Supplément au :No ~ de ,l' &cole" (1S~It)
8 de toi?. . . la limite extrême d'admission, ne l'as-tu pas ld6passée?... Tes cheveux blanchissent ... el la vie de travailleuse acharnée ne t'a guère préparée à un si brusque changement. Un éclair lui traverse l'esprit: - Me consacrer à une grande famille, n'est-œ pas quelque chose du .sacrifice que je rêve?. . . J'aurais à obéir. . . à me dévouer. . . Je trouverai la souffrance et exercerai J'apostolat ... Qui sait si Dieu ne m'a jpa_s inwosé le rude ap,prentissage que j'ai fait pour me disposer à œtte be:Ie mission? D'un élan instinctif, elle dressa les yeux vers le crucifix de ~amille qu'el:e avait tant de !ois prié ... Son regard s'y rencontra avec celui de la bonne dame qui, tout bas de son côté, murmurait des prières. Jeanne avait pris sa décision. ·EUe se tourna vers la visi-teuse: --. Je suis à votre service, MaJiame. ~ Ah 1 merci, 'Mademoiselle. Combien de vos journées me donnez-vous .par semaine? - !Mais toutes! Combien de teltl>s? - Aussi longtemps que Madame voudra. - Alors, vou.s a,cceptez d'être ma domestique? - Oui, !Madame. - A quel prix? 1Puis montrant à sa nouvelle pa.tronne la lettre commencée, dont elle lui expliqua le motif, elle ajouta: - En ce terqps-.ci où l''on doit manifester à 1a famille nombreuses un dévouement exceptionne-l, ce sera ma façon de me donner l Dieu.
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Avis aux parents
t ·Parents, si vos enfants savent leur catéchisme et pratiquent ce qu'il enseigne, ils seront des enfan·ts arffectueux, -obéissan1s, respectueux et dévoués. Le catéchisme bien su et b:en pratiqué fait Je bonheur des familles, n'est-il pas vrai? !Eh bien, alors, nous comptons sur v_ous pour le leur faire étudier et pratiquer.
Variétés
---- Ce qu'est Nazareth .........
L'homme bleu
Le nommé Fred. Matters, dit bleu, v:ent d~ mourir là Coney Island Unis. '.M'atters, qui portait -sur les de Ciii_Ue Je titre de capitaine, était, en beaucoup plus connu sous le nom de • 'T\e .bleu •· Il avait été, dans sa .jeunesse toX:C;ué par des sels de nitrate d'argent: avait réussi à le sauver, et il n'aurait servé aucun sourvenir d'un accident qui vait pas altéré sa santé. si son épiderme vait rpris, depuis l'empoisonnement, une te bleu foncé qu'aucun traitement n'avait fa're disparaître. nu reste, quaud Matters s'aperçut que te particularité pouvait faire de lui une traction foraine, et lui permettre de sa v!e, il n'insista pas. comme le noir de légende, le b~eu continua. 'Les médecins qui ont fait l'autopsie de corps ont été 4mi étonnés de voir Gtre tion colorante du ,poison ne s'était pas née à la peau. Le œTIVeau, le cœur, d'autres organes étaient bleus. Ce qui ne erupêchait pas de œonctionner de la laçœ plus normale. Fred. Matters est mort l ans, d'une maladie n'ayant a'Vec le commencement d'emp,oisonrtenl• qui a fait sa fortune. UR polssoR veRirlloque
C'est celui qu'on vieDJtt de découvrir la ,baie de >Monterez. en Cailifornie. li a décrit par le professeur O.-W. Greent, l'université de 1Missouri, dans une ce faite récemment ~ Saint-Louis. .Ce j>Oisson est non seulement rescenro, mais il présente cette d'émettre des sons p'une intensité tante, en chassant violemment, d'une dans l'autre, le gaz contenus dans sie n-a,tatoire, divisée en deux séparés par une étroite membrane.
C'est, avant tout, dans sa vie à Na-
zareth .que la Sainte 1Famille est notre modèle à tous. «'Nazareth, en ef-
fet dit M'gr Gay dans ses « Elévations SUf la Vie et }a doctrine de JéSUS, » eSt te type consa·cré de ce que nous- nommons notre vi·e ordinaire, de cette vie privée ou domestique 'qui, ;p-our les enfants .d'Adam, quelles. que so~ent leur conditiOn et -leur fonction ·soctale, est le fond inévitable et, PO}lr ainsi parler, le lieu commun de l'existence. ,. Nazareth, selon le même profond auteur, ,c'est la vie séparée du monde, aon point des hommes: car dans l'humble cité qu'il habite av.ec .Marie et Joseph, Jésus ne vit pas :sans relations; mais il vit séparé du monde, des habitudes. dies mœurs et de l'esprit du monde. 'Entre lui et le monde il y .a déj:à la croix. cette ~croix qui seule a le secret et ta vertu de faire entre nous et le mal tes séparations décisives. 'Le divorce ~c le monde est d~ !'·essence de 1'-esprit chrétien, ;puisque les enfants même y renoncent par procuration à leur bat>tême ... Nazare~h, c'est l'humilité! Quel abîme pour un D ieu ·que oette chambre de la Sainte Vierg:e, en partie creusée dans te rocher; que ce p·auvre atelier de l'ouvrier Joseph: -que ces privations fréquentes, que ce régime grossier. que cette obscurité complète: que cette absence awarente de toute culture, que ce sembLant d'inaptitude à tout ce que les hommes pris·ent te plus id-bas : le trédit, l'influence, les honneurs, le pouvoir! Et dans -cette universelle humilialion, -quelle ~érénité et que1le paix! 'La paix de la justice, la paix des lois volontairement subies, aimées, em'bra~-
Iles .. ,
iNaZJareth, c'est encore le sil-ence. Combien peu de paroles on y disait!
mais quelles paroles! paroles de saints, paroles tout intérieures, paroles célestes. :Paroles de vie tout embaumées de grâce, paroles à réjouir les anges, paroles dignes d'être écoutées par Di-eu ... Le monde est bavard et bruyant. Tout ce qui est -creux est sonore. Le monde est creux: son esprit, c'est la vanité, l:f semblant le rêve, le mensonge, la fn volité. la' bagatelle. l-es riens, le ri·en. ne !là. le flux -et le prodi_gieux tumulte de ses paroles aUant dans tous les sens. et souvent se contredisant... Supposez l'esprit de silenoe envahis~ant }tél terre l'esprit du monde en sera1t soudain~ment banni, et Dieu v aurait facilement son règne ... !Nazareth. c'est aussi l'or.aison; le silence y est comme l'espace où l'oraison se meut. 0 quel sanctuaire et quel culte! Quel amour qui monte et descend! N azareth ·est le mystère de toute âme intérieure: ceHes-l'à même qui ne le sont 'POint y :Puiseront du moins la piété.... Qu'est encore Na:z;ar·eth? le travail: un travail assidu, parfois pénible, touiours courageux, toujours patient; tr~ vail saint. mais ·en même temps travatl de pauvre ; travail d-e pénitent aussi. et par conséquent travail humble, humilié. humiliant. C'est la loi de notre vie· de notre vie, même avant la chute 'mais surtout de notre vie ·à partir d~ oéohé -en tant ·que l·e travail est dur. douloureux et tient -du châtiment. Qui ne subit cette loi et n'en porte l'a charge? Oh! qu'un regard jeté sur Nazareth console et >d()nne de force! Quel frein à la :Plainte et quel adoucissement à la '])eine ·que le spectacle de l'Enfant-Dieu v·ersan t ses sue .... s ·en attendant de répandre son sang! Il ne se donne ·point ici plus de loisir qu'il ne faut. Comme tout ouvrier -honnête qui doit et veut ~agner son pain, il fait toute sa journée. S'il prend du temps .pour demeurer en oraison, c'est.
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la nuit de préférence et en abrégeant son sommeil .. . .Enfin, Nazareth est très principalement un lieu d'obéissance: «.il leur était soumis ». Jésus soumis, soumis comme un enfant à deux de ses pauvres créatures! Ceux qui commandent ici commencent :par obéir; l'exercice même de leur autorité est un acte d'obéissance. L'homme s'est levé dans son or.gueil et a voulu dominer Dieu; Dieu est descendu dans son humilité et s'·est rangé sous le pouvoir de l'homme. Oh! comme il dit déià ·à Naz.areth: «Je vous ai donné l'exemple, afin que vous fassiez comme j'ai fait». Le christian:isme n'est qu'un mystère ·et une doctrin·e d'obéissance: 1' E2'1ise, une société d'obéissants; le Ciel, une cité, une famille où tout ce qui n'est p.as Dieu met son cœur, sa gloir·e et sa joie à obéir à Direu. Nazareth est donc, à ce titre, la grande école chrétienne .. . 0 Nazareth! séjour béni de la sainte Famille, tu sembles une nuit: mais aux yeux de la foi tu briUes comme un jour plus radieux ·que celui qui natt idu soleil . .. 1Mieux vaut demeurer en toi, fût-ce un jour ou une heure. ·que de rentr.e~, pour y demeurer toujours, au paradis terrestre. Tu es comme •un bain où !''â me s'épur·e. comme un c:reùset où elle se forme. Rien que de p·enser 'à toi dégage Pâme, l'apaise, la recueille, la nourrit 'et l'élève. Si ce n'était le meilleur bonheur de vivre et d·e mourir où !Dieu voudra. c'est en toi que nous voudrions vivr:e et mourir. 1
Le Cardinal Schiner. Notes extraites de l'Etude publiée par les deux Sociétés d'histoire du Valais sur la vie du Cardinal Schiner.
Mathieu Schiner ·est né, vers 1465, à Mühli'bach, district de Conches. Ordonné prêtre en 1489, il devint ViCaire. puis curé d',Emen, ohanoine de la
Cathédrale de Sion et doyen de Val~ ~près plusieurs tentativ,es infrucre. !Après ·l a ohute de Jost de Silinen (1496)1Nicola.s ISchiner ·est nommé évê- tueuses ,(1 '500-1 ·1) , Schiner parvint enque de Sion. 'Schiner est appelé, par fin à la tête d'une armée de Confédéle p·ap.e ·Mexandre ~1. à succéder à rés: à chasser les lfr~nçais. d~ la H~e Jost de ISilinen le 20 septembre 1 rtalie e~ ~~ remettr·e M1lan au Jeune duc \Pendant la première période de Maximihen Sforza (campagne de Paépiscopat, le .jeune prélat mit tout vie. 15'12). Nommé évêque de Novare, zèle :et toute son énergie à Je 6 février 1'5'1 0, il est, en 1611, élevé vie religieuse du ,peuple et à d par Je pap·e à la dignité cardinalice au per le bien-être général. Il titre de Ste 'Patentienne. A !Marignan, l'instruction par la fondation françois 1er inflige .aux Suisses une et fit ériger de nombreux édifices sanglante défaite t(se,ptembœ 15•1 5). vils .et religieux. Il entretint un com. Ce rev·ers att·eignit gravement Je presmer:ce suivi avec les savants les plus ti~e dont jouissait ISchiner auprès du célèbr.es de son temps. pape 'Léon X et des Confédérés. Notre !En Georges Supersaxo ( Jorg uf der compatriote, toutefois, ne désarme pas fllüe) d'a!J>ord son protecteur et ami, et poursuit ses fins avec une inla.ssail rencontra un adversaire irréductible ble tena.cité. Sans relâche, il intri-gue qui lui fit une guerre sans merci et auprès de l'empereur tMaximilien et du parvint, ·en 15'17, ·à le faire bannir du roi d' An.~rleterre, Henri VI'II, ,contre le Canton . .Son élo·quence entraînante Et roi de franoe, et déjoue les visées de ses r·emarquables talents de diplomate celui-ci sur la ·couronne impériale allelui acquirent, aussi bien sur }e terrain mande en faisant élire Oharles-Quint de la politique européenne que sur ce- à la di~nité suprlême. En 1521, avec lui de la politique suisse, une influen. l'aide de volontaires confédérés, il ar· ce qui ne fit que croître. En 1503 dé- rach·e une fois de plus Ja ville de Miilà, il negocie la paix d'Aro~a: en 1507 lan aux français. :La .même année, il il s'·efforœ de mettre sur pied une ar· recoit l'administration de l'évêché de mée de mercenair·es ,p our la marche Catane. sur Rome, projetée par l'empereu_r .MaII prend part à l'élection d'Adrien ximili:en; en 1'508 et 1509, il ia1t par- VI, élu pape .après onze scrutins (9 tie du tribunal nommé par le pape janvier 1'522): au dixième scrutin, dix pour connaître du procès ecclésiasti· cardinaux s'étaient .prononcés pour que dit « affair.e Jeltz·er », dans lequel Sohiner. Malgré cet échec, ce dernier étaient impli'qués les dominkains du se met sans réserve au service du noucouvent de Berne; en 15'11, comme lé- veau pontife qu'il n'abandonne pas, gat apostolique il amène les Confédé- alors même que la peste ravage la Vilr,és à ·conclure une alliance avec Jules le •Eternelle. Le fléau l'emporte à son Il dont les ·efforts tendaient à ·déJi. tour le 11·er octo:bre 1522. IS.on corps vr:er l~ltalie de la menace française. repose, à ~Rome, dans l'église nationale A .cette époque, en effet, Louis X~t allemande de Santa Maria dell'·Anima. roi de •france, se prévalant des dro11J de son aï.eule Valentine Viscenti, cher· chait à faire la ·con'quête du Milanais; je ne connais dans la vie publique point œ projet constituait un danger r~ non seulement ,pour les !Etats de 1·& de plus profond plaisir que celui de lutter pour une gnnd'e vérité encore mal compri· glise, mais aussi .p our le Valais et la se. Guizot. Conf.édération. 1
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Un bean «risque à courir» pour la
~ anté
de nos enfants
!Platon .Proposait à ses disciples un idéal de vertu pour atteindre l'i.mmor- • talité véritable. Réfutant d'avance les .objections des sophistes, il envisagea cette immortalité ·comme un « beaù rrisque 1à tcourir >. C'est un risque de ce genre que je voudrais proposer aux parents. Depuis quelque ~in,gt ans, les autorités et l'initiative privée rivalisent de zèle pour promouvoir la vigueur physique de la génération montante. ·Maisons d'écoles mieux aménagées, visites médicales, ·colonies de vacances, SJPOrts, bains, caisses de maladie, voilà quelques-unrs des nombr-euses innovartions propres là sauveg.arder .et à fortifier la santé des 'ie:tnes. 'Les préoccu.pations hYJg:iéniques poussent mêmes ·certains par.ents aux soins exagérés du ·corps au détriment de l'éflucation morale et relig1euse et d'un endurcissement discret ~à la fatigue et aux intempéries. Il est si difficile de trouver le 'iuste milieu entre l'excès et le défaut. Voici une règle d'hygiène infantile dont l'application est des plus aisées.: :Aux ·enfants au-dessous de quinze ans, ne donnez ni bière, ni cidre, ni vin, ni ~au-de-vie, ni aucune de ces boissons dites hygiéniques qui .contiennent de l'alcool. - C'·est là ce fameux risque? - 'Mais oui. puisque, en suivant cette règ.Je, vous ne rprivez votre enfant d'aucun bien et qu'au ·c ontrair.e, vous avez grande chance de lui prépaT<er un avenir meilleur. - 1Et qu'est-ce 1qui justifie votre singulière gag·eure? · - C'est l'avis d~hommes compétents, de médecins qui di,sent: «Etant donné
12 l'état actuel de la science médicale en ce qui concerne l'action de l'alcool, la proscri1püon \d:e !boissons al1cooliques, quelles qu'elles soient, aux enfants bien portants ou malades, est en toute cir• constance i...1justifiée et devrait être interdite. » Je pense n'être pas ·en mauvaise posture sous le patronage de .ces spécialistes de l'hygiène. - Mais j.e n'ai que faire de votre « beau risqÙe ». Pourquoi mon garçon ne tremperait-il rp~ ses lèvres à la coupe? Il saura s'arrêter à tem,ps. - C'est donc à votre liberté de..... chef de table domestique que vous faites appel? Fort bien. Mais alors la question change d'as,pect. Ce qui n'était tout à l'i1eure qu'un beau risque à cour.ir devient une gageure singulièrement sérieuse dont l'enjeu peut être la santé et l'avenir de votre enfant. - Trêve d'·exa1gérations! - Plût .à Dieu 1que :vous eussiez raison en me taxant d'exagéré. Mais hélas! Il ne faut jamais avoir .observé de près ·ces foyers désorg.anisés: par la boisson, n'avoir jamais lu l-es accusations muettes sur les figures maladives des victimes précoces de nos habitudes alimentair·es pour nier l'influence né[aste de l'alcool. D'ailleurs je n'oserais guère assumer la res.ponsalbilité d'une affirmation aussi ,grave sans m'appuyer sur l'avis de nombreuses autorités médic3les. Les hommes compétents en la matière, 5pécialistès de la question aicooli'que, sont loin de s'accorder en ·ce qui concerne l'usage des boissons fermentées quand il s'agit dJadultes; mais ils sont pratiquement unanimes à désaPprouver l'usage de œs boissons pour les ·enfants et les jeunes _!!ens. 'Voici le verdict de deux d'·entre eux: «:Pour les enfants au-dessous de 15 ans. l'usage d'e l'alcool est nuisible dans tous les ca1s et sévèrement à in{erdire." «!Pour l'enfant et l',aldolescent, même
la ,plus petite quantité de· boissons at. coo~iques doit être considérée comme un exces. » Ces paroles méritent ·certainement d~être méditées ,par les .pères et mères conscients de leur devoir éducatif. J'ajoute que l'action de petites do. ses de vin, de bière et de cidre échappe ~énéra1ement à l'œil distrait \e l'hom. me superficiel et à la complaisante in. dulgence de la plupart des parents. tEst-ce -chose étonnante? Non. 'les hommes habitués à découvrir les pu!. sations profondes et lentes d'une Vit d'en1ant ne sont ,pas très nombreux. Je n'ai nullement l'intention de dé. lfouler devant vos y·eux le film tristement impressionnant des méfaits de l'alcool. Ces tares avilissantes que vous observez ·chez les buveurs notoires guettent dans une certaine mesure l'en. fant él-evé sous l·e rég.ime ordinaire des boissons .akooliques: ·corps. malingre, chétif et souffreteux, manque de vita. lité et moindre résistance aux ~p-idé mies infantiles, esrprit distrait, incapa. cité d'attention presque invincible. Sous l'influence de l'alcool, les instincts 'bas et pervers qui dorment au: fond de tou. t.e j.eune âme s'éveillent ,prématurément et brisent la puissance naissante des sentiments nobles. C~est !donc dans son fondement même 'que l'alcoolisme 'infantile atteint et minf le travail de l'éducation. Et ne me dites .pas que vous n'obser· !Vez pas toutes ces tares chez votrt enfant. La dégénérescence peut sour· noisement poursuivre son œuvre des· tructrice, miner en cachette les excellentes dispositions de la .jeune âme el prép·arer l'·expl.osion subite des pass'ions mauvaises. 'Mais là quoi bon étaler .au grand jour le sombre tableau des misèr:es a~ cooliques! Il suffit d'.en .avoir fait en· trevoir discrètement un coin pour ins~ nuer dans l'esprit des pèr:es et mères une ,partie de la triste réalité résumée
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dans les qua.tre propositions suivantes : 1. t'alcoolisme moderne est une ,plaie sociale. · 2. Il atteint beaucoup d'enfants, soit par !'.hérédité, soit par la consommation précoce d'alcool. 3. Falcoolisme infantile .engendre de nombreuses tares physiques, intellectudles et moraies. 4. Ces tares .empêchent le succès de l'éducation. Conclusions: «;L'absti'nence totale 5~ropose aux enfants jusque vers l'âig:e' de 15 ans. » Voilà donc les deux risques proposés aux ,parents: l'un beau d plein de promesses, l'éducation abstinente de leurs enfants: l'autre périlleux et charré de menaces, le laisser-aller aux habitudes courantes 1de la tabt.e familiale avec son rég.ime de boissons akooliques. L'amour éclairé d~s pères et mères n'aura pas de peine · à choisir. O.
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Le
pain de Dien
C'était un soir de moisson. Lentement deux grands lbœu~s bLancs, tachés de noir. traî!Wlt le char ou les gerl>es tassées ét:ncelaien! d'or au ,couchant. Au milieu de la paille ardente une jeune pao/sanne était assise, c'était Gewaise, ·la mie d.u maître de la moisson, .t rônant comme une reine entourée de ses trésors . .Elle était jeunesse, beaulé, rire clair, elle semblait porter la joie. De temps en temps les bœufs suants soulevaient ·leur cou massif et regardaient le docher du. village qui se rapprochait à mellll'e que s'accéléraient leurs pas lourds. •Enfin, les premières maisons appa!Turent et le char roula plus lentement sur les pavés iné· raux avec .un, grand .bruit qui fit a,ccourir· lts enfan;(s à l'entrée des cours. Avant d'arriver au portail de 'kt grande ferme de ses puents, Ja jeune fi.I!le se retourna et regardi le presb}"!ère tout d.élabré, car le curé
était pauvre et le village irréligieux. Puis, soudain, saisissant dans ses bras robustes la plus ibelle gel'be du char, une gerbe immense, pleine et serrée, sur la<;ue.Jie son dos s'appuyait, elle la lança au •seuil de La maison du prêtre en cr iant à la servante. • Voi~ pour fairt le pain du bon Dieu! . Les moissonneurs qui précédaient le char se ;retournèrent étonnés et J'un d'eux, le père de Gervaise, haussa les épaules. !La nuit vint, une nuit d'août à peine attiédie et si claire d'étoiles ,que la nature sem· blait se refuser au sommeil. Les grillons criaient éperdument, iles herbes tremblaient au passage des insectes et l'on entendait les bœufs s'agiter dans l'étable. Mais Oervai~e, vaincue par .le labeur des champs avait déjlà regagné sa chambrette au pJ.ancher •de sapin, criant sous •ses pas et tapissées de fleuTettes bleues. Par la fenêtre à petits carreaux, .qui donnait sur le village, elle apercevait l'aibsi•de de I'éjrlise et la lumière danl'ante de l'autel; le visage tourné vers le tabernacle, la ,jeune fiHe :fit une courte prière à genoux, -se coucha et s'endormilt a'ussitôt sans se douter que le curé, reconnaissant de la gerbe dorée, véllait tout près sous la· lampe à 1Verres rouges et priait ·pour elle. ... Gervaise s'ouvrit au rêve: elle ne se trouva plus dans son bon lit de campagne, mais étendue au ho:rd· d'un champ de hlé que l'aube commençait à baigner de clarté. Une brise légère courait entre les épis <;ui s'inclinaient avec une musique douce connne un cantique. Bientôt la jeune fille dist\ngua des voix ténues et cadencées qui disaient. • Gloire au ,Créateur qui \tiOUs enovoie son ~oleil ,pour ce jour encore; peut-êlTe la fauciJ.le froide nous couchera-t-elle ce soir dans la poussière? gloire au Créateur, s'il en est ainsi, puisqu'il faut s'asserJVir pour devenir le pain de Dieu; on nous emportera loin de ce champ d'azur et d'or, oi:t nous chantions la vie en inclinant nos épis, lourds de ridhesse et de joie; gloire au Créateur, s'il en est ainsi, . puis-
~u'il faut s'exiler pour devenir le pain de
Dieu; nous serons entassés dans un grenier sombre et frappés par le f).éau qui fera voler en éclat notre vêtement vermeil; gloire au Créateur, s'il en est ainsi, puisqu'il faut souffrir pour devenir le pain de Dieu; et :la meule impitoyable nous écrasera jusqu'à ce .qu'il ne reste p1us de nous qu'une fine poussière blanche. . . La poussiè~e de notre tœur mis •à nu sou,s le pressoir. gloire au Créateur, s'il en est ainsi, puisc;.u'il faut se dépouiller de soi-même pour devenir le pain de Dieu; et notre brine légère sera pétrie longtemps, par une main qui n'aura pas de repos jusqu'là œ 'qu'ait disparu notre apparence première .. . nous de'Vien·j·rons une dhose toute nouvelle, une pâte homogène douce et pure; ~loire au Créateur, s'i:l en est ainsi, puisqu'li faut se transformer sous la main divine pour devenir le pain de Dieu; en!in nous suibirons 'l'épreuve du feu ~us qu'à ce <;,ue nous soyons prêts à serv.ir pour l'autel; gloire au Créateurr, s'il en est ainsi, puisqu'i~ faut être pur et consumé de charité; pour devenir le pain de Dieu. » :Et le chœur des épis s'en5la soudain, on aurait dit qu'il s'é:evait de .J'univers tout entier et montait jusqtt'au ciel disant : • Heureux celui qui sera trouvé digne d'être oli'fert en hostie et changé en Christ.» A cette immense clameur Gervaise tremble d'enthous.iasme et de désir; mais tout à coup. la vision s'évanouit, l'appel strident du coq chasse bien loin les harmonies su:rna~ure1Jes, la jeune fille se retrouve coudhée dans sa c'rtambre là fleurettes bleues, l'angelus soMe ~tu clocher. Depuis ce rêve, accordé .sans doute à la reconna·i~sante prière de son curé, Gervaise devint :soLLdain plus assidlle à la messe matin:cle, eHe fj,f venir de la ville des livres saints,. dans lesquels on la surprenait lisant lentemenrt à la lueur de la lampe, alors que tout dormait au •village. El!le demeura sim·
pie et bonne, mais se vêtit plus encore qu 'aupara·vant et cela au néiiœ des pauv·res, ses n;ei!Jleurs amis. ·En5in le jour vint où le père de parla d'accO!rdailles. Ce [ut un jour d'ans la maison jusqu'alors heureuse me. La jellille lille, re!poussant les tions <;ui .Jui étaient faites , avait mur des mots mystérieux à l'oreille de sa m odes scènes douloureuses suivirent. Gervaise avait 'compris l'aiPpel chanté les blés. ·Bile s'arr·acha de sa maison aimée, le cœur brisé de l'indignation de père et, plus encore, des larmes de sa ellie I<!Uitta sa car"'1pagne riante et vint fermer à la ville non pour goûter des sirs factices, mai.s pour .s 'y mettre à du renoncement ,dans un couvent de mi;ssionnaires. J.es années .pas·sèrent. Un jour on vit nir au iVillag~ une sœur li robe grise et leau noir. Au premier abord, nul ne nut Gervaise. Ses fraîches couleurs s'étaiat fanées, une rutibre viole#e -agr-andissait 58 yeux brillant de fièov'r~, mais une paix surna· tuTelle ra!}'onnait sur .son 'Visage et lui dot naît une beauté nouvelle, attirante et ma.jet tueuse à la fois. iLa jeune religieuse revenait ·d'Afrique, ma. lade ,d 'une ma'la.dlie qui ne fait point grlœ. Ses supérieures essayaient pourtant de li faire respirer quelques semaines son air Dt l!:a.J, si ·f ort et si sain. ,Et Gervaise était vtnue, sans ,regret, sans espoir personnel, ua~ <;uernent ·souciellSe d 'obéir et de semer le boa grain dans le foyer, trop fro.id pour Oleg, où elle avait vécu soJJ enfance. !Pendant les longues nuits d'insomnie, dall la chambre tapi•ssée de ~leurettes b!eut~, tou.fes passées ma·intenant, Sœur Gervaiae regarrl'ait la lumière rouge de l'autel en f. coutant chanter en elle le ·cantique des bl& Elle en était a·u dernier couplet, elle le sel' ta i.t bien, et il lui tardait de consommer 5111 sacrifice pour la rédemption de ceux qu"elk aimait. A!Près la moiM~on, la Sœur gr•se el noire regagna sa communauté où, peu de temps après, elle mourut doucement, tandil que, au village, .on fa isait les semailles
IIJIIIIe· A .puti..- de cetlè mol'! obscure, prese ignorée, un grand dhangement se lit .au ~Oage flUe Gervaise avait jadis charmé de fi joie et .sanctifié de sa douleur. 11 ,r.a mère de la Sœur grise se mit à fréquen. ter l'église, 1je.dis albandonnée, et à rassemblet l'fès d'elle Jes petits enfants pour rapdre ave'c eux son ca.téohisme oublié. Le : : fronçait farouC'hement .tes sourcils lorsqu'un blasphème échappait à un garçon de ternte et, .quelquefoi.s d 'a:bord, pu.is chaque dimanche, on le revit à la grand'messe. L'un tt l'autre ·sentaiemt que le regard pur et lé;rement pensii de leur ,sainte les appelait tbaut, dans sa lumière; ils montaient in-1 tensi)jlement •dans son sillage et la contrugion de Ja .vérité paisible gagna peu à peu autour teux. Gervaise était devenue le pain de Dieu; 111is le pur froment de son corps sacrifié, retourné en terre, avait de nouveau germé spirituellement et y [portait beaucoup de fruits. fLes Causeries). René Zeller.
La petite étoile Une ffioile! .. Toute petiie cltose brillante, fine aiguë, lointaine. .. si lointaine! Dans Ja .viiJle on ne voit pas l'étoile .. . Au vi~lage, le paysan la rega~de pour augurer .du temps qu'il fera. Pour lui, elle o'est qu'un baromètre. !Mais lhomme, qui reste un homme, la coatenwle en 'tant qu'étoile . .. , son mystère l'altire, et, comme jadis Pascal, le silence de œs espa<:es infinis l 'effraye. Etoile, qui es-tu? 'D'o ù viens-tu? .... Pourquoi me fixes-fu ... 1aniôt avec un jmmobile rayon, tantôt avec de pa'lpitantes prune!·
les?.. .
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Quand il n 'y a pas d''éto:Jes, le vis3!ge du monde est sans regard ... , la nuit est davan· !1re .nuit . .. , tout le grand ciel est mort. Mais il y a toujours des étoiles! . ..
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ILes étoiles ri1gides et matér ielles ne sont que les images des au tres. Car d'autres étoi les s'aHument au ciel !des âmes Bienhellr euses ces âmes-là, car elles • voient». \Le bonheur de voir! . .. Si vous voulez eu mesur er l 'étendue, f!gurez-vous, un instant, que vous ne • voyez ,plus . . . • , que vous • ne verrez plus jamais», ni .l a douce clarté des matins, ni la splendeur des beaux soir s . . .. , ni les :visages de vos a imés. • Voir dair!. . . » ne pas hésiter sur s·a route .. . , ne ·faire aucun pas en dehors de sa voie. /« Avoir la Œoi en son étoi~e •. Je su.is ici-bas pour une raison • précise ». j'ai ma ,vocMion • à moi. . . •, l'étoile me regarde : • Pose ici ton pied ... 'P rends ce sentier montant . . . Tous ·les dheveux de ta tête sont comptés . • . • Puissante~, ces âmes-là, oh combien! . . . Elles croient ... Douze apôtres on4 cr u et ils ont soulevé le monde. ~ 'L'étoile veut qu'011 la • cherche ». .Pour la trouver, il faut lever [a tête. Alors, sa clarté vous emplit les yeux. - Si je sawis où est le chemin 'd e Da· mas, j'irais m'y promener! . . . disait Maxime du Camp. Ce ,n'est ,pas • en se promenant • qu'on trouve l'étoile, mais en implorant à genou1 sa divine lumière. - 6eigneur, bites que je voie! .. . - Seigneur, faites que je croie!.. . Je crois! .. . ,Aidez mon incrédulité! . .. criaient à genoux nes premiers néophytes sur les rou· tes de Judée.
0 Ce qui empêche de voir l'étoile, c'est souvent le bon11eur humain, petite et tremb'ante lumière qui barre la route à l'autre, comme un seul arbre empêche parfois de voir ·tou· te la forêt. C'est souvent aussi l'orgueil. Le ciel .humiEe i'homme . . . ~n est s~ grand1 si haut. si plein de mysiè-
16 re, le grand ciel de Dieu! IL'ho.mme descend alors 'd ans .sa cave . . . · il s 'y enivre de lui-même et de toutes le~ petites <:hoses à la portée .de sa petite main. L'étoile a :besoin que les autres lumières s 'apaisent, teomme à Emmaüs, où le Christ ne se révéla ·q ue dans la nuit commençante. Vétoile a besoin de si~ence, encore ~om me Dieu, lequel n 'est pas dans l'agitation et Je bruit.
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17 Nous venons de te fêter, é toile •n se, qui conduisis les païens de jadis ve vérité. rs !Hélas! des païens, il en reste encore. tl! eu restera tollljours ... Car, toujour s, il y aura des hommes auront ,des yeux pour ne point voir. ~ais, nt te _caohè pas, petite étoile. Br1lle, au •contra1re, plus que ~amais, sur céan humain. Toi seule, tu sais ~es regards qui rent. Toi seu·le, tu :peux oadculer les vies tu diriges , et à ·quel point tu es la de certaines âmes, le saiut de toutes, qui consentent à se tourner vers ta • !Etoile de la foi ... ifi,l ténu, ;mais ·dbsti~é, qui relies l'otnbn à l'éternelle clarté ... Pierre VmMITE.
Bienheureux ceux qui ont vu l'étoile. 1Bienheureux ceux qui ont fo i en elle, 1même quand elle se caèhe. · !Bienheureux ceux qui, du .fond de la sou(lfrance humaine, s'écrient: « Je sais que mon Rédempteur est vivant et que je le verrai au dernier ,jour." \Mais bien'h eureux surtout ceux qui suivent tétoite sur ~es hauts chemins où elle ..., ,.... appelle tou,jours. .T ous ceux ici-bas qui ont fait quelque Leçon de logique chose de grand l'ont fait parce qu'ils avaient Un professeur d'Université libre les yeux lfixés sur l'étoile. demandait un jour à des étuJdianls iLes hommes peu,vent accumuler jalousie ques qu.i suivaient ses coll!rs. sur qalousie, haine sur haine, vengeance sur sincèrement, vous croyez que, ·lorsque .vengeance, celui ,qui regartle l'étoitle . . . , GUi :prêtr e 'VOus communie, votre Dieu s'unit se sent suivi par etle . . . , aimé par elle . . . , œressé par sa lumière, trouve au ·fond d~ 1 vos âmes pour leur communiquer sa vit? - Oui, maître, évidemment! - Alors, son isolement, au fond même de son cachot . ' , ' communiez souvent? -Oh! ça!. .. u~e .JOie qu aucun adversaire ne peut lui rament, rvous ne communiez pas? Alors, je vrr. vous conwrends plus. . . ou hien :Et Paul disait la vérité ·q uand il écrivait : moi S·U,Woser qu_e !Vous ne croyez' pas • Au milieu .de toutes mes tribulations, j'aautant que ·VOus · ·v oulez bien le dire! bonde, je surabonde de .joie .. . "
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Quand nous descen:dons en ce pauvre monde, >Dieu aHume .une étoile. •Elle est ~ n011:re • étoile ... , notre chère étoile. Quand elle s'éteint, toute raison de vivre s'éteint avec elle, car elle est la foi et b. foi de notre vie. :Mais, au dernier rayon de cette étoile, Dieu eu alllume llil1e autre. !Bt ,cette autre est la lumière définitive du jour qui ne doit pas finir.
Une pensée pour ceux qui aouflrul Vous ue pouvez vous faire à la :pensée ne plus trouver nulle part, sur la terre, âme 'à laquelle votre vie semlblait Elle est douloureuse, cette séparation qui venue déchirer votre, c.~ur, mais vous que « nos liens ne se brisent qu'en parence · . . • Dieu, <iUi les a formés sur !er•re, transpor te . au ciel ceux . que no~s .Il' mons, pour nous for-cer à lever -les yeux l'éternelle demeure.
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La parole et' l'exemple IMerv.eilleux sont les effets de la parole! Elle instruit, console, éclaire, propage la vérité. Sa puissance est telle qu'die peut relever les courages abattus, ·enflammer les cœurs et mêroe convertir les âmes. ;Mais peu d'hommes ignorent leur &evoir. tandis qu'un grand nombre manquent de ·courage pour le bien rem•plir. Il importe plus, ,p ar conséquent d'entraîner les volontés rebelles que d'éclairer Ies intelligences. Qui, du moraliste ou de l'homme de bien, r.éussira dans c.ette tâche difficile? Le premi·er dit ce qu'il faut faire ; le second prlêche par l'exemple. Or. si la -parole est un guide, l'exemple est une force qui attire et 'finalement triomphe de nos résistances. Nous fait-on indiscrètement la morale? ISemlblable au soldat en danger, nous nous raidissons. L'exemple, par contr·e. au lieu de nous attaquer de front, nous gagne à notre insu. Nous rougissons de notr.e faiblesse à la vue d'un acte héroïque accompli par quelqu'un de nofr;e entourage et nous nous sentons entraînés à sa suite. Il est d'ailleurs des ·Cas où la parole n'a plus d'influence sur le cœur : seul l'e~emple peut ,produire ·d'heureux effets. 'Lorsqu'à !Sempach nos ancêtres s'étaient vainement rués .contre },e rempart de f·er de l'armée autrichienne, les élO'q uents dis,cours des chefs. eussent été impuissants. :uexemple d'un héros opéra 1e prodige qui aboutit à la victoire. Considérons l·es martyrs. H eût peu servi de les .h aranguer si les prêtres et Les ,papes eux-mêmes n'avaient méPrisé Ies tourments et la mort? A leur ~uite, ·des milli·ers de :Personnes de tout a~e. de toute ·condition, n'hésitèrent Pas à devenir la 'proie des fiammes ou la pâture ·des !Jêtes :féroces pour r·en-
dre témoignage au seul vrai Dieu. Cependant, ta puissance de la parole ne peut êtœ contestée. Elle produit de magnifiques élans d'enthousiasme, excite au r.epentir les cœurs les plus endur:cis, inspire de généreuses résolutions: témoins les mémorables succès des prédications des rBossuet, des Bourdaloue, des Lacordaire, de tant de nos zélés missionnaires. Mais. dès que le discours n'agit ,plus sur l'auditoire, fémotion se ·ref.roidit. C'est en cela que la parole diffère de l'·exemple. Ce dernier influe lenttment, mais ses eifets sont durables. C'est grâce à l'instinct d'imitation, don précieux et .funeste à la fois, que nous sommes portés à treproduir·e ce qui nous frappe. Par·ents et éducateurs chrétiens, c',est de vous que dépend. l'avenir de la jeunesse. Semblable à la cire molle qui garde la forme ,qu'on lui imprime, l'enfant se modèle sur ceux qui }'.entourent. Pendant longtemps, il est incaipable de concevoir un autre idéal que telui ·qui est concrétisé dans les :Personnes qu'il respecte. C'est pour· quoi, parents et maîtres, votre devoir est de veiller rà .ce ·que vos .conseils ne soient pas en contradiction avec votre conduite. «Les âmes grandissent au contact des grandes âmes. »
La Liturgie l.a foi nous enseigne ElUe l'Eglise est une société instituée par Notre Seigneur JésusChri~t. iELle doit pa.r conséquent rendre comme un culte ,s ocial â [)jeu. Aussi la Liturgie qui .renlferme tous les actes de ce culte en est la 'forure sociale. On peut donc définit la Liturgie dans l'Eglise : l'ensemble des Choses. des Paroles, des ,Q hants, des Actes et des Rubriques, ordonnées par l'Eglise pour ren~l:re à Uieu le culte social et public qui lui est dQ. Et d'ahord1 par Choses, on entend
lS.
19 les substances antmees et inanimées, que l'I:glise emploie dans •s a .Litu.rgie. Elle paraît y avoir re,présenté les trois règnes de la nature, un règne minéral, elle demande la pierre et le Ina.I1hre pour ses temples; le fer, le cuivre, ['argent et l'or pour ses ustensiles sacrés. Elle emprunte au règne végétal les fleurs pour les ornements de ses autels; le )pain et le vin pour l'Euc'ha:ristie, l'huile et le baume pour le Ba.ptême, la Confirmation, l'Extrême-Ondion et l'Ordre, l'encens pour ses cérémonies, le lin e.t le dhanvre pour les !Vêtements de ses ministres. nans le règne animal, le ~ à soie lui fournit ses plus beaux tissus, et l'abeiile sa cire parfumée. Au reste, comme toutes les créatures viennent de .o:eu, il faut r;u'elles proclament ses louanges à leur manière. [.'homme, qui en est l'intermédiaire, doit les faire concourir à sa glotre. • Toute créature, d'it Bossuet, veut honorer D:eu et adorer son prindpe autant qu'ei:Je en est capable. La nature insensible, 1lrivée de raison, n 'a point d'intelli-gence pour le connaître et de cœur pour l'aimer. Ainsi, ne pouvant C{)nnaître .t out ce qu'elle peut, elle doit se présenter ~ nous pour être au moins connue et nous faire connaître son divin Créateur. ~ C'est ainsi qu'imparbitement et à sa manière elle glorÏ!fie le Père céleste. Mais ._ afin qu'elle consorrmne son adoration, - l'homme doit être son médiateur; c'est ~ lui de ,prêter une 'VOix, une întel[gence et un cœur blillant d 'amour à toute la nature visible, pour 'C:,u'elle aime en lui et partout la .beauté invisible de son créateur. Mais l'usage des choses matérielles· dans le culte sacré n'est pas seulement un devoir pour i'hom.me, c'est encore un besoin pour sa .nature, car il est constitué de telle sorte, que le secours des -~ets sensibles lui est nécessaire pour s'unir là Uieu. Ainsi quand il aime, il ne se ,contente pas. de le dire luimême, il 'le \fait di~e par 1tout ce qui· l'environne. :Sous le nom de Paroles on désigne le TexteSacréqu'onlità haute voix ou à voix hasse Comrile la parole est un des plus beaux ldons que Dieu, nous ait faifs, il convient de lui en
ofuiT !-~hommage dans le culte c;ue nous lut rendons. Du r este, elle est nécessaire au Saint Sacrtfiœ, aux Sacrements et aux Sa. cramentaux, dont elle consti1ue ordinairement la forme essentielle. .Le princiiPal but de la Liturgie, _c'es·t d 'honorer Dieu par l'expres. sion de notre foi, de notre espérance et de notre charité. Or, n'est-œ pas surtout la Pi· role 1dont elle a besoin pour le réaliser. On appeile Ohants les mélodies, que l'E. glise emploie (lans son cuJte. Rien n'est plus naturel à ,J'homme que le chant. Il chante ses joies et ses douleurs, ses craintes et ses mal. heur'S. C'est donc pour se 'conformer à notre nature que J'Bglise a !Prescrit le chant corn. me une partie essentielle de la Liturgie. I.e Chant complète admirablement le langage. u exprime une !oule de pensées et de senti. ments, que ne saurait traduire la puole; il exerce sur notre âme une merveilleuse in. f!luen'Ce, et l'ouvre doucement aux salutaires impressions 'Cie la grâce. Par sa ma,jesté, son 'o nction et sa suavité, i1 rehausse 'la pompe du culte ; et !Par -la variété de ses mélodies; il prévient tout œ c,u' i~ pourrait y avoir de fat:gant et de monotone dans seg. ·Rites. · <Les actes, qui comprennent tous les -mou. vements du ·c orps, servent il nous inspirer pour les choses saintes un plus profond re&o pect. Ils nous !ont aus•si mieux comprendn les !Mifstères de la 'Religion. Par exemple, le Signe de la Croix, si souvent répété dans Fadtnînistraiion Ides Saarements, nous apprend que ces Sacrements .f irent toute leur vertu de :la mort de Jésus-Christ. De même les Exor:cismes et les Insuillflations dans k Baptême nous rappellent que l'enfant est !t' tenu par le ,péché originel sous la tyraMie du ~mon, tant que ce sacrement ne l'a pas régénéré. IEnlfün par 'Rubriques, on entend les règles ou .Jes lois déterminant les pamles, les chants et les a~ctes <tu'il bUJt employer dans les Rites ou cérémonies religieuses, ainsi que le temps.' le lieu, l'ordre et la manière de les lliCCOmplir :E n procurant l'uniformité dans le Culte sa-cré, .tes •R ubriques en sauvegar'dmt la dignité et montrent l'unité de foi , d 'espérance et de charité qui doit régner entre les fi~
reunit ~ compagnons dans :la .chapelle jes. On les à ainsi. nommées d 'un mo·t latin souterraine de l'ég·lise de Montmartre à Paignilfiant c 'Rouge •, pal"Ce qu'on a coutume ~e Jes écrire en caractères rouges dans les'· ris, i'l les décida à passer a'Vec lui en Palestine. Dans cet(e dh31pelde, les futurs' déLivres 'liturgiques.. fenseurs de ,JIEgilise s'engrugèrent par vœu On appelle Cérémonie un ade liturgic,ue; et Rite, le mode sujvant lequel on doit t'ruc- sOilennel de partir JPOur .la Terre-Sainte et d'y travaiUer à la gloire du saint nom de c()[IYplir; cependant, queUe que soit la d itfféreoce des mots C&émonie et Rite, on les em- Dieu. 'D,qns le cas d'impossibilité, ils proploie soUNent l'un :pou.r l'autre, pour dési- . mirent d'dfu-ir leurs sertVices au Saint·Siège. Deux ans plus tard, ils se mirent en rOute. gner les !Règles liturgiques. lL'\Eglise attlWhe la plus grande importan- Mais ils ne purent 3Jtfeindre le but de leur « aux 'Rites et aUJX Cérémonies du Culte di- .,.oyage. La !Palestine était ~ermée, à cause vin. .El1e veut c,u'on ·les respecte et qu'on les de la guerre a'Vec les Turcs, mais les portes de Rome leur étaient owvertes. A leur observe ·s crupuleusement Oelâ ce canon du arritvée dans Ja Vihle _éternelle, on leur deConcile de Trente: • Si queiqu'un préte11cL que les Cérémonies, reçues et approuvées manda qui ils étaient. Hs répondirent: -. Nous sommes unis sous le drapeau de Jésws-Christ dans J'Eglise ·catholique et employées dans pour <combattre l'erreur et le vice: nous l'administration des Saicrements., peuvent etre sans ,péché, ou méprisées ou omises; se- formons da COill'31gnie de Jésus. » Ils se IPl'ésentè.rent · au pape PauJ Itl. LorsG:ue Je lon qu'il plaît amr < M inistres ou être changées ohcl de llEJg11ise eut lu le plan de leur nouen d'autres nooveHes, .q u'il soit anaihème! velae fondation, i-l s'&:ria : • En vérité, l'elY (A suivre). C. R prit de 'Dieu est ici. Je. prévois que le zèle des Pères tournera au maintien et à la gloire de Ptgllise au milieu de .ses plus rudes épreuves. » Ill Oeur offrit à Rome une ég'lise consacrée sous le vncable du • Oesù » (d'où Un mot qui répand la terreur. Un perleur .v int le nom de • jésuites • ). Il leur donsonnage odieux. Un noir conspirateur. Dans na diflférentes missions en Italie. U approucertains milieux, celui des Hbéraux en géné- va l'ordre par une bulle en 1540. Saint Ignaral, on a peur du ~ésuite. On lui attribue ce fut élu premier Général. C'est lui qui réles doctrines les plus immorales, 'les préten- digea les fameuses Constitutions, sorte de tions les !Plus absurdes. . . ,1[ y a, dhez nous, cotie mona·stique encore en vi-gueur. des gens ·qui ne craignent pas les boléhêQu'est-ce donc qu'un jésuite? C'est un revistes, les anarohiste's, les communistes .. ligieux qui prononce .q uatre vœux. Outre les ·vœux de paurvreté, de dhasteté et d 'o:Mais beaucoup de gens méconnatssent les ,jésuites, parce qu'il1s sont tro!TliPés par des béissance, il s'engage par un quatrième à pamphlets cadomn.ieux. Si J'on voulait re· aller partout où le Pape l'en!Verra pour le sa'lut .Ides âmes. Ou Lui reproche d'être amcueillir tous les articles de journaux, de rebitieux. Sa seule ambition est de déféndre vues, dirigés contre les jésu1tes, on publie!'~lise, de combattre · toutes les erreurs, de rait de grœ volumes. convertir les âmes. Et les dignités ecclésiasC'est à S. Ignace de Loyola que re'V'ient tiques, diront que~ques-uns? ]'étonnerai l'ilonneur et le mérite devant le monde chrébeau,coup de lecteurs en répondant c,ue le tien d 'avoir fondé la Con,p-agnie de Jésus. jésuite ne peut aocepter aucune dignité. Sa Dans que'! but? Non pas, comme le prétendent certains historiens, pou!' c-ombattre le règ,le ile lui interdit. Il prêdhe, il catédhise, il conlfesse, il assiste les ma!lades, ia travailprotestantisme. Saint Igna c~ avait en vue le pour l'amour de Dieu. Voil,à -"Ce que c'est l'islamisme le redoutahle adversa\re du christianis~e. LorS,que, le IS août J534, il qu'un ~'lésuite.
Qu'est-ce qu'un Jésnitè.?
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Notre sœur la mort Quoique en février, nous sommes er.core en hiver. Saison triste et mélan.cOtlique, puisc,u'elle est le lemps des :brouillards qu'i 'glacent et des feuilles qui sont mortes. .Nh! ces feuilles disparues, de quel-les sérieuses réflexions n'ont-elles pas été le point de départi Ces feuiUes qui lentement, se rouillenl et, tou-t d'ùn coup, se tlétacltent sous le coup bru5t<tue du vent, ne sont-el'les pas l'image de l'homme dont l'existence éphémère est l> la merci du souffle de la mort.
21 gé, lequel sera suivi d'un splendi~e révti~ pourquo i ne pas y penser, pourqu01 en a'Voir peur?
Alors que sur les autres, c'est par ~rio des suœessives qu'awaraissent les feuilles. 1es fleurs et les fruits; sur celui-là, on voit, en même temps et tout à Ja foi-s, les !lelllrS, les feuilles et les .fruits apparaître, se développer et mou,r ir. Une génération n'es! pas encore dit>parue, qu'une autre .est déaà là pour prendre sa place: c'es t la vague qui succède à la vague. et qui vient mourir, en faisant un peu d'écume, sur le bord dtt rivage.·. Ain si va l'lhumanitél
Pauvres humains c,ui vont à la mort comme le ruisseau à Ja riiVière, la rivière au ftleu.ve, le fleuve à la mer, et qui ne ré['lédhit>Sent jamais à la mort, et qui se détournent de l'albîme ,pour ne pas le voir: comme s'ils avaient aansi la dtanœ Xl"e n'y pas tom'be.r! Cette attitude s'eJqplique chez ceux qu! n'ont pas la foi et pour qui la mort esl la fin de tout! Aussi bien, pour çuiconque n'admet =1ue la c béatitude du néant •, n'est-ce pas gai de mourir et de dire à tout, à ·Ja lumière, aux fleurs, à l'art, à ,J'amitié, un éternel adieu! Mais [>OUr nous qui savons que la mort n'est qu'un .s ommei~ plus ou moilliS prolon-
ce~ussi pourquoi tremblerait-iQ d~ant le de
Lorsque l'infirmier lui annonç-a qu'on al. lait lui apporter le saint Viatique, saint Jean Berohmans, tout jeune encore (il n'a,vait 22 ans), se souleva rayonnant sur sa cou. cihe, enlaça vivement le cou du bon frère d l'embrassa awec tendresse. Aux sa,n glots de œlui-ci, il owosa Ces douces paroles: • Que faites~ous, mon Ir~ re vous pleurez? R~ouissez~ous avec moi la bonne nou!VeJJe car, en vérité, il ne peut m'arriver un plus gran):i: bonheur! •
d:
G iL~Humanité est un arbre b izarre.
pour le dhrétien, a1u contraire. mourir, ~ 1 retourner dans 1la patrae éternelle.
A la pensée qu'elle a'l'lait bientôt posq. der Celui qu'elle avait tant aimé ici-bas el si bien servi, la grande sainte Thérèse, sur son 'lit de mort, s'écriait joyeusement: ·Sei· gneur, iJ1 est temps de nous voir! •
~ • Je vais mourir, soupira!t le B. Orign01 de Montfort, tant mieux, je ne pécherai plU>• Et sainte Marguerite Marie: • Oh! Qu'il est doux de mourir, après avoir eu LUit constante dévotion au Cœu:r de C'...elui qui doit nous jwger! • Une bonne visitandine que j'ai connut était à la dernière extrémité. A l'une de ses sœurs qui lui disa!!, aveC une frandhise toute religieuse, qu'il n'y avait p1us d'espoir et qu'elle était condaiTUlée, el· ·Je réponld:a it gaiement: c Oh! tant m:eux, le Bon Dieu sera si content de me voir!• Au coUNent de Lisieux, mourut en 1915, une très jeune carmélite, Mère Thérèse dt l'Eudharistte. Ses sœurs la surprirent, un jour, les Ill'" mes aux yeux. c Je pleure d•amour, dit-elit, à la pensée de mon jugement qui sera si douX!»
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!Voilà ce que pensent ,)es Saints de ce 1110' ment qui paraH si redoutable aux mondaiat,
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notre sœur la Mort • qui le jette dtt plus aimant l.ies Pères? Albbé H. Petit.
erse1 les bras dans
La Suisse Une et Diverse Dans un très ,beau livre, 'M . Gonzague de Rtynold nous bit u~ remarquable . tab:eau 6e notre chère Patr~e • une e t dave_rse • · Cesl. si l'on peut dire, la psychologie de aotre Suisse qu 'évoquent les différents cha~tres de cet ouvrage. Nous en détachons lts lignes suivantes qui sont tout un poème: , Je vois la Suisse comme une cafihédrale construite avec le granit dur des Alpes et h 1110tasse facile à scllipter du Plateau. On n'est point allé chercher les pierres a illeurs que dans le sol; on a pris le bois dans les forêts prochaines. Ainsi la cathédrale est fille même de la terre. La cathédrale se dreste entre ·les fleuves et les montagnes. L'épaisseur de ses blocs la rend inébranlable, ôlr là son aspect de sérénité. Peu importe me fissure, un pan qui s'écaille, une pierre GllÏ tombe. , Aipprochez d'elle maintenant. Dès !"exterieur, vous sentirez qu'elle vit. Il Y a là tous les hommes et toute l',h isto:re, et tout œ qui existe. de l'en.fer et du ciel: les a pôIres et les prophètes, les poètes et les guerriers, les vierges sages et :es vierge3 folles, les métiers et les arts, les anges et les démons, 'les vertus et les vices, les p lantes, les btles et Jes mon~res. Tout cela s'accroche où il peut et nous donne parfo:s l'impression du désordre et de 'la lutte, de ce qu'il y a de contradidoire et d'obscur tdans la Yie. tMais vous trouverez la paix dans l'interieur ; dans l'intérieur, vous trouvez ce qui donne â lJédiŒice l'unité, la solid.ité. C'est liU l'intérieur qu'on édifie une telle ca thédrale, et c'est à l'intérieur qu'il faut se p;aœr pour Ia comprendre et pour voir en elle une conception de la vie et du monde.
• Il y a, dans toute cathédrlj.le, dans toute patrie, si vaste et si haute qu'elle soit, une commune mesure. et c'est la mesure des hommes qui l'ont construite. Et il y a place, dans notre cathédrale, dans notre patrie, pour tous les hommes de la cité. Ving-deux Chapelles 'l atérales : e'lles ont 'Chacune leurs saints, leurs images et leur histoire, mais l'autel est au centre, et cet autel est l'âme, la conscience et la 'Volonté de la patrie. Un pays qui n'a point cette âme, cette conscience autour de laquelle tout est bâti est comme une cathé:lra·!e déserte et désai1ectée. Il ne suscite ni la prière, ni l'amour, ni le sacriiice. Sa Œorce est uniquement une fo«:e matér:elle: les cathédrales vides sont concond·amnées. ,à n "'être tbientôt plus que des ruines . M'ais les ,grandes cathédrales ne .s ont jamais terminées. Tou~ours, autour de quelque muraille se dressent des échafaudages et travaillent des ouvriers. C'est parce qu' elles ne sont par terminées, parce qu'elles se continuent à travers les s iècles, parce que chac1ue siècle y -commence son œuvre el ne l'achève pas, qu'elles sont vivantes. • C'est pourquoi l'on ne nous demande rien que de faire notre travail au-dessus du trava!l des autres, dans la région de l'édifice qui nous est assignée. Car une patrie, comme tout édifice, d-oit se su.fiire à ellemême, et vivre surtout au-dedans d 'elle-même. 1Là est sa ra!son d'être, car ·là est son autel et son ,foyer. Aoceptons la nôtre comme elle est, avec ses limites. Nous n'y mettons rien Ide plus sacré que l'accomplissement journalier de tous les devoirs que nous avons à remplir, si humbles soient-ils. •
Le rouge•gorge Qui .ne connaît le rouge-gorge, ·l'oiseau du Bon Dieu, ;poétisé pa·r la si ~olie légende: c Alors que Jésus, doué sur la Croix se voyait abandonné •des hommes, un petit o iseau au plumage gris s'en ~int vo1tiger audessus de la tête divine et essaya d'arra,c her c;uelques épines de la cou-ronne. Hélas! l'une
22 d'e11e8 ie ,piqtlarti àu poitrail tfait jai>llir le sang qui rougit &a livrée grise. Mais Jésus, soutenant les ailes défaillantes de l'oiseau lui d.it: • En soovenir de ce :jour tu garderas, ainsi que tous tes descendants, ces p:umes rouges au poitrail•. C'est ainsi que rnainten•ant nous •connaissons le rouge-gorge. Tous aiment ce petit oiseau si [amilier. Quand •la ne,ige •couvre la terre, il vient happer du bec à nos vitres pour demander les que1ctues miettes de pain néœssaires à son exi&teoce. Il est aussi un hôte assidu des cabanes •de charbonniers. Il aime à demeurer dans les lieux sombres, omlbragés, b-ais, les charmilles, les bosquets et le V'OisillJage de quelque cours d'eau. Mais ce petit ami ne nous rend pas que des services. Quand il va dans •les treilles ou dans les vi· gnes, ce n'est pas uniGuement pour y Jaire la dhasse aux mouches et autres insectes, mais aussi pour prélever s•a part du fruit sucré, et dans les vergers, les cerises ont ses fuveurs! Mais on lui pardonne volontiers sa gourmandise, en raison des importants services qu'il nous rend en détruisant quantité d'insectes. Il est remat<quable par l'affection qu'il a pour ses petits. En voici un exemple char-
mant. c Un gentleman de mon voisinage. dit Fraooklin, avait fa~t pr~arer dans une voi· ture des paniers rdi'enlbaUage et des caisses qu'il voulait en/Voyer ~ Worthing. Son ~oya· ge fut dit!léré de GUelques jours; puis de quelques semaines; il fit placer Je chariot chargé sous un hangax dans la cour. Pen· dant ce temps, un couple de rouges-gorges firt son nid entre la paille et les objets d'em· baUage, et couva ses œUl'S avant que Je chariot se mît en route. la mère, nullement e:f· frayée par le mouvement de la voiture, quit· tai·t seulement son nid rde temps en temps pour voler sur la haie rvoisine, où eLle cher· chait à manger pour ses pefts, leur apportant ainsi tour à tour, la chaleur et la nour· riture. Le chaTiot et ~e nid arrivèrent à Worthing; -la mère et les petits retournèrent sains et Saufs d'où ils étaient rpaPfiS. »
Cabarets et pinte•
·les individus à coups de règlement. La religion est la base de 1a mora-le. Grâce à .son a~iou sur la conscience humaine, elle décide l'homme aux sacnifùœs exigés par la ver· tu de tempérance. Un luxe de cafés contribue-t-i[ à l'enrichissement ~ ouvriers? faJVOrise-t-i'\ l'asœnsion spivituelle et morale des t.rawailleurs? l)eye!O)lllpe-t·U l'esprit d'épargne? Augmen· te-f-il la vie de famillle? Si la moi.tié de ces établissements ientl'laàent ~eur porte, penrez· vous que l'endroit s'appauvrjnit, ·que les fammes s'êtioleraient, par suite d'un régime trOjp sec? Nous ne le croyons pas. Nous re· cueiilons fréquemmen~ des pLaintes sur la baisse èes salaires, sur l'inwossrbilité de l'épargne. Donnez à un oUNrier bu;veur un sa· Laire deux fois supérieur à celui qu'il reçoit, suift!Ïlra-t-Wl à le sortir de la misère? Non, car l'akoo!l englloutira ses économies, dévorera res suwtêments de salaire. Citons, à ce su· jet, le témoignage d'un sociologue célèlbre: les questions sociia.les dont la solution in· quiète notre époque nous enveloppen t. «Vous n'arriverez pas à les résoudre avant d'av<>dr vaincu l'ailk:oolisme. Par lui, toutes les réformes sont vouées d'awnce à la stéri~ité.•
Les origines de la télégraphie sans fil En 1889, dans un modeste lalboratoire, un }Jhysicien français a a:acompli une merveil· le: Ides awareHs isolés matériellement ·(un élément de piles, une sonnerie éleotrique) enfermés dans une [pièce ont pt.: être mis en mardhe à 30 mètres de dista_,::tce à travers les cloisons et 1es murs, par l'action d'une élinœlle électrique. Poor a~ocomp~ir cette merveille. il a 15uffi d'utiliser un organe nouveau, que M. Bran~y appela ra:dio-conducteur, capable de déce· !er à distance 1es oscilla:tions électriques. Pour ibien conwrendre toute la valleur de certte e,qpérience, il !aut se reporter en î 889. Les appareils électriques étaient ?.•lors bien rudimentaires. On ~a:vai1 produire, depuis
Supplément au Ho 3 de ,l' &cole" (192't) fort longtemps, l'étincelle électr ique, soit à l'aide Ide machines à influence, soit à ~'aide de bobines d'induction. rDans l'étincetle, il y a trois catégories de vilbrations: 'lumineuses, sonores et élasti-ques. Lumineuses, que notre œi•l .perçoit; sonores, reçues par un autre 0rgane. l'oreiHe; électriques, ne pouvant être perçues à distance par aucun organe la:maiu et n'ayant été décelées par aucun a,ppare:J a·va nt 1889. Or, :M. Braml·y, en ÉLudian( l'a{:tion de la lumière ultra-violette ;;ur des James de verre métaJisé, ava·it olbservê un phénomène complexe. La source de :umière v1rJ1ette était un arc électrique entre électrodes. d'aluminium agissant sur un circuit comprJ~é de piles, d'un galvanomètre et d'une lame de verre argenté ou !Platiné. Sous l'action de la lumtère ;.t lfra-violelte la conducti'biJité de la couche onéfaJ.Iiqu~ augmentait, mais l'action ;J'état! pas due à la •lumière seulement, !J>Ui·squ'en intellPosant un écran qpaque entre les deux appareils, le phénomène avaH encore lie11. En remarquant que la couche métallique dêjposée sur le verre êlait discontinue , M. •B ranly a été con.duit, après divers es~a·s, à faire usage d'une lame ù'éboni!e sur laquelie était awliquée •la pou.dre de cu ivre porphyri.sé. C'est alors qu'il obser\'a que J'action de l'étincelle électrique se produisai! à dista.nœ in~damment de toute lumière et disparai.ssait !Pat le choc. La poudre métaUique [ut ensu ;te versée dans un tube de verre ou d'élbonit~ entre deux pistons métalliques, qui prit le nom de tube à limaille. Sans le secours d'auŒne aide que celle d'un méca•H·~ien, M. Branly a pu réaliser en 1889 l'expérience ntém::>rable en créant un organe nouvea.u dénommé T'œil élech·ique. radio-conducteur 1u déit'C!~ur. C'est l'aa>.pareil qui ai.lait 1Jeron·~h.-~ :•élude du .rayonnement à Jistance de ' 'étlllc,~:Je éle<:>kique et qui a servi de base à !a tél~g~a ph·ie sans fil. ·Indépendamment de toutes 'cs expériences antérieures (Fedderscy, Hertz) cl même de la nature du phénomène, le dis.pos i!if de M.
Bran~y condui·s ait à la télégraphie san$ en augmentant graduellem~!Jt la distance Ire les deux appareils. Quelques années après, M. M:1 r,:,>ni rép!. ta 'l'expérience de M. Branly. d':1bord ,~ 11 Ha. lie. puis en Ang1leterre et, en 1899, le télégramme sans fil traversa it la M~· 1 ~h~ était ainsi conçu: · • M., Marconi envoie â M. Branly ses pectueux compliments par téllégra,phie fil à travers la Manche, ce beau rêsul~at é'aa dû en partie aux :remarquables travaux de At Branllr. ~ En 1905, les a[llpllrei-ls récepteurs des tes de T. S. F. compo.J'Ifa!ent les mêmes at" pareills que ceux qui, en 1889, servaient l M. 'Br:mly pour son eJqpérienœ fondamenta~. Encore aujourd.lhui, ·si, dans uu appaf'!il attt11Pli5i.ca.teur à noiribreuses ·lampes, vous ft. tirez le d~ecteur d'ondes. le noUJVe! • œa électrique •, vous pourrez prendre "'é,couteu• à .Porei!le; vou·s n'entend.rzz p!IUs rien. Touje l'inve!rlion de 'M . :Bran·ly est là.
•• UN J()[;I M'OT DE P Al:LLERON Dans les grandes villles d'eaux, on se cr& de :r3iJ)ides relations, parfois involonf.tinment, et surtout à la saiLle de jeu, où 111te heureuse ahanee vous amène subitement d!l am•is aus·si empressés qu'inconnus. Un soir, à ,Monaco, l'auteur du • où l'on s'ennuie~. Pameron , gagnait aftr une veine inso:Iente, lorsqu 'un S<pectafœ nanti de 1orce décorations, s'ap,procha de lui· - La chance vous sourit, mon cher ami prêtez-moi dix louis sur parole. Je vous les rendxai r 3{pidement. - J'y consentirais volontiers . • mon ch« ami •, rtWlictua Pa·i.Ueron, mais dites-!1101 comment je me nomme. L'inconnu demeura interloqué. - Vous le voyez, • mon cher ami •, cOlelut Pailleron, vous seriez trop gêné pour me rendre mes dix louis, si je vous les prf. tais, pwisque vous ignorez mon nom. .Le tapeur n'insista pas.
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La joie de connaître
ce de ,bonheur inc-onnue et mênÎe ignorée, ,parce 1q ue ·t rop d'êtres humains la tarissent dans la par.esse ou la corrom[)é)jlà sur les bancs de nos écoie5 pri- pent dans la volupté des sens. Le traœaires nous voyons nos enfants sur- vail de 'l'inte1li(!!enoe est lui auss1 acsauter de joie et :se frotter les mains, comjpalg'né d'un ;plaisir qui ·l 'aigu;ldès qu'i'1s ont trouvé la banne répon- lonne, le rend estimalble et aimable. se. «Monsieur, j'ai trouvé» les entend- Cette volupté n'·est pa;s de la même eson crier, « et moi aussi» «et moi aus- sence que celle de la chair •qui jam;:ds si» ... Indices du travail récompensé et ne peut être la oause finale d'un ade d'une avanta~geuse émulati<>n, ·ces cris mora,l. payee qu'eHe abaisse au rang du cœur satisfait de l"es'Prit, poussés d<e la tbiête et que sa ·connexion à une par I·es élèves et doucement réprimés action utile à la vie animale, indivipar le sage pêd!agogue, expriment à duelle, familia·le et sodale, en fait un celui-ci ·que ses écoliers ont atteint -la désordre si elle est voulue et rechervraie solution ·et ·qu'il:s sont contents. Chée primordialement et avant tout. Qu'il y ait dans 'l'âme de ces petits CeUe-là au contraire élève et ennoblit, intellectuels une sorte de volupté sPiri- étant conforme à la fin de l'homme ·qui tuelle naissante, pas de doute, mais est de -connaître la création d'abord et comlbien naturelle et .profitable si l'ins- ·Ie Créateur enfin. tMême désirée en elletituteur vei11e à en écarler le ~poison de même. cette allégresse ·est licite si elle est faile .de charité et de l'espoir de seI'or~rueil. Ces en'fants déjà sont aussi heureux que le Grand Archimède ,qui, courir les êtres. Telle .ta joie d'un Pasen savourant son bain, s'écriait de foie: teur heureux de diminuer ou d'aHéger Eureka! ~oûtant ·en même rternps et la par ses découvertes les misères de ses fraî-cheur de .Peau et le plaisir d'y avoir semb1a'bJ.es. -L'or.gueil, péché venu des découvert la ·pesanteur spécifique des !Paroles .du serpent, est seul capable de corrompre et d'altérer la science, mais COr!PS. 'Du même ordre, la joie de Galilée l'orgueil ne sera jamais le fait du vrai percevant, sous son pied, le mouve- sa!Vant; H relèvera toujours d'une dement de la terre; joie de Képler prê- mi-science ou de la peur d'une vie au.stant l'oreille, dans le silence des 'belles tère qui devrait se .conformer à )a vénuits au 'bruit 1ointain du ·roulement rité enfin tr-ouvée. S~1eov·ant sur s·es deux ailes, !"humides sphèr·es, de ce roulement .dJont H a promullgué 'les lois précises; joie de lité et l.a cha•rité. le ·chercheur ira s'éNewton, voyant tout autour de lui. dans put·er au conta-ct des infiniment petits le monde, s'affirmer l'universalité de et des irtfiniment grands ·et reviendra l'attraction, et l'astronomie ·entière de- v·e rs nous pour nous ·crier, ·comme l'anvenir ainsi un :simple problème de mé- g.e de BetMéem: le vous annonce une canique; tPlus près de nous, ·joie de Cu- grande •joie, cha-que fois qu'il aura fait rie, isolant ~e radium et constatant ses faillir une étincelle de la Vérité ft.erpropriétés déconcertantes, ·enfin ;oie d-e nel-le. En étudiant dans œt ordre et détous ces amour·eux de la vérité, moins g;élig-é de cette malsaine curiosirt:é de conprivi'Légiés, mais convoitant quand mê- naître des ·personnes et des choses qui me •la grande allégn~sse, iusqu'à .ce qu' détournent l'esprit du savoir le plu·s ils soient rassasiés dans l'éternel-le élevé, .comme diit Tadte, 1'homme en décou'VTant quellque !Vérité ;p1'élude à son Justice. Il y a donc dans l'lhot;nme une sour- bonheur final de contempler l.a Caus·e