste, n'avaient pu l'ébranler; J. ((Jockey ... il était né; ii. Jockey il voulait mourir! ... Il Y est mort en effet, et l'epose dans une tombe qu'ombrage un saule pleureur, que parfument dPs pensers et des prièl'es rccoun-ais~nu1.es. Son nom n'a point passé :1 la conuai><-

"ante du utoude; ma:i::; Dieu l'il inscrit dam! le livre deH élus pour qu'il 80ic glorifié au jour ùP la juste rl!compense, et pour qu'on sache qu'il e~t llU" cette tel'l'Jl' oes héros inC'Onnus. Ceci elit. revenons :1 nott·e ~icol{ls. « Ecoute, Ca tllrine, dit-il en arrivant, je t'i3i fait attemlt·e aujourd'hui ; tu as dû sans cloute t'impatienter outre-tnesure; mais tu as encore de la chance que me voilà. <'ar tu aurais bien pu ne plus me l'evoir! .... - Nicolas, mon cher Nicolas, fit-elle eu re· culant de deux pa,s, tu me fais peur . .. - P ossible, Trine, mais ne crains plus; j e ue te causerai plus d'inquiétudes. - A la bonne heure, au moins! excLama la Yieillc felllme. joyeuse. mai~ me diras-tu ce qui t 'a. pris ces jours? ... ·-.Je te dirai tout; mais d'abord ... le charhon.nier passa la main sur son épig.astre vide. - .Ah! oui , je n'y pensais plu!', fit-elle aYec un smn·ire.

-----------·-.----------Chronique agricole ~1. Reizcrt, h· ùis tiugué Pl'Orfe:sseur d 'Ecône et eu même temps le déyoné et po pu lai 1·e couf-étenéie1· ag'l'icole, Yient de donnet, à Bramois, une .iutétessunte et utile t onfétence sur les engrais. Nous no-us faiso-ns le phLisü· d't11 donner au publie; et surtout a.u cultivateul' intelligent et actif quelques bribes précieuses d'oint il pourra faire son profit.. Il y a. deux sortes d'engrais: le fumier de ferme et les engtais du commerce. Le fumier de ferme E>st tertainement le plus important des eng1·ais: il est la source normale des profits d'une exploitation; mais malgré son abo11uauce et sa richesse, en azote principalem~nt, il peut devenit· .insuffisant. En effet, il ne repr-ésente va s la to-talité des éléments eulevés a u so l pat' les plantes fourragèr-es donn{>es au·x animaux car le bét.lil lui-lnt'm <•, en !l'anh•f•s t e{·nws


., ...,......,,.,.., ....

sa cbnir, son la)t, sa. gra.i~:;p, tiehP s eH ' trom·,e, ou bien qu"elle ta it ck~hüit. De même, eu appliquant uü engt·ais sŒbstances minérales, sont exportés de

la ferme e t par là même perdus pour son sol. De là la nécesStité de tecourir aux eugrais chimiques amenés à la. fetme pour restituer au ·Ho'l les .élémPnts pe1•dus. L'azote, le prosphore, la potasse et la chaux sont les quatre ·é léments essentiels des engrais, c'est·à-dire les régulateurs de la vie végé1ale, au m<Yyen des:q uels la plante met en œuvre les au. tres éléments .du sol et de l'atmosphère. Un millier de kilogra mmes de substances minérales bien choisies as'surent dans certains cas à un hectare dlnue terre, par elle-même de médio1cre qualité, une récolte Œe blé aussi belle que.les 50,000 kgs de fumier de ferme ordinairement employé, parce que celui-ci ne renferme ·q u' une assez petite fraction de sels miné1·a,ux immédiatement a.s similables. On 'peut connaître si une terre renferme les éléments essentiels des engrais ou si elle en est 1lépourvue, et voic,i comment: Une prairie est pourvue d'a·cide phosphorique et de potasse quand elle a beau,c·OiUp de légumineuses. La réu ssite du blé prouve que le sol est pour·vu &azote. Des pommes de ter-re aqueuses et pr-ovenant pourta.nt d'un terrain non humide indiquent que la terre qui les a. portées manquait d'acid!e phosphori· que. E st I>a.une de soude e t d'a.cid'e ph01sphorique la vigne qui ne prod'udJ que peu· de bois et des tais,ins chétifs. Si l'adiou de la matière azotée est reconnue t rès favorable pour les céréales, elle est moindre pour la pomme de terre, nulle pour les pois, nuisibl e même pour le tl"èfle. La eulture expérimentale permet, pa.t conséqu€nt, d'analyser un· sol par la plante elle-même sans reeou,rü· à l'a nalyse chimique. Connaissant la domdnante d'une plante, la réussite ou l'insuccès de sa culture dans le sol expérimenté indique que ln dominante s' J

coffilplet, c'est-à·pire réunissa:at les principaux éUiments de rengratis, à. diverses Hspèc:es de plantes cult ivées simultanément eu sol inconnu, on peut en inféret· les (i lt5ments foatnis [HU' le sol I Jui-même. ' Les eng1·ais les mieux azotés sont la cO'l·ne en poudre qui renferme 10,2 % J,"azote, Je sang desséché (11 à 12 %). les chiffons de laine, purs .(16 %), le nitrate de S'Otlde (15 à 16 %) et le 'sulfat e d' ammoniaque (20 %). L es engrais humains ne renfel'ment que 1 % d' azote, et le fumier de ferme 0,50 %. De là la quantité de fumier d e ferme pour produire les mêmes effets qu'avee les engrais chimiques jn:d.i cieusement choisi s. Les engrais qui out le plus d'acide phosphorique sont la poudre d'os (23 à 28 %) et les scories Thomas qui en renferment de 15 à 16 %. Les engrais humains n' en o,ni que 1 7'o et le fumier de ferme 1/5 % envd.ron. Les meilleurs engrais P'û'tassiques sont les cendres, la suie de bois, la vé· ri.tablc ka'Ïllite, le fumier de ferme, le purin et les engrais humains. L'azO<te coùte 1,50 fr. le kg., ra.cide l>hosphorique et la potasse 0,50 fr. le k. Avant d'épandre le fumier ou l'engrais chimique sur sa pi'o:priété, le cultivateur doit oonnaJtre leur degré de solubilité, c' est-à-dire d'a·s similation intime avec le sol et choisir le temps qui est le rplus pl'opre à ce travail. Nous nous arrêtons ici en remerd.ant bien curdialement l'aimab!'e conféren· cier de ses ut.iles conseils et sages leçons, et eu offrant gra!cieusement une fleurette d'e gratitude et de bon souvenir à la dévouée 'e t vaillante vetite Société d'agricultu re d.e Bramois, qui l'a appelé au milieu des siens dans un but philantropique et de solidarit é fam i· liale et économique. . JE.>an PRALONG, iut.

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SOCIETE:VALAISANNE D 'EDUCATIO N L'Etole )JJ irunire donne de 12 à 15 livraisons de 16 pages t hn n mt'. non n mpri~ la couwrture et autant de suppléments de 8 à 10 prq,;l':s 1 ('ntlant le cours scolai;e. Prix cl' abonnem{!nt : Suiss e fr. 2.:10 Union )lOS1ale t'1·. 3 .l

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. Que le maître soit simple, patient, exact; qu'il••e soit nt ame•·, ni c1ffensant; mais qu'il ne fet•me pas les yeux su1• les défauts qui mériteront attention. ROLLJN


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